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Cas cliniques presentes a la Peripheral Vascular SurgerySociety - Reunion d’Hiver 2009 - Resumes
DOI of or
Presente loVascular Surgjanvier - 1er f
1DepartmeNY, USA.
2Departmefor Joint Disea
Claudication intermittente du pied au coursde la dorsiflexion active: le cas instructif del’artere pedieuse dorsale piegee
Katie Weichman,1 Todd Berland,1 Brendan MacKay,2 Kenneth Mroczek,2
Mark Adelman,1 New York, NY, USA
Objectif: La claudication atypique est un probleme relativement rare dans la population gene-rale. Cependant, l’index de suspicion augmente lorsque des patients jeunes et athletiquespresentent des symptomes de claudication au cours de l’effort. Les causes les plus frequentesde claudication atypique sont representees par les variations anatomiques, incluant le syndromede l’artere poplitee piegee et le syndrome du tunnel tarsien. Ces variations provoquent res-pectivement une degradation du flux arteriel et une compression nerveuse. Dans cet article,nous rapportons un cas instructif de piege de l’artere pedieuse dorsale par le tendon du courtextenseur de l’hallux au cours de la dorsiflexion active du pied.Methodes: Le patient etait un homme de 42 ans, sans antecedent medical, qui presentait uneclaudication bilaterale des pieds au cours de la dorsiflexion active. Des examens Doppler arte-riels dynamiques revelaient un flux normal en position neutre et une interruption complete du fluxen modes echographique et Doppler au cours de la dorsiflexion du pied. Une angiographie parresonance magnetique dynamique des membres inferieurs montrait une arche pedieuse incom-plete avec une terminaison precoce de l’artere tibiale posterieure sur les images statiques et uneinterruption de l’artere pedieuse en conflit avec le dos du pied durant la dorsiflexion. Le patientfut conduit au bloc operatoire pour une exploration bilaterale des arteres pedieuses. Au cours del’exploration, un piege de l’artere pedieuse dorsale par le tendon du court extenseur de l’hallux(CEH) fut mis en evidence. Il etait documente par visualisation directe et par l’interruption dusignal Doppler per operatoire en dorsiflexion. Le tendon du CEH fournissant uniquement unefonction accessoire au tendon du long extenseur de l’hallux (LEH), le CEH fut sectionne aproximite de son insertion et transpose directement sur le tendon du LEH. Ceci a permisd’obtenir une fonction d’extension normale du gros orteil et de restaurer un signal Dopplertriphasique au cours de la dorsiflexion.Conclusion: Le piege de l’artere pedieuse dorsale est une nouvelle cause de claudicationatypique. Elle est extremement rare puisque les patients doivent presenter a la fois une ana-tomie anormale et une arche plantaire incomplete pour en ressentir les symptomes. De la memefaon que pour les autres syndromes canalaires, en cas de detection precoce avant la survenuede lesions arterielles, le traitement ne necessite pas de procedure de revascularisation.La resection du tendon associee a sa transposition permet de traiter les symptomes sans altererla dorsiflexion du gros orteil.
iginal article: 10.1016/j.avsg.2009.09.004.
rs de la 19eme reunion annuelle d’hiver de la Peripheralery Society, Steamboat Springs, CO, Etats-Unis, 30evrier 2009.
nt of Vascular Surgery, New York University, New York,
nt of Orthopedic Surgery, New York University Hospitalses, New York, NY, USA.
Correspondance: Katie Weichman, Department of Surgery, NewYork University, 560 First Avenue, New York, NY 10016, USA, E-mail:[email protected]
Ann Vasc Surg 2010; 24: 113.e1-113.e5DOI: 10.1016/j.acvfr.2010.08.015� Annals of Vascular Surgery Inc.Edite par ELSEVIER MASSON SAS
127.e1
127.e2 Cas cliniques Annales de chirurgie vasculaire
La claudication intermittente derive du mot latin donnee objective expliquant ses symptomes, un desordre
claudicatio et se rapporte a une interruption ou a
une boiterie de la demarche d’un individu. Les
etiologies typiques de douleurs des membres infe-
rieurs sont plus frequentes chez les personnes
agees presentant de multiples comorbidites medi-
cales. Ces etiologies comprennent une claudication
arterielle et des pseudo claudications d’origine
musculo-squelettique, veineuse et neurogene. La
claudication arterielle est definie comme une douleur
reproductible ou une faiblesse d’un groupe muscu-
laire induite par l’exercice et soulagee par le repos.
Ce type de claudication intermittente affecte plus
frequemment les membres inferieurs et entraıne
une degradation de la qualite de vie pour nombre
des sujets affectes. Il existe egalement un sous-
groupe unique de patients jeunes, en bonne sante
et athletiques qui presentent une claudication aty-
pique. Les causes les plus communement reconnues
et documentees de claudication atypique sont les
syndromes compartimentaires chroniques, les syn-
dromes de l’artere poplitee piegee et les syndromes
du tunnel tarsien. 1, 2 Ces syndromes sont le resultat
de contraintes anatomiques sur l’artere et les nerfs
qui produisent une claudication intermittente
symptomatique. Il n’existe pas d’autres compres-
sionsmusculo-tendineuses documentees des arteres
distales rapportees dans la litterature. Dans cet
article, nous presentons un cas de claudication
intermittente atypique du membre inferieur causee
par le piege de l’artere pedieuse dorsale par le ten-
don du court extenseur de l’hallux au cours de la
dorsiflexion active du pied chez un patient pre-
sentant une arche pedieuse incomplete.
CAS CLINIQUE
Notre patient etait un homme de 43 ans, non-fumeur et
sans antecedent medical, qui s’est presente en consulta-
tion de chirurgie vasculaire pour une douleur bilaterale
des pieds et un engourdissement au cours de la dorsi-
flexion et de l’effort. Historiquement, les symptomes
avaient debute lorsqu’il etait enfant et ne s’etaient ni
amoindris ni aggraves au cours des 30 dernieres annees. Il
notait qu’ils se produisaient notablement a partir d’un
intervalle de temps constant au cours de l’effort en bicy-
clette, de marche en montee ou de course ou lorsque son
pied etait place en dorsiflexion pendant une duree pro-
longee. Il n’avait presente aucun symptome au repos, ni
douleur, ni brulure, ni engourdissement ni ulcere non
cicatrise. Il n’avait egalement aucun antecedent familial
du meme type ou de pathologie vasculaire peripherique.
Fait notable, plusieurs medecins de differents pays
l’avaient vu pendant un certain nombre d’annees mais
aucun n’avait pose de diagnostic definitif. En l’absence de
psychiatrique fut meme suggere.
Son examen physique etait normal au repos. Des pouls
palpables 2+ etaient perus demaniere bilaterale au niveau
femoral, poplite, dorsal pedieux et des arteres tibiales pos-
terieures. Cependant, au cours de la dorsiflexion active du
pied, le pouls dorsal pedieux disparaissait, signifiant la pre-
sence d’un ou plusieurs problemes anatomiques. Si le
patient n’avait eu qu’une occlusion de l’artere dorsale
pedieuse au cours de la dorsiflexion, le flux retrograde
provenant de l’arche pedieuse devait restaurer un pouls
dorsal pedieux. En l’absence de ce pouls dorsal pedieux, il
devait donc y avoir une autre pathologie affectant l’artere
tibiale posterieure ou l’arche pedieuse, associee a une
anomalie de l’anatomie de l’artere pedieuse dorsale. Il n’y
avait aucune anomalie osseuse ou musculo-tendineuse
evidente. La sensibilite etait conservee dans les territoi-
res du perone superficiel, du perone profond, sural et
plantaire medial/lateral. La force des deux membres
inferieurs etait notee 5/5 et symetrique.
Au cours du bilan initial, il fut pratique une echogra-
phie non invasive du reseau vasculaire. Cet examen, au
repos, montrait un index bras-cheville (IBC) de 1,00 et
un flux triphasique enregistre au niveau des deux mem-
bres inferieurs (Fig. 1). Cependant, l’examen Doppler
arteriel, au cours de la dorsiflexion active, montrait
l’absence d’IBC et un amoindrissement des enregis-
trements de volume (Fig. 2). Demaniere notable, au cours
de la dorsiflexion passive des pieds, le point d’occlusion
n’etait pas identifie et le patient conservait un IBC a 1,00
et un flux triphasique normal au pied.
Par la suite, il eut une angiographie par resonance
magnetique (ARM) des deux membres inferieurs mon-
trant la presence de trois vaisseaux (arteres tibiale ante-
rieure, peroniere et tibiale posterieure) assurant la
vascularisation des deux membres inferieurs. Alors que
le debit au pied apparaissait normal, les imagesmontraient
une interruption de l’arche pedieuse, avec une terminai-
son precoce de l’artere tibiale posterieure et le conflit des
deux arteres dorsales pedieuses sur le milieu de l’avant-
pied (Fig. 3).
Ces resultats inhabituels ont motive une angiographie
dynamique analysant les deux membres inferieurs. Cette
etude montrait un aspect normal des arteres alimentant
le pied via l’artere pedieuse dorsale en position neutre
(Fig. 4). Cependant, au cours de la dorsiflexion active, le
flux arteriel dans l’artere pedieuse dorsale etait brusque-
ment interrompu avec une absence de lit d’aval distal du
pied (Fig. 5).
Compte tenu des symptomes du patient et de la preuve
objective de compression au cours de la dorsiflexion
active, il fut conduit au bloc operatoire pour exploration
bilaterale des arteres pedieuses dorsales sous anesthesie
locale. Le patient fut moderement sedate et anesthesie
localement avec de la lidocaıne afin de faciliter la dorsifle-
xion active apres abord chirurgical. L’artere pedieuse
dorsale droite fut visualisee dans sa position habituelle
apres incision longitudinale sur le dos du pied. Un signal
triphasique normal fut identifie a l’aide d’un Doppler
Fig. 1. Doppler arteriel au repos. Fig. 2. Doppler arteriel au cours de la dorsiflexion active
du pied.
Vol. 24, No. 1, 2010 Cas cliniques 127.e3
arteriel. Une occlusion audible de l’artere pedieuse dorsale
fut demasquee par la dorsiflexion active du pied. Au cours
d’une exploration distale complementaire, une structure
musculo-tendineuse comprimant l’artere pedieuse dor-
sale fut visualisee. Cette structure etait localisee au-dessus
du second os cuneiforme et s’inserait sur l’extremite
proximale de la tete du premier metatarse. Cette structure
etait identifiee comme le court extenseur de l’hallux,
ayant une origine normale sur le calcaneum et s’inserant
sur les premieres phalanges proximales. En l’absence de
preuve d’anomalies macroscopiques et arterielles, la
decision fut prise de sectionner le tendon court extenseur
de l’hallux au niveau de son insertion anormale et de la
transferer sur le tendon du long extenseur de l’hallux, au
niveau proximal, a l’aide d’une suture de Prolene non
resorbable (Fig. 6).
Apres section et transposition du tendon, le Doppler fut
de nouveau utilise au cours de la dorsiflexion active du
Fig. 3. ARM des membres inferieurs.
Fig. 4. Angiographie du membre inferieur droit en
position neutre.
Fig. 5. Angiographie du membre inferieur droit au cours
de la dorsiflexion active du pied.
Fig. 6. Photographie operatoire: section et transposition
du court extenseur de l’hallux sur le long extenseur de
l’hallux.
127.e4 Cas cliniques Annales de chirurgie vasculaire
pied et montrait un signal triphasique. A ce moment,
l’artere dorsale pedieuse gauche fut prudemment expo-
see par une incision identique. Une pathologie identique
etait visualisee au cours de la mobilisation et a nouveau le
tendon du court extenseur de l’hallux fut sectionne au
niveau de son insertion et transpose sur le tendon du long
extenseur de l’orteil. La confirmation de la resolution de la
compression etait obtenue par la perception d’un signal
Doppler triphasique au cours de la dorsiflexiondupied. Les
incisions furent fermees et un Doppler iteratif confirmait
un flux triphasique.
Dans les suites de l’intervention, le patient allait bien et
retrouvait, en 4 jours, fonction et mobilite. Il vit actuel-
lement en Indonesie et a communique par e-mail et notes
qu’apres 6 mois, il gardait une grande amelioration de ses
symptomes de claudication et n’avait aucune difficulte au
cours de la dorsiflexion du gros orteil. Il refuse de se pre-
senter en consultation de suivi jusqu’a maintenant.
Fig. 7. Anatomie normale du pied: Le tendon du court
extenseur de l’hallux croise le second et le premier
metatarse pour s’inserer sur le tendon sur le tendon long
extenseur de l’hallux.
Fig. 8. Anatomie anormale du pied: Le tendon du court
extenseur du pied croise les os cuneiformes pour s’inserer
de maniere proximale sur le tendon long extenseur de
l’hallux.
Vol. 24, No. 1, 2010 Cas cliniques 127.e5
DISCUSSION
Le syndrome de l’artere pedieuse dorsale piegee par
le tendon court extenseur de l’hallux est une nou-
velle etiologie de claudication atypique des mem-
bres inferieurs qui n’avait encore jamais ete decrite
dans la litterature. De la meme faon que pour les
autres etiologies de claudication intermittente aty-
pique des membres inferieurs, la cause en est
un conflit anatomique aberrant. Chez de jeunes
patients presentant une claudication intermittente
atypique des membres inferieurs, le diagnostic dif-
ferentiel doit inclure, sans s’y limiter, le syndrome
de l’artere poplitee piegee, le syndrome du tunnel
tarsien et les syndromes de loges chroniques.
La localisation anatomique normale de l’artere
pedieuse dorsale est bien decrite dans la litterature.
Habituellement, elle est laterale au tendon du long
extenseur de l’hallux au niveau de l’avant-pied
proximal. Elle est la continuite de l’artere tibiale
anterieure au niveau de l’articulation de la cheville.
Le rapport posterieur est constitue par la capsule
articulaire de l’articulation de la cheville et par les os
dont le second cuneiforme. Sa limite anterieure est
formee des fascia et ligaments cruciformes. Il est
croise pres de sa terminaison par le premier tendon
du court extenseur des orteils et du court extenseur
de l’hallux. Sur sa face tibiale, la frontiere est con-
stituee par le tendon du long extenseur de l’hallux,
alors que sur sa face fibulaire, elle est bordee par le
premier tendon du long extenseur des orteils. 3
Ces relations anatomiques etaient intactes, celles
concernant la position du court extenseur de l’hal-
lux exceptees. Normalement, il croise l’artere
pedieuse dorsale en aval de l’origine des arteres
arquees et plantaires profondes et au-dessus des
premier et second os metatarsiens (Fig. 7). Dans ce
cas, le tendon du court extenseur de l’hallux tra-
versait l’artere pedieuse dorsale en amont de ses
embranchements et au-dessus des cuneiformes
(Fig. 8). Il en resultait un manque de place pour le
trajet de l’artere au niveau de la surface plantaire du
pied et, par consequent, un syndrome de compres-
sion. Cette anomalie n’est pas decrite dans la
litterature.
En plus de l’anomalie de l’insertion tendineuse,
le patient avait une anomalie anatomique arte-
rielle. Il avait une arche arterielle du pied incom-
plete, avec une terminaison precoce de l’artere
tibiale posterieure. Classiquement, un seul vaisseau
permeable au mollet permet une perfusion
127.e6 Cas cliniques Annales de chirurgie vasculaire
adequate du pied grace a l’arche plantaire.
Cependant, puisque l’arche etait incomplete et
lorsque le flux dans l’artere pedieuse dorsale etait
interrompu par le tendon du court extenseur de
l’hallux, il en resultait une ischemie et le patient
presentait des symptomes de claudication. A la
difference du syndrome de l’artere poplitee piegee,
qui necessite une procedure de pontage pour des
lesions arterielles chroniques, le vaisseau ne pre-
sentait aucune anomalie macroscopique. Par con-
sequent, un pontage n’etait pas indique. 4 De plus,
le tendon du court extenseur de l’hallux fut faci-
lement sectionne et transpose puisque sa fonction
est uniquement synergique avec le tendon du long
extenseur de l’hallux et rend peu vraisemblable un
handicap a long terme.
CONCLUSION
Ce cas unique de variation anatomique du reseau
arteriel et des insertions musculo-tendineuses a
conduit a individualiser une cause differente de
claudication intermittente atypique des membres
inferieurs traitee avec succes par une intervention
chirurgicale.
DONNEES SUPPLEMENTAIRES
Les donnees supplementaires associees a cet arti-
cle peuvent etre consultees dans la version en ligne a
doi: 10.1016/j.avsg.2009.09.004.
Indique qu’une presentation video est disponible
en ligne
REFERENCES
1. Turnipseed WD. Clinical review of patients with atypical
claudication: a 28 year experience. J Vasc Surg 2004;40:
79-85.
2. Turnipseed WD. Popliteal entrapment syndrome. J Vasc Surg
2002;35:910-915.
3. Standring S. Gray’s Anatomy: the Anatomical Basis of Clini-
cal Practice, Expert Consult. Edinburgh: Churchill Livings-
tone, 2008.
4. Stager A. Popliteal artery entrapment syndrome. Sports Med
1999;28:61-70.