25

COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International
Page 2: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEUR

Page 3: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

OUVRAGES DU MEME AUTEUR

— Méthode rationnelle pour acquérir la Maîtrise de Soi-Même. — Les Marques révélatrices du Caractère et du Destin. L'art de

lire sur le visage les prédispositions et prédestinations. — L'éducation de la parole. L'art de parler clairement et avec

assurance dans la vie privée, dans les affaires et en public. — Le livre rénovateur des Nerveux, des Surmenés, des Déprimés

et des Découragés. Préface du Docteur Legrain. — Le Pouvoir de la Volonté, sur soi-même, sur les autres, sur le

destin. — Méthode pratique d'Autossuggestion, appliquée en vue d'obtenir

la maîtrise de soi-même, la guérison des maladies et l'influence personnelle.

— Méthode pratique pour développer la Mémoire. — La Timidité vaincue. — Les Lois du succès. La part de la chance. La part de la volonté. — Psychologie de l'Amour. L'instinct, la sensibilité, l'imagination.

Nouvelle édition entièrement refondue. — L'Influence à distance, la Transmission de la pensée et la Sug-

gestion mentale. — Méthode Pratique de Magnétisme, Hypnotisme, Suggestion. — Science Occulte et Magie pratique. — Initiation à l'Art de guérir par le Magnétisme humain. — Comment on devient hypnotiseur. Théories et Procédés de l'Hyp-

notisme. — Traité théorique et pratique de la Double-Vue. — L'Aptitude à Effort réalisateur. — Méthode Vertébros (séance condensée de culture physique).

Chlrologie, Chiromancie. — Traité méthodique de Magnétisme Personnel.

En collaboration avec le DOCTEUR P. OUDINOT

- Méthode pratique de développement du Charme Personnel. — L'Insomnie vaincue. L'art de s'endormir aisément et sans drogue

malgré les préoccupations, le bruit ou la douleur.

En collaboration avec F. DUCHIEZ

— L'Education du Style. Une méthode simple et pratique pour ac- quérir l'aisance et la clarté dans la correspondance, les tra- vaux de rédaction et la composition littéraire.

En collaboration avec René GERBEX

— Revitalisation organique, musculaire et cérébrale par la Cul- ture Physique.

Page 4: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

Paul-C. JAGOT

Comment on devient Hypnotiseur

THÉORIES ET PROCÉDÉS DE

L'HYPNOTISME Cours d'Entraînement expérimental

EDITIONS DANGLES 38, Rue de Moscou

PARIS VIIIme —

Page 5: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

Droits de traduction, d'adaptation et de reproduction pour tous pays

Page 6: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

PRÉFACE DE LA DEUXIEME EDITION

1. ORIGINE DE CE LIVRE. — 2. QUE FAUT-IL ENTENDRE PAR : DEVENIR HYPNOTISEUR.

ORIGINE DE CE LIVRE. — L'origine de ce petit traité remonte à un quart de siècle. Il parut en 1910, à La Nouvelle Populaire pour qui je l'écrivis sur la demande que m'en adressa le directeur de cette maison d'édition après avoir assisté à une série de démonstrations publiques d'hypnotisme que j'avais effectuées dans une salle proche de son domicile.

Fermés le 2 août 1914, les bureaux de La Nouvelle Populaire ne devaient plus rouvrir. Cette firme disparut et Comment on devient hypnotiseur ne fut pas réimprimé.

Depuis, j'ai publié trois volumes (I) très détaillés qui constituent une sorte d'encyclopédie de l'expérimentation des phénomènes psychiques.

Cet opuscule servira d'introduction. Je l'ai modifié conformément à ce que vingt-cinq nou-

velles années de pratique m'ont enseigné.

(1) Méthode Pratique de magnétisme, hypnotisme. suggestion. L'Influence à distance, la transmission de la pensée et la sug- gestion mentale. Initiation à l'art de guérir par le magnétisme humain.

Page 7: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

Tel quel, il convient, en particulier, à toute personne désireuse de se former une conception objective de l'hypno- tisme en vérifiant par elle-même la réalité des principaux faits qui sont à la base de cette question.

2. QU'EST-CE QUE DEVENIR HYPNOTISEUR ? — Deve- nir hypnotiseur, c'est acquérir, au moyen de multiples tentatives expérimentales effectuées sur des personnes de tout âge et de toute condition, l'aisance, la précision, le tact, la sûreté et l'autorité pratiques nécessaires à la pleine efficacité des procédés d'hypnotisation. C'est s'exer- cer à la persistance et à l'énergie de l'effort volontaire effectué en vue de déterminer les phénomènes cherchés.

On devient hypnotiseur par entraînement. Il va sans. dire qu'un homme bien au fait de la physio-

logie cérébrale, de la psychologie, de la psychiatrie, se trouve particulièrement qualifié pour pratiquer l'hypno- tisme. Certaines aptitudes naturelles jouent également un rôle. Mais l'entraînement reste indispensable à tous. Faute d'exercice assidu, l'efficience de l'opérateur, fût-il fort sa- vant, reste faible. Une mise à l'épreuve improvisée de la technique hypnotique donne rarement lieu à des résultats concluants. Ainsi s'expliquent les divergences de vues du corps médical (1) en ce qui concerne l'hypnose, la sug- gestion et l'étendue de leurs possibilités. « On ne s'impro- vise pas hypnotiseur », écrivait en 1888 le docteur Bé- rillon (2), et Bernheim précisait : « L'hypnotisme s'apprend à la longue, sous une bonne direction, comme l'auscultation, la laryngoscopie et l'ophtalmoscopie. » (3)

Il se dit et s'écrit un peu partout qu'on ne fait rien sans mystique.

(1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International de l'Hypnotisme, volume

de comptes rendus, Doin, éditeur, 1889, p. 90.

Page 8: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

C'est un peu vrai pour l'hypnotisme. En avoir le goût. Vouloir savoir. Vouloir pouvoir. Et

s'acharner ; telles sont les conditions essentielles du succès.

Paul-C. JAGOT. Octobre 1936.

Page 9: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International
Page 10: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

LIVRE I

Théories et Procédés de l'Hypnotisme

«... La thèse de Bernheim a aujourd'hui complètement triomphé et nous ne doutons plus que l'hypnose ne soit un état engendré par suggestion — et plus physiologique que patho- logique ».

« Sommeil naturel et sommeil hypnotique nous apparaissent donc, en dernière analyse, non pas comme deux états opposés, mais comme deux degrés d'un même processus physiologique dont la base n'est autre que le développement et l'extension sur les hémisphères cérébraux d'une vague d'inhibition grâce à laquelle se libèrent certains automatismes, tandis que s'at- ténuent et s'effacent les expressions de la pen- sée consciente et les témoignages de l'activité que nous appelons volontaires par lesquels se caractérise l'état de veille (1).

Jean LHERMITTE, Professeur agrégé

de la Faculté de Médecine de Paris, Médecin-Chef de l'Hospice Paul-Brousse.

(1) Revue du 1er janvier 1936

Page 11: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International
Page 12: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

I. QUESTIONS PRÉALABLES

1. QU'EST-CE QUE L'HYPNOTISME ? — 2. QU'EST-CE QU'UN HYPNOTISEUR ? — 3. LA PRATIQUE DE L'HYPNOTISME EST-ELLE POSSIBLE A TOUS ? — 4. POURQUOI DEVENIR HYPNOTISEUR ? — 5. PEUT-ON HYPNOTISER N'IMPORTE QUI ? — 6. EST-CE DANGEREUX ? — 7. POURQUOI VUL- GARISER CETTE QUESTION ?

I. QU'EST-CE QUE L'HYPNOTISME ? — Le mot hypno- tisme fut innové, il y a près de cent ans, par un médecin anglais, le Dr Braid. Ce dernier, ayant découvert (1) qu'il était possible de déterminer chez certaines per- sonnes un état psychique analogue au somnambulisme naturel — ou, en d'autres termes, un sommeil provoqué — tira du grec (hupnos) le vocable qui devait, par la suite, désigner à la fois l'ensemble des procédés d'hypnotisation et des phénomènes hypnotiques.

Actuellement, dans sa plus large acceptation, le mot hypnotisme signifie une technique opératoire dont l'effet est d'atténuer ou de suspendre momentanément l'acuité des facultés cérébrales conscientes du sujet, en vue de subordonner son psychisme subconscient à l'influence ver-, bale de l'opérateur.

(1) Voir note 1 page 191

Page 13: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

L'atténuation expérimentale plus ou moins marquée de l'acuité des facultés conscientes a été nommée hypnose partielle ; l'hypnose devient totale à partir du moment où l'activité de ces facultés se trouve entièrement sus- pendue.

A noter que l'hypnose partielle ne manque pas d'ana- logie avec certains états spontanés de distraction, d'absence, de rêverie ; à noter aussi que, dans le sommeil naturel comme dans l'hypnose totale, le psychisme conscient s'éclipse alors que persistent les mécanismes subconscients de la pensée.

La suggestion, dont le principal mode est l'affirmation, actionne le psychisme inconscient, dans la mesure de sa réceptivité, laquelle est d'autant plus grande que la pas- sivité du psychisme conscient est plus accentuée. Par sug- gestion, l'opérateur peut impressionner l'imagination et l'impressionnabilité du sujet au point d'obtenir de ses automatismes l'exécution de ce qui est suggéré, de mo- difier ses dispositions morales et d'influer sur ses fonctions organiques.

2. QU'EST-CE QU'UN HYPNOTISEUR ? — C'est, en prin- cipe, un expérimentateur initié à la technique opé- ratoire précitée et suffisamment exercé pour l'appliquer efficacement. Il y a des hypnotiseurs scientifiques qui, par leur savoir psycho-physiologique, sont aptes à comprendre clairement et à diriger avec précision le mécanisme des phénomènes qu'ils déterminent. Il y a des hypnotiseurs empiriques, uniquement pourvus de connaissances rudi- mentaires, qui acquièrent, par l'entraînement, une certaine sûreté pratique. Mais il y a aussi des hypnotiseurs incons- cients, c'est-à-dire des êtres qui, d'instinct, influencent, conformément aux lois de l'hypnotisme, l'esprit de ceux à qui ils ont affaire. Si parmi ces derniers, il se trouve des prédisposés, des personnes anormalement suggestibles.

Page 14: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

impressionnables — des pithiatiques (1) — leurs concep- tions, leurs sentiments, leurs actes peuvent être informés, imposés, dictés par l'ascendant persuasif ou despotique de leur suggesteur.

3. LA PRATIQUE DE L'HYPNOTISME EST-ELLE POSSIBLE A TOUS ? — C'est une question d'assimilation claire relative à l'intelligence des procédés, de la méthode et d'application quant à leur mise en pratique. Comme nous l'avons noté au paragraphe précédent, certaines organisa- tions cérébrales sont mieux douées que d'autres pour l'ex- périmentation. De là procède sans doute la croyance popu-, laire qui voit dans l'aptitude à pratiquer l'hypnotisme un don spécial. Au vrai, les plus faiblement doués peuvent acquérir, en s'exerçant, une habileté et une autorité suffi- santes pour obtenir des résultats satisfaisants.

4. POURQUOI DEVENIR HYPNOTISEUR ? — Si l'on veut vérifier par soi-même la réalité des phénomènes hyp- notiques, apprécier leur portée (psychologique, sociale, médicale, etc...), se former de la question une conception basée sur des certitudes, il n'est qu'un seul moyen : l'ex- périmentation. Celle-ci constitue, par ailleurs, un excellent exercice psychique où l'attention, la mémoire, la volonté et le jugement, se trouvant très activement mis à contribu- tion, ont beaucoup à gagner. Le fait de pratiquer l'hypno- tisme a un troisième avantage : il améliore l'assurance du' regard, l'aisance et la clarté de l'élocution, l'esprit de dé- cision, de persistance et d'imperturbabilité. Pour un carac- tère timide, indécis, influençable, l'hypnotisme peut être considéré comme un sport rééducatif par excellence, car rien ne développe mieux la confiance en soi et la fermeté. Cela est si vrai que les êtres les plus suggestibles, ceux

(1) Le mot pithiatisme, créé par Babinski, est, en dernière analyse, synonyme de suggestibilité conditionnée par une débilité psycho-nerveuse.

Page 15: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

qu'on hypnotise aisément et qui — à moins qu'ils ne réa- gissent — sont voués à subir l'ascendant d'autrui, devien- nent réfractaires à toute influence s'ils s'entraînent à pro- duire des phénomènes de suggestion.

Les applications thérapeutiques de l'hypnotisme, du moins en clientèle, sont exclusivement réservées au doc- teur en médecine. Mais ce dernier peut faire appel à l'auxiliariat d'un spécialiste de la question. Dans le cadre familial, une personne bien au courant du mécanisme et des procédés d'influence hypnotique est à même de coopé- rer utilement au traitement des siens, de modifier les élé- ments défectueux de leur caractère et de stimuler leurs bonnes dispositions.

Plus généralement, chaque fois qu'il s'agit de créer, dans un cerveau, la prédominance d'une idée, ou de disso- cier une inclination, de faire naître la confiance, de per- suader, de réagir contre un état dépressif ou un désordre quelconque, les qualifications et le savoir technique acquis par l'expérimentation hypnotique donnent à ses praticiens un avantage évident.

5. PEUT-ON HYPNOTISER N'IMPORTE QUI ? — On ne peut obtenir l'hypnose totale (1) que sur environ dix personnes pour cent. On peut obtenir des états d'hyp- nose partielle (2) sur quarante autres personnes de la même centaine. Mais la suggestion agit plus ou moins rapidement sur la presque totalité des gens, à condition d'être habilement formulée et réitérée avec fréquence.

Les opinions diffèrent sur la proportion d'hypnoti- sables. Pratiquement, elles se complètent les unes les autres et s'articulent (3).

(1) Voir paragraphe I. (2) Ou « états seconds ». (3) Voir note III page 197.

Page 16: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

6. EST-CE DANGEREUX ? — On a usé, jadis, de procédés dangereux dont l'emploi est depuis longtemps périmé. Ces procédés infligeaient aux patients des chocs sensoriels soudains et violents. La technique exposée dans ce livre diffère absolument de ces vieux errements. Elle est douce, progressive et ne présente pas le plus léger incon- vénient.

La chose suggérée, même en état d'hypnose totale, c'est-à-dire d'inconscience, n'est docilement acceptée que dans la mesure où elle est compatible avec les dispositions subconscientes du sujet.

Il n'y a subordination absolue que chez les anormaux, d'ailleurs fort rares, et dont, même à l'état de veille, la suggestibilité est telle qu'une emprise extérieure peut aisé- ment être exercée sur eux, sans hypnotisme.

Pour qu'une suggestion impressionne suffisamment l'esprit et engendre ainsi des effets, il faut qu'elle détermine l'assentiment d'une tendance ou du moins qu'elle n'éveille aucune disposition antagoniste. Le rôle de la suggestion est d'évertuer, d'amplifier une velléité, une aspiration, de faire prédominer l'idée, le désir, l'impulsion d'un ou plusieurs accomplissements satisfaisants.

L'histoire du sujet qu'on a endormi et qu'on n'a pas pu réveiller est purement fantaisiste. Je m'occupe d'hyp- notisme depuis 1906 et je n'ai jamais eu la moindre diffi- culté à dissiper l'hypnose. D'ailleurs, si, après avoir déter- miné cet état, on abandonnait le sujet à lui-même, il s'éveillerait automatiquement au bout d'une heure ou deux maximum.

Il se dit aussi qu'après avoir été hypnotisé par quel- qu'un on reste dans une certaine mesure subordonné à

Page 17: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

son influence et qu'on devient d'autant plus hyp- notisable qu'on est endormi fréquemment. Ceci n'est exact que pour certains prédisposés (environ trois pour mille) qui, n'ayant reçu de la nature qu'une ébauche de psychisme supérieur, vivent continuellement dans un état plus proche de l'automatisme somnambulique que de la conscience normale.

L'exécution des expériences décrites plus loin ne sau- rait avoir d'effets pernicieux.

7. POURQUOI VULGARISER CETTE QUESTION ? — Tous les lecteurs de ce livre ne se résoudront pas à l'effort représenté par l'entraînement méthodique indis- pensable pour devenir hypnotiseur. Mais ils auront, du moins, l'avantage de se former sur la question une notion claire et précise qui comblera, dans leur culture scientifique et philosophique, une lacune qu'il eût été regrettable de laisser subsister.

D'autre part, je considère que le médecin, l'éducateur, l'orateur, le représentant et plus généralement tous ceux qui, à un titre quelconque, ont à user d'influence morale ou de persuasion, manieront plus judicieusement leurs moyens oratoires après s'être assimilé le mécanisme de la suggestion, le processus par lequel une idée, une image, une disposition affective peuvent être introduites et sta- bilisées dans un cerveau, de manière à s'y développer.

Les suggestibles, les influençables, les timides, doivent connaître et pratiquer la suggestion afin d'apprendre à déjouer toute tentative extérieure de domination, à devenir maîtres de leurs pensées et à acquérir une parfaite assu- rance.

Au point de vue thérapeutique, l'hypnotisme est appelé à rendre de grands services. Ainsi que le notait déjà le Dr M. Nathan, il y a quelques années, dans la Presse

Page 18: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

Médicale (1), l'heure de sa réhabilitation a sonné (2). S'il a été délaissé après un demi-siècle enthousiaste d'applica- tions reconnues efficaces, c'est dû en grande partie à la cadence accélérée des nouvelles découvertes et doctrines médicales qui ont vu le jour depuis l'époque ou l'attention des cliniciens était impérieusement sollicitée par les tra- vaux hypnologiques des chefs d'Ecole de la Salpêtrière, de Nancy, de la Pitié et de la Charité, novateurs du moment. La découverte du chloroforme, qui vint supplanter, en 1847, l'anesthésie hypnotique, pratiquée alors couramment par Cloquet, Broca, Esquirol et Esdaille, pour ne citer que des noms de premier plan, a certainement été l'une des causes de ralentissement de l'activité des recherches hyp- notiques.

Entre le passé et l'avenir, les travaux de Pierre Janet et de Bernheim demeurent et constituent une liaison substantielle.

(1) Numéro du 18 septembre 1929. (2) A rapprocher de la note précédente, ces paroles du Dr Paul

Vasse, ex-interne des hôpitaux : « Je voudrais simplement, aujourd'hui... dire que l'hypnotisme

existe réellement, quels sont les moyens tout nouveaux que nous avons pour produire ce sommeil hypnotique, et enfin quels avan- tages l'hypnotisme peut apporter dans le traitement des maladies.

« Une guérison, impossible à obtenir par d'autres moyens, mon- tre bien la réalité du sommeil hypnotique. »

(La Santé familiale, du 26 novembre 1936.)

Page 19: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International
Page 20: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

II. EXPÉRIENCES FACILES

1. DIRECTIVES. — 2. LES HESITATIONS DU DEBUTANT. — 3. TROIS ESSAIS SUR VOUS-MEME. — 4. COMMENT PRO- DUIRE SUR AUTRUI LES TROIS PHENOMENES PRECE- DENTS. — 5. DEVELOPPEMENT DE CES ESSAIS JUSQU'AU SOMMEIL. — 6. COMMENT DISSIPER L'INFLUENCE. — 7. DE L'ENTRAINEMENT.

1. DIRECTIVES. — C'est par l'entraînement, écrivons- nous plus haut, que l'on devient hypnotiseur. L'entraî- nement consiste essentiellement à expérimenter, c'est-à- dire à procéder, fréquemment, à des tentatives d'obtention de phénomènes. Certains amateurs, après avoir découvert, grâce à quelques essais heureux, un ou deux « sujets » très sensibles à l'influence hypnotique, travaillent ensuite exclu- sivement avec ceux-ci. Or, c'est la diversité des sujets, leur perpétuel renouvellement qui, obligeant l'opérateur à de continuels efforts de virtuosité, d'ingéniosité et de volonté, donnent lieu chez lui au développement de ces trois quali- fications. Une expérience pleinement réussie sur un sujet facile à influence n'augmente en rien l'habileté, l'assu- rance, le sang-froid et l'énergie de l'hypnotiseur. Au con- traire, le fait de s'évertuer intelligemment et ardemment sur une personne absolument réfractaire exerce utilement et affermit la faculté de l'expérimentateur, même s'il ne produit aucun effet. Le débutant a donc intérêt à bien se

Page 21: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

pénétrer de ce principe : Au cours des premiers mois de pratique, l'exercice en soi a beaucoup plus d'importance que son efficacité extérieure.

Celui qui désire uniquement vérifier, une fois dans la vie, la réalité de l'hypnose, peut se contenter de recher- cher quelques prédisposés et de les mettre à l'épreuve.

Il n'en est pas de même pour le médecin cherchant à utiliser journellement la psychothérapie, ni pour le cher- cheur, pour l'investigateur, ayant en vue l'étude appro- fondie de la question (1) : l'acquisition d'une parfaite aisance expérimentale leur est indispensable et cela ne s'obtient que par des centaines d'essais sur des personnes de tout âge et de toute catégorie.

Quant à ceux qui viennent à l'hypnotisme par goût, qui y voient une gymnastique psychique attrayante et tonifiante, qui ont compris que l'influence personnelle dans la vie privée et dans les affaires a pour base les lois mêmes de la suggestion, ce sont des esprits sportifs qui envisage- ront volontiers la difficulté comme le poteau indicateur de la direction à donner à leurs efforts.

2. LES HÉSITATIONS DU DÉBUTANT. — La crainte d'échouer, de ne pas obtenir le résultat objet de l'expérience tentée et de se trouver déconcerté vis-à-vis du sujet ou des assistants éventuels, tend à inhiber celui qui voudrait s'exercer, surtout s'il est plus ou moins timide et sans formation psychique préalable.

C'est pourquoi j'ai combiné quelques essais faciles que l'on peut tenter d'emblée avec la certitude d'un pourcen- tage considérable d'aboutissements et sans crainte de s'en voir attribuer l'échec lorsque les effets sont insuffisants ou nuls.

(1) Ce qui est actuellement connu de l' hypnotisme ne peut être considéré comme une science définitive, mais comme le préambule d'une science en gestation. Voir note II, page 194

Page 22: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

Ces essais permettront au débutant de s'habituer à parler avec l'intention d'agir par suggestion, de passer, sans embarras, d'un sujet à un autre, enfin de discerner sur dix ou vingt personnes essayées celles qu'il sera, au début, préférable de choisir pour de nouvelles expériences plus importantes.

Il s'agit d'amener l'imagination du sujet à se concentrer sur une certaine représentation mentale propre à déter- miner chez celui-ci des impulsions ou mouvements invo- lontaires.

3. TROIS ESSAIS SUR VOUS-MÊME. — Afin de vous rendre compte du détail de l'expérience, d'en suivre les phases, d'en appliquer la technique sans hésitation, essayez sur vous-même :

a) Debout dans une pièce obscure, les pieds joints, les muscles relâchés, mous, fermez les yeux et imaginez-vous qu'il y a derrière vous, à cinquante centimètres de votre nuque, un petit objet très lumineux (une bille d'acier, par exemple). Concentrez votre pensée sur cet objet imaginaire. Ne le perdez pas de vue, mentalement parlant. Vous cons- taterez bientôt (généralement au bout de trente secondes) que votre corps a tendance à pencher en arrière ;

b) Dans les mêmes conditions, supposez l'objet situé devant vous, à un mètre environ au niveau de la racine du nez. Comme précédemment, immobilisez votre pensée sur l'image en question. Après quelques secondes, vous pencherez involontairement en avant ;

c) Asseyez-vous. Placez vos mains sur vos cuisses, la face palmaire dirigée en haut. Puis, les yeux clos, repré- sentez-vous mentalement deux poings fermés, serrés, cris- pés et maintenus énergiquement ainsi. Vos propres doigts ne tarderont pas à s'infléchir d'eux-mêmes, par petits mou- vements spasmodiques.

Quelle sera la mesure exacte des effets ? L'expérience

Page 23: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

seule vous le fera connaître, car en matière d'auto-sugges- tion, comme de suggestion, chacun réagit différemment. Mais, en général, pour un sujet donné, la suggestion agit plus intensément que l'auto-suggestion. Votre action aura donc un résultat plus accentué sur autrui que sur vous- même.

4. COMMENT PRODUIRE SUR AUTRUI LES TROIS PHÉNO- MÈNES PRÉCÉDENTS ? — Adaptons, maintenant, les pro- cédés précédents à la prospection de sujets. Présentez ces expériences comme tests d'évaluation du temps nécessaire à la transformation d'une image motrice en mouvement. Ainsi, que l'expérience réussisse ou non, vous ne ressen- tirez aucun embarras. Opérez seul à seul avec chaque sujet, ou en très petit comité, afin de vous ménager l'appui du silence, d'éviter que l'assistance ne distraie l'esprit de celui sur qui vous opérez. Parlez très distinctement, d'un ton positif, comme quand vous exprimez paisiblement des certitudes indiscutables.

a) Faites placer le sujet dans la position déjà décrite. Indiquez-lui que, pour diriger plus facilement sa pensée, il faut qu'il garde les yeux fermés. Invitez-le à faire dis- paraître de ses muscles toute tension, toute raideur. Placez une de vos mains bien à plat entre ses omoplates et de- mandez-lui de penser uniquement au léger contact qu'il ressent ainsi ; de « surveiller », pour ainsi dire, l'immobilité de votre main. Très, très doucement, insensiblement, retirez votre main en arrière. Le sujet penchera plus ou moins et parfois son corps suivra le mouvement de retrait de votre main, comme s'il était attiré ;

b) Le même effet sera obtenu, en avant, si, après l'ex- périence précédente, le sujet ayant repris sa station debout, les yeux fermés, vous effleurez légèrement son front avec l'extrémité des doigts. Ayant appelé l'attention du sujet sur ce contact, et ayant maintenu le contact pendant dix à quinze secondes, il vous suffira de reculer vos doigts avec

Page 24: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

DEMANDEZ A VOTRE LIBRAIRE HABITUEL

Paul-C. JAGOT

L'INFLUENCE A DISTANCE La Transmission de la Pensée

et la Suggestion Mentale Méthode pratique de Télépsychie

NOUVELLE ÉDITION augmentée d'un Cours Supérieur d'Expérimentation

TABLE DES MATIERES. — Livre I. — Théories et procédés généraux. Introduction à l'étude du Pouvoir de la Pensée. Ce qu'il faut avoir compris avant d'expérimenter. Instructions pour influencer quelqu'un à son insu. — II. Production des phénomènes sur des sujets d'expériences : Les commu- nications concertées. La suggestion mentale sur des sujets éveillés ou préala- blement hypnotisés. L'hypnose par action mentale. — III. Adaptations diverses : Communication télépsychique des sentiments. Traitement men- tal des maladies. Pour combattre les mauvaises influences. — Pour mo- difier ou prévenir une détermination fâcheuse. Pour préserver ou protéger quelqu'un. Du dédoublement ou des possibilités analogues. L'influence psy- chique dans la vie, le monde, les affaires. — IV. Indications complémen- taires : Contre-indications. Inconvénients. Ecueils. Le développement des aptitudes à l'expérimentation télépsychique. La télépsychie des empiriques. Négateurs et détracteurs.

Livre II. — Cours supérieur. — I. Dispositions naturelles et dispositions acquises. — II. Le magnétisme personnel. — III. Le syntonisme. — IV. L'action télépsychique médicatrice. — V. La chaîne télépsychique. — VI. La télépsychie et l'Amour.

Il existe un moyen sûr d'influer sur autrui, de loin comme en pré- sence ; un moyen assez subtil pour demeurer inaperçu, si profondément qu'on subisse son invisible action, à laquelle d'ailleurs, nul n'est inaccessible.

Ce moyen n'est autre que la propriété communicative, dominatrice et attractive de toute pensée émise intensément.

Certains l'utilisent qui l'ignorent ou le contestent, sans se rendre compte qu'ils doivent entièrement à l'activité puissamment irradiante d'une vigoureuse organisation psychique l'ascendant de leur personnalité.

D'autres voudraient apprendre à user délibérément de cette influence. C'est surtout à l'intention de ces derniers que ce livre a été écrit. Livre dans la rédaction duquel prédomine, par conséquent, le souci de la clarté, de la précision et de la simplicité.

Comme pour toute chose, chacun vient au monde plus ou moins qua- lifié pour l'action à distance, mais le présent ouvrage s'est fixé le but de permettre à ceux qui sont doués de tirer de leurs aptitudes actuelles le maximum d'effets et de les fortifier par l'entraînement.

Un volume in-8 carré.

Page 25: COMMENT ON DEVIENT HYPNOTISEURsans mystique. (1) De Janet à Boll, en passant par Babinsky et P. Sollier. (2) Revue de l'Hypnotisme, mars 1888, p. 281. (3) Premier Congrès International

Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement

sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012 relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections

de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*

La société FeniXX diffuse cette édition numérique en vertu d’une licence confiée par la Sofia ‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒

dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.