CHRONIQUE ÉCONOMIQUE - aan.mmsh.univ-aix.fraan.mmsh.univ-aix.fr/Pdf/AAN-1969-08_07.pdf · EL PASO s'engageait à acheter pendant 25 ans, 10 milliards de m3 de gaz naturel liquifié

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  • CHRONIQUE CONOMIQUE

    J. - ALGRIE

    1. - Sous LE SIGNE DE L'AFRIQUE, DU MAGHREB ET DE L'INDUSTRIALISATION

    - P endant 10 jours, de la fin juillet au dbut d'aot, Alger est devenue capitale de l'Afrique en accueillant sur ses avenues, ses places et dans ses stades, le premier festival africain: un festival longuement prpar par des missions algriennes qui ont sillonn le continent. Si les changes cono-miques ne sont pas encore la mesure des relations noues avec de trs nombreux pays africains, l'Algrie manifeste une volont dtermine de les intensifier: avec la Rpublique du Congo (Brazzaville), le Mali, la Guine, la R.A.U., mais aussi la Cte-d'Ivoire et d'une faon toute particulire avec les pays du Maghr eb.

    - Le changement de rgime en Libye intervenu au cours de l't 1969 a t chaleureusement accueilli il, Alger: depuis aot 1969, de nom-breuses rencontres ont permis aux dirigeants algriens et libyens de confronter leurs points de vue et, grce aux voyages des responsables de la SONATRACH en Libye, ainsi que du Ministre du ptrole libyen en Algrie, de jeter les bases d'une politique ptrolire commune. Ds le dbut de l'anne 1969, le voyage du prsident Boumediene au Maroc, couronn par la signature Ifrane du trait de fraternit et de bon voisinage :l> (11-16 janvier 1969) avait permis de liquider l'essentiel du contentieux entre les deux pays. L 'incidence de cette rconciliation raffirme au cours de frquents voyages de responsables des deux pays sur les relations cono-miques est encore limite; mais on a vu rapparatre en Algrie des primeurs marocains et un accord a t sign sur l'utilisation du port de Ghazaouet pour l'exportation de produits marocains. Le rchauffement des relations entre l'Algr ie et la Tunisie a suivi de prs le trait d'Ifrane; de nombreuses rencontres algro-tunisiennes ont abouti l'accord du 17 dcembre apurant le contentieux entre les deux pays: l'Algrie a sign avec la Tunisie un contrat d'achat de 20000 tonnes de fer bton; elle expdie le ptrole du champ d 'El Borma vers le port tunisien de La Skhirra :l>. On a voqu enfin l'achat par la Tunisie de gaz algrien. Mme si la runion maghrbine de Rabat a tourn court, Alger a retrouv la place que lui confre la gographie: au centre du Maghreb.

    - 1969 a t pour l'Algrie l'anne o s'est affirme la reprise de l'activit conomique: pour la premire fois la consommation d'nergie

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    lectrique a dpass nettement la consommation enregistre en 1961; le port d 'Alger a atteint les limites de l'engorgement; d 'exportateur de ciment, l'Algrie est devenue importateur; des pnuries se sont manifestes en particulier dans le secteur du btiment: pnurie de ciment, pnurie d 'acier, pnurie de main-d'uvre qualifie lies la multiplication des nouveaux chantiers: chantiers d'coles ou de lyces, chantiers d'usines. Le budget d'quipement 1969 est significatif d'un dpart vigoureux vers l'industriali-sation. La prparation du Plan quadriennal 1970-1973 inaugure par la premire session du C.N.E.S. a occup la deuxime moiti de l'anne. La publicit trs large donne aux travaux du Plan par la presse et par la tlvision a t centre sur l'industrialisation dont le thme est revenu comme leitmotiv Accomplir la rvolution industrielle (1) .. . l'Algrie de l're industrielle (2) .

    1969, en Algrie, c'est l'anne de l'industrialisation.

    - L'automne 1969 a t assombri par les inondations qui ont ravag les rgions de l'est ainsi que le Titteri (wilaya de Mda). Les dgts causs par les intempries, moins lour ds qu'en Tunisie, ont fourni l'occasion d'acc-lrer la mise en uvre des programmes spciaux dj lancs dans les dpartements (wilaya) des Oasis, de la Saoura, des Aurs, de Kabylie (3) et du Titteri (4) et qui doivent couvrir progressivement l'ensemble des rgions dfavorises du pays : Stif, Tlemcen, etc ... L'Algrie tmoigne ainsi, tout en lanant son industrialisation, de sa volont de faire participer son dveloppement l'ensemble de ses habitants sur la totalit d'un immense terri toire.

    2. - LA POLITIQUE DU PTROLE ET DU GAZ ET SES DVELOPPEMENTS (5)

    - Le ptrole et le gaz sont la base du dynamisme de l'conomie algrienne, 46 500 000 tonnes de ptrole et environ 3 700 000 000 mS de gaz ont t produits en 1969, au lieu de, respectivement 42 500 000 tonnes et 2340000 000 mS en 1968. Les groupes ptroliers franais, au premier rang desquels ELF -E.R.A.P. et C.F.P. (A) , dtiennent encore une part prpon-

    Cdrante de cette production: environ les deux tiers C6}. Leurs activits taient rgies jusqu' la fin de 1969 par les accords ptroliers algro-franais de juillet 1965. Des ngociations se sont ouvertes en novembre 1969 en vue de conclure de nouveaux accords; l'Algrie reproche vivement au partenaire franais de bouder la recherche sur les permis attribus, de rduire ses investissements bien en-de de ce qui avait t convenu et de dilapider les richesses du sous-sol algrien (7). Elle demande donc le rajustement

    (1) El Moudjahid, 28 / 11/ 69. (2) E! Moudjahid, 5/ 12/ 69 . (3) En 1968. (4) En juin 1969. (5) Voir dans le prsent Annuaire l'article consacr au bilan des accords franco-algriens

    de cooprat ion industrielle et ptrolire du 29 juillet 1965. (6) Ces groupes ont contr ibu, en 1968, pour plus de 75% aux redevances ptrolires

    verses l'Algrie. (7) L 'Algrie reproche la C.F .P . (A), en particulier, de brler le gaz sur les gisements

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    du prix affich de 2,05 $ par baril 2,65 $, ce dernier prix constituant la base retenue pour le calcul des redevances fiscales des socits trangres non franaises oprant en Algrie. Une commission ad hoc a t cons-titue et les ngociations devraient reprendre dans le courant de 1970.

    Mais il est clair que les accords de 1965 ne pourront tre purement et simplement r econduits; depuis cette date, les groupes ptroliers franais ont poursuivi une politique de diversification de leurs implantations et de leurs approvisionnements: mme s'ils dcouvrent encore de nouveaux gise-ments (8) et mme si la C.F.P. construit une unit de G.P.L. Hassi Messaoud nord, il est vrai que la priode de leurs investissements massifs est passe. Par contre, la SONATRACH, socit ptrolire nationale, a grandi rapidement et a pris l'initiative dans tous les domaines, de la recherche jusqu' la transformation du gaz et du ptrole.

    La SONATRACH est activement prsente dans la recherche: elle dtient en 1969 prs de 50 % des permis de recherche, au lieu de 8 % en 1964. Sur le domaine qu'elle explore, la SONATRACH a dcouvert au cours de l'anne du gaz Oued Houmer, entre Hassi R'Mel et Hassi Messaoud ainsi que du ptrole, en particulier Hassi Keskessa. Forte de sa partici-pation majoritaire dans SN.REPAL, de ses accords avec GETTY, SONA-TRACH assure maintenant une part qui n'est plus ngligeable de la production du gaz et du ptrole algriens. SONATRACH enfin, est reste fidle sa vocation premire de transport et de commercialisation des hydrocarbures: en 1969, elle a poursuivi, avec SNAM-PROGETTI, la construction du gazoduc Hassi R'Mel-Skikda (9), a pass contrat avec les socits franaises SOCEA et SPIE pour la construction de l'oloduc Mesdour-Skikda (10) et command un premier navire mthanier (11) destin exporter le gaz liqufi par la future usine de Skikda (12).

    La SONATRACH a merg et fait sa place en jouant sur un large ventail de collaborations: coopration avec la France, dans le cadre des accords de 1965 mais aussi avec l'U.R.S.S. et la Roumanie, et elle n'a pas hsit se mnager les concours techniques qualifis en crant des filiales communes avec diverses socits amricaines (13) :

    ALFLUID avec Davis Mud and Chemical Inc., le 6 mai 1969 pour la fabrication et l'utilisation des boues de forage ;

    au lieu de le rcuprer. A ce propos, le journal Le Monde, 1-2/ 2/ 70 indiquait nanmoins que la C .F.P. (A) avait entrepris, depuis juillet 1969, la construction d'une unit de G.P.L . (Gaz de ptrole liqufi : butane/ propane) de 400000 tonnes/ an sur le gisement d'Hassi-Messaoud nord. la SONATRACH a conclu rcemment (janvier 1970) un accord avec Fluor International Inc., pour la construction de 2 usines de G.P.L., sur Hassi-Messaoud Sud (585000 tonnes/ an de butane/propane) et sur Hassi-Messaoud Nord (360000 tonnes/ an de butane propane).

    (8) Dcouverte par SOPEFAL Tin Fouy Hassi Tabankort d'un gisement de ptrole en juillet 1969.

    (9) Skikda : ex. Philippeville. (10) 1er aot 1969. (11) SONATRACH a fait galement l'acquisition d'un navire pour le transport d'ammo-

    niaque; il n'a pas encore t utilis ce jour. (12) Usine construite dans le cadre d'un accord avec la France dont l'achvement est

    prvu pour 1972. (13) SONATRACH participant pour 51 %

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    ALCORE avec Core Laboratories Inc., le 30 avril pour les services ptroliers ; ALREG avec Globe Univers al Science, le 25 juillet pour la gophysique; avec GEO SPACE CORPORATION, en janvier, pour la gophysique et le traitement des donnes sismiques; avec SCIENTIFIC RESOURCES CO., en juillet, pour la cration d'un centre de calcul. La SONATRACH a connu en 1969 un trs grand succs en signant

    avec la socit amricaine EL PASO un contrat fabuleux (14) , par lequel EL PASO s'engageait acheter pendant 25 ans, 10 milliards de m 3 de gaz naturel liquifi par an: on se souviendra simplement que l'usine d'Arzew produit 1 milliar d de m 3 de G.N.L. par an et que la future usine de Skikda en produira moins de 4 milliards. La mise en uvre de ce contrat ncessitera un investissement estim 900000 000 US $, y compris une flotte de navires mthaniers dont la charge reviendra en partie SONATRACH.

    L 'importance des rserves de gaz naturel pousse la SONATRACH chercher encore d'autres dbouchs, du ct de l'Italie par exemple, en crant SONEMS, socit algro-sicilienne (15), charge d' tudier la possi-bilit de construire un gazoduc sous-marin entre l'Algrie et la Sicile, l'Italie et l'Europe.

    - SONATRACH, enfin, dveloppe rapidement ses activits de transfor-mation des hydrocarbures : elle a acquis la majorit dans la raffinerie d'Alger, pass contrat (30 juillet) avec Japan Gasoline et C. Itoh, pour la construction d'une deuxime raffinerie Arzew, dcid la construction d'une troisime raffinerie Skikda.

    L 'usine d'ammoniaque et d'engrais azots d'Arzew est entre en pro-duction en 1969, tandis qu'ont commenc Annaba les travaux de construc-tion d'une unit d'engrais phosphats et composs (16). La construction d'une unit de production de mthanol est dcide ; elle sera implante Arzew tandis que les tudes du complexe ptrochimique de Skikda pour la production de matires plastiques textiles synthtiques, caoutchouc synth-tique, sont activement poursuivies.

    Il ne faudrait pas oublier l'extension en cours du rseau intrieur de gazoducs qui atteindra bientt le plus grand nombre des principales villes d'Algrie : la fourni ture l'conomie algrienne et tous les Algriens de gaz naturel bon march demeure, en liaison avec SONELGAZ: un des objectifs de base de SONATRACH.

    3. - L'INDUSTRIALISATION ACCLRE

    3.1. La publication du budget d'quipement pour 1969 a fait sensation : les investissements prvus s'levaient en effet, 6279500000 D.A. au lieu de 3322000000 D.A. en 1968 (17) : du simple ou double. Sur ce montant,

    (14) P araph le 23 juillet et sign le 9 octobre 1969. (15) 8 dcembre 1969. (16) A partir des phosphates du Djebel Onk et de l'ammoniaque d 'Arzew . (17) Et de 1 362 500 000 D .A. en 1965 (1 D .A . = 1,125 F).

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    la part du lion tait affecte l'industrie: 3 750 000 000 D.A. (18) (y compris les hydrocarbures) au lieu de 1800000000 D.A. en 1968 et de 1 000 000 000 en 1967 et 2000 000 000 D.A., non compris les hydrocarbures. Le budget d'quipement 1969 exprimait clairement la volont algrienne de lancer l'industrialisation du pays sur un rythme acclr et de mettre en route avant mme la discussion du Plan quadriennal un programme indus-triel moyen terme: les autorisations de programme s'levant 12475000000 D.A. y compris 4700000000 D.A. pour les hydrocarbures.

    Dans le cadre du Plan triennal 1967-1969, le budget d'quipement mettait l'accent sur l'industrie lourde , sans ngliger pour autant l'industrie lgre : chimie lourde, sidrurgie, mcanique, mais aussi textiles, cuirs, chimie lgre et industries alimentaires. L'industrialisation algrienne veut tre une industrialisation totale.

    Au cours de l'anne 1969, les signatures de contrats pour la construction d'usines se sont succdes: contrats signs directement par le ministre de l'industrie et de l'nergie ou bien par les socits nationales concernes (19)0.

    3.2. SONATRACH est la plus ancienne et la plus importante parmi les socits nationales algriennes. A sa suite plusieurs socits ont dvelopp rapidement leurs activits et leur puissance:

    S.N.S. La Socit nationale de sidrurgie est la tte d'un programme d'investissements de 3000000000 D.A. centr sur le complexe d'El Hadjar (Annaba). Le premier haut-fourneau a t mis feu en juin 1969: sa production dpasse sa capacit nominale de 400000 tonnes /an. L'aciiie et le laminoir de plats chaud et froid ne sont pas encore achevs; en attendant, grce la haute conjoncture, la fonte se vend l'tranger des prix levs.

    Au cours de 1969, S.N.S. a modifi ses projets et dcid de construire galement un laminoir de produits longs qui entrerait en service vers 1975; elle a prcis la liste des units de premire transformation de l'acier qu'elle se propose de construire au cours des prochaines annes: tubes sans soudure, profils froid, trfilerie, units d 'emboutissage; elle continue tudier un projet de chantier naval.

    (18) Soit 59 % du total. (19) 23 janvier

    25 janvier .. .. .. . . .

    7 mars

    14 avril

    20 avril

    9 mai .......... .. 14 mai . ... ... . ... 23 mai .......... ..

    1e r juillet .. . .. ... .. . 4 juillet .......... .

    30 juillet ...... . . . . . 1e r aot ..... . . . . .. . 1e r octobre .... . .. .. .

    9 dcembre .. ....

    unit verre plat avec l'U.R.S.S. 4 semouleries. 1 fabrique de ptes alimentaires entre SN. SEMPAC et Soc. Suisse BULHER unit engrais phosphates entre SONATRACH et KREBS distillerie avec l'U.R .S.S. groupes thermo-lectriques ANNABA et ORAN entre E .G .A. et ANSALDO unit moteurs-tracteurs entre SONACOME e t KLOCKNER HUMBOLT-DEUTZ unit margarine entre S .N .C.G. et PROCESS-ENG-CO unit cellulose et papier entre S.N.I.C . et PARSONS-ENSA 2 units sucr e entre S.N.E.R.I. et F.L.C. et IMPEX unit tuyaux bton entre S .N.M.C. et SENTAB (Sude) unit cramique entre S.N.M.C. et TECHNOCERAM raffi nerie Arzew entre SONATRACH et JAPAN Gazoline oloduc entre SONATRACH et SOCEA-SPIE cimenterie entre S.N .M .C. et Fives-Lille-Cail unit transformation du bois entre SNIB et VERKHOR unit papier Kraft entre S .N .I.C. et WITTEMORE LYDDON

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    S.N.S. est galement responsable de la mtallurgie des non-ferreux: elle a engag en 1969 les travaux de construction d'une unit d'lectrolyse de Zine Ghazaouet (ex. Nemours); elle a lanc, d 'autre part, une tude sur l'opportunit de produire de l'aluminium en Algrie. Enfin elle a sign avec la firme belge TRACTION et ELECTRICITE un accord de coopration afin de constituer ses propres services d'engineering.

    S.N. METAL. La Socit nationale du mtal a regroup en 1968 une quinzaine d'entreprises nationalises. Elle a d consacrer beaucoup d'efforts l'organisation d'un ensemble disparate. Elle a cd en 1969 une socit nouvelle: SONELEC les entreprises relevant de la construction lectrique et lectronique et a entrepris la construction d'une unit de petite forge Annaba. Elle s'est enfin rapproche de S .N.S. en lui confiant son service Etudes et Dveloppement .

    SONACOME. La Socit nationale des Constructions Mcaniques a pass son premier contrat en 1969 avec la firme ouest-allemande KLOCKNER-HUMBOLT-DEUTZ, pour la construction de 5000 tracteurs (1000 chenilles et 1 000 roues) et de 10 000 moteurs diesel par an. Elle a lanc des consul-tations internationales pour la construction de vhicules automobiles et a russi faire prendre en fin d'anne la dcision de construire une unit de vhicules industriels mais aussi de voitures particulires: 20000 puis 50 000 vhicules par an (20).

    S.N.M.C. La Socit nationale des matriaux de construction doit faire face aux pnuries cres par la reprise rapide de la construction; elle a pass en 1969 un premier contrat pour la construction d'une cimenterie de 500000 tonnes et lanc des consultations pour une deuxime unit.

    Chaque branche industrielle est maintenant domine par une socit nationale : SN. SEMPAC (minoteries, ptes alimentaires) SOGEDIS (sucre) , SOALCO (conserveries), S.N.C.G. (corps gras) dans l'industrie alimentaire, S.N.I.C. dans la cellulose et le papier, S.N.I.B. dans le bois, TAL dans le cuir, SONITEX dans les textiles. Cuir et textile n'ont pas occup le devant de la scne en 1969: il leur faut diffrer les investissements importants mis en place depuis 1964, dans une branche o les initiatives prives (surtout dans le textile) sont aussi nombreuses que disperses.

    3.3. La croissance rapide des socits na tionales a conduit poser le problme de leur statut, discut au sein du C.N.E.S. au cours de l'anne 1969. La participation des travailleurs est une des questions poses: ira-t-elle jusqu' la gestion ou bien se limitera-t-elle aux bnfices? La croissance des socits nationales a relgu dans l'ombre l'autogestion industrielle: la plupart des entreprises industrielle autogres vgtent dans la mdiocrit: rsisteront-elles l'emprise des socits nationales et l'absorption? Rien. n 'est moins certain.

    De leur ct, les investissements privs, dans le cadre du Code des investissements, appuys par les chambres de commerce se sont manifests

    (20) SONACOME a pris en 1969 le contrle de plusieurs units industrielles d e construc-tion de remorques et carrosserie. Elle a galement t charge le 24 mai du contrle de toutes les importations de produits des industries mcaniques.

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    activement dans le secteur du textile, des industr ies alimentaires et des articles mtalliques lgers. Leur r eprise a t l'occasion d'une discussion ouverte dans Algrie Actualit sur le rle de l'investissement priv en Algrie. En tout tat de cause, ils demeurent marginaux et souvent dsor-donns.

    3.4. Le dpart de l'industrialisation algrienne a fait l'objet de commen-taires internationaux positifs. Les socits d 'tudes et les industriels de toutes or igines se pressent Alger proposant matriels et crdits : les grandes socits mondiales tiennent acqurir des rfrences algriennes car elles les considrent comme une carte de visite efficace en Afrique et au-del.

    4. - L'ESSOR DU SECTEUR DU BATIMENT-TRAVAUX PUBLICS

    LI A L'INDUSTRIALISATION

    On l'a dj not, l'acclration des mises en chantier d'units indus-trielles et de constructions scolaires a provoqu des pnuries qui n'ont cess de s'aggraver au cours de l'anne 1969: pnurie de ciment, pnurie d'acier, pnurie de main-d'uvre qualifie. La ralisation des programmes s'est heurte gnralement l'insuffisance de l'appareil de conception comme de l'appareil de production.

    L'Etat a pris l'initiative de crer des socits nationales SONATIBA (21) et SONATRO (22) places sous la tutelle du ministre des travaux publics. Par ailleurs, plusieurs entreprises algriennes prives se sont dveloppes et sont devenues capables de prendre en charge de gros chantiers (jusqu' 10000000 D.A.) et de nombreuses entreprises prives sont en train d'merger de l'artisanat, dans le gros uvre, le second uvre et mme la petite charpente mtallique. De nombreuses communes ont cr des entreprises communales et la mise en uvre des programmes spciaux de wilaya est en train de se traduire par la constitution de socits rgionales de travaux.

    Ces initiatives demeurent insuffisantes, d'autant plus que la construction de logements dont la pnurie devient aige dans les grands centres, spcia-lement Alger et Annaba, n 'a pas encore rellement redmarr. On prvoyait la mise en chantier de 11 000 logements urbains au cours de 1969 (23); il n'est pas certain que cette prvision se soit ralise. Car la politique, en matire de logement, n'a pas encore t dfinie; la cellule logement qui devait tre constitue cet effet en 1969 au sein de la direction gnrale du Plan ne se fera probablement qu'en 1970. Ce retard permettra entre temps d'tendre et d'organiser l'appareil de production et d'viter des pnuries trop graves provoques par l'irruption simultane sur le march,

    (21) Btiment. (22) Travaux Publics. (23) Brochure sur l'Algrie. Ministre de l'infonnation. D'aprs le mme document,

    30 000 logements auraient t construits (ou achevs) entre 1962 et fin 1968 sans compter 24 000 logements ruraux.

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    de demandes manant la fois de l'industrie, de l'ducation nationale, des infrastructures diverses et de l'habitat.

    L'apparition des entreprises de l'Arme nationale populaire dans le secteur de la construction constitue un phnomne nouveau: travaux de terrassement par le gnie militaire ou travaux de construction par les coopratives de l'A.N.P. qui ralisent coles, lyces (24) et ensembles univer -sitaires.

    Quoi qu'il en soit, malgr l'appel aux entreprises trangres, le secteur de construction, sauf croissance trs rapide de l'appareil de conception et de production, risque de constituer un goulot d'tranglement aux cons-quences tout fait ngatives pour le rythme d'industrialisation et de dveloppement.

    5. - UNE AGRICULTURE QUI N'A PAS ENCORE TROUV SON RYTHME

    5.1. L'essentiel de la production agricole est assur par le secteur autogr, tandis que la grande majorit des agriculteurs vgte dans le secteur priv, rduite un rgime de survie.

    Le secteur autogr s'est organis et stabilis; les organes d'autogestion ont t renouvels en avril 1969 (25), la centralisation de la comptabilit des domaines s'est poursuivie au cours de l'anne; des essais d'alphabtisation ont t entrepris sans grand succs, semble-t-il. Mais la situation du secteur autogr ne s'est pas encore redresse; les rendements et les productions n 'ont pas retrouv le niveau d'avant l'indpendance aussi bien dans le domaine des cultures fruitires que des cultures marachres ou de la viticulture.

    5.2. Dans le cadre de la politique dfinie par le Plan triennal, l'accent a t mis sur le dveloppement des cultures fourragres et de la production animale: il faut, en effet, rduire au plus vite les importations de produits laitiers, qui s'lvent l'quivalent de 300000000 litres de lait par an. Les services de l'agriculture prconisent donc la suppression des jachres pour leur substituer un assolement crales-fourrages et font porter leurs efforts sur l'extension des primtres irrigus. Dans le domaine de la grande hydraulique, on a poursuivi en 1969 les travaux d'amnagement des pri-mtres d'irrigation de la valle du Chliff et des primtres du Bou-Namoussa (prs d'Annaba). On a inaugur, prs de Bchar le barrage de Djorf-Torba qui permettra l'irrigation de 16000 hectares; on a entrepris la surlvation du barrage de Fargoug ainsi que le dvase ment du rservoir du Hamiz, dans la Mitidja. Dans le domaine de la moyenne hydraulique, un accord a t sign en janvier avec l'U.R.S.S. pour la construction de 28 moyens et petits barrages, dont 8 en Kabylie. Enfin, des prts ont t distribus aux agriculteurs privs destins en particulier aux amnagements de petite hydraulique.

    (24) Par exemple le lyce d'Hussein Dey commenc en 1969. (25) En ce qui concerne la rorganisation de l'autogestion, voir Documents.

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    Le ministre de l'agriculture a lanc de nombreuses tudes locales et rgionales de reconnaissance et d'inventaire des nappes souterraines qui permettent de lancer une tude gnrale sur l'eau, mene la fois par le ministre de l'agriculture, la dir ection du Plan et le service de l'hydrau-lique du ministr e des travaux publics. En 1969, galement, ont t lances par SONATRACH et le Plan les premires tudes sur la possibilit de l'utilisation de l'eau de mer distille, qui est ainsi devenue en Algrie un problme d'actualit.

    L'importation de vaches laitires de Suisse, de Hollande, de France se poursuit, les importations du secteur socialiste autogr ont dpass les importations du secteur priv, prpondrant au cours des premires annes aprs l'indpendance. Le ministre de l'agriculture a cr un Office national pour l'alimentation du btail (O.N.A.B.) charg de dvelopper les units existantes et d'en crer de nouvelles.

    5.3. On sait que l'Algrie avait connu autrefois des expenences intres-santes en matire de reboisement et de D.R.S. (Dfense et reconstitution des sols). Un vaste programme, dit de Rnovation rurale , avait t intgr dans le Plan de Constantine; ce programme avait t labor par extrapolation rapide des travaux partiels dj effectus et abandonn aprs l'indpendance. Au cours de l'anne 1969, les services du ministre de l'agriculture et de la direction du Plan ont reconsidr la question sous la pression d'impratifs techniques - destruction acclre des sols - et sociaux-politiques - misre d'une masse d'agriculteurs rejets sur les terres soumises l'r osion -. Depuis 1969, on parle de nouveau de Rnovation rurale et on se proccupe de dfinir une politique de dfense et de recons-titution des terres tout en fournissant du travail aux paysans les plus dmunis. Les mesures retenues qui seront progressives, seront inscrites dans le Plan quadriennal.

    5.4. Le problme de la vigne et du vin n 'a pas encore trouv de solution srieuse; la superficie du vignoble dcrot par disparition des vieilles vignes non remplaces, mais le refus franais d'appliquer l'accord de 1964 met l'Algrie et son secteur autogr dans une position difficile. L'accord prvoyant la vente l'U.R.S.S. de 5 000 000 hl /an, pendant 5 ans a commenc tre appliqu en 1969. Mais l'U.R.S.S. paye le vin au prix mondial trs au-dessous du prix pay par la France et la rcolte moyenne oscille autour de 10000000 hl / an. A la fin de 1969, les exportations de vin vers la France ont repris et un arrangement discret aurait t conclu en fin d'anne portant sur l'exportation de 5000000 hl d'ici aot 1970. Mais le contentieux demeure et l'Algrie continue rclamer l'application de l'accord sign.

    5.5 On ne constate pas dans l'agriculture algrienne l'lan vigoureux imprim au secteur industriel. Ce retard, s'il n'tait pas rattrap, risquerait de poser des problmes importants au dveloppement rapide de l'conomie. Les engrais azots sont dj produits par l'usine d'Arzew, les engrais phosphats et composs le seront en 1971 Annaba; l'usine de Constantine produira des tracteurs en 1972-73, l'usine de Mda des vannes et des

  • 528 CHRONIQUE CONOMIQUE

    appareils pour l'hydraulique, l'usine de Sidi B el Abbs, des machines agri-coles. Les structures de l'agriculture algrienne lui permettront-elles d'ici 3 ans d'utiliser ces produits industriels. La rponse ne peut tre positive qu'au prix d 'un effort massif et systmatique.

    6. - TRANSPORTS ET COMMERCE

    6.1. L 'Algrie a entrepris dans les deux dpartements sahariens de grands travaux routiers, afin d'assurer des communications r apides entre wilaya des Oasis et wilaya de la Saoura et afin de relier Bchar la rgion de Tindouf, objet du conflit avec le Maroc en 1963.

    Les socits de transport routier: Socit nationale des transports routiers et Rgie des transports urbains d'Alger, ont entrepris la moderni-sation et l'extension de leur force.

    La Compagnie nationale de navigation (C.N.A.lth a conclu un accord avec la Compagnie gnrale transatlantique et la Compagnie de navigation mixte pour fonder la Compagnie gnrale transmditerranenne, exploitant les car-ferries en service entre Marseille et l'Algrie. P ar contre aucun accord de navigation n'a pu tre encore sign avec l'U.R.S.S. et le vin algrien est export en fts sur navires sovitiques, alors que des navires pinardiers algriens sont sous-utiliss.

    6.2. Le commerce extrieur de l'Algrie est maintenant contrl par l'Etat par l'O.N.A.C.O., manation directe du ministre du commerce ou par les groupements obligatoires qui s'tendent progressivement la quasi-totalit des produits, des produits sidrurgiques (S.N.S.) aux produits de l'dition (S.N.E.D.) . Par contre, le commerce de dtail est priv. L es Galeries Algriennes sont la seule entreprise permettant l'Etat d'inter-venir dans ce secteur, car les derniers magasins socialistes pilotes ont t ferms. Quelques points de ventes urbaines de produits marachers et de viande ont t ouverts en 1969 par les services de l'agriculture : leur nombre est trop limit pour peser de manire dcisive sur le march.

    7. - LE TOURISME DEMEURE MARGINAL

    Le Plan septennal avait prvu 700 000 000 D.A. d'investissements dans le tourisme, soit 100000000 D.A. par an. Le secteur n 'est pas considr comme prioritaire : l'Algrie lui consacre un effort modr.

    L es travaux de l'htel Aurassi Alger, arrts depuis 5 ans, ont t repris d irectement par les services du ministre des travaux publics; ils seront achevs prochainement.

    Zeralda et Tipaza Club (26) sont les principaux ensembles touristi-

    (26) Ils ont t raliss par l'architecte M. POUILLON et M.J . CHEVALLIER, ancien maire d'Alger.

  • CHRONIQUE CONOMIQUE 529

    ques achevs en 1969 ainsi que cinq htels sahariens et des caravansrails.

    D 'autres ensembles sont en construction sur la cte kabyle et sur la cte oranaise ; l'Algrie ne semble pas dsireuse d'acclrer le rythme du flux touristique : elle dispose d'autres sources de devises que ne possdent ni la Tunisie ni le Mar oc.

    8. - L 'EDUCATION NATIONALE ET LA FORMATION

    8.1. Le budget d'quipement 1969 se caractrise d'abord par la priorit massive accorde l'industrie, mais aussi par la progression verticale des crdits allous 2., l'ducation nationale et la formation. Ces crdits sont en effet passs de 172 000 000 D .A. en 1967 (138 000 000 D.A. en 1965) 602 000 000 D.A. en 1969: ils ont t multiplis par 4,3. L es crdits de fonctionnement correspondant ont progress galement, mais un rythme plus modr :

    259 000 000 D.A. en 1963, 603000 000 D.A. en 1966, 850 000 000 D.A. en 1969.

    Les crdits d'quipement pour l'ducation nationale et la formation ont reprsent en 1969, 9,5 % de la totalit des crdits, au lieu de 4,1 % en 1968, tandis que les crdits de fonctionnement reprsentaient en 1969 22 % de la totalit du budget de l'Etat.

    8.2. On a remarqu que la progression rapide des crdits d'quipement pour l'ducation nationale et la formation concide avec l'envole des crdits d'quipement industriels. Le lien est logique car les usines ne produiront que si des cadres qualifis sont forms en nombre et en comptence.

    En ce qui concerne les ralisations en matire d'quipement scolaire et les effectifs des divers ordres d 'enseignement, on se reportera la Chronique sociale et culturelle du prsent Annuaire (27).

    8.3. Mais il apparat que le systme classique de formation ne sera pas capable de fournir en temps utile les cadres ncessaires l'industrie et l'agriculture d'une part, mais aussi l'ducation nationale en pleine crois-sance, d'autre part. Afin de faire face ce dficit, il a t dcid, au cours de l'anne 1969, de crer partir de 1970 des Instituts de technologie (28) : systme exceptionnel destin rpondre a des besoins eux aussi exceptionI)els.

    Ces instituts recruteront, d'une part, des lves de 3' et de 2' des lyces et collges auxquels ils donneront une formation de cadres moyens, des lves de 1re et de terminale d'autre part, pour en faire des cadres suprieurs. Ces lves, non diplms seront recruts aprs un stage de deux mois, en tenant compte de leurs motivations et leur dsir de travailler .

    (27) Cf . supra, Chronique sociale et culturelle, I. - Algrie, 1. - L 'enseignement. (28) Cres par l'Ordonnance n O 69-106 du 26 dcembre 1969.

    34

  • 530 CHRONIQUE CONOMIQUE

    La formation donne par les I.T. sera rapide et trs spcialise prparant les futurs cadres en vue d'un poste de travail dtermin, en recourant une pdagogie active et des stages nombreux et prolongs.

    Ces Instituts de technologie, organiss en liaison avec le ministre du travail (F.P.A.), sont une institution prsente comme provisoire qui utilisera les constructions existantes (casernes) .

    En fait, un seul institut fonctionne dj, Mostaganem, prparant en 4 ans des cadres pOUl' l'agriculture, avec la coopration de cadres franais. D 'autres doivent ouvrir leurs portes l'automne 1970.

    Mais il y aura des difficults rsoudre: le trs petit nombre des candidats du niveau de premire ou de terminale qui risque de restreindre le nombre de cadres suprieurs formables ; la ncessit de construire des btiments nouveaux, faute de btiments anciens amnager.

    Dans ces conditions, les dlais de l'opration risquent d'tre allongs, son cot alourdi et sa partie limite.

    8.4. De nombreux essais d'alphabtisation ont t tents : alphabtisation fonctionnelle dans quelques usines, alphabtisation dans les domaines auto-grs de la Mitidja, leons d'arabe tlvises : ces essais ont parfois tourn court; ils n 'ont jamais t systmatiss.

    9. - L'VOLUTION DES GRANDEURS GLOBALES ET DES PROBLMES DE L'EMPLOI

    9.1. Les statistiques concernant l'anne 1969 n'ont pas encore t publies; en matire de comptabilit nationale, les derniers comptes dtaills publis officiellement l'ont t pour l'anne 1964. Il est donc difficile de mesurer avec quelque exactitude l'volution globale de l'conomie algrienne au cours de 1969 : les lacunes sont nombreuses et les donnes disponibles sont parfois contradictoires.

    9.2. L'incertitude demeure, par exemple, quant au montant rel de la Production intrieure brute en 1969. L'Annuaire de la Chambre de Commerce d'Alger (29) avanait, en effet, les . chiffres suivants pour les annes 1963 1968 : (en 1000000 D.A.) .

    1963 (30)

    Product i on intrieure brut e 11000

    + salaires d ' adminis -tration 2300

    Produit intrieur brut 13300

    (29 ) AnnuaiTe 1968, publi en 1969. (30) A prix courants. (31) A prix constants. 1965.

    1964 (30)

    12500

    2000

    14500

    1965 1966 1967 1968 (31 ) (31 ) (31 )

    14100 13900 15600 16300

    2100 2100 2200 2200

    16200 16000 17800 18500

  • CHRONIQUE CONOMIQUE 531

    Or, pour 1969, on relve des chiffres trs divers: dans un article de Jeune Afrique (32), par exemple: le Produit intrieur brut s'lve 15800000000 D .A., tandis que pour la revue Maghreb (33), la valeur de la production intrieure brute en 1969 serait de 15840000000 D.A.

    Le rapport gnral sur le Plan quadriennal donne de son ct, pour 1969 une production intrieure brute gale 14640000000 D.A. (34). Ce rsultat serait donc infrieur aux rsultats de 1968 (16300000000 D.A.) et mme de 1967 (15600000000 D .A.) tels qu'ils apparaissent dans l'Annuaire de la Chambre de Commerce d'Alger. La production intrieure brute a-t-elle regress? les bases de la comptabilit nationale' ont-elles t modifies? La premire hypothse serait tonnante alors que la production ptrolire a augment, que la reprise s'est affirme dans l'industrie ma_nu-facturire et le btiment. On ne peut donc se prononcer et on est rduit des conjectures sur l' volution du produit algrien.

    9.3. La formation brute de capital fixe fait l'objet de publications offi-cielles. En 1969, le programme d'quipement s'levait 6279500000 D.A. se dcomposant comme suit:

    Agriculture .... . . .. . . ...... . 630 (en 106 D.A.) Industrie et hydrocarbures .. 3750 Infrastructure .. . . ..... . .. . . 502 Habitat .... . ..... .. . ...... . . 140 Education 610 Formation ... . . . .... . . .. . .. . 78 Tourisme . .. ... .. ... ..... . . . 152 Equipement social ......... . 150 Equipement administratif .. . 207 Divers .. ... . .. .. .... . ..... . 60

    On a not plus haut la signification de ce budget d'quipement pour les secteurs de l'industrie et de l'ducation. Faute de connatre avec exactitude le montant du P .I.B ., il est malais de calculer la part de ce dernier affect la F.E.C.F .: en supposant que le P .I.E. s'lve environ 17000000000 D.A. (35), la part de la F .B.C.F. dpasserait 35 %, pourcentage rarement atteint, y compris dans les pays socialistes jusqu' 1967, l'excution des programmes tait trs en retard sur les prvisions: 60 % de ralisation en 1967, mais 95 % en 1968. Le nombre de contrats industriels signs laisse penser en effet que le pourcentage sera lev en 1969.

    9.4. Le budget de fonctionnement 1969 s'lve 3890000000 D.A. en augmentant de 485 000 000 D.A. sur le budget de fonctionnement de 1968,

    (32) Jeune Afrique (477). 23/ 2/ 1970. (33) Maghreb (37). janvier-fvrier 1970. (34) Plan quadriennal 1970-1973 - Rapport gnral, p. 90 . (35) Cf. tableau 5. en annexe.

  • 532 CHRONIQUE CONOMIQUE

    soit un taux d'accroissement rapide de plus de 14 % (36) . Les ministres bnficiaires de cet accroissement sont, par ordre:

    Les Finances (charges communes) L 'Education nationale .............. . L'Intrieur ........ .. .... .. .. . ...... . L 'Agriculture .. . ........ . .... . ..... . La Dfense ............. . . ...... . ... .

    etc ...

    + 320000000 D.A. + 95 000 000 D.A. + 45 000 000 D.A. + 39 000 000 D.A. + 37 000 000 D .A.

    L'augmentation de la dette publique qui apparat au chapitre des charges communes est une des causes de l'augmentation rapide du budget.

    En admettant que le P.LE. soit gal 17 000000000 D.A. , les dpenses totales prvues seraient gales :

    6629 000 000 D.A. + 3890000000 D.A.

    10 519 000 000 D.A.

    soit 60 % du P .I.B. : ce qui est la limite du supportable.

    9.5. L'htrognit des donnes disponibles ne permet pas de recons-tituer l'quilibre global ralis en 1969.

    Les r ecettes budgtaires prvues par la loi de finances s'levaient 5340 000 000 D .A. en augmentation de prs de 18 % sur 1968 (4530 000 000 D.A.): la fiscalit ptrolire (+ 250000 000 D.A .) et la participation du secteur socialiste (+ 630000000 D.A.) assurant l'essentiel de cette augmen-tation.

    Il en dcoule que la diffrence entre les dpenses totales et les recettes totales (l'impasse) est trs importante et qu'elle l'est encore mme si les dpenses .sont plus fa ibles e t les recettes plus leves que prvue (37) . L es crdits extriew-s, affects essentiellement l'industrie (crdits fournisseurs) ne devraient gure dpasser 1 000 000 000 D .A. (38) . Il en rsulte une lourde charge pour le Trsor, sous forme de concours temporaires, d'avances, etc. Il est possible que l'impasse prvue pour 1970: 2550 000 000 D .A. (39), ait t atteinte, sinon dpasse ds 1969. Si la situation la fin de 1969, ne prsente aucun caractre critique, la poursuite d'un tel rythme de dpenses pourrait conduire des problmes d'quilibre assez dlicats. On doit tenir compte, il est vrai, du niveau lev des rserves de change (environ 500000000 US $) ainsi que des revenus de l'migration, qui r apportent l'Algrie plus de 1000 000 000 D.A. Mais on doit tenir compte galement

    (36) Cf. tableau 3, en annexe . (37) Il semble que les recettes fiscales aient t sous-estimes par la loi de Finances

    et qu'elles s'lveraient en ralit environ 5950000000 D .A . (38) L e budget d 'quipement 1969 p rvoyait 1075000000 D .A. d e crdits extrieurs

    affects l'industrie. (39) Cf. thse de M. Belbey sur les circuits financiers en Algrie.

  • CHRONIQUE CONOMIQUE 533

    du renversement de la balance du commerce extrieur (40), positive en 1967 et en 1969, par suite de la pousse des importations de biens de pro-duction, pousse destine s'amplifier pendant la priode quadriennale.

    9.6. On ne connat pas le montant de la consommation prive en 1969 ni par consquent l'volution du revenu de la population. D'aprs l'Annuaire 1968 de la Chambre de Commerce d'Alger, la consommation prive aurait volu entre 1965 et 1968 un rythme plus lent que l'accroissement de la population (41) :

    14 000 lOG D.A. 13000 14300 14600

    en 1965 en 1966 en 1967 en 1968

    Il est probable que la part massive affecte la F.B.C.F. en 1969 n 'a pas permis de modifier cette volution, malgr l'accroissement des salaires distribus dans les entreprises nouvelles et sur les chantiers ouverts travers le pays.

    9.7. Des emplois ont t crees au cours de 1969 : dans l'industrie et le btiment - travaux publics. On en ignore le nombre exact. On ne sait pas non plus si ces emplois ont absorb une part substantielle de la main d'uvre parvenue en 1969 l'ge du travail. La pnurie de cadres et de main d'uvre qualifie est parfois aige; mais le chmage continue peser massivement : chmage urbain, chmage et sous-emploi rural... Aussi l'Algrie regrette-t' elle que le partenaire franais freine l'excution de l'accord de 1968 empchant d'atteindre le contingent annuel fix 35000 ouvriers. L'Algrie en qute d'autres dbouchs pour sa main d'uvre en surplus, a sign, en novembre 1969, un accord sur l'migration de travailleurs algriens en Belgique. L'migration demeure la soupape de sret.

    * ** 1970 est la premlere anne de la priode couverte par le Plan qua-

    driennal algrien. En ralit, c 'est 1969 qui a marqu le dmarrage de la grande pousse d'industrialisation et de dveloppement rythme acclr.

    Les vnements de 1969 donnent une premire ide des problmes que posera ce type de dveloppement: problmes d'quilibres globaux en termes rels et en termes financiers. Un rythme de dveloppement acclr appelle des instruments renforcs de comptabilit nationale et de planification.

    (40) Le service des douanes n'a pas encore publi les statistiques douanires pour 1969. Le rapport gnral du Plan quadriennal donne les chiffres globaux :

    d 'importation : 4850000000 D.A. et (RappoTt gnTa!, pp. 110 et 111)

    d 'exportation: 4390000000 D .A. Le Plan prvoit que le dficit s'accentuera pendant la priode quadriennale.

    (41) La population est value 13200000 habitants en 1969 (P!an quadriennal - RappoTt gnra!, p. 134) . Le taux de croissance se situe autour de 3 %.

  • 534 CHRON I QUE CONOMI QUE

    L'Algrie est en train d 'affirmer son dynamisme fond sur ses r ichesses en hydrocarbures aussi bien que su r des in itiatives audacieuses; il doit lui permettre d 'affronter et de surmonter les tensions dont les premiers symp-tmes apparassent au n iveau des flux rels et financier s.

    Pierr e JUDET

    T AB LEAU 1

    Programme d'quipement industriel 1969

    T r so r Hors t r sor Total

    concou rs concou rs Int - Ext - Autres dfi nitif t emporai re rieu r rieu r

    Hydrocarbures 300 285 5 90 575 1750

    Chimie lou rde 65 16 0 35 48 7 250

    SONAREM 65 70 4 14 153

    Mines 3 3

    Djebel onk 10 10

    Sid r urgie 200 2 70 9 181 660

    Industries mcaniques 78 42 20 140

    Industries alimentai -res 6 0 33 , 5 135 226,5

    Chimie l gre 15,5 4 2 21,5

    Textiles 100, 8 17 8 1 , 4 12 7,2

    Cuirs 29, 2 17 12 , 5 58,7

    Industries dive r ses 54, 5 2 0 2 1 1, 5 97

    Mat r iaux de cons -truction 3 7,5 17 8 5,0 67,5

    Artisanat 10, 5 10, 5

    Dive r s 10 10,0

    DIL 10 10,0

    Infrastruc ture lec -trique 20 20 110, 0

    F . P . A. 3 0 0, 5 1 9, 0 49,5

    Total 730 890 483, 5 102 5, 5 621,4 3754, 5

    SOUTee : Ministre de l'Industr ie et d e l 'Energie - Budget d 'quipement pou r 1969 .

  • CHRONIQUE CONOMIQUE 535

    T ABLEAU 2

    Quelques productions de l'industrie en 1969

    Ptrole brut 1000 t 45,6

    Gaz naturel la m 3 3 ,7

    Electricit la' kWh 15 00

    Ch arpent e mtallique 1000 t 23 , 2

    Cha udronnerie 1 000 t 11

    E ngrais complexes 1000 t 120

    Ciment 1000 t 950

    Briqu e 1000 t 475

    Papier et ca rton 1000 t 48

    Tissu s la" m 2 58,4 Chaussures e n cuir la" pa ires 9

    Farine et semoules 1000 t 769,6

    Huiles raffines 1000 t 72,4

    Con serves de f r uit s et lgum es 1000 t 3 2

    SOUTee : Plan quadriennal - RappoTt gnTa!, p. 92.

  • 536 CHRONIQUE CONOMIQUE

    TABLEAU 3

    Evolution du bttdget de fonctionnement

    Ministres 1962 1966 1968 1969

    Prsidence 95,6 17,6 20,8 26,3

    Finances (charges comm unes) 208,9 376,0 334,2 654,9

    Finances et Plan (Ministre) 66, 8 100, 9 107, 1 134,6

    Intrieu r 207, 0 234,9 261,8 306 , 8

    Dfense 369,0 416,7 452,8 490,0

    Tourisme - 5, 8 7,4 10, 3

    Justice 32,0 37,6 45,5 55, 0

    L\ffai res t rangres 15,3 39,3 45, 7 55,7

    Education 259 , 3 603,8 755,6 850,0

    Travaux Publics 226 , 6 85,1 120,0 136,9

    Tran sport - 70,2 97 ,3 99,1

    Comme r ce 2,7 5,2 9,8 12,7

    Agricultu re 64,2 81,8 11 9, 7 158,8

    Ind u st rie et nergie 11, 3 14,6 19, 7 27,8

    Tr'avail et Affa i res Sociales 147, 9 54 , 1 68,6 87,9

    Anc iens Moudjahidine 158,2 242,3 328,5 320,0

    Sant 105,2 272,2 275 ,0 314,2

    Jeunesse et sports 44,2 40,1 71, 1 62,4

    Habous 17,6 18,8 20,5 31, 1

    Information 5, 7 28,6 39,3 55,0

    Total 223 7, 7 2843 , 6 3180,9 3890,0

    Priode complmentaire 35 5,0 131 , 6 224,4

    Total 2592,7 2 975,2 3 405,3 3 890,0

    (en JOu D .A .) SOUTce: Thse de M. BELBEY .

  • CHRONIQUE CONOMIQUE 537

    T ABLEAU 4

    Evolution du produit intrieur de 1963 1968

    1963 ' 1964' 1965 1966" 1967" 1968"

    .. Agriculture 2,5 l, 9 2,3 1,5 2,3 2,4

    M ine s et nergie 2,2 2,4 2,5 3, 1 4,0 4,4 (dont p t role) (1, 9) (2,0) (2, 1) (2,7) (3,6) (4,0)

    Indust rie l, 9 2,0 2,7 2,6 2,7 2, 9

    Transports services c om merce 4,4 6,2 6,6 6,7 6,6 6,6

    Production Int rieu-re brute 11,0 12,5 14, 1 13 , 9 15,6 16,3

    Administration 2 , 3 2,0 2, 1 2, 1 2,2 2,2

    Produ it intrie ur brut 13,3 14,5 16,2 16,0 17,8 18,5

    (en Hl6 D.A.) prix couran ts

    prix constants 1965 Source: Annuaire de ta Chambre de Commerce d'A tgeT, 1968.

  • 538 CHRONIQUE CONOMIQUE

    T ABLEAU 5

    La production inthieure bTute en 1969

    Agr iculture 2400

    Industrie alimentaire 1000

    Indust rie mcanique 300

    Chimie et divers 300

    Textiles et cuirs 300

    Matriaux de construction 140

    Total lndust ries et transformations 2040

    Mines et carrires 150

    Energie 320

    Hydroca rbures 3610

    dont ptrole brut 2100

    ptrole raffin 400

    gaz (liqufaction) 110

    Btiment - Travaux Publics 1020

    Total - Industrie + Btiment et Travaux Publics 7340

    Product ion matrielle 9740

    Transports 600

    Services 1800

    Commerce 3700

    TOTAL 16640

    (en 10 D .A .) SOUTce : Plan quadriennal - Rapport gnral , p. 90 .

  • CHRONIQUE CONOMIQUE

    TABLEAU 6

    Evolution des recettes fiscales (prvisions en dbut d 'anne)

    1967 196 8

    Contributions directes 700 820

    Enregistrement 90 80

    Impts s ur les affaires 700 800

    Contributions indirectes 670 700

    Douanes 350 350

    Domaines 10 10

    Produits divers du budget 348 180

    Aide extrieure libre 140 100

    Aide extrieure lie 115 150

    Fiscalit ptrolire 750 1000

    Participation du secteur socialiste 288 340

    TOTAL 4156 4530

    Source: Annuaire de la Chambre de Commerce d'Alger, 1968.

    539

    196 9

    830

    98

    875

    750

    325

    27 ,5

    115

    100

    -1250

    970

    5340

    (en H)" D.A.)