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/ 1 Paul-Clément Jagot COMMENT GUERIR PAR LE MAGNETISME Traité théorique et pratique de magnétisme curatif

Comment Guerir Par Le Magnetisme

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Comment Guerir Par Le Magnetisme, Paul Clément Jagot

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    Paul-Clment Jagot

    COMMENT GUERIR PAR LE MAGNETISME

    Trait thorique et pratique de magntisme curatif

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    Premire partie - la formation du magntiseur

    Chapitre I - Introduction

    1. Importance thrapeutique du magntisme Dans un prcdent ouvrage relatif l'tude exprimentale des phnomnes psychiques, j'ai montr que, dans le dterminisme de ces phnomnes, quatre ordres de manifestations pouvaient tre distingues : - Les actions hypnotiques sensorielles, codifies par l'ancienne Ecole de la Salpetrire. - L'htro suggestion et l'autosuggestion. - L'irradiation psychique par quoi s'oprent les communications de penses distance. - Enfin, la radio-activit physiologique communment dsigne sous le nom de magntisme . L'exprience met en vidence l'importance considrable de ce dernier agent, notamment au point de vue curatif. En raison de ses proprits quilibrantes et vitalisantes, il a ses indications dans la plupart des troubles organiques. L'hypnotisme, la suggestion et l'action mentale ont aussi leurs indications prfrentielles distinctes de celles du magntisme. 2. Recherches effectus en vue de constater sa ralit Ainsi que nous le verrons au chapitre V, les procds, les phnomnes et les proprits curatives du magntisme ont t connus et utiliss ds l'Antiquit et toutes les poques de l'histoire. Vers le milieu du XIXe sicle, la majorit des chercheurs crut devoir expliquer, exclusivement par l'hypnotisme braidique et la suggestion, tous les effets considrs jusque-l comme dus l'extriorisation d'une forme de l'nergie se transmettant du magntiseur au magntis. Aujourd'hui encore, les effets du magntisme sont attribus par certains l'impression produite par les manuvres de l'oprateur sur l'imagination du sujet, autrement dit une sorte de suggestion indirecte. Cependant, ds 1882, le docteur Libault, crateur la Facult de Mdecine de Nancy de l'cole suggestionniste et ngateur de l'extriorisation, eut l'ide de magntiser des enfants en bas ge sur qui la suggestion ne pouvait offrir aucune prise. Or les petits malades (certains avaient moins d'un an) manifestrent tous les bons effets du magntisme. Depuis, d'autres essais ont t effectus en vue de vrifier la ralit des effluves humains et de prciser leur action. Ainsi on a tent avec succs la strilisation de foyers microbiens, la momification de pices anatomiques, l'acclration de la croissance de vgtaux et l'impression de plaques photographiques. Des dispositifs ont t combins et construits que l'imposition de la main met en mouvement. Ajoutons que des gurisons imputables la suggestion s'oprent chaque anne par les procds magntiques. De mme qu'aux expriences de Libault sur des enfants de quelques mois, le mot concidence fut oppos tous les faits objectifs qui leur furent prsents, les ngateurs du magntisme improvisent une interprtation favorable leur thse. A chacun d'tablir sa propre conviction par l'exprimentation personnelle. 3. Pourquoi son emploi ne s'est pas gnralis ? Malgr ses rsultats peu contests, mme par ceux qui les attribuent une influence toute morale, la thrapeutique magntique a peu de demandes. Une prvention subsiste qui en carte la plupart de ceux qui vient l'ide d'y recourir, cette prvention s'explique. Le mot magntisme manque de rigueur scientifique. Des illusionnistes l'ont adopt pour dsigner certains de leurs tours. Il a servi et sert encore mainte duperie. D'ailleurs, tandis qu'ici on se refuse admettre la ralit du magntisme, l on le dclare dangereux. Enfin, l'habitude de recourir la mdecine classique constitue un rflexe qui prvient chez la grande majorit des gens toute vellit d'innovation. Cest pourquoi les magntiseurs voient surtout venir eux les dsesprs de toutes les mthodes mdicales. Aprs avoir dlaiss l'allopathie pour l'homopathie, essay successivement les modes de traitement les plus divers, attendu que les dsordres arrivent la phase menaante, accumul, des annes durant, les fautes d'hygine, les excs, les inerties qui portent son comble la viciation humorale, on

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    pense quelquefois demander au magntisme l'aide qu'il peut apporter un organisme en voie d'extinction. En semblables cas, de longues et frquentes magntisations seraient indispensables. Or combien de mdecins s'y rsolvent et combien de malades en ont loisir ? Dans ces conditions, l'on concevra que malgr son indniable efficacit, l'emploi du magntisme soit rest circonscrit un petit nombre d'individus. 4. Objet de ce livre Le magntisme est presque exclusivement apprci et utilis par des personnes qui, s'intressant d'une manire gnrale aux questions psychiques, ont acquis sur ses possibilits des certitudes prcises. J'ai moi-mme t orient vers la question, en 1904, par un modeste opuscule que le hasard mit entre mes mains. C'tait l'ouvrage de DECRESPE : Magntisme, Hypnotisme, Somnambulisme. Trente ans ont pass. Au cours de cette priode j'ai puis toutes les coles, aux coles rivales qui opposaient l'hypnotisme au magntisme, il n'est pas un exprimentateur de valeur aux mthodes duquel je ne me sois fait initier par lui-mme. J'ai surtout puis l'cole par excellence : l'EXPERIMENTATION. Ce livre a pour objet de transmettre les notions issues de ma pratique ceux qu'elles peuvent intresser. Je n'avancerai rien que je n'aie vrifi. Je n'userai d'ailleurs ni de ces habilets d'argumentation qui visent persuader, ni de ces dithyrambes entranants qui cherchent susciter l'enthousiasme. J'exposerai purement et simplement la technique du magntisme exprimental et curatif. 5. Toute personne quilibre peut magntiser De chacun de nous le magntisme s'irradie plus ou moins haute tension. Les uns sont puissamment missifs, d'autres le sont moyennement, d'autres encore mdiocrement. Mais la pratique amliore progressivement l'laboration du dynamisme magntique. D'autre part, l'intention, le dsir, la volont de secourir, par transfusion vitale, un organisme en tat de misre physiologique animent l'extriorisation. Au chevet du malade, un pre, une mre, un proche, un ami sympathisant peuvent donc, s'ils possdent une connaissance suffisante des procds, contribuer la gurison du patient et mme en assumer le soin exclusif. L'essentiel pour magntiser d'une manire bienfaisante est un quilibre moral, intellectuel et physique satisfaisant. Si le moral est la fois ferme et compatissant, si l'intellect est lucide et cultiv, si les mcanismes physiologiques sont robustes, profusment radio actifs, les rsultats seront maxima. Mais, je le rpte, la droiture de l'intention, son ardeur et un tat de sant normal suffisent. 6. Coopration de la suggestion et du magntisme S'il est vrai que le magntisme a ses effets propres, distincts de ceux de la suggestion, il ne s'ensuit pas que l'on doive ngliger le rle de celle-ci. Toute parole prononce en prsence d'un malade influe sur son tat favorablement ou nuisiblement. Toute parole qu'on lui adresse contribue soutenir ou dprimer ses forces. L'attitude, les expressions physionomiques, le comportement gnral de l'oprateur sont autant de suggestions. Donc, calme, pondration, prudence et matrise de soi sont indispensables tout praticien. D'autre part, la connaissance prcise des lois de la suggestion et un certain entranement pratique dans l'art de les appliquer, donnent au magntiseur la possibilit d'appuyer son influence purement irradiante par celle de sa parole et de sa pense afin d'veiller et de maintenir dans l'inconscient du malade des dispositions rconfortantes. 7. Conseils au dbutant Lisez ce livre posment, mditez-le tte repose de manire ce que thoriquement, la question traite vous devienne peu peu familire. Ensuite exercez-vous rpter correctement les procds exposs au chapitre III. Lexcution des passes, impositions, etc. etc. ne rclamera bientt plus de vous le moindre effort d'attention. Vous accomplirez avec aisance, souplesse, automatisme, ces gestes diffuseurs de votre magntisme. Alors, vous pourrez tenter hardiment d'obtenir des rsultats. Si peu dou que vous puissiez tre, vous en obtiendrez et ils s'amplifieront avec la pratique.

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    Chapitre II - Notions lmentaires 1. Quest-ce que le magntisme ? On dsigne sous ce nom, depuis le XIVe sicle, une proprit radio active de l'individualit humaine. Les animaux, les vgtaux, les minraux manifestent une proprit analogue. Le mot magntisme fut primitivement usit par les thoriciens de l'aimantation tudie en physique. PARACELSE en tendit l'acception aux phnomnes dtermins par le rayonnement humain. 2. Ses effets spontans Equilibrant, tonique le magntisme rgularise et stimule les fonctions organiques. S'il mane d'un individu anim d'une puissante vitalit, la seule prsence de celui-ci suffit influer sur ceux qui l'entourent, notamment sur les dbiles, les malades et sur les tres particulirement rceptifs qu'on nomme sensitifs, sujets et parfois mdiums. Dans certaines conditions, la saturation magntique du systme crbro-spinal dtermine un tat second, analogue l'hypnose, tat dont la phase la plus connue se nomme somnambulisme provoqu, le somnambulisme magntique diffre de l'hypnose des fascinateurs et suggesteurs : on y observe des autoscopies, des htroscopies, des prmonitions auxquelles les procdes purement hypnotiques ne donnent jamais lieu. Le magntisme joue certainement un rle dans les lectivits que chacun ressent ou inspire dans la vie quotidienne, le fait n'a pas chapp certains psychologues: il est possible, crit Melinand, que tout tre soit une source de radiations. Il y aurait sympathie quand deux tres sont en accord, quand l'un est le rsonateur de l'autre, ils ont la mme longueur d'ondes. 3. L'mission dirige Normalement, l'mission magntique est plus active aux extrmits digitales et la surface palmaire, aux pieds, l'pigastre, la portion suprieure de l'encphale et aux yeux. L'expiration s'accompagne d'une abondante effluvation. Le regard, la main, le souffle mthodiquement dirig, peuvent donc dterminer des effets, soit locaux, soit gnraux, puissants et prcis. Agir ainsi, c'est magntis. Les praticiens qui se sont succds d'ge en ge, ont progressivement mis au point l'art de magntiser et ses procds. Nous exposerons ceux-ci au chapitre suivant. 4. Le magntiseur Les procds de magntisation sont simples. Aprs quelques semaines d'utilisation quotidienne, ils deviennent aiss, familiers et le fait de magntiser habituellement augmente llaboration de l'influx magntique. Au dbut l'exprimentateur doit se garder de magntisations trop longues ou trop frquentes. Il sinterrompra aux premiers signes de fatigue, de lassitude. Son entranement sera graduel et rgulier, comme s'il s'agissait de culture musculaire. Il sera lui-mme le premier bnficiaire de son art, car la pratique du magntisme intensifie l'nergie vitale, de mme que la culture physique fortifie les muscles. L'insomnie, l'intoxication alimentaire, l'insuffisance respiratoire affaiblissent considrablement la tension d'extriorisation. L'agitation, le nervosisme, les motions vives, les passions obsdantes perturbent l'missivit qui devient alors instable, spasmodique et perd ses proprits quilibrantes. Si dbile que soit un homme, il peut, s'il mne une vie sage, si ses comportements restent pondrs et son entranement suivi, acqurir un degr d'nergie vitale suffisant pour donner lieu une extriorisation efficace. 5. Le magntis Sur cent personnes bien portantes, il s'en trouve quinze vingt sur qui le magntisme dtermine en quelques minutes, parfois mme instantanment, des effets marqus. Ce sont les sensitifs . Les autres ne ressentiraient l'influence de l'oprateur qu'aprs une action plus ou moins prolonge et plus ou moins ritre. Mais tout malade, quel qu'il soit, ressent les effets du magntisme. Mme si, l'tat normal, son organisme est peu sensible aux effluves vitaux, il y devient rceptif du fait mme qu'il devient malade, et les absorbe, pourrait-on dire, en raison directe du flchissement local ou gnral de son propre tonus.

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    Par leur simple prsence, les personnes bien doues de l'entourage du malade : parents, amis, mdecins, infirmiers, le magntisent inconsciemment et influent ainsi d'une manire tonique sur son tat. Les agits, les anxieux, les dprims ont une influence inverse. 6. Phnomnes Sur les sensitifs, le magntisme provoque des attractions et des rpulsions, des contractures et des atonies momentanes, un tat psychique particulier que jai dj mentionn : le sommeil magntique dont le somnambulisme est la phase principale. Cette phase peut tre suivie d'autres, plus profondes, lthargodes, donner lieu l'extension de la sensibilit et de la motricit hors de la surface du corps, puis au ddoublement, phnomne ultime caractrise par la bilocation de l'organisme d'une part, du psychisme et du dynamisme, d'autre part. Le ddoublement se produit parfois spontanment. De nombreux cas en ont t observs auxquels les docteurs GURNEY, MYERS, et PODMORE, de la Socit Royale de Londres. J'indiquerai plus loin la technique exprimentale de ces phnomnes dont l'observation est pleine d'intrt, mais que le magntiseur n'a pas rechercher quand il vise un rsultat thrapeutique. Dans le but de s'exercer et de s'instruire, il est bon que le dbutant fasse des expriences. Celles-ci contribueront d'ailleurs fonder sa conviction quant la ralit du magntisme et sa propre valeur comme praticien. Elles lui permettront aussi de vrifier la diffrence des effets du magntisme avec ceux de l'hypnotisme, de la suggestion et de l'action tlpsychique. 7. Thrapeutique Secourir un organisme en tat de misre physiologique, favoriser ses ractions de dfense en le saturant de cette forme vitale de l'nergie qu'est la radio activit humaine, telle est la directive fondamentale du magntisme curatif. Modrer, calmer les manifestations pathologiques qui se traduisent par une suractivit, locale ou gnrale, excessive, stimuler les manifestations d'atonie, rgulariser l'ensemble des fonctions et plus spcialement les fonctions perturbes, diriger prudemment les crises qui traduisent l'effort ractionnel de l'organisme, telles sont les possibilits particulires du magntisme. Ainsi que cela a t dit plus haut, il n'est jamais ncessaire d'endormir (comme on dit communment) un malade pour le traiter. Si le sommeil magntique survient spontanment au cours dune sance, il faut le considrer comme une raction d'importance secondaire et tcher d'en tirer parti s'il s'accompagne de clairvoyance autoscopique. On le fait d'ailleurs toujours cesser aisment, et il cesserait de lui-mme si on le laissait suivre son cours. Il ne prsente aucun danger, pas mme celui de faciliter une emprise morale du magntiseur sur le sujet, ainsi que cela se dit et s'crit un peu partout.

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    Chapitre III - Procds 1. Rapport Deux personnes tant situes dans un cercle de deux trois mtres de rayon, le magntisme de la plus nergiquement vibrante se communique l'autre et tend stimuler le tonus organique de cette dernire. Mais ce rapport devient plus effectif si l'intention et l'aide du contact y participent. Ainsi toute tentative exprimentale ou thrapeutique doit s'inaugurer ainsi qu'il suit : Le sujet, le malade, assis confortablement, relchera ses muscles, et gardera, physiquement et moralement, une attitude passive. L'oprateur, plac sur un sige un peu plus lev que celui du sujet, prendra dans ses mains les poignets de ce dernier, les pouces du ct des pouces, les petits doigts du ct des petits doigts. Sans effort excessif de concentration mentale, mais avec recueillement, l'oprateur conservera le contact en question pendant cinq dix minutes. Puis, abandonnant les poignets du sujet, il appliquera ses mains plat sur la rgion suprieure des cuisses, pendant trois cinq minutes. Au cours de cette mise en rapport, on peut laisser doucement tomber son regard sur la rgion pigastrique du patient et faire en sorte de toucher ses pieds, maintenus lgrement carts. 2. Regard Alors que la fascination figure au premier plan des procds classiques de l'hypnotisme, le magntiseur ne cherche jamais fixer les yeux de son sujet. Il conserve une expression calme et douce et considre ses yeux comme des antennes d'o s'irradie un faisceau de rayons magntiques dont l'effet se localise sur le point vers lequel il est dirig. 3. Impositions Imposer la main, c'est la prsenter deux ou trois centimtres de la rgion sur laquelle on veut agir. Si l'on prsente la main ouverte, l'imposition est dite palmaire. Si l'on prsente l'extrmit des doigts runis en pointe, c'est une imposition digitale. La premire, qui agit en surface, a un effet plutt sdatif. La seconde, qui agit en profondeur sur une rgion plus circonscrite, a un effet plutt stimulant, voire excitant ou vsicant. L'imposition digitale s'excute aussi en dcrivant un cercle dans le sens des aiguilles d'une montre, et prend alors le nom d'imposition circulaire. Son effet, plus nergique que celui des prcdentes, s'indique en regard d'organes surfaces larges. On, peut enfin accompagner le mouvement rotatoire de l'imposition circulaire par une srie bien rythme de demi-circumductions des avant-bras, effectues alternativement de droite gauche et de gauche droite. On fait alors une imposition perforante, dont leffet se propage en profondeur dix ou quinze centimtres de la surface vise. 4. Applications On donne le nom d'application toute imposition de la main Ce geste nous est familier, instinctif, car nous portons automatiquement la main l'endroit o nous ressentons une douleur. Ses effets calmants sont aisment vrifiables. 5. Passes Toute passe magntique comporte quatre temps : 1) Fermer les mains sans crispation ; 2) Les porter au point de dpart du trajet de la passe ; 3) Les ouvrir avec un geste de projection procdant d'un mouvement souple des poignets ; 4) Effectuer la passe proprement dite, c'est--dire dcrire, du bout des doigts, quelques centimtres de la peau, une ligne dfinie. On revient ensuite au premier temps, on referme les mains et on les reporte au niveau d'o partira la passe suivante.

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    Ces gestes doivent tre excuts avec souplesse, sans la moindre raideur. Il importe, d'autre part, de donner aux doigts tendus une direction peu prs perpendiculaire (et non parallle ou tangentielle) la surface magntise, les passes lentes (trente secondes au moins de la tte lpigastre) saturent, chargent, excitent, endorment. On a avantage ne pas scarter de plus de deux centimtres de la surface du corps. Les passes rapides (5 secondes au plus pour le mme parcours) dgagent, dispersent, calment et rveillent. Excutes de la tte aux pieds, sans scinder, on les nomme passes grands courants , leur action opre une rgularisation d'ensemble. Pour dgager (pour veiller, notamment) on emploie les passes transversales, c'est--dire excutes du milieu du corps vers les cts, les mains fermes tant amenes l'une ct de l'autre sur la verticale mdiane, on les ouvre puis on dirige la droite vers la gauche du sujet, et la gauche vers la droite. Dans certains traits, il est question de passes en remontant , autrement dit de bas en haut, auxquelles on attribue un effet analogue celui des passes transversales. Ces dernires sont bien prfrables, car les passes en remontant s'accompagnent presque toujours d'un malaise d'autant plus accentu que le sujet est plus sensitif ou plus dprim. L'effleurage (c'est--dire les passes avec contact) est un procd secondaire. Ses effets sont analogues ceux des passes sans contact (Mieux vaut viter leffleurage afin de ne pas donner aux adversaires du magntisme loccasion de commentaires tendancieux.) 6. Le souffle Le souffle s'accompagne, dans sa phase d'expiration, d'une puissante mission de magntisme. Je crois cette mission proportionnelle la capacit respiratoire de l'exprimentateur. Dans tous les cas, pour utiliser le souffle, il faut tre apte prendre de profondes inspirations et expirer galement, longuement, sans fatigue, car les insufflations doivent tre ritres dix, vingt, cinquante fois pour dterminer des effets intenses. L'insufflation chaude, analogue lacte dembuer un verre, un miroir, pourrait tre pratique en plaant directement la bouche sur la peau. Pour des raisons de convenance, mieux vaut oprer l'aide d'un petit cylindre creux, en bois ou en verre de cinq sept centimtres de diamtre. Extrmement stimulante, l'insufflation chaude constitue un procd duquel on peut attendre, dans toute dfaillance organique, des effets d'une rapidit surprenante. L'insufflation froide, analogue l'acte de refroidir un liquide brlant, est surtout utilise, dans l'exprimentation, pour veiller un sujet endormi. Protgeant les yeux de celui-ci avec une main place en cran, on souffle froid au milieu et droite du front. 7. Magntisme intermdiaire. Conclusions L'eau, la plupart des liquides non alcooliss, la cire, l'aimant et les toffes de laine ont la proprit d'accumuler les effluves humains, et d'agir ensuite comme diffuseurs de ces effluves. On peut donc saturer, par des passes et des impositions, la boisson destine un malade, magntiser des lames aimantes, des plaques de cire et des pices d'toffe qui, une fois places sur une rgion du corps, agiront apprciablement. Pour charger un liquide, on a plus de facilit en le versant dans un rcipient vas et large. Dix quinze minutes d'action suffisent pour un litre. En ce qui concerne les aimants, il suffit d'en tenir le ple positif dans la main droite, le ple ngatif dans la main gauche, pendant quinze soixante minutes selon leur degr de puissance. Les toffes demandent une magntisation plus longue, mais leur rtention est galement plus prolonge. A ce sujet, voici une observation assez singulire: A l'poque ou je m'entranais rpter les procds magntiques, il me fallait travailler secrtement, eu gard l'hostilit de mon entourage pour de telles pratiques. Faute de sujet, je m'exerais chaque jour, pendant environ une heure, faire des passes sur un fauteuil recouvert de velours d'Utrecht. J'ignorais alors la proprit de la laine, et j'utilisais le fauteuil simplement parce qu'il offrait une surface tendue. Personne ne pouvait savoir que ce meuble tait magntis. Cependant, au bout d'une vingtaine de jours, les personnes qui y prenaient place ressentaient des effets allant du simple fourmillement la somnolence. Certains accusaient une sensation de fracheur et de bien-tre, d'autres de l'agitation et de l'irritation. Un peu plus tard, la lecture des classiques de la question mclaira sur le caractre tout fait normal de ce que j'avais observ.

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    Au cours d'un traitement, l'application de substances et l'ingestion d'eau magntise peut jouer un rle adjuvant fort apprciable. Le lecteur peut maintenant apprcier l'extrme simplicit des procds de magntisation, simplicit qui les met la porte de tous. Leur rendement n'atteint cependant son maximum qu'aprs une priode d'entranement ncessaire pour acqurir aisance, souplesse et prcision. Au cours de cette formation pratique, l'missivit s'amliore et tout se passe comme s'il s'oprait une accoutumance de l'organisme vibrer plus activement, extrioriser plus abondamment son dynamisme, ds que l'intention et les gestes du magntiseur dclenchent l'mission. Des controverses ont eu lieu sur le rle exact de la volont dans la production des effets magntiques. Ceux qui ont lu mon ouvrage (Linfluence distance, la transmission de pense et de suggestion mentale) savent que indpendamment du magntisme physiologique dont nous traitons ici, l'tre humain irradie une influence purement psychique qui se diffrencie aisment de l'autre. Alors que le magntisme physique n'agit apprciablement qu' une faible distance (deux trois mtres), l'influence psychique se transmet peu prs comme celle des ondes radio-lectriques, des centaines, voire des milliers de kilomtres. Bien entendu, elle se surajoute celle des effluves physiologiques au cours de toute intervention exprimentale et thrapeutique, mais il y a l deux agents, deux ordres de phnomnes trs distincts. Selon moi, l'ardeur morale du magntiseur, sa volont pour employer le mot usuel, agit la fois sur lui-mme, en activant son extriorisation et sur le psychisme du sujet.

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    Chapitre IV - Exprimentation 1. Les sensitifs On nomme ainsi les individus sur lesquels l'action du magntisme dtermine, l'tat normal, des effets rapides et bien caractriss, ceci en dehors de toute suggestion et de toute manuvre sensorielle. Une preuve exprimentale trs simple et instantane permet d'valuer le degr de sensitivit de chacun. Nous y reviendrons au paragraphe 3. On peut d'ailleurs discerner les sensitifs, avant tout essai de magntisation, diverses particularits de leur comportement, la plupart dentre eux manifestent plusieurs des signes suivants; sur quelques-uns, ces signes s'observent tous. - Ils sont dsagrablement affects s'ils sjournent dans un local o sont runies de nombreuses personnes : chacune quivaut un foyer d'extriorisation et magntise inconsciemment l'ambiance. Impressionn l'extrme, le sensitif ne tarde pas ressentir le besoin de sen aller. - Le fait de se regarder un peu longuement dans un miroir incommode le sensitif, car toute surface polie renvoie les rayons magntiques. - La proximit d'une chute d'eau, d'un torrent ou d'une rivire cours rapide, impressionne les sensitifs. - La lumire lunaire tourmente leurs nerfs, mme au travers des murailles et s'ils ignorent qu'ils y sont exposs. - Ils tmoignent d'une dclivit marque pour la couleur bleue et d'une aversion quivalente pour la couleur jaune. - Le mme objet leur produit une impression meilleure s'il est plac au-dessus de leurs yeux que s'ils doivent le regarder de haut en bas. - S'ils approchent moins de trois mtres de gros animaux, bufs, chevaux, etc. ils peroivent confusment la radio activit magntique de ces derniers et ceci influe pniblement sur eux. L'quitation, en raison du contact direct qu'elle ncessite entre le cavalier et sa monture, les tourdit, mme au pas. De plus leurs jambes se contractent plus ou moins ds qu'ils sont en selle. - Le contact, soit d'un fort barreau aimant, soit d'une plaque de cire ou d'une toffe chargs de magntisme humain, dtermine sur tout sensitif un fourmillement, puis un engourdissement suivis d'une torpeur singulire trs proche du sommeil. A noter que ces effets se produisent, mme si le sujet ignore absolument la prsence de lobjet qui influe sur lui. - Comme le sensitif est extrmement dperditeur de son propre influx, il sature les siges rembourrs o il s'assied habituellement et la laine de son matelas. C'est pourquoi il se montre agile et change frquemment de position dans son lit. - S'il dort avec quelqu'un, il ressent de l'engourdissement ou de la contracture dans les muscles des rgions en contact avec l'autre personne. - Beaucoup de sensitifs sont l'objet de prmonitions et de tlesthsies qui se vrifient. - Certaines prsences panouissent instantanment le sensitif, d'autres l'oppressent avec une soudainet analogue, les objets fortement chargs de l'influx de quelqu'un l'impressionnent galement, dans un sens ou dans l'autre. - Mme son insu, le regard d'une personne proccupe de lui et qui le fixe soit la nuque, soit sur la portion suprieure de l'pine dorsale l'affecte, au point qu'il tourne involontairement la tte vers cette personne. Il y a d'autre part, des signes physionomiques, graphologiques et chirologiques propres aux sensitifs. L'numration de ces signes sortirait de notre cadre. 2. Actions gnrales et polaires Reichenbach et Hector Durville ont tabli ce qu'avaient dj avanc Mesmer et ses disciples, savoir que le corps humain est polaris, la moiti droite et l'arte mdiane sont positives, la moiti gauche et l'arte mdiane postrieure sont ngatives. Mais cette polarit ne se manifeste pas chez tous avec la mme prcision. On ne l'observe nettement que sur certains sensitifs et chez certains magntiseurs. D'o une distinction ncessaire entre les actions gnrales et les actions polaires.

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    Il y a quatre actions gnrales : CHARGER, DEGAGER, FIXER et DISPERSER. - On CHARGE, quand on effectue des passes trs lentes sur une rgion comme pour la saturer. - On DEGAGE, quand on excute des passes rapides comme pour entraner, rgulariser, rpartir galement la tension de la rgion ainsi traite. - On FIXE, quand on prsente les doigts runis en pointe en regard d'un point quelconque du corps en vue de diriger en profondeur un puissant faisceau de rayons magntiques. - On DISPERSE quand, par passes transversales, on va d'un point vers l'extrieur. Les actions polaires s'oprent conformment aux deux lois suivantes: - La mise en prsence de ples de mme nom (action dite insonome) repousse, excite, contracture et tend dterminer l'tat second magntique. - La mise en prsence de deux ples de noms contraires (action dite htronome) attire, calme, relche et dissipe la somnolence ou le sommeil magntiques. 3. Les preuves de sensitivit Lhumidit et le froid sont dfavorables aux manifestations du magntisme. Choisir de prfrence un local parfaitement sec et y conditionner une temprature de 18 20 C. A) Le sujet tant debout, sans raideur, appliquez trs lgrement vos mains sur ses omoplates. Il pourra se produire une trs lgre attraction en arrire, ou une attraction marque, ou encore une attraction instantane et irrsistible, accompagne d'une lgre suffocation et d'une sensation de chaleur se propageant de la rgion scapulaire la poitrine, aux mains et la tte. Les effets ncessitent une application de 10, 30 ou 60 secondes selon le degr de sensitivit du sujet. B) Mme position, mais bandez les yeux du sujet et approchez doucement, sans contact, votre main droite de la partie gauche de son front, il sera attir en avant. Si vous prsentiez votre main gauche la partie droite de son front, l'effet serait identique mais un peu moins rapide. C) Dans les mmes conditions, la main droite de l'oprateur provoque la chute en arrire du sujet si elle est prsente la nuque; la main gauche la nuque repousse en avant. D) Par des passes longitudinales lentes effectues sur un bras, on dtermine une certaine contracture qui peut aller jusqu' la rigidit. On dissipe cette contracture par des passes rapides. Chez les hauts sensitifs, la contracture se produit seulement si l'on observe la loi polaire, car la mise en prsence de ples opposs dterminerait une relaxation, de l'atonie, voire une paralysie momentane. Tous les effets obtenus en suivant la loi polaire se dissipent en conformit de cette loi. Tel est le principe schmatique de toutes les expriences magntiques l'tat de veille. Je ne suis pas d'avis d'en tirer un spectacle plus ou moins divertissant. C'est pourquoi je ne m'tends pas sur la technique employe par les magntiseurs de salon. 4. L'tat second ou sommeil magntique Toute magntisation par passes lentes, surtout en chargeant de la tte l'pigastre, tend provoquer une sorte d'ivresse psychique due, sans doute, une modification du ton de mouvement des organes crbraux. Cette ivresse a bien des degrs, depuis lengourdissement lger, l'alourdissement, la somnolence, jusqu' l'inconscience propre au dormeur. Sous l'effet des passes, on voit le sujet s'immobiliser peu peu, ses yeux, dont le rflexe palpbral s'est d'abord acclr, se fermer, sa respiration s'amplifier et se ralentir tout la fois, sa tte sincliner: il sest endormi suivant l'expression usuelle. Dans quel tat exact se trouve-t-il ? Un tat analogue au sommeil naturel et au sommeil hypnotique, car l'activit des facults objectives se trouve extrmement rduite sinon suspendue, tandis que les facults subjectives subsistent et tendent leurs maxima. Si l'on soulve les paupires, on voit que les globes oculaires sont plus ou moins rvulss et que la lumire n'veille pas le patient. La sensibilit cutane est devenue faible ou nulle. Parfois les membres sont inertes et si, dans une demi conscience, le sujet essaie de remuer, il y parvient malaisment. On a cherch classer, repartir en tats ou phases les diverses particularits observes dans le sommeil magntique. Certains admettent quatre tats successifs: crdulit, catalepsie, somnambulisme et lthargie.

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    Il y aurait tat de crdulit ds que le sujet peu prs inconscient, est devenu suggestible, c'est--dire quand l'affirmation suffit dclencher toute perturbation sensorielle ou hallucination suggres, et obtenir l'excution automatique, impense, si l'on peut dire, des ordres du magntiseur. La catalepsie, caractristique d'un tat de sommeil plus profond que le prcdent, dsigne un ensemble curieux de manifestations, notamment : la flexibilitas cerea, la conservation des attitudes donnes aux membres, le rtrcissement du champ visuel, l'automatisme comme dans une glace , ou rptition quand celui-ci parle ou agit en fixant le sujet dans les yeux. Le somnambulisme, troisime tat, s'accompagne de manifestations psychiques que l'hypnotisme n'obtient jamais, et dont la plus frquente est une limpidit de la pense suprieure celle de l'tat de veille. Tout en demeurant passif, docile. Gnralement parlant, le sujet ragit aux suggestions qu'il reoit comme si son discernement psychologique, sa conscience morale, se trouvaient parfaitement lucides. Certains somnambules magntiques semblent dous d'autoscopie; ils dcrivent leurs viscres, les particularits de leurs fonctions, l'origine et le cours que va prendre leur maladie : ils en prvoient les incidents, les crises, l'issue et leurs moments respectifs. Plus trange encore, le phnomne d'htroscopies a t indubitablement vrifi. Le somnambule, mis en prsence d'un malade ou en contact avec un objet satur des effluves de ce dernier, donne sur son tat des indications prcises et exactes. Enfin, le somnambulisme magntique s'accompagne parfois de prescience, plus exactement de mtagnomie, selon le mot de Boirac, c'est--dire de vision dans le temps et dans l'espace hors de porte normale des sens. Le dernier tat, ou lthargie, rput trs profond, a pour caractristiques une inconscience absolue, un relchement musculaire anormal et la fermeture des cinq sens. 5. Conseils pour observer l'tat second magntique Il est entendu que jamais l'on ne cherchera provoquer le sommeil sur un malade: il se produira spontanment sous l'effet du traitement s'il est utile au processus de gurison. Donc, nous supposerons qu'ayant dtect au moyen dexpriences prliminaires, un sujet sensitif, vous dsiriez l'endormir. Dans votre intrt, ayez un tmoin, deux au besoin, pas davantage, (Seules conviennent les personnes calmes, capables dobserver sans parler et sans sagiter) et placez-les au moins cinq mtres du sujet. Silence absolu et clairage doux. Le sujet sera assis commodment. Vous-mme, utilisez un sige un peu plus lev que le sien: vous vous fatiguerez moins vite, musculairement, et ceci a son importance. Prenez le rapport, ainsi que je l'ai indiqu au chapitre III, paragraphe 1, puis commencez vos passes longitudinales (conformment aux indications du chapitre III, paragraphe 5). Poursuivez votre tche avec le plus grand calme, prt la continuer une demi-heure ou quarante minutes. L'occlusion des yeux est un indice, non pas une certitude. Il faut magntiser encore dix quinze minutes partir du moment o les yeux se ferment. L, soulevez doucement la paupire et voyez si lil est rvuls: soulevez l'un des bras et voyez s'il retombe lourdement ou s'il tend conserver un peu la position que vous lui donnez. Demandez au sujet: Comment vous trouvez-vous ? (Et non pas: Dormez-vous ? il rpondra, s'il est endormi, d'une voix assourdie, monocorde, parfois difficilement, comme s'il avait de la peine mettre un son. Il peut arriver qu'il ne rponde absolument rien: c'est que le sommeil a atteint d'emble une profondeur lthargode. Examinez prudemment, l'aide d'une aiguille strilise, l'tat de la sensibilit cutane, l'anesthsie parfaite est l'indice le plus sr du sommeil provoqu. Au cours de cette premire sance, n'allez pas plus avant. Eveillez le sujet par des passes rapides, suivies de souffle froid au front. Veillez ce qu'il se sente absolument dgager avant de vous quitter. A propos du rveil, rappelez-vous qu'il se produirait de lui-mme, progressivement, si l'on abandonnait un sujet endormi. On parle, a et l, de sujets qu'on n'a pas pu rveiller. A ma connaissance, aucun cas de ce genre n'a jamais t observ. Au cours d'une pratique de trente annes, je n'ai jamais eu la moindre difficult dissiper le sommeil magntique. Jai d'ailleurs frquemment constat que si l'oprateur s'loigne plus de trois mtres du sujet et cesse de s'occuper de lui, ce dernier revient de lui-mme son tat normal. 6. La lucidit On devrait crire les lucidits , car il s'agit de plusieurs manifestations bien distinctes. La plus connue est l'autoscopie. Quand, sous l'influence d'une magntisation effectue dans un but thrapeutique, le malade s'endort et arrive l'tat somnambulique, si on lui demande comment il se trouve, ce dont il souffre, ce qui se passe

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    en lui, il rpond, s'il est dou de lucidit autoscopique, avec une clart, une prcision et une exactitude surprenantes. Tout se passe comme s'il voyait en lui-mme. Certains sujets, mis l'tat somnambulique, manifestent une prescience que les vnements vrifient quant lui-mme ou ses familiers. D'autres, peu voyants pour eux-mmes, peroivent, distance, ce qui concerne des inconnus, s'expriment sur leur pass et parfois sur leur avenir. Comme l'tat somnambulique ne s'accompagne pas ncessairement d'une ou de plusieurs formes de lucidit, la recherche de celle-ci doit procder d'une mthode propre viter toute illusion. Pratiquement, voici la progression laquelle je me suis arrt: 1) Placer entre les mains du sujet un objet satur de l'influx dune personne inconnue de lui-mme et de l'exprimentateur. Lui demander de conserver l'objet quelques instants et d'essayer de percevoir lapparence physique de l'individu satureur. Noter les rponses et les vrifier. 2) Si les rponses prcdentes ont t exactes, demander au sujet comment il se reprsente la personnalit morale, l'tat psychique de l'individu en question. 3) Poursuivre, en tchant d'obtenir des indications prcises sur les faits et gestes, intentions, mobiles, de la personne prospecte, pour le moment mme o a lieu l'exprience. 4) Enfin, interroger le somnambule sur les ventualits marquantes du pass et de l'avenir du consultant improvis. A noter que lobjet devra tre successivement plac dans les mains, au front, au sommet de la tte et l'pigastre du sujet, car la percipience peut siger l'une de ces quatre zones. Chaque somnambule lucide constitue un cas particulier. On dveloppera, par l'exercice, les aptitudes qu'il aura manifestes d'emble, on le fatiguerait inutilement en insistant pour obtenir ce pour quoi il ne s'est pas immdiatement montr dou. 7. Lextriorisation Nous avons vu que l'anesthsie cutane est le signe capital de l'tat second magntique. Les attouchements, pincements, piqres, brlures ne sont plus perues la priphrie nerveuse. Mais si l'on exerce des actions analogues deux, trois, quatre, six centimtres de la surface du corps, en ttonnant, le sujet ragit violemment. Que s'est-il pass ? La sensibilit s'est extriorise. Poussant l'exprience plus loin, on observe que cette extriorisation se rpartit en plusieurs zones concentriques. Par exemple, il y a une zone de sensibilit trois centimtres, une autre; sept centimtres, une troisime douze centimtres, etc. Inexplicable par les physiologistes, ce phnomne sera sans doute lucid dans l'avenir. En attendant, sa vrification exprimentale, multiplie depuis les travaux de De Rochas et d'Hector Durville, s'impose tout praticien du magntisme. Le fait que, les yeux bands le sujet extrioris accuse l'endroit en regard duquel l'exprimentateur pince ou pique la zone sensible, suffit carter l'hypothse de simulation ou de rflexe purement imaginatif. S'agit-il d'un mode curieux d'hyperesthsie. On l'a prtendu. Mais, deuxime fait, la sensibilit extriorise se condense, s'enregistre, pourrait-on dire, dans certaines substances. Si, par exemple, on place en contact avec le sujet pendant cinq dix minutes une plaque de cire, une pice d'toffe base de laine, un verre d'eau, il accuse les actions exerces sur la substance sensibilise et transporte plusieurs mtres de lui, dans une pice voisine par exemple. Je n'insiste pas sur ces manifestations, car il faut avant tout les obtenir soi-mme pour les prendre en considration, puis en poursuivre l'tude l'aide d'ouvrages spciaux. 8. Ddoublement Ainsi que je l'ai not plus haut, le ddoublement ou bilocation se produit parfois spontanment. D'une part, l'organisme physique du sujet endormi du sommeil naturel, vanoui ou chloroformis est l, inerte; d'autre part, son psychisme conscient, sa motricit et sa sensibilit se manifestent une distance plus ou moins grande. Parmi les magntiss aptes l'extriorisation, objet du paragraphe prcdent, certains se ddoublent si l'action sous l'influence de laquelle ils se sont endormis est continue. Mais le ddoublement magntique diffre de la bilocation spontane en ce que, une fois ddoubl, le sujet quoique profondment assoupi, voit, entend et reste capable de mouvements.

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    On reconnat un sujet ddoublable au fait que, mis en somnambulisme et extrioris dans l'obscurit, il peroit, sous forme lumineuse, les zones externes de sa sensibilit. Si l'on continue le saturer, de la tte l'pigastre, il se forme, sa droite et sa gauche, deux masses fluidiques qui se rejoignent bientt pour former le double, aux contours d'abord vagues, puis de plus en plus prcis et enfin identiques l'image physique du sujet. Une fois constitu, le double s'loigne si l'oprateur en exprime la volont: il reste reli l'organisme du sujet par un cordon fluidique extensible. A partir de ce moment, les perceptions visuelles, auditives, olfactives, tactiles du double se transmettent instantanment au sujet. Comme il est possible d'isoler ce dernier de son double, soit l'aide d'un paravent, soit en envoyant le double dans une pice contigu, les vrifications peuvent tre effectues avec toute la rigueur dsirable.

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    Chapitre V - Aperu historique 1. LAntiquit Les effets curatifs de la proprit radio active de lorganisme humain, connue depuis Paracelse sous le nom de magntisme furent observs et utilises chez tous les peuples. Dun papyrus dcouvert par Ebers dans les ruines de Thbes, les traducteurs ont extrait cette phrase caractristique: Pose la main sur la douleur et dis que la douleur sen aille. Dans le Livre des morts nous lisons: Je place les mains sur toi Osiris, pour ton bien, pour te faire vivre. On sait dailleurs que dans les temples gyptiens lhirophante imposait les mains sur les malades et oprait des gurisons. Dans son Trait des Mystres Egyptiens Jamblique mentionne que certains patients traits ainsi dans les temples ne tardaient pas fermer les yeux et tombaient dans un tat intermdiaire entre la veille et le sommeil. Un autre historien, Prosper Alpini, mentionne de mystrieuses frictions mdicales employes par les prtres de lancienne Egypte et aisment identifiable aux passe magntiques. Dans les principaux muses o figurent des bas-reliefs gyptiens, on peut voir que le geste dimposer les mains est frquent. D'autre part, le mme personnage se trouve frquemment reprsente deux fois : son corps fluidique - le Ka - est dessin derrire son corps physique. Il est donc vraisemblable que le ddoublement tait connu l'poque des Pharaons. En Grce, la doctrine pythagoricienne d'un principe universel qui entretient l'harmonie entre tous les corps de la nature et celle des stociens admettant l'existence d'un fluide subtil animant tous les corps et leur permettant de ragir les uns sur les autres, soulignent que la mdecine par l'imposition des mains, alors pratique par les Asclpiades, n'tait pas considre comme empirique, mais comme procdant de donnes rationnelles. Dans son Histoire naturelle , Pline s'tend sur les gurisons qu'oprent par le tact certains hommes ayant, dit-il. Une vertu mdicale . Homre se fait, dans lIliade, l'cho de ces pratiques thrapeutiques. Chez les Romains, nous retrouvons la mdecine dans les Temples, notamment dans celui d'Esculape, et l'usage des frictions. On pourrait, croire qu'il s'agit simplement de massage. Il suffit de lire Celse et Galien pour se convaincre que par frictions, on entendait surtout les passes magntiques. Ainsi. Leclerc dans son Histoire de la mdecine , nous apprend qu'Asclpiade faisait continuer les frictions jusqu' ce que le malade tombe dans un sommeil salutaire, Plaute, dans son Amphitryon tmoigne dans le mme sens. Mercure, l'un des personnages s'exprime ainsi : Quid si ego illum tractim tangat dormiat Et reoit la rponse suivante : Servaveris ham continuas has tres noctes pervigilavi. Le mot tractim se traduit par: en promenant les mains doucement et le dialogue indique qu'il s'agit de faire cesser une insomnie rebelle. Ces notions succinctes mais prcises ne laissent aucun doute sur lantiquit de la connaissance et de l'utilisation des procds usits de nos jours. 2. Le Moyen Age La pierre d'aimant connue depuis longtemps puisque Thales De Millet, Anaxagore et Aristote en font mention tait principalement importe des environs d'une petite ville d'Asie Mineure nomme Magnsie . Au Moyen Age, l'application de l'aimant en thrapeutique prit une vogue considrable, ainsi qu'en font foi les crits d'Aetius d'Amida. On sait aujourd'hui qu'indpendamment de son action physique, l'aimant exerce une puissante action physiologique. L'utilisation mdicale de l'aimant devait se poursuivre au-del du Moyen Age : Paracelse (1603), le pre Kircher (1641), le pre Hell (1777), et plus prs de nous l'abb Le Noble, Laennec, Trousseau, Debove, Maggiorani, Burco, Moricourt et Luys l'ont illustre. On trouvera ce sujet une tude trs documente dans la Grande Encyclopdie . Durant toute la priode mdivale, les impositions, les passes, le souffle et tous les procds de projection du magntisme humain eurent leurs praticiens. Alexandre de Tralles (Alexander Trallianus, livre 1) dcrit, avec une prcision parfaite, l'effet de la magntisation qui dit-il, provoque l'limination des principes morbides, calme, rgularise et tonifie . Il indique que la volont de l'exprimentateur et l'abandon passif du patient acclrent et intensifient ces rsultats. Avicene (De Natura) admet galement l'influence irradiante de l'organisme. Basile Valentin, dans ses Douze clefs de philosophie mentionne

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    l'influence extrieure du corps humain. Ce bndictin alchimiste est d'ailleurs le premier qui ait crit sur ce que l'on nomme aujourd'hui la radiesthsie ou dtection, l'aide de la baguette et du pendule, des sources, gisements mtalliques, etc. etc. Un prcurseur de M. Cou, Arnaud de Villeneuve, qui vivait en 1300, nota les effets de l'imagination, mais il se garda bien de leur attribuer, comme les auto-suggestionnistes modernes, plus que l'on ne saurait attendre d'eux, chez des sujets dpourvus d'une impressionnabilit particulire. Comme les magntiseurs du Moyen Age procdaient presque tous avec contact, on les nommait Toucheurs . Or, une tradition s'tait constitue, attribuant aux rois qui voulaient bien toucher les malades, un pouvoir spcial. En fait, depuis saint Louis (d'autres disent depuis Clovis), les rois de France gurissaient par le toucher. Cet usage se perptua jusqu' HENRI IV. Certains toucheurs eurent une rputation extraordinaire. Citons le plus clbre de tous : Greatrakes, gentilhomme irlandais, dont les cures retentissantes furent attestes par plusieurs mdecins de son temps et par G. RUST, vque de Dromore. 3. Les prcurseurs de Paracelse S'il est vrai que l'Antiquit eut ses secrets collges d'initis, dpositaires d'une doctrine synthtique o les arcanes thoriques du magntisme figuraient, les praticiens gardaient, vis--vis de la foule, un silence absolu quant aux principes doctrinaux qui inspiraient leur mthode. Jusqu'au XVe sicle, nous trouvons une chane discontinue de magntiseurs, mais aucun ne semble soucieux d'difier une thorie gnrale du magntisme. Paracelse en fut le premier grand thoricien, et il semble certain qu'il a orient les travaux de Descartes et surtout de Newton. Le premier, avec son plein et ses tourbillons, avait tent d'expliquer l'action des agents de la nature. Newton, un peu plus lard, crivait : Ce serait ici le lieu d'ajouter quelque chose sur cette espce d'esprit trs subtil qui pntre travers tous les corps solides et qui est cach dans leur substance : C'est par la force et l'action de cet esprit que les particules des corps s'attirent mutuellement aux plus petites distances, qu'elles cohrent ds qu'elles sont contigus. C'est par lui que les corps lectriques agissent de plus grandes distances, tant pour attirer que pour repousser les corpuscules voisins...; toutes les sensations sont excites, et les membres des animaux sont mus quand leur volont l'ordonne, par les vibrations de cette substance spiritueuse qui se propagent des organes extrieurs des sens par les filets solides des nerfs... (3e livre des principes mathmatiques de la philosophie naturelle ). C'tait un commencement de thorie qui rendait compte des affirmations encore rcentes de Ficin et de Pomponace sur la proprit de l'homme affect de violents dsirs d'agir, non seulement sur son propre corps, mais sur un corps voisin. Il y a, dit Pomponace, dans ses Admirables effets de la Nature , des hommes qui ont des proprits salutaires et puissantes. Ces proprits s'exhalent par la force (sous l'impulsion) de l'imagination et du dsir et produisent, sur les corps qui les reoivent, des effets remarquables. L'me (le psychisme) exerce son empire par la transmission de certaines vapeurs extrmement subtiles. Ces vapeurs n'taient autres que des ondes radiotlpsychiques telles que nous les concevons aujourd'hui. A la mme poque, Corneille Agrippa, mdecin Cologne, puis la Cour de Louise de Savoie, soutenait galement la ralit de l'influence que nous exerons tous les uns sur les autres, invisiblement, et la proprit minemment mdicale de cette influence. 4. De Paracelse Mesmer J'ai la conviction que les conceptions de Paracelse, ne drivaient pas seulement des ides de son temps, mais de l'antique doctrine hermtique. Une brve digression relative cette dernire, montrera comment les enseignements de Paracelse et de Mesmer procdent de la philosophie occulte. Quatre sries de ralits se prsentent l'examen de l'intelligence humaine oriente vers la recherche de la Connaissance. Ce sont : 1 La matire, le concret, le tangible. 2 Le mouvement, manifestation de l'nergie. 3 Les lois fixes selon lesquelles l'nergie vertue la matire. 4 Le Principe Recteur, postul par l'vidence de la rectitude d'o procdent les Lois.

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    C'est sans doute ainsi que la pense des anciens fut oriente vers la perception du quaternaire, cl universelle de l'occultisme, dont les deux principales adaptations expliquent clairement le pourquoi et le comment des antiques thrapies. L'univers est considr dans l'esprit des vieux mages comme construit selon le quaternaire. Il comporte quatre lments : 1 La matire physique dans toutes ses modalits. 2 L'nergtisme, connu aussi sous les noms de plan astral, de vie non diffrencie, d'me du monde, etc. 3 Le Psychisme, analogue ce que certaines coles nomment plan mental. 4 Le principe spirituel ou plan divin. L'homme (petit quaternaire construit analogiquement au grand quaternaire universel) comporte quatre lments : 1 L'organisme matriel 2 Le double sidral ou corps astral, moteur, animateur de l'organisme. 3 Le Psychisme individuel ou me (corps mental), sige de l'intelligence raisonnante et connaissante. 4 L'entit spirituelle, esprit (Neschamah ou Atma-buddhi), dont les manifestations vont de la rectitude la conscience de l'universel. Partant de ces conceptions et de la notion, exprimentalement vrifiable, que l'homme communique directement par chacun de ses lments constitutifs avec l'lment correspondant de l'univers, l'tat de sant apparat comme le rsultat d'une norme quaternaire : 1 La norme physico-chimique. 2 La norme dynamique gnrale. 3 La norme intellectuelle ou psychique: quilibre du discernement. 4 La norme spirituelle: harmonie des changes avec le non-moi. D'o quatre espces de mdications : 1 Matrielle, en vue de pallier aux carences et aux surcharges. 2 Dynamique, en vue, soit de rgulariser l'excs des appropriations vitales qui drivent du vouloir vivre (avidit = nahasch = astral) (Nahasch expression hbraque, dsigne, disent les Kabbalistes, le principe dgot do drive lindividuation) soit de suppler la dbilit nergtique du double sidral par une transfusion vitale, c'est--dire par le transfert d'un dynamique vital issu de minraux, de vgtaux, d'animaux ou d'tres humains. Et c'est l ce qui fut nomm magntisme . 3 Par influence sur la pense, sur les dispositions mentales afin d'y ramener ou d'y introduire la norme salvatrice. 4 Par toute pratique de nature dterminer de l'lvation spirituelle, ouvrir la haute conscience la notion de l'Universel. C'est de la seconde de ces quatre mdications dont nous avons nous occuper prsentement. Elle fut, d'ailleurs, prminente parce que la plupart des maladies ont une pathognie dynamique. On a pratiqu deux sortes de magntismes : le magntisme sidral et le magntisme humain. C'est--dire qu'on a eu recours au magntisme mme de l'univers (deuxime plan), ou au magntisme individuel de l'homme (magntisme irradi par son deuxime principe constitutif). Et aucun nom n'est plus largement vocateur de magntisme sidral que celui de Paracelse, qui opposait chaque espce de maladie une modalit spcialise de magntisme sidral ou plantaire. Sachant, par exemple, que l'influx solaire gouverne le tonus vital gnral et la cohsion cellulaire, que l'influx lunaire gouverne le cervelet, le sympathique, l'automatisme viscral, que l'influx martien gouverne la motricit et les combustions internes, que l'influx de Mercure gouverne l'innervation centrale et priphrique, que Vnus rgit l'activit glandulaire et le sensorium, Jupiter l'hmatopose, la fonction hpatique et le systme veineux, Saturne l'ossification et les modlisations cellulaires, Paracelse traitait toute manifestation pathologique par l'influence sidrale en rapport. L'or, fondu aux moments o le soleil dans le Lion indique que prdominent les courants sidraux de la nature du soleil et de l'or (homologues l'un l'autre), atteint son maximum de vertu curative. Paracelse l'utilise ainsi, le constelle des signes abducteurs des influx gurissant, et rfracte des torrents de vitalisme sur les consomptifs. Il agit de mme en ce qui concerne chacun des six autres influx: la lune le signe du Cancer et l'argent, en Mars le Blier ou le Scorpion et le fer. L'argent calmera l'pileptique. Le fer dlivrera le paralytique. A leur tour viennent Mercure et le vif argent, Vnus et le cuivre, Jupiter et l'tain,

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    Saturne et le plomb. Tous, sauf soleil et lune, auront chacun deux utilisations thrapiques selon le signe du zodiaque o sigera, lors de l'emploi, la plante correspondante. Mais la mdecine cosmique de Paracelse devait bientt faire place au systme plus simple du magntisme individuel : l'homme tant abducteur des influx plantaires, de par sa constitution occulte mme, peut irradier directement les influx en question, sans avoir les fixer sur des dispositifs mtalliques. Ainsi, les successeurs immdiats de Paracelse: Van Helmont, Robert Fludd et Maxwell admettent la fois l'aptitude de l'organisme humain condenser l'influx sidral et la possibilit de l'irradier, de le transmettre, de le projeter volontairement. Mesmer (1734-1815) parut sur la scne du monde alors que Paracelce venait d'achever sa carrire. Docteur de l'Universit de Vienne, celui dont l'effort de vulgarisation fut assez considrable pour que le mot mesmrisme soit encore aujourd'hui synonyme de magntisme , ne retint que les ides gnrales de la thorie de Paracelce. Vraisemblablement dsireux de ne pas heurter les conceptions scientifiques de son temps, il s'abstint prudemment de tout conformisme extrieur aux postulats de l'occultisme. Dans l'histoire, il reprsente la transition entre les thoriciens du magntisme sidral et les notions plus simplistes qui prennent uniquement en considration la radio activit individuelle. Pour le grand public, MESMER voque surtout le souvenir d'un dispositif nomm baquet et destin remplir l'office d'accumulateur de fluide . Dans une vaste cuve, des bouteilles d'eau magntise, des limailles mtalliques, du verre pil, du sable taient disposs et connects des conducteurs. Les malades prenaient place autour du baquet , saisissaient l'un des conducteurs et lorsque l'envahissement fluidique devenait suffisant pour dterminer des effets caractriss, MESMER s'approchait et agissant lui-mme sur le patient, il s'efforait de diriger les ractions prouves par ce dernier. La doctrine mesmrienne fut rsume par lui-mme en vingt-sept propositions que nous reproduisons in-extenso : 1 Il existe une influence mutuelle entre les Corps clestes, la Terre et les Corps anims. 2 Un fluide universellement rpandu, et constitu de manire ne souffrir aucun vide, dont la subtilit ne permet aucune comparaison et qui de par sa nature est susceptible de recevoir, propager et communiquer toutes les impressions du mouvement, est le moyen de cette influence. 3 Cette action rciproque est soumise des lois mcaniques, inconnues jusqu' prsent. 4 Il rsulte de cette action des effets alternatifs qui peuvent tre considrs comme un flux et un reflux. 5 Ce flux ou ce reflux est plus ou moins gnral, plus ou moins particulier, plus ou moins compos selon la nature des causes qui le dterminent. 6 Cest par cette opration (la plus universelle de celles que la Nature nous offre) que les relations d'activit s'exercent entre les corps clestes, la terre et ses parties constitutives. 7 Les proprits de la matire et des corps organiss dpendent de cette opration. 8 Le corps animal prouve les effets alternatifs de cet agent et c'est en s'insinuant dans la substance des nerfs qu'il les affecte immdiatement. 9 II se manifeste particulirement dans le corps humain des proprits analogues celles de l'aimant; on y distingue des ples galement divers et opposs, qui peuvent tre communiqus, changs, dtruits ou renforcs; le phnomne mme de l'inclinaison y est observ. 10 la proprit du corps animal qui le rend susceptible de l'influence des corps clestes et de l'action rciproque de ceux qui l'environnent, manifeste par son analogie avec l'aimant, m'a dtermin la nommer Magntisme animal . 11 L'action et la vertu du magntisme animal, ainsi caractrises, peuvent tre communiques d'autres corps anims et inanims. Les uns et les autres en sont plus ou moins susceptibles. 12 Cette action et cette vertu peuvent tre renforces et propages par ces mmes corps. 13 On observe, l'exprience, l'coulement d'une matire dont la subtilit pntre tous les corps sans perdre notamment de son activit. 14 Son action a lieu une distance loigne, sans le secours d'aucun corps intermdiaire. 15 Elle est augmente et rflchie par les glaces, comme la lumire. 16 Elle est communique, propage et augmente par le son. 17 Cette vertu magntique peut tre accumule, concentre et transporte.

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    18 J'ai dit que les corps anims n'en taient pas galement susceptibles : il en est mme, quoique trs rares, qui ont une proprit si oppose que leur seule prsence dtruit tous les effets de ce magntisme dans les autres corps. 19 Cette vertu oppose pntre aussi tous les corps, elle peut tre galement communique, propage, accumule, concentre et transporte, rflchie par les glaces et propage par le son ; ce qui constitue non seulement une privation, mais une vertu oppose positive. 20 L'aimant, soit naturel, soit artificiel, est, ainsi que les autres corps, susceptible de magntisme animal, et mme de la vertu oppose, sans que ni dans l'un, ni dans l'autre cas, son action sur le fer et l'aiguille souffre aucune altration ; ce qui prouve que le principe du magntisme animal diffre essentiellement de celui du minral. 21 Ce systme fournira de nouveaux claircissements sur la nature du feu et de la lumire, ainsi que dans la thorie de l'attraction, du flux et du reflux, de l'aimant et de l'lectricit. 22 Il fera connatre que l'aimant et l'lectricit artificielle n'ont l'gard des maladies que des proprits communes avec plusieurs autres agents que la nature nous offre et que, s'il est rsult des effets utiles de l'administration de ceux-l, ils sont dus au magntisme animal. 23 On reconnatra par les faits, d'aprs les rgles pratiques que j'tablirai, que ce principe peut gurir immdiatement les maladies de nerfs, et immdiatement les autres. 24 Qu'avec son secours le mdecin est clair sur l'usage des mdicaments, qu'il perfectionne leur action et qu'il provoque et dirige les crises salutaires, de manire s'en rendre matre. 25 En communiquant une mthode, je dmontrerai par une thorie nouvelle des maladies, l'utilit universelle du principe que je leur oppose. 26 Avec cette connaissance, le mdecin jugera srement l'origine, la nature et les progrs des maladies, mme les plus compliques: il en empchera l'accroissement et parviendra leur gurison, sans jamais exposer le malade des effets dangereux ou des suites fcheuses, quels que soient l'ge, le temprament et le sexe, les femmes mme, dans l'tat de grossesse et lors des accouchements, jouiront du mme avantage. 27 Cette doctrine, enfin, mettra le mdecin en tat de bien juger du degr de sant de chaque individu, et de le prserver des maladies auxquelles il pourrait tre expos. L'art de gurir parviendra ainsi sa dernire perfection. Le succs de MESMER fut immense. Le roi de France lui offrit vingt mille livres de rente et un loyer de dix mille livres pour former des lves. Plus tard, une souscription publique effectue en vue de crer une sorte d'tablissement la fois thrapique et pdagogique, runit trois cent cinquante mille livres. Au nombre des souscripteurs figuraient le pre GERARD, procureur gnral de l'Ordre de la Charit, le comte de Pastoret, le comte de Noailles, les marquis de Montesquieu, de Tissart, du Rouvre, et plusieurs mdecins, chirurgiens et savants. Semblable vogue devait ncessairement susciter des dtracteurs, surtout au sein des acadmies et, en dfinitive, ces dernires russirent interrompre la carrire du matre. 5. De Mesmer au XXe sicle Si de nos jours encore, MESMER, en tant qu'individu, garde des dtracteurs, tous doivent reconnatre la puissante impulsion issue de son activit. Grce lui, le mot magntisme et les phnomnes magntiques parvinrent la connaissance non seulement des esprits cultivs de l'poque, mais de la presque totalit du public europen. Les adeptes du magntisme devaient ainsi se multiplier. Je ne citerai ici que les principaux, ceux que la postrit considre comme les matres de la question. D'abord, le marquis de PUYSEGUR (1751-1825), gouverneur de l'cole d'artillerie de La Fre, et plus tard marchal de camp. Elve direct de Mesmer, de Puysgur abandonna la carrire militaire pour se consacrer entirement aux malades. Pour lui, la confiance, l'intention de faire du bien, la volont ardente de raliser cette intention constituent l'essentiel des dispositions ncessaires pour magntiser avec succs. Il n'utilisa pas plus que ses successeurs le baquet de Mesmer, mais considrant que l'agent universel, dont le magntisme humain est une modalit, se manifeste dans tous les rgnes de la nature, il eut l'ide de magntiser de grands arbres, dans sa proprit, Buzancy, et de placer les malades en contact avec ces

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    foyers magntiques. En 1734, il dcouvrit le somnambulisme. Un jeune paysan atteint d'une pneumonie et qu'il magntisait activement, s'endormit sous l'effet du traitement. Il parlait, dit de Puysgur, et s'occupait tout haut de ses affaires. Lorsque je voyais ses ides devoir l'affecter d'une manire dsagrable, je les arrtais et je cherchais lui en inspirer de plus gaies; il ne me fallait pas pour cela de grands efforts ; alors je le voyais content, s'imaginant tirer un prix, danser une fte, etc. Je nourrissais en lui ces ides, et par-l je le forais se donner beaucoup de mouvement sur sa chaise, comme pour danser un air qu'en chantant mentalement je lui faisais rpter tout haut... Deleuze (1754-1835), bibliothcaire du Musum d'Histoire naturelle, fut un exprimentateur mthodique et prudent. Il s'abstint de toute innovation thorique et multiplia les observations. Il discerna trs bien que l'exprimentateur agit sur le patient par deux influences distinctes, l'une purement physiologique, l'autre psychique. Il insista sur l'utilit du rapport tablir entre le magntiseur et le magntis avant toute tentative exprimentale ou thrapeutique. Le baron Du Potet de Sennevoy (1786-1881), enthousiaste et bien dou, se fit connatre de bonne heure grce la surprenante rapidit et l'intensit des effets qu'il obtenait. En 1820, il fut admis donner, devant Husson, mdecin en chef de l'Htel-Dieu, une dmonstration dans cet tablissement. Sa premire exprience porta sur une malade rebelle toutes les mdications et devenue cachectique par suite de rgurgitations continuelles. Ds la premire sance, les spasmes furent arrts et au bout de vingt-sept jours elle sortait de l'hpital compltement gurie. Dans plusieurs autres hpitaux de Paris, Du Potet obtint des rsultats faire tomber la renverse, dit Louis Figuier, les plus robustes adversaires du magntisme . Cependant il ne fit pas cole parmi les mdecins officiels. Lafontaine (1803-1892), l'avant-dernier des matres passs la postrit, considrait le magntisme comme un agent physique plus ou moins soumis l'action de la volont. S'cartant de toute thorie mystrieuse, il chercha surtout tablir la ralit de l'agent magntique par la voie exprimentale. Ce fut non seulement un thrapeute de premier ordre, mais aussi un propagandiste ardent. Alors que dans un but de dmonstration il endormait un sujet sur la scne du Thtre de Manchester, observ par le Dr Braid, mdecin de cette ville, il fut inconsciemment l'occasion d'une dcouverte qui devait plus tard mettre aux prises les magntiseurs, les fascinateurs et les suggesteurs. Braid, ayant constat la ralit du sommeil provoqu, mais n'admettant pas celle du fluide, crut voir dans la fixit brillante du regard de l'oprateur la cause du sommeil provoqu. Il russit dterminer un tat parasomnambulique sur diverses personnes en leur faisant fixer son porte-lancette nickel. Ce faisant, il venait de dcouvrir le fait fondamental de l'hypnotisme sensoriel (le mot hypnotisme est d Braid lui-mme) tout en perdant de vue que le sommeil magntique avait souvent t obtenu par Lafontaine et tous ses prdcesseurs sans aucune fascination, et mme l'insu du sujet. Si, au cours de la premire partie du XIXe sicle, l'histoire du magntisme fut illustre par une chane ininterrompue de brillants praticiens. La seconde eut, en la personne d'Hector Durville (1849-1923), un matre jusque-l ingal. Exprimentateur rflchi, mthodique, consciencieux, il tait donc d'une irradiation personnelle extrmement puissante qu'il utilisa, infatigablement, d'une part en vue de gurir, d'autre part pour rechercher, plus scientifiquement que ne l'avaient fait ses prdcesseurs, les lois du phnomnisme magntique. Ds le dbut de sa carrire, il russit tablir comment se manifeste, jusque dans ses plus ultimes subsquences, la polarit de l'agent magntique. Plus tard, il dmontra qu'indpendamment du magntisme physique ou physiologique, l'tre humain extriorise une influence purement psychique, d'o procdent les transmissions distance de la pense et la suggestion mentale. Enfin, ses investigations l'introduisirent en plein domaine mtapsychique. Plusieurs annes de sa vie furent consacres l'tude exprimentale de l'extriorisation et du ddoublement. Il parvint une technique exceptionnellement sre dans la production de ce dernier phnomne, insouponne de ses devanciers. La doctrine d'Hector Durville oriente depuis un demi-sicle les innombrables chercheurs qu'il a initis. Elle a donc cr entre les magntistes cette unanimit de vues, absente des sicles passs, et qui contribuera grandement, selon les intentions du matre, la propagation du magntisme.

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    6. Le magntisme devant les corps savants Mesmer eut comme disciple, ds 1778, le docteur d'Elson. Celui-ci tenta, en septembre 1780, de faire apprcier le magntisme l'Acadmie de Mdecine. Se refusant l'couter, ses confrres, aprs dlibration, proposrent purement et simplement de le rejeter du sein de la docte assemble s'il n'avait dsavou, avant la fin de l'anne, ses observations sur la doctrine de Mesmer. En mai 1788, le roi, au fait des gurisons opres par Mesmer et ses collaborateurs, nomma une commission pour examiner la question. Les membres de cette commission n'ayant pas russi se mettre d'accord, une seconde srie d'examinateurs choisis parmi les membres de la Socit Royale de Mdecine se mit au travail. Son premier soin fut de tenter d'obtenir que chacun des socitaires signt un engagement ne pas se dclarer partisan du magntisme sous peine de radiation. Cependant, aprs quelques essais exprimentaux, un rapport fut tabli dont nous extrayons ces lignes : Les malades sont soumis celui qui les magntise : ils ont beau tre dans un assoupissement profond, sa voix, son regard, un signe de lui les en retire. On ne peut s'empcher de reconnatre ces effets constants une grande puissance qui agite les malades, les matrise et dont celui qui magntise semble tre le dpositaire. Le rapporteur, Bailly, n'en conclut pas moins l'inexistence du magntisme animal. Une seule voix s'leva contre cette conclusion: ce fut celle du naturaliste Laurent de Jussieu, qui refusa de signer le rapport. Un sicle plus tard, le docteur Foissac, praticien du magntisme, obtint de l'Acadmie un nouvel examen de la question. Une commission de neuf membres fut nomme avec Husson comme rapporteur. Voici quels furent les termes du rapport : Les conclusions du rapport sont la consquence des observations dont il se compose. 1 Le contact des pouces et des mains, des frictions, ou certains gestes que l'on fait peu de distance du corps, et appels passes, sont les moyens employs pour se mettre en rapport, ou, en d'autres termes, pour transmettre l'action du magntiseur au magntis. 2 Les moyens qui sont extrieurs et visibles ne sont pas toujours ncessaires, puisque dans plusieurs occasions la volont, la fixit du regard, ont suffi pour produire les phnomnes magntiques, mme l'insu des magntiss, 3 Le magntisme a agi sur des personnes de sexe et d'ge diffrents. 4 Le temps ncessaire pour transmettre et faire prouver l'action magntique a vari depuis une demi-heure jusqu' une minute. 5 Le magntisme n'agit pas en gnral sur les personnes bien portantes. 6 Il n'agit pas non plus sur tous les malades. 7 Il se dclare quelquefois, pendant qu'on magntise, des effets insignifiants et fugaces que nous n'attribuons pas au magntisme seul tels qu'un peu d'oppression, de chaleur ou de froid, et quelques autres phnomnes nerveux dont on peut se rendre compte sans l'intervention d'un agent particulier, savoir, par l'esprance ou la crainte, la prvention et l'attente d'une chose inconnue et nouvelle, l'ennui qui rsulte de la monotonie des gestes, le silence et le repos observs dans les expriences, enfin par l'imagination qui exerce un si grand empire sur certains esprits et sur certaines organisations. 8 Un certain nombre des effets observs nous ont paru dpendre du magntisme seul, et ne se sont pas reproduits sans lui. Ce sont des phnomnes physiologiques et thrapeutiques bien constats. 9 Les effets rels produits par le magntisme sont trs varis. Il agite les uns, calme les autres : le plus ordinairement il cause l'acclration momentane de la respiration et de la circulation, des mouvements convulsifs, fibrillaires, passagers, ressemblant des secousses lectriques, un engourdissement plus ou moins profond, de l'assoupissement, de la somnolence, et, dans un petit nombre de cas, ce que les magntiseurs appellent somnambulisme. 10 L'existence d'un caractre unique, propre faire reconnatre dans tous les cas la ralit de l'tat de somnambulisme n'a pas t constate. 11 Cependant, on peut conclure avec certitude que cet tat existe quand il donne lieu au dveloppement des facults nouvelles qui ont t dsignes sous les noms de clairvoyance, d'intuition, de prvision intrieure, ou qu'il produit de grands changements dans l'tat physiologique, comme l'insensibilit, un accroissement subit et considrable de forces, et que cet effet ne peut tre rapport une autre cause.

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    12 Comme, parmi les effets attribus au somnambulisme, il en est qui peuvent tre simuls, le somnambulisme lui-mme peut quelquefois tre simul et fournir au charlatanisme des moyens de dception. Aussi, dans l'observation de ces phnomnes qui ne se prsentent encore que comme des faits isols qu'on ne peut rattacher aucune thorie, ce n'est que par l'examen le plus attentif, les prcautions les plus svres, et par des preuves nombreuses et varies qu'on peut chapper l'illusion. 13 Le sommeil provoqu avec plus ou moins de promptitude, et tabli un degr plus ou moins profond, est un effet rel, mais non constant du magntisme. 14 Il nous est dmontr qu'il a t provoqu dans des circonstances o les magntiss n'ont pu voir et ont ignor les moyens employs pour le dterminer. 15 Lorsqu'on fait tomber une fois une personne dans le sommeil magntique, on n'a pas toujours besoin de recourir au contact et aux passes magntiques pour la magntiser de nouveau. Le regard du magntiseur, sa volont seule, ont sur elle la mme influence. On peut non seulement agir sur le magntis, mais encore le mettre compltement en somnambulisme, et l'en faire sortir son insu, hors de la vue, une certaine distance et au travers des portes. 16 Il s'opre ordinairement des changements plus ou moins remarquables dans les perceptions et les facults des individus qui tombent en somnambulisme par l'effet du magntisme. Quelques-uns, au milieu du bruit de conversations confuses, n'entendent que la voix de leur magntiseur. Plusieurs rpondent d'une manire prcise aux questions de celui-ci ou que les personnes avec lesquelles on les a mis en rapport leur adressent; d'autres entretiennent des conversations avec toutes les personnes qui les entourent. Toutefois, il est rare qu'ils entendent ce qui se passe autour d'eux, la plupart du temps, ils sont compltement trangers au bruit extrieur et inopin fait leur oreille, tel que le retentissement de vases de cuivre vivement frapps prs d'eux, la chute d'un meuble, etc. Les yeux sont ferms ; les paupires cdent difficilement aux efforts qu'on fait avec la main pour les ouvrir. Cette opration, qui n'est pas sans douleur, laisse voir le globe de l'il convuls, et port vers le haut et quelquefois vers le bas de l'orbite. Quelquefois l'odorat est comme ananti. On peut leur faire respirer l'acide muriatique ou l'ammoniaque, sans qu'ils en soient incommods, sans mme qu'ils s'en doutent. Le contraire a lieu dans certains cas, et ils sont sensibles aux odeurs. La plupart des somnambules que nous avons vus taient compltement insensibles. On peut leur chatouiller les pieds, les narines et l'angle des yeux par l'approche d'une plume ; leur pincer la peau de manire lecchymoser ; la piquer sous l'ongle avec des pingles enfonces l'improviste une assez grande profondeur, sans qu'ils aient tmoign de la douleur, sans qu'ils s'en soient aperus. Enfin, on en a vu une qui a t insensible une des oprations les plus douloureuses de la chirurgie, et dont ni la figure, ni le pouls, ni la respiration n'ont dnot la plus lgre motion. 17 Le magntisme a la mme intensit; il est aussi promptement ressenti une distance de six pieds que de six pouces, et les phnomnes qu'il dveloppe sont les mmes dans les deux cas. 18 L'action distance ne parat pouvoir s'exercer avec succs que sur des individus qui ont t dj soumis au magntisme. 19 Nous n'avons pas vu qu'une personne magntise pour la premire fois tombt en somnambulisme. Ce n'a t quelquefois qu' la huitime ou dixime sance que le somnambulisme s'est dclar. 20 Nous avons constamment vu le sommeil ordinaire, qui est le repos des organes, des sens, des facults intellectuelles et des mouvements volontaires, prcder et terminer l'tat de somnambulisme. 21 Pendant qu'ils sont en somnambulisme, les magntiss que nous avons observs conservent l'exercice des facults qu'ils ont pendant la veille. Leur mmoire mme parat plus fidle et plus tendue, puisqu'ils se souviennent de ce qui s'est pass pendant tout le temps et toutes les fois qu'ils ont t en somnambulisme. 22 A leur rveil, ils disent avoir oubli totalement toutes les circonstances de l'tat de somnambulisme, et ne s'en ressouvenir jamais. Nous ne pouvons avoir cet gard d'autres garanties que leurs dclarations. 23 Les forces musculaires des somnambules sont quelquefois engourdies et paralyses. D'autres fois, les mouvements ne sont que gns et les somnambules marchent en chancelant la manire des hommes ivres, et sans viter, quelquefois aussi en vitant les obstacles qu'ils rencontrent sur leur passage. Il y a des

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    somnambules qui conservent intact l'exercice de leurs mouvements. On en voit mme qui sont plus forts et plus agiles que dans l'tat de veille. 24 Nous avons vu des somnambules distinguer, les yeux ferms, les objets que l'on a placs devant eux. Ils ont dsign sans les toucher la couleur et la valeur des cartes ; ils ont lu des mots tracs la main, ou quelques lignes de livres que l'on a ouverts au hasard. Ce phnomne a eu lieu alors mme qu'avec les doigts on fermait exactement l'ouverture des paupires, 25 Nous avons rencontr chez deux somnambules la facult de prvoir des actes de l'organisme plus ou moins loigns, plus ou moins compliqus. L'un d'eux a annonc plusieurs jours, plusieurs mois d'avance, le jour, l'heure et la minute de l'invasion et du retour d'accs pileptiques ; l'autre a indiqu l'poque de sa gurison. Leurs prvisions se sont ralises avec une exactitude remarquable. Elles ne nous ont paru s'appliquer qu' des actes ou des lsions de leur organisme. 26 Nous n'avons rencontr qu'une seule somnambule qui ait indiqu les symptmes de la maladie de trois personnes avec lesquelles on l'avait mise en rapport. Nous avions cependant fait des recherches sur un assez grand nombre. 27 Pour tablir avec quelque justesse les rapports du magntisme avec la thrapeutique, il faudrait en avoir observ les effets sur un grand nombre d'individus, et avoir fait longtemps et tous les jours des expriences sur les mmes malades. Cela n'ayant pas eu lieu, la commission a d se borner dire ce qu'elle a vu dans un trop petit nombre de cas pour oser rien prononcer. 28 Quelques-uns de ces malades magntiss n'ont ressenti aucun bien : d'autres ont prouv un soulagement plus ou moins marqu, savoir, l'un la suspension de douleurs habituelles; l'autre le retour des forces, un troisime, un retard de plusieurs mois dans l'apparition des accs pileptiques; et un quatrime, la gurison complte d'une paralysie grave et ancienne. 29 Considr comme agent de phnomnes physiologiques ou comme moyen thrapeutique, le magntisme devrait trouver sa place dans le cadre des connaissances mdicales, et par consquent les mdecins seuls devraient en faire ou en surveiller l'emploi, ainsi que cela se pratique dans les pays du Nord. 30 La commission n'a pas pu vrifier, parce qu'elle n'en a pas eu l'occasion, d'autres facults que les magntiseurs avaient annonc exister chez les somnambules; mais elle communique des faits assez importants dans son rapport pour qu'elle pense que l'Acadmie devrait encourager les recherches sur le magntisme, comme une branche trs curieuse de psychologie et d'histoire naturelle. Arriv au terme de ses travaux, avant de clore ce rapport, la commission s'est demand si, dans les prcautions qu'elle a multiplies autour d'elle pour viter toute surprise, si dans le sentiment de constante dfiance avec lequel elle a toujours procd, si dans l'examen des phnomnes qu'elle a observs, elle a rempli scrupuleusement son mandat. Quelle autre marche, nous sommes-nous dit, aurions-nous pu suivre ? Quels moyens plus certains aurions-nous pu prendre, de quelle dfiance plus marque et plus discrte aurions-nous pu nous pntrer notre conscience, messieurs, nous a rpondu hautement que vous ne pouviez rien attendre de nous que nous n'ayons pas fait. Ensuite avons-nous t des observateurs probes, exacts, fidles ? C'est vous, qui nous connaissez depuis de longues annes ; c'est vous, qui nous voyez constamment prs de vous, soit dans le monde, soit dans nos frquentes assembles, de rpondre cette question. Votre rponse, messieurs, nous l'attendons de la vieille amiti de quelques-uns d'entre vous et de l'estime de tous. Certes, nous n'osons nous flatter de vous faire partager entirement notre conviction sur la ralit des phnomnes que nous avons observs, et que vous n'avez ni vus, ni suivis, ni tudis avec et comme nous. Nous ne rclamons donc pas de vous une croyance aveugle tout ce que nous avons rapport. Nous concevons qu'une grande partie de ces faits sont si extraordinaires, que vous ne pouvez pas nous l'accorder ; peut-tre nous-mmes oserions-nous vous refuser la ntre, si, changeant de rles, vous veniez les annoncer cette tribune, nous, qui comme vous aujourd'hui, n'aurions rien vu, rien observ, rien tudi, rien suivi. Nous demandons seulement que vous nous jugiez comme nous vous jugerions, c'est--dire que vous demeuriez bien convaincus que, ni l'amour du merveilleux, ni le dsir de la clbrit, ni un intrt quelconque, ne nous ont guids dans nos travaux. Nous tions anims par des motifs plus levs, plus

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    dignes de vous, par l'amour de la science et par le besoin de justifier les esprances que l'Acadmie avait conues de notre zle et de notre dvouement. Sign : Bourdois de la Mothe, prsident ; Fouquier, Gueneau de Mussy, Guersant, Husson, Itard, Leroux, Marc, Thillaye. L'impression ayant t demande, il suffit qu'un seul membre s'y oppost pour qu'elle n'et pas lieu. L'objecteur, le docteur Castel, usa de cet argument : Si la plupart des faits allgus taient rels, ils dtruiraient la moiti des connaissances physiologiques. Une troisime fois, en 1837, le magntisme revint sur la sellette. Onze ans auparavant, Clocquet avait russi extirper une tumeur cancreuse, sans aucune manifestation de douleur, une femme endormie du sommeil magntique. Interpell l'Acadmie au sujet d'un fait analogue, le docteur Oudet encourut la rprobation de ses confrres, mais la discussion donna lieu, sur la demande de BERNA, un nouvel examen du magntisme, avec DUBOIS comme rapporteur. Dans mon rapport, dit l'abb Loubert, il n'est pas une phrase, pas un mot qui n'ait pour but de tenir le lecteur dans un tat de dfiance et le magntisme dans un tat de suspicion continuelle. Tous les moyens semblent galement bons l'auteur pour arriver ses fins, les expressions les plus malignes, les insinuations les plus offensantes et les subterfuges les plus indignes. Husson qui avait vu Du Potet luvre protesta ainsi que Clocquet lui-mme : Vous aurez beau faire, dit ce dernier, les faits sont irrcusables et je ne serais pas tonn que malgr la rsistance la mieux combine, la mieux soutenue, un beau jour le magntisme vnt prendre, dans la science, la place qu'on lui refuse aujourd'hui. Parmi les membres de l'Acadmie, il s'en trouvait cependant plus d'un qui, en son for intrieur, dsirait que les investigations continuassent. Tel fut le docteur Burdin, qui institua un prix de trois mille francs la personne qui, en tat de somnambulisme magntique, lirait sans le secours des yeux. Un magntiseur se prsenta, Pigeaire. Voici le rapport auquel ses expriences donnrent lieu : Procs-verbal rdig par M. Bousquet. Le 7 juillet 1838, quatre heures de releve, MM. Arago, Orfila, Ribes, Gerdy, Rveill-Parise. Bousquet et Mialle, se sont runis chez M. Pigeaire pour tre tmoins d'une exprience dite magntique, le sujet de l'exprience est mademoiselle Pigeaire, ge de douze ans. On dit que lorsque cette jeune personne est en tat de somnambulisme magntique, elle a la singulire proprit de lire les yeux recouverts d'un bandeau parfaitement opaque. L'objet de l'exprience tait de vrifier le fait. Le bandeau, large de six travers de doigt, est compos d'une bande de toile fine que l'on applique d'abord sur les yeux, puis on met deux tampons de coton en rame, et finalement trois couches de velours noir que l'on fixe autour de la tte. Ensuite, on colle deux bandes de taffetas d'Angleterre, qui adhrent aux joues et au nez, et l'on applique encore une bandelette de ce taffetas perpendiculairement de haut en bas pour ajouter aux adhrences des premires bandelettes le long du nez. M. Arago a appliqu cet appareil sur ses yeux et il est convenu qu'il n'y voyait rien. M. Orfila s'est soumis la mme application, et il a dclar qu'il lui serait impossible de distinguer les tnbres de la lumire. M. Gerdy a dit qu'il distinguait les tnbres de la lumire, mais qu'il lui serait impossible de voir les objets, mme les plus apparents. Aprs ces essais, on a appel mademoiselle Pigeaire ; elle s'est assise dans un fauteuil, auprs d'une table, et aprs quelques passes faites par sa mre, elle a dclar qu'elle tait suffisamment magntise. On lui a pos successivement, et avec la plus minutieuse attention, les diverses pices dont se compose l'appareil. A peine cette application tait-elle faite qu'elle a dit qu'elle tait malade, qu'elle souffrait de la tte. Elle s'est agite, elle s'est plainte souvent; tellement que les tmoins, touchs de ses plaintes, ont plusieurs fois invit madame Pigeaire et la somnambule elle-mme remettre la sance un autre jour. A ce moment, M. Gerdy, que ses affaires appelaient ailleurs a quitt la sance. (M. Gerdy sort toujours au milieu des expriences, et les raconte ensuite d'un bout l'autre.) Enfin, aprs une heure d'attente, la somnambule a dit qu'elle tait dispose lire. M. Orfila tenait la main une petite brochure in-8, intitule : Compte rendu de la Clinique de lHtel-Dieu . Il l'avait reue la veille de l'auteur ; elle n'tait pas encore coupe.

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    Pose sur la table, elle a t ouverte la page 11, et cette page recouverte d'une lame de verre transparente. Alors la somnambule, dans l'attitude d'une personne qui lit, a promen le doigt indicateur de la main droite sur le verre, et a lu distinctement et presque couramment environ une douzaine de lignes, en indiquant exactement la ponctuation. Elle ne s'arrtait sensiblement que sur les mots qui, tels que ceux de chirurgie, exigeaient de sa part un peu plus d'attention. Arrive la fin de la page, M. Arago a tourn quelques feuillets, et la somnambule a lu encore quelques lignes de la page 17. Enfin elle a commenc avec M. Orfila une partie dcarter, avec l'intention de dsigner toujours les cartes qu'elle jetait et celles de son adversaire. Elle ne s'est jamais trompe. Les preuves termines, un des tmoins a dtach le bandeau de haut en bas, lentement et de manire permettre aux autres de s'assurer qu'aucune pice de l'appareil ne s'tait dplace. Le taffetas adhrait si fortement qu'il a laiss des traces sensibles sur les joues de la somnambule. La sance a dur deux heures. Ont sign : Bousquet, D. M. secrtaire de l'Acadmie de Mdecine ; Ribes, de l'Institut, mdecin de l'Htel des Invalides ; Orfila, doyen de la Facult de Mdecine; Rveill-Parise, D. M. ; Mialle, littrateur. Les rsultats jugs insuffisants, le prix ne fut pas attribu. 7. Actuellement Depuis que les travaux dHector Durville ont substitu la vieille thorie de l'mission celle de londulation, qui insre les phnomnes magntiques dans le cadre des manifestations de la radio activit, la question se prsente sous un jour trs propice une rvision des avis prcdemment mis l'gard d'une irradiation physiologique jusqu'ici conteste, malgr la vrification exprimentale de ses proprits. Comme je l'ai dj not, ses effets s'tant imposs, la plupart des officiels de la deuxime moiti du XIXe sicle ont tent de les imputer aux actions hypnotiques, c'est--dire aux excitations sensorielles mcaniques innoves par Braid, puis gnralises par Azam, Charcot, Dumontpallier et leurs successeurs. Braid lui-mme avait cependant reconnu, dans sa Neurhypnologie , que les procds hypnotiques ne dterminaient point tous les phnomnes produits par les magntiseurs. Son ami et correspondant, le docteur Esdaille, fondateur de l'hpital Mesmrique de Calcutta, endormait d'ailleurs ses patients par des passes et non par fascination ou suggestion, et obtenait ainsi une anesthsie gnrale fort apprciable cette poque, antrieure la dcouverte de la narcose par inhalation d'ther ou de chloroforme. Avec Liebeault, ce fut l're de la suggestion, mais Liebault devait reconnatre, en 1883, que les jeunes enfants sur qui la suggestion n'a aucune prise ragissent trs bien l'action du magntisme. Il y a une vingtaine d'annes, ce fut l'autosuggestion que l'on tenta d'attribuer les gurisons obtenues par les magntiseurs et par les hypnotiseurs. Aujourd'hui, la juste mesure tend s'tablir, et la valeur respective du magntisme, de l'hypnotisme sensoriel, de l'hypnotisme par suggestion l'tat de veille et de l'autosuggestion se prcise l'avantage du vieux magntisme de Paracelse, de Mesmer et de Durville car cet agent, qui seul permet doprer de vritables transfusions vitales, est d'une valeur thrapeutique laquelle les autres mthodes prcites ne sauraient suppler.

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    Chapitre VI - Le rle thrapeutique du magntisme 1. L'amlioration du terrain Lintgrit tissulaire, la constitution harmonieuse des systmes d'appareils coordonns au sein de l'organisme, un tonus dynamo-gntique suffisamment vigoureux, tels sont en rsum les lments d'une sant rsistante. Ces lments