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le Journal d’informations SELMER Paris - nº 16 - Juillet 2004 SUPPLÉMENT ©Arnaud Degardin 2004 Ricardo Morales Claude Delangle Eddie Henderson 100 ans de clarinettes Hommage à Steve Lacy le Kiosque UN ORCHESTRE À L’ÉCOLE Claude Delangle générateur d’énergie E n 2001, on comptait en France 244 228 élèves dans les CNR, écoles de musique nationales ou municipales agréées. Si on rapproche ce nombre d’élèves de celui communiqué par le ministère de l’Education Nationale pour la même période (12 135 000 élèves, du primaire à la terminale dans le secteur public), on obtient une proportion de 2% de jeunes musiciens. Ce très faible pourcentage de jeunes pratiquant un instru- ment a incité la CSFI à promouvoir en France une action qui dynamise les écoles dans de nombreux pays du monde : apprendre un ins- trument à l’école, sur la base d’une pratique d’emblée collective. Depuis 2001, ces classes se sont multipliées, portées en commun par la CSFI (fabricants, importateurs ou revendeurs d’instruments), les établissements scolaires et leurs ensei- gnants, les musiciens intervenants et les pouvoirs publics. Pourquoi ce succès ? Pour les enfants, jouer ensemble dès le début est à la fois une fête et une responsa- bilité qui les aident à se construire et à vivre ensemble. La pratique musicale a une influence positive sur leur vie scolaire comme sur leur développement personnel. C’est un réel atout contre l’exclusion. Les musiciens intervenants, les écoles de musique, en faisant aimer la musique à des publics nouveaux, initient les futurs musi- ciens amateurs, creuset du public des concerts. Les diverses expériences menées démontrent que tous les enfants souhaitent poursuivre l'expérience musicale dans ces conditions. Plus de la moitié d'entre eux désirent rejoindre une structure d'école de musique après 2 ou 3 années. Les municipalités et les autres institutions impliquées dans un pro- jet tissent un réseau harmonieux et durable, entre enfants, parents, enseignants et vie scolaire, activités culturelles et vie locale. Avec le projet Orchestre à l’école, la CSFI propose de faire rentrer la pratique instrumentale dans les établissements scolaires. Les actions entreprises dès 2001 portent d’ores et déjà leurs fruits. Un dossier de la Chambre Syndicale de la Facture Instrumentale Jouer d’un instrument à l’école, apprendre ensemble Orchestre à l’école Mode d’emploi “Beaucoup de causes méri- tent d'être défendues. Celle de la musique à l'école est noble et belle et surtout, permettra aux prochaines générations de grandir dans un respect commun des valeurs, à l'écoute des autres, en recherche d'harmonie. Ces pages prouvent qu'avec de la curiosité, un peu d'efforts, quelques notes et l'envie de partager, la magie de la musique se produit et change la vie, change les vies. Il s'agit ici d'une aventure collective pour faire connaître, reconnaître et appliquer la pratique musicale, grâce à laquelle, nous en sommes persuadés, nous pouvons préparer un avenir meilleur pour tous. C F I S

Claude Delangle - Henri Selmer Paris · PDF fileévénement qui montre la vitalité de la pratique du saxophone au nord de l’Europe. 4e semaine internationale du saxophone à Amsterdam

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le Journal d’informations SELMER Paris - nº 16 - Juillet 2004

SUPPLÉMENT

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Ricardo MoralesClaude DelangleEddie Henderson100 ans de clarinettesHommage à Steve Lacyle Kiosque

UNORCHESTRE À L’ÉCOLE

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générateurd’énergie

Orchestre à l’école - I

En 2001, on comptait en France 244 228élèves dans les CNR, écoles de musiquenationales ou municipales agréées. Si

on rapproche ce nombre d’élèves de celuicommuniqué par le ministère de l’EducationNationale pour la même période (12 135 000élèves, du primaire à la terminale dans lesecteur public), on obtient une proportionde 2% de jeunes musiciens. Ce très faiblepourcentage de jeunes pratiquant un instru-ment a incité la CSFI à promouvoir en Franceune action qui dynamise les écoles dans denombreux pays du monde : apprendre un ins-trument à l’école, sur la base d’une pratiqued’emblée collective.

Depuis 2001, ces classes se sont multipliées,portées en commun par la CSFI (fabricants,importateurs ou revendeurs d’instruments),les établissements scolaires et leurs ensei-gnants, les musiciens intervenants et lespouvoirs publics.

Pourquoi ce succès ?Pour les enfants, jouer ensemble dès ledébut est à la fois une fête et une responsa-bilité qui les aident à se construire et à vivreensemble. La pratique musicale a uneinfluence positive sur leur vie scolairecomme sur leur développement personnel.C’est un réel atout contre l’exclusion.

Les musiciens intervenants, les écoles demusique, en faisant aimer la musique à despublics nouveaux, initient les futurs musi-ciens amateurs, creuset du public desconcerts. Les diverses expériences menées démontrentque tous les enfants souhaitent poursuivrel'expérience musicale dans ces conditions.Plus de la moitié d'entre eux désirentrejoindre une structure d'école de musiqueaprès 2 ou 3 années. Les municipalités et lesautres institutions impliquées dans un pro-jet tissent un réseau harmonieux et durable,entre enfants, parents, enseignants et viescolaire, activités culturelles et vie locale.

Avec le projet Orchestre à l’école, la CSFI propose de faire rentrer la pratique instrumentale dans les établissements scolaires.

Les actions entreprises dès 2001 portent d’ores et déjà leurs fruits.

Un dossier de la Chambre Syndicale de la Facture Instrumentale

Jouer d’un instrument à l’école,apprendre ensemble

Orchestre à l’écoleMode d’emploi

“Beaucoup de causes méri-tent d'être défendues. Cellede la musique à l'école estnoble et belle et surtout,permettra aux prochainesgénérations de grandir dansun respect commun desvaleurs, à l'écoute desautres, en recherche d'harmonie.Ces pages prouvent qu'avecde la curiosité, un peu d'efforts, quelques notes et l'envie de partager, lamagie de la musique seproduit et change la vie,change les vies.Il s'agit ici d'une aventurecollective pour faireconnaître, reconnaître etappliquer la pratique musicale, grâce à laquelle,nous en sommes persuadés,nous pouvons préparer unavenir meilleur pour tous.

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édito Le souffle du monde…Sur la fin du XXe siècle, la

France a incontestable-ment accumulé un retard

important en matière de pra-t ique instrumentale . Lamusique “active” a, peu à peu,disparu de la liste des préoc-cupations des jeunes généra-tions. Un enseignement spé-c ia l i sé construit sur desoptions trop élitistes, abor-dant insuffisamment des fonc-tionnements plus populaires,plus amateurs, oubliant sou-vent la dimension “plaisir dela musique”, n’a pas permis decombler l’absence regrettabled’un véritable enseignementde la musique à l ’École. Lephénomène n’a fait que s’accé-lérer ces dernières années,b ien a idé en cela par desgrands médias formatés surdes activités faciles. Un mondede paillettes virtuel, parfaite-ment anesthésiant, où créati-vité, logique d’effort et enri-chissement ont malheureuse-ment cédé la place à l’immé-diateté, la futilité et l’illusoire.

Bien sûr, mettre en placeune pol i t ique d ’accès à laMusique par le développementde la pratique instrumentaleest une action de fond et pro-cède d’un engagement poli-tique. Mais il est souvent vainde tout attendre du politique.Vain et peut être un peu tropfacile ? Dans une perspectivede long terme, tout ne peutvenir d’une décision politique,trop souvent difficile à péren-niser au gré des gouverne-ments. Entreprises, associa-tions, musiciens, professeurs,acteurs de la vie musicale,nous devons être p lus quejamais moteur dans ce sens.C’est sur la somme de nosact ions indiv iduel les , s imodestes soient-e l les , quenous pourrons construire unepratique musicale plus forte.La France, dans ses gènes etdans son histoire culturelle,possède les ferments de ce re-développement.

Organisée par Arno Bornkamp et Henk van Twillert, professeurs de saxophone auConservatoire d’Amsterdam, cette 4e semaine s’est déroulée du lundi 19 au jeudi 22 avril. Le

thème principal de cette édition était : “La musique américaine pour saxophone, du XIXe siècle àaujourd'hui”. Des œuvres de Sousa à la musique aléatoire de Cage ou aux pièces d’Elliot Carter, le

programme des concerts donnait une largeplace à la musique d’outre-atlantique, mais ilrestait tout de même une “petite” place pourDebussy, Bach (Suites pour violoncelle au bary-ton par Henk van Twillert) ou une sélection decompositeurs hollandais. La richesse de cetterencontre venait également des personnalitésinvi tées : les maîtres américains EugèneRousseau et Steve Mauk, le spécialiste suisse

de l'avant-garde Markus Weiss et Claude Delangle, venu avec une partie de sa classe du CNSMPpour un échange fructueux avec celle du Conservatoire d’Amsterdam. En association avec BIN,son distributeur pour les Pays-Bas, Selmer Paris présentait l’ensemble de sa gamme et dévoilaitles dessous de la fabrication d’un saxophone à l’aide d’une présentation audiovisuelle. Un très belévénement qui montre la vitalité de la pratique du saxophone au nord de l’Europe.

4e semaine internationale dusaxophone à Amsterdam

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Lauréat du premier Tremplin Jeunes Selmer Paris (2002-2003),Davide Bandier i conf i rme un début de carr ière prometteur ,

puisque, dès le moisde septembre, le cla-r i ne t t i s t e i t a l i enrejoindra l ’OrquestraSinfonica de Madridau poste de deuxiè-me soliste.Un itinéraire que noussuivrons de près…

Claude Delangle et sa classe du CNSMP à Amsterdam

Davide Bandieri

Seuls les instruments portant la marque sont les véritablesinstruments “Selmer” originaux, issus d’une tradition de facture ins-trumentale initiée par le fondateur de la Société « Henri Selmer Paris ».

Ils sont tous entièrement conçus et fabriqués en France, selon lesnormes réglementaires de la législation sociale française, et selonles principes de sécurité et de protection de l'environnement.

Le logo gravé sur l'instrument est donc la seule preuveattestant l'authenticité de la marque “Selmer”, garante de laqualité des modèles de légende qui ont accompagné les musicienset la création musicale depuis 1885.

l’Originalfabriqué en France

depuis 1885

COMMUNIQUÉ

Davide Bandieri

“Frequence SELMER” est un journal d’informations gratuit.Si vous désirez le recevoir, écrivez-nous :18, rue de la fontaine au roi 75011 Paris Francetél. : 01 49 23 87 40 fax : 01 43 57 24 95 www.selmer.frDirecteur de la publication : Patrick SelmerRelations extérieures et artistiques : Stéphane GentilConception rédactionnelle : PMRSecrétariat de rédaction/PAO : Catherine GeorgoudisCrédit photos : Jean-Claude Meignan, PMR, DRFlashage & impression : SiciISSN n° : 1161-7829 - Dépôt légal : 3e trimestre 2004

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Soliste d’orchestre

A près que lquesannées passéesau Metropolitan

Opera de New York ,R i c a r d o M o r a l e s aintégré le PhiladelphiaO r c h e s t r a . C e t t edouble expérience luipermet de por ter unregard unique sur lemétier de soliste d'or-chest re : « Le t rava i len orchestre sympho-nique est, d'une certai-ne manière, plus abs-trait que celui effectuéà l'opéra où il faut êtreà l ' écoute des chan-

teurs et du contexte dramatique, deux éléments qui influentdirectement sur l 'expressivité du jeu et la couleur sonore.C 'es t un t rava i l t rès enr ich issan t pour le mus ic ien e t ,d'ai l leurs, i l est regrettable que la plupart des instrumen-tistes à vent pensent essentiellement au symphonique à lafin de leurs études, car l 'Opéra est une excellente école.L 'orchestre symphonique apporte d 'autres sat is fact ions .Pou r ma pa r t , j e r ê va i s de j oue r a vec l e s co rdes du

Philadelphia. Lors de la première répétition, j 'ai vraiment res-senti les vibrations de ce pupitre. C'était magnifique ! » Lesoliste tient également à souligner les attentes différentesselon le type de formation et donc le répertoire abordé :« généralement les œuvres symphoniques sont plus courtes,mais il ne faut pas se fier qu'à la durée, car certaines sontextrêmement exigeantes sur le plan technique. D'autres fois,il n'y a que 4 notes à jouer, mais c'est un véritable tour deforce. Il faut être juste sur le temps, avoir le son… Dans laDeuxième Symphonie de Rachmaninov par exemple, l 'or-chestration est très riche et le clarinettiste doit veiller à pro-duire un son plein, très présent. » Quant à la vie de musi-c ien d 'orchestre , Ricardo Morales la déf in i t comme unmélange d'intenses satisfactions et… de pressions : « Ause i n de l ' o r ches t r e , nous sommes immergés dans l amusique. Ces sensations sont uniques. Comme nous avonségalement la possibilité de faire de la musique de chambre,nous pouvons réellement nous épanouir sur le plan musicalen abordant un t rès large éventa i l de sty les . En mêmetemps, la pression existe toujours, car nous n'avons pas ledroit à la baisse de régime ! Parfois, l 'emploi du temps esttrès chargé, comme en ce moment où nous faisons unetournée européenne. On est loin de la famille, le rythme detravail est dense, nous passons beaucoup de temps dansles aéroports… Il faut gérer cette “charge” tout en restant àson meilleur niveau musical. C’est un challenge. »

la passion de l’exigence

« La “Recital” est ma clarinette principale. Elle dispense un son rond et chaleureux et elle a une étonnanteréserve de puissance. Elle me fait penser un peu à une grande soprano wagnérienne ! La “Signature” possèdeun son centré et, surtout, une mécanique très facile. Je choisis mon modèle en fonction du répertoire abordéet, bien sûr, de la formation. Je joue également de la clarinette basse avec beaucoup de plaisir, peut-être deplus en plus d’ailleurs. Pour un musicien, s’ouvrir l’esprit en tentant de nouvelles expériences reste le plussûr moyen de progresser dans son art. »

Les clarinettes de Ricardo Morales

Clarinettes

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Saxophones

C'est au cœur de l'Ircam que Claude Delangle nous adonné rendez-vous en cette fin d'après-midi ensoleillédu mois de juin. Détendu, le saxophoniste se prête de

bonne grâce, et avec brio, à l'exercice de l'interview en anglaispour une chaîne de télévision ukrainienne, avant de nous accor-der ce long entretien qui aborde trois facettes de son parcoursmusical : l'enseignement, la vie de concertiste et le métier d'es-sayeur chez Selmer Paris.

Comment a démarré votre carrière d'enseignant ?J'ai tout d'abord été assistant de Serge Bichon à Lyon, pendant unan. C'est une personnalité très forte qui peut avoir, pour certains,un aspect “rugueux”, mais qui a une vraie générosité. Pour moi, quiétais alors un jeune débutant, cette expérience a été très enrichis-sante sur le plan de la rigueur de l'approche pédagogique.Ensuite, j'ai fait mon service national tout en terminant mes étudesau CNSMP. Je suis alors rentré à l 'Orchestre de la PoliceNationale, au poste de Deuxième saxophone baryton, pour un an.

Vous n'enseigniez pas en parallèle ?Non. D'ailleurs, je n'ai jamais cumulé les postes d'enseignant. Jepense que ce n'est bon ni pour le professeur, ni pour les élèves.J'ai toujours considéré qu'il fallait se consacrer entièrement à saclasse et mener en parallèle une vie de musicien, c'est-à-dire seproduire sur scène, travailler avec des compositeurs, enregistrer…

C’est l'idéal, mais tout le monde n'a pas la chance de vivre unecarrière aussi riche… Certes, mais c'est quelque chose que j'ai toujours pensé, avantmême que ma carrière ne prenne réellement son envol. Dans lemême ordre d'idées, je n'ai jamais donné de cours particuliers.

Pourquoi être resté seulement un an à l 'Orchestre de laPolice Nationale ?J'adore les orchestres à vent et, naturellement, j'ai pris beau-coup de plaisir à jouer dans cet ensemble. C'est une excellenteécole. Dans ma jeunesse, en jouant dans l'Orchestre à vent dela ville de Lyon, dirigée alors par Claude Lecointe, j'ai appris lespremiers rudiments de la musique de chambre et la difficulté àjouer ensemble, juste, ne pas louper un départ… Pour revenir àl'Orchestre de la Police, je l'ai quitté parce que j'ai passé etobtenu le CA en 1978. On m'a alors proposé un poste àAngoulême, et j'ai accepté !

N'était-ce pas risqué ?Pourquoi donc ! C'est vrai qu'il y avait un côté pionnier. Lesconditions de travail étaient très bonnes, mais je n'avais pasassez d'élèves pour assurer un plein temps, donc je faisais dudéchiffrage, du solfège, de la musique de chambre et de la“publicité” pour le saxophone. J'ai eu assez vite le nombre

d'élèves suffisants pour remplir mes 16h.

Quel souvenir gardez-vous de ces années ?Excellent. C'était mes premières années, j'ai donc appris àmettre en place une vie de classe. J'ai pu bâtir des relationsquasi amicales avec des élèves adultes, un instituteur en retrai-te, un prof de sport. J'ai également eu pendant deux ans unélève tr isomique 21. Une expérience forte . I l a réussi àapprendre les bases. Il y avait une chose très belle, c’était leplaisir qu'il avait à monter son instrument, puis à produire unson. On prend alors conscience de la noblesse de l'instrumentde musique, quelque chose qu'on a tendance à oublier quandça devient un geste automatique.

Vous enseignez ensuite au CNR de Boulogne, en régionparisienne. Était-ce un autre challenge ?D'une certaine manière, mais j'ai vécu le début comme unerégression, car j'avais perdu le sentiment de proximité et d'impli-cation des parents qui existait à Angoulême. De ce côté-là, c'étaitplus dur, avec des gens pressés, plus de familles recomposées…Peu à peu, j'ai monté une classe avec beaucoup de grandsélèves, dont certains venaient d'assez loin. J'organisais des audi-tions interclasses, des rencontres avec les compositeurs. J'aitoujours gardé cette optique d'ouverture même au CNSMP.

Vous y êtes rentré en 1988. Comment considérez-vousvotre rôle ?Plutôt comme un générateur d'énergie. Je suis là pour que lamayonnaise prenne. Jean Geoffroy, le célèbre percussionniste,a écrit un excellent livre sur le sujet : La classe de percussions,un carrefour. Si l’on s'intéresse de près à la pédagogie, il fautabsolument le lire. Le pédagogue doit aider l'élève à trouver savoie, mais il ne peut se mettre à sa place. De ce point de vue,

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Claude Delangle lors de l’enregistrement de Tango Futur (2003).

QU'EST-CE QUI FAIT COURIR CLAUDE DELANGLE ? VOILÀ LA QUESTION QUE L'ON EST TENTÉ DE SE POSER NATURELLEMENT LORSQ

Claude Delangle,

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l'élève doit réellement vouloir les choses pour avancer. Il faut s'in-vestir totalement et, peut-être, avoir un côté un peu fou !

Justement, les élèves d'aujourd'hui le sont-ils ?J'ai l'impression qu'ils sont plus sages que nous ne l'étions. C'estétrange. J'en vois certains qui rêvent d'une vie tranquille. Unposte en province, quelques cachetons… alors que d'autres tra-vaillent d'arrache-pied pour arriver au meilleur niveau sur le planinternational. Je pense aux étrangers qui sont de plus en plusnombreux dans ma classe. Sur 12 élèves, 6 étaient français l'an-née dernière. Je ne dis pas que les Français ne sont pas bons.Peut-être que le confort a émoussé notre envie de faire, decréer… L'année prochaine, j'emmène toute la classe en Chine. Jecrois que ce sera un bon électrochoc.

Vous parl iez d'envie de créer. Vous avez toujours été trèsimpliqué dans la création contemporaine. Pourquoi ce choix ?Parce que ça me plaît ! Effectivement, j'ai passé énormément detemps et donné beaucoup d'énergie dans les années 80, maisparfois de manière mal canalisée. J'ai eu beaucoup de chance derencontrer le label Bis Records. En vrais professionnels, ils m'ontaidé à construire un programme solide et cohérent et à me recen-trer autour de ce que je faisais le mieux, de ce qui me correspon-dait. J'ai également pris conscience de la réalité du “marché” de lamusique. Savoir se positionner sur ce marché est essentiel, si l’onveut donner des concerts et développer une carrière.

Quels compositeurs vous ont marqué ?Berio a réinventé le saxophone. J'ai eu la chance de travailler pen-dant 12 ans avec lui. Nous nous rencontrions plusieurs fois par an.Alors que certains regrettaient sa “dureté”, il a toujours été bien-

veillant avec moi. C'était une sorte de grand-père. Boulez est uneautre grande rencontre. Au sein de l'Ensemble Intercontemporain,pour lequel j'ai auditionné en 1986, j'ai vécu des émotions musi-cales très fortes. Aujourd'hui, Vincent David a, en quelque sorte,pris le relais. Il a travaillé d'arrache-pied la transcription desDialogues de l'ombre double, une pièce redoutable, pour en don-ner une lecture convaincante. Il faut savoir passer le témoin, mêmesi je compte bien encore poursuivre ma route ! Dans les ren-contres importantes, je voudrais également citer la mezzo sopranoMarie Kobayashi et le danseur Loïc Touzé. Des artistes qui sontdans la création et qui n'hésitent pas à prendre des risques. Mêmesi parfois on fait des erreurs, il ne faut pas hésiter à oser.

Pour terminer, pouvez-vous nous parler de votre travail surles instruments chez Selmer Paris ?Je parlais à l'instant de création et, d'une certaine manière,Selmer Paris joue un rôle de créateur. Mon travail d'essayeur,c'est 15 ans de questions sur l'instrument idéal qui, de toutefaçon, n'existe pas. Alors, il faut tendre vers le bon équilibre desparamètres : la richesse du son, la justesse, l'ergonomie, l'esthé-tique, tout en ayant conscience des contingences de la produc-tion et du marché. C'est un véritable travail d'équipe avec lesconcepteurs maison et les autres essayeurs. Il y a une dimensionartisanale qui me plaît. Pour que l'instrument soit réussi, toutesles étapes doivent avoir été bien réalisées. C'est là que se situela similitude avec notre vie de musicien. Nous sommes d'aborddes artisans, puis nous devenons des artistes. Cette dimensionartisanale, qui est l'amour du travail bien fait, reste fondamentalepour moi, quel que soit le domaine que j'aborde.

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Luciano Berio et Claude Delangle en répétition dans les studios de la BBC àLondres en 2000.

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Claude Delangle apprécie les rencontres entre les différentes expressionsartistiques (dance, théâtre). Ici à la Biennale de Zagreb.

U'ON CONNAÎT L'EMPLOI DU TEMPS BIEN REMPLI DE CE MUSICIEN-PÉDAGOGUE-ESSAYEUR. RÉPONSES DANS LES LIGNES QUI SUIVENT.

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Cuivres

Eddie Henderson porte bien ses 63 ans (ilest né le 26 octobre 1940 à New York).Souriant et décontracté, le trompettiste

dégage un sentiment de sérénité qui semble serépandre autour de lui, comme par enchantement! Son parcours est atypique puisqu'il a longtempshésité entre la médecine (et plus précisément lapsychiatrie, ceci expliquant cela) et la musique.

Les rencontres successives avec des musi-ciens, aujourd'hui rentrés dans la légende dujazz, détermineront son choix. Un choix totale-ment assumé et affirmé malgré la relative pré-carité du statut de musicien de jazz aux USA.

Comment as-tu commencé la trompette ?J'ai découvert l'instrument à l'âge de 9 ans. Alorsque je débutais à peine, j'ai eu la chance de ren-contrer Louis Armstrong à la sortie d'un concert. Ilm'a même donné mes deux premiers cours etdédicacé la partition du Vol du Bourdon ! Ensuite,j'ai poursuivi des études au conservatoire. Ledéclic pour la musique s'est vraiment produitlorsque ma famille a déménagé à San Francisco.Beaucoup de musiciens venaient à la maison et

non des moindres : John Col trane,Cannonball Adderley, Miles Davis…

Difficile de trouver meilleurs professeurs… Ils ne me donnaient pas de cours, mais le fait de les côtoyerm'a poussé vers la musique. En fait, je poursuivais des étudesde médecine et j'ai même obtenu mon diplôme de médecine en1968. C'est Miles Davis qui m'a encouragé à me consacrer uni-

quement à la musique. J'ai une anecdote à ce sujet. J'étais toutjeune et dans la discussion, je lui ai dit que j'avais un meilleurson que lui ! Il m'a répondu : « Ok, tu joues bien, mais je suisMiles Davis ! »

Quelles grandesexpériences ontmarqué ta vie demusicien ?La rencontre avecHerbie Hancockau début desannées 70. J 'aijoué dans sonsextet pendanttrois ans. C'étaitcomme un rêve,ça a vraimentchangé ma vie .Ensuite, j'ai multi-pl ié les expé-r iences, notam-ment vers lamusique rock,avec mon septet,formation aveclaquelle j'ai enre-gistré Prance on,qui a été un beau succès à la fin des années 70. J'ai également eula chance de jouer avec des grands musiciens comme Art Blakeyou Elvin Jones.

La vie de musicien de jazz n'est pas facile. Aucun regret d'avoirabandonné la médecine ?J'ai tout de même exercé pendant 13 ans ! J'ai une approche spi-rituelle de la musique, peut-être est-ce dû à mes études demédecine… Même si la vie de jazzman n'est pas facile, surtout auxUSA, elle me procure des satisfactions intenses donc je n'ai pasde regrets. J'aime également enseigner et partager mon expé-rience avec les plus jeunes lors de master-classes. Je leurexplique qu'ils doivent trouver leur propre son et trouver leur styleplutôt que de vouloir apprendre des licks. Si je constate qu'ilsveulent devenir des stars, je leur conseille de changer de voie. Lejazz est une musique qui s'accorde mal avec le star system.

Pour terminer, deux mots sur Selmer… Je joue la Concept TT depuis juillet 2003. Cette trompette estsuperbe. J'apprécie particulièrement la projection qui est excel-lente. C'est un instrument bien équilibré avec une bonne intona-tion. J'ai également essayé le bugle qui a une très belle sonori-té, parfait pour jouer des ballades.

À écouter - Disques en leader (sélection)1973 Realization Capricorn1973 Inside Out Capricorn1975 Sunburst Blue Note1975 Heritage Blue Note1977 Comin' Through Capitol1978 Mahal Capitol1979 Running to Your Love Capitol1994 Phantoms Steeplechase1994 Inspiration Milestone1994 Flight of Mind Steeplechase1994 Think on Me Steeplechase1995 Dark Shadows Milestone2003 So What Columbia

Apparitions (sélection)Kenny Barron Quintet Live at Fat Tuesdays (1988)Kenny Barron Quintet Quickstep (1991)Kenny Barron And Then Again (1997)Kenny Barron Things Unseen (1997)

AU MOIS DE FÉVRIER, LE TROMPETTISTE AMÉRICAIN EST VENU ENFLAMMER LE SUNSIDE, FAMEUX CLUB DE JAZZ PARISIEN DE LA RUE DES LOMBARDS.C'EST À CETTE OCCASION QUE NOUS L'AVONS RENCONTRÉ.

Eddie Henderson : un son zen

Eddie Henderson

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EN 1904, LA VILLE DE SAINT LOUIS (USA) ACCUEILLE L'EXPOSITION UNIVERSELLE. À CETTE OCCASION, SELMER PARIS QUI VIENT

TOUT JUSTE DE DÉMARRER LA FABRICATION DE CLARINETTES, SE VOIT REMETTRE UNE MÉDAILLE D'OR POUR L'EXCELLENCE DE SES

INSTRUMENTS. UNE LONGUE HISTOIRE COMMENCE…

L e XIXe siècle aura été marqué par larévolution industrielle et le progrèstechnique et scientifique. Pour per-

mettre au plus grand nombre de découvrirles inventions marquantes de l'époque etassurer la circulation des idées et desdécouvertes, les états organisent desExpositions Universelles. Rappelons quec'est à l'occasion de l'Exposition Universellede 1889 à Paris que l'ingénieur GustaveEiffel édifie la Tour Eiffel, en à peine plus de2 ans ! Au début du XXe siècle, les États-Unis célèbrent le centenaire du rachat dela Louisiane en organisant l 'ExpositionUniverselle de Saint Louis (Missouri) en1904. Plus de 60 nations viennent exposer

leurs dernières innova-tions dans les nombreuxpavi l lons spécialementconstruits pour l'occasion.Une aile du Palais des Artsabrite une large collection

d'instruments de musique, dont les toutesnouvelles clarinettes Selmer qui vont rece-voir un accueil enthousiaste…

L e d é b u t d e s c l a r i n e t t e sSelmer Par isEn 1904, la société Henri Selmer Paris estsur le point de fêter ses 20 ans d'existen-ce. L'activité a démarré avec la fabrication

d'anches et de becs puis, en 1900, HenriSelmer, soliste à la Garde Républicaine etclarinettiste à l'Opéra Comique, se lancedans la fabrication de clarinettes. Entouréde quelques compagnons dans son atelierde la Place Dancourt (au bas de la ButteMontmartre dans le XVIIIe arrondissementà Paris), le musicien-entrepreneur dévelop-pe une gamme de clarinettes qui suscitel'enthousiasme des musiciens. Une qualitésaluée lors de l'exposition universelle deSaint Louis en 1904, où Selmer Paris rem-porte une médaille d'or. Cette récompenseet le travail de promotion entrepris parAlexandre, frère d'Henri, qui poursuit unecarr ière de clar inet t is te-sol is te auCincinnati Symphony Orchestra, participe-ront au développement de la présence deSelmer Paris sur le sol américain.

La c lar inet te Sa in t Lou isCette série limitée commémore cent ansde savoir-faire Selmer Paris dans la fabri-cation de la clarinette. Disponible en ver-sion sib et la, la clarinette Saint Louis estdestinée aussi bien aux professionnelsqu'aux amateurs avertis, désireux de jouerun instrument produit en série limitée. Lespremiers modèles présentés ont reçu unexcellent accueil de la part des musiciensprofessionnels pour leurs qualités de son,de justesse et de confort de jeu. La fichetechnique de la clarinette Saint Louis estde haut niveau avec, notamment, une cléde mib et un joint d'emboîtement mâle-femelle en métal (meilleure résistance dansle temps). Pour renforcer le caractèreexclusif de ce modèle, un soin particulier aété apporté à la finition, comme en témoi-gnent les viroles bicolores or et argent et lelogo spécifique “SL” doré. L'occasion rêvéede toucher “l'essence de la différence”…

100 ans de clarinettes

Dossier

Deux hommes, une passion : Henri (à gauche) etAlexandre (à droite) dans leur atelier parisien.

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Des viroles or et argent pour une esthétique raffinée.

Une édition unique limitée signée d’un logo exclusif. Un mécanisme fiable et souple.

1934 Radio Improved1936 Balanced Tone1954 Centered Tone1961 Série 9 & Série 9*1968 Série 101975 8 SM

(système Marchi)1977 Série 10 S1984 Récital &

Série 10 G1992 Prologue &

Série 10 S II1996 Prologue II1997 Signature2001 Odyssée & Artys2004 Saint Louis

Selmer Paris1904-2004

Les clarinettes

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Ici & Ailleurs

le showroom

Depuis le mois de mai dernier, les locaux de la ruede la Fontaine au Roi abritent un nouvel espacede présentation des instruments : le showroom.

Situé au rez-de-chaussée, il permet aux musiciens dedécouvrir l'ensemble de la gamme présentée par grandefamille. Éclairage non agressif mettant en valeur les fini-tions des instruments, chaleur des meubles en bois, beauvolume de circulation, studios d'essais… rien n'a été oubliépour permettre au visiteur de profiter pleinement de celieu unique, animé par Céline Rigouste. Fille de musiciens,elle-même saxophoniste et « un peu clarinettiste » nous a-t-elle confié, Céline assure un accueil attentionné et effica-ce. À noter que ce showroom s'animera régulièrementdans l'année en étant le théâtre d'événements multiples :accueil de scolaires, rencontres de musiciens. À suivre…

L a fête de la musique aura eu lieu aussi dans les nouveaux locaux du rez-de-chaussée de la rue de la Fontaine au Roi, avec une durée peu ordi-naire,puisqu'elle s'est déroulée du lundi 21 au jeudi 24 juin ! Quatre jours qui

auront permis de recevoir un peu plus de 500 visiteurs, mais aussi des adultes etdes seniors venus découvrir les dessous de la fabrication des instruments à vent.Dans la continuité de l'action “Musique à l'école”, des ateliers étaient organiséspour permettre aux visiteurs,principalement des scolaires,de s’adonner aux joies de lamusique d'ensemble. Ainsi ,les é lèves du col lège desExp lora teurs de Cergy -Pontoise ont- i ls pu profi ter

des conseils inspirés de Lionel Belmondo (photo) le mardi 22 juin, journée richeen événements, puisqu'en fin d'après-midi, le trio PAD (Pierrick Pedron, saxo-phone, Vincent Artaud, contrebasse et Vincent David, saxophone) donnait un

concert surprenant et d'une grande richesse musicale.

est ouvert !

4 jours de MUSIQUE à la Fontaine4 jours de MUSIQUE à la Fontaine

De gauche à droite : Henri Bok (clarinette basse),Céline Rigouste, Jean-Pascal Post (clarinette).

Le Trio PAD en concert chez Selmer : Pierrick Pedron,Vincent Artaud et Vincent David.

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Concours Gustav Bumcke

Voilà maintenant plus de deux ans que les Selmer Sessions sesont installées dans le paysage musical français. Ces ren-

contres, qui mêlent avec originalité, pédagogie et concert, s'expor-tent désormais. La première Session hors de l'hexagone a eu lieule 13 février dans un lieu particulièrement prestigieux, puisqu'ils'agit du Trinity College of Music de Londres. Une première copieu-se sur le plan musical avec du début de l'après-midi à la fin de lasoirée : une master class de Vincent David, suivie d'une masterclass de Pierrick Pedron, puis un concert de l'Ensemble of saxo-phones of Trinity College avec Vincent David et G. McChrystal ensolistes et, en clôture, un concert du PAD Trio, petite formationdécapante réunissant Pierrick Pedron (alto), Vincent Artaud (contre-basse) et Vincent David (alto).

au Trinity CollegeSelmer essionsS

Depuis 12 ans, le “Concours de trompette Selmer Paris” a permis de distinguer de nombreux jeunes lauréats prometteurs, dontDavid Guerrier. Placé sous le haut patronage du Conseil international de la Musique auprès de l'Unesco, et sous la présidence

d'honneur de Guy Touvron, ce concours est organisé par l’association “Le Parnasse”, présidée par Christian Pezza. La direction artis-tique est assurée par Éric Gallon, concertiste et professeur à Aix-les-Bains. L'édition 2005 se déroulera dans le showroom Selmer Paris,18, rue de la fontaine au roi (Paris XIe), le samedi 29 janvier. Les candidats du degré supérieur qui souhaiteraient y participer peuventobtenir les renseignements nécessaires auprès de l'association “Le Parnasse” (01 45 45 65 77 - [email protected]).

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Rendez-vous traditionnel et annuel des musiciens Selmer outre-Manche, le Selmer Day se déroulait cette annéepour la première fois en Écosse, organisé conjointement par le distributeur Selmer Paris pour la Grande-

Bretagne, Vincent Bach International, et le magasin d’Édimbourg, The WindSection. Les Français étaient brillamment représentés par le quatuor de saxo-phones Carré Mêlé et la clarinett iste Sylvie Hue, sol iste à la GardeRépublicaine. Une journée riche en rencontres, au cours de laquelle sont éga-lement intervenus Courtney Pine (saxophone), Joe Pacewicz (saxophone), AlanBarnes (saxophone et clarinette) et Bruce Adams (trompette et bugle). Cesartistes ont enflammé le public britannique lors du concert de clôture du 6 juin,après avoir transmis leur savoir à l’occasion des master classes de l’après-midi.Une exposition de l’ensemble de la gamme des instruments Selmer Paris apermis à de nombreux musiciens de faire des essais. Cette journée du 6 juin2004 a pris des airs de “Jour (musical) le plus long” pour Selmer Paris en Écos-se. Pour la bonne bouche, nous vous livrons une réflexion de Courtney Pine : « le saxophone est l’instrument idéal pour l’expression des sentiments humains. »

1er Selmer Day à Glasgow

De gauche à droite au premier plan : Bruce Adams, Carré Mêlé, Sylvie Hueet Patrick Selmer.

Courtney Pine

AVIS DE CONCOURS

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C ette compétition prestigieuse qui se déroule à Berlin, a distingué en avril dernier un jeune saxophoniste originaire deLettonie : Oskars Petrauskis. Rappelons que Gustav Bumcke (1876-1963) fut l'un des plus éminents saxophonistes alle-

mands du début du XXe siècle. Il s'intéressa beaucoup à la musique pour ensembles de saxophones, mais ses recherchesfurent interrompues par la période trouble des années 30, puis par la seconde guerre mondiale. Il a composé deux Quartets(op. 23) pour saxophones.

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En Vue

P our sa c inquième édi t ion , le concours In ternat iona l pour Orchest red'Harmonie Eolia (organisé par la Fédération des Sociétés de Musiqued'Alsace) a permis d'entendre un concert de clôture extraordinaire. Pour

l’occasion, Selmer Paris s’est associé avec la FSMA pour donner naissance à uneœuvre valorisant les qualités musicales des solistes comme celles des instru-ments Selmer. C'est le talentueux et énergique Philippe Geiss qui s’est attelé à latâche en composant Tableaux de Vents, Suite de Tableaux Concertants pourClarinette, Saxophone, Trompette et Harmonie. Passant progressivement d'un style d'écriture mettant en valeur la sonorité et lesmodes de jeux “classiques” de chaque instrument vers un style “jazz”, cette suite est également l’occasion de démontrer lapolyvalence des instrumentistes et… des instruments. Les solistes (Claude Egéa, trompette, Philippe Geiss, saxophone), tout

comme l'Orchestre d'Harmonie de l'Électrici-té de Strasbourg sous la direction de SylvainMarchal ont donné un concert admirable quia su enfievrer le public présent. Une œuvrecap t i v an t e qu i dev ra i t ê t r e donnée auLuxembourg en juillet 2004 (Diffwiinds) et àla f i n de l ' année dans le cadre des 12 e

Rencontres du Saxophone en Alsace.Un espace d’exposition permettait également aux visiteursde découvrir toute la gamme des instruments Selmer Paris.

COUP DE CHAPEAU

A vec Round t he c l ock ,Jérôme Badini a choisiles chemins de l 'é lec-

tro-jazz pour faire chanter sonsax ténor. Inspiré par MaceoParker et Bennie Maupin , lejeune saxophoniste croise laroute de Dimi t r i From Par is ,A l e x k i d o u e n c o r e I l e n eBa rnes avan t de s i gne r cepremier opus. Le concept del'album est simple : nous fairepartager 24 heures de la vied e S u p e r B a d S a x , s u p e r -héros du sax ténor à la voix

suave. Nous voi là donc transportés le temps d'un tour ducadran horaire dans une escapade tour à tour électro, funk,ou même pop. Compositeur et instrumentiste inspiré, maniantavec talent les motifs répétitifs hypnotiques propres à ce stylede musique , Jérôme Badin i t isse unetoile instrumentale qui happe l 'auditeur.Après quelques fest ivals cet été (dontN ice ) , Super Bad Sax devra i t reven i rpour de nouvel les aventures à la ren-trée… On les suivra avec intérêt.Round the clock, Jérôme Badini, Night & Day.

Jérôme Badiniquand le jazzse fait électro

à Philippe Geiss & Claude Egéa

Q uand les idées se croisent… Avec son dernier opus,le Paris Jazz Big Band nous propose lui aussi unvoyage de 24 heures dans la capitale . Pas trace

d'électro ici mais des arrangements “électr iques” et desrythmiques orientées binaires qui i l lustrent bien l 'activi téincessante et boui l lonnante d'une grande vi l le moderne.Encore une fois, le travail des deux leaders, Pierre Bertrand(saxophone) et Nicolas Folmer (trompette) , ne mérite quedes éloges tant l'écriture est maîtrisée et efficace. Coup dechapeau également aux solistes pour leurs interventionstoujours justes. Nous aurons l'occasion de revenir plus lon-

guement sur quelques-uns d'entre eux ainsique sur cette formation unique en Francedans le prochain Fréquence Selmer (parutionfin 2004).Paris 24 h, Paris Jazz Big Band, Cristal Records.

Big BandParis Jazzles 24H du

Claude Egéa et Philippe Geiss à Eolia 2004.

Stéphane Guillaume et le PJBB au Trianon (Paris).

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www.jeromebadini.com

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Même s'il en fut l'un des hérauts,on aurait pourtant tort de limiterl 'œuvre de Steve Lacy aux

grandes heures du free jazz. Né StevenNorman Lackritz le 23 juillet 1934 à NewYork, le jeune Steve apprend le pianopuis la clarinette, mais sans grande pas-sion. Enfin, vient le saxophone et notam-ment le soprano. Dans une interview àJazz Magazine, recuei l l ie par GérardRouy en 1987, le musicien explique bienla fu lgurance de ce t te rencont re :« J'étais né pour ça, c'était fait pour moi(…), je suis tombé amoureux de l'instru-ment ». Alors que le bop est en pleineascension, Steve Lacy fait son apprentis-sage dans le jazz traditionnel, le dixie-land. Tandis qu'il travaille auprès d'unclarinettiste, Cecil Scott, ses référencessont Louis Armstrong et Sidney Bechet.

Une v is ion or ig ina lePersonnali té originale, Steve Lacy nepeut s'enfermer dans un seul style musi-cal. Sa vision du dixieland n'a rien d'aca-démique comme en témoignent lesenregistrements réalisés avec le trom-

pettiste Richard “Dick” Sutton : DixielandGoes Modern et Progressive Dixieland(1954). Le grand bond vers un jazz pluslibre s'opère lorsqu'il rencontre le pia-niste Ceci l Taylor , avec qui i l jouerarégulièrement entre 1953 et 1959. C'estpar son intermédiaire qu' i l découvreThelonius Monk, figure emblématique quin'a cessé d'irriguer sa musique. Il joueramême avec le génial pianiste durantquelques mois en 1960. Puis, de 1961 à1964, il se consacrera uniquement à lamusique de Monk au sein d'un quartetcréé avec le tromboniste Roswell Rudd.

Expér imenta t ionsSteve Lacy se souvient qu'il a été photo-graphe à ses débuts. I l tirait alors lesportraits de musiciens de jazz dans lesclubs de New York. Son œil graphique leconduit à s'intéresser aux corrélationsexistant entre les différentes formes d'ex-pressions artistiques. Dans l'effervescen-ce des années 70, il pose ses notes surdes poèmes (Br ion Gys in , W i l l i amBurroughs…), les chorégraphies, la pein-ture, la sculpture… Cette approche “tridi-

mensionnelle” (musique, image, texte)trouvera son apogée avec la création del'opéra The Cry sur un texte de TaslimaNasreen, en 1997 à Berlin. Mais c'est enpetite formation que les amateurs dusaxophonis te goûteront le mieux sasonorité et son phrasé uniques. Exilévers l'Europe dès 1968, comme de nom-breux musiciens américains “expérimen-tateurs”, il se frotte aux univers d'EnricoRava, Don Cherry , Car la Bley , MishaMengelberg, Derek Bailey… Il forme unduo remarqué avec son compatriote MalWaldron, installé en Belgique, et déve-loppe son groupe autour du contrebas-siste Jean-Jacques Avenel, du saxopho-n is te S teve Pot ts , du ba t teur O l i verJohnson, du pianiste Bobby Few et desa compagne Irene Aebi, violoniste etchanteuse. En 2001, Steve Lacy décidede rentrer aux USA lorsque le presti-gieux New England Conservatory deBoston lui propose un poste d'ensei-gnant au département Jazz. Aux côtésde John Co l t rane , i l es t l ' une desgrandes figures du saxophone sopranojazz de la deuxième moitié du XXe siècle.

H o m m a g e à

Steve Lacy

POUR BEAUCOUP, IL ÉTAIT LA VOIX DU SAXOPHONE SOPRANO DANS LE JAZZ. STEVE LACY

EST DÉCÉDÉ VENDREDI 4 JUIN À BOSTON, DES SUITES D'UN CANCER DU FOIE. AVEC LUI,C’EST L'UNE DES DERNIÈRES GRANDES FIGURES HISTORIQUES DU “FREE JAZZ” DES ANNÉES

60 ET 70 QUI DISPARAÎT.

S t e v e L A C YS

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1957 Soprano Sax Prestige/OJC1958 Reflections: Steve Lacy Plays Thelonious Monk New Jazz/OJC1960 The Straight Horn of Steve Lacy Candid1961 Evidence New Jazz/OJC1963 School Days HatOlogy1965 Disposability RCA1966 Forest and the Zoo [live] Calibre1969 Roba Saravah1969 Steve Lacy Plays Monk Affinity1971 Wordless Futura1971 Lapis Saravah1972 Solo Emanem1972 Weal & Woe Emanem1973 The Crust Emanem1974 Scraps Saravah1974 Saxophone Special [5 Tracks] Emanem

Walter Zuber Armstrong Alter Ego (1979) Sax sopranoDerek Bailey Outcome (1983) Sax sopranoKenny Burrell Guitar Forms (1964) Sax sopranoKenny Burrell Verve Jazz Masters 45 (1995) Sax sopranoGary Burton & Carla Bley Genuine Tong Funeral (1967) Sax sopranoAndrea Centazzo Clangs (2000) Synthesizer,

Sax sopranoDon Cherry Featuring Ornette Coleman

& Steve Lacy (1999) Sax sopranoCompany Company 6 & 7 (1978) Sax sopranoLol Coxhill/Steve Lacy Three Blokes (1994) Sax sopranoMiles Davis Miles Davis & Gil Evans:

The Complete Columbia Studio Recordings (1957) Sax soprano

DISQUES EN LEADER

1974 Saxophone Special [9 Tracks] [live] Emanem1975 Stabs FMP1975 Dreams Saravah1975 Axieme Red1976 Trickles Black Saint1976 Sidelines Improvising1976 Company Four Incus1977 Raps Adelphi1977 Follies FMP1977 The Owl Saravah1977 Stamps HatHut1977 High, Low and Order HatArt1994 The Complete Steve Lacy Fresco1997 Scratching the Seventies/Dreams Saravah2003 New Jazz Meeting: Baden-Baden 2002 HatHut

APPARITIONS

ANNÉE TITRE LABEL ANNÉE TITRE LABEL

ARTISTES TITRE DU CD INSTRUMENT

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Prochaine parution de “Frequence SELMER” : automne 2004

K iosque

Soweto Kinch

Conversations with the unseenDune RecordsLauréat du premier Concours de Montreux(2002), le jeune saxophoniste anglais SowetoKinch fait le pari d'un jazz décalé et métissé,très “hype”. Voix “rappées”, guitares agressives,rythmique musclée forment un background surlequel le ténor pose son phrasé original. On estloin de l’esthétique néo-bop chic, mais biendans une vision urbaine très actuelle qui pous-

se le musicien à flirter avec le “hip-hop”. Il s'en explique en citant LouisArmstrong qui « posait sa trompette après avoir joué un solo brillant pourchanter. Je ne vois pas pourquoi les mots seraient incompatibles avec l'im-provisation. » Désirant s'éloigner du format standard piano-basse-batterie, lesaxophoniste a opté pour un trio avec guitare. Le résultat pourra paraîtredéconcertant aux oreilles des tenants d'une certaine tradition du “beau”saxophone jazz mais force est de constater que le jeu du jeune ténor pos-sède une présence peu commune. À découvrir.

Atlantic Trio

Rimbert - Rougier - N'KaouaLa Nuit Transfigurée - Intégral DistributionComposée par Joan Albert Amargos à lademande de Richard Rimbert, Atlantic Trio estune pièce en 4 mouvements à l'écriture ampleet généreuse. Pianiste et clarinettiste, le compo-si teur est resté f idèle à l 'esthét ique de lamusique de chambre, avec une vision concer-tante qui met en valeur l'expressivité et la virtuo-s i té des music iens . De toute év idence ,

Stéphane Rougier (violon), Richard Rimbert (clarinette) et Hervé N'Kaoua(piano) prennent un plaisir non dissimulé à interpréter une œuvre qui puisedans une large palette de styles : musique contemporaine, mais aussi jazzou flamenco. Un mix particulièrement réussi grâce à la profusion desthèmes, les changements de couleurs et de dynamique qui tiennent “enhaleine” l'auditeur. Les œuvres de Bartók (Contrastes) et de Stravinsky (suitede L'Histoire du soldat) s'inscrivent dans cette esthétique, ce qui donneune grande cohérence à ce projet discographique. L'interprétation du trioest à saluer pour sa parfaite maîtrise des dynamiques et son homogénéité.On saluera également la très belle prise de son, naturelle et ample. Enfin,le livret donne de précieux renseignements sur la genèse de l'oeuvreAtlantic Trio, avec des commentaires du compositeur et des interprètes.

Stéphane Belmondo

WonderlandB-flat Recordings/DiscographDonner une interprétation jazz des chansons del'un des plus grands songwriters américainspeut sembler une gageure. C'est ce pari qu'ontréalisé avec brio les frères Belmondo, Stéphane(trompette, bugle) et Lionel (flûte, clarinette etarrangements sur certains titres) en rendanthommage à Stevie Wonder. Accompagné parune rythmique de rêve (Laurent Robin, batterie,

Paul Imm, contrebasse, Éric Legnini, piano), le trompettiste fait revivre lamagie de ces standards de la pop music en faisant chanter son instru-ment avec beaucoup de grâce et de légèreté. Le travail sur les arrange-ments a été effectué avec la même finesse d'approche. Chaque titre pos-sède sa propre couleur et une saveur particulière, notamment grâce à lamise en valeur du jeu des solistes qui, tout en gardant une liberté “jazz”dans l'approche, jouent toujours dans l'esprit des chansons. La spontanéi-té de jeu est palpable, ce qui renforce le plaisir de l'écoute. La prise deson privilégie le “grain” des instruments pour un rendu très naturel.

Nota : SELMER Paris ne distribue aucun des CD présentés dans cette page.

Theodore Kerkezos

Music for saxophone and orchestraNaxosA n c i e n é l è v e d e B a m b i s F a r a n t a t o s(Athènes), Jean-Marie Londeix (Bordeaux) etDaniel Deffayet (Paris), le saxophoniste grecTheodore Kerkezos mène depuis lors unecarrière active de soliste et de pédagogue(Conservatoire d'Athènes) . Accompagné icidu Philharmonia Orchestra, formation londo-n i e n n e d i r i g é e p a r M a r t y n B r a b b i n s .

Theodore Kerkezos a ciblé son programme sur des œuvres du débutdu 20e siècle : Scaramouche (Milhaud), Concertino da Camera (Ibert),Fantasia (Villa-Lobos) et Concerto (Glazounov). Des pièces centralesdu répertoire dont la richesse mélodique met particulièrement envaleur le style lyrique du saxophoniste grec. Doté d'un phrasé fluideet d 'une sonori té chatoyante , i l donne une lecture convaincanted'œuvres maintes fois entendues. Ce CD est également l'occasion dedécouvrir l’œuvre d’Ekaterini Karamessini, Chant de Dyonisos , concer-to enregistré ici en première mondiale, qui accorde une place impor-tante au matériau mélodique et qui s'inscrit donc dans la droite lignedes pièces présentées auparavant.

Pierrick Pedron

Classical facesNocturneDeuxième disque en leader pour Pierr ickPedron qui a prof i té pour l 'occasion desconseils avisés de Stéphane Belmondo à ladirection artistique. Entouré de musiciens inspi-rés, Franck Aghulon (batterie), Vincent Artaud(contrebasse), Pierre de Bethman (piano), l'altis-te donne ici toute la mesure de son talent en

interprétant des compositions originales de belle facture. Que ce soit dansl'exposé des thèmes ou lors des improvisations, il fait preuve d'une inventi-vité qui semble ne jamais devoir s'épuiser, avec un sens très sûr du phra-sé qui “fait mouche”. Sa sonorité chaude et présente, et jamais maniérée,est parfaitement mise en valeur par la prise de son. Pour le bonheur del'auditeur, c'est l'esprit du live qui a été choisi. D'ailleurs, l'énergie deséchanges entre les musiciens est palpable ce qui renforce le plaisird'écoute. On saluera la participation à cette fête du jazz de Thomas Savy(clarinette basse) et de Magic Malik (flûte).

Guy Dangain

Louis Cahuzac et la clarinetteCalliopeComme il le précise dans le livret de ce disqueen forme d'hommage, Guy Dangain a eu « legrand honneur de prendre des cours avec lui(Louis Cahuzac) et de jouer sous sa direction. » Etde poursuivre : « C'est pourquoi j'enregistre avecémotion l'intégrale de ses œuvres, ponctuée depièces de musique française qu'il aimait tantinterpréter. » Très attaché au style “français”, fait

d'élégance et de clarté, Guy Dangain trouve ici l'occasion idéale de donnerune leçon d'interprétation de haut niveau : point d'effets faciles mais une dis-tinction dans le phrasé, une sonorité à la fois ronde et aérienne. Une sensi-bilité qui s'accorde parfaitement avec celle de Louis Cahuzac telle qu'elletransparait dans les quatre pièces proposées ici. Cette écriture généreuseet inspirée ne tombe jamais dans la sensiblerie. Ce programme est complé-té par des œuvres de Gabriel Pierné, Alamiro Giamperi, Paul Jeanjean, GuyDangain et Nicolai Rimski-Korsakov. L'accompagnement de la pianisteMisaki Baba est à saluer pour sa finesse et sa précision. Belle prise de son.