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'_ de:s luttes .·de> classes _ Edité par: 1 .. CONTRE les capitalisme bourgeois et bureaucratiques et leurs NUMERO 10 -- ORGANISATION REVOLUTIONNAIRE impérialismes. 1 SEPTEMBRE1971 ANARCHISTE' , POUR la gestion directe ouvrière et l'Internationale. ' . Prix: 1,50 F classe NUMERO CON ERN NAL

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de:s luttes .··de> classes_

Edité par:1

..CONTRE les capitalisme bourgeois et bureaucratiques et leurs NUMERO 10 --

ORGANISATION_Î REVOLUTIONNAIRE

impérialismes. 1 SEPTEMBRE1971

ANARCHISTE' , POUR la gestion directe ouvrière et l'Internationale. ' . Prix: 1,50 F

classe

NUMERO

CON ERN NAL

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front libertaire, '"

EDITORIALProfitant de la réunion, à Paris, du second CONGRES INTERNA-

TIONAL DE FEDERATIONS ANARCHISTES (du 1er au 4 août 1971), nousavons décidé de consacré ce numéro de « FRONT LIBERTAIRE », pourl'essentiel, au domaine et aux problèmes internationaux. ,

Deux. cent quatorze participants, représentant vingt et un, pays, seréunirent donc,. à Paris, afin d'étudier et de, discuter l'O~dre du, Jour (~i:contre) dont une conférence européenne avait, déflnltlvement, arrêté '~~s "points 'en novembre 1970.

, On comprendra mieux l'Importance de.Ia représentation, :~l1archiste~ 'C.I.F.A. Il, lorsqu'on saura que le CON'GRES DE CARRARE (septembre1968), réunissait seize pays, dont Cuba, représenté lndlrëctement parfeMexique. Sur ces seize pays (Grèce, Portugal'; Bulgarie,' E~pagn&,:'Hollanae,Italie, France, Japon, Cuba, Mexique, Allemagne Grande Bretagne, NouvelleZélande, Suède, Suisse et Australie), la Grande Bretagne et la Suisse se

- retirèrent, dès le début du Congrès, pour rejoindre le groupe de Dan·ielCohn-Bendlt, ·el les délégués de Nouvelle Zélande, d'Australie et' de $uèderestèrent, également, à l'extérieur. En réalité, le CONGRES DE CARRAREne compta qu'avec la participation active de onze délégations. Le CONGRESDE PARIS'en regroupait" le double!

, Dès l'abord, quelques remarques s'Imposent concernant la physio-'nomie du Congrès.

Si Carrare, après le départ du « groupe du' 22 'mars' }) s'était rapide-ment assoupi dans le rabâchage idéologique, pour, enfin, bâcler le videdes débats sur ,la nomination hâtive de la C.R.I.F.A. (qui échut à l'O.R.A.),le Congrès de Paris fut, au contraire, et malgré un incident regrettablequi fit perdre un temps précieux, une réunion passionnée où les débatsatteignirent, souvent, un niveau théorique qui mit en relief le chémin par-couru depuis 1968.

De même, le profil du Congrès se trouva modifié par la présenced'un groupe nombreux d'Anglo-saxons, d'Allemands, et Ele Scandinaves,et 'par le nombre, et la qualité, des ~déléguatton'S- Latino-amértcaines- .~-.-;.,(Uruguay", ~osta Rica,- Colomble, surtout), .:'" , ,~: -:;.;'

L'O.R.A., dès le début, et appuyée en cela par les délégations d'AmériqueLatine, posa le problème de la clarification du Mouvement Anarchiste Inter-national qui selon nous, doit se réorganiser autour de quelques grandsaxes : le mouvement anarchiste est un mouvement prolétarien et révolu-tionnaire, qui doit insérer sa pratique dans la lutte des classes, l'unitéidéologique, le communisme libertaire, étant la. condition i~di§pensab,le, ~"("

. q .. ,"- " .- "'!J.....,_

d'une cohérence minimale, et le problème de'I'élaboration d'une: stràté~~e ~_révolutionnaire, authentiquement llbertalre; ",constituant' le., I)ùt~," :de > èeCongrès International.

L'hétérogénéité d'un rassemblement tel que C.I.F.A. Il ne permit'pas de déboucher (c'eût été un miralce) sur les décisions que nous es- 'périons. Cependant, ce Conqrès marque un progrès par rapport à Carrare,en ayant, au moins, le mérite de poser clairement les problèmes.

Notre Organisation a montré, au, cours des débats, sa cohérenceet la maturité de sa pensée politique. Nous sommes sûrs, à présent deparvenir au but que nous nous sommes fixé. . :'

Seul un congrès qui acceptera la clarification nécessaire pourraconstituer un premier pas vers la création d'une Internationale viable,reproupant les fédérations insérées dans une lutte réelle et représentantautre chose qu'elles-mêmes, un passé ou un espoir.

PREMIÈRE JOURNÉE DU,

CONGRES1 Août 1971 - 9 à 12 h. - 14 à 17 h.

1" ~"_.; ~

PROJET D'ORDRE DU J'OUR ,DUCONGRÈS·ANARCHISTE MONDlÀl

DE Il 1971 Il

1. - Rapport et bilan d'activités, présentés par leSecrétariat sortant de la C.R.I.F,A:. (O.R,A.c' Francel.

,2 .• Rapport des .délégués :, ' :: ~',.;'_,,c, a) sur' la situation daris -feurs pays 'respectifs;'

'et sur les activités du Moüvement "Anarchistêdans ces pays, depuis 1968. . 1:;' 7'

,....b] sur la situation mondiale .' posltlon de chaque:orqanlsatlon 'représentée, sur cette sttuatlon. et ,'sur les principaux problèmes lnternatlonaux ..,,'

- '\'''. -'

3. - Bases théoriques de' t'anarchisme socle! et Jé·volutionnaire, et sdn insertion dans le' monde moderne.>

4. - Dynamique technico-scientifique de la produc-tion, sur le plan économique et social, en rapport avecla lutte contre le capitalisme et l'Etat, et dans laperspective de la révolution sociale d'inspirationanarchiste, ' " '

5. - Le Mouvement Anarchiste Inter~atiori~1 : défi-nition des moyens et des buts de la lutte révolution-naire.

Le mouvement ouvrier industriel et agricole- le mouvement étudiant, - 'le syndlcallsrnecontemporain et l'anarchisme - le « TiersMonde » - Luttes de libération nationale etrévolution sociale - Méthodes de lutté -Solidarité internationale avec les mouvementsanarchistes et les peuples, victimes de la ré-pression totalitaire, avouée ou non - Coordi-nation de la propagande anarchiste interna-

tionale/6. - 'Pacte d'association de « L'Internationale de

Fédérations Anarchistes " (I.F.A,) et financement,7. - Nomination de la nouvelle C,R,I.F.A, (compo-

sition et lieu de résidence). et définition des grandeslignes de son travail.

8. - Fixation de la -date_du .prochaln .Conqrès Inter-national de Fédérations Anarchistes, (C.I.F.A. 3),

<6. ...... - .' _:fi" :

C.R.I.F.A.O.R.A.

Organisations et Groupes Anarchistes'représentés à C.I.F.A. Il

FRANCE:« Organisation Révolutionnaire Anarchiste » (O.R.A.)« Fédération Anarchiste Française » <F.A.F.) ,« Union Fédérale Anarchiste » (U..F.AJ

BELGIQUE:Mouvement Anarchiste de Belgique

ITALIE:« Federazione Anarchica Italiana » (F.A.I.)

ESPAGNE:« Federacion Anarquista Ibérica ;$ (F .A.I.)

NORVEGE:Mouvement Anarchiste de Norvège

CUBA:« Movirniento Libertario Cubano en el Exilio (MLCE)

ALLEMAGNE:« 883 » Anarcho-Kommunisten« Bund Freier Sozialisten und Anarchisten ,.« Fôderation Neue Linke »

URUGUAY:« Grupos de Accion Libertaria » (G.A.L.)

BULGARIE <F.A.C.B.) :« Fédération Anarchiste-Communiste de Bulgarie »

HOLLANDE,:«Fédération SoCialiste, Libertaire » « De Vrije »

COSTA RICA:' , ,Movimiento Anarquista de Costa Rica

DANEMARK:« Fédération Anarchiste du Danemark » (A.F.I.D.)

PORTUGAL:Movimento Anarquista de Portugal

U.S.A. :- « Radical Libertarian Alliance - New Orléans »ECOSSE:

54 délégués - 160. observateurs

Parmi les observateurs :Le Monde (presse quotidienne) ;Le Nouvel Observateur (presse hebdomadaire)L'Agence France-Presse. -

ALLEMAGNE : 3 délégués, 3 observateurs ;ITALIE : 5 délégués, 24 observateurs ;FRANCE:a) O.R.A. -Organisation Révolutionnaire Anarchiste

4 délégués, 41 observateurs' ; ,b) U.F.A « Union Féd. Anarchiste 1>

3 délégués, 13 observateurs ;c) F.AF. « Féd. Anarchiste Française »

5 délégués, 29 observateursNORVEGE : 1 délégué ;CANADA: 1 délégué;

COLOMBIE : 1 délégué ;MEXIQUE : 1 délégué ;JAPON : 1 délégué ;CUBA : 2 délégués ;BELGIQUE: 2 délégués, 3 observateurs;URUGUAY : 1 délégué, 1 observateur ;VIET-NAM : 1 délégué ;DANEMARK : 4 délégués; 1) observateurs ;ECOSSE: 3 délégués; .;:,'J'BULGAR~E' : 4 délégués, 2~.o,!?servatëurs ; < '" . .;

ET ATS- UNIS D' AMERIQYI"~: 2 ~détégués ; , 'ESPAGNE : 4 délégués, 31 'p1,ser'9:'ateurs ; L'"""-r" .. .;.PORTUGAL : 3 délégués ;HOLLANDE : 1 délégué, 2 observateursCOSTA RICA: 1 délégué;ROUMANIE : 1 observateur.Au cours de cette première journée (1er août 1971),

21 pays étaient donc représentés, par 54 délégués et1 observateur (Roumanie). .

« Scottish Anarchist Federation ,. (S.A.F.)VIETf-NÀ]/! :

« Mut. 'Anarchiste du V.N.' •CANADA:

« Anarchist Movement of Canada »MEXiQUE:

« Federacion Anarquista de México » œ.A.M.)ÇpL0MEIE :

« Movimiento Anarquista de Colombia :. (M.A.C.)JAPON ',~

« Conseil Socialiste Libertaire .» (C.S.L:)QUEBEè .:

« Fédération Anarchiste du Québec » œ.A.Q.)

Un observateur du « Centre International de Recher-ches sur l'Anarchisme » (C.I.R.A., Lausanne) assistaitaux débats.

214 participants au CONGRES INTERNATIONALdont:

1 \i

...•

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.-~.~".U.US_Z.'_" =3&;1.111_541" 1 front libertaire'

2 e Congrès deUn Congrès révélateur

Paris, les 1, 2, 3 et 4 août 1971

Le second Congrès de l'Internationale de Fédéra-tions Anarchistes (IFA,) s'est tenu à Paris débutaoût. Après quatre journées très mouvementées des-quelles il se dégage une impression de grande confu-sion, force est de constater que les problèmes quiavaient été soulevés à Carrare, lors du premierCongrès, il y a trois ans, loins d'avoir été résolus sesont posés avec une plus grande acuité, Seulement,ce qui est nouveau, c'est la qualité des débats ; c'es-à-dire que les discussions de fond ont été abordées.C'est un pas important qui a été ainsi réalisé, mêmesi ces débats de fond ont été rapidement escamotés.

Depuis trois ans la Comission de Relations del'I.F,A. (CRIFA), dont l'O,R.A. avait la çharge, a élargiles contacts à travers le monde, tenté d'intégrer lesdifférentes organisations adhérentes dans une dyna-mique commune, et espéré, par le biais de l'Ordredu jour, que l'Internationale serait à même de pouvoirse donner une définition, une pratiqué et une réellesolidarité, Tâche bien difficile quand on sait que lesproblèmes avec lesquels nous nous débattons en Francese retrouvent dans les mêmes termes au niveau inter-national. Lâ aussi, donc, une nécessité vitale, un be-soin réel de clarification.

C'est en tenant compte de ces observations quenous avons envisagé notre participation à ce Congrès,et alors que nous aurions préféré que se tiennent descongrès continentaux qui auraient permis de mieuxpréparer le Congrès mondial ; malheureusement cetteproposition n'a pas été retenue par l'ensemble desFédérations, et la Crifa élargie (comprenant des re-présentants des mouvements en exil à Paris) s'y estopposée, prétextant de furgence de réunir un Congrèsmondial pour consolider les acquis de Carrare.

Nous considérons, par conséquent.' que l'un desobjectifs de ce Congrès était de définir le contenuet le rôle de l'Internationale. Nos rapports ont été ré-digés dans cette optique, et même si apparemmentles débats furent une suite de dlaloques de sourds,même si les vrais problèmes ont été escamotés dèsqu'ils étaient posés, nous sommes persuadés que lesidées fondamentales vont maintenant faire leur che-min.

Il faut bien s'imprégner de la réalité du mouve-ment anarchiste international, telle qu'elle a été dé-finie dans les rapports des secrétaires de la Crifa,

l'Internationale de Fédérations Anarchistespour mesurer le travail qui a été réalisé et surtoutpour envisager l'effort qu'il reste à faire pour que lemouvement puisse avoir une réelle existence, Le déroulement de ce Congrès a prouvé la justesse de cettedéfinition. Et nos espoirs de voir ce Congrès définirune stratégie commune aux fédérations adhérenteset mettre sur pied des structures donnant une nou-velle efficacité au travail commun, ont été déçus,Mais les tendances du mouvement international sesont révélées et définies, tardivement et péniblementil est vrai.

Il a fallu deux jours pour qu'à travers la contes-tation d'un délégué du mouvement cubain en exil,contestation qui déborda bien vite la simple personnedu délégué cubain pour aborder le rôle même et lecontenu du' mouvement cubain, se posent les vraisproblèmes : celui du réformisme social, qui est uneconstante historique, de tendances bien précises,du mouvement anarchiste, celui de la recherche ounon d'une cohérence commune, à travers la condam-nation simplement théorique 'ou pratique du réfor-misme, par exemple, enfin le désir d'une vie révolu-tionnaire réelle, en s'en donnant les moyens.

Ces préoccupations fondamentales nous les avonségalement retrouvées lors des comptes-rendus d'ac-tivités de _plusieurs délégués,', notamment ceux del'Uruguay, de la Colombie, de Costa Rica, de l'Italieet de l'Angleterre, et à travers les polémiques sou-levées par l'existence de plusieurs délégations sépa-rées pour le mouvement français,

Souvent abordés donc, ces problèmes théoriquesde fond furent toujours relégués à l'arrière-plan desdébats par les « bons apôtres • de l'anarchisme quienvisagent tout à travers des aspects affectifs et ex-clusivement subjectifs, demandant le respect de toutesles idées émises, même si elles sont contre-révolu-tionnaires, dès l'instant que celui qui les émet setargue du qualificatif d'anarchiste ; comme si la lutterévolutionnaire se résumait en des équations affec-tives, d'un humanisme pour le moins douteux, Pournotre part nous ne mangeons pas de ce pain là, etnous ne pouvons envisager sérieusement de travail-ler avec ceux qui défendent de telles positions,

La reconnaissance ou non de la lutte des classesest en fait la véritable démarcation au sein du mou-vement international, comme elle l'est dans le mou-vement français, avec des positions nuancées danschaque partie:

Ouelles convergences peut-on trouver entre lesconceptions marginales des Nordiques, humanistes-fédéralistes de l'Union' Fédérale Anarchiste (U.F.A,-

l,'BASES THEORIQUES DE L'ANARCHISME SOCIAL ET REVOLUTIONNAIRE, ET SON INSERTION DANS -L;-MONDE MODERNE.

SUR L'ORGANISATION

Les secousses sociales de ces dernières annéesn'ont pas fini d'entraîner de nombreuses remises enquestion, d'accentuer les contradictions et les anta-gonismes des organisations et group-uscules. Les ef-fets d'un processus d'action directe ont renforcé,pour les uns un besoin impérieux de construire le" PARTI -. pour les autres ont réhabilité la sponta-néité « magique • des masses,

Dans cette optique, la problématique de l'actionrévolutionnaire s'est posée en dilernne : organisationou spontanéité ? Chacun tirant parti des « faits .,des expériences • vécues • ; les interprétant dansson sens, ne faisant pas l'effort de se: dépasser ; detenter de globaliser, d'objectiver tous ces faits etexpériences, afin d'en conclure une démarche unitaire,complémentaire. Le résultat en est qu'on a carica-turé et déformé grossièrement la conception et lapratique de l'activité militante, ce qui contribue àégarer, dérouter, et plus grave, à décourager un grandnombre de militants révolutionnaires,

Devant cet état de fait la nécessité d'une organisa-tion spécifique des communistes libertaires est deplus en plus ressentie,

Il faut que cesse l'alternative entre l'embrigade-ment bureaucratique des organisations léninistes etle confusionnisme démobilisant du " spontanéisme » '

L'ORGANISATION : UNE NECESSITE

Le faux débat instauré depuis mai 1968 (comme àl'occasion de toute expériencè révolutionnaire) :spontanéité ou organisation, a été posé par bon nombrede groupusculaires d'une manière limitative, dans unsens comme dans l'autre, Certains camarades ont in-terprété l'explosion contestataire comme étant uni-quement le résultat d'actions directes et spontanéesdes masses dépassant tous ,les cadres et les niveauxde freinage constitués par les groupes et organisa-tions militantes; ce qui est en fait fort juste, lorsqu'onsait que dans la plupart de ces groupes et organisa-tions étaient reproduits et continuent à l'être les rap-ports pyramidaux, les divisions et les séparationsmentales et sociales, qui existent dans la sociétébourgeoise.

L'intensité de la critique directe et pratique de lasociété capitaliste et bourgeoise, caractérisant cetteconception de l'action' spontanée, est fonction du de-gré de combativité politique des masses, de leur ca-pacité à se sensibiliser à des objectifs qui corres-pondent à leurs intérêts ainsi qu'à se mobiliser en vuede leur réalisation.

Les actions spontanées menées d'une façon spo-radique et éparpillées, surtout si elles ne tiennentpas compte des posslbllltés réelles et non virtuellesdes situations, sont condamnées à la défaite moraleet physique, si elles ne débouchent pas sur une ac-tion globale et généralisée, ce qui n'est possible ques'il y a structuration, c'est-à-dire coordination et con-vergence des luttes menées.

Actuellement ces groupusculaires (des pro-chinoisaux trotskistes en passant par tous les néo-marxistesrévolutionnaires new-look de tout acabit) s'acharnentà réscusciter tout un lourd passé avec le schéma fa-vori de l'organisation bolchévique dont la pierre angu-laire est le délicat problème d'un bon fonctionnementdu centralisme démocratique, moyen .infaillible d'at-teindre le nirvana léniniste.

POUR UNE DIALECTIOUE ORGANISATIONNELLE

Nous pouvons donc constater les limites de la spon-tanéité d'une part, et les dangers d'une conceptionbureaucratique et sclérosée de l'organisation d'autrepart, Le problème essentiel pour ceux qui s'accordentavec cette analyse consiste à essayer de définir uneforme d'organisation non bolchévique, c'est-à-dire quine soit ni bureaucratique, ni figée ; qui puisse per-pétuer les acquis des luttes passées, les amplifier, etcontribuer à impulser une c't>ntestation directe du ca-pitalisme.

S'organiser dans ce sens signifie élargir et appro-fondir les lutes. L'Organisation se présente commeun centre de cristallisation, catalyseur du combatrévolutionnaire,

Ce besoin est unanimement ressenti actuellementpar des militants communistes libertaires, rejetant lafacticité de la formation d'une avant-garde fantomatiquequi aboutit à un état-major toujours à la recherche deses troupes., Il apparait nécessaire d'avoir un lien de convergence

qui puisse être un lien puissant dont le principal mo-teur serait la confrontation permanente et généraledes analyses et expériences militantes. !

Nous estimons avoir à jouer un rôle spéclflque radi-calisant sur la forme et le contenu des luttes à mener,

Ce n'est que par la rigueur des analyses et le re-:fus de toute concession, compromis tactique ou autrescalculs de bureaucrates, que nous pensons arriver àla cohérence dans la pensée et à la cohésion dansl'action, constituer ainsi le support théorique de toutengagement politique des militants communistes li-bertaires dans la réalité révolutionnaire d'aujourd'huI. !

Une orqanlsatlon révolutionnaire est d'abord et sur-tout un moyen d'action effective et réelle du proléta-riat dans son processus libérateur, et ne peut en au-cun cas constituer une fin en soi. Toutefois sa per-manence durant la période révolutionnaire est néces-saire, afin d'assurer une défense politique de la ré-volution et d'exercer un rôle critique et moteur de laconscience révolutionnaire des masses,

PERSPECTIVES

Le principe de l'organisation spécifique des commu-nistes libertaires étant admis, il est important de dé-terminer les conditions et les moyens de notre pra-tique organisationnelle et politique, en fonction desanalyses et des expériences vécues dans l'action mili-tante tant sur le plan individuel que collectif, Cette

France) et anarchistes-révolutionnaires des Uru-guayens ? Elles sont minimes par rapport aux diver-gences fondamentales, et une analyse approfondienous permettrait de démontrer le déviationnisme denombreux « anarchistes » (cf FL précédent : les com-munistes libertaires russes et leur analyse du mou-vement),

Le problème qui se pose à nous est bien de pouvoiren fin de compte définir l'utilité d'une telle Internatio-nale et notre rôle, Nous sommes foncièrement opposésà toute idée de synthèse, le mouvement anarchistea déjà failli en crever, Il faut que chaque tendance,puisque tendance il y a, puisse s'organiser spécifi-quement, Nous tenons d'aileurs à rappeler que lesinitiateurs de cette Internationale lui avait dès le dé-:part donné un aspect très spécifique dans le sensde l'anarchisme révolutionnaire, et c'est devant l'af-flux des diverses tendances et « personnalités .. quecet aspect s'est terni pour donner cet ensemble confu-sionniste issu du Congrès de Paris,

Pour ces raisons nous allons faire paraître pro-chainement un bulletin international communiste li-bertaire, de recherche et d'information, pour étendrenotre travail de clarification. entrepris en France, auniveau international. Parallèllernent nous comptonscontinuer et approfondir les, contacts et les débatscommencés à Paris avec un certain nombre de Fédé-rations.

Nous nous sommes donnés rendez-vous dans unan, Nous entendons poursuivre notre effort pour laconstruction d'une Internationale ; mais nous ne vou-Ions pas n'importe quelle Internationale. Nous espé-rons que. chaque Fédération saura prendre ses res-ponsabilités comme nous prenons les nôtres, Si cen'était pas le cas, et si en 1972 la clarification n'étaitpas largement réalisée, nous serions alors amenés àreconsidérer notre participation à une Internationalequi serait en complète contradiction avec nos prin-cipes communistes libertaires.

L'importance du problème international n'échappeà personne, Pour un militant l'Internationale est unenécessité qui doit être qarante de notre ligne inter-nationaliste susceptible de transformer le monde. Elleest le garant de notre lutte anti-impérialiste et anti-étatique, par le biais des mouvements de lutte cW_ li·bération des peuples opprimés, luttes dans lesquellesune Internationale doit se retrouver.

C'est parce que nous avons besoin d'une telle In-ternationale que nous continuerons à œuvrer à sacréation.

O,R,A,

action doit s'appuyer sur des analyses et options fon-damentales affirmant notre cohérence et notre cohé-sion spécifiques.

Il apparaît nécessaire, par conséquent, d'élaboreren permanence, de définir et d'expliquer nos principa-les lignes de forces stratégiques face à la sociétécapitaliste et bourgeoise et à toutes les luttes menéescontre elle, afin que notre courant devienne une forced'intervention réelle et efficiente dans la vie politiqueactuelle,

Dynamique de la démarche collective : la détermi-nation des principales options stratégiques devantqulder notre pratique, doit résulter de discussions etréflexions collectives, aboutissant à une démarchecommune, Cette démarche collective se fonde sur laligne politique de l'organisation, soumise aux prin-cipes de la confrontation permanente des analyses etexpériences de l'ensemble de ses militants, La lignepolitique de l'organisation révolutionnaire se définitpar les principes suivants :

a) cohérence théorique, c'est-à-dire homogénéité del'ensemble des positions prises par l'organisation,amendées en fonction de l'analyse permanente del'évolution de la réalité politique, ce qui anihlle ledanger dans monolithisme stérile de positions figéeset accentue l'efficacité des actions entreprises.

b) cohésion pratique. L'organisation révolutionnairetend à l'unité tactique par l'application militante dela ligne générale adoptée aux congrès.

c) responsabilité collective et permanente. Sur leplan de l'expression extérieure, chaque membre estresponsable de la ligne de l'organisation, De mêmel'organisation est responsable et revendique les posi-tions et actions engagées par chacun de ses membresà condition qu'elles soient en accord avec la ligne gé-nérale de l'organisation,

d) fédéralisme. L'organisation n'est que l'émana-tion de ses groupes constituants. Le groupe est lenoyau qui impulse toute l'organisation, Toutefois, 1'6militant ou le groupe ne peuvent prendre des posi-tions contraires à la ligne de l'organisation publique-ment,

Toute action minoritaire résultant d'une divergencetactique sur un point de vue de l'organisation estlibre, mais ne peut se faire au nom de l'organisation;la minorité s'engage à faire part de son expérienceet de ses résultats au reste de l'organisation,

, Pour toutes les questions et les décisions, sur les-quelles il n'y aurait pas unanimité, à tous les niveauxde l'organisation : groupes, régions, congrès, aprèsdiscussion il y a recours au vote, Le point de vue ma-joritaire l'emporte pour les questions tactiques etautres décisions importantes (exclusions, adhésions)la majorité doit être des 3/4,

Lorsqu'il y a désaccord profond entre deux positionssur un point fondamental, la seule solution ne peutêtre qu'une scission,

L'organisation fonctionne d'après les principes dedélégabilité et révocabilité permanentes, Les diversesresponsabilités assumées sont contrôlées continuelle-ment par les groupes,

Nous insistons sur l'aspect collectif de cette dé-marche car cela nous paraît être l'unique moyend'éviter le côté formel et bureaucratique d'une orga-nisation.

r.1

O.R.A.

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· ..... :) ~ ~ ~ ""~

Ligne Politique et Stratégie Révolutionnairedes Anarchistes Uruguayens de laFAU

Les prises de positions politiques et l'orientationstratégique de la « Federacion Anarquista. Uruguay a »CF.AU.) furent, ces dernières années, l'objet de nom-breux commentaires,' La plupart du temps, et surtouten Europe, ils intervenaient sans qu'on eut une connais-sance directe de celles-ci,

Le second congrès international de Fédérations Anar-chistes nous a tionné les premiers éléments précisd'analyse, Les voici.

Nous précisons que la délégation uruguayenne àC.I.F.A. II, représentait les « Grupos de Accion Liber-taria » (G.A.L.) et non la. F.A.U., avec laquelle cesgroupes sont en désaccord. Les délégués ont brossé unpanorama complet du mouvement anarchiste en Uru-guay, d'où nous avons extrait le passage concernantl'orientation de La F,A.U" ne considérant que la di-mension politique du débat ouvert par cette fédérationd'Amérique Latine.

O.R.A. Colectif National

Aucun rapport, concernant les pays du Rio de laPlata, n'avait été présenté à un Congrès International,depuis Londres (1958).

Le Mouvement Anarchiste est né à la fin du XIX·siècle, en Uruguay et en Argentine, Son importancefut grande, surtout durant le premier quart de cesiècle, puisqu'il posséda, en Argentine, deux quotidiens,un du matin et un du soir, Ces journaux étaient luspar des milliers d'ouvriers, dans les années 1925-1930.Depuis cete date, et malgré un déclein qui s'est accé-léré après la seconde guerre mondiale, notre mouve-ment a toujours maintenu un certain niveau d'activité,Ces activités se développent, aujourd'hui, avec une forcenouvelle.

Afin de mieux comprendre le sens, et l'importance,de la guerrilla urbaine dans ces deux pays, il est né-cessaire de préciser quelques chiffres les concernant.

L'URUGUAY représente une superficie de 187000 km2sur lesquels vivent 2 600 000 habitants, dont un tiershabite la capitale Montevidéo

L'ARGENTINE mesure 2700000 km2 et compte23000000 d'habitants, sur lesquels 8000000 vivent àBuenos Aires.

Le Mouvement Anarchiste Uruguayen s'est développé,durant ces dernières années, dans une situation parti-culière, déterminée par les conditions politiques, so-ciales et économiques du pays.

L'Uruguay traditionnel, celui qu'on montrait commel'exemple de la démocratie en Amérique du Sud, acessé d'exister. Il a succombé sous la réalité colonialedu Continent.

Lors des élections de 1958, le parti « blanco » l'em-porte, avec son programme conservateur, inspiré parles grands propriétaires fonciers. En 1966, le parti« colorado » revient 'au pouvoir. C'est ce parti qui avaitgouverné en Uruguay, durant de longues décénies, ensauvegardant les apparences d'une démocratie parle-mentaire, Durant ces quinze dernières années, la dé-pendance économique du pays s'est considérablementaggravé, d'une part à cause de la tendance négativedu raport des échanges, et d'autre part en fonction del'assujetissement grandi sant de l'économie du pays auxcircuits financiers extérieurs. Les capitaux se regrou-pèrent, rapidement, en dehors du secteur productif. Ledéveloppement de l'industrie, disproportionné par rap-port à l'agriculture et à l'élevage, traditionnellementpourvoyeurs de devises, provoqua un déficit croissantdu commerce extérieur.

Ces conditions économiques affermirent le pouvoirdes groupements d'éleveurs et des exportateurs, qui re-groupaient la majeure partie des devises, et l'inflationsubmergea le pays. En 1951, le coût de la vie s'élevade 20,9 %, et à partir de cette année, la progressionannuelle fut supérieure à la moyenne de la décade an-térieure. Durant la période 1960-1970, l'augmentationdu coût de la vie atteignit 60 % annuellement, pourplafonner à 136 %, en '1967.

C'est dans ce cadre, et depuis 1968, que l'agitationpopulaire s'étend en profondeur, avec son cortège degrèves et de manifestations de rues.

L'affrontement avec les forces policières provoquaplusieurs morts. L'Université uruguayenne devint lecentre de l'agitation,

Le Pouvoir Politique tente, plusieurs fois, d'en finiravec l'autonomie de l'Université, et présente diversprojets de loi dans ce sens. Au début de l'année 70, lePouvoir exécutif intervient directement dans l'ensei-gnement secondaire et à l'Université du Travail. C'estdans ce dernier bestion des luttes que, la semaine der-nière, l'un de nos camarades à trouvé la mort (1).

Ces conditions socio-économiques jettent les basesde la guerrilla urbaine, en Uruguay, A l'exemple desanarchistes, de nombreux groupements politiques s'éloi-gnent alors de la ligne parlementariste et se déclarentpartisans de l'action révolutionnaire.

C'est ainsi que l'actuel mouvement des Tupamaroscommence à s'organiser, aux alentours des années 62-63en véritable mouvement de libération nationale, Le

Mouvement des Tupamaros trouve son orrgme, en tantque groupe armé, parmi des éléments issus, d'une partdu « Parti Socialiste » et, d'autre part, du mouvementanarchiste uruguayen et de la gauche marxiste,

Tous ces militants, venus de nombreux horizons poli-tiques, semblent s'accorder sur le principe d'un MOU-VEMENT DE LIBERATION NATIONALE (M,L.NJ,où coexisteraient plusieurs courants d'opinions. Dansle cadre de cette définition, un courant libertaire ap-paraît à l'intérieur des Tupamaros. Parallèlementexiste, d'ailleurs, une organisation armée de la « Fédé-ration Anarchiste Uruguayenne» CF.A.U.).

L'action des Tupamaros est intense, malgré la ré-pression policière que déclenche ses attaques. L'axepolitique de son action armée est la dénonciation dela réalité sociale (attaques de banques, publication dedocuments compromettants, etc ...)

Moins importants, quant au nombre d'organisationsadhérentes, des groupes spécifiques anarchistes ont,également, choisi se type d'action armée, d'ailleurssouvent menée en liaison avec d'autres groupes révo-lutionnaires, Pour cette raison, et vu de l'extérieur, ilest, parfois, difficile de faire la part des uns et des au-tres, et de déterminer les actions spécifiquement liber-taires,

En décembre 1967, un décret ordonne la dissolutionde la « Fédération Anarchiste Uruguayenne » CF.A,UJet des mouvements suivants : «Mouvement Révolution-naire Oriental » (M.R.OJ, « Mouvement de la GaucheRévolutionnaire » ( M.LR.) , « Mouvement d'ActionPopulaire Uruguayenne » (M,AP.U,) et du « PartiSocialiste ». Toutes ces or,;anisations « passent » dansla clandestinité. LE' Parti Communiste continue dan lalégalité,

DEFINITION IDEOLOGIQUE et STRATEGIEREVOLUTIONNAIRE DE LA F,AU.

La « Fédération Anarchiste Uruguayenne» (F.AUJ,après la scission des années 60, adopta une orientationparticulière dans le mouvement libertaire latino-américain.

La F.A,U, est une organisation clandestine qui s'ap-puie sur d'importants syndicats ouvriers. Elle exerceson influence à travers la C,N,T, (« ConfédérationNationale des Travailleurs ») centrale unique uru-guayenne) .

Idéologiquement, la F.AU. se situe dans le courantanarchiste-communiste, défendant les positions clas-siques de la pensée bakouninienne. L'action directecontinue l'une des bases sur lesquelles doit s'élaborerla stratégie définissant les conditions de la révolutionet les principes d'organisation de la société' future.L'action directe, pour la F,A,U., comme pour tous iesanarchistes, n'est pas seulement une tactique d'affronte-ment à l'intérieur des structures d'exploitation, maisaussi le principe de relations entre tous les groupes,e~ à tous les niveaux.

La F,A,U, se prononce, clairement contre toute posi-tion réformiste, et l'on peut lire dans une de ses bro-chures de propogande :

« Seule l'action armée peut provoquer l'écroulementdéfinitif du système d'oppression dans lequel nous vi-vons. Cette position détermine l'orientation politiquedu Mouvement, ses objectifs immédiats, ses méthodesd'organisation et de lutte. Il n'existe pas de dialec-tique capable de convertir une politique réformiste, demanière àla faire déboucher sur une issue révolu-tionnaire c...)

(...) Organiser les luttes d'aujourd'hui à partir desdonnées de la légalité bourgeoise est incompatible a.vecl'illégalité insurrectionnelle de demain. Ce n'est pas enen appelant à la liberté démocratique, màis en radica-lisant notre action que nous avancerons vers la révo-lution, La ligne libérale qui a toujours représenté uncoumnt de pensée dans le mouvement anarchiste tra-ditionnel, dégénère facilement en prises de positionscontre-révolutionnaires (...)

(...)Dans nos pays d'Amérique Latine, où la légalitédémocratique tombe souvent entre les mains des mili-taires, on peut avoir l'illusion rétrograde, en régimeoourçeois, d'une liberté, sinon de fait, du moins dedroit. Mais, le retour au parlementa,rism.e et au jeudes partis politiques n'est pas une issue pour les anar-chistes, même si certains de ces partis parlent ouuer-i,cment de révolution societe. :.

et la F.AU, ajoute :« La voie politique, prônée par les partis, ne conduit

jamais à la destruction du Pouvoir bourgeois, eUe neconstitue, que la soupape de sécurité du système. LaF,A.U., par son volontarisme révolutionnaire, de typemalatestien, accepte le terrorisme comme un produit dela violence sociale, mais condamne l'action individuelle. » ( ... )

(..,) « L'organisation de l'appareil révolutionnairemet en évidence certains points de divergence de laF,A,U, avec le reste dù mouvement anarchiste » (..,)La F.A.U. affirme que, dans une' stratégie révolution-nœi1'e de longue haleine, et en acceptant les positions

'de « CHE »GUEV ARA (<< créer deux, trois, de nom-breux Vietnam »), le spontanéism.e ne suffit plus. Ilfaut canaliser et orienter, ce qui introduit nécessaire-ment des métnoâes de travail clandestin, avec leursmodalités particulières de cloisonnement entre lesgroupes et de direction centralisée. » ( ... )

Nous arrivons maintenant, au second point de diver-gence, le plus important, peut-être : le problème duPouvoir durant la période de transition,

La F,AU, écrit :« Le schéma traditionnel résout ce problème par la

destruction de tout Pounioir politique. Les anarchistesaffirment, depuis toujours, que toute organisation d'unpouvoir politique prétendûment provisoire et révolution-naire, mis en place pour mener à bien cette destructionn'est qu'un leurre ausi dangereux pour le' prolétariatque n'importe quel gouvernement existant aujourd'hui,C'est la position du Congrès de Saint-Imier.

E-L DEBER DE TODO REVOLUCIO

NARIO ES HACER LA REVOLUelON

Page 5: classe - archivesautonomies.orgarchivesautonomies.org/IMG/pdf/communismelib/frontlibertaire/front... · « Movirniento Libertario Cubano en el Exilio (MLCE) ALLEMAGNE: ... (IFA,)

__________________ .. IIii I .. !!!I!!W__ ~~I!I!I!.front libertaire

Plus cuiiremesit ,la théorie libertaire 'classique' affir-me que le Pouvoir, dans une stratégie anarchiste de larévolution, doit être pris en mains, au niveau des or-ganisations directes du peuple, dans Les usines, dans lesvilles, les quartiers et les rues. L'appareil répressifdoit être démantelé, et la gestion directe assurée parles organisations de base de la communauté D.

La délégation, uruguayenne des « Groupes d'ActionLibertaire » (G.A.L.) qui donne connaissance auCongrès des positions de la F.AU., précise que l'orien-tation théorique et la stratégie révolutionnaire desG.A.L. s'appuient contrairement à la F.A.U., sur lesprincipes de la révolution anarchiste, définis, lors duCongrès de Saint-Imier.

Et la F.A.U. poursuit:« Si nous n'avons aucun doute sur l'erreur de la

déviation libérale, nous pensons que le MouvementAnarchiste n'a pas réussi à développe'1' une stratégiepolitique effective sur le problème insurrectionnel. Ace propos, nous pouvons rappeler les paroles de GarciaOliver sur la Révolution espagnole : « La C.N.T, etla F.A.I. choisirent la collaboration et la démocratie,renonçant au totalitarisme révolutionnaire qui auraitconduit à l'étranglement de La:révolution, par la dic-tature confédérale et anarchiste ». Cette position estune déviation libérale, à l'intérieur du MouvementAnarchiste.Le Pouvoir politique ne poura pas être détruit aussifacilement, pour cette raison, les anarchistes ne doi-vent pas refuser leur participation au pouvoir central,durant cette période révolutionnaire, Ils doivent mêmechercher à occuper les postes clefs, pour empêcher quele vide du pouvoir soit comblé par des groupes detendance centraliste, qui empêcherait l'auto-gestion àla base.

Bakounine avait prévu correctement les risques ducentralisme étatique, mais il n'avait pas défini claire-ment une solution intermédaire, authentiquement tran-sitoire, qui cautionnerait la suppression de tout le Pou-

voir, à la fin du processus de construction du socialisme,Son alternatiue entre l'Etat despotique et la libertéspontanée n'est pas suffisamment pratique et concrète,pour s'appliquer à des situations historiques précises.IL nous faut, alors, recourir à des expériences histori-ques pour obtenir les éléments d'une ébauche de solu-tion, au problème du Pouvoir, durant la période post-insurrectionnelle. La révolution cubaine, la premièrepériode de la révolution russe, les expériences de l'Es-pagne révolutionnaiire de 36, apportent des élémentsprécieux à cette analyse ».

Ainsi, voit-on la F,A,U., qui se réclame du courantanarchiste-communiste, tenter une ouverture vers lemarxisme.

Au niveau théorique, le développement de l'organi-sation est centralisée, et la participation au Pouvoirpolitique développe une tendance structurelle qui con-fond les formulations théoriques avec les bonnes in-tentions des militants, On introduit, ainsi, un facteurd 'aliénation.

La praxis se sépare de l'idéologie dans certains as-pects fondamentaux. Au niveau stratégique, le degréde participation organique au mouvement de libéra-tion nationale, signifiant la lutte pour le contrôle descentres de décision révolutionnaire, réintroduit la luttepour le pouvoir, au sein même des forces révolution-naires.

La F.A.U, se définit comme anarchiste, dans l'affron-tement avec l'oligarchie et l'impérialisme, dans uneperspective « tiermondiste » , la F.A.U. déclare appuyer,par l'action directe, les peuples qui luttent contre lecolonialisme, à l'exemple de la Chine, de l'Algérie etdu Vietnam, Cette fédération défend, activement, laRévolution Cubaine,' et reproduit, dans ses brochures,les discours de Fidel Castro, des textes de « Che »Guevara et des articles de ligne castriste,

Peu après le décret qui pronoça sa dissolution, laF.A.U, rendit public ses positions, sur des points impor-

tants, par l'intermédiaire d'une de ses publications, larevue « Rojo y Negro » (rouge et noir) :

L - « L'action dans les syndicats : du point de vueanarchiste, aucune révolution n'est possible, sans lalutte des masses », Ceci est, d'ailleurs, un des aspectsqui la différencie des Tupamaros avec lesquels la F,A,U.engagea une polémique sur ce thème, les Tupamarosse considérant comme une avant-garde populaire armée.

2. - L'action sur le front idéologique : par la pro-pagande et la formation des militants »,

3. - La lutte armée, comme facteur isolé, est unsuicide, EZe doit constituer un appui et un développe-ment de l'action des masses »,

Ces quelques extraits montrent assez la vulnérabilitéidéologique des anarchistes, en général, lorsqu'ils setrouvent engagés dans des luttes concrètes pour les-quelles ils ne sont pas préparés, et auxquelles une ré-flexion théorique insufisante, donnent des allures sui-cidaires, La F.A,U, représente, incontestablement, uneouverture marxiste à l'intérieure du mouvement anar-chiste, mais ses militants ont, au moin, eu le couragede rejoindre le peuple dans la lutte, au risque de seperdre. Cette expérience doit nous montrer l'urgentenécessité de réinsérer nos théories dans la réalité desluttes contemporaines, en faisant, sans attendre, l'effortcritique et la démarche militante qui s'imposent. Lesmilitants de la F,A,U, ont surtout posé des questions,ils ont tenté d'y répondre, dans le grand vide théoriqueet la grande confusion de notre Mouvement ; c'est àtous les militants comunistes libertaires d'apporter deséléments au débat qui est ouvert, car c'est de notreanalyse que dépend notre victoire.

O,R,A.

(1) Le lundi 26 juillet 1971, 200000 personnes accom-pagnèrent le corps de ce miltant anarchiste, à traversles rues de la capital, De nombreux drapeaux noirset rouges et 6 000 tracts anarchistes furent distribués,

E·N ECOSSE AUSSI ... LES COMMUNISTES' PENSENTQ!!'IL FAUT SAVOIR TERMINER UNE GRÈVE

U.C.S. sont les initiales de cc Upper Clyde Shipbuil-ders, mais, ces jours-cl, dans la ville de Clydeside,les ouvriers ironisent sur le sigle, en le traduisantpar « Under Communist Supervision • (sous le contrô-le communiste).

En effet, le Parti Communiste a vite repris le contrô-le des chantiers, pour canaliser l'acte insurrectionneldes ouvriers écossais, vers une campagne politiquepour la nationalisation des chantiers navals, une aug-mentation de l'aide de l'Etat et l'élection nécessaired'un gouvernement CI[ travailliste ., seul capable deréaliser ce train de mesures apaisantes.

Ainsi, les politiciens ont pris la relève des travail-leurs insurgés. Harold Wilson, qui n'en n'est plus à unreniement près, a déclaré qu'il soutenait l'action destravailleurs de la Clyde, alors qu'il avait, lorsqu'il étaitau Pouvoir, ordonné le " black-out '" des mines etchassé des dépôts les travailleurs du rail. Cependant,le démagogique Mr Wilson s'est empressé d'ajouterque son appui aux travailleurs écossats était assujetid'une clause importante : que les ouvriers des chan-tiers de la Clyde demeurent dans le cadre de lalégalité!

Mr Wedgwood-Benn expliquait dans " The Tribune •le sens de cette expression : « nous devons continuerle travail, écrivait-il, aussi longtemps que cela est lé-galement possible, et diriger notre protestation versun champ de revendication politique plus large. Cettecampagne pourrait consister en une pétition, présentéepar le " Scottish T.U,C, ", des manifestations syndi-cales (encadrées par les Trades Unlons) et protestantcontre le chômage, l'ensemble couronné par la deman-de d'élections générales dans le but de ramener lestravaillistes au pouvoir ".

Et Mr Weedgwood-Benn précisait qu'il faudrait alorsdemandé au nouveau gouvernement travailliste l'éta-blissement d'une véritable" démocratie industrielle "!Mais, en attendant la très hypothétique élection destravailistes, et en admettant qu'ils se souviennent de

'leurs promesses, que deviennent les ouvriers des chan-tiers de la Clyde ?

La dessus Mr W. Benn et Mr Wilson sont d'accord,si les ouvriers des chantiers ne peuvent pas être sau-vés légalement, c'est-à-dire avec la permission deMr Heath, ils doivent être abandonnés. Les commu-nistes cautionnent la politique légaliste des dirigeantspolitiques et ont exprimé leur accord avec les posi-tions de W. Benn et Wilson, Ils s'emploient, actuelle-ment. à promouvoir une campagne politique qui a pourbut d'isoler les ouvriers révolutionnaires et de ridi-culiser l'action directe menée, depuis des semaines,par les éléments les plus lucides et les plus radicauxde la classe ouvrière d'Ecosse:

Les orateurs du Parti Communiste, tel James Reid,rejettent systématiquement l'idée du contrôle ouvrier.

et vont même, jusqu'à se refuser à prononcer le mot« occupation » pour décrire la situation des chantiers,

Le CI[ Morning Star " écrivait, la semaine dernière :« Les ouvriers de la Clyde n'ont aucune envie de fairela révolution, ou de créer un bastion socialiste au mi-lieu de l'économie capitaliste, ceux qui affirment lecontraire ne sont que des pseudo-révolutionnaires etdes gauchistes. Ce 'que veulent les ouvriers de laClyde, c'est du travail, pour que les chantiers puissentcontinuer à vivre ".

Personne ne désire faire la révolution pour faire larévolution. Une situation révolutionnaire naît de conflitsprofonds et irréductibles. Les travailleurs et les pay-sans de l'Empire Russe déclenchèrent une révolution,en 1917, non pas parce qu'ils pensaient que c'était làune bonne idée, mais parce que cette révolution étaitla seule issue à leur misère.

Alors que les ouvriers des chantiers luttent encorepied à pied pour défendre leurs revendications et leursexigences, James Reid, membre influent du Parti Com-muniste, conduit une délégation qui s'est rendue àLondres afin d'obtenir une entrevue de Sir John Eden,Ministre de l'Industrie du gouvernement Heat, J, Reiddéclarait d'ailleurs au cc Morning Star " : « Nous es-pérons avoir une conversation étendue et utile avecSir John Eden, sur tous les problèmes qui agi-tentactuellement les travailleurs écossais ". Et si Mr Edenn'écoutait pas les prières du communiste qui lui deman-de une aide accrue de l'Etat ? Si les licenciementsse poursuivaient? James Reid se rangerait-il aux co-tés des travailleurs en lutte, dressés contre tout l'ap-pareil d'Etat ? ou bien reviendrait-il à la Clyde pourplaider que cesse cette incongruité que représentel'auto-gestion ouvrière, et pour demander que -les tra-vailleurs dépensent plutôt leur énergie dans une cam-pagne électorale en faveur des travaillistes qui luiauront promis un poste, dans le cas d'une futur vic-toire ?

Si les leaders communistes et les politiciens de touspoils parlent et se déplacent beaucoup, les princi-paux intéressés, les ouvriers de la Clyde se taisentet serrent les poings. La radio et les journaux ont reçul'ordre de les ignorer et de faire parler, abondamment.les communistes et les politiciens qui prônent la paixsociale et la collaboration de classe, Cependant, noscamarades ne sont pas inactifs, et le " Morning Star"fulmine après les irréductibles - cc pseudo-révolution-naires • dont l'impact sur les travailleurs de la Clydeest bien plus important qu'on ne voudrait le fairecroire, il n'en est, comme exemple, que, de se souve-nir du caractère initial des revendications auto-ges-tionnaires.

L'attitude des staliniens du P.C, ne fait que durcirla position des travailleurs, qui sentent, confusément,qu'on cherche à les duper, et ils sont nombreux à ré-

fléchir sur les solutions authentiquement révolution,naires que leur ont dévoilées les militants libertaires.Car, jusqu'à présent, tout ce que les communistes ontobtenu c'est que les ouvriers travaillent plus dur, pourterminer le travail réclamé par la direction des chan-tiers, et ceci, sous les prêches insultantes de JamesReid sur la « discipline » !

Tout n'est pas perdu à la Clyde, malgré les manœu-vres du P.C. et des travaillistes, malgré la chape desilence qui est tombée sur l'expérience révolution-naire des prolétaires écossais. Les travailleurs ontcompris la trahison des politiciens, découvrant que lasolution de ce conflit se trouve entre leurs mains, etnon pas dans une lointaine officine londonienne. Ilsn'admettront plus qu'un gouvernement leur fasse l'au-mône d'une survie problématique, Ils ne veulent plusquémander, 'ils exigent. '

Le chômage atteint tous les secteurs de production,à Clydeside, et pas seulement les chantiers de cons-truction navale. Pourtant, cette région est riche en ou-vriers qualifiés et les terres sont de bonnes terres.

Certains ouvriers de la Clyde commencent à penserque la solution se trouve, peut-être, dans la réuniond'un vaste C-ONSEILDES TRAVAILLEURSde l'OUESTECOSSAIS, qul, unis aux paysans, pourraient enfinprendre le contrôle de la production, et la gérer dansl'intérêt des travailleurs. Ce ÇONSEIL serait composéde délégués directement élus par les assemblées detravailleurs et non plus de politiciens désignés parleurs partis ou leurs directions syndicales,

Nos camarades de la Clyde seront-ils assez nom-breux et assez forts pour faire triompher les idéesdu peuple écossais ?

c. 1.F. A. IICOMPTE-RENDU COMPLET DES DEBATS

TEXTES ET MOTIONS

Veuillez m'adresser, dès sa parutionexemplaire(s) du rapport « CIFA Il » (Prix 10 F)

N.OM """"""""""""""., .. """

ADRESSE

Paiement: Bernard MULLER,C,C,P, 35,544,88La Source

En précisant CIFA Il

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Le STALINISME, chancreL'HISTOIRE POLITIQUE DE STALINE

Les débutsNé en 1879, Joseph Djougachvili adhère à 19 ans

au Parti Ouvrier Social Démocrate de Russie (P. O.S. D. R,). Obscur militant à la scission menchevicks-bolchévicks (1903), il opte pour ces derniers. Néan-moins il ne rencontre Lénine qu'en 1905. Spécialisédans les actions terroristes, il participe à plusieurs« hold up ». Arrêté en 1908, déporté, évadé, arrêtéde nouveau, il est COOPTE en 1912 au Comité Centraldu Parti Bolchévick, arrêté de nouveau, il ne reprendde l'activité que vers la fin de la guerre. 11 est alorsCOOPTE à l'Exécutif du Soviet de Pétrograd et NOMMEà la direction de la PRAVDA.

La fuite de Lénine en Finlande qu'il a organisée luipermet de jouer le premier rôle dans le Parti, en par-ticulier au 6' Congrès. Octobre va lui permettre d'ac-céder à sa première responsabilité nationale: Commis-

, saire du Peuple aux Nationalités.

Pendant la Révolution d'OctobreCette période va être l'occasion de premiers affron-

tements entre Staline et les autres membres duComité Central. Chargé de la défense de Tsaritsine,il en est écarté par Trotsky, qui s'indigne devant lesfusillades en masse que Staline a ordonné dans cetteville.

Durant la guerre avec la Pologne, avec Vorochilov,il s'acharne à vouloir prendre Lvov, contrairement auxinstruction qui lui enjoignaient d'aider Tchoukhatchev-ski à Varsovie, aggravant alnsi l'hémorragie de l'ArméeRouge.

La montéeEn 1922, il est élu Secrétaire Général du Parti, fonc-

tion jusqu'alors subalterne dans la hiérarchie bolché-vique. 11 profitera néanmoins des prérogatives decette fonction pour implanter progressivement sespartisans dans tous les rouages administratifs du Partibolchévick.

Au Bureau Politique, il s'allie avec Kamenev etZinoviev, lance le culte de Lénine, fait évincer Trotskydu Conseil Supérieur de la Guerre et procéder auxpremières épurations à l'intérieur de l'organisation.

En 1925, le 14" Congrès est presqu'entièrementcomposé d'éléments favorables au Secrétaire Général,celui-ci renverse alors les alliances et s'appuie surla « droite » du Parti (Boukharine, Rykov ...).

Le 15· Congrès verra alors le triomphe de cette coa-lition : Trotsky et Zinoviev sont exclus" le premier estexilé à Alma-Ata et le second doit se livrer à unehumiliante autocritique devint le Comité Central pourêtre réintégré.

La terreur au sein du PartiLa politique incohérente de Staline provoque le ren-

forcement de l'opposition. Mais l'heure n'est plus auxalliances, désormais tous les pouvoirs sont concentréset la moindre tentative d'opposition se heurte à l'appa-reil policier, Les points culminants de cette terreurfurent:

Le procès des 13 (19 Avril 1936) qui s'accusent I~U

meurtre de Kirov (lui-même assassiné par la N.K.V,D.).Ce procès appliqué aux dirigeants du Parti avait étéprécédé par l'exécution de 13 jeunes militants deLéningrad et la déportation d'au moins 100000 mem-bres du Parti de cette même ville,

Le procès des 17 (Janvier 1937). dont Piatakov, Sakai-nikov et Radek, précédé lui aussi d'au moins 10000arrestations parmi les vétérans de la Révolutiond'Octobre,

Le procès des généraux de l'Armée Rouge (Juin 37),Le procès des 21 (Mars 38) qui voit Boukharine,

Rykov et Racovski, condamnés et exécutés.Ces procès, de ceux qui furent les compagnons de

Lénine, ne doivent pas nous faire oublier les « dis-paritions » arrestations et fusillades, déportations demilliers et de milliers de militants révolutionnairesqui n'avaient comme tort que leur refus de s'intégrerdans l'appareil bureaucratique et policier stalinien,

A l'aube de la 2· guerre mondiale, Staline se trouve,enfin seul, maître absolu du destin de l'U,R.S.S. Maisla dynamique du système n'impose aucun relâchementde la terreur, Jusqu'à la mort de celui qui se faisaitappeler le « petit père des peuples ,., des cortèges deprocès d'épurations, d'assassinats se poursuivront tou-chant tous les secteurs de la vie soviétique (procèsdes médecins de Staline, par exemple ...).

Rarement homme d'Etat poussa aussi loin la concen-tration des pouvoirs. Rarement aussi un pays fut aussipolicé, espionné et réprimé que ne le fut l'U.R.S,S.

Emanation, soutien et support tout à la fois de la bu-reaucratie, individu de peu d'envergure, constammenthésitant, et empruntant sans cesse chez ses propresadversaires les idées qui lui manquaient, il est le typemême de l'HOMME D'APPAREIL, « l'apparatchik ,., Decelui-ci il possède en effet l'extraordinaire capacitéde manœuvre, de mensonge, de dissimulation, deruse, d'obstruction, ainsi que l'empirisme grossier quitraduit une totale incohérence de pensée,

Que l'on se réfère aux CI écrits de Staline .. et l'onverra clairement la pauvreté de sa pensée, Sa bro-

chure « Anarchisme ou Socialisme ,. œuvre de jeu-nesse pourtant, est une mauvaise copie de celle dePlékhanov sur le même thème, dont il ne semble mêmepas avoir compris le sens ni les arguments, Ses ou-vrages sur les nationalités conduisirent aux aberrationsque l'on sait: déportations des Allemands de la Volga,état autonome Juif du Birobidjan ..,

L'ORGANISATION BUREAUCRATIQUEDE L'AGRICULTURE

Le système d'organisation de l'agriculture mis enplace par la bureaucratie stalinienne est caractérisépar la profonde intégration des structures d'exploi-tations agricoles au système d'Etat,1) Les sovkhozes

Le sovkhoze est le type même de cette intégration,Implanté sur des terres appartenant nominalement àl'Etat soviétique ; il est directement géré par desfonctionnaires, Se voulant une entreprise industrielle,le statut du travailleur sovkhozien est celui d'un salariéfonctionnaire, c'est-à-dire que celui-ci ne jouit d'au-cun pouvoir de gestion, ni de contrôle sur son lieude travail. Le poids des sovkhozes dans l'économiesoviétique stalinienne est très supérieur à leur super-ficie (10 % des terres cultivées) et permet d'assureren particulier les objectifs des plans, Il est significa-tif que pendant la N.E.P, ce système avait été aban-donné et qu'il ne fut repris que dans la période 1927-28période pendant laquelle le stalinisme achève saconquête de l'U,R,S,S, Le système sovkhozien permetainsi de masquer les insuffisances et les échecs dusystème agraire stalinien,

La famine en Ukraine, qui fit plusieursmillions de victimes en 1932

2) Les kolkhozesAvant la Révolution d'Octobre, la majeure partie des

terres arables russes est exploitée dans le cadre duMir, communauté villageoise dans laquelle l'exploita-tion est individuelle mais la jouissance de la terre col-lective (redistributions périodiques des terres du Mir).

La loi du 25 Octobre 1917 aboi it toute appropriationprivée de la terre ; et donne le droit de jouissance àceux qui la cultivent effectivement... Cette mesureéquivalait à une quasi accession à la propriété,

Le Communisme de Guerre ne modifie guère cetétat de choses, mais la collectivisation marque le pas(1 % des familles seulement adhèrent aux kolkhozes).

En 1921, la N.E.P, assouplit le système en vigueur,en particulier supprime les réquisitions, Les paysansacquièrent alors le droit de vendre leurs surplus derécoltes, En 1925, le droit de fermage est rétabli, ainsique la possibilité d'employer de la main d'œuvre,

La paysannerie moyenne et aisée se développe enune classe de « koulaks », qui possèdera jusqu'à 1/6des moyens de production,

A ces premières déviations du socialisme vont suc-céder celles de l'ère stalinienne,

Le 15" Congrès (Décembre 1927) adopte une réso-iution visant à tout mettre en œuvre pour la collecti-visation, Vœu pieux : à peine 4 '% des familles pay-sannes adhèrent aux kolkhozes.

Dès lors, incapable de promouvoir et de susciter lacollectivisation, le stalinisme va l'imposer, En janvier1930 le taux d'adhérents passe à 58 %.

Un mouvement de résistance (passive la plupart dutemps) se développe dans les campagnes. Celui-ciacquiert une telle ampleur que Staline fait marchearrière et abroge une série de mesures coercitives.

Ce répit durera 6 mois .., La collectivisation est alorsde nouveau imposée et rendue cette fois-ci totale,

Cette politique en dents, de scie traduit à la foisl'incohérence de la pensée stalinienne et les difficul-tés rencontrées par la bureaucratie dans la construc-tion de son système bureaucratlco-pollcler.

Le système kolkhozien peut être à juste titre consl-diré comme le chef d'œuvre de la faillite stalinienne.

En 1938, un statistique digne de fois montre que lerevenu individuel des kolkhoziens repose non sur leursrémunérations, mais sur le produit de l'exploitation dulopin individuel (2,4 milliards de roubles contre 3,2milliards),

61 %, de la population agricole échappe donc, en fait,au système socialiste et se replie sur une forme detravail et d'exploitation prétant le flanc à tous les abus(marché noir, en particulier). et développant un indi-vidualisme forcené,3) Les S.M.T. (Stations de Machines et Tracteurs)

Pour éviter tout danger éventuel d'autonomisationdes unités agricoies, le stalinisme crée une structureintermédiaire qui achève de les lier au système. LesS,M,T, ont le monopole sur le matériel agricole et ensont les uniques détenteurs. (tracteurs, moissonneu-ses, camions ...).

Cette structure permet ainsi l'intégration de la pro-duction du kolkhoze dans la planification. En effet lafourniture de matériel agricole par les S,M.T. est sou-mise à un contrat passé entre elles et les kolkhozes,qui est lui-même fonction du plan.4) Conclusion

On pourrait disséquer plus à fond les rouages del'économie agricole soviétique de l'époque stalinienne,nos conclusions ne pourraient qu'en être renforcées.Notons toutefois que le système brièvement décritplus haut a été profondément modifié sous Kroucht-chev, marquant ainsi l'accession au pouvoir des nou-velles couches de la bureaucratie non directementissue, elles, de la Révolution d'Octobre.

Lorsque nous parlons de faillite, nous n'entendonspas uniquement les défaillances quantitatives que cesystème subit régulièrement, mais bien plutôt l'échecmême de la notion de collectivisation, donc du socia-lisme, Le paysan soviétique s'est vu imposé une sériede mesures, élaborées par une bureaucratie plus sou-cieuse de ses intérêts que de ceux des paysans. Aaucun moment il ne s'est senti concerné par celles-ciet s'est contenté de les subir, comme il subissait tra-ditionnellement les ukases tsaristes,

Cet échec, nous semble-t-il se traduit dans la pra-tique par un recul du socialisme, Comment en effet, enU,R,S,S, ne pas identifier le système décrit plus hautavec le socialisme puisque, c'est la thèse offlclelle.Le combat pour celui-ci, au pays de la Révolution d'Oc-tobre, de Makhno et de Kronstadt, passera nécessai-rement dans les masses paysannes et rurales par unrenouveau de l'idéal socialiste, appuyé sur des pers-pectives anti-autoritaires, fédéralistes et démocratiques

lA CONDITION PROLETARIENNEDANS L'U.R.S.S. STALINIENNE

La place nous manque, bien évidemment, pour abor-der tous les aspects de cette question.

Nous n'en donnerons donc que quelques aspects.Pour bien comprendre la dynamique de l'évolution

de ce problème, il faut se reporter aux débuts du sys-tême bolchévick:

Là comme sur beaucoup d'autres points, le stali-nisme n'a fait que légaliser et théoriser un passif dela Révolution d'Octobre.La Réyolution d'Octobre et le syndicalisme

Ouelques points de repères permettent de mieuxsaisir cette évolution :5 Mars 1917 :

Le Soviet des Députés Ouvriers appelle à la luttepour la liquidation du régime tsariste, prenant ainsifait et cause pour la révolution socialiste,30 Mars 1917 :

La 1 r e Conférence ouvrière des Comités d'Usine sepenche sur le problème de la remise en route desindustries et se propose de créer des Comités d'Usine,point de départ du contrôle, voir de la gestion, desentrepri ses,

Dans ces deux organismes les bolchévichs sont net-tement minoritaires,Fin Mai 1917 :

Les Comités d'Usine demandent à assumer la ges-tion de leurs entreprises, et ceci sur tout le territoirede la Russie, La fraction bolchévique, par la bouchede Zinoviev, soutient cette proposition, ce qui lui pro-curera une audience non négligeable dans le proléta-riat industriel.

Un Comité Central des Soviets d'Usine est alorscréé, dont les bolchévicks limitèrent considérablementle rôle après Octobre.

Il y a donc dès cette époque volonté de l'équipebolchévick de contrôler le mouvement ouvrier sanssatisfaire pour autant à ses revendications élémen-taires et essentieles du genre de celle énoncée plushaut,

Les Soviets d'Usine représentent pourtant l'applica-tion stricte du mot d'ordre " Tout le pouvoir aux so-viets », mot d'ordre également repris par les bolché-vlcks. Certains objectent l'état de la classe ouvrièrerusse à cette époque. Si l'on en croit cependant cer-taines statistiques, celle-ci représente encore 2 mil-

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du SocialisDlelions d'individus en 1918 (sur 3 millions en 1913). Laclasse ouvrière russe affaiblie, minoritaire, reste néan-moins l'élément de pointe de la Révolution Sociale,Minoritaires en son sein, les bolchévicks ne peuventadmettre son intrusion dans le combat socialiste, ets'emploient donc dès l'origine à la contrôler et à luiretirer toute responsabilité réelle dans la constructionde la nouvelle économie.

Dès Janvier 1918, cette orientation sera confirmée,au 1er Congrès Syndical qui adopte une résolution surla nécessité de faire passer la productivité et la dis-cipline avant les satisfactions immédiates. Dans cecongrès, contrôlé par les bolchévicks, lé problème dela gestion ouvrière se trouve escamoté.

De même à partir de cette époque la législation dutravail tend à passer de la discussion de ConventionsCollectives à la législation réglementâire par décret.

Toutefois, ne pouvant bafouer ainsi souverainementles aspirations ouvrières un décret de Juillet 1918,stipule que les augmentatiotfs de salaire devront êtrel'objet de contrat au niveau des entreprises. Maisle même décret prévoit aussi que le Comité Centraldes syndicats devra donner son accord, ce qui revientà faire fixer le salaire par l'appareil bureaucratiquesyndical, qui lui-même est en liaison étroite avec l'Etat.

L'hypocrisie de ce système cesse définitivement le17 Juin 1920, avec un décret qui indique que désor-mais le salaire est fixé par l'Etat.

Ayant perdu son droit à la gestion, ayant vu sessyndicats intégrés à l'appareil d'Etat, la classe ou-vrière russe perd dès 1920 celui de fixer son salaire.

La N,E.P, sera néanmoins une pose dans cette es-calade, puisque le retour à certaines formes d'écono-mies privées, pose les problèmes revendicatifs denouveau., La liquidation de' la N.E.P, et la nationalisation del'économie soviétique par le stalinisme permettra alorsd'accomplir, en 1934, ce qu'Octobre n'avait pu faire :la disparition totale des Conventions Collectives (bienque celles-ci à cette période soient devenues une' sim-ple formalité administrative).

Le droit à la revendication subit à peu près le mêmesort: le Code du Travail de 1922, n'interdit pas for-mellement la grève, mais indique que les ouvriersseront tenus pénalement responsables de la non-exécution des normes de rendement. De même l'ar-ticle 59 du Code Pénal interdit les « troubles demasse " accompagnés de pressions sur les autoritésafin d'obtenir « satisfaction de demandes manifeste-ment illégales ". -

Lénine dans les Thèses d'Avril et dans l'Etat et laRévolution demande que le salaire des fonctionnairesne soit pas supérieur à celui des ouvriers, reprenantainsi une vieille revendication égalitaire du proléta-riat industriel, Ce thème sera repris en 1920 au 9·Congrès du Parti qui indique que l'inégalité des sa-laires viole les principes démocratiques et corromple Parti. En 1921, le 10', Congrès insiste sur la nécessitéde ne pas permettre que l'appartenance au Parti per-mette d'obtenir des avantaqes matériels, Enfin en 1922un maximum de salaire est fixé pour les membres duParti. Comme cette limitation ne s'applique qu'à ceux-ci, la hiérarchie des salaires n'en est pas moins éten-due pour le reste de la population. A tel point qu'en1925, le Comité Central des Syndicats publiera unegrille de salaires portant sur 17 catégories et faisantapparaître un éventail de salaires de 1 à 8.

La tendance au nivellement des salaires qu'on peutdiscerner pendant cette période (et jusqu'en 1930)n'est donc pas si généralisée que certains ont bienvoulu le démontrer.

Le stalinisme va évidemment accentuer cette hié-rarchie,

Staline en 1931 énumère les f( 6 conditions de 1.victoire " :

1) que des ressources en main d'œuvre soient réu-nies en quantité suffisante (lutte contre la mobilitéde la main d'œuvre.i.)

2) que l'égalitarisme des salaires soit aboli3) que la responsabilité individuelle des directeurs

d'entreprises soit la règle générale4) qu'une nouvelle intelligentzia technique soit créée5) que les droits de l'ancienne intelligentzia tech-

nique soient restaurés6) que le principe de la rentabilité soit rétabli en

matière de gestion de l'entreprise.Ce discours illustre parfaitement les orientations

staliniennes en matière de socialisme. Nous nous gar-derons d'ajouter des commentaires à une illustrationaussi parfaite de nos propos,

Pour complèter le tableau donnons quelques indica-tions sur les autres aspects de la condition ouvrière :1930 : une loi autorise le déplacement d'office desouvriers qualifiés,1932 : institution du passeport intérieur1938 : institution du Livret de Travail.1940 : - décret qui interdit à tout travaileur se "uit-ter son emploi sans accord de son entreprise (peinede 2 à 4 ans de prison),

- décret qui sanctionne les absences non motivées(plus de 20 mn ...I qui peuvent être punies de " travalicorrectif sur le lieu de travail » et d'une diminutionde salaire,

- décret qui a'ggrave celui de 1932, puisqu'il ne fixeaucune limite de distance pour les mutations d'office.

- décret qui fixe la journée de travail à 8 heures(plus 6 heures le samedi) au lieu de 7 heures.

On peut aussi noter qu'en 1931 le maximum de sa-laire pour les membres du Parti est aboli, et quel'échelle des salaires à cette époque est passée de90 à 2000 roubles (soit de 1 à 22 environ).

Le stalinisme c'est aussi le Stakhanovisme, insti-tution qui vise non à l'amélioration des méthodes detravail mais à l'intensification du travail. C'est aussile rationnement(1935) dont sont épargnés les mem-bres de l'appareil grâce à leurs magasins spéciaux,C'est aussi le travail forcé (200000 prisonniers et dé-portés creusèrent le canal Léningrad-Mer Blanche dansles conditions que l'on peut imaginer l). C'est aussila N,K,V,D" qui en 1941 représentait 18 % des inves-tissements de l'Etat soviétique, Enfin ce sont les fa-meux « Plans quinquennaux -. œuvre des apparatchiksde tous poils, élaborant les conditions d'existence detout un peuple, sans avoir de comptes à rendre àquiconque.

La condition de la classe ouvrière soviétique sousle stalinisme, longtemps ignorée dans ses détails, doitêtre considérée comme le plus beau fleuron de la dé-générescence de l'idéal socialiste. '

Déportés politiques travaillant à la construction ducanal de la mer Blanche (terminé en 1933). Durantle règne de Staline, on estime qu'environ 20 millionsde personnes ont pu être condamnés aux travauxforcés, en Sibérie ou ailleurs ; beaucoup périrent

d'épuisement, (Phot. U,S,I.S.),

« LE SOCIALISME DANS UN SEUL PAYS ))

Le stalinisme c'est aussi la notion de « socialismedans un seul pays -. c'est-à-dire l'abandon des mou-vements révolutionnaires du monde entier qui auraientrisqué de remettre en cause l'équilibre mondial. La rup-ture de cet équilibre, en effet, aurait imposé à la bu-reaucratie une politique offensive dans laquelle lesmasses auraient été amenées à jouer un rôle de pluset plus important et essentiel. Ce qui évidemment estl'antithèse des buts poursuivis par cette même bureau-cratie, pour laquelle la masse doit être le plus possi-ble tenue à l'écart des affaires publiques, Par ailleursles mouvements révolutionnaires n'étant pas nécessai-rement staliniens, dans le cas d'une collaboration,nombre de militants et de citoyens soviétiques auraientrisqué de dangereuses contaminations !

Nous ne donnerons ici que quelques points de re-pères qui illustrent cette politique. Volontairement,nous ferons remonter cette politique aux premierstemps de la Révolution d'Octobre. D'aucuns nous ex-pliquerons, qu'alors, la situation de l'U,R,S.S. (écono-mique et militaire) imposait ce genre d'attitude, Engrande partie cette explication est acceptable, cepen-dant il nous semble qu'Octobre a inauguré un stylede relations avec le Mouvement Révolutionnaire mon-dial, que le stalinisme n'a fait que théoriser,1918 : Lachage des révolutionnaires finlandais et es-toniens.1919 : Création de l'Internationale Communiste, maislachage de la République Hongroise des Conseils,1922 : Rapprochement avec l'Allemagne de Stresemanndémentant ainsi les multiples tentatives révolution-naires du prolétariat allemand,1927 : La Révolution chinoise est dévoyée (participa-tion des communistes chinois au gouvernement NouHan) puis liquidée par Tchang Kaï Chek (insurrectionde Canton),

A la même époque se situe l'alliance avec la bureau-cratie syndicale des T,U,C, (Trades Union, syndicatsréformistes britanniques) brisant ainsi le mouvementde grève des travailleurs anglais,1934 : L'U,R,S,S, entre à la S,D,N, (et se fait recon-naître par de nombreux pays, y compris ceux qui per-

sécutent les communistes sur leurs propres territoires,par exemple : la Bulgarie et la Roumanie).

L'Internationale Communiste commence à discuterde la politique de fronts Populaires, ayant assimiléeles lecons de la victoire du nazisme, non dans le sensde la' Révolution, mais par l'alignement sur les posi-tions réformistes,1935 : Pacte Laval-Staline, qui concrétise cette poli-tique et, inféode le P.C,f, à la politique de la bourgeoi-sie française,1936 : L'U,H.S,S, intervient en Octobre dans la Révo-lution Espagnole (qui a débuté en Juillet). L'aide uni-latéral au P,C,E., les pressions sur les gouvernementsCaballero et Négrin, achève de diviser le camp répu-blicain et révolutionnaire. Les organisations non sta-liniennes sont persécutées, Les franquistes profite-ront de la situation et réduiront une à une les forcesanti-fascistes,1939 : Pacte de non-agression avec l'Allemagne nazieet livraisons de matières premières russes jusqu'àl'agression hitlérienne.

Partage de la Pologne et occupation des états baltes.Le « socialisme » est instauré dans ces pay.Seconde guerre mondiale: Conférences de Yalta, Téhé-ran et Potsdam, Staline sacrifie les perspectives derévolutions prolétariennes dans un certain nombre depays (France, Italie, Grêce, Espagne ...) contre la divi-sion de l'Europe Centrale et Orientale en zônes d'in-fluences. Cette attitude ayant l'avantage de permettred'instaurer le « socialisme" stalinien sans opposition.Pour donner des gages à s'es « alliés ., Staline dissoutl'Internationale Communiste en 1943.

Pacte De Gaulle-Staline, en 1945, qui impose l'entréedu P,C,f, au gouvernement et liquide toute perspec-tive révolutionnaire dans ce pays.1947 : Abandon du Parti Toudeh, en Iran, qui avaitdéclenché la lutte contre les féodaux. L'U.R.S.S. fer-mera ses portes aux fugitifs !1947-1948 : Abandon de la Révolution grecque, qui estnoyée dans le sang.1950 : Début de la guerre de Corée. Staline laisseMao et la Chine se compromettre dans ce conflit.

Seuls le durcissement de l'impérialisme américain,et la reprise en main par les bourgeoisies nationales,du pouvoir, d31lS les pays où les communistes y parti-cipaient. modifie cet ordre de chose. C'est alors la« Guerre Froide », Le mouvement communiste Inter-national est soumis encore plus étroitement à la cons-truction du « socialisme dans un seul pays ", et mè-ne une politique se séparant de plus en plus des ob-jectifs de la Révolution Prolétarienne,

N'oublions pas que le P.C.F. et son chef Thorez(qui se voulait le « meilleur stalinien de France ,,) onttoujours été les plus fidèles adeptes de cette poli-tique, Le stalinisme a sacrifié, ltquidé, anéanti, dans cedomaine, comme dans beaucoup d'autres les pers-pectives révolutionnai res, L'1 nternational isme proléta-rien n'étant plus pour les staliniens, que l'alignementservile sur les positions de la bureaucratie soviétique,Cette orientation est lourde de conséquence pour l'ave-nir du mouvement ouvrier révolutionnaire : plus quejamais le combat pour un véritable InternationalismeProlétarien doit être un de nos soucis majeurs.

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EN GUISE DE CONCLUSIONQUElQUES QUESTIONS...

Toute étude, même partielle, sur le Stalinisme, amè-ne nécessairement à se poser la question : commenttout cela a-t-il été possible ? L'incrédulité de certainsmilitants communistes après le rapport Khrouchtchevmontre combien il est difficile de concevoir de tellesdéviations de l'idéal socialiste. Pourtant nul ne songeaujourd'hui à les nier, '

Le stalinisme ne peut être cependant imputé au seulStaline, Il faut depasser ce cadre, où certains d'ail-leurs veulent nous enfermer, pour poser le problèmede la bureaucratie et de ses rapports avec le Mou-vement Ouvrier.

Nous posons donc à l'ensemble du mouvement quise dit révolutionnaire les questions qui nous sem-blent pouvoir permettre une meilleure approche duproblème:

1) Le développement de la bureaucratie en U,R,S,S.est-il lié seulement aux conditions spécifiques de laRévolution Russe ?

2) Le développement de la bureaucratie dans le PartiBolchévick est-il lié aux structures léninistes de ceParti ?

3) Le développement de la bureaucratie dans leMouvement Ouvrier est-il lié à la pratique marxiste?(Le phénomène bureaucratique n'est pas en effet l'apa-nage du bolchévisme, on le rencontre dans la sociale-démocratie tout aussi bien),

Ces questions posent le cadre d'une réflexion plusvaste, et l'élaboration d'une pratique anti-autoritaire,seule voie possible vers un socialisme enfin dégagéde ses miasmes,

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. ..;.-

Lutte de Libérationc Tant qu'il y aura en Europe une seule nation per-

sécutée, le triomphe décisif et complet de la démocratiene sera possible nulle part. L'oppression d'un pel!.ipLeou d'un simple individu est l'oppression de tous et l'on

'ne peut violer la liberté d'un seul sans violer la libertéde chacun »

MICHEL BAKOUNINE(inédit, passage supprimé de l'Appel aux Slaves)

1. - LES ANARCHISTESET LA « QUESTION NATIONALE ):

Belfast, le 23 juillet 1971

Camarades,

Nous regrettons, mais il nous sera impossible d'en-voyer un délégué au Congrès Mondial Anarchiste deParis. Nous croyons qu'ils est plus important de com-battre dans la rue, avec le peuple (u.). Plusieurs denos camarades sont dans la clandestinité, et d'autresen prison. La lutte continue.

Salut fraternel.

Tel est le message que nos camarades du c BelfastAnarchist Group » adressèrent au Second CongrèsInternational de Fédérations Anarchistes.

Kropotkine, évoquant déjà, la gravité de la « ques-tion » irlandaise, écrivait à Maria Korn, dans Unelettre du 11 mai 1897 (1) :

« (u.) IL me' semble que le caractère purement na.-tionaliste des mouvements d'émancipation nationalen'existe pas. IL y a toujours, des motifs économiques,ou bien, c'est la liberté et le respect de l'homme quisont en question C..). N otr¤l tâche devrait être de sou-lever les problèmes économiques. J'estime, d'ailleurs,après avoir longuement réfléchi à cette question, quel'échec des mouvements nationaux en Pologne, en Fin~lande, en Irlomâe et en Georgie, réside dans le faitqu'à chaque fois, le 'problème économique (toujoursagraire) a été négligé (...). En Irlande, la difficultéprincipale réside dans le fait que les chefs du Mouve-ment, gros propriétaires au même titre que les anglais,vident le mouvement d'émancipation nationale de soncontenu social (...).

Bref, il me semble que, dans chacun de ces mouve-ments à'émancipation nationale, une tâche importantenous est réservée : poser le problème sous son aspectéconomique et social, et ceci, parallèlement à la luttecontre la domination étrangère (...) ».

et Kropotkine concluait, en disant :

« Partout où des hommes se révoltent contre l'opres-sion individuelle,-économique, étatique, religieuse méme,et à plus forte raison nationale, notre devoir est d'êtreà leurs côtés C .. ).

Ne niez pas l'importance des mouvements d'émanci-pation naiumale, Leur temps n'est pas encore passé,et il nous arrivera d'y participer » (. • .).

Nous avons longuement cité ce texte, car nous le. jugions intéressant, en cela surtout que sa rédactioncoincidait avec le -prernier grand mouvement d'émanci-pation nationale des peuples d'Europe, mouvement dontle second acte commence aujourd'hui, dans la fouléede la décolonisation du Tiers Monde non-européen.

Dans cette lettre à Maria Korn, Kropotkine analyse,en quelque sorte, le phénomène colonialiste et lesmoyens de la butte anti-impérialiste, avec leurs fonde-ments économiques et leurs prolongements éthiques

a) en termes de lutte de libération nationale ;

b) en terme de lutte des classes;sachant, déjà, que seule une victoire de classe pourrarésoudre la question nationale.

Ainsi, dans l'analyse kropotkinienne, la phase d'érec-tion de l'Etat National est dépassée et transcendée parle contenu de classe que les anarchistes doivent s'atta-cher à donner à ces luttes,

On voit, donc, l'importance de ce problème et lanécessité d'en insérer le développement dans une straté-gie globale communiste-libertaire, C'est, en effet, dela juste compréhension de ces luttes que dépendra leurissue révolutionnaire,

La position de Kropotkine, à l'égard du problèmequi nous interesse ici, est donc très claire et sanséquivoque. Celle de Bakounine ne l'est pas moins, quiparticipa, avec enthousiasme, à tous les soulèvementsnationaux de son époque, dans la perspective de sa« grande confédération des peuples slaves », premièrepierre de l'édifice fédéral européen, dont la nécessitéavait été approuvée par Proudhon.

Nouns pouvons affirmer, faisant nôtre l'interventiondu camarade Balkanski <Fédération Anarchiste-Commu-niste de Bulgarie) au Second Congrès Internationalde Fédérations Anarchistes de Paris, que la conception« marxiste » actuelle des luttes de libération nationalen'est pas marxiste, mais bakouninienne.

Ainsi Karl Marx déclara, en 1849 dans la « NeueRheinische Zeitung » répondant à Bakounine

« Toutes ces petites nations impuissantes et chétivesdoivent en somme de la reconnaissance à ceux qui,selon les nécessités historiques, les rattachent à quel-que grand empire, leur permettant ainsi de participerà un développement historique auquel, abandonnéesà elles-mêmes, elles seraient restées tout à fait étran-gères, C'est l'évidence même qu'un tel résultat ne sau-rait être réalisé sans écraser quelques pousses tendres».

Les « pousses tendres » dont parlait Marx s'appe-laient alors : Bohême-Moravie, Slovaquie, Pologne,Bulgarie, Roumanie, etc ...

Plus loin, dans le même article, Marx réplique àBakounine, qui réclame la liberté des peuples slaves,et leur émancipation du joug austro-hongrois et russe:

« Les Tchèques, au nombre desquels nous comptonsles moraves et les Slovaques (on voit ici, la rigueur« scientifique » de Marx ! ), n'ont jamais eu d'histoire(...). Cette « nation » inexistante au point 'de vue his-torique exige l'indépendance ? IL est inadmissible dedonner l'indépendance aux Tchèques, car alors l'Estde l'Allemagne aurait l'apparence d'une miche de painrongée par les rats ».

Marx et Engels ratifient, sans discussion, la tyraniemécaniste de l'Histoire, et lorsque Bakounine apporteson soutien aux polonais, Marx répond :

« La conquête par les allemands des régions slavesentre l'Elbe et la Warthe fut une nécessité géographi-que et stratégique, ces régions ont été complètementgermanisées. La cause est entendue (u.) que cette con-quête fût dans l'intérêt de la civilisation, 'cela ne souf-fre pas de doute ».

De même, lorsque Bakounine exige la liberté pourles slaves du sud (Yougoslaves), dominés par une in-fime minorité étrangère, Marx écrit

« C'est une nécessité vitale pour les allemands etHongrois de ne pas être coupés de l'Adriatique (...).Est-ce un malheur si la magnifique Californie vientd'être arrachée aux Mexicains pourris qui ne savaientqu'en faire ? C.,) La « justice » (allusion qui se veuthumoristique au texte de Bakounine, N. d R.) et autresprincipes moraux pouront être' enfreints par ci par là,maisqu'est-ce que cela peut faire et face de tant d'au-tres faits de ce genre dans l'histoire universelle ? ~

Marx et Engels vont, on le voit, jusqu'à justifier unesorte d'impérialisme raciste que leur théorie mécanistede l'Histoire tend à vider de tout contenu moral. Ontouche, ici, à l'ethnocide, considéré comme l'un deschemins ténébreux de l'Histoire. Et, Marx concluait,fort logiquement, dans un sens dor . les échos assour-dis parviendront jusqu'à Hitler :

« La haine des russes est la première passion révo-lutionnaire des allenuuuis et, maintenant, la haine destctièques et des croates vient s'y ajouter. La révolu-tion ne ne peut être sauvegardée que par la pratiqued'u'lte terreur résolue contre les peuples slaves qui pourles perspectives de leur misérable « indépendancenationale » ont vendu la démocratie et la révolution, ..De cette trahison infâme et lâche nous prendrons unjour sur les slaves une sanglante revanche »,

En conclusion, et pour ne nous en tenir qu'à Kro-potkine et à Bakounine, nous voyons comme leursécrits, aussi bien que leurs pratiques, convergèrentpour donner leur 'signification révolutionnaire auxluttes d'émancipation nationale, A l'opposé, Marx etEngels s'opposèrent à cette émancipation des peuplesau nom d'une conception « figée » de l'histoire.

Le courant révolutionnaire qui se dessine au seindes minorités ethniques, aujourd'hui, peut-être un descreusets où se forgent les armes de notre libération.Il faut, donc, tenter d'analyser le sens de ce courantet les causes qui ont déterminé l'éclosion de ces luttes.Nous étudierons ce premier point dans le chapître in-titulé « Stratégie du capitalisme et sous-dévelopement »Dans un second temps, et partant de cette premièretentative d'analyse, nous essayerons de déboucher surune esquisse' d'une « Sociologie de, l'impérialisme »,pour conclure, enfin, sur la « nécessité d'une organisa-tion et d'une stratégie révolutionnaire ».

Nationale·2. - STRATEGIE DU CAPITALISMEET SOUS-DEVELOPPEMENT

La crise décisive de destructuration régionale s'amor-ce à un tournant de la vie économique européenne.L'entrée dans le procesus de « sous-développement ré-gional » correspond à une flambée du capitalisme.

Contrairement aux premières thèses de Robert Latent(3) et en accord avec les récentes thèses des basquesde .Saioak (4), on peut affirmer que la centralisationn'est qu'un facteur du sous-développement régional,elle n'en est pas la cause. Cette cause, il faut la trouverdans le fait que l'expansion du mode de productioncapitaliste suppose et exige l'inégalité dans le rythmede développement. Mandel (5) écrit à ce propos :

« C'est l'inégalité du rythme de développement entredifférents pays, différents secteurs et différentes en-treprises qui est le moteur de l'expansion des débou-chés capitalistes (..,) c'est elle qui explique commentla reproduction élargie peut continuer même àl'exclu-sion de tout milieu non capitaliste, comment s'eiiectuedans ces conditions la réalisation de la plus-value parune accentuation prononcée de la concentration ducapital ».

Mandel insiste d'ailleurs sur le fait du développementinégal entre diverses régions d'un même Etat politique,ce qui est souvent oublié dans les traités classiques.Ce phénomène, sous-estimé dans la littérature écono-mique marxiste, est pourtant l'une des clefs essentiel-les : par la création de régions déprimées au sein desnations capitalistes, le mode de production capitalistecrée, lui-même, ses débouchés « complémentaires »,

ainsi que ses réserves permanentes de main-d'œuvre(exemple : Ecosse et Pays de Galles en G.B., Flandreen Belgique, Slovaquie en Tchécoslovaquie, Mezzogiornoen Italie, Occltanie et Bretagne en France, etc). LEMODE DE PRODUCTION CAPITALISTE NE PEUTPAS INDUSTRIALISER SYSTEMATIQUEMENT ETHARMONIEUSEMENT L'ENSEMBLE D'UN VASTETERRITOIRE,

Cette loi du développement inégal permet de situerle « sous développement » et la « centralisation »dans une juste perspective. Il n'y a pas entre le « sous-développement régional » et la « centralisation » unerelation directe de cause à effet, bien que celle-ciaccentue les conséquences de la loi du développementinégal. La destructuration des unités ethniques estl'aboutissement de plusieurs siècles d'histoire, Les der-niers ont été caractérisés par le développement ducapitalisme. C'est donc cette expansion qui détermineles mécanismes et la nature même de cette destruc-turation.

La colonisation régionale n'est donc pas une consé-quence de la centralisation, mais une condition dudéveloppement du capitalisme. Le capitalisme produitune métropole en développement et nine périphérie ensous-développement. Les causes du sous-développementrégional sont à rechercher dans la réalité économique,politique et sociale du système capitaliste lui-même.La centralisation économique appelle, comme une né-cessité, une centralisation politique. Autrement dit,cette centralisation politique n'est que la traductiond'un phénomène de polarisation de l'économie capi-taliste en métropoles et satellites, à tous les niveaux.La décentralisation capitaliste, si chère aux gaullistes,est une chimère impossible,

La désintégration des économies précapitalistes s'estréalisée progressivement, par une intégration au modede production capitaliste, digérée par les formationscapitalistes en raison de la loi du marché. Les régionsles plus reculées du monde sont désormais intégréesau système capitaliste mondial. C'est le phénomènede colonisation .

Ce processus de colonisation a touché aussi bien lesrégions ou nations « étrangères » que les régions in-térieures des Etats capitalistes. La formation « natio-nale » capitaliste assimile les formations régionales pré-capitalistes autant que les formations nationales étran-gères, La région colonisée, comme tout satellite, estcaractérisée par' une exportation croissante de matièrespremières, de biens primaires, de main-d'œuvre, etpar une importante corrélative de produits manufac-turés, de biens de luxe et de capitaux. Le sous déve-loppement du satellite est la condition absolue du dé-veloppement de la métropole.

De nos jours, le capitalisme est parvenu, comme lenotait déjà Lénine, à son stade suprême de dévelop-pement. Les frontières des formations nationales capi-talistes ont éclaté devant la polarisation interne deséconomies, On constate une « monopolisation ,» et unesatellisation mondiales. Le chef de file est les U.S.A.L'intégration au système capitaliste est terminé, toutes1~s formations sociales, régionales ou nationales, ont étéavalées, digirées par l'impérialisme. C'EST L'HEUREDE L'IMPERIALISME ET NON PLUS CELLE DELA COLONISATION.

Les MOUVEMENTS DE LIBERATION NATIONALEdoivent tenir compte de cette réalité, et ne pas enrester à une analyse pré-impérialiste qui les condui-rait à un « tiers-mondisme » régional. Ce qui signi-fierait que leur lutte révolutionnaire s'inscrirat dans ladialectique colonisateurs-colonisés et que le but àatteindre serait l'indépendance politique, la souverai-neté nationale, l'autonomie régionale, etc ... c'est uneanalyse courte qui ne tient pas compte de la réalité

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- " --, front libertaire

et Lutte des Classesglobale. L'ennemi à vaincre pour l'irlandais, le bretonou l'occitan, par exemple, n'est pas seulement l'Angle-terre ou la France, mais tout autant la bourgeoisieanglaise, bretonne ou occitane, qu'américaine, Là, sontsaisis les liens qui unissent les bourgeoisies régionalesaux bourgeoisies nationales et mondiales.

Il faut donc 'prêter grande attention, afin de ne pasmélanger indistinctement, dans une même lutte, de!intérêts antagonistes de classes. De cet état de chosesprovient, en partie, l'échec de la révolution palesti-nienne.

La culture ethnique n'est pas celle de' tous ceux quisont nés ou habitent sur la terre d'une nation, ou quiparlent la même langue. C'est celle de ceux -qui, danaun groupe donné, subissent la même exploitation. LACULTURE ETHNIQUE EST CULTURE DE CLASSE,C'EST CE QUI LUI DONNE SON POUVOIR REVO-LUTIONNAIRE. Que la conscience de classe de tra-vailleurs corresponde à une classe ouvrière en situationde dépendance nationale, c'est cependant là une cons-cience de classe qui portera à terme la lutte : la des-truction du capitalisme dans son état actuel d'où dé-coulent les aliénations (expériences anarchistes del'Ukraine Makhnoviste et de la Catalogne de 36).

La lutte décisive à mener ne peut-être qu'une luttemondiale de classes, d'exploités contre exploiteurs, àcommencer par un combat sans merci, ni tactique aléa-toire, contre les bourgeoisies les plus proches ; mêmeet surtout peut-être, si elles se proclament «nationales».Cette lutte de classes est d'ailleurs, le seul moyen desauver et de promouvoir la « spécificité ethnique'»sur laquelle pourra être construit le socialisme sansEtat, ùous terminons ce chapitre en rappelant unephrase d'Angel Pestana (1919, Madrid) :

« Nous (les anarchistes), je le dis ici, à Madrid, ets'U le faut à Barcelone, nous sommes et seront opposé,à ces messieurs qui prétendent monopoliser la poli-tique cataiame, non pour, obtenir la Liberté de La Ca-talogne, mais pour pouvoir mieux défendre Leurs in-rëts de classe, et qui sont toujours prêts à ne pa,entendre les revendications du prolétariat cataLan ..,S'ils pensent que les, intérêts de la classe aisée sonten darnger, ils se pressent à Madrid pour offrir leuTlservices à une monarchie centraliste ».

3. - SOCIOLOGIE DE L'îMPERIAlISME

une soclOlogïede-!-!.impéria1isme 91ilt

rendue nécessaire pour l'élaboration d'une théorie ré-volutionnaire conséquente. Nous mettrons en évidencecertaines thèses encore défendues par une large frac-tion du mouvement révolutionnaire (marxiste maisaussi anarchiste), et que nous considérons comme despostulats erronés battus en brèche par la réalité socio-historique.

Il s'agit, donc, ici de tenter de cerner le domainede l'impérialisme et de sa dialectique concrète, c'es-à-dire celle qu'il entretien avec les MOUVEMENTS NA-TIONAUX, à l'échelle du monde contemporain.

Le monde réel, celui des hommes et des sociétés quis'affrontent, luttent pour leur hégémonie, leur libéra-tion, et parfois, comme en Irlande, en Palestine, enErytrée, en Occitanie, en Euzkadi, etc, pour leur survie,nous offrira le champ d'investigation souhaité,

L'expansion hégémonique du système capitaliste etson prolongement, l'impérialisme, centrés, l'un et l'autrepour l'essentiel sur l'Occident (et nous verons l'impor-tance de cette implantation géographique jusque dansses prolongements idéologiques à tendance cosmo-poli te) , depuis le début des temps modernes, ont puis-sament contribué à forcer tous les « provincialismes »,c'est-à-dire à donner corps à la dimension interna-tionale de la dialectique des formations sociales na-tionales - les nations qui constituaient, et continuent deconstituer la matrice fondamentale où se déroule la dia-lectique sociale des premières sociétés constituées à nosjours.

Ainsi, peut-on voir, que le monde s'oriente versun approfondissement et une accélération âes interre-lations entre ses différentes unités constitutives.

Plutôt que la « mondialité », notion psychologiqueet éthique, d'origine phénoménologique, notre EPOQUEEST BIEN CELLE OU S'AMORCE CETTE DIALEC-TIQUE DÈS CIVILISATIONS ET DES CULTURESNATIONALES, dans le cadre de laquelle se déploie,désormais, l'affrontement, pour le pouvoir, des classeset des groupes antagonistes, au sein de chaque forma-tion sociale-nationale, Au cœur du procssus : L'IM-PERIALISME ET L~S MOUVEMENTS NATIONAUX.Il ne s'agit pas uniquement des pays recouverts par laTriconiinentale, car l'évolution et le destin de l'Europe(Ukraine, Biélorussie, Pays Baltes, Fédération de You-goslavie, Irlande, Pays de Galles, Bretagne, Occitanie,Euzkadi, Catalogne, Flandre, etc ...), celui aussi des Etats-Unis (irruption du problème noir et des différents« ethnismes » sur leur territoire national lui-même,comme au Québec, tout proche), permettent de pen-ser que la problématique de la dialectique « IMPE-RIALISME-MOUVEMENTS NATIONAUX» est bienau cœur du monde réel de notre temps, et d'une ma-nière beaucoup plus éclatante qu'au milieu du siècledernier.

L'impérialisme hégémonique, phénomène par lequels'exprime le « stade suprême du capitalisme », apparaîtcomme le niveau le plus élevé de l'exercice de I'hégé-

monie, dont on voit mieux les aspects politiques et mili-taires, dans la mesure où, cette fois, c'est l'Europemême qui se trouve aux prises avec sa menace directe.Cependant un «blocage» structurel semble s'opposer,dans de larges secteurs, appartenant pourtant aux cou-ches révolutionnaires, contre une volonté de redéfini-tion de l'impérialisme, Déjà, l'instauration du maoismeen Chine, le nassérisme, la guerre victorieuse du Viet-nam et le fidélisme cubain, avaient entraîné des révi-sions utiles. Le renouveau théorique s'engage, dès main-tenant, dans deux grandes voies distinctes, mais com-plémentaires :

a) un renouvelement de l'analyse de l'hégémonieimpérialiste, qui va mettre au premier plan la naturedu complexe militaire-industriel ;

b) une analyse sérieuse des paramètres spécifiquesconcernant les mouvements révolutionnaires de libé-ration nationale ;

Voyons, rapidement, le contenu théorique communaux différentes tentatives qu'inspire « l'idéologie do-minente », celle du fonctionalisme qui s'exprime,tout autant, dans le secteur idéologique conservateurque dans ses variantes marxistes ou anarchistes, et quenous considérons, aujourd'hui, comme étant, en grandepartie, erroné. Nous donnerons, en conclusion, dans ledernier chapître, notre point de vue, qui n'est pasdéfinitif,

Le noyau de ce contenu commun paraît pouvoir s'or-donner autour de trois grandes composantes :

a) Une composante, disons, «d'encadrement général»,qui est celle de « L'universalisme postulé », comme una priori qui irait de soi, et précisément à l'étape histo-rique qui est celle du SURGISSEMENT FRACASSANTEN IMPLACABLE DES SPECIFITES de toutes natures,au sein même des cadres idéologiques à vocationuniversaliste et universalisante (socialisme, christia-nisme, islam, boudhisme, etc ...). Ainsi, et ceci est notrepremier désacord, en lieu et place de la nécessairedialectique des civilisations, certains révolutionnaires'persistent à penser que le monde va son train, entraîné,impulsé et pensé par l'universalisme, c'est-à-dire par'la volonté des centres hégémoniques de l'Occidentd'imposer leurs moules théoriques, leur cadre concep-tuel, leurs thèses (issues de leur expérience sectoriellepropre) à l'immense mouvement du monde contempo-rain ! '

L'Europe (et la France, en particulier) a toujourssecrété « l'universalisme », visant à détruire les spé-cifités des autres peuples, Pour ce faire, elle « uni-versalisait » son propre particularisme, au nom d'unperfide-numantsme cosmopolite. Le christianisme eu-réopéanisé, le marxisme, et jusqu'à l'entreprise dissol-vante des espérantistes" l'Europe a su, sans cesse trou-ver des formes nouvelles pour camoufler son hégé-monie.

b) La deuxième composante fournira, à nos détrac-teurs, l'instrument d'analyse du concret c'est l'utili-sation mécaniste du facteur économique.

La notion de « mode de production » est alors miseen avant comme un leitmotiv, le seul décisif, et dansla mesure où la typologie classique européenne desmodes de production (Marx) n'est plus capable d'em-brasser la diversité des sociétés non-ocidentales, ons'empresse de mettre en avant d'autres typologies sus-ceptibles de systématiser un mondé fabuleusementcomplexe. Cette déformation de pensée se retrouve,particulièrement, dans l'attitude anti-nationale desmarxistes centre-européens et de Rosa Luxemburg,ainsi que dans les analyses des « marxistes libertaires»du Gr. Bakounine (Marseille) touchant aux luttes delibération nationale.

La révision des schémas classiques et parfois leurinutilité, font ressortir le caractère impérieux des dif-férentes spécificités nationales-culturellse (ethniques)qui s'imposent, avec éclat, contre les théorisations àpriori, qui deviennent souvent des vecteurs d'hégémonie,Le regard privilégié, la base de toute analyse, seraLE CONCEPT DE SPECIFICITE, Il a toujours été aucentre de la démarche libertaire, il détermine l'avenirde la théorie sociale, et pas seulement pour les commu-nistes libertaires.

La conséquence de cette manière d'aborder le phé-nomène de l'impérialisme sera l'ennonciation d'unenouvele dialectique sociale : nations (6) et sociétés,classes sociales et formations politiques, cultures etidéologies entrent en mouvement automatiquement àpartir d'un CODE spécifique, à chaque entité socio-culturelle, qui en fournit la clé, économique,

c) Enfin, la troisième composante de l'idéologie do-minante est la néçatuni de la spécificité du palier po-litiq1l.e.

Il ne s'agit pas, bien entendu, de la négation del'existence et de la nécessité des luttes politiques, mais,d'une manière précise, d'une négation du processuspolitique en tant que processus autre que transpositifdirect des « modes de production» et de leurs conflits,L'Anarchisme ne peut que s'opposer à cette conceptiondéterministe, car, en effet, si l'inter-action entre lesdiférents « modes de production » est réglé d'avance, àpartir dt- la définition de ces différents modes eux-mêmes, la place de l'action politique, à partir d'un pro-jet politique et d'une base organisationnelle, s'amenuiseconsidérablement. Ainsi, certains révolutionnaires, pourla plupart d'obédience marxiste, mais des anarchistesaussi, considèrent-ils la révolution impossible dans telou tel pays subjugué par le capitalisme impérialiste desU,S,A. (pays d'Amérique Latine), la seule solution.

étant à leurs yeux, la destruction du centre impéria-liste lui-même, Cette attitude pose des problèmes stra-tégiques insolubles et condamne tout « possibilisme »au nom de l'irrémédiabilité du processus évolutif del'histoire, Cette direction de pensée s'ordonne, aujourd'hui, autour de la filiation théorique et idéologiqueTrotsky-R. Luxemburg,

Voyons, maintenant, corrélativement à ces analyses,quelle peut-être l'ébauche d'une stratégie révolution-naire communiste libertaire :

4. - NECESSITE D'UNE ORGANISATIONET D'UNE STRATEGIE REVOLUTIONNAIREDES LUTTES DE LIBERATION NATIONALE

Il va, pour nous, de soi que la classe ouvrière doits'organiser d'abord, en TANT QUE CLASSE, dans lespays qui sont le théâtre de luttes de libération. Lesclasses ouvrières ne sont pas « Interchangeables »,chacune d'elles connaît mieux que les autres son propreennemi de classe : sa bourgeoisie nationale. L'inégaldéveloppement des forces productives et l'inégal niveaude conscience prolétarienne imposent la « division dutravail révolutionnaire ». Mais, les considérations despécificité, de différence culturelle, etc, n'interviennentqu'en tant que déterminants des FORMES que revê-tent les luttes ici et là, et non des OBJECTIFS.

La lutte des classes comporte une dimension supra-nationale qui donne son sens à l'internationalisme pro-létarien. La solidarité internationale n'est pas en elle-nêrne ue stratégie, elle ne peut en tenir lieu. L'op i.. ~,

tif de tout révolutionnaire est de faire la révolutionlà où il se trouve, dans le but d'apporter sa contri-bution à la construction d'une société d'où toute exploi-~tion serait bannie. Chaque mouvement de libérationnational doit définir sa propre stratégie, cadre danslequel pourra s'épanouir la solidarité internationale,

Toute lutte de libération nationale doit avoir deuxbuts principaux :

a) Liquidation de la domination étrangère ;

b) Révolution sociale, c'est-à-dire élimination de labourg~TSi-er-nml1Jnale et du Pouvoir de classe, réorga-nisation de la vie sociale et de la production sur lesbases du contrôle permanent des organisations de base,

Partout, durant la première partie de ce siècle, oùles mouvements de libération nationale ont lutté surla base d'un programme prolétarien, ils ont débouchésur une victoire militaire, économique et sociale, mêmesi cette victoire ne fut que passagère. Là, où les ou-vriers ont laissé la bourgeoisie nationale en place, celle-ci a toujours trouvé les moyens d'arrêter à mi-cheminles masses populaires, dès qu'elle avait obtenu de l'an-cienne puissance coloniale, certaines concessions de sou-veraineté et d'indépendance économique relative, Labourgeoisie conduit, toujours, la lutte de libérationnationale conformément à ses intérêts de classe.

La seule maniere d'ouvrir la voie à l'accomplisse-ment de la révolution est de doter chaque mouvementde libération nationale d'une organisation révolution-naire, armée d'un programme prolétarien répondant à

ses particularités historico-économiques, et d'une stra-tégie tenant compte de la nature réelle de ses objec-tifs et de la dimension de son adversaire.

Seule une orientation qui tentera de donner le maxi-mum de pouvoir au peuple pourra atteindre ses objec-tifs révolutionnaires, Seul un combat guidé par uneintransigeante volonté de garder effectivement le pou-voir de décision entre les mains du peuple, peut sau-ver la spécificité socio-culturelle des groupes ethniqueset garantir la liberté des peuples.

(1) document inédit en français, publié pour la pre-mière fois en juin 71, dans le bulletin numéro g-10de la C,R.I.F,A.

(2) « Bakounine », par Etienne Porgès.« Bakounine et le Panslavisme révolutionnaire », par

B. p, Hepner,« The Political Ph ilosophy of Bakunin », par

G,P. Maximoff« Projet d'une fédération des sections latines de

Suisse » (869) Bakounine« Programme de la section Slave de Zurich »,

M, Bakounine

(3) «La Révolution Régionaliste », par R. LafontDécoloniser en France », par R. Lafont

(4) « Sobre el Problema Nacional Vasco » (971)

(5) « Traité d'Economie Marxiste », E. Mandel,Tome III

(6) Le terme « nation » recouvre, ici, les réalitéssocio-culturells , de l'ethnie et non la population des

Stato-Nations, de type fondamentalement multi-natio-naux, tels que la France, la Grande Bretagne, la Bel-gique, l'Italie, etc,

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ALLEMAGNE~ ~

FEDERALE

« La Bande

ou Les

Lorsque Mai 68 éclate en France, l'Allemagne adéjà connu ses journées de barricades : 2 juin 1967,un étudiant est tué par la police à Berlin; avril 1968,après l'attentat contre Rudi Dutschke, manifestationstrès dures contre le magnat de la presse allemandeAxel Springer dont les journaux et en particulier « Bild-Zeitung " - style " Minute » est le plus fort tiragedes quotidiens allemands - titre couramment sur " le'danger rouge et la terreur exercée par les anarchistes! ..

Après l'échec de la campagne contre la législationsur les lois d'urgence menée par le mouvement étu-diant et quelques rares groupes syndicaux, en novem-bre 1968 le S,D,S, (Sozialistische Deutsche Studen-tenbund) éclate en " communes ", en groupes antiautoritaires, en " cellules rouges" maoïstes, De nom-breux groupes s'orientent vers la guerrilla urbaine et'la répression déjà très forte va en s'accentuant (10000procès en cours début 1970),

Début 1971, le journal " Der Spiegel • révèle lesnoms des" anarchistes ,. recherchés par la police cri-minelle pour activités terroristes, Il s'agit de :

- Andreas Baader (27 ans), pour tentative d'incen-die pouvant causer mort d'hommes ;

- Ulrike Meinhof (36 ans), pour libération d'undétenu (Baader) et tentative de meurtre ;

- Astrid Proll (23 ans), pour deux tentatives demeurtre ;

- Peter Hohmann (34 ans), pour complicité dansla libération d'un détenu ;

- Gudrun Ensslin (30 ans) pour tentative d'incendie;- Manfred Grashof (24 ans), déserteur, pour ten-

tative de meurtre; /- Jan Carl Raspe (26 ans), Wolfang Thorns (20 ans),

(1) Petra Schelm (20 ans), Said Dudin (24 ans) pourassociation de malfaiteurs ;

- Guhther Voigt (34 ans), pour complicité dans lalibération d'un détenu et tentative de meurtre,

- ,

« LA BANDE A BAADER ))

La plupart de ces inculpations se rapportent à lalibération d'Andreas Baader par des membres de songroupe, " la bande à Baader ", alias « la bande Baader-Meinhof ., alias « la bande à Mahler ». La bande àBaader acquit sa notoriété en 1968 et, dès lors, lapresse tiendra en haleine ses lecteurs avec les ex-ploits de cette nouvelle bande à Bonnot.

Le 2 avril 1968, des " gauchistes » mettent le feuà un grand magasin de Francfort pour protester contrela guerre du Vietnam ; les dégats sont légers. Lapolice accuse : A, Baader, G, Ensslin, Sohnlein etThorwald.

Baader et Ensslin, en fuite, sont condamnés à troisans de prison ; peu après Baader est arrêté à Berlinet incarcéré.

Le 14 mai 1970, Baader quitte la prison, escorté pardeux policiers, pour se rendre à l'Institut Central pourles Problèmes sociaux, L'autorisation a été délivrée àla demande de l'avocat Horst Mahler, afin que le dé-tenu puisse travailler à la rédaction d'un ouvrage so-ciologique avec Melnhof,

Les policiers conduisent Baader, menottes aux poingsdans la salle de lecture où se trouvent déjà UlrikeMeinhof et deux autres filles identifiées par des té-moins comme étant lnqrld Schubert et Irene Georqens.Un homme entre alors (il s'agirait de Peter Hohmann)et une bagarre éclate avec les policiers : une bombelacrymogène est jeté dans la salle, quelqu'un tire,Baader et Meinhof s'enfuient par la fenêtre, Un em-ployé de l'Institut a été grièvement blessé, L'avocatMahler disparait lui aussi et la police « retrouve »

dans son appartement des cartouches de révolver.

Pendant l'été 1970, on signale le groupe en Palestinedans un camp d'entraînement; puis on les dit de re-tour à Berlin, Dès lors, à grand battage de presse,vont leur être attribués toutes sortes de méfaits : onles accuse de l'attaque coordonnée de trois banquesberlinoises et du vol de 271 000 marks,

Le' 8 octobre la police arrête Ingrid Schubert, HorstMahler, Brigitte Asdonk, Monika Berberich et IreneGeorgens. Les autres restent introuvables. L'enquêtedéborde bientôt les milieux de la gauche extra parle-mentaire : un prêtre, puis un député sont suspectésce qui indispose l'opinion publique, Alors pour coupercourt à ce revirement de l'opinion, le pouvoir inventeet « révèle» le dernier projet de la bande: l'enlève-ment du chancelier Willy Brandt !!!

,a BAADER,MEINHOF »

dessous d'une provocation

Quelques temps après, en février 1971, un petit gar-çon est kidnappé. Les ravisseurs se font passer pourles membres de la bande à Baader et la presse inter-nationale s'empresse de dénoncer « ces' dangereuxgauchistes kidnappers d'enfants ! )t Une semaineaprès les ravisseurs sont arrêtés : ce sont des fas-cistes.

Le 23 avril 1971, un professeur et son secrétaire,tous deux nazis avoués, disparaissent, On les retrouvesolidement ligotés sur les bas côtés d'une, autoroute;la presse dénonce aussitôt les «tupamaros de Baader».Mais les fascistes passent aux aveux: ils ont simulél'enlèvement pour faire accuser les anarchistes et lescommunistes et pour ainsi influencer le vote de re-nouvellement de la Diète de Kiel. (Ce professeur nazi,Berthold Rubin, n'est autre que le fondateur du mouve-ment des « Amis de Franz Josef Strauss ", leader dela démocratie chrétlenne.)

LE PROCES

Le 1er mars 1971 s'ouvre le procès contre Mahler,1. Georgens et 1. Schubert ; procès riche en rebondis-sements puisque les témoins ne reconnaissent plusles accusés, puisqu'on admet que le coup de feu quia blessé l'employé de l'Institut, a bien pu partir dupistolet d'un policier ! La confusion est à son comblelors de la séance du 29 avril avec la comparution dutémoin Gunther Voigt que la police vient cc d'arrêter »,

Ce dernier fait son entrée en saluant le poing fermé,Selon la police, il aurait vendu à 1. Georgens un pis-tolet Beretta à silencieux et 250 cartouches. Cettearme à été retrouvée dans la salle de lecture del'Institut, A l'audience Voigt reconnait aussitôt le pis-tolet ainsi que d'autres objets lui appartenant et re-trouvés dans la salle de lecture, Et Voigt de déclareren parlant des accusés :

« Ils l'ont fait exprès pour qu'on me soupçonne ..,Ils savaient très bien que la police avait mes em-preintes digitales ! » Et Voigt continue, dénonçant « ungroupe exécutif d'anarchistes ibéro américains qui amenacé de le liquider s'il témoignait. » A l'entendrec'est ce groupe qui aurait financé et organisé la libé-ration de Baader.

ON Y VOIT UN PEU PLUS CLAIR

Quelques documents permettent tout de même d'yvair un peu plus clair dans cette affaire, Ces partisansde la « guerilla urbaine ,. que la presse qualifie d'anar-chistes, qui sont-ils ?

En avril 1971 le journal « 883 " rédigé par des li-bertaires et des marxistes révèle que Gunther Voigtest en réalité un fasciste qui fournit en armes lesgroupements d'extrême droite ; à cette époque il esttoujours « en fuite ", se fait passer pour l'envoyé dugroupe Baader et tente d'inciter des jeunes gauchistesà commettre des hold-up pour financer la libération deMahler qui a fait savoir par ailleurs qu'il ne désiraitpas « être libéré " et surtout par Voigt !

Le 26 avril, l'hebdomadaire " der Spiegel " publieun extrait du premier manifeste du groupe Baader, si-gné Groupement Armée Rouge (Rote Armee Fraktion).Les « tupamaros » se prononcent pour la guerilla ur-baine et justifient leur action par des arguments rele-vant de la propagande par le fait. Toutefois ils décla-rent que leur combat n'a pas pour ambition deremplacer la lutte de classes menée par les organisa-tions ouvrières légales, Enfin ils rejettent l'étiquetteanarchiste pour se réclamer sans équivoque dumaoïsme. (2)

Nous ne pouvons nous empêcher de faire un rap-prochement avec un autre groupe de tupamaros quise réclame aussi du maoïsme, récement démenteléen Italie, Tous ses membres ont été arrêtés après quel'un d'eux au cours d'un hold-up tuât un employé,Tous, sauf un : le responsable, un militant fasciste!

STRATEGIE D'ETAT

Les manœuvres du pouvoir sont claires, Il vise àrenforcer le pouvoir militaire à l'intérieur (élargisse-

ment des compétences de la police) ; à introduirel'action criminelle au sein de la gauche révolution-naire, ce qui permettra de mieux la discréditer et del'affaiblir ; à créer une situation « américaine " préfasciste en allemagne fédérale.

Cette analyse, bien sûr, n'est pas spécifique àl'Allemagne ; on sait comment des anarchistes sontaccusés en Italie d'attentats commis par des fascistes,

Lorsque l'économie mondial dérape, lorsque les tra-vailleurs luttent, il ne reste plus au capitalisme qu'àinventer un quelconque complot anarchiste, interna-tional de préférence. Nous voici revenus aux tempsoù la provocation policière est érigée en système degouvernement, Pour que les parties de l'ordre gagnentles élections il faut dresser la « majorité silencieuse "contre la pègre révolutionnaire, C'est une techniquebien au point que les régimes autoritaires ont suffi-samment rodée,

Mais force est bien de constater que le travail de,ces spécialistes de la provocation trouve un terrainfavorable où se développer : la renaissance de cour-rants irrationnels dans le mouvement révolutionnaire(mystique de la violence, terrorisme, propagande parle fait), Il est certain que le temps presse pour mettrefin à ce genre d'affaires, faute de quoi les révolution-naires ne constituerons plus qu'une force d'appoint,manipulée, du capital au même titre que l'est déjà,à un autre niveau, la gauche classique. A cet effet unminimum de vigilance et de cohérence théorique, re-jetant toutes les déviations petites bourgeoises, estsouhaitable à l'intérieur du mouvement - ré\l~~. ~naire s'il veut concilier son caractère anti-autoritaire kZ

avec son développement.

Correspondant d'Allemagne Fédérale

(1) Cette camarade a été abattue par la police, enjuillet dernier, à la suite d'un spectaculaire « show-répression " ; hélicoptères, barrages routiers, 3000flics mobilisés. etc (N, de R,).

(2) Rappelons à ce sujet la critique de la guérillaurbaine comme conception léniniste d'une avant-gardearmée se substituant à l'action des masses et à la-lutte de classes, faite par les camarades de " 883 »

(N, de R,),

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___________________ Iï'M'-... front libertaire

Il L'ETAT MASSACRECet article est basé sur un document élaboré dans

un congrès exceptionnel par des délégués de tout lemouvement anarchiste italien, Les thèmes qui y sontabordés sont dévelopés dans le livre « L'Etat massa-cre: >l-'( la strage di stato) paru chez «Champ Libre» et

, dlsponlble à notre librairie.

Prochainement" aura lieu à Rome le procès desanarchistes accusés .d'avolr pensé et exécuté les

.: "attentats terroristes survenus en, Italie le 12 décembre1969 qui tuèrent 16 personnes et en blessèrent plusde 100.

.Ce texte veut démontrer la provocation fas-ciste soutenue par la' bourgeoisie, .dans le but d'éli-miner l'alternative révolutionnaire, et de durcir lerégime pour réaliser les objectifs économiques dela bourgeoisie.' ,

lES ATTENTAT'S FASCISTES EN ITALIELe premier but n'a pu être atteint pour des raisons

de développement économique, de logique, historique.Le châpitre suivant traite du procès qui fit suite aux

attentats du 25 avril 69, nous en avons déjà parlerdans un précédent article.

Il est bon de rappeler cependant que l'enquête futmenée par ce même commissaire Calabresi qui" sui-cida » Pineli le 15 décembre. Il faut savoir aussi que leprincipal témoin de l'accusation a été reconnu parle ministère public lut-même comme une mythomanehystérique. Cette' Zublena avait été déjà impliquéedans une affaire de lettres anonymes diffamatoireset le juge l'avait alors définie comme une « anormalepsychique ». Les défenseurs ont réclamé l'inculpationde Calabresi pour subordination de témoin et de laZublena pour taux-témoignage. L'accusation se basaiten outre sur des contessions des accusés, si l'onpense que l'un d'entre eux s'en sortit avec fractureon comprendra comment ces confessions ont été ob-

, tenues. Les interrogatoirs furent menés par les mê-mes policiers qui s occupèrent de Pinelli.

Lorsque l'un de ces tortionnaires se contredit auprocès, le président (homme de droite) le fait sortirde la selle.

Il faut aussi rappeler que le 7 décembre 1969 leGuardian et l'Observer publieront le célèbre rapportsecret grec qui révèle que les attentats du 25 avrilont été projetés par le gouvernement grec et réaliséspar les fascistes italiens. Ce texte ne sera pas prisen considération par le juge d'instruction.

Donc ce procès n'a en aucun cas frapper le mou-vement révolutionnaire, au contraire il a montré lagrossièreté de la machination politico-judiciaire montée

..par l'" Etat démocratique ».

LES RAISONS ECONOMICO-POLITIQUESDE LA REPRESSION

A partir de 68, en Italie, le conflit s'accentue. entrele capitalisme arriéré (petite et moyenne industrie,gros industriels liés aux intérêts U.S,)' et le caplta-lisme « avancé » de type monopoliste et néo-impéria-liste (FIAT, Pirelli, ENI, IRI).

Ce dernier menaçant par sa concurence le monopoleaméricain sur le plan international, et absorbant lapetite et moyenne industrie dans les gros trusts,

L'opposition devient toujours plus brutale, les deuxcamps se déterminent clairement sur Le terrain politi-que : d'une part par les « réactionnaires " au servicedes U,S,A. et alliés à la Grèce fasciste ; de l'autreles " réformistes » se voulant indépendants de l'lm-

, périalisme O.S., et voulant ratlonnallser le système,"".•;;,,4'e~ploitation tout en lui donnant un aspect, l!plus". ",démocratique. '.:.1;,\':' Le premier camp est représenté au parlement par, le P.S.U;, financé par la C.!.A., ',.,: .Jè.~ant _définitivement son masque révolutlonnalre

dI 9.1,7,P.C.!. e~, se faisant garant de la paix sociale et de,I.augment~tion de)é:l .. productivité se range dans le" deuxième, camp, espérant grâce à celà participer plei-

nement à la future société technobureaucratique., , , "Ce faisant, le P,C.!. laisse à sa gauche un vide où La tentative de faire reculer la gauche revolution-

"lIse développe un mouvement qui passe peu à peu d'une naire avec les ',bombes du 25 avril é~ho~e complète-:physiol1QJllie sectorielle et épisodique à un 'aspect 'ment. Les ouvriers ne se sont pas laisse abuser par

,cede caractère tpujours plus clairement libertaire dans des accusations et des discours aussi visiblementsa, recherche de structures orqanlsatfves. autonomes, ""faux. La lutte continue en s'accentuant toujours, L'au-

;''Î"trvoutre, malgré tous ses défauts [inexpérlence.r.spon- tomne comme prévu est rempli de foyers de grèves, de'",~,~t'8néisme,,}dogmatisme, ect) la nouvele gauche extra- manifestations massives et menaçantes. '

parlementaire se 'voulant indépendante, risque d'ern- La dro.it,e perd ~?ujours, plus de terrain, tant sur le \~' , , '" aux .plans' réf r- _plan politique u econ_~!!!lque. Les crises du 9.Quver-

mlstes. ; -.,> e su ëè(fenn-eporn"""réf~trlin rythmeLa mobilisation due à l'échéance des contrats col- toujours plus rapide, obligeant les réactionnaires à ac-

;, lectlfs de travail amène de vastes couches populaires célérer, leurs plans de bouleversement en élaborationà poser des revendications plus avaricées 'lé'! Jnloins depuis'Iongtemps. '

:,-fêëtJpérables" ou-même pour les plus conscterits' à se En~ septembre naissent des bruits de coup d'état,'placer sur des positions antlréforrnlstes ' et révolu- ra. presse patronale et fasciste demande avec' insistan-tionnaires. Et face à cette mobilisation' et à 'cette ce la dissolution des Chambres. En octobre, et en'prise de conscience du prolétariat, la classe dltig'eâ'nte novembre <s'intensifient les attentats terroristes opé-"est divisée. : " rés par des bandes d'inconscients à la solde de la \. Les solutions réformistes apparaissent inadéquates petite et moyenne bourgeoisie, qui veulent amener'

. aux 'exi,gences'dumoment : le mouvement révolution- ainsi un " gouvernement fort ". On peut comparer lanaire:';:apuie' ëôntinuelernent sur les masses pro téta- situation à celle de 22 qui amena le fascisme.riennes obliqeant les syndicats et le P.C.!. à de conti- Cette « stratéqie de la tension » déclenchée dans

, nueles récupérations pour ne pas être définitivement' le but précis de bloquer le mouvement étudiant et'dépassés. Même le' projet d'unification syndicale ne la, bren plus darigereuse explosion des revendicationssuffit pas à contrôler la situation. 'ouvrières, est ,êlors en plein développement.

Devant cet état de falt.i.les grands capitalistes lais- ,Dans le même temps, 'se multlpllent les grèves que.sent les mains libres, à la partie la plus réactionnaire' 'le patronat et ses intérlocuteurs traditionnels ne peu-de la bourqeotsle : ~" ' , , vent plus récupérer. Ainsi, chez Pirelli on fait grève

- commence alors une. série d'-attentats, visible- ,à outrance sur le mot d'ordre « Tout, tout de' suite ».

rnent d'origine fasciste qui culminera avec la tenta- 'Pour ne pas être débordés, les syndicats mobilisent", ",;ti:M~.. de massacre du 25 'avril 69 à Milan. Attentats 5 mil ions de travailleurs' pour le renouvellement des

, qui ~e,~.().nt imputés aux anarchistes (ceux-ci ont béné- contrats, La Confindustria communique : « Le pouvoir·Aici~'2.du non-lieu après deux ans de détention préven- ,ouvrier tend à se substituer au Parlement », La démo-

tive).' cratie-chrétienne appelle à cc la réaction du bourgeois,...- ,_;_ la Bourse subtt des fluctuations artificielles qui 'timide contre les piquets de grève des ouvriers »,

affolent la petite et la moyenne bourgeoisie. ; De nouveau au début décembre la droite politique"- les attitudes de la police sont toujours plus pro- et économique réclame une république présidentielle

vocatrices, celà aboutira aux combats de Turin et de à la De Gaulle.Milan : 1 mort. , Tous l'es 'corps de police sont en état d'alarme, Les

','.'.' " ,,),a"'iqroite appelle hystériquernent à l'ordre. fascistes parlent de " guerre civile ,., réclament des;;~}~~~,<,,;~;~~YYrlle série d'attentats eh août 69, cette fois mesures milltalres. se mobilisent. Dans l'armée on, '~" 'daris:" les' trains, nouvelles accusations contre les entend certains échos favorables à cette intervention

anarchistes (Pinelli, comme cheminot anarchiste sera armée,lui aussi accusé ; aujourd'hui il est prouvé que ces A l'étranger la prese parle de coup d'état rnllltaro-attentats étalent fascistes, mais Les responsablse ont fasciste". Le dirigeant de la Confindustria parle deété mis en liberté provisoire). , \ suppression du système parlementaire et de parti

- Enfin le 12 décembre, explose les bombes de unique en termes à peine voilés.Milan et de Rome. Il s'ensuit un climat de " chasse La veille des attentats à lieu une réunion d'officiersaux socières ", de « terreur 'blanche ", de « lynchage des services secrets et d'officiers de l'armée,moral ,., le tout orchestré par la presse bourgeoise Le, , jour • des ,attentats, quelques minutes aprèset par celle de la gauche parlementaire. C'est dans' I'atteritat à l'Autel de la Patrie, les rues du centre dece climat, qu'après trois jours d'interrogatoires illé- Rome sont inondées de tracts et d'affiches dénonçantgaux, Pinelli est « suicidé " (lire jeté) par la fenêtre; les " terroristes anarchistes ». A peine le temps dedu 4' étage du commissariat principal de Milan. Aus- réunir les. dirigeants et les Questures de Rome et desitôt après les " monstres ", les " fauves JI, lés' Milan accusent Valpreda et ses camarades,« assassins ", les anarchistes sont livrés à la justice. On arrête' des centaines de militants anarchistes,

Pour la grande industrie cette stratégie comportait et par tous .les moyens on veut leur soutirer des accu-un risque : celui de, freiner le processus de ratlona- sation~ contre Valpreda,lisation économique en cours ; non seulement elle a' Quant à Valpreda, comme Pinelli à Milan, il étaitaccepté ce risque mais elle a donné l'exemple par littéralement persécuté depuis des mois par la policeles licenciements, les suspensions, les plaintes, se qui voulait à tout prix lui faire endosser les attentatsfaisant complice du terrorisme, Grâce à sa complicité· du 25 avril et du 8 août, bien qu'il soit désormais duelle a pu garder le contrôle de la situation, ' domaine public que ces bombes avaient été posées

La manœuvre réactionnaire, orchestrée par la C,!.A_ par les fascistes italiens au service des colonelsà travers les fascistes italien et l'espionnage grec grecs.avait deux buts : d'une part freiner le processus de' Le piège de la police qui devait enfermer Valpredarationalisation économique réalisé par la grande in- et ses camarades (Calabresi disait souvent : « A la

...', dusrtle, appuyée par la fausse gauche, pour éviter la première occasion nous vous enfermerons une fois'cféfaite de la petite et moyenne bourgeoisie ; d'autre, po~r toutes ,,) était patiemment préparé depuis despart frapper le mouvement révolutionnaire qui se ren- mOIS, Quand, en synchronie parfaite avec le plan deforçait régulièrement. la " stratégie de la tension ", explosent les bombes

LESnBOMBES DE, MILAN ET DE ROME, 12 DÈ~EMBRE 1969

du 12 décembre' qui doivent débloquer, comme ellesle ferons en effet la « dramatique situation " ; lepouvoir exécutif et la magistrature ont à leur dispo-sition, choisi par avance avec soin l'homme qu'ilsdésigneront à la haine populaire, l'homme et le groupeles plus émarginés, même au sein du MouvementAnarchiste,

Mais dès le début, le mécanisme est bloqué : latentative d'incriminer le camarade Pinelli échoue. Onessaye d'abord de le tromper avec des menaces, "deschantages, et enfin, vue sa solidité morale on veutl'épuiser physiquement. Durant les longs et épuisantsinterroqatolres, les policiers citent des noms, à cemoment Pinelli voit clair, il peut reconstituer le puz-zle. Epuisé par les trois jours d'interrogatoires et lesnuits sans sommeil (un camarade anarchiste empri-sonné et interrogé en même temps signalera en effetqu'on a réservé un sort spécial à Pinelli en l'ernpê-

, chant de dormir), bouleversé par ce qu'il vient de com-prendre, Pinelli, dans un mouvement de colère subitehurle la vérité à la face de ces assassins. Dans lasection politique on ne sait plus que faire, on ne peutplus retenir très longtemps Pinelli en garde a vue,mais le laisser s'en aller signifie la fin, La solutionest trouvée on abat Pinelli d'un coup de Karaté.

Les policiers s'affolent, quelqu'un appelle une am-bulance puis, pour camoufler le meurtre, on jette lecadavre de Pinelli par la fenêtre ; ensuite on s'aper-cevra en effet que l'ambulance a été appelé quelquesminutes avant que le corps de Pinelli tombe du 4"étage de la Questure milanaise. Un journaliste, témoin,occulaire, ayant enregistré l'heure.

D'autres éléments sur la tenue du cadavre, sur sonétat, sur le type des contusions qu'il portait, ainsique les nombreuses contradictions de la police, fontque toute l'opinion réalise qu'il s'agit non pas d'unsuicide mais d'un meurtre. '

APRES LES BOMBES'

N'oublions pas qu'alors les forces réactionnaireset fascistes en force dans tous les centres de déci-sion, mobilisées pour un éventuel coup d'état, nè peu-vent être soupçonnées car la moindre accusation dé-clencherait la mise en effet des plans subversifs ap-puyés par la C.I.A. et les colonels 'grecs tendant àinstaller un régime dur" ', Pour cela les réformistes y' compris toute la gauche

parlem~n_!aire pr~ère accepter la condamnation dePinëTTI comme un moindre mal.

Avant les attentats, dans les groupes de la gauche~xtra-parlementaire, on avait noté parallèlement au dé-veloppernent de 1'« entrisme » d'éléments fascistessubitement convertis, une infiltration d'indicateurs etde policiers qui couvraient les fascistes dans leurs'actions subversives et provocatrices.

On devinait un lien étroit entre les fascistes et cer-tains milieux de la police, On avait découvert pour lamachination destinée à imputer aux anarchistes lesattentats du 25 avril qu'outre la célèbre. et débileZublena, l'accusation se basait sur les témoignagesd'un policier introduit dans le groupe anarchiste pourcréer de fausses preuves.

Cela autorise à dénoncer l'objective responsabilitéde certains milieux policio-judiciaires dans les atten-tats du 25 avril, du 8 août, du 12 décembre, les actionsles plus connues qui faisaient partie du plan de la réac-tion : « la stratégie de la tension »,

Après avoir été assassiné, le camarade Pinelli estreconnu étranger aussi bien aux attentats du 8 aoûtqu'à ceux du 12 décembre.

Après deux ans de prison, les anarchistes accusés'des attentats du 25 avril sont reconnus .totalernentétrangers à ceux-ci,

Il ne reste plus qu'à démontrer la machination ac-cusant Valpreda et ses camarades, la technique utili-sée est toujours la même,

On a choisi à l'avance le groupe du « 22 mars )l,

constitué depuis peu, hétérogène, ouvert, à toutes lestendances, car il est facile d'y introduire des indi-cateurs, Ainsi dans le groupe s'introduit un policier :Salvatore Ippolito rebaptisé : " Andrea Politi ", quimènera pendant plusieurs mois des tentatives provo-catrices qui échoueront.

LI est évident que si l'on accuse le groupe des at-tentats, le pelleter n'est pas inquiété, il ne pouvaitpas être au courant dit l'instruction. De même pourle fasciste Merlino introduit dans le groupe pour in-former ses camarades fascistes et pour' faire de laprovocation,

Et c'est en fonction des informations provenant deces deux sources que furent réalisés les attentats du12, de façon à rendre plus vraisemblable l'accusationcontre Valpreda et ses camarades,

« Le massacre d'Etat » conçu et réalisé avec beau-coup de lucidité, de décision, de moyens, ne s'expli-que et ne se justifie que si l'on se rapporte au momentpolitico-économique qui l'a suggéré et au .plan qui, àpartir de ce moment, fut mis en marche.

La tentative de coup d'Etat de Valerio Borghese,n'est qu'une ramification de ce plan subversif de' droi-te, Si Borghese a été dénoncé c'est parce qu'il n'apas tenu compte des révisions et des reports inter-venus après le massacre d'Etat. Mais ses compliceshaut-placés lui ont garanti l'impunité.

A quoi sert-il de dire ici, que dans les 20 000 pagesdes actes du procès il n'y a pas l'ombre d'une preuvecontre Valpreda et ses camarades ? A quoi sert-ilde rappeler qu'Ils ont tous un alibi de fer ?

(Suite page 12).

Page 12: classe - archivesautonomies.orgarchivesautonomies.org/IMG/pdf/communismelib/frontlibertaire/front... · « Movirniento Libertario Cubano en el Exilio (MLCE) ALLEMAGNE: ... (IFA,)

· .~ . . .

" L'I!TAT MASSACRE" (suite et fin)

Cela les magistrats instructeurs le savent aussi,qui ne peuvent étayer la machination policio-judiciaired'un seul indice sans mettre en cause une foule degroupes réactionnairse, de hautes personnalités,

Leur machination fait eau de toute part, mais peuimporte : Dieu est avec nous, dirons les patrons, etils ont raison vu que tous les témoins incommodantsdisparaissent l'un après l'autre, dans des circons-tances -rnystérteuses- ;

12 décembre 69 : Massacre de Milan et Rome,

13 décembre 69 : Un jeune allemand, Udo Lemke,reconnait sur les lieux de l'attentat 3 jeunes siciliensqui lui avaient proposer de participer à des attentats,il les identifient, parmi eux un responsable fasciste(M,S.!.) de Catane (identification le 16 janvier 70,actuelement Lemke est enfermé dans une cliniqueneurologique).

15 décembre 69 : Pinelli est assassiné à la Ques-ture de Milan.

25 décembre 69 : Disparition d'Armando Calzolari,administrateur du Front National de Valerio Borghese." était contre les bombes. On le retrouve un moisplus tard dans un puit : noyé dans 80 cm d'eau, Au-cun doute, il a été assassiné.

27 octobre 70 : 5 anarchistes calabrais sont tuésdans un .. accident .. de la route. Parmi eux deuximportants témoins à décharges qui menaient une en-quête de contre-information. Plusieurs éléments lais-sent à penser que cet "accident» serait l'œuvre defascistes.

Et de nombreux autres témoins à décharge, sont,arrêtés dans des manifestations puis inculpés ce' quileur interdit de témoigner.

Mais non seulement les témoins à décharge peuventêtre incommodes. Les témoins de l'accusation le sontaussi lorsque ce sont des débiles mentaux (VOir lecas de Zublena pour l'affaire du 25 avril) ou s'ils ris-quent d'oublier la leçon durant l'audition.

C'est pourquoi le supertémoin Cornelio Rolandi, letaxi qui pour 50 millions a reconnu Valpreda (dont onlui avait montre la photo en lui disant : -c'est l'hommeque tu dois reconnaître ,. ; ainsi qu'en témoigne leprocès verbal):. C'est pourquoi donc il meurt le 16juillet 71, après cependant avoir signé une • déposi-tion à mémoire future » c'est-à-dire utilisable en casde mort, (II avait 49 ans.l Ainsi plus de contre-inter-rogatoire dangereux.

En somme, on espère arriver au procès sans té-moins, et si possible sans acusés.: en effet on fait

courir de faux bruits à propos de prétendus suicidesdes principaux accusés : Valpreda et Gargamelli.

En attendant le procès est toujours renvoyé ; lesassassins de Pinelli, Calabresi en tête sont promusà des postes supérieurs.

Mais le jeu du système ne réussira pas. Nos cama-rades sont innocents comme l'était Pinelli, commel'étaient les camarades impliqués dans "affaire du25 avril. Nous libérerons nos camarades, la lutte seradure .mals nous réussirons, nous accuserons les vraiscoupables comme vient de le faire la compagnede Pinelli en portant plainte contre Calabresi et sesaccolites pour homicide volontaire, violences privées,séquestration de personne, abus de pouvoir.

Nous multiplierons les énergies pour que le casPinelli et le Massacre d'Etat deviennent des motifsde mobilisation de masse contre la réaction, impri-ment une orientation déclslve aux luttes qui devrontfaire tomber le masque démocratique qui cache le vraivisage fasciste du système.

o C'est-à-dire que le procès prévu pour octobreest reporté en janvier au plutôt.

L'Unité desLe regroupement des militants communistes liber-

taire est une nécessité que nous ressentons depuis long-temps déjà ; la création d'un axe front libertaire était'une tentative pour y parvenir. Nous pensons que touttravail théorique, toute pratique militante doit large-ment déborder du cadre structurel pour toucher dans'un premier temps la p1us grande couche possible des'travailleurs puis, dans un deuxième temps les militants'communistes libertaires éparpillés soit dans des mouve-ments dans des groupes isolés ou encore individuels,

Nous estmons qu'il est urgent, avec la potentialitémilitante qui existe, de favoriser la création d'une orga-nisation structurée et prête à prendre en charge lesresponsabilités qui incombent aux militants révolution-naires : propagande, soutien aux luttes et radicalisationde celles-ci, travail d'analyse des luttes, divulgation etconfrontation, le tout au sein de la classe ouvrière,car nous devons être partie intérgrante des travailleurs.

Le travail de clarification du mouvement anarchiste;la définition des stratégies révolutionnaires qui sontcelles du nouveau mouvement ouvrier révolutionnaireen formation, une pratique militante au sein des tra-vailleurs, et le regroupement des communistes liber-taires, voilà les objectifs fondamentaux de l'Organisa-tion Révolutionnaire Anarchiste (O.RA.) et de FrontLibertaire des Luttes de Classes, journal édité parl'O.RA. et qui se veut l'expression du communismelibertaire.

En ce qui concerne le regroupement des communisteslibertaires, nous avons pris l'initiative de mener depuisplusieurs mois des relations suivies avec la TendanceAnarchiste-Communiste (T.A.C.) et le Mouvement Com-muniste Libertaire (M.C.L.). Avec la T.A.C. l'impassefut rapide, car sa position zombiste de présence et desoutien au sein des Comités d'Initiative Communistede Garaudy, Tillon, Vigier et Cie, transfuges maldéstalinisés du P.C.F., la condamne au confusionnismeet au reniement du communisme libertaire. Par contre,les éléments d'une jonction organique semblait existeravec le M.C.L., pouvant amener non à une addition mé-canique de militants, mais à la multiplication et aurenforcement des forces communistes libertaires enFrance.

Le processus de jonction devait être conduit surdeux plans: d'une part une pratique locale commune,d'autre part par une recherche théorique approfondie,

Communistestendant à clarifier au maximum les options fondamen-tales du communisme libertaire.

Des clivages apparurent à l'intérieur des deux orga-nisations sur la conception du militantisme, de l'organi-sation révolutionnaire, et de la théorie communistelibertaire elle-même. Devant ces divergences qui nepouvaient se préciser ou disparaître que par uneconfrontation plus approfondie entre les militants, lamajorité du M.C.L" pressée de réaliser une fusion orga-nique entre les deux organisations, (comme si celaallait résoudre les problèmes qui se posent à nous)mit au point un processus de fusion avec dates, à réa-liser dans les trois mois, Cela sans poser comme préa-lable un acord théorique même minimum. La grandepartie des militants de l'O.R.A. refusa cet- ultimatum ;les relations devinrent' tendues.

L'ultime tentative pour le M.C.L. fut alors d'essayerd'inverser le rapport de forces qui était en sa défaveur,après un travail fractionnel au sein de l'O.RA. par l'in-termédiaire de quelques militants qui ne purent en-traîner personne dans leur sillage, mais qui eut pourrésultat la démission de quelques militants conséquentsdu M.C.L. qui demandèrent leur adhésion à l'O.R.A.Devant l'échec de division de l'O.R.A. par l'intérieur,les militants du M,C.L. décidèrent de créer l'Organisa-'tion Communiste Libertaire (O.C.L'), non «officielle»encore il est vrai, espérant peut-être par là refaire duneuf avec du vieux. Cette tentative spectaculaire a biensûr été accompagnée de prises de positions écrites con-tre Front Libertaire et l'ORA; il fallait bien trouver desraisons pour faire croire à l'utilité de la création decette nouvelle "organisation qui permet une béate au-tosatisfaction par l'escamotage des vrais problèmes. Cestextes mensongers et démagogiques n'ajoutent rien auxambitions des camarades qui les ont rédigés, si cen'est qu'ils jouent encore la carte de la confusion.Quant au fond' de ces textes, disons par exemple queles accusations de censure au niveau de l'O.RA" cen-sure qui aurait été l'œuvre des militants du CollectifNational, sont pour le moins d'un humour que chacunsera à même d'apprécier quand nous aurons dit queles deux camarades responsables des relations inté-rieures (avec les groupes et avec les cercles) ont tousles deux rejoint le M.C.L., eux seuls collectaient les in-formations, et s'il y a eu censure elle n'a pu venir qued'eux et on peut se demander au profit de qui? D'autantplus que l'un de ces camarades menait parallèllement etgrâce à sa fonction un travail fractionel (envoi detextes du M.C.L. aux sympathisants de F.L. et de

Libe rta iresl'O.R.A., calomnies sur les militants O.R.A.). Le resteest de la même veine, le tout agrémenté d'une déma-gogie sur « la bureaucratie », ce qui fait très c révo-lutionnaire », mais n'est jamais ni expliqué, ni démon-tré: Les militants qui sont témoins de ces choses doi-vent faire l'amère constatation du travail qui reste àfaire dans le mouvement anarchiste pour le débaras-ser des pseudo-théoriciens et des confusionnistes pro-fessionnels.

A tous ceux-ci, nous opposons la démarche collec-tive de tous les militants. Cette démarche collectivese définit à partir de la ligne politique de l'organisation,sur la base des principes essentiels de cohét'enee~'t!ttttM! .... -- __ ,rique, de cohésion pratique, de la responsabilité col-lective et permanente. Nous resuscns toutes pratiquesocultes ; nous prônons la confrontation ouverte. etpermanente des expériences, analyses ct points de vuede tous Ies militants.

Une addition de militants par une fusion bureau-cratique n'amène pas une progression qualitative ; aucontraire dans la confusion actuelle du mouvementnous ne ferions qu'additionner des divergences, desoppositions, posant par là des jalons pour une prochainescission qui elle aussi ne clarifierait en rien la situa-tion. N'oublions pas que nous sommes tout juste entrain de nous remettre de plusieurs dizaines d'annéesde sclérose. Ce qui compte, ce n'est pas la rapiditéd'une fusion mais plutôt son efficacité politique.

La fusion, s'il peut y avoir fusion, se fera par notrecohérence commune, et non pas selon le bon vouloirde quelques leaders.

De toute façon, un regroupement des militants com-munistes libertaires se fera immanquablement, parcequ'il ne peut exister deux ou plusieurs organisationsse réclamant du communisme libertaire ; entre toutesles conceptions divergentes une est juste, les autresdisparaîtront. Nos pratiques militantes, nos capacitésd'analyse et l'évolution de la lutte des classes, se re-joignant conjointement, feront triompher la juste ligne.

Nous tenons donc à réaffinner avec force notre vo-lonté d'unité d'action avec tous les camaredes qui seveulent communistes libertaires mais à condition quecela se fasse sur des options claires... ...Pour le combatémancipateur du Prolétariat.

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