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COMMENT FUT AIMÉE L'IMPÉRATRICE

JOSÉPHINE

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DU MÊME AUTEUR

Chez le même éditeur : UNE RUDE GAILLARDE : LA PRINCESSE PALATINE. LE PHARE, roman. MADAME DE POMPADOUR, REINE... ET MARTYRE. MADAME SE MEURT ! MADAME EST MORTE ! récit historique. LES CONQUÊTES D'AMOUR ET DE GLOIRE DU MARÉCHAL DUC DE RICHELIEU. BAMBOULINA. LA VIE AMOUREUSE DE MADAME TALLIEN (cc Leurs amours »). TRIO, roman. LA VIE AMOUREUSE DE MADAME DU BARRY (cc Leurs amours »). LES DRAPEAUX, roman. POUR JASMINE, roman. ARTHUR ET SOPHIE, ou Paris en 1860, roman. LA PETITE PAPACODA, roman napolitain. COLIN, OU LES VOLUPTÉS TROPICALES, roman colonial (1760). JOSETTE, roman parisien. ROMULUS COUCOU, roman nègre. CHONCHON, roman parisien.

VARIÉTÉS GÉRARD ET LES FOURMIS. — GÉRARD EST UN AS ! — GÉRARD

CHEZ LES PHOQUES. LE NOUVEAU SAVOIR ÉCRIRE. NOUVEAUX RÉGIMES. LE NOUVEAU SAVOIR-VIVRE. (Pour balayer les vieux usages). PLATS NOUVEAUX (300 recettes inédites ou singulières). BLANCS ET NOIRS (voyage aux Antilles). TRENTE-DEUX POÈMES D'AMOUR. FEMMES (trente-cinq nouveaux poèmes d'amour).

En préparation : LE PUBLIC ET LA PUBLICITÉ. — LE NOUVEAU SAVOIR-AIMER. —

CLÉOPATRE. — CARTOUCHE. — LE CŒUR DE LOUIS XIV. — ROMÉO ET JULIETTE. — PIERRE L'ARETIN.

Chez d'autres éditeurs : LES MATINALES. — LES IRIS NOIRS. — MISSEL D'AMITIÉ. — LA

RUE DE LA PAIX. — TROIS PETITS TOURS DE MARIONNETTES. — ELLES ET LUI. — VIENT DE PARAÎTRE (1903-1905). — A LA MANIÈRE DE... (4e série). — COLETTE, OU LE GÉNIE DU STYLE. — PATAPON. — LE PARADIS DES ANTILLES FRAN- ÇAISES. — L'AFFAIRE LA RONCIÈRE.

En collaboration avec CHARLES MuLLER : A LA MANIÈRE DE... (Trois séries en 2 volumes). — LA CRÉATION

DU MONDE. — RIKETTE AUX ENFERS (Flammarion).

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PAUL REBOUX

COMMENT FUT AIMÉE L'IMPÉRATRICE

JOSÉPHINE

ERNEST FLAMMARION, ÉDITEUR

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Il a été tiré de cet ouvrage : quinze exemplaires sur papier de Hollande

numérotés de i à J5, trente exemplaires sur papier pur fil

Outhenin Chalandre numérotés de 16 à 45,

l'édition originale a été imprimée sur papier vélin à cent exemplaires numérotés de 46 à 145.

Droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays.

Copyright 1935. by ERNEST FLAMMARION.

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A PIERRE LA V AL

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COMMENT FUT AIMÉE L'IMPÉRATRICE JOSÉPHINE

Première Partie

I. — UN BERCEAU SOUS LES PALMES

Il faut une heure et demie, de Fort-de-France, pour traverser en pirogue la baie, et parvenir au petit bourg de la Martinique qui se nomme les Trois-Ilets.

C'est là que Joséphine Tascher de la Pagerie naquit le 23 juin 1763.

Le père, ancien officier, était devenu un gentil- homme agriculteur qui se promenait, la canne à la main et l'épée au côté. Ce vieux seigneur avait perdu son patrimoine au jeu, comme beaucoup de ceux qui habitent les Antilles. Après une jeunesse frivole et insouciante, il était parvenu à une maturité sans dou- ceur. Il souffrait de l'estomac. Il était harcelé par toutes sortes de manies qui gâchaient sa vie.

M. de la Pagerie trouvait sans cesse à redire, même lorsqu'on faisait ce qu'il avait souhaité quelques heures auparavant. Les esclaves, dociles, obéissaient

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à ses ordres contradictoires. Ceux chez qui l'on n'a pas développé le discernement ne souffrent pas des effets de la tyrannie.

Quelquefois encore, malgré la maturité de son âge, M. de la Pagerie usait de son privilège de maître pour faire comprendre à une jeune esclave qu'il était en état de s'intéresser à elle, à l'abri complaisant d'un buisson.

— Oui, missié... Moi vini, répondait la petite fille, avec un bon rire ingénu qui découvrait toutes ses dents entre les lèvres violettes.

Le buisson remuait un peu. Puis reparaissaient la petite fille, contente d'avoir reçu la promesse d'un bijou, et M. de la Pagerie, mécontent d'avoir trompé sa femme.

Mais dans la mollesse tropicale, dans cet air par- fumé qui dispose à l'amour, la fidélité n'est guère possible.

Cet air-là, Joséphine l'avait respiré durant toute sa jeunesse. Il explique et il excuse la facilité qu'elle fit paraître quelquefois dans les choses de l'amour.

Petite fille gentillette et souriante, Joséphine était un objet d'admiration pour tous les ménages créoles des environs.

Les trois premières années de sa vie se dévelop- pèrent à la Martinique, dans un décor de lianes, à l'ombre des fougères arborescentes qui donnent l'im- pression d'un paysage millénaire hanté par les lézards volants, les plésiosaures et les diplodocus. Et son petit doigt potelé désignait, d'un geste heureux et vague, tantôt un oiseau-mouche planant près de la corolle d'une fleur, d'un vol palpitant et immobile, tantôt les montagnes de la Martinique, diaprées, si bleues, si vertes et si roses qu'elles semblaient de géantes opales découpées.

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II. — LE MANTEAU D'ABEILLES

A l'heure de midi, le soleil est dur à supporter, aux Antilles. Tout s'anéantit dans une torpeur qui s'im- pose aux animaux et aux insectes aussi bien qu'aux hommes.

Mais les petites filles, quand elles se sont mis en tête d'accomplir quelque méfait, se soucient peu des exemples qu'elles reçoivent.

C'est ainsi que Joséphine, accompagnée de trois négrillonnes qui lui tenaient lieu à la fois de servantes et de compagnes, se glissèrent à pas de souris dans le grenier de la sucrerie dont on leur avait défendu l'accès.

Il y avait des sacs de voyage en tapisserie, des robes à paniers dont l'usage commençait à se démo- der, des malles de cuir à gros clous, des muselières destinées à empêcher les esclaves de manger les cannes à sucre, un parapluie à grosses baleines gar- nies de cotonnade rouge, des coffres peints, et sur- tout des vieilles nippes appartenant à Mme Tascher de la Pagerie, et dont elle n'avait pu se décider à faire des chiffons.

Les quatre fillettes gravirent l'escalier, s'arrêtant, le cœur bondissant d'émoi, chaque fois que craquait une marche. Enfin, elles parvinrent dans ce paradis défendu.

Longtemps, elles feuilletèrent de vieilles paperasses, dérangèrent des caisses, ouvrirent des boîtes, se firent des bandeaux ou des bracelets avec des brins de rubans.

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Mais il fallait que ce jeu prît fin. Partout, les siestes s'achevaient. Le soleil n'était plus au zénith. Par une lucarne que les petites avaient ouverte, on voyait déjà s'allonger des ombres aux pieds des pal- miers.

« C'est beau, ça! » dit une petite négresse en désignant un lambeau d'étoffe pourprée qui pendait à un clou.

— Attends, dit Joséphine. Tu vas voir ! Je vais m'en faire un manteau.

Mais, à cinq ans, on n'est pas bien haute. Soutenue par les trois gamines, elle échafauda un

tabouret sur la carcasse d'un fauteuil. Et, tremblant de son audace, tirant un peu la langue à force d'atten- tion passionnée, elle parvint à décrocher l'étoffe. Les petites négresses s'en emparèrent tour à tour, comme des chiens qui jouent. L'une s'en fit un pagne, l'autre une jupe. Joséphine, avec l'autorité que lui conférait sa couleur, déclara :

— Donnez-moi ça ! Alors, rejoignant sur sa poitrine les deux pans de

l'étoffe, elle s'en couvrit comme d'un manteau, et se mit à marcher cérémonieusement dans le grenier.

Mais une sorte de ronflement grandissait sous les poutres du toit. Un essaim d'abeilles venait d'entrer par la lucarne. Bruissant, butant contre les murs, les bêtes blondes formaient une incessante rumeur.

— P'ends ga'de qu'elles piquent ! crièrent les petites négresses à Joséphine.

Elles s'étaient réfugiées près de la porte, prêtes à redescendre dès la première marque d'irritation.

Les insectes, alourdis encore par la chaleur, n'avaient rien de menaçant. Quelques-uns, fatigués de voler, se posèrent çà et là sur la grande étoffe rouge où la petite Joséphine s'était drapée comme dans un manteau impérial. Et elle, immobile, étonnée, tour-

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nant la tête vers son épaule, s'aperçut que son grand manteau de pourpre était semé d'abeilles...

III. — L'HEURE DU BAIN

C'est dans un paysage de printemps, au bord d'un ruisseau qui coulait sous des ramures d'où pendaient des lianes aussi nombreuses que les cordages d'un navire, que Joséphine, le jeune Alexandre de Beau- harnais et trois petites négresses s'ébattaient jloyeu- sement.

Alexandre de Beauharnais était le fils d'un gou- verneur de la Martinique. Son père avait été rappelé en France. On l'avait confié, avec sa nourrice de couleur, aux soins du ménage La Pagerie, qui le conserva jusqu'à l'adolescence.

A onze ans, Alexandre de Beauharnais jouait parmi les enfants le rôle de chef de famille. Il régnait avec autorité sur Joséphine, qui n'avait que huit ans, et sur ses deux jeunes sœurs. Il les gourmandait quand elles s'éloignaient trop. Puis, soudain redevenu gamin, il barbotait dans l'eau avec elles.

Elles poussaient des cris de joie, se relevaient, se poursuivaient en trébuchant sur les galets.

Parfois, Joséphine s'en allait un peu à l'écart, en un endroit où le cours du ruisseau formait une anse et où l'eau reflétait les branches et le ciel. Elle avan- çait en se mirant. Elle se penchait un peu, tandis que des cercles s'élargissaient autour de ses mollets. Les bras croisés sur sa poitrine, elle regardait l'image de ses épaules minces, des cheveux blonds qui, de deux nattes, encadraient son visage. Elle se souriait. Elle se trouvait jolie.

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Soudain : — Alexandre ! Méchant !... Je le dirai à maman... Alexandre, par taquinerie, s'était sournoisement

avancé par derrière, et, plaquant ses mains sur la surface de l'eau, avait fait jaillir des gouttelettes sur tout le dos de sa petite cousine.

IV. — PLUS QUE REINE

Joséphine s'en allait souvent dans la savane, de grand matin, à l'heure où un vieux nègre souffle dans un énorme coquillage transformé en trompette pour appeler les travailleurs aux champs et au moulin à canne.

Elle parcourait le village fait de cases de bois gri- sâtre, bavardait avec des négresses coiffées d'un fou- lard éclatant. Elle s'en allait regarder les laveuses qui battent le linge, le tordent, le mettent en boule, contre le rocher noir, pour expulser l'eau de savon. Elle suivait par la pensée les porteuses qui, la tête chargée d'une bouteille, s'en vont sur les routes, pieds nus, fumant la pipe.

Une de ces femmes-là, un soir, à l'heure où le ciel devient mauve et vert, fit à la petite créole une prédiction.

Cette vieille caraïbe était au pied d'un manguier. Elle s'était arrêtée là, blessée par une épine qui s'était fichée dans son orteil. Mais, à demi-aveugle, elle ne parvenait point à la découvrir, et elle se tâtait le pied en s'adressant aux nuages, aux arbres, aux montagnes, au bleu de la mer, aux couleurs du ciel, pour intimi- der l'esprit du Mal en lui donnant l'impression qu'elle n'était pas seule.

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Joséphine, d'une épingle détachée de sa robe, expulsa l'épine.

La caraïbe affirma : — Li bon Dieu li rend'a à toi tout ça bien qui tu

m'as fait... Elle fit errer ses regards incertains sur l'enfant

dont la robe blanche bleuissait dans le crépuscule, et prononça lentement :

— Moi di'e à toi bonne aventu'e... Toi g'ande dame, beaucoup esclaves, beaucoup amou', et beau- coup chag'in... Un g'and homme li bon pou' toi. Toi plus que reine...

— Qu'entends-tu par là ? dit l'enfant qui souriait. — Plus que reine, répéta la vieille négresse avec

insistance. Tandis qu'elle revenait vers l'habitation, Joséphine

se répétait ces mots mystérieux. Etre reine, n'est-ce pas ce qu'on peut espérer de

mieux au monde ? Plus que reine ne signifie rien. Qu'elle était sotte, cette vieille femme!...

V. — JOSÉPHINE ET SA COUR

Quand elle eut passé sa dixième année, M"" de la Pagerie cessa de ne se complaire qu'en des jeux enfantins.

Elle regrettait son cousin Alexandre, appelé en Europe.

Maintenant, la petite fille devenait coquette. Elle aimait les parures, les chemises brodées, les brace- lets gravés, les « colliers-choux », faits de perles de métal ciselé, les boucles d'oreille, les épingles à

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pendeloques qui tremblent sur les madras, les peignes à glands d'or.

Elle avait une cour de petites négresses qui se nommaient Avrilette, Robertine, Francillette, Cathari- nette, Caroline.

Cette assemblée, docile à ses caprices et pleine de révérence pour tout ce qu'elle disait, admirait la jeune blanche qui, par la vertu de sa race, devait, assurément, ne dire que des choses vraies. Les yeux d'émail noir la regardaient, grands ouverts. Les petites bouches aux lèvres mauves s'entr'ouvraient d'admira- tion sur des dents d'un blanc pur. Les petites mains simiesques à paume pâle se croisaient comme pour remercier Dieu d'avoir envoyé aux Iles une maîtresse à la voix aussi mélodieuse, une maîtresse si bonne, si douce, et si savante.

Quelquefois, l'enfant amenait sa cour à l'escalade des roches de basalte, à la recherche des fleurs d'hi.. biscus. Parfois, elle se faisait promener dans un hamac, ou s'embarquait sur une pirogue légère.

Le dimanche soir, à la lueur des torches, elle dan- sait la biguine, avec des négrillons.

Mlle de la Pagerie leur donnait le ton. Elle s'exer- çait à régner. Ignorant tout, car on ne lui avait rien appris, elle possédait la seule connaissance utile, celle du oœur humain.

VI. — ABÉLARD ET MESSALINE

L'enfant était très sensible, à treize ans, aux choses de la nature.

Souvent elle s'en allait, seule, à l'écart de l'habi- tation, le soir. Elle regardait, lors du coucher du

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soleil, à contre-jour, le paysage de pitons et de pics semblable à une assemblée de fantômes en nacre sombre.

Le spectacle des mouches de feu commençait alors. Dans l'air une étincelle s'allume. Un feu follet semble en faire naître d'autres. Ces points de feu volent si vite qu'ils semblent tracer des lignes phosphores- centes. Ils dessinent de grandes courbes avec une molle lenteur. Ils s'élancent, se rencontrent, et strient l'ombre de velours bleu.

C'est par un de ces soirs-là que Joséphine fut témoin d'un spectacle qui lui parut surprenant.

Sous le buisson dentelé d'un jeune poivrier, elle vit que quelque chose remuait.

D'abord, elle eut peur, croyant à la présence de quelque bête mystérieuse. Car, dans le demi-jour, elle voyait une masse agitée. De plus, elle entendait des bruits bizarres, faits de halètements et de gémisse- ments rauques.

Partagée entre le désir de fuir et la curiosité, elle demeurait là. Les mouches de feu étaient devenues si nombreuses que, maintenant, on pouvait y voir comme s'il avait fait clair de lune.

Non, ce n'était pas une bête qui se trouvait en ce lieu. C'était le nègre Abélard et la négresse Messa- line.

Que faisaient-ils donc là, tous les deux, entrelacés comme s'ils avaient voulu lutter ensemble ?

VII. — « FLIRT »

Joséphine, à quinze ans, n'était pas ce que l'on peut appeler une jolie enfant.

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Si ses mains avaient de la finesse, si ses pieds étaient cambrés, son corps ne s'était point dégagé des incertitudes physiques de l'adolescence. Ses bras étaient charnus, sa taille épaisse. Sa figure poupine n'annonçait point cet ovale parfait qui, plus tard, aurait tant de séduction.

Pourtant, elle avait déjà le désir de plaire, des façons choisies, de la coquetterie, et même de l'esprit.

Par ces moyens elle se rendit agréable à un grand garçon aux cheveux pâles, aux muscles durs et à la peau de jeune fille, qui lui servait souvent de compa- gnon durant ses promenades.

C'était un Anglais. Son père, négociant londonien de la City, l'avait

envoyé aux Tropiques pour tâcher d'éveiller en lui le goût du commerce.

Mais ce jouvenceau athlétique ne s'occupait guère du prix des ballots de coton ou des sacs de café. Il lisait Ossian et contemplait chaque soir le coucher du soleil, avec cette disposition à l'habitude que les Bri- tanniques savent si bien associer aux choses de la beauté, et même de l'amour.

Pas une fois il n'adressa à Joséphine une parole où s'exprimait une sollicitation. Pas un de ses gestes ne fut plus précipité ou plus hardi.

Pourtant, il était amoureux d'elle. Il devait toute sa vie rester fidèle à ce souvenir.

VIII. — LA VERTU SE DÉFEND

Un dimanche, à l'église des Ilets, les planteurs des environs, en habit blanc, assistaient au Saint-Sacrifice, battant de l'éventail, sous les rayons du soleil qui

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coloraient les vitraux. Quand la cérémonie prenait fin, ils sortaient, clignaient des yeux, aveuglés par l'excès de la lumière, puis se hâtaient vers les voi- tures à parasols ou vers les balancelles dont de robustes noirs tenaient sur les épaules les supports de bambou.

Ce fut là que, pour la première fois, Mlle de la Pagerie remarqua un jeune officier au régiment de la Martinique nommé Tercier.

Son uniforme lui allait bien. Il était capitaine. Il avait grand air en descendant de cheval. Son salut à M. de la Pagerie, et la façon dont il s'était présenté, marquaient qu'il était bien né, et qu'il avait du monde.

— Mademoiselle votre fille, sans doute..., avait-il dit, en s'inclinant devant Joséphine.

A quinze ans, Mlle de la Pagerie était déjà formée, comme il arrivait pour beaucoup de créoles. Sa peau paraissait aussi lisse que le marbre poli. Ses beaux yeux bleus aux paupières arquées et aux longs cils avaient de la douceur. Des cheveux blonds, aux boucles légères, encadraient son visage.

Elle était mise avec une simplicité à laquelle sa grâce donnait l'apparence du luxe.

M. de la Pagerie avait de la sympathie pour tous ses frères d'armes. Il invita le capitaine Tercier à partager le modeste repas de famille toutes les fois qu'il en aurait le désir.

Le lendemain, vers midi, à l'heure du dîner, on vit paraître le beau capitaine. Il fut assis, à table, près de Joséphine. Il se montra plein d'attentions pour elle, et surtout pour M1118 de la Pagerie, et par- vint ainsi à gagner tous les cœurs.

Depuis, l'officier et la jeune fille se rencontrèrent fréquemment.

Quand elle trottait sur son petit cheval dans les

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forêts, après avoir dit, fort exactement, la veille, quel serait son itinéraire, elle feignait beaucoup de sur- prise en voyant paraître le capitaine Tercier. Tous deux attachaient leur monture au tronc d'un baobab et s'engageaient côte à côte sur une piste feutrée et spongieuse. Ils cheminaient, longuement, dans le demi-jour vert causé par la transparence des feuilles. Elle avait un peu peur. Quand descendait une arai- gnée au bout de son fil, elle se pressait contre son compagnon. Il la serrait alors avec un geste de pro- tection que ne justifiait nul péril.

Un jour, Joséphine et le capitaine Tercier furent surpris par la pluie. Il se dépouilla de sa tunique pour abriter la jeune fille. L'étoffe ne tarda pas à être transpercée. Mais l'air était si tiède que tous deux s'amusèrent de cet accident.

Avec autant de promptitude pour s'interrompre qu'elle en avait eue pour commencer, la pluie s'arrêta.

— N'ayez point de souci, mademoiselle, dit le capitaine. Nos vêtements vont sécher. Mais il fau- drait les exposer à la brise...

C'était un bon prétexte pour explorer tout ce que la robe de Joséphine cachait décemment aux regards.

L'officier, expert sans doute dans l'art des recon- naissances, fit en sorte d'être exactement renseigné sur l'état de développement de la compagne à laquelle il protestait de ses sentiments fraternels.

Mais Joséphine, doucement, tranquillement, de sa voix mélodieuse, lui fit entendre qu'elle ne risquerait d'être incommodée que dans la mesure où l'on s'oc- cuperait de sa santé avec un soin excessif.

Le capitaine, habitué à la facilité que lui témoi-

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gnaient la plupart des femmes créoles, marqua d'abord un peu de surprise, mais n'insista point.

Depuis ce jour, il servit de guide à Joséphine pour des excursions dans les mornes, pour des promenades en canoë sur les rivières ou dans la baie. Mais il ne poussa pas plus avant ses hardiesses.

Plus tard, quand il composa ses mémoires, il donna à entendre que, sous les belles nuits des tropiques, cette jeune fille lui avait été favorable.

Mais ces mémoires-là, il les a écrits après la mort de Joséphine. Et Joséphine avait été couronnée.

Il est toujours flatteur de se vanter d'avoir joué un rôle, fût-ce pour un soir, dans la vie d'une impé- ratrice.

IX. — AH ! ALLER EN FRANCE...

Mme de la Pagerie avait, à Paris, une sœur, Mme Re- naudin, qui, parfois, décrivait l'agrément que l'on éprouve en France, séjour du luxe, de la prospérité, de l'esprit, des amusements.

Joséphine savait que les jeunes créoles, quand elles sont riches, trouvent là-bas des maris. Elle savait aussi que, lorsqu'elles sont pauvres, elles n'y ont pas moins chance de plaire.

Combien il doit être plus agréable de séjourner là- bas qu aux Trois-Ilets, dans la société de voisins médiocres, parmi les embarras d'argent! Est-ce vivre que de rester allongée sur le hamac ou la chaise longue, dans la moiteur des printemps tropicaux ? Pourquoi se marier aux îles avec un colon ? Pour- quoi ne pas aller habiter dans un château, séjourner à la cour du roi Louis XVI, porter des bijoux et des

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dentelles, connaître des hommes d'esprit, puissants et riches ?

Cela ne vaudrait-il pas mieux que d'entendre par- ler des récoltes de café et de canne à sucre, et de vivre entre une mère morose et un père toujours bougon ?

X. — PETIT COUSIN DEVIENDRA GRAND

Mme Renaudin, sœur de Mme Tascher de la Pagerie, et qui résidait en France, était marraine du jeune Alexandre de Beauharnais, le compagnon d'enfance de Joséphine. Elle lui avait servi de mère.

Celui-ci était devenu un grand et beau garçon. A seize ans, il avait pris rang dans la première compa- gnie des mousquetaires, et s'était affublé d'un titre de vicomte, que personne n'avait songé à lui disputer.

Alexandre aurait bien voulu s'émanciper et jouir de la fortune héritée par sa mère. Mais il fallait pour cela qu'il prît femme.

Mme Renaudin se proposa de le marier à la sœur cadette de Joséphine.

M. de la Pagerie se concerte avec sa femme. Il va accepter. Par malheur, la petite fille est enlevée par une fièvre maligne.

Nouveau conciliabule. Pourquoi ne pas offrir la troisième sœur, Marie-Françoise ?

— Elle est trop jeune, en vérité ! répond Mme de la Pagerie.

— Alors, pourquoi pas Joséphine ? reprend le père de famille.

Soit. On écrira en France cette proposition. Mme Renaudin n'en est pas à une nièce près. Elle

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répond : « Arrivez avec une de vos filles, ou avec les deux. Ce qu'il nous faut, c'est une enfant à vous. »

Et l'on s'embarque avec Joséphine.

XI. — VERS LE FIANCÉ

Sur le quai s'entassaient les malles et les sacs de M. de la Pagerie, de la tante Rosette, de Joséphine. Un petit ballot d'étoffe jaune contenait la robe de rechange qui formait toute la fortune de la négresse Euphémie. Deux perruches et un singe complétaient les bagages.

Ces passagers allaient prendre place sur VIle-de- France. que devait convoyer la frégate La Pomone.

L'automne était venu. Un ciel doré se reflétait dans la mer calme. Les deux vaisseaux, aux voiles gon- flées, quittèrent doucement le port.

A bord, l'installation manquait de commodité. Les cabines étaient puantes. Les hamacs formaient des couches dures, dont la corde meurtrissait la peau. Un lumignon oscillant ne parvenait pas, la nuit, à inti- mider les rats. Et la nourriture, faite exclusivement de salaisons, causait une soif que l'eau tiède, battue dans les barils où on la conservait, étanchait assez mal.

Joséphine, toute à son espérance, tolérait ces petites misères. M. de la Pagerie les trouvait insupportables. Il

souffrait de l'estomac. Il était incommodé par des gaz et des aigreurs. Après le repas, il devait rester étendu. Ses digestions étaient accompagnées de bruits intérieurs qu'il déguisait par des toussements, car il avait de l'urbanité.

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La navigation devint difficile. Le ciel s'assombrit, s'alourdit. Des vagues attaquèrent le navire, et creu- sèrent sous sa coque des abîmes verdâtres.

Enfin, après treize jours de tempête, VIle-de-France et La Pomone rencontrèrent des eaux plus calmes.

Mais, cette fois, un nouveau péril menaçait : les Anglais.

Si un de leurs vaisseaux avait paru à l'horizon et avait voulu s'en prendre à VIle-de-France, le sort du navire et de son équipage se fût trouvé bien com- promis.

Matin et soir, le capitaine, un bel homme en culotte et coiffé d'un vaste tricorne, prêtait sa longue- vue à Joséphine pour qu'elle pût se rendre compte qu'aucun navire ennemi ne paraissait à l'horizon. Le reste du temps, pendant que M. de la Pagerie vagis- sait et gémissait dans sa cabine, Joséphine, enroulée de schalls, demeurait à l'avant du navire. Elle avait l'impression qu'il marchait avec trop de lenteur.

Elle souhaitait d'aborder vite, de quitter ce plan- cher mobile, et de recevoir, de celui qui devenait un fiancé, un baiser permis!

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Deuxième Partie

I. — LA ROUTE DE PARIS

La France est en vue! Bientôt, après tant d'épreuves, l'Ile-de-France et La Pomone se trouve- ront dans la rade de Brest ! Déjà le débarquement se prépare. Les bagages de Joséphine, des caisses, la cage du singe Saphir, celle des perruches, le petit ballot d'Euphémie, la malle cloutée de M. de la Page- rie, le coffre de la tante Rosette, sont là, sur le pont, parmi les cordages. Le capitaine, rougeaud sous sa perruque poudrée, a mis un gilet brodé de fleurs bleues. Les hommes peignent leur collier de barbe. On lave le navire à grande eui pour sa toilette d'ar- rivée. Partout règnent l'agitat on et la bonne humeur. Il n est pas un coin du navire où quelqu'un n'astique en chantant.

Une petite pluie d'octobre, froide et obstinée, effa- çait l 'horizon, imprégnait les étoffes, collait par petites touffes les poils du singe Saphir et les plumes des perruches qui se serraient l'une contre l'autre comme pour retrouver un peu de la chaleur natale, dans ce pays de brume et de froid.

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— Où est mon fiancé ? demandait Joséphine à M. de la Pagerie.

— Patience, ma fille ! Nous le verrons tantôt. La marée était basse. On ne put approcher des

quais. Il fallut débarquer à dos d'homme. Par une indocile échelle de corde les passagers descendirent le long du navire. Des marins, dans l'eau jusqu'à la ceinture, reçurent hommes et femmes sur les épaules, à califourchon. En clapotant, ils les déposèrent l'un après l'autre sur la berge.

Triste cortège que celui de M. de la Pagerie, tous- sotant et geignant, de Joséphine regardant cette France qu'elle croyait prestigieuse, et qui lui appa- raissait avec sa crasse et sa tristesse ; de la tante Rosette, qui n'avait pas voulu se séparer de ses bagages, et qui geignait sous leur poids ; d'Euphé- mie, encombrée par les cages des perruches et du singe. On eût dit une troupe de baladins. Des gamins, pieds nus, accompagnaient les voyageurs avec des cris, des sifflets, et des plaisanteries faites en cette langue bretonne qu'aucun des nouveaux venus n'en- tendait.

Tandis que cette troupe transie errait à la recherche d'une auberge, Joséphine, presque en larmes, deman- dait à son père :

— Et mon fiancé ?...

II. — LE BEL ALEXANDRE

Elle était bien timide, la petite Joséphine, quand Qn la mit pour la première fois en présence de celui qui allait devenir son mari !

Quel changement en lui, depuis les Ilets !

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Il avait une figure agréable, une stature élancée, des épaules larges, une taille fine, des mains aux doigts longs, un parler dont l'élégance et la noblesse faisaient impression. Et il était vicomte! Et il avait quarante mille livres de rente!...

La jeune fille s'émerveillait. Elle se demandait comment un si bel homme avait pu songer à elle. Sa stupéfaction s'exprimait par un silence obstiné. Elle ne savait répondre que « oui, monsieur... non, mon- sieur », rougir, baisser les yeux, toucher l'étoffe de sa robe, se mordre la lèvre, rire sans raison.

Le bel Alexandre la regardait avec curiosité. Il ne la trouvait point jolie. Elle lui paraissait empâtée, gauche, un peu niaise, de cette niaiserie juvénile que seule la fraîcheur de la jeunesse peut faire excuser.

— Vous rappelez-vous nos promenades, quand nous étions enfants, à la Martinique?...

— Oh oui, mon cousin... — Et nos baignades dans le torrent, avec nos

petites amies les négresses... Le temps maussade que vous trouvez ici doit vous faire regretter le beau soleil de là-bas...

— Oh oui, mon cousin... — Le petit singe et les perruches n'ont pas trop

souffert durant la traversée?... — Oh non, mon cousin... — Eh bien, Alexandre, disait Mme Renaudin qui

se montrait quelquefois gaillarde à la manière des grandes dames du XVIII. siècle, qu'attendez-vous pour faire connaître à mademoiselle autrement que par des paroles que vous êtes son fiancé ?

Alexandre se pencha vers la jeune fille et la baisa sur la joue.

Mieux que cela ! dit Mme Renaudin en riant. Délicatement, il mit un baiser prolongé sur le

cou de Joséphine, qui frissonna et ferma les yeux.

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Quand elle fut seule avec lui, Mme Renaudin demanda : — Eh bien, Alexandre, qu'en pensez-vous ? — Je ne sais pas s'il faut la juger trop policée

ou trop sauvagesse... Mais elle a été certainement sculptée dans un bloc de bois des îles... Je n'ai jamais vu de fille plus insensible... — Vous la formerez...

— Ce sera mon devoir plus que mon plaisir... Quelle idée, de me chercher une femme là-bas!

— Demain, le voyage vous fera bons amis... Dès le lendemain, dans une berline, s'installaient

M. de la Pagerie, engoncé dans son carrick à mul- tiples collets, la complaisante Mme Renaudin, la tante Rosette, Joséphine, le brillant Alexandre, la négresse Euphémie, le singe et les deux perruches.

Un vent aigre soufflait. Des rafales de neige cin- glaient les vitres.

Par longues étapes, les voyageurs, mal reposés en des lits durs, glacés de froid dans la voiture en dépit de la paille qu'on y avait entassée, moulus par les cahots, exaspérés de ce tête-à-tête forcé qui durait du matin jusqu'au soir, en arrivèrent à vivre dans une sorte de perpétuelle somnolence.

La neige du sol fut remplacée par une boue épaisse au milieu de laquelle pataugeaient des chevaux et des piétons englués jusqu'aux chevilles. La voiture s'était engagée entre des façades lépreuses et rapprochées. Des ordures s'amoncelaient de toutes parts. On avait une impression de tristesse, de cohue et de misère.

— Enfin! soupira la tante Renaudin. Nous voici arrivés à Paris...

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III. — L'HYMEN SOUS LA NEIGE

C'est à la toute petite église de Noisy-le-Grand que le mariage de Joséphine et d'Alexandre fut célébré, le 13 décembre 1779.

La cérémonie n'eut point la majesté que la jeune fille avait espérée.

On avait signé le contrat trois jours plus tôt, dans le triste hôtel où la jeune créole avait été logée lors de son arrivée à Paris. La cérémonie avait été quelque peu hâtée, car il était difficile de faire fond sur la stabilité d'esprit d'Alexandre.

La tante Renaudin, pleine d'activité, avait couru les boutiques, choisi les toilettes, fait les frais du trousseau. Et tout le bonheur conjugal de Joséphine, celle-ci le goûta avant le mariage, en touchant ces dentelles, ces bijoux, ce linge fin, qui désormais allaient former ses toilettes et ses parures.

Dans ses rêves d'enfant, elle avait souhaité un hymen au son des orgues, parmi de nombreux sei- gneurs, et suivi d'une fête somptueuse.

Or, la cérémonie eut tous les signes de l'intimité. Les jeunes époux avaient élu domicile dans la très modeste demeure dont la tante Renaudin avait fait „ présent à Alexandre : une maison de campagne sans terre, une sorte de vide-bouteille, quelque chose comme un pavillon de chasse, entouré d'arbres rabou- gris dépouillés par l'hiver.

Le jour des noces, il neigeait. Un cortège d'une dizaine de personnes emmitoufflées dans des mantes et des capuchons accompagna les époux à l'église. Au retour, on s'efforça de dégourdir, à force de bûches

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flambantes, l'air de la salle du bas où eut lieu un repas qui n'avait rien d'un festin.

Le soir, quand Alexandre de Beauharnais se pressa contre la vierge qui devenait sa femme, ce fut autant pour se montrer bon mari que pour se réchauffer.

IV. — LUNE DE MIEL

Alexandre de Beauharnais avait dix-neuf ans. José- phine en avait seize. Depuis deux ans, il avait pris du service militaire dans le régiment de son parent, le duc de La Rochefoucauld. Son uniforme était d'une couleur sobre et plaisante : argent et gris.

L'amour qu'il avait pour le plaisir et l'habitude qu'il en avait prise lui donnaient une assurance à laquelle MUo de la Pagerie fut sensible.

Docile aux volontés de sa marraine, il s'était marié. Mais il lui paraissait pénible d'avoir une femme qui ne fût pas instruite. Joséphine ne connaissait pas plus l'histoire, les mathématiques et les lettres, qu'un oiseau-mouche ne peut connaître de latin. Or, Alexandre, lui, se piquait de haute culture. Il avait eu pour précepteur un sieur Patricol, formé à l'école des philosophes, tout imprégné des théories de Jean- Jacques Rousseau. Ce Patricol avait fait de son élève un aristocrate sensible, soucieux d'égalité et de phi- lanthropie, admirant la Nature, et professant qu'il faut en respecter toutes les manifestations.

C'est pourquoi, le premier jour où l'idée lui vint de tromper sa femme, il le fit sans aucun scrupule, considérant que la Nature avait parlé.

En rentrant, il demanda : — Qu'avez-vous fait aujourd'hui ?

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— Rien, répondait la jeune créole. Je me suis promenée dans Paris pour me distraire.

— Avez-vous recommencé à vous remplir les poches des bijoux de votre corbeille pour vous donner la joie de les tâter en marchant ?

Joséphine baissa le nez. — Je ne les avais pas tous emportés, mon ami. — Vous auriez beaucoup mieux fait de vous former

l'esprit et la mémoire. Haussant les épaules, il détournait la tête.

Cette petite épouse ignorante, aux façons de pro- vinciale, se permettait quelquefois d'être jalouse.

— Alexandre, vous ne sentiez point la bergamote quand vous êtes sorti, après dîner...

— Quelle sotte façon vous avez, ma chère, d'aller reniflant partout! Sont-ce là les façons d'une dame?

Puis, sentencieux à la façon de son maître Patricol, il déclarait :

— Tâchez plutôt d'acquérir des connaissances pour vous élever au-dessus des autres femmes, et de joindre la science à la modestie. Les talents que vous cultiverez en y sacrifiant une partie de la journée vous permettront de réunir l'utile à l'agréable.

— Oui, mon ami, répondait Joséphine, avec doci- lité. Elle ouvrait alors un livre, tant qu'elle sentait

les regards de son mari fixés sur elle. Mais dès qu'il détournait les yeux, elle se hâtait de prendre son plaisir à suivre la marche d'une mouche sur le carreau, le passage d'un carrosse sur les pavés, ou le va-et-vient des piétons dans cette rue étroite qu'on voyait de leur demeure, et qui se nommait la rue Gratte-Cul.

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V. — NUAGES SUR LA LUNE

Remorquer dans la vie une femme sans argent, sans naissance et sans éducation, n'a rien qui soit de nature à encourager un époux, à moins qu'il n'ait la vocation du sacrifice.

Joséphine, venue du pays du soleil dans le pays du ciel gris fut comme une fleur transplantée. Au début, elle demeura crispée, repliée sur elle-même, et comme flétrie.

Elle grelottait sans cesse, durant ces mois de février et de mars qui furent les mois de sa lune de miel. Elle s'étonnait de ne pouvoir obtenir de fruits et de n'avoir pour nourriture que des ragoûts épais, fades, sans épices.

Son mari ne l'avait présentée nulle part. Il ne l'avait point menée dans les maisons où il était accueilli. Quand il s'y rendait pour une soirée de danse ou de musique, toute la faveur qu'il accordait à la jeune Mme de Beauharnais était qu'elle eût droit de veiller à ce que les habits de monsieur, ses jabots, ses manchettes, ses bas de soie, fussent préparés bien en ordre sur le lit, les soirs où il sortait sans elle.

Elle l'attendait, s'endormait de fatigue près de la bougie qui se consumait lentement. Il rentrait au petit jour.

— Avez-vous pris du plaisir, mon ami ? — Oui, disait-il, en bâillant et en s'étirant. Mais

je suis bien fatigué. Elle se relevait pour l'aider à se dévêtir et pour

mettre en ordre ses effets. Puis elle revenait se coucher près de lui.

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Il prétextait l'épuisement pour se tourner bien vite du côté de la ruelle et céder à un sommeil pesant.

Une fois la bougie coiffée de l'éteignoir, elle res- tait immobile, les yeux ouverts, écoutant dans l'ombre cette respiration d'homme qui dort, forte, dont rien ne modifiait la régularité, et qui marquait si bien l'indifférence.

D'autres fois, Alexandre, stimulé par le souvenir d'une jolie femme qu'il avait tenue dans ses bras en dansant, se montrait en veine de galanterie conju- gale. Mais il jugeait que son rôle d'époux s'était arrêté le jour de l'initiation. Il ne pensait plus qu'à lui- même.

Alarmée à l'idée qu'elle ne parviendrait pas à le suivre assez vite dans le rythme du plaisir, elle s'em- ployait de toutes ses forces à lui donner l'impression qu'elle n'était pas inexperte. D'avance gémissante, elle appelait la sensation qu'elle eût voulu partager. Elle s'attachait à lui quand il voulait reconquérir son indépendance, s'évader du plaisir.

— Restons encore, Alexandre... Restons ainsi... C'est si doux... C'est si bon...

Mais il se tournait, à son habitude, contre le mur, et trouvait toujours quelque sentence touchant l'hy- giène, le devoir, la prudence et les avantages de la modération.

Un soir, elle l'attendit en vain. Il ne rentra pas. Le lendemain, à l'heure du dîner, il reparut, et,

sans chercher une excuse, prononça des paroles solen- nelles pour affirmer qu'une épouse doit veiller sur son foyer sans se prévaloir d'un droit de contrôle à l'égard du chef de famille.

Comme elle pleurait, il la prit par les épaules et lui dit solennellement :

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— Vous êtes la femme d'un soldat, et non une petite maîtresse... Prenez exemple sur les héroïnes antiques... Songez à Cornélie... Et, plutôt que de vous laisser aller aux vapeurs, cultivez en vous les vertus familiales.

A quelque temps de là, Joséphine s'aperçut qu'elle était enceinte. Son mari en témoigna beaucoup de satisfaction. — Maintenant, ma bonne amie, déclara-t-il en la

baisant au front, il faut observer l'un et l'autre les plus grands ménagements, et ne rien faire qui serait de nature à nuire au développement de l'être que la Providence nous envoie pour hériter notre nom...

VI. — LE PETIT SINGE EST MORT

Joséphine avait apporté de la Martinique deux per- ruches et un petit singe.

Grâce à ces animaux-joujoux, elle retrouvait par- fois cette impression de douceur qu'elle avait ressen- tie durant son enfance, à voir les oiseaux aux bril- lantes couleurs vivre en liberté parmi les arbres de la Martinique.

Dans une cage aux barreaux de bois doré, elle avait logé les deux perruches. Les petites bêtes, qui conversaient perpétuellement en leur mystérieux lan- gage, collées l'une contre l'autre, étaient devenues familières. Elles venaient délicatement du barreau sur le doigt qu'on leur tendait, et picoraient des grains avec de coquets mouvements de la tête.

Mais l'une d'entre elles fut trouvée un matin dans un coin de la cage, ternie comme une fleur fanée. couchée sur le dos, les pattes raides.

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DERNIÈRES NOUVEAUTÉS AUBRY (OCTAVE)

Sainte-Héléne (25, m.l. Tome 1 : La captivité de Napoléon. Tome II : La mort de l'Empe- reur, les 2 volumes 25 »

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à travers un homme 10° m.). 12 » BILLY (ANDRÉ)

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Priaid. de la Comm. d'enquête du 6 février Les journées sanglantes de fé- vrier 1931. (Pages d'histoire). 12 » BORDEAUX (HENRY), de VAcad. française

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TRILBY (T.) Bouboule dans la tourmente,

roman (12 mille 12 » VALENCE (ODETTE)

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Hemmerlé, Petit et C". 17766-4-35.

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