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Chroniques de Watermael-Boitsfort Nouvelle série n° 4 - avril 2008 Au bas de la rue du Roitelet : la Poissonnerie TRomonT Carte postale ; Édit. mme. Van Kerchove à Watermael-Boitsfort; collection madame Verdeur Les Chroniques de Watermael- Boitsfort sont éditées par Éditeur responsable Jean-Jacques V An moL avenue marie-Clotilde n°6 Sommaire 1 La Poissonnerie TromonT 2 regards nostalgiques sur Ter Coigne 3 Anatole Arnous, entrepreneur et mécène 4 Du casteel van Boitsfort au Pavillon de Bouchefort 5 Petite histoire d’un quartier en devenir 6 Le projet cartes postales 7 Informations Editorial C e numéro des Chroniques est largement consa- cré à la mémoire des lieux. Léopold D’honT nous raconte l’histoire de la Poissonnerie TromonT dont il a été le dernier proprié- taire. Ce commerce, qui était situé à l’angle des rues Gratès et du roitelet près de la place Keym, a été pres- que centenaire. Armand DI mArTIneLLI, dernier locataire de la ferme Ter Coigne nous livre des souvenirs de son enfance qui p. 2 p. 6 p. 8 p .10 p. 13 p. 15 p.16

Chroniques de Les Boitsfort sont éditées par - Hisciwab · s’est déroulée dans ce quartier, ravivés par une ancien-ne photographie. Quartier qui n’était que champs et prairies

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Chroniques deWatermael-Boitsfort

Nouvelle série n° 4 - avril 2008

Au bas de la rue du Roitelet : la Poissonnerie TRomonT

Carte postale ; Édit. mme. Van Kerchove à Watermael-Boitsfort; collection madame Verdeur

Les Chroniques de Watermael-Boitsfort sont éditées par

Éditeur responsableJean-Jacques VAn moL

avenue marie-Clotilde n°6

Sommaire

1 La Poissonnerie TromonT

2 regards nostalgiques sur Ter Coigne3 Anatole Arnous, entrepreneur et mécène

4 Du casteel van Boitsfort au Pavillon de

Bouchefort

5 Petite histoire d’un quartier en devenir

6 Le projet cartes postales

7 Informations

Editorial

Ce numéro des Chroniques est largement consa-cré à la mémoire des lieux.

Léopold D’honT nous raconte l’histoire de laPoissonnerie TromonT dont il a été le dernier proprié-taire. Ce commerce, qui était situé à l’angle des ruesGratès et du roitelet près de la place Keym, a été pres-que centenaire.Armand DI mArTIneLLI, dernier locataire de la fermeTer Coigne nous livre des souvenirs de son enfance qui

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s’est déroulée dans ce quartier, ravivés par une ancien-ne photographie. Quartier qui n’était que champs etprairies et qui a été son terrain de jeux partagé avecd’autres occupants des lieux.Anatole ArnouS a marqué le quartier des Arcades, nonseulement par son entreprise de puisatier, mais par sapassion du cyclisme : il a été un pilier du Guidon

TourisTe BoiTsForTois déjà évoqué dans le n°1 desChroniques. Son épouse évoque pour nous quelquessouvenirs qui sont illustrés par des photographies prê-

tées par son neveu.A l’occasion de la récente exposition de gravuresanciennes qui s’est tenue à l’hôtel de ville deBruxelles, Jean-marie nICoLAS nous propose une ana-lyse détaillée, historique et topographique, d’unereprésentation du CasTeel van BoiTForT qui y étaitexposée.Le dépouillement des archives communale del’urbanisme nous révèlent des annedotes.un projet qui démarre : à propos des cartes postales.

Chroniques de Watermael-Boitsfort page 2

« mon père était indépendant, mar-chand de pétrole, d’essence et d’hui-le. J’ai terminé mes études gréco-latines en 1940. A la guerre, je suisparti 7 semaines en France quand lesAllemands sont arrivés. on était du

côté d’Aurillac. Puis on est rentré enBelgique et j’ai travaillé pendantdeux ans dans un magasin de chaus-sures, une filiale de BaTa,Chaussures F ou quelque chosecomme ça. J’ai passé des examens

d’étalagiste,de pédicure,ici à Bruxel-les. en 1943,j’ai dû partiren Allemagneparce quemes parentsn’avaient pasles moyens deme cacher, vuqu’il n’y avaitplus de ren-trées. huile,pétrole, c’é-tait terminé !Comme jeconnaissa isun peu d’al-lemand, j’aieu un job aubureau dessalaires. Là,j’ai apprisq u e l q u e smots d’ita-lien, d’espa-gnol, de polo-nais, de russe

même, parce qu’on était en contactavec des travailleurs. Quand ilsétaient malades, ils venaient aubureau demander une avance surleur salaire. J’ai appris à demander“dernier jour de travail ?” en plu-sieurs langues. »

« C’est là que j’ai rencontrémon beau-frère qui était un petit-fils TromonT.

C’est ainsi que j’ai faitconnaissance de sa sœur, qui estdevenue mon épouse par après. »

La Poissonnerie TromonT

« Alexandre TromonT afondé la maison en 1896, il était deThuin.Il a commencé la poissonne-rie avenue du Bois de La Cambre,puis il est venu au 14 rue duroitelet. Il avait, pour aller au mar-ché, un petit cheval et une charrettequ’il savait démonter et rentrer parle couloir derrière la maison.

en 1913, ils ont acheté lamaison du coin et la poissonneries’y est installée. monsieurTromonT est décédé en 1931 etmon beau-père, Philippe VAnDer-LInDen a repris le commerce. moi,je suis arrivé là fin 46. Aprèsl’Allemagne, j’ai fait mon servicemilitaire, encore avec les Anglais.J’étais dans la Compagnie desTransports. on roulait avec descamions de 10 T enlever les muni-tions dans la forêt de Soignes quel’on conduisait à la gare deGroenendael. »

La Poissonnerie TromonT, au 14 rue de la Station (= Roitelet) avant 1913

Photographie, collection madame VerDeur

La poissonnerie TRomonT à Watermael,

presque centenaire

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« en 1959, j’ai repris la pois-sonnerie, toujours sous le nom deTromont, puisque c’était le fonda-teur. m. VAnDerLInDen et moi, toutle monde nous a appelés m.TromonT. Il n'y avait pas de raisonde changer tout ça ! »

« une fois que les grandessurfaces ont commencé à vendredu poisson, ça a doucement dimi-nué. Les poissonneries, ça dispa-raît, il n'y en a pratiquement plus.Le commerce a décliné progressi-vement. »

« J’ai arrêté en 1995, à 74ans. J’étais fatigué. J’aurais bienaimé encore tenir un an pour fêterles 100 ans du commerce, mais j’é-tais au bout du rouleau ! »

« J’ai terminé le 31 décemb-re 1995. »

« un amateur s’est présentépour la reprise du commerce maisla maison appartenait pour moitié àmon beau-frère et pour moitié àmes fils et moi. on n’a pas pu semettre d’accord pour le loyer.Alors, moi, j’ai dit : bon ! on vendla maison et c’est fini. »

L’équipement du magasin

« Quand j’ai commencé, iln’y avait pas de frigo. on a com-mencé par installer un frigo pourles saurets et tout ça, harengsfumés ; les conserves qu’on faisaitsoi-même : les rolmops, lesharengs, pour garder ça au frais.Puis, plus tard, j’ai installé, dans larue du roitelet, un étalage qui étaitrefroidi pour garder les poissonsbien au frais. Dans le temps, tout çan’existait pas. Comme ça le com-merce s’est modernisé. »

« A un moment donné, onfaisait venir la glace en blocs desglacières de Strombeek ; pour finir,le grossiste a installé une machineet c'était de la glace pilée qui venaiten sacs. on avait ainsi plus facilepour l’étendre. Auparavant, il fal-lait casser la glace avec des mar-teaux en bois. Plus tard on a placéune installation frigorifique. onavait des glacières pour conserverdans le magasin même. D’ailleurs,la meilleure façon de conserver lepoisson c’est dans la glace, il nefaut même pas de frigo. on avaitune grande cuve en pierre bleuedans laquelle on cassait la glace.Ça c’était la glacière. »

marchandise et approvisionne-ment

« Dans le temps, on allait aumarché, on était plus jeune, on allaità 4 heures du matin et on faisait sesachats. on ramenait soi-même à lamaison, dans une camionnette. monbeau-père, lui, faisait livrer, il nesavait pas conduire. Plus tard, jepassais commande par téléphone.mais à 4h 30, j’étais debout tous lesjours pour réceptionner la marchan-dise. Quand il y avait quelque chosequi ne convenait pas, c'était directretour ! »

« Tout un temps, c’était livrépar un grossiste de Zeebruges quiallait encore faire la pêche avec unbateau à voiles, mais cela date dequelques années. C’était livré parchemin de fer, dans des grandspaniers en osier, 50 kg je crois. »

« Autrefois, c’était lecabillaud qui primait, maintenantle cabilaud est devenu plus cherque le saumon. Par rapport auxsoles et au turbot, c’était meilleurmarché. on avait des plies, dessoles, des rougets. »

« on avait aussi du stokvisdans le temps, c’était du cabillaudséché au vent en norvège, quivenait en boisseaux à Bruxelles. Ils

Chroniques de Watermael-Boitsfort page 3

La poissonnerie à l’angle des ruesdu Roitelet et Gratès

en 1995

La poissonnerie en 1995, décorée pour les fêtes de fin d’année, et ... pourannoncer la fermeture prochaine

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Chroniques de Watermael-Boitsfort page 4

faisaient trois bains avec de lachaux. C’était un spécialiste quine faisait que ça. et puis ça a dimi-nué, diminué ; on vendait unedemi-caisse de stokvis par semai-ne dans le temps. »

« Les saurets, harengsfumés, on n’en vend pratiquementplus. nous autres on en vendaitdes caisses entières par semaine.Les petits esprots, c’était des pa-niers de 3kg. 2, 3 petits panierspartaient par semaine.maintenant, ça n’existe plus, cesont des petits paquets préembal-

lés de quelques centaines de gram-mes. »

« Au début, quand je suisarrivé à la poissonnerie, on ren-trait, toutes les années au début dumois de novembre, du hareng.C’était une sorte de hareng spécialqui était très, très blanc, qui étaitdans des fûts de 200 kilos. Ça c’é-tait le plus froid du métier ! C’étaitdans la cour, il gelait jusque -15°,-20° en ce temps-là. on devaitaller prendre le hareng là-dedans,ça ne gelait pas puisque c’étaitsalé. Que c’était froid ! Plus tard,

j’ai acheté des gants en caout-chouc, mais au début c'était àmains nues. Il fallait les nettoyerpour faire les rolmops. »

« A la période des harengsen fûts, on allait voir chez un gros-siste, il ouvrait un tonneau, ongoûtait le salage, un ou deuxharengs en dessous pour juger dela qualité, puis on allait chez l’au-tre pour comparer. Puis on choi-sissait. on appelait ça des engelse-waal. Il était très, très blanccomme chair. nous rentrions huitfûts de 200 kilos par an, je crois. »

« Le vrai maatje était, dansle temps, pêché avec des filets etle poisson restait accroché par lesouïes. Il était mis en fûts sur lebateau même. Puis, à une période,il y a eu des parasites dans lesmaatjes. en Belgique, il n’y a paseu de problème, mais enhollande, ça a causé des diar-rhées. Ils ont été obligés de surge-ler le poisson pendant 24 h et çatuait tous les parasites.

Les vrais maatjes commen-cent fin mai et ils sont bons pen-dant un mois. Après, ils ne sontpas mauvais, mais ils n’ont plusde saveur. on dit qu’il faut lesmanger avec des oignons, mais unvrai maatje, on le prend commeça. Tous les jours, à 11 h, on pre-nait notre maatje derrière le comp-toir et on le mangeait. et le cho-lestérol diminuait ! »

« nous avons égalementvendu 1.100 kilos de moules en

Léopold D’honT au travail à la table de découpe en 1995

madame VerDeur cuit les homards

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une semaine, ce devait être vers lemois de novembre ! Aux réveillonsde fin d’année, c’était le homard.on les cuisait dans la cuisine dansdeux grandes casseroles. on avaitun gaz à l’extérieur dans la cour oùon chauffait deux casseroles aussi.Comme ça on alternait, une foisqu’une était cuite, on allait en cher-cher une autre dans la cour, l’eauétait déjà chaude. Cela servait uni-quement à chauffer l’eau, pouravoir un roulement. on commen-çait à 3 heures du matin, j’allais leschercher chez le grossiste. Pourfinir, nous étions douze, mes deuxfils et leurs épouses, et les petitesfilles … »

« on était le magasin où il yavait le plus d’inscriptions pendantla guerre, 4 ou 5.000. Il fallait s’ins-crire chez un poissonnier à la pério-de où la manne céleste des harengsest arrivée. Ce qui a aidé beaucoupde gens. Pour finir, il y en avait tel-lement que les gens ne savaient pluscomment les préparer. Je n’étais paslà, je l’ai entendu raconter, monbeau-père avait droit à 3.000 kilosde harengs. un transporteur de la

rue du Bien-Faire, monsieur Virou,allait au marché avec son camion. Ilrecevait les 3.000 kilos en vrac dansson camion à benne et, arrivé, ilreculait son camion contre la ported’entrée et tout le magasin étaitrempli, par terre et tout ! Les gensvenaient chercher leurs harengs. Parménage, ils avaient droit à autant dekilos. »

La clientèle

« on avait de bons clients.on livrait un peu partout. Aux fêtesde nouvel an, on vendait entre 5 et6.000 huîtres, la plupart ouvertes. »

« Dans le temps, le chiffred’affaires c’était le Carême, les 6semaines de Carême. Cela a aussidisparu, n’est-ce-pas ? Dans letemps c’était bien suivi, puis cela adisparu aussi, ça a fait un trou dansla vente. C’était une mesure d’hy-giène tout compte fait ! ça a dispa-ru tout doucement parce que l’égli-se a changé aussi hein. »

« on allait livrer jusqu’à l’a-venue des nations, maintenant l’a-venue Franklin roosevelt, jusqu’à

l’avenue de l’orée, ça c’était la limi-te. et à Boitsfort, il y avait l’avenueGeorges Benoidt, tout le Floréal là-bas derrière et l’avenue VanderSwaelmen, l’avenue du Geai, ça c’é-tait le plus loin. »

« on avait aussi beaucoup degendarmes comme clients. Il y en abeaucoup qui sont venus habiterpar ici à cause de la proximité descasernes à etterbeek. »

« Au début, on avait beau-coup de remises à domicile. onavait jusqu’à 6 garçons, on faisait300 remises à domicile un vendredimatin. C’était, en général, des fac-teurs qui faisaient la nuit ou quis’arrangeaient avec leur service.J’avais 2 ou 3 vélomoteurs et lesautres le faisaient en vélo. À un cer-tain moment, ils étaient 6 ! Cedevait être dans les années 1950 –1960, j’ai repris en 59. »

« Il y avait aussi une pois-sonnerie à Boitsfort, il y avaitProsper dont le fils a finalementfait le taxi. Il y en avait une rue desGarennes, une place Pinoy et puisplus tard, il en est arrivé un auDries. »

« La place Keym s’est trans-formée. C’est quand on a construitce que moi j’appelle le monstre. onavait d’abord tracé une rue en facede la rue Gratès qui rejoignait leboulevard, il y avait des arbres dechaque côté. et puis on a construitce bâtiment avec une avancéecomme il y a maintenant, et nousn’étions plus sur la place. Dans letemps, il y avait aussi un arrêt dutram près de la poissonnerie. Çac’est très bien pour le commerce unarrêt de tram ou de bus. »

entretien enregistré à Watermael le 15

janvier 2008. Les illustrations sont extrai-

tes de l’album de souvenirs que madame

VerDeur nous a autorisé à reproduire.

nos remerciements les plus chaleureux

Chroniques de Watermael-Boitsfort page 5

Léopold D’honT : « Ici c’est un frigo, un comptoir et ça, les glacières, il y enavait trois. Là, dans le temps de mon beau-père, il y avait un bac en zinc, onvendait des anguilles vivantes. mais l’anguille s’est faite rare et très chère.

Alors on l’a supprimée et on a mis une nouvelle glacière. »

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Chroniques de Watermael-Boitsfort page 6

une ancienne photo de 1947retrouvée après 60 ans,soixante ans d’histoire. une

photo prise à 10 mètres de l’étangTer Coigne, je me souviens encorede l’endroit, c’était en contrebas dela ferme VAn CuTSem, bâtiment quia été démoli le 4 octobre 1982. Lestrois personnages étaient tous habi-tants de la ferme Ter Coigne.monument classé du 16e siècle !Bâtiment aujourd’hui en ruines, en2008. J’ai été son dernier habitant,lieu que j’ai quitté en 1977.

Ses premiers habitants étaientparaît-il la famille DAneeLS.Depuis longtemps, la ferme étaitpartagée en cinq habitations. Sur laphoto sont réunis trois de sesanciens occupants, tous habitantsde ce quartier connu comme leQuartier Ter Coigne.

A droite sur la photo :Armand DI mArTIneLLI, moi-même, né au n°5 rue de laBifurcation le 25.08.1937, le plusjeune d’une famille de cinq enfants,3 filles et 2 garçons. né dans cetteferme Ter Coigne, je l’ai quittée enmars 1977 pour pouvoir achever sarestauration qui avait commencé auprintemps de l’année 1974. monpère était militaire de carrièrecaserné à etterbeek.

Après mon mariage en 1960,mes parents sont retournés dans lamaison qu’ils possédaient à Zichemprès de montaigu (Brabant

Flamand), mon père étant pension-né. C’est ainsi qu’après mon maria-ge, j’habitais toujours ma maisonnatale. J’étais le dernier habitant,avec ma famille, ma femme et monfils.

Depuis mon départ, plus rienn’a été fait pour sauver cette fermehistorique. Actuellement elle est àl’état de ruine. La ferme avait été,je crois, rachetée par la Communeen 1969, 1970. Après trois annéesde travaux d’une restauration par-tielle, le chantier a été abandonné àla fin de 1976. Depuis c’est la ruinetotale. Après plus de trente ans d’a-bandon par la commune, la fermeTer Coigne a été mise en ventepublique le 8 novembre 2006 et

vendue pour la somme de 440.000euros. Les nouveaux propriétairessont des habitants d’etterbeek.

Le personnage au milieu de laphoto est André SmeTS, né au n°1de la ferme, en 1939 à la maternitéd’Ixelles. À cette époque, la fermeTer Coigne accueillait cinq locatai-res. Le père d’André était fermier,et cela jusqu’en 1950. Il cultivaitdes légumes de saison. Il avait plu-sieurs champs dispersés un peu par-tout : avenue de Beaulieu, boule-vard des Invalides et aussi au Chantd’oiseau, le tout sur la communed’Auderghem. Comme en 1950tous ses champs étaient devenusdes terrains à bâtir, il ne pouvaitplus vivre du travail de la terre. Il atravaillé comme homme à toutfaire à l’école des sœurs, rue de l’É-glise St Julien à Auderghem.

A gauche : Achille De

meSSemACKer, également né en1939 à la maternité d’Ixelles. Lui,habitait au n°86 rue du Brillant, à10 mètres de la ferme. Le père

regards nostalgiques sur un quartier.

Souvenirs à propos d’une

ancienne photographie

Par armand di marTinelli

Achille De meSSemACKer, André SmeTS et Armand DI mArTIneLLI

(de gauche à droite)

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d’Achille, quant à lui, travaillaitcomme barman au night club del’époque, le Bœuf sur le Toit,depuis longtemps disparu. etanttous trois d’à peu près du mêmeâge, nous étions inséparables.

Tous trois nous avons fré-quenté la même école, Saint-Adrien à Ixelles. Achille a fait sesétudes en français malgré le faitque ses parents étaient néerlando-phones.

Après six années d’études àSaint Adrien (c’étaient encore lesfrères maristes et quelques maîtresd’école à cette époque), j’ai faittrois ans à l’Athénée d’Auder-ghem, au coin de la chaussée deWavre et du boulevard duSouverain (un bâtiment qui a égale-ment disparu depuis longtemps, quia ensuite été remplacé par unbureau de travail intérimaire).

Je crois qu’André a égalementfait quelques années à l’Athénéed’Auderghem, mais je n’en suis passûr. Achille quant à lui a fait quelquesannées à l’école des Arts et métiers

comme futur électricien.Pour ma part, j’ai fait quel-

ques petits boulots par-ci, par-là,quand, en 1954, j’ai pu rentrercomme facteur au bureau de postede Watermael-Boitsfort. J’ai prati-

qué ce métier pendant 42 ans. Jeme souviens encore de cette épo-que où les facteurs portaient encorele courrier le dimanche matin, c’é-tait 7 jours sur 7, hiver comme été.La journée commençait à 6 heuresdu matin. La tournée du dimanchea été supprimée en 1967, puis celledu samedi quelques années après.

Je me souviens, au début quej’ai commencé ce métier, chaquefacteur était obligé d’habiter à 6 kmmaximum du bureau de poste.notre commune comptait à l’épo-que une quarantaine de facteurs.Cette obligation de résidence s’estassouplie, actuellement le facteurpeut habiter n’importe où enBelgique.

Achille s’est rendu compteque les études d’électricien ne luiconvenaient pas du tout et il a éga-lement commencé comme facteurau bureau de poste de Watermael-Boitsfort en 1957. et c’est ainsi quenous nous sommes retrouvéscomme deux inséparables sur le

Chroniques de Watermael-Boitsfort page 7

Le ferme VAn CuTSem (à gauche, détruite) et la ferme Ter Coigne. Surla droite à l’avant-plan, les échafaudages du chantier de la résidence

Tercoigne en construction. À l’arrière, on distingue le talus du chemin de ferPhotographie 1973, A. DI mArTIneLLI

Vue prise du talus de chemin de fer. Sur la gauche, l’avenueCharles michiels ; à droite, les immeubles n°85 et 86 (détruits). La fermeTer Coigne se devine à l’arrière. Au fond se profilent les villas de l’ave-

nue de Tercoigne Photographie 1968, A. DI mArTIneLLI

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« Je m’appelle Anna PonSArT,veuve de Anatole ArnouS. Je suisnée à maissin en Ardenne, près deredu. Je suis venue à Bruxelles en1943 chercher du travail, enArdenne il n’y en avait pas. »

« J’ai rencontré mon mari en1943 ; nous nous sommes mariésen 1946. »

« Il commençait son entre-prise de puisatier. Il avait un frère,henri, auquel il a proposé de tra-vailler ensemble, mais il a refusé.Il a donc commencé tout seul avecun ouvrier. Lorsque l’entreprise àcommencé à marcher, son frère l’arejoint, mais il restait le patron. Acette époque nous habitions 41 ruede la herse, où nous avons vécupendant 6 ans.

Son père était déjà puisatier,mais lui creusait des puits. Il tra-vaillait avec des ouvriers flamandsqu’il hébergeait. Il habitait rue durelais dans une des petites maisonsqui ont été détruites. »

« Dans son entreprise, mon

mari ne faisait que des raccorde-ments d’égouts. Il a eu jusque vingtouvriers ou plus et une bonnesecrétaire. Pour commencer, il aracheté un camion de l’armée à la

fin de la guerre, en 1946. A sa mort,l’entreprise a été reprise par monfils Jean-Pierre, décédé en 1992.mon petit-fils a continué, mais iln’avait que 20 ans au décès de sonpère. Trop jeune, l’entreprise n’aplus duré longtemps, elle a étédéclarée en faillite.

Il y a 2, 3 ans, il a recom-mencé dans une nouvelle entrepri-se pour le débouchage d’égouts.L’entreprise « deBouChTouT »sPrl à ohain. »

« on était installé avenue deVisé. on a acheté un premier ter-rain à Bertot, le hangar abritaitautrefois une scierie. on a rachetéensuite le terrain à côté où se trou-ve actuellement le restaurant le

CraBe FanTôme. »« Là, il y avait tous des kots

où ils entreposaient du charbon.Ils vendaient aussi des tuyaux etdes matériaux. nous les avonstransformés en box à voitures. »

« L’entreprise travaillaitpour les communes. nous avionsla ville de Bruxelles, Ixelles,Saint-Gilles aussi. on était adjudi-cataires agréés. A Boitsfort ils n’a-vaient pas d’entrepeneur attitré. »

« Anatole ArnouS a étéconseiller communal pendant sixans ; il a été président de la CPASpendant deux ans. »

Chroniques de Watermael-Boitsfort page 8

même lieu de travail ! hélas, en1985, il décéda d’un cancer de lapeau à l’âge de 46 ans, laissantderrière lui une femme et une fille.

André, lui, a commencé

comme ouvrier communal deWatermael-Boitsfort après son ser-vice militaire. marié, il est père dedeux filles.

Si j’ai écrit tout ceci, c’est

pour rappeler que, tous les trois,nous avons fait carrière dans lacommune de notre enfance.

Février 2008

Anatole Arnous (°10.1912 - +11.1973),entrepreneur et mécène.

documents et témoignage

Publicité dans l’annuaire commu-nal 1968 - 1969

Le 2/5/1950, une autorisa-tion est accordée à Anatole ArnouS(rue de la herse, 41) pour aménagerau n°13 de l’avenue du Bois de LaCambre, un garage pour 6 à 10véhicules, un atelier de fabricationde tuyaux en béton pour puits,l’installation d’un moteur électri-que de 1 1/2 hP et d’une presse àmain pour la fabrication de briquesen béton.

Archives urbanisme de W-B,registre des Commodo Incommodo

Anatole ARnouS (à gauche) etRaoul WiARd (Échevin des

Travaux publics) au départ d’unecourse cycliste

Photographie des années 1960

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La passion du cyclisme.

« mon mari est né avec un vélodans le ventre. Quand nous noussommes mariés il faisait des cour-ses lui-même. Plus tard il a prati-qué du cyclotourisme. Quand monfils a commencé à rouler en vélo à12 ans, tous les gamins venaientchez nous, c’étaient des réunionschez nous. Tous les dimanchesmatins on allait faire une randon-née en vélo. C’était du tourisme.nous participions à certainescourses avec le club dans desvillages. mon fils était le plusrapide, il était sprinter. »

« un des camarades de monfils a commencé à participer à unecourse de vélo, où il a été cinquiè-me! Alors Jean-Pierre s’est dit sitoi tu es cinquième, alors moiaussi je vais participer à des cour-ses. »

« Il a gagné plusieurs cour-ses. A Schaerbeek il y avait unvélodrome, mon fils allait y rou-ler. L’année avant sa fermeture,c’est lui qui a gagné. »

« mon mari organisait leBruxelles-Paris-Bruxelles touris-te. Il y avait des hollandais quivenaient, au moins une dizaine. Ilsarrivaient la veille et dormaient

sur de la paille qu’on répandait surle sol dans le garage. Pour cettecourse ils étaient nombreux, peut-être une centaine. Tous les clubsvenaient. »

« Il y avait plusieurs clubs,

je me souviens du Basilique. Pouravoir de l’argent dans les clubs, onorganisait un bal en hiver. »Témoignage enregistré à Watermael le28.01.2008, photographies collectionde son neveu Patrick VAn hAVen.

Chroniques de Watermael-Boitsfort page 9

Le départ de la course cycliste Bruxelles-Paris-Bruxelles du GuidonTourisTe BoiTsForTois place des Arcades en juillet 1961

Photographie

Les ateliers de l’entreprise Anatole ArnouS avenue de Visé. récemment démo-lis, le bâtiment a laissé la place à la construction d’un ensemble de maisons

Photographie non datée

Anatole Arnous entrepreneur

Conseiller et Président de la C.A.P. de

Watermael-Boitsfort.

membre de la Commission

Administrative de la r.L.V.B.

membre du Comité Directeur de la

Section Brabançonne de la r.L.V.B.

Délégué provincial de la Commission

touristique du Brabant de la r.L.V.B.

Président du « Guidon Boitsfortois » et

du Quartier « Les Amis du Viaduc »

notice nécrologique parue dans le soir

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L’exposition "de la ville etses plaisantes campagnesregards sur Bruxelles et ses

environs au 18e siècle " qui s’esttenue cet hiver à l’hôtel de ville deBruxelles, nous a donné l’occasiond’admirer des dessins et des pein-tures de deux paysagistes bruxel-lois, Andreas mArTIn etFerdinand-Joseph DeronS.

Trois dessins de F-J DeronS

méritent particulièrement l’atten-tion des Boitsfortois :

- un dessin de 1727 du châ-teau reconstruit sur ordre duGouverneur maximilien-Émma-

nuel de Bavière en 1699;- deux dessins de 1752 "het

casteel van Boitsfort", reproduit iciet "het casteel van mijn heerFlaula" qui, sous ce nom fantaisis-te, est en réalité une maison decampagne du comte DurAS, mas-quée aujourd’hui sous les traits de"Castel Fleuri".

Quelles que soient sesimperfections, "het casteel vanBoitsfort" offre un panorama inté-ressant qui s’étend – pour utiliserdes points de repère actuels – de laplace Andrée Payfa à la chausséede La hulpe et à l’étang du moulin

et, si l’on suit l’autre diagonale, dela drève de Welriekende à la drèvedu Duc dont on aperçoit les pre-miers arbres dans le coin inférieurdroit.

La maison haute, construitevers 1683 par michel deCAFmeyer – in sijn leven jagher teperdt – est le seul vestige de cetteglorieuse époque, identifié par F-JDeronS. elle figure en regard de lachapelle castrale reconstruite en1723.

Cette chapelle sera détruitevers 1840 et fera place à une mai-son de plaisance construite à lademande de madame Le hArDy

De BeAuLIeu, née marieVerhAeGen, fille de Pierre-Théodore VerhAeGen, deuxièmebourgmestre de la commune deWatermael-Boitsfort et fondateurde l’uLB.

La « Villa » deviendra ulté-

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du casteel van Boitsfort au Pavillon de Bouchefort

Jean-marie niColas

Panorama de Boitsfort en 1752F-J Derons 1752 « het casteel van Boitsfort »

Archives d’Arenberg, enghien, 26 CIV n.4 (vue partielle)

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rieurement maison communale etsera agrandie, notamment en1904, par l’architecte ernestBLeroT.

A droite du château, onaperçoit un chemin arboré qui suitle tracé de l’actuelle ruemiddelbourg après rectificationdu cours de la Woluwe et drainagedes terrains marécageux opérésvers 1723.

A gauche de ce chemin, onpeut repérer Jolymont où le peintreJacques D’ArThoIS avait une mai-son de campagne qui aurait brûléen 1721. Le chemin rejoint ensui-te la chaussée de La hulpe à hau-teur du moulin de Boitsfort quel’on aperçoit en aval dumolenvijver.

Dans un coude, on aperçoitun autre chemin arboré qui filevers le Jagersveld et lehondenberg où figure une grangeimposante que F-J DeronS identi-fie par « het hondecot », ce quicoïncide vraisemblablement avec« de lakenschuer » où était entre-posé le matériel de la vénerie uti-lisé lors des chasses aux toiles.

Au bas, à droite, débute ladrève du Duc (en d’autres mots,une allée carrossable bordée d’ar-bres, selon un “belgicisme” de1586) tracée au cordeau en 1698,sur ordre du duc mAxImILIen-emmAnueL De BAVIère qui voulutainsi joindre la vénerie à la chaus-sée wallonne (ancienne route denamur et de Charleroi).

* *Bref portrait d’un Duc de BavièreGouverneur des Pays-Basespagnols de 1692 à 1706

Ce prince que Frans VAn

KALKen qualifie de « généreux,vaillant, bien intentionné mais fri-vole » naquit à munich en 1662. Ilappartient à la maison deWittelsbach. Il devient, au décès

de son père, en 1679, electeur deBavière. A côté des hABSBourG, ilmène la guerre contre les Turcs etemporte le siège de Budapest en1688. Il adhère à la Ligued’Augsbourg (1689-1697), coali-tion formée pour combattre lesprétentions de Louis xIV.

en 1692, il est nomméGouverneur des Pays-Bas espa-gnols. Il connaît la prise de namurpar les Français (1692) et le bom-bardement de Bruxelles en 1695par le maréchal De VILLeroy. Lapaix revenue, il ordonne la recons-truction dès 1696de la Grand-Placede Bruxelles dansle style que l’onadmire encorea jou rd ’hu i .LesBruxellois témoi-gneront leurreconnaissance enlui érigeant unestatue équestre ausommet d’unemaison de laG r a n d - P l a c e ,l’Arbre d’or, sta-tue sous laquelle onpouvait lire duXBavier BruXel-

lensum salus si l’on en croitun dessin de F-J DeronS.malheureusement la pierre étaitde mauvaise qualité et la statue sedélita peu d’années après. elle futremplacée en 1752 par une statueéquestre de Charles de Lorrainequi domine encore la Grand-Place.

Pour mesurer l’influencedes WITTeLSBACh on notera que,durant les Temps modernes, cinqducs de Bavière ont été élusPrinces-evêques de Liège : parmieux, Joseph-Clément de Bavièreen 1694, et JeAn-ThÉoDore De

BAVIère en 1744. Ils sont, respec-tivement, frère et fils duGouverneur mAxImILIen-emmAnueL.

Lors de la Guerre deSuccession d’espagne (1701),celui-ci prend le parti de LouisxIV dans l’espoir de supplanterles hABSBourG lors de l’électionau trône du Saint empire romain-Germanique. hélas, le sort desBavarois sera lié à celui desFrançais dans les défaites deBlenheim (1704) et ramilliesinfligées par mALBorouGh. LeGouvernement sera déchu en

maximilien II emmanuel deBavière

F-J DeronS 1729 « van aen den hoeck van dehoeymaeckersstraat tot aen den hoeck van de

stersstraedt op de groote meert »

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1706 et se réfugiera à la Cour deFrance.

Cette disgrâce entraîne la ruined’un projet imaginé par le Duc

pour Boitsfort.

Le pavillon de « BouChEfoRT »Architecte en vogue,

BoFFrAnD est le créateur de nom-breux hôtels parisiens et du châ-teau de Lunéville. Vers 1704,mAxImILIen-emmA-nueL fait saconnaissance grâce à sa maîtresseAgnès LeLouChIer, devenue com-tesse d’Arco par mariage.Boffrand note dans son livre d’ar-chitecture que « son altesseelectorale avoit dans le village deBouchefort (sic) une maison deChasse qui étoit trop petite : ilrésolut d’en faire une plus grandeet plus commode. elle fut placedans la forêt de sogne (sic) audessus du village ». Quelle suitesera réservée aux plans dressés parBoffrand ? Les opinions sontdiverses : selon les uns, les projetsn’ont été suivis d’aucune réalisa-tion et ont été simplement publiésdans l’ouvrage précité, selon lesautres, les terrassements et lesfondations furent entrepris à l’en-trée de la drève de Welriekende.

BoFFrAnD note simplementdans son Livre d’Architecture : «Cette maison a été commncée parson altesse électorale ; mais sonvoyage en France, quelque tempsaprès, en fit discontinuer l’exécu-tion ».

en 1711, les territoires deLuxembourg et de namur (en cecompris la place-forte deCharleroi) ainsi que la ville denieuport, encore aux mains dePhILIPPe V, sont cédés àmAxImILIen-emmAnueL. Grâce autraité d’utrecht, il récupèrera sonDuché de Bavière. Il rentrera àmunich en 1715 et y décèdera en1726.

*     *     *

Le pavillon de « Bouchefort

BoFFrAnD Gabriel Germain (1667-1754) « livre d’arhitecturecontenant les principes généraux de cet art et les plans, élévations et pro-fils de quelques-uns des bâtiments faits en France et dans les pays étran-gers, par le sieur Boffrand, architecte du roy et son académie royale d’ar-chitecture ». Paris, Guillaume Cavalier père, 1745, pl II –

Bruxelles, Br, réserve précieuse, CL 15543, I LP.

Boitsfort La maison haute

Carte postale 1900 ; nels. Bruxelles, Série 11 n°. 728.Collection Ghislaine BoVI

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Au cours de nos recherchessur l’histoire du quartierde La Futaie nous avons

relevé cette histoire anecdotique,trouvée dans les archives duService de l’urbanisme de notreCommune, qui en dit long sur lafrénésie immobilière qui s’empa-rait de certains investisseurs. Cettepéripétie concerne un projetimmobilier qui a été introduit lors-que l’avenue du Cor de Chasse aété prolongée jusqu’à la chausséede La hulpe. Ce dossier concernel’immeuble au coin des avenuesdu Cor de Chasse et des Criquets,les n° 31 et 33, actuellement occu-pé par la boulangerie-pâtisserieSerLIPPenS.

Depuis sa création en 1894,l’histoire de l’aménagement decette avenue s’est déroulée en plu-sieurs étapes. réalisation de lasociété immobilière la ProPriéTé

Par l’éParGne, le projet de lotisse-ment de ce quartier comprenaitégalement l’aménagement simul-tané de la rue des Archives et del’avenue des Campanules. Dansce cas-ci aussi on assiste à l’amé-nagement progressif de la voirieen fonction de nouvelles opéra-tions immobilières, principale-ment dans l’ancienne propriétéFonTAIne. Cette propriété a, eneffet jusqu’en 1934, limité l’ex-tension de cette rue vers le sud, endirection de la chaussée de Lahulpe. La rue s’arrêtait à une haie

qui limitait la propriété FonTAIne

Cette extension a été réalisée enmême temps que la création del’avenue des Criquets dont le tracécorrespond approximativement àla limite septentrionale de cettepropriété.

L’extension de l’avenue aété réalisée en 1934. Le promoteurdont il est question ici avait intro-duit une demande de bâtisse Dansune note pour le Conseil commu-

nal du 6-4-1934, on apprend qu’ «il y a quelques jours, notreadministration fut saisie d’unedemande tendant à obtenir l’auto-risation de construire 10 bâti-ments à front de l’avenue du Corde Chasse prolongée. l’empla-cement des bâtisses tient comptede la modification sollicitée dansles alignements, c.à-d. que la rueà créer entre le Cor de Chasse etla rue des archives est rejetée de11 mètres vers le nord, réduisantà 25 mètres la profondeur des ter-rains à bâtir le long de cette voiepublique. » Cette proposition a étéadoptée à l’unanimité.

Le premier investisseur àconstruire dans ce secteur, un cer-tain F. ThonArD, a eu des ambi-tions qui ont largement surpasséses ressources financières, les

Petite histoire d’un quartier

en devenir

Jean-Jacques van mol

Le plan de l’architecte Jean SToRCk de Bruxelles pour l’immeublede coin du futur carrefour

Archives urbanisme de Watermael-Boitsfort

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emprunts hypothécaires n’ont passuivi ! Son projet ambitieux envi-sageait la construction de dix mai-sons sur les plans de l’architecteJean STorCK de Bruxelles, dontl’immeuble à l’angle de l’avenuedes Criquets à créer, de l’autrecôté du carrefour en voie d’amé-nagement. Sa demande de permisest datée du 16 mars 1934. unelettre de l’administration commu-nale nous apprend : « … vous avezété autorisé à construire dix mai-sons sur vos terrains avenue duCor de Chasse. Cette autorisationa été modifiée le 16 juillet 1935 etne concernait plus que la cons-truction de trois maisons. or il aété constaté que l’immeuble érigéà l’angle de l’avenue du Cor deChasse et de l’avenue desCriquets, n’a pas été construit sui-vant les indications des plansannexés à l’autorisation debâtir… ». en effet, le plan de l’ar-chitecte, reproduit ici, prévoyaitune tour rectangulaire au coin desrues qui aurait donné une certaineampleur à cet immeuble dont lerez-de-chaussée était aménagé ensalle de café. Ces locaux ontensuite été utilisés par une boulan-gerie qui existe toujours.

Le promoteur indélicat étaiten litige avec un de ses ouvriers,A. VoLonT, victime d’un accidentde travail sur le chantier. Ce der-nier, domicilié 168 avenue desCoccinelles, adressait au bourg-mestre cette lettre, datée du 30mai 1934, que nous reproduisonstextuellement ici. elle en dit longsur les conditions de travail sur unchantier à l’époque : « Très auregret de vous écrire ma situationà Boitsfort, veuillez avoir la bonneobligeance de faire tout votre pos-sible pour me sauver de cettesituation. venant de liège le 6

mars avec monsieur ThonardFrançois mon patron-veuf, chaus-sée de Boitsfort 168 pour y fairedes bâtiments villa sur les terrainsde monsieur haegmans proprié-taire demeurant 280 avenueBrugman. dans cette affaire jesuis compris comme menuisierpayé à l’heure. un arrangement aété pris avec messieurs Thonardet haegmans qu’on ferait desvillas avenue Cor de Chasse et illui a fait option pour terrain pen-dant un terme de 9 mois, il croyaitobtenir une hypothèque de150.000fr pour payer ses terrainsmais cela n’arrive pas et les tra-vaux sont arrêtés. nous étions 5ouvriers, les quinzaines ne sontpas payées naturellement auPrudhomme, et cela suit soncours. moi, le 5 mai dernier jourque l’on a travaillé, je tombe enbas du bâtiment et je croque lepied droit. C’est le docteurBernard qui me soigne encore tou-jours. quand j’ai parlé de l’assu-rance à monsieur Thonard, il medit on va arranger cela. mais

après 20 jours j’ai été déclarermon accident à l’inspecteur dutravail, et voilà la catastrophe quis’enchaîne, il va avoir une amen-de et ce qui s’en suit pour ne pasavoir fait formalité, et vous com-prenez depuis quelques jours quelenfer dans la maison. nouslogeons pour rien, c’est la maisondu propriétaire. monsieurThonard m’envoie une lettrerecommandée que je dois quitterles lieux le 1er juin. J’écris aupropriétaire, il m’a accordé jus-qu’au 15, mais je ne sais quelmoyen je ferais pour partir desinsultes tous les jours, j’avaisquelques meubles qui était en bason a voulu les mettre à la porte,ma femme les a mis elle même etainsi de suite. J’ai été à laCommune, j’ai vu que vous m’a-vez signé 2 feuilles pour le prodeo.Je vous en remercie beaucoup. Jeles ai envoyés à liège au receveurcontrôleur contributions, et pouren finir je vous demande si ceserait possible que vous me don-nez une chambre pour 1 mois, je

À l’angle des avenues des Criquets et du Cor de Chasse, le bâtiment dansson état actuel

Photographie Jean-Jacques VAn moL, juillet 2007

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passe demain à la radiographie pour mon pied je nesais pas encore bien marcher. Je crois bien que cela

ne durera plus longtemps avant que je toucherai del’argent. J’ai une quinzaine à toucher…. »

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En étroite concertation avec l’eSPACe mÉmoIre, hISCI-WAB collabore à un projet d’inventaire des cartes posta-les qui ont été publiées sur notre commune. Ce program-me regroupe déjà un certain nombre de collectionneurs,l’élaboration d’un catalogue raisonné est en cours.L’objectif poursuivi est de publier des monographies thé-matiques abondamment illustrées ainsi qu’un catalogue.un appel est lancé à tous les amateurs, à toute participa-tion

À titre d’exemple, un thème parmi d’autres, les villas : àla fin du x1xe siècle et au début du xxe, notre commu-ne a été un territoire de prédilection pour les bâtisseurs dechâteaux et autres résidences de campagne. Certaines de

ces constructions, qui rivalisaient de luxe et d’imagina-tion ostentatoire, ont été démolies au cours de lotisse-ments des grandes propriétés sur lesquelles elles avaientété édifiées. À une époque où la carte postale rendait lesservices offerts par le téléphone d’aujourd’hui, de nom-breux propriétaires des ces palaces ont édité de telles sor-tes de “cartes de visite”. Ces documents revêtent donc unintérêt particulier dans la mesure où ils constituent lesseules sources documentaires sur leur existence. Souventles seules indications qui sont imprimées sur ces cartessont le nom du propriétaire et/ou le nom de la “villa”.nous vous proposons donc de servir de boite aux lettrespour rassembler de telles informations que certains denos lecteurs connaissent.

un projet de catalographiedes cartes postales de notre commune

À titre d’exemple, voici trois documents qui m’ont étéaimablement communiqués par madame AndréehoTyAT. Ce sont des photographies, épreuves d’impri-merie, en vue d’une publication.

Par ailleurs, robert GArTenBerG possède une cartepostale, éditée par Desaix qui a circulé en 1922. ellereproduit l’illustration ci-contre. Sur cette carte postale, lamention rue de la Futaie à Boitsfort est imprimée. Letexte au verso est reproduit à la page suivante.

Cette rue de la Futaie n’existe plus. De plus, à notreconnaissance, il n’a jamais existé une telle rue dans notrecommune. Seul existe un “Clos de la Futaie” sur le terri-toire de Bruxelles à proximité du quartier du même nom.D’anciens habitants du Dries m’ont dit que cette rue cor-respond à l’avenue du Pérou, sur Bruxelles.

Qui peut nous fournir des informations complémen-taires sur cette entreprise ?

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Une publication de HISCIWAB

président : Jean-Jacques VAN Mol

avenue Marie Clotilde n°6 - 1170 Bruxelles

[email protected]

Secrétaire-trésorier : Jean-Pierre

CArPeNtIer - 42 avenue des Noisetiers -

1170 Bruxelles [email protected]

Cotisation annuelle : 10 Euros

à verser au compte n°068-2113463-54

Dépôt légal : BD 48699

Publié avec le concours

de la Commission communautaire française

du Ministère de la Communauté française

Wallonie-Bruxelles

et de la Commune de Watermael-Boitsfort

En collaboration avec l’espace Mémoire

Prix de vente à l’exemplaire

3,5 Euros

une collaboration hISCIWAB – Culture & TourismeWatermael-Boitsfort :

Excursion d’une journée en Entre-Sambre-et-meuse ledimanche 25 mai 2008.

Prototype du village sans histoire, Treignes aurait traversé notreépoque en étant connu des seuls lecteurs d’Arthur masson si unevéritable fièvre muséologique ne s’en était emparé suite à l’ins-tallation du Centre d’étude du milieu de l’université Libre deBruxelles. nous visiterons l’espace Arthur masson, le musée dumalgré Tout, musée d’archéologie locale abritant entre autres desexpositions temporaires (cette année-ci : consacrée à l’île dePâques), le musée de la Vie et des technologies rurales (écomu-sée), dont l’exposition temporaire cette année est consacrée à lafabrication du charbon de bois et aux sorcières, mythe ou réalité,et un site archéologique remarquablement mis en valeur : unevilla romaine.

L’excursion sera accompagnée par votre président, Jean-JacquesVAn moL, qui a dirigé le laboratoire treignois pendant 30 ans etqui est le créateur de l’écomusée. Le parcours bénéficiera de sescommentaires et de ses explications.

Départ à 8h30 (place Keym, arrêt du bus 95) PAF : 59,35 euros(repas compris).

réservations : 02/6735255 ou www.ctwb.com - Paiement aucompte 961-1828544-89 à 1170 Bruxelles. Verser 10euros d’a-compte par personne inscrite pour confirmation et, si c’est votrepremière participation à une excursion du CTWB en 2008, ajou-tez 3 euros pour frais administratifs.

Texte au verso de la carte postale dont question page 15

noS PuBLiCATionS

A l’occasion de la commémorationdu 75e anniversaire de l’école de LaFutaie, un numéro hors-série desChroniques, rédigé par Jean-Pierrehuts, sera consacré à cet événe-ment. on pourra se le procurer àl’exposition qui se déroulera dansles locaux de cette école du 13 au16 mai 2008.

nous vous rappelons nos publica-tions toujours disponibles au secré-tariat :Les Chroniques n°1 et 2 de 2007Les Chroniques n°3 de janvier 2008

et

l’académie de musique deWatermael-Boitsfort, un centenaire.

10 eurosle quartier de la gare à Watermael.

25 euros

soit disponibles au secrétariat, soit dans les librairies de W-B.

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