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DÉCEMBRE 2013 - LA REVUE DE L’IMAGINAIRE ET DU JEU DE RÔLE Les conventions du mois en images ! La Course au palais Jeu de l’oie dans le Dashan Grand dossier : L’Architecture et le jeu de rôle C hroniques d’ A ltaride N°19 LUCAS VAN VALCKENBORCH (1535 OR LATER–1597) [PUBLIC DOMAIN], VIA WIKIMEDIA COMMONS

Chroniques d'Altaride n°019 décembre 2013 l'architecture

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L’Architecture, voilà le fondement de ce dix-neuvième numéro des Chroniques d’Altaride ! Parler d’architecture, c’est s’interroger sur la cohérence des univers imaginaires qui servent de base à nos voyages ludiques. Alors comment créer quelque chose qui se tient, qui a un sens ? Nos contributeurs vous propose ce mois-ci quelques articles pour y réfléchir ensemble mais on retrouvera aussi nos rubriques Culture rôliste, Fenêtre sur... et vos bandes dessinées préférées !

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  • Dcembre 2013 - la revue De limaginaire et Du jeu De rle

    les conventions du mois en images !

    la course au palais jeu de loie dans le Dashan

    grand dossier : larchitecture et le jeu de rle

    Chroniques dAltaride n19

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    Voil 33 ans que les habitants de Hauterives voient passer leur facteur avec sa brouette pleine de pierres glanes sur les routes, lors de sa tourne. Nous sommes en 1912 et Ferdinand Cheval a enfin termin son Palais idal . La faade est, commence en 1879, est un mlange de sculptures et un hymne la Nature, construit de faon intuitive.

    Cheval btit le Temple de la Nature, orn de trois statues reprsentant Csar, Vercingtorix et Archimde puis attaque sa faade ouest, beaucoup plus rigoureuse, hommage diverses architectures mondiales. Le tout sous lil de ses voisins, qui observent ce pauvre fou qui passe ses nuits faire mrir son projet la lueur de la lampe ptrole.

    Ferdinand Cheval met toutes ses forces dans ce projet puis dans le suivant, le Tombeau du silence et du repos sans fin, ne pouvant tre inhum dans son Palais comme il le souhaitait. Cest l quil repose depuis 1924, dans le mme cimetire que ses deux pouses et ses enfants, tous dcds avant lui.

    Le monument devient clbre au-del dHauterives et veille la curiosit dartistes tels que Picasso, Max Ernst ou Andr Breton. Andr Malraux appuie la procdure de classement du Palais idal, contre lavis dfavorable de la plupart des fonctionnaires du Ministre de la Culture qui crivent dans un rapport dat de 1964 : Le tout est absolument hideux. Affligeant ramassis dinsanits qui se brouillaient dans une cervelle de rustre . Malraux dclare pour sa part quil considre le Palais idal comme le seul reprsentant en architecture de lart naf () Il serait enfantin de ne pas classer quand cest nous, Franais, qui avons la chance de possder la seule architecture nave du monde et attendre quelle se dtruise

    Le Palais idal du facteur Cheval est class au titre des monuments historiques par arrt du 23 septembre 1969. De nombreux visiteurs peuvent ainsi voir, de nos jours, les curieuses sculptures organiques et exotiques cres par Cheval, qui accueille le visiteur en lui rappelant que tout ce que tu vois, passant, est luvre dun paysan .

    Sophie Prs

    Sources : http://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_idal http://fr.wikipedia.org/wiki/Ferdinand_Cheval www.avignon-et-provence.com/musees/facteur-cheval/#.UprqX8TuK9F

    Luvre dun paysan

    Dcembre 2013 Chroniques dAltArideDcembre 2013 Chroniques dAltAride

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    Btisseurs dimaginaire

    La construction dune revue comme les Chroniques dAltaride, a na lair de rien, mais cest quand mme un petit quelque chose. On y travaille par tapes, sur plusieurs plans la fois. Dabord, en amont, il y a le projet, le dbat autour du thme. a se passe sur le forum des Altariens, on y discute en public des avantages de telle ou telle construction. Limportant, pour rester dans la ligne ditoriale, consiste trouver chaque mois une question qui soit porteuse dides rlistes tout en restant suffisamment ouverte pour coller nimporte quel type dunivers imaginaire et mme au rel ! Une fois le thme dtermin, on sattaque au dveloppement, qui passe par les contributions. Chacun apporte sa pierre ldifice: toutes les pages qui suivent sont remplies de textes ou dimages apportes par des volontaires, le tout saupoudr de visuels sous licence libre. Larchitecte, cest sans doute un peu moi: je passe sans cesse de lun lautre pour veiller ce que le tout reste cohrent, que deux maons ne construisent pas la mme tour trois pages dcart Ona du maon dautrefois, au style un peu rude mais qui dborde dnergie et aussi de lartisan passionn qui cisle chaque facette de son uvre. Pour les finitions, on a la dcoratrice en chef, la correctrice qui nettoie dans les moindres recoins cette maison du rlisme que nous avons btie ensemble, encore une fois (la dix-neuvime, dj !) Enfin nous nous effaons tous pour laisser la place aux visiteurs, aux habitants de cette maison neuve. Car cest vous, amies lectrices, amis lecteurs, dajouter la dernire main cette jolie btisse, en faisant vivre ce numro. Lisez-le, commentez-le, racontez-le: emmnagez dans la maison et donnez-nous envie den construire encore des tas et des tas dautres, mois aprs mois, pour fonder un village, unevillerliste!

    vos ds!BenotChrel

    Donnez-nous envie

    den construire des tas et des tas dautres

    Chroniques dAltaride dcembre 2013 n19dit par La Guilde daltaride, association rgie par la loi du 1er juillet 1901 - 17 rue volant, 92000 nanterre. direction de la publication : benot chrel. rdaction : diane borlet, cyrille bruneau, benot chrel, rmi dekoninck, christophe dnouveaux, lodie descharmes, Gabriel Fraud, yannick Gautron, Guillaume Lecomte, mathilde Lenoir, thierry maire, christophe Paris, sophie Prs, Jean-christian Pouillon, Fabrice Pouillot, hlne et romain rias, antoine vaillant, olivier valin, Franois vanhille. correction / relecture : sophie Prs. illustrations originales : Francis Pacherie. bandes dessines : cowkiller, LFo Pure, christophe dnouveaux. ralisation : benot chrel (au + simple). Police de caractres : Linux libertine et Linux biolinum par Philipp Poll, linuxlibertine.org sous licence GPL et oFL. Photo de couverture : Lucas van valckenborch (1535 or later1597) [Public domain], via Wikimedia commons.

    ditorial

    Retrouvez les Chroniques dAltaride surle sitede la guilde dAltaride

    altaride.comContact: [email protected] Sabonner gratuitement: goo.gl/9ju7B Ragir: goo.gl/eJiRDS

    Dcembre 2013 Chroniques dAltAride

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    SommaireFentre sur Luvre dunpaysan .......................................................................2LEntre Btisseurs dimaginaire ....................................................................4Portrait de rliste De barman diteur Leparcours dOlivierValin ...................6Feuille de perso Feuille de personnage dOlivier Valin ..........................................9Fumoir Culture rliste - Passionns des cultures de limaginaire:

    quelleserait leur classe depersonnage? .................................. 12Atelier du crateur Rome ................................................................................................. 25Cuisine du MJ Quel chantier! ................................................................................ 26 Grer son espace, mme la vitesse de la lumire ................. 36 LAir de la ville rendlibre...................................................... 42Jardin des conventions Bilan de la convention Scorfel ..................................................... 46 Convention IncantD100 .............................................................. 50 Convention des Hraults de Lambert ........................................ 52 Le Don desdragons ....................................................................... 54Bar La Chronique et lantichronique! ........................................... 57Atelier du crateur Fragments dimaginaires - Scriptonomicon, chapitre 1er ........ 58Home CinemaThe Fumble Zone pisode 11 ..................................................... 60Salle de jeuLa Course au palais, jeu de loie dans le Dashan ..................... 62BibliothqueEn route pour Yspahan, scnario dinitiation Ryuutama .... 66 Larchitecture dunmonde,

    ladcouvertedumondedelaTour ......................................... 78Vranda graphiqueStar Wars, le jeu de rles - pisode19 ........................................ 83LFO Pure Issue #2 Le Choix de Kida, pisode 2 ........................ 84Chambre des rves Aller plus loin .............................................................................. 94

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    Qui tes-vous ?

    Je suis un Chti, de sexe masculin, vieux de 37 ans et qui fut affubl ds sa naissance du prnom commun dOlivier.Tout gamin, jimaginais des mondes

    fantastiques et mamusais faire frmir ma petite sur en lui racontant des his-

    toires toutes plus sordides les unes que les autres. Rien na chang depuis, sauf que

    ma sur ncoute plus mes rcits mais que

    les rlistes ont pris le relais, en dcouvrant mesjeuxderle.

    Mes proches parlent de moi comme dun touche--tout. Niveau curriculum, jai prati-qu divers mtiers tels que barman, ambulan-cier, gestionnaire de commande, grant dun groupe de communication, etc. Mais, dorna-vant et depuis plus de deux ans, aprs avoir

    fait la rencontre dune illustratrice de talent, jai dcid de me lancer dans lauto-dition

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    De barman diteur Leparcours dOlivierValin

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    de mes propres jeux de rle, que javais crits

    quelques annes plus tt. Entreprenant, cra-

    tif, optimiste optimis, je crois rellement en ce que je fais et ma tte est remplie dides et de souhaits qui pourraient en tonner plusdun

    Comment avez-vous dcouvert le jeu de rle?

    Captiv par la frquentation du lyce (oui, bon, daccord, jen fais trop) et lcriture de

    romans de science-fiction, je fis par un heu-

    reux concours de circonstances la dcouverte

    du monde du jeu de rle.

    La MJC de Douai proposait, une poque trs, trs lointaine, des cours de thtre. Pourquoi ne pas tester, me diriez-vous ? Il

    faut de tout pour faire un monde. Manque de bol ou heureux hasard, le premier cours fut

    annul mon arrive.

    Du quelques secondes, je vis venir ma rencontre un groupe de jeunes qui mexpli-

    qurent quils taient adeptes dun club de jeux, dans lequel les participants se transfor-

    maient en mage, guerrier, chaman, escroc ou encore dautres hros aux vertus parfois dou-

    teuses. Allch (ce sont les vertus douteuses qui mont attir), je dcidai de les suivre.

    Cest ainsi que Dungeons & Dragons, LAp-pel de Cthulhu, C.O.P.S., Les Mousquetaires de lOmbre et Les Secrets de la 7e mer rempla-crent rapidement Molire et Shakespeare. Javais enfin trouv ma voie. Allluia !

    Comment pratiquez-vous lejeu de rle ?

    Le jeu de rle, par son ct ludique, devint rapidement un exutoire, que je remplisse le

    rle de joueur ou, par la suite, de meneur. Sur le plan cratif, ce loisir me donna la pos-sibilit dlaborer de nouvelles rgles ou de

    nouveaux mondes : un vritable bonheur !

    (rappelez-vous, ma ptite sur)

    Puis, jenfilai la casquette dauteur dans la

    foule, afin de modifier les rgles trs res-

    trictives de certains jeux (je nen dirai pas

    plus, je ne suis pas une balance !). Et puis,

    finalement, crer mes propres scnarios puis

    mon propre jeu de rle serait certainement plus jouissif. Imaginer un scnario, cest avant tout y mettre une ambiance, une ten-

    sion, qui amne les joueurs ressentir ce que peuvent rellement vivre leur personnage. Tous les tenants et les aboutissants du role-

    play tiennent donc une place trs importante dans ma vie de crateur.

    Quest-ce que le jeu de rle achang dans votre vie?

    Il est simple de rpondre cette question,

    puisquil y a deux ans, jai dcid de deve-

    nir auto-diteur et de vivre de ma passion du

    jeu de rle. Un pari os en cette priode diffi-

    cile, je le conois, mais on na rien sans rien. Ainsi, toute ma vie tourne autour de cette

    activit remplie de suspense, dintrigues, de surprises, de rjouissances mais surtout debelles rencontres.

    tes-vous plutt joueur, meneur ou auteur ?

    Quon se le dise : Dieu, cest moi ! Bref, je suis

    un meneur-n !

    Laspect manipulation de ce statut me

    satisfait pleinement. Mais il est vrai que, en tant que meneur, mon rle principal est damener les joueurs l o ils sy attendent

    le moins. Cest la raison pour laquelle je dirais que mes jeux de prdilection seraient

    plutt LAppel de Cthulhu, Les Mousquetaires de lombre ou encore Vampire, la mascarade, pour ne pas les citer.

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    Ct auteur, les jeux de rle que je conois

    doivent contenir une intrigue originale et indite qui amnera les joueurs vouloir en savoir toujours plus. mon avis, il est nces-saire damener du suspense, de la dcouverte, de la concentration, pour que tous prouvent beaucoup de plaisir jouer.

    Pour vous, comment sedfinit le jeu de rle ?

    Le jeu de rle est avant tout un loisir qui permet, lespace dune soire, de changer de peau, de dcouvrir de nouveaux mondes,

    des histoires ou des personnages historiques. Faire un jeu de rle, cest un moyen simple de se transformer en super-hros ou en

    mchant sanguinaire en un clin dil pour se

    dtendre, se changer les ides, partager fous rires et bonne humeur gnrale.

    Le jeu de rle est galement un bon moyen pour certains de sextrioriser et de prendre

    confiance en eux. Incarner un barbare sau-

    vant la veuve et lorphelin est, pour une personne de nature timide et timore, plu-tt gratifiant. Bien sr, cela reste un jeu et le

    seratoujours!

    Et quels sont vos projets ludiques, vos envies?

    Ma bote ides dborde de projets. Je travaille actuellement sur un nouveau jeu de rle, mixture base de gothisme etdsotrisme

    Jattends galement avec impatience la fin de

    mon projet Opus de Mutantologie sur Ulule, pour enfin pourvoir sortir ce supplment de

    Kasho, la rvolte que je concocte depuis plus dun an.

    Olivier Valin

    Illustrations aimablement fournies par Oliz ditions

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    Intelligence : a russi compter jusqu 100 avec 3,2 grammes dalcool dans le sang. L, je me suis senti intelligent !

    Charisme : Si je vous dis Chti , on pense beau gosse eh bien dtrompez-vous

    Comptences : aime regarder les mai-sons en brique du nord de la France et trouve a beau, connatre la recette des fricadelles (non, je ne la donnerai pas !), adore regarder un groupe de rlistes sen-tretuer Dungeons & Dragons pour un an-neau en or magique (et maudit, mais a ils ne le savent pas encore)

    Armes : mes ides et ma plume.

    quipement : Bires, fricadelles, frites et un sac de ds (on sait jamais, je peux tom-ber sur des rlistes).

    Olivier Valin

    Illustrations aimablement fournies par Oliz ditions

    Feuille de personnage dOlivier ValinNom : Drakkor

    (cest le nom dun dragon, mchant rcurrent, que mes joueurs prfrs ont dtest pendant dixans)

    Classe de personnage : diteur optimiste

    Force : a dpend o le meneur la me-sure En taille de biceps ou en taille dab-dominaux ? La bire nordiste ma beau-coup aid prendre en abdo !

    Dextrit : sait ouvrir une bote de sar-dine avec un ouvre-bote ! Quoi ! Vous aussi ? Flte alors !

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    Olivier Valin nous ouvre les portes dOLIZ ditions

    Benot Chrel : Quel est votre rle chez

    OLIZ ditions ?

    Olivier Valin : Jen suis le grant. Cest ma

    premire casquette. La deuxime est celle

    dauteur des jeux de rle proposs par OLIZ.

    Mais un jour, qui sait, jditerai dautres

    concepteurs de jeux

    B.C. : 100% made in France, co-res-

    ponsable Pourquoi un tel engage-

    ment co-social chez OLIZ ditions ?

    O.V. : Cest une question dthique qui ma

    parue vidente ds la cration dOLIZ.

    Nous vivons dans un systme de

    consommation intensif : Jachte,

    jutilise et je jette ou Consom-

    mons plus pour que la France aille

    mieux . Il me semble manifeste

    que les premiers devoir modifier

    ce systme sont les entrepreneurs.

    Imprimer sur du papier issu de forts

    durables avec des encres vgtales, chercher des

    prestataires situs moins de 30 km de son entre-

    prise, cela ne vous parat-il pas normal, lheure

    actuelle ? Pour moi, si ! Donc, mme si je suis

    amen diminuer ma marge, je peux proposer

    des jeux de rle dits cologiques au mme prix

    que ceux qui ont t fabriqus en Chine dans des

    conditions plus que douteuses. Cela permet ma

    conscience dtre un peu plus tranquille.

    B.C. : Pouvez-vous nous prsenter vos deux

    jeux, en quelques mots ?

    O.V. : Les deux premiers jeux des ditions OLIZ

    sintitulent Prhistorisk et Kasho, la rvolte.

    Le premier est un jeu de rle catalogu his-

    torique-fantasy, qui permet aux joueurs

    dincarner un homme de lpoque de lge

    de pierre. Mais, linverse des jeux qui se

    droulent la Prhistoire, les aventuriers

    voyagent ici dans le temps, se retrouvant

    au cur dvnements prcis de lhis-

    toire de lhumanit (par exemple :

    lalunissage dApollon XI, la signa-

    ture de la constitution amricaine,

    etc.). Leur but est de changer la fina-

    lit de ces vnements tout en rflchis-

    sant un probable complot plantaire

    qui aurait rellement t mis en place

    pour tromper la population mon-

    diale. Ces thories existent dj

    de longue date mais peu le savent.

    Cest donc loccasion, grce Pr-historisk de se poser quelques ques-tions

    Le second jeu, Kasho, la rvolte, envoie les person-nages-joueurs en 2099 dans un monde dvast

    par un cataclysme en 2025, puis ravag par lin-

    vasion daliens, les Sabnacs, venus dun lointain

    systme solaire de notre galaxie en 2095.

    Aprs plus de trois annes au service forc

    des extraterrestres, un certain Fang Kasho

    souleva un mouvement de rvolte afin dex-

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    terminer les envahis-

    seurs. Les joueurs

    peuvent ici incar-ner un humanode

    soutenant Fang

    Kasho dans sa

    qute, ou alors un

    Sabnac cherchant

    dtruire la rvolte nais-

    sante. Faites votre choix !

    B.C. : De quelle manire vous tes-vous impli-

    qu dans la ralisation de ces deux jeux ?

    O.V. : Jen suis lauteur principal et lditeur.

    B.C. : Prhistorisk, Kasho, la rvolte Donc dj deux jeux de rle publis chez vous Dautres

    projets dans les cartons ?

    O.V. : Oui, de nombreux ! Un nouveau jeu de

    rle en prparation et peut-tre ldition de

    jeux de socit destins tous les publics.

    Comme jadore les secrets, je vous laisse

    dcouvrir par vous-mme ces futurs projets

    dici quelques temps.

    B.C. : LOpus de Mutantologie est en sous-cription sur Ulule Que contient ce suppl-

    ment pour Kasho ?

    O.V. : LOpus de Mutantologie est avant tout un bestiaire mais

    pas que

    Il apporte aux

    futurs scna-

    rios de Kasho, la rvolte de nouveaux ennemis ou allis, les mutants, ns de

    laprs-catastrophe cologique survenue

    en 2025. Il donne galement la possibilit

    de crer de nouveaux personnages-joueurs

    mutants qui ont acquis des pouvoirs psy-

    chiques dmesurs (dplacement

    dobjet, contrle de la matire,

    etc.) Il offre, de plus, un panel de

    nouveaux quipements et tech-

    nologies extraterrestres ou huma-

    nodes (amliorations cyberntiques, dro-

    gues, etc.) qui raviront la plupart des joueurs

    et meneurs. Toute lquipe dOLIZ ditions a

    dcid par ailleurs dutiliser lOpus de Mutan-tologie pour apporter plus dinformations au sujet des Sabnacs, des Humanodes et des

    organisations qui travaillent la suppression

    de lennemi alien. Si les souscriptions conti-

    nuent daugmenter, trois scnarios indits

    seront inclus la fin de ce supplment. Tout

    un programme !

    Propos recueillis par Benot Chrel

    Illustrations aimablement fournies par Oliz ditions

    oliz.fr

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    Culture rliste -

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    Passionns des cultures de limaginaire: quelleserait leur classe depersonnage? Cette rubrique propose par Franois Vanhille explore chaque nouvel pisode une facette sociale de la culture rliste. Ce mois-ci, nous partons la dcouverte des diffrents profils de passionns des cultures de limaginaire. Vous pouvez bien entendu ragir cet article sur la page Facebook de la guilde dAltaride ousurleforum desAltariens.

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    Les cultures de limaginaire sont un mouvement culturel qui a volont de partager avec lensemble de la socit des expriences motionnelles et

    esthtiques, selon le degr dambition de la passion qui la porte, en apportant une lecture originale de la production culturelle populaire.

    Aujourdhui, elles infusent des pans entiers de linconscient collectif et de lart. Plus quune

    passion, cest pour certains et certaines une discipline de dveloppement personnel. Cest au travers de huit profils de passionns que

    je vais tenter de dresser le panorama dune quipe daventuriers clectique, mais moti-ve, lavant-garde dun chteau-fort aux

    confins du pays1 : celui du milieu culturel

    et des festivals de lImaginaire en France. Je conclurai chacun des portraits en proposant quelques pistes pour promouvoir ces activi-ts lchelle qui me semble la plus perti-nente en terme de dveloppement associatif :

    les collectivits territoriales.

    Le rliste : chanon manquant de la culture participative

    Les pratiquants de jeu de rle sur table portent une responsabilit et un hritage par-fois difficiles assumer de par leur passion :

    ils sont la cellule souche immerge dans le bouillonnement primordial des cultures de limaginaire, qui a donn naissance nombre de passions surs dans la culture, quelles

    soient ludiques ou populaires.

    Cest peut-tre le passionn le plus intime-

    ment li la culture geek. Son pouvoir des-saimer dans dautres pratiques, il le tient de trois concepts lis qui lui sont propres et quil a dvelopps un haut degr de sophistica-tion: le jeu, la simulation, linteractivit. Quil

    1 Scnario dintroduction de la premire dition franaise du jeu de rle Dungeons & Dragons.

    Chroniques dAltAride Dcembre 2013

    Franois Vanhille

    Rliste depuis 1984,

    Franois Vanhille a

    c o m m e n c c o m m e

    meneur de j eu

    Dungeons & Dragons, dans un univers de sa composition quil matrise encore de temps

    en temps aujourdhui. Il a toujours prf-

    r prparer des scnarios et les faire vivre

    qutre la place du joueur. Une prfrence

    qui la incit sorienter professionnelle-

    ment dans le domaine de lanimation so-

    cioculturelle. Ayant toujours baign dans

    le milieu associatif, Franois a t prsident

    de la Guilde de Picardie des jeux de simula-

    tion dans les annes 1990. Cest dbut 2000

    quil a cr le premier point dappui aux as-

    sociations locales du dpartement de lOise,

    pour une communaut de seize communes

    (20 000 habitants, 230 associations). Puis il

    a dirig durant six ans une maison des as-

    sociations en milieu rural. Il t quelques

    temps correspondant Champagne-Ardenne

    pour la FdGN durant cette mme priode.

    Franois dveloppe aujourdhui ses comp-

    tences dans le secteur culturel et cest dans

    le cadre dune reconversion professionnelle

    quil a suivi le cursus du master 2 Droit des

    collectivits territoriales, administration

    des entreprises culturelles de lUniversit

    de Reims. Il a pu investir son mmoire de fin

    dtudes dans les Cultures de lImaginaire,

    Festivals et Collectivits territoriales (http://bit.ly/180By5g), en proposant

    quelques centaines dinternautes un ques-

    tionnaire en ligne quil a complt avec des

    entretiens auprs de professionnels princi-

    palement. Les rlistes se sont avrs tre

    quantitativement et qualitativement au

    cur de son sujet de recherche. Il prolonge

    dsormais ce travail en vous proposant

    une srie darticles propos des cultures

    de limaginaire en gnral et du jeu de rle

    en particulier.

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    Cest ce quexprime fort bien Denis Colombi3:

    les geeks sintressent des produits issus

    des industries culturelles. Ils sintressent la production de masse, des objets repro-ductibles et reproduits, au merchandising, etc. : de Star Trek Star Wars, de Conan le Barbare et autres pulps aux jeux vido, les produits consomms sopposent ceux de

    la culture lgitime sur bien des points. Mais la spcificit des geeks est de ne pas sar-

    rter l - Plus belle la vie est aussi un pur produit des industries culturelles. Les geeks appliquent ces biens peu lgitimes un mode de consommation savant. Ils sont collection-neurs, historiens, critiques, commentateurs. Ils trouvent dans certains de ces biens des

    qualits esthtiques et littraires et, par leur

    lecture, essayent de les faire vivre, de les rendre manifestes tous, et donc dlever la valeur de ces produits.

    Dans son article il pointe aussi la difficult

    quont les geeks intgrer les jeunes, les femmes (seulement 20% de la population

    rliste4), et transfuges dautres cultures. Les geeks de premire gnration ne sont plus tout jeunes, et certains deviennent rfrac-taires aux nouveaux arrivants, conserva-

    teurs, pinailleurs, voire racs. Jajouterai que les rlistes ont le mme problme : l o

    les geeks ont su saffirmer dans le courant

    culturel dominant-domin par les mdias,

    les rlistes ont en plus un challenge rele-ver, celui de sortir de leur tat de minorit culturelle et populariser leur pratique en la rendant accessible au plus grand nombre. lheure o la Fdration franaise est en grande difficult, il est peut-tre bon de reve-

    nir des fondamentaux comme la mdia-

    tion culturelle5, lducation populaire6, en

    3 http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2013/03/economie-politique-du-geek.html4 Cultures de lImaginaire, festivals et collecti-vits territoriales, mmoire de master 2 : http://bit.ly/180By5g5 www.culture.gouv.fr/culture/poli-tique-culturelle/ville/mediation-culturelle6 Voir la contribution de Franck Lepage dans

    soit meneur de jeu ou joueur, ces concepts font de lui un ingnieur ingnieux capable

    de crer ou reconstituer une ambiance et un univers. Il rige limagination en culture par-ticipative. Celle-ci, selon Samuel Archibald2, remonte luvre Sherlock Holmes de Conan Doyle : ses lecteurs ont cr le concept de

    Fanfiction en incitant lauteur changer

    son histoire, et ils ont mme augment le rcit initial en lui greffant leurs propres cra-

    tions. Cest ce qui fait des rlistes des cratifs culturels : ils rcrivent lhistoire ou crent

    lhistoire en colonisant limaginaire duni-vers dj crs ou en cours de cration, par un acte puissant dimprovisation. Mme si le scnario existe, lissue nest pas arrte tant

    que la partie nest pas joue. Mais ce sont aussi des geeks par le fait quils crent une plus-value en explorant toujours plus loin les

    possibilits dun univers ou dune narration donne. En cela, ils influencent la production

    culturelle de lImaginaire en devenant, par leur jeu, une sorte de super laboratoire o lon peut tester un univers, des personnages, une cration, tout la fois.

    2 www.kinephanos.ca/2009/epitre-aux-geeks-pour-une-theorie-de-la-culture-participative

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    recrant lunit fdrale de base : un rseau

    de clubs associatifs implants dans les com-munes avec lesquelles ils entretiennent des relations privilgies, voire des partenariats dans le cadre de lanimation locale.

    Le wargamer : jeuxdestratgie et de guerre

    Ces passionns de jeux de stratgie militaire

    avec pions ou figurines (parfois aussi des

    dcors)7 sont appels aussi amateurs de Jeux dHistoire . En effet on peut dire

    que nous sommes ici dans le champ de la reconstitution historique, puisquil sagit principalement de rejouer de grandes batailles historiques ou scnes descarmouches pouvant se produire dans une guerre et un

    louvrage collectif, ducation populaire, une utopie davenir, Cassandre/Horschamp, 2012.7 Exemple : The Home of Flames Of War. Consult le 28 juillet 2013. www.flamesofwar.com/Default.aspx?tabid=36.

    contexte donns. Pourtant ils sont souvent

    assimils aux figurinistes que nous dcrirons

    juste aprs, desquels ils se diffrencient par

    le fait quils sintressent principalement au dfi psychologique impos par le jeu.

    Ce sont pleinement des pratiquants de jeux

    dits desprit . Il est sociologiquement

    intressant de constater que les clubs de jeux

    de rle franais, jusquau dbut des annes 1990, comportaient encore souvent une section wargames. Ce qui a compltement

    disparu depuis. La formule ditoriale du magazine Casus Belli jusqu cette priode comportait une rubrique Wargames, des annonces dvnements et de clubs ddis. Ce constat nous indique quil y a eu une priode o ces pratiques taient surs et assimiles

    une pratique ludique tendance de loisir intellectuel. Notons que Gary Gygax, le pre

    fondateur du jeu de rle moderne, avant de crer la premire convention ludique des tats-Unis dans les annes 1960, avait

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    fond la fdration de wargames de son

    pays. Ce qui illustre un constat que fera toute personne simmergeant suffisamment

    longtemps parmi les adeptes des cultures de limaginaire : les figures du milieu ont

    quasiment toujours un parcours mixte dans

    plusieurs disciplines de ces cultures. Mais rassurez-vous, des clubs ddis aux wargames

    existent encore en France, et certains sont

    mme en partenariat avec des communes et institutions culturelles. Par exemple ce

    club axonais8, fond par un ancien amateur de paintball, qui fait sa promotion locale en mairie et en mdiathque.

    8 www.lunion.presse.fr/region/ils-jouent-aux-batailles-napoleoniennes-jna3b26n203417

    Le figuriniste : dujeudes petits soldats lafigurinedart

    Il nest pas que collectionneur, mais passionn de figurines jouer et peindre. Jentends

    par phnomne petits soldats le fait que

    dans le jeu de socit, quand il est question de stratgie militaire et que les accessoires de jeu (pions, plateau, cartes, figurines) sont

    penss pour tre attractifs et ralistes, le jeu

    devient aussi un jouet : Il faut savoir aussi

    que les personnages sous forme de figurines

    articules ou non (Playmobil, Lego, petits

    soldats) sont les jouets qui ont la plus longue

    dure de vie , nous confie un professionnel9. Mais contrairement au wargamer, la moti-

    vation principale du figuriniste ludiste nest

    pas principalement le dfi de lesprit, mais

    plutt un dfi tactique travers des batailles

    de figurines, le plus souvent dans un univers

    9 www.gem-mini.com

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    fantasy ou de SF. Leffet recherch est donc plutt celui dune partie de jeu de socit, lesthtique du dcor et des figurines peintes

    en plus. Dailleurs tous les figurinistes

    ludistes ne sont pas peintres de leurs propres figurines, certains jouent avec des armes

    non peintes, ce qui est rvlateur dun attrait

    plus grand pour le jeu que pour la simulation. Ce qui caractrise encore plus cette activit

    du wargame, cest que la pratique du thme

    historique y est trs rare. Enfin, parmi les

    figurinistes ludistes, trs peu sont aussi figu-

    rinistes dart. Nous entendons par figuriniste

    dart un passionn de la peinture de figurine,

    non pas pour le jeu, mais pour lesthtique quelle reprsente. Le figuriniste est aux jeux

    de simulation ce que le cosplayer est aux loi-

    sirs en costume : une passion fonde sur un

    savoir-faire esthtique, capable de commu-

    niquer avec dautres, plus ludiques. Les jeux

    vido par exemple pour les cosplayers, ou le

    jeu de rle qui utilise des plans de sol pour

    les figurinistes. Le Ministre de la Culture a

    rcemment et clairement dfini ses objectifs

    en matire dducation artistique et cultu-

    relle (EAC)10. Cest donc une autoroute qui est ouverte aux associations qui voudraient

    tre finances dans ce domaine.

    Le ludiste : desjeuxpourfaire socit

    Martin Vidberg, illustrateur de LActu en patates au journal Le Monde, est aussi passionn de jeux de socit (ludiste). Ce qui

    se vrifie dans le blog quil alimente len-tte

    du mme journal. Cela fait de lui un leader dopinion de ce loisir et, par les articles quil publie rgulirement, une figure qui fait la

    promotion de ce nouveau type de loisir dans la culture mainstream. Il est intressant de voir

    10 ducation artistique et culturelle - Textes de rfrence - duscol. Consult le 26 aot 2013. http://eduscol.education.fr/cid49854/textes-de-reference.html et www.education.arts.culture.fr

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    ce titre larticle Le Guide des jeux emporter en vacances - Lactu en patates11. Nouveau type de loisir parce que le monde de ldition des jeux de socit sest significativement

    renouvel en Europe et spcifiquement en

    France ces quinze dernires annes. Cest en cela quon parle de nouveaux jeux

    comme lvoque le directeur de centres de vacances dans le cadre des entretiens de lenqute du mmoire de master sur les cultures de limaginaire (op. cit.). Bien que la France constitue 20 % du march europen du

    jouet12, le Monopoly et autres classiques de cette industrie commencent tre dtrns

    et le jeu de socit devient victime de

    son succs13. La cration franaise dans ce domaine est en pleine ascension14. Certains jeux commencent sexporter outre-

    Atlantique et en Chine, le milieu ne manque pas de festivals et conventions ddies (voir lannexeIII du mmoire op. cit.), de figures15 et de leaders dopinion, linstar dautres profils de passionns, mais avec une dilution

    plus grande de la popularit individuelle. Les auteurs seffacent devant la popularit de

    leurs jeux. Ces nouveaux jeux sont encore

    rares dans lventail des activits ludiques proposes dans le cadre de clubs de loisirs ou de jeunes dans une commune. Cest pourtant la vocation dune ludothque en collectivit territoriale que de faire dcouvrir ces jeux

    forte plus-value culturelle la population,

    tout comme les wargames et les jeux vido.

    11 Consult le 9 juillet 2013. http://bit.ly/145JBK512 2012 : une anne difficile pour le secteur du Jouet. Consult le 1 aot 2013. www.itrnews.com/ar-ticles/137692/2012-annee-difficile-secteur-jouet.html13 Le jeu de socit victime de son succs - Lactu en patates. Consult le 1er aot 2013. http://vidberg.blog.lemonde.fr/2013/03/10/le-jeu-de-societe-victime-de-son-succes.14 Exemple : Jeux de socit 3 petits cochons - Benoit Forget - Il met les contes en jeu - De plus en plus de joueurs - SudOuest.fr. Consult le 19 juillet 2013. www.sudouest.fr/2013/07/19/il-met-les-contes-en-jeude-plus-en-plus-de-joueurs-1119233-2800.php.15 Exemple : vido amateur propos de Rei-ner Knizia | 3 minutes pour un jeu. Consult le 12 juil-let 2013. http://3minutespourunjeu.wordpress.com/2013/06/28/reiner-knizia.

    Plutt que de proposer aux usagers de jouer

    avec des applications mobiles ddies, les mdiathques et les muses devraient, mon sens, utiliser le potentiel des jeux de socit

    en terme de valorisation des thmatiques de leurs collections. Sans parler de lintrt conomique que cela peut avoir, dans le cadre des boutiques de muses et doffices

    de tourisme, de proposer une gamme de jeux de socit au diapason de loffre de

    tourisme culturel cible lchelle du territoire. En effet, on constate que les

    institutions culturelles dveloppent de plus en plus des concepts despaces de dtente o les usagers peuvent se poser, entre deux

    tapes de visites, sans se couper totalement de lambiance des lieux.

    Le gamer : jeux vido, unsport numrique ?

    Les gamers ont cela de commun avec les ludistes quils sont cits majoritairement comme seconde passion du panel de 400 pas-sionns interrogs dans le cadre du mmoire dja cit. Quatre des dix personnes interro-

    ges dans le cadre des entretiens semi-di-

    rectifs ont une exprience significative des

    jeux vido (entretiens n1,2,3, et 7). Dans les

    entretiens il a souvent t reproch aux jeux

    vido dtre un sous-genre du jeu de rle, une

    solution de confort et de facilit, inclinant plus la comptition qu la coopration. Modrons cette affirmation en pointant le

    fait quil existe des pratiques de jeu vido en

    lien avec chacun des profils dcrits ici et que,

    mme si le chiffre daffaires de lindustrie des

    jeux vido a dsormais supplant celui du

    cinma, les communauts de gamers reven-diquent de plus en plus le jeu vido comme culture part entire. En signalant aussi que

    les gamers, sils ne forment finalement com-

    munaut que sur Internet, vivent une exp-

    rience de simulation indite qui fait culture et dans laquelle ils contribuent modifier

    les modes de perception de lart. En cela, du

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    point de vue des passionns, les jeux vido

    sont plus vcus comme un sport, un entra-nement, que comme un passe-temps. Cest la

    consommation de masse dans un cadre priv (chez soi) qui leur donne un tel manque de

    visibilit en tant que passionns. Trois entre-

    tiens convergent en signalant que lindustrie des jeux vido na pas encore su trouver

    appliquer toute lefficience du jeu de rle sur

    table, la fois technologiquement et socio-logiquement, dans ce que proposent les jeux

    vido. Il existe des cybercafs dans le secteur

    priv, et des lieux daccs public Internet

    pour la population dans les collectivits terri-toriales et les institutions culturelles quelles financent. La place qui y est faite aux gamers

    en tant que culture numrique peut tre une piste de dveloppement de projets autour des cultures de limaginaire.

    Le Gnistes : les jeux de rle mais grandeur nature

    La Fdration franaise dfini son activit ainsi :

    Le Jeu de Rle Grandeur Nature (souvent

    abrg GN) est plus quune simple volution

    du jeu de rle sur table, cest aussi un hri-tier des Murder Parties nes au dbut du

    XXesicle, du thtre dimprovisation et des psychodrames, voire des jeux de piste .

    Dun point de vue lgal et administratif elle va plus loin en annonant :

    Article 2 du rglement intrieur : Dfini-

    tion du GN

    2.1. La FdGN sintresse toute

    activit lie aux GNs et correspondant

    la dfinition suivante du JEU de RLE

    GRANDEURNATURE:

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    2.2. Jeu : Les participants sont l pour le plai-

    sir, on distingue nettement les dbuts et fins

    de parties, il existe des rgles du jeu.

    2.3. Rle : Dans ce jeu, les participants

    incarnent des personnages dfinis, et impro-

    visent dans un cadre prpar (le scnario).

    2.4. Grandeur nature : Ce jeu na pas lieu

    exclusivement dans limaginaire, il est

    incarn par les joueurs, matrialis par des costumes, dcors et accessoires, le tout dans un environnement spcifiquement prpar

    pour lactivit .16

    Nous retiendrons que le Gniste est un rliste

    costum interagissant avec dautres joueurs dans un dcor de jeu taille humaine. Des rpliques scurises darmes blanches ou feu (paintball, airsoft) peuvent tre utilises

    16 FdGN - Quest-ce que le GN. Consult le 23 aot 2013. www.fedegn.org/le-gn/qu-est-ce-que-le-gn.

    pour simuler des combats. Une licence-assu-

    rance commune aux associations de GN, air-

    soft, et paintball est propose par la Fdra-

    tion. Les scnarios peuvent tre imaginaires ou historiques mais restent toujours jous dans le cadre dune fiction.

    Un des intrts du GN est limmersion quil

    propose. Si dans une commune, les familles connaissent le principe du jeu de piste (ex :

    chasse aux ufs), celui-ci peut-tre amlior

    dans son concept en leur proposant de jouer, par quipe, des rles composs, dans le cadre dune journe pique-nique par exemple. Des

    Gnistes peuvent alors leur proposer dintera-

    gir avec eux dans le cadre dune initiation

    ce jeu. Loffre en matire de thmes de GN est

    plthorique mais insuffisante par rapport la

    demande, que ce soit dans le secteur priv ou associatif. Cest pourquoi communication et pdagogie sont des enjeux de dveloppement

    de ce loisir. Les partenariats avec les clubs

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    dautres passions des cultures de limaginaire sont un bon moyen de multiplier les occa-sions dinitiation la pratique.

    Le cosplayer : un personnage, une scne, un costume

    Cosplay est un mot compos de langlais, asso-ciant costume et playing . La particu-

    larit de cette pratique est quelle allie la fan

    fiction la performance artistique. Le cosplayer

    confectionne lui-mme un costume du per-

    sonnage de fiction quil souhaite reprsenter

    (bande-dessine, cinma, jeux vido) et le porte

    dans le cadre dvnements ddis. Le public de ce loisir est essentiellement fminin. En France

    le cosplay fait lobjet de concours o les cos-tumes sont prsents dans le cadre dune mise en scne ou dun dfil. Les cosplayers, dans

    le questionnaire denqute, ont signal des figures et leaders dopinion de leur milieu, ils

    sorganisent donc en communauts qui com-muniquent via Internet et se rencontrent dans les festivals. Dans le cas o des cosplayers sont reprs sur un territoire, il est facile de leur proposer dorganiser un rassemblement o ils pourront dfiler dans le cadre dune fte com-

    munale, et ventuellement changer avec le public sur les techniques quils utilisent pour confectionner leur costume. Une animation qui

    ne cote que le prix de la mise en relation des

    individus avec un public. Encore faut-il savoir

    identifier des passionns qui sont en capacit

    de transmettre et en ont la motivation.

    Le reconstituteur: larchologie exprimentaleamateur

    Le rliste et le reconstituteur peuvent sembler trs loigns en terme de rfrences cultu-relles communes, et on peut lgitimement se demander en quoi ils sont colocataires sous

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    le toit des cultures de limaginaire. Cest ce quoi je vais tenter de rpondre.

    Dans la passion historique, quest-ce qui dif-

    frencie le festival rockabilly17 de Bthune RETRO18 et une reconstitution viking du IXe sicle ? Bthune ce sont des amateurs, des nostalgiques, des musiciens, des collec-tionneurs dobjets anciens, allant du vhicule au poste de radio en passant par la vaisselle, les objets publicitaires. Ils se mlent volontiers aux visiteurs et aux touristes, puisque la plupart

    dentre eux se dfinissent comme tels. Plusieurs

    nationalits se ctoient : Belges, Nerlandais,

    Suisses, Allemands, pays de lEst, via le rseau

    de clubs qui a organis leur dplacement au festival. Au camping municipal, chacun y va de sa dmonstration, qui son kit de camping en

    17 Sous-genre de la musique rock ayant mer-g au dbut des annes 1950.18 Bthune RETRO - Actualits. Consult le 23 aot 2013. www.ville-bethune.fr/bethune-retro.html. Les constats qui suivent rsultent dune visite ldition 2012.

    osier annes 1950, qui lintrieur cuir annes 1960 dune dcapotable. Ici le port du costume est du domaine de laccessoire : la norme se

    caractrise, pour les hommes, quel que soit leur ge, par une certaine marque de chaussures, un blouson type bomber, une coiffure banane,

    une chane mtallique accroche au pantalon. Pour les femmes, cela oscille entre le look robes

    fleurs annes 1950 et un look rockeuse mim-

    tique avec celui des garons.

    Nous avons questionn certains visiteurs :

    ils consentent volontiers dire quils sont dguiss , quoi de plus naturel sur une

    terre de tradition carnavalesque telle que le Nord-Pas-de-Calais ? Dautres indiquent que

    ce nest pas un dguisement mais leur look habituel, leur faon de shabiller.

    Les reconstituteurs vikings au contraire se mettent en scne selon des paramtres quils

    veulent prcis et distincts de la vie courante : un

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    temps, un espace, une situation, des sources historiques dont ils ont la matrise et dont ils souhaitent transmettre la connaissance,

    sinon lintrt et le got, au visiteur comme

    lautre passionn.

    () si lhistoire contient incontestablement

    la progression dans la rationalit (), elle

    ne peut pas y tre rduite. Un sens y appa-

    rat, ds les origines, qui nest pas un sens de rel (rfr au peru), qui nest pas non plus

    rationnel, ou positivement irrationnel, qui nest ni vrai ni faux et pourtant est de lordre

    de la signification, et qui est la cration ima-

    ginaire propre lhistoire, ce dans et par quoi lhistoire se constitue pour commencer 19.

    Cest dans ce cadre exactement que se situe

    la reconstitution historique : la cration ima-

    ginaire propre lHistoire. Le reconstituteur aussi fidle la science et rigoureux quil soit,

    fondera toujours son got pour la recherche

    sur un imaginaire partag, parfois idalis. Les camps de reconstitution sont pour lui un jeu de socit qui le guide dans sa compr-hension de lpoque tudie. Les animations quil cre ou auxquelles il se prte, les objets

    et costumes quil confectionne, participent de ce jeu. Cest ce qui fait de lui un passionn des cultures de limaginaire.

    Le vocable compagnie plutt que celui de

    troupe de reconstitution historique est plus

    souvent utilis. Bien que lon parle aussi

    de compagnons darmes , la compagnie

    voque, avec la racine compagnon la notion

    de camaraderie chre ce type de rassemble-ment, alors que troupe incite plus penser troupe et discipline militaire . Ici comme en

    GN, entre loisir, artisanat en costume dpoque

    et sport de combat, il y en a pour tous les gots.

    Le reconstituteur est chaque instant dans une dmarche de recherche. Cest la face

    19 Cornelius Castoriadis, LInstitution imaginaire de la socit, p. 242.

    cache dune simple prestation en face face avec le grand public, dans une fte mdivale par exemple. Les reconstituteurs ont en

    gnral deux priodes dactivit dans lanne

    concernant leur passion : la priode estivale

    et donc des festivals, faite de voyages, de rencontres et de prestations de leur compagnie. La priode hivernale consacre la recherche documentaire, lartisanat dart, la cration et la rparation des costumes. Ajoutons que chez les reconstituteurs plus que chez les autres passionns des cultures de limaginaire, la pratique du troc fait culture. La vie de campement lincite naturellement. Souvent, chacun se spcialise dans un type de production artisanale et cest par ces changes, qui une broche, qui du tissu, qui un accessoire de cuisine, que naissent les pratiques de troc, qui sont, selon les reconstituteurs, beaucoup plus conformes la vie dautrefois que la carte bleue et le chquier. Les donnes du questionnaire dans le mmoire abondent dans le sens que lacquisition de comptences fait partie intgrante de la dmarche de reconstitutionhistorique.

    Limportance de la recherche est mise en exergue par lune des contributrices du ques-

    tionnaire denqute mis en place pour ce mmoire. la question sur les comptences acquises : (dans ma passion) Jy ai appris la

    couture sur le tas, le patronnage, des bases de corsetterie, de connaissances des tissus et

    des fibres. Toucher au costume et au corset

    ma amene considrer la condition des femmes et leur relation au vtement pour les poques qui mintressent, ainsi que les liens entre textile, commerce et socit. Surtout,

    jai appris remettre en cause mes connais-

    sances et faire preuve de plus de srieux

    dans ma dmarche de recherche .

    La reconstitution est loccasion pour une col-lectivit territoriale de rendre vivant son patri-moine historique aujourdhui, quelle que soit lpoque : quelques recherches sur Internet per-

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    mettent de trouver la compagnie de reconstitu-

    tion qui correspondra la priode concernant un monument ou un patrimoine bti dans une commune. Cette compagnie pourra peut-tre

    venir de ltranger et cest l encore loccasion de faire jouer le tissu associatif local par le biais des comits de jumelages entre communes, qui se chargeront de mettre les gens en relations de

    part et dautre des frontires.

    Conclusion

    Huit profils rpartis en deux catgories : les

    jeux de simulation et les loisirs en costume.

    Dans les jeux de simulation : les rlistes

    (jeu de rle sur table), les ludistes (jeux de

    socit), les gamers (jeux vido), ainsi que les

    wargamers et figurinistes.

    Les loisirs en costume peuvent tre consid-rs comme une extension des jeux de simu-

    lation avec les Gnistes (jeu de rle grandeur

    nature), les reconstituteurs (reconstitution

    historique), et les cosplayers (cosplay).

    On peut les biclasser : gothique, mtalleux,

    no-paens, wiccans, libristes (logiciels

    libres), amateurs des littratures de genre,etc.

    Ce qui est retenir, cest que tous ces pro-fils ont en commun un processus cratif et

    ludique par la simulation et linteractivit avec dautres passionns, un public, ou toute personne intresse par leurdmarche.

    Ils sont une avant-garde dans lart et la culture

    par laspect participatif quils apportent aux

    crations de limaginaire. Ils rnovent lduca-tion populaire en y intgrant le dveloppement personnel et une nouvelle forme dindividualit crative qui peut tre partage partous.

    Franois Vanhille

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    RomeComment dcrire Rome ?

    Comme une ville o se mlent deux cultures, deux histoires,

    deux temps, deux religions, deux

    extrmes enfin. Les plerins

    vont vers le Vatican quand les

    amoureux de lart lui prfrent le centre de la

    ville, o rgne encore un peu la vieille Rome de lEmpire. Des charniers de lEsquilin et du

    lugubre Subure il ne reste plus rien ; la ville a toujours prserv ce quil y avait de plus beau en elle. Les glises somptueuses dbordant des uvres dart des plus grands matres italiens

    ctoient les vestiges des temples anciens. Saint-Pierre ctoie le Forum, la maison des

    Vestales sapparente aux couvents, et Dieu

    est voisin de Jupiter ; nest-ce pas dailleurs

    son origine? Jupiter, matre suprme, devenu

    unique par transposition, et le reste des dieux

    personnifis par les saints patrons ? Ironie

    du sort que lglise catholique, si stricte en

    son temps envers les autres religions, ait choisi lantique capitale de lempire dchu !

    Ces dieux perdus dans les ges que lon a

    clbrs et quon ne connat qu travers les crits poussireux des Anciens et les vieilles

    pices de thtre qui pointent du doigt leurs excs, comme pour les accuser de toute la

    dchance dune civilisation. Rome, cest tout cela. Rome, cest le contraste, cest la diversit, cest le mlange des influences. Rome, cest

    sept collines, cest deux univers opposs, cest

    enfin une seule et mme ville qui traverse les

    ges, tmoignage millnaire de ce que fut le monde, miroir des peuples qui y ont laiss leur trace. Rome, cest la matresse des arts, le temple de lHistoire, la capitaleternelle.

    Diane Borlet

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    Les donjons, tels quils ont fleuri

    ds les dbuts du jeu de rle, ont parfois un ct incongru mais essayons de traiter le sujet, que lon soit dans un univers fantastique,

    empreint de logique ou non. Les chapitres quaborde cet article peuvent tre transposs peu prs dans nimporte quel univers. Les problmes logistiques se ressemblent, que lon parle de la crypte aux mille sous-

    sols, de lantre du fou qui veut dominer le monde ou de la base des pirates de lespace.

    Mais pourquoi ?

    Le sujet nest pas de savoir pourquoi ces btisses ont t construites mais dans quelles conditions, avec quels moyens et par qui. Disons que le postulat est de parler dune

    construction denver-gure dans un cadre

    mdival-fan-

    tastique.

    Quel chantier!Quel joueur de jeu de rle ne sest pas aventur dans les interminables souterrains dundonjon? Quece soit des tombes antdiluviennes ou lantre dun roi sorcier. Mais ne vous tes-vous jamais demand comment stait passe la construction duntellieu?

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    Le commanditaire

    difice imposant, commanditaire puis-

    sant. Il faut beaucoup dargent et de moyens humains pour lancer un tel chantier. La richesse ne suffit pas, il faut aussi du pouvoir,

    soit pour contraindre les ouvriers venir dans des contres perdues, soit pour faire pression sur les autorits locales afin davoir

    leur accord pour entamer les travaux. On

    imagine quil peut y avoir des opposants au projet. Peut-tre faut-il des appuis politiques

    ou religieux ? moins que ce ne soit des

    gardes pour se protger des gneurs ? Avant

    mme de poser la premire pierre, le com-manditaire doit sassurer de pouvoir raliser son plan et effectuer des dmarches qui lui

    prendront beaucoup de son temps. moins quil ne dlgue, avec les risques de corrup-tion et derreurs de lintermdiaire.

    Exemple dun commanditaire ngligent : un archimage dcide de faire son antre souterrain lcart de la capitale dun royaume, dans un endroit discret, mais pas trop loin de la ville car cest l que se trouvent la bibliothque royale, les alchimistes et ses pairs en magie. Trop pris par le temps, il confie louvrage

    un fidle compagnon qui lui a longtemps

    servi de garde du corps en gros, le guerrier du groupe daventuriers dont il faisait partie. Le balourd en armure embauche des merce-naires pour garder le lieu de la construction. Scurit avant tout ! pense la brute. Mal-heureusement la nouvelle de la construction sest vente au cours dune soire de festivi-ts lauberge. Quelques jours plus tard, alors

    que les mercenaires montent leurs tentes sur le site du futur chantier, dbarque une pro-cession religieuse dirige par un grand prtre venu demander larrt du chantier qui na pas encore commenc ! car ces terres appar-tiennent lglise. Elle nen fait rien mais cest elle, et en plus on ne lui a pas demand son avis et elle naime pas a. Sensuit une alterca-tion qui dgnre avec les mercenaires. Morts, blesss, maldiction de la construction, ddom-magements demands au mage, intervention du roi mcontent de ces troubles, brouille avec le compagnon qui croyait bien faire . Bref, a commence mal.

    Permis de construire

    Comme lexemple ci-dessus le montre, les

    intentions du futur matre des lieux sont vite

    rattrapes par le voisinage. Officiellement,

    sil dcide de sinstaller dans une rgion civi-

    Chroniques dAltAride Dcembre 2013

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    lise, par les lois de la nature sil prfre un

    lieu vierge de prsence humaine.

    Il faut demander des autorisations ou avoir laccord tacite ou contraint des habitants du cru, si on ne veut pas se retrouver entour dimportuns qui vont saccager le projet. Le seigneur local peut demander une autorisa-tion, une compensation financire, exiger un

    impt, un droit de regard sur les lieux, voire

    soctroyer une partie du btiment. Mais les contraintes peuvent venir de guildes locales puissantes, de lglise, de confrres jaloux

    du mage lassassin, il y a toujours des jaloux quun talage de puissance excite .

    Le matre de jeu peut imaginer une multitude daccords plus ou moins tordus qui seront soumis au commanditaire. Peut-tre locca-

    sion de quelques missions pour les joueurs ?

    Les populations, aussi misrables soient-

    elles, naiment pas non plus voir se construire une btisse nouvelle et mystrieuse. Certes, elles ne feront pas le poids face des soldats ou des sorciers mais nou-blions pas que ces gueux

    peuvent prendre un malin plaisir garer les visiteurs ou fournir de la nourriture avarie

    aux occupants de

    lencombrante

    construction. Et tant que durent les travaux

    le futur donjon est plus vulnrable

    toutes formes dagressions.

    Sinstaller loin de la civilisation nest pas plus simple. Il faut tout importer, le matriel et les ouvriers. Dfricher. Affronter les cratures

    sauvages qui vivent alentour. Sans comp-ter quune fois la construction termine, les problmes dintendance continueront. Le plus puissant des sorciers a besoin de se nourrir ou, dfaut, de nourrir ses gardes. videmment il y a toujours des excep-

    tions : le ncromant devenu mort-vivant

    et ses sbires de mme nature se fichent des

    servitudes culinaires comme de leur premier grimoire mais, un moment ou un autre, il y aura bien des tres de chair et de sang. Au moment de la construction ou plus tard, quand des rfections seront ncessaires. a fait dsordre chez un vampire, les fuites au niveau du toit. Pas pour la pluie, mais pour

    le soleil. Et les zombies sont de mauvais

    ouvriers.

    Francis Pacherie

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    Architecte, mtier risque

    Assez vite, il faut une personne comptente pour tablir les plans et diriger les travaux.

    On imagine mal le Matre du Mal pondre un plan larrache sur un coin de table lau-berge et se lancer, la va comme je te pousse, dans les travaux pour voir son bel difice lui

    choir sur la tte. a nuirait sa rputation.

    Comme pour les cathdrales moyengeuses, larchitecte est llment-cl de toute

    construction. En ces circonstances, ce poste

    est double tranchant : richesse et noto-

    rit sont au bout du chemin, mais a serait faire fi du caractre du commanditaire que

    de se contenter de cela. Des ombrageux qui

    enterrent larchitecte avec leurs secrets, a sest vu. Refuser ? Il arrive que a fche.

    Difficile de se dfiler. Cest bien souvent

    la gorge serre que le glorieux architecte

    accepte le mirifique contrat. Du moins si on

    lui a demand son avis ; il arrive quil soit rquisitionn. Toutes ces petites pressions

    entranent de la part de larchitecte un tra-vail souvent bien fait, mme sil arrive quil ajoute quelques portes secrtes au btiment, soit pour sa scurit, soit parce quil envisage de trouver protection chez un concurrent du

    commanditaire et quune information sur des accs discrets sera la bienvenue dans la ngo-ciation. Cest ainsi quil arrive souvent que le matre des lieux ne connaisse pas toujours

    entirement sa propre maison.

    Il est assez amusant dimaginer les tracta-tions entre larchitecte consciencieux et lin-

    vocateur qui tient sa salle de six mtres de

    haut pour au cas o un dmon appara-

    trait. Difficile dexpliquer les lois de larchi-

    tecture et les risques deffondrement un

    obtus dmonophile. Dailleurs, la bourde est possible mme chez les meilleurs : tous les

    architectes nont pas t forms aux concepts

    des planchers rsistants au poids des dragons ou celui de lusure des ciments sous leffet

    de l acide de cratures bavantes et gluantes

    Matires premires

    Cest parti ! Inauguration, officielle ou non,

    on pose la premire pierre. Marbre jaune de Vlustrie. Ses veinules ivoire entoures de

    reflets dors. Le Matre adore !

    Matre, le marbre de Vlustrie nest pas

    encore arriv. La guerre entre la Vlustrie et

    la Balmatie a bloqu les navires. De plus le

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    s)prix est bien plus lev que prvu On peut

    attaquer le chantier avec de la brique locale si

    vous voulez ?

    Sensuit une incantation et la transforma-tion du malheureux serviteur en une hideuse

    crature coassante.

    En terme de jeu, cette phase se rsume souvent

    par la consultation de tableaux de prix de

    telle ou telle portion de btiment en fonction du degr de luxe dsir. Il est plus intressant

    de simaginer la provenance des matriaux

    pas tous, juste les plus importants , leur raret et surtout leur quantit. Il faut tre conscient des tonnes de pierre et des forts quils faut abattre pour monter un manoir

    ou un sanctuaire souterrain. Mais il ne faut pas oublier le matriel secondaire, comme lhuile pour clairer les intrieurs, le bois et la corde des chafaudages, les ferrures des portes, les outils des ouvriers, la nourriture et les btiments provisoires pour loger tout le monde. La question nest pas de jouer tout

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    dans le dtail mais dimaginer lenvergure dun tel chantier en matire dintendance et de matriel.

    Des bras, oui maispasnimporte lesquels

    Il en faut du monde pour abattre ce boulot.

    Se contenter de zombies serviles nest pas la panace. Il faut des spcialistes. Maons, charpentiers, tailleurs de pierre, terrassiers mais aussi des mtiers plus rares comme carreleurs ou rocailleurs qui travaillent la rocaille pour faire des grottes par exemple.

    Ces professions sont frquemment regrou-pes en corporations influentes quil est bon

    de traiter avec respect. Assurment, un des-pote les forcera mais il faudra sattendre du

    travail bcl, des dsertions, des retards, des complots.

    Tous ces gens ne sont pas ncessaires au mme

    moment, il faut donc grer leur recrutement, les moments o ils arrivent, o ils repartent et leur nombre suffisant. Le monde continue

    de tourner et dautres construisent en mme temps. Des chantiers concurrents peuvent entraner une pnurie de main-duvre par

    exemple . Des matres duvre, des chefs

    de chantier et des recruteurs compltent lquipe. Et je ne cite pas tout lemonde.

    Meubler. Avecquoi?Avecqui ?

    Une fois la construction acheve, il faut

    encore le remplir. Portes, lits, grilles, instru-

    ments de torture, piges, cave vin, tapis-series rotiques, la gamme est large. Encore

    des spcialistes et beaucoup dargent. Si une partie du bazar peut arriver la fin des tra-

    vaux, certaines choses doivent se monter sur

    place. Les piges, par exemple. Certains sont

    mis en place par les maons ou les artisans du bois mais dautres ncessitent des experts qui

    fabriqueront la mcanique sur place.

    On peut imaginer lambiance dans les salles en chantier alors que des types mi-mcani-

    ciens mi-voleurs font les tests dun pige.

    Entre interdite, danger. Louvrier travaill

    par sa vessie, qui prfre faire sur place plu-

    tt que se taper trois niveaux remonter,

    saventure dans la salle interdite en labsence des techniciens. Pige, accident, mort. Accro-

    chage avec la corporation, rtribution la famille, engueulades, transformation en gre-nouille suite lexaspration du matre.

    Il est crit Meubler, avec qui ? . H oui,

    votre chaotique commanditaire veut sans doute avoir auprs de lui quelques cratures ou quelques sbires. Ne dites pas que vous

    navez jamais vu de monstres dans des int-rieurs dits civiliss. Il y a bien un moment o on les a mis l ! Et mme sans parler dimpro-

    bables cratures pustuleuses, on peut penser quil faut loger gardes, serviteurs, membres dun culte sanglant ou dune guilde aux acti-

    vits douteuses.

    Tous ces braves gens peuvent arriver en cours

    de chantier ou la fin. Avec leurs petites

    affaires. Un beau dmnagement en perspec-

    tive ! Sans compter que ces nergumnes ont

    une vie eux aussi. On oublie frquemment

    quun garde peut avoir une famille ou, dfaut, tancher ses besoins en allant boire un verre ou en frquentant des professionnel(le)s

    de lamour charnel. Si le matre des lieux est

    inflexible sur la discipline, il est prvoir que

    ses sbires trouveront une solution camoufle

    (bordel itinrant install une lieue de lha-bitation, salle quipe pour leurs loisirs, dis-tillerie clandestine, etc.) La population locale

    est parfois sollicite de gr ou de force pour les divertissement de nos joyeux drilles. De la

    multiplication des tavernes aux grossesses en

    augmentation en passant par les disparitions denfants, tout est imaginer pour le matre de jeu et lheureux propritaire des lieux.

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    Solutions farfelues.Non!Heroic fantasy !

    Lheroic fantasy donne de nombreuses possi-bilits dagrmenter pareil ouvrage. Suivant les univers, les variantes sont nombreuses. Contentons-nous de donner quelques

    exemples en partant sur un monde trs tra-

    ditionnel, pour ne pas dire caricatural. Voici

    quelques solutions en fonction des desiderata et des possibilits du commanditaire :

    Il veut un dragon pour garder son trsor. Un gros. Coinc au fond dune salle dont il ne pourra schapper. De courageux chasseurs de dragon lui amnent un bb dragon. Bien, il rentre dans la pice mais il manque denvergure pour faire fuir les curieux. Un puissant sort de vieillisse-ment et hop ! Notre dragon atteint lge adulte au fond du trente-sixime sous-sol. Trop classe. Ok, il est un peu bbte, parle pniblement une langue et est dpressif

    mais qui sen rendra compte entre deux souffle enflamms ?

    Grce sa magie il sait faire des murs de pierre, il dcide que a lui fera faire de grosses conomies pendant la construc-tion. Par contre, ses dons darchitecte frisent le zro. Rsultat, son antre maudit prend leau, scroule par moments. Pas l o sont ses murs, non, mais aux join-tures, dans les coins o sa grosse magie na pas pu sexprimer. Il rgne un drle de contraste entre les beaux murs rectilignes et les zones moisies etboules.

    Paranoaque, il a mis des piges un peu partout. Les vingt premires annes tout sest bien pass. Maintenant, le sorcier de la montagne de feu est vieillissant. Sa mmoire lui joue des tours. Il ne va plus dans les galeries qui mnent son labo-ratoire, il ne se souvient plus trs bien comment empcher le dclenchement des piges. Dailleurs il a neutralis ceux lentre de sa chambre le jour o il a failli se prendre un carreau darbalte empoi-

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    sonn. Il a bien essay de rcapituler tout a sur un plan mais il ne sait plus o il la planqu. De toute faon il est bourr der-reurs. Cest triste de vieillir.

    Il est goste. Un peu trop. En tablissant les plans, il na pas pens aux commodi-ts. Larchitecte, terroris na pas os lui faire la remarque. Et maintenant quil la emmur vivant, il est trop tard pour lui en tenir grief. a nest pas tant pour lui que a pose problme mais sa guilde das-sassins a pris de lampleur et les trente raclures quil emploie commencent lui en vouloir. Cest devenu un grave pro-blme. Il rgne une puanteur dans les couloirs et lvacuation des dchets est un enjeu logistique effrayant. Lembauche dun mage pour rsoudre la question a t prolifique. Sorts de dsintgration de la matire, invisibilit pour lvacuation des dchets, enchantements parfums pour rduire les nuisances olfactives. Cest bien mais quelle facture ! Il craint que tt ou tard son autorit soit remise en cause Tout a cause dun imbcile oubli.

    Le bouquet final : vuedensemble

    Maintenant quon a fait peu prs le tour de tous les lments, imaginons lensemble dun tel ouvrage :

    Au lever du jour la corne retentit sur le chantier de lcole de magie lmentaliste. Le petit village ne dort jamais vraiment. Des gardes bouffis de sommeil regagnent leur dortoir

    larrive de la relve et la tente qui tient lieu de taverne se vide de ses occupants qui ont fini

    la nuit sous les tables. Sur une place lcart un vieux mage termine son rituel commenc la

    veille, llmentaire de pierre devrait apparatre bientt. Les tailleurs de pierre lattendent dj.

    Sans lui, qui descendra les blocs de trois tonnes dans la salle principale ? Celle-ci est encore

    ciel ouvert et cest tant mieux. Quand les

    couvreurs y mettront un toit, llmentaire de

    trois mtres ne passera plus dans les futurs

    couloirs. Des charpentiers ont commenc construire un lourd chariot pour transporter les blocs mais, en attendant, tout le monde est bien

    content de la prsence de la crature de pierre. Certaines prostitues shabillent et prparent des seaux. Elles ont conclu un accord avec les

    maons. Elles leur livrent de leau moyennant

    quelques moluments quelle iront dpenser chez lherboriste qui sest install dans la rue principale. Comme dit la mre maquerelle, il vaut mieux prvenir que gurir en matire

    de maladies vnriennes. Et puis le prtre qui

    les soignait au dbut du chantier est mort. Tomb de lchafaudage do il prchait. Des

    mauvaises langues disent quil retardait le chantier avec ses prches. Un coup de vent. Des

    lmentalistes, vous disais-je

    Des charretiers prparent leurs attelages. Ils

    sont arrivs hier avec dix chariots de bois

    des les. Les mages en sont friands, le bois des les est rput insensible au feu, utile quand on sentrane au lancement de boules de feu. Dailleurs personne ne les aime trop, les mages du feu. Larchitecte le premier. Il a d concevoir un systme de chemines

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    dune complexit quil navait jamais ren-

    contre auparavant pour vacuer les fumes des multiples braseros que les pyromanciens exigeaient. Leau est un problme. Une noria

    de porteurs alimentent les divers corps de mtier. Les mages de leau voulaient sins-taller sur la source, ceux du feu ont refus.

    Lesngociations ont t chaudes.

    Des saltimbanques ont mont leur tente et diver-tissent les soires des ouvriers. Ce matin, ils accueillent les novices de lcole. Les cracheurs de feu ont du succs. De toute faon, ces dbutants en magie ne sont bons rien sur le chantier. Trop

    fragiles, trop faibles, et qui ont peur de se blesser les mains, rapport leurs gestuelles incantatoires. Les robustes carriers les regardent de travers. Tous des branleurs ! Il parat que tout le collge de

    magie a quitt la ville pour venir ici. Une sombre

    histoire de rivalit avec dautres magiciens. Une

    engeance ces magiciens, vous dis-je ! Mais chut !

    Ne leur rptez pas.

    Une heure que le soleil est lev et le camps

    retentit des coups de marteaux, des scies qui

    dcoupent les blocs de pierre, des jurons des contrematres. Les mages sont l, supervisent. Il sera beau, leur collge. Pas aussi secret que

    lantre du vieux ncromant, pas aussi protg

    que celui des invocateurs noirs de la montagne maudite, mais leur uvre perdurera pendant

    des gnrations et personne ne saventurera dans leurs galeries de si tt pour leurs voler leurs secrets. Personne.

    Thierry Maire

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    Mon blogwww.centiemecontinent.frVenez faire un tour sur le centime continent, vous y trouverez ides de roleplay, background, aides de jeu, rgles, scnarios, univers, person-nages et quelques autres facties en fonction de linspiration de Mister Thy, son clectique boss (de fin de niveau).

    Dcembre 2013 Chroniques dAltAride

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    Dans de nombreux jeux

    de rle, il est question de voyages de longue dure. Le vaisseau spatial devient alors une nouvelle maison. Et qui

    na jamais voulu amnager son intrieur de manire se faire son petit nid douillet ?

    Voil qui est bien plus difficile quand on

    doit, en plus, penser propulsion, systmes de survie, gnrateur, armement, soute

    Des auteurs de science-fiction ont largement

    rflchi sur le sujet. Il est ais de retrouver

    les influences du champ lexical de la marine

    et des architectures de navires dissmines dans les crations ddies au space opera. On parlera facilement de proue, de poupe, de bbord et de tribord. Pour rajouter la troi-

    sime dimension de dplacement, on localise galement les parties ventrales et dorsales duvaisseau.

    Chaque morceau demtalcompte

    Commenons par numrer les diverses par-ties indispensables llaboration dun vais-seau spatial.

    Le gnrateur

    Oui, il est indispensable de disposer dune source dnergie pour alimenter les besoins du vaisseau. Vous avez plusieurs possibili-

    ts pour linstaller de manire adquate. En

    gnral, il est bien au centre de votre appareil pour le protger un maximum des tirs enne-

    mis, des chocs avec des astrodes ou encore

    des tentatives dabordage (tiens, encore un terme marin).

    Je ne vais pas faire une liste des types de gn-rateurs possibles (anti-matire, immenses

    Grer son espace, mme la vitesse de la lumireArchitecture ne signifie pas forcment immobilisme. Certaines constructions, parfois gigantesques, sont destines se dplacer. Sil est vrai que des plans prcis sont ncessaires la construction des btiments, il est galement indispensable de bien laborer les navires, les avions. Certains considrent alors quun gros bateau ou un norme vaisseau spatial est un peu comme une maison. Cest en partant de cette ide que je vous parlerai de science-fiction et de vaisseaux spatiaux. Vous verrez linfluence quont eue les constructions de notre monde sur limaginaire graphique et conceptuel des auteurs de rcits de space opera. Tout au long de cet article, je donnerai des petits conseils tout meneur qui veut personnaliser les vaisseaux quil inventera, pour les rendre crdibles ou originaux face ses joueurs.

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    panneaux solaires, boule dnergie lumi-

    neuse) mais on part souvent du principe

    que, si ce gnrateur subit trop de dgts, il va exploser et le vaisseau avec. Voil pourquoi,

    les auteurs de Star Trek ont eu lide de tou-jours placer le gnrateur prs dun conduit arm dun systme automatique djection (mme ide pour les auteurs de Star Wars avec la Death Star sans le systme djection ; on se souvient du rsultat). Les panneaux

    solaires sont les seuls gnrateurs qui sont extrieurs la structure.

    La propulsion

    Un vaisseau spatial doit avancer pour aller

    dun systme un autre. Et cest l que la

    propulsion intervient. On considre gnra-lement quune pousse dans le vide se fait par larrire et ventuellement sur les cts.

    Limaginaire retourne sur une image connue

    comme les moteurs raction des avions modernes. Il est vident quil ne vaut mieux

    pas les placer devant (sinon la chaleur des racteurs vous arrive en pleine tte). Cepen-

    dant, on notera de nombreux uvres de

    science-fiction qui ont pens des sys-

    tmes de propulsion sans chaleur dgage. Il devient alors possible de les imaginer dispo-ss autour de la coque et pas forcment de manire symtrique (et tant pis pour les pro-blmesdinertie).

    La soute

    Toujours prvoir un gros espace vide pour

    charger la cargaison. En gnral, cest un seul

    grand bloc. Mais rien ne vous empche de rpartir plusieurs soutes de taille moyenne. Et je ne parle mme pas des soutes secrtes

    de contrebandes utilises dans Star Wars, Metal Adventures

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    Les quartiers dquipages etlessystmesdesurvie

    Dans lespace aussi, on respire (sauf races extraterrestres particulires). Et par

    consquent, on doit avoir une machine crer/recycler de lair sain. Elle peut avoir

    une taille variable ou mme ne pas tre mentionne par lauteur. Bien souvent, on

    peut penser que les systmes de survie sont placs prs des quartiers dquipages, prs du pont de commandement, dans une coursive afin dtre accessiblesfacilement.

    Imaginez quune panne survienne, lqui-page devra tre en mesure de la diagnosti-quer. On ne badine pas avec un organe aussi vital. Les quartiers dquipages sont disposs un peu partout mais bien souvent prs de la coque pour des raisons desthtique de dcor. Cest ce quon peut voir dans les sries TV

    et cest plus un aspect cosmtique voire po-

    tique que les auteurs veulent amener (pen-sez toujours lambiance). Mais raisonna-

    blement, les quartiers dquipages doivent tre disposs prs des postes durgence des quipages concerns (et si possible loin des machinesbruyantes).

    Quand on dfinit une ambiance pour un vais-

    seau spatial, il faut galement se dcider sur une chose : lenvironnement. Le vaisseau est-il

    un endroit strile et aseptis ? Ou bien les

    coursives sont plutt crasseuses et humides?

    Cest en concevant les quartiers dquipage quon rpond cette question. Le quotidien

    des gens qui travaillent/vivent/voyagent sur ce vaisseau sera significatif de latmosphre

    gnrale que vous dsirezrendre.

    Lesrampesdelancement

    Quand un mastodonte voyage travers le

    cosmos, il transporte souvent des petits chas-

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    seurs de combat destins la scurit. Ils ont besoin de dcoller et de sarrimer sans perdre de temps. Ils sont placs sur les cts dans des rampes de lancement (Battlestar Galactica, Macross) largement inspires des porte-avions maritimes (concept pouss

    lextrme pour Macross). Mais on note aussi des originalits comme louverture ventrale dun croiseur imprial de Star Wars.

    Lide est de se souvenir que le chasseur na pas besoin de dcoller (il ne subit pas de gravit) mais juste de sloigner du vaisseau

    qui le transporte. Etdonc, parfois, de simples

    casiers prs de la coque souvrent et les

    chasseurs sextraient de leur habitacle pour

    aller se battre. Il faut nanmoins prvoir que

    ces chasseurs vont revenir et anticiper leurs besoins darrimage (un bras mcanique range le chasseur? une rampe darrimage permet

    dedclrer?)

    Lepontdecommandement

    L o les dcisions se prennent. Sur ce point, les auteurs de science-fiction ont presque

    tous opt pour le mme dcor : la vitre pano-

    ramique sur un surplomb comme les navires militaires. Par consquent, les ponts de com-

    mandement sont des cibles faciles (mme avec un volet blind qui se rabat).

    Cest le risque prendre pour avoir un point de vue direct. Le pont de commandement peut se situer plus au centre du vaisseau (je nai que trs rarement observ ce cas)

    mais les officiers de pont ne devront alors

    se rfrer quaux instruments et aux radars

    (comme dans un sous-marin sans priscope).

    Lencore, le pont avec vue sur lespace est

    une pure copie de la conception des bateaux.

    Les options

    Les senseurs sont sur la coque, dirigs vers lextrieur. Les canons aussi. Les lance-tor-

    pilles peuvent ntre que des trous qui res-semblent ceux des sous-marins de la fin du

    XXe sicle (pensez au stockage de vos ogives et aux tubes de lancement qui traversent une

    partie de votre appareil vers la sortie). Sil

    reste de la place, dans le cas des trs gros vais-seaux, ajoutez des salles de briefing pour les

    pilotes de chasse, augmentez la partie quar-tier dquipage car cest l que la vie se joue (et donc les scnes de roleplay). Vous pouvez,

    par exemple, ajouter le mess des officiers ou

    un bar moins classe. Une salle dentrane-

    ment pour les soldats est envisageable aussi. Un laboratoire scientifique est galement un

    bon moyen de gnrer des histoires au sein dun vaisseau.

    Cest tout un art

    Il y a des proportions respecter pour res-ter logique. Larchitecture est un art pour certains mais larchitecture est surtout une science o lchec nest pas permis. Pour

    simuler ces impondrables, certains livres de jeux de rle ont mis au point un systme

    de cration de vaisseaux. Je pense notam-

    ment D6 Intgral (chez Studio 9). Par

    un simple quadrillage, les auteurs expliquent

    que chaque carreau correspond un empla-cement destin une fonction (gnration dnergie, propulsion, systme de survie).

    Un certain ratio entre lnergie et le reste

    (aliment par lnergie) est impos. Chaque

    emplacement utilis modifie un paramtre de

    la fiche du vaisseau. Bien que ce ne soit pas

    toujours vident prendre en main, le rsul-tat est souvent satisfaisant.

    Lquipage

    Un fois les besoins de votre vaisseau satisfaits,

    vous pourrez rflchir son design. L, vous

    devrez vous poser la question : qui vit dans ce

    vaisseau ? Des humains ? Des extraterrestres

    sauvages ? Des extraterrestres insectodes ?

    Des tres suprieurs ?

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    Leshumains

    Des humains vivront dans des vaisseaux qui

    leur ressemblent, la plupart du temps. Vos

    joueurs sidentifieront aux humains et sen

    sentiront proches. On notera une certaine symtrie dans les formes. Le design sera lar-gement inspir des bateaux et des avions.

    Le plus emblmatique sur cette habitude est

    Metal Adventure (ditions du Matagot).

    La forme de leurs vaisseaux est directement

    une coque de navire avec le pont larrire (comme dans Albator). Cest un choix visuel qui ne plat pas toujours mais qui stimule grandement limaginaire bas sur la pirate-rie. Il est noter des exceptions comme dans

    Star Wars pour le Millenium Falcon avec son poste de pilotage sur le ct droit, la frgate Nebulon B la forme de pistolet (et dont le

    centre de gravit se situe hors du vaisseau)

    ou encore le chasseur B-Wing avec encore

    lhabitacle sur le ct. L encore, on oublie les complications que cette architecture peut

    donner au niveau de linertie.

    Les aliens

    Les races extraterrestres peuvent se passer

    de toutes les rgles nonces plus haut. En

    effet, il faut garder lesprit quils ont un

    schm