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Voici un numéro un peu particulier à plus d’un titre. En premier lieu, nous allons parler de vous, chers lecteurs. Alors que d’habitude le but de ces Chroniques est de vous présenter les trésors parfois méconnus qui, sur les rayonnages des Archives de l’Isère, attendent d’être consultés, cette fois-ci nous avons décidé de vous présenter aussi les publics, de plus en plus divers, accueillis par notre insti- tution. Cette diversité, reflet des évolutions de notre société, est un nouveau défi pour les archivistes. En second lieu, nous avons la très grande joie de vous présenter le nouveau site Internet des Archives de l’Isère : entièrement remanié, offrant surtout ce que vous étiez tous les jours plus nombreux à nous demander, la consultation en ligne de documents numérisés. Les 4400000 pages des registres parois- siaux et d’état civil sont désormais disponibles sur archives-isere.fr. Cette salle de lecture virtuelle offre ainsi à tous les internautes la possibilité de consulter 24 heures sur 24, en plus d’instruments de recherches de plus en plus nombreux, les images de documents dont la liste est appelée à s’étoffer au fil des mois : état civil et registres paroissiaux aujourd’hui, recensements de la population et cartes postales à moyen terme, registres matricules et cadastre à plus long terme ... La liste n’est pas close, bien au contraire. Qu’il me soit ici permis de rendre hommage au travail patient entamé depuis plusieurs années : recensement et préparation des documents, organisation logistique, prises de vues, longues et minutieuses vérifications de téraoctets de fichiers, classement et référencement des images, mise en place de l’interface de consultation. Que soient remerciés tous ceux qui, de près ou de loin, ont permis à ce magnifique outil de voir le jour. Ce projet, lourd et coûteux, a pu être mené à bien grâce au soutien de la collectivité qui a fourni les crédits nécessaires à cette tâche titanesque. Car ne l’oublions pas : l’Isère étant un département très peuplé, nos archives sont de ce fait très riches, très volumineuses... et le travail de numérisation en proportion ! Je vous laisse découvrir par vous même ce tout nouveau site. Bonne lecture et à vos souris ! Hélène Viallet, directrice NUMÉRO LETTRE D’INFORMATION DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE L’ISÈRE SEPTEMBRE 2010 Chroniques d’Archives Dossier / Les publics À qui et que communique-t-on ? Le Point sur... Le 10 décembre 1970 : Louis Néel prix Nobel de physique / Les fonds scientifiques aux Archives de l’Isére / Nous vous donnons rendez-vous sur archives-isere.fr Derniers instruments de recherche... Énergie hydraulique et droits d’eau 1800-1940/ La questure (suite) Le billet de Luce / Réglementaire mon cher Gaston ! Direction / Hélène Viallet Responsable de la publication / Natalie Bonnet Photographies / Frédéric Pattou, Jean-Paul Guillet 04 76 54 37 81 www.archives-isere.fr 7

Chroniques d'Archives numéro 7

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Lettre d'information des Archives départementales de l'Isère. Au programme de ce numéro : les publics, les 40 ans du prix Nobel de physique de Louis Néel, les fonds scientifiques, le nouveau site Internet des Archives, énergie hydraulique et droits d’eau 1800-1940, le versement de la questure, le billet de Luce intitulé "Réglementaire mon cher Gaston !".

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Page 1: Chroniques d'Archives numéro 7

Voici un numéro un peu particulier à plus d’un titre. En premier lieu, nous allons parler de vous,chers lecteurs. Alors que d’habitude le but de ces Chroniques est de vous présenter les trésors parfoisméconnus qui, sur les rayonnages des Archives de l’Isère, attendent d’être consultés, cette fois-ci nousavons décidé de vous présenter aussi les publics, de plus en plus divers, accueillis par notre insti-tution. Cette diversité, reflet des évolutions de notre société, est un nouveau défi pour les archivistes.

En second lieu, nous avons la très grande joie de vous présenter le nouveau site Internet des Archivesde l’Isère : entièrement remanié, offrant surtout ce que vous étiez tous les jours plus nombreux à nousdemander, la consultation en ligne de documents numérisés. Les 4400000 pages des registres parois-siaux et d’état civil sont désormais disponibles sur archives-isere.fr. Cette salle de lecture virtuelleoffre ainsi à tous les internautes la possibilité de consulter 24 heures sur 24, en plus d’instrumentsde recherches de plus en plus nombreux, les images de documents dont la liste est appelée à s’étofferau fil des mois : état civil et registres paroissiaux aujourd’hui, recensements de la population et cartespostales à moyen terme, registres matricules et cadastre à plus long terme ... La liste n’est pas close,bien au contraire. Qu’il me soit ici permis de rendre hommage au travail patient entamé depuisplusieurs années : recensement et préparation des documents, organisation logistique, prises de vues,longues et minutieuses vérifications de téraoctets de fichiers, classement et référencement des images,mise en place de l’interface de consultation. Que soient remerciés tous ceux qui, de près ou de loin,ont permis à ce magnifique outil de voir le jour. Ce projet, lourd et coûteux, a pu être mené à biengrâce au soutien de la collectivité qui a fourni les crédits nécessaires à cette tâche titanesque. Car nel’oublions pas : l’Isère étant un département très peuplé, nos archives sont de ce fait très riches, trèsvolumineuses... et le travail de numérisation en proportion !

Je vous laisse découvrir par vous même ce tout nouveau site. Bonne lecture et à vos souris !

Hélène Viallet, directrice

NUMÉRO

LETTRE D’INFORMATION DES ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE L’ISÈRE SEPTEMBRE 2010Chroniquesd’Archives

Dossier /Les publicsÀ qui et que communique-t-on ?

Le Point sur...

Le 10 décembre 1970 :Louis Néel prix Nobel de physique /Les fonds scientifiquesaux Archives de l’Isére /Nous vous donnons rendez-voussur archives-isere.fr

Derniers instrumentsde recherche...

Énergie hydrauliqueet droits d’eau 1800-1940 /La questure (suite)

Le billet de Luce /Réglementaire mon cher Gaston !

Direction / Hélène VialletResponsable de la publication /Natalie BonnetPhotographies / Frédéric Pattou,Jean-Paul Guillet

04 76 54 37 81www.archives-isere.fr

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Une fois n’est pas coutume, chers publics,c’est dans votre direction que nous allons braquernotre projecteur. Qui êtes-vous ?Que venez-vous chercher aux Archives ?Quelles sont vos façons de travailler ?Voici quelques unes des questions que nous noussommes posées. Mieux connaître nos lecteursest en effet un élément indispensable pour mieuxrépondre à leurs attentes. “Les publics…”Nous tenons beaucoup à ce pluriel tant il est vraique nous avons plusieurs publics. Variées sont lesraisons pour lesquelles on franchit la porte desArchives (et pas toujours pour travailler en salle delecture ) mais aussi pour lesquelles on téléphone,on écrit, on se rend en salle de conférences…Traditionnellement, lorsque sont évoquées les missionsdes services d’archives, on parle des quatre “C”,c’est-à-dire collecter, classer, conserver et enfincommuniquer. Il s’agit pourtant bien là de la finalitémême de l’institution.Il ne sert en effet à rien de collecter, classer etconserver des documents si ce n’est pour lescommuniquer.

Tel est le sujet de ce dossier.

Histoire d’une salle de lectureC’est en salle de lecture que sont accueillis la majo-rité des usagers des services d’archives. Confiden-tielle au début du XXe siècle, la recherche en salle delecture a explosé dans son dernier quart pour se sta-biliser ensuite. Les rapports annuels envoyés par lesservices d’archives départementaux à la directiondes Archives de France nous permettent de dresserla courbe de cette évolution et les Archives de l’Isèrene présentent pas de ce point de vue de différenceavec les autres services en France.

Car au début, des lecteurs, il n’y en avait pas… ou sipeu. Pour l’Isère, nous n’avons les chiffres des com-munications qu’à partir de 1879. À cette époque, lesarchives sont installées dans une aile de la préfec-ture et la pièce où sont reçus les chercheurs offrequatre places. Ce tout premier rapport de 1879 faitétat de... 240 documents communiqués pour l’année,y compris les recherches effectuées par le person-nel de la préfecture dans les publications officielles !Ce n’est qu’en 1953 que « pour la première fois, lejournal officiel n’est pas en tête » des consultations.Les archivistes d’alors distinguent les recherchesd’ordre administratif des recherches scientifiques, laplupart en histoire locale. Les lecteurs, peu nom-breux, sont également peu gourmands, s’intéressantaux périodes anciennes, antérieures à la Révolution,pour lesquelles les écrits ne sont pas faciles à dé-chiffrer et exigent des séances de travail répétéessur un même document.

Les publics

À qui et que communique-t-on ?

Dossier

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L’augmentation, lente mais continue, du nombre deslecteurs ainsi que des communications tout au longdu XXe siècle connaît une forte accélération après1968 et la percée des études universitaires ensciences sociales, plus précisément en histoire : lesjeunes chercheurs, en particulier ceux qui préparent

un mémoire de maîtrise, fréquentent alors en masseles salles de lecture. L’intérêt des historiens se porteparallèlement sur des périodes plus récentes, doncsur des sources plus nombreuses et plus sérielles quiimposent des dépouillements importants. Le nombrede documents consultés croît encore plus vite que ce-

Comme «GestionAutomatisée et Intégréedes Archives».En effet, toute tâcheeffectuée aux Archives del’Isère, qu’elle soitmatérielle ou intellectuelle,est immédiatementrépercutées dans GAIA,le logiciel de gestiondu service. L’inscriptiondes lecteurs et la gestionde la salle de lecture sefont également par ce biais.La plupart des chiffrescités dans ce dossier sontdonc fournis par GAIA :nombre de lecteurs,de communications,de recherches par type...chiffres autrefois fournispar le comptage manueldes éléments portés surles registres d’inscriptionset de communications.Vous avez sans douteremarqué que, lorsquevous vous êtes inscrit oulorsque vous avez faitvalider votre carte delecteur pour l’année 2010,il vous a été demandé deremplir un formulaire vousdemandant des précisionssur votre recherche.Ne vous inquiétez pas, ilne s’agit que de mieux vousorienter dans un premiertemps et, dans undeuxième, de faire des

statistiques, parfaitementanonymes. Tous cesrenseignements servent àélaborer les statistiquesannuelles que tous lesservices d’archives doiventfournir au serviceinterministériel desArchives de France. C’estainsi que, d’année enannée, les chiffres viennentconfirmer – ou relativiser,voire infirmer – lesimpressions que nousavons sur les évolutions denotre public. Connaîtreces évolutions nous permetde mieux adapter notreorganisation et mieuxdéfinir nos prioritésde classement. Les chiffresque nous donnons dansce dossier, lorsque la daten’est pas précisée, sontceux que nous a fournisGAIA pour l’année 2009.De la même façon, tous lesmouvements de documentsopérés pour le servicede la salle de lecture sontreportés dans GAIA, cequi nous permet de dresserle palmarès des séries lesplus consultées. Sanssurprise, la championnetoutes catégories est lasérie E, qui comprend l’étatcivil et les notaireset représente 48% descommunications.

GAIA

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lui du nombre de lecteurs. Un fléchissement des re-cherches universitaires est signalé dès 1975 tandisque « le nombre des lecteurs extra universitaires tendà croître régulièrement ». Dans le rapport de 1978,Vital Chomel, le directeur des Archives de l’Isère del’époque, souligne l’augmentation de 25% du nombredes communications en précisant que « l’effondre-ment de la recherche universitaire est compensé par

9 Fi 7355

l’afflux d’un public moins homogène, d’origines so-ciales très diverses, également ouvert en ses curio-sités ». Le terme de généalogie entre dans les rap-ports annuels en 1980. Le mot est lâché : voici ladeuxième grande vague de lecteurs à l’assaut dessalles de lecture. D’année en année, la diminution dunombre de lecteurs universitaires sera soulignée enmême temps que l’augmentation exponentielle du

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Les publics

70000

60000

50000

40000

30000

20000

10000

1879

1882

1885

1888

1891

1894

1897

1900

1903

1906

1909

1912

1916

1922

1925

1928

1931

1934

1937

1946

1955

1958

1969

1972

1975

1978

1981

1984

1988

1991

1995

1998

2001

2004

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Nombre de communications par année

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5 E 127 / 1

nombre de lecteurs faisant leur généalogie. L’allurede la courbe inquiète alors les directeurs de tous lesservices d’archives qui craignent de ne plus pouvoiraccueillir tant de monde. En Isère, la salle de lecturede 60 places était régulièrement pleine dans les der-nières années du XXe siècle. Mais vous pouvez le cons-tater sur le graphique ci-joint : après le pic de 1996,le nombre de communications s’est stabilisé au débutde ce siècle autour de 50000, même si le nombre delecteurs continue à augmenter, et leurs raisons de serendre aux archives à se diversifier.

La passion de la généalogieDans une salle de lecture cohabitent donc des usa-gers aux profils et aux buts très divers. Le premiergroupe, de par son nombre, est constitué par les gé-néalogistes amateurs. La passion de la généalogie– car c’est bien d’une passion qu’il s’agit –, n’a pasété le feu de paille qu’on imaginait au début. Le nom-bre d’adeptes n’a cessé et ne cesse de croître, maisleur façon de travailler a évolué en trente ans : de so-litaires aux débuts de la « vague » généalogique, ilsse sont organisés. Les premières associations sontsignalées dans un rapport de la Direction des Ar-chives de France en 1982. Des bénévoles ont com-mencé à faire des relevés dans les registres et lamise en commun de ces ressources a permis à beau-coup d’aller directement au bon acte sans tournerdes pages des heures durant ( économisant par lamême occasion les registres qui se fatiguent vite des

manipulations répétées). Le développement d’Inter-net et des forums liés à la généalogie a permis à ceslecteurs de mutualiser leurs recherches et de s’or-ganiser pour «rentabiliser» leurs séances de travaildans les services d’archives grâce aux ressources enligne, instruments de recherche mais aussi de plus enplus documents numérisés. Des internautes pas-sionnés échangent services et informations tandisque des habitués de notre salle de lecture, qui ontdepuis bien longtemps terminé leur arbre généalo-gique, recherchent des actes pour des correspon-dants demeurant à l’autre bout de la France, voire dumonde. Il n’est plus rare qu’à leur première visitedans un service d’archives les« généanautes » arriventavec déjà leur propre arbrebien avancé. Et lorsque toutesles cases en sont remplies,ces passionnés se tournentalors vers d’autres sériestelles que les minutesde notaires ou les registresmatricules et souventélargissent leurs recherchesà l’histoire d’une commune,d’un territoire ou d’un groupesocioprofessionnel.C’est ainsi que bon nombre deces généalogistes amateursdeviennent des historienslocaux très actifs.

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La recherche universitaireNumériquement, la deuxième catégorie est celle deslecteurs que dans nos statistiques nous nommons« universitaires ». Comme leur nom l’indique, il s’agitde tous ceux, étudiants ou professeurs, qui poursui-vent une recherche dans le cadre de leurs études oude leur enseignement. Les chercheurs de l’Universitéde Grenoble sont bien sûr les plus nombreux. Souli-gnons cependant que presque la moitié de ces lec-teurs universitaires viennent de facultés extérieuresau département, en particulier de Lyon et de Paris IV(Sorbonne), mais aussi étrangères, de Californieparticulièrement. La principale explication à la venuede ces chercheurs est l’intérêt primordial des fondshistoriques particulièrement riches en Isère qui pla-cent ses archives parmi les premières en France. Ceslecteurs ont des méthodes de travail très différentesde celles des généalogistes et explorent d’autres sé-ries, si possible non encore exploitées, à quelques ex-ceptions près, notamment des fonds notariaux. Lesétudiants en maîtrise d’histoire mais aussi droit, so-ciologie, géographie, architecture, sciences poli-tiques, fournissaient jusque vers les années 2000 lesgros bataillons des chercheurs universitaires. Le re-cours à des formations plus en phase avec la réalitédu marché du travail ainsi que le flottement qui a suivila réorganisation des deux années de master qui ontremplacé la maîtrise et le DEA ont fait baisser cenombre qui tend à repartir. Pour permettre à ce pu-blic qui a des besoins très particuliers d’optimiserson travail de dépouillements, les Archives de l’Isère

Dossier

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organisent depuis maintenant deux ans, à l’image dece qui se fait aux Archives Nationales, une « Journéede l’Étudiant » pendant laquelle sont proposés diffé-rents ateliers sur les fonds conservés en nos mursainsi que sur les différents instruments de re-cherche.

Les professionnels aux ArchivesNous avons ensuite les deux groupes, d’ailleurs as-sez hétérogènes et en notable augmentation depuisquelques années, des lecteurs qui ne viennent auxArchives ni pour leur loisir ni pour leurs études.Le premier est celui des lecteurs que nous nommons« professionnels » parce que leurs recherches sontdictées par les besoins de leur profession : les gé-néalogistes successoraux bien sûr, passés de 27 en2005 à 43 en 2009, mais aussi les études notarialesou cabinets de géomètres experts, les professionnelsde la médiation culturelle (musées) ou de l’informa-tion ( journalistes) ou des métiers concernés par lesnouvelles problématiques liées à l’environnement :les bureaux d’études et les services techniques descollectivités territoriales sont de plus en plus repré-sentés dans notre salle de lecture. Tous ces profes-sionnels sont en général assez à l’aise avec la re-cherche en archives.

Les publicsFaire valoir un droit grâce aux ArchivesCe n’est pas le cas du «simple» citoyen que nous re-trouvons dans le deuxième groupe des usagers qui neviennent pas pour leur loisir, celui des lecteurs dits« administratifs ». En butte à la dure logique admi-nistrative, devant fournir toujours plus de preuves entous genres, il est amené à venir chercher aux Ar-chives le document qui va lui permettre d’étayer sesdroits ou fournir la preuve d’un fait : jugement dedivorce, acte de propriété, preuve de nationalité oude résidence… Lorsqu’il arrive dans notre salle delecture, ce public est la plupart du temps en plein dé-sarroi devant la complexité d’une recherche en ar-chives. C’est la raison pour laquelle nous conseillonsà nos lecteurs dits « administratifs » de commencerpar nous écrire. Il est en effet bien souvent utile dese renseigner avant de se déplacer : en 2009, 20%des lecteurs inscrits n’ont pas demandé de commu-nication. Il s’agit la plupart du temps d’usagers ve-nus aux Archives en quête d’un document ou d’unrenseignement nécessitant une longue recherche ouabsent des fonds conservés. Le cas le plus fréquentest celui d’une personne en train de constituer sondossier de retraite. Elle vient demander aux Archivesles bulletins de salaire qui lui manquent et sera trèsdéçue lorsque, après s’être inscrite et avoir expliquésa requête, elle apprendra qu’il n’y a aucune chancequ’un tel document y soit conservé. Pour la même rai-son nous conseillons aux usagers en quête de leurdossier d’adoption de commencer par s’adresser auservice compétent du Conseil général.

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Les recherches par correspondanceTous les usagers des archives ne sont en effet pasaccueillis sur place : beaucoup téléphonent, envoientun courrier ou déposent un message sur la boite maildu service. Les demandes de renseignements trai-tées par courrier sont d’ordres aussi divers quecelles de la salle de lecture, mais en proportions dif-férentes. Cette fois, ce sont les recherche dites ad-ministratives qui sont et de loin les plus nombreuseset leurnombre ne cesse d’augmenter: de 236 en1999,elles sont passées à 1320 en 2009 et occupent à pré-sent l’équivalent d’une personne à temps plein. Leurcaractéristique est d’être très variées et d’être à lafois le reflet de la société, de ses évolutions et desdifficultés des citoyens à s’y adapter. Dans le code duPatrimoine, la justification des droits des personnesphysiques ou morales, publiques ou privées est don-née comme raison première de la conservation desarchives, avant la documentation historique de la re-cherche. Toutes les demandes reçoivent une réponse,même lorsque la recherche n’a pu aboutir faute dedocument apportant le renseignement espéré ouparce que les indications apportées par l’usager nesont pas suffisamment précises. Et si cette réponsesemble tarder, c’est que les recherches qu’elle exigesont longues, compliquées et relèvent des compé-tences de plusieurs agents différents. Précisons queles services d’archives ne donnent pas suite aux de-mandes de recherches généalogiques parce que, del’ordre du loisir, elles ne relèvent pas de cette mis-sion de justification des droits des citoyens.

Les Journées du patrimoineMoment important de l’année aux Archives, ces jour-nées constituent un véritable temps d’échange dupersonnel avec son public. Lors de cette unique oc-casion dans l’année, les visiteurs, férus d’histoire etde patrimoine, lecteurs habitués ou tout simplementpromeneurs curieux, peuvent alors découvrir lescoulisses d’une administration locale souvent mé-connue. Les visites permettent de pénétrer dans lesdépôts d’archives dont l’accès est habituellement ré-servé aux seuls agents du service.

Outre la présentation des fleurons de la mémoire dudépartement ( en 2008, les visiteurs ont ainsi pucontempler les originaux de l’édit de Villers-Cotterêtset de la Pragmatique Sanction ), les Archives mettentl’accent sur ce qui fait leur cœur de métier, les fameuxquatre «C» dont nous parlions en introduction : lacollecte d’archives publiques des différentes admi-nistrations du département (travail quotidien de sen-sibilisation, de conseil, de formation, d’accompagne-ment des services publics du Conseil général et del’État dans leurs opérations d’archivage) ; la collected’archives privées ( fonds de familles, de châteaux,d’entreprises...) ; le classement ; la conservation(une salle est entièrement dédiée à la conservationpréventive et à la restauration ) ; et enfin la commu-nication au public.

Dossier

Les publics

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Le service éducatif . . . de la maternelle à l’universitéNous terminerons par les plus jeunes de nos lec-teurs : le service éducatif constitue en effet une au-tre facette de l’accueil dans les locaux des archives.Le principe, semblable aux services éducatifs existantdans d’autres institutions culturelles telles que lesmusées, est de recevoir des classes accompagnéesde leurs professeurs pour des séances de travail, suroriginaux ou fac-similés, dont le thème est choisi àl’avance, sous forme d’ateliers. Ce service a pour am-bition de permettre aux enseignants du primaire àl’université d’accéder aux documents que notre ins-titution conserve (des textes manuscrits et imprimés,des affiches, des photographies…) et de rendre ac-cessibles aux élèves les matériaux qui sont les sourcesde la connaissance historique. Il peut accueillir éga-lement des groupes de professeurs désireux d’accé-der aux ressources documentaires des archives dansle cadre de la formation initiale ou continue. En sché-matisant, nous pourrions dire qu’il s’agit de travauxpratiques d’histoire.

On peut remonter à la deuxième moitié du XIXe sièclepour dater les premières initiatives des archivistesfrançais destinées à ouvrir leur univers à des finspédagogiques à l’origine liées à l’instruction civique.Mais c’est avec la création d’un service éducatif auxArchives nationales, en octobre 1950, que démarrevraiment la politique éducative des Archives deFrance, relayée sur l’ensemble du territoire par la

circulaire fondatrice du 5 novembre 1951. Aux Ar-chives de l’Isère, trois demi-journées par semaine,deux professeurs aident les enseignants à préparerleur action pédagogique en amont de leur visite et lorsdu déroulement de celle-ci, accueillent les classes etaniment les séances. Une séance comprend une pré-sentation de l’organisation du service et des fondsconservés afin de sensibiliser les élèves aux missionsdes Archives (toujours nos fameux quatre «C»...). Laséance repose surtout sur l’identification et l’étudede documents qui peuvent être de nature et de sup-ports très différents afin de valider des compétencesattendues à l’école primaire, au collège ou au lycée.La liste des ateliers est très variée. Elle n’est pas li-mitative et les deux professeurs peuvent répondre àdes demandes spécifiques.

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Il y a tout juste 40 ans, la communauté scientifique engénéral et les physiciens en particulier tournaientleurs regards vers Grenoble et le Laboratoire d’Élec-trostatique et de Physique du Métal dont le directeur,Louis Néel, venait de recevoir le prix Nobel de phy-sique.Né en 1904 à Lyon, entré à 20 ans à l’École NormaleSupérieure, il prépare sa thèse de doctorat à Stras-bourg, sous la direction d’un grand spécialiste del’école française de magnétisme, Pierre Weiss. Danscette thèse présentée en 1932, il propose une nou-velle compréhension des propriétés magnétiques decertains corps. En 1939, détaché auprès de la Ma-rine nationale, ses travaux sur la démagnétisationdes navires de guerre, effectués en un temps record,ont permis d'épargner des centaines de vies lors durepli sur l’Angleterre en juin 1940.Pendant l’Occupation, il poursuit ses travaux à l’Ins-titut Fourier de Grenoble. Il y constitue un groupe derecherche qui, à la Libération, devient le premier la-boratoire du CNRS en région, le Laboratoire d’Élec-trostatique et de Physique du Métal (LEPM). Cetteentité donnera naissance à d'autres structures duCNRS dont le laboratoire de magnétisme, actuel la-boratoire Louis Néel.En relation avec le Commissariat à l’énergie ato-mique, il participe en 1957 à l’installation de la pileMélusine au sein du Centre d’Études Nucléaires deGrenoble (CENG) dont il est le fondateur et premier

directeur puis à celle de l’Institut Laue Langevin(ILL), première coopération scientifique franco-al-lemande d'envergure de l'après guerre.Plus tard, il trouvera encore les arguments pourqu’un outil européen, complémentaire à l’ILL, soitconstruit sur le même site : le synchrotron (ESRF).

Titulaire de la chaire de physique à l’université deGrenoble, président de l’Institut Polytechnique deGrenoble, Louis Néel obtiendra la création dans cetteville, comme à Nancy et à Toulouse, d’un Institut Na-tional Polytechnique. Il s’agissait alors de regrouper,au sein d’établissements publics autonomes, des ins-tituts ou écoles d’ingénieurs – 7 à Grenoble – pourleur permettre de développer une politique de for-mation et de recherche en prise directe avec lesréalités économiques.

Chercheur attiré par les applications et les techno-logies, Louis Néel a été l’initiateur de fortes collabo-rations avec des industries comme Merlin-Gerin. Il alargement contribué à bâtir le pôle scientifique deGrenoble, un pôle leader, tant au niveau nationalqu’international, dans des domaines importants de laphysique, de l’électronique ou encore de l’informa-tique. Son prix Nobel de Physique en 1970 est la re-connaissance de la communauté scientifique pourson œuvre dont des retombées directes sont au-jourd’hui présentes dans l’enregistrement magné-tique et le téléphone portable.

Le Point sur...

Le 10 décembre 1970 :Louis Néel prix Nobel de physique.

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Les archives du Laboratoire d’Électrostatique et dePhysique du Métal (LEPM) sont conservées aux Ar-chives de l’Isère sous la cote 6888W1 à 244. Cet en-semble, très complet, contient dans une premièrepartie [6888W1 à 88] tous les dossiers de la créa-tion et du fonctionnement du laboratoire depuis 1940,ainsi que la correspondance, les comptes-rendusdes comités de direction, les rapports d’activité et lesrapports des chercheurs. S’y trouvent également lesdossiers des colloques et congrès organisés par lelaboratoire ou auxquels ont participé certains de seschercheurs, et les dossiers des relations avec d’au-tres centres scientifiques. Dans une deuxième par-tie, intitulée « Documents scientifiques 1882–1969»,sont classés de nombreux tirés à part d’articles deLouis Néel ainsi que d’autres chercheurs [6888W88à 244].Signalons également un autre fonds de laboratoirescientifique conservé aux Archives de l’Isère : les ar-chives de Louis Weil et du Centre de Recherches surles Très Basses Températures (CRTBT), 7262 W1 à248. Louis Weil a fait partie du groupe des jeunesmaîtres de conférence qui s’est constitué en 1940autour du professeur Louis Néel. En 1947 fut décidéela création de la section de très basses températuresdu LEPM dont la direction lui fut confiée. Nommémaître de conférence de métallurgie physique en1945, LouisWeil devint en 1957professeur d’une chairenouvellement créée de thermodynamique.

Il fut la même année l’organisateur du grand colloquede Grenoble sur les relations Université – Industrie.Encore en 1957, à la fondation du CENG, l’organisationet la direction scientifique du laboratoire de physico-chimie et basses températures lui furent confiées. Lacomposition de ce fonds est sensiblement la mêmeque celle du précédent.Autre fonds d’institution scientifique, celui de l’Ins-titut National Polytechnique de Grenoble (INPG),8116W1 à 404, entré en 2002, volumineux versement(40ml !) de la présidence de l’INPG. Dans ce fondssont conservés les dossiers des conseils scientifiqueset d’administration ainsi que les documents de la ges-tion de l’institut, en particulier les relations avec lesdifférentes écoles qui le composent. Sont égalementconservés les dossiers des relations avec les autrescentres de recherche, français ou étrangers. Les plusanciens documents datent de 1930, lorsque l’INPGn’était pas encore créé et que l’IPG, né en 1907 del’association de L’Institut Électrotechnique de Gre-noble (IEG) et de l’École Française de Papèterie(EFP), était souvent désigné sous le nom d’InstitutBrenier, du nom de son généreux mécène, Casimir Bre-nier qui fit don en 1907 du terrain qui permit l’édifi-cation des locaux. D’autres écoles s’ajoutèrent au furet à mesure que se développaient les industries liéesà la production et à l’utilisation de l’énergie élec-trique. Les documents les plus nombreux concer-nent la création de l’INPG et son développement surle campus de Saint-Martin-d’Hères jusqu’en 1996.

Les fonds scientifiques aux Archives de l’Isère.

Cliché CEA

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Page 12: Chroniques d'Archives numéro 7

Le Point sur...

Les fonds scientifiques aux Archives de l’Isère

Enfin, les archives historiques de l’IMAG, Institutd’Informatique et de Mathématiques Appliquées deGrenoble, entrés aux archives de l’Isère en 1994 etclassées par Éric Robert, 8355 W 1 à 273. L’IMAGest né en 1949, lorsque Jean Kuntzmann, enseignantde mathématiques appliquées à l’IPG, organise destravaux pratiques qui entraînent la fondation du La-boratoire de Calcul, lequel gagne officiellement lestatut de « laboratoire d’essai de l’IPG » en 1951.Cette entité prit successivement la forme d’un labo-ratoire d’institut, d’un laboratoire associé au CNRS,d’un service commun à des laboratoires, d’un grou-pement de laboratoires et enfin, depuis 1988, d’unefédération d’unités de recherche. La fédération IMAGn’existe plus depuis le 1 janvier 2007 et la restruc-turation du pôle mathématique grenoblois. Les ar-chives ici conservées vont de 1949 à 1983 et sontregroupées en trois parties : les archives des direc-teurs [cotes 1 à 80], le fonctionnement administra-tif et financier [cotes 81 à 170], les activités de re-cherche et d’enseignement [cotes 171 à 273]. Ellesrelèvent davantage de l’administration de la re-cherche que travail quotidien du chercheur, lequelest tout à fait présent dans le fonds « Jean Kuntz-mann, chercheur », 7764 W 1 à 58, constitué pourl’essentiel de ce que jean Kuntzmann gardait auprèsde lui et donc représentatif d’une pratique indivi-duelle de la recherche, avec beaucoup de notes et debrouillons qui permettent de suivre l’évolution de saréflexion.

Toutes ces archives scientifiques, témoins privilé-giés de la place de Grenoble dans l’aventure dessciences au XXe siècle, forment un ensemble sanséquivalent en France. Puissent d’autres les rejoindre,fonds d’écoles d’ingénieurs, papiers de laboratoires,dossiers de scientifiques, la liste n’est pas fermée etpeut être va-t-elle encore s’allonger grâce à vous,lecteur de cette chronique et ami des sciences.

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Le site Internet des Archives départementales del’Isère a fait peau neuve !

Ce projet s’inscrit dans la perspective plus généraled’une refonte des sites de toutes les institutions cul-turelles du Conseil général de l’Isère, et intervient aumoment où les Archives mettent à disposition du pu-blic de nouveaux outils très attendus, au premierrang desquels figure la mise en ligne de l’état civil nu-mérisé.

Deux ans après le lancement de la lettre d’informa-tion Chroniques d’Archives et la définition d’une nou-velle charte graphique pour les Archives départe-mentales, un site Internet tout nouveau tout beau estlancé pour mieux accueillir les internautes et mieuxrépondre à leurs attentes.

Plus ergonomique, plus agréable au niveau de la na-vigation, plus esthétique et plus attrayant, il permetau visiteur de découvrir en un clic la richesse desfonds d’archives conservés en Isère, de commencerou d’approfondir sa recherche, de s’informer et depréparer sa venue dans notre salle de lecture. Lesadministrations, communes et intercommunalités,ainsi que les particuliers ou les entreprises, trouve-ront sur le site des conseils pratiques pour mieux gé-rer et conserver leurs archives.

Les rubriques les plus consultées par les internauteset les actualités du service sont mises en exerguepour faciliter la recherche d’informations.

Parmi les nouveautés, retrouvez désormais l’état ci-vil numérisé en ligne. Plus de 4,4 millions de pagessont accessibles à la consultation en ligne : il s’agitdes registres paroissiaux et d’état civil du départe-ment du XVIe siècle à 1892. Non seulement les origi-naux sont désormais à l’abri des manipulations ré-pétées, causes de leur dégradation, mais encore lesusagers bénéficient à présent d’un support offrantun confort de lecture sans précédent : plus aucunecontrainte de déplacement ni d’horaires, des possi-bilités quasi infinies de navigation, d’agrandissementet d’impression à domicile qui sont autant d’aides àla lecture.

D’autre part, pour approfondir leurs recherches oudécouvrir le patrimoine du Dauphiné et de l’Isère, lesinternautes peuvent accéder sur le site à des pagesdécrivant les fonds d’archives, leur histoire, leurclassement, leurs particularités, ainsi qu’à des fichesthématiques pour les guider dans leurs démarches.Le site continuera à s’enrichir, au fur et à mesureque nous mettrons à disposition en ligne les instru-ments de recherche et autres nouveautés : bases dedonnées, fichiers à télécharger ou à feuilleter, mo-teur de recherche, nouveaux documents numérisés,informations et outils à destination des enseignantset des scolaires… Les projets de développement nemanquent pas !

Excellente navigation à tous, et n’hésitez pas à utiliserla rubrique contact : votre avis nous est précieux !

Nous vous donnonsrendez-vous sur archives-isere.fr

Le Point sur...

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Énergie hydrauliqueet droits d’eau 1800-1940 ( 7S 2)La sous-série 7 S 2, consacrée aux « usines, prisesd’eau, réglementation des eaux, barrages, passages,etc, dans les communes » et provenant du service hy-draulique de l’administration préfectorale vient d’êtreintégralement analysée. Ce nouvel inventaire est lerésultat du dépouillement de plus de 2700 dossiers.Ce travail s’est étalé sur trois ans, principalementdurant la période de fermeture annuelle des Ar-chives, et a mobilisé cinq agents.L’inventaire publié en 1948 est en effet très succinct :les cotes n’indiquent que le nom des communes, seulebase de recherche possible, et ne précisent pas lesdates extrêmes. Il s’ensuit que les investigationssont longues et fastidieuses, nécessitant la manipula-tion de multiples dossiers fragiles, composés de l’ins-truction de l’autorisation (correspondance, plans,avis des services compétents, décret ou arrêté ).Le nouvel inventaire, en précisant le nom des coursd’eau, celui des propriétaires à l’origine de la de-mande, le type de document (décret, arrêté préfec-toral, plan, correspondance ), la nature de l’installa-tion ( moulin, scierie, aciérie, papeterie, industrietextile, prise d’eau d’arrosage, usine hydro-électri-que, endiguement et travaux de défense contre lesravages des torrents…), ouvre la possibilité de re-cherches croisées. Ainsi, comme on peut le voir surle tableau ci-joint, peut-on dresser un état précis desusines ayant une activité liée à la métallurgie et ins-tallées le long du Bréda ; ou encore retrouver les de-mandes faites par un propriétaire pour développerson usine ; enfin établir la liste des exploitants suc-cessifs de tel barrage.

L’intérêt historique de la sous-série est indéniable.Les dossiers qui la composent témoignent de l’acti-vité économique depuis le début du XIXe siècle au tra-vers de l’utilisation de l’énergie hydraulique, emblé-matique de notre département. Il est ainsi possiblede retracer l’histoire d’entreprises qui ont marqué larégion, telles les papeteries Bergès, ou d’autres res-tées anonymes.Enfin, ces dossiers sont un recours utile dans le casde la remise en fonction d’un barrage de productionélectrique : ils permettent d’attester l’existence an-cienne d’un ouvrage ou d’un droit d’eau.

On trouvera des dossiers complémentaires dans desversements du même service ultérieurs au classe-ment en série W ainsi que dans la sous-série relativeaux installations classées [120M] et dans le verse-ment du service hydraulique de l’administration desPonts-et-chaussées [12S].

Instruments de recherchenouvellement en service

Commune Nb de dossiers Type d’installation

Allevard 4 Forges, atelierde charronnage

Chapelle-du-Bard (la) 3 Forges, taillanderieFerrière (la) 4 ForgeGrignon 3 ForgeMontalieu 0Moutaret (le) 4 ForgesPinsot 2 ForgesPontcharra 2 Forges, taillanderieSaint-Maximin 1 Taillanderie

7 S 2 – 35

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La Questure (suite)( 8465 W1-6, 8466 W1-28, 8467W1-11,8468 W1-167, 8472 W1-22, 8473 W1-83 )Nous vous signalions dans un précédent numéro unversement de la Questure, six versements l’ont re-joint en début d’année. Vous retrouverez à nouveaules dossiers traités par l’assemblée départementale[8465 W, 8466 W, 8468 W] et la commission perma-nente [8472W,8473W] mais cette fois-ci ce sont ceuxinstruits après la décentralisation. Ils portent sur lesmandats des présidents Louis Mermaz (1982-1985),Alain Carignon (1985-1997) et Michel Hannoun (1997-1998). Les dossiers de la commission permanente ontpour l’instant été versés jusqu’en 1994.

Enfin, le 8467W contient les dossiers du bureau de1994 à 1999. Le bureau désignait avant 1992 la com-mission permanente, depuis cette date il constituel’équipe exécutive. Il est composé du président, des vice-présidents et ne dispose d’aucun pouvoir délibérant.

Les bordereaux sont disponibles en salle des inventaires.

POUR NOUS JOINDRE

Par courrier :Hôtel du département,7 rue Fantin-Latour, BP 109638022 Grenoble cedex 1Par couriel :[email protected]

Compteurs d’archives

Journées du PatrimoineLes 18 et 19 septembre prochain,ce sera l’unique occasionde l’année pour découvrir lescoulisses des archives : en plusde la projection en continu du filmde présentation des Archives del’Isère et d’une expositionde documents originaux, des visitesguidées seront proposées toutesles demi-heures.Seront également mises en placedes démonstrations du nouveau site.Réservation impérative partéléphone au 04 76 54 37 81.Horaires d’ouverture : samedi18 septembre de 14h à 17h30 ;dimanche 19 septembre de10h à 12h et de 13h30 à 17h30.

AbonnementVous avez été intéressé par cenuméro de Chroniques d’Archives ?Vous désirez continuer à lerecevoir ? Il faut vous abonner.Cet abonnement est totalementgratuit, faites-le par courrierou par mail.Vous pourrez égalementtélécharger les numéros à venir,ainsi que les précédents, surle site des Archives de l’Isère :archives-isere.fr

Nouvelles du microfilmageLes registres d’état-civil descommunes de l’arrondissementde Vienne pour la période1875 –1906 sont microfilmésjusqu’à Oytier-Saint-Oblas.

La sous-série 2 OLes archives du bureau desaffaires communales de lapréfecture (1800–1940) sonten cours de classement en 2 O.La dernière commune classéeest Sassenage.

Grands travaux d’étéDurant la fermeture annuelle,tout le personnel est mobilisépour ce que nous appelonsles « travaux d’été».Cette année, nous avons éliminé70 ml, reconditionné et récoléplusieurs sous-séries Fiet déménagé 2817 registres d’unversement de l’administrationde l’Enregistrement.

Pratique

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Le Billet de Luce

Réglementaire, mon cher Gaston * !Les archivistes archivent les archives des Archives :c’est archivistique. Seul un béotien en serait ébaubi,subodorant là une manière d’exercice pour théâtreuxlas du dos du dodu dindon, dit-on, du dîner de Didon,laquelle, au demeurant, soufrait d’anorexie depuis ledépart d’Enée : comme la plume au vent, le héros estmobile.Je ne m’égare certes point : tous les chemins menantà Rome, ipso facto tous en proviennent. Appareillonsdonc des berges duTibre pour aborder aux rivages fa-miliers de la rue Auguste (encore ! Rome, unique objetetc...) Prud’homme, prédécesseur de l’interpelé supra.Où donc dénicher les archives des Archives ? Je nevous parlerai pas de la foisonnante série double vé(pourmémoire : ensemble des archives publiques pro-duites ou reçues après 1940), pour l’appréhensionde laquelle un mastère deux de droit public, spécia-lité RGPP**, ne saurait suffire. Mais, bien entendu,les archivistes, qui ne sont toutefois pas nantis de ceprestigieux diplôme, connaissent parfaitement chaqueméandre de ladite série, dont le cours n’est pas sansrappeler quelque long fleuve usuellement tranquille,quoique par intermittence sujet à des crues maîtri-sées avec un chartiste brio.Comme vous ne l’ignorez pas, en des temps anciensquoique post diluviens, l’autorité de tutelle des Ar-chives fut d’abord dévolue au ministère de l’Intérieurpuis, changement signifiant (1884), à celui de l’Ins-truction publique. C’est en conséquence dans la sé-rie T que nous allons découvrir les archives des Ar-chives (a des A pour simplifier).

La chance vous sourit : la sous-série 16 T a fait l’ob-jet d’un inventaire que vous pourrez consulter à loisirdans le classeur idoine salle Prud’homme. Aprèsavoir arrêté votre choix, vous irez, tout(e) frétillant(e)d’appétit archivistique, vous délecter, salle Valbon-nais – le marquis, non la localité –, des aléas des ades A.Puis-je vous recommander, en guise d’entrée, le livred’or, tenu de 1929 à 1941 ? Vous y rencontrerezÉdouard Herriot soi-même ou, plus exotiques, ledoyen de l’université de Buffalo (près des NiagaraFalls ), des étudiantes lithuaniennes et un journalistetchèque.Vous y croiserez également des UD*** d’ envergure,un descendant de Jules Verne et, de ça de là, un char-tiste à présent oublié, un haut fonctionnaire et néan-moins librettiste de talent ou un écrivain académicien,dont nul, je le soupçonne sans nécessairement ledéplorer, ne lit plus les œuvres.Le mets de résistance – soit la correspondance et lesrapports d’activité – vous révèlera combien le métierd’archiviste requiert patience et longueur de temps,surtout lorsque l’intendance non seulement ne suitpas mais s’obstine à stagner en de sournois et na-turellement délétères marais, desquels la moindremachine à écrire est laborieusement extirpée (1924).Il n’est pas jusqu’aux caprices climatiques qui sou-cient les archivistes : tel cet orage de 1879 transfor-mant le papier en un potage toxique dans les comblesde la préfecture actuelle, où les ADI furent logées de1866 jusqu’en 1958. D

ESIG

NGRAPHIQ

UE

Vous noterez au passage la propension des archi-vistes de l’Isère à faire au préalable un détour par laHaute-Savoie (Gaston Letonnelier, Robert Avezou).Il advient enfin, parfois, à l’heure des sucreries,quelque joliesse, tel ce diplôme d’honneur décerné àl’occasion de l’exposition de 1925.Par cette très rapide promenade dans les a des A, jesouhaite avoir tordu le col au proverbe selon lequelles réparateurs de souliers s’affublent systémati-quement d’objets chaussants non identifiés.Terminons par un salut et fraternité à Paul-FrançoisBaudot (1737-1808), premier archiviste du départe-ment.

LUCE

* Que Gaston Letonnelier, qui n’était pas médecinmais archiviste de l’Isère de 1919 à 1940,me pardonne cette privauté toute révérencieuse !

** Rescision Géniale des Polyptyques Puniques.Voir aussi Chroniques d’Archives n°6

*** Universitaires distingués

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