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Saïd TASRA Cours de Civilisation française S1 : 2012-13 Les leçons 1, 2 … jusqu’à 10 Leçon n°1 Définitions I.1. Définition du terme « renaissance » Ce terme est composé du préfixe itératif « re-» et du mot « naissance » venant du latin, natus : né, issu de …. Une renaissance est une nouvelle ou une seconde naissance. Action de renaitre : Les renaissances du Phénix ; le Phénix renaît de ses cendres. Renaitre : naitre de nouveau, revenir à la vie. Une renaissance est un renouveau, un renouvellement, un nouvel essor. On parle de la renaissance de tel ou tel pays après la guerre, après des années (une période) de décadence. La renaissance renvoie aussi à une époque de rénovation culturelle et artistique succédant à une période de stagnation. Syn. : réapparition, réincarnation, renouveau, résurrection. I.2. La Renaissance On appelle Renaissance, la période de l’histoire européenne située entre le Moyen-Âge et l’époque classique. C’est la période qui s’étend de l’extrême fin du XIVe siècle (1398) au début du XVIIe siècle (1610). La renaissance se développe en trois période successives : i) Le Trecento (XIVe siècle) : La première période (le Trecento) de la Renaissance est italienne, par excellence. En effet, la Renaissance est d’abord apparue dans les Cités-États italiens avant de se propager dans le reste de l’Europe. L’Italie alors divisée en Cités-États (Florence, Venise & Naples) est le foyer de la première Renaissance ou la Pré-Renaissance. ii) Le Quattrocento (XVe siècle) : Au XVe siècle, ce mouvement de renouveau se propage dans la plus grande partie de l’Italie, mais aussi en Espagne et dans certaines enclaves d’Europe du nord et d’Allemagne. 1

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Saïd TASRACours de Civilisation françaiseS1 : 2012-13

Les leçons 1, 2 … jusqu’à 10

Leçon n°1Définitions

I.1. Définition du terme « renaissance »

Ce terme est composé du préfixe itératif « re-» et du mot « naissance » venant du latin, natus : né, issu de …. Une renaissance est une nouvelle ou une seconde naissance. Action de renaitre : Les renaissances du Phénix ; le Phénix renaît de ses cendres. Renaitre : naitre de nouveau, revenir à la vie.

Une renaissance est un renouveau, un renouvellement, un nouvel essor.

On parle de la renaissance de tel ou tel pays après la guerre, après des années (une période) de décadence.

La renaissance renvoie aussi à une époque de rénovation culturelle et artistique succédant à une période de stagnation.

Syn. : réapparition, réincarnation, renouveau, résurrection.

I.2. La Renaissance

On appelle Renaissance, la période de l’histoire européenne située entre le Moyen-Âge et l’époque classique. C’est la période qui s’étend de l’extrême fin du XIVe siècle (1398) au début du XVIIe siècle (1610).

La renaissance se développe en trois période successives :

i) Le Trecento (XIVe siècle) : La première période (le Trecento) de la Renaissance est italienne, par excellence. En effet, la Renaissance est d’abord apparue dans les Cités-États italiens avant de se propager dans le reste de l’Europe. L’Italie alors divisée en Cités-États (Florence, Venise & Naples) est le foyer de la première Renaissance ou la Pré-Renaissance.

ii) Le Quattrocento (XVe siècle) : Au XVe siècle, ce mouvement de renouveau se propage dans la plus grande partie de l’Italie, mais aussi en Espagne et dans certaines enclaves d’Europe du nord et d’Allemagne.

iii) Le Cinquecento (XVIe siècle) : La Renaissance rayonne, enfin, dans l’ensemble de l’Europe au XVIe siècle.

La Renaissance se définit par opposition au Moyen-Âge, considéré comme une ère de recul et de barbarie. En effet, pendant la Renaissance, l’Europe occidentale connaît de profonds changements et un grand renouvellement social, culturel et artistique.

NB. : Le mot Renaissance a été employé pour la première fois au XVIe siècle par Giorgio Vasari, dans son recueil Vies des plus célèbres peintres, sculpteur et architectes, pour évoquer le courant artistique qui a émergé en Italie deux siècles plutôt.

(Giorgio Vasari est considéré comme le fondateur de l’histoire de l’art).

Trois siècles plus tard, c’est-à-dire au XIXe siècle, les historiens Jules Michelet (1798-1897) et Jacob Burkhardt (1818-1897) étendent le concept de Renaissance à l’ensemble d’une

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civilisation. En effet, en 1855, Michelet utilise le terme “Renaissance” pour designer la découverte du monde et de l’Homme au XVIe siècle. Peu après, en 1860, l’historien Suisse Jacob Burkhardt reprend le concept, dans son ouvrage Civilisation de l’Italie au temps de la Renaissance (1860) pour en faire le début de l’Humanisme et de la conscience moderne..

Cf. http://agora.qc.ca/dossiers/ Giogio_Vassari /

www.rmn.fr /la-ranaissance

Ce qui caractérise cette période historique qu’est la Renaissance, c’est l’apparition d’un mouvement intellectuel qui a marqué de son empreinte tous les domaines : la philosophie, la science, la politique, les arts et les lettres, la religion, la technique, etc. Ce mouvement reçoit le nom de l’HUMANISME.

Leçon n°21.3. Humanisme / Humaniste

13.1. L’Humanisme est un courant ou un mouvement de pensée qui place l’Homme au centre du monde et dont la caractéristique principale est un retour aux Anciens  : aux textes et à certaines valeurs de l’Antiquité grecque et latine, dégagés des multiples adaptations et interprétations chrétiennes du Moyen-Âge.

1.3.2 Le terme « humaniste » est formé sur le latin « l’Umanista ». Au XVIe siècle, l’humaniste est celui qui s’occupe d’humanités, (studia humanitatis, en latin). L’humaniste est le professeur qui enseigne les « humanités » : il enseigne les langues, les littératures et les cultures latines et grecques (la grammaire et surtout la rhétorique).

Le projet des humanistes du XVIe siècle était de retrouver l’authenticité de la pensée des Anciens et dans leur langue originale, par une étude intégrale de leurs textes et par là de rompre avec l’héritage du Moyen-Âge et son obscurantisme. Pour cela, les humanistes se mettent à la quête de la vérité historique et préconisent l’étude philologique des textes et le retour à la pureté classique et ce, en : étudiant les langues anciennes (grec, hébreu, latin classique, syriaque) : un travail philologique (étude de la langue) est effectué sur les textes antiques ; recherchant des manuscrits dans tout le monde méditerranéen ; élaborant des dictionnaires et des grammaires.

Des fouilles archéologiques sont effectuées pour retrouver des traces du passé : rechercher des vestiges enfouis, qu’il s’agisse de constructions, d’objets ou de traces de l’activité humaine de l’Antiquité et procéder à leur mise au jour.

En Italie, Pétrarque (1304-1374) et Boccace (1313-1375) représentent deux figures majeures illustrant le retour aux sources.

L’Antiquité devient pour les humanistes à la fois un modèle de vie, d’écriture et de pensée. Les humanistes considéraient l’Antiquité comme l’apogée de l’espèce humaine.

En bref,

Le XVIe siècle est le siècle de la Renaissance, parce que les humanistes ont œuvré dans le sens de faire « renaitre » la pensée et la culture de l’Antiquité gréco-romaine.

L’HUMANISME est donc la RENAISSANCE de l’Antiquité.

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L’humanisme place l’homme au cœur des connaissances ; l’homme est en progrès constant et doit toujours apprendre, à l’image des philosophes de l’Antiquité. L’homme doit donc être érudit dans tous les domaines.

RAPPELS

Les débuts de l’Antiquité pour une civilisations sont aisés à situer : ils coïncident avec l’invention de l’écriture. Le passage à l’Antiquité s’est alors produit à différentes périodes pour les différents peuples. L’Antiquité se situe après la période de la Préhistoire ou celle de la Protohistoire. L’Antiquité désigne donc la période des civilisations de l’écriture. En histoire européenne, la majorité des historiens s’accordent à dire que l’Antiquité y commence au Ive millénaire av. J.C. (-3500-3000 avant J.C.) avec l’invention de l’écriture en Mésopotamie et en Égypte.

Le Moyen-Âge est une période de l’histoire européenne qui s’étend de 476, date de la chute de l’Empire romain d’Occident au XVe siècle. Certains historiens situent la fin du Moyen-Âge en 1492, date de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb et de la fin de la Reconquista espagnole. D’autres la situent en 1453, date de la prise de Constantinople par les Ottomans.

Bref, le Moyen-Âge de l’Europe occidentale dure dix siècles, du Ve au XVe siècles.

Préhistoire, Protohistoire & Histoire

1° Préhistoire

La préhistoire correspond à la période comprise entre l’apparition de l’homme et l’apparition de l’écriture. En intégrant les paramètres économiques et sociaux, la préhistoire concerne les populations dont la subsistance est assurée par la prédation. Les groupes de chasseurs-cueilleurs, pêcheurs, collecteurs exploitent des ressources naturelles sans les maîtriser. La Préhistoire s’applique aux populations de prédateurs, celles qui mettent à mort des proies pour s’en nourrir et alimenter leurs progénitures.

NB. La prédation se distingue de la nécrophagie, qui consiste à se nourrir d’un animal déjà mort, et du parasitisme qui, en général, ne requiert pas la mort de l’animal consommé.

 

2° protohistoire 

On appelle protohistoire la période intermédiaire entre la préhistoire et l’histoire. Cette période correspond

_ d’une part, au début de l’utilisation des métaux ou aux âges des métaux (âge du bronze et âge du feu). Dans ce cas, le terme « protohistoire » a un sens chronologique.

_ d’autre part, à la période historique précédant l’apparition de l’écriture. Plus précisément, la protohistoire s’applique aux populations ne possédant pas elles-mêmes l’écriture, mais sont mentionnées dans des textes provenant d’autres peuples contemporains. Les Gaulois d’avant la conquête romaine ne possédaient pas encore l’écriture, mais ils sont décrits par des auteurs grecs et latins. Dans ce cas-ci, le terme « protohistoire » a un sens plutôt méthodologique.

De nos jours, les historiens ont tendance à intégrer les paramètres économiques et sociaux pour définir la protohistoire. Pour eux, la protohistoire s’applique aux populations ayant adopté une économie de production. En effet, les groupes d’éleveurs et d’agriculteurs souvent sédentaires, exploitent des ressources qu’ils maîtrisent et qu’ils gèrent en partie. Depuis que l’homme a plus ou moins maîtrisé l’agriculture et l’élevage, il a de moins en moins recours à la prédation pour se nourrir.

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Enfin, si la protohistoire précède l’apparition de l’écriture, l’histoire, quant à elle, commence avec l’apparition des premiers documents écrits (l’écriture).

La Protohistoire désigne une période postérieure à la Préhistoire et antérieure à l’Histoire. A dire autrement, l’Histoire succède à la protohistoire qui, elle, succède à la Préhistoire. L’Histoire s’applique aux populations de producteurs ayant adopté l’écriture mais aussi un pouvoir centralisé.

 

En bref, nous avons deux critères pour définir la Préhistoire, la Protohistoire et l’Histoire :

Critère n°1 : Le critère chronologique 

Selon ce critère, la Préhistoire renvoie à la période comprise entre l’apparition de l’humanité et l’apparition de l’écriture. La protohistoire s’applique aux populations ne possédant pas elles-mêmes l’écriture mais qui sont mentionnées dans des textes provenant d’autres peuples contemporains. Mais ce critère pose certains problèmes : l’écriture n’apparait pas à la même date dans toutes les zones géographiques.

Critère n°2 : Cela étant, de nos jours on a tendance à privilégier les critères économiques et sociaux pour cerner et définir les périodes historiques. Ainsi, la Préhistoire s’applique aux populations dont la subsistance est assurée par la prédation.

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Schéma chronologique des quatre périodes de l'Histoire selon les historiens français.

Ce schéma et sa description proviennent de : http://fr.wikipedia.org/

Les causes de la Renaissance

1° La chute de Constantinople : Un siècle avant la fin de l’Empire romain d’Orient et la prise de sa capitale Constantinople, des Grecs érudits, savants et nobles, étaient venus en Italie en ramenant leur savoir et leurs livres (des manuscrits anciens) qui viennent enrichir Venise, Florence et Rome. Ces Grecs érudits donnaient des cours de grec à Florence. Des chaires de grec ont été créées. Le grec, langue presque perdue en Occident, s’enseigne à nouveau et fait redécouvrir la vraie culture antique.

Ces érudits ont joué un rôle dans le développement de l’humanisme : l’étude des textes de l’Antiquité gréco-latine, liée au progrès de la philologie et de l’édition des textes.

2° L’invention de l’imprimerie de Gutenberg (vers 1450) :

L’invention de l’imprimerie constitue une véritable révolution dans la distribution du savoir en élargissant la diffusion des idées et des œuvres littéraires. Elle a joué un rôle crucial dans la diffusion des idées nouvelles. Auparavant, on utilisait des parchemins ou du papier, sur lesquels on écrivait à la plume d’oie. Le livre était un objet de luxe que seuls les nobles et les bourgeois pouvaient se procurer. Suite à l’invention de l’imprimerie, dans un contexte de rupture avec le Moyen-Âge, une bonne partie de la population, les érudits et les étudiants, ont accès au livre devenu moins cher et le nombre de livres va augmenter dans des proportions considérables. Ainsi, le nombre de livres mis en circulation augmente (des livres à moindre coût).

L’invention de l’imprimerie a favorisé une large diffusion des idées, des textes religieux, des bibles, puis des récits de voyage ; le développement de l’esprit critique, étant donné que beaucoup de gens ont accès aux livres bibliques sans passer par les commentaires oraux de quelques érudits et clercs.

Ainsi, l’Europe redécouvre la pensée des auteurs de l’Antiquité grecque et romaine.

Autres conséquences sur la grammaire : les mots sont séparés, la ponctuation est utilisée, l’orthographe est fixée.

3° 1492 : la découverte des Amériques pas Christophe Colomb. L'Europe réalise que d'autres mondes, d'autres lois et d'autres civilisations existent. Il est désormais possible de concevoir un autre monde.

Leçon n°3Les Idées de la Renaissance

La Renaissance est, certes, une période de renouveau des arts plastiques, mais aussi une époque d’intense activité philosophique. Cette période de l’histoire européenne a vu émerger une nouvelle vision du monde et une autre conception de l’homme et de la société.

La philosophie de la Renaissance s’est élaborée en réaction à la philosophie du Moyen-Âge ou la philosophie scolastique. Celle-ci était fondamentalement chrétienne et se

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réclamait de l’autorité d’Aristote. Cela revient à dire que le Moyen-Âge n’ignorait pas complètement la philosophie de l’Antiquité, en général; mais la vision qu’il en avait était à la fois tronquée et partielle.

En effet, on connaissait Aristote, du moins à travers certains de ses textes en l’occurrence La Métaphysique et Organon, pas dans leur langue originale mais à travers des traducteurs arabes et dominicains et aussi à travers Saint Thomas d’Aquin qui a non seulement essayé de traduire l’œuvre d’Aristote mais tenté une réconciliation entre la foi et la raison en mettant les ressources de la raison au service de l’intelligence de la foi. Son projet ou son idée de départ était de montrer que la culture profane ne s’opposait pas à la religion. Les textes d’Aristote lui ont servi de référence pour la démonstration de l’existence de Dieu et pour mieux comprendre les Textes Saints (ou les Écritures Saintes). C’est ainsi que la théologie s’est constituée en science véritable, c’est-à-dire science des choses divines fondée sur des raisonnements et démonstrations conformes aux principes aristotéliciens.

Par ailleurs, Saint Thomas d’Aquin, en s’inspirant de la pensée de ses prédécesseurs notamment Maïmonide, juif et Averroès, musulman, a posé les fondements de la Scolastique qui a été enseignée dans les Universités Médiévales à partir du XIIIe siècle.

En bref, Saint Thomas D’Aquin a christianisé Aristote.

Rappel

L’œuvre d’Aristote, notamment sa Métaphysique, a joué un rôle central dans la structuration du savoir médiéval: en philosophie, en théologie mais aussi en politique, astronomie, en physique, botanique, etc.

Qu’est-ce que la scolastique?

La scolastique désigne l’enseignement dispensé au Moyen-Âge dans les écoles monastiques, dans les Universités et dans toutes les écoles placées sous la juridiction de l’Église.

Les méthodes d’enseignement étaient formelles et se fondaient sur :

- La connaissance livresque uniquement: les deux seules références de cet enseignement: la philosophie grec d’Aristote et la Bible;

- L’art de la dialectique;

- L’art du discours.

- La scolastique refusait toute remise en cause des dogmes établis par l’Église.

A l’origine, la Scolastique tentait d’apporter une réponse à la question:

Comment peut-on concilier la foi et la raison? Autrement dit, comment concilier la philosophie te la théologie?

L’objectif était de faire en sorte que philosophie, au lieu qu’elle contredise la théologie, cautionne la foi.

Les humanistes, en l’occurrence Rabelais & Montaigne, vont tourner en dérision, ridiculiser les méthodes et les principes sur lesquels se fondaient les scolastiques, dits aussi « Sophistes » ou « Sorbonnards ». Les humanistes soutenaient que:

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- La philosophie ne pouvait être la servante de la théologie;

- L’Eglise, pour échapper aux contradictions qui traversent les Ecritures Saintes, usait des sophismes, des déformations des textes et de son autorité.

- On ne raisonne (spécule) que sur des concepts anciens et non sur des problèmes de la vie.

Le Projet des humanistes

Le projet des humanistes était de retrouver la pureté des textes anciens, dans leur langue originale et donc dégagés des commentaires superflus des Lettrés médiévaux. Par conséquent, ils abandonnent les versions arabes et dominicaines d’Aristote et ils se mettent à retraduire le philosophe grec (Aristote). Même Sant Thomas d’Aquin est remis en question, Valla lui reproche son ignorance de la langue grecque.

En effet, dès la Pré-Renaissance, les premiers humanistes n’ont pas hésité à remettre en question l’œuvre de la Scolastique: ils rejettent la logique étudiée en elle-même et pour elle-même, et des spéculations abstraites (la Disputatio). Les humanistes récusent les raisonnements a priori au profit d’un raisonnement intéressant la vie morale et politique de la société.

Ce rejet est motivé par le fait qu’on veut que le raisonnement porte sur une réalité concrète, c’est-à-dire sur des problèmes intéressant la vie morale et politique de la société. Comme le souligne l’auteur de Les origines de la Renaissance en Italie. 1995, Gebhart, Emile (1839-1908) : « la tendance générale de la philosophie est laïque ». L’auteur cite Dante qui, au XIVe siècle, écrit, en langue vulgaire, son Convito. Dans ce livre, il n’est question ni de l’Être pur, ni des universaux de la matière mais des sujets relatifs au bien de l’Homme. C’est une œuvre non de logicien, mais de moraliste et de politique. Dans ce livre, l’autorité de l’Éthique l’emporte sur celle de la Métaphysique. Convito est aussi une œuvre rationnelle. Dante y soutient que c’est l’usage de la raison qui fait toute la valeur des hommes et président à leur félicité, mais à condition que la raison soit maîtresse et non servante, comme c’était le cas dans l’Antiquité grecque, chez les philosophes de cette époque: Platon, Aristote, Zénon, Sénèque, etc.

Dante, Pétrarque et Boccace sont considérés comme les fondateurs de la Renaissance en Italie:

« Pétrarque n’a point ménagé la Scolastique. Il la dénonce partout où il la rencontre (…). Il affirme qu’Aristote n’est pas la source de toute science et qu’aucune autorité n’est supérieure à la raison. Enfin, il répète que l’œuvre de l’éducation est d’apprendre non pas à disputer, mais à penser. Il accepte la dialectique comme une armure utile, une gymnastique de l’esprit. « Mais si on a raison de passer par là, on aurait tort de s’y arrêter. Il n’y a que le voyageur insensé auquel l’agrément de la route fait oublier le but qu’il s’était fixé ». (Page 64).

Aussi l’esprit humain a-t-il ainsi pris possession du sens critique.

A cette époque, on redécouvre aussi les œuvres complètes de Platon rapportées de Constantinople. Ses Dialogues ont été traduits par Marsille Ficin. Platon et Aristote, tels sont les deux philosophes qui ont exercé une influence considérable sur les philosophes de la Renaissance. S’il est vrai qu’on opposait Aristote à Platon, il faut dire qu’on opposait

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Aristote à lui-même: le vrai Aristote au faux Aristote. Cela dit, la Scolastique n’avait connu qu’un faux Aristote, qu’elle avait tenté de concilié plus ou moins artificiellement avec le christianisme. L’Aristote de la Scolastique est mal compris; l’Aristote authentique est celui qui est étudié dans les textes mêmes.

En bref, si les savants du Moyen-Âge ne voyaient dans l’Antiquité qu’ignorance et barbarie, les penseurs de la Renaissance (les Humanistes) y voient une période de lumière et mettent en valeur la pensée et la culture des civilisations gréco-romaines. De ce fait, la philosophie de la Renaissance, étant une émancipation du carcan scolastique, est une transition entre la philosophie scolastique et la philosophie moderne.

Les sciences vont alors acquérir une nouvelle indépendance et la philosophie va se dissocier du dogme chrétien. L’humanisme prône la liberté d’esprit et l’indépendance vis-à-vis des dogmes très rigides de la religion chrétienne.

Durant le XVIe siècle, la Scolastique sera complètement discréditée par le Newtonisme et l’empirisme en Angleterre. Mais l’Église ne va pas lâcher prise et va durcir davantage son attitude. Ainsi, en 1632, Galilée est condamnée.

Leçon n°4La Renaissance artistique

Si la société de l’époque médiévale est considérée comme étant profondément religieuse, il est normal que la religion transparaisse à travers tous les aspects de la vie, les arts et le lettres y compris. Aussi les thèmes abordés et les figures représentés dans les œuvres d’art de l’époque étaient, en général, religieux : les figures les plus représentées étaient : la Vierge et le Christ et les thèmes privilégiés étaient à caractère religieux.

Le retour vers l’Antiquité (la connaissance de l’art antique)

Pendant la renaissance, on assiste à un mouvement antiquisant: les artistes et les amateurs prennent des leçons de beauté devant les monuments romains redécouverts, les statuts gréco-romaines collectionnés (par les nouveaux mécènes), mais aussi à la source des textes latins et grecs. Rappelons que des fouilles de sites antiques sont ouverts partout, notamment à Rome. Les découvertes archéologiques marquent l’imaginaire de la Renaissance. Ces objets redécouverts sont étudiés, copiés, sculptés et ces modèles classiques inspirent toute une génération d’artistes.

Pourtant, loin de se livrer à une reproduction servile de l’art du passé, chaque artiste travaille à l’épanouissement de sa propre expression, et tente d’affirmer sa vision et ses aspirations à travers son œuvre. L’art de la Renaissance réconcilie aussi le christianisme et la culture païenne. Michel Ange place côte à côte les prophètes de la Bible et les sibylles antiques. En 1510, Raphaël, peintre et architecte, représente les grands penseurs de l’Antiquité sous les voûtes de la basilique Saint-Pierre, à Rome.

Voir aussi Le jugement dernier un tableau réalisé en six ans par Michel Ange sur la commande du Pape Clément VII. Ce tableau de peinture, qui a fait scandale à l’époque, met en scène quatre cents personnages. Tous y figuraient nus, y compris le Christ.

Cf. www.rmn.fr/la-renaissance

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Les artistes humanistes s’inspirent de la Mythologie, et vont essayer, surtout en sculpture, de respecter au mieux les proportions de l’être humain afin de le rendre le plus ressemblant possible. L’architecture de la Renaissance rejette le style gothique du Moyen-Age et recherche des formes horizontales. On va alors voir réapparaitre des formes architecturales de l’Antiquité: colonnes, bas-relief, coupoles, etc.

Les châteaux de la Renaissance ne sont plus conçus dans un but défensif, mais ils sont construits comme des résidences où il fait bon vivre.

La création artistique au temps de la Renaissance réserve une place centrale à l’individu. Les artistes affirment que l’homme appartient à la nature, et se dresse au centre de l’univers.

Les personnages représentés ont une nouvelle présence, un poids du corps et de l’âme. Les signes de sainteté (mandorles, auréoles) s’effacent pour incarner le divin dans une nouvelle humanité.

La Renaissance littéraire

Les hommes de lettres ne font pas exception. Les écrivains français, par exemple, étaient fortement influencés par des Italiens tels que Pétrarque, Boccace qui représentent les figures majeures de l’humanisme qui s’est développé à partir du XIVe siècle en Italie.

Créations : ces écrivains prêtaient une attention particulière à la langue et aux problèmes de la technique poétique. On crée la tragédie et la comédie en français et on donne naissance à de nouvelles formes : épitre, élégie, églogue, ode et surtout sonnet.

Mythes et thèmes : les thèmes développés dans les œuvres littéraires de la Renaissance révèlent l’esprit du temps : l’amour, la vertu. On rêve aussi d’un monde harmonieux où l’homme vivrait en harmonie aussi bien avec la nature qu’avec lui-même.

Cf. Utopia de Morus et La Thélème de Rabelais.

Cela dit, les humanistes (les hommes de lettres) seront mêlés aux grand problèmes de leur temps : ils introduisent dans leurs œuvres (littéraires) la réflexion sur les problèmes de civilisation, de pensée, de religion ; évoquent l’espoir d’un nouvel art de vivre (Rabelais, Marguerite de Navarre) et introduisent une nouvelle conception du monde conformément à l’esprit de l’époque. Ils refusent ainsi de s’en remettre à l’autorité établie pour interpréter les textes adhérant au principe de libre examen, lequel a inspiré la révolte de Luther et Calvin.

Le mouvement de la Pléiade

Sous le règne de Henri II, durant la période (1547-1559), une nouvelle esthétique voit le jour. La Pléiade est un groupe (d’abord nommé « la Brigade ») de poètes rassemblés autour de Ronsard. Ce groupe est né vers 1549. Outre Ronsard, La Pléiade regroupe Joachim Du Bellay, Jacques Peletier du Mans, Jean de La Péruse, Rémy Belleau, Antoine de Baïf, Pontus de Tyard & Etienne jadelle.

Le souci majeur de la Brigade est de faire reculer, combattre le « Monstre Ignorance » par la diffusion de la culture antique.

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NB.

Le mot Pléiade évoque la Pléiade mythologique des sept filles d’Atlas changées en constellation, et surtout la Pléiade des sept autres poètes d’Alexandrie qui avaient choisi, au IIIe siècle, le nom de cette constellation pour se désigner.

C’est en 1553 que le groupe prend le nom qu’on lui connaît.

Ces poètes de la Pléiade défendent à la fois l’imitation des auteurs gréco-latins et la valeur culturelle de la langue française. Ils imposent l’alexandrin e le sonnet comme des formes poétiques majeures. Leurs idées sont rassemblées dans un Manifeste intitulé : « Défense et illustration de la langue française » (Deffense et illustrtion de la langue françoise, 1549). Ce manifeste, publié en avril 1549, est signé par Joachim Du Bellay.

Le programme de la Pléiade (leur projet ou leur idéal commun)

- D’abord, ils entrent dans une logique de rupture avec les prédécesseurs et rompent, de ce fait, avec la poésie médiévale ;

- Pour eux, « la poésie doit parler la langue du poète » et cherchent alors à exercer leur art en français ;

- Cependant, le français d’alors est tellement pauvre qu’il n’est pas adapté à l’expression poétique. Pour remédier à cette situation, les poètes de la Pléiade décident d’enrichir leur langue (le français) par la création de mots nouveaux par emprunts au latin, au grec, au vieux français, à la langue des métiers et aux dialectes provinciaux. Du Bellay propose également un enrichissement du lexique par la multiplication des métaphores, des allégories et des comparaisons. Leur objectif est que la langue française devienne aussi riche, fine et maniable que les langues anciennes.

- Ils défendent aussi l’imitation des auteurs gréco-latins. Leur objectif était de s’inspirer de ces auteurs pour ensuite les dépasser ;

- Ils imposent l’alexandrin, l’ode et le sonnet comme des formes poétiques majeures ; (le sonnet est un poème à formes fixes de 14 vers, réparties en deux quatrains et sizain, séparées en deux tercets (strophes de 4, 4, 3 et 3 vers) ;

- Leurs thèmes privilégiés sont ceux de la poésie élégiaque : l’amour, la mort, la fuite du temps et la nature.

En bref, les poètes de la Pléiade ont joué un rôle important dans le développement et la standardisation du français, c’est-à-dire dans la défense et l’illustration de la langue française.

Parmi les cadres de la nouvelle esthétique figure la langue. En effet, jusque vers 1530, la langue des humanistes français n’était pas encore le français, puisqu’ils parlaient encore latin. C’est en latin qu’on apprenait à lire voire à parler. Mais à partir de cette date, le français gagnait de plus en plus du terrain, et l’humanisme devient progressivement français. On traduit des textes anciens, dont la bible, en français ;

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Rabelais écrit sa « geste » parodique en français. En 1539, l’autorité royale, prenant en considération le progrès du français, impose, par l’ordonnance de Villers-Cotterêts, le français – à la place du latin – comme langue administrative, judiciaire et diplomatique.

La Pléiade jouera dans ce processus un rôle non négligeable.

Résumé

Un des aspects caractéristiques de la Renaissance est le renouvellement des thèmes de l’art. Si au Moyen-Âge, la création artistique était au service de la religion chrétienne, la renaissance consacré un certain nombre de thèmes plutôt humanistes (tels que la tolérance, la liberté, la pensée, la paix, l’esprit critique, l’éducation, etc.) et le recours à la Mythologie antique.

L’homme devient au centre de l’univers: les peintres ainsi que les sculpteur n’hésitent pas à représenter la beauté du corps humain dénudé, reflet de la perfection divine.

Les architectes s’affranchissent du style gothique, qualifié de « barbare ».

La pensée se libère de plus en plus des contraintes religieuses.

La Renaissance artistique remet en cause les codes et les canons de l’esthétique médiévale.

L’invention de l’imprimerie aidant, le courant se diffuse dans toute l’Europe durant le XVIe siècle.

L’humanisme en consacrant ces thèmes, jette les bases d’idées futures: la valeur de l’homme et le rôle de l’éducation.

Leçon n°5Le progrès des connaissances

La renaissance se signale par le progrès des connaissances et par les grandes découvertes scientifiques. Les esprits s’intéressent particulièrement aux sciences de la nature et à toutes les branches du savoir humain en adoptant une méthode scientifique, celle qui avait fait défaut au Moyen-Âge. Durant cette période-ci, on avait tendance à expliquer les faits par des actions et puissances extraordinaires. On prenait, comme l’a dit Leibniz: «  la paille des termes pour le grain des choses »; ou comme disait Descartes: « Le Grand art, qui enseignait à parler de tout sans rien savoir ». Or, les grands esprits de la Renaissance comprirent qu’il ne suffisait pas de tenir les mots pour tenir les choses, et qu’il faut en appeler à la réalité même ». On lit alors aussi bien dans le livre de la Nature que dans ceux des Grecs et des Hébreux.

Par ailleurs, à cette époque, comme le montre Ernst Bloch dans son livre: La philosophie de la Renaissance (Payot, rééed., 2007), les frontières entre les savoirs ne sont pas étanches et on peut être philosophe tout en s’intéressant à la mystique, à l’astronomie (Galilée et Kepler), à la mécaniquz, à l’‘art, à la politique (comme Machiavel et Hobes).

L’immortel peintre de la Cène et de la Joconde, Léonard de Vinci n’était pas seulement un grand artiste, mais il était aussi un grand savant.

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« L’expérience, disait-il, est seule interprète de la Nature; il faut donc la consulter toujours et la varier de mille façons, jusqu’à ce qu’on ait tiré les lois universelles; et elle seule peut nous donner de telles lois ».

A cela s’ajoutent le Nouveau monde découvert par Christophe Colomb, qui recule les bornes de la terre habitée; l’invention de l’imprimerie qui permet de mettre à portée de chacun les savoirs amassés par les siècles & les inventions physiques et astronomiques (Copernic, Galilée et Kepler) brisant le ciel de cristal imaginée par Aristote.

Disons, en général, que le renouvellement de la réflexion philosophique au XVIe siècle se caractérise par l’affirmation de la libération de l’homme vis-à-vis de Dieu.

La fondation des académies

La situation des Universités européennes au XVIe siècle était déplorable. Elles étaient totalement sclérosées, en marge de la vie de l’époque. Elles étaient plus particulièrement indifférentes à ce qui se passait dans la vie intellectuelle de l’époque. Étant prisonnières de la Scolastique, ces universités étaient hostiles au changement et à toute idée nouvelle.

Les humanistes européens du XVIe siècle, ne travaillaient pas chacun dans son petit coin, au contraire, ils se réunissaient, voyageaient souvent et correspondaient entre eux, formant ainsi ce qu’on appelait La République des Lettres et remettaient, de ce fait, à l’honneur la libre discussion. De ces assemblées vont voir le jour les Sociétés savantes et les Académies.

Ces académies vont avoir une grande fortune au XVIIe siècle. Les monarchies européennes vont encourager la création de sociétés savantes en les officialisant.

En France, en 1530, François 1er accepte la demande qui lui a été adressée par Guillaume Bude (1468-1540) considéré comme le grand humaniste français, de créer le Collège des Lecteurs royaux qui deviendra par la suite Le Collège de France.

« (…) ce collège où va enseigner l'élite des savants de France sous le nom de Collège des Lecteurs Royaux. Cette institution est conçue très clairement comme un moyen de contourner les interdits lancés par les théologiens de la Sorbonne à l'encontre de l'enseignement des langues grecques et hébraïques. A ce titre, mais pas seulement, Guillaume BUDE est donc un personnage clef dans la lutte que se livrent à Paris les Humanistes et les Théologiens entre 1523 et 1535.. »

http://www.renaissance-france.org/rabelais/pages/ bude.html

L’humanisme et les réformes religieuses

Durant le Moyen-Âge, l’Église monopolisait la pensée de la population européenne. C’est une époque durant laquelle les seules personnes instruites étaient les moines et om la Bible était le seul livre consultable.

La renaissance se signale aussi comme étant l’ère de nouvelles réformes religieuses comme le calvinisme. Le principe des humanistes consiste en le retour aux textes initiaux: l’Écriture sainte, débarrassée des commentaires des Pères de l’Église et la Tradition; celle-ci ayant causé l’oubli des textes sacrés.

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A partir du début du XVIe siècle (1517), Martin Luther s’acharne à dénoncer les abus de l’Église. Il proclame que la foi seule sauve, et insiste sur le fait que tout croyant doit avoir accès au vrai texte sacré sans l’intermédiaire constant des prêtres.

C’est ainsi qu’en France, Lefèvre d’Etaples traduit la Bible latine en français en 1530. L’invention de l’imprimerie aidant, la diffusion des savoirs, des idées en des milliers d’exemplaires devient possible, la religion catholique est plus que jamais contestée.

Martin Luther, soutenu par les Princes, va tenter de réformer l’Église catholique. Son idée est de limiter le pouvoir de Rome et de promouvoir des Églises nationales. Cette contestation donnera naissance à une nouvelle religion: le protestantisme dont les principes essentiels figurent le libre examen et la tolérance.

En bref, tout comme l’humanisme, la réforme religieuse est une réaction contre les abus. Grâce à l’invention de l’imprimerie et grâce aux traductions de Luther et de Lefèvre d’Etaples, les gens lisent les textes sacrés, l’Évangile, dans leur langue maternelle et s’aperçoivent que la vérité était différente de celle que les prêtres prêchaient, c’est pourquoi les gens ont perdu toute leur confiance aux prêtres et se révoltent contre le clergé.

Issus des mêmes préoccupations, l’humanisme tout comme la réforme religieuse donnent naissance à des idées nouvelles et à des conceptions renouvelées de l’homme.

L’imprimé deviendra un instrument de propagande des Idées nouvelles. Les Imprimeurs seront, par la suite surveillés par l’Eglise et le pouvoir royal. En effet, à la suite de « l’affaire des placards » et à partir de 1543, il appartient à la Faculté de théologie de décider si un livre peut être imprimé et que tout livre doit porter la date, les noms de l’auteur et de l’imprimeur et être muni d’un privilège royal (sorte d’autorisation à paraître).

Les revendications humanistes sur le plan religieux (François Rabelais)

- Le mouvement humaniste veut épurer la religion catholique et s’oppose aux ambitions temporelles des papes;

- Il proclame la nécessité de prendre l’Ecriture comme seul fondement du christianisme et d’abandonner les institutions créées par les hommes; (pour cela, il faut étudier le texte original et procéder éventuellement à de nouvelles traductions et interprétations).

- On défend l’idée d’une morale plus conforme aux exigences de la nature et de la vie, mais reposant sur la foi religieuse.

Leçon n°6Le XVIIe siècle : Siècle de la grandeur monarchiqueLe XVIIe siècle est le siècle de la grandeur monarchique. Il est le siècle du classicisme, en ce sens que le XVIIe siècle représente l’une des périodes les plus fécondes de l’histoire littéraire française.

1° Contexte historico-politique1.1. La Régence d’Anne d’Autriche

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A la mort de Louis XIII, son fils Louis XIV n’a pas encore atteint l’âge de la majorité, puis qu’il n’avait que quatre ans. La tradition veut que l’un des membres de la famille qui prend le pouvoir en attendant que le jeune roi atteigne l’âge de la majorité. C’est ainsi que la reine-mère, Anne d’Autriche, devient Régente. La régence est donc exercée, pendant la minorité du roi, par la reine-mère (devenue régente) et le gouvernement assuré par le cardinal Mazarin.

La régente Anne d’AutricheNée le 22 septembre 1601, à Valladolid en Espagne. Elle est la fille du roi Philippe III, roi d’Espagne (1578-1621) et de l’archiduchesse Margueritte d’Autriche. Elle est aussi l’épouse de Louis XIII. En tant que telle, elle est reine de France et de Navarre de 1615 à 1643.

Le cardinal Mazarin (1602-1661)Jules Mazarin, fut un diplomate et homme politique, dans un premier temps au service de la papauté, puis des rois de France : Louis XIII et Louis XIV. Il succéda à Richelieu en tant que principal ministre de 1643 à 1661.

En effet, Richelieu, depuis qu’il été nommé « principal ministre » en 1624 jusqu’à sa mort en 1642, s’est employé à restaurer le crédit de la monarchie. Et ce, en réduisant par la force les privilèges militaires et politiques dont jouissent les nobles et ceux accordés aux Protestants suite à l’édit de Nantes.

Jules Mazarin succédera à Richelieu, après la mort de celui-ci. Durant la minorité de Louis XIV, Mazarin poursuit la même politique que celle de son prédécesseur. Cela ne pouvait pas plaire aux nobles et aux Princes (aux privilégiés).

En bref, Richelieu et Mazarin ont mis successivement leurs talents politiques au service du renforcement de l’autorité royale.

1.2. La situation de la France après la mort de Louis XIIISur le plan politique, la France, en pleine guerre avec l’Espagne (1635-1659) connaît une période de troubles graves qu’on appelle la Fronde (1648-1658). Au cours de cette période, la France devient un pays en proie aux factions, aux frondeurs.Sur le plan financier, les caisses de l’État sont vides. Mazarin avait l’intention de procéder à la création de nouveaux impôts et à l’augmentation de ceux qui existent déjà.1.2.1. La frondea) La fronde parlementaire (1648-1649)Les parlementaires, sous Louis XIII, n’avaient plus ni les mêmes privilèges ni les mêmes attributions (ou prérogatives) qu’avant, suite à la politique menée par le cardinal Richelieu. Les parlementaires étaient sous le contrôle de la noblesse. La politique menée par Richelieu avait pour objectif d’affaiblir celle-ci et de réduire son rôle sur la scène politique. Ainsi, après la mort de Louis XIII, la noblesse et les parlementaires voulaient récupérer leurs privilèges et retrouver leur place. Pour cela, ils tentent d’éliminer Mazarin, un étranger d’origine italienne, dont la présence à la tête du gouvernement dérange, et ce, en privant celui-ci de moyens financiers.

RAPPEL :

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Les parlementaires sont des cours de justice, peu à peu, les juges se sont éloignés de leur mission pour s’occuper de la politique du royaume. Les parlementaires peuvent alors bloquer certaines lois données par le gouvernement.

C’est ainsi que le parlement vote une charte pour limiter le pouvoir royal et contrôler les impôts. Ils ont soumis tout un programme de 27 articles à la régente Anne d’Autriche : ils exigent que la fonction des intendants soit supprimée et que la régente accepte le principe qu’aucun nouvel impôt ne soit perçu sans le consentement parlementaire. En réalité, les parlementaires voulaient pousser la monarchie à partager le pouvoir avec le parlement.Mais, Anne d’Autriche, pour gagner du temps attendre le moment idéal pour mettre un terme aux ambitions des parlementaires (« leur mascarade ») donne son accord de principe sans pour autant signer le document. En août 1948, la régente fait arrêter l’un des principaux meneurs : Pierre Broussel. La population se révolte. La fronde des parlementaires se déclenche. Paris se hérisse de barricades. La cour se trouve dans l’obligation de fuir la Capitale. C’est dans ces circonstances que la régente va enfin confirmer le programme de réforme des parlementaires. (Cf. La journée des barricades).

Anne d’Autriche va, ensuite, essayer d’installer les parlements en Province pour les éloigner. Appuyés par la bourgeoisie, les parlements refusent et lèvent une armée dirigée par les nobles. De son côté, Mazarin mobilise les troupes royales qu’il place sous le commandement du prince Condé (le cousin de Louis XIV). Celui-ci assiège Paris, le parlement finit par accepter la paix de Rueil. Vidéo : la fonde parlementaire

La fronde nobiliaire : les princes prennent le relais (1650-53)Après la fronde des parlementaires, ce sont alors les princes qui prennent le relais. En effet, le prince Condé, qui a assiégé Paris et poussé, de ce fait, les parlementaires à accepter la paix de Rueil, est très déçu de la famille royale. Tout porte à croire qu’on lui a fait des promesse qu’on a pas tenues : il attendait de grands privilèges.Cette fois-ci, Mazarin va demander de l’aide auprès du prince Paul de Gondi – cardinal de Retz – à qui il fait des promesses. La mission de Gondi consiste à arrêter le prince Condé. Chose faite. Le prince Condé est arrêté et emprisonné le 18 janvier 1650. Encore une fois, Mazarin ne tient pas ses promesses. Mécontent et déçu, Gondi exige que les princes emprisonnés soient libérés immédiatement, mais Anne d’Autriche s’y oppose.En février 1651, la population parisienne se révolte, envahit le palais et bloque la ville. La régente n’a plus d’autre choix que de libérer les princes. Étant désormais libre, Condé songe à sa vengeance. Mazarin fuit la capitale, se rend en Rhénanie en attendant que les esprits se calment.

Leçon n°7Vers le rétablissement de l’autorité royaleLouis XIV atteint la majorité. Il lève, en compagnie de sa mère, des troupes royales pour mettre un terme à l’insurrection (menée par condé). Mazarin sort de l’exil pour soutenir le jeune roi à Poitiers, même si sa tête est mise à prix. Les Parisien renversent Condé et ouvrent des négociations avec le pouvoir royal. Mazarin est obligé de quitter le pays pour que le roi puisse reprendre ses droits. Il part en Belgique. Le 21 août 1652, Louis XIV fait son entrée

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dans la Capitale. Mazarin est rappelé en février 1653 et la dernière insurrection est réprimée à Bordeaux en août.Pourtant le jeune Louis XIV restera profondément marqué par ces événements et il en sera même traumatisé. Il est décidé à ce qu’ils ne se reproduisent jamais.

Après l’épisode de la fronde, on assiste à la mise en place d’une monarchie absolue de droit divin. En effet, ayant atteint l’âge de la majorité, Louis XIV reprend ses droits et rappelle le cardinal Mazarin. Celui-ci est son homme de confiance, son bras droit. Il le laisse gouverner et Louis XIV s’installe dans son rôle de monarque.Il est désormais interdit à quiconque, notamment aux parlementaires (ou magistrats) de discuter et a fortiori contester ou remettre en question les édits royaux (lois ou ordres du roi).En 1659, Mazarin prépare une paix avec l’Espagne. Le traité sera signé le 07 novembre 1659. En 1661, le Cardinal Mazarin meurt. Louis XIV se trouve seul face au pouvoir. Au lendemain de la mort du Cardinal, le roi convoque le Conseil :« Monsieur, je vous ai fait assembler avec mes ministres et secrétaires d’État pour vous dire que jusqu’à présent, j’ai bien voulu laisser gouverner mes affaires par feu M. le Cardinal  ; il est temps que je les gouverne par moi-même. Vous m’aiderez de vos conseils quand je vous les demanderai ».Il dira aussi :« Toute puissance, toute autorité réside dans la main du roi. Les rois sont seigneurs absolus. Mon intention n’est pas de partager mon autorité. Dieu, qui a donné des rois aux hommes, a voulu qu’on les respecte et Lui seul peut juger leur conduite. Sa volonté est que quiconque obéisse sans discuter. La tête seule doit penser et prendre les décisions. Les autres membres ne sont que pour exécuter les ordres ».(Louis XIV au lendemain de la mort du cardinal Mazarin, 1961).

Louis XIV donne ainsi le coup d’envoi de sa monarchie absolue. Il commence alors son règne personnel et fait de la royauté le type accompli de la monarchie absolue de droit divin. Il tient, en effet, la noblesse sous un contrôle étroit et est absolument maître dans son royaume, concentrant, entre ses mains, tous les pouvoirs :

- Le gouvernement central est réparti entre le Conseil du roi, le Chancelier de France et quatre secrétaires d’État ;

- Les États généraux ne sont plus réunis. A partir de 1673, les parlements se bornent à enregistrer les ordonnances royales.

Louis XIV va donc régner et gouverner seul, absolu, sans rien partager. Il dit que c’est Dieu qui l’a choisi et qu’il n’a de compte à rendre qu’à Dieu seul. Il dira aussi : « L’État, c’est moi ». On dit alors que c’est une monarchie de droit divin.

Leçon n°8Colbert et le colbertisme

D’après : Cornelius J. Jaenen, « Le colbertisme », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 18, n°1, 1984, pp. 64-84.

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Issu d’une importante famille de la bourgeoisie de Champagne, Colbert était d’abord l’intendant de Mazarin avant de devenir le principal ministre de Louis XIV.

La politique menée par Colbert – sur le plan économique – visait à rendre la France plus riche et plus forte. La politique économique, qui est celle de Colbert – ou le Colbertisme – considère que toute activité économique doit faire progresser la puissance et la grandeur de l’État. Autrement dit, l’économie est mise eu service de la grandeur de l’tat et vise à assurer le pouvoir de l’État.

Cela ne pouvait se réaliser que par le développement du commerce non seulement à l’intérieur de la métropole mais surtout à l’extérieur, c’est-à-dire le commerce du domaine colonial.

Or, pour Colbert, cette expansion du commerce suppose que deux conditions soient réunies et satisfaites :

1° L’unification de la France et la sécurité à l’intérieur de l’État.

2° Le développement des relations extérieures de l’État avec les autres pays.

Cette politique économique basée principalement sur l’expansion du commerce repose sur certains principes (économiques) que voici.

Le premier principe du mercantilisme : Vue statique de l’économie

L’augmentation de la fortune de l’État doit se faire sur le compte des États voisins. Selon ce principe d’antagonisme, ce que l’un gagne, l’autre le perd. Tout avantage commercial de la France représenterait pour les autres pays une perte ou un désavantage correspondants. On est là dans un système clôt de valeur : ce que possède l’un représenterait pour l’autre des dommages correspondants.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Cela signifie que tant que l’Espagne ou les autres pays voisins seraient forts et riches, la France ne le serait point. Pour devenir forte et riche, la France devrait déposséder les autres de leurs richesses.

C’est ainsi que Colbert prend trois mesures propres à assurer l’augmentation de la quantité d’argent qui circule dans le commerce public :

« Augmenter l’argent dans le commerce public en l’attirant des pays d’où il vient, en le conservant au dedans du royaume et empeschant qu’il n’en sortist, et donnant des moyens aux hommes d’en tirer profit. »

P. Clément, Lettres, Instructions et Mémoires de Colbert (Paris, 1861-1873), VII, Mémoire au roi, 1770 : 239.

La doctrine économique de Colbert consiste donc à drainer les capitaux étrangers, les conserver dans le royaume et veiller à ce qu’ils n’en sortent pas. L’objectif de ces mesures, c’est d’enrichir la France, assurer et garantir la grandeur de l’État et par là même d’abaisser les États voisins.

« Comme en ces trois points consiste la grandeur de l’Estat et la magnificence du Roy par toutes les dépenses que les grands revenus donnent occasion de faire, qui est d’autant plus relevée qu’elle abaisse en même temps tous les États voisins … ». (Ibid. : 239)

Cette vision des choses provient de l’idée que l’enrichissement passe par l’accumulation des métaux précieux. Et Colbert était convaincu que c’est l’argent qui constitue la richesse

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d’un État et que la grandeur et la puissance de l’État se mesurent par la quantité d’argent ou de monnaie (le bon état des finances et l’augmentation des revenus) qu’il détient ou possède1.

Le deuxième principe du mercantilisme : Une maîtrise des mouvements de la monnaie (tentative de diriger les mouvements de la monnaie)

Le raisonnement des mercantilistes se présente comme suit : si la richesse d’un individu se mesure par la quantité de monnaie de monnaie qu’il possède, la richesse d’un État doit se mesurer sur le stock du métal dont il dispose.

Par conséquent, un État riche, est un État qui parvient à accumuler le plus de métaux précieux. L’abondance de ces métaux précieux est ce qui garantit la force et la puissance de l’État. C’est cette conception qui donnera le coup d’envoi aux conquêtes coloniales, et ce pour attirer davantage d’argent dans le royaume2.

En 1669, Colbert soumet au roi un plan consistant à limiter voire à empêcher la sortie de l’argent du royaume. La proposition de Colbert est comme suit :

« Sera faite très-expresse défense à tous autres marchands de transporter aucun argent hors du royaume sous peine de vie, conformément aux ordonnances : et, pour empescher la fraude, sera faite visite exacte de tous les vaisseaux qui partiront de Marseille et autres ports de Provence et de Languedoc … » (Ibid. : 450).

Colbert n’approuvait pas l’idée que toutes transactions commerciales avec les pays étrangers se passent en argent. Encore voulait-il, en vue de conserver l’argent dans le pays, et limiter, diminuer le transport de cet argent à l’étranger, « obliger les marchands à les faire (…) partie en manufacture du royaume et partie en argent ». Pour lui, ces transactions qui se font toutes en argent sont préjudiciables au royaume.

En fait, cette mesure avait deux objectifs :

1° Diminuer voire rendre difficile le transport ou la sortie de l’argent du pays vers l’étranger ;

2° Encourager la production française et sa commercialisation.

Colbert « commanda de faire visiter les vaisseaux qui sortaient de Marseille et de confisquer l’argent qui s’y trouverait chargé ».

L’autre principe – le troisième dont parle l’auteur, c’est « l’augmentation de la puissance et la grandeur de Sa Majesté Très-Chrétienne ».

Disons, en bref, que Colbert – le grand ministre de Louis XIV, a pu mettre en place une politique commerciale qui donnera aussitôt ses fruits :

- Il invite en France les meilleurs ouvriers d’Europe ;- Il procède à la création des compagnies commerciales et les manufactures pour

encourager et améliorer la production française. Il a aussi pris des mesures visant à optimiser la compétitivité de la manufacture française sur le marché national et étranger : Il décourage les importations en relevant les droits de douane, etc.

1 « (…) le bon estat des finances et l’augmentation des revenus de Vostre Majesté consiste à augmenter par tous les moyens le nombre de l’argent monnoyé qui roule continuellement dans le royaume … », (Ibid. : 236).2 « (…) la conduite universelle des finances doit toujours veiller et employer tous les soins et toute l’autorité de Vostre Majesté pour attirer l’argent dans le royaume ». (Ibid. : 235)

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- Colbert a réussi ainsi à mettre de l’ordre dans les finances publiques, à accroitre les revenus publics et à assurer la richesse, la grandeur et la puissance de la France et de son monarque.

Le Château de Versailles : Louis XIV ne veut pas rester sur Paris : il craint la ville et ses révoltes. Ia a aussi besoin d’un instrument pour asseoir son gouvernement et montrer la puissance de la France. Il fait alors construire un palais digne de lui, le Monarque absolu, et de la France (la puissance de la France). Il convoque pour cela les meilleurs architectes, Le Vau, d’Orbay et Mansart, pour réaliser son palais. En 1682, les travaux ayant pris fin, Louis XIV s’installe en définitive avec la cour dans sa nouvelle résidence qui sera aussi le siège de son gouvernement. La cour est composée des membres de la haute noblesse et des grands personnages de l’Etat.Le Château de Versailles, résidence permanente du roi et de la cour, marque un apogée symbolique du prestige personnel de Louis XIV. Bâti sur le modèle de l’architecture classique, le château de Versailles sera copié par tous les rois d’Europe.Louis XIV et les protestantsA l’instar de tous les autres rois auxquels il a succédé, Louis XIV considère que l’unité du royaume passe aussi par l’unité religieuse. A l’époque, il y avait et les catholiques et les protestants. Pour obliger ces derniers (les protestants) à se convertir à la foi catholique, Louis XIV décide de les persécuter en utilisant des régiments de Dragons (Soldats particulièrement durs). Cette méthode s’appelle les dragonnades. En 1685, le culte protestant est interdit, les temples sont détruits et plusieurs milliers de protestants fuient la France et se réfugient dans les pays voisins.

La politique étrangère de Louis XIV : « J’ai trop aimé la guerre »Sur 54 ans de règne, la France connait 29 ans de guerre. D’abord, Louis XIV procède au renforcement de la défense de la France. Il fait appel à un ingénieur militaire Sébastien le Prestre de Vauban à qui il confie cette tâche et qu’il nomme commissaire général des fortifications. Vauban jouera un rôle fondamental dans la modernisation des défenses françaises : 120 villes sur les frontières de la France ont été fortifiées, et c’est grâce à lui que sera introduite l’utilisation du fusil et de la baïonnette. Il est également à l’origine de la victoire des sièges les plus importants, lui qui disait :« Ville fortifiée par Vauban, ville imprenables,Ville assiégée par Vauban, ville prise ».Vauban mourra en 1707. Louis XIV dira : « Je perds un homme fort affectionné à ma personne et à l’Etat ».

Sous le règle de Louis XIV, les armées vont se moderniser en effectif (300 000 hommes). Grâce à cette modernisation initiée par le ministre Louvois,, Louis XIV mène plusieurs guerres et remporte plusieurs victoires, ce qui va agrandir la France.

La Guerre de Hollande (1672-1678) amène à la France la Franche-Comté par le traité de Nimègue.La Guerre de Ligue d’Augobourg (1688-197) permet à la France, par le traité de Ryswick, d’annexer la Sarre les quatre cinquième de l’Alsace. (Voir figure ci-dessus).

La société d’Ancien régimeAu XVIIe siècle, la France compte à peu près 20 millions et la société française est organisée en Ordres. Il y avait trois (3) ordres :

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Le 1er ordre : le clergé estimé à 1% de la population. Le haut clergé vit richement et le bas clergé pauvrement.Le 2e ordre : la Noblesse estimé à 2% de la population. Il bénéficie de nombreux privilèges et occupe des fonctions dans l’armée et l’administration.Le dernier ordre : le Tiers Etat, soit 97% de la population. Cet ordre c’est généralement les paysans qui payent de lourds impôts.Louis XIV et les artsLouis XIV est un grand mécène pour les peintres, les comédiens et les musiciens. Sous son règne, des œuvres extraordinaires seront produites par de grands écrivains tels : Molière et ses comédies, La Fontaine et ses fables … Racine et ses tragédies.Louis XIV et la mortAvant sa mort, Louis XIV demande les derniers sacrements veut voir son successeur, le futur Louis XV qui n’a encore que 5 ans. Il lui dira :« Mignon, vous allez devenir le plus grand roi du monde. J’ai trop aimé la guerre ne m’imitez pas en cela… ». Affaibli par 72 années de règne, Louis XIV meurt le 1er septembre 1715. Il est inhumé à la basilique Saint-Denis et lègue le trône à son arrière-petit-fils Louis XV, alors âgé de 5 ans. Il reste l’homme du « Grand Siècle », symbole des fastes de Versailles et du rayonnement de la France. Massillon prédicateur à l’enterrement du roi commencera son serment par  : « Dieu seul est grand ».

Leçon n°9Le classicismeQu’est-ce que le classicisme ?Qu’est-ce qu’un classique ?Que désigne le classicisme dans le domaine des arts et des lettres ?

Du latin, classicus : ce qui est du premier rang, du premier ordre, de la première classe ; ce qui appartient à la classe supérieure des citoyens.

A la Renaissance, on assiste à l’apparition de l’adjectif « Classique ».

Classique (adj.) signifie d’abord « qui fait référence à l’antiquité », et par extension « qui fait autorité », c’est-à-dire dont la valeur est reconnue par tous.

C’est dire que le mot « classique » signifie, dans un premier temps, « ce qui caractérise les meilleurs auteurs », ceux qui constituent le sommet indépassable de l’histoire de la création artistique, notamment ceux de l’antiquité. Le mot est appliqué, ensuite, aux « meilleurs auteurs que l’enseigne dans les classes », c’est-à-dire à l’école.

Pierre Larousse, dans l’article « Classique » donne, à titre d’illustration une phrase, dans laquelle nous retrouvons les trois connotations du mot : « Le latin et le grec sont nos langues classiques ». En effet, le latin et le grec sont deux langues classiques, parce qu’ils sont : deux langues antiques ; au sommet de la hiérarchie des valeurs & sont enseignés à l’école.

En bref, la notion de « classique » et celle de « classicisme » comportent quatre aspects :

(a) aspect axiologique : « classique » implique un jugement de valeur ;

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(b) aspect prescriptif : les textes ou les auteurs classiques sont des modèles qui font autorité, c’est pourquoi ils sont étudiés à l’école ;

(c) aspect historique : la classicisme correspond à la période des œuvres classiques ;(d) esthétique :

Les débuts du classicisme

Tel l’humanisme, qui a vu le jour en Italie avant de se propager un peu partout en Europe, le classicisme, lui aussi, est né sur le sol italien, à partir de 1582. Et ce, suite à la fondation, par un artiste italien du nom d’Annibale Carrache, d’une académie de peinture à Bologne. L’idée de Carrache était de rompre avec le maniérisme3 qui caractérise la fin de la Renaissance. Il impose ainsi à tous les peintres qui fréquentent son académie :

- une formation de l’esprit en relation avec les écrits d’Aristote ;- l’étude des grands maîtres de la peinture italienne : Raphaël, Michel-Ange, Titien ;- & l’observation de la nature par la pratique du dessin. Car, on pense que la mission

de l’art consiste à voir le monde idéal formé dans l’esprit du peintre avant d’être peint. (Cf. l’Idée)

Ces peintres mettent ainsi sur la toile un paysage entièrement intellectuel.

Le présupposé du classicisme est que l’art antique contient toute la perfection de l’art. Donc, pour les peintres classiques, l’étude de l’antique permet de rendre la nature plus belle qu’elle n’est. Par ailleurs, si le paysage est très prisé par ces peintres, il n’en demeure pas moins que la nature n’est jamais représentée sans la présence de l’homme.

Cet élan classique ou le classicisme s’impose non seulement dans les arts plastiques, mais aussi dans l’architecture, la littérature, la philosophie et se propage dans de nombreux pays d’Europe, en particulier, la France de Louis XIV.

Le classicisme en France

Certains historiens font débuter le classicisme en France – comme mouvement littéraire et artistique – en 1635, date de la fondation de l’Académie royale de peinture et de sculpture. D’autres le font coïncider avec le règle (la monarchie de droit divin) de Louis XIV. Mais, on peut dire que le classicisme – surtout la peinture classique – s’épanouit sous les ministères de Richelieu (1624-1642), de Mazarin (1642-1661) et atteint son apogée sous le règle de Louis XIV. Rappelons que le règne de Louis XIV, c’est la période du rationalisme, du grand rayonnement de la France sur les plans politique, diplomatique et culturel. La peinture classique française, telle qu’elle codifiée par l’Académie royale de peinture et de sculpture, se caractérise par le respect des règles, de l’équilibre et de l’ordre.

3 Manque de naturel, affectation. Style artistique qui se développe en Italie au XVIème siècle et qui représente la transition entre la haute  Renaissance et le baroque. La peinture maniériste est caractérisée par des silhouettes esquissées  dans des postures exagérées, un traitement irréaliste de l'espace donnant un aspect mélodramatique , et une utilisation courante de couleurs "acides".

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Cela dit, on note une correspondance parfaite entre le classicisme, sur le plan artistique et philosophique, et l’apogée de la monarchie absolue de droit divin de Louis XIV. En effet, le classicisme qui, se présente sur le plan artistique comme étant une esthétique qui touche à la perfection, est caractéristique d’un pouvoir à son sommet.

Aussi, Jean-Paul Sartre, dans Qu’est-ce que la littérature ?, ne retient-il, pour définir le classicisme, qu’un critère essentiellement sociologique et politique. Il écrit, dans ce sens :

« (…) il y a classicisme (…) lorsqu’une société a pris une forme relativement stable et qu’elle est pénétrée du mythe de sa pérennité, c’est-à-dire lorsqu’elle confond le présent et l’éternel, (…) lorsque la puissance de l’idéologie religieuse et politique est si forte, les interdits si rigoureux, qu’il ne s’agit en aucun cas de découvrir des terres nouvelles à la pensée, mais seulement de mettre en forme les lieux communs adoptés par l’élite ».

A en croire Sartre, on pourrait considérer que le classicisme, fondé sur des valeurs « sûres », stables et stabilisées – dans la mesure où ces valeurs sont reconnues comme telles par l’auteur et par le lecteur – s’oppose à la modernité et à toute forme d’avant-garde.

Les thèmes majeurs du classicisme : Ce sont des thèmes à caractère religieux, historique et politique.

- Les thèmes religieux sont puisés dans le Nouveau et l’Ancien Testament ainsi que dans la vie des Saints. Il suffit alors de rappeler que les tableaux historiques et allégoriques constituent une part importante des commandes ;

- Sous Louis XIV, les équipes de peintres chargées de la décoration du Louvre et du château de Versailles sont tenus d’y ajouter le passé national et la glorification du Roi-Soleil.

En bref, le classicisme ainsi conçu tend à une perfection formelle d’après l’héritage gréco-romain, d’une part ; et, d’autre part, à la consolidation des «  États-nations soucieux de contribuer au développement d’un art qui magnifie leur puissance.

RéférencesNadeije Laneyrie-Dagen, Lire la peinture, Larousse, 2002 ;Hervé Loilier, Histoire des arts, Elipses, 1997 ;--------, Philippe de Champaigne, Cahier pédagogique du palais des Beaux-Arts de Lille, 2007.

Leçon n°10

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L’Académie française a été fondée, en 1635, par Richelieu qui en en sera par là même nommé « le chef et le protecteur » - fonction exercée aujourd’hui par le chef de l’État). La mission de cette institution parisienne prestigieuse revêtait un caractère expressément national. Si l’ « une des plus glorieuses marques de la félicité d’un État était que les sciences et les arts y fleurissent et que les lettres y fussent en honneur aussi bien que les armes », ce serait le rôle de l’Académie de donner à la langue française les moyens d’y parvenir. La champ d’intervention de l’Académie, c’est d’abord et avant tout la langue.

« La principale fonction de l’Académie sera de travailler avec tout le soin et toute la

diligence possibles à donner des règles certaines à notre langue et à la rendre pure, éloquente

et capable de traiter les arts et les sciences » (article XXIV).

À cet effet, « il sera composé un dictionnaire, une grammaire, une rhétorique et une poétique

» (article XXVI), et seront édictées pour l’orthographe des règles qui s’imposeront à tous

(article XLIV).

Les membres de l’Académie française

L’Académie comptait parmi ses membres : les hommes de lettres, les représentants lettrés de

différentes professions et de divers états.

La mission de l’Académie

l’Académie avait reçu une mission dont on mesure mieux aujourd’hui la profonde originalité

: constituer avec sagesse et économie une langue qui ne fût pas celle des spécialistes, des

érudits, ni celle des corporations, qui eût la clarté et l’élégance qu’on accorde au latin, où ne

fût pas accentué l’écart entre langue écrite et langue parlée, qui tînt enfin sa force de son

double attachement à l’usage et à la norme.

Tel est le programme que s’était efforcée de réaliser l’Académie dans la première édition de

son Dictionnaire (1694). Sans être tout à fait le premier, il fut le premier de cette sorte. Ni le

dictionnaire de Richelet ni celui de Furetière ne reposaient sur les principes qui furent ceux

de l’Académie. Le second avait l’ambition d’être « universel ». L’Académie, ayant fait

sienne l’idée qui avait inspiré Vaugelas dans ses Remarques, voulait seulement qu’on

reconnût l’usage « pour le maistre et le souverain des langues vivantes » et qu’on admît le

partage entre le bon et le mauvais usage.

Dès cette première édition, l’Académie voulut que son Dictionnaire fût un dictionnaire de

mots plutôt qu’un dictionnaire de choses. Distinction qu’il ne convient pas de forcer, mais

qui signale au moins une tendance, et même un choix. Le but du Dictionnaire de l’Académie

était d’informer sur la nature grammaticale des mots, leur orthographe, leurs significations et

acceptions, leurs usages syntaxiques, leurs domaines d’emploi, le niveau de langue qui en

détermine lui aussi l’emploi. Lors même que le développement des sciences et des

techniques incitait l’Académie à introduire, dans la quatrième édition (1762), des milliers de

mots appartenant à des domaines spécialisés, elle le fit avec pondération, mais elle le fit,

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parce que plusieurs termes « qui n’étoient autrefois connus que d’un petit nombre de

personnes, ont passé dans la langue commune » (Préface, 1762). Ce principe est resté le sien.

L’étymologie fut assurément ce qui guida en partie les premiers académiciens français

lorsqu’ils eurent à se déterminer en matière d’orthographe. Les débats orthographiques

n’étaient pas moins vifs au milieu du XVIIe siècle qu’ils ne le furent par la suite. Tout en

marquant son attachement à l’orthographe ancienne, l’Académie fut bien éloignée, dans cette

première édition, de s’abstenir de toute amélioration (distinction graphique de i et du j, du u

et du v, élimination de consonnes superflues, etc.). Quelles que soient les critiques que l’on a

pu formuler à l’égard de l’orthographe académique de 1694, celle-ci fut le point de départ

d’une évolution que l’Académie décida, enregistra ou facilita à partir de 1740 dans les

éditions successives de son Dictionnaire.

Trois siècles après la première édition de son Dictionnaire, l’Académie n’a guère varié sur

les principes. Si la notion d’usage repose aujourd’hui sur des bases plus larges

qu’auXVIIe siècle, le respect du bon usage s’impose plus que jamais. L’Académie n’entend

pas simplement refléter la langue, ni refléter n’importe quelle langue. Elle entend rappeler

qu’il existe une communauté d’humains qui, ayant la langue française en partage, en portent

la responsabilité. En cela l’Académie est fidèle à elle-même.

XVIIIe siècle

L’Académie elle-même n’était pourtant pas demeurée fermée aux Lumières, bien au

contraire. Jusqu’au milieu du XVIIIe siècle aussi ouverte aux prélats et grands seigneurs

qu’aux hommes de lettres (élection de Montesquieu en 1727 et de Marivaux en 1742),

l’Académie commence son aggiornamento avec les élections de Voltaire (1746) et de Duclos

(1747), qui devient secrétaire perpétuel, puis celle de d’Alembert en 1754, qui succéda à

Duclos dans ses fonctions. En 1760, Voltaire disposait à l’Académie d’une majorité

agissante, qui reflétait l’opinion d’une grande partie du public lettré et répondait aux

aspirations des gens de lettres.

L’évolution de la société et celle de la République des lettres permirent à l’Académie du

XIXe siècle de s’ouvrir aux représentants de genres qui n’y avaient pas encore assez trouvé

leur place, comme le roman, et de réunir, outre les grands romantiques sacrés et consacrés

(Chateaubriand, Lamartine, Hugo, Vigny, Musset ou Nodier), hommes politiques et hommes

d’Église, journalistes, critiques et universitaires, dramaturges, poètes, historiens et savants.

Certains échecs (celui de Baudelaire, celui de Zola) ne ternirent nullement l’éclat de

l’Académie française qui, au cours de la troisième et de la quatrième République, put

rassembler des personnalités aussi diverses que Littré (1871), Renan (1878), Taine (1878),

Louis Pasteur (1881), Ferdinand de Lesseps (1885), Leconte de Lisle (1886), Ernest Lavisse

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(1892), Heredia (1894), Anatole France (1896), Émile Faguet (1900), Edmond Rostand

(1901), Maurice Barrès (1906), Henri Poincaré (1908), Raymond Poincaré (1909), Henri de

Régnier (1911), le maréchal Lyautey (1912), Henri Bergson (1914), Georges Clemenceau

(1918), le maréchal Foch (1918), Paul Valéry (1925), François Mauriac (1933), Georges

Duhamel (1925), Jacques de Lacretelle (1936), André Maurois (1938), Louis de Broglie

(1944), Paul Claudel (1946), Marcel Pagnol (1946), Jules Romain (1946), Étienne Gilson

(1946), Maurice Genevoix (1946), Jean Cocteau (1955), etc.

L’Académie a su d’autre part développer au cours des siècles une mission de mécénat,

rendue possible par l’administration des dons et legs qui lui ont été consentis et grâce

auxquels elle décerne chaque année une soixantaine de prix, parmi lesquels les grands prix

de Littérature, du Roman, du Théâtre, de Poésie, d’Histoire, les prix de l’Essai, de la

Critique, de la Nouvelle, du Rayonnement français et, le grand prix de la Francophonie créé

à l’initiative du gouvernement canadien et complété par diverses donations dont celles de la

Principauté de Monaco et du Royaume du Maroc.

Tant pour ce qui concerne la langue que pour l’ensemble des liens qui unissent la

communauté francophone, l’Académie entend affirmer, en chaque circonstance, son intérêt

et sa présence auprès des institutions francophones.

Pourtant, comme l’écrivait Paul Valéry en 1935, « quoique pourvue d’une charte qui lui

assigne le devoir d’observer et de noter les états successifs de la Langue, et quoiqu’elle ait

accepté de juger et de récompenser les œuvres littéraires que l’on soumet à ses concours [...],

l’Académie française ne se réduit pas dans l’opinion universelle à une société qui compose

un dictionnaire et qui honore chaque année les mérites qu’elle distingue ».

Peut-être le « mystère» auquel avait recours Paul Valéry pour définir l’être et la pérennité de

l’Académie française réside-t-il dans son aptitude à transcender toute spécialité dans une

visée d’universel, et à rassembler sous le beau mot de Compagnie les manifestations les plus

diverses et les plus nobles du génie français.

L’élection de Léopold Sédar Senghor à l’Académie française, en 1983, puis sa réception,

l’année suivante, en présence du chef de l’État, protecteur de l’Académie, a marqué une date

de très haute importance dans l’histoire de notre Compagnie.

Avec lui, ce n’était pas seulement l’agrégé de grammaire, l’ancien président de la république

du Sénégal, le grand poète partout connu et reconnu, l’homme de dialogue entre les cultures,

les religions, le chantre du métissage et de l’universel, qui entrait sous la Coupole, c’était

l’ensemble de ceux qui ont la langue française en partage, c’était la Francophonie tout

entière.

En révélant ainsi l’Académie française à elle-même, Léopold Sédar Senghor a accompli, en

quelque sorte, le destin de notre langue commune, dont il est l’une des plus éclatantes

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figures.

http://www.academie-francaise.fr/

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