Cinéma Et DVD • Afficher Le Sujet - Dracula, Et Autres Suceurs de Sang

7/25/2019 Cinéma Et DVD • Afficher Le Sujet - Dracula, Et Autres Suceurs de Sang.

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Dracula, et autres suceurs de

sang...par Metal Rider » 30 Jan

05, 15:03

http://romaindesbiens.over‐blog.com/article‐

dracula‐et‐autres‐vampires‐‐38886762.html

Depuis 1897, année de publication du roman deBram Stoker, le mythe de Dracula semble s'être aussicoagulé dans notre imaginaire collectif ; le cinéman'en finit pas de nous faire subir ses coups de sang.De tous les personnages issus de la littérature, le

comte Dracula est assurément celui qui a le plusstimulé l'imagination des scénaristes et des metteursen scène. Exposé sur les écrans dès les premiersfilms, le comte a fait son apparition dans un nombreconsidérable d'œuvres de valeur et d'intensitéinégales, où le chef d'œuvre côtoie le nanar le plusringard. Cette fascination durable pour lepersonnage s'explique sans doute par le phénomèneambigu d'attraction et de répulsion qu'il exerce surl'inconscient collectif. Mêlant terreur extrême etérotisme latent, Dracula a certes connu des fortunesdiverses dans le 7ème Art, et qui sait, peut‐être queson heure de gloire cinématographique est derrièrelui ?

Si le mythe puise ses origines dans des racineshistoriques et légendaires un peu partout dans lemonde et notamment en Roumanie, c'est avec leclassique de la littérature fantastique par Bram

http://romaindesbiens.over-blog.com/article-dracula-et-autres-vampires--38886762.html


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Stoker que tout a véritablement commencé. Adaptésur la scène théâtrale londonienne, il faudraattendre 1922 et Nosferatu, chef‐d'œuvreincontournable de Friedrich Wilhelm Murnau, pourconnaître la première véritable adaptationcinématographique digne de ce nom. Nosferatu,ne Symphonie de l'Horreur , n'est pourtant qu'une

version détournée et inavouée du roman de Stoker,

dans la mesure où pour de sordides questions dedroits d'adaptation, Murnau est contraint de changertous les noms des personnages et les lieux. Cesmodifications ne suffisent pas à apaiser la colère deFlorence Stoker, la veuve de l'écrivain mort en 1912,et un tribunal britannique ordonnera que toutes lescopies et le négatif soient brûlés. Cette sanction estfort heureusement jamais appliquée. Interprété par

ax Schreck, un artiste de music hall qui se voitaffublé d'un maquillage outrancier assez fidèle aux

descriptions du roman originel, Nosferatu estassurément un classique du cinéma fantastique.Suivant fidèlement la trame narrative du roman, lefilm est un symbole parfait de la célèbre écoleexpressionniste allemande qui accorde une placeprépondérante aux décors et à l'atmosphère depourrissement. On a ainsi encore en mémoire lasilhouette du "non mort" aux canines proéminentes,aux oreilles pointues et aux ongles démesurémentlongs, se profilant dans l'encadrement d'une fenêtreou sur le pont d'un navire en perdition.

Nosferatu, une Symphonie de l'Horreur (F.W. Murnau)





Émanation onirique d'un septième art encorebalbutiant, Nosferatu marque pendant longtempsl'imaginaire des cinéastes mais aussi de bon nombred'artistes. À tel point d'ailleurs que, cinquante ansplus tard, deux metteurs en scènes en ont tiré unremake et une suite. Le premier, Nosferatu,

antôme de la Nuit de Werner Herzog (1979), estune copie de l'original interprétée par Klaus Kinski,

Isabelle Adjani, Bruno Ganz et Roland Topor ; quantau second, Nosferatu à Venise, tourné en 1987 parl'italien Augusto Camitino et toujours interprété parKlaus Kinski et Donald Pleasence, sombre carrémentdans le grotesque le plus achevé.

Si le Nosferatu de Murnau avait marqué d'unemanière aussi détournée que magnifique l'irruptiondu compte vampire à l'écran, il faut attendre lesannées 30 et 40 pour voir apparaître les véritablesadaptations officielles de l'œuvre de Bram Stoker,des films plus ou moins fidèles à l'esprit de l'œuvreoriginale, et qui vont enfin permettre au mythe deprendre son envol populaire. Adapté d'abord sur lesplanches de la scène londonienne, unereprésentation new‐yorkaise a lieu avec dans le rôle‐titre un acteur d'origine hongroise du nom de Bela

Blasko, plus connu sous le nom de Bela Lugosi...Lorsqu'en 1930 on demande à Tod Browningd'adapter la pièce de théâtre au cinéma (après ledécès de Lon Chaney originellement choisi), c'est àBela Lugosi qu'échoue tout naturellement le rôle.Suivant à la lettre l'intrigue de la pièce d'HamiltonDeane, cette première version ciné officielle deDracula aujourd'hui démodée a un charme kitschindéniable. Assez statique et assez lent, le film,intitulé tout simplement Dracula (sorti en 1931),

vaut surtout pour quelques séquences anthologiquesdont la plus célèbre est celle de l'arrivée du comteentouré de ses trois épouses dans un décor sinistreoù grouillent des rats.





Dracula (Tod Browning)

Le jeu de Lugosi, acteur de théâtre avant tout, estassez caricatural et outrancier. La créature est elle‐même dépourvue des célèbres canines qui sont samarque distinctives, et sa mort par le pieu est,censure de l'époque oblige, plus suggérée quemontrée. Mais le film connaît un énorme succès

populaire et Browning est contraint par la Universalde tourner un avatar, La Marque du Vampire(1935)dans lequel Bela Lugosi devient le comte Mora, fauxvampire flanqué de sa compagne Luna. En dépit deson explication rationnelle finale, La Marque duVampire possède quelques très belles séquences (lacomédienne errant dans un cimetière accompagnéepar une chauve souris) qui en font encore aujourd'huiun film culte auprès de nombreux amateurs dugenre.





Vampyr, ou l'Étrange Aventure de David Gray (CarlTheodor Dreyer)

Commandité par le baron Nicolas de Gunzburg, qui yinterprète aussi le rôle principal sous le pseudonymede Julian West, Vampyr, ou l'Étrange Aventure de

avid Gray (1932), premier film parlant du danoisCarl Theodor Dreyer, est une adaptation plutôt libre

de deux nouvelles de Joseph Sheridan Le Fanu quenous évoquerons à nouveau plus tard. Contribuant ausuccès du mythe du vampire dix ansaprès Nosferatuet un an après le Dracula deBrowning, ce film fantastique hanté suit le parcoursd'un chasseur de phénomènes paranormaux, le DavidGray du titre, qui croise vampires et revenants aumilieu de décors sinistres, dans une atmosphèregénialement lugubre.

yant peur d'être cantonné dans un rôle quelque peu

envahissant, Bela Lugosi refuse de jouer dans Laille de Dracula (1936) de Lambert Hillyer,

adaptation superficielle de L'Invité de Dracula, unecourte nouvelle de Bram Stoker que l'on peut trouveren préface du roman. Doté lui aussi de quelquesbelles séquences (la mort du comte sur un bûcherfunéraire dans une forêt), ce film quelque peunégligé, marque déjà une évolution par rapport àses prédécesseurs dans les relations ambiguësentretenues entre la fille du vampire et une jeune

fille devenue sa protégée.

e fils de Dracula (1943), de Robert Siodmak, estun titre trompeur, car Siodmak nous fait bel et bienassister aux exploits du comte en personne qui,





ressuscité dans les eaux d'un lac, jette son dévolu surla jeune et riche héritière d'une plantation deLouisiane. Cette localisation "exotique" dans le Suddes États‐Unis sera reprise un demi‐siècle plus tarddans les romans d'Ann Rice et notamment sondésormais classique Entretien avec un Vampiredontnous reparlerons plus tard. Interprété par LonChaney Jr, Le fils de Dracula ne fera quant à lui pas

date dans l'histoire du vampirismecinématographique, tout comme les nombreusesséries B qui suivront au cours des années 40, avecdes titres aussi évocateurs que The Vampire

at,The Devil Bat, ou Le Vampire Créature duiableavec... Bela Lugosi dans le rôle d'un vampire.

Devenu un drogué notoire, Lugosi tourne ensuitedans une série de films tous plus médiocres les unsque les autres, dont le célèbre Plan 9 From Outter Space d'Ed Wood, durant lequel il mourut en 1956.

Il fut enterré dans la cape qui lui avait assuré sacélébrité mais aussi son malheur...

Jouant la carte de la surenchère, la Universalorganise ensuite, preuve d'une décadence aussiannoncée que prévisible, des rencontres au sommetdes grands monstres qui ont fait sa gloire, dans des

uvres aussi médiocres que La Maison derankenstein (1944) où le comte Dracula (John

Carradine), le monstre Frankenstein, et le loup‐garou (Lon Chaney Jr) sont réunis par un savant fou(Boris Karloff, immortel interprète du Frankensteinoriginel) ; ou encore La Maison de Dracula (1945)réalisé comme le précédent par Erle C. Kenton, quisuit le même procédé de réunion absurde pour unfilm qui, comme ses nombreux prédécesseurs,marquait d'une manière peu glorieuse la fin du

premier âge d'or du vampirisme cinématographique.Désormais cantonné aux parodies lourdingues dustyle Deux Nigauds contre Frankenstein (1948),dans lequel Bela Lugosi venait cachetonner sansgrande conviction, le mythe allait devoir s'expatrieren Europe et trouver un véritable sang nouveau en

ngleterre, avec les magnifiques œuvres tournéespar la Hammer dans les années 60.





Si les années 30 et 40 consacrèrent l'émergence deDracula et, à travers lui, du vampire commepersonnage essentiel du cinéma fantastique, lesannées 50 et surtout 60 allaient établirdéfinitivement sa suprématie, tout en apportant unbouleversement complet à un mythe encorecantonné dans une théâtralité timide. L'apport dutechnicolor, les progrès accomplis dans lestechniques d'effets spéciaux, et surtout lalibéralisation relative de la censure, permettrontune nouvelle approche du mythe en le dotant d'une

violence et d'un érotisme sous‐jacent beaucoup plusexplicites qu'auparavant. Le vampirisme n'est plusune malédiction ancestrale mais une contagion aussidévastatrice que fascinante. Dracula, lui‐même, sedébarrasse de son aspect empathique pour prendre,lors de ses transformations, l'aspect d'un monstreterrifiant aux yeux injectés de sang et aux caninesproéminentes qui deviendront, désormais, sa marquedistinctive. Se jetant avec délectation sur les gorgesde jeunes créatures légèrement dénudées, il peut

aussi se métamorphoser en un personnage équivoqueet séduisant, qui envoûte ses proies et lestransforme en esclaves dociles s'abandonnant à luiavec docilité et sensualité. Ses adversaires, commele fameux docteur Van Helsing, prennent eux aussibeaucoup plus de consistance. Ils s'apparentent à lareprésentation symbolique de la Raison et de laScience face aux forces malfaisantes des ténèbres.

isuellement parlant, le combat vampirique devientbeaucoup plus spectaculaire. La destruction dumonstre n'est plus simplement délicatementsuggérée, mais explicitement montrée. Les pieuxs'enfoncent dans les cœurs en gros plan, le sang(désormais d'une belle couleur rouge vive) gicle etéclabousse son adversaire, et le vampire meurt dans





d'atroces souffrances quand il n'est pas brûlé vif parla lumière du soleil. Bref, le personnage semodernise, se radicalise pour prendre un nouvelenvol qu'il n'atteindra plus jamais par la suite. Et sice renouvellement du mythe se répand à travers lemonde, que des vampires surgissent un peu partoutet plus particulièrement dans les pays latins (Italie,Espagne, Amérique du Sud), c'est bien en Angleterre

que se concentre désormais la menace vampirique.vec ses nombreux films tournés par la célèbre

Hammer Films, Christopher Frank Carandini, aliasChristopher Lee, allait devenir l'incarnationdéfinitive du comte Dracula.

Le Cauchemar de Dracula (Terence Fischer)

En 1957, Terence Fisher, le réalisateur attitré de la

célèbre compagnie britannique, triomphait avec sonadaptation très personnelle du mythe deFrankenstein. Il réalisait l'année suivante sapremière adaptation des aventures d'un autre mythe,celui du comte vampire avec Le Cauchemar de

racula. Démoli par la critique à sa sortie, il estconsidéré aujourd'hui comme un authentique chef‐d'œuvre du genre. Interprété par l'incontournableChristopher Lee, acteur imposant mais encoretotalement inconnu (et à qui Fisher avait confié lerôle du baron Frankenstein), Le Cauchemar de

racula marque un retour au roman de Bram Stokertout en lui apportant de nouvelles connotationspsychologiques, sociales, érotiques qui assurent saspécificité. Le film est ainsi une œuvre totalement





fascinante où terreur sourde (les apparitions deChristopher Lee en véritable vampire dandy, sadestruction finale par les rayons du soleil) se mêle àune sensualité omniprésente (les proies innocentesdu vampire attendant avec fascination sa venuenocturne) pour en faire une œuvre unique.

ffrontement au sommet entre les forces du malsymbolisées par ce vampire aussi élégant que

pervers, et les forces d'une Raison victorienne enplein bouleversement représentées par Van Helsing,superbement interprété par Peter Cushing, le filmmarque d'une manière éblouissante le retour enforce du vampirisme cinématographique mais aussison triomphe. La brèche était désormais ouverte etle cauchemar pouvait continuer...

Craignant comme son homologue Bela Lugosi d'êtrecantonné dans un rôle écrasant, Christopher Lee

décide de ne pas apparaître dans la suite concoctéepar la Hammer consécutive au succès internationalremporté par le précédent film. Comme son titre nel'indique pas, Les Maîtresses de Dracula (1960) estcentré sur un des cousins du comte, le baron

einster, interprété par David Peel, un acteurinconnu et qui le restera, qui donne une version pluseffeminée du personnage de Dracula, donc à millelieues de l'interprétation de Lee, flanqué d'une mèreabusive, et qui tente d'attirer dans son châteauquelques proies féminines pour apaiser sa soif desang frais, dont une jeune et belle "enseignante"française. Fort heureusement il trouvera face à lui

an Helsing toujours interprété par Peter Cushing,qui finira par le détruire grâce aux ailes d'un moulinen forme de croix qui réduira le monstre enpoussière. Considéré comme nettement inférieurauLe Cauchemar de Dracula, le film a eu un succèsmitigé. Il va cependant connaître un troisièmeépisode interprété à nouveau par Christopher Lee,qui finit par céder à la pression de la Hammer, de

erence Fisher mais aussi d'un public de fans quil'identifie désormais totalement au comte vampire.

Ce troisième et dernier volet de la trilogie consacréepar Terence Fisher à Dracula, Dracula, Prince desTénèbres (1965) marque, outre le retour de Lee,une approche du mythe encore plus fidèle queprécédemment au roman originel, les trois films enoffrant différentes variations. Bien que l'absence dePeter Cushing dans le rôle de Van Helsing se fasse

cruellement sentir, le film introduit quelques idéesdéjà présentes dans le roman de Stoker commenotamment le simple d'esprit serviteur fidèle dumonstre. Le film contient quelques scènes chocs quiont fait la réputation de la Hammer, comme la





résurrection du monstre par le sang d'un jeunehomme pendu par les pieds et égorgé au‐dessus deson cercueil et sa destruction finale dans une eauglacée purificatrice, sans oublier la mort sanglanted'une femme vampire par le célèbre pieux enfoncéen plein cœur.

Le Bal des Vampires (Roman Polanski)

Le personnage de Dracula a engendré un autrepersonnage, celui du tueur de vampires, souvent unvieux savant un peu fou que Roman Polanski adémarqué dans un de ses films: «Chaque fois que

nous avions assisté [avec Gérard Brach, co‐scénariste] à la projection d'un film d'horreur, à

aris, nous avons constaté que le public riait aux

larmes. Pourquoi ne pas réaliser un film dont le

comique serait volontaire cette fois? » (RomanPolanski, extrait de son autobiographie) Cela adonné le célèbre Bal des Vampires (1967), tournédans les studios Pinewood en Angleterre et dans lesdécors naturels des Alpes italiennes, avec Jack

acGowran prêtant ses traits pour le professeurbronsius, et Ferdy Maine en comte Von Krolock

pastiche génial du Dracula à la Chrisopher Lee. Lesgags relèvent plus souvent du comique de situation,mais le réalisateur ne fait jamais basculer son filmdans la simple parodie. Et tantôt drôles, tantôt

angoissants, les formidables thèmes musicaux deKomeda sont un bonheur. Notons aussi Sharon Tatedans un second rôle, l'épouse défunte du réalisateur.





erence Fisher ayant fort sagement décidéd'abandonner le comte Dracula pour se consacrer àd'autres monstres, le flambeau est alors repris danstoute une série d'œuvres toujours interprétées parChristopher Lee qui, sans être totalementdéshonorantes, marquent un net affadissement dumythe que scénaristes et metteurs en scène tententde compenser par une surenchère de violence et

d'érotisme. Citons en vrac: Dracula et lesemmes(1968) de Freddie Francis, dans lequel le

comte vampire s'arrache lui‐même le pieu plantédans son cœur pour finir empalé sur une croix; Une

esse pour Dracula (1969) de Peter Sasdy, oùDracula s'érige en destructeur subversif de la sociétévictorienne en vampirisant de nobles héritiers, et enfinissant provisoirement ses ravages dans une égliseaux vitraux en forme de croix; ou encore LesCicatrices de Dracula (1970) de Roy Ward Baker,

où, délaissant le Londres victorien, le mytheeffectue un retour dans ses racines slaves et voitDracula ramper tel un reptile sur les murs de sonchâteau.

Dracula et les Femmes (Freddie Francis)

Bien que marquant le retour de PeterCushing,Dracula 73 et Dracula Vit Toujours àondresd'Alan Gibson, tous deux interprétés par

Christopher Lee, contribuent encore un peu plus à ladécadence du mythe. Dans le premier, le comtevampire se retrouve plongé dans le Londres pop desannées 70, au beau milieu de teenagers insouciants,





et dans le second, il devient un homme d'affairemillionnaire qui veut détruire la race humaine avecun virus bactériologique. Le personnage deChristopher Lee (qui interprète le comte vampirepour la dernière fois chez la Hammer) meurtfinalement dans un buisson d'épines. Rien de bienenthousiasmant dans tout ça, ni dans toutes les

uvres à consonance vampirique qui sont tournées à

la même époque comme Comtesse Dracula (1973)de Peter Sasdy, dont le personnage d'ElisabethNadasdy s'inspire de la très réelle Erzebeth Bathory,comtesse hongroise du XVIème Siècle, un brindéjantée, qui croyait à l'éternelle jeunesse etprenait des bains de sang de jeunes vierges. De lamême manière, Les Sévices de Dracula (1971) deJohn Hough dépeint les exploits de la familleKarnstein, des vampires au féminin vaguementlesbiennes qui finiront décapitées ou empalées par

Peter Cushing, infatigable destructeur de vampires.Le film s'inspire du plus célèbre roman de l'écrivainirlandais Joseph Sheridan Le Fanu,Carmilla, publiéen 1871, qui deviendra l'un des romans gothiques etvampiriques les plus célèbres du genre, et dont lepersonnage de Carmilla incarne la sensualité et aprésenté l'homosexualité féminine sous un journouveau.

Le Cirque des Vampires (Robert Young)

En dépit de vaines tentatives pour redonner dusouffle au mythe, en allant de plus en plus loin dansla violence et la nudité désormais associée au





vampirisme comme avec Le Cirque desVampires(1972) de Robert Young, la Hammer estcependant en plein déclin. Les Sept Vampiresd'Or (1974), de Roy Ward Baker, est le dernier filmde vampires qu'elle tourne (co‐produit par la ShawBrothers, les grands spécialistes des films d'artsmartiaux de Hong Kong). Peter Cushing reprend pourla dernière fois son rôle de Van Helsing et part en

Chine au début de notre siècle, pour affronter ungroupe de disciples de Dracula adeptes de Kung Fu.Cette œuvre qui, vous l'avez compris, ne fera guèredate dans l'histoire du vampirismecinématographique, marque aussi la fin de laHammer en tant que grande compagnie spécialiséedans le domaine du fantastique. Mais, grâce à elle,le mythe avait repris une force et une vigueurinespérée. La graine sanglante qu'elle avait seméeallait ainsi pouvoir être reprise un peu partout dans

le monde pour le meilleur, et sutout pour le pire...

Grands spécialistes des récupérations et, il faut bienl'admettre, des pompages éhontés des grands succèsdu cinéma fantastique contemporain, les Italiens sesont bien naturellement tournés vers la vaguevampirique des années 60 et ont su lui apporter un

cachet, une élégance, une sensualité typiquementlatines. Grâce à des metteurs en scène commeRiccardo Freda et ses Vampires (1956) ou MarioBava et son superbe Masque du Démon (1960), lefantastique transalpin a depuis longtemps acquis seslettres de noblesse.





Le Masque du Démon (Mario Bava)

Et si les nombreux films fantastiques dotés devampires qui suivront au cours des années 60 et 70n'auront pas le cachet baroque et vénéneux de cesdeux chefs‐d'œuvre du genre, ils feront preuve d'unevolonté louables de perpétuer le mythe contre ventset marées. Christopher Lee, qui avait juré qu'on ne

l'y reprendrait plus, rendosse sa cape noire et rougepour apparaître ainsi dans La Crypte duVampire(1962) de Camillo Mastrocinque, nouvellevariation sur le Carmilla de Sheridan Le Fanu, maisaussi carrément dans des nanars tels que Les TempsSont Durs (1969) de Stefano Vanzino. Mêlant satiresociale et horreur sanglante, Du Sang Pour

racula(1974) aussi appelé Andy Warhol's Dracula,est généralement attribué à Paul Morissey, ami etcollaborateur du célèbre artiste. Mais il est aussi

signé par Anthony Dawson, alias Antonio Margheriti,grand spécialiste italien de série B et de fantastique.Interprété par Udo Kier, Vittorio De Sica et aussiRoman Polanski (non crédité), le film est une tragi‐comédie très drôle et très gore (le film écoped'abord d'un X aux États‐Unis et a dû être coupé)nous montrant un Dracula recherchantdésespérément du sang virginal en Italie. Abusé parses nombreuses conquêtes, pas vierges pour un sou,et passant son temps à vomir, le malheureuxvampire finit découpé en morceau et empalé par unardinier communiste et obsédé sexuel.

De tradition rationaliste, la France n'a été que peutouchée par la vague vampirique, si ce n'est dans des





uvres à consonance érotique comme le Et Mourir de Plaisir de Roger Vadim (1960), Les Lèvres

ouges (1971) du Belge Harry Kummel, ou les filmsde Jean Rollin du style Le Viol duVampire (1967),La Vampire Nue (1969) quibénificie toutefois d'une splendide affiche, Le

risson des Vampires (1971) ou Requiem Pour unVampire (1971), sans omettre les comédies plus ou

moins balourdes commeDracula Père etils d'Édouard Molinaro (1976) avec Christopher Lee,

Bernard Menez dans le rôle de son fils et CatherineBreillat, ou encore Les Charlots contre

racula (1980) de Jean‐Pierre Desagnat et Jean‐Pierre Vergne.

Du côté ibérique également, le vampirismecinématographique n'a laissé que peu de tracesmémorables, mis à part quelques films vaguement

sexy qu'il serait vain de citer, toutefois relevons lestentatives inégales mais souvent intéressantes del'infatigable Jess Franco. Dans Les Nuits de

racula(1970), Christopher Lee moustachu (commedans le roman originel) tente, sans grandeconviction, de retrouver l'esprit de ses singulièresinterprétations dans un Budapest folklorique.Et Vampiros Lesbos(1971), un des plus connus de ceréalisateur qui abuse du zoom, détourne l'histoire deBram Stocker en affaire d'héritage avec des vampireslesbiennes.

Vampiros Lesbos (Jess Franco)





lors qu'en Amérique du Sud, Santo le catcheurusticier affronte quelques vampires dans des séries

Z comme Superman et les FemmesVampires(1962) ou Santo et le Trésor de

racula (1968), en Amérique du Nord, les années 70

se montrent très avares en œuvres marquantes surles vampires en général, et Dracula en particulier.Passons rapidement sur les nanars du style Draculace Vieux Cochon (1969), au titre éloquent, lescomédies insignifiantes comme Le Vampire de ces

ames(1979) ou les œuvres carrément folkloriques,telZoltan, le Chien Sanglant de Dracula (1977). Ouencore bien sûr Blacula (1972) de William Crain. Cedernier ne met pas en scène le célèbre comte maisun vampire black justicier, descendant d'un princeafricain mordu par Dracula, et qui s'attaque auxtrafiquants de drogue. Il connaît une suite, Scream,

lacula, Scream réalisé en 1973 par Bob Kelljan,avec Pam Grier.

Dracula (John Badham)

Nettement plus intéressant est le Dracula mis enscène par John Badham en 1979, considéré parbeaucoup comme l'une des meilleures adaptations du

roman de Bram Stoker (auquel il est d'ailleurs assezfidèle). Bénéficiant de moyens considérables grâce àson succès de sa Fièvre du Samedi Soir sortiprécédemment, Badham adapte en fait une reprisede la pièce sur les planches de Broadway. L'acteur au





théâtre, Frank Langella, reprend son rôle aucinéma. Avec des effets spéciaux étonnants (lestransformations du comte en loup et en chauve‐souris bien avant l'arrivée du morphing), musiquépar John Williams et bénéficiant de l'interprétationdu grand acteur shakespearien Laurence Olivier dansle rôle de Van Helsing, ce Dracula est une réussiteincontestée qui n'a nullement perdu son souffle

romantique et son impact horrifique.

Les Prédateurs (Tony Scott)

morcée dès 1976 avec Martin, de George A.Romero, un des meilleurs spécialistes américains dufantastique, la métamorphose du vampire seconfirme. Elle s'amplifie au cours des années 80 oùla créature subit les assauts du modernisme. Certes,le monstre envahit toujours les petites villesaméricaines pour y semer la mort et la désolationcomme dans Les Vampires de Salem (1979) de

obe Hopper, adaptation d'un roman de StephenKing, avec une créature dont le look très rétro renddirectement hommage au Nosferatu de Murnau.D'abord destiné à la télévision et considérablementamputé pour sa sortie dans les salles européennes, le

film se voit néanmoins doté d'une suite satirique,Lesnfants de Salem (1987) de Larry Cohen, dans

laquelle les malheureux vampires se voientcontraints de s'abreuver de sang de vache pour éviterles effets du Sida. Reste que leur apparence et leurs





motivations subissent une transformation radicale.ssimilé à une maladie incurable, le vampirisme

n'est plus l'apanage d'un noble vêtu d'une cape maiss'attaque désormais à un adolescent chétif etmalingre comme le Martin du film de Romero qui,poussé par une soif inextinguible de sang frais,endort ses victimes pour leur entailler le poignet oula gorge.

Fréquentant les night‐clubs branchés de New‐York oùle groupe Bauhaus joue son classique "Bela Lugosi'sDead", les vampires incarnés par David Bowie etCatherine Deneuve dans le premier et très beau filmde Tony Scott, Les Prédateurs (1983), tentent envain de stopper leur fin aussi inéluctablequ'accélérée, en puisant leur substance de vie dansle sang humain. Suivent des films de série B telsqueVampire, Vous Avez Dit Vampire? 1 & 2 (Tom

Holland, 1985 ; Tommy Lee Wallace, 1988), ou lesvampires Rock'n'Roll vêtus de cuir et chevauchantdes Harley Davidson pour de longues virées nocturneset sanglantes de Génération Perdue (1987) de JoelSchumacher, sorti la même année que le superbe Aux

rontières de l'Aube de la californienne KathrynBigelow, un des meilleurs films abordant le mythe.Dans ce film visuellement très beau etvolontairement lent, les vampires nomades dormentle jour dans une caravane soigneusement calfeutrée,provoquent un massacre dans un bar pour se"restaurer", le tout soutenu par une musiquesynthétique et entêtante de Tangerine Dream.





Bram Stocker's Dracula (Francis Ford Coppola)

Pour en revenir au mythe du personnage de Dracula,il faut attendre l'énième adaptationcinématographique du livre de Stoker par FrancisFord Coppola. Bram Stocker's Dracula (1992)revient aux sources historiques du mythe avec unprologue où l'on découvre le personnage de Vlad

Drakul. Le film agrémente l'intrigue d'un érotismeomniprésent qui la métamorphose presquetotalement. Pillant sans vergogne les précédentesversions avouées ou inavouées du roman etnotamment celles de Murnau, Browning ou Fisher,Coppola réussit pourtant à nous offrir une œuvrepossédant sa spécificité intrinsèque. Certainementune des meilleures adaptations du livre,visuellement splendide, le film allie la nostalgievisuelle des décors en studios à des maquillagesépoustouflants qui donnent à Gary Oldman l'occasionde donner libre cours à son talent. D'aucuns pourrontvoir dans le thème du sang source de vie maiségalement de contamination et de mort, quelquesallusions symboliques au Sida et autres maladiesépidémiques de notre société contemporaine.Bénéficiant d'une superbe musique de WojciechKilar, cette version de Dracula donne un filmenvoûtant, qui peut aussi s'apparenter à un regardnostalgique sur le septième art et son mythe duvampirisme. Innocent Blood (1992) de John Landis

fourmille de caméos, notamment des réalisateursDario Argento, Frank Oz, Sam Raimi ou MichaelRitchie, ainsi que de la scream queen LinneaQuigley, entre autres. Anne Parillaud y incarne uneeune femme vampire bien que ce terme ne soitamais évoqué dans le film, qui se nourrit

exclusivement du sang des hors‐la‐loi.

oujours en 1992, une comédie d'horreur parodiqueraconte les aventures d'une pom‐pom girl populaire,

nommée Buffy, choisie par le destin pour combattredes vampires. Buffy, Tueuse de Vampires de FranRubel Kuzui est un film mineur par rapport à la sérietélévisée qui a suivi, Buffy Contre les Vampires,plus sombre, et qui restera un des grands succès desannées 90. The Addiction (1995), de l'imprévisible

bel Ferrarra, est un petit film fauché quasi‐expérimental filmé en noir et blanc, qui aborde levampirisme d'un point de vue social et politique, enle centrant sur les errances d'une étudiante enphilosophie. Mordue dans une ruelle par une femmevampire, elle devient vampire à son tour, puis sèmela mort sur son passage dans un décoressentiellement urbain de décadence.





Entretien Avec Un Vampire (Neil Jordan)

l'opposé, Entretien Avec un Vampire (1994), deNeil Jordan, est l'adaptation fidèle du best‐sellerd'Ann Rice. Bénéficiant d'un gros budget et del'interprétation d'un casting de choix (Tom Cruise,Brad Pitt, Antonio Banderas, Christian Slater), le

metteur en scène irlandais nous livre un très beaufilm, visuellement envoûtant, et dans lequel lacruauté et la perversité se conjuguent à des effetsspéciaux aussi discrets qu'efficaces. Notons aussi lefilm très mineur de John Carpenter, sobrementnommé Vampires (1998), avec James Woods ennettoyeur de vampires.

De nos jours, le mythe de Dracula est entré dans lamodernité, et on l'aura rarement vu aussi peuconvaincant, manquant cruellement de charisme,comme dans le très mauvais Dracula 2001 (2000)de Patrick Lussier; ou dans Van Helsing (2004) deStephen Sommers où l'illustre docteur du titre,interprété par Hugh Jackman, se bat contre unebonne partie des créatures mythiques; ouencoreBlade Trinity de David Goyer, sorti la même

année, concluant la trilogie des aventures d'un Afro‐méricain mi‐homme mi‐vampire incarné par

Wesley Snipes, qui traque les vampires et lesextermine dans le seul but de venger sa mère,mordue peu avant son accouchement. Loin de





réjouir davantage, l'adaptation cinématographiquede la saga vampiromantique écrite par Stephenie

eyer, gros succès de librairie, semblaitinévitable.Twilight, chapitre I : Fascination (2008)de Catherine Hardwicke, manque de mordant maisremet paradoxalement les vampires au goût du jour,en dépit de leur illustration maladroite et des effetsratés. Gros succès également en salles, ce teen‐

movie est une véritable cure de mièvrerie auxdescendants de Dracula, nous contant les amoursimpossibles entre une jeune lycéenne et uncamarade vampire sorti d'un catalogue de laRedoute, capable de courir en accéléré ou de sauterd'arbre en arbre. Dracula doit se retourner dans satombe capitonnée.

Twilight, chapitre I : Fascination (Catherine Hardwicke)

Surgi de la nuit des temps, du folklore populaire etdes croyances ancestrales, le vampire est devenu peuà peu un personnage incontournable de la littératureet des films d'épouvante, constituant indéniablementun des éléments majeurs du cinéma fantastique. Levampire touche à des peurs et des tabous quiaffectent directement l'âme humaine, ce qui peut

expliquer la durabilité du mythe et sa pérennité pardelà les frontières. Et si le monstre a connu quelquespériodes d'anémie, ce n'est que pour mieux ressurgirtoutes canines dehors et plus agressif que jamais.Renaissant perpétuellement comme le Phœnix,




Dracula a encore quelques belles nuits de pleine lunedevant lui...

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