Presses Universitaires du Mirail

Pour comprendre la Bolivie d'Evo Morales by Denis ROLLAND; Joëlle CHASSINReview by: Michel BERTRANDCaravelle (1988-), No. 92, Cinémas du réel en Amérique latine (XXIe siècle) (Juin 2009), pp.290-291Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40854519 .

Accessed: 15/06/2014 15:25

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290 CM.H.L.B. Caravelle

qui les minimise {«Quiero escribir al margen de los mitos de la izquierda que exageran el

sgnificado de 1968; mitos de la derecha que descalifican la protesta de aquel año», p. 16). II

convoque les grands théoriciens de la mémoire, tel Maurice Halbwasch, pour rappeler que la mémoire n'est pas seulement une faculté individuelle, mais qu'il s'agit aussi un phénomène social. Selon lui, la mémoire de 68 s'est diluée au fil du temps et des interprétations, et le Mexique a besoin de revoir son passé afin de faire un véritable travail de deuil.

Dans une dernière partie enfin, il revient sur le contexte social et politique des années 1970. Il insiste sur certains aspects essentiels de cette période tels que les problèmes de l'université, de l'éducation, la difficile modernisation du pays, il évoque aussi la culture et la contre-culture de ces années-là, le manque de libertés individuelles, etc. Pour Guevara Niebla, il s'agit d'une période décisive dans l'histoire du Mexique contemporain, celle d'une mutation culturelle qui a transformé les institutions qu'elle questionnait, telles que l'Etat, la famille, l'école et les médias.

La capacité critique et autocritique dont fait preuve l'auteur dans cet ouvrage permet de renouveler l'historiographie sur le sujet. Guevara Niebla ne propose pas seulement une réflexion sur le passé, il pose aussi les bases d'une réflexion plus approfondie sur des thèmes d'actualité. En choisissant de travailler par thèmes, l'auteur fait véritablement le tour de la question et rend son travail très abordable. Nous pouvons dire sans exagérer qu'il s'agit d'un outil indispensable pour comprendre l'évolution sociale et politique du Mexique depuis 1968, et l'un des rares qui soit l'oeuvre d'un ancien membre du mouvement.

Nadia ERRACHIDI Université de Toulouse-Le Mirai l

Denis ROLLAND et Joëlle CHASSIN (coord.).- Pour comprendre la Bolivie d'Evo Morales.- Paris, L'Harmattan, 2007.- 447 p.

L'idée à l'origine de l'ouvrage est de toute évidence excellente : rendre accessible à un public francophone l'originalité et surtout la complexité d'une situation, celle de la Bolivie, que les médias ont trop souvent tendance à caricaturer à force de la simplifier. . . C'est ce projet qui explique la structure de l'ouvrage, réellement originale, puisqu'elle associe des chapitres « informatifs » - cartes, documents et fiches de synthèses - à des chapitres plus traditionnelle- ment analytiques. Fidèle à une collection qui a déjà donné plusieurs titres sur l'actualité latino-américaine, ce dernier livre adopte un choix plus « pédagogique » et, oserait-on écrire, globalement moins polémique ou militant que ses aînés.

L'ensemble de l'ouvrage s'organise autour de trois parties, chacune reprenant cette double approche. La première partie, intitulée « Héritages et changements politiques », propose une mise en perspective historique de la victoire électorale d'Evo Morales en décembre 2005. A un premier chapitre qui constitue une introduction historico-politique succèdent six contributions qui abordent certains des principaux problèmes permettant de comprendre son succès électoral. Avec raison, le premier chapitre insiste sur ce qui est sans doute la blessure majeure dans l'histoire d'une nation dont les frontières n'ont cessé de se réduire depuis son accès à l'indépendance. On s'étonne cependant de ce que,

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Comptes rendus 29 1

compte tenu de l'importance du sujet pour comprendre l'actualité, la qualité de la cartographie laisse tant à désirer. . . Le reste de cette première partie insiste sur trois des aspects essentiels à la compréhension de la Bolivie de ce début du XXIe siècle : l'étape populiste sous l'égide du MNR, le chaotique retour à la démocratie après la fin des gouvernements militaires, l'ascension du leader indianiste, enfin, ce que l'on pourrait qualifier comme le « problème de l'Orient » avec la montée du sentiment identitaire régionaliste voire séparatiste. Si l'on s'étonne sans doute du choix de faire l'impasse sur les gouvernements militaires et dictatoriaux des années 60 et 70, on peut considérer que cette première partie pose bien l'essentiel des questions relatives à ce contexte historique et politique bolivien.

La deuxième partie aborde la question des transformations sociales et culturelles boliviennes contemporaines. Vaste sujet ! Les fiches regroupées dans le premier chapitre de cette partie sont, inévitablement, très diverses et hétérogènes. Si celles relatives aux données sociodémographiques s'imposaient, on ne saisit pas toujours les critères qui ont prévalu aux choix et à l'organisation d'autres thèmes abordés par plusieurs de ces fiches : le lecteur est ainsi promené de la question de l'eau, certes essentielle, au cinéma et à la littérature pour revenir à des questions d'urbanisation... Les cinq chapitres suivants développent quant à eux des questions d'ampleur tout à fait inégale même si toutes sont d'un intérêt évident pour aborder les réalités boliviennes. Si, par exemple, la réflexion sur la représentation que la nation a d'elle-même est essentielle à cette compréhension, l'aborder exclusivement par le biais des réformes éducatives n'est peut-être pas la meilleure des portes d'entrée. A l'inverse, l'étude de la montée du néo-indigénisme et surtout du processus d'ethnicisation de la société bolivienne est un aspect proprement incontournable à la compréhension de la victoire d'Evo Morales. Toujours à ce propos, la contribution portant sur « musique et politique » vient utilement, et de manière réellement originale, compléter l'analyse antérieure, tant la politique se nourrit de symboles auxquels la musique, et ici plus concrètement la chanson, ont une part significative.

La dernière partie de l'ouvrage aborde enfin la question de l'économie et de la dépendance. Le chapitre introductif y prend une extension nettement supérieure si on le compare aux deux autres du même type dans les parties précédentes. Ce choix permet d'offrir une palette très large de fiches et de documents, la plupart d'un réel intérêt. Parmi les chapitres suivants qui développent la réflexion en rapport avec cette thématique, on retiendra surtout les deux qui abordent la question agricole et celle des hydrocarbures. Ces deux secteurs économiques et les problèmes qu'ils rencontrent sont en effet cruciaux pour comprendre la crise politique du début des années 2000 qui débouche sur le succès électoral d'Evo Morales.

On l'aura compris : malgré une certaine hétérogénéité et des choix parfois discutables, ce livre collectif fait de toute évidence œuvre utile. Il aide notamment à rompre certains des stéréotypes attachés à ce pays andin que l'Occident aime trop souvent percevoir à travers des images de cartes postales nourries de folklore . . .

Michel BERTRAND Université de Toulouse-l^e Mirait

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