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Histoire de l'analyse économique Intro Sciences dures : pas besoin d'histoire, car dynamique de progression dans l'apprentissage, n'apporte rien à la compréhension des phénomènes physiques. Si vraiment l'éco est une science analogue aux sciences dures, on en déduit que faire l'histoire de l'analyse économique n'a que peu d'intérêt, si ce n'est culturel. En réalité, il existe certaines particularités de la science économique qui compliquent le rapport entre l'histoire de la discipline et ses développements contemporains. Pour mettre en évidence ces particularité, on peut utiliser deux notions : la notion de révolution scientifique. La notion de réfutation. Section 1 : Paradigmes et révolutions scientifiques. 1) 1962, T.Kuhn, La structure des révolutions scientifiques. Kuhn étudie le fonctionnement des communautés scientifiques, en particulier celle des sciences exactes (les physiciens). IL observe en premier lieu que la cohésion de ces communautés est très forte, parce qu'il existe un consensus au sein de ces communautés sur beaucoup de principes de base, les résultats, de questions pertinentes et des méthodes à utiliser. Kuhn appelle ce consensus « le paradigme ». Les physiciens travaillent tous à l'intérieur du paradigme, et résolvent des énigmes spécialisés en acceptant le même cadre général. Parfois, il se produit des périodes de révolutions scientifiques, le terme désigne un moment au cours duquel les scientifiques modifient leur convictions profondes. Dans la période de science normale, il se produit toujours des anomalies ou des énigmes que le paradigme ne sait pas expliquer. Quand le nombre d'énigme devient trop important, où quand ça touche que cœur du paradigme, le paradigme est remis en cause. Il se produit alors une révolution scientifique qui consiste dans le passage d'un paradigme à un autre. Ex Newton vs Einstein avec l'addition des vitesses. Si ces notions de paradigmes et de révolutions scientifiques s'appliquent à la logique de développement de l'économie, alors l'HAE n'a aucune intérêt... 2) la notion de paradigme en économie A/ la révolution scientifique : une notion à priori pertinente en économie. A priori, ces notions semblent pertinentes pour expliquer le développement dans l'histoire de l'analyse économique. Ex : 18-19 's. les théories de la valeur qui ont pour objet de répondre à la question suivante : qu'est-ce qui donne de la valeur à un bien ? A la fin du 18e, la théorie de la valeur formulée par Smith. Pour expliquer la valeur d'échange, le prix, Smith dit que l'on peut s'appuyer sur la valeur d'usage, soit la satisfaction que l'on retire de son usage. Pour étayer cet argument, il parle du paradoxe de l'eau et du diamant, et conclusion : aucun lien entre valeur d'usage et valeur d'échange. Ainsi, il rejette l'utilité et propose en lieu et

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Histoire de l'analyse économique

Intro

Sciences dures : pas besoin d'histoire, car dynamique de progression dans l'apprentissage, n'apporte rien à la compréhension des phénomènes physiques.

Si vraiment l'éco est une science analogue aux sciences dures, on en déduit que faire l'histoirede l'analyse économique n'a que peu d'intérêt, si ce n'est culturel.En réalité, il existe certaines particularités de la science économique qui compliquent le rapport entre l'histoire de la discipline et ses développements contemporains.Pour mettre en évidence ces particularité, on peut utiliser deux notions :

– la notion de révolution scientifique.– La notion de réfutation.

Section 1 : Paradigmes et révolutions scientifiques.

1) 1962, T.Kuhn, La structure des révolutions scientifiques.Kuhn étudie le fonctionnement des communautés scientifiques, en particulier celle des sciences exactes (les physiciens). IL observe en premier lieu que la cohésion de ces communautés est très forte, parce qu'il existe un consensus au sein de ces communautés sur beaucoup de principes de base, les résultats, de questions pertinentes et des méthodes à utiliser. Kuhn appelle ce consensus« le paradigme ».Les physiciens travaillent tous à l'intérieur du paradigme, et résolvent des énigmes spécialisésen acceptant le même cadre général.Parfois, il se produit des périodes de révolutions scientifiques, le terme désigne un moment aucours duquel les scientifiques modifient leur convictions profondes. Dans la période de science normale, il se produit toujours des anomalies ou des énigmes que le paradigme ne saitpas expliquer.Quand le nombre d'énigme devient trop important, où quand ça touche que cœur du paradigme,le paradigme est remis en cause. Il se produit alors une révolution scientifique qui consiste dans le passage d'un paradigme à un autre.Ex Newton vs Einstein avec l'addition des vitesses.Si ces notions de paradigmes et de révolutions scientifiques s'appliquent à la logique de développement de l'économie, alors l'HAE n'a aucune intérêt...

2) la notion de paradigme en économieA/ la révolution scientifique : une notion à priori pertinente en économie.A priori, ces notions semblent pertinentes pour expliquer le développement dans l'histoire de l'analyse économique. Ex : 18-19 's. les théories de la valeur qui ont pour objet de répondre à la question suivante : qu'est-ce qui donne de la valeur à un bien ?A la fin du 18e, la théorie de la valeur formulée par Smith. Pour expliquer la valeur d'échange, le prix, Smith dit que l'on peut s'appuyer sur la valeur d'usage, soit la satisfaction que l'on retire de son usage.Pour étayer cet argument, il parle du paradoxe de l'eau et du diamant, et conclusion : aucun lien entre valeur d'usage et valeur d'échange. Ainsi, il rejette l'utilité et propose en lieu et

place le travail.Smith impose une théorie de la valeur travail qui va devenir un élément central d'un paradigme qui va faire autorité au 19e, le paradigme classique. Cette théorie est remise en cause en 1870 par 3 auteurs : Jevons (1871) ; Menger (1871) et Walras (1874). Il parviennent à résoudre ce paradoxe, en s’appuyant sur une notion : l'utilité marginale, et la rareté relative, soit la proportion dans laquelle un bien est plus abondant qu'un autre.Ces trois auteurs ont provoqué une révolution théorique, la révolution marginaliste, qui a pour conséquence l'abandon du paradigme classique incarné par Smith et l'adoption d'un nouveau paradigme soit le paradigme néoclassique. Cette révolution marque le passage d'un théorie de la valeur travail à la théorie de la valeur utilité. Cette exemple cautionne l'idée que les notions de coudes s'appliquent bien en économie.

B/ La coexistence de plusieurs paradigmes en économie.

En réalité, en observant attentivement l'HAC, on constate qu'au cours d'une même période, des paradigmes peuvent cohabiter et même s'opposer sur des principes fondamentaux.Ex : 19e siècle, on observe la cohabitation de deux paradigmes, le classique (smith, ricardo), qui s'intéresse aux conditions de l'accumulation des richesses dans une société capitaliste, ainsi qu'à la répartition de ces richesses dans une société constitué de classes sociales. D'aprèseux les intérêts de ces classes sont divergents, mais grâce à l'échange marchand chacun trouve satisfaction à ses besoin et contribue à l'intérêt général.Le paradigme marxiste adopte un avis critique vis à vis du classique. Selon Mark la société capitaliste est une société d'oppression dans laquelle une classe exploite une autre. Grâce à l'échange marchand et sa généralisation les capitalistes parviennent en échangeant un salaire contre le travail à assouvir les travailleur en récupérant le profit dégagé par les W. On constate la coexistence de deux paradigmes : bienfaits et méfaits d'une société capitaliste.

20e : la paradigme néoclassique né de la révolution marginaliste qui met l'accent non sur les classes sociales mais sur l'intérêt de l'individu particulier (le consommateur, le pn,..)Ils tentent de démontrer que le fonctionnement du marché en concurrence parfaite permet d'apporter à chacun le max de satisfaction, et assure une allocation optimale des ressources (=plein emploi des ressources). Face à ça le paradigme keynésien en 1936. Le fonctionnement du marché du W n'est pas à même d'assurer le plein emploi. D'après Keynes le niveau d'emploi dépend du niveau de la demande : les entreprises anticipent la D et déterminent en conséquence leur niveau de production. Or, le niveau de la DA peut être insuffisant pour permettre un plein emploi du W.

Le mouvement de développement des idées en économie suit une logique très différente du mouvement qui est suivi par les sciences dures. En particulier, l'économie ne se développe pas en vertu d'un principe d'élimination de théories fausses par des théories exactes.Au contraire, l'économie est marquée par la coexistence durable de deux paradigmes rivaux.Pourquoi n'est(il pas possible d'opérer en économie une démarcation entre théories fausses et vraies ?

Section II – les difficultés de la réfutation en économie.

En règle général, le critère de réfutation est utilisé en science pour distinguer les énoncés scientifiques. Il a été étudié par Popper en 1934 (la logique de la découverte scientifique).Popper analyse la méthode des sciences empiriques et met en avant deux idées :

1) ces sciences ne procèdent pas par déduction mais pas induction. Elles mettent un œuvre un raisonnement hypothético-déductif, et procède par hypothèses auxquelles elles appliquent des raisonnements logiques et déduisent des conclusions.

2) Ces sciences procèdent ensuite à une phase de test, soit de confrontation à la réalité pour savoir si un énoncé contenu dans la théorie est ou non scientifique. Cette phase de test ne peut pas consister en une vérification, car la vérification est impossible.

En revanche, tout énoncé peut être testé au moyen de la réfutation. Un événement contraire à l'énoncé montrer qu'il est non-scientifique.Le critère de réfutation de popper permet donc de distinguer les énoncés scientifiques, ceux qui jusqu'à présent ont résisté à la réfutation (réfutable et non réfuté).Il permet également d'exclure de la science les énoncés réfuté par l'expérience (terre plate), etexclu de la science les énoncés tautologiques qui ne peuvent pas être réfutés, ainsi que les énoncés métaphysiques.

Il y a en économie donc deux difficultés majeures pour appliquer le critère de réfutation :1) de nombreux énoncés se situent en dehors de l'expérience sensible, ex : l'hypothèse de

concurrence pure et parfaite.2) Même lorsque les énoncés en économie peuvent être confrontés à la réalité il est très

difficile de mener une expérience contrôlée reproductible visant à les réfuter.Ex : on ne peut pas provoquer 1 crise économique...

Au final, l'économie est marquée par l'impossibilité radicale de distinguer les énoncés vrais etfaux. Cette caractéristique explique que des paradigmes nouveaux puissent coexister durablement. Les paradigmes contemporains tirent tous leurs principes de théories anciennes.Le point de départ de cette histoire des idées doit consister à identifier le moment à partir duquel il existe une pensée économique.

Chapitre 1 : l'émergence de l'économie politique.

Section 1 : de la difficulté à spécifier le domaine de l'économie politiques.

La première difficulté est que les définitions de l'éco sont nombreux, variées, parfois contradictoires.Pour contourner ce problème, on peut s'appuyer sur des familles de définitions, dont deux d'entre elles :

- Définition formelle : « L'économie est la science qui étudie le comportement humain en tantque relation entre les fins et les moyens rares à usages alternatifs. », Lionel Robbins, 1932. Selon définition, l'économie étudie une forme particulière de comportement humain. Ce comportement est rationnel. Cette définition s'applique à tout comportement humain dès lors qu'il y a des choix entre différents moyens pour atteindre une fin, sachant la rareté de ces moyens.Ex : la micro qui étudie la recherche de la plus grande utilité (fin) dans un contexte de rareté des ressources. Si on adopte cette définition, le champ de l'économie s'étend presque à l'infini..Le problème de cette définition est donc qu'elle ne permet pas de spécifier un champ précis pour l'analyse économique et est peu opératoire.

- Définition substantielles : l'économie nous enseigne comment les richesses sont produites, distribuées et consommées dans la société. JB Say.===> cette définition revient à définir une substance à laquelle s'applique le comportement rationnel, la richesse. Cette définition exige de savoir ce que l'on entend par richesse.Au 16e, richesse est population, 16-17e, la richesse est accumulation de métaux précieux.Au 18e, la richesse commence a être définie « comme un ensemble de valeur d'usage » (Smith), soit ce qui est utile. Cette définition est communément acceptée au 19e. Pb, tout ce qui est utile n'est pas nécessairement du ressort de l'économie. De ce fait, on est confronté au même problème que celui posé par la définition formelle : cette définition substantielle ne permet pas d'identifier un domaine précis ou spécifique à l'économie.

Ces deux définitions souffrent du même défaut. Elles ont un point commun ; qui est le même défaut : elles postulent qu'il existe des catégories économiques qui sont universelles, éternelles, toujours valables. Or, ce postulat est faux : rationalité, richesse, production, distribution, consommation, ne sont pas des objets économiques par nature comme le sont lesplanètes pour l'astronome. Ce ne sont pas des données naturelles qui constitueraient le champs de l'économie.

L'économie comme un phénomène historique

Deux exemples de l'histoire des idées :Aristote : on trouve chez lui une distinctions entre deux types d'échanges ;

– l'échange tourné vers la satisfaction des besoins.– L'échange tourné vers l'enrichissement personnel : la chrématistique.

Aristote condamne la chrématistique pour des raisons qui relèvent d'une part de la morale et d'autre part de la philosophie politique. En outre il menace la stabilité de la société grecque, parce qu'il engendre des inégalités. Son propos ne relève pas d'une pensée spécifiquement économique.

Thomas d'Aqun, théologien et philosophe du 13e, auteur de la « Somme théologique ». Il consacre de nombreuses pages au prêt avec intérêt (l'usure). Il met en avant certaines idées qui anticipent les théories actuelles de l'intérêt : les asymétries de l'information, et d'autres. « le temps appartient à Dieu ». Quand T.A se préoccupe de cette question, son objectif est uniquement de déterminer si l'usure est compatible avec les préceptes religieux (l'impératif decharité). Cela ne relève pas très clairement de l'économie.Il n'y a véritablement de la pensée économique qu'à partir du moment où l'on va isoler dans l'ensemble des phénomènes sociaux une sphère d'activités, qualifiées d'économiques, qui est détachée de la morale, de la politique, de la religion, etc.L'économie émerge à la condition qu'elle se sépare de la morale et de la politique.

Section II- l'émergence d'une pensée économique autonome.1/ la coupure entre économie et morale : la fable des abeilles de Mandeville (1714).

Chercheur hollandais, qui s'est fait connaître à Londres par la traduction des Fables de la Fontaine.En 1714, il publie une fable de sa création dans laquelle il met en évidence le fonctionnementd'une société humaine, prenant la métaphore des animaux. M décrit une ruche dans laquelle des milliers d'abeilles travaillent en permanence, dans un seul but, de satisfaire le goût du luxe d'autres abeilles, qui elles sont oisives. La ruche vit en dehors de tout vertu morale, « c'est ainsi que chaque partie étant pleine de vice, le tout étant cependant un paradis. »Le vice semble conduire par effet de composition au bien-être général.La morale de cette fable est que finalement l'égoïsme a une fonction sociale qui permet de dépasser son caractère de vice individuel.

Deux enseignements à tirer de cette fable du point de vue de l'histoire de l'analyse économique : il existe une morale spécifique à l'économie, la recherche de l'intérêt individuel.Cela a pour conséquence de séparer l'économie des considérations morales qui dominaient auparavant. La société chez Mandeville est soumise à un impératif qui est de produire toujours plus de richesses, parce que c'est la raison même de la cohabitation des individus égoïstes.Son objectif sera précisément de démontrer que l'intérêt individuel contribue à la production de richesses nationales.

2/ coupure en économie et politique.

Cette coupure est présente des les écrits de John Locke, médecin philosophe anglais, qui a écrit un ouvrage qui s'appelle « deuxième traité du gouvernement civil ». Il élabore une

théorie politique de la monarchie parlementaire. Il recherche les éléments qui fondent une société politique.Il étudie un état qui précède l'entrée en société, appelé état de nature. Dans cet état, l'être humain dispose de droits que la société politique doit naturellement respecter.C'est un état de nature à 3 niveaux :

– dieu– les hommes– les créatures inférieures : les animaux et la terre.

A propos du deuxième niveau, il formule deux principes :- Dans l'état de nature, il existe une égalité entre individus.

– La propriété sur les créatures inférieures est fondée sur le W.

Chaque homme est propriétaire de sa personne, et donc des produits de son travail, et par suite de la terre qu'il cultive pour satisfaire ses besoins. Comme la société politique doit respecter le droit naturel, le contrat social doit respecter un principe de propriété individuelle liée à l'activité de production. En conséquence, la philosophie politique en tant que domaine de connaissance n'a pas à se préoccuper de la notion de propriété, elle doit simplement veillerà ce que cette notion soit respectée. IL y a donc une coupure entre deux domaines : le politique et l'économie dont l'objet sera d'étudier la propriété et la production. Il y a une conséquence supplémentaire de l'analyse de locke : le fait de reconnaître le caractère naturel de la propriété individuel implique de garantir dans la société la liberté des échanges. Chacun doit pouvoir utiliser comme bon lui semble ce qui lui appartient.

A la suite de Locke et Mandeville, les conditions sont réunies pour qu'émerge un domaine de connaissance autonome, coupé des autres disciplines : l'économie.

Chapitre 2 : l'économie politique au 18e siècle : l'affirmation de la pensée libérale en économie.

Les conditions d'émergence en économie au 18e vont orienter les premières analyses économiques dans une direction bien précise. Les propos de Locke et Mandeville mettent en avant des valeurs particulières :

– la promotion de la recherche de l'intérêt individuel.– Le respect de la propriété individuel.– La promotion du bien-être matériel.

A ces trois valeurs, s'ajoute implicitement l'idée suivante : il existe un mécanisme « naturel » qualifiable de mystérieux, qui si on le laisse fonctionner librement, assure la compatibilité entre l'intérêt privé et l'intérêt général.Plusieurs auteurs aux 18e ont tenté de mettre au jour ce mécanisme et de démontrer qu'il s'incarne à travers le marché. Ces auteurs affirment en conséquence qu'on ne doit pas entraverla liberté des échanges sur le marché car cette liberté est la condition même de la production de richesses.Ces auteurs fondent une école de pensée en économie : l'école libérale.Le libéralisme économique admet comme postulat fondamental que seul le mécanisme libre des prix sur les marchés permet d'obtenir le meilleur usage des moyens de production et la

satisfaction maximale des individus.Parmi les auteurs qui défendent ce point de vue au 18e, le plus influent et aussi le plus complet dans ses analyses est Quesnay. Il est le fondateur de la physiocratie, qui est la première école de pensée économique qui repose sur un E de principes d'analyses.

Section 1 : Quesnay et la physiocratie.

1- les fondements de la physiocratie

La richesse d'un royaume provient uniquement de la nature, des bêtes et de la terre.Seule l'agriculture génère de la richesse ; l'industrie procède par addition de richesses préalablement créées par l'agriculture. Cette position des physiocrates s'appelle la thèse de la productivité exclusive de l'agriculture. Les physiocrates proposent d'analyser une société structurés en 3 classes sociales, et dont le principe d'harmonisation repose sur l'agriculture :

– la classe productive : les fermiers qui louent une terre à un propriétaire foncier en échange d'une rente, il emploi un nombre d'ouvriers salarié, et commercialise les productions sur les marchés agricole.

– Les propriétaires, la rentent qu'ils perçoivent dépend de la capacité des fermiers à écouler leur production sur les marchés.

– La classe stérile : ne produit pas de richesses, les artisans qui correspondent à tous les acteurs économiques qui ne produisent pas de richesses.

Dans cette économie, la question fondamentale pour les P. est la suivante : comment assurer la reproduction du secteur agricole qui est le seul générateur de richesses. Comme la situationéconomique des fermiers dépend des marchés agricoles, cette question peut être reformulés autrement : savoir à quelle condition les marchés agricoles permettent-il la reproduction de la richesse. La condition essentielle pour que l'agriculture puisse se reproduire est que sur les marchés agricoles, le prix de vente soit supérieur au coût de production. On dit que la valeur vénale (prix d'un bien agricole) doit être supérieur au prix fondamental, le coût de production.Les P. définissent alors une notion appelée le « produit net » = la valeur vénale – le prix fondamentale. Pour que l'agriculture puisse se reproduire, il faut donc simplement que le produit net soit positif et suffisamment épais pour inciter à l'I agricole. Quesnay suppose par ailleurs que les techniques de productions restent inchangées de sorte que le prix fondamentalsoit constant.Finalement, les variations du produit net dépendent uniquement des variations de la valeur vénale.Q défini ce qu'il appelle un bon prix : un prix de vente d'un bien agricole qui a deux caractéristiques : suffisamment élevé pour assurer un produit net suffisant et suffisamment stable pour inciter à l'investissement agricole sur le long terme.Quest : à quelle condition le marché des biens agricoles fait-il apparaît un bon prix ?

II- L'analyse du marché des grains de Quesnay.

Méthode d'analyse : compare la situation de la france et de l'angleterre.France : protectionniste, interdiction du commerce des grains international, et du commerce intra-national. Angleterre : Pratique le libre-échange, import-export, libre circulation.

Dans cette ferme, Q analyse l'évolution du produit net suivant les années et en fonction des quantités produites et de l'évolution du prix.

A) Le cas de la France :

Années setiers par arpent prix du setier (livre) total prix fondamental par arpent

abondantes 7 10 70 74

bonnes 6 12 72 74

médiocres 5 15 75 74

faibles 4 20 80 74

mauvaises 3 30 90 74

Total 25 87 387 370

Ce tableau permet de mettre en évidence d'une économie sans liberté de commerce.

a) une forte variabilité du prix agricole.

Comparaison des variations de production et de prix dans le cas de la France.

Années A B M F MPn 1 -14% -28% -42% -57%Px 1 +20% +50% +100% +200%

On observe que le taux auquel le prix augmente est supérieur au taux auquel la production décroît.L'élasticité prix est supérieure à 1 et négative.Une des deux propriétés du bon prix n'est pas respectée.

b) un produit net insuffisant

Il n'appuie sur 3 notions pour analyser le produit net :– le prix commun de l'acheteur : chaque année, un consommateur de grain achète la

même quantité.On se trouve dans une économie de subsistance : chaque individu consomme uniquement ce qui lui est nécessaire pour survivre. Le PCA (prix commun de l'acheteur) ne dépend que des variations du prix.PCA : dépense annuelle moyenne d'un consommateur par setier (=17,4 livres).

– PCV (prix commun du vendeur.), recette annuelle du vendeur par setier avant déduction du coût.

– PCFondamental : coût de production annuel moyen par setier.

La soustraction des 1 derniers = produit net annuel moyen.Pour Q, ce produit net annuel moyen est très faible, mais est surtout insuffisant pour rémunérer de manière significative le K investit.Dans cette situation, d'après lui les capitaux disponibles ne se dirigeront pas vers l'agriculture,ce qui compromet la reproduction de l'agriculture.La seconde condition du bon prix n'est pas respectée.C-Une divergence d'intérêts

Le fermier préfère les années mauvaises car son produit net est alors le plus élevée.L'acheteur de grain, qui consomme chaque année la même quantité préfère lui l'année abondante où le prix est le plus bas.

Une économie sans liberté de commerce n'est pas en mesure de reproduire la richesse ni d'assurer la convergence des intérêts.

B/ Le cas de l'angleterre Années setiers par arpent prix du setier (livre) total prix fondamental par arpent

/arpent.

abondantes 7 16 112 74

bonnes 6 17 102 74

médiocres 5 18 90 74

faibles 4 19 76 74

mauvaises 3 20 60 74

Total 25 90 440 370a) une stabilité du prix.

Le taux auquel le prix augmente est inférieur au taux auquel la production diminue.Le prix ne sur réagit plus aux variations de productions. Il est donc stable.Ce phénomène s'explique par une réduction de l'échelle de variations des prix, qui elle-même s'explique par le libre commerce.Quand la production est abondante, on en exporte une partie, ce qui limite la baisse du prix. Quand la production est insuffisante. On importe ce qui limite la hausse du prix. Grâce à la liberté de commerce, une des deux propriété du bon prix est respectée.

Chapitre 3 – Adam Smith et la sociétémarchande

1776 : recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations.

Objectifs de Smith dans la RDN :

Cet objectif trouve son origine dans la formation intellectuelle de Smith. Il suit àl’Université de Glasgow les cours de Hutcheson. Ce dernier est partisan duNewtonianisme social, qui est une philosophie morale et sociale calquée sur la physiquede Newton. Sa physique renvoi l’image d’un monde ordonné, harmonieux, réglé par unprincipe explicatif unique qu’est la loi de la gravitation.

Newtonianisme social : Théorie qui cherche dans le domaine des relations humaines unprincipe explicatif analogue qui permettrait de comprendre l’harmonie de la société(pourquoi la vie en société est possible ?)

Smith reprend à son compte ce programme de recherche. Cela aboutit en 1759 à lapublication de son ouvrage : la théorie des sentiments moraux. Cet ouvrage cherche àrépondre à la question suivante : quel est le principe qui explique l’émergence des règlesmorales respectées par tous et garantes de l’harmonie sociale ?

Selon Smith, ce principe de sympathie est « une propension naturelle à se mettre à laplace de l’autre, à ressentir toute chose à la place d’autrui ». Ce principe explique le faitque l’on ne vole pas, qu’on soit charitable, etc.

Après cet ouvrage, Smith voyage en France et rencontre Quesney. Smith prendconscience de l’existence d’un nouveau domaine de connaissance, l’économie politique, etdécide de s’y consacrer. Dans le même temps, il lit la Fable des abeilles de Mandeville.Cette orientation aboutit à la publication de la richesse des nations. Le 2eme ouvrage neconcerne plus la sphère des règles morales mais le domaine de la relation économique.Néanmoins, Smith s’inscrit toujours dans la perspective du N.S. La Question posée dansla RDN est la suivante : « quel est le principe qui explique l’ordre et l’harmonie de lasphère économique.

Réponse de Smith : la recherche de l’intérêt individuel…

I-Division du travail et échange chez Smith

a) Division du travail

La 1erre question exposée est : quelles osnt les causes de la richesse des nations ?

Il identifie 2 éléments :

- l’habilité, l’intelligence et la dextérité qu’on apporte dans le travail = puissanceproductive

- la proportion entre travail productif et le travail improductif (production de biensvs services)

La question est de savoir lequel des deux facteurs contribue le plus à la richesse desnations. L’exemple des sociétés primitives (pauvres) montre que le facteur déterminantpour la création de richesse est le premier. Qu’est-ce qui augmente cette puissanceproductive ? Pour Smith, c’est la division du travail qui augmente cette puissance àtravers trois leviers : la spécialisation (hausse de l’habileté, facilite l’invention desmachines, permet un gain de temps.

a) Division du travail et intérêt individuel

Quel est le principe qui donne lieu à la division du travail ?

Smith affirme qu’il existe une spécificité de l’H à l’animal. L’H a un penchant naturel àl’échange, et pour satisfaire ce penchant ne peut faire appel à l’altruisme de l’autre.Pour satisfaire ce penchant, il faut au contraire satisfaire l’intérêt individuel des autres.Dans ce contexte, l’homme a intérêt à se spécialiser dans une activité particulière car çaaugmente sa puissance productive et donc ses possibilités de susciter l’intérêt desautres.

Penchant à échanger intérêt individuel division du travail

b) L’économie d’échange monétaire

Dans l’histoire des sociétés, la division du travail s’est développée peu à peu etchaque individu est devenu un marchant. Le développement de cette division dutravail crée une interdépendance et la société devient une économie d’échange. Cetteinterdépendance rencontre une limite : le problème de la double coïncidence desbesoins.

Rapidement, une économie de troc va cesser de fonctionner en raison de ce problème.Pour le résoudre, les sociétés ont inventé des intermédiaires des échanges. Cetintermédiaire doit posséder trois qualités :

- conservation

- division

- être marqué (reconnu)

Au fond, la monnaie chez Smith n’est qu’un intermédiaire des échanges, un « voile »et n’intervient en rien dans la détermination des prix. Smith développe une approche« réelle » de l’économie, c’est-à-dire une économie de troc dans laquelle les prix sontdéterminés en termes réels, sont sous la forme de rapports de quantité échangés. Lamonnaie n’est introduite que comme simple moyen pour faciliter les échanges.

A ce stade, la société de Smith est une économie d’échange généralisée et monétaire.Dans cette société, la question centrale est : quel est le fondement de la valeurd’échange des biens ? qu’est-ce qui la détermine ?

II-La théorie de la valeur chez Smith

a) Le fondement de la valeur

- Valeur d’usage : la satisfaction de l’usage d’un bien

- Valeur d’échange : faculté que donne un bien d’en obtenir un autre.

Pour Smith, pas de lien entre les deux valeurs. Cette dissociation entre VU et VEn’est pas tant une erreur théorique que la conséquence de sa vision de la société.

Explication : la société est par nature « commerçante », et chaque homme unmarchand. Les hommes ne sont pas identifiés par le stock de biens dont ilsdisposent mais par leur capacité à acquérir le bien des autres. Les biens ne sontpas considérés comme des moyens d’obtenir de la satisfaction mais comme desmoyens d’obtenir d’autres biens. Dans cette société, la richesse réside dans lepouvoir d’acquérir des biens produits par d’autres. Cette richesse est une formede commandement sur le travail des autres. C’est un droit de commandementsur le travail d’autrui, sur tout le produit de ce travail existant en marché. Lefondement de la valeur des biens est donc le « travail commandé ».

a) La mesure de la valeur d’échange

Problème : pour mesure la V.E. il faut trouver un étalon qui donne unemesure définie et invariable de cette valeur. Cela revient à trouver une valeurd’échange invariable à l’aide de laquelle on mesure toutes les autres valeursd’échange.

Après vacs.

En réalité, ce tableau dissimule une loi économique qui est la loi des rendementsdécroissants de l’agriculture. On trouve dans ce tableau le raisonnement suivant : quandla population augmente, on suppose que la quantité de travail augmente d’autant, maisla production agricole augmente moins que proportionnellement si bien que le produitpar tête diminue. Ce raisonnement permet par la suite de comprendre quel est lemécanisme qui équilibre population et subsistance.

Mécanisme : on considère un pays où la nourriture est tout juste nécessaire pour nourrirles habitants. La population augmente alors même que la subsistance reste identique.

La quantité de travail demandée reste constante alors que l’offre de travail augmente.Dans le même temps, la quantité de bien agricole demandée augmente alors que l’offrede ce bien reste constante le prix du bien agricole augmente. Les plus pauvres viventmoins bien. A moyen terme, quand une offre de bien agricole supplémentaire peut-êtreproduite, la baisse des salaires entraine une augmentation de la quantité de travaildemandée, et une augmentation de la quantité de subsistance produite les contraintesà l’augmentation de la population, soit la possibilité pour les nouveaux arrivants de senourrir, se relâche. La subsistance devient à la mesure de la population en raison dela loi des rendements décroissants, le produit par tête diminue. A ce stade duraisonnement, on peut se demander si la baisse du produit par tête n’a pas en retour deseffets sur la dynamique de la population.

2/ la régulation démographique chez Malthus.

La baisse du produit par tête est à l’origine de deux freins à l’expansion démographique.

Frein « positif » qui joue a posteriori (après que la pop ai augmenté). La baisse duproduit par tête entraîne une sous-alimentation qui provoque une mortalité plus élevée.

Frein « préventif » qui joue avant que la pop augmente. La baisse du produit par tête finipar décourager les mariages car les parents n’ont plus la certitude de pouvoir nourrirleurs enfants.

La natalité diminue et de ce fait la population augmente moins qu’elle n’aurait dû.

Une baisse du produit par tête diminue donc la population et tend à conduire la sociétévers un état stationnaire où le niveau de la population.

Cette conclusion contraste fortement avec l’optimisme qui était présent chez Smith(celui-ci insistait sur la capacité d’une nation à être toujours plus riche). Ensuite,Malthus applique ses analyses aux lois sur les pauvres.

3/ les implications économiques de l’analyse de Malthus.

Les lois sur les pauvres ont une conséquence néfaste qui est de créer ceux qu’elle assiste.Dans le détail, Malthus avance deux arguments contre les lois sur les pauvres.

1er argument : l’aide monétaire a pour conséquence d’augmenter le prix de la subsistancesans améliorer le niveau de subsistance.

Hypothèse :

- On suppose que l’offre du bien agricole est inélastique à court terme.

- L’instauration de la taxe qui finance l’assistance monétaire, n’entraîne pas unebaisse de la demande de subsistance pour ceux qui sont taxés.

CF schéma OD Qté avec déplacement courbe de prix car pauvres se mettent à manger.

On observe une hausse du prix de la subsistance sans augmentation de la quantité decelle-ci. 2eme argument : l’aide monétaire incite les pauvres à faire plus d’enfants qu’ilsn’en feraient sans celle-ci. Cela se produit d’autant plus qu’en réalité le montant del’assistance est proportionnel au nombre d’enfants.

En résumé, les lois sur les pauvres augmentent le prix de la nourriture, lapopulation, et donc réduit encore d’avantage le produit par tête. Malthusréclame l’abrogation de ces lois qui seront finalement supprimés en 1834. Laposition de Malthus à l’égard de cette loi sera reprise par la quasi-totalité deséconomistes aux 19eme.

S.Mill, Ricardo, Say… tous seront pour l’abrogation de ces lois.

Conclusions sur Malthus : d’un point de vue de l’HAE, il a deux apportsimportants de Malthus :

- Il montre la nécessité de prendre en compte les rendementsdécroissants dans l’agriculture (1ere rupture par rapport à Smith).

- M met en cause la capacité de la société marchande (celle de Smith) àassurer une opulence toujours plus grande.

Ces deux apports vont être repris par Ricardo qui va amendersignificativement la théorie de Smith.

II – Ricardo et l’état stationnaire.

1817 : sur les principes de l’économie politique et de l’impôt.

Comme l’ouvrage de Malthus, l’ouvrage de Ricardo trouve son origine dans des débats depolitiques économiques de l’époque.

1815 : adoption par le parlement anglais de lois CornLaws. Lois protectionnistes quiimposent une restriction d’importation et d’exportation de blé. Ces lois ont favorisé lespropriétaires fonciers car elles permettent de pousser le prix du blé à la hausse en cas depénuries, ce qui génère des rentes élevées. Ricardo est opposé à toute forme deprotectionnisme et cherche dans son ouvrage à démontrer le caractère néfaste de ceslois. Les CL entraînent d’abords une hausse du prix du blé, ce qui provoque une haussedes salaires, qui elle-même entraîne une baisse des profits, laquelle provoque un arrêtde l’accumulation du capital et finalement, l’apparition d’un état stationnaire. Cetobjectif l’amène à étudier deux choses : la façon avec laquelle les salaires et les profits sedéterminent. Ce qui en conséquence l’amène à reprendre la théorie de la valeur deSmith…

A/ Travail commandé vs travail incorporé.

La Th. De la valeur de Smith repose sur un postulat : l’invariabilité de la VE du travail.Ce postulat permet de mesurer toutes les valeurs d’échange des biens (car chacune peutêtre mesuré à l’aide de la valeur d’échange du travail). Selon Ricardo, ce postulat esttotalement faux. La VE du L est variable et l’est tout le temps, à CT comme à LT.

- A CT : la valeur d’échange du L à CT dépend de la proportion entre : unedemande représentée par un fond de K accumulé par le paiement des salaires, etune offre représentée par le nombre de travailleur.

Suite sur papier

Pn est nécessairement fixé par la quantité de travail que l’on utilise pour produire dubien agricole sur la terre la moins fertile qui est utilisée.

Cette terre moins fertile ne peut pas servir de rente car Pn – L2 = 0. Il n’y a aucunmoyen de payer une rente une fois que le prix naturel a servi à payer le coût deproduction en travail.

En revanche, sur la terre 1 apparaît 1 différent ou > 0, entre Pn et L1 ( car L1<L2), Pn –L1 > 0. Cette différence est donc utilisée pour payer 1 rente. R1 = Pn – L1.

CL sur la rente :

La rente varie selon la fertilité de la terre.

La rente est différentielle.

S’il existe une rente sur une terre, parce que le prix naturel est supérieur à la quantitéde travail utilisé sur cette terre. Le prix naturel ne comprend pas de rente. En passant àla société avancée, la rente est un effet de la VE (puisqu’elle n’en est pas/plus unecause).

Le profit :

La réponse de Ricardo consiste à considérer qu’il existe du K aussi bien dans la sociétéprimitive que dans la société avancée. Pour cela, il faut supposer que dans la SP il adeux types de travail :

- Le L direct : consacré à la production du bien.

- Le L indirect : le temps de travail qui est consacré à la production des moyens deproduction (à l’arc ou la flèche).

La VE est déterminée par ces 2 types de travail. Pour Ricardo, le profit est présentaussi bien dans la SP que dans la SA, sous la forme d’une rémunération du K (pourlui le K est le produit d’un L passé).

Conséquence de cette T de la VE sur la dynamique de la croissance.

A ce stade, pour Ricardo, toute valeur se décompose entre :

- 1 valeur Y créé par le L direct dépensé dans la pn.

- 1 valeur A créée par le L indirect incorporé dans la fraction de K dépensée dansla production.

La valeur ne peut servir de source pour verser des revenus aux classes sociales carelle doit servir à reconstituer le k détruit. Seul la valeur crée par Ld peut êtrerépartie sous forme de revenue entre les classes. On a donc 1 valeur Y crée par Ld ;si Y – Ld > 0, on peut alors verser une rente R. Il reste alors Ld, à répartir entresalaires et profits. Ld = W + II.

Pendant une période de production, Ld est 1 grandeur donnée qui doit être répartieentre salaires et profits. W et II varient de façon inversement proportionnelle.

Pour Ricardo, on s’aperçois que capitalistes et salariés sont les deux classesfondamentales de la société, et leurs intérêts sont opposés. Il y a pour Ricardo uneconséquence plus grave de ce résultat (Ld= W + II).

- W : la masse des salaires dépend du taux de salaire individuel moyen. W = w Ld

- W dépend à LT de l’évolution du prix de la subsistance : w augmente si ce prix dela subsistance augmente.

- Comme Ld = W + II, alors Ld = wLd + II et II = Ld(1-w)

Plus les salaires sont élevée, plus la masse des profits II est faible…Ce résultat a desconséquences directes sur l’évolution de l’économie à long terme.

Dans le modèle, le capitaliste est mû par un désir de richesse, n’ayant pas le pouvoirde baisse w, il ne peut qu’augmenter Ld (embaucher d’avantage). Pour cela il fautaugmenter la production de bien de subsistance ce qui implique de mettre en culturede nouvelles terres. Or, les rendements sont décroissants, ce qui a pour conséquencequ’il faut donc augmenter la quantité de travail incorporé dans la production de lasubsistance.

La VE de cette subsistance augmente en conséquence, ce qui entraîne à LT unehausse de w, le salaire individuel moyen. II = Ld (1 – w). Selon Ricardo, l’effetnégatif de la hausse de w sur II l’emporte sur l’effet positif de la hausse de Ld sur II.

A long terme, cette baisse des profits entraîne l’arrêt de l’accumulation du K,puisque ce dernier rapporte de moins en moins l’économie atteint un étatstationnaire.

Seule solution pour retarder ce processus d’arrêt de l’accumulation du capital selonRicardo :

- Il faudrait importer du blé (=subsistance) de pays où les terres sont encore peuutilisés, de sortes qu’elles sont plus fertiles qu’en Angleterre et que leur mise enculture n’entraîne pas une hausse du prix du blé.

- Il faut donc finalement abroger les lois sur les blés pour permettre l’échangeinternational.

Comme Malthus, Ricardo modère fortement l’optimisme économique de Smith(quant à la capacité du Kisme à créer toujours plus de richesse).

Chez Ricardo, cette conclusion relative à l’état stationnaire relève de deux causes :

- Interne au Kisme : le lien entre salaire et prix de la subsistance.

- Externe : la loi des rendements décroissants qui est une loi naturelle. Cette causeexterne ne peut en aucun cas être neutralisée. La croissance est donc unprocessus qui prendre toujours fin.

- Il y a cependant un aspect de l’analyse de Smith qui n’est pas remis en cause parRicardo : la théorie de la gravitation. Pour Ricardo, le marché a la capacité grâceà la gravitation, de rendre les intérêts convergents et de satisfaire les besoins detous.

Cette conclusion va au 19eme être elle aussi remise en cause par Marx.

Chapitre 5 : Marx et la critique de l’économieclassique

Ouvrage principal : Le capital.

1er volume : 1867

2, 3eme : 1885 et 1894

I- Marx et l’économie politique

Quand Marx s’intéresse à l’économie politique il applique une grille de lecture quisous-tend toute son œuvre.

A) Le matérialisme historique.

Le MH est donc une grille de lecture de la société qui s’appuie sur deux idées :

- Une philosophie de l’histoire : l’histoire est l’ évolution de la société humainesuivant un cours déterminé, autrement dit il a un sens à l’histoire. Les sociétéshumaines passent nécessairement par un certain nombre d’étapes.

- Une vision dialectique : l’évolution des SH, dans sa dynamique, prend la force del’apparition de contradictions, contradictions qui sont ensuite dépassés par lasociété elle-même pour faire apparaître un nouveau stade de la société.

S’agissant de la description chez Marx d’un stade précis du développement de lasociété, on trouve deux notions, qui combinées, définissent un mode de production :

- Un niveau de développement des forces productives, cad une organisationtechnique particulière de la production (travail à l’usage, machinisme ou non,travail à domicile,..).

- Un type déterminé de rapports de production, cad une relation juridiqueparticulière entre les agents (salariat, esclavage, propriété privée ou collective)

Dans l’évolution des sociétés, et dans un premier temps, les rapports de productionRP favorisent le développement des forces productives ; mais ces RP deviennent uneentrave, de sorte qu’ils sont en contradiction avec les forces productives. Cescontradictions sont ensuite dépassées : on voit apparaître un nouveau mode deproduction, qui est constitué de nouveaux rapports de production et d’un état plusavancé des forces productives.

Exemple : passe de la société féodale à la société capitaliste.

Société féodale : force productive peu développé, essentiellement agricole. Le RP =servage, lien de dépendance entre un paysans et un seigneur. Dans cette société estapparu un développement de technique de production dans l’agriculture qui s’esttraduit par une révolution agricole. Cela entraîne des gains de productivité dansl’agriculture, si bien qu’il n’a plus été nécessaire de mobiliser toute la populationpour qu’elle produise sa propre subsistance. En conséquence, un supplément de maind’œuvre s’est trouvé disponible, notamment pour être utilisées dans l’industrienaissante (manufacture). Le RP du servage rendait impossible la mobilité du travailet donc le passage à une production de masse dans l’industrie : il y a contradictionentre RP et FP. Cette contradiction a été dépassée grâce à l’instauration du salariat,nouveau rapport de production dont la combinaison avec les FP localisées dansl’industrie a donné naissance au capitalisme. Ce raisonnement, d’après Marx, peuts’appliquer à toutes les étapes de l’histoire.

A) Objectif poursuivi par Marx dans le capital.

Son objectif est de proposer une économie politique qui s’inscrirait directement dansle cadre du matérialisme historique. Cette démarche s’oppose très clairement à celledes classiques car ces derniers insistent tout au contraire sur la dimension naturelledes lois économiques (en tout temps et en tout lieu, penchant naturel à échanger,…)et rejette toute dimension historique à ces lois. Plus précisément Marx souhaitedémontrer que le mode de production capitaliste est :

- Comme tous les autres, un mode d’exploitation mais qui a la particularité dedissimuler celle-ci.

- Comme tous les autres, il est traversé de contradictions qui conduiront à saperte, (pour Marx, une de ces contradictions, est le phénomène de baissetendancielle du taux de profit).

II – Analyse du travail salarié : plus-values et exploitation

L’objectif de Marx est d’analyser le rapport sociale qui se cache dans l’échange entre dutravail et un salaire : le salariat, qui est donc le rapport de production spécifique aucapitalisme.

Pour atteindre cet objectif Marx commence par distinguer sur le marché, deux types decirculation de marchandises :

- M-A-M’ : marchandise contre argent contre marchandise. Le but de cettecirculation est d’obtenir une différence qualitative entre M et M’, qui sont doncdeux marchandises de valeurs d’usage différentes.

- A-M-A’ : Ce qui est visée dans cette circulation, c’est une différence quantitative.La question abordée par Marx est donc de savoir d’où provient cette différencequantitative :

- Cette différence ne peut provenir de l’échange entre A et M car il ne s’agit qued’un échange d’équivalent (A est l’équivalent monétaire de la valeur d’échange deM).

- Cette différence ne peut provenir que de l’échange entre M et A’, car il s’agit ànouveau que d’un échange d’équivalent.

Cette différence entre A et A’ ne peut provenir que de l’usage de M. Il existe doncune marchandise particulière dont l’usage crée un supplément de valeurd’échange.

L’objectif de Marx c’est d’identifier cette marchandise particulière. Pour cela, ilétudie le rapport de production spécifique du mode de production capitaliste : lerapport salarial.

A) L’échange entre salaire et travail.

Dans cette échange, la marchandise concernée est la « force de travail » : « ensemble desfacultés physiques et intellectuelles qui existent dans le corps d’un homme » et qu’il meten mouvement pour produire des choses utiles.

Deux conditions pour que cet échange se produise : il faut que le possesseur de la forcede travail et le possesseur d’argent puissent se rencontrer sur le marché. Pour cela ilfaut que les deux soient libres se disposer de leur marchandise à leur gré. Il faut que lepossesseur de la force de travail ne puisse pas utiliser lui-même celle-ci pour produire (il

ne dispose pas de moyens de production). Ces 2 conditions sont spécifiques du MPcapitaliste, elles impliquent :

- Un système de salariat

- Une accumulation de capital dans les mains de quelques-uns.

La question est de savoir, une fois ces deux conditions réunies, comment se détermine lavaleur d’échange.

Théorie de la valeur de Marx ?

Marx reprend la distinction classique entre valeur d’usage et valeur d’échange.

VU : la capacité d’un bien à satisfaire des besoins.

VE : proportion dans laquelle des VU données s’échangent entre elles.

Pour établir cette proportion il faut un élément commun qui lui-même permette d’établirun rapport quantitatif. Or, le seul élément commun entre des valeurs d’usage de naturesdifférentes est qu’elles sont toutes le produit du travail. C’est donc le travail qui vafonder la valeur d’échange. Pour mesurer cette valeur d’échange, Marx retient la notionde travail incorporée. La VE d’un bien est égale à la quantité de travail socialementnécessaire qu’il a fallu pour le produire.

Cette notion permet de mesurer la valeur d’échange de la force de travail :

- La VE de la FDT est déterminée pour le TTSN qu’il faut pour la produire.

- La FDT se reproduit en consommant une certaine quantité de subsistance.

- Par conséquent, le TTSN à la production de la FDT est égal au TTSN à laproduction de la subsistance. Cette subsistance est utilisée par la FDT à des finsde consommation et de reproduction.

Pour déterminer la VR de la FDT, il faut déterminer la VE de la subsistance nécessairepour la produire.

Exemple : Pour se reproduire, la FDT doit chaque jour consommer une quantité desubsistance qui est produite en 6h. En conséquence, la VE de la FDT est donc de 6h. Çadétermine ensuite l’équivalent monétaire de ces 6h en mesurant la quantité d’orproduite dans les mines durant ces 6h. Supposons que cette quantité d’or est équivalenteà une pièce d’un écu.

VE de la FDT = 6h = 1 ecu.

Si le possesseur d’argent achète la FDT à cette valeur d’échange, il la paye « à sa justevaleur ». SI on s’en tient à cette analyse, située dans une sphère de la circulation desmarchandises, on peut avancer les conclusions suivantes :

- 2 participant sont libres = liberté

- ------------------- sont dans une position égale = égalité

- ------------------- sont propriétaires = propriété

- Ils sont en présence l’un de l’autre en raison de leurs intérêts mais en celacontribuent à l’intérêt général.

A ce stade, la maxime du capitalisme est donc liberté, égalité, propriété, intérêt général.

Toutefois, à ce stade, on ne parvient toujours pas à expliquer d’où provient lesupplément de valeur d’échange dans la circulation A-M-A’.

Marx affirme que pour expliquer ce supplément (A’ – A), il faut quitter la sphère de lacirculation et s’intéresser à la sphère de la production.

B) La sphère de la production : l’origine de la plus-value.

Sphère de la production

Le possesseur d’argent, une fois qu’il a acheté la force de travail, s’en approprie la VU.Cela signifie :

- Qu’il peut l’utiliser comme il le souhaite.

- Que le produit de cet usage lui appartiendra.

Une conséquence de cette situation est que le possesseur de la FDT pourra dépenser auservice du possesseur d’argent plus d’heures que le nombre d’heure qu’il faut pourproduire la subsistance.

Exemple :

- TTSN de production de la subsistance est de 6h.

- C’est à ce prix que se fait l’échange FDT/salaire : A – M

- Supposons que le possesseur d’argent fasse travailler la force de travail pendant10h

- Le travailleur travail 4h de plus que le TTSN à la production de la subsistance.

- Durant ce temps, il produit, au service du capitaliste, des marchandises qui ontune VU.

- Ces marchandises vont être à l’origine, sur le marché, d’un supplément de VE : M– A

- Ce supplément va être appelé « plus-value ».

« la valeur que la FDT possède et celle qu’elle peut créer diffère de grandeur, est c’estcette différence que le capitaliste avait précisément en vue ». L’objectif du capitaliste estd’augmenter sans-cesse la plus-value. Pour cela il a deux moyens :

- Soit il augmente le temps de travail journalier de la FDT (PV absolue)

- Soit il réduit le temps de travail qui est équivalent au TTSN à la production de lasubsistance.

Le k peut tenter de réduire le TTSN à la production de la subsistance, de sorte que laVE de la FDT diminue et que, donc, la PV augmente. Cela consiste à augmenter la PVrelative.

Pour cela, il suffit d’augmenter la productivité dans la branche qui produit lasubsistance.

Conclusion : Marx montre que le rapport social du salariat est donc un rapportd’exploitation : le capitaliste s’accapare une PV crée par le travailleur. S’il est en mesurede faire cela, c’est parce qu’il est le seul à posséder les moyens de production. Il ne s’agitpas d’un vol, seulement d’une conséquence des caractéristiques du MP capitaliste(salariat + appropriation du K). Le seul moyen de mettre fin à cette exploitation est demettre fin au capitalisme. Au final, Marx propose une critique radicale de la sociétémarchande de Smith : là où Smith ne voyait, dans cette société, qu’un échanged’équivalent sur le marché et une convergence d’intérêt, Marx voit une sociétéd’exploitation.

Chapitre 6Chapitre 6 : origines et fondements de la théorie néo-: origines et fondements de la théorie néo-classiqueclassique : l’économie Walrasienne: l’économie Walrasienne

Acte de naissance de la T. néo-classique :

Cette T trouve son origine dans une révolution théorique qui se produit dans les années1870, et est orchestrée par 3 auteurs :

- W.S Jevons (1871)- K. Menger (1871)- L. Walras (1874)

Ces 3 auteurs ont en commun de mettre en avant une loi psycho-économique qui est laloi de l’utilité marginale décroissante. L’augmentation d’utilité consécutive à laconsommation d’une unité supplémentaire diminue à mesure qu’augmente les quantitésde biens consommés. La notion d’utilité totale n’était pas ignorée par les classiques. Enrevanche, la notion d’utilité marginale était ignorée de ces classiques, et c’est cettenotion qui va être à l’origine de la révolution théorique. Cette notion va avoir troisconséquences :

- La loi de l’utilité marginale décroissant implique qu’un individu n’accepterad’augmenter sa consommation d’un bien que si le prix de ce bien diminue : eneffet, cette augmentation de consommation n’importera pas une augmentationd’utilité qui est aussi forte que celle apportée par la dernière unité précédemmentconsommée. En clair, la consommation ne peut augmenter que si le prix diminueet cette proposition est finalement la traduction de la loi de demande. Ce résultatest une victoire par rapport à la théorie classique qui elle ne parvenait pas àfonder la loi de demande.

- Cette loi implique qu’un individu maximise son utilité quand le rapport desutilités marginales des biens consommés est égal au rapport des prix.

Dans une éco à deux biens : U1/U2 = P1/P2

VU VE

Cette égalité met en relation la VU et la VE, contrairement à ce qu’affirmait leparadoxe de l’eau et du diamant. Plus précisément, cette égalité revient donc àdémontrer que la VU détermine la VE.

Comme les utilités marginales des biens dépendant elles-mêmes des quantités deces biens ça implique que les prix sont également déterminés par la raretérelative des biens.

Le fondement de la VE des biens est donc l’utilité-rareté de ces biens. Cetteconclusion est une remise en cause de la théorie classique qui elle voyait dans letravail le fondement de la valeur.

- Le théorème du rapport entre utilité marginales et prix invalide la T de lagravitation de Smith : le prix de marché n’est plus déterminé in fine par un prixnaturel vers lequel il convergerait, mais simplement par l’utilité-rareté de cesbiens.

La conjonction de ces 3 conséquences aboutit à faire émerger une nouvelle théoriequi est une remise en cause de la T classique. Dans un premiers temps, cettenouvelle T est appelée T marginaliste parce qu’elle repose sur le concept d’utilitémarginale. Le terme « néo-classique » est inventé en 1900 par Veblen, à l’occasiond’une critique de la théorie marginaliste qui pointe le fait que cette théorie surles principes fondamentaux (notamment l’apologie du marché), rejoint lesconclusions de la T classique.

Parmi les 3 auteurs marginalistes, celui qui aura le plus d’influence estincontestablement Walras.

I – l’économie politique pure de Walras

Walras, son principal ouvrage est « les éléments d’économie politique pure » (1874 –1877).

On trouve chez Walras, principalement trois apports à la théorie économique :

- Il propose une définition de l’économie qui ouvre la voie à la mathématisation decelle-ci.

- Il démontre qu’il est possible de déterminer l’équilibre général d’une économie,cad déterminer un système de prix qui assure l’égalité de l’offre et de la demandesimultanément sur tous les marchés.

- Il explicite le mécanisme qui permet à l’économie de converger vers ces prixd’équilibre général.

A) La définition de l’économie.

Celle-ci trouve sa place dans une classification des sciences qui elle-même reposesur une classification des faits.

Classification des faits

Walras : 2 types de faits

- Les faits naturels : ils trouvent leur origine dans le jeu des forces de la nature

- Les faits humanitaires : trouvent leur origine dans la volonté des humains.

Ils se divisent en deux :

- Les FH qui concernent le rapport des hommes aux choses.

- FH qui concernent le rapport des hommes entre eux.

Classification des sciences

Chaque type de fait relève d’un type de science :

- Les faits naturels relèvent de la science pure naturelle, cad un corps systématiséde propositions qui sont retenus au nom d’un critère de vérité.

- Les FH qui concernent le rapport des hommes aux choses relèvent de la scienceappliquée : l’art. c.-à-d. un ensemble de règles pratiques qui sont destinées à larésolution d’un problème concret et son retenus au nom d’un critère d’utilité.

- FH qui concernent le rapport des hommes en eux qui relèvent de la sciencemorale, cad un art de la conduite humaine qui indique comment utiliser les facultéshumaines pour promouvoir le bien est dont le critère est le juste.

L’objet de l’économie

L’objet de l’économie est l’ « étude de la richesse sociale », cad « l’étude de toutes leschoses matérielles et immatérielles qui sont rare », cad « utiles et en quantitélimité ». Le concept central de l’économie est donc celui de rareté. Cette rareté a 3types de conséquences :

- La rareté suscite l’échange l’économie doit proposer une théorie de l’échange.

- « ----------------------------------» la propriété --------------------------- la propriété

- ---------------------------------------la production ------------------------------la production.

L’échange : cet échange implique l’existence d’un prix.

Or, le prix :

- Est un fait naturel car il s’impose à chaque individu en raison de la concurrence(même s’il est le produit de l’ensemble des volontés individuelles.).

- Est une grandeur mathématique sur laquelle on peut effectuer toutes lesopérations mathématiques.

- La théorie de l’échange est une science pure naturelle et est une branche desmathématiques.

Walras va dénommer cette théorie de l’échange « l’économie politique pure »(développée dans les EPP, 1874).

La production : celle-ci engendre la division du travail, qui, elle, relève desrapports des hommes aux choses.

La théorie de la production est une science appliquée. Walras l’intitule « économiepolitique appliquée », qu’est développé dans les « études d’économie appliquée ».

La propriété : les différents régimes de propriété relèvent des rapports des hommesentre eux. Walras l’intitule « économie sociale », qui est développée dans les « étudesd’économie sociale ».

Le statut de la théorie de l’échange (théorie de l’équilibre générale)

Cette théorie est une science pure, qui à ce titre fait 2 choses :

- elle utilise les mathématiques

- Elle utilise la méthode rationnelle

Méthode expérimentale/ rationnelle

Expérimentale : décrit les phénomènes à partir de l’expérience et tirer des loisgénérales à partir de faits particuliers.

Rationnelle : empruntée aux maths, elle procède en trois étapes :

- Définit des types idéaux par abstraction.

- Elaboration de la théorie pure sur la base de ces types idéaux définit de manièretotalement arbitraire, grâce au résonnement logique.

- Application des conclusions de la théorie pure à une réalité imparfaite.

La théorie de l’équilibre général est donc un modèle abstrait des échangesconcurrentiels idéaux qui :

- Echappent à l’exigence d’une affirmation expérimentale.

- Peut voir ses conclusions utilisés pour résoudre des problèmes concrets.

Au final, Walras définit cette théorie de l’EG de la manière suivante : cette T a pourobjet « la détermination des prix au moyen des mathématiques dans un régimehypothétique de libre concurrence absolue ».

Cette définition conduit Walras à examiner la possibilité mathématique de déterminerles prix d’équilibre. Une fois déterminé le prix d’équilibre général (prix qui assurent unéquilibre simultané sur tous les marchés) il reste à expliciter le processus qui conduitl’économie vers ces prix.

Problématique de Walras : existe-t-il un processus pratique qui permette d’aboutireffectivement au prix d’équilibre tels qu’ils ont été déterminé par les mathématiques ?

Selon Walras, ce processus existe et s’appuie donc sur deux institutions :

- La libre concurrence

Dans la théorie moderne, on définit la concurrence à travers des propriétés objectivesdes marchés (atomicité, transparence, homogénéité, etc). Selon que ces propriétés sontou non respectés, on définit différents régimes de concurrence (concurrence pure etparfaite, concurrence imparfaite, …). Chez Walras, la concurrence est définie à traversun type de comportement des agents. Un comportement de libre concurrence consiste :

- Comme acheteur, à « demander à l’enchère » ; cela signifie que les acheteurs sonten concurrence quand le prix augmente.

- Comme vendeur, à « offrir au rabais » ; les vendeurs sont en concurrence quand leprix baisse.

Ce comportement permet de mettre en œuvre une règle d’ajustement d’un marchéquand celui-ci est en déséquilibre. Dans un tel cas, on peut :

- Augmenter le prix quand la D > O. Dans ce cas, la concurrence des acheteurs faitprogressivement diminuer la D et par ailleurs, la hausse du prix attire denouveaux vendeurs la D diminue et l’O augmente et D=O.

- Diminuer le prix quand la demande est inférieur à l’O.

On dispose donc d’un processus permettant d’équilibrer un marché (parvenir au prixd’équilibre de ce marché déterminé par les maths). Reste à expliquer comment ceprocessus peut être utilisé dans une économie à N marchés. Répondre à cette questionc’est précisément le rôle du tâtonnement.

- Le tâtonnement

H1 : une économie d’échange à N marchandises sans production ni monnaie.

H2 : on suppose qu’il existe un marché unique qui rassemble tous les acheteurs et tousles vendeurs de toutes les marchandises.

H3 : sur ce marché, des prix « sont criés au hasard », un par marchandises. « on crie desprix ».

A la suite de Walras, pour incarner cette hypothèse, on supposera l’existence d’uncommissaire-priseur.

H4 : ces prix sont criés en numéraire, cad une marchandise à l’aide de laquelle onexprime le prix de toutes les autres. On peut prendre une marchandise A, dont le prixest alors de A. Pa = 1. Il faut dont crier N-1 prix.

Processus :

Sur la base de ces prix, les agents déterminent les quantités qu’ils offrent etcelles qu’ils demandent de façon à ce que :

- Leur utilité soit maximale.

- Leur contrainte budgétaire soit respectée.

Pc, Pe, Pd,…, PN D, O sur chaque marché.

On centralise les O et les D individuelles de façon à déterminer si les marchéssont ou non simultanément en équilibre.

Si ce n’est pas là (s’il n’y a pas équilibre général), on « interdit les échanges » enimposant « une clause de suspension des échanges ». Cette clause permet d’éviterqu’à la suite d’échange hors équilibre, les ressources des agents (qui sont desdonnées initiales du modèle) changent et contribuent à modifier l’équilibregénéral final).

Vient alors l’étape du tâtonnement : si on constate qu’il n’y a équilibre, sur aucunmarché, on applique de manière séquentielle la règle de la libre concurrence surchaque marché.

Marché B :

Supposons que pour les prix criés initialement Pd, Pc,…,Pn, la demande B soitdifférente de l’O. D(Pc,….Pn) différent de O(Pc,…,Pn). On définit une demandeexcédentaire Fb = D – G. On a donc Fb (Pb,Pc,…,Pn) différent de 0.

On modifie ensuite Pb en P’b(en créant un nouveau prix) de sorte que Fb(P’b,Pc, …, Pn) = 0.

Si on avait Fb > 0, on crie P’b > Pb

Si on avait Fb < 0,……… P’b < Pb.

Marché C :

On y applique la même méthode : si on a après la 1ere criée, Fc différent de 0, on modifiePc en P’c de sorte que Fc soit nul. Si on avait Fc(P’b, Pc,…,Pn) différent de 0 alors Pc P’c de façon à ce que Fc(P’b, P’c,….pN)= 0

Marché D : …………..

Constant : en appliquant cette méthode, il est évident que seul le dernier marché N esten équilibre après la modification de tous les prix criés initialement au hasard.

En effet, la modification, par exemple, de Pd en P’d engendre un nouveau déséquilibresur le marché de B et le marché de C qui venaient d’être équilibrés avec leschangements de prix.

Solution envisagée par Walras :

Une hypothèse pourrait être que le déséquilibre sur le marché de B après la modificationdes prix est moins prononcé qu’il ne l’était avant. Cela pourrait se justifier si onsupposait que les changements Pc en P’c et de Pd en P’d qui éloignent le marché de B del’équilibre ont sur celui-ci des effets qui se compensent en partie.

B : café

C : thé

D : sucre

B : on crie Pb p’B / Fb = 0

……………………………… =====> si on a hausse de pc, Fb>0

……………………………. ====== Fb diminue.

Cet exemple suggère donc qu’il est possible qu’après la modification des prixinitialement criés, Fb soit plus proche de 0 qu’elle ne l’était pour la valeur Pb. SelonWalras, si l’économie comporte une liste assez longue de biens substituables etcomplémentaires, le processus de tâtonnement permet au final de faire converger tousles marchés vers l’équilibre équilibre général, pour peu qu’on procède à un nombresuffisant d’itérations, un nombre important de criées successives. A ces deux conditions,la libre concurrence et le tâtonnement sont bien des institutions qui permettent deparvenir au prix d’équilibre préalablement déterminé mathématiquement.

Conclusion section I :

- Pour Walras, cette analyse de l’équilibre général permet de faire progresserl’analyse scientifique de la concurrence.

- La T de Walras, contrairement à ce que l’on pourrait penser, n’implique pas dutout l’absence de l’intervention de l’état : « dire libre concurrence ne veut pas dutout dire absence de toute intervention de l’état ». Il y a dans la T de l’EG deWalras, un aspect fortement centralisé qui nécessite l’intervention de l’état.Notamment, pour imposer la clause de suspension des échanges, mais aussiorganiser la criée des prix. De manière générale, l’état a chez Walras pourfonction d’organiser les marchés concurrentiels. La T de l’EG de Walras,n’implique donc pas en elle-même une organisation économique où les marchésseraient livrés à eux-mêmes.

II : T de l’EG, une forme d’organisation économique

Dans la 1ere moitié du 20eme, la T de l’EG donne lieu à des débats sur la formed’organisation que cette T permettrait de justifier. En particulier, un débat opposedeux courants :

- Le courant de « socialiste de marché » (Taylor, Lange).

- Le courant des « économistes autrichiens » (Hayek, Von Mises).

Les premiers utilisent la T de l’EG pour prouver la viabilité théorique d’uneéconomie socialiste, et les seconds contestent cet argument.

A/ l’origine du débat.

Ce débat débute en 1920, à l’occasion de la publication d’un article de Von Mises,intitulé « Le calcul économique dans une économie socialiste ». Dans cet article, ilaffirme qu’il est impossible d’effectuer un calcul économique rationnel dans uneéconomie socialiste, c’est-à-dire une économie dans laquelle il n’y a pas de propriétéprivée du K ni des ressources naturelles. La raison en ai qu’il manque des donnéespour effectuer ce calcul, et notamment le prix du K et le prix des ressourcesnaturelles. Par conséquent on ne peut garantir une allocation optimale desressources. Cet article va entrainer une réaction en 1927 de la part de Taylor(«premier socialiste néoclassique »). Taylor avance deux arguments à l’encontre duraisonnement de Von Mises :

- On peut supposer que dans une économie socialiste, il existe un bureau centralde la planification (BCP) qui va être chargé de récolter toute l’informationnécessaire pour effectuer un calcul économique : les préférences, la technologie,les ressources. De ce point de vue, le BCP dispose donc de l’information qui estdonc nécessaire pour calculer l’équilibre général argument de similitude (ilexiste une analogie entre le problème que dois résoudre le BCP et le problèmeque résolvait Walras dans la T de l’EG).

- En pratique, il n’est pas possible pour ce BCP d’obtenir instantanément toutel’information nécessaire. Néanmoins on peut imaginer une procédure itérativeentre le BCP et les agents économiques (ménages, entreprises), pour extraireprogressivement cette information. C’est l’argument des approximationssuccessives.

Ces deux arguments de Taylor lancent un débat dans les années 30 autour de laquestion suivante : est-il possible de justifier l’adoption d’une économie socialiste àl’aide de la T de l’EG ?

B/ La réponse de Lange

Article en 1936, « sur la T économique de socialisme ». Lange se définit lui-mêmecomme un socialiste marginaliste. Cela signifie :

- Qu’il affirme que la T de la valeur utilité-rareté est scientifique.

- ---------- cette T est pertinente dès lors qu’il y a dans l’économie un problèmed’allocation des ressources à résoudre (ce qui concerne une économie socialiste).

Son objectif est donc d’appliquer les outils de la T de l’EG à une économie socialiste.Il prolonge l’argument de similitude de Taylor, en supposant que le BCP doit mettreen place une procédure analogue au tâtonnement Walrasien.

Procédure

Une société socialiste peut fonctionner de la manière suivante :

- Le BCP, commence par fixer arbitrairement des prix pour tous les biens.

- Sur la base de ces prix, les consommateurs maximisent leur utilité souscontrainte budgétaire.

- Les consommateurs transmettent leurs demandes au BCP.

- Au prix annoncés par le BCP, les entreprises doivent chercher à minimiser leurcoûts moyens (et non à maximiser leur profit), ce qui garantit l’égalité entre lerapport des productivités marginales des facteurs et le rapport des prix de cesfacteurs. Ce résultat permet d’obtenir des plans de production de la part desentreprises qui correspondent à un optimum de Pareto, cad une allocationefficace des ressources.

- Une fois minimisés leurs coûts moyens, les entreprises transmettent leurs offresde biens au BCP.

- Le BCP confronte l’ensemble des D et des O qui lui est parvenu. S’il n’y a paséquilibre simultané sur tous les marchés, la procédure recommence au départ.

La C de Lange est qu’avec cette procédure, une économie socialiste peut atteindre unEG optimal de même nature que celui qui serait atteint dans une économiecapitaliste (le BCP jouant un rôle de commissaire-priseur).

L’intérêt de cette démonstration pour Lange est double :

- Sur le plan théorique, cette démonstration permet d’affirmer que le socialismeest à la même hauteur que le capitalisme.

- Sur le plan pratique : selon Lange, le capitalisme des années 30 est marqué parla prédominance des oligopoles et des monopoles, et par conséquent très éloignéde l’idéal de la concurrence parfaite. Dans ces conditions, les outils de la T del’EG qui supposent une concurrence parfaite, ne peuvent garantir l’obtentiond’un optimum. Face à cela, le socialisme est une alternative meilleure, car en

mimant le fonctionnement des marchés en concurrence parfaite il garantit quel’on parvienne à cet optimum.

Pour Lange, le socialisme est, d’un point de vue économique, un mode d’organisation quiest à la fois crédible et surtout souhaitable.

C/ La réponse libérale

Elle provient essentiellement de deux auteurs :

- L. Robbins : 1935, la Grande dépression. (une réponse à Taylor).

- F. Hayek dans une série d’article entre 1935 et 1945.

1. Robbins :

- En réalité, la transmission de l’information au BCP (préférence, technologie,ressources) est impossible car l’environnement économique change sans cesse(obsolescence des données de calcul, car modification perpétuelles).

- Le seul signal qui, en pratique, permet de révéler l’ensemble de l’information àtout moment, c’est le système de prix dans une économie de libre concurrence.

- Pour Robbins, cette info n’est jamais une donnée a priori et elle ne peut êtreenfermée dans un système d’équation que résoudrait le BCP.

1. Hayek :

- L’environnement économique est fondamentalement dynamique (au sens deJoseph Schumpeter), ce qui signifie que les préférences et la technologie semodifient en permanence.

- Les coefficients et les fonctions qui sont censés alimenter le modèle d’EG (et quiservent de base au calcul économique socialiste) sont en perpétuelle évolution.

- L’information économique sur ces données ne peut provenir que d’une activitélibre des agents sur le marché.

- Pour Hayek, la TEG utilisée par les socialistes de marché, n’a aucune capacitéopératoire ; en outre, elle n’est qu’une description tendancielle à posteriori d’uneéconomie de marché.

Exemple : Cm(q) = p

Cette règle de maximisation du profit n’a en réalité aucune existence pour lesentreprises. En pratique, c’est le jeu libre de la concurrence et des actions

individuelles qui conduisent l’économie à un état que l’on peut, ex post, théoriserà travers cette règle.

- Faire de la T de l’équilibre général un principe organisateur de la société (lessocialistes de marché) est donc fondamentalement un contresens.

C : ces débats ont de manière générale, et du point de vue de l’HAE, deuxconséquences, après 1945 :

- Ils imposent l’idée que la T de l’équilibre général est un langage commununiversel pour débattre de question de T économique. Cela a contribué à imposercette T définitivement dans l’analyse économique.

- Ils créent une ligne de fracture entre deux conceptions de l’économie de marché :une vision selon laquelle une telle économie peut être pilotée afin de convergervers une situation optimale et à l’aide de la T de l’EG. Une autre vision ultra-libérale selon laquelle un tel pilotage est par nature impossible, et qui affirmeque seule la concurrence entièrement libre peut mener à l’optimum.

CH7 : Keynes et la naissance de lamacroéconomie moderne

1936 : théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie. Cet ouvrage connait unénorme succès et est à l’origine, dans l’HAE, d’une révolution théorique.

Cette révolution tient à 2 types de circonstances :

- Circonstances propres au développement de la T économique.

Dans les années 20-30, la T dominante en économie (la T néoclassique) commence à êtreconfrontée à un nombre de difficultés théoriques croissant. Par exemple, cette T neparvient pas à intégrer correctement, dans la T de l’entreprise, les rendementscroissants. Si on suppose qu’une entreprise a des rendements croissants, celle-ci aintérêt à produire une quantité infinie (ce qui est peu crédible).

De manière générale un certain nombre d’auteurs commencent à mettre en évidence desanomalies théoriques dans la T néoclassique : Kahn, Robinson, Hawtrey, Harrod.

2 – Les circonstances propres au contexte économique des années 30 :

Ce contexte est marqué par la crise de 29 qui, elle-même, se caractérise par l’existenced’un chômage persistant, une chute de production et baisse des prix. Les auteurs NC del’époque (Robbins, Pigou en GB, Rueff en FR) éprouvent des difficultés à expliquer cesphénomènes dans le cadre NC. La principale difficulté concerne le chômage. Dans lesannées 20, les périodes pendant lesquelles le chômage montait étaient relativementcourtes, car ce chômage se résorbait assez rapidement grâce aux baisses du salaire réel.Or, dans les années 30, ce phénomène d’ajustement cesse de se produire, et on assistedonc à l’apparition d’un chômage permanant (contraire aux cl de la T NC). Une tentatived’explication est apportée par Rueff en 1931, dans un article dont le titre est :« l’assurance chômage : causes du chômage permanent ». Rueff analyse la situation enAngleterre, et propose l’explication suivante :

- Dans ce pays, le fort pouvoir des syndicats et le niveau d’indemnisation duchômage entrainent tous deux une rigidité du salaire nominal à la baisse.

- Dans ce contexte, la rigidité à la baisse du salaire nominal a une conséquence surle salaire réel : compte tenu de la baisse des prix liée à la crise, cette rigiditéentraîne une hausse du salaire réel. (W/P W constant, P diminue, et rapportaugmente). Cette évolution est défavorable à la demande de travail qui diminue.Dans cette situation, il est impossible de résorber le chômage.

Pour Rueff, ce chômage est volontaire de la part des travailleurs. L’emploi pourrait sedévelopper, si les travailleurs acceptaient des salaires nominaux plus faibles, et doncdes salaires réels plus faibles (à la condition que les salaires nominaux baissent plus queles prix).

La solution au problème du chômage passe d’après lui par le retour à la libreconcurrence sur le marché du travail, c’est-à-dire à un libre ajustement du salaire réel.

Le même type de raisonnement est employé par Pigou (1933) et aussi par Robbins(1935). En pratique, il se trouve que ce sont au contraire les pays qui ont fait intervenirl’Etat dans les années 30 ont le mieux résorbé ou atténué le problème du chômage. Cen’est donc pas la restauration de la libre concurrence qui semble donc à l’époque lemoyen le plus efficace pour lutter contre le chômage. Dans ce contexte, peu favorable àla théorie néo-classique, que les idées de Keynes émergent.

I – La nouveauté de l’analyse Keynes

Dès le début, Keynes revendique la nouveauté de son analyse par rapport à ce qu’il appelle la « théorie classique », soit « les successeurs de Ricardo », en l’occurrence « Stuart Mill, Marshall, Edgeworth, Pigou ». Il range dans la théorie dominante à la fois des « classiques » et des « néoclassiques », qui ont en commun d’accepter les mêmes principes :

- La loi de Say.

- La vision d’un marché du travail qui s’ajuste grâce aux variations du salaire réel.

- La croyance qu’il existe sur les marchés, un mécanisme d’ajustement vers un équilibre, qui assure un plein emploi des ressources.

Par rapport à cette T dominante, Keynes revendique 4 points de rupture :

L’abandon de l’analyse en termes d’équilibre partiel. Cette analyse, utilisée par les néo-classiques anglo-saxons (à la suite de Marshall), revient à étudier l’ajustement d’un marché en supposant que « toutes les choses sont égales par ailleurs », c’est-à-dire que rien ne bouge sur les autres marchés. La conviction de Keynes est la suivante : l’impact d’une réduction des salaires sur le chômage ne peut être analysé si on suppose arbitrairement que les prix des biens ne sont pas affectés dans le même temps. Il faut donc passer à une analyse en termes d’EG.

La rupture avec l’analyse dichotomique des classiques et des néoclassiques.Selon cette analyse, en vertu de la neutralité de la monnaie, on peut faire une théorie des prix en deux temps :

- 1er temps : dans une économie sans monnaie, on s’intéresse à l’allocation des ressources, et on détermine les prix en termes réels (en termes de quantité échangée)

- 2eme temps : on détermine les niveaux nominaux des prix, en introduisant la monnaie (simple intermédiaire des échanges) et via la T quantitative (MV = PT).

Keynes n’accepte pas cette dichotomie au motif que la monnaie intervient dès les échanges, car elle est aussi demandée pour elle-même. Keynes développe une analyse où l’économie est d’emblée monétaire.

Un refus de l’idée des C et NC selon laquelle le chômage est par nature un phénomène transitoire. Selon Keynes, le chômage peut être un phénomène

permanent, qui peut être analysé en termes d’équilibre de sous-emploi. Pour Keynes, l’équilibre de plein emploi des néoclassiques est un cas particulier d’une théorie générale(d’équilibre) de l’emploi (qui analyse également le sous-emploi).

Le dernier point de rupture est la conviction de Keynes selon laquelle l’Etat peut intervenir pour favoriser le passage d’un équilibre de sous-emploi à un équilibre où le niveau d’emploi est plus élevé, et ce faisant il améliore simultanément le bien-être de tous.

Parmi ces 4 points de rupture, le plus important est le second, c’est-à-dire le rejet de l’analyse dichotomique de la monnaie. Ce rejet s’appuie sur une distinction entre 3 typesd’économie, qui se différencient par le mode de rémunération des travailleurs.

1 – Une économie de « salaire réel » : une économie dans laquelle les salaires sont stipulés en termes réels, c’est-à-dire de quantité de biens. C’est ce type d’économie qui est analysé par les NC.

2 – Une économie coopérative de salaire monétaire : dans cette économie, les salaires sont stipulés en termes nominaux, mais sont entièrement dépensée par les travailleurs, de sorte qu’il n’y a pas pour la production de contraintes de débouchés. Dans cette économie monétaire, la loi de Say est vérifiée, mais cela suppose une coopération des salariés, qui acceptent de ne pas épargner.

3 – Une économie monétaire, au sens de Keynes, c’est-à-dire où les salaires sont stipulées en termes nominaux et où les salariés conservent une partie de leur revenu à des achats futurs. La production de biens doit répondre non seulement à la c présente mais aussi à la c future, ce qui met en jeu les anticipations de demande des entreprises.

C’est cette économie qui selon Keynes est typique du capitalisme des années 30. Keynes s’appuie donc sur cette économie pour analyser le phénomène du chômage (volontaire ou involontaire ?).

II – L’analyse du chômage ches Keynes

A- Les négociations salariales selon Keynes

1ere caractéristique : ces négociations portent donc sur les salaires nominaux.

A priori, les salariés peuvent accepter une baisse des salaires nominaux, mais ils ne contrôlent en rien les salaires réels, parce que ces salariés ne sont pas en mesure de gouverner l’évolution du prix des biens.

2eme caractéristique : ces négociations ne se déroulent pas en temps continu, et donc elle n’ajuste pas en permanence le salaire aux conditions de l’emploi. Au moins pendant un certain temps, les salaires sont fixés et ne varient pas quelques soient les conditions de l’emploi (ils sont rigides).

3eme caractéristique : ces négociations salariales interviennent en ordre dispersé et sans coordination. Il n’existe pas d’institution qui fera en sorte que les mêmes

ajustements de salaire touchent uniformément toutes les entreprises d’un secteur où l’offre de travail est supérieure à la D de travail.

Les caractéristiques 2 et 3 ont des conséquences importantes.

- 2 : le caractère intermittent des négociations salariales font que les w sont rigidesà CT.

- 3 : dans un secteur où il y a chômage, l’absence de coordination des ajustements de salaires a pour conséquence que ces ajustements modifient la structure salariale, c’est-à-dire le pouvoir d’achat relatif des travailleurs (des salariés d’uneentreprise peuvent se retrouver avec un salaire plus faible que celui des travailleurs qui occupe un poste similaire dans une autre entreprise). Or, les travailleurs selon Keynes sont attachés au principe « à travail égal salaire égal ». Du fait des défauts de coordination (absence d’institution), ils sont donc réticents à une baisse des salaires nominaux. A l’inverse, ils ne s’opposent pas à une hausse du prix des biens qui entrainerait une baisse du salaire réel, car cette baisse car cette hausse toucherait tout le monde uniformément.

2 + 3 le salaire nominal est rigide à la baisse. Ce résultat suggère à ce stade que cetterigidité de w joue un rôle dans l’explication du chômage. Cela signifie-t-il, dans ce cas, que le chômage est volontaire (comme l’affirmait Rueff) ?

A- Le chômage involontaire

Dans la T de l’EG, Keynes commence par identifier 2 types de chômage qui d’après lui ne sont pas caractéristique du chômage des années 30.

1-

Le premier type de chômage est un chômage qui tient au fait que le redéploiement des actifs libres sur les emplois vacants prend du temps (imparfaitement fluide) il existe toujours un certain niveau de chômage en raison d’un problème d’appariement. Néanmoins, ce chômage n’explique en rien le chômage de masse des années 30.

Le chômage volontaire. Ce chômage provient d’après Keynes de ce qu’il appelle un blocage institué du mécanisme d’ajustement de l’O et de la D de travail. Ce blocage est imputable soit à des pratiques syndicales (en s’opposant aux ajustements à la baisse), soit à l’intervention de l’Etat par le biais de l’imposition du salaire minimum. Ce chômage est alors volontaire parce que le blocage du mécanisme d’ajustement est conscient et voulu.

Détail du résonnement de Keynes :

==>Keynes reconnaît comme les NC, que les entreprises, pour maximiser leur profit embauchent des travailleurs jusqu’à ce que le dernier travailleur embauchécoût autant qu’il rapporte.

==>Cela implique que le salaire nominal versé aux travailleurs est égal à ce que rapportent ces derniers, (pour la dernière unité produite).

==>En situation d’excès d’O de travail par rapport à la D, et dans l’hypothèse où la productivité marginale serait décroissante, seule une baisse du salaire réel peut permettre des embauches supplémentaires.

==>Si on constate de la part de la main d’œuvre un refus d’accepter une baisse deleur salaire réel, le chômage est volontaire. La main d’œuvre refuse dans ce cas que le salaire réel soit ramené au niveau de sa productivité marginale.

Définition de chômage volontaire : ce chômage est « du au refus de la part d’une unité de travail, à la suite de la législation ou de pratiques sociales, ou de la pure obstination, un refus d’accepter une rémunération correspondantes à la valeur duproduit attribuable à sa productivité marginale.

En réalité, le chômage des années 1930 ne correspond en rien à ce type de chômage qui serait dû à un refus d’une baisse du salaire réel (pour Keynes).

2 – Le chômage involontaire.

L’originalité de Keynes tient à ce que celui-ci considère que le comportement effectif de la MO est dicté par les mouvements de salaires nominaux w et non parles mouvements du salaire réel.

Toujours selon Keynes cette MO refuse les baisses de salaires nominaux mais ne s’opposent pas à une baisse de W/P qui résulteraient d’une hausse de P.

Par conséquent : la question que pose le chômage de masse persistant est la suivante. Même si la MO acceptait une baisse de w, celle-ci provoquerait-elle une baisse de W/P ?

Si la réponse est « oui », ça signifie que le chômage est volontaire car cela veut dire que W/P ne baisse pas car W ne baisse pas. Si la réponse est « non », ça signifie que le chômage est involontaire car même si W baissait w/P ne baisserait pas. On ne peut répondre oui que si on suppose qu’en cas de baisse de w, P ne bouge pas ou baisseraient moins, de sorte que w/P baisse, et non que si on suppose qu’en cas de baisse de w, les prix diminuent plus et w/P augmente.

Keynes choisit « non », selon lui une baisse de w s’accompagne nécessairement d’une hausse des salaires réels, qui est donc elle-même consécutive au fait que les prix baissent plus que w. Deux arguments :

- Quand w baisse, d’après lui la demande de bien baisse et donc les prix baissent.

- Quand w baisse, cela donc entraine des coûts salariaux plus faibles, qui sont en situation de concurrence, traduit en baisse de prix.

Pour Keynes, le prix des biens à la suite d’une baisse de w, diminue l’avantage de celui-ci, si bien que w/p augmente.

La MO ne peut pas garantir qu’en acceptant une baisse de w, le salaire réel diminuera et donc que le niveau de chômage baissera. De ce fait, la MO ne peut être tenue pour responsable du fait que l’évolution du salaire réel ne permet pas une hausse de l’emploi.

La rigidité à la baisse du salaire nominal n’est donc pas la cause du chômage. Cela signifie que le chômage est involontaire.

Définition chômage involontaire : cette situation où des actifs prêts à accepter un salaireréel inférieur à celui du marché ne trouvent pas de travail. La résistance à la baisse de w n’est donc pas la cause du chômage, car il n’existe pas un mécanisme qui permette d’obtenir un baisse du salaire réel via une renégociation de w à la baisse.

Le niveau d’emploi ne dépend pas donc des négociations salariales. Il dépend, d’après K, des anticipations de demande des entreprises (demande effective). Ces entreprises, compte tenu de la demande anticipée, elles choisissent un niveau de production qui maximise leur profit. Pour assurer ce niveau de production, elles embauchent un certainnombre de travailleurs, ce qui détermine un certain niveau d’emploi.

Ce niveau d’emploi est un niveau d’équilibre (=un niveau tel que les entreprises max leur profit.), mais il peut être insuffisant pour assurer un plein-emploi équilibre de sous-emploi. La coordination des activités économiques par les marchés, pour K, n’assure pas donc un plein emploi des ressources. (=>l’Etat).

Chapitre 8 : La TEG après 1945

Après 1945, l’essentiel de l’attention des économistes se focalise sur la théorie de l’équilibre général Walrasienne.

2 raisons :

la guerre a pour conséquence d’attirer l’attention sur la problématique de l’allocation des ressources.

volonté de la part des économistes, de poursuivre le programme de recherche de Smith : montrer comment l’économie de marché, permet une allocation efficace des ressources.

Auteurs qui développent la TEG à cette époque :

- Allais (1943) : à la recherche d’une discipline économique.

- Samuelson (1947) : Fondation of Economic Analysis

- Arrow et Debreu :

Article en commun en 1954 sur la TEG

Debreu (1959) : théorie de la valeur

Arrow et Debreu élaborent une version moderne de la TEG qui donne naissance à un modèle : le modèle « Arrow-Debreu ».

I- Le modèle Arrow-Debreu

Ce modèle se caractérise par un objet et une méthode :

Objet : une économie à prix donnés dans laquelle on détermine des propriétés d’un équilibre défini par un vecteur prix et un ensemble d’offre et de demande qu’on appelle globalement compatibles (égales les unes aux autres sur chaque marché).

Méthode : elle consiste à considérer que toute explication de phénomène économique doit :

- Partir des caractéristiques de base des agents (goûts, ressources, technologies).

- Partir d’un principe de rationalité qui consiste à maximiser une fonction objectif (U et profit) sous contrainte.

Individualisme méthodologique : tout phénomène économique s’exprime par les comportements individuels d’agents rationnels.

A partir de ce cadre, A et D étudient 3 propriétés d’un équilibre général à prix donné (EGConcurrentiel) :

- L’optimalité

- L’unicité

- La stabilité

II – résultat du modèle d’A-D

Une optimalité (au sens de Pareto)

En 1954, A et D mettent en évidence deux théorèmes qui mettent en relation l’EGC et l’optimum de Pareto.

1- Un théorème de l’économie de bien-être :

Tout équilibre général concurrentiel est un optimum de Pareto (état qu’on ne peut modifier sans diminuer le bien-être d’un individu)

2- Théorème de l’économie du bien-être

Tout optimum de Pareto peut être associé à un vecteur prix pour lequel il y a équilibre général concurrentiel.

Ce 2eme théorème est un résultat très positif pour la théorie de l’EG : il montre qu’une collectivité qui veut atteindre un optimum de Pareto peut simplement s’en remettre à une coordination par le marché (à prix donné).

Deux unicités :

Le problème est le suivant : s’il existe plusieurs vecteur-prix pour lesquels il y un EG (avec max U et max profit), se pose la question du choix d’un équilibre parmi les différents possibles. Les travaux après 1945 montrent que globalement, il y a la plupart du temps, unicité de l’EG.

Strabilité : Le problème est de savoir si une économie concurrentielle qui n’est pas à l’EG parvient systématiquement à l’EG concurrentiel (cf tât.Wal). Les trvaux (Sam, Arrow, Debreu) montrent que pour que cela se produise il faut une condition essentielle soit respectée : il faut que les fonctions de demande individuelles soient telles qu’une hausse d’un prix d’u bien entraîne une hausse de la demande des autres bien qui lui sont substituables. Or, les fonctions de demande individuelle, sont la conséquence de la maximisation de l’utilité.

Théorème de Sonnenshein-Montell-Debreu

Dans une économie à prix donnée et avec des agents maximisateur rien ne garantit que la F de D individuel représente cette condition. En réalité, ces fonctions de demande peuvent prendre n’importe qu’elle forme.

Résultat négatif pour la TEGC : on n’est donc absolument pas certain qu’une économie qui se trouve en dehors de l’équilibre atteindra celui-ci sur la seule basedes comportements des individus maximisateurs.

Cette conclusion est énoncée dans un article datant de 1989, écrit par Kirman, et donc le titre est « les limites intrinsèques de la théorie moderne : le roi et nu ».