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C O L L E C T I O N

F O L I O A C T U E L

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Gallimard

Vincent EdinSaïd Hammouche

Chronique de la discrimination

ordinaire

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© Éditions Gallimard, 2012 pour la présente éditionen collection de grande diffusion.

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Vincent Edin est journaliste.

Saïd Hammouche est le fondateur de l’associationMozaïk RH, cabinet de recrutement à but non lucratifpour l’accompagnement des jeunes diplômés des quar-tiers dans leur recherche d’emploi.

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Introduction

L’émergence du sujet des discriminations audébut du XXIeþsiècle est un progrès en soi. Il impli-que une forme de dépassement du racisme ordi-naire, un refus de s’effacer devant le poids deconvenances sociales et historiques si fortes qu’ellesdeviennent prétexte à l’inaction, et une mise enconformité juridique. Pour reprendre une séman-tique qui a animé le débat d’idées en 2011, leracisme suscite une salutaire — mais souventvaine — indignation, quand les discriminationsappellent une réponse qui passe par l’engagement.

Par ailleurs, le racisme ordinaire existe dans larue et s’y combat aussi. Depuis la marche des beursaux défilés anti-Front National, la foule se réunitquand un événement lui semble insupportable. Cecombat quotidien se poursuit avec plus ou moinsde réussite selon les périodes de l’histoire etl’intensité des tensions au sein de la communautéfrançaise. Mais c’est un combat comparable àcelui de Sisyphe, où l’on peine d’ailleurs à imagi-ner Sisyphe heureux. Tant que nous n’aurons paschangé d’échelle dans notre lutte, la pierre retom-

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bera toujours. D’où la volonté de porter le combatcontre les discriminations. Une lutte qui s’étend àl’éducation, mais aussi au logement, aux trans-ports, à l’accès aux services publics et, enfin, àl’insertion et à l’évolution professionnelle. En cela,la lutte contre les discriminations est à la foisvaste, exigeante et complexe.

On peut adopter plusieurs stratégies dans cettelutte, dont la plus restrictive est la réponse juridi-queþ: la discrimination est un délit. Les articles225-1 et 225-2 du Code pénal en font état. C’estun premier pas, mais insuffisant. Sanctionner,condamner la discrimination apporte des satisfecitmoraux, mais cela ne règle en rien le réel pro-blème qu’elle constitueþ: son coût économique etsocial pour l’ensemble de la société. En focalisantnotre attention, depuis la naissance jusqu’à l’emploi,sur un même type de profil, correspondant à unepartie infime de la société, l’attitude discrimi-nante produit des résultats économiquement dra-matiques. Le coût humain de tous ceux qui sontlaissés de côté par cette logique nous mène lente-ment dans une impasse. Cet ouvrage propose despistes pour changer de cap.

Ce livre se présente comme un vade-mecum dela discrimination. On le sait, les mots, leur mani-pulation, le détournement de leur sens origineloccasionnent des malentendus. Nous placerons àla suite de cet avant-propos un lexique des termeset notions développés dans ce livre pour ne paslaisser de place à l’ambiguïté.

Passé ces nécessaires cadrages sémantiques, le

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livre s’ouvre par des biographies «þfictives et pour-tant réellesþ» de citoyens français. Fictives, dansla mesure où nous n’avons pas voulu reprendredes trajectoires individuelles existantes, afin de nepas les personnifier et de mieux montrer l’impor-tance du phénomène. Et pourtant réelles, dans lamesure où les inégalités, doublées de discrimina-tions que nous présentons, sont bien celles de laFrance de 2011, chiffres à l’appui. Nous avonssimplement agrégé ces entraves au bon fonction-nement de la République pour en faire six par-cours de vies illustrant une majorité. Non pas lamajorité des discriminations, mais la majorité descitoyens français qui sont, parfois sans le savoir,victimes de celles-ci. Nous reviendrons évidem-ment sur cette affirmation qui peut sembler sur-prenante, mais n’est en rien péremptoire.

Cette première partie s’appuyant sur des biogra-phies sert à illustrer le très grave dévoiement desvaleurs républicainesþ: le phénomène discrimina-toire revêt une ampleur considérable dans lasociété française. Le «þbruit du silenceþ» autour deces questions étant quasiment proportionnel à saréelle gravité, il doit nous interpeller sur les rai-sons et les racines du déni de réalité dans lequelse figent les élites dirigeantes — politiques et éco-nomiques — françaises. Leurs prises de parole,mais surtout de décisions, prouvent qu’elles rai-sonnent toujours avec un logiciel hérité de laIIIeþRépublique. Une conception surannée, non seu-lement dommageable pour notre «þvivre ensem-bleþ», mais qui alimente de plus la diffusion depréjugés. En cela, les discriminations, plus encore

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que les inégalités, sont une construction socialequi appelle une déconstruction imminente. Décons-truction nécessaire pour changer durablementnotre imaginaire et nos pratiques.

La recherche d’efficacité passe plus par l’imageque par les mots. La simplicité aurait été de donnerà ceux qui s’interrogent des pistes de réponse en unseul coup d’œil. Pour cette raison, nous avons tra-vaillé sur un tableau synthétique des discrimina-tions en France. Ce tableau nous aurait servi debase car il n’est d’argumentation possible sur lesréponses à apporter sans constat commun préala-ble. Le nombre de ses cases envisagées aurait mon-tré l’étendue du problèmeþ: tant au niveau desraisons pour lesquelles les citoyens sont discrimi-nés (genre, âge, ou origine, qu’elle soit sociale, géo-graphique ou ethnique) qu’en termes de domaines(éducation, logement, emploi, qu’il s’agisse del’orientation, de l’insertion ou de l’évolution). Hélas,à cause des zones grises statistiques et des chevau-chements de plus en plus puissants entre inégalitéset discriminations, il n’est pas pour l’heure possiblede construire ce type d’outil global. On pourraitenvisager une multitude de tableaux sectoriels, maisnotre propos se voulant uniquement global, nousavons renoncé aujourd’hui avec la volonté farouchede pouvoir le faire demain, grâce à des outils demesure plus efficaces qui permettront de connaîtrel’ampleur des discriminations en France.

Enfin, pour clore la partie plus descriptive denotre ouvrage, nous consacrerons une large placeaux recoupements et aux différences entre inéga-lités et discriminationsþ: en effet, on ne peut plus

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continuer à scinder les deux notions. Certes, lespremières semblent statiques et factuelles quandles secondes seraient plus mouvantes. En réalité,elles s’accompagnent, s’entremêlent, se recoupentet s’additionnent dans un très préoccupant «þcer-cle vicieux des discriminationsþ». Pour en finiravec les idées reçues, nous séparerons bien ce quirelève des inégalités stricto sensu des discrimina-tions directes, indirectes ou systémiques. Au tra-vers de cette grille, nous montrerons comment lefait de ne pas traiter certaines inégalités crée dessituations bloquées où la discrimination systémi-que s’implante mécaniquement.

«þNe pas rire, ne pas pleurer, ne pas détester,mais comprendre.þ» Cette maxime de Spinozanous a accompagnés tout au long de la rédactionde la dernière partie du livre. Nous y développonsles raisons de notre dénonciation et avançons nospropositions, sous forme de manifeste. Manifesteécrit avec un sentiment d’urgence. Une urgencehumaniste, mais également économique à remet-tre la République française sur les rails de l’égalitéréelle car elle emprunte actuellement une voie detraverse communautaristeþ: celle de la commu-nauté des favorisés. Et chaque communauté, qu’ellesoit de genre, ethnique, d’orientation sexuelle,d’apparence physique ou d’âge, tente de pousserses intérêts pour que certains d’entre eux accèdentà celle des favorisés. Ce faisant, les leaders de cescommunautés sont dans leur rôle, mais la puis-sance publique ne peut pas réguler la vie de la citéen s’appuyant sur eux.

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S’il faut, bien entendu, tenir compte des parti-cularismes de chacun, la division communautairedilue et, in fine, tue le message égalitaire porté.Les instances dirigeantes — économiques et poli-tiques — le savent parfaitement et usent de cesdivisions pour biaiser le débat comme elles saventle faire dans le dialogue social.

Or, les syndicats de travailleurs ont su s’unirdans une intersyndicale ayant permis l’émergencede propositions majoritaires chez les salariés.Cela ne constitue pas la panacée du progrèssocial, mais on ne peut pas rendre les syndicatscoupables des millions de chômeurs. Ces millionsde personnes qui, comme l’a parfaitement montréCamille Peugny dans son essai Le Déclassement1,exacerbent la colère non seulement des riches etdes puissants qui expliquent qu’ils paient poureux, mais aussi des travailleurs précaires qui esti-ment que leur travail n’est plus récompensé. Cesystème de nivellement par le bas et de peur d’unechute encore plus forte ne saurait être imputé àdes syndicats qui ont su, a minima, avec leursarmes, montrer aux salariés le besoin de s’unirface à un capitalisme dérégulé qui renforce lepoids des discriminations dans le monde. Unetelle initiative n’existe malheureusement pas pourreprésenter les communautés d’individus discri-minées. Et pour causeþ: leurs revendications sontinfiniment plus diverses, donc infiniment plusdifficiles à concilier — quoi de commun entre lesexigences féministes, celles des instances repré-sentatives des personnes noires, le collectif LGBT(lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels), ou

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encore celui de Génération Précaireþ? Parfois, lesdiscriminations s’accumulent et l’on pourrait trou-ver le cas d’une femme noire lesbienne et jeuneprécaire. Pour celle-là, qui pourrait prétendredécemment que l’articleþ1 de la Déclaration desdroits de l’Homme et du Citoyen («þLes hommesnaissent et demeurent libres et égaux en droitsþ»)n’est rien d’autre qu’une construction théoriqueþ?Le débat, le seul qui vaille, est de savoir ce quel’on peut mettre en place pour transformer cettethéorie en pratique. Nous alimenterons ce débatpar des propositions à l’attention de la puissancepublique comme des acteurs économiques ausens large.

Nous voulons porter ces propositions avec unsentiment d’urgence car nous sommes peut-êtreen train de rater notre lutte contre les discrimina-tions. En effet, le débat est détourné de la ques-tion égalitariste, ce qui le vide de sa substance.L’enjeu de la lutte contre la discrimination estde montrer qu’elle constitue une aberration éco-nomique. Or, nous continuons d’envisager cettebataille sous le seul prisme moral. Ce, car noussouffrons toujours du poids de nos représenta-tions quand la réalité bouge plus vite que la pra-tiqueþ: les femmes ne sont plus des mères au foyer,mais sont plus diplômées que les hommes. Lesimmigrés et leurs enfants ne sont pas une «þvaria-ble d’ajustement du marché de l’emploiþ», maisdes citoyens de même statut ayant poursuivi desétudes et pouvant aussi bien évoluer profession-nellement. Les personnes handicapées sont «þhan-dicapablesþ» et non pas à réserver à l’hospice. Les

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«þseniorsþ», cette invention sémantique récente(pour reprendre le très bon titre de Serge Guérin2,sont avant tout une part croissante de la popula-tion française, détenteurs de savoir à transmettreet toujours en bonne forme, dont rien ne justifiequ’ils soient sept fois plus écartés de l’emploi queles autres. Ces représentations archétypales im-prègnent les pratiquesþ: pour lutter contre les dis-criminations, il faut aller au-delà du changementde regard — ce que quelques communicants sau-ront toujours prôner avec succès —, et porter unautre modèle de société.

Pour l’heure, il est à craindre que les communi-cants ne soient en passe de l’emporter. D’abord enayant dévoyé le terme de «þdiversitéþ», puis en atti-rant l’attention sur des contre-feux au parfum descandale pour l’éloigner du réel scandale social.

La diversité, d’abord. Cette belle idée d’ouver-ture au monde, qui dit qu’il nous faut confronterles parcours, pour confronter les idées. 12 énar-ques, comme 12 carrossiers, 12 instituteurs ou12þtraders se tromperont immanquablement carle clonage a toujours prouvé ses limites en matièred’innovation. Comment penser l’ouverture aumonde, l’ouverture à la société, avec un cercle res-treint de personnesþ? Il y a là une contradictiondans les termes, comme diraient les Anglo-Saxons.

La diversité est sociale par essence. Or, les diri-geants politiques et économiques se sont emparésde cette thématique pour des raisons morales, ontpoussé à la nomination de quelques femmes, dequelques «þpersonnes issues de l’immigrationþ»,devenues providentiellement «þissues de la diver-

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sitéþ»þ; quelques personnes en situation de handicapet quelques seniors toujours fringants complètentle tableau de cette France de la diversité. C’est uneplaisanterie, et une mauvaise, que l’on veut nousvendre. Comme l’a très bien écrit Walter BennMichaels dans La Diversité contre l’égalité3, «þlespolitiques de diversité inspirées des modèles “d’affir-mative action” américains sont vouées à l’échec.Elles incarnent le projet de sociétés qui ontrenoncé à réduire les inégalitésþ». On achète ainsila paix sociale, mais, en renforçant les inégalitéssociales, on laisse un nombre croissant de person-nes au bord de la route. Nous ne souhaitons à l’évi-dence pas que ce type de politiques, telles qu’ellessont pratiquées par un grand nombre d’entrepri-ses, perdure.

Les contre-feux en faux débats, ensuite. Détour-nons Stalineþ: «þLa France, combien de divisionsþ?þ»,nous martèle-t-on depuis plusieurs années avecdes débats hallucinants sur l’identité nationale.Là, au lieu de porter l’attention sur ce qui nousrassemble tous, citoyens français, le politique asciemment mis en lumière des épiphénomènes envoulant créer des peurs irrationnelles. Le voileintégral, les violences urbaines dans les parkings,les agressions gratuites, la polygamie… Nul neconteste, et nous les premiers, que ces pratiquesne sont pas compatibles avec la République fran-çaise, mais pourquoi résumer ce qui unit 65þmil-lions de citoyens aux agissements coupables dequelques centaines de personnes, et encore… Notreparti pris sur ces questions est clairþ: nous con-damnons ces pratiques en France, mais refusons

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de tomber dans le piège consistant à s’attarder surle marginal pour ne parler que de la question glo-bale.

Enfin, nous livrerons nos propositions. Celles-ci se revendiquent comme des propositions poli-tiques avec des partis pris. À ceux qui nous oppo-seront le fait qu’une bataille comme celle desdiscriminations doit dépasser les clivages et ten-dre vers la neutralité, nous répondons que la neu-tralité n’existe pasþ: prôner une lutte apolitiquecontre les discriminations est empirique et vain.Contrairement aux ultralibéraux qui se disentapolitiques en se cachant derrière le pragmatisme,nous assumons nos positions résolument politi-ques. Notre démarche n’est pas partisane pourautantþ: elle s’inscrit clairement dans une logiquepolitique en tant que conception d’une gestion dela cité. On ne peut pas penser la lutte contre lesdiscriminations de façon clinique. Elle passe parune réduction des inégalités, qui accompagnenécessairement une sortie du modèle capitalistefinancier tel qu’il est pratiqué depuis les années1980. C’est depuis cette époque que les dirigeantsoccidentaux ont globalement décidé de dérégulertous les codes du travail pour répondre à la dic-tature de l’urgence, imposée par les marchésfinanciers, pour satisfaire à leur culte du profitimmédiat avec des rendements inhumains. Ceci apeut-être permis l’enrichissement de quelques-uns, mais a sans conteste créé de la discrimination,du déclassement et le retour de certaines formesde misères humaines que l’on pensait avoir éradi-quées avec le progrès. L’évocation du retour au

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XIXeþsiècle que l’on trouve dans de nombreux ouvra-ges récents porte tant sur l’explosion des rentiersque sur la réapparition de la tuberculose… Lemodèle économique actuel, en privilégiant l’apportde quelques experts, se coupe volontairementd’une part croissante de la population vivant dansde plus en plus vastes ghettos scolaires et profes-sionnels, créant des ghettos de logement. Nossolutions à cette maladie du capitalisme (ce n’estpas le capitalisme lui-même que nous contestons)s’inscrivent dans la philosophie d’une économiesociale qui fait de l’homme la première richesse àpréserver. Ce en érigeant en normes comporte-mentales un respect soucieux d’égalité et de jus-tice sociale. L’homme au centre de tout, sansdistinction, sans discrimination.

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PETIT GLOSSAIRE

pour que les mots aient la même signification dans les débats futurs

Le thème de la lutte contre les discriminationsa émergé récemment après que l’attention s’esthistoriquement focalisée sur le racisme. Pourtant,les discriminations sont bien plus larges, elles neprennent pas uniquement l’origine et l’apparencephysique en compte. Néanmoins, elles restent,dans l’inconscient collectif, cantonnées à ces seulscritères. C’est pour cette raison et pour se montrerplus précis dans la critique que de nombreux ter-mes ont été créés pour effectuer des distinguosentre les catégories de personnes victimesþ: «þissusde la diversitéþ», «þissus des minorités visiblesþ»,«þjeunes de quartiers sensiblesþ». Les néologismesservant toujours à expliquer les atteintes faitesaux jeunes, on a commencé à parler «þd’âgismeþ»pour évoquer les attitudes négatives envers lespersonnes âgées… Le langage du champ des dis-criminations se renouvelle très largement. Aussi,pour partir d’un pied d’égalité dans cet ouvrage,nous posons quelques repères lexicaux pour faci-liter la lecture et les raisonnements sans laisserplace à l’interprétation.

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DISCRIMINATION

Est qualifié de discrimination, tout comporte-ment ou attitude qui tend à distinguer des autresun groupe humain ou une personne, à son détri-ment sur la base d’un critère illégal, illégitime auregard de la loi. Le «þdélit de discriminationþ» aété créé par la loi Pleven du 1erþjuillet 1972 rela-tive à la lutte contre le racisme sous l’influencedu droit international des droits de l’Homme.Pour qu’il y ait délit de discrimination, il fautqu’il y ait différence de traitement, mais aussi quecette différence relève d’un caractère prohibé,illicite. Ces critères ont évolué dans le temps. Laloi du 16þnovembre 2001 fait apparaître 18 critèrestoujours en vigueur aujourd’hui et sur lesquelsles Français pouvaient saisir la HALDE jusqu’àsa dissolution en mai 2011.

La liste des 18 critèresþ: l’origine, le sexe, la situa-tion de famille, l’apparence physique, le patronyme,l’état de santé, le handicap, les caractéristiquesgénétiques, les mœurs, l’orientation sexuelle, l’âge,l’état de grossesse, les opinions politiques, les acti-vités syndicales, l’appartenance à une ethnie, l’appar-tenance à une nation, l’appartenance à une race,l’appartenance vraie ou supposée à une religion.

Chaque fois qu’une situation, une attitude, unepratique ou toute autre forme de décision ou dejugement empêche une personne de s’exprimer oud’agir en fonction de l’un de ses 18 critères, il y adiscrimination.

On distingueraþ:—þDiscrimination directeþ: elle se produit lorsque,pour un des critères de la loi, une personne est

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APPENDICES

Notes 223Remerciements 229

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Chronique de la discrimination ordinaire Vincent Edin et Saïd Hammouche

Cette édition électronique du livre Chronique de la discrimination ordinaire

de Vincent Edin et Saïd Hammouche a été réalisée le 20 janvier 2012

par les Éditions Gallimard. Elle repose sur l’édition papier du même ouvrage

(ISBN : 9782070445486 - Numéro d’édition : 237383). Code Sodis : N52541 - ISBN : 9782072469756

Numéro d’édition : 242283.