Les arts de la ChineCliché Pierre Verger. PÉKIN. PALAIS
D'ÉTÉ.
LES ARTS DE L A C H I N E PAR DAISY LION-GOLDSCHMIDT
Attachée au Musée du Louvre
ÉDITIONS D'HISTOIRE ET D'ART Publiées sous la direction de J. et R.
WITTMANN
LIBRAIRIE PLON - PARIS
BAMBOUS ET ROCHERS. Époque Yuan. (Collections du Gouvernement
chinois.)
Copyright by Editions d'Histoire et d'Art, 1937. Tous droits de
traduction réservés pour tous pays.
Cliché Pierre Verger. PORTE DE L'ENCEINTE DES TOMBEAUX DES
EMPEREURS MING.
Environs de Pékin.
LES ARTS DE LA CHINE "... des pensées vertigineuses et des rêves
sans fin. »
PIERRE TERMIER.
I
L est une Chine plus familière à nos contemporains que la Grèce
ancienne ou que la France du Moyen âge. Qui n'a appris, dès son
enfance, à
- admirer les assiettes de la famille rose, les bibelots d'émaux
cloisonnés, les broderies multicolores, les ivoires ajourés, les
petits flacons de jade ou de cornaline ? Tout cela fait partie du
cadre de nos vieilles maisons de famille, au même titre que les
faïences de Delft ou que les peintures de l'école de
Barbizon. Le plus souvent, on s'est dit : voilà l'art chinois et
l'on n'a pas cher- ché au delà. La Chine ? On sait confusément
qu'elle existe depuis des mil- liers d'années et que sa
civilisation est peut-être la plus vieille du monde. On a
conscience, vaguement, d'une tradition très ancienne, d'une
philosophie sublime, d'une poésie grandiose. Et l'on ne songe pas à
s'étonner qu'en matière d'art elle n'ait produit que des bibelots
précieux, des soieries somp- tueuses, des porcelaines délicates.
Depuis le XVI siècle, nous vivons sur ce malentendu. Comment
d'ailleurs en serait-il autrement?
L'Europe, lorsqu'elle a commencé — dès le XV siècle — à recevoir
des objets chinois, n'a connu que ceux qui se prêtaient le mieux
aux voyages lointains, les lourds et solides céladons qui firent
fureur à l'époque classique, les riches tissus qui sont aujourd'hui
encore la gloire de tant de trésors d'églises. Pour elle, la Chine
n'était que le pays des industries précieuses, inimitables. Elle ne
soupçonna rien de sa sculpture religieuse, de sa peinture subtile,
de toutes ses formes d'art si riches de pensée et de rêve. Et, à
mesure que le commerce se faisait plus aisé, que se fondaient
successivement les Compagnies des Indes portugaise, hollandaise,
anglaise, française, sa demande se fit plus exigeante des bibelots
dont elle raffolait. La Chine y répondit par une fabrication plus
hâtive, de moins en moins riche de signifi- cation, de moins en
moins conforme au véritable goût chinois. Il se créa à la longue un
art d'exportation, tout différent de celui destiné à la Cour
Impériale de Chine et qui ne fut pas, au reste, sans réagir à la
longue sur ce dernier ni sans en hâter la décadence. La Chine,
elle-même, finit par se plaire aux « chinoiseries » qu'on lui
commandait. En Europe, elles allaient de pair avec les « singeries
» et les « grotesques » chers au XVIII siècle et n'avaient d'autre
attrait que leur bizarrerie. Pas un instant l'on ne songeait que
ces curieuses allégories étaient riches de contenu moral, que la
plupart des « lachines » valaient surtout par la pureté de l'émail
et de la ligne : on s'obstinait à les enchâsser d'opulentes
montures de bronze doré !
L'art chinois paraissait un art essentiellement facile, dont
l'extravagance et le pittoresque étaient à la portée de tous. Nos
pères y voyaient un luxe flatteur, une note fantaisiste et gaie
dans la décoration — rien de plus.
C'est par le Japon qu'est venue à l'Europe la révélation de
l'Extrême- Orient artistique, dans toute sa complexe signification
et dans sa beauté véritable. Grâce à l'estampe d'abord, cette folie
du XIX siècle finissant, la
curiosité s'éveille : pour la première fois, l'on cherche à
comprendre. Et l'on découvre, au delà du charme et de la grâce un
peu décadente d'un Outa- maro, une civilisation forte et cohérente,
une dignité et une religion de l'honneur exceptionnelles, une
tradition infiniment respectable. Du Japon, l'attention se porte
vers la Chine qui fut sa grande initiatrice ; la surprise va
croissant. On entrevoit une culture formée dès le II millénaire
avant notre ère, qui, loin de se défaire ou de demeurer abstraite,
évolue, s'enrichit, se
VASE A OFFRANDES POUR LE CULTE DES ANCÊTRES. Bronze. Époque Chang.
(Ancienne Collection C. T. Loo et C°.)
complète au cours des siècles et qui se traduit par un art riche de
portée morale, admirable de formes et de technique. Il y a donc
autre chose que tout ce baroque charmant, fragiles tasses à thé,
pierres dures étincelantes ? Oui, il y a les peintures d'Asie
Centrale révélées aux expéditions allemandes, anglaises et
françaises à partir de 1897 ; il y a sculpture monumentale explorée
et publiée par Chavannes en 1901 ; il y a les bronzes archaïques
mis au jour par des hasards successifs et qui sont sans égal au
monde. C'est une révélation ; les études se multiplient, les
savants s'attellent à cette
CH'EN JUNG. FRAGMENT DU ROULEAU DES NEUF DRAGONS. (Courtesy, Museum
of Fine-Arts, Borton. )
Illustrations de la Couverture : TÊTE DE BODHISATTVA. Époque Tang.
(Collection Stoclet, Bruxelles.)
VASE EN BRONZE. Époque Tcheou. (British Museum.)
DÉJA PARUS DANS LA MÊME COLLECTION :
BREUGHEL, par Marcel Brion. — CÉZANNE, par René Huyghe. — COROT,
par Paul Jamot, de l'Institut. — DEGAS, par Georges Grappe. LA
CATHÉDRALE D'AMIENS, par L. Lefrançois- Pillion. — REMBRANDT, par
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