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1 LOUIS LONG PROFESSEUR AGRÉGÉ DE L’UNIVERSITÉ DOCTEUR ES SCIENCES - HOMME DE LETTRES DÉCROCHEZ TOUS VOS EXAMENS . . EDOUARD AUBANEL, ÉDITEUR, AVIGNON « Le génie n’est qu’un longue patience » Napoléon

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LOUIS LONG PROFESSEUR AGRÉGÉ DE L’UNIVERSITÉ

DOCTEUR ES SCIENCES - HOMME DE LETTRES

DÉCROCHEZ TOUS VOS EXAMENS

.

.

EDOUARD AUBANEL, ÉDITEUR, AVIGNON

« Le génie n’est qu’un longue patience » Napoléon

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SOMMAIRE

PREMIERE PARTIE _____________________________________ 3

L’ENTRAINEMENT PHYSIQUE DE L’ETUDIANT______________ 3

INTRODUCTION ___________________________________________ 4

CHAPITRE PREMIER _______________________________________ 8

La force, la santé et la capacité de travail _____________________ 8

CHAPITRE II _____________________________________________ 12

L’alimentation de l’étudiant_______________________________ 12

CHAPITRE III_____________________________________________ 25

Hygiène de l’étudiant ____________________________________ 25

DEUXIEME PARTIE ____________________________________ 50

L’ENTRAINEMENT MENTAL ______________________________ 50

CHAPITRE PREMIER ______________________________________ 51

Développement de la volonté ______________________________ 51

CHAPITRE II _____________________________________________ 68

L’ordre et la méthode ____________________________________ 68

CHAPITRE III_____________________________________________ 78

Le développement de l’attention ___________________________ 78

et de la mémoire_________________________________________ 78

CHAPITRE IV _____________________________________________ 97

Le développement _______________________________________ 97

de l’imagination créatrice :________________________________ 97

méthode pour faire éclore des idées_________________________ 97

CHAPITRE V ____________________________________________ 112

Le bon sens____________________________________________ 112

CHAPITRE VI ____________________________________________ 132

Le «trac» et la timidité __________________________________ 132

TROISIEME PARTIE___________________________________ 141

PREPARATION DIRECTE D’UN EXAMEN __________________ 141

CHAPITRE PREMIER _____________________________________ 142

Comment organiser son plan de travail ____________________ 142

CHAPITRE II ____________________________________________ 153

Préparation des différentes matières_______________________ 153

CHAPITRE III____________________________________________ 179

Face à l’examen ________________________________________ 179

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3

PREMIERE PARTIE

L’ENTRAINEMENT PHYSIQUE

DE L’ÉTUDIANT

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INTRODUCTION Partout, des multitudes de jeunes ont à passer sous de

redoutables Fourches Caudines. A deux époques de l’année

bien connues, la société se divise en deux groupes destinés à

se faire face :

les candidats, et les examinateurs. Si, dans telles contrées,

notamment chez les Allemands et les Anglo-Saxons, les

résultats brutaux des compétitions annuelles ou bisannuelles

sont amplement amendés par les notes obtenues au cours de

l’année, et si ces tests, assez fréquents, ne sont pas toujours

d’un niveau extrêmement élevé, l’examen français est quelque

chose de dur, de solennel, d’omnipotent, de définitif.

Soit, par exemple, l’Agrégation. Y réussissez- vous ? Vous

voilà arrivé au port. Plus de compétition à craindre, mais une

situation transformée, assise, qui s’améliorera à peu près

automatiquement, par périodes bien déterminées, jusqu l’âge

de la retraite. Dans maints autres Etats, il n’en est pas ainsi.

Les positions sociales s’étagent par examens fractionnés.

Vous ne serez jamais au bout de votre rouleau. A n’importe

quel stade de votre carrière, un nouveau Concours peut vous

faire encore progresser.

Un labeur tenace n’a-t-il pas le don de vous sourire? Vous

végéterez. Par contre, le « bûcheur qui, au départ, en était au

même point que vous, fera son petit bonhomme de chemin,

vous laissant bien loin derrière lui.

On est peut-être un peu trop tenté, dans notre pays, de tenir

l’issue d’un examen pour l’arrêt de la fatalité. Aussi connaît-on

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le cri du coeur du recalé » : « II n’y a de la veine que pour la

canaille !... »

Mais oui... un camarade peu coté a « passé ». Ce pauvre type

», bien meilleur, n’est-il pas resté sur le pavé ? Celui-ci n’est-il

pas tombé sur la seule composition qu’il eût spécialement

étudiée? Cet autre malin n’avait-il pas de petites notes dont il

a su se servir « en douce »

Nous allons tenter, au cours de cet ouvrage, de montrer que

cette conception demande à être révisée. Un candidat qui

VEUT et qui SAIT s’y prendre peut compter presque sûrement

en lever la palme de haute lutte. Car il est des principes, très

simples mais inflexibles, DONT

DEPEND IRRESISTIBLEMENT LE SUCCES.

De puissants efforts sans lendemain, feux de paille,

n’atteignent pas le but. Voués à L’ECHEC, le lièvre partant

comme un trait, le roi de l’Atlas s’agitant furieusement dans

ses rêts ! Par contre, une activité d’apparence modeste sans

panache, mais poursuivie régulièrement finalement à de

substantiels résultat. La tortue gagne la course. Le rat délivre

le lion. La grand’mère, tricotant tout l’hiver au coin du feu,

présentera un jour une paire de bas de laine bien chauds. Un

fruit hâtivement mûri a-t-il la saveur sucrée de la mignonne

fraise des bois, tardivement arrivée à maturité ?

Nous allons bien vous surprendre en vous faisant remarquer

que tous ces processus très, patients qui font éclore du

tangible et du solide, peuvent être considérés comme

éléments fondamentaux d’une branche relativement récente

des mathématiques : le CALCUL INTEGRAL. En voici le

principe, génial dans sa simplicité : UNE SOMME DE TRES

PETITS NOMBRES, DE MINUSCULES RESULTATS

EXTREMEMENT NOMBREUX N’EST PAS NEGLIGEABLE.

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C’est par des apports de ce genre que se font la plupart des

transformations dans la nature : croissance, entre autres. Le

banquier érige sa fortune par de menus prélèvements sur les

opérations de ses clients. Celles-ci étant innombrables, il finit

par s’assurer un bénéfice substantiel. Il en est de même pour

tout commerçant qui, en dernière analyse, se trouve pratiquer

le calcul intégral, tout comme M. Jourdain faisait de la prose :

sans le savoir.

( Celui qui emploie cette méthode : travailler chaque jour

normalement, travailler régulièrement, travailler longtemps, a

des chances véritablement exceptionnelles de maîtriser un

examen, et, plus généralement, d’atteindre n’importe quel but.

Dédaigner cette peu reluisante façon de dispenser vos sueurs

pour procéder, aux approches de la redoutable compétition, à

un labeur spectaculaire et cyclopéen, fera de vous, tout au

plus, un candidat « tangent » . Pour vous et vos pareils — qui

sont légion — les épreuves seront UNE LOTERIE.

Si un examen doit être mûri lentement comme un fruit, on

peut, à un point de vue différent, l’assimiler à un championnat.

Or, comment se prépare, par exemple, un Joë Louis ou un

Randolph Turpin ? Par 1’ENTRAINEMENT, suite de pratiques

minutieuses consenties chaque jour, pendant de longues

semaines, sous la direction d’un spécialiste (manager). Cet

entraînement comprend une partie touchant à la physiologie

générale : hygiène, choix de l’alimentation; une partie

éducative, ayant pour but de développer harmonieusement

tels groupes de muscles; enfin, une organisation technique

amenant le boxeur à être « fin prêt » au moment de « la

bagarre ».

Or, que fait généralement celui qui vise un examen? Il

«potasse » couci-couça suivant l’inspiration, et, s’il se prépare

seul, aux heures où il a le temps, et si des occupations plus

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importantes : lire le journal fumer une cigarette, aller au

cinéma ne s’y opposent pas, il ne songe nullement à

s’imposer une discipline rigoureuse au moment de faire ses

preuves, verra-t-il son frêle esquif ballotté sur une mer plus ou

moins démontée, sans espoir sérieux d’atteindre au but qui luit

au loin comme un phare.

Pour songer à un examen, il faut absolument :

un entraînement PHYSIQUE, qui décuple les forces, et,

en particulier, réduit au minimum les risques de

carence physiologique au jour J;

un entraînement MENTAL, pour éduquer ses facultés

et tremper son esprit de ténacité;

une méthode rationnelle d’entraînement TECHNIQUE.

Cet entraînement doit durer un temps variant de quelques

mois à plusieurs années.

Tous les as des Concours ont attaqué ainsi la difficulté. Plus

généralement tous ceux qui ont « percé », depuis Victor Hugo

jusqu’à Einstein, en passant par Edison et Vanderbilt, se sont

poussés suivant le même processus. Et, au fond, la destinée

de l’homme est-elle autre chose qu’une compétition

permanente, dont le Jury, implacable entre tous, a pour nom

LA VIE?

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CHAPITRE PREMIER

La force, la santé et la capacité de travail Pour être en mesure « d’enlever », vos examens et concours,

vous devez vous montrer capable de travailler énergiquement

et longtemps. Suivant une expression chère à notre

professeur de sciences de l’Ecole Normale, les chances de

réussite sont proportionnelles à la somme de travail fourni, à

la quantité et à la qualité des connaissances,non ingurgitées

comme dans un repas de glouton générateur d’indigestions,

mais réellement assimilées. Une robuste santé est

absolument indispensable. Vous veillerez donc de très près à

maintenir et à renforcer l’intégrité de vos organes et de leurs

fonctions, et à accroître progressivement vos forces jusqu’à la

date fatidique. Rien de possible sans cela.

*

**

Celui qui se livre à des études prolongées doit, chaque année,

réserver plusieurs semaines à un repos intellectuel ABSOLU

— et à un repos physique relatif — combiné avec une

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alimentation particulièrement riche et digestible, dans le but de

se refaire le système nerveux, même s’il ne se sent pas

vraiment fatigué. II faut, en effet, ne pas oublier que la

sensation de fatigue n’est pas un critérium très sûr. Si,

invariablement, l’étudiant trouve pénibles les premières

séances de travail, correspondant à la période d’adaptation,

on remarque, au contraire, qu’il n’éprouve, par un dangereux

paradoxe, aucune sensation de lassitude aux époques de

surmenage intense.

Illusion périlleuse...

Comment l’usure physiologique n’existerait- t-elle pas?

Forcément, les « cellules grises » — pour employer le langage

d’Hercule Poirot — sont de plus en plus secouées par la

somme considérable de travail effectuée durant l’année

scolaire; et, de surcroît, cet état alarmant ne peut qu’être

aggravé par les chaleurs de l’été, saison des examens par

excellence. Seulement, l’organisme est surchauffé par

l’entraînement les nerfs sont sous pression ».

- Si, à ce moment, l’étudiant dort peu; si, sa main étant

allongée et les doigts rapprochés, ceux-ci sont affectés d’un

léger tremblement, et surtout si l’auriculaire s’écarte de

l’annulaire si, enfin, le sujet éprouve une secousse

douloureuse à l’audition brusque d’un bruit très fort (sirène,

trompe d’auto, explosion de mine), aucun doute n’est permis il

y a surmenage accusé et usure dangereuse. Sous peine de

désordres graves, l’élève doit modérer sur-le-champ son

activité. Une prostration morbide va s’abattre sur lui pendant

les vacances, au bout d’une semaine de repos, alors qu’il

commencera à se détendre. Il se sentira abattu, courbaturé, et

maigrira, en dépit d’une excellente nourriture. Au bout de

quelques semaines seulement et à la faveur des journées plus

fraîches de septembre, il se mettra à « récupérer ».

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Ce qui précède suffit à justifier largement la longueur des

vacances consenties aux étudiants.

*

**

On a beaucoup médit du travail intellectuel, relativement à ses

fâcheuses répercussions sur

l’état de la santé. Exagération... Ce qui, à notre humble avis,

s’avère véritablement néfaste, serait plutôt l’excès des sports

violents, en vue trop souvent — circonstance aggravante —

de la PERFORMANCE, auxquels il est devenu de bon ton de

voir s’adonner les jeunes piliers d’Université. Que telle Faculté

puisse faire état de plus de succès que telle autre en ce qui

concerne les examens de Licence, bagatelle... Mais que

l’équipe de football de ses étudiants vienne de l’emporter dans

un match régional : voilà un titre de gloire que, de nos jours,

rien ne saurait égaler!

Il y a là une source d’épuisement qui fait, hélas! monter la

courbe tracée avec autorité par le bacille de Koch. Par contre,

de nombreux savants : Hippocrate, Chevreul, Fontenelle, le

grand poète persan Saadi, ont atteint un âge fort avancé.

C’est que le travail intellectuel régulier, par la discipline à

laquelle il soumet les leviers de l’organisme et parce qu’il

préserve d’excitations malsaines, comporte des chances de

santé de tout premier ordre.

Au cours de notre passage à l’Université de Montpellier, nous

avions repéré des « numéros» paresseux et — lâchons le mot

— débauchés, que les maîtres remarquaient rarement à

l’amphi théâtre. Nous disons à dessein « remarquaient » ,

non point tant que l’apparition à éclipses de ces silhouettes

peu connues fût sensationnelle par son caractère

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exceptionnel, mais parce que, s’il arrivait à ces amateurs de

s’y aventurer, c’était, vous l’avez deviné, uniquement pour

troubler le cours. Ces garçons — on le croira sans peine — ne

se torturaient nullement les méninges à étudier...

A la rentrée de Pâques, ils se souvenaient soudain que

l’année scolaire se terminait par un redoutable... test, et se

décidaient à « démarrer ». Fouettés — et pour cause — par la

peur de l’échec, ils « y allaient » alors, durant de longues

heures de jour et même de nuit, d’un formidable coup de

boutoir. Les copains se regardaient stupéfaits au spectacle

imprévu d’un labeur si intense de la part de fumistes » qui n’y

étaient nullement entraînés; mais leur étonnement devenait

sans bornes à les voir, à cette existence d’enfer, engraisser à

vue d’oeil, et présenter, à la veille du concours, tous les signes

d’une santé florissante. C’est que le travail, entre autres effets

salutaires, avait l’avantage de stopper leur vie irrégulière, et

leur état physique en profitait.

*

**

En dosant ses efforts journaliers, à l’instar du champion

cycliste qui s’entraîne, en absorbant une nourriture

convenable, en se conformant aux règles de l’hygiène

bonifiées par de récents et retentissants perfectionnements,

en pratiquant quelques exercices très simples, l’étudiant, au

lieu de courir, de mois en mois, à un effondrement physique

précurseur d’un, rendement de plus en plus médiocre, verra

sa santé se raffermir, ses forces doubler, sa capacité de

travail tripler, et — ce qui ne gâte rien — son entrain, son

enthousiasme pour sa préparation s’accroître de décade en

décade.

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CHAPITRE II

L’alimentation de l’étudiant Pour conserver la santé, l’accroître, et multiplier ses forces, il

faut soigner la CELLULE. Cette cellule est rénovée,

galvanisée et constamment débarrassée de ses poisons par

un liquide nourricier : le SANG. Or, le ravitaillement véhiculé

par le sang VIENT DE L’ALIMENTATION.

L’alimentation doit fournir, dans des proportions déterminées,

des substances albuminoïdes pour nourrir et réparer et des

principes carbonés pour brûler, sous l’influence de l’oxygène

Cette combustion détruit les toxines, et produit la chaleur

animale qui est une des formes de L’ENERGIE. Il faut veiller à

ce que des sels et des vitamines arrivent en quantité

suffisante. Une nourriture distribuée au petit bonheur, mal

proportionnée, insuffisante ou trop copieuse détériore ce qu’en

médecine on nomme le « terrain », et on devient vulnérable

aux attaques de ces petites bêtes que Pasteur nous a appris à

connaître.

On commence enfin à réaliser — après l’avoir

systématiquement et dédaigneusement ignoré pendant des

siècles, en dépit des avertissements d’Hippocrate, qui vécut

cent dix ans — que (toutes les maladies sont susceptibles,

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avec le temps, d’être grandement améliorées, puis gué (ries,

par une alimentation appropriée. C’est ce qu’a exprimé un

savant Esculape en ces termes

« La meilleure de toutes les drogues, c’est une bonne

alimentation. » Un autre claironnait

Quand l’estomac va, tout va; quand l’estomac ne va pas, rien

ne va. » Enfin, le héros d’Arcole ne proclamait-il pas : « Mes

soldats gagnent les batailles avec leurs jambes, et ils

marchent avec leur estomac »

*

**

D’une façon générale, la maladie résulte de violations

multiples des lois de la biologie. Du reste, ne nous leurrons

pas : les microbes sont toujours présents autour de nous, et

prêts à envahir notre organisme. Mais que peuvent-ils si notre

corps est blindé, si le TERRAIN est résistant ? Ainsi

chuchotait à son lit de mort— peut-être, tout de même, avec

une pointe d’exagération — le grand homme qui avait sauvé le

petit Jupille de la rage : « Claude Bernard avait raison le

MICROBE n’est rien; le TERRAIN est tout. »

Eléments monocellulaires nocifs et virus prolifèrent seulement

sur les êtres dont le sang est vicié, intoxiqué, affaibli. Or,

comme le dit si bien le Dr Carton, la pureté et la vigueur du

sang, des plasmas et des organes dépendent uniquement des

matériaux employés pour les constituer. Aussi importe-t-il

avant tout, pour être fort et bien portant, de suivre un régime

alimentaire RATIONNEL, de respirer un air pur, suffisamment

sec et ensoleillé, de se donner un exercice régulier et

raisonnable et d’éliminer chaque jour, par la peau, les

poumons, les reins et les voies intestinales, les déchets de la

nutrition et les toxines du corps.

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Ainsi, la GUERISON de toutes les maladies ne peut se

produire et persister qu’en détectant les fautes de régime et

d’hygiène antérieures, et en modifiant radicalement ce régime

et cette hygiène.

*

**

Nous sommes tout à fait d’accord avec le Dr Carton pour la

composition moyenne d’un menu rationnel.

Le petit déjeuner du matin peut comprendre d’abord une

boisson un peu excitante et tonique : le thé par la théine, le

café par la caféine, le chocolat par la théobromine, sans lait ou

avec très peu de lait. Le lait en excès en effet, peut se

coaguler en un gros bloc, dans l’estomac, surtout s’il est avalé

d’une seule gorgée d’où constipation opiniâtre .Mettre, dans la

tasse, un tiers de lait au maximum. Chez les sujets nerveux,

l’absorber sous forme de lait concentré Sucré ( par exemple).

Dose : trois-quarts d’une cuillerée à café diluée dans l’infusion.

Ce lait-là se digère mieux que le lait frais.

On prendra des aliments d’une teneur médiocre en azote,

donc en albuminoïdes mais avant tout combustibles :pain

grillé (le charbon jouant, dans l’organisme, le rôle d’un

puissant filtre anti-microbien, antiseptique, antiputride et

absorbant des gaz, donc par là éminemment digestif); ou

encore, biscottes ou pâtisserie légère : biscuits secs ou à la

cuillère, brioche .On ajoutera du beurre , frais et naturel à

l’exclusion de la margarine; ou du miel ou du fromage ou de la

confiture —

A ce repas matinal, il faudra toujours se garder de consommer

un oeuf nature, de la viande

ou du poisson, contrairement à ce que font les naturels

d’Outre-Manche.

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En hiver, remplacez l’infusion par une soupe aux légumes ou

aux céréales (porridge ou farine

ou pâtes cuites à l’eau sucrée et au beurre presque sans lait).

*

**

Sentez-vous votre estomac embarrassé pour avoir un peu trop

mangé ? Le jeûne matinal, de temps à autre, sera excellent :

vous vous contenterez d’un grand verre d’eau NON SUCREE

Elle purifie le sang et minéralise merveilleusement. Au lieu de

vous affaiblir à cause de la privation d’aliments plus

substantiels, cette diète vous confère paradoxalement une

euphorie spéciale qui vous rend apte au travail intellectuel.

*

**

Que comprend un repas midi bien combiné?

1° Des aliments minéraux et riches en VITAMINE qu’il est utile

de s’administrer au début comme hors-d’oeuvre : quelques

feuilles de salades (mâche en hiver, romaine en été,pissenlit

aux époques d’équinoxes, cette dernière salade étant en outre

diurétique, tonique et stomachique). On y joindra des légumes

crus en très petite quantité : petits pois,radis, pommes de

terre, artichaut, carotte, chou et une cuillerée à café de blé

cuit, une pincée de sel FRAIS, un peu de beurre CRU et une

pomme de terre cuite dans le four ou sous la cendre en robe

des champs.

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2° Un plat de résistance consistant en un aliment azoté

d’origine animale : viande plutôt légère.

3° Des aliments combustibles : pain De plus, en hiver un ou

deux féculents : pommes de terre à discrétion ; semoules,

flocons de céréales, pâtes , riz.Des corps gras : beurre naturel

ou huile d’olive pour la préparation des plats ( l’huile de noix

serait excellente, si elle ne constipait un peu et ne rancissait

rapidement).

4° Un aliment diastasé : un peu de fromage fermenté, cru ou

cuit : tomme de Savoie, Saint-Nectaire, Hollande, Gruyère

ordinaire, Coulommiers, Bondon de Neufchâtel, Camembert.

Chacun de ces mets précieux aide à la synthèse alimentaire

correcte. Tant pis pour Louis XIV que l’on sevrait de fromage,

sous prétexte que ce produit était par trop vulgaire. En faire

paraître sur la table du Roi-Soleil eût constitué un crime de

lèse-majesté

5° Des aliments sucrés et vitaminés (vitamine C : fruits de

saison, plus dessert sucré : confiture, miel ou pain d’épice.

6° Des produits excitants pour stimuler l’appétit et favoriser les

sécrétions digestives : sauces légères , sel, condiments

végétaux, rissolement, vin coupé de beaucoup d’eau, thé,

café.

*

**

Le goûter sera extrêmement sobre : pain avec beurre ou

chocolat

Quant au repas du soir il comprendra :

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1° Un potage peu abondant (pour éviter la distension de la

paroi stomacale, les dilatations et dyspepsies atoniques avec

fermentations intestinales), peu chargé en légumes, épaissi

avec du vermicelle ou une pomme de terre râpée CRUE.

Jamais de bouillon de viande

2° Un plat de résistance azoté mais, ici, pas sous forme de

viande : un oeuf nature, à la coque(très digestible ou dur avec

un peu de vinaigre ou sur le plat ou sous forme d’omelette ou

du fromage fermenté.

3° Des aliments - combustibles à digestion facile : pain et un

féculent l’été, deux l’hiver :

semoules, pâtes, pommes de terre.

4° Un aliment minéralisé absolument nécessaire le soir pour

aider à la récupération nocturne des sels minéraux, fournir des

déchets susceptibles d’exciter les contractions péristaltiques

de l’intestin, et empêcher ainsi la constipation, cet ennemi

mortel de l’intellectuel et de l’étudiant : légumes verts de

saison CUITS.

5° Un aliment diastasé : fromage doux ou lait caillé

6° Des aliments sucrés et à vitamines C : fruits de saison et

dessert sucré confiture etc.).

*

**

L’étudiant qui, le plus souvent, est un jeune homme ou un

adolescent, devra faciliter sa croissance, affermir son système

osseux et nerveux. Nous ne saurions trop lui recommander,

en automne et en hiver, de demander à son médecin s’il

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l’autorise à « se mettre » à l’huile de foie de morue, ce

puissant accumulateur d’énergies, qui fait du corps une

véritable bouteille de Leyde. Dose : une cuillerée à soupe au

repas de midi et une au repas du soir. Ceux qui se figurent ne

pas supporter ce merveilleux aliment procéderont de la façon

suivante : ils dilueront l’huile dans leur premier mets et boiront

de l’eau contenant du jus de citron et un peu de bicarbonate

de soude Ainsi sera contrebalancé l’excès de vitamines A qui

pourrait donner lieu à une inflammation des muqueuses

buccale et intestinale, et prédisposer au scorbut. Du reste, il

existe en France de nombreuses autres préparations

parfaitement tolérées et efficaces : consulter le docteur de la

famille à cet égard.

En été on remplacera l’huile de foie de morue par le glycéro-

phosphate de chaux granulé ou en cachets toujours après

avis du « toubib » familial.

*

**

Voyons maintenant à serrer d’un peu plus près la façon dont

le candidat à un examen doit adapter son régime alimentaire à

ses besoins particuliers.

Des expériences physiologiques absolument concluantes ont

prouvé depuis longtemps que l’effort intellectuel accélère la

dénutrition de la cellule nerveuse, et, notamment par la suite,

la perte d’acide phosphorique par les urines et la sueur. Cette

fuite s’exagère-t-elle? Elle entraîne rapidement une diminution

très nette des facultés, qui se traduit par une fatigue

considérable sous l’action de l’étude. Elle conduit, en passant

par l’insomnie, à des troubles neurasthéniques. De plus, le

travail de l’esprit intensifie la déminéralisation, c’est-à-dire

l’élimination anormale de divers sels indispensables à

l’organisme, notamment de la chaux et de la magnésie. Cet

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appauvrissement en substances inorganiques se traduit le

plus souvent par des maux de dents ou des sueurs abondante

se produisant de préférence la nuit : il mène droit à la névrose

et à la tuberculose .Enfin, les étudiants laissent échapper une

forte proportion d’azote.

Il est donc de toute nécessité, non seulement au point de vue

strict de la santé, mais encore pour maintenir l’esprit dans un

état constant de vigueur indispensable au succès des études,

que l’intellectuel fasse choix d’une alimentation capable de

reconstituer l’organisme d’après les indications précédentes.

Compte tenu des menus types sus-mentionnés, et qui

s’appliquent à l’homme moyen, l’étudiant devra veiller à

prendre une nourriture plus azotée que carbonée. Celle-ci,

d’ailleurs, proscrira les substances lourdes : graisses, huiles,

dont la digestion, déjà laborieuse chez le travailleur manuel,

réclame avant tout un exercice très énergique. (Nous avons

vu plus haut les précautions à prendre pour assimiler l’huile de

foie de morue). Ces aliments seront remplacés par le beurre

naturel et le sucre non travaillé (sucre coloré, miel, fruits très

sucrés, à l’exclusion du sucre blanc cristallisé industriel).

*

**

En ce qui concerne les matières azotées ou protéines, la

question est assez délicate. Les viandes, qui passent pour le

type des ces aliments, sont en général d’une assimilation

plutôt ardue pour un étudiant, qui est une personne

sédentaire. Dans ces conditions, elles déposent dans l’intestin

des résidus, véritables poisons (toxines) prédisposant à

diverses affections, et, avant tout, amenant très vite l’insomnie

et l’entérite. Nous avons déjà retranché du régime moyen les

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viandes lourdes ou échauffantes : porc, gibier. Celui qui

prépare un examen étant jeune et généralement doué d’un

bon estomac, pourra se permettre d’user de la viande de

boeuf qui est extrêmement reconstituante. Une faveur

spéciale sera réservée au poisson. Outre sa parfaite

digestibilité quand il est très frais, il possède le précieux

avantage de contenir de fortes proportions de phosphore, cet

aliment vital du système nerveux.

*

**

Nous ne saurions trop insister sur ce point :

Sans astreindre l’étudiant à un régime végétarien sévère,

mettons-le en garde contre l’abus de la viande déjà exclue le

soir de tous les régimes.

Il aura, au contraire, tout intérêt à accorder quotidiennement

une place importante à alimentation azotée végétale. Pois,

lentilles, fèves et même haricots (dont les effets de

fermentation seront « contrés » par le bicarbonate de soude et

le charbon de Belloc), contiennent une plus forte proportion

d’azote que la chair et seront mieux supportés, si l’on a soin

de faire usage de ces légumineuses sous forme de farines,

c’est-à-dire sans les peaux qui sont d’une digestion presque

impossible. On insistera surtout sur les lentilles, qui

contiennent beaucoup d’acide phosphorique et une notable

quantité de fer.

Noix, amandes, noisettes et noix du Brésil sont fort

recommandables à titre de dessert. Ces fruits si savoureux se

digèrent bien, en général; sous leur apparence modeste, ils

sont très nourrissants, contenant — le croirait-on? — plus

d’azote que la viande elle-même ! Il convient toutefois de

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signaler l’effet astringent des noix : elles tendent à produire de

la constipation. Si l’on redoute cette incommodité, on leur

préférera les amandes, qui jouissent, au contraire, de

propriétés plutôt laxatives.

Soigneusement cuits, les épinards sont excellents. Outre leur

vertu dépurative et légèrement purgative, très favorable en

toute saison, et tout particulièrement au printemps et à

l’automne, ils exercent une action reconstituante par le fer

qu’ils contiennent.

Les pâtes de bonne qualité sont nourrissantes et de digestion

facile. Ces aliments — ainsi que le riz — jouissent de

propriétés astringentes qui en rendent l’usage précieux en été,

à titre de précaution contre les diarrhées.

Le pain bien cuit est recommandable, pris en quantité

modérée : deux à trois cents grammes par jour, et non une

livre et demie à deux livres, suivant l’usage blâmable des

Français avant la « drôle de guerre ». Mais si la cuisson laisse

à désirer ou s’il est absorbé en excès, il présente de graves

inconvénients. Ainsi que l’ont prouvé les travaux du Dr Ferrier,

il provoque dans le tube digestif des fermentations très actives

génératrices d’acides qui dissolvent les minéraux de

l’organisme, dont elles entraînent une ruineuse élimination.

A raison d’un à trois par jour à la coque ou incorporés à

d’autres aliments, les oeufs frais (et non congelés) sont

excellents, et d’une digestion très facile. Le blanc est une

substance albuminoïde riche en azote, et le jaune contient un

tonique puissant, la lécithine. Si, aux approches de l’examen,

vous éprouvez le besoin de galvaniser vos forces par un peu

de suralimentation, vous pouvez y recourir sans danger à

l’aide des oeufs. Augmentez alors la dose sus indiquée mais

en évitant de consommer les blancs dont l’excès produirait

dans l’intestin des toxines extrêmement actives.

Page 22: Comment décrocher tous vos examens.pdf

22

Les fruits frais notamment les pommes et les fraises

contiennent de l’acide phosphorique. S’ils sont bien mûrs et

non acides, les prendre crus en petite quantité. Sinon, chasser

au préalable l’acidité par la cuisson qui, il est vrai, tue

malheureusement les vitamines.

Les confitures sont excellentes. Celles de rhubarbe, en

particulier, sont intéressantes par leurs propriétés laxatives.

Eviter le plus possible les conserves. Même en hiver,

cherchez légumes et fruits FRAIS. Malgré les plus savantes

manipulations, les conserves ne sont pas saines, à cause de

leur manque de vitamines. Leur abus altère rapidement le

sang, et cette altération se traduit à l’extérieur par des

éruptions et de l’urticaire.

Si l’abus du café — le soir en particulier — produit de

l’insomnie, abstraction faite de troubles possibles dans la

région du coeur, un usage modéré de cette délicieuse boisson

Stimule le système nerveux par la caféine qu’elle contient, et

facilite très sensiblement le labeur intellectuel. Honoré de

Balzac, l’auteur de « la Comédie humaine », arrivait à

travailler ses quinze heures par jour en se « dopant » à jet

continu de café. Bien entendu, il exagérait. Quoi qu’il en soit,

le café aide beaucoup à supporter les chaleurs de l’été. A

cette époque critique de l’année qui sonne le branle-bas des

examens, il est très hygiénique d’absorber, pendant et même

entre les repas, de l’eau contenant quelques traces de café.

Le chocolat est une boisson tonique, mais un peu échauffante.

Ce produit, introduit en France au XVIIe siècle par Marie-

Thérèse d’Espagne, renferme, outre le beurre de cacao qui a

une réelle valeur nutritive, une substance tonique pour les

nerfs que nous avons déjà nommée :

Page 23: Comment décrocher tous vos examens.pdf

23

la théobromine.

Une expérience formelle a prouvé que l’alcool est tout

particulièrement nuisible à l’entraînement intellectuel (comme

le tabac, du reste, et ceci pour n’importe quel entraînement

sportif)

Si, de peur de passer pour une... femmelette, encore que le

sexe aimable ait beaucoup évolué sous ce rapport — vous ne

voulez pas vous astreindre à boire de l’eau pure, faites usage,

aux repas, de vin d’excellente qualité largement coupé. Il y a,

dans le vin ROUGE notamment, du tartre et du tanin

substances toniques de premier ordre, ainsi que des éthers et

des aldéhydes qui facilitent la digestion le sommeil. On

pourra, si l’on préfère, prendre de la bière copieusement

additionnée d’eau :cette boisson amère stimule l’appétit et

fouette l’organisme.

Enfin, il peut être utile, surtout pendant le dernier trimestre, de

faire usage de comprimés de sels calciques autorisés par le

docteur, si on les supporte bien. Ces aliments

supplémentaires, au contraire, accroissent-ils la sueur ? C’est

qu’ils ne sont pas complètement assimilés; l’organisme se

débarrasse par la peau de la portion non absorbable, et c’est

une fatigue de plus en un bien mauvais moment... En ce cas,

diminuer la dose jusqu’à disparition complète de la

transpiration.

*

**

Si nous avons insisté sur la partie alimentaire de

l’entraînement de l’intellectuel, c’est qu’elle présente une

importance CAPITALE et cependant, naguère encore,

combien insoupçonnée Importance telle, que nombre

d’illustres « hommes de l’art » comptent exclusivement sur les

puissants effets d’une nourriture rationnelle pour la guérison

des maladies chroniques (exemple frappant du traitement de

Page 24: Comment décrocher tous vos examens.pdf

24

la tuberculose dans les sanatoria). Importance que l’on saisira,

si l’on songe que tout résultat intellectuel n’est qu’une forme

d’énergie transformée, et que c’est de la nutrition seule que

dépend la somme d’ENERGIE se trouvant en nous (sous

forme d’énergie calorifique TRANSFORMEE EN ENERGIE

ELECTRIQUE comme on vient de le découvrir); si l’on

réfléchit que les cellules du corps sont en incessant

renouvellement (sauf les cellules nerveuses QUI NE SE

RENOUVELLENT JAMAIS : aussi faut-il en prendre soin

comme de la prunelle de ses yeux...), et qu’il dépend du...

ravitaillement individuel de remplacer toute cellule déficiente

par une plus forte puisque la substance même des cellules ne

peut provenir d’une autre source. Importance enfin qui

apparaîtra d’une éclatante évidence si l’on aperçoit, planant

sereinement bien au-dessus des raisonnements précédents,

l’éternelle et majestueuse loi de la CONSERVATION DE

L’ENERGIE!

Page 25: Comment décrocher tous vos examens.pdf

25

CHAPITRE III

Hygiène de l’étudiant Liberté... Egalité... Fraternité... Trois mots sublimes de la

Déclaration des Droits de l’Homme... Au fait, le principe

d’EGALITE est-il une loi de nature ? Qui oserait le soutenir ?

Tel enfant naît vigoureux, doté d’organes sains et forts; cet

autre vient au monde débile et le restera probablement jusqu’à

son dernier soupir. C’est que l’hérédité joue un rôle

prépondérant dans la robusticité initiale de l’être vivant.

Les astrologues proclament que le fait de voir le jour à telle ou

telle époque de l’année, à telle ou telle heure de la journée, a

aussi sa petite influence. Longtemps, les pontifes ont fait des

gorges chaudes de ces affirmations, taxées de superstitions

dues à l’ignorance et à la bêtise. Mais on a beau dire : il y a

rarement fumée sans feu. Se risquera-t-on, de nos jours, à

nier « mordicus » toute action émanée des régions éthérées,

alors que l’on commence à se douter des effets des rayons

cosmiques sur l’évolution du nouveau-né?

Quoi qu’il en ‘soit, les Spartiates sacrifiaient impitoyablement

les déficients, les « mauvais sujets » . On les jetait à l’Eurotas,

et tout était dit. C’était peut-être aller un peu vite. En effet, par

l’observation stricte et persévérant des règles de l’hygiène, un

individu peut agir sur sa constitution. Tel hercule, qu’une

confiance illimitée en sa résistance, en son invulnérabilité rend

follement imprudent, décédera prématurément, alors qu’une

Page 26: Comment décrocher tous vos examens.pdf

26

bacillose, astreignant sa victime à prendre de grandes

précautions, sera peut-être pour elle un brevet de longue vie...

*

**

Qui ne connaît sur le bout du doigt les règles de l’hygiène,

ânonnées dès la plus tendre enfance sur les bancs de l’école

? En les mettant en pratique à la lettre, on s’assurerait les plus

grandes chances de narguer la Camarde jusqu’aux approches

de la centaine. Or, chose stupéfiante, personne, en réalité, n’a

cure de se plier à l’observation de ses préceptes.

Le paysan, répète-t-on comme un leitmotiv, est extrêmement

robuste. La vie à la campagne ? Garantie de force, de santé,

de longévité... Hum... Du moins jusqu’à ces dernières années,

avant que la machine ne fût venue seconder le muscle, le

travail était dur, surtout dans les terrains rocailleux. Exposé à

toutes intempéries, on était sur la brèche jusqu’à dix-huit

heures par jour durant la « belle » saison ! Comment songer à

la semaine de quarante heures quand les récoltes sont là,

réclamant des soins de tous les instants, et doivent être

rentrées en un clin d’oeil si un orage pointe à l’horizon !

En fait, ce métier était des plus meurtriers. C’est par sélection

naturelle que quelques-uns sont restés : debout LES FORTS !

Et les autres ? Ils peuplent les cimetières.

Aujourd’hui, certes, les instruments agricoles viennent vous

épauler. Cependant, que de fermiers se contentent encore

d’une alimentation distribuée à la diable, sans aucun principe

scientifique; emportent au marché leurs poulets et leurs lapins,

gardant pour eux un mauvais lard sans maigre, bien qu’ils le

décorent pompeusement du nom de « viande » ; vendant

leurs oeufs frais et en achetant de vieux pour les consommer ;

Page 27: Comment décrocher tous vos examens.pdf

27

expédiant au loin leurs barriques d’excellent vin et buvant une

« piquette » mal faite, acide et nuisible à la santé !Combien

négligent d’aérer leur chambre, de chauffer décemment leur

maison, et contractent une grippe « carabinée » qui les cloue

au lit pour un mois chaque hiver

Dans les villes, n’est-ce pas encore pire ? Entassés dans des

taudis, on fume, on se réfugie au café pour y commander des

boissons alcooliques, si l’on ne va pas chercher des

distractions dans les lieux pires.

Quel est le but de l’hygiène ? Se préserver des maladies, et

tout particulièrement des affections contagieuses. Soins de

propreté, choix des vêtements, disposition de l’habitation, etc.,

sont de son ressort.

Il faut tout d’abord avouer que, pour des rai sons de snobisme

masquant des intérêts commerciaux plus ou moins

recommandables, bien des choses entrant dans la catégorie

de « ce qui se fait » ne brillent pas particulièrement par leur

valeur hygiénique

— Voyez-vous souvent, dans le rayon de la cordonnerie, des

chaussures s’élargissant par l’avant, pour épouser exactement

la forme des pieds ? Allons donc ! ce serait anti-esthétique...

Aussi, presque tous les souliers.., bottines.., sandales... etc.,

s’inspirant de la mode chinoise, se terminent-ils en pointe, au

grand dam des orteils, qui, comprimés, torturés, écrasés, se

déforment, se couvrent de cors et d’ampoules, et des dessous

de pieds où s’épanouissent d’inextirpables durillons.

Et que dire de cette mode des souliers bas, éclose vers la fin

de la « der des der » pour s’imposer partout depuis la « drôle

de guerre ? On se fatigue plus vite à pied et à bicyclette, la

cheville n’étant plus soutenue, ni, du reste, plus protégée en

hiver contre les morsures du froid.

Page 28: Comment décrocher tous vos examens.pdf

28

- Commerçant, rencontrez-vous le «bonhomme » avec qui

vous avez à traiter ? Avisez-vous donc de ne pas le suivre au

bar pour discuter devant deux « fines » ou deux « demis »

bien tassés : vous êtes sûr de rater une occasion qui ne se

renouvellera pas.

- Etes-vous facteur rural? Essayez de faire fi du petit verre qui,

au cours de vos tournées, vous est offert dans mainte maison.

Vous offenserez de braves gens et passerez pour un goujat.

Choisissez : vous confectionner un solide ulcère d’estomac,

ou voir, au jour de l’an, vos étrennes vous passer sous le nez.

—Vous n’êtes, il est vrai, ni commerçant ni facteur. VOUS

ETES ETUDIANT. Cela ne change rien. Ah ! vous ne vous

laissez pas en traîner à « vadrouiller » avec les copains? Ah !

vous préférez étudier au lieu de renchérir sur leurs fredaines ?

Ah ! après dîner, vous décidez

de dormir vos neuf heures et de récupérer normalement des

forces dont vous avez besoin,

au lieu d’errer de dancing en boîte de nuit ? Vous n’êtes, aux

yeux de ces messieurs, qu’un ours doublé d’un crétin !

*

**

L’étudiant se doit de ne pas négliger certaines précautions .Le

labeur intellectuel astreint à une existence non exempte de

dangers, à un âge où il faut circuler. En particulier, il tend à

produire une atonie génératrice de graves désordres

stomacaux et intestinaux Aussi faut-il veiller tout

particulièrement à manger lentement, à mâcher

consciencieusement les aliments et à faire durer au moins

trois quarts d’heures chacun des deux principaux repas. Rien

de funeste comme cette déplorable habitude qui s’est

introduite dans les pensionnats de bâcler déjeuner et dîner en

une vingtaine de minutes. L’excuse provenant des exigences

Page 29: Comment décrocher tous vos examens.pdf

29

d’un emploi du temps surchargé est illusoire :on étudie moins

bien moins vite, et on assimile très mal les connaissances,

pendant une digestion laborieuse.

Une avalanche d’aliments ingurgités à la hâte et tombant dans

l’estomac après une mastication et une insalivation

insuffisantes, impose à cet organe un labeur extrêmement

pénible. A vrai dire, les élèves ont, à peu près partout,

parfaitement le temps de jouer tranquillement des mandibules,

mais ils sont impatients de retourner s’amuser, la durée de la

récréation était sévèrement mesurée. Si, après un repas ainsi

précipité, ils se livrent par surcroît à un sport violent, ils

peuvent être certains que leur digestion va se trouver presque

complètement entravée.

Napoléon, ce génial intellectuel, ce géant du travail qui

consacrait à l’élaboration de ses vastes plans quinze heures

par jour, s’accordait à peine le temps de se sustenter. Il

regrettait les dix minutes qu’il passait à table : du temps perdu

à son sens... Il exigeait que tous les plats fussent apportés à

la fois, avant qu’il ne se présentât.

Puis, une fois assis, il allongeait fébrilement la main, et le mets

le plus rapproché avait d’abord ses faveurs. Il n’était pas rare

de le voir commencer par le dessert et terminer par le potage.

Cette négligence — désespoir de son Esculape Corvisart lui

valut un ulcère à l’estomac qui devait, en dépit de sa belle

constitution, le terrasser à l’age de cinquante-deux ans.

*

**

Evitez tout travail intellectuel immédiatement après le repas;

abstenez-vous même de tout exercice physique un peu actif.

Page 30: Comment décrocher tous vos examens.pdf

30

Les animaux, dont le merveilleux instinct est le plus fin

hygiéniste, se couchent dès qu’ils ont mangé. Attendez au

moins une heure avant de vous livrer un labeur intense de la

pensée.

*

**

Il est salutaire, au cours de la journée, de faire de fréquentes

promenades sans fatigue, en pleine campagne de préférence.

Au cours de l’étude, on se lèvera fréquemment de sa table de

travail pour allonger ses membres engourdis. Quelques

mouvements de gymnastique très correctement exécutés, et

dont chacun sera séparé du suivant par QUATRE

SECONDES pour faciliter la circulation dans les muscles

intéressés: CECI EST TRES IMPORTANT — seront

excellents pour rectifier les positions vicieuses précautions fort

simples, dont la pratique, croyons-nous, évitera bien des

malaises. Il est vrai que les choses limpides, souvent si utiles,

sont trop fréquemment celles qu’on dédaigne de faire. Il ne

sera donc pas superflu, pour se décider à consacrer quelques

minutes par jour à ces exercices, de prendre la peine de

réfléchir, à leur importance et de se convaincre fermement

que ce n’est pas là du temps niaisement gaspillé.

Durant des heures d’un labeur assidu, on demeure écrasé sur

un bouquin. Qui ne comprendrait que la poitrine, l’estomac,

l’intestin, le foie, se trouvent comprimés et se congestionnent?

La circulation se ralentit dans ces organes, et les fonctions

perdent de leur activité. La désassimilation est gênée, les

déchets sont expulsés avec moins d’énergie, les boyaux

perdent de leur élasticité. Si, par suite, se produit une

constipation tenace, - ce qui est trop fréquent — l’organisme

s’intoxique peu à peu. On marche vers la dyspepsie, la

gastrite, l’entérite, les affections hépatiques; les poumons eux-

Page 31: Comment décrocher tous vos examens.pdf

31

mêmes risquent d’être atteints, surtout si l’on n’a pas soin

d’aérer amplement son studio.

*

**

Vous sentez-vous fatigué? Reposez-vous AUSSITOT. Est-ce

après une besogne d’une heure? Allongez-vous sur un lit, une

chaise-longue, un fauteuil. Au besoin, restez immobile sur

votre chaise, les yeux clos, en vous décontractant le plus

possible et en vous efforçant de ne penser à RIEN. Cinq

minutes suffiront pour vous regonfler à bloc. Après plusieurs

heures d’un travail ininterrompu, un quart d’heure d’un tel

repos vous revigore totalement.

N’ayez pas honte de vous détendre. Le repos, conséquence

d’un labeur, n’a rien de commun avec la paresse. Il doit être

considéré comme SACRE. Etant habituellement assidu au

travail, éprouvez-vous une répugnance très nette à l’action ?

Ne vous attelez pas de vive force à la tâche. La volonté d’agir

non accompagnée d’un certain PLAISIR, d’une sorte d’allant,

d’euphorie, non seulement ne conduit pas à de solides

résultats, mais risque de compromettre la santé. Demandez-

vous si cette sensation de recul devant le papier blanc.., à

noircir n’est pas un avertissement salutaire qu’il serait périlleux

de mépriser...

*

**

Car la nature ne nous prend jamais en traître : ELLE

AVERTIT. Aussi convient-il d’accorder la plus grande attention

Page 32: Comment décrocher tous vos examens.pdf

32

aux divers désagréments qu’elle vous ménage non pour la

maudire, mais pour essayer, en pythonisses — disons, pour

être à la page, en apprentis-sorciers

— de pénétrer ce que présagent ces augures : bobos destinés

à vous protéger contre des maux plus grands qui pointent à

l’horizon.

Ainsi, les maux de dents sont la cloche d’alarme qui, en nous

décidant à visiter le dentiste, nous permet de conserver ces

petits os précieux par plombage, ou, au pire, de les faire

remplacer. Nous sommes, d’autre part, informés par là qu’il se

produit en nous une inquiétante déminéralisation et invités à

renforcer notre alimentation en sels de chaux, à l’alcaliniser, et

à modérer notre effort.

En hiver, après quelques minutes de travail intellectuel dans la

position assise, sentez- vous des bouffées de chaleur ? Vos

pieds se refroidissent-ils ? Votre circulation laisse à désirer et

il sera prudent de vous soumettre à l’examen d’un spécialiste

du coeur.

Avez-vous une pesanteur dans la région supérieure de

l’abdomen, du côté droit? Attention à votre foie ou à votre

appendice...

Eprouvez-vous des fourmillements dans les membres ? dans

les doigts ? Souffrez-vous de torticolis ? de diarrhées

fréquentes ? Gare à vos reins...

Et que de migraines terreur de 1’étudiant— installées depuis

des mois, parfois des années céderaient comme par magie, si

— au lieu supprimer stupidement, pour un temps, l’effet par un

analgésique, sans se préoccuper de cause — on se décidait

sans ambages à aller consulter un spécialiste de l’estomac ou

de la vue! Certaines de ces céphalgies sont dues à un

fonctionnement défectueux du tube digestif, d’autres à une

Page 33: Comment décrocher tous vos examens.pdf

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anomalie de l’oeil :myopie par exemple, ou différence de

puissance entre les deux organes visuels. Se rend-on compte

de la fatigue accumulée par un intellectuel, pour des yeux

anormaux, et, par suite, pour un nerf très important de la tête,

du fait de lectures presque ininterrompues du matin au soir?

Nous avons eu le plaisir de voir disparaître des migraines

anciennes de DIX ANS, chez une demi-douzaine de

personnes qui, à la suite d’une simple remarque de notre part,

s’étaient rendues chez l’oculiste.

Profitons de l’occasion pour noter que des yeux MEME TRES

NORMAUX se fatiguent considérablement chez l’étudiant.

Cette fatigue locale contribue POUR UNE GRANDE PART à

la fatigue générale causée par l’étude. CE POINT CAPITAL

ETAIT PASSE JUSQU’ICI A PEU PRES INAPERÇU. Aussi

n’hésitons-nous pas à recommander au candidat à UN

EXAMEN de faire entrer définitivement les soins de l’oeil dans

sa toilette QUOTIDIENNE. Matin et soir, et après chaque

séance d’étude de plusieurs heures, massez-vous quelques

minutes le tour des paupières, et prenez un bain local (eau

tiède dans une oeillère) pendant une cinquantaine de

secondes pour chaque oeil.

• Si tout le monde doit absolument dormir cette règle est

encore plus impérieuse chez l’homme d’étude.

Se doute-t-on que l’insomnie est due à quelque maladie?

Consulter son « toubib », faire analyser ses urines et son

sang, et passer à la radio.

Dormez la fenêtre ouverte, votre chambre ayant, au préalable,

été aérée à fond au cours de la journée, et la poussière

enlevée très minutieusement par un aspirateur électrique.

Vous fermerez la croisée seulement pendant les gros froids, si

vous prévoyez que la température doive s’abaisser au-

dessous de + 7 degrés centigrades dans votre chambre.

Page 34: Comment décrocher tous vos examens.pdf

34

Orientez votre lit dans la direction nord-sud (tête au nord,

pieds au midi). Sans qu’on ait pu encore déterminer très

exactement le rôle du magnétisme terrestre sur l’organisme,

on admet que se placer suivant les grands courants du globe

(dans le SENS indiqué ci-dessus, et NON dans le sens

INVERSE) favorise le repos. On l’a d’ailleurs constaté

expérimentalement.

• Pour une raison analogue, celui qui travaille debout ou assis

a intérêt, pour l’économie de ses forces, à se fixer le dos au

nord, face au sud. Lit-il ? Il s’arrangera, en outre, de façon que

la lumière lui arrive obliquement du côté gauche.

•Le soir, mangez légèrement restez, comme on dit sur votre

appétit. Vous aurez pris un peu de charbon de Belloc pour

désinfecter le tube digestif, puis un verre d’eau pure qui

rincera vos viscères — nettoyage en petit des écuries

d’Augias — tout en décongestionnant le foie et les reins.

• Faites quelques exercices de gymnastique, notamment des

mouvements de jambes. Vous pouvez, par exemple, pratiquer

la flexion et l’extension des membres inférieurs neuf fois

consécutives, ces mouvements étant exécutés lentement et

avec la plus grande perfection. Vous faciliterez ainsi la

circulation, ferez avorter tout signe congestif et expédierez le

sang vers la périphérie.

• Frictionnez-vous énergiquement la tête, la face et le cou

avec une serviette un peu rude non

mouillée, surtout si vous avez beaucoup peiné

intellectuellement, pour dégager la partie supérieure du corps.

Ce résultat sera renforcé si fous faites ensuite NEUF fois,

dans les deux sens et très lentement, chacun des trois

mouvements suivants

1° Faire basculer la tête de droite à gauche et de gauche à

droite autour d’un axe horizontal dirigé d’avant en arrière

(prendre, en quelque sorte, des airs penchés perfectionnés).

Page 35: Comment décrocher tous vos examens.pdf

35

2° Faire tourner la tête de gauche à droite et de droite à

gauche autour de l’axe vertical du corps (comme si l’on

cherchait à... dévisser sa tête).

3° Faire mouvoir le chef de haut en bas et de bas en haut,

autour d’un axe horizontal parallèle à la ligne des épaules

(salutations à l’orientale, ou, si l’on veut, signes énergiques

d’approbation).

• Effectuez ensuite des soins de bouche (gargarismes,

lavages de dents) et prenez dans le nez une pommade

légèrement antiseptique (vaseline goménolée, par exemple).

Une fois au lit, faites plusieurs mouvements consécutif

d’expiration FORCEE, en visant à chasser absolument toute

trace d’air des recoins les plus exigus des alvéoles

pulmonaires (figurez- vous, par exemple, que vous cherchez à

tirer d’un cornet à pistons une série de sons suraigus, ou que

vous voulez emplir, en soufflant, un ballon d’une capacité

illimitée) ; puis exécutez quelques inspirations INTENSIVES.

Mieux vaut séparer les premiers mouvements des seconds :

vous réussirez ainsi les uns et les autres avec une plus

grande perfection et une fatigue sensiblement moindre.

Cette technique offre le précieux avantage de renforcer

instantanément — et pour toute la durée de la nuit — le

rythme de la respiration, qui tend à plonger dans le sommeil

en ce qu’il constitue un véritable bercement. De plus, elle

accroît la capacité respiratoire et la masse d’air pure utilisée

pendant la nuit, ce qui est encore favorable au sommeil.

On peut se faire ensuite une vingtaine de suggestions en

répétant : « JE SUIS SUR que je vais m’endormir. »(Voir la

deuxième partie, chapitre premier).

*

**

Page 36: Comment décrocher tous vos examens.pdf

36

Ces procédés peuvent ne pas donner tout leur effet les

premières fois. A chaque nouvelle application, leur réussite

s’affirmera avec plus d’autorité.

Dans les cas rebelles, on peut, durant une dizaine de minutes,

se masser les épaules (ce qui n’est pas aisé), la poitrine et la

région abdominale, puis placer une main à plat sur l’estomac

ou sur le foie — comme le faisait probablement Napoléon —

et l’y laisser. Elle se comporte comme une source de douce

chaleur et accélère la digestion, ce qui porte au sommeil.

En même temps, vous compterez jusqu’à MILLE de la façon

suivante : UN (et vous fermez les yeux) ; DEUX (vous les

ouvrez) ; TROIS (vous les fermez); QUATRE (vous les

ouvrez), et ainsi de suite, alternativement. La fatigue des

paupières et le rythme de l’opération joueront le rôle d’un

puissant agent hypnotique, du reste absolument inoffensif.

Vous éveillez-vous, pendant la nuit, en hiver? Recommencez

les exercices précédents. Est-ce en été ? N’hésitez pas à

vous lever pour vous faire une ablution à la serviette mouillée.

Recouchez- vous, puis revenez aux procédés sus-indiqués.

Si cela devient nécessaire, prenez, avant de vous coucher, un

bain de pieds chaud puis une infusion aromatique : tilleul,

camomille, ou un véritable somnifère (coquelicot). Rien de

plus simple, d’ailleurs, que de demander au pharmacien un

petit flacon de potion narcotique. Mieux vaut prendre une fiole

exigu : vous pourrez ainsi vous réserver de changer de

soporifique, ce qui évite l’accoutumance.

*

**

L’idéal est d’avoir une chambre exposée au sud-est. D’autre

part, se coucher sur le dos serait parfait, si ce n’était

Page 37: Comment décrocher tous vos examens.pdf

37

l’inconvénient du ronflement qui se produit souvent dans cette

position. Cette posture est la seule qui ne comprime aucun

organe. Dormir du côté gauche ? Mauvais:

on gène le coeur. Tenter de reposer franchement du côté droit

n’est guère meilleur : on s’appuie sur le foie. On s’étendra sur

les deux épaules, très légèrement à droite.

*

**

• S’il faut absolument se reposer, il est, par contre,

indispensable à l’étudiant de pallier les inconvénients d’une

existence trop sédentaire par un exercice suffisant.

Il sera utile de faire le matin, au saut du lit, un quart d’heure de

gymnastique, et, si l’on peut, un ou deux mouvements après

chaque heure de travail. De temps à autre, levez-vous de

votre table, redressez bien la tête et faites quelques pas dans

votre studio. Cette activité intermittente rétablit fort à propos

une circulation qui tend à s’engourdir, dégage les organes

comprimés et permet d’éviter les hémorroïdes.

Une bonne promenade à pied — appelez-la séance de «

footing » si vous tenez absolument à rester dans la ligne d’un

certain snobisme sera très salutaire. Sauf contre-indication

médicale, un peu de cyclisme, à allure modérée et en faisant

les montées à pied, sera un excellent délassement. Ne

négligez jamais d’aérer votre salle de travail pendant cinq

minutes toutes les heures.

La méthode de gymnastique naturelle, enseignée par le

commandant Hébert (qui a souvent

remplacé, et plus encore complété la gymnastique suédoise

moins variée et plus fastidieuse), susceptible de s’adapter à

toutes les constitutions et ne poussant pas à la perfide

PERFORMANCE, à la compétition génératrice de surmenage,

mérite d’être connue et employée par les intellectuels

soucieux de maintenir et de renforcer leur santé.

Page 38: Comment décrocher tous vos examens.pdf

38

Autant un exercice pondéré est utile, autant un sport violent

nuit à l’entraînement de l’intellectuel. Tout effort physique

exige une dépense supplémentaire d’énergie. Celle-ci,

nécessairement distraite de celle consacrée à la tâche

principale, aura à être amplement récupérée par une

amélioration du sommeil et des fonctions de nutrition.

Aussi cette consommation parasite de forces doit- elle être

très strictement limitée.

Si vous vous, lancez inconsidérément dans un exercice brutal

et prolongé, vous dissiperez une énorme quantité de calories

et d’influx nerveux, d’autant plus sensible que, par manque

d’en traînement, vous serez très vite exténué. Le danger est

flagrant s’il s’agit d’un sport collectif, où l’émulation dissimule

traîtreusement la fatigue, à moins que, par amour-propre, par

souci de paraître, aux yeux de la galerie, plus « costaud » que

tel camarade, elle n’en fasse litière, purement et simplement.

Le système nerveux, exaspéré, se tendra, donnant l’illusion

que l’on est toujours frais et dispos. Mais après, quelle

réaction !quelle courbature! quel anéantissement !

*

**

Nous ne saurions trop mettre en garde l’étudiant contre

l’ABUS du jeu de football. De même que la boxe, c’est un

exercice plutôt brutal, excellent sans doute pour des soldats,

pour des adultes rompus aux occupations physiques, ou pour

des jeunes gens d’une robusticité très au-dessus de la

moyenne. Par contre, il ne convient guère, en général, à des

adolescents dont l‘organisme est encore délicat, peu résistant,

à plus forte raison quand ceux-ci sont en plein effort

Page 39: Comment décrocher tous vos examens.pdf

39

intellectuel. Non seulement l’usage démesuré de ce jeu

contrarie sérieusement les études, mais il conduit à la

bacillose les sujets non spécialement taillés pour les exploits

athlétiques.

Etant élève de l’Ecole Normale, j’eus la fâcheuse inspiration,

durant ma préparation au Brevet Supérieur, d’entrer dans une

équipe de football. J’y fus d’abord un « avant » médiocre. Il est

vrai que par la suite, — et sans me vanter,

— je fis merveille dans le rôle de demi ‘. Je m’arrangeais

toujours pour faire venir à moi le ballon avec mes pieds. Mais l

n’est pas la question. Le fait est que, chaque jour, après

déjeuner, de midi et quart à une heure, — on se hâtait

sottement d’expédier le déjeuner en un quart d’heure pour

pouvoir jouer un peu plus longtemps avant la classe — nous

nous lancions à corps perdu dans une partie extrêmement

disputée où des mêlées endiablées le disputaient à

d’acrobatiques dribblings. Pendant tout le reste de la journée,

je me sentais déprimé, courbaturé, moulu, les jambes lourdes,

et fort mal disposé pour l’étude.

*

**

L’intellectuel se gardera de tout effort de la pensée après le

repas du soir; tout au plus se bornera-t-il à un léger travail

plutôt mécanique (copie, mise en ordre), ou, mieux, à une

promenade. Il sera bien inspiré en se couchant de bonne

heure, quitte, à se lever de grand matin.

Le travail matinal est très efficace. Il dormira de huit heures et

demie à neuf heures.

Des bains fréquents et des douches écossaises réveilleront la

vigueur de son esprit et lui pro cureront un sommeil salutaire.

Page 40: Comment décrocher tous vos examens.pdf

40

*

**

.

Il est un point CAPITAL que l’étudiant doit viser avant tout :

acquérir une excellente RES PIRATION Il multipliera ainsi ses

chances de santé. Il accroîtra ses forces par le supplément

d’oxygène qui brûlera mieux ses toxines. Par cette combustion

même, il augmentera sa chaleur animale, DONC SON

ENERGIE. Il galvanisera toutes ses facultés. C’est ce que

savent fort bien les fakirs hindous, — que nous vîmes à

l’oeuvre lors de notre séjour de cinq années dans le Proche-

Orient — et tous ceux qui se sont spécialisés dans la

concentration de

la pensée tels les moines du mont Athos, en Grèce.

La respiration, qui s’accomplit par les poumons, et aussi par la

peau, — ce qu’on oublie trop souvent — est une fonction

d’une exceptionnelle importance. En oxydant les poisons

organiques et en les expulsant par la sueur, elle dépure.

Respirer normalement, et pratiquer l’hygiène de la peau par

des soins de propreté, des bains, des ébats en piscine, est

déjà bien. Galvaniser l’appareil respiratoire par l’HYPER-

RESPIRATION et les bains de LUMIERE et de SOLEIL, et

fouetter par là les deux groupes de glandes endocrines

essentielles la glande thyroïde et les glandes surrénales,

décuple la vitalité et confère un véritable rajeunissement.

*

**

Page 41: Comment décrocher tous vos examens.pdf

41

L’hyper-respiration, particulièrement précieuse chez les

sédentaires et les constipés donc chez l’immense majorité des

étudiants, consiste en une notable AMPLIFICATION des

mouvements respiratoires. On sentira tout de suite l’effet

d’une telle exagération, si l’on songe que la capacité moyenne

des poumons d’un adulte est d’environ trois litres, alors qu’une

inspiration normale n’amène qu’un demi-litre d’air dans la

cage thoracique !

Maintes fois recommandés par des hygiénistes, les exercices

respiratoires ont été souvent tentés, mais cela n’a jamais

pris... Pourquoi ?

Eh... mon Dieu! c’est bien simple. Quoi de plus ridicule que de

respirer artificiellement ? L’allure n’y est pas : de quoi a-t-on

l’air ? On se fait l’effet d’un pendu qui va trépasser, d’un

soufflet de forge troué, d’un asthmatique qui suffoque, d’une

carpe qui vient de sortir de son élément. Et l’on a l’impression

de perdre son temps. De surcroît, ces mouvements sont

indiqués comme tout à fait accessoires, se greffant à la diable

sur des exercices de bras. On se résigne donc à les esquisser

comme des actes de gymnastique. A ce titre, on ne tarde pas

à les trouver puérils, et d’un fastidieux ! Enfin, quoi de plus

éreintant que de faire suivre immédiatement une inspiration

très poussée d’une expiration désespérément longue

Nous conseillons de SEPARER les expirations forcées des

inspirations amplifiées. Ainsi, chacun de ces mouvements

sera fait avec plus de profondeur, plus de fini, plus de brio, et

l’effet obtenu s’en ressentira. Il est d’ailleurs inutile d’y

consacrer un temps spécial, à distraire de quelque occupation

importante.

On effectuera ces exercices à chaque sortie, dans la rue, sur

la route ou en plein champ, en continuant à marcher au

ralenti, à raison de trois expirations forcées suivies de trois

Page 42: Comment décrocher tous vos examens.pdf

42

inspirations très amples. A la fin de la journée, on se trouvera

avoir effectué, presque sans s’en être aperçu, une soixantaine

de mouvements respiratoires extrêmement efficaces.

Ressentez- vous, au bout de quelques jours, un peu de

fatigue dans les poumons ? Cessez pendant une semaine,

quitte à recommencer ensuite prudemment, et, au début, avec

moins d’intensité.

Vous ne tarderez pas à vous sentir plus alerte, plus léger, plus

jeune, plus vigoureux. Vous aurez envie de chanter, et serez

stupéfait d’en tendre sortir de votre gorge des sons puissants,

prolongés, que vous ne vous seriez jamais cru capable

d’émettre avec cette intensité et cette virtuosité. Vous allez

vous sentir des ailes, éprouver LA JOIE DE VIVRE. Votre

appétit augmentera. Sans manger davantage, votre poids va

s’accroître, faisant mentir le proverbe : « On ne vit pas de l’air

du temps... »

C’est qu’en effet vous avez ainsi trouvé le moyen de doubler...

de tripler la masse d’oxygène qui vient imprégner vos

poumons, d’où digestion plus active, assimilation plus parfaite,

combustion plus complète des résidus. En outre, cette hyper-

respiration stimule les fonctions du foie (la sécrétion biliaire en

particulier), celles de l’intestin et des reins. De plus, elle anime

la glande thyroïde, et ceci présente une importance

exceptionnelle comme nous le verrons au chapitre VI de la

deuxième partie.

*

**

• Les bains de soleil et de lumière activent les glandes

surrénales, et, par suite, exercent une

Page 43: Comment décrocher tous vos examens.pdf

43

action tonique, en particulier, sur le COEUR. Aussi ne

saurions-nous trop vous recommander, dès la sortie de l’hiver

et dès que la température de la chambre à coucher ou du

cabinet de toilette (à chauffer, s’il le faut, avec un poêle à

pétrole, qui donne à peu près instantanément la température

voulue), approche de 15°, de faire vos ablutions et votre

gymnastique dans le plus simple appareil. Habitez-vous la

campagne .Travaillez ou promenez-vous en manches de

chemise, de façon à profiter le plus possible des bienfaits du

soleil. Encore ne soufflons-nous mot des plages où ces cures

de lumière et de soleil sont si pratiques.

Toutefois, nous ne saurions prendre la responsabilité de

conseiller l’exposition de la peau nue aux ardeurs de Phébus,

surtout au voisinage de la canicule. A cet égard, nous

laisserons la parole à votre médecin. Il a été reconnu que de

nombreuses soi-disant « cures » de soleil, faites

imprudemment, — et moins par souci de santé que pour

sacrifier au dieu Snob en vue d’un brunissement de peau à la

mode — ont réveillé ou même fait éclore des lésions

pulmonaires.

Les rayons solaires traversent les vêtements, mais plus ou

moins suivant la couleur de ceux-ci. Portez des habits clairs,

presque blancs, surtout si vous avez le coeur un peu fragile.

S’habiller en noir équivaut, toutes proportions gardées, à

habiter une cave...

*

**

II est certaines incommodités ou affections particulièrement

fâcheuses chez l’étudiant.

Page 44: Comment décrocher tous vos examens.pdf

44

Nous ne citerons que pour mémoire la « grande faucheuse » :

la tuberculose (puisqu’il faut l’appeler par son nom) qui fait

tant de ravages dans l ‘université. N’insistons pas: la société

commence à s’organiser pour dépister la terrible maladie, et

se colleter avec elle. Les étudiants ont leurs sanatoria. Notons

seulement que beaucoup d’entre eux prennent le mal en

négligeant de s’aérer, ou en respirant les poussières de leur

machine à écrire, poussières aussi meurtrières, quoique

invisibles, que les avions porteurs de bombe H. Ici, les

explosifs atomiques sont les bacilles de Koch !

*

**

Incommodité trop fréquente et souvent préjudiciable à l’oral

des examens : une mauvaise odeur. Elle peut avoir plusieurs

causes. Vient-elle de la sueur des pieds ou des aisselles ?

User de bains saltratés. Le plus souvent, la bouche ou le nez

en sont les responsables. Voir, en ce cas, si l’on n’a pas de

dent cariée. La cause peut encore être une sinusite ou une

digestion défectueuse .S’attaquer à la cause. De toute façon

,pallier, en attendant mieux, toute odeur buccale suspecte par

de fréquents gargarismes d’eau tiède contenant du

bicarbonate de soude (qui neutralisera les acides putrides) et

du charbon médical en poudre l’un des plus efficaces

désodorisants connus.

* .

**

Plus que quiconque peut-être, l’étudiant est sujet à des

indispositions sérieuses dues au froid

Page 45: Comment décrocher tous vos examens.pdf

45

dont certaines peuvent devenir chroniques. Il devra donc

s’entraîner à faire front au général Hiver, en aérant bien sa

chambre et en dormant la fenêtre ouverte ou entr’ouverte, —

sans être au passage d’un courant d’air — tant que la

température le permet. Chaque matin, il prendra son tub ou

son ablution à la serviette mouillée à l’eau FROIDE, et se

frictionnera avec un gant de crin un peu rude, ou une brosse

londonienne à manche .De temps à autre, il saupoudrera de

saltrate Rodell le linge humide avec lequel il se frotte:

l’oxygène ainsi dégagé débouchera ses pores dix fois mieux

que le savon.

Prend-il aisément des coryzas ? Tousse-t-il facilement

pendant la mauvaise saison ?Croit-il avoir contracté une

sinusite ? Est-il sujet à la dyspnée à des attaques d’asthme?

Qu’il essaie donc une cure d’un médicament anglais très

renommé, le MENDACO. N’en prendre que la moitié de la

dose indiquée, et boire, chaque jour, entre les repas, six

grands verres d’eau pour éliminer la plupart des toxines par

voie rénale. Ce médicament présente un inconvénient : il tend

à constiper. Pendant son usage, manger de la confiture de

rhubarbe, des pruneaux et de la salade de pissenlit. Si cela ne

suffit pas, consulter, bien entendu, un spécialiste.

*

**

L’abus des jeux violents en plein air (boxe, football) amenant

fréquemment de la transpiration , nombre d’étudiants se

plaignent de rhumatismes. Il faut alors s’occuper de son foie et

boire matin et soir un grand verre d’eau. Y joindre un

traitement, non au CORTISONE, produit récemment porté aux

nues par la grande presse en réalité, remède de cheval, très

Page 46: Comment décrocher tous vos examens.pdf

46

mal connu, qui a souvent produit des accidents par fois

MORTELS, mais au DOLCIN. Ce produit, qui a déjà fait ses

preuves et n’irrite aucun organe, est très efficace dans des

cas invétérés et même désespérés, ce qui ne veut pas dire

dans TOUS les cas. En tout état de cause, le DOLCIN est

toujours inoffensif. Boire encore, pendant la cure, six grands

verres d’eau chaque jour.

*

**

Boxe, football, lutte gréco-romaine avec ses prises

redoutables, judo, catch et ses coups trop souvent..,

hétérodoxes, donnent le jour à de nombreuses HERNIES

chez les étudiants. Evidemment, ils peuvent se faire opérer; et

même, s’ils sont sous les drapeaux, on les allonge sur le

billard sans leur demander leur avis ! A coup sûr, mieux vaut

jouer à la statue sous le scalpel à la fleur de l’âge qu’à quatre-

vingts ans.

Mais enfin, si vous êtes en train de « potasser » un examen,

cela peut s’appeler une tuile... Allez vous sacrifier peut-être un

an en vous laissant immobiliser pendant un mois ou deux, à la

suite d’une... .intervention ? Mieux vaut prendre la tangente,

du moins momentanément, sauf, bien entendu, en cas de

hernie étranglée. On recherchera une bonne ceinture.

S’adresser à la maison britannique : BEASLEY’S LIMITED,

Beasley House, à Boscombe, BOURNEMOUTH (Hampshire),

qui, du reste, a des agences partout en Grande-Bretagne et

des succursales dans diverses capitales. Ses ceintures,que

nous avons portées nous-même, sont peut-être, à l’heure

actuelle, les meilleures qui existent. Très douces, ne se

déplaçant jamais, et, par suite, ne donnant pas lieu à des

Page 47: Comment décrocher tous vos examens.pdf

47

écorchures ou à des infections, formées d’une double lanière

en caoutchouc, elles se signalent par leur pelote, qui se gonfle

avec une petite pompe comme un pneu de bicyclette.

De multiples hernies, au début, surtout chez les jeunes, se

sont complètement, radicalement,

presque miraculeusement guéries sans opération, par le port

de ce bandage. Du reste, avec cette ceinture, on peut se

remettre à des occupations musculaires (jardinage, cyclisme,

etc.), que la hernie soit curable ou non. L’élasticité du

caoutchouc s’usant rapidement, il est sage d’en changer

chaque année. Toutefois, si on soigne bien sa ceinture, elle

peut durer dix-huit mois, et jusqu’à deux ans.

*

**

Maints étudiants, en hiver, et parfois dès le début de

l’automne, ont des... engelures Combien gênantes pour

l’étude, ces démangeaisons extrêmement désagréables qui

vous portent particulièrement sur les nerfs ! Sans compter la

difficulté d’écrire, si elles s’égarent sur la main droite, ce qui

arrive presque toujours... Il faut à tout prix éloigner ce petit

fléau.

Une engelure est un véritable GEL de la peau. La cause

immédiate semble être un trouble circulatoire. On en a fait

longtemps une manifestation d’anémie. On les attribue plutôt

aujourd’hui à une carence de vitamines D. Leur remède est

encore inconnu et ferait un splendide sujet de Thèse...

Page 48: Comment décrocher tous vos examens.pdf

48

Pour les prévenir, on usera de l’huile de foie de morue, en

corrigeant son trop considérable apport de vitamines A par du

jus de citron ou d’orange, auquel on ajoutera un peu de

bicarbonate de soude. Plus efficace peut-être est, soit le

STEROGYL 15 français, soit l’OSTOCALCIUM britannique, en

comprimés, qui vaut encore mieux. On se lavera fréquemment

pieds et mains è l’eau saltratée, et l’on aura soin de les

essuyer bien complètement : problème ardu en hiver, à ne pas

sous-estimer. Matin et soir, on massera vigoureusement les

ARTICULATIONS des membres supérieurs et inférieurs. On

veillera à ce que les bas soient très secs et BIEN AERES.

Pour faciliter la réalisation de cette double condition, on

changera de chaussettes chaque fois qu’on sort, et en

rentrant. On se frottera les mains avec de l’huile d’olive, — ou,

à défaut, avec de la vaseline pure — et on ne sortira jamais

sans gants.

*

**

L’étudiant digne de ce nom, vrai « rond-de-cuir », est une

proie toute désignée pour les insupportables hémorroïdes

avec leurs démangeaisons dans une zone qui n’a pas

l’habitude de nommer. Le moyen le plus simple de les prévenir

est d’éviter la constipation, et de veiller à une propreté locale

ABSOLUE. Dès qu’on n terminé une selle, se laver l’anus

avec un petit bout de coton hydrophile trempé dans l’eau,

s’essuyer avec du papier hygiénique, puis frotter l’extrémité du

rectum avec le doigt enduit d’un peu d’huile d’olive. Sécher

alors suffisamment pour que ce corps gras ne tache pas le

linge ultérieurement. Une à deux fois par semaine, prendre un

bain de siège. On pourra aussi faire un usage interne et

externe d’extraits de marrons.

Page 49: Comment décrocher tous vos examens.pdf

49

*

**

Nous ne saurions clore cet important chapitre sans signaler à

l’étudiant une pratique très simple, mais à laquelle — tel l’oeuf

de Colomb — PERSONNE NE SONGEAIT. Cependant, cette

pratique, qui ne fait pas perdre une minute, ne coûte pas un

centime, a pour résultat de doubler la robusticité, de tripler les

forces, de quadrupler la capacité de travail intellectuel, et, en

définitive, de DECUPLER les CHANCES DE SUCCES A

TOUS LES EXAMENS. C’est le massage, TRES LENT et

TRES VIGOUREUX de TOUTES LES ARTICULATIONS du

corps auquel nous avons déjà fait allusion.

D’une circulation parfaite dépend l’harmonie des fonctions. Or,

il est des parties déterminées où la circulation est TRES

GENEE : ce sont LES ARTICULATIONS. Rétablissez cette

circulation dans ces zones : le sang est lancé plus aisément

dans les régions les plus reculées, le coeur, par surcroît se

trouve soulagé. On aura soin de masser plus soigneusement

encore le COU (pour que le sang irrigue la tête et le cerveau

sans difficulté), ainsi que le secteur du NŒUD VITAL.

Ces exercices se feront au lit : avant de s’en dormir, et, le

matin, au réveil. Chacun d’eux prend une quinzaine de

minutes. –

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DEUXIEME PARTIE

L’ENTRAINEMENT MENTAL

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51

CHAPITRE PREMIER

Développement de la volonté Penchez-vous sur les biographies de tous ceux qui ont réussi

dans la vie, qui ont « percé » : vous verrez que tous, sans

exception, étaient doués d’une forte personnalité, d’une ferme

volonté. Donc, vous ferez à peu près CE QUE VOUS

VOUDREZ, et, en particulier, VOUS

REUSSIREZ A VOS EXAMENS, si vous développez votre

« moi » , si vous devenez capable de prendre d’énergiques

décisions, d’accroître votre intelligence, de régler votre

imagination.

Les facultés — de même que les aptitudes physiques— sont,

il est vrai, distribuées au gré d’une nature fantasque. Des

esprits chagrins ont pu voir là le symbole de l’inégalité, de

l’iniquité.

Mais, il est prouvé, heureusement, que nos dispositions

naturelles, si embryonnaires soient-elles,sont susceptibles de

se développer, de s’améliorer considérablement par une

gymnastique méthodique et persévérante. Vous ne devez rien

négliger pour atteindre à ce résultat CAPITAL.

Enseignant les mathématiques au collège de ChâtellerauIt,

nous remarquâmes, au début d’une année scolaire, un nouvel

élève déjà âgé qui, à la suite d’on ne sait quelles vicissitudes,

Page 52: Comment décrocher tous vos examens.pdf

52

était venu échouer dans notre classe d’Elémentaires. Il avait

plusieurs fois affronté en vain les épreuves de la deuxième

partie du Baccalauréat. Nous eûmes une peine inouïe à

obtenir de lui des réponses autres que des monosyllabes.

Tout de même, à force de le cuisiner, nous finîmes par voir

clair, et fûmes surpris de la somme de connaissances qu’il

possédait réellement: elles étaient en lui, mais n’en sortaient

jamais.

Lui posait-on une question? Il avait immédiatement

l’impression qu’il savait. L’ensemble de la réponse se

présentait à son esprit, et il se bornait, en une sténographie

orale, à la résumer en un quart de phrase, comme à regret.

Les devoirs étaient compris; mais la rédaction en était très

abrégée, et la tenue matérielle absolument négligée.

« D’après votre culture, lui fîmes-nous observer, vous devez

réussir. Vous ne manquez que de confiance en vous. Devant

l’examinateur, pensez avec netteté à l’explication à fournir,

puis donnez-la résolument, complètement, d’une voix forte,

assurée, en articulant bien les syllabes, en exprimant

clairement votre pensée, en parlant le plus que vous pourrez,

en prenant physiquement le plus de peine possible. Dans vos

copies, exprimez vos idées A FOND, faites des

démonstrations parachevées. Que votre écriture soit lisible,

bien formée; exécutez soigneusement, à la règle et au

compas, des figures géométriques de grandes dimensions,

avec des lettres absolument calligraphiées, et bien en vue. Si

vous suivez scrupuleusement ces directives, nous vous

garantissons le succès. » Nous fûmes assez heureux pour lui

inspirer confiance. II observa docilement nos conseils, et, à la

fin du troisième trimestre, se vit conférer le grade de bachelier.

* **

Page 53: Comment décrocher tous vos examens.pdf

53

Etes-vous décidé à entreprendre le développement de votre

personnalité, en vue de REUSSIR A TOUS VOS EXAMENS ?

Alors astreignez-vous à accomplir avec un soin méticuleux les

actes même les plus ordinaires de l’existence.

Soyez toujours propre, bien mis. Votre dignité va s’en

accroître. Disposez tout avec le plus grand soin dans votre

studio.

Venez-vous de décider une chose? Si insignifiante soit-elle,

passez immédiatement à l’acte correspondant, sans arrière-

pensée, sans regret. Accomplissez -1e vite et bien. Gardez-

vous des mouvements physiques que réclame cette

exécution.

Effectuez-en, au contraire, sans restriction, la partie purement

concrète. Ai-je besoin d’un livre se trouvant à un mètre

cinquante de ma main? Au lieu d’allonger désespérément le

bras d’un geste languissant et en bâillant à me décrocher la

mâchoire, je me lèverai carrément, et irai prendre l’objet là où

il est.

Une idée se forme-t-elle dans votre cerveau? Si elle est futile,

chassez cette importune illico. Présente-t-elle de l’intérêt?

Accordez-lui toute votre attention. Ne la laissez pas se mêler à

des bribes d’autres concepts plus ou moins brumeux pouvant

traîner dans votre encéphale.

Donnez-lui la plus grande netteté possible; évertuez-vous à la

présenter sous une forme matérielle.

A première vue, ces moyens semblent puérils. En réalité, ils

constituent une gymnastique quotidienne féconde.

L’expérience prouve que cet entraînement à la précision, à la

netteté, dans les actes les plus usuels et dans la conception

des idées, développe la personnalité d’une façon surprenante.

On arrive très penser plus aisément et avec plus d’intensité;

Page 54: Comment décrocher tous vos examens.pdf

54

1a volonté augmente, et, chose curieuse, il en est de même

de l’intelligence On pige plus vite, les idées éclosent en plus

grand nombre, l’imagination s’enrichit et la mémoire s’accroît à

un degré insoupçonné.

Un essai d’une huitaine de jours suffit à donner des résultats

parfaitement tangibles.

Indépendamment de la conscience psychologique de l’individu

, existe ce que, dans « La Poupée sanglante » , Gaston

Leroux appelait le « gouffre intérieur ». On désigne ceci, en

général, par « subconscience » ou « inconscience ».

C’est une sorte de conscience très vague, qu’à l’état normal

nous ignorons profondément, mais dont l’importance

primordiale est mise en relief, d’une manière éclatante, dans

des cas pathologiques troublants relevant de l’étude de

l’hypnotisme et du somnambulisme, où elle apparaît sous la

forme des phénomènes du dédoublement de la personnalité.

Le cadre de cet ouvrage essentiellement pratique ne saurait

nous permettre de nous appesantir sur ces faits. Mais il est

une catégorie d’actes, très fréquents, parfaitement équilibrés,

qui dépendent exclusivement cette seconde conscience les

actes HABITUELS.

** La subconscience joue un rôle considérable dans la vie

physique. Elle exerce une influence non seulement sur l’état

du système mais sur le fonctionnement des organes

.Etroitement liée à votre santé et au développement de vos

facultés mentales, elle va être d’une importance VITALE

relativement A VOS EXAMENS.

Page 55: Comment décrocher tous vos examens.pdf

55

Or, cette subconscience est très impressionnable. Si nous

voulons fortement une chose, elle agit énergiquement sur

1’organisme pour l’adapter à l’accomplissement de notre

volonté Croyons-nous que nous sommes, ou allons être

malade? Elle enlève aux cellules leur faculté de résistance.

Ceci explique le redoutable danger des épidémies que de cas,

consécutifs à la peur d’être atteint, ne se déclareraient pas si

le sujet était persuadé qu’il est invulnérable ! Pourquoi les

médecins soignant des maladies contagieuses résistent-ils si

bien? Est-ce seulement à cause des soins dont ils

s’entourent? Ce n’est pas sûr : les précautions les plus

minutieuses sont trop souvent impuissantes à empêcher

l’invasion, déclarée ou larvée, de notre corps par l’ennemi

subtil, microbe ou virus filtrant. Ne serait-ce pas aussi, peut-

être, parce qu’ils sont convaincus qu’ils ne contracteront, pas

le mal ?

Quelles conséquences allez-vous tirer de là, candidats? Que,

pour REUSSIR, il faut d’abord

CROIRE que vous réussirez.

* **

La volonté, l’imagination, la foi, l’émotion exercent sur le

subconscient une indéniable influence qu’il va être précieux

d’utiliser pour votre éducation, à l’aide des méthodes d’AUTO

SUGGESTION, extrêmement efficaces en ce qui concerne le

développement de votre personnalité.

La SUGGESTION est une IDEE imposée avec force à un ou

plusieurs sujets par une personne douée d’une ferme volonté.

Cette idée, par l’emprise qu’elle exerce sur le subconscient

des gens influencés, provoque des actes et même des

phénomènes physiologiques ordonnés par l’opérateur.

Page 56: Comment décrocher tous vos examens.pdf

56

Un sujet suggestionné boit, avec toutes les marques d’une

exquise délectation, un verre à liqueur d’huile de ricin qu’il

prend pour du madère.

On vient de vous placer un vésicatoire sur le bras , suggère-t-

on à un autre. Immédiatement, l’endroit désigné rougit

violemment. Le subconscient a été impressionné et a

commandé à l’organisme de se comporter comme si le révulsif

avait été réellement appliqué.

Il serait tout à fait erroné de croire qu’une suggestion ne

puisse être efficace que pendant le

sommeil hypnotique, dans l’état d’ « hypnose », comme on dit

en langage médical. Chaque fois que nous cherchons à

persuader quelqu’un, nous visons à lui imposer des

suggestions, d’une manière plus ou moins consciente. C’est

par suggestion que le maître agit sur ses élèves, l’orateur ou

le prédicateur sur les foules.

Or, voici une chose tout à fait merveilleuse dans ce champ :

nous pouvons nous faire A

NOUS-MEME des suggestions ! Celles-ci, dans ce cas,

prennent le nom d’AUTOSUGGESTIONS.

Celui qui, après réflexion, s’est fixé un but, et, chaque jour, se

dit avec force : « Je VEUX réussir et je réussirai », se fait des

autosuggestions. II développe en lui une force croissante, une

résistance de plus en plus marquée aux obstacles

susceptibles de se dresser sous ses pas.

Toutefois, il existe au point de vue des résultats, une

différence considérable entre une autosuggestion « grosso

modo » telle que la précédente et une autosuggestion

effectuée suivant une technique consommée. Celle-ci,

s’imprimant dans le cerveau d’une façon presque ineffaçable,

Page 57: Comment décrocher tous vos examens.pdf

57

va vous permettre d’accroître en un temps éclair toutes vos

facultés et de corriger de graves défauts.

Aussi n’hésitons-nous pas à recommander l’autosuggestion

sous cette forme, que nous appellerons la forme A. S’abstenir

de l’emploi de cette méthode (du reste absolument

inoffensive), ainsi que les formes B et C, que nous verrons un

peu plus loin) serait, croyons-nous, se priver sciemment d’un

précieux moyen de perfectionnement et d’un merveilleux

auxiliaire DANS LA PREPARATION D’UN CONCOURS.

Voulez-vous vous faire une autosuggestion efficace sous la

forme A? Isolez-vous, dans une pièce à moitié obscure de

préférence. Placez- vous d’abord dans un état passif ,

réalisant par là, comme on dit, la « détente des nerfs » qui,

déjà, présente l’avantage de reposer très vite le sujet. Une

brève promenade au grand air, sans fatigue, l’aura facilitée.

Asseyez-vous sur une chaise, bien adossé, puis laissez-vous

aller de tout votre poids, comme si vous faisiez le mort, en ne

pensant à rien. Dès que vous sentez de la lourdeur dans les

muscles, soulevez le bras

gauche avec la main droite, à titre de vérification. Puis lâchez-

le brusquement. Retombe-t-il inerte ? Le résultat est atteint.

Sinon, recommencez.

Ce point obtenu, réalisez le vide dans votre esprit en fermant

les yeux et en obturant, au besoin, les oreilles avec de l’ouate

humectée, pour ne pas être distrait par les perceptions

extérieures. Demeurez quelques minutes immobile, le cerveau

vide vous écartez ainsi toute idée parasite, qui gênerait celle

que vous voulez implanter d’une façon toute-puissante dans le

champ de votre conscience. De plus, vous accordez par là à

votre esprit un repos complet indispensable avant la fatigue

nerveuse qui va accompagner la suggestion. Cette opération

pré liminaire est extrêmement importante; en dépit des

apparences, elle est DIFFICILE. Ce n’est qu’après un certain

Page 58: Comment décrocher tous vos examens.pdf

58

entraînement qu’on peut réussir à se libérer de toute idée

préalable.

Alors, vous introduisez avec force 1’IDEE faisant l’objet de

l’autosuggestion Cette idée doit être UNIQUE, CLAIRE,

NETTE. Exemple : « Je ne veux plus être timide! , Il faut

vouloir fermement ce que l’on se suggère, et s’efforcer de

croire qu’on réussira. Ce dernier point triple l’efficacité de

l’opération. Vous prononcerez haute voix, à plusieurs reprises

la phrase correspondante, en vous écoutant parler, de façon à

profiter, pour l’effet à obtenir, des éléments MOTEUR et

AUDITIF.

Après une volition énergique, demeurez quelques secondes

dans un repos mental absolu. Puis recommencez une dizaine

de fois. Vous terminerez en maintenant pendant cinq minutes

le champ de votre conscience absolument vide.

* **

Une telle séance d’autosuggestion exécutée matin et soir

durant une dizaine de jours produit des résultats déjà

palpables. En quelques mois, vous atténuerez, puis guérirez

un défaut, même purement physique (tic de la face par

exemple) ou développerez une faculté (mémoire, etc.) à un

degré absolument remarquable.

Indépendamment des effets surprenants de cette méthode sur

les diverses facultés, toute autosuggestion de forme A, quel

qu’en soit l’objet, contribue d’une façon prodigieuse au

développement de la VOLONTE, si nécessaire, en particulier,

A LA PREPARATION D’UN EXAMEN.

Page 59: Comment décrocher tous vos examens.pdf

59

*

**

Il est une loi psychologique très importante, déduite de

l’expérience : TOUT SUCCES RENFORCE LA VOLONTE;

TOUT ECHEC L’AMOINDRIT.

Tel étudiant, qui vient d’obtenir son Diplôme de Licencié, se

lance immédiatement, plein d’ardeur, à la poursuite de ce but

pourtant ardu qu’est l’Agrégation, n’ayant cure de la fatigue

très réelle que vient de lui causer la conquête de ses

certificats enlevés de haute lutte. Cet autre, découragé par

des échecs répétés, n’aura jamais assez de cran pour tenter

de décrocher plus modestement le Bac.

* **

« A vaincre sans péril, pontifiait Don Gormas dans le Cid de

Corneille, on triomphe sans gloire. » Vraiment? Vaut-il pas

mieux gagner sa bataille sans « panache » que, pot de terre,

se heurter à un pot de fer et se briser? «Ce n’est pas le

succès qui importe mais l’effort , nasillera quelque pédagogue

impénitent. Il vous la baille belle, candidates et candidats !

Est-il seulement logique avec lui-même ? N’a-t-il pas, le bon

apôtre, fait effort lui-même et REUSSI à de nombreux et

difficiles examens? Laissant aux fervents du paradoxe le loisir

de remâcher cette formule comme du chewing-gum, suivons

plutôt la tactique de la vieille Albion : « NE PAS PRENDRE DE

RISQUES. »

Oui, Mesdemoiselles et Messieurs, vous devez vous arranger

pour REUSSIR PARTOUT A TOUT PRIX. Déduisons

immédiatement de là un moyen très simple de se forger, peu à

peu, une volonté d’airain se créer de petits buts artificiels, de

Page 60: Comment décrocher tous vos examens.pdf

60

menus Marengo à remporter. Faites d’une pierre deux coups

en dirigeant votre choix de manière que ces victoires soient

directement utiles. Avez-vous horreur des douches, qui

cependant raffermissent votre santé en facilitant votre travail

intellectuel ? Obligez-vous à en prendre de temps à autre.

L’étude de l’anglais vous.., rase? Consacrez-y un quart

d’heure de plus chaque jour!

* **

Nous ne saurions trop le répéter : concentrez- vous,

entraînez-vous à tout subordonner à une idée fixe, autour de

laquelle s’orientera votre activité, comme une étoile dirige le

système d’astres, planètes et satellites, qui gravitent autour

d’elle. Qui sait concentrer sa pensée a en lui l’étoffe d’un

surhomme : tels furent Leibnitz, Newton, Napoléon. L’élève

qui a acquis ce pouvoir magique apprend très vite, comprend

tout, et conduit tambour battant des études ardues, pierre

d’achoppement des « brouillons ».

* **

Les maîtres, ceux notamment qui s’occupent d’enseignement

par correspondance, ne doivent pas proposer à leurs disciples

des sujets trop...méchants. Sinon, qu’arrive-t-il ? Ces jeunes

gens, travaillant fréquemment dans des conditions très

difficiles, risquent de ne pas savoir accomplir la tâche qui leur

incombe, et se découragent.

Si, au contraire, ils se sentent capables de se tirer

honorablement des devoirs qui leur sont envoyés, ils prennent

peu à peu de la confiance en eux-mêmes, et du goût pour

l’étude.

Page 61: Comment décrocher tous vos examens.pdf

61

Une excellente manière, pour l’élève, d’utiliser avec fruit les

réflexions qui précèdent, consiste à faire spontanément, sur

ses ouvrages, des exercices, en s’imposant de traiter d’abord

les plus faciles, au lieu de les laisser dédaigneusement de

côté.

Nous insisterons là-dessus dans la troisième partie de ce livre.

Le professeur qui a soin de doser très minutieusement les

questions fait faire à ses disciples de très grands progrès.

Quant à l’élève, le fait pour lui de commencer par des

applications simples, concrètes, qu’il sait bien exécuter, de ne

pas passer à une question plus complexe tant que la

précédente n’a pas été exécutée à la PERFECTION, de

graduer soigneusement son travail, est tout le secret de

1’ENTRAINEMENT. Grâce à l’entraînement, les « as » ont «

enlevé » les concours les plus ardus; Gene Tunney, «

l’homme aux mains fragiles » , a réalisé ce prodige de mettre

knock-out le champion du monde des poids lourds; Joë Louis

est devenu, pour un temps record, la plus formidable machine

à frapper qui ait jamais existé.

* **

Nous allons maintenant exposer une seconde méthode

d’autosuggestion : la forme B. Cette méthode, formée pendant

vingt ans par Emile COUE, a conduit son auteur à des succès

retentissants.

Son avantage sur la précédente saute aux yeux n’exigeant

aucun effort volontaire, elle économise une force nerveuse

considérable.

Elle est aussi basée sur le fait qu’il y a DEUX êtres en nous :

l’être conscient, et le subconscient.

Page 62: Comment décrocher tous vos examens.pdf

62

Le premier a souvent des trous dans sa mécanique à

souvenirs. Au contraire, le subconscient est doué d’une

mémoire PRODIGIEUSE, qui enregistre automatiquement,

sans que nous nous en rendions compte, les moindres actes

de notre vie. Que de fois ne vous est-il arrivé, le soir, de

chercher en vain un nom dans votre tête, puis de le trouver

spontanément — croyez- vous... — le lendemain, au saut du

lit! Votre subconscient a TRAVAILLE pendant que vous

DORMIEZ.

D’autre part, le subconscient présente cette curieuse

particularité d’être extrêmement crédule, d’accepter comme

parole d’évangile tout ce qu’on lui dit. Or, cet étrange gobeur a

la haute main sur le fonctionnement de notre corps, par

l’intermédiaire du système nerveux. Et, comme nous l’avons

déjà insinué plus haut, il se produit ce fait incroyable : si le

subconscient se figure que tel organe fonctionne bien, il

fonctionne bien; s’il s’imagine que nous ressentons une

impression déterminée, cette impression est ressentie.

Le subconscient est donc, en quelque sorte, le dictateur des

fonctions du corps, et aussi de nos actes. C’est lui que nous

appelons parfois « l’imagination ».

D’après Coué, nous sommes menés par notre imagination :

toute sa doctrine repose sur cet axiome. (Nous verrons plus

loin que nous sommes menés par autre chose encore, et, en

faisant jouer ce dernier moteur, en poussant ce dernier

bouton, nous serons conduits à une troisième forme

d’autosuggestion : la forme C., plus puissante même que celle

de Coué.)

En attendant, constatons qu’à l’aide d’une forte volonté, nous

pouvons obtenir d’incroyables résultats. Par exemple, étant

aux trois-quarts malade, nous réussissons parfois, en serrant

les dents, è nous imposer de continuer notre labeur habituel; à

Page 63: Comment décrocher tous vos examens.pdf

63

veiller sur une personne chère, même ayant nous-même 40

degrés de fièvre... Eh bien! notre imagination surclasse notre

volonté. Dans tous les cas où ces deux puissances se

trouvent en conflit, C’EST L’IMAGINATION QUI L’EMPORTE !

Placez dans une vaste cour une planche de trente mètres de

long sur vingt centimètres de large. Etes-vous capable de

réussir à parcourir ces trois cents décimètres sur cette

planche ?

— Cette question ! allez-vous laisser tomber en haussant les

épaules. — Bon. Placez maintenant la planche sur les toits de

deux maisons se faisant face, de chaque côté d’une rue, donc

à vingt- cinq mètres au-dessus du sol. Nous vous défions

d’avancer seulement d’UN METRE. Et si, par malheur, vous

vous hasardiez à le faire, vous seriez INFAILLIBLEMENT

PRECIPITE DANS L’ESPACE, MALGRE TOUTE VOTRE

VOLONTE !

Pourquoi cela ? Les positions relatives de l’ais et de vous-

même ont-elles changé. En aucune façon. Dans les deux cas,

elles sont rigoureusement identiques. Sur les gouttières, la

largeur de votre route en bois n’a pas diminué d’un micron, et

votre pied ne s’est nullement élargi. Mais, dans ce dernier cas,

l’IMAGINATION est intervenue. Vous voyez flamboyer devant

vos yeux un effroyable danger. Au moindre faux pas, pensez-

vous, je me brise le crâne sur le pavé !

Dans votre esprit se forme, avec une instantanéité et une

intensité inouïes, l’IMAGE de votre pauvre carcasse perdant

l’équilibre et s’abîmant dans le vide...

C’est le phénomène du VERTIGE. L’IMAGE de votre chute

S’IMPOSE A VOUS. Et, automatiquement, cette image

DEVIENT ACTE.

* **

Page 64: Comment décrocher tous vos examens.pdf

64

Coué recommande de se faire matin et soir des suggestions à

haute voix, au nombre d’une vingtaine en s’écoutant parler,

mais sans effort de volition. On essaiera de croire que la

suggestion va être efficace. Ce tout petit effort qui consiste en

un acte de foi améliore la suggestion, mais n’est pas

indispensable.

A quelqu’un qui n’a pas de but nettement circonscrit, tout en

souhaitant se perfectionner en tout, Coué demande de répéter

la phrase suivante, demeurée fameuse : « De jour en jour, à

tous, points de vue, je vais de mieux en mieux. » Le candidat

à un examen y ajoutera : « DE

JOUR EN JOUR, LA PREPARATIONDE DE MON EXAMEN

S’AMELIORE. »

Je pioche une redoutable compétition. Il fait chaud. J’ai peu

dormi. Je suis fatigué. Je travaille mal. Je tends toute ma

volonté. Je serre les poings... Aucun résultat.

Devant moi passe le film que j’ai admiré la veille... Puis, au

bout d’une demi-heure, on sonne. Ah ! ah ! c’est le courrier !

Allons, bon.., voici une lettre d’affaires il faut y répondre sur-le-

champ. En attendant, jetons un petit coup d’oeil sur le

journal... Me voilà empoigné par les événements annoncés ce

matin à la radio : une soucoupe volante descendue par trois

aviateurs américains ! La découverte d’un mont plus élevé que

1’Everest ! Hitler, vivant, rencontré à Aubervilliers !

Et cet excellent feuilleton que je suis religieusement... Tiens !

les Moscovites capables d’envoyer, avant dix mois, tout un

laboratoire dans l’espace sous forme d’un satellite

Mais mes yeux sont tombés en arrêt.., mes narines

frémissent.., mes lèvres se crispent... Blécourt un camarade

de promotion — ne vient-il pas d’être reçu, avec le numéro

UN, à l’examen que je suis précisément en train de préparer

pour l’an prochain! C’est à n’y pas croire... Je me représente

Page 65: Comment décrocher tous vos examens.pdf

65

cette.., gourde autre fois bien moins « forte » que moi,

nommée à un poste d’élite.., gagnant un argent fou...

Je suis jaloux... je me sens furieux... Je bondis sur ma chaise,

et, les sourcils froncés, la tête dans les mains, enfonce le nez

dans mon bouquin. Me voilà, potassant d’arrache-pied, et les

résultats sont excellents...

Ici, la volonté s’est avérée impuissante. L’imagination est

intervenue efficacement, certes, mais pas seule. Elle a été

accompagnée d’ETATS AFFECTIFS, D’EMOTIONS

SOUDAINES ET VIOLENTES.

* **

Ainsi, la VOLONTE ne suffit pas à conduire les hommes, et

ceux qu’elle mène, si elle agit seule, elle les mène sans joie.

Ah ! c’est qu’il faut compter sur la folle du logis , et, plus

encore, sur les états affectifs, sur l’extraordinaire puissance de

la fée sensibilité, sur l’émotion, la joie, les passions : envie,

colère, et parfois rancune, esprit de vengeance... On pourrait

même noter que l’élément « surprise » joue un rôle

merveilleux pour déclencher certaines résolutions, certains

actes. Il se produit là l’un de ces mystérieux phénomènes de «

choc » qui, jusque dans le domaine de la physiologie, ont

produit des miracles.

Nous allons tirer de cette observation des conclusions

pratiques non sans intérêt.

D’abord, pour accomplir plus sûrement une résolution, il va

être utile de la rendre attrayante en se représentant d’une

façon détaillée et concrète les avantages de la victoire, en se

persuadant qu’elle est tout à fait à notre portée, qu’elle ne

saurait nous échapper. Il est même « astucieux » de faire

« donner » l’amour-propre.

Page 66: Comment décrocher tous vos examens.pdf

66

S’agit-il, pour moi, de préparer un concours? Je vois

nettement, par la pensée, la situation magnifique qui suivra le

succès : émoluments supérieurs, possibilité d’améliorer le

bien-être de ma famille, de pouvoir disposer d’un logement

mieux aéré, plus spacieux et plus élégant, d’aller de temps en

temps applaudir quelque vedette, agrément de me sentir

beaucoup plus considéré.

A l’instar de Perrette avant l’accident, j’imagine la joie de mon

père, de tous mes parents et amis, la pointe de jalousie, dont

la perspective n’est pas sans saveur, de mon entourage, et,

en particulier des bons copains, des charmants collègues,

sans compter la satisfaction d’avoir triomphé d’une grosse

difficulté. J’évoque le souvenir de camarades qui ont remporté

des succès analogues, pour me convaincre que le but n’a rien

d’inaccessible, et que je suis capable de l’atteindre.

De peur de faiblir, je vais même jusqu’à annoncer à de

nombreuses relations que je pioche CET EXAMEN, de façon

à engager en quelque sorte mon honneur. Me voilà

maintenant obligé de réussir, pour m’éviter la profonde

humiliation, la HONTE d’avouer un échec. Me voilà, à plus

forte raison, forcé de ne pas lâcher prise avant de m’être au

moins présenté, sous peine de passer partout pour un

« dégonflé » ...

…Et tout cela m’aide puissamment.

* **

En se basant sur l’exemple cité plus haut, on peut prévoir,

comme nous l’avons déjà noté, une troisième forme

d’autosuggestion (la forme C), dans laquelle, tout comme

dans la forme Coué, la volonté n’a absolument rien à voir, ce

qui supprime l’effort. Mais, ici, à la forme B s’ajoute un

Page 67: Comment décrocher tous vos examens.pdf

67

élément AFFECTIF. La force de la suggestion sera due à

l’imagination jointe à une manifestation de SENSIBILITE.

Ainsi, au lieu de marmotter : JE VEUX réussir à apprendre

l’anglais » (forme A), ou JE SUIS SUR de réussir à apprendre

l’anglais (forme B), je m’écrierai (du moins in petto...), avec

fougue, avec élan, avec enthousiasme, en évoquant devant

mes yeux l’image de Shakespeare, de Milton ou de Kipling

s’identifiant avec moi : « Je suis sûr de réussir à apprendre

l’anglais, CAR C’EST UNE ETUDE PASSIONNANTE! ! »

(forme C).

* **

Cette dernière méthode (forme C de l’AUTO SUGGESTION)

est toute récente, mais elle a donné lieu à une

experimentation extrêmement DEJA CONCLUANTE. Elle

dame le pion précisé à la méthode Coué pure et simple. (Les

deux, comme on vient de le voir, s’amalgament tout

naturellement, en se renforçant). Très correctement employée,

elle est douée d’une puissance presque irrésistible.

Page 68: Comment décrocher tous vos examens.pdf

68

CHAPITRE II

L’ordre et la méthode L’ordre est une qualité précieuse entre toutes, qu’on doit

tendre à acquérir et à accroître continuellement. Son

importance saute tellement aux yeux, qu’elle est chaudement

recommandée dès l’école primaire, où, dans tous les

exercices, tous les mouvements, l’exemple est donné d’une

parfaite coordination.

Hélas !Au fur et à mesure que le jeune homme avance en âge

et en savoir, il croit qu’il y va de son honneur, de son prestige,

de sa dignité et de, son indépendance de secouer ses lisières.

Bien entendu, en particulier, il a une fâcheuse tendance, en

général, — l’exception confirme la règle — à laisser « tomber

» ces mesquines questions d’ordre, comme si le fait d’être

plus instruit le dispensait de ce qu’il traite, du haut de sa

grandeur, d’habitude subalterne, de pli de petit enfant. Aussi

l’entendez-vous murmurer, en tordant la lèvre : « L’ordre est la

qualité de ceux qui n’en ont pas... »

La jeune fille — hâtons-nous de le reconnaître, — reste

volontiers plus disciplinée sous ce rapport.

* **

Page 69: Comment décrocher tous vos examens.pdf

69

Il n’est pas malaisé de démontrer que, sans un réglage

minutieux, rien n’irait plus dans la nature. Sans une mise au

point parfaite dans les évolutions célestes, planètes, étoiles,

galaxies ne finiraient-elles pas par se jeter les unes sur les

autres ? Ce serait le chaos. Quand le chahut règne dans une

classe, le professeur est « coulé » , et l’on sait ce que cela

veut dire.

Supposons un instant qu’il n’y ait pas une organisation stricte,

une discipline sévère dans une équipe de football. Admettons

que le joueur, — même bon ayant son plan propre, — ou pas

de plan du tout, mais en revanche de la fatuité à revendre

s’avise d’agir sur le mode individuel au lieu de jouer un jeu

d’équipe la partie est perdue d’avance pour le team.

Le commerçant qui négligerait de surveiller quotidiennement

ses comptes ferait des affaires désastreuses. Il en arriverait

vite à ne plus connaître à tout instant du mois, de la semaine,

de la journée, le montant des sommes dont il peut disposer,

s’engagerait à l’aveuglette, et cour rait à la ruine.

Nous savons tous qu’un champion doit s’entraîner. Sa

propagande fait assez de bruit pour cela. Il traîne avec lui tout

un état-major manager, soigneur, masseur, orthopédiste,

médecin, etc. Cela implique une vie minutée avec un art

consommé.

Dans sa maison, la femme brouillonne se lèvera avant le jour

(à supposer qu’elle ne soit pas paresseuse), se couchera à

minuit, et clamera à tous les échos qu’elle n’arrive pas à venir

è bout de sa tâche quotidienne. Vingt fois entre le lever et le

coucher du soleil, elle perdra cinq minutes à la recherche de

tel ou tel objet aiguille, beurre...

Il en est tout autrement de celle qui a une place pour chaque

chose et met chaque chose à sa place. Les yeux clos, elle n’a

qu’à avancer la main, et la voilà servie...

Page 70: Comment décrocher tous vos examens.pdf

70

* **

Les écoles sur place sont, en général, merveilleusement

organisées emploi du temps très détaillé pour la semaine et

pour chaque heure du jour. On doit arriver en classe à l’heure

militaire, afin que rien ne dérange le cours. On imagine le

bouleversement que causerait un va- et-vient d’élèves s’ «

amenant » toutes les dix minutes, individuellement ou par

groupes, comme au « permanent », ou chacun entre quand il

lui plaît. Tant pis s’il exaspère ceux qui sont assis derrière, en

cherchant, dans l’obscurité, une place avec toute sa famille...

On se fait difficilement une idée de l’ordre qui s’impose pour

tenir une Ecole par correspondance de plusieurs centaines

d’élèves. Il faut d’abord établir un dossier pour chacun d’eux,

puis ranger tous ces dossiers par ordre alpha bétique.

Tout ce qui concerne un « inscrit » se trouve dans une

chemise en carton à fermeture parfaite: ressort, bouton ou

rondelle en caoutchouc. Sur la chemise, une étiquette portant

nom, prénoms, adresse du correspondant; mode

d’enseignement (nombre mensuel de devoirs), matières à

enseigner, durée de la souscription et somme envoyée. A

l’intérieur, trois sous-chemises en papier vert fort; l’une avec

l’étiquette : Correspondance, où sont conservées les lettres du

disciple ou de ses répondants, et les dup1icata des réponses;

une seconde, sous la rubrique : Matériel, renferme les doubles

des énoncés de devoirs d mois avec leurs directives; le «

curriculum vitae » du sujet et son bulletin de souscription; puis,

suivant le cas, une feuille d’observations générales pour la

disposition et la présentation des copies; et, enfin, le double

du plan de travail suggéré pour chaque mois. La trois

chemisette: Agenda et finance, porteuse des reçus, se signale

surtout par son AGENDA : carnet-sac à malices où s’insèrent

Page 71: Comment décrocher tous vos examens.pdf

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tous les rapports de l’Elève et de l’Administration, journal

étalant chaque fait dans un ordre chronologique parfait, notant

les indications relatives aux tâches données, avec références

à tels ou tels documents. Il contient encore des appréciations

sur le niveau de l’étudiant, ses aptitudes, ses points forts ou

faibles, ses projets d’avenir, etc. Bref, un véritable fichier

confidentiel de Deuxième Bureau...

Il va de soi qu’une Ecole par Correspondance digne de ce

nom est munie d’une bibliothèque spéciale abondamment

garnie de livres scolaires infiniment variés, rangés suivant la

matière, et suivant le niveau de l’enseignement.

* **

Nous avons déjà noté que si le jeune homme suit les

directives d’un Etablissement « surplace », il doit se soumettre

à un dispositif d’ordre extrêmement rigoureux.Prépare-t-il UN

EXAMEN, par ses propres moyens ? Il procédera dès le début

de l’année scolaire à une répartition très judicieuse de son

travail, mois par mois, semaine par semaine, jour par jour,

heure par heure. Il aura aussi à prévoir des séances de

détente, pour être sûr de pouvoir se présenter à l’examen frais

et dispos. Travaille-t-il en marge l’une occupation régulière lui,

assurant le bifteck quotidien ? I Il devra ménager ses forces

durant son service, afin qu’il lui reste une provision suffisante

d’énergie pour son « boulot » personnel.

Dès le saut du lit, l’étudiant doit avoir ce slogan à la bouche :

« De l’ordre... encore de l’ordre... toujours de l’ordre! » Dans

sa chambre, tout sera soigneusement rangé, à commencer,

bien entendu, par ses livres. Ainsi, s’il en veut un à brûle-

pourpoint, il ne lui arrivera pas de gaspiller une demi-heure à

Page 72: Comment décrocher tous vos examens.pdf

72

s’énerver pour le dénicher, ni de le croire égaré. Il le trouvera

d’emblée.

Prendre l’habitude d’avoir de l’ordre dans le moindre de ses

actes est une discipline qui influera sensiblement, à la longue,

sur la vigueur des facultés, et en particulier — ce qui nous

intéresse ici au premier chef — sur les aptitudes

intellectuelles. Avant tout, on aura de l’ordre sur soi, même si

l’on n’est pas naturellement coquet : vêtements boutonnés,

cheveux bien peignés, chaussures et couvre-chef — si,

comme Maurice Chevalier, on en a un — d’une propreté

impeccable, cravate tombant tout à fait d’aplomb, ce qui n’est

pas toujours aisé les, dames sont heureuses de pouvoir

éluder ce problème ! Garder tout le jour dans une position

irréprochable son noeud, sa régate ou sa La Vallière est déjà

un signe révélateur de l’homme ordonné...

Apercevez-vous une tache à votre veste? Vite, la brosse, avec

trois gouttes de benzine... Faites- vous un accroc à votre

pantalon? Sachez le réparer, et, tambour battant, allez-y de

votre petit ourlet. Détectez-vous un bouton branlant?

Recousez-le, sans attendre qu’il se détache inopinément,

peut-être en société, ce qui, suivant la place qu’il occupe, peut

être catastrophique. Et surtout, en hiver, quand vous êtes

enrhumé, n’oubliez pas votre mouchoir!

* **

Nous ne répéterons jamais assez ce leitmotiv:

AYEZ UNE PLACE POUR CHAQUE CHOSE ET METTEZ

CHAQUE CHOSE A SA PLACE.

Tenez-vous à la main un petit objet? Ne le posez pas

accidentellement n’importe où, et, sur tout, ne soyez pas dans

la lune au moment PRECIS où vous le LACHEZ. Sinon,

lorsque, un instant plus ,tard, vous aurez besoin de le

Page 73: Comment décrocher tous vos examens.pdf

73

récupérer, tout se passera comme s’il avait pris la poudre

d’escampette. Vous serez incapable de le retrouver, victime

d’une curieuse mais implacable loi de la mémoire sur laquelle

nous nous appesantirons davantage au prochain chapitre

souvenir d’un fait est proportionnelle à son ancienneté: on

oublie d’autant PLUS VITE un événement qu’il est PLUS

RECENT.

Vous manquez d’ordre : vous voilà puni par où vous avez

péché. Maintenant; il est trop tard. Diviseriez-vous le plancher

de votre studio en mille rectangles comme le fit le rival du

détective Dupin dans l’un des contes les plus charmants

d’Edgar Poë : La Lettre volée; inspecteriez-vous ensuite

chacun d’eux avec l’acuité d’un Sherlock Holmes — le héros

de Conan Doyle — il demeurera IN VISIBLE.

Vous serez contraint d’en acheter un autre. Bien entendu, dès

que vous l’aurez remplacé, l’ancien vous crèvera les yeux,

expert à vous narguer... Ou vous l’aviez posé sur le bord de

votre table que, les yeux clos, vous avez ébranlée en

éternuant très fort ce qui l’a fait tomber —; ou il gisait

traîtreusement dans un coin, masqué par une pénombre

complice, ou sur une étoffe qui, se trouvant être de la même

couleur que votre bibelot, le dérobait à vos regards fouilleurs,

par un mimétisme diabolique...

Donc, pendant que vous le posez, tenez-le bien à l’oeil.., et

prononcez un nom connu : cela vous aidera à le retrouver.

Ces petites choses-là ont plus d’importance qu’on ne croit. Si

vous n’y prenez garde, vous allez vous trouver « coincé»

même à l’examen. Au cours d’une composition, vous

assisterez à la volatilisation de votre gomme ou de votre stylo,

que vous aviez entre les doigts un instant auparavant!

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* **

Avoir de l’ordre, cela signifie, pour le candidat, non seulement

paraître à l’examen avec tout le matériel nécessaire, vêtu

décemment, mais encore bien préparé, en bonne santé, donc

ayant travaillé toute l’année suivant un emploi du temps

rigoureux en songeant, chaque jour, à accumuler un peu plus

d’énergie. Etre ordonné, c’est avoir, durant trois trimestres,

donné à vos devoirs la forme impeccable qu’ils devront avoir

au jour J. C’est, dans la salle des épreuves, quand, fatal

comme le Destin, passe le surveillant pour recueillir, et, au

besoin, arracher les copies, ne pas vous trouver dans le cas

de n’avoir pas encore recopié votre brouillon.

C’est ne jamais ajouter fébrilement, affolé, à la dernière

minute, une idée, un résultat qui vient de traverser

météoriquement votre cerveau, sans avoir eu le temps de le

ruminer. C’est ne pas avoir omis de remplir au début l’en-tête

de votre feuille, ce qui vous obligerait à le faire

précipitamment, au lieu de relire très soigneusement votre

rédaction.

* **

A l’examen, produisez toujours vos réponses écrites — et à

plus forte raison celles qui sont essentielles, — de façon très

visible, en les isolant, et au besoin en les soulignant. Chaque

minute que vous épargnerez ainsi à votre correcteur vous

sera, à votre insu, payée en bienveillance.

C’est peut-être dans les sciences qu’est le plus visible le

besoin d’ordre. Que seraient les mathématiques, si tout ne

s’enchaînait, dès le début, comme les pièces d’une montre?

Celui qui a montré le plus brillamment l’utilité d’une

ordonnance parfaite dans toute recherche, et, en particulier,

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dans la manipulation éclairée des chiffres et des lettres, est

René Descartes, l’auteur du Discours de la Méthode, que

nous vous demandons instamment de lire, de relire et de

méditer constamment, comme un livre de chevet.

Abordez-vous un problème? Parcourez-le très attentivement,

copiez-en l’énoncé, soulignez les mots importants. Rendez-

vous compte de l’unité de la question. Voyez comment tout

s’engrène, et, avant tout, quelle est la PREMIERE difficulté à

surmonter.

Puis, lorsque vous tenez une clé de résolution de l’exercice,

ne vous croyez pas obligé, A l’EXAMEN, d’en rechercher

d’autres. VOUS N’AVEZ PAS LE TEMPS. Si, toutefois,

plusieurs méthodes vous apparaissent à la fois, — soit que

vous ayez « la bosse », soit que vous vous trouviez avoir déjà

traité quelque chose d’analogue, N’EN DONNEZ QU’UNE,

mais à fond celle qui vous paraît la plus rapide, la plus simple

et la plus élégante, tout en étant absolument rigoureuse.

En exposer plusieurs votre puissance de persuasion, en vertu

de l’adage : « Qui veut trop prouver ne prouve rien. » Bien

entendu, vous renforcerez votre position en signalant, sous

forme de remarques, les autres procédés en réserve dans

votre manche (nous n’entendons pas par là qu’il faille cacher

dans la manche de votre veston une documentation interdite),

en notant très succinctement pourquoi vous leur avez préféré

le premier. Cela produira une excellente impression, et fera

bien augurer de votre érudition et de votre jugement.

* **

En géométrie, vous ferez des figures de dimensions

suffisantes, sur papier quadrillé spécial, de préférence, avec

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76

des lettres calligraphiées, en mettant bien en relief les

POINTS, et surtout les points de CONTACT d’une droite

tangente à une courbe, ou de deux courbes. Veillez à ce

chaque dessin ne comporte pas trop de lignes.

Faites très attention à ce qu’on demande de prouver. Vous

avez le droit de démontrer une propriété plus générale que

celle faisant l’objet du problème; vous n’avez pas celui de

vous en tenir à établir une proposition plus particulière.

S’agit-il, par exemple, de trouver une propriété du triangle

QUELCONQUE? Gardez-vous de représenter un triangle

présentant quelque particularité isocèle (encore moins

équilatéral), ou rectangle. Autrement, le résultat que vous

découvririez sur ce schéma ne serait probablement pas exact

dans le cas général. Du moins, pour l’établir rigoureusement,

— à supposer qu’il soit vrai — la méthode employée pour un

triangle particulier ne serait-elle pas suffisante.

D’autre part, ne jamais oublier les RECIPROQUES.

En algèbre, écrire les équations sur des lignes ISOLEES,

ressortant parfaitement, avec des caractères très lisibles, en

les numérotant par lettres ou chiffres entre parenthèses.

Exemples:

(E) ou (3).

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77

* **

Vous aurez produit un brouillon soigné, bien lisible, sans

ratures : ainsi pourrez-vous le recopier très vite, et, s’il y a lieu,

retrouver une erreur en un temps record. Sinon, vous errerez

dans le noir. Vous ne comprendrez plus rien. Vous affolerez. Il

vous faudra recommencer tous vos calculs : gaspillage de

temps, de peine, perte de la confiance en soi. Ce point, sur

lequel nous insistons, est d’une IMPORTANCE CAPITALE.

Puis vous rédigerez impeccablement, sans une tache, avec

des lettres bien lisibles.

Eviter d’écrire en lignes sinueuses. Si le papier qui vous est

assigné n’est pas réglé, ayez soin de vous être muni d’un

transparent. N’oubliez jamais, à la fin, la VERIFICATION.

Quant aux autres branches du savoir, on s’aperçoit vite qu’il y

faut tout autant d’ordre que dans les sciences exactes.

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CHAPITRE III

Le développement de l’attention

et de la mémoire Pour faire des études sérieuses et REUSSIR A SES

EXAMENS, il est indispensable, comme nous l’avons déjà

insinué au chapitre premier de cette seconde partie, de

pouvoir concentrer toute son attention pendant un temps

suffisant SUR UNE IDEE. Il est également nécessaire d’avoir

une BONNE MEMOIRE. Du reste, améliorer sa mémoire, il

faut commencer par savoir être attentif. Nous allons donc vous

indiquer comment développer votre faculté d’attention, ainsi

que votre mémoire.

* **

Si l’esprit de l’homme est incapable d’embrasser deux objets

absolument en même temps, .il peut déplacer son attention

avec une extrême rapidité. Ne cite-t-on pas dans l’Histoire tels

hommes d’Etat, Jules César, Napoléon, dictant plusieurs

lettres à la fois ? Que d’illustres joueurs d’échecs disputent

avec bonheur maintes parties simultanées, certains sans voir

les pièces! Sans aller si loin, on peut remarquer que le

chauffeur au volant, le pilote au manche à balai , ont à

déplacer très vite l’objet de leur attention.

Page 79: Comment décrocher tous vos examens.pdf

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Nous connaissons deux formes d’attention : l’attention

SPONTANEE et l’attention VOLON

TAIRE. Celle-ci est pénible, parfois douloureuse, exigeant une

grande consommation d’énergie.

Aussi est-il en général préférable de viser à exciter, à

développer l’attention spontanée.

De même que la mémoire, l’attention spontanée peut être

fixée principalement de deux façons : par I’INTENSITE de

l’image, et par la REPETITION des images. Je retiendrai le

parfum d’une fleur, si ce parfum est violent, après l’avoir

respiré une seule fois; dans le cas contraire, j’y réussirai en le

humant à plusieurs reprises.

L’intensité peut-elle vraiment suppléer à la durée .On pourrait

être tenté de le croire. Une femme, a dit Ribot, voit en un clin

d’oeil la toilette d’une « rivale. » On a trouvé, d’autre part, des

gens tués - d’un coup .de revolver, les yeux grands ouverts

d’épouvante, portant sur leur rétine LA PHOTOGRAPHIE DE

L’ASSASSIN.

Il semblerait donc qu’une lumière intense donne un cliché net

au même titre qu’une longue pose. Cependant, il est

incontestable qu’une photo est d’autant plus détaillée qu’on a

posé plus longtemps. Les meilleurs clichés de la voûte

céleste, ceux dont la lecture attentive conduit à des

découvertes d’astres nouveaux, ne sont-ils pas des clichés à

pose fort longue? N’est-ce pas l’un de ces clichés qui, sur les

données de l’astronome Lowell, permit à Clyde Tombaugh, le

21 janvier 1930, à son observatoire de l’Arizona, de détecter

pour la première fois la planète Pluton?

* **

Page 80: Comment décrocher tous vos examens.pdf

80

Nous pouvons donc affirmer que la répétition est, en définitive,

nettement plus efficace que l’intensité de l’impression, et offre

l’avantage inexprimable d’exiger un effort beaucoup plus

faible. Cependant, il est utile de s’exercer à accroître l’intensité

d’impression.

Cette intensité sera portée à son maximum s’il s’y mêle des

états affectifs, tant il est vrai que l’homme ici-bas, est

manœuvré comme un robot , ainsi que nous l’avons fait

ressortir lors de l’étude de l’autosuggestion sous la forme C,

par des mobiles relevant de la sensibilité : plaisir, ambition,

peur... Il faut donc s’ingénier à faire surgir ou à amplifier des

états affectifs pour augmenter la force de l’impression. Il

convient également de voir CONCRET dans le grand détail, le

plus possible.

L’étude d’une partie de mon programme me parait-elle ardue?

J’essaierai d’en faire ressortir l’intérêt à mes propres yeux. Si

je la reconnais indispensable, je vais me la représenter

comme la pierre angulaire de l’examen qui doit me doter

d’UNE SUPERBE SITUATION. Je puis aussi prendre

l’initiative d’en extraire un sujet de conférence, de la faire

entrer dans la composition d’un ouvrage. Telle est l’idée

directrice des compositions, des concours, et, en général, de

la plupart des compétitions : par une impressionnante

publicité, on est averti, ici, qu’après l’accomplissement d’une

tâche ardue, se trouvent, pour les meilleurs, de substantielles

récompenses.

* **

Chaque individu a un sens privilégié. Le VISUEL se

souviendra surtout de ce qu’il a vu ; l’AUDITIF, de ce qu’il a

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81

entendu; le MOTEUR se gravera dans l’esprit les syllabes qu’il

a prononcées; le TACTILE n’oubliera pas les caractères

extérieurs des objets qu’il a touchés. Nous avons raison

d’utiliser surtout le sens qui prédomine en nous. Ce n’est, du

reste, pas sans intention que nous disons « surtout » , et non

exclusivement . A vrai dire, le moteur, par exemple, qui se

flatte de retenir une page, ne fera pas mal, tout en la lisant à

haute voix, de s’écouter, afin, de profiter aussi, quoique plus

accessoirement, du sens auditif.

Un texte s’imprimera mieux dans le cerveau si on le lit à haute

voix en s’écoutant parler, puis si l’on a pris soin de l’écrire,

dans le but de superposer le souvenir graphique au moteur et

au souvenir auditif. Il se fixera aisément encore s’il est

accompagné de gravures suggestives.

Voici quelques exercices, s’inspirant de la méthode

d’Atkinston propres à développer l’attention visuelle.

1° Se placer devant un objet simple, bien le regarder, fermer

ensuite les yeux et tenter de s’en représenter tous les détails.

Rouvrir les yeux. et faire l’inventaire de ce qui a été omis.

Recommencer jusqu’à résultat parfait. Prendre ensuite

d’autres objets de plus en plus compliqués :dé, chaise,

appareil téléphonique.

2° Après, remplacer l’image mentale par le dessin, en

commençant par des objets simples. Le dessin a l’avantage

d’ajouter un résultat plus CONCRET et du MOUVEMENT,

éléments précieux de réussite. S’exercer à voir les différentes

parties d’un objet les unes après les autres, chacune bien à

fond.

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3° Un peu plus tard, chercher à pénétrer d’un seul coup le plus

de détails possible d’un ensemble. Entrer dans une cuisine,

plonger un regard à l’intérieur, sortir, et établir le décompte de

tout ce qui a été omis. Faire ainsi plusieurs expériences

consécutives.

Procéder de même dans la rue. Fixer son attention sur la

vitrine des magasins en commençant par les objets les plus

simples et, parmi ceux-ci, choisir ceux qui nous intéressent

naturellement. Le soir, se remémorer tout ce qu’on a vu dans

la journée. Les premiers jours, on ne se souvient à peu près

de rien. Un entraînement de quelques semaines suscite des

progrès considérables.

Inutile d’appuyer sur l’intérêt de ces exercices notamment

pour les personnes qui se destinent, soit à la carrière de

détective, soit à toute autre profession exigeant des enquêtes

(inspecteurs etc.).

* **

On peut aussi éduquer rapidement la perception auditive.

Cinquante pour cent des cas de surdité ne sont-ils pas dus à

l’inattention? Les auditifs sont naturellement plus attentifs que

les visuels dans cet ordre d’idées. Hors les cas où un

enseignement se prête à des expériences visuelles d’un

puissant intérêt (manipulations de physique, de chimie) ou à

des projections cinématographiques — en attendant la

télévision à l’école —, le professeur touche son auditoire

beaucoup plus par la voix que par les gestes.

Certains orateurs ne fanatisent-ils pas les foules par l’autorité

de leur verbe? Si vous améliorez votre perception auditive,

vous profiterez dix fois mieux du cours de votre maître.

Etudiez-vous l’anglais avec des disques? Cela vous rendra

Page 83: Comment décrocher tous vos examens.pdf

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bien plus de services si vous avez acquis une grande

puissance d’attention auditive, tant pour le vocabulaire que

pour la prononciation, toujours si difficile à saisir.

Nous ne saurions trop appuyer sur ce point: chaque fois qu’on

façonne la faculté auditive, on est sûr de cu1tiver efficacement

l’attention.

Qui ne connaît l’ouïe surprenante des Indiens, dont l’oreille,

collée au sol, détecte des bruits extrêmement légers et

lointains ? Celle des aveugles, susceptibles, d’après le son de

leur voix, de reconnaître, comme par radar, qu’ils passent

devant un objet, et de discerner si cet objet est immobile ou

non ? Pour perfectionner le sens de l’ouïe, vous allez vous

exercer à capter les sons les plus minimes. La nuit, vous

analyserez les bruits se produisant dans les appartements

contigus au vôtre. Dans la rue, vous vous évertuerez à

pénétrer le sens des propos échangés par les passants.

Ne vous découragez pas si, au début, la « folle du logis »

engendre des quiproquos. Vous entendrez des mots bizarres,

certains semblant vous concerner, presque toujours de façon

malveillante... Vous croirez être traité de « mouchard » parce

que vous venez derrière quelqu’un qui, tournant la tête à

droite et à gauche, s’exclame en constatant qu’il a perdu son «

mouchoir » vous vous croirez renseigné sur le « père de

Roux » quand on dira : « le perdreau », ou sur le « personnel

enseignant » par un chasseur contant son tir sur un becfigue,

lequel « perd son aile en saignant »; distinguerez le mot

« confiture » alors qu’il s’agit de « café turc », ou la phrase :

La vie est un tissu de douleur parsemé de quelques fils de joie

», au lieu de : l’habit est d’un tissu de couleur parsemé de

quelques fils de soie », sans que le brave tailleur sur qui vous

venez de braquer vos pavillons auditifs se doute que vous

saluez en lui un profond philosophe...

Page 84: Comment décrocher tous vos examens.pdf

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Ingéniez-vous à déceler les différences de timbre dans les

voix, à analyser les mouvements de tel individu. Le rythme

d’un pas, mieux que le bruit, suffit parfois à caractériser une

personne. Exercez-vous, le soir, à vous rappeler tout ce qu’on

vous a dit dans la journée.

Vous arriverez vite, par une pratique régulière et progressive

des exercices décrits ci-dessus, à accroître votre faculté

d’ATTENTION d’une façon insoupçonnée.

* **

A-t-on assez déblatéré contre la MEMOIRE, depuis que, par

un soi-disant esprit d’humanité et de... civilisation, on s’efforce

de donner de plus en plus de confort aux enfants, et d’essayer

de les instruire avec de moins en moins de peine pour ceux-ci

! Qui sait si bientôt on ne leur mettra pas des cailles toutes

rôties dans la bouche? Nous ne sommes pas sûr du tout qu’il

soit de bonne politique, en matière de culture intellectuelle, de

viser à supprimer l’EFFORT, qui a sa fécondité : mais ceci,

comme dirait Kipling, est une autre histoire...

De toute façon, la mémoire est trop calomniée. Elle mérite

d’être réhabilitée. En fait, elle s’avère d’une extraordinaire

utilité dans toutes les branches de la connaissance, et SI

VOUS VOULEZ REUSSIR A TOUS VOS EXAMENS, vous

ferez bien de NE PAS LA SOUS- ESTIMER.

* **

Quels faits retient-on le mieux? Contrairement à la croyance

générale, ce sont LES PLUS ANCIENS. Un quelconque

événement s’oublie d’autant plus vite QU’IL EST PLUS

RECENT.

Page 85: Comment décrocher tous vos examens.pdf

85

Nous avons connu un vieux soldat du Second Empire qui avait

fait la campagne d’Italie. Il nous contait avec force détails la

bataille de Solferino. Il revoyait tout : la date, 24 juin 1859; la

marche ascendante et interminable sous un soleil de plomb; la

soif dévorante des soldats, les encouragements des officiers ;

les puits enfin aperçus vers lesquels on se ruait; la déception

en constatant que l’ennemi les avait empoisonnés en y jetant

ses cadavres; l’arrivée de l’Empereur Napoléon III, avec sa

barbiche fichée dans une face pâle et souffreteuse; le

canonnier démolissant, à son deuxième coup, le clocher de

Solferino où perchait la batterie autrichienne la plus

meurtrière; l’assaut irrésistible suivant immédiatement cet

exploit; la VICTOIRE! le monarque arrachant la croix de la

Légion d’Honneur de sa poitrine pour l’épingler sur la tunique

de l’artilleur...

Oui, le vieux grognard se souvenait de tout cela; mais il

oubliait qu’il nous l’avait déjà conté la veille !

* **

Un puissant facteur qui contribue à vous rafraîchir la mémoire

est l’INTERET, ou, d’une façon plus précise, l’ATTENTION

que l’on a apportée à l’observation d’un fait, l’intérêt étant lui-

même, comme on l’a noté plus haut, générateur d’une

attention soutenue et efficace.

* **

Etant professeur au Lycée Decour, nous stationnâmes un jour

dans la loge du concierge pour attendre un collègue. En

parcourant des yeux la pièce, nous dénichâmes, dans le fond,

un escalier tournant qui conduisait au premier étage. Nous ne

l’avions jamais aperçu auparavant. Cependant, depuis DIX

Page 86: Comment décrocher tous vos examens.pdf

86

ANS, nous entrions quatre fois par jour dans la loge pour y

prendre notre courrier.

* **

Un maître fait circuler une pièce de monnaie entre les mains

de ses trente-deux élèves. L’ayant retirée, il leur distribue 32

carrés de papier. « Chacun de vous, dit-il, va inscrire sur sa

feuille le renseignement suivant :

« La petite tache que porte la pièce est-elle d côté pile, ou du

côté face? »

Résultats : Pile, 21; face, 10. Un seul « zèbre », le dernier de

la classe, osait proférer cette incongruité il n’avait vu de tache

nulle part. C’était lui pourtant qui avait raison.

La quasi-unanimité des gars, dès l’affirmation du professeur

dont le verbe était pour eux parole d’Evangile, Master dixit—

avaient, sous l’empire d’une véritable suggestion, réellement

CRU QU’ILS VENAIENT DE VOIR LA TACHE. Maints d’entre

eux, frappés plus particulièrement par le côté face, — occupé

par une silhouette ayant accaparé leur attention — se

rappelaient nettement n’avoir rien distingué d’anormal par là :

donc la tache était du côté pile. Quant au mauvais élève, il

avait pris l’habitude, durant la leçon dont il se souciait comme

un poisson d’une pomme, d’OBSERVER PAR LUI-MEME

certaines choses n’ayant, bien entendu, absolument rien à voir

avec le programme, MAIS QUI L’INTERESSAIENT. Il était mal

noté parce qu’il n’étudiait pas ce qu’on lui imposait. Il n’en

avait pas moins appris à VOIR et à RETENIR ce qu’il avait vu.

* **

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87

Voici un dernier exemple, frappant et vécu, du secours

apporté par l’ « intérêt» la mémoire. Un jour, en plein cours de

Psychologie, notre Directeur d’Ecole Normale s’interrompt

brusquement. Ahurissement sur tous les bancs... Après avoir

fait lentement quelques pas, dans un silence impressionnant,

il s’arrête. « Ecoutez bien ceci », chuchote-t-il lentement. Et il

lit

« Nous apprenons que Monsieur Doyle, Directeur de l’Ecole

Normale de Moulins, est décédé le 24 octobre 1907. Il

possédait sur ses élèves une autorité remarquable et fondait

sa discipline sur des sanctions purement morales. »

Nous distribuant alors de menus rectangles de papier : « Vous

allez, ajoute-t-il de sa voix naturelle, reproduire TRES

EXACTEMENT ce que vous venez d’entendre. »

Parmi les écrits effectués par les Elèves Maîtres, nous avons

retenu le suivant :

« Monsieur Doyle, Directeur de l’Ecole Normale de Moulins,

meurt le 24 octobre 1907.

Il avait l’autorité de la discipline et ses punitions étaient

purement orales. »

Nous n’avons point oublié, du reste, la reproduction que nous

avions remise nous-même :

Nous apprenons à l’instant, non sans un vif regret, que

Monsieur Foyle, Directeur de l’Ecole Normale d’Oullins, vient

de décéder prématurément, à l’âge de trente-neuf ans, le 26

octobre 1908. Il possédait sur ses élèves une autorité

remarquable et fondait sa discipline sur des sanctions

purement morales.

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La première copie émane d’un élève qui a la mémoire des

nombres et des localités. Naturellement... Emile Ston, le fort

en dates.., le premier en histoire et en géographie ! A la fin, il

comprend en dépit du bon sens, embrouille tout : les

questions de tenue le laissent froid. Il est, en effet,

passablement espiègle, et donne du fil è retordre au

surveillant.

Quant à nous, nous sommes tout à fait indifférent au début, ce

Monsieur nous étant parfaitement inconnu, et classons par

réflexe cette nouvelle parmi la multitude de faits-divers dont

regorgent les quotidiens. Aussi n’est-il rien resté de tout cela

dans notre boîte à images. Mais, comme il faut écrire quelque

chose, nous suppléons inconsciemment au souvenir précis

défaillant par une rédaction analogue aux clichés qu’on lit en

pareil cas. Nous n’avons retenu ni le nom ni la date : mémoire

naturellement ingrate. En revanche, nous nous intéressons

prodigieusement aux questions d’ordre et de poigne : aussi la

dernière phrase est-elle reproduite intégralement.

* **

Qu’on ait de la mémoire ou non, il est un certain nombre de

procédés qui fixent dans l’esprit, de façon durable, les

connaissances utiles. Ils s’appuient sur le principe très simple

suivant :

La répétition des coups enfonce les clous.TOUT FAIT,

CHAQUE CHOSE APPRISE ET OUBLIEE UN GRAND

NOMBRE DE FOIS FINIT PAR S’IMPRIMER DANS LE

CERVEAU D’UNE FAÇON INEFFAÇABLE (Marmontel).

* **

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89

Pour toutes formules, énoncés de théorèmes à retenir,

définitions, lois, on aura de petits carnets, que l’on reverra en

un clin d’oeil chaque matin.

Certaines firmes spécialisées : celle d’Aubanel, à Avignon, la

Technique de la Mémoire à Neuilly-sur-Seine, l’Institut

Pelman, etc., préconisent des moyens variés pour développer

la mémoire et fixer les connaissances.

D’une façon générale, si, voulant retrouver un mot qui vous

échappe, vous ne réussissez pas tout de suite à le rattraper,

ne tentez plus le moindre effort pour essayer. N’insistez pas :

ce serait en vain. Vous ne feriez que déranger le mécanisme

de votre inconscient, qui est votre meilleur détecteur. N’y

pensez plus; au moment le plus inattendu, le vocable vous

reviendra.

* **

La méthode la plus générale pour retenir est la même que

pour cultiver l’attention: s’appliquer, par des exercices

rationnels, à développer toutes les formes du souvenir :

VISUEL, AUDITIF, MOTEUR, GRAPHIQUE.

* **

Développement du souvenir VISUEL. Se fortifier la vue par

massages et bains quotidiens. On voit alors plus clair. Puis,

bien regarder le mot ECRIT, et tâcher de s’en souvenir

d’après l’image visuelle.

On pourra s’y aider en ayant retenu le nombre de syllabes ou

de lettres du vocable, ainsi que la lettre du commencement et

celle de la fin.

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90

Le terme est-il concret ? Représentez-vous l’image

correspondante. Par exemple, pour un parallélépipède

oblique, en même temps que vous photographiez, en quelque

sorte, le mot écrit sur votre rétine, notez qu’il a SEPT syllabes.

Puis représentez-vous une boite en carton légèrement

écrasée par une compression. Après, si vous faites revivre

devant vous la silhouette de cette boite, l’appellation suivra

instantanément, grâce à ce qu’on nomme en psychologie « l’

association par contiguïté ».

Le vocable, au contraire, est—il abstrait ? Accolez-lui quelque

chose de frappant, de baroque au besoin. Ainsi, voulez-vous

retenir le mot barbare : sophisme ? En même temps que vous

épelez attentivement ce terme, évoquez un sophisme bref et

suggestif, tel que :

TOUT CE QUI BRILLE N’EST PAS OR; OR L’OR BRILLE;

DONC L’OR N’EST PAS OR.

* **

Souvenir auditif. Songez-vous à retenir une fable ? Le

souvenir auditif, toutes choses égales, vous secourra plus que

le souvenir visuel des mots qui la composent, car ce souvenir

auditif sera épaulé par le rythme et par la rime. Donc, en

apprenant votre fable, prononcez les phrases à haute voix,

sans oublier de vous écouter parler. Ce faisant, vous aurez,

par surcroît, renforcé le souvenir auditif par le souvenir

MOTEUR, déclenché par les mouvements des muscles de

votre visage et de votre langue. Enfin, le souvenir

GRAPHIQUE achèvera votre victoire. Si, en même temps,

vous copiez le morceau, vous le retiendrez beaucoup mieux,

surtout si vous ajoutez à cette opération le souvenir visuel,

non des mots, mais des images, du film qui se déroule dans

cette fable.

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91

* **

Cela ne suffit pas toujours. Au lieu d’exécuter en perroquet ou

en ouistiti les exercices sus- indiqués, rendez-vous compte du

SENS de chaque proposition, voyez comment est charpentée

la phrase, isolez les images, les métaphores, les inversions,

les mots terminant les lignes, à cause des rimes. Après,

résumez l’histoire par vous- même, faites-en jaillir l’idée

maîtresse, puis les idées secondaires, comme le général

d’une armée et ses lieutenants. Ainsi, la mémoire sera

secondée par le bon sens, le jugement, la raison, et par

l’intérêt que, du coup, vous vous mettez à ressentir pour ce

drame, c’est-à-dire par un état AFFECTIF, une EMOTION, et

vous savez déjà que cette aide de notre être sensible est

PRESQUE TOUJOURS IRRESISTIBLE.

* **

La plupart des examens et concours comportent l’étude

personnelle des oeuvres de nombreux auteurs, et cet

apparent travail de cyclope terrorise le candidat.

Il n’y a vraiment pas de quoi.

Voulez-vous assimiler l’essentiel d’une oeuvre classique, un

roman par exemple? Lisez-le, sans le moindre souci de retenir

quoi que ce soit, mais simplement pour le plaisir de vous

distraire, en notant toutefois par écrit ce qui vous frappe

SPONTANEMENT : mots nouveaux, images, inversions,

ressemblance ou contraste de tel ou passage avec un épisode

analogue de quelque ouvrage d’un autre auteur de votre

programme Arrivé au bout de votre bouquin, écrivez

l’essentiel, en vous aidant, bien entendu, des titre des

chapitres.

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Mettez-vous alors à la place, non du héros, de l’héroïne ou du

traître de mélodrame, mais de l’auteur lui-même, en vous

demandant si, auteur de cette oeuvre, vous en auriez conduit

le développement comme lui; si vous n’auriez pas préféré

donner un dénouement moins mélancolique, moins pessimiste

(comme, par exemple, dans Jack d’Alphonse Daudet), ou, au

contraire, moins triomphant. Ceci, pour effacer toute

apparence de « fabrication littéraire », avec les « ficelles »

usées laissant transparaître la carcasse du feu d’artifice,

conclusion arrangée pour la joie de la lectrice : inclination de

deux jouvenceaux contrariée par un indésirable qui, comme

par hasard, en fait, par l’intervention de la Providence spéciale

que l’on devine — fait place nette vers la fin, etc.

Et tout cela aide à retenir l’essentiel.

* **

On connaît des moyens mnémotechniques célèbres. Nous

nous en voudrions de ne pas en citer quelques-uns.

Par exemple, pour retenir les sept couleurs de l’arc-en-ciel

dans l’ordre :

VIOLET, INDIGO, BLEU, VERT, JAUNE,ORANGE, ROUGE,

on repérera les initiales. Remplacez le V par un U, et lisez ces

initiales en sens inverse, à la chinoise. Vous obtenez un mot

sans aucune espèce de signification, mais pittoresque et qui

sonne bien

R O J U B I U

* **

Pour implanter dans les neurones des choses ardues, on est

allé jusqu’à recourir aux Muses, énonçant, par exemple, le

théorème de Pythagore de la façon suivante :

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Le carré de l’hypoténuse

Est égal, si je ne m’abuse,

A la somme des deux carrés

Construits sur les autres côtés.

Voile-toi la face, ô Pégase... Il n’en est pas moins vrai que le

sujet le moins doué dans la science d’Euclide ne pourra plus

ignorer cette propriété. A plus forte raison si, s’inspirant

d’Euterpe, il y joint un talent de baryton pour entonner le

quatrain ci-dessus sur l’air de :

« Il était un petit navire... »

* **

Peu d’élèves connaissent tous les « trucs » employés pour

retenir avec de nombreuses décimales le nombre π, rapport

de la longueur de la circonférence à celle du diamètre dans le

cercle. Voici comment on procède. On écrit quelques phrases,

et on compte le nombre de lettres de chaque mot, dans l’ordre

où ils sont écrits. Les plus piquants de ces adjuvants tutélaires

sont des phrases rimées (ne constituant pas nécessairement

de la VRAIE poésie, tant s’en faut...). Ainsi, on écrira :

Que j’ai à faire apprendre un nombre utile aux sages !

Immortel Archimède, artiste, ingénieur,

Qui de ton jugement peut priser la valeur ?

Pour moi ton problème eut de pareils avantages.

Ici, le premier mot a TROIS lettres, ce qui donne la partie

entière, 3, du nombre π. Le second mot, j’, a UNE lettre. Donc

le chiffre 1 sera la première décimale. Ensuite, « aime » a

QUATRE lettres : chiffre 4, et ainsi de suite.

Page 94: Comment décrocher tous vos examens.pdf

94

On obtient de la sorte les TRENTE premières décimales de ce

nombre qui, comme on sait, est

irrationnel, ce qui signifie qu’il a un nombre INFINI de

décimales.

* **

Voici un autre développement analogue:

En anglais:

l°. ——

How I wish I could recollect of circle round

The exact relation Archimede unwound.

(donne TREIZE décimales).

* **

En mathématiques, une connaissance du calcul mental

soulagera la mémoire, et, souvent, permettra de voir

instantanément d’avance un résultat approximatif.

En géométrie, maints élèves ne « pigent » pas les figures de

l’espace. Ils devront s’astreindre à faire des dessins en relief,

et même à voir les anaglyphes de Vuibert, qui montrent avec

un relief saisissant nombre d’objets à formes régulières.

Page 95: Comment décrocher tous vos examens.pdf

95

Dans l’ancienne logique, les règles du SYLLOGISME étaient

formulées dans HUIT vers d’une élégante clarté. Quatre vers

formés de mots artificiels résumaient les DIX-NEUF modes

concluants du syllogisme.

La versification française a fourni aussi des moyens

mnémotechniques. La rime et le rythme aident à retenir les

connaissances enfermées dans des vers parfois acceptables,

— du moins en égard à la notoriété de leur auteur, — mais

trop souvent peut-être pires par eux-mêmes que le sonnet

d’Oronte dans le Misanthrope de Molière...

C’est ainsi que l’auteur de l’Art poétique énonce la règle DES

TROIS UNITES pour le théâtre

Q u’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli

Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.

Page 96: Comment décrocher tous vos examens.pdf

96

Nous nous permettrons d’ailleurs de douter que l’auteur des

deux vers suivants, concernant l’anatomie humaine :

Des os longs, courts et plats, de tout le corps de l’homme,

Deux cents, ni plus ni moins, déterminent la somme,

ait été couronné aux Jeux Floraux, du moins pour ce petit

chef-d’oeuvre...

* **

Citons, pour terminer, à titre d’exemple retentissant, le Jardin

des racines grecques, de Lancelot. Ce livre fut longtemps en

usage dans tous les « bahuts » de France et de Navarre.

Lancelot recueillit les racines, et Le Maistre de Sacy les mit en

vers. L’ouvrage comprend deux cent seize décades, classées

par ordre alphabétique, dont chaque vers contient une ou

deux racines. Chaque décade est accompagnée de notes

renfermant, soit les dérivés, soit les particularités se rattachant

à chaque racine.

Page 97: Comment décrocher tous vos examens.pdf

97

CHAPITRE IV

Le développement de l’imagination créatrice :

méthode pour faire éclore des idées Faut-il avoir des idées personnelles? Bien entendu, à

l’examen, vous n’allez pas soutenir une thèse paradoxale

dans une dissertation philosophique, ni, à l’oral, entamer avec

votre examinateur une polémique agressive : ce serait une

mauvaise politique...

Mais, en général, poser la question, c’est y répondre. Que ce

soit pour attaquer un exercice de calcul ou une composition

française, on a à remuer nombre de concepts entre lesquels

on pratiquera une sélection. Mais pour ce faire, il faut, dirait La

Palice, commencer par en avoir dans son cerveau, de même

que pour faire un civet, la présence s’impose d’un lièvre en

chair et en os. Il est même indispensable de s’entraîner à en

faire venir en un laps de temps très bref. Naturellement, les

sujets dotés d’une brillante imagination n’ont aucune peine à

cela. Mais en chacun de nous ne sommeille pas

nécessairement un Wells ou un Lermina qui s’ignore.

Il se peut que vous n’ayez pas d’idées. Allez- vous, alors, vous

contenter de traiter une multitude de problèmes, puis d’en

apprendre par coeur les solutions, de façon à accroître vos

chances de « tomber » sur un genre déjà étudié ? Comptez-

Page 98: Comment décrocher tous vos examens.pdf

98

vous ramener toute dissertation à une question de cours, et

bâtir un devoir qui sera une leçon plus ou moins déguisée ?

Allez-vous la larder de citations de divers maîtres, sans qu’on

y trouve la trace d’une production personnelle ? Evidemment

non.

Si vous n’avez pas de vues originales, allez- vous renoncer à

en acquérir ? Pas le moins du monde.

* **

Le premier travail d’approche pour éveiller votre imagination

sera de saisir au bond un phénomène très curieux qui se

produit en chacun de nous.

N’avez-vous jamais eu des mouvements, des velléités venant

ON NE SAIT D’OU ? Mais si, voyons ... Ces impulsions sont-

elles bonnes ? Obéissez-y immédiatement. Votre volonté se

trouvera ainsi soulagée. Il serait impardonnable de ne pas

profiter de cette aide troublante, mystérieuse, magique, qui

tient, croirait-on, du surnaturel, de l’occulte, semblant destinée

à nous diriger vers l’action, vers notre bien, vers notre intérêt.

Rejetez délibérément, par contre, les mouvements

défavorables, émanant, qui sait? De quelque génie malfaisant,

comme le pensaient nos pères, sans compter l’âne de La

Fontaine dans « Les Animaux malades de la Peste » :

(quelque diable aussi me poussant...)

De même, à n’importe quel moment, il peut arriver qu’à brûle-

pourpoint une IDEE jaillisse de votre encéphale, sans qu’il

vous soit d’ailleurs possible de vous rendre compte de son

origine.

Jusque-là, vous ne pensiez à rien, ou votre esprit était occupé

à tout autre chose. Psychologiquement parlant et les élèves

de Philosophie nous comprendront — il n’est pas sûr que

Page 99: Comment décrocher tous vos examens.pdf

99

cette idée soit le résultat d’une association par contiguïté ou

par ressemblance. Elle se trouve souvent être excellente.

Vous jureriez qu’il y a là un fait providentiel, l’intervention

d’une influence extraordinaire, d’un être invisible, — ange

gardien si l’on veut — intervenu dans le but de vous épauler,

de vous INSPIRER.

Ne laissez jamais se perdre une telle idée, si elle a tant soit

peu de valeur. Ne se rapporterait-elle pas directement au but

que vous poursuivez,— EN L’ESPECE, VOTRE EXAMEN! —

accordez-y toute votre attention. Rendez-la nette,

CONCRETE dans votre esprit. Transcrivez SEANCE

TENANTE sur un carnet de poche spécialement réservé à cet

effet, même la nuit !

**

Citons pour mémoire quelques exemples historiques d’idées

suggérées par un fait, à première vue insignifiant, puéril, voire

saugrenu, mais qui, dans chaque cas, a déclenché un

mécanisme mystérieux conduisant à d’extraordinaires

résultats.

Nous avons tous encore sur les lèvres le nom du fameux

savant italien Galilée qui, pour avoir osé affirmer le

phénomène de rotation de la Terre autour d’un axe, fut, par

l’ânerie toute- puissante et intolérante des « officiels » de

l’époque, condamné à une rétractation publique et mortifiante,

pendant laquelle il frappait le sol de son pied, en grinçant : E

pur si muove! » (Et pourtant, elle tourne !).

C’est tout à fait par hasard qu’un jour, - il avait alors dix-neuf

ans, celui qui devait devenir le plus illustre disciple de

Copernic laissa errer ses regards, dans la cathédrale de Pise

(la ville de la Tour penchée), sur une grosse suspension en

Page 100: Comment décrocher tous vos examens.pdf

100

mouvement sous une voûte. Immédiatement une idée

éblouissante se fait jour en lui : qui sait si les oscillations de ce

système ne seraient pas ISOCHRONES, c’est-à-dire ne

s’effectueraient pas en des temps EGAUX, qu’elles soient très

amples ou très petites ?

Une observation patiente confirme déjà cette intuition de génie

qui, les jours suivants, se révélera rigoureusement exacte. Et

le voilà parti... imaginant un nouveau système de mesure du

temps, qui va ensevelir à jamais le clepsydre traditionnel dans

les voiles de l’oubli, révolutionner la chronométrie et entraîner,

au double point de vue pratique et scientifique, des con

séquences incalculables.

* **

Un rayon de soleil brûlant la main d’Archimède après avoir

traversé une bouteille pleine d’eau lui suggéra l’idée de

construire les grosses lentilles qui, concentrant sur les nefs

ennemies les feux de notre étoile jaune, lui permirent

d’incendier la flotte romaine. Un gland tombant sur le nez du

bonhomme Garo fut pour lui le meilleur des maîtres de

philosophie, en lui enseignant, un peu rudement sans doute,

pourquoi un chêne porte un tel fruit, et non une citrouille...

Evénement fortuit s’il en fut, que la chute d’une pomme tout

près de Newton, et, pourtant, point de départ de l’étonnante loi

de la gravitation universelle, qui, par les efforts d’Einstein et de

ses élèves, vient seulement de céder le pas au principe plus

général de l’électromagnétisme, dont elle constitue l’un des

cas particuliers les plus sublimes...

*

Page 101: Comment décrocher tous vos examens.pdf

101

** Osera-t-on soutenir que Charles Cros ne fut pas, lui aussi,

visité par l’inspiration ? D’une timidité légendaire, il se trouvait,

un soir de réception, bien sagement assis dans le coin d’un

salon, n’osant souffler mot, les yeux baissés sur son chapeau

claque aplati sur ses genoux, quand il « réalisa » soudain que

le bruit des éclats de rire des invités faisait vibrer le cylindre de

soie de son « tube ». Ce fut, pour lui, l’oeuf de Colomb, la

pomme de Newton.

Il construisit alors son « paléophone », et commença par

essayer d’enregistrer la voix de ses amis sur un rouleau de

cire vierge. L’instant était solennel. Aussi leur demanda-t-il de

prononcer un vocable définitif. Spontanément, comme s’ils

s’étaient donné le mot, ceux-ci lâchèrent d’une voix de stentor

un bref morceau d’éloquence illustré par certain général du

Premier Empire sur le champ de bataille de Waterloo.

Contrairement à la croyance populaire, ce terme de moins de

six lettres ne porta pas bonheur à l’inventeur : c’est à Edison

qu’était réservée la gloire de diffuser le phonographe.

* **

Un jour, un disciple d’Esculape, renommé comme gourmet, se

vit, au cours d’un banquet, présenter un plat succulent dont il

raffolait. Au lieu de se servir avec un empressement dont les

autres convives, au courant de son péché mignon, souriaient

d’avance, il repoussa violemment sa chaise et bondit vers la

porte.

« J’ai une idée... » criait-il en se frappant le front, « j’ai une

idée! » Et il planta là tout son monde bouche bée, le laissant,

s’il voulait, évoquer la vision d’Archimède sortant de son bain

(encore un autre inspiré, celui-là...) et s’élançant dans la rue

Page 102: Comment décrocher tous vos examens.pdf

102

dans la tenue académique que l’on devine, son « Eurêka »

aux lèvres...

Quelques jours plus tard, notre praticien présentait à l’Institut

un tout petit appareil, appelé à bouleverser le diagnostic de

toutes les maladies du coeur et des voies respiratoires. Cet

appareil était le STETHOSCOPE, et cet original était le grand

LAENNEC !

* **

Un rêve peut suggérer une très gracieuse idée de conte ou de

roman à un littérateur. Tel titre prestigieux de trois mots

jaillissant de ses neurones sera, peut-être, le point de départ

d’un chef-d’oeuvre. D’un seul vers de génie apparu dans le

champ de sa conscience on ne sait comment, et comme

soufflé d’en haut, éclora un sonnet immortel.

* **

Nous ne saurions trop insister sur ce point : transcrivez SANS

DELAI tout concept intéressant qui est venu vous rendre une

visite inattendue. Ne perdez pas de vue qu’un clou chasse

l’autre. Dans votre kaléidoscope crânien, toute image efface la

précédente. Ne dites pas

Bon... je noterai « ça » quand j’aurai fini mon problème. Si

vous tardiez à fixer « ça » par écrit, « ça » serait presque

infailliblement suivi de quelque autre pensée, généralement

futile, et balayé par elle comme un fétu...

En recueillant soigneusement ces idées qui « tombent d’en

haut », vous ne tarderez pas à vous apercevoir, avec un

joyeux étonnement, qu’il en éclot un nombre de plus en plus

grand, comme si les premières avaient eu la vertu de

Page 103: Comment décrocher tous vos examens.pdf

103

proliférer. Et, ce qui vaut encore mieux, les nouvelles

s’avèrent de plus en plus piquantes, de plus en plus originales

et pleines d’intérêt. Si, en particulier, vous visez un but bien

arrêté, et n’en visez-vous pas un de taille: VOTRE EXAMEN?

— elles se presseront en foule dans votre esprit à n’importe

quel instant, fréquemment au milieu de la nuit, à l’état de veille

ou en plein rêve, parfois au réveil.

En prenant la précaution sus-indiquée, vous assisterez, à

votre vive satisfaction, à des progrès sérieux de votre

intelligence, sous les formes suivantes : MEMOIRE,

IMAGINATION, ORIGI NALITE, ESPRIT D’INITIATIVE, et,

par-dessus tout. FACULTE DE DECOUVERTE.

La question de l’ORIGINE de ces impulsions météoriques, de

ces idées inopinées, qui, moyennant l’éducation

recommandée plus haut, feront de vous, peu à peu, non un «

possédé », peut- être un « inspiré », à coup sûr UN

CANDIDAT DE PREMIER PLAN A VOTRE EXAMEN, est

encore une énigme. Certains, tel Swedenborg, n’y ont-ils pas

vu l’oeuvre d’êtres invisibles évoluant autour de nous ?

D’autres, tout récemment, n’ont-ils pas professé que certaines

radiations, émanant d’atomes terrestres ou sidéraux, étaient

capables, par « effet de choc », de provoquer des

modifications plus ou moins utiles de notre système nerveux?

* **

En attendant que tout cela soit tiré au clair,— ce qui n’est sans

doute pas pour demain, il semble hors de doute qu’il y ait là un

travail invisible de l’INCONSCIENT, ce sphinx qui siège en

nous, et dont nous avons déjà souligné l’importance au

chapitre premier de cette deuxième partie. N’est-il pas, cet

Inconscient, une autre personnalité dans notre ombre, et, en

Page 104: Comment décrocher tous vos examens.pdf

104

quel que manière, une seconde édition de nous-même, à

moins qu’il ne soit lui-même la véritable édition princeps ?

N’est-ce point, comme nous allons le voir ci-dessous, TOUT

UN MONDE, infiniment plus vaste que celui qui nous entoure

? Monde — si l’on sait le réveiller, car normalement il est

assoupi — susceptible d’exercer sur nous une action

autrement puissante que celle émanant des vivants de notre

boule verte ?

Oui, si nous savons nous y prendre, nous serons surtout

conduits par les morts...

...D’abord, s’entend, par les pléiades d’écrivains disparus,

dont les ouvrages vivaces sont le fondement de notre

éducation. Ensuite, et surtout, si nous avons appris à sentir

leur présence, à écouter leurs voix, par ceux dont chacun a

laissé dans nos artères la quintessence de ses qualités

physiologiques, — contribuant par là à élaborer notre vie

végétative — ainsi que la trace de son savoir, de son

expérience, de son génie. Et l’empreinte globale résultante est

impressionnante, voire effrayante, par le nombre

astronomique de ces traces partielles.

Un simple calcul va vous en donner une idée.

La durée de la vie humaine est actuellement d’environ 70 ans;

il y a un demi-siècle, elle était inférieure à 40 ans; au moyen

âge et antérieurement, elle ne dépassait probablement pas

cinq lustres. Nous allons admettre que la durée d’une

génération est de 50 ans, c’est-à-dire que la population du

globe se renouvelle deux fois en un siècle. Or, l’apparition de

l’homme sur notre machine ronde date d’environ un million

d’années. En divisant 1.000.000 par 50, on obtient 20.000. Il y

a donc eu, avant nous, quelque 20.000 générations.

Très bien... allez-vous interrompre. Inutile d’aller plus loin.

Nous avons compris. Et vous ajouterez : J’ai deux parents qui

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105

appartiennent à la génération précédente; chacun d’eux en

deux; ceux-ci vivaient au temps de la pénultième, ayant

chacun, eux-mêmes, un père et une mère faisant partie de

l’antépénultième génération. Or, lancerez-vous en vous

rengorgeant, nous ne sommes pas tombé de la dernière pluie,

Nous avons fait nos études, PUISQUE NOUS PREPARONS

UN EXAMEN, et n’ignorons rien des secrets des progressions

géométriques et des logarithmes. Trouver le nombre total N

de nos ancêtres? vous écrierez - vous avec emphase. Rien de

plus simple : il est égal à 2 élevé à la puissance 20.000. Le

logarithme de Briggs de 2 étant 0,30103, celui de N sera égal

à 0,30103 x 20.000, c’est-à-dire à environ 6.020,6. La partie

entière de ce nombre étant 6020, le nombre N aura 6020 + 1

chiffres, c’est-à-dire environ SIX MILLE CHIFFRES.

Et voilà.., cher Lecteur, comment on se laisse mystifier par la

fée des mathématiques, fée la plus merveilleuse peut-être,

mais aussi trop sou vent la plus perfide... Vous ne vous en

méfierez jamais assez, surtout le jour de l’examen. Elle se fera

fort, moyennant quelques sophismes extrêmement subtils, de

vous montrer que 2 = 0, que la demi-circonférence est égale

au diamètre, et, en toute occasion, de vous faire prendre des

vessies pour des lanternes, si vous ne lamentez à la raison en

la confrontant, en toute occasion, avec la vraisemblance, avec

le juge ment, avec le bon sens. Voici, en gros, comment il

fallait raisonner :

Il y a actuellement 2 milliards 500 millions d’âmes sur la Terre.

Ce nombre était plus faible autrefois. Partons d’une moyenne

de cent millions pour chacune des 20.000 générations.

Admettons, d’autre part, que chaque couple, depuis le début,

ait donné naissance à deux couples, et ainsi de suite, toujours

en doublant. Au bout des vingt sept premières générations, on

atteint un nombre d’individus d’environ 100 millions. A partir

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106

de là, le volume des générations n’augmente plus, tant joue à

plein ce régulateur la loi implacable de la sélection naturelle,

populations entières décimées par le virus filtrant, le microbe,

le froid, la faim, la guerre.

Revenons maintenant au présent, et faisons le compte de nos

ancêtres. En remontant à 27 générations, je trouve que tous

les membres de la génération correspondante, la 27e avant

moi, SONT MES PARENTS.

Remontons encore on ne peut plus doubler. Donc, en faisant

abstraction des 27 générations initiales et des 27 dernières, ce

qui fait un total absolument négligeable devant un nombre tel

que 20.000 —, je vois que le nombre total de mes pères est,

grosso modo, le produit de 100.000.000 par 20.000, ce qui ne

fait plus qu’un pauvre petit nombre de rien du tout... TREIZE

chiffres une goutte d’eau dans la mer en face du nombre de

SIX MILLE chiffres obtenu plus haut frauduleusement, mais

tout de même représentant HUIT CENTS FOIS la population

de la Terre au début de l’ère atomique.

Evidemment, ce résultat est probablement un peu supérieur à

la réalité. En effet, dans ce calcul mathématique, nous avons,

soit ignoré, soit sous-estimé bien des facteurs. D’abord, la

sélection naturelle, à laquelle nous avons fait allusion plus

haut, a bien pu ne pas se borner à maintenir constant le

niveau d’une génération. Au cours des âges, de mystérieuses

épidémies grippe espagnole, peste, choléra, ont pu minimiser

des séries de centaines de générations.

Il en est de même des cataclysmes postérieurs à l’apparition

de l’être humain, que l’on commence à soupçonner sur des

données scientifiques subtiles mais assez concordantes.

Nombre de volcans éteints actuellement gardent leur

éloquence muette. Et que savons-nous des tremblements de

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107

terre du passé? Le Déluge fut évidemment la manifestation

d’un accident terriblement destructeur. Il en est de même

pendant les dernières époques GLACIERES. N’a-t-on pas, par

ailleurs, trouvé récemment des fossiles d’animaux pétrifiés

dans des positions anormales, ayant encore dans la bouche

de l’herbe qu’ils étaient en train de brouter ? N’ont-ils pas été

foudroyés par une catastrophe instantanée, peut- être le choc

d’un astre contre notre planète ?

Et que penser de l’engloutissement peut-être rapide de

l’Atlantide, sans mentionner le continent qui, aux premiers

âges, occupait la plus grande partie du Pacifique : deux

effondrements remontant tout au plus à quelques dizaines de

milliers d’années ?

Même en tenant compte de ces inconnues, vous pouvez être

sûrs que le nombre de nos ancêtres demeure infiniment plus

grand que celui des habitants du monde, à plus forte raison

que celui du petit nombre de cerveaux qui, croisant dans notre

entourage, seraient à peu près seuls susceptibles de nous

influencer.

Ainsi, si nous savons nous y prendre, nous pourrons tirer de

notre « gouffre intérieur » un secours autrement efficace que

de la « société », et aboutir à la conclusion suivante : Celui qui

détient le secret de secouer la torpeur de son inconscient, et

d’utiliser par là les immenses ressources de sa VIE

INTERIEURE, celui-là IRA LOIN.

* **

Voici, maintenant, une explication plus simpliste des faits :

Après qu’on a cessé d’appliquer son esprit à un sujet

déterminé, il se produit encore dans les centres nerveux, et

d’une manière continue, une élaboration inconsciente de la

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108

pensée, d’une importance considérable au point de vue des

résultats. Ce processus est plus lent que le labeur intensif

conscient, mais par là même plus fructueux. L’idée, lentement

distillée, se digère sans effort et peu à peu, on aboutit une

assimilation parfaite.

Le résultat d’une réflexion consciente, trop souvent intense et

fiévreuse, — surtout au cours de la préparation D’UN

EXAMEN — fait songer à ces fruits précoces, hâtivement

mûris en serre, sans le moindre arôme. (Ne dit-on pas que

faire du « bachotage », c’est « chauffer le candidat ? » Par

contre, une idée se faisant jour à I’improviste après un long

travail inconscient, est comparable à une mignonne fraise des

bois, arrivée tard à maturité, mais d’une saveur et d’un parfum

délicieux.

Le procédé recommandé ici relativement à la culture de ces

idées venues « d’en haut » , qui vous inspirent, constitue un

moyen éducatif de premier ordre, d’autant plus intéressant

qu’il n’exige AUCUN EFFORT. On n’à qu’à prendre la peine

de ramasser une pensée providentielle, comme on cueillerait

une pervenche... Il y a là un effet d’imprévu, de capricieux

hasard, quelque chose de capiteux qui grise, émerveille et

rend cette pratique passionnante.

Toutefois, ayons soin de ne conserver que les concepts

vraiment utiles. Expulsons impitoyablement les autres. Ceux-ci

seraient un fléau pour l’éducation, de même que les branches

divagantes d’un arbre constituent un défi à l’esthétique du

verger, comme les mauvaises herbes d’un champ ont pour

effet d’empoisonner la moisson.

* **

En particulier, le médecin entraîné à la méthode ci-dessus

exposée y trouvera son avantage. Sort-il, soucieux, de chez

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un malade, sans avoir pu accoler un nom à l’affection qui

cloue son client au lit ? Qu’il se rassure : il sera bientôt, et de

plus en plus, assailli d’idées fécondes qui lui permettront de

maîtriser son diagnostic, au point de le rendre à peu près

INFAILLIBLE.

* **

Supposons maintenant un élève aux prises avec une

dissertation proposée pour une date un peu éloignée : une

quinzaine par exemple. Comment va-t-il disposer ses batteries

?

Il lira attentivement sou sujet, en écrivant à part les mots

importants. Il en cherchera très soigneusement la signification

sur le dictionnaire. Plusieurs auront différentes acceptions il

s’agira de savoir discerner celle qui est valable pour ce travail.

Puis il notera toutes les sources de documentation se

rapportant à son étude. II consultera les ouvrages

correspondants, tachant de retenir de chacun un très petit

nombre de faits, mais dont chacun se rapporte à sa

composition.

Ensuite, il s’occupera d’autre chose.

Des idées ne tarderont pas à affluer de son inconscient,

confuses d’abord, tortueuses peut- être. D’autres leur

succéderont, plus simples, plus claires et concourant plus

directement à la démonstration de la thèse qu’il se trouve

avoir, en quelque sorte, à soutenir relativement au texte

proposé.

Le candidat, ayant pris l’habitude de rassembler précisément

les idées de choix qui lui viennent ainsi spontanément,

acquerra peu à peu une maturité GENERATRICE DE

SUCCES. Et, le jour J venu, il sera à même de « déballer »

ces idées très rapidement et de les exprimer, en un temps

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record, avec élégance, netteté et précision, ce qui lui

permettra d’avoir produit un travail solide, cohérent, équilibré,

au moment de remettre sa copie.

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CHAPITRE V

Le bon sens Pour réussir, non seulement à un examen, mais dans

n’importe quelle entreprise, la science ne peut rien si elle n’est

accompagnée du bon sens, du jugement et de la raison.

Tel savant passe d’interminables heures de jour et de nuit

écrasé sur sa table de travail. Pour lui n’existent que ses

bouquins poudreux aux pages tremblotantes, ses notes, ses

recherches.

Il croirait déchoir en se livrant de salutaires promenades. Il

abrège ses repas, écourte le temps dû au sommeil et, pour

tout dire, rapproche le terme de sa vie.

Il ne voit pas — ce qui saute aux yeux de sa famille — qu’en

faisant bon marché des règles les plus élémentaires de

l’hygiène, il se courbe, vieillit, contracte sourdement des

maladies chroniques incurables et court vers le « gagaïsme »,

la sénilité, la décrépitude et la mort, c’est-à-dire vers

l’impossibilité de donner une suite durable aux études

ébauchées.

En réalité, le but invisible vers lequel le conduisent,

inexorablement, ses efforts mal coordonnés, est précisément

l’opposé de celui qu’il veut, qu’il croit approcher. Ses amis

risquent- ils quelques affectueuses observations tendant à lui

faire mesurer le danger auquel il s’expose si imprudemment?

Il se borne à esquisser un sourie teinté de dédaigneuse

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113

indulgence envers ces ignares et aimables esprits terre à

terre, ces automates, ces robots, incapables de s’élever jus

qu’à comprendre son labeur, et se garde bien de suivre leurs

avis.

Qui, au fond, est l’automate ? Qui est le robot? Lui-même...

Machine à penser, il s’avère incapable de la plus

indispensable des mises au point. Est-il vraiment, en dépit de

sa haute culture, un être supérieur ?

Le berger candide et béat, qui soigne doucettement sa petite

santé, chante, joue du flageolet, s’amuse, exerçant

naturellement les dons modestes que la nature lui a

dispensés, est, ma foi... un philosophe singulière plus avisé

que ce malheureux « abruti » esclave de son idée fixe,

prisonnier de son triste génie.

* **

Cependant, quelle ne serait pas la supériorité de l’homme

intelligent et cultivé sur un esprit borné, s’il songeait à répartir

judicieusement son temps et ses forces de manière à bien

équilibrer sa besogne! Quelle déchéance y a-t-il à se

préoccuper des détails matériels de l’existence? Alexandre

Dumas, qui fit nos délices avec « Le Comte de Monte-Cristo »

et « Les Trois Mousquetaires », croyait-il perdre la face en

exhibant ses talents de cuisinier et en servant lui-même ses

confrères? Victor Hugo, qui, jusqu’à sa quatre- vingt-troisième

année nimba la littérature française d’une éblouissante

auréole, omettait-il, à son petit déjeuner, d’absorber

consciencieusement deux oeufs et une côtelette ? Ne faisait-il

pas allègrement sa promenade quotidienne de cinq lieues? Et

Clemenceau, ce Tigre, ce Père La Victoire, n’accomplissait-il

pas chaque matin, jusqu’à l’âge de quatre ans, un nombre

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déterminé de mouvements de gymnastique durant une

vingtaine de minutes?

* **

Un professeur de nos amis a passé la presque totalité de sa

carrière dans, l’atmosphère fiévreuse des examens, qu’il

préparait avec acharnement, en dehors des heures

consacrées à son service. Il eût pu donner des leçons

particulières, et se créer ainsi des ressources supplémentaires

destinées à .assurer aux siens une aisance relative. Loin de

là, il dépensait en achats ruineux de livres les quelques écus

qui lui restaient sur son traitement. Il mangeait mal; sa femme

était dans la gêne; ses enfants, maigres et pâles. Finalement,

sous l’action d’un surmenage continu, il fut terrassé par une

maladie chronique qui l’obligea à renoncer définitivement à

ses travaux.

Pendant ce temps, la plupart de ses collègues, moins

diplômés, faisaient, indépendamment de leurs classes, des

cours amplement rétribués, vivaient bien, et savaient se faire

nommer aux postes importants dont il rêvait et qu’il eût

obtenus sans difficulté, s’il avait songé à s’occuper

sérieusement de sa situation matérielle.

* **

Oui, le bon sens est supérieur à la culture. Une ligne de

conduite simple conduira généralement au succès.

Cependant, si paradoxal que cela puisse paraître, ce n’est

qu’à la suite d’une longue expérience que l’on se décide à

écouter la voix de la sagesse.

Napoléon, qui gagnait toutes les batailles avant de se laisser

paralyser par l’influence de son état-major jouisseur, poltron,

Page 115: Comment décrocher tous vos examens.pdf

115

veule et stupide, avait une méthode stratégique très simple .et

d’autant plus ingénieuse : il construisait son plan d’attaque

après s’être mis, par la pensée, à la place de l’ennemi, ce qui

lui permit, tant que son système ne fut pas éventé, de le

dérouter

à coup sûr. Bismarck, l’un des plus redoutables diplomates de

son temps, attrapait les négociateurs les plus retors en disant

purement et simplement la vérité. Jouant cartes sur table, il

démontait les plus subtiles machinations de ses adversaires,

qui se seraient bien gardés de croire un mot de ce qu’il

avançait...

A la Bourse, l’idée de vendre une valeur qui a monté de 10 à

15 pour cent viendra à un capitaliste expérimenté. Au

contraire, un novice va suivre le mirage de son imagination.

Aussi, pour des raisons multiples et fort belles qu’il croit avoir

d’attendre le « boom », voit-il s’évanouir en fumée son

bénéfice, trop heureux encore s’il n’essuie pas une perte.

* **

Travailler énergiquement, voilà le mot d’ordre. Toutefois, avant

de se jeter à corps perdu dans la fournaise, il importe de

savoir OU L’ON VA.

Trop de gens, et surtout de jeunes, éprouvent une sorte de

niaise fierté à passer sous les fourches caudines de tel ou tel

snobisme.

Par exemple, c’est un dogme intangible, au collège, de

pousser jusqu’au baccalauréat. Chacun voit là, non un grade

tout court, mais un titre de noblesse intellectuelle : LE PONT

AUX ÂNES... Eh bien... cette conception est tout simplement

absurde. Si, en troisième, vous ne vous sentez pas vraiment

des dispositions pour la science, pourquoi ne pas vous tâter,

et, si vous avez quelque ingéniosité, de l’agilité et de l’habileté

Page 116: Comment décrocher tous vos examens.pdf

116

dans les doigts, ne pas songer à une profession manuelle, à

un métier pratique?

Quelle honte peut-il y avoir à cela? Vous gagnerez peut-être

votre vie plus tôt et mieux que tel lauréat du « Bac » , qui,

soucieux de vouloir à tout prix « finir » ses études, va traîner

une douzaine d’années dans quelque Université, — où, du

reste, il n’est pas mathématiquement sûr de réussir — avant

de « palper » !

* **

Oui, sur le point d’entreprendre une tâche importante, il est

indispensable de réfléchir mûrement, de peser longuement les

avantages et les inconvénients que l’on trouve dans la voie où

il s’agit de s’engager. CE N’EST PAS LA DU TEMPS PERDU.

Une fois la décision prise, il faut, il est vrai, aller résolument de

l’avant, sans plus regarder derrière soi.

* **

Ménageons-nous quelques minutes, chaque soir pour passer

au crible du bon sens et de la réflexion le travail exécuté dans

la journée et celui que nous allons faire le lendemain. De plus,

méditons, une fois par semaines pendant une heure ou deux,

sur la manière dont nous conduisons notre plan d’action. LE

SUCCES EST A CE PRIX. Négligeons-nous ce minime effort

supplémentaire? Nous serons irrésistiblement emporté par le

torrent des forces naturelles qui nous entourent, nous

enserrent, nous enlisent, nous pénètrent de toutes parts.

Alors, qu’arrivera t-il? Ou nous nous découragerons ou nous

deviendrons une mécanique stupide à accomplir le travail

auquel nous nous sommes adonné.

Page 117: Comment décrocher tous vos examens.pdf

117

* **

Intellectuels, ne visons pas trop haut. Quand nous

approcherons de l’âge mûr, les ressorts commenceront à

fléchir; les cellules grises , suivant l’expression chère à

Hercule Poirot, le héros-détective d’Agatha Christie, auront

perdu de leur plasticité; l’enthousiasme juvénile se sera calmé.

L’étude deviendra pour nous une fatigue. A ce moment

critique, demandons-nous sérieusement, sans ambages, sans

fausse honte, s’il ne vaut pas mieux borner notre science à un

niveau raisonnable, et viser plutôt à l’appliquer à la vie réelle,

pour en tirer, le maximum de résultats matériels.

En sommes-nous convaincu? Prenons carrément notre

décision; nous n’aurons pas à le regretter. Les problèmes qui

nous attendent dans l’existence reposeront agréablement

notre esprit des pénibles spéculations contemplatives, tout en

l’exerçant largement.

Pour qui sait la prendre, la vie pratique est un jeu d’échecs

magique auquel on joue avec goût, curieusement,

sérieusement et gaiement. On rencontre là de profondes

satisfactions. Et, après tout, le vrai bonheur — celui qui ne

déçoit jamais PARCE QU’ON NE L’A PAS CHERCHÉ, et

aussi parce qu’il ne livre rien au hasard ni à l’influence d’autrui

— ne consiste-t-il pas à développer harmonieusement son

corps et son âme, et à savoir extraire de son cerveau, le cas

échéant, la meilleure combinaison pour se tirer honnêtement

d’ affaire?

* **

Page 118: Comment décrocher tous vos examens.pdf

118

Il est presque toujours maladroit et dangereux - de vouloir trop

s’élever au-dessus de la condition tracée pour nous par la

destinée, l’éducation et l’ambiance. Trop souvent, on se trouve

transplanté dans un monde fermé, fier, où l’on toisera de bien

haut le « parvenu » que vous êtes. C’est ce que nous fit

remarquer notre sergent de la « der des der » (guerre de

1914-18) un jour où, nous le croisâmes. Ses qualités et son

courage exceptionnels l’avaient hissé, grade après grade, à la

dignité de Commandant. Et comme nous le félicitions

chaudement : « Je regrette, soupira t-il, le bon vieux temps de

la « sardine » . Ici je ne me sens pas dans mon milieu.

D’ailleurs, une ambition effrénée parvient rarement à se

satisfaire d’une façon complète, définitive. C’est une plaie, un

ulcère qui ronge, détruit toute quiétude, en semant dans la

conscience un désir éternellement inassouvi, en jetant devant

les yeux exorbités, mirage splendide et décevant, la

perspective d’un but grandiose qui recule sans cesse au fur et

à mesure qu’on l’approche : tout comme le ciel que croit

atteindre l’enfant en gravissant la montagne, et qui, du

sommet, se révèle plus haut, plus lointain, plus inaccessible

que jamais.

En particulier, une ambition intellectuelle démesurée, se

traduisant par une course perpétuelle aux peaux d’âne, une

chasse sans fin aux concours, n’est pas en général couronnée

d’un plein succès. Qu’il y ait d’honorables exceptions, cela ne

fait pas l’ombre d’un doute. Mais que de fois, avant la

conquête du diplôme convoité, la fatigue ne survient-elle pas,

inexorable, suivie de l’échec, du découragement, et, trop

souvent, d’un délabrement de la santé !Conséquence de

l’implacable loi de la « mauvaise volonté de la nature » qu’il

est raisonnable de prévoir et d’éluder.

Page 119: Comment décrocher tous vos examens.pdf

119

* **

Quoi qu’il en soit, si nous avons décidé d’accomplir une tâche

intellectuelle difficile : préparation, par exemple, du Certificat

d’Aptitude au Professorat des Ecoles Normales, ou du

Certificat d’Aptitude à l’Enseignement Secondaire, effectuée

en marge d’un gagne-pain, n’oublions jamais que nous

devons nous allier au Temps.

En effet, le résultat à atteindre va nous demander beaucoup

de forces, et exigera des dépenses très appréciables.

Voulons-nous à tout prix brûler les étapes? Nous courons le

risque d’avoir, à bref délai, la visite du médecin. D’autre part,

notre situation matérielle va souffrir de notre activité

additionnelle, car le temps passé à étudier -vérité de La Palice

— ne l’est pas à gagner de l’argent. Nous allons nous trouver

gêné, et, pour remédier à cette situation précaire, nous serons

amené à réduire nos frais de nourriture et de chauffage. Très

dangereux pour la santé... Nous tournons dans un cercle

vicieux.

Il va donc falloir ruser...

Un labeur intense exigeant des forces surabondantes, il est

absolument indispensable de se réserver les moyens

pécuniaires d’avoir une riche alimentation. Par suite, il va être

essentiel

de consacrer une partie de notre activité et de notre temps à

nous créer des ressources supplémentaires.

Ainsi, chose paradoxale, nous voilà acculé, pour réaliser un

projet INTELLECTUEL avec le minimum d’aléas, à la

nécessité de nous préoccuper de la partie la plus

MATERIELLE de notre existence. Ici, comme on le voit, plus

que partout ailleurs, les extrêmes se touchent…

Page 120: Comment décrocher tous vos examens.pdf

120

Il est évident, d’ailleurs, qu’en ajoutant des tâches lucratives à

notre travail principal, nous

devons soigneusement éviter de surcharger notre emploi du

temps au point d’amener un surmenage qui serait désastreux.

Il ‘y a donc lieu, pour concilier tout cela, de ralentir

prudemment le moteur; en un mot, de s’allier au TEMPS.

Comme on le voit, tout se tient dans la vie...

* **

Enfin, n’oublions pas qu’il faut accomplir toute chose

simplement. Travaillons, bien entendu, de façon à nous

rapprocher le plus possible de la perfection, surtout EN

PREPARANT UN EXAMEN, car la quantité de travail n’est

rien sans la QUALITE. Mais ne cherchons pas, comme dit

l’autre, midi à quatorze heures. Evitons de couper les cheveux

en quatre : le mieux pourrait se trouver l’ennemi du bien. Ne

dédaignons pas le mot célèbre du profond philosophe Pascal,

qui connaissait bien la vie et les hommes « L’homme n’est ni

ange ni bête, et qui veut faire l’ange fait la bête. »

Les professeurs savent, par une cruelle expérience, qu’un jour

d’inspection, les élèves, dans leur application à vouloir

répondre beaucoup mieux que d’habitude, accumulent

sottises sur sottises.

Dans une classe de cinquième de trente-deux élèves, un

Inspecteur Général fait disposer les enfants suivant 8 rangées

de chacune 4 potaches. Il se place devant eux : il y a HUIT

fois QUATRE élèves, donc 4 x 8. Il se met ensuite sur le côté :

on compte QUATRE fois HUIT élèves, soit 8 x 4.

L’Inspecteur se fait indiquer le meilleur élève de la classe, et,

s’adressant à lui: « Le nombre des élèves est-il le même dans

les deux cas? » lui demande-t-il. — Oui, Monsieur

Page 121: Comment décrocher tous vos examens.pdf

121

l’Inspecteur. — Et pourquoi? — Parce que le produit de deux

facteurs ne change pas si l’on intervertit l’ordre des facteurs.

C’était une ânerie, montrant que le Newton en herbe, paralysé

par une présence anormale, n’avait pas « réalisé », l’élément

NOUVEAU, à trouver, qu’apportait le dispositif du chef. Devant

la question posée, il s’était trouvé, en quelque sorte, hypnotisé

par l’égalité qui, au tableau, flamboyait devant lui :

4 x 8 = 8 x 4.

Il avait alors tout juste associé dans son esprit cette relation

avec la leçon précédemment apprise à ce sujet : association

PAR CONTIGUITÉ, parfaitement normale, qui n’a certes rien

de « transcendant » ... Forme initiale d’association, que les

animaux utilisent avec autant de virtuosité que nous. Le

« pauvre type », désemparé, s’y était accroché comme le

noyé à une bouée de sauvetage. La réponse à faire eût exigé

une observation sans malice, mais PERSONNELLE,

assaisonnée d’un peu de bon sens. Il eût fallu que l’enfant fît

une petite découverte : qu’il remarquât que, dans l’intervalle

de temps ayant séparé les deux manières de compter, aucun

lycéen n’était entré ni sorti.

* **

A L’EXAMEN, dans notre désir d’ épater les examinateurs par

notre érudition, nous résistons rarement à la tentation

d’ajouter à nos copies, au tout dernier moment, des

énormités,— des perles — dont la moindre suffit à couler

notre composition et à entraîner irrémédiablement notre

échec.

Page 122: Comment décrocher tous vos examens.pdf

122

* **

Une expérience formelle montre que nous aurons le maximum

de chances de succès dans nos entreprises si nous visons un

but tout à fait à notre portée. Ne pas songer à l’impossible,

tirer le meilleur parti des forces et des facultés dont la

providence nous a gratifiés, dans le milieu même où nous

sommes placés, et, par là, ne pas permettre à l’universelle et

redoutable loi de la Thermodynamique qui a nom : LOI

D’EQUILIBRE, de jouer contre nous : telle est la meilleure

tactique à employer pour apprivoiser le SUCCES, — cet

oiseau bleu qui plane au- dessus de nous et réaliser le

véritable but de notre existence.

* **

Voyons maintenant d’un peu plus près en quoi le bon sens

peut secourir LES CANDIDATS A DES EXAMENS. Ces

jeunes personnes sont trop timorées; ces messieurs, parfois

bien hâbleurs... Avant la composition, ces demoiselles

tremblent; après, elles n’ont rien fait de bon. Ce sont alors des

soupirs, des pleurs et des grincements de dents. Par contre,

tels adolescents, pérorant avec assurance avant la première

épreuve, ont, paraît-il, tout vu; ils savent tout sur le bout du

doigt; pour un peu, ils vous diraient par avance les sujets des

compositions. Après, ils ont tout fait. Ils sont sûrs de réussir

avec mention...

Le bon sens conseille de n’avoir ni trop de confiance ni trop

peu. Sous-estime-t-on le niveau l’épreuve? On croit volontiers

qu’un travail sérieux ne s’impose pas. Ce penchant est

favorisé par la paresse qui sommeille en chacun de nous,

— étudiants et professeurs — et dont la nature, en vertu de la

loi d’INERTIE, nous étale sans vergogne de si fâcheux

Page 123: Comment décrocher tous vos examens.pdf

123

exemples. (Songer au rayon lumineux qui, parti d’un point A,

doit atteindre un point B après réflexion sur un plan: son trajet

est tel, qu’il accomplit le chemin minimum : IL PREND PAR LE

PLUS COURT).

Combattons cette tendance en nous disant : Tous ceux qui

osent se présenter sont du niveau de l’examen, ou à peu près;

cependant, grosso modo, 40 % seulement seront admissibles,

à peine 30% reçus définitivement. Donc, si nous nous bornons

à être d’une honnête moyenne, « tangents », la compétition

ne présentera pour nous PAS PLUS DE CHANCES QU’UNE

LOTERIE. Nous courrons même des risques sérieux de ne

pas 3passer », car, au jour J, ON PERD UNE PARTIE DE

SES MOYENS. Il faut donc arriver assez bon (moyenne de 13

sur 20) au jour fatidique, pour compter sur des chances tout

au plus normales d’atteindre la moyenne, ou même seulement

d’ « entrer en discussion » c’est-à-dire avec une moyenne à

l’écrit de 9 à 9 et demi sur 20, ce qui, dans certaines

conditions et moyennant un livret scolaire très élogieux permet

au Jury de « relever » le candidat.

* **

D’autre part, ne nous sous-estimons pas, et n’arrivons pas à la

salle des épreuves en nous estimant « collé » par avance !

S’agit-il, non pas d’un examen ordinaire, mais d’un

CONCOURS? On est encore plus intimidé : sur deux ou trois

cents appelés, combien va-t-on compter d’élus ? Peut-être

une dizaine !

Il se peut que les compositions aient été choisies difficiles,

pour faciliter le classement. Mais qu’arrive-t-il souvent ?

Personne ne sait les faire; dans ce cas, il n’est plus

absolument nécessaire d’atteindre la moyenne à l’écrit pour

Page 124: Comment décrocher tous vos examens.pdf

124

être déclaré admissible. Prenons un exemple. A l’Agrégation

de Mathématiques, le total des points à l’écrit est de 80. La

moitié du maximum est donc 40. Cependant, au Concours

normal de 1919, on fixa l’admis à 36 points, et celui qui,

finalement, fut reçu définitivement LE PREMIER eut 4 sur 20 à

la composition de Mathématiques Elémentaires (qui n’a d’

« élémentaire » que le nom : en réalité, c’est la plus difficile et

la plus redoutée). Il est vrai que le N° 2 avait décroché à cette

même épreuve un 18 sur 20. Au Concours de 1922, on prit

des admissibles à 33 points.

Bref, le mieux est de penser si le sujet est dur, il le sera pour

tout le monde; avec du sang-froid, de la méthode et de la

maturité, on doit pouvoir trouver quelque chose. Du reste,

pendant votre longue préparation, le BON SENS vous a porté

à piocher vigoureusement vos points faibles; il vous a invité,

d’autre part, à vous perfectionner dans votre partie forte, de

façon vous assurer un appui solide. C’EST LÀ LE MEILLEUR,

LE VRAI PISTON Vous gagnerez des points sur votre

spécialité, et cela compensera les défaillances que vous aurez

pu accuser par ailleurs.

* **

Un sujet vous paraît-il d’une facilité dérisoire? Tient-il en

quelques mots bénins? MEFIEZ VOUS. Il y a une ou plusieurs

difficultés soigneusement camouflées. Le « matou » qui l’a

proposé a fait patte de velours... « Mauvais signe, disait le

médecin de Molière à Monsieur de Pourceaugnac, quand un

malade ne sent pas son mal ! »

Ici, le malade, c’est vous; le mal, c’est le texte. Tout le monde

connaît l’énoncé du dernier théorème de Fermat, QUI TIENT

EN UNE LIGNE, et fait le profane s’écrier : « Combien cela

Page 125: Comment décrocher tous vos examens.pdf

125

doit être aisé à établir ! » Eh bien... depuis plus de trois

siècles, la démonstration reste encore à trouver. Ceci entre

nous — à la confusion furieuse des géomètres : avec leurs

méthodes modernes si nombreuses, si fécondes, si savantes,

se voir damer le pion par un arithméticien aux « astuces »

datant du père Noé !

* **

Toutefois, ne voyez pas des traquenards par tout. En sciences

comme ailleurs, des méthodes- champignons naissent, ont la

vogue pendant un temps, puis font place à d’autres. Tout

beau, tout nouveau, dans le siècle où, plus que jamais, règne

le snobisme... II y a une quarantaine d’années, en

mathématiques, le procédé de recherche des LIEUX et des

ENVELOPPES PAR L’HOMOGRAPHIE fit fureur durant

quelques lustres, et s’implanta si bien qu’on fut obligé d’en

interdire l’emploi : les candidats à l’Agrégation voyaient de

l’homographie partout...

* **

Au Baccalauréat, en Mathématiques et en Sciences

Physiques, trois questions de cours sont proposées : on en

CHOISIT une. Mais le problème est UNIQUE. A la première

partie, le coefficient est le même pour la question et pour

l’application.

Etes-vous faible en problèmes? Ne jetez pas pour cela le

manche après la cognée. D’abord, vous vous êtes entraîné,

vous avez résolu maints exercices, en commençant par les

plus faciles et les plus brefs. Du reste, vous avez bien étudié

sur vos manuels, et, pendant la période de ré vision, épluché

Page 126: Comment décrocher tous vos examens.pdf

126

tout à fait au fond le tiers des questions de cours figurant au

programme, en préférant celles que vous saisissiez le moins,

ou, si vraiment vous ne « pigez » pas, celles que vous savez

le mieux. Vous pouvez encore, si cela vous amuse, les tirer au

sort, ce qui donne à l’épreuve è venir une petite saveur

émotive de Loterie Nationale...

** Le BON SENS commande de calculer LENTEMENT. Mieux

vaut aller en tortue et sûrement, que jongler avec des formules

fausses depuis le début... Le BON SENS suggère aussi de

n’accepter une formule que sous bénéfice d’inventaire :

s’assurer avant tout qu’elle ne contient pas de défaut

d’homogénéité. Bien se relire pour donner la chasse aux

fautes de signes, — qui se glissent avec l’agilité d’une anguille

entre chiffres et lettres — et aux « coquilles » dans les calculs

FACILES, qu’on a, pour cette raison, probablement

« sabotés » ... Enfin, le BON SENS insinue d’exécuter dès le

début, dans les questions numériques, aussi bien de Physique

que de Mathématiques, — un calcul grosso modo, de façon à

voir d’emblée l’ordre de grandeur du résultat. On décèlera

ainsi des « bourdes » , monumentales qui feraient tomber à la

renverse votre correcteur...

* **

Beaucoup de candidats s’imaginent avoir produit une solution

satisfaisante d’un problème NUMERIQUE quand ils ont

exposé la marche à suivre pour traiter la question, ou même

résolu le problème plus général où les données ont été

remplacées par des lettres. Ils se dispensent de terminer leurs

calculs, un peu par inertie, puis parce qu’ils craignent de

commettre des erreurs qui entacheraient l’ensemble du travail;

Page 127: Comment décrocher tous vos examens.pdf

127

enfin parce qu’ils méprisent, au fond, ce qui, à leurs yeux, est

plutôt une besogne mécanique, une tâche subalterne.

N’est-ce pas là une importante lacune ? En réalité, l’obtention

EFFECTIVE du résultat NUMERIQUE demandé, surtout s’il

doit être calculé avec une approximation déterminée, est loin

d’être négligeable. Le BON SENS indique au futur ingénieur,

par exemple, que s’il ne s’est pas suffisamment entraîné à

sortir des résultats numériques sûrs, les calculs qu’il sera

appelé à faire plus tard s’avéreront peut-être FAUX. Le pont

construit d’après ses directives s’écroulera sous le passage

d’un train; l’avion bâti sur ses données explosera dans les

airs, à moins qu’il ne percute une montagne, comme celui où

périt le général Leclerc, ou celui où, plus récemment encore,

devaient trouver la mort, entre autres, notre sympathique

champion du monde de boxe des poids moyens Marcel

Cerdan, ainsi que notre gracieuse, merveilleuse et infortunée

violoniste, Mademoiselle Neveu.

* **

Les efforts de l’élève doivent tendre à ce que toutes

précautions soient prises pour que le NOMBRE à obtenir soit

réellement trouvé, et surtout à éviter de présenter un résultat

hurlant par son invraisemblance.

Tout bien considéré, un problème numérique, contrairement à

ce qu’on pourrait croire, est souvent plus délicat qu’une

question où figurent seulement des lettres. C’est qu’ici, il ne

s’agit plus de se contenter de discussions, seraient-elles

précises voire académiques. Des qualités de BON SENS et

de jugement seront indispensables pour dépister l’ERREUR,

cette « paille » qui s’infiltre si volontiers dans les calculs.

Prenons un exemple:

Page 128: Comment décrocher tous vos examens.pdf

128

Soit le problème de physico-mécanique suivant:

On lâche, sans vitesse initiale, une balle qui tombe au fond

d’un puits. Le bruit fait en choquant le fond s’entend un temps

t après le début de la chute.

Calculer la profondeur du puits.

Il conduit à la discussion d’une équation du second degré, qui

a deux racines réelles et positives. Or, le BON SENS indique

que, de ces deux racines, une seule est acceptable, car ce

puits ne peut avoir qu’une seule profondeur. Soit en effet, p

une profondeur trouvée. Un autre nombre p’ ne peut convenir

également. Car, si p’ est plus grand que p, le son aura à

parcourir une distance plus grande, aller et retour, et sera

revenu à l’oreille de l’observateur seulement au bout d’un

temps t’ plus grand que t. Raisonnement analogue, mais en

sens inverse, pour un nombre p’ inférieur à p.

Le BON SENS sera encore nécessaire pour décider laquelle

des deux racines sera la bonne.

Si, dans une question numérique, les calculs portent sur des

nombres décimaux, on devra au début, en quelques minutes,

trouver un résultat grosso modo, en opérant sur les nombres

ENTIERS les plus voisins des nombres donnés. Ainsi seront

impossibles les fautes monumentales de virgules.

* **

Le BON SENS empêchera de produire en Physique des

réponses ahurissantes. Nous nous souvenons avoir corrigé le

devoir d’un jeune homme et celui d’une étudiante. Notre

Inaudi précoce trouvait, pour la longueur du fil d’un rhéostat, 7

dixièmes de millimètre, pour celle d’un autre, 400 kilomètres;

et surtout, il annonçait sans broncher 320.000 ohms pour la

Page 129: Comment décrocher tous vos examens.pdf

129

résistance d’un fil de cuivre. Quant à notre gracieuse

calculatrice, elle obtenait, pour le grossissement g d’une

lunette astronomique g = 800 millions.

Brave disciple ! Le condamné à mort de l’Oncle Sam eût payé

une fortune pour acquérir votre fil enchanté et l’attacher

subrepticement à la chaise fatale. Il n’aurait pu être

électrocuté, car il aurait dit au courant « Tu ne passeras pas! »

Et vous, Mademoiselle et chère Elève, nous vous envions

d’être si bien renseignée. Votre lunette-record vous a montré

la blonde Phébé à 0 m. 50, deux planètes à 50 mètres, et le

Soleil à 200 mètres. N’avez-vous pas tenté de mettre la Lune

dans votre poche? Dites-nous vite quelle est la taille des

habitants de Vénus, et faites- nous donc connaître

l’emplacement des chantiers où les Martiens fabriquent leurs

soucoupes volantes...

* **

Il arrive souvent qu’au début d’un problème, le BON SENS

suggère une méthode instantanée qui sauve parfois d’une

situation délicate.

Par exemple, pour trouver le tiers et demi de 100, on peut

diviser 100 par 3, puis le quotient obtenu par 2, et l’ajouter au

précédent. Ces calculs sont ardus, et le résultat est seulement

approché. Mais si vous songez tout à coup que :

1 : 2 = 1

3 6

et que 1 + 1 = 2 + 1 = 3 = 1

3 6 6 6 6 2

Page 130: Comment décrocher tous vos examens.pdf

130

vous aurez seulement à diviser 100 par 2, et vous aurez

instantanément le résultat EXACT, 50, sans la moindre

décimale, et sans erreur.

* **

Lorsque, en 1922, nous passâmes l’Agrégation de

Mathématiques, le problème de Spéciales était fort difficile et

fort long. Nous réussîmes à arriver à peu près jusqu’au bout,

où nous guettait la recherche de deux LIEUX géométriques de

difficulté, semblait-il, à peu près équivalente. Nous mîmes une

heure à trouver l’un d’eux et à coucher la rédaction

correspondante. Les sept heures étaient écoulées, et

l’appariteur s’était mis en mouvement pour recueillir les

copies. Le temps nous manquait absolument pour réserver à

l’autre lieu toute une série de calculs de la même envergure

que ceux du premier. Nous finissions de relire notre travail,

quand une idée jaillit de notre cerveau.

D’après la nature de la question il suffisait, pour déduire le

second lieu du premier, de changer tout simplement y en i.y

dans l’équation définissant le premier (i étant, comme on sait,

une lettre symbolique, dont le carré, par convention, est égal à

— 1).

En un clin d’oeil, tout fut bouclé...

C’est à cette simple remarque que nous dûmes la note 15 sur

20 (la meilleure) à cette composition, et NOTRE

ADMISSIBILITE, et, en dernière analyse, notre admission

définitive (car nos autres épreuves — ne le répétez pas... —

étaient loin d’être des chefs-d’oeuvre...).

* **

Page 131: Comment décrocher tous vos examens.pdf

131

Terminons ce chapitre par quelques anecdotes d’oral,

prouvant que, dans chaque cas, le candidat n’avait pas assez

de BON SENS.

Au Certificat d’Etudes.

I — L’examinateur de français : « Qu’est-ce qu’une

proposition? » Le candidat : « Une pro position est

l’énonciation d’un théorème. »

II. — Interrogation en Géographie. — Une grande carte de

France est suspendue au mur. L’examinateur : « Que

Prendriez-vous pour aller de Perpignan à Dunkerque? —.

« Une échelle, Monsieur. »

Au Brevet Elémentaire.

I. — Interrogation d’Histoire. — L’examinateur : « Savez-vous

ce que les Romains entendaient par « thermes » , ? — Des

bains, Monsieur.

— Mais c’est très bien. Je suis même surpris de votre

érudition. Quand avez-vous appris cela?

— La semaine dernière. En partant un matin, mon père a crié

à ma mère « Si le propriétaire vient pour le terme, tu l’enverras

au bain. »

II. — Interrogation de Mathématiques.

L’examinateur : « Avez-vous fait de l’algèbre? »

— Un peu, Monsieur. — Voyons cela. A quoi est égal 2 x — x

? A 2, Monsieur »

Page 132: Comment décrocher tous vos examens.pdf

132

CHAPITRE VI

Le «trac» et la timidité Un obstacle très sérieux à la réussite est la TIMIDITE. Cet

état, non sans grâce chez une jeune fille, constitue un énorme

handicap pour les garçons, dont il paralyse toute initiative. Le

timide, en dépit des apparences, est rarement un modeste. On

pourrait au contraire discerner en lui, le plus souvent, un

profond sentiment d’orgueil. Abstraction faite des cas

pathologiques, plus nombreux qu’on ne croit, la timidité est

presque toujours la rançon des âmes d’élite, délicates et

fières, des esprits de haute valeur. On peut rapprocher le

timide de ces jolies fleurs qui rentrent leurs corolles au

moindre effleurement, au premier rayon de soleil...

Cette médaille a son revers. La timidité peut transformer en

enfer une existence consumée de regrets.

* **

Le timide entre-t-il dans un salon? Qu’un regard se fixe sur lui

: il a aussitôt l’impression d’être dévisagé par la galerie avec la

plus minutieuse attention, teintée d’un ironique dédain. Cette

obsession le trouble, un froid le saisit, il se prend à trembler,

devient gauche par auto suggestion. II fait tant et si bien qu’il

finit véritablement par provoquer quelques sourires, plus

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indulgents néanmoins qu’il ne les entrevoit à travers le prisme

de son imagination affolée.

Est-il en conversation ? Il se fait scrupule d’ouvrir la bouche,

parle d’une voix faible, hésitante, n’ose fixer son interlocuteur.

Celui-ci, sentant à qui il a affaire, prend d’emblée de

l’ascendant sur lui.

Dans la rue, le timide baisse craintivement les yeux. Il lui

arrive fréquemment, par suite, de ne pas voir ou de ne pas

reconnaître les gens QU’IL FREQUENTE. Est-il fonctionnaire?

Il s’expose à croiser un collègue, voire un chef, sans le saluer.

Mais il fait mieux encore.

Il lui semble parfois, dans un passant qu’il vient de regarder à

la dérobée, remettre une connaissance, et il s’empresse de

faire les frais d’un salamalec. Le quidam, qui ne l’a jamais vu

de sa vie, peut très bien ne pas lui rendre son salut, soit que

cela dépasse les bornes de son savoir-vivre, soit simplement

sous l’effet de la surprise.

Dès lors, la fierté du timide est frappée d’une profonde

blessure.

Croise-t-il une silhouette qui lui semble familière ? Il ne

s’inclinera pas, ou, avant de le faire,

il aura soin de toiser longuement la personne en question... Il

arrive à un timide de considérer dans le blanc des yeux un

ami, et de ne pas déplacer son couvre-chef ni desserrer les

lèvres Il ne l’a pas reconnu, n’ayant pas eu l’aplomb de rendre

son regard assez pénétrant.

* **

A son arrivée dans un nouveau poste, un fonctionnaire timide

n’osera pas rendre visite aux personnages influents de la

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localité, qui se formaliseront de ce manque d’égards. A-t-il une

faveur à demander ? Si, par un sursaut d’énergie, il se décide

à aller trouver son supérieur pour solliciter son appui, un froid

mortel le saisit en face de son majestueux interlocuteur. Il

présente sa requête d’une voix si mal assurée qu’elle est,

d’avance, rejetée sans appel.

* **

Par un étrange paradoxe, le timide se nuit aussi d’une façon

tout opposée. Qu’un plus audacieux enlève haut la main, sous

son nez, un avantage important auquel il avait droit, et qu’il eût

obtenu sans son inconcevable pusillanimité : il ressent

profondément ce qu’il taxe d’injustice. Dans son coeur froissé,

tel un vase clos, bouillonne une colère folle, qui va finir par

éclater... Il se montre soudain brusque, arrogant, péchant, de

façon peut-être irrémédiable, par défaut complet de tact. LE

MOUTON EST DEVENU ENRAGE.

Que de timides, par manque de..: cran, ou par l’un de ces

accès de sauvagerie qui font d’eux une déconcertante

énigme, n’ont pas su saisir au bond une occasion magnifique,

la laissant échapper de bien près ! C’est peut-être pour eux

qu’a été forgé le proverbe : « Il y a loin de la coupe aux

lèvres... »

* **

Le timide est-il un artiste ? Son défaut prend alors le nom de «

trac ». Le trac se manifeste, bien entendu, au moment d’entrer

en scène, surtout — on le devine — chez les débutants, et —

il faut bien le dire chez ceux qui ne savent pas assez bien leur

rôle.

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Il faut avouer qu’il y a un peu de quoi.

La peur de mal jouer et la perspective, dans ces cas, des

réactions féroces du « cochon de payant », qui, après tout, est

sévère parce qu’il veut en avoir pour son argent, suffisent à

affoler l’imagination, et à gêner sérieusement le jeu de

l’exécutant. Celui-ci fera son apparition d’un pas mal assuré,

trébuchera. En un mot, il ratera son entrée. Quoi d’étonnant à

ce que, dès lors, il se mette à balbutier, à bégayer, et à être

frappé d’amnésie ?

Aussi entendra-t-il mal le souffleur...

A-t-on oublié la « coquille » lancée à pleins poumons par «

Hernani » lors de la première représentation de ce drame ? Le

héros, troublé par le tumulte (qu’on se souvienne de la «

Bataille d’Hernani » !), se trouvant à court pour la réplique, se

pencha vers le souffleur qui murmurait:

« Vieillard stupide, il l’aime. » Et voilà notre brigand d’un soir

hurlant, de son ton le plus tragique : « VIEIL AS DE PIQUE, IL

L’AIME I!!

Dans un autre drame, un acteur timide incarnait le personnage

du grand Charlemagne, Empereur d’Occident, face à ses

troupes qu’il venait haranguer. Le trac lui avait fait perdre le fil.

Et l’homme du trou de chuchoter : « Je suis content à voir tant

de vaillance. Salut, ô mes preux ! » Et le monarque

occasionnel d’ânonner piteusement: « JE SUIS GONTRAN,

AVORTON DE MAYENCE! SALUT AUX LEPREUX !! »

* **

Quand, à l’Ecole Normale, nous fîmes notre première

conférence, devant un public composé des élèves-maîtres,

des professeurs, du DIREC TEUR et de familles de la ville,

nous n’en menions pas large. Aussi avions-nous appris par

coeur tout le texte, qui se rapportait à la question du

déboisement. Nous nous proposions de plastronner en nous

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promenant de long en large sur l’estrade avec force gestes

éloquents longuement étudiés, sans lire une seule note.

Mais une fois derrière notre table et devant notre verre d’eau,

quand l’Econome nous eut présenté à l’auditoire, terminant en

ces termes lapidaires « LA PAROLE EST AU CONFE

RENCIER », il fallut déchanter. Un certain bruissement, fait de

froissements de programmes, de chuchotements, de

glissements de pieds, ces regards étincelants soudain

braqués sur notre personne comme les gueules de trois mille

bouches à feu, tout cela ne fut pas long à nous faire rentrer

dans notre coquille...

Après deux ou trois phrases dites d’une voix de rogomme, et

quelques pas sur la scène avec des jambes flageolantes,

nous fûmes contraint de venir échouer sur notre chaise, et

bien heureux de consulter quelques notes que, par précaution,

nous avions tout de même songé à garder. Au bout de dix

minutes, il est vrai, le trac avait diminué. Notre voix s’était

éclaircie, raffermie. Bientôt nous n’eûmes plus peur du tout de

la foule en miniature qui nous faisait face. Toutefois, il ne fut

plus question de reprendre les allées et venues avec des

effets de torse. Nous restâmes bien sagement assis devant

nos feuilles noircies...

* **

Réalisez-vous combien désastreuse est la timidité à l’oral d’un

examen ? Les séances sont publiques, et, au Baccalauréat

par exemple, les auditeurs sont parfois nombreux à la

Sorbonne. Tout cela impressionne terriblement. Si vous ne

triomphez pas du trac, vous perdrez presque infailliblement la

mémoire, oubliant en un clin d’oeil tout ce que vous aviez mis

si longtemps à emmagasiner. L’imagination aidant, vous vous

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verrez par avance bafouiller, et devenir un objet de risée pour

l’assistance entière. Donc il faut absolument VOUS

AFFRANCHIR DE CE COMPLEXE D’INFÉRIORITE. Nous

allons vous y aider.

* **

Vue à travers un prisme éminemment simpliste, la timidité

semble due à un état morbide des nerfs lié à l’état général.

Sous un angle un peu plus technique, nous indiquerons que,

d’après des résultats récents, elle est en rapport étroit avec le

bon fonctionnement du système endocrinien, et, en particulier,

de la glande THYROIDE et des glandes SURRENALES.

Notons rapidement que la thyroïde est logée dans le cou, en

avant. Elle aide à la vivacité de l’esprit. Les sujets chez

lesquels elle fonctionne très normalement sont en bonne

santé, actifs, bien musclés et mentalement tout à fait

équilibrés. Travaille-t-elle au ralenti ? L’individu s’avère

nonchalant, ainsi que la plupart de ses organes. Il tend à la

paresse, à la somnolence, à l’obésité. Est-elle trop active?

L’être devient tout nerfs.

Les glandes surrénales, de petite taille, sont au-dessus des

reins, comme l’indique leur nom. Le liquide qu’elles sécrètent

donne du ton au coeur, raffermit ses battements et facilite la

contraction des artères. Sont-elles en bon état ? Vous êtes

robuste, résistant au travail physique et intellectuel, capable

de soutenir un effort de fond.

* **

Les conseils que nous formulons ci-dessous, en ce qui

concerne l’hygiène et le régime, mettront peu à peu ces deux

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groupes de glandes dans les meilleures conditions possibles,

et, par suite, vont vous permettre de lutter très efficacement

contre la TIMIDITE.

* **

On fera choix d’une nourriture substantielle, riche en aliments

phosphorés. (lentilles, pommes, poisson). Un exercice modéré

au grand air sera salutaire. Quelques mouvements de

gymnastique matin et soir sont tout indiqués. On choisira,

dans la journée, ceux qui galvanisent le réflexe respiratoire

(mouvements de la brasse, de l’aviron, exercices avec

extenseur), car une exaltation de la circulation en oxygène

ACCROIT LA SANTE DE LA THYROIDE. Aussi, l’usage

régulier d’exercices respiratoires (dont nous avons déjà parlé,

en première partie, à propos de l’hygiène), avec expirations et

inspirations FORCEES conduit-il, en quelques semaines, à de

substantiels résultats.

Nous avons déjà signalé le massage biquotidien, TRES LENT

ET TRES PUISSANT, de TOUTES les ARTICULATIONS et,

en particulier, du cou et surtout du NOEUD VITAL Ce

procédé, répétons-le, galvanise vite l’individu, en facilitant

considérablement la circulation. Le coeur nourrit mieux la tête

et les centres nerveux qui s’y trouvent, rend le sommeil plus

réparateur et rénove les nerfs.

* **

Un complétera la cure. Vous vous ferez matin et soir des

suggestions d’où soit exclu tout effort volontaire. Aussi ne

direz-vous pas : « Je VEUX me débarrasser de ma timidité »

(méthode A, exposée au chapitre premier de la seconde

Page 139: Comment décrocher tous vos examens.pdf

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partie), mais, avec Emile Coué : « Je SUIS SUR de vaincre

ma timidité » (forme imaginative, ou forme B), ou, avec plus

d’efficacité encore : « Ce sera LE BONHEUR POUR MOI de

m’affranchir de ma timidité »

(forme AFFECTIVE de l’autosuggestion, ou forme C, encore

PLUS PUISSANTE que celle de Coué).

* **

Plusieurs fois dans la journée, vous tâcherez de vous

persuader que votre timidité s’évanouit. Vous vous verrez par

l’imagination, d’une manière aussi concrète que possible,

causant avec une aisance parfaite. Vous vous répéterez avec

conviction que vous avez de la valeur, en vous remémorant le

nombre et la qualité des diplômes que vous avez déjà, la

profondeur et l’étendue des connaissances que vous

possédez, le prestige de la profession que vous exercez. Vous

vous direz que vous êtes tout autant, plus peut-être, que les

sujets marquants de votre entourage; que ceux-ci ne se

gaussent pas de vous; qu’au con traire ils vous estiment et

vous considèrent.

Enfin, loin de fuir la société, vous rechercherez avec

persistance toutes les occasions de converser, non seulement

avec les camarades, mais aussi et surtout avec les personnes

qui vous en imposent naturellement. Pour faire disparaître cet

étrange sentiment de gêne, cette sorte de torpeur qui

s’empare progressivement du timide au fur et à mesure qu’il

approche le redoutable interlocuteur, vous vous avancerez

tout naturellement, avec de petits mouvements du corps, sans

la moindre affectation, de manière à dissocier, par une

succession rapide de menus actes concrets, les idées

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déprimantes qui tendent à hanter l’esprit. Puis vous engagerez

la conversation avec la plus grande simplicité.

De jour en jour, vous allez vous voir envahi torrentiellement

par cette joie vive et profonde, cette inégalable griserie à vous

sentir libéré de ce réseau ténu de fils invisibles qui ligotaient

votre personnalité.

Alors vous redresserez la tête, car vous vous sentirez

vraiment une créature VIVANTE, pleine d’audace, débordant

d’énergie et d’aplomb, et prête à affronter l’EXAMEN, surtout

s’il a été bien préparé

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TROISIEME PARTIE

PREPARATION DIRECTE D’UN EXAMEN

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CHAPITRE PREMIER

Comment organiser son plan de travail La préparation d’un examen est une tâche ardue, souvent

coûteuse et réclame une somme considérable d’ENERGIE

Avant d’entreprendre un projet de cette envergure, il est

indispensable d’avoir mûrement réfléchi. II faut se sentir sûr

que l’on tiendra bon, que l’enthousiasme initial ne durera pas

ce que durent les roses, l’espace d’un matin...

Oeuvre à longue échéance, susceptible d’aboutir seulement si

l’on a la sagesse, la prudence de compter avec un facteur

capital .Ce facteur, il est vrai, est capable de conduire

infailliblement au succès. Aussi importe-t-il à tout prix que

l’étudiant s’assure l’aide, l’alliance de cette puissance

mystérieuse et irrésistible, clef de toutes les réussites et peut-

être, pourrait-on ajouter, de tous les miracles de cette force

impondérable dont ,chacun ,a quotidiennement le nom sur les

lèvres, mais — le croirait-on? — sans aucune espèce

d’importance: c’est le TEMPS.

* **

Seuls de profonds esprits ont songé à souligner le rôle

extraordinaire du temps dans la conduite de la vie. Les

proverbes : « Goutte à goutte, l’eau use la pierre », « Le

Temps est un grand Maître », « Le Temps est un grand

Médecin », ne sont ni des paradoxes ni des divagations de

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songe-creux, mais des vérités — sans jeu de mots — de

tout... temps. « Le génie n’est qu’une longue patience » ,

répétait Napoléon. « Le Temps et moi », telle était la devise

de l’habile Mazarin, dont la fermeté doublée de finesse, en

s’inspirant de cette sage maxime, sut finalement s’imposer,

dans une contrée qui n’était pas la sienne et dont la

prévention avait fait de lui, au début, le symbole de

l’impopularité. Enfin, les Britanniques ne disent-ils pas : Wait

and see » (attendez, pour voir...)?

* **

Dans le courant de l’année 1921, l’un de nos amis avait

consacré à la préparation d’un Concours des efforts

extrêmement énergiques et fourni un labeur surhumain:

résultat insuffisant aux épreuves écrites. L’année suivante, il

persista dans sa résolution, mais en travaillant beaucoup

moins, quoique avec méthode et régularité : le succès arriva

comme un fruit mûr à la fin de l’année scolaire.

Nous vous engageons à faire l’expérience suivante : essayez

d’exécuter une page de calculs très rapidement. Quelle que

soit votre habileté, vous courrez les plus grands risques de ne

pas arriver au bout sans avoir commis quelque erreur. Il

faudra recommencer et peut-être deux fois pour une

.Finalement, vous vous rendrez compte que vous aurez mis

plus de temps, et pris plus de peine, avec cette méthode, — si

tant est qu’on puisse décorer du nom de « méthode », une

telle façon de procéder — qu’en faisant progressivement votre

travail avec une sage lenteur. Lièvre, vous aurez été battu par

la tortue qu’il eût fallu être. Vous avez prétendu bousculer,

brimer le TEMPS : il s’est vengé.

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Ayez toujours soin de mettre le TEMPS AVEC VOUS et vous

REUSSIREZ. Le négligez-vous? Le dédaignez-vous ? Le

méprisez-vous ? IL TRAVAILLERA CONTRE VOUS !

* **

Il semble, à priori, que l’homme ait en lui tous les atouts

nécessaires pour diriger brillamment sa vie, et qu’il devrait

réussir infiniment mieux qu’il ne le fait. En effet, n’a-t-il pas une

écrasante supériorité sur les bêtes, qui, incapables seulement

de faire du feu, se tirent cependant joliment bien d’affaire?

N’importe. Il a beau se démener : il est freiné par une force

antagoniste que le magister pontifiant flétrira du nom de

paresse , le turfiste, le fervent de la roulette ou de la dame de

pique, de « déveine »; que le philosophe appellera « loi de la

mauvaise volonté de la nature »; qui, en Mécanique

rationnelle, sera 1’ « inertie » ; en Dynamique, « le

frottement » .; et en Thermo dynamique, la loi de la

« dégradation de l’énergie »

Au moment où vous vous y attendez le moins surgit

inopinément un obstacle. Vous voilà bêtement astreint à

marquer le pas, à danser sur place, à enfoncer les portes

ouvertes...

* **

Un instituteur intelligent et laborieux, M. J..., entame la

préparation du Certificat d’Aptitude aux Ecoles Normales. Il

établit judicieusement ses efforts, entre en correspondance

régulière avec un excellent Comité de Correction et se met

vigoureusement au travail. « Oh ! oh ! se dit-on, en voilà un

qui a envie de « percer ». D’ici deux ans, il sera certainement

reçu. Au bout de ce laps de temps, on apprend avec

ahurissement que non seulement il n’a pas figuré parmi les

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145

lauréats, mais qu’il a abandonné son projet depuis belle

lurette.

C’est qu’il ne faut pas perdre de vue la sournoise force de

résistance de la nature — le diable si l’on veut — qui tend à

émousser toutes les résolutions, à les battre en brèche, et, en

dernière analyse, à les « saboter ». Des difficultés, soudain,

surgissent de toutes parts, comme déclenchées par une

offensive préméditée, savamment orchestrée, terriblement

coordonnée, et à laquelle ne manque même pas l’initial et

foudroyant effet de surprise.

Le maître contracte une maladie. Le voilà contraint

d’interrompre son entraînement durent plusieurs mois. Puis,

au moment où il commence, cahin-caha, à récupérer, à

reprendre le fil de ses études, sa famille s’accroît d’un enfant.

Ce qui, en d’autres circonstances, eût été pour lui une source

suprême de joie, lui porte le coup de grâce. La gêne menace

de pénétrer dans le foyer... Le voilà obligé de chercher

d’urgence une occupation supplémentaire immédiatement

lucrative qui, tout en l’exténuant, absorbe la totalité de son

temps.

Il est définitivement vaincu... Et c’est un drame poignant,

ignoré de tous, qui déchire l’âme de cet homme de mérite et

de volonté, assistant seul, avec désespoir, au spectacle

navrant de sa propre impuissance, empêché par un impérieux

devoir de se débattre même entre les griffes de la Destinée!

* **

Dans tout budget prudemment équilibré, une somme non

négligeable est spécialement consacrée aux dépenses

imprévues. De même, une précaution indispensable, au

moment où l’on suppute les chances de succès d’une

entreprise que l’on est bien décidé à mener à son

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terme,consiste à prévoir des difficultés possibles, et à répartir

ses forces en conséquence.

S’agit-il, par exemple, de tenter la préparation d’un examen

réclamant en moyenne un effort de deux années? Il sera de la

plus élémentaire sagesse de prendre ses dispositions pour

être en mesure de travailler pendant trois ou quatre ans. On

sait fort bien qu’un candidat doit, au moment des épreuves,

être, comme on dit, AU-DESSUS du niveau du programme.

D’autre part, il devra s’être entraîné à rédiger les devoirs en un

temps un peu plus réduit que le temps maximum concédé à

l’examen.

* **

Considérons un jeune homme désireux de préparer seul un

examen ou un concours, à l’aide de livres.Il se documentera et

tâchera d’obtenir les ouvrages qui, avec le minimum de pages

et le maximum de clarté (du reste écrits en caractères assez

gros pour ne pas fatiguer la vue

:TRES IMPORTANT, comme nous l’avons noté au cours de la

première partie, chapitre III), ne sont pas trop chers.

Généralement, les examens ont lieu dans le courant de juin

(certains ont une deuxième session vers le début de

l’automne). Donc l’étudiant se dira qu’il a jusqu’à fin mai pour

approfondir ses cours. II distribuera son travail de façon que le

programme du dernier mois (mai’) se trouve allégé, afin

d’avoir la possibilité matérielle, aux approches des épreuves,

de faire normalement ses révisions.

Page 147: Comment décrocher tous vos examens.pdf

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Ceci posé, il procédera de la manière ci-après, qui est d’une

simplicité enfantine (la simplicité est presque toujours ce qu’il

y a de mieux) :

Il .se dira : le dernier mois, je veux apprendre seulement LA

MOITIE de ce que j’étudierai chacun des autres mois.

Considérons telle matière de mon programme. Voyons

l’ouvrage correspondant, et notons son nombre de pages, 360

par exemple. Depuis la rentrée, 1er octobre, jusqu’à la fin, il y

a sept mois PLEINS, plus mai, qui compte pour un DEMI-

mois. Soit donc x pages pour chacun des sept premiers mois,

et x / 2 pour le mois de mai. J’écris l’équation suivante:

7x + x / 2 =360, d’où: 14x + x = 720; 15x=720

et, par suite : x =720. = x/2 = 24

15

Cet intellectuel commencera par lire attentivement la TABLE

DES MATIERES. Il l’apprendra par coeur, ce qui représentera

un plan général cohérent, et fixera dans son cerveau le cadre

des parties essentielles du Cours. Puis il étudiera quarante-

huit pages chaque mois, ce qui ne fait guère plus qu’une page

et demie par jour En mai, il ne lui restera plus à s’assimiler’

que vingt-quatre pages, soit environ six pages par semaine.

Bien entendu, il aura à procéder de la sorte pour toutes les

matières du programme, et, de plus, il devra faire

constamment DES EXERCICES. Pendant le mois de mai

(ainsi que durant tout le début de juin), il aura en outre ses

révisions. Nous en reparlerons plus en détail dans le dernier

chapitre de ce livre.

* **

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148

S’agit-il, pour un maître frais émoulu de l’Ecole Normale, de

viser au Professorat? Il aura à voir très nettement si, après sa

classe quotidienne, il va lui rester assez de temps et de forces

pour accomplir un labeur véritablement fructueux, et s’il aura

vraiment le courage de poursuivre son travail jusqu’au bout.

II n’est pas absolument impossible d’être à un tel Concours au

bout d’un an d’efforts soutenus si l’on s’est toujours maintenu

dans les premiers à l’Ecole. Mais, pour être tout à fait franc,

hâtons-nous d’ajouter que c’est alors un heureux hasard. En

réalité, ce laps de temps est foncièrement insuffisant pour que

l’esprit ait pu acquérir toute la maturité nécessaire. Il faut deux

ans. Comme, entre temps, des obstacles de toutes sortes

peuvent, comme on en a vu plus haut un exemple frappant,

venir freiner cette activité, le futur candidat, avant de démarrer

, doit se dire sans ambages qu’il pourrait bien ne pas aboutir

avant trois ans.

Cette idée l’effraie-t-elle ? Qu’il renonce tout de suite à son

projet, sans la moindre hésitation..:

Si, au contraire, elle ne le fait pas reculer, qu’il se lance

résolument « dans la bagarre » . Il aura plus de bonnes

chances que de mauvaises de l’emporter, tôt ou tard.

* **

Supposons-le décidé. Le programme devant être vu en un an,

il répartira son travail de manière à l’avoir parcouru en temps

utile pour pouvoir se présenter à la fin de l’année scolaire,

sans se repaître, du reste, d’un espoir prématuré. MAIS QU’IL

SE PRESENTE.

Cette épreuve lui sera extrêmement utile: elle constituera une

sanction palpable de ses études et un excellent entraînement

Page 149: Comment décrocher tous vos examens.pdf

149

pour l’examen de l’année suivante. Cet entraînement sera une

force latente qui lui évitera des difficultés matérielles, des

pertes de temps, des tâtonnements, à une époque ultérieure

où le succès pourra être escompté avec des chances

sérieuses.

Enfin, il prendra connaissance des notes qu’il a obtenues, se

rendra compte de son niveau, de ses points faibles. Il aura

rencontré des collègues, candidats comme lui; on aura

échangé des idées, causé des astuces du Concours. Du

reste, vis à-vis du monde extérieur, il sera désormais

« CELUI QUI S’EST PRESENTE AU PROFESSORAT ». Cela

lui vaudra un surcroît de considération, d’abord de la part de

son propre Inspecteur, ce qui, en tout état de cause, sera loin

de nuire à son avancement. Il pourra profiter du fait pour

demander à être délégué dans un Cours Complémentaire, ce

qui lui sera probablement accordé, surtout s’il a frisé la

moyenne.

Son amour-propre sera agréablement chatouillé.

Tout cela contribuera à aiguillonner son ardeur, et ce stimulant

lui sera très salutaire.

* **

Existe-t-il deux examens ayant à peu près le même

programme ? Le candidat ne devra jamais négliger de se

présenter aux deux chaque année. (Par exemple, s’il prépare

le Professorat de Sciences, qui l’empêche de subir aussi les

épreuves du Professorat Industriel ?) Le premier sera un

tremplin pour le second (à condition de tenir bon

physiquement, ce qui aura lieu s’il a lu la première partie de ce

livre), et cela accroîtra déjà les chances pour ce dernier. Enfin,

en se basant sur les lois du Calcul des Probabilités, on voit

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150

que le candidat à deux compétitions est mieux placé pour être

admis — ou tout au moins admissible — à l’un d’eux, que s’il

se bornait. à en affronter un seul. Par ailleurs, il n’est

nullement impossible de tomber sur un sujet que l’on possède

d’une façon particulièrement satisfaisante, et bien souvent une

seule épreuve excellente suffit à entraîner le succès.

Pendant l’année scolaire 1910-1911, l’un de nos cousins,

instituteur à ‘Chàteauneuf-du-Rhône, entreprit la préparation

du Professorat scientifique des Ecoles Normales. Les soins

réclamés par une classe très nombreuse et par la préparation

du Certificat d’Aptitude Pédagogique, qu’il obtint en février

1911, ne lui permettaient pas de consacrer chaque jour plus

d’une heure et demie à ses études. Pour le principe, il décida

de se présenter à la fois au Professorat et au Concours

d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de Saint Cloud, ces

deux examens étant distincts à cette époque. Au premier en

date (Saint-Cloud), il ne brilla en aucune façon, et faillit même

se faire expulser par le surveillant, parce que sa table

de logarithmes à cinq décimales (Dupuis) contenait à la fin

quelques formules. Ses épreuves du Professorat, subies une

semaine plus tard, furent moins décevantes, puisque, en dépit

de conditions de travail ridiculement défavorables, il obtint è

l’écrit 73,5 points, alors que le minimum pour l’admissibilité

était de 76.

Trois mois plus tard, sa demande d’avancement était agréée,

et il se voyait délégué comme Professeur à l’Ecole Primaire

Supérieure d’Aix- les-Bains, avec une situation magnifique !

* **

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151

Plusieurs de nos disciples de la classe de Mathématiques

Supérieures se présentent à la fois à l’Ecole Centrale, à

1’Ecole Navale et à 1’Ecole de l’Air. Nous avons souvenir de

l’un de nos anciens élèves, M. Claverie, qui concourut, le

même été, à 1’EcoIe Centrale, à l’Ecole des Mines, à 1’Ecole

Polytechnique et à l’Ecole Normale Supérieure. Il fut reçu

partout dans des rangs fort honorables, sauf à la rue d’Ulm, et

opta pour 1’X, où il arrivait dans les six premiers.

* **

Une fois décidé à préparer un examen, on entrera en relations

avec un Comité de Correction réputé. Outre les précieux

conseils qu’on en recevra, le fait de se sentir suivi et

encouragé par des maîtres éminents et expérimentés est un

puissant stimulant qui chassera bien vite toute velléité de

découragement.

Ce point acquis, on répartira soigneusement l’étude des

différentes matières, de façon à avoir « avalé » l’ensemble du

programme — ou à peu près — vers les vacances de Pâques.

On se réservera ainsi deux mois pour l’entraînement intensif :

celui-ci consistant à traiter des sujets d’écrit, non plus par

efforts partiels, saccadés, d’une durée de trente à soixante

minutes, mais d’un seul jet, en s’habituant à développer

chaque question dans le temps maximum fixé à l’examen, et

même, vers la fin, en ce laps de temps diminué d’une

vingtaine de minutes.

Cet entraînement comportera également la révision des divers

cours. Renoncez presque complètement, durant cette dernière

période, à acquérir toute nouvelle connaissance: cela

réclamerait, en effet, un effort d’assimilation considérable, et

une énorme somme d’énergie. De même que le pouvoir

Page 152: Comment décrocher tous vos examens.pdf

152

dissolvant de l’eau saturée de sels est pratiquement nul, il

devient à peu près impossible, à cette époque-là, de faire

pénétrer quoi que ce soit d’original dans un cerveau où tant

choses ont déjà été accumulées. Aussi consacrera t-on toutes

ses forces à des besognes plus matérielles d’organisation,

afin d’utiliser de la façon la plus efficace le savoir que l’on s’est

déjà infusé.

Page 153: Comment décrocher tous vos examens.pdf

153

CHAPITRE II

Préparation des différentes matières Comment se comporter en face d’un problème ?

On copiera soigneusement l’ENONCÉ, en ayant soin de

souligner les mots importants. (Cette pratique, du reste, est

utile pour tout texte de n’importe quelle branche du savoir). On

pourra ainsi mieux saisir le SENS de ce qui est réellement

demandé. Que de fois UN SEUL MOT, bien compris, n’a-t-il

pas dévoilé le mot de l’énigme Puis on se mettra à « battre les

buissons »...

N’avez-vous rien découvert au bout d’une heure ? Ne vous

obstinez pas. Ne vous énervez pas. Ne vous affolez pas. Ne

jetez pas le manche après la cognée. Passez à une

occupation différente. Vous reviendrez au problème un peu

plus tard.

* **

Trouver une solution est une DECOUVERTE. Ni plus ni

moins. Que de fois le résultat ne se fait-il pas attendre ! Les

yeux rivés sur l’énoncé fatidique, l’esprit tendu, on marque le

pas. Et cette feuille trop blanche, là, fascinante, hallucinante...

Rien...

Page 154: Comment décrocher tous vos examens.pdf

154

Soudain jaillit l’étincelle d’une idée. Ah !enfin sur la bonne

voie... Fausse joie, hélas ! Un bref

examen a suffi à faire éclater ce concept prometteur comme

une bulle de savon. C’est cet instant que guette le

découragement, prêt à fondre sur vous. TENEZ BON : la

trouvaille n’est pas loin...

Il est utile, en effet, de connaître les signes précurseurs de la

DECOUVERTE : épreuve troublante... angoissante...

bouleversante par laquelle — depuis Hippocrate jusqu’à

Einstein, en passant par Pasteur et Graham Bell — sont

passés tous les fureteurs, tous les savants. Vous SENTEZ

quand vous êtes sur le point de capter un résultat.

Ce sont, après l’essaim bourdonnant des tâtonnements

infructueux, des trouvailles partielles tissues de gaucherie,

bourrées de coquilles , criblées de fautes, — minerai précieux

se dérobant au sein d’un enduit terreux — des grincements de

dents face aux erreurs, produit de tant d’efforts, qui viennent

vous narguer: taquineries, brimades féroces de la destinée

dont la malice veut vous faire payer cher ce que vous venez

lui arracher. Puis, au bout d’un temps suffisant (il faut que le

TEMPS vous apporte son inestimable concours), dans le

chaos des idées obscures, surgit, rayon fulgurant, la

découverte dans toute sa splendeur !

* **

En général, la première solution trouvée est compliquée.

Exercice à recommander: en obtenir d’autres, — chose

maintenant infiniment plus aisée et plus rapide, puisqu’on

connaît le résultat

— parmi lesquelles on fera choix de la plus simple et de la

plus élégante. CE SERA TOUJOURS LA PLUS COURTE. On

Page 155: Comment décrocher tous vos examens.pdf

155

la rédigera séance tenante. Dès le début, il faudra

s’accoutumer à produire une rédaction aussi nette, aussi

détaillée et aussi rapide que le jour J. Cet entraînement

évitera, au moment décisif, une perte de temps irréparable.

Est-on en présence d’un calcul ? Il conviendra de s’astreindre

à effectuer toutes les opérations sur la feuille de brouillon,

posément, avec beaucoup d’attention, à bien former les

chiffres, à rédiger clairement, dans le grand détail, toutes les

transformations effectuées. Non seulement on se garantit ainsi

contre les risques d’erreurs, mais on sera certain de pouvoir

se relire sans effort. A-t-on laissé des fautes ? Les recherches

destinées à les dépister se trouveront amplement facilitées.

C’est ici qu’apparaît, dans tout son éclat, le triomphe de

l’ORDRE et de la METHODE. Laissez donc les fantaisistes,

trop souvent inaptes à toute tâche sérieuse, les émasculés de

l’intelligence, se gargariser de formules sentant le paradoxe

d’une lieue, et dont ils ne saisissent même pas toujours le

sens réel : « Souvent un beau désordre est un effet de l’art »,

ou « L’ordre est la qualité de ceux qui n’en ont pas... »

* **

Indépendamment des problèmes que l’on rédige

complètement, il faut en attaquer un très grand nombre

d’autres, à abandonner sitôt obtenue une méthode de

résolution. Il serait puéril de se repaître d’illusions. Au fond, le

jour de l’examen, on ne traitera correctement une question

que, si, de façon plus ou moins déguisée, elle présente

quelque analogie avec une autre déjà creusée. Sans s’en

rendre compte, on est alors épaulé par des souvenirs

inconscients, des réminiscences. Un sujet entièrement

différent de tous ceux que l’on a passés au crible de l’analyse,

ne peut être maîtrisé, en un temps limité, dans l’atmosphère

Page 156: Comment décrocher tous vos examens.pdf

156

fiévreuse d’un examen, quels que soient le sang froid et

l’esprit de méthode du candidat, serait-il un Newton, un Pascal

ou un Poincaré.

* **

Comment aborder une étude exigeant une forte dose de

mémoire, celle d’une leçon de sciences par exemple ? Nous

proposons la marche sui vante :

Parcourez d’abord d’un coup d’oeil le chapitre à assimiler.

Dégagez-en l’idée directrice. Ensuite attachez-vous à en

saisir les idées secondaires.

Vous allez pouvoir ainsi rédiger un plan sommaire.Revenez

maintenant à la lecture — mais cette fois très détaillée — des

divers points. Vous viserez à pénétrer le SENS de chaque

phrase, de la manière la plus concrète, sans accorder la

moindre attention aux mots n’ajoutant rien è l’idée exprimée.

L’exposé comporte-t-il des dessins ? Exécutez- les clairement,

et avec la plus grande simplicité. Avez-vous à représenter une

expérience où figure un vase contenant de l’eau? Marquez

seulement le niveau du liquide d’un trait horizontal, sans

gaspiller votre temps à hachurer toute la partie liquide, comme

si cette eau grouillait de poissons...

Ayant sérieusement médité sur l’ensemble, livrez-vous à une

troisième lecture, à laquelle, cette fois, vous appliquerez

toutes les ressources de votre esprit. Cela vous permettra de

compléter le plan primitif par divers détails.

Utilisez les lois psychologiques de la mémoire en visant à faire

intervenir les souvenirs visuel, auditif, moteur et graphique.

Non seulement vous lirez avec attention, en regardant bien les

mots, mais vous vous évertuerez à voir par l’imagination ce

Page 157: Comment décrocher tous vos examens.pdf

157

dont il est question. Vous prononcerez les phrases à haute

voix, en vous écoutant parler, en articulant avec énergie, de

manière à vous obliger à faire des efforts, à des mouvements

bien accusés des lèvres et de la gorge. Vous écrirez les mots

difficiles à retenir, et, si la lecture se révèle ardue, vous vous

astreindrez à écrire un résumé sur une feuille.

On peut faire avec intérêt l’expérience suivante, soulignant de

façon saisissante l’importance du souvenir graphique. Un jour

de fatigue, où l’étude me paraît impossible, je prends mon

stylo et me mets à copier flegmatiquement la leçon en

essayant, mais sans le moindre effort, d’en comprendre à peu

près le sens. Je ne tarderai pas à me rendre compte que je

réussis à m’assimiler l’essentiel.

* **

Une étude conduite d’après les indications ci- dessus offre

déjà les plus sérieuses chances d’être fructueuse. Elle

demeurerait toutefois un peu servile si l’on s’en tenait là. Au

lieu de vous contenter de « bachoter » platement votre

examen, visez à le dominer, à voir les choses de plus haut, en

prenant hardiment l’initiative de rechercher l’utilité de ce que

vous venez d’apprendre, d’un point de vue froidement objectif,

avec une curiosité désintéressée, et même un esprit critique

quelque peu incisif.

S’agit-il d’un corps étudié en chimie ? Demandez-vous donc si

ses usages ne peuvent s’expliquer d’après ses propriétés

physiques et chimiques. Evertuez-vous à justifier de la même

façon les procédés industriels employés pour sa préparation;

ne manquez pas d’en souligner l’intérêt pratique, et les

inconvénients.

Page 158: Comment décrocher tous vos examens.pdf

158

Etant donné le fait le plus simple, le phénomène en apparence

le plus insignifiant, vous vous appliquerez systématiquement à

en rechercher les causes, qui se trouvent être des LOIS très

précises. Ces lois se logeront ainsi très élégamment dans

votre esprit, et sans peine. Pourquoi les couleurs chatoyantes

de l’arc-en-ciel se jouent- elles à travers l’infime épaisseur de

la gracieuse bulle de savon ? L’explication en est dans la

théorie déjà savante des interférences. Pourquoi les

hypochlorites jouissent-ils d’énergiques propriétés

désinfectantes ? Parce que ces composés instables vont

abandonner des masses d’un oxygène qui, se trouvant à

I’ETAT NAISSANT, brûlera les corps suspects avec une

énergie décuplée; parce que le chlore libéré va capter

irrésistiblement l’hydrogène de ces substances putrides, qui

seront ainsi décomposées, faisant place à des corps

complètement inoffensifs.

** En dehors de l’avantage qu’elles présentent de fixer

irrévocablement dans la mémoire — et de façon si vivante —

la substance de la leçon, ces questions d’intelligence, de

jugement, de bon sens contribueront puissamment au

développement de notre personnalité, nous doteront, en un

temps record, d’une remarquable maturité, et nous

permettront de posséder le sujet absolu ment A FOND.

* **

Après avoir étudié une leçon, on fixera sur un carnet spécial,

en quelques lignes, le point saillant. Ainsi, pour les

mathématiques, on écrira sur un carnet les énoncés de tous

les théorèmes appris le jour même; sur un autre, on fera

Page 159: Comment décrocher tous vos examens.pdf

159

figurer les formules du chapitre que l’on vient d’apprendre. De

même, l’étude de toute leçon de sciences sera sanctionnée

par l’établissement d’un plan détaillé sur un bloc-notes distinct.

Bien entendu, les différentes branches du programme :

physique, chimie, botanique, géologie, physiologie, anatomie,

etc., seront nettement séparées.

Chaque jour, on consacrera quelques minutes à parcourir en

un temps-éclair, sans le moindre effort de mémoire, ces

formules, ces énoncés de théorèmes, ces plans. Dans la

dernière phase de la préparation on intensifiera cette lecture,

et l’on arrivera sans peine, le jour de la redoutable échéance,

à posséder complètement le contenu de ces cahiers

lilliputiens.

* **

Nous réussîmes, par l’emploi strict de cette fructueuse

pratique effectuée pendant les vacances, — avec le secours

des notes d’un camarade à obtenir, avec mention assez bien

le Certificat d’Etudes Supérieures d’Astronomie à la Faculté

des Sciences de Montpellier, en novembre 1914, sans avoir

suivi aucun cours durant l’année scolaire . Or nous sommes

affligé d’une mémoire très ingrate .Nul doute, cependant, que

l’étude du domaine de la déesse Uranie ne soit hérissée de

formules multiples, fort longues, très compliquées, bien

difficiles à retenir...

* **

Chaque fois que vous lisez un ouvrage, en français ou dans

une langue étrangère, arrêtez vous pour noter les mots

difficiles, au double point de vue du sens et de l’orthographe

— les images, les jolies pensées, les tournures inattendues ce

Page 160: Comment décrocher tous vos examens.pdf

160

sera là un travail fécond, qui accroîtra votre érudition dans des

proportions insoupçonnées.

* **

Procurez-vous, pour chaque matière, une liste de sujets

proposés antérieurement aux examens ou aux Concours que

vous préparez ; gardez- vous d’acquérir les CORRIGES. Lire

un corrigé est la pire chose que l’on puisse faire. D’abord,

quand vous vous colletez avec une question, si vous SAVEZ

que le corrigé est LA, chez vous, devant vous, à portée de

votre main, vous serez paralysé par cette idée. Cette

obsession sera un poison constant pour votre intellect. Vous

ne pourrez pas travailler sérieusement.

A la première difficulté, vous serez poussé par une curiosité

irrésistible.... Cette pratique est la plus néfaste qui soit. Jour

après jour, elle vous enlisera dans une incurable paresse

d’esprit, et détruira toute initiative, toute personnalité. Savez-

vous ce qu’elle fera de vous? Un ROBOT.

Ayant lu le corrigé, vous allez, bien entendu, l’apprendre par

coeur, en perroquet, sans même être capable de le disséquer,

et d’en discerner la valeur réelle. Vous deviendrez un esprit

servile, un copiste, apte tout au plus à vous gargariser, avec

une fatuité égale au vide de votre pensée, de l’expression

consacrée: « Master dixit ». En un sens, vous deviendrez le

cousin de l’autruche, qui met sa tête dans le sable pour ne pas

voir le lion terrifiant. Ce qui vous terrorise, vous, c’est la

DIFFICULTE, et la solution toute faite dans laquelle vous vous

réfugiez vous la masque perfidement.

Page 161: Comment décrocher tous vos examens.pdf

161

Enfin, — et cela est encore plus grave — la comparaison

entre le développement modèle et ce que vous vous sentez

capable de produire PAR VOUS-MEME va infailliblement vous

plonger dans le découragement par la perfection de la

solution-type. Vous vous jugerez à jamais inapte à en faire

autant. Vous déchirerez peut-être vos cahiers et les piétinerez,

comme le débutant en violon, après l’audition d’un virtuose,

brise son archet de rage. Vous aurez perdu, avec

l’enthousiasme, tout ressort, toute imagination créatrice, toute

faculté de découverte PAR VOS PROPRES MOYENS.

* **

Bien entendu ne rédigez pas toutes les questions abordées ;

vous cherchez les idées, les ordonnez, et bâtissez un plan.

Exercice rapide et fort salutaire.

En Mathématiques et en Physique, votre manuel contient

généralement, à la fin de chaque chapitre, un certain nombre

de problèmes, le plus souvent intelligemment gradués. Cela,

du reste, n’est pas un critérium très sûr. Vous allez trouver

très méchantes telles questions parmi les premières, alors que

vous réussirez du premier coup une autre application placée

tout à la fin.

Voici comment vous allez manoeuvrer.

Essayez de faire tous ces exercices. Dès que vous tenez la

clef de l’un d’eux, marquez-le au crayon d’une croix de Saint-

André, et réjouissez- vous comme d’une victoire. Puis passez

au suivant. Tombez-vous « sur un bec » ? Ne vous

découragez pas. « Encaissez » avec le sourire. Et surtout,

résistez à la tentation de demander des « tuyaux » à

l’extérieur. Au contraire, attendez patiemment d’être devenu

assez ferré pour trouver VOUS-MEME, en vous souvenant de

la règle fondamentale suivante : Tout résultat qui nous est

Page 162: Comment décrocher tous vos examens.pdf

162

apporté PAR VOIE ETRANGERE ne nous fait faire à peu près

AUCUN PROGRÈS; et, trop souvent, il paralyse nos moyens

de recherche; tout résultat que nous trouvons NOUS- MÊME

lentement et avec effort, nous fait réaliser UN TRES GRAND

PROGRES

Donc, plantez là le problème récalcitrant, et attaquez celui qui

vient sur votre bouquin immédiatement après. Et ainsi de

suite, en continuant à jalonner tout ce qui a succombé à vos

coups de croix, qui signaleront vos triomphes comme autant

d’étendards. Arrivé à la fin du volume, vous compterez vos

victimes, et reprendrez l’offensive vis-à-vis des questions

rebelles. Vous constaterez alors, avec une joyeuse surprise,

de nouvelles — et dès lors combien appréciées —victoires sur

ces problèmes naguère insolubles !

* **

Prenez une partie quelconque du programme de votre

examen. Le nombre de difficultés rencontrées est bien moins

grand que vous ne l ‘imaginez.

A quoi se résume, en somme, l’algèbre de la première partie

du Baccalauréat, série Moderne, par exemple ? A savoir

résoudre une équation du second degré, numérique ou

littérale ; à reconnaître si elle a des racines ; à savoir ranger

ces racines par rapport à un ou deux nombres donnés; à

discuter des problèmes qui se ramènent à une équation du

second degré, donc à savoir résoudre des inéquations ou des

systèmes d’inéquations; à pouvoir mettre un trinôme ou une

fonction homographique sous une forme permettant de

discerner immédiatement le sens de variation. Y a-t-il là de

quoi se noyer dans un verre d’eau ?

* **

Page 163: Comment décrocher tous vos examens.pdf

163

En Géométrie, vous avez des calculs d’application de

théorèmes classiques; puis, il est vrai, à trouver la réponse à

des énigmes à bon droit redoutées : recherche de LIEUX

GEOMETRIQUES, et d’ENVELOPPES. Il y a encore des

questions qui vous semblent enfantines, et dignes tout au plus

de l’attention d’élèves de Sixième, mais qui, en fait, se

révèlent plus ardues que les précédentes : les

CONSTRUCTIONS.

Pour dompter ces monstres que sont les LIEUX, prenez bien

garde, Messieurs les débutants, qu’un LIEU n’est pas un lieu,

de même que, dans la savoureuse comédie : un Client sérieux

, de Courteline, le PARQUET n’est pas le parquet; de même

qu’en anglais, le mot « presently » ne signifie pas « à

présent »…

Non ! En géométrie, un lieu n’est pas un endroit, un point.

Dans le plan, un LIEU est une ligne, droite ou courbe.

Pour le trouver, vous vous direz d’abord que tout serait bien

plus commode si ce qui se produit pour la démonstration d’un

théorème ; vous aperceviez au loin, tel un phare, le BUT à

atteindre; si vous saviez quelle est la NATURE du lieu : droite,

par exemple. Ayant trouvé cela, vous vous sentiriez encore

plus avancé si vous saviez quelle est CETTE DROITE.

Pour le premier objet, vous allez chercher le nombre de points

du lieu qui sont sur une droite D. Ce nombre est-il égal à

DEUX? Le lieu est du second degré : donc une CONIQUE.

Celle-ci a-t-elle deux points distincts à l’infini ? Hyperbole. En

a-t-elle un seul ? Parabole. N’en a-t-elle pas? Ce sera une

conique FERMEE: ellipse, ou, comme cas particulier, cercle.

La droite D ne contient-elle qu’un point du lieu? Ce lieu est du

premier degré : c’est une droite.

Soit, par exemple, à détecter le lieu géométrique des points du

plan également distants de deux points donnés A, B. Vous

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164

voyez tout de suite que la droite AB ne porte qu’un point de ce

lieu : le milieu de AB. Donc le lieu est du PREMIER degré. Par

suite, c’est UNE DROITE. Comme par symétrie, il n’y a

aucune raison pour que cette droite soit plus rapprochée de A

que de B, ou vice versa, vous pourriez presque parier que le

lieu va être la médiatrice de AH. Il ne vous reste plus qu’à

essayer de le démontrer rigoureusement.

Autre point important: quand vous avez trouvé la LIGNE sur

laquelle est le point mobile dont vous voulez obtenir le lieu, il

faut voir si TOUTE la ligne convient; sinon, limiter le lieu,

comme on dit. Autrement, vous n’auriez traité que a moitié de

la question.

Enfin, grosse gaffe à éviter soigneusement ne jamais donner

comme LIEU une ligne qui ne serait PAS FIXE.

* **

Un lieu de la géométrie dans l’espace est plus difficile à

trouver : ce peut être, en effet, une LIGNE, mais aussi une

SURFACE. Un point M de l’espace qui est libre a TROIS

degrés de liberté. Lui impose-t-on UNE condition ? Il en perd

un : il ne lui en reste plus que DEUX. II décrit alors une

SURFACE. On dit qu’il se meut sur son lieu avec deux degrés

de liberté. L’astreint-on à DEUX conditions ? Il perd DEUX

degrés de liberté; il ne lui en reste qu’UN. Le lieu n’est plus

qu’une ligne, qu’on peut, d’ailleurs, définir comme intersection

de deux sur faces.

Considérons, par exemple, le lieu du point M assujetti à

demeurer à une distance donnée, h, d’un point donné O.

D’après l’énoncé, il n’est soumis qu UNE condition. Donc, à

priori, le lieu est une surface. C’est la surface sphérique de

Page 165: Comment décrocher tous vos examens.pdf

165

centre O, et de rayon h. Cette sphère est bien FIXE, car son

centre O est FIXE, et son rayon h demeure CONSTANT.

Au contraire, le LIEU du point M situé à égale distance de trois

points non en ligne droite est une LIGNE, car il y a ici DEUX

conditions. Cette ligne est une DROITE : la perpendiculaire

menée au plan que forment ces trois points par le centre du

cercle circonscrit au triangle qu’ils déterminent (qui est,

comme on sait, le point de concours des médiatrices de ce

triangle).

Pour faire la chasse au lieu d’un point M, la méthode générale

consiste à joindre ce point M aux points FIXES de la figure, et

à étudier la configuration ainsi obtenue.

Quant à la question des ENVELOPPES, encore plus...

effrayante que celle des LIEUX, nous avons démontré qu’on

peut la ramener à la recherche d’un lieu .

Les CONSTRUCTIONS sont plus ardues que les questions de

LIEUX. En effet, pour CONS TRUIRE un point, il faut d’abord

déterminer DEUX LIEUX sur lesquels il se trouve. Ensuite, on

doit discuter le nombre de points de rencontre de ces deux

lieux, et c’est fréquemment

FORT DELICAT .

* **

Une forte proportion d’étudiants redoutent d’aborder l’étude de

la géométrie à TROIS dimensions, parce qu’ils ne voient pas

dans l’espace. En ce cas, ils doivent faire appel à leurs talents

de dessinateurs, comme nous l’avons déjà noté dans la

deuxième partie, à la fin du chapitre III, et représenter les

figures des objets matériels à formes régulières avec un peu

de perspective et de relief..Ils seront également bien inspirés

en se procurant le très curieux petit livre d’ANAGLYPHES de

la Librairie VUIBERT, où, à l’aide de lunettes bicolores

Page 166: Comment décrocher tous vos examens.pdf

166

annexées au volume, vous voyez soudainement se dresser

devant vous, avec un relief aussi impressionnant qu’inattendu,

de multiples figures géométriques cubes, dièdres, pyramides,

cristaux polyédriques, etc.

* **

En Mathématiques Supérieures et en Spéciales on vous

apprend, grâce à des méthodes ad hoc dignes du reste,

d’admiration, le secret d’obtenir, d’un tour de main de

prestidigitateur, sans grand effort ni mérite, enveloppes et

lieux les plus compliqués, en triturant convenablement

quelques équations. Venez-vous ainsi de capter, par cette

voie analytique, l’une de ces lignes ou surfaces ? Essayez de

la retrouver ensuite PAR LA GEOMETRIE PURE.

Vous y parviendrez quelquefois, pas toujours, par exemple :

ne vous faites aucune illusion à cet égard et même très vite.

Le succès sera facilité par le fait qu’après la solution de

« taupe » vous avez déjà la connaissance précise de la figure.

Outre qu’elle sert de vérification, cette méthode.., élémentaire

mettra brillamment en vedette vos facultés, et, si vous

l’annexe à la première, à titre de remarque incidente, elle sera

TRES APPRECIEE DANS UN CONCOURS.

* **

Dans les compétitions de niveau moyen, il y a en

mathématiques une question de cours et un problème, Il est

bon de s’exercer à traiter sommairement un grand nombre de

questions de cours, et d’en conserver le plan détaillé.

Quant au problème, il faut le recopier, à moins qu’on ne l’ait

compris tout d’abord. Encore faut-il se défier des « clés trop

Page 167: Comment décrocher tous vos examens.pdf

167

vite obtenues ». Souligner les mots importants, et lire l’énoncé

avec attention jusqu’au bout. Nous répétons avec intention :

JUSQU’AU BOUT!

En effet, il arrive souvent que la méthodes pour telle ou telle

partie du problème ou même pour le problème tout entier, soit

indiquée d’un mot, ou en une ligne, tout à la fin, sous forme de

N.B. C’est justement ce qui se présenta à l’épreuve de

Mathématiques Spéciales de l’Agrégation en 1921 (Concours

normal, car il existait une Compétition séparée, avec sujets

différents, pour les candidats ayant pris part à la guerre de

1914-18). La première page de l’énoncé était pleine. La

presque totalité des candidats, paralysés dès le début par

l’extraordinaire difficulté du « démarrage » , eurent d’emblée

d’autres chiens à fouetter que de s’amuser à tourner la feuille.

Ils se seraient crus « cinglés » en songeant à s’occuper de la

fin avant d’avoir déblayé le reste, au préalable... Ensuite de

quoi, ils remirent une feuille blanche.

Or, au verso se trouvait, en un bénin N.B., la suggestion d’un

certain choix pour l’inconnue. Avec ce départ, la solution était

de difficulté moyenne; autrement, elle s’avérait absolument

inabordable !

Se dire que tout problème, en général, procède d’une idée

directrice. S’efforcer de la saisir, en essayant de se mettre à la

place de celui qui l’a composé, et de voir ce qu’il avait dans

les méninges, un peu comme la journaliste Madame

Geneviève Tabouis qui, au dire d’Hitler lui- même, savait

mieux que celui-ci ce qui se passait dans le cerveau du

Führer...

Ne pas oublier que, le plus souvent, chaque sous-question

aide à la résolution de la suivante. Il arrive, bien entendu, que

certaines parties soient indépendantes des autres; mais, dans

ce cas, l’énoncé LE DIT. Donc, en pratique, retenir ceci :

toutes les fois que le texte ne fera aucune remarque de cette

Page 168: Comment décrocher tous vos examens.pdf

168

nature, c’est-à-dire dans l’immense majorité des cas —

s’appliquer à résoudre d’abord la première question, puis voir

le lien qu’elle peut avoir avec la seconde, et ainsi de suite.

* **

Les observations précédentes sont aussi valables en

Physique. Pour cette branche de la science, étudier avec bon

sens, en faisant preuve d’une grande finesse d’observation, et

d’un raisonnement impeccable. Reprendre soi-même TOUS

les calculs de la leçon.

Il y a plusieurs choses avec lesquelles il importe ici de se

familiariser dès le début, et qui, du reste, s’apparentent aux

Mathématiques, cousines germaines des Sciences Physiques.

D’abord, les exposants NEGATIFS, et jusqu’aux exposants

FRACTIONNAIRES. Il est essentiel de savoir jongler avec les

puissances positives et négatives de DIX. C’est qu’en

Physique se produisent des phénomènes d’une durée

infinitésimale; d’autre part, on y rencontre à chaque pas des

unités si minuscules que leur mesure s’exprime par des

nombres astronomiques.

Or il est commode d’écrire un nombre très grand comme le

produit d’une puissance positive de 10 par un nombre compris

entre UN et DIX, c’est-à-dire par un nombre décimal dont la

partie entière n’à qu’UN CHIFFRE. Observation analogue s’il

s’agit d’exprimer un nombre extrêmement rapproché de ZERO

: ce sera le produit d’un nombre décimal compris entre 1 et 10

par une puissance NEGATIVE de 10.

* **

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169

Dès le début, vous dresserez, une fois pour toutes, le tableau

complet des unités dans chacun des systèmes, vous

astreignant à le revoir tous les jours. Ainsi finirez-vous par le

savoir, sans embrouiller toutes choses. Vous ne confondrez

jamais unité de TRAVAIL et unité de PUISSANCE, ni unité de

VITESSE et unité d’ACCELERATION.

Faites très fréquemment des exercices de correspondance

d’unités, afin d’arriver à jongler avec ce genre de

transformations, évitant ainsi des erreurs qui conduiraient à

des résultats non seulement erronés, mais, le plus souvent,

absolument invraisemblables, comme on l’a vu au chapitre V

de la deuxième partie.

En Optique, ayez une liste de toutes les formules, dont

plusieurs, au désespoir et au grand dam du candidat, se

ressemblent plus que des jumeaux. D’autre part, familiarisez-

vous avec les nombres ALGEBRIQUES dans leurs

applications. C’est presque toujours à ces questions perfides

de SIGNES que l’examinateur « attend » le candidat...

Et que de fois, en Electricité, les données d’un problème se

présentent traîtreusement en unités qui ne se correspondent

pas ! Ainsi, une longueur sera exprimée en mètres, une

largeur en décimètres, une aire en centimètres carrés, et une

épaisseur en MICRONS.

A ce sujet, tout sera facilité si l’on observe que l’unité

précédée du préfixe « micro » est une unité secondaire qui

vaut le millionième de l’unité principale, Ou, ce qui est plus

concis, qui est le produit de l’unité par 10 . De même, le

préfixe méga multiplie l’unité par un million, c’est-à-dire par 10.

* **

Les problèmes numériques de Physique conduisent souvent à

la discussion d’une équation du second degré avec un

Page 170: Comment décrocher tous vos examens.pdf

170

paramètre h. D’après la nature de la question, il arrive que

l’une des deux racines ne convienne pas. Ainsi, une racine

NEGATIVE peut être tout à fait impropre, ou, au contraire,

avoir une signification spéciale et acceptable pour un

problème très peu différent. Il faut se rendre compte de tout

cela, et le noter, à titre de remarque.

Une différence entre la Physique et les Mathématiques est

qu’en Physique, on peut parfois supprimer un terme très petit

sans changer sensiblement le résultat. L’éviction de ce terme,

dans bien des cas, simplifiera considérablement la question.

Enfin, il faut savoir trouver un résultat avec une approximation

supérieure à une limite donnée, de façon que l’erreur commise

dans les calculs ne dépasse pas l’ordre de grandeur des

erreurs expérimentales. Et, souvent même, dans les

manipulations, on va vous demander de cal culer une erreur

qui soit la résultante des erreurs expérimentales commises

dans chaque phase d l’expérience.

**

L’étude de la Chimie a un abord un peu rébarbatif, surtout si

l’on n’a pas très bonne mémoire. On aura fait un tableau des

poids atomiques et des valences des corps les plus usuels.

On reverra très fréquemment ce tableau. On s’appliquera à

écrire des équations chimiques exactes, avec le même

nombre d’atomes de chaque côté du signe =. On écrira des

formules brutes, puis développées, puis on les récrira, et,

chaque jour, on les repassera.

On soulagera la mémoire, lors de l’étude d’un corps, en le

confrontant avec tel autre qui offre avec lui soit des analogies,

soit, au contraire, des contrastes frappants. Enfin, on

galvanisera l’intérêt porté à cette science en admirant les

résultats foudroyants qu’elle vient d’obtenir dans le domaine

atomique, résultats qui, plus encore peut-être que la

Page 171: Comment décrocher tous vos examens.pdf

171

découverte du feu, ont fait entrer l’humanité dans une ère

révolutionnaire : l’ERE ATOMIQUE !

* **

En Botanique et en Zoologie, on s’aidera puissamment avec

des tableaux de classification et des dessins simples, voire

schématiques, mais précis, exécutés d’un trait hardi et sûr. On

comparera les tissus végétaux et les tissus animaux, la cellule

végétale à la cellule animale.

On départagera les microbes qui sont des végétaux, et ceux

qui sont des animaux. En Anatomie, on se révélera bon

dessinateur et au P.C.B., où il faut faire des dissections, on

aura la main habile. En on fera appel à sa mémoire.

* **

En Français (aussi bien qu’en langues, vivantes ou non), visez

à étendre votre vocabulaire, faites des phrases courtes,

correctes et élégantes. Comment vous y prendre pour

travailler fructueusement une dissertation ? D’abord, lisez le

sujet. Puis écrivez-le, en soulignant de DEUX traits les mots

essentiels, d’un trait d’autres encore importants. Cherchez la

définition PRECISE de ces vocables, qui vous dévoilera

presque toujours, dès le début, le sens dans lequel il convient

de « creuser ».

Une foule de termes nous sont familiers; nous croyons les

connaître ; nous nous figurons les posséder... Voire... Ouvrons

seulement notre Littré, ou même notre petit Larousse nous

nous apercevrons avec stupéfaction que ces mots sont des

Hydres de Lerne, des fantômes à plu sieurs masques, qui

Page 172: Comment décrocher tous vos examens.pdf

172

jusqu’ici nous étaient tous inconnus, sauf un... ou nous

n’avions pas su discerner telle nuance, ou le vocable a

plusieurs significations; et, dans le travail qui nous occupe,

c’est trop souvent la moins usitée qui est la bonne !

* **

Maintenant, attention à ne pas sortir du sujet... Gare à la

fugue! Ne tentez pas de prendre la tangente, de vouloir à tout

prix ramener la composition à une question classique de

cours, ou à quelque chose de particulièrement connu de vous.

N’alignez pas des remarques disparates, incohérentes, jetées

à la diable. Efforcez-vous de définir le PROBLEME que pose

toute tâche de cette nature. Songez au PLAN qui fournira le

moyen d’examiner les principaux aspects de ce devoir.

Ce premier stade de REFLEXION doit se soucier avant tout

de la PRECISION. Ingéniez- vous à détecter ce que vous

cherchez aussi nettement que si vous étiez en présence

d’un.., rébus de mathématiques ou de physique.

Dites-vous ensuite que la question cache certainement une

difficulté (plus un sujet semble facile, plus il y a de chances

qu’il comporte quelque traquenard soigneusement camouflé).

Venez-vous enfin de vous heurter à des vérités qui paraissent

se contredire mutuellement ? Gardez- vous de vous effrayer,

et surtout de vous décourager. Au contraire : arrêtez-vous et

battez les buissons : LE PROBLEME EST LA.

Dès que vous aurez déniché des points de tension, amorcé un

conflit de points de vue, reflet de la tempête en miniature qui

sévit sous votre crâne, comme sous celui de Jean Valjean

dans les Misérables, — votre travail sortira de l’ornière, des

Page 173: Comment décrocher tous vos examens.pdf

173

sentiers battus, de la banalité.Il arrêtera l’attention, puis

deviendra captivant.

C’est ici qu’il va maintenant falloir entamer un « boulot » d’un

autre genre: vous documenter, accumuler des matériaux, tout

comme le maçon qui se prépare à bâtir. Faites flèche de tout

bois : lectures, leçons retenues, expérience aventures

personnelles. Ces dernières sont tout particulièrement

précieuses. Comme vous les avez senties, vécues, ce sont

celles que vous aurez le plus de chances d’avoir assimilées.

Accueillez généreusement au début toutes les idées, bonnes

ou mauvaises, sans freiner le jeu spontané de vos neurones

par le souci d’un tri, discipline prématurée qui tarirait leur

fécondité. Puis revenez à la précision en les passant au crible.

Ecartez dès lors sans pitié celles qui divaguent, débordent le

sujet. Ensuite, classez les autres et emprisonnez-les dans un

plan définitif.

Votre rédaction devra débuter par une INTRODUCTION, qui

pose simplement et brièvement le problème. Surtout, pas de

verbiage, pas de généralités inutiles et creuses, qui sentent

leur préciosité d’une lieue, comme celle que nous trouvâmes

un jour dans la solution d’un.., problème de mathématiques :

« Ayant parachevé ma solution, je procède à la vérification.

Ce sera profitable, et pour l’élève, et pour le professeur... » Ne

« phrasez » pas. Renoncez, une fois pour toutes, à

l’éloquence facile et banale de M. Nègre, dans Messieurs les

Ronds-de-Cuir, de Courteline.

Faites vos paragraphes assez longs (de 15 à 25 lignes). Dans

chacun d’eux, exposez une idée maîtresse (que vous puissiez

résumer en une phrase lapidaire); faites-y entrer vos

raisonnements, vos exemples, vos preuves.

Page 174: Comment décrocher tous vos examens.pdf

174

Terminez par une conclusion résumant le contenu solide du

devoir : des résultats tangibles établissant que votre

discussion a été fructueuse.

N’attendez pas le jour de l’examen pour prendre de bonnes

habitudes : marges régulières, lignes non sinueuses. Pour

accroître vos chances d’être vraiment lisible, exercez-vous à

écrire d’une écriture plutôt droite que penchée, et sautez une

ligne entre deux paragraphes consécutifs.

* **

En ce qui concerne les langues, on donne généralement, dans

les examens, une version suivie de quelques questions, et

quelquefois un sujet très bref à traiter dans la langue

étrangère.

Aux yeux d’un profane, une version semble une chose tout à

fait abordable, avec un dictionnaire, et même sans aucun

secours, si l’on a réussi à caser à l’intérieur de sa boîte à

souvenirs un vocabulaire copieux. Il n’en est rien. En effet, le

« mot à mot » fournit une traduction qui est au français de

Malherbe et de Vaugelas ce qu’est le coassement de la

grenouille aux trilles du rossignol. D’autre part, si l’on «

adoube » les choses de façon à obtenir un style correct,

élégant, on s’aperçoit aussitôt qu’on s’est plus ou moins

écarté de l’idée nuancée exprimée par l’auteur dans son

idiome natal.

Enfin, on s’expose à tout instant à commettre des fautes

graves, connues sous le nom de non sens, ou de contresens.

Cela peut tenir à ce que tel mot a plusieurs significations, dont

on n’a pas choisi la bonne, ou à ce que, dans les deux

langues, tel vocable se présentant avec une

Page 175: Comment décrocher tous vos examens.pdf

175

orthographe identique ou analogue a des sens complètement

différents.

Le problème est là, aussi ardu que l’énigme posée à Oedipe

par le Sphinx/ obtenir une

traduction en EXCELLENT FRANÇAIS, avec des images qui

soient l’équivalent de celles émanées de l’auteur dans sa

langue, rendues avec tout leur éclat, toute leur couleur, tout

leur

parfum; en. un mot, reproduire fidèlement la pensée du Maître

dans la moindre de ses finesses.

Evadez-vous donc sans hésiter du mot à mot systématique,

servile et grotesquement déformateur, ne perdant jamais de

vue que chaque langue a une multitude d’idiotismes

intraduisibles ( « idiotisme » n’est pas « idiotie » : ne pas

confondre...).

* **

Comment s’y prendre pour étudier intelligemment une langue,

l’anglais par exemple?

D’abord, posséder à fond toutes les règles grammaticales, les

conditions d’accord, l’accord du possessif, le cas possessif,

ainsi que les différentes formes plus ou moins courantes :

progressive, fréquentative, emphatique, forme d’insistance,

etc. Se forger un vocabulaire solide, en concentrant toute son

attention sur l’ORTHOGRAPHE.

Se méfier comme de la peste des vocables britanniques ayant

presque la même orthographe qu’en français, mais pas tout à

fait. Là gît un grand danger. L’étude de l’anglais fait

Page 176: Comment décrocher tous vos examens.pdf

176

généralement faire au candidat des fautes de français qu’il ne

commettait pas auparavant. C’est ainsi qu’il se mettra à écrire

« liTérature » au lieu de « liTTérature », ou tel adjectif sans s

devant un substantif pluriel, ce qui, bien entendu, sera

désastreux dans une dissertation, ou même dans une

traduction de version, qui, ne l’oubliez jamais, EST PLUS UN

EXERCICE DE FRANÇAIS QUE DE LANGUES.

Noter, d’autre part, que trop de termes, dans les deux

langues, ont plus ou moins — et parfois absolument la même

orthographe avec des sens tout à fait différents. On les

appelle « les faux amis ». Ainsi, le mot anglais « actually » ne

signifie pas « actuellement »; « presently » ne veut pas dire «

à présent », et « to attend » n ’a rien à voir avec « attendre ».

Bien étudier la formation du pluriel des mots exceptionnels et

les verbes irréguliers. En faire une liste, et en revoir une

vingtaine chaque matin.

* **

Voici comment, pour une langue quelconque, nous nous

comporterions vis-à-vis d’une version. Nous lirions d’abord

très lentement le texte d’un bout à l’autre, pour bien saisir le

sens général et la liaison des idées. Ensuite, nous

reviendrions à la charge, plus lentement, puis encore et

encore, soit QUATRE LECTURES.

Nous traduirions alors le mot à mot. Après, nous essaierions

de nous mettre à la place de l’auteur, en nous demandant

comment il exprimerait en français, S’IL ETAIT FRANÇAIS, ce

qu’il dit, TOUT ce qu’il dit et RIEN QUE ce qu’il dit. Puis nous

rechercherions dans chaque phrase le sujet, le verbe, les

compléments, et les mots invariables. Nous mettrions en relief

les idiotismes de la langue étrangère.

Nous nous dirions qu’on a dû semer cinq à six difficultés dans

le but précis de tester le candidat, et nous ferions la chasse à

Page 177: Comment décrocher tous vos examens.pdf

177

ces passages délicats, qui excellent toujours à jouer à cache-

cache. Quand nous les aurions saisis, nous apporterions tout

notre soin à leur étude. Après, nous relirions notre traduction

SIX fois, et chaque nouvelle fois avec plus de circonspection.

Nous ferions enfin une septième lecture, dans le but de voir si

notre français est DU FRANÇAIS, si nous n’avons pas laissé

de fautes d’orthographe, de ponctuation ou de syntaxe. Dans

les réponses aux questions et dans les développements

demandés, nous aurions la prudence de n’écrire que des

phrases courtes, plus faciles à maîtriser.

* **

Si l’allemand ne donne pas lieu au cauchemar anglais de la

prononciation, il comporte une autre difficulté : comme en

français, les genres sont répartis sans rime ni raison aux

choses inanimées, avec cette circonstance aggravante qu’au

lieu de deux genres, il y en a TROIS !

Pour un Français, l’italien et l’espagnol seraient un peu plus

faciles, les trois idiomes ayant une mère commune, le latin. Il

va sans dire que le Méridional, qui, outre la langue nationale,

possède, ou tout au moins baragouine le provençal (langue de

« Mireille », illustrée par Frédéric Mistral) ou la langue d’Oc

(qui est celle des Jeux Floraux, fondés par Clémence Isaure),

sera plus particulièrement favorisé.

* **

De même, l’étude du latin, dont les cas et les déclinaisons

rendent l’étude ardue, est facilitée, pour nous, par son étroite

parenté avec le français.

Page 178: Comment décrocher tous vos examens.pdf

178

Il ne faut pas négliger son vocabulaire. Que de mots

totalement différents en latin et en français ! La maman et

l’enfant ne se reconnaissent plus. Bien qu’autorisé, en

général, le dictionnaire ne suffit pas toujours. Avez-vous vous

été enfant de choeur? Ne vous prenez pas pour un Tacite

parce que vous savez sur le bout du doigt vos répons et

même l’ordinaire tout entier de la messe en latin... Ne pas

s’imaginer non plus qu’avec des mots en us ou en um on

puisse reconstituer spontanément le parler de Cicéron, à

l’instar de cette étudiante parisienne qui forgeait de soi-disant

vocables britanniques en les coiffant d’un tion final : punition,

par exemple...

Si le latin de Molière, prêté à Mascarille dans l‘Etourdi

« Vivat Mascarillus fourbum Imperator! »

est encore acceptable en égard à la notoriété de l’auteur, foin

du latin de cuisine du prestidigitateur — Robert Houdin de

pacotille qui ordonnait en ces termes à un anneau de passer à

l’intérieur d’une bougie allumée : « Annellus, passibus

danslabougius ! »

Page 179: Comment décrocher tous vos examens.pdf

179

CHAPITRE III

Face à l’examen 1. — Les dernières semaines précédant l’examen.

A partir de quelle époque convient-il de commencer les

révisions ? Environ six semaines avant le jour J. Dès le 1er

mai, si l’examen « ouvre » vers le 15 juin. On utilisera au

maximum les plans préparés à la fin de chaque leçon. A ce

moment-là, nous conseillons de nécessairement respecter

l’ordre du livre pour revoir. Attaquez simultanément plusieurs

chapitres en débutant par ceux où vous sentez que le bât

vous blesse, et par ceux que vous aimez le mieux, c’est-à-dire

où vous vous estimez le plus ferré. Excellente tactique de se

présenter avec une matière où l’on est un vrai spécialiste :

ceci compense cela…

D’autre part, ne vous croyez pas obligé de faire plus de

devoirs qu’auparavant. Amorcez plus de questions, mais sans

les parachever .Dès que vous tenez la marche à suivre,

lâchez-les. Cela vous permettra d’en voir beaucoup plus.

Exercez-vous également à lire trois sujets sur une matière et à

en choisir un aussi rapide que possible.

Enfin, si vous travaillez seul, ne manquez pas de vous

astreindre à rédiger en temps LIMITE les devoirs exécutés en

entier. Certains Etablissements sur place obligent même leurs

élèves à faire, pendant deux ou trois jours, un examen d’essai,

Page 180: Comment décrocher tous vos examens.pdf

180

en leur « servant » des questions d’écrit exactement dans les

conditions de l’examen : excellente pratique, qui accroît

probablement de 30 % le nombre des admissibles.

2. — La semaine précédant l’examen.

Il faut arriver à l’examen DANS UNE FORME PHYSIQUE

PARFAITE, et sans fatigue intellectuelle. Donc, sans, bien

entendu, stopper tout effort, on travaillera moins, et on réduira

plutôt un peu le VOLUME de la nourriture, qui devra être aussi

SUBSTANTIELLE que LEGERE.

Surtout, ne pas se « doper », c’est-à-dire prendre des

excitants : café à outrance, alcool, vins, épices, etc., SONT

ALORS POISONS. Toute excitation est fatalement suivie

d’une profonde réaction (de même que le flux appelle le

reflux), d’une prostration pouvant fort bien se produire au

moment des épreuves. C’est alors l’effondrement, le désastre.

Du reste, les excitants ruinent la santé, usant les nerfs et le

coeur. Des statistiques toutes récentes ont montré qu’ils

conduisent, hélas! au cabanon une proportion insoupçonnée

d’intellectuels.

Donc, à cette époque décisive, cesser absolument, avant tout,

si on ne l’a déjà fait, la plus minime consommation d’alcool.

On ne fumera pas. On se couchera tôt et l’on tâchera de

dormir le plus possible. Boisson : eau contenant des traces de

café, et, en dissolution, un peu de glycérophosphate de chaux

qui est, non un excitant mais un ALIMENT du système

nerveux.

3..— La veille de l’examen.

Repos intellectuel COMPLET. Quelques brèves promenades

au grand air. Ne pas prendre part aux réunions d’étudiants

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181

qui, en groupes compacts et bruyants, se croient obligés de

fêter, avec la complicité de la dive bouteille, un événement

destiné à faire plus de victimes que de triomphateurs. Ne pas

se laisser entraîner à de gigantesques monômes de jeunes se

figurant peut-être que des manifestations à forme primitive

vont intimider les membres du Jury et les acculer, tout

tremblants, à l’indulgence!

4 . A l’examen écrit.

S’y présenter modestement, mais avec confiance, si l’on a

travaillé suivant nos indications.

le hasard n’est pas le grand manitou Les compositions durent

en général plusieurs heures. On se sera muni d’une tablette

de chocolat et de glycérophosphate de chaux granulé,

renfermé dans une petite boite. A la fin de chaque heure, on

pourra ainsi jouer discrètement des mandibules, ce qui

soutiendra les forces sans embarrasser les viscères (Estomac

plein, tête vide.) !

* **

Comme de juste, vous n’aurez pas oublié votre bracelet-

montre, dûment remonté .En arrivant, vous confrontez son

heure avec celle de la pendule de la salle, qui peut n’être pas

bien visible de tous les sièges. Mais voilà le surveillant qui

circule. Il vous donne votre feuille, dont vous vous empressez

de remplir l’en-tête, pour être débarrassé de ce travail

mécanique qui, à la fin, pourrait vous faire gaspiller plusieurs

minutes peut-être aussi précieuses que des perles.

* **

Page 182: Comment décrocher tous vos examens.pdf

182

Une chance de plus que naguère. On se bornait alors à dicter

le sujet, d’où, trop maints quiproquo faisant des victimes, voire

des hécatombes

C’est ainsi que l’un de nos amis, passant l’examen du Brevet

Supérieur, écrivit sous la dictée:

« Volume du ponton », au lieu de « Volume du tronc de cône

», vrai énoncé de la question de cours en mathématiques.

Dans cet examen, du reste, il n’y avait pas de choix entre trois

questions...

De même, dans une salle de la Sorbonne où des candidats à

la première partie du Baccalauréat classique allaient faire leur

version latine, le professeur de service se mit à dicter « dè cou

- ï - ouss » au lieu de « De cujus ». Il prononçait le u avec le

son ou et le son j avec le son i.

Minute de stupeur... Mais pas plus. Aussitôt que l’auditoire eut

réalisé de quoi il retournait, une clameur jaillie de cent

poitrines ébranla les vitres. Bien prit à l’Administration de

changer le dicteur séance tenante. Les jeunes gens,

déchaînés, eussent peut-être mis le feu à l’amphi théâtre, en

tout cas sûrement refusé de composer...

* **

Enfoncez-vous dans la tête qu’une écriture bien lisible, une

rédaction d’apparence élégante, des résultats isolés et

soulignés (ou numérotés), afin que le correcteur PUISSE LES

VOIR D’UN SEUL COUP, ont plus d’importance qu’on ne

croit. Présentez une copie-brouillon avec force mots raturés

séparés par des taches : votre examinateur sera

fâcheusement impressionné. Malgré son souci d’équité, et

sans qu’il s’en rende compte lui-même, la note sera d’autant

Page 183: Comment décrocher tous vos examens.pdf

183

plus défavorablement influencée qu’il aura mis plus de temps

à vous lire et à vous comprendre.

Jusque dans les compositions de sciences, respectez la

langue française, le style. Faites des phrases COMPLETES.

Pas de fautes d’orthographe, surtout dans les mots techniques

ou les noms propres.

Que voulez-vous que pense un membre du Jury d’un candidat

qui, ayant à donner son opinion sur la poésie de Victor Hugo

intitulée : « La Conscience », déverse des flots d’éloquence

sur les terreurs de « Caïen » ? qui, dans n’importe quel devoir

de littérature, écrit le mot « littérature » avec un seul t à la

deuxième syllabe; vous sert un « Bodelère » au lieu de

Baudelaire, un « Standale » au lieu de Stendhal ? dans une

dissertation philosophique, met « psicologie » pour

psychologie, « Caen » pour Kant, « Chopin o Herr » pour

Schopenhauer; dans une copie de chimie, parle d’acide «

cloridric » ; en physique, disserte sur une chute « hommique

», sur un pont de « Vastonne » (au lieu de Wheastone) ; en

mathématiques, s’étend sur 1’ « hippothénuse » (au lieu

d’hypoténuse), sur le « parralélipide » (au lieu de

parallélipipède), sur le théorème de « Ponslais » (au lieu de

Poncelet) et sur celui de « Staivare» (au lieu de Stewart) ?

* **

Supposons, pour fixer les idées, qu’il s’agisse de l’examen du

Baccalauréat (première partie). On vient de vous délivrer la

feuille des sujets de mathématiques. Vous avez à traiter un

problème, et une question de cours à choisir entre trois.

Prenez toujours celle que vous savez le mieux. Votre choix

effectué (après avoir pesé soigneusement les textes et bien

réfléchi), tenez- vous-y, même si vous apercevez

ultérieurement une difficulté qui vous avait échappée Votre

Page 184: Comment décrocher tous vos examens.pdf

184

temps est trop limité pour que vous puissiez vous offrir le luxe

d’en changer, de « tourner autour du pot » . D’ailleurs, c’est

une règle à adopter inflexiblement : une fois prise là décision,

allez de l’avant, même si vous n’êtes pas très sûr d’avoir

raison...

* **

Vous disposez de trois heures. Promettez-vous de consacrer

trois quarts d’heure PAS PLUS

à la question de cours. Commencez par lire LE PROBLEME

une fois, et réfléchissez-y deux à trois minutes, dans le but

unique de VOUS IMPREGNER du texte. Ensuite, attaquez

votre question de cours comme un bouledogue attaque une

jambe antipathique. Vous ne la lâcherez plus jusqu’à ce

qu’elle soit terminée et complètement rédigée. Pendant ce

temps, il se produit dans votre INCONSCIENT un travail

fructueux considérable, ainsi que nous l’avons vu dans le

chapitre premier de la deuxième partie. Si bien qu’au moment

où vous vous tournez vers le problème pour tout de bon, —

après avoir réglé son compte à la question de cours, — vous

avez toutes les chances possibles de faire de bonne besogne.

* **

Vous avez résolu sans trop de mal la majorité des sous-

questions du problème. Rédigez-les, et, entre chacune d’elles,

laissez un intervalle de quelques lignes — peut-être un tiers

ou la moitié d’une page : c’est à vous d’en juger, d’après ce

que vous prévoyez — pour le cas où vous découvririez

ultérieurement quelque chose de plus.

Page 185: Comment décrocher tous vos examens.pdf

185

Ayant rédigé tout ce qui était à votre portée, occupez-vous

séparément de chacune des parties réfractaires,

conformément à la célèbre méthode de Descartes. Vous

aurez le plus de chances possible de fournir ainsi votre

maximum.

* **

Il existe une certaine technique pour obtenir la meilleure note

possible. D’abord, une parfaite présentation. Ne vous récriez

pas, en traitant cela de « poudre aux yeux » . Un solliciteur

réussira mieux tiré à quatre épingles que vêtu d’une façon

négligée, comme Aristide Briand à sa première plaidoirie... Eh

oui.., une copie doit soigner sa toilette.

Puis, si vous êtes tombé sur un sujet plutôt particulier, voyez

si, après l’avoir traité à la lettre, vous ne pourriez pas ensuite

le généraliser quelque peu. Mieux encore. Vous sentez-vous

sûr de votre affaire ? Tâchez d’en imposer... un rien... Prenez-

le de haut : traitez d’abord la question PLUS GENERALE, et

terminez en arrivant à la demande plus limitée du problème,

simplement comme cas particulier.

Enfin, toutes les fois que vous le pourrez, INTERPRETEZ vos

résultats, sous forme de remarques, qui seront

BRILLAMMENT appréciées. Par exemple, au sujet d’une

équation, donnez de votre solution algébrique une « doublure

» géométrique.

Ces observations sont en tous points valables pour la

composition de Sciences Physiques.

* **

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186

Réservez-vous de 15 à 20 minutes pour vous relire très

lentement, et TRES SOIGNEUSE MENT. Vous découvrirez

souvent des coquilles qu eût été catastrophique de laisser.

Mais il est une chose contre laquelle NOUS VOUS METTONS

EXPRESSEMENT EN GARDE.En relisant, il peut vous arriver

d’avoir une idée nouvelle. Si vous l’ajoutez étourdiment,

précipitamment, ce sera infailliblement une bêtise. Vous vous

en apercevrez avec terreur, une fois sorti. Mais il sera trop

tard : vous aurez donné votre feuille ... Une seule tache ainsi

ajoutée inconsidérément vous coule le meilleur travail ET FAIT

ECHOUER. Donc, avant de soulever votre stylo pour fixer,

noir sur blanc, votre ultime concept, réfléchissez et méfiez-

vous. Redoutez de faire mentir le proverbe : « La fin couronne

l’oeuvre! »

* **

En dissertation, produisez des références précises, mais ne

les mentionnez que si vous êtes absolument sûr de votre

mémoire. Il serait désastreux, par exemple, de citer Tartarin

de Tarascon comme un chef-d’oeuvre de Victor Hugo, ou

Anna Karénine comme sortie du cerveau de M. Henry

Bordeaux. Et ne vous égarez pas dans un verbiage oiseux.

Faites des phrases brèves, et jetez par-dessus bord le

langage précieux, ainsi que la vulgarité. Ne laissez échapper

des mots communs, des termes d’argot, que pour réaliser un

effet, créer une atmosphère déterminée, et ayez soin de ne

jamais écrire l’un de ces vocables sans l’entourer de

guillemets.

5. — Entre l’écrit et l’oral.

Page 187: Comment décrocher tous vos examens.pdf

187

Ne pas s’émotionner par l’incertitude, et sur tout chasser de

ses méninges la ronde infernale des idées touchant l’examen:

a-t-on bien rédigé ? n’a-t-on pas fait de gaffes? quelles

chances a-t-on d’être admissible ? etc. Ce qui est fait est fait.

Vous n’y pouvez plus rien, et tout souci ne peut que nuire à

vos projets en altérant votre santé et en troublant votre

sommeil. Ne vous mêlez pas aux conversations des

camarades, eux-mêmes surexcités, et s’énervant encore plus

par des... initiatives puériles et dangereuses. Soignez plus que

jamais votre alimentation et votre hygiène; promenez-vous un

peu, et préparez votre oral modérément, mais avec une

régularité parfaite.

6. — A l’oral.

Arrivez tranquillement, sans peur. Vous avez soigneusement

préparé vos matières; donc, aucune raison spéciale d’avoir le

trac. Ne vous faites pas de l’examinateur une image

effrayante. Il sera plutôt, par principe, bienveillant, sachant

déjà que les candidats ayant émergé du crible strict de l’écrit

ne sont pas des cancres, loin de là ! — et que, sauf exception,

ils sont sans doute capables de « passer ». Puis dites- vous

que les « épluchages » sont aussi bien pour les autres que

pour vous; aucune raison de supposer qu’ils en savent plus

que vous... Gardez tout votre sang-froid, et, s’il vous est

accordé quelques minutes pour préparer votre épreuve,

profitez-en pour faire de votre mieux, sans précipitation. Votre

attitude en face de l’ « ogre » ? D’abord, arriver là vêtu sans

négligence, décemment, mais PAS AVEC UNE ELEGANCE

AFFECTEE. Vous courriez le risque de déplaire en étant

mieux mis que l’examinateur lui-même. Vous seriez tout de

suite jaugé. Un zazou? Peut-être pas, mais un dandy, un de

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ces « fils à papa » qui ont de l’or plein les poches et qui ont

suivi leurs classes « à la papa », voire en fumistes...

Répondez de votre mieux, d’une voix bien timbrée, en

articulant nettement les syllabes. Ayez soin de vous être défait

de toute prononciation du terroir. Gardez-vous de dire, comme

trop de... Parisiens : « Je suis né ôô Pôô-ris » ou «la colllère ».

Ne nasillez pas, à l’instar de certains natifs de la Côte d’Azur :

« Quatre égale sissss moinssss deux », ni, comme tel pays

de Cyrano de Bergerac: « Apportez-moi d’euze», au lieu de «

deux oeufs ».

Si votre redoutable vis-à-vis n’entend pas ou ne comprend pas

ce que vous expliquez, CELA NE POURRA QU’ALLER MAL.

Pis encore si, n’ayant pas saisi la question, vous vous

permettez de la faire répéter. Le professeur, lui-même

surmené et énervé par le surcroît de besogne que constitue

pour lui le service des examens, se laissera peut-être aller à

vous apostropher sans aménité.

En ce cas, résistez à la tentation d’entrer en lutte avec lui en

ripostant du tac au tac.

La langue lui fourchant, lui arriverait-il d’articuler une coquille ,

vous préserve le ciel de la relever! Si, en philosophie, votre

opinion s’écarte sensiblement de la sienne, ne polémiquez

pas avec lui, mais employez, pour lui répondre sans tout de

même fouler aux pieds votre personnalité, toutes les

ressources de votre diplomatie.

* **

A propos d’oraux, on conte bien des anecdotes. A un examen

oral de Philosophie. — « Quel est le syllogisme fondamental

de Descartes, qui résume toute une doctrine? Eh bien ! Vous

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êtes muet ? Vous ne m’avez même pas écouté. Pendant que

je parlais, VOUS NE ME SUIVIEZ PAS. Avouez-le donc Vous

PENSEZ à autre chose! »

Le candidat : « JE PENSE, DONC JE SUIS. »

En Chimie. Quelle est la préparation industrielle du benzoate

de soude ? — Monsieur... je l’ai sur le bout de la langue... »

Apitoyé, le professeur la lui expose lui-même en quelques

mots. Le candidat : « C’est justement ce que j’allais dire ! »

A l’examen oral d’Anatomie. L’examinateur « Non, non et

non ! Et puis, tenez... vous êtes trop bête, Appariteur !

apportez une botte de foin. Prenez—en deux », riposte, hors

de ses gonds, le candidat qui ne se fait plus aucune illusion

sur son sort. « Nous déjeunerons ensemble! » Et il sort en

grommelant. « Qu’a-t-il dit? » demande l’interrogateur

souriant. — Vous devriez vous méfier, Maître. Il a murmuré

qu’il vous attend à la sortie pour vous décharger son revolver

en plein coeur. — Il me manquera : il ne sait pas assez

d’anatomie pour connaître où se trouve le coeur... »

* **

Certains candidats ne peuvent pas articuler une phrase sans

planter leur regard dans les yeux du professeur. Est-ce pour

quêter un encouragement ? pour voir si ce qu’on a hasardé

peut « coller » ? En tout cas, rien ne fatigue ni indispose

comme cela, surtout si l’élève appartient au

sexe féminin. Est-il besoin de recommander aux jeunes filles

de se produire dans une tenue extrêmement correcte, sans

décolleté, et de ne pas jouer la carte du sourire ou du regard

appuyé ? Etant examinateur nous-même, nous avons vu à

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l’oeuvre certaines de ces demoiselles. Affectant une grande

timidité, exagérant la politesse, elles se précipitaient pour

ramasser le crayon du « prof » tombé de la table, rougissaient,

pâlissaient sur commande, prenaient le masque du bègue

quand la réponse ne venait pas, allant jusqu’à simuler un

évanouissement spectaculaire devant le tableau. Cette

stratégie est très faible; elle ne « paie » pas. A bon entendeur,

salut.

Que des statistiques établissent chez l’élément féminin un

pourcentage de succès un peu supérieur à celui des garçons,

n’a rien à voir avec la question « galanterie ». C’est que ces

jeunes personnes sont en général très laborieuses,

méthodiques, régulières et tenaces à la besogne, et font

attention aux moindres détails, ce qui, à juste titre, est fort

apprécié dans les examens.

* **

En mathématiques, prendre ses précautions pour pouvoir faire

tenir dans les limites du tableau, si possible, toutes les

transformations relatives à la question traitée. N’effacer qu’à la

dernière extrémité. S’agit-il, en algèbre, d’une équation à

coefficients NUMERIQUES ? N’essayez pas d’allonger la

sauce en commençant à raisonner sur des lettres : le temps

est strictement limité. Faites succinctement, et sans lambiner,

les calculs tels qu’ils se présentent.

Telle épreuve de géométrie comporte-t-elle des figures dans

l’espace ? Ne craignez pas d’imiter le relief en appuyant sur

certaines lignes, afin de mieux faire ressortir l’ensemble.

L’examinateur verra plus clair lui-même et vous en saura gré.

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* **

Vous fait-on lire un morceau, en explication littéraire? Faites

appel à tout votre talent de diction. Gardez-vous, en

particulier, d’estropier les noms d’auteurs ou de personnages.

N’allez pas déclamer, par exemple :

«Ca –y- in» (au lieu de Caïn) se fut enfui de devant les

tempêtes.

N’oubliez pas non plus que vous devez parfois, au cours de la

diction, observer des repos non marqués par des virgules, et

les faire sentir aux bons endroits. Ne dites pas :

Le chêne un jour- dit au roseau,

Mais :

Le chêne - un jour dit au roseau,

car la première façon de vous exprimer supposerait un arbre

qui s’appelle « un jour » !

* **

Enfin, au cours de toute interrogation donnez en toute

modestie telle opinion que l’on vous demande d’exprimer.

Evitez de trancher de l’homme d’importance. Ne vous laissez

jamais aller à dire : « A mon avis... » ce qui, en attendant

mieux, vous attirerait immanquablement la riposte foudroyante

: « Il est donc si important que cela, votre avis ??? »

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7. — En cas d’échec.

Si la chance ne vous a pas souri, vous avez déjà de quoi vous

consoler par l’imposante proportion de copains logés à la

même enseigne. Dites-vous, d’autre part, que l’immense

majorité des reçus NE L’ONT PAS ETE DU PREMIER COUP.

Donc un insuccès ne doit pas vous infliger une blessure

d’amour-propre, une humiliation, vous faire perdre la face.

Remarquez, d’ailleurs, qu’après la proclamation des résultats,

vous n’êtes pas inférieur à ce que vous étiez la veille de la

première épreuve. La seule différence est toute subjective :

vous êtes passé de l’ESPOIR à la DECEPTION.

Au risque d’être taxé de fervent du paradoxe, nous

avancerons qu’en réalité, vous êtes supérieur à ce que vous

étiez auparavant. Ces épreuves ont été pour vous un exercice

salutaire, parce qu’exécuté dans les’ conditions de l’examen,

c’est bien le cas de le dire... Aucune leçon, fût-elle faite par un

génie en matière pédagogique, ne saurait remplacer cette

forme d’entraînement. En outre, votre éducation y a gagné.

Pour la première fois peut-être, vous venez de vous heurter à

l’un des récifs de la vie. II dépend de vous que ce choc vous

soit salutaire.

Il ne le sera pas si vous suivez aveuglément vos premières

impulsions. Il ne le sera pas, Si vous vous groupez, vous et

vos compagnons d’infortune, en un monome vengeur qui,

hélas ! ne raccommodera rien, et au cours duquel vous

commettrez peut-être des actes répréhensibles. Il ne le sera

pas si, vous redressant en un mouvement de fierté outragée,

vous clamez

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« Ah ! ils n’ont pas voulu de moi? Eh bien... ils ne s’offriront

pas le plaisir de m’ avoir , une seconde fois. C’est fini : je ne

me représenterai jamais plus ! »

Il ne le sera pas, si, au contraire, vous sombrez dans un

morne découragement, vous enfon çan dans la boîte

crânienne cette idée que l’examen vous est aussi inaccessible

qu’à son asymptote

la. Branche d’hyperbole qu’il représente, comme le répétaient

en gouaillant les élèves de tel lycée parisien, LA GRANDE

ILLUSION ! Et si, par représailles, vous flétrissez la salle de

délibération du Jury du nom de « plancher des vaches », cela

ne vous aura pas avancé à grand’chose...

* **

L’échec vous sera salutaire SI VOUS VOUS OBSTINEZ

DANS VOTRE EFFORT. Vous vous serez durci contre une

difficulté; vous aurez su vous montrer beau joueur vis-à-vis du

sort au front sévère. Tel Jo Louis après avoir été mis knock-

out par Max Schmelling, vous encaisserez avec le sourire. A

la session suivante, ce sera votre tour de terrasser la

mauvaise chance, tout comme le fit ensuite le champion noir

en pulvérisant en vingt secondes son ex-vainqueur!

* **

De nombreux examens comportent, la même année, une

seconde session. Avez-vous été refusé à l’oral ?

Généralement, l’écrit vous reste, et, pendant les vacances,

vous n’avez que l’oral à préparer. Vous êtes-vous fait ajourner

à l’écrit, avec une moyenne égale ou supérieure à SEPT sur

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VINGT? Vous avez encore le droit de vous représenter à

l’automne.

* **

Arrêtons-nous un instant sur ce dernier cas. Naturellement,

vos efforts de l’année vous ont fatigué, et il ferait si bon se

reposer complètement pendant les chaleurs! Mais nous

pensons que, si près du but et déjà tout entraîné, il serait

dommage de ne pas tenter cette seconde chance. Vous vous

détendrez tout à fait la première quinzaine. Au cours des deux

semaines suivantes, vous vous remettrez progressivement au

travail, sans toutefois dépasser une moyenne, car il faut, en

tout état de cause, que les vacances vous remontent. Etant

donné le peu de temps dont vous disposez, ne revoyez tout à

fait à fond que le tiers des questions. Faites, de préférence,

des exercices par vous-même, et un tout petit nombre avec un

plan si détaillé qu’il équivaut pratiquement à un

développement complet.

* **

Enfin, si vous avez obtenu à l’écrit une moyenne inférieure à

SEPT sur VINGT, il se peut, suivant l’examen, que vous

n’ayez pas accès à la seconde session. Prenez alors votre

courage à deux mains contentez-vous de jouir pleinement du

repos des vacances — on s’y résigne, en général, assez

volontiers... — en travaillant tout juste une heure par jour pour

ne pas vous rouiller. Semaine par semaine, vous rechargerez

ainsi votre bouteille de Leyde, et, à la rentrée d’octobre, serez

prêt pour un formidable coup de boutoir prometteur de lauriers

futurs

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Fin