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Préambules : Il ne faut pas comparer les corsaires et le pirates : Les premiers sont mandatés par leur pays pour se battre contre l'ennemi et les prises sont reversées à l'état et seule une infime partie va à l'équipage et en cas de défaite les marins sont considérés comme prise de guerre Les autres, les pirates équivalent des bandits de grands chemins sans foi ni loi attaquent tout ce qui bouge à leurs profits exclusifs et en cas de défaite sont pendus haut et court en haut du mat sans procès. Le métier Pas de pirate sans navire. C'est le capital-machine indispensable. Parfois, comme dans le cas de Misson, c'est le capitaine qui décide d'entrer en piraterie. Plus souvent une partie de l'équipage se révolte et s'empare du bateau. Si l'on est à terre et sans moyen de naviguer, on se procurera une embarcation, pour se hisser sur le premier navire et le conquérir ; s'il est piètre marcheur ou mal armé on l'échangera par la suite contre un meilleur. La frégate armée de 20 à 50 t. était le navire rapide le plus apprécié. On modifiait le gréement pour porter le plus de toile possible et pouvoir rattraper les meilleurs voiliers. Mais on devait cependant éviter d'effrayer les proies sans méfiance. D'où certaines ruses pendant la journée : une voilure réduite, et même une pièce de bois jetée à l'eau et prise en remorque pour ralentir l'allure ; à la nuit, on remontait la remorque et on hissait toute la toile pour rattraper la victime. Il fallait arriver très près. A 200 m. les boulets n'étaient plus guère efficaces. A bonne portée, le pirate se révélait. Le drapeau d'une nation quelconque, arboré jusqu'alors, était amené, et l'on voyait s'élever dans les airs le funèbre pavillon noir. C'était, souvent, le fameux Jolly Roger, orné d'une tête de mort et de deux tibias d'autres figuraient un squelette entier avec faux ; parfois le pavillon était rouge avec des symboles également terrifiants. Les hommes, pour la plupart dissimulés jusqu'alors, se dressaient avec leurs armes ; si on avait des prisonniers on les faisait monter sur le pont. Il fallait que le nombre, l'armement et le pavillon inspirassent la terreur. On envoyait un coup de semonce. Généralement le navire poursuivi cédait. L'armement des bateaux marchands était faible, de 2 à 4 canons, avec un seul homme pour les servir. Il eût était fou de résister. Si la cargaison était perdue, on pouvait du moins espérer sauver les vies. Si le navire poursuivi, étant mieux armé, acceptait le combat, alors on préparait l'abordage. Généralement le pirate coupait la route de sa victime pour prendre son pont sous l'enfilade de ses canons et désorganiser sa défense. Le beaupré du navire venait s'engager dans les haubans du pirate et les forbans bondissaient sur le pont adverse, bourrés de pistolets, de sabres d'abordage et de coutelas. Les meilleurs tireurs restaient dans les haubans avec des fusils pour tuer les

Cliquez pour découvrir le monde des Pirates ,des … · On mesure tous les atouts de la piraterie, à cette époque où les navires de guerre étaient rares et ... des hommes étaient

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Préambules :

Il ne faut pas comparer les corsaires et le pirates : Les premiers sont mandatés par leur pays pour se battre contre l'ennemi et les prises sont reversées à l'état et seule une infime partie va à l'équipage et en cas de défaite les marins sont considérés comme prise de guerre Les autres, les pirates équivalent des bandits de grands chemins sans foi ni loi attaquent tout ce qui bouge à leurs profits exclusifs et en cas de défaite sont pendus haut et court en haut du mat sans procès. Le métier Pas de pirate sans navire. C'est le capital-machine indispensable. Parfois, comme dans le cas de Misson, c'est le capitaine qui décide d'entrer en piraterie. Plus souvent une partie de l'équipage se révolte et s'empare du bateau.

Si l'on est à terre et sans moyen de naviguer, on se procurera une embarcation, pour se hisser sur le premier navire et le conquérir ; s'il est piètre marcheur ou mal armé on l'échangera par la suite contre un meilleur. La frégate armée de 20 à 50 t. était le navire rapide le plus apprécié. On modifiait le gréement pour porter le plus de toile possible et pouvoir rattraper les meilleurs voiliers. Mais on devait cependant éviter d'effrayer les proies sans méfiance. D'où certaines ruses pendant la journée : une voilure réduite, et même une pièce de bois jetée à l'eau et prise en remorque pour ralentir l'allure ; à la nuit, on remontait la remorque et on hissait toute la toile pour rattraper la victime. Il fallait arriver très près. A 200 m. les boulets n'étaient plus guère efficaces. A bonne portée, le pirate se révélait. Le drapeau d'une nation quelconque, arboré jusqu'alors, était amené, et l'on voyait s'élever dans les airs le funèbre pavillon noir. C'était, souvent, le fameux Jolly Roger, orné d'une tête de mort et de deux tibias d'autres figuraient un squelette entier avec

faux ; parfois le pavillon était rouge avec des symboles également terrifiants. Les hommes, pour la plupart dissimulés jusqu'alors, se dressaient avec leurs armes ; si on avait des prisonniers on les faisait monter sur le pont. Il fallait que le nombre, l'armement et le pavillon inspirassent la terreur. On envoyait un coup de semonce. Généralement le navire poursuivi cédait. L'armement des bateaux marchands était faible, de 2 à 4 canons, avec un seul homme pour les servir. Il eût était fou de résister. Si la cargaison était perdue, on pouvait du moins espérer sauver les vies. Si le navire poursuivi, étant mieux armé, acceptait le combat, alors on préparait l'abordage. Généralement le pirate coupait la route de sa victime pour prendre son pont sous l'enfilade de ses canons et désorganiser sa défense. Le beaupré du navire venait s'engager dans les haubans du pirate et les forbans bondissaient sur le pont adverse, bourrés de pistolets, de sabres d'abordage et de coutelas. Les meilleurs tireurs restaient dans les haubans avec des fusils pour tuer les

ennemis les plus dangereux. La mêlée ruisselait de sang. Mais il était rare que l'avantage ne restât pas aux pirates, mieux armés, mieux exercés et qui, n'ayant rien à perdre, n'avaient rien à espérer de la défaite, que la mort. Les prisonniers étaient alors parqués dans la cale. Le capitaine ou les passagers de marque étaient interrogés sans ménagements excessifs, pour révéler l'argent caché. Les hommes qui acceptaient de se faire pirates étaient conservés. Tous les autres étaient débarqués sur des côtes désertes ou abandonnés dans des canots avec quelques vivres. Les femmes, s'il en était à bord, subissaient le traitement ; en principe on ne devait pas abuser d'elles car c'eût été une source de disputes ; on les confiait, jusqu'à leur départ du bord, à la garde d'un pirate, qui parfois manquait de discrétion. Pendant ce temps on s'occupait des affaires sérieuses. Les pirates fouillaient le navire et apportaient le butin sur le pont encore ensanglanté, au pied du grand mât. Il n'était pas question de rien en distraire ; les voleurs étaient exécutés. Le partage avait lieu immédiatement pour l'argent, les bijoux, les vêtements et les étoffes. Le quartier-maître veillait à l'égalité des parts. Au besoin, on tirait au sort. Quant aux marchandises elles étaient vendues à terre et leur produit distribué. Cette vente supposait des repaires et des marchands complices. Pour les flibustiers le problème ne se posait pas puisqu'ils étaient sous la protection d'un gouvernement. Quant aux pirates, ils avaient leurs habitudes. Les complicités ne leur manquaient pas aux Antilles, en Caroline, à la Réunion ou dans l'Inde. Il en fallait aussi pour radouber, pour se procurer des mâts, des cordages, des voiles. Quant au ravitaillement on en trouvait non seulement chez les complices mais chez les populations indigènes. On mesure tous les atouts de la piraterie, à cette époque où les navires de guerre étaient rares et occupés par des conflits internationaux presque constants. Les assurances « à la grande aventure » montaient à des prix exorbitants. Les risques, pour les pirates, c'était la mort dans le combat ou par pendaison ; ils s'attendaient constamment à cette fin. Quant aux blessures, elles faisaient partie du métier ; nombre de nos héros n'avaient qu'un œil ou qu'un bras, tous portaient des estafilades ; Johnson et Œxmelin n'en parlent guère ; c'était la routine quotidienne, indigne de l'Histoire.

Les hommes : Une telle industrie consommait beaucoup de main-d'œuvre. Il fallait sans cesse penser au recrutement. La piraterie n'étant, en somme, qu'une spécialité maritime, la plupart des hommes étaient des matins La vie de mer fut toujours rude au temps de la voile, par sa nature même ; mais les conditions sociales de l'emploi étaient, à cette époque, particulièrement insupportables et les matelots traités à peine mieux que les galériens. Les salaires étaient misérables ; la nourriture, toujours insuffisante, devenait rapidement infecte dans une traversée un peu longue ; le confort était nul, le sommeil précaire. Mais surtout il régnait une discipline féroce, chapelet continu de mauvais traitements,

de coups, d'humiliations, de corvées abusives. C'était ainsi qu'on entendait la technique du rendement. Certains capitaines poussaient la chose le plus loin possible, de manière à provoquer des désertions dès l'arrivée à terre ; cela leur évitait de payer les hommes pendant le séjour au port.

On conçoit, dans ces conditions, la fréquence des rébellions et la séduction de la liberté pirate. Les équipages révoltés, promis dès lors à la corde, n'avaient d'autre recours que la piraterie. Lorsque les pirates s'emparaient d'un navire, ils n'avaient pas de difficultés à trouver des volontaires parmi ses hommes voire parmi ses bas-officiers, comme England et Roberts. Des capitaines même se faisaient pirates pour des motifs divers : Taylor par ambition, Avery par ennui, Kid par avidité, Misson par idéalisme ; mais ce dernier cas fut exceptionnel. De tels techniciens de la navigation étaient une fortune pour les équipages pirates car souvent des navires étaient perdus par simple ignorance. Après la marine, la pègre offrait une autre source de recrutement. Des voleurs, des bandits de grand chemin, des meurtriers pourchassés dans leur pays, se réfugiaient dans la piraterie. S'y ajoutaient aussi les "engagés" des Antilles qui avaient déserté, les mulâtres et nègres "marrons", les échappés des bagnes, certains soldats sans emploi entre deux guerres. Enfin, aux Antilles et aux Mascareignes, toute une population côtière, vivant de la piraterie, trouvait là une carrière naturelle pour ses fils les plus remuants. Le "lumpenprolétariat" du pavillon noir était donc, non pas une classe, mais un ramassis très éclectique d'éléments antisociaux venus de tous les milieux : la pègre, les gens de métier, des bourgeois comme Kid et Avery, des nobles comme Grammont, Monbars, Stede Bonnet, Misson, voire même des ecclésiastiques comme Caraccioli. Un alliage impur, mais parfaitement fondu ; une société sans classes, en un temps où la classe était tout. L'aspect même des pirates était égalitaire. Chacun s'habillait comme il voulait et surtout comme il pouvait, au hasard des prises. Roberts et Rackam se faisaient remarquer par leur affectation d'élégance. La nature tropicale aidant, une culotte et une chemise plus ou moins en loques suffisaient à l'ordinaire de la vie. Bas et chaussures étaient exceptionnels. Les beaux habits volés auraient gêné dans le service ou pour les abordages ; on ne les mettait que pour aller à terre, et ce devait être alors un curieux carnaval. Par contre, il y avait un accessoire indispensable, c'étaient les armes. Les pirates étaient bardés, comme Tartarin, d'un arsenal de pistolets, sabres et coutelas. On ne les abandonnait ni pour l'orgie ni pour le sommeil. Les soins corporels, dans cette société d'hommes qui ne voyait de femmes qu'à terre (et des filles peu difficiles) devaient être réduits au minimum, et l'ensemble des forbans était sans doute assez répugnant. Pour la rudesse des mœurs, on peut l'imaginer. La cruauté se donnait souvent libre cours sur les prisonniers, si le capitaine l'autorisait ou donnait l'exemple. Quant à l'alcool, c'était l'alpha et l'oméga des plaisirs pirates et le meilleur des agents de recrutement. Il était alors beaucoup moins répandu qu'aujourd'hui. L'idée de pouvoir boire rhum et eau de vie à satiété était un paradis irrésistible pour nombre de misérables qui n'avaient jamais bu, dans leurs jours d'opulence, que de la bière. Les descriptions abondent d'équipages gisant sur le pont parmi les bouteilles cassées et les vomissures, complètement ivres, laissant dériver le bateau, s'échouant sur des écueils ou tombant sur les escadres chargées de les arrêter. L'un d'eux, parti de l'Inde pour gagner Madagascar, manqua la Grande Ile, qui tient pourtant de la place, et se retrouva à Maurice, par le plus grand des hasards. Le métier pourtant exigeait des vertus. D'abord l'adresse ; il fallait être rapide et exercé aux armes, sous peine de ne pas faire une longue carrière ; on s'entraînait tous les jours au tir et au sabre. La ruse était utile ; on ne devait souvent de gagner la partie, voire de sauver sa vie, qu'à l'invention de stratagèmes inédits. Mais les vertus majeures étaient la force d'âme et le courage. Il en fallait pour supporter les intempéries, les longues poursuites, les expéditions dans les marais pestilentiels, les blessures cruelles sans soins, les amputations par un charpentier, les abandons dans un canot sans vivres, les naufrages, les côtes désertes, les abordages, les prises des villes fortifiées, la nécessité constante de triompher ou de périr. L'esprit combatif était la marque du pirate. Certains chefs savaient l'entretenir. Van Horn, dit Œxmelin "ne pouvait souffrir aucune

marque de faiblesse parmi les siens. Dans l'ardeur du combat, il parcourait son vaisseau, observait tout son monde et, s'il remarquait la moindre surprise de leur part aux coups imprévus du fusil, du canon ou du pistolet, soit qu'on baissât la tête, soit qu'on faiblit tant soit peu, il les tuait sur-le-champ ; en sorte que les véritables braves se faisaient plaisir de l'être à ses yeux, et les lâches, s'il y en avait, n'osaient le paraître". A cette morale simple, utilitaire, cohérente, adaptée au métier, s'ajoutaient, malgré la diversité des origines, quelques idées générales. Sans théories politiques, répugnant à tous les cadres sociaux, les pirates étaient des révoltés. La révolte était normale chez l'homme de la pègre ou le criminel, mais aussi chez l'ancien soldat ou le marin mal traité, menant une vie de chien, haïssant "ces gros bourgeois qui dorment trop à l'aise dans leurs lits". "Ils nous vilipendent, ces canailles, disait Bellamy, alors qu'entre eux et nous il n'y a qu'une différence : ils volent les pauvres en se couvrant de la Loi, oui ma foi ! tandis que nous, nous pillons les riches sous la seule protection de notre courage." Mais c'est seulement avec ces hommes extraordinaires, Misson et Caraccioli, qu'apparût, pour disparaître aussitôt, le souci généreux de réformer le monde par la piraterie. La fierté de leur profession était un sentiment commun. Dans un monde ligoté par les classes et les préjugés, les pirates s'enorgueillissaient d'être les seuls hommes sans maître, égaux par-là aux plus grands de ce monde. "Quant à moi, disait encore Bellamy, je suis un Prince libre." Les pirates de Davis avaient pris le titre de "Lords." "Nous ne sommes pas n'importe qui. Nous sommes des gentilshommes de fortune." Quand on entre en piraterie, on "déclare la guerre au monde entier". Ce sont des formules courantes, fièrement arborées. Pas de maître, donc pas de patrie. Parfois les différences d'origine, certaines traditions d'hostilité créent des dissensions, surtout entre Français et Anglais. Mais c'est exceptionnel. Parfois aussi on a recours au roi pour solliciter le pardon, mais alors c'est qu'on est fatigué, ou très riche, et que la liberté vous pèse, qu'on a soif de rentrer dans les cadres, que l'on a cessé d'être pirate dans son cœur. A l'égard de Dieu, moins gênant à tous égards, la formation première des pirates l'emportait souvent sur la philosophie de leur existence. On connaît le fameux épisode, narré par le P. Labat, du curé des Antilles enlevé par la pirate et amené à leur bord pour célébrer une messe. Le malheureux prêtre, pendant l'Elévation, entend un coup de feu et se retourne. C'était un forban qui avait oublié de baisser la tête et que le capitaine avait tué "pour lui apprendre à mieux faire". Certains priaient Dieu avant les abordages. Les "libertins", c'est-à-dire les athées, comme Grammont, étaient rares. Misson et Caraccioli, déistes, représentaient une nouveauté intellectuelle. Par contre, une attitude assez courante était la bravade contre le ciel et le souhait d'aller "gaîment et en bonne compagnie en enfer". Certains, comme Teach et Lewis, allaient jusqu'à invoquer le diable.

La société pirate Tant de révolte n'aboutissait pas au désordre. Il est peu de milieu d'ailleurs qui y soit moins propre qu'un navire. Les éléments auraient vite fait de liquider les pratiques exagérément individualistes. La nécessité de la discipline était reconnue, mais elle reposait sur le bon sens, l'égalité et le libre consentement. Sur ces bases s'édifiait la société des antisociaux. Les pirates, bien avant Rousseau, ont inventé le Contrat Social. Lorsque se formait une troupe ou compagnie (les Anglais disaient déjà : un gang), on débattait et on dressait "les articles" appelés aussi "convention" ou "chasse-partie", qui réglaient les points

essentiels : obéissance aux officiers, interdiction de voler la compagnie et de dévoiler ses secrets,

de maltraiter un camarade ou de manquer à lui porter secours. Les sanctions étaient la mort, l'abandon au gré des flots ou sur une côte déserte, ou, pour les fautes vénielles, la "loi de Moïse", c'est-à-dire quarante coups de corde. Aussi la discipline était-elle exacte. "En mer, écrit un prisonnier peu favorable aux pirates, le service se fait avec beaucoup d'ordre, mieux même que sur les vaisseaux de la Compagnie des Indes ; les pirates y mettent un grand amour-propre." On interdisait les disputes, les injures, les discussions sur la religion, voire même le jeu ; mais sur ce dernier point il y avait des tolérances. Les articles réglaient aussi les indemnités pour blessures. Le tarif donné par Œxmelin varie de 100 écus ou un esclave pour la perte d'un œil, d'un doigt ou d'une oreille, à 600 écus ou 6 esclaves pour la perte des deux yeux, des deux mains ou des deux jambes. Enfin le partage des prises était réglementé ; certaines troupes adoptaient l'égalité absolue ; d'autres favorisaient le capitaine, lui accordant d’une part et demie à six parts. Certains hauts faits étaient encouragés par des primes. En même temps qu'on rédigeait les articles, on élisait les officiers : capitaine, quartier-maître, bosco, maître-canonnier. S'il n'y avait pas à bord de charpentier, de tonnelier, de cuisinier ou de chirurgien, on les désignait d'office. Le quartier-maître avait un rôle fort important : veiller à la discipline et aux vivres, distribuer le butin, réunir les assemblées générales, représenter l'équipage auprès du capitaine. Fréquemment il remplaçait un capitaine déposé. Le capitaine, choisi pour ses connaissances techniques, dirigeait la navigation et le combat. On ne pouvait, en ces matières, lui désobéir. Mais, à tous autres égards, il n'avait d'autorité que personnelle. Commander à de tels hommes, libres, sourcilleux sur l'égalité, d'une dureté confinant souvent à la brutalité totale et, à leur ordinaire, fort peu sobres, n'était pas une tâche aisée. Il fallait s'imposer par le courage, une aptitude supérieure aux armes, la technicité et aussi une certaine familiarité rude. Si l'on déplaisait pour une raison quelconque, on risquait d'être déposé et abandonné dans une embarcation ou une île déserte. Pour les affaires importantes, expédition à monter, destination à suivre, règlements à modifier, officiers à changer, l'assemblée générale se réunissait. Chacun avait une voix et les décisions étaient prises à la majorité. L'égalité se manifestait également par divers traits pittoresques : si un pirate jugeait que le capitaine ou le cuisinier avait un plat meilleur que le sien, il pouvait les échanger. Chacun se servait à son gré des liqueurs fortes, sauf en cas de disette. Cette clause causa la perte de plus d'un bon navire. En dehors des règles écrites existaient, comme dans la pègre, un certain nombre de coutumes connues de tous qui faisaient qu'on était "régulier" ou non. Et ne pas être régulier abrégeait rapidement vos jours. Une de ces coutumes, très ancienne dans la marine, était celle du matelotage. On la trouve chez les boucaniers, les flibustiers et les pirates. Elle était une atténuation à la dureté sentimentale de l'individualisme. Chaque homme avait un matelot, dont il était solidaire, lui devant aide et assistance dans toutes les circonstances, lui léguant ses biens et partageant avec lui ses femmes quand il en avait. C'était une ébauche de famille, sans enfants et sans avenir, mais qui empêchait l'homme de se sentir trop seul. La troupe constituait une cellule sociale plus étendue. La vie en commun créait une solidarité souvent durable. Les différends, s'il en survenait, devaient se régler à terre, en duel loyal et avec des témoins ; d'abord au pistolet, puis au sabre ; on s'arrêtait généralement à la première blessure. Les dissensions durables dans la troupe se concluaient souvent par des séparations librement décidées. Les hommes qui restaient ensemble longtemps et de leur plein gré devenaient chers les uns aux autres. Aussi la perte de camarades dans un abordage rendait-elle souvent les pirates furieux ; les prisonniers risquaient d'en subir les conséquences.

Enfin il existait une solidarité générale entre pirates. Quand on hélait un navire pour savoir sa nationalité et qu'on s'entendait répondre "Gens de la mer", c'était la grande réjouissance. Les troupes fraternisaient. On élaborait de grands projets d'action concertée. Des redoutables flottes pirates apparurent ainsi, firent trembler les côtes voisines, inquiétèrent les puissances, puis disparurent. L'esprit anarchiste n'est guère propre à la fondation des Etats. Les pirates ne travaillaient pas pour l'avenir ; presque aucun d'eux n'a perdu son temps à écrire des mémoires. Ils avaient opté pour le présent et l'appréciaient à leur manière, qui manquait de délicatesse. Après la prise, l'excitation du combat faisait place à l'orgie ; on buvait jusqu'à l'inconscience ou la folie ; certains s'amusaient avec les prisonniers à des plaisanteries d'un goût souvent douteux : les faisant courir autour du pont à coups de couteaux ou leur faisant manger une tartine de chandelles. Low, brute sadique, fit flamber un cuisinier au pied d'un mât, ayant décidé "qu'il ferait un assez bel effet dans le feu à cause de sa graisse et de sa crasse". Mais les vraies distractions étaient à terre, dans les tavernes et avec les filles, et il y en avait beaucoup le long des côtes à pirates. Les étoffes étaient distribuées. L'argent des prises : écus, doublons, et "pièces de huit" espagnoles s'épuisait vite. Œxmelin cite un flibustier qui avait installé un tonneau au bord de la route et obligeait tous les passants à boire. Quand on n'avait plus le sou, on repartait en campagne, car l'agrément de cette vie c'était d'abord son dynamisme et sa liberté. Cependant certains pirates ont su mettre un magot de côté. Il y a eu de tout parmi les pirates, même des idéalistes, même des épargnants. Les trésors enterrés dans des îles désertes ne sont pas une légende. Ils comprenaient souvent deux trous, un avec l'or, l'argent et les bijoux, l'autre avec les étoffes précieuses. Des signes étaient gravés et reportés dans des grimoires. Certains trésors ont été retrouvés. D'autres passionnent encore les chercheurs. Inutile de rappeler ce que leur doit la littérature.

La répression Le pirate est "ennemi du genre humain tout entier". Il s'en vante. Il est puni comme tel. La piraterie est le seul crime du droit des gens, le seul dont la répression soit universelle et ne donne pas lieu à des notes diplomatiques. Dès le XVIe siècle, Henri VIII avait créé une organisation de répression, avec un fonctionnaire spécial, le vice-amiral de la côte. En France, Henri II réglementa la course et les lettres de marque. Tous ceux qui ne les possédaient pas étaient réputés pirates. L'expérience du XVIIe siècle amena les gouvernements à légiférer à nouveau sur la piraterie. L'acte anglais de 1699 prévoyait que les coupables pourraient être jugés sur place. En 1721, un autre acte étendait l'inculpation à tous ceux qui auraient eu commerce avec un pirate. Les secours de la religion seraient refusés aux coupables.

L'ordonnance française du 5 septembre 1718 punissait de la mort et de la confiscation des biens les pirates et leurs complices. "Il est permis à quiconque de les arrêter... Mais il n'est pas permis de les tuer autrement que dans le combat, et il faut nécessairement les déférer à la justice." Leurs navires seront de bonne prise. Les guerres du XVIIe siècle avaient favorisé la flibuste et n'avaient pas permis de réprimer la piraterie. Mais à partir de 1713 s'établit une période de paix pendant laquelle les navires de guerre n'eurent pas d'autre emploi. En 1730, la grande piraterie classique était pratiquement terminée. La fin normale des pirates, qu'ils attendaient chaque jour depuis leur entrée en profession, était la mort, dans le combat ou par pendaison. Ils s'en amusaient parfois entre eux, organisant des simulacres de tribunal et d'exécution, où la justice n'avait pas le beau rôle. Quand le moment était venu, la plupart étaient aussi braves devant la potence qu'à l'abordage. Ils éructaient quelque dernier blasphème, quelque malédiction ou quelque sinistre plaisanterie. Puis ils montaient dans le ciel et "bénissaient le peuple avec leurs pieds".

Royal Fortune : Sloop du pirate Bartholomew Roberts

(Black Bart ou Baronnet noir) en 1722. Des galions lourds, et chargés d’or, sillonnaient les Mers,

aux risques de croiser des pirates sanguinaires.

A gauche Le Renard du corsaire malouin Robert Surcouf En 1796 Surcouf a 23 ans, il voit dans sa longue vue un

monstre lui bouchant une partie du ciel, c'est le Triton (150 hommes, 20 canons)

Lançant 15 hommes à l'abordage, Surcouf réduit l'équipage anglais. Son action la plus célèbre se situe en 1800 dans le golfe du Bengale

Surcouf le corsaire

Un capitaine hors du commun

Surcouf (1773-1827) est l'un des personnages les plus emblématiques de Saint-Malo. La vie du génial corsaire fut encore plus extraordinaire que les nombreux romans d'aventures qui lui furent consacrés... C'est à 15 ans qu'il s'embarqua pour la première fois dans la marine marchande. À vingt ans, il était déjà promu capitaine ! Il était alors follement amoureux de la fille d'un riche notable de Saint-Malo. Mais le père de celle-ci refusa de lui accorder sa main. Surcouf était un jeune homme bien trop pauvre... Qu'à cela ne tienne, l'intrépide capitaine arma un bateau corsaire et captura ses premières prises. Son charisme et sa bravoure lui assurèrent la loyauté d'équipages réputés difficiles, voire dangereux pour celui qui les commandait. Il fut le seul à oser entreprendre une campagne, qui sera couronnée de succès, avec un équipage uniquement composé des redoutables marins indiens, les "Lascars". À 23 ans seulement, il accomplit un exploit incroyable en capturant un galion anglais bien mieux armé que son frêle schooner (petit voilier à deux mats) et qui embarquait trois fois plus d'hommes. Ce n'était que le début d'une longue suite de hauts-faits toujours plus admirables. Son navire, la "Confiance", inspira vite la terreur à ses ennemis. Tel jour il défaisait le Kent, un des plus grands navires de guerre existant avec ses 40 canons, tel autre jour il capturait trois vaisseaux qui l'avaient pris en chasse...

Le Roi des Corsaires

À 28 ans, sa fortune (et sa réputation) faite, Surcouf se retira un temps à

Saint-Malo. Il avait alors capturé plus de cinquante navires ennemis ! Confiant en son nouveau statut, il demanda à nouveau la main de son

amour, et, comme dans toute superproduction américaine qui se respecte, l'histoire finit bien et il put enfin se marier. Mais l'appel de la mer était trop fort, et Surcouf reprit bien vite ses activités. À une autre échelle, toutefois, puisqu'il arma une vrai flottille de navires. Celle-ci fit tomber La Havane, ce

qui restera la seule défaite dans l'histoire de cette ville !

C'est finalement à 32 ans que le "roi des corsaires" deviendra moins aventureux et se consacra à des activités plus commerciales. Il n'en

conserva pas moins son caractère intrépide, comme il le prouva en 1817. Les prussiens occupaient alors Saint-Malo, et Surcouf eu maille à partir avec un groupe d'officiers ennemis

qu'il défia en duel. Ils n'étaient qu'une douzaine après tout... Le duel fut organisé sur les remparts et le corsaire occis l'un après l'autre ses adversaires. Il ne laissa la vie sauve qu'au dernier afin qu'il puisse

témoigner que tout s'était passé dans les règles...

Après une retraite heureuse et opulente, il s'éteindra finalement en 1827, à l'âge de 54 ans, terrassé par un cancer.

Pour la petite histoire, l'apparence de Surcouf était plutôt celle d'un homme débonnaire, à la force indéniable mais à l'embonpoint tout aussi certain !

Edward Teach

Edward Teach, surnommé Barbe-Noire (en Anglais : Blackbeard) est l'une des figures les plus célèbres de l'histoire de la piraterie. Né en 1680 à Bristol en Angleterre son vrai nom est présumé Edward Drummond. Une découverte récente datant de mai 2009 pourrait prouver qu'il serait né en 1690 à Beaufort en Caroline du Nord, et que son nom serait Edward Beard. Il s'engage sur un bâtiment corsaire anglais pendant la guerre de Succession d'Espagne au service de la reine Anne de 1702 à 1713. En dépit de sa témérité et de son courage dans l'abordage des navires français, il n'a aucun avancement. Il devient pirate en 1716. Le capitaine pirate Hornigold lui confie le commandement d'un sloop. Pendant deux ans, Teach

accompagne Hornigold jusqu'au jour où il aborde un gros navire marchand français.

La mort de Barbe-Noire...une force de la nature difficile à vaincre ! Au matin du 22 novembre 1718, l'abordage est lancé, un combat féroce s'ensuit. Teach et Maynard se retrouvent face à face. Chacun étant armé d'un sabre et d'un pistolet. Ils se livrent à un duel au pistolet. Teach est touché. Les deux hommes s'affrontent ensuite au sabre, celui du Lieutenant se brise sous les assauts de son terrible adversaire. Teach se rue sur lui pour lui porter le coup fatal, lorsqu'un matelot lui assène un coup de poignard à la nuque. Surmontant sa douleur, le sang l'inondant partout, Barbe-Noire continue à combattre courageusement en dépit

de ses multiples blessures quand un autre matelot se mêle au combat et l'assaille de coups de couteaux. Hurlant et fou de rage, Barbe-Noire se bat de toutes ses forces. Les autres matelots tirent sur lui, cherchant à l'achever et enfin, Maynard le touche mortellement d'un coup de pistolet. Le pirate s'écroule lourdement... Dans un ultime effort, Barbe-Noire sors son dernier des six pistolets qu'il porte à sa poitrine et s'apprête à tirer mais il n'y parvient pas, il sombre, sans vie.

Bartholomew Roberts

(17 mai 1682 - 10 février 1722), boucanier britannique de son vrai nom John Roberts, dit Le Baronnet Noir, est un des pirates les plus célèbres de son époque.

Né à Casnewydd-Bach , près de Haverfordwest dans le Pembrokeshire au Pays de Galles1, on raconte qu’il a mené la carrière de pirate la plus réussie de toute l’histoire, en capturant plusieurs centaines de navires ( jusqu’à 22 navires en une seule prise) en seulement deux ans.

Il est supposé avoir pris la mer à l'âge de 13 ans en 1695, mais il n'y a aucune trace de lui jusqu'en 1718, lorsqu’il est le second d'un sloop de la Barbade2. En 1719, à l’âge de 37 ans, il embarque en tant que second à bord du navire Princess, destiné au transport d’esclaves, qui sera capturé en juin 1719 par le pirate Howel Davis à Anomabu près de la Côte-d'Or (devenue le Ghana aujourd’hui). Six semaines après sa capture (certains parlent plutôt de quatre semaines), la flottille de Howel Davis est prise en embuscade par le gouverneur de l’île de Príncipe (Île du Prince). Au cours de la bataille, Howel Davis est lui-même tué. Bartholomew Roberts, décrit comme un homme grand et noir, a eu le temps, en quelques semaines, de montrer son talent et sa supériorité au combat ; il est alors élu capitaine du bateau pirate Royal Rover par son équipage Quittant l’île de Príncipe (Île du Prince, aujourd’hui faisant partie de Sao Tomé-et-Principe), Bartholomew Roberts fait route avec le Royal Rover vers le Brésil . Au cours de ce trajet, il capture un navire hollandais et coule un navire britannique transportant des esclaves. En septembre 1720, le Royal Rover croise la route d’un convoi de 42 navires marchands portugais, escortés par deux navires de combat (chacun équipé de 70 canons). Bartholomew Roberts décide d’attaquer ce convoi et capture, entre autres, un navire plus gros que le Royal Rover, à bord duquel se trouve une quantité importante de pièces d’or, d’une valeur de plus de 30 000 livres sterling. Pendant que Bartholomew Roberts se trouve à bord d’un des autres navires capturés, Walter Kennedy, qui était aux commandes en l’absence de son capitaine, s’enfuit avec ce navire chargé d’or et le Royal Rover. Bartholomew Roberts donne alors au sloop sur lequel il se trouve le nom de Fortune, pille quatre autres navires et doit s’enfuir avec ce qui restait de son équipage pour échapper à un navire britannique lancé à leur poursuite .

En juin 1720, Bartholomew Roberts écume les côtes du Nouveau Monde, capturant 26 sloops et 150 bateaux de pêche et détruisant de nombreuses constructions et machines. Il capture également une galère possédant 18 canons et l’échange contre un navire français possédant 28 canons, qu’il aurait renommé Royal Fortune. Bartholomew Roberts continue ensuite sa route vers le sud et pille au moins une douzaine de navires marchands britanniques.

En septembre 1720, Bartholomew Roberts atteint les Antilles où il attaque le port de Saint Kitts. Il y capture un navire et en coule deux autres. Il quitte le port et tente d’y retourner le lendemain , mais des tirs de canon endommagent le Royal Fortune et plusieurs autres navires, les forçant à se rendre à Saint-Barthélemy afin d’y être réparés. En octobre 1720, il repart à l’attaque de Saint Kitts, où il pillera 15 navires britanniques et français.

Sa carrière de capitaine pirate s’arrête brutalement en février 1722 près du Cap Lopez, au Gabon . Le 5 février 1722, un bâtiment de guerre britannique, l’Hirondelle attaque la flotte de Bartholomew Roberts. À ce moment, les avis sur la fin de l’aventure divergent. Certains pensent [Qui ?] que Bartholomew Roberts aurait confondu l’Hirondelle avec un navire marchand portugais et décide de l’attaquer. D’autres racontent que Chaloner Ogle aurait trouvé la flotte de Bartholomew Roberts ancrée sur la côte, la plupart des hommes saouls après avoir fêté une victoire de la veille ; Bartholomew Roberts aurait alors foncé avec le Royal Fortune en direction de l’Hirondelle, tentant ainsi de le prendre de vitesse avec l’aide du vent. Dans un cas comme dans l’autre, la fin de l’histoire est la même. Arrivé à portée de tir, les canons du Swallow tirent une salve, le Royal Fortune riposte . Bartholomew Roberts est tué dès la première et dernière salve : une volée de chaînes tirée d’un canon lui brise les os du cou.

Jack Rackham

Jack Rackham ou John Rackham, plus connu sous le nom de Calico Jack (Bristol, 21 décembre 1682 -

Spanish Town (Jamaïque), 17 novembre 1720), est un pirate du XVIIIe siècle. Il doit son surnom aux

vêtements très colorés faits de calicot. Il est surtout connu parce qu’il avait parmi ses hommes d’équipage

les deux plus célèbres femmes pirates : Anne Bonny et Mary Read.

Rackham fait ses débuts dans la marine en tant que maître de timonerie à bord du bâtiment de guerre

anglais le Neptune, sous le commandement du capitaine Vane. Lorsque Vane refuse d’attaquer un navire

français, l’équipage est tellement écœuré qu’il se mutine et choisit Rackham comme chef. Rackham fait

immédiatement demi tour, attaque le navire français et parvient à le vaincre.

Emporté par l’excitation de la victoire et des richesses trouvées à bord du navire capturé, Rackham

propose à son équipage de se tourner vers la piraterie. Ses hommes acceptent sans réticence, peut-être en

raison du spectre de la mutinerie (et des condamnations à mort auxquelles ils sont désormais soumis) qui

plane au-dessus de leur tête. Rackham décidera par la suite d’accepter une offre de pardon royal et

naviguera jusqu’à New Providence, aux Bahamas. Il y rencontre Anne Bonny, une femme mariée, et en

tombe amoureux. Il en est tellement entiché qu’il dilapide pour elle une grande partie de son butin. Il

rencontra également le Capitaine Burgess, un ancien pirate devenu corsaire, arpentant les Caraïbes à la

recherche de navires espagnols.

Lorsque James Bonny, l’époux d’Anne, apprend l’existence de la liaison adultère, il prévient le

Gouverneur de New Providence, Woodes Rogers. Celui-ci condamne Anne à être fouettée et lui ordonne de

rester avec son époux. Anne et Rackham s’enfuient alors ensemble : ils réunissent un équipage et volent un

sloop. Craignant que les hommes refusent d’accueillir une femme à bord, Anne se déguise en homme et

prend le nom d’Adam Bonny. Elle devient rapidement un membre d’équipage respecté en combattant

courageusement aux côtés de ses compagnons. Après plusieurs autres batailles victorieuses, le Gouverneur

des Bahamas envoie à leur poursuite un navire lourdement armé. Rackham et une partie de son équipage

sont forcés de s’enfuir. Ils sont alors capturés par un navire espagnol, mais parviennent une nouvelle fois à

fuir près des côtes de la Jamaïque, prenant possession au passage de nombreux bateaux de pêche et d’un

sloop. En octobre 1720, les troupes du Capitaine Barnet, qui travaille pour le Gouverneur de Jamaïque,

capturent Rackham et son équipage (dont Mary Read et Anne Bonny). Rackham, quelque temps

auparavant, aurait tenté de conclure un accord avec le Gouverneur selon lequel il rendrait les armes à

condition que Anne Bonny et Mary Read soient épargnées. Que cela soit vrai ou non, les deux femmes

réussiront de toute façon à éviter la pendaison en révélant qu’elles étaient enceintes.

Le 16 novembre 1720, Rackham et son équipage sont emmenés à Spanish Town (Jamaïque). Ils y sont

jugés coupables de piraterie et pendus le jour suivant.

Anne Bonny

(1697?-1720) était une pirate, issue d’une famille irlandaise . Elle a navigué avec Calico Jack Rackham.

Tout ce que l’on sait à propos d’Anne Bonny provient de légendes et de rares documents officiels. Il faut savoir que la plupart des informations dont nous disposons aujourd’hui au sujet des plus

grands pirates provient de différentes publications du XVIIIe siècle, dont les auteurs sont souvent des pirates eux-mêmes. Les différentes sources ne s’accordent pas, par exemple, au sujet de son année de naissance (probablement entre 1697 et 1705).

Avant d’être Anne Bonny, elle était Anne Cormac, fille illégitime du procureur William Cormac et de sa domestique Mary. Lorsque cette affaire fût exposée au public, William Cormac quitta l’Irlande avec sa fille et s’installa à Charleston (Caroline du Sud). Il y fit fortune et acheta une immense plantation .

Bartholomew Roberts (17 mai 1682 - 10 février 1722), boucanier britannique de son vrai nom John Roberts, dit Le Baronnet Noir, est un des pirates les plus célèbres de son époque.

Né à Casnewydd-Bach , près de Haverfordwest dans le Pembrokeshire au Pays de Galles1, on raconte qu’il a mené la carrière de pirate la plus réussie de toute l’histoire, en capturant plusieurs centaines de navires ( jusqu’à 22 navires en une seule prise) en seulement deux ans.

Il est supposé avoir pris la mer à l'âge de 13 ans en 1695, mais il n'y a aucune trace de lui jusqu'en 1718, lorsqu’il est le second d'un sloop de la Barbade2. En 1719, à l’âge de 37 ans, il embarque en tant que second à bord du navire Princess, destiné au transport d’esclaves, qui sera capturé en juin 1719 par le pirate Howel Davis à Anomabu près de la Côte-d'Or (devenue le Ghana aujourd’hui). Six semaines après sa capture (certains parlent plutôt de quatre semaines), la flottille de Howel Davis est prise en embuscade par le gouverneur de l’île de Príncipe (Île du Prince). Au cours de la bataille, Howel Davis est lui-même tué. Bartholomew Roberts, décrit comme un homme grand et noir, a eu le temps, en quelques semaines, de montrer son talent et sa supériorité au combat ; il est alors élu capitaine du bateau pirate Royal Rover par son équipage Quittant l’île de Príncipe (Île du Prince, aujourd’hui faisant partie de Sao Tomé-et-Principe), Bartholomew Roberts fait route avec le Royal Rover vers le Brésil . Au cours de ce trajet, il capture un navire hollandais et coule un navire britannique transportant des esclaves. En septembre 1720, le Royal Rover croise la route d’un convoi de 42 navires marchands portugais, escortés par deux navires de combat (chacun équipé de 70 canons). Bartholomew Roberts décide d’attaquer ce convoi et capture, entre autres, un navire plus gros que le Royal Rover, à bord duquel se trouve une quantité importante de pièces d’or, d’une valeur de plus de 30 000 livres sterling. Pendant que Bartholomew Roberts se trouve à bord d’un des autres navires capturés, Walter Kennedy, qui était aux commandes en l’absence de son capitaine, s’enfuit avec ce navire chargé d’or et le Royal Rover. Bartholomew Roberts donne alors au sloop sur lequel il se trouve le nom de Fortune, pille quatre autres navires et doit s’enfuir avec ce qui restait de son équipage pour échapper à un navire britannique lancé à leur poursuite .

En juin 1720, Bartholomew Roberts écume les côtes du Nouveau Monde, capturant 26 sloops et 150 bateaux de pêche et détruisant de nombreuses constructions et machines. Il capture également une galère possédant 18 canons et l’échange contre un navire français possédant 28 canons, qu’il aurait renommé Royal Fortune. Bartholomew Roberts continue ensuite sa route vers le sud et pille au moins une douzaine de navires marchands britanniques.

En septembre 1720, Bartholomew Roberts atteint les Antilles où il attaque le port de Saint Kitts. Il y capture un navire et en coule deux autres. Il quitte le port et tente d’y retourner le lendemain , mais des tirs de canon endommagent le Royal Fortune et plusieurs autres navires, les forçant à se rendre à Saint-Barthélemy afin d’y être réparés. En octobre 1720, il repart à l’attaque de Saint Kitts, où il pillera 15 navires britanniques et français.

Sa carrière de capitaine pirate s’arrête brutalement en février 1722 près du Cap Lopez, au Gabon . Le 5 février 1722, un bâtiment de guerre britannique, l’Hirondelle attaque la flotte de Bartholomew Roberts. À ce moment, les avis sur la fin de l’aventure divergent. Certains pensent [Qui ?] que Bartholomew Roberts aurait confondu l’Hirondelle avec un navire marchand portugais et décide de l’attaquer. D’autres racontent que Chaloner Ogle aurait trouvé la flotte de Bartholomew Roberts ancrée sur la côte, la plupart des hommes saouls après avoir fêté une victoire de la veille ; Bartholomew Roberts aurait alors foncé avec le Royal Fortune en direction de l’Hirondelle, tentant ainsi de le prendre de vitesse avec l’aide du vent. Dans un cas comme dans l’autre, la fin de l’histoire est la même. Arrivé à portée de tir, les canons du Swallow tirent une salve, le Royal Fortune riposte . Bartholomew Roberts est tué dès la première et dernière salve : une volée de chaînes tirée d’un canon lui brise les os du cou.

Jean Bart

Jean Bart, en flamand Jan Bart1 ou Jan Baert2, né le 21 octobre 1650 et mort le 27 avril 1702 à Dunkerque, est un corsaire célèbre pour ses exploits au service de la France durant les guerres de Louis XIV.

Il commence à naviguer à quinze ans sous les ordres de Ruyter et participe en 1667 à la campagne de la Tamise. Pendant la guerre de Hollande, il est corsaire pour le compte de la France et accumule les prises (plus de cinquante entre 1674 et 1678). Admis dans la Marine royale avec le grade de lieutenant de vaisseau en janvier 1679, il croise en Méditerranée contre les Barbaresques et est promu capitaine de frégate en août 1686. En 1689, il est chargé, en compagnie de Forbin de conduire un convoi de Dunkerque à Brest, il est fait prisonnier par les Anglais, s'évade et revient à Saint-Malo en traversant la Manche à la rame. Promu capitaine de vaisseau en juin 1689, il met au point une tactique de guerre fondée sur l'utilisation de divisions de frégates rapides et maniables, sorte de « préfiguration des meutes de sous-marins de la Seconde Guerre mondiale ». En 1690, il commande L'Alcyon à la bataille du cap Béveziers, puis il escorte les convois en mer du Nord après avoir brisé le blocus imposé à Dunkerque. En 1692, il détruit une flottille de 80 navires de pêche hollandais. Son exploit, sans doute le plus célèbre, qui lui vaut des lettres de noblesse, est la reprise sur les Hollandais devant le Texel d'un énorme convoi de cent-dix navires chargés de blé que la France avait acheté à la Norvège (juin 1694). En juin 1696, il livre sur le Dogger Bank un violent combat à une escadre hollandaise, détruisant plus de 80 navires, et rentre à Dunkerque en déjouant la surveillance anglaise. Promu chef d'escadre en avril 1697, il conduit le prince de Conti en Pologne, puis commande la marine à Dunkerque où il meurt le 27 avril 1702

Edward Low

(ca. 1690 – ca. 1724) est un pirate célèbre pendant l'âge d'or de la piraterie. Son pavillon porte

un squelette rouge sur fond noir.

La sauvagerie et la froideur dont il fait preuve font de lui l'archétype du pirate sanguinaire. Il

travaille d'abord dans un atelier de construction navale puis lassé, il prend la mer à

destination de la baie de Terre-Neuve. Après s'être emparé de la chaloupe de son patron, il

s'assure l'aide de quelques compagnons et ils prennent le large ensemble. Sa notoriété s'accroît

au fil des prises et les captures se multiplient.

L'originalité de ce forban réside surtout dans l'imagination dont il fait preuve en matière de

tortures. II en invente constamment de nouvelles et les expérimente sur les équipages qui

tombent entre ses mains. Les castillans étaient condamnés à mort et systématiquement exécutés,

en raison des mauvais souvenirs qu'il avait de leur fréquentation à l'époque où il était honnête.

II fait preuve d'une telle cruauté dans le quotidien que même des membres de son équipage sont

terrorisés.

Le capitaine du Greyhound l'approche le 10 juin 1691, mais il ne parvient qu'à prendre le

Ranger commandé par Harris, le second de Low. Ce dernier préfère abandonner ses camarades

plutôt que de se battre contre le Greyhound. Fait prisonnier, l'équipage fut jugé et vingt-cinq

des trente-cinq accusés furent pendus après le procès du 10 juillet 1691. Selon certains, Low est

finalement abandonné par son équipage dans une barque avec deux de ses hommes restés

fidèles sans vivres ni rame à cause de ses excès. II est sauvé par des marins français qui le

remettent aux autorités de la Guadeloupe, ces dernières s'empressant de le pendre.

HEnry Every

Alias Henry Avery, John Avary, Long Ben, Benjamin Bridgeman - est l'un des plus fameux flibustiers anglais. Il serait né, selon les sources en 1653 ou en 1675 et mort en 1728.

Son histoire a alimenté nombre de légendes. Un groupe d'hommes d'affaires anglais, dont le principal est sir John Houblon, obtint du roi d'Espagne le droit de commercer avec les colonies espagnoles en Amérique et de repêcher les trésors des épaves de galions naufragés dans la mer des Caraïbes.

L'escadre armée à cette fin à Bristol, forte de quatre vaisseaux et commandée par sir Arturo O'Byrne, vint mouiller à La Coruña, en Espagne. Mais les autorités espagnoles tardèrent à donner la permission de partir à l'expédition. En raison de ce délai mais surtout à cause du retard du paiement de leurs gages, 85 marins se révoltèrent au bout de quatre mois sous la conduite de Henry Every, contremaître du Duke, l'un des vaisseaux. Les mutins se rendirent maîtres du navire amiral de l'expédition avec lequel ils appareillèrent pour l'Afrique occidentale.

Henry Every cingle immédiatement vers Marak'Pinga où il pense les prises plus sûres. En chemin il s'associa avec les équipages de deux petits sloops. Ils font une magnifique prise, un navire du Grand Moghol qui transporte, outre sa fille et sa suite, une quantité colossale d’or et de pierreries. Ayant fait main basse sur cette cargaison, Every propose à ses associés de se rejoindre plus tard à un endroit donné, tout en conservant à son bord la totalité du butin. II s'empresse alors de naviguer à destination des Antilles en quittant les deux sloops.

II choisit de partir vers l'Avalon (appel a moderateur ! Avalon est un site legendaire - suivre le lien - on Every n'a probablement vendu aucun diamant) où il pense écouler plus facilement les diamants qu'il possède. Les commerçants ne sont pas dupes sur l'origine des pierres et en profitent pour le rouler. Contraint d'accepter le marché proposé, Long Ben se contente d'une maigre avance. II menace par la suite ces commerçants qui lui répliquent de se contenter de ce qu'il a déjà reçu car ils connaissent l'origine des diamants. Every doit se faire oublier pour ne pas être dénoncé aux autorités. II meurt quelque temps plus tard de maladie, dans le dénuement le plus total. La légende le fait épouser la fille du Grand Moghol et devenir roi de Marak'Pinga.