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COMMERCE ÉQUITABLE ET COMMERCE DURABLE AU MOZAMBIQUE

Commerce équitable et commerce durable au Mozambique

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Le Mozambique est sans doute l’un des plus beaux pays du monde (et aussi l’un des plus pauvres). Après des décennies de guerre et de dictature, de nouvelles élites apparaissent et s’illustrent par leurs compétences et leur sens de la solidarité nationale. Le temps est arrivé pour ce pays de participer au concert des nations, d’y apporter son héritage et ses savoirs et d’en tirer profit. Encore peu répandu, le commerce équitable et durable offre à ce pays nouveau venu dans la mondialisation des moyens pour améliorer les conditions de vie de sa population et ancrer son développement dans le respect de son patrimoine naturel unique.

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commerce Équitableet commerce durableau moZambique

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ÉDITEUR RESPONSABLECarl MICHIELS

COORDINATIONPhenyx43

RÉDACTIONDan AZRIA - Phenyx43

CONCEPTIONJulie RICHTER - Phenyx43

PHOTO COUVERTURECrédit : International Livestock Research Institute / Mann

Cette publication du Trade for Development Centre ne représente pas l’avis officiel de la Coopération belge au Développement

Bruxelles, septembre 2011

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INTRODUCTION

UNE PRÉSENTATION DU MOZAMBIQUE

LE COMMERCE ÉQUITABLE

LE COMMERCE EQUITABLE AU MOZAMBIQUE

LE COMMERCE DURABLE AU MOZAMBIQUE

CONCLUSION

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INTRODUCTION

Pays d’Afrique australe ouvert sur l’Océan Indien, le Mozambique n’a acquis son indépendance qu’en 1977 pour sombrer dans une guerre civile incroyablement meur-trière et dévastatrice qui n’a pris fin qu’en 1994 avec l’organisation des premières élections libres de son histoire.

Aujourd’hui encore, le Mozambique demeure parmi les pays les plus pauvres du monde et souffre de terribles handicaps qui freinent son développement : niveau élevé d’infection par le VIH (15% de la population), terribles sécheresses, taux d’al-phabétisation très bas, infrastructures dévastées, …

Pourtant, le pays connaît une forte croissance économique (près de 8% par an) et s’illustre par sa bonne gouvernance et ses efforts en faveur de l’amélioration des conditions de vie de se population.

Le patrimoine naturel y est l’un des plus beaux et des plus préservés du monde.

Ouvert au monde depuis peu, le Mozambique découvre aujourd’hui les vertus du com-merce équitable et durable, piliers de soutènement pour un développement économi-que et social harmonieux, respectueux de la nature, des femmes et des hommes.

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UNE PRÉSENTATION DU MOZAMBIQUE

MERVEILLE SAUVAGE

UNE HISTOIRE DU MOZAMBIQUE

UN DEVELOPPEMENT RAPIDE

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Pemba, Mozambique - Crédit : Rosino

Situé sur les rivages orientaux du continent africain, cette ancienne colonie portugaise, est entourée par l’Afrique du Sud, le Swaziland, le Zimbabwe, la Zambie, le Malawi et la Tanzanie. Etiré du nord au sud sur plus de 800 000 km² avec près de 2 500 km de côtes, le Mo-zambique est traversé par deux des principaux fleuves de l’Afrique australe, le Zambèze et le Limpopo.

Les plaines dominent le long du littoral, formant un paysage de dunes sauvages, de lagunes et de plages de sable fin. En remontant vers le nord, on accède aux plateaux qui bordent les frontières du Zimbabwe, de la Zambie et du Malawi. Les plus hautes montagnes, dont le mont Binga (qui culmine à 2 436 mètres), se trouvent à l’ouest dans la cordillère de Chimanimani, près de la frontière avec la Zimbabwe.

Très diversifiée, la flore varie en fonction du climat. Le long du littoral s’étend la mangrove et ses immenses cocotiers et palétuviers tandis qu’au nord-ouest, près de la Tanzanie, et le long des fleuves, c’est la forêt équatoria-le qui domine avec ses différents niveaux de végétation.

Au sud du pays, près des frontières avec l’Afrique du Sud et Swaziland, et tout autour de la capitale, Maputo, la savane domine sur des centaines de kilomètres.

Le Mozambique bénéficie d’une faune exceptionnelle, tant terrestre que marine. Des plateaux luxuriants du nord-ouest aux îles sauvages de l’océan, en passant par les lacs Malawi, Chilwa et Cahora Bassa, ce sont des centaines d’espèces d’oiseaux, d’insectes, de mollusques, de reptiles, d’oiseaux et de mammifères sauvages qui peuplent ces écosystèmes variés. Les éléphants, singes, hippopotames et buffles sont encore nombreux dans les parcs nationaux malgré les années de guerre ; des dizaines de variétés d’oiseaux, de la mouette au colibri, en passant par le corbeau, le flamant rose ou le héron, colorent le ciel.

Quant aux fonds marins, ils regorgent de langoustes, de crevettes, de crabes, de poulpes, de sardines, de thons et de requins qui s’ébattent dans les eaux chaudes et cristallines de l’Océan Indien, entre les archipels et les récifs coralliens.

Avec son immense façade maritime sur l’Océan Indien, le Mozambique est considéré aujourd’hui comme l’un des pays les plus beaux et les plus sauvages du monde.

MERVEILLE SAUVAGE

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UNE HISTOIRE DU MOZAMBIQUEVa

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Carrefour de civilisationsComme nombre de pays d’Afrique australe, les terres de l’actuel Mozam-bique connaissent aux premiers siècles de notre ère des vagues de peu-plements de langue bantou qui s’établissent sur toute la région. Puis, des navigateurs indiens, arabes, indonésiens et chinois découvrent ces rivages et y installent des comptoirs commerciaux d’où sont exportés l’or, le fer et le cuivre.

Dans son «Livre des Merveilles de l’Inde», l’un des plus anciens témoigna-ges historiques évoquant cette région, un marchand arabe décrit, en 945 de notre ère, l’arrivée sur ces côtes «d’un millier d’embarcations» venues d’îles «situées en face de la Chine» chercher des matières premières et des esclaves1. Ces terres connaissaient ainsi d’importants échanges commer-ciaux bien avant la venue en 1498 de Vasco de Gama, le premier européen à accéder à ces rivages. Le navigateur portugais fit halte sur ces côtes et établit des contacts avec les populations locales et notamment avec le sul-tan Mussa Mbiki qui dirigeait une petite île au large de Madagascar. C’est le nom de ce sultan qui servira à désigner cette île, puis toute la côte africaine, prononcé en portugais Moçambique.

La période coloniale

Dès le début du XVIème siècle, les Portugais prennent possession de ter-res dans la région et développent le commerce de l’ivoire et des métaux précieux, ainsi que la traite des noirs avec le concours de chefs africains locaux. A partir de 1752, le territoire du Mozambique est dotée d’une admi-nistration militaire coloniale autonome, soumise à l’arbitraire des représen-tants nommés par la métropole.

Tout au long du XIXème siècle, le continent africain est le théâtre de luttes d’influence entre les puissances européennes. Les Britanniques, qui dé-noncent l’inconsistance de la colonisation lusitanienne et son refus d’aban-donner la traite des noirs (abolie en 1836), se heurtent aux Portugais qui s’efforcent d’affirmer leur autorité déclinante sur la région.Confiée à des compagnies privées et concentrée sur la culture sucrière, l’exploitation économique du Mozambique ne s’accompagne d’aucun dé-veloppement d’infrastructures sociales ou productives. En 1929, lorsque s’achève le mandat confié à ces compagnies, le Mozambique est un terri-toire pauvre, peu développé et mal contrôlé.

Il faudra attendre le début des années 1930 et l’arrivée au pouvoir au Por-tugal d’António de Oliveira Salazar pour que soit enfin menée une politique volontariste en faveur des colonies lusitaniennes. Le dictateur portugais encourage l’émigration vers les colonies et, entre 1930 et 1970, le nombre d’Européens au Mozambique passe de 30 000 à 200 000. Les principales activités restent la culture de la canne à sucre, du thé et du coton.

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La guerre d’indépendance

En 1962 est fondé le Front de Libération du Mozambique (Frente de Libertação de Moçambique, FRELIMO), un mouvement anticolonial, révolutionnaire et marxiste sou-tenu par l’URSS et engagé dans la lutte armée contre l’administration portugaise. En dépit de l’assassinat en 1969 de son chef historique, le FRELIMO prend le contrôle

d’une partie du pays. Mais la situation s’envenime avec la création en 1972 d’un mouvement national de résistance antimarxiste (RENAMO) par les services secrets de Rhodésie, un pays voisin dirigé par une minorité blanche sou-tenue par le régime raciste sud-africain.

Ainsi, tandis que la Révolution des œillets met fin en 1974 à la dictature salazariste au Portugal, ouvrant ainsi la porte à des négociations entre le pouvoir et les mouvements indépendantistes, une partie des colons portugais, inspirés par l’exemple rhodésien, s’oppose violemment à l’indépendance du pays. Celle-ci est finalement procla-mée le 25 juin 1975.

Seize ans de guerre civile

En dépit des accords passés avec le gouvernement portugais qui prévoyaient l’organisation d’élections plu-ralistes et démocratiques, le nouveau président Samora Machel, l’un des fondateurs du FRELIMO, accapare le pouvoir, met en place un Etat socialiste dictatorial et s’aligne sur le bloc soviétique.Au niveau économique et social, les décisions prises par le nouveau gouvernement se révèlent catastrophiques. Nationalisation des fermes et des industries, regrou-pement forcé des villageois au sein de villages com-munautaires, fermeture des frontières, abandon des principales infrastructures de communication,… Ces différentes mesures, ainsi que le départ de dizaines de milliers de cadres portugais, conduisent en moins de deux ans le pays aux bords de la ruine.

A ces difficultés économiques et sociales s’ajoutent d’importants problèmes politiques. Comme d’autres pays du continent avant lui, le Mozambique est affaibli par le jeu des blocs et des puissances régionales. La Résistance Nationale du Mozambique (Resistência Na-cional de Moçambique, RENAMO), le mouvement anti-marxiste financé et soutenu par la Rhodésie et l’Afrique du Sud, s’oppose par une campagne d’attentats, d’en-lèvements d’enfants et de sabotage systématique, aux

La démocratie, enfin Le Mozambique fait partie des dernières victimes de la décolonisation et de la Guerre froide. Mais la paix y est finalement instaurée.Tandis que des centaines de milliers d’expatriés reviennent au pays, les premières élections libres de l’histoire du pays en 1994 voient la victoire de Joaquim Chissano qui réalise les réformes demandées et encourage l’installation de fermiers blancs d’Afrique du Sud et du Zimbabwe pour développer l’activité agricole et la culture du tabac, du maïs, du soja, du piment et du tournesol. Depuis, le Mozambique, qui fut pendant près de vingt ans l’un des trois pays les plus pauvres du monde, connaît un développement économique soutenu. Depuis 1995, la croissance annuelle y est de 6 à 8 % par an en moyenne et la Banque mondiale a cité le Mozambique comme «un modèle de réussite. Une réussite en termes de croissance, et un modèle qui montre aux autres pays comment tirer le meilleur parti de l’aide internationale.»3

forces gouvernementales, plongeant ainsi le pays dans une guerre civile qui durera seize ans. L’impact de ces destructions et de ces combats est aggravé par une sècheresse dévastatrice qui s’abat sur le pays causant famine et exode2. Conscient de l’échec de sa politique, le gouvernement de Samora Machel revient sur ses réformes au début des années 1980 et se rapproche du FMI et de la Ban-que mondiale. La mort du président mozambicain dans un accident d’avion en 1986 accélère ce mouvement et le nouveau président, Joaquim Chissano, se détourne de l’URSS et du communisme, sollicite l’aide financière des Etats-Unis et de l’Europe et encourage les investis-sements étrangers. La chute du Mur de Berlin et la fin concomitante de l’Union soviétique et du régime d’apartheid sud-africain conduisent aux rapprochements des ennemis d’hier et, le 4 octobre 1992, un accord de paix est signé à Rome entre le parti au pouvoir et les mouvements qui lui sont hostiles.

En seize ans, la guerre civile au Mozambique aura causé la mort d’un million de personnes, autant de réfugiés dans les pays voisins et quatre millions de déplacés à l’intérieur du pays.

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UN DEVELOPPEMENT RAPIDEEn dépit d’un taux de croissance élevé depuis la fin de la guerre civile, le Mozambique demeure un pays très pauvre, largement tributaire de l’aide internationale (qui couvre plus de 50% du budget de l’Etat).

Les dommages infligés aux fragiles infrastructures du pays pendant la guerre ont causé de très importants retards en termes de développement que la politique volon-tariste du gouvernement s’efforce de combler. Les progrès sont lents mais réels. Maîtrise de l’inflation, investissements productifs, dette publique faible, accueil d’en-treprises étrangères,… Autant de réalités qui illustrent les efforts de l’Etat mozambi-cain en matière de bonne gouvernance économique, soutenus en cela par les orga-nisations internationales.

Des handicaps importantsPour l’essentiel, les problèmes que connaît le Mozambi-que sont le résultat d’une histoire difficile. Le fardeau d’une colonisation stérile, d’un régime marxiste destructeur et d’une guerre civile meurtrière pèse lourdement sur le développement du pays qui doit tout construire, se doter d’infrastructures modernes, in-vestir dans l’éducation et conforter son image de pays accueillant pour les investisseurs. Mais les obstacles sont encore nombreux. Le VIH/SIDA, qui touche plus d’un million et demi de per-sonnes (soit près de 16% de la population dont 60% de femmes et 100 000 enfants), affaiblit considérablement les générations productives en faisant peser le coût social du fléau (et la prise en charge des quelque 600 000 orphe-lins) sur les personnes âgées et quelques rares ONG.

Les effets de la pandémie sont d’autant plus domma-geables que les systèmes de santé et d’éducation sont encore très fragiles. Avec une espérance de vie de 41 ans environ et une mortalité infantile élevée (mais en net recul), le Mozam-bique, qui occupe le 165ème rang sur 169 dans l’indice de développement humain du PNUD 2010, doit intégrer à ses politiques de développement économique l’amé-lioration rapide du bien-être et des conditions de vie de sa population. Ces défis sont d’autant plus difficiles à relever que le pays est par ailleurs fragilisé par d’importantes pertur-bations climatiques (sécheresses, inondations, cyclo-nes ...) qui ont pour conséquences des situations d’in-sécurité alimentaire récurrentes.

Maputo, Mozambique - Crédit : Hansueli Krapf

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Un fabuleux potentielEn dépit de ces handicaps, le Mozambique dispose de nombreux atouts pour aborder l’avenir. La stabilisation et l’instauration de la démocratie ont en particulier permis l’avène-ment d’une équipe gouvernementale qui a su faire preuve de volontarisme et de maturité dans ses choix politiques. Avec comme priorité absolue la lutte contre la pauvreté, le pouvoir mozambicain a mis en œuvre de vastes programmes écono-miques et sociaux qui ont suscité l’adhésion des bailleurs de fonds internationaux. Ces plans d’actions, qui précisent les secteurs publics prioritaires (éducation, santé, infrastructures, agriculture et développement rural, bonne gestion des affaires publi-ques), prévoient d’importantes réformes structurelles de l’Etat, la révision du sys-tème fiscal ainsi qu’une intensification de la lutte contre la corruption4. Reconnus par un nombre croissant d’opérateurs économiques internationaux, les atouts économiques du Mozambique sont nombreux mais encore sous-exploités, aussi bien dans les secteurs de l’énergie (gaz, hydroélectricité, pétrole en off-shore) que de l’extraction minière (charbon, titane, or, pierres précieuses) ou des services (télécommunications). Qui plus est, sa situation géographique lui confère une place privilégiée dans le do-maine des transports et de la fourniture d’énergie par rapport aux pays enclavés voisins (Malawi, Swaziland, Zambie, Zimbabwe). Enfin, si l’agriculture (coton, sucre, céréales, thé, café, noix de cajou) reste l’un des secteurs les plus importants de l’économie en termes d’emploi (84% de la population active pour 28% du PIB)5, c’est dans les domaines du tourisme et des services que se présentent les perspectives de croissance les plus importantes. Fort de ces différents atouts, le Mozambique est la troisième destination des investis-sements directs étrangers en Afrique Australe, derrière l’Angola et l’Afrique du Sud. Indéniablement, un pays d’avenir.

Une croissance partagéeBénéficiaire de soutiens importants dans le cadre de l’aide internationale au dévelop-pement, l’Etat mozambicain s’est illustré par sa rigueur, son dynamisme et sa volonté de faire de la réduction de la pauvreté l’objectif prioritaire de sa politique générale. Les efforts réalisés dans les domaines économiques (libéralisation du commerce, développements sectoriels, promotion des investissements, réformes financières, etc.) ont permis l’injection de moyens importants en faveur de l’amélioration des conditions de vie de la population. La situation reste très difficile pour de nombreux Mozambicains mais des progrès notables ont été enregistrés, en particulier en ma-tière d’éducation (indice de scolarisation en très forte hausse), de santé (chute de la mortalité infantile, augmentation du nombre de centres de soins) et d’accès à l’eau potable7.

«Un des pays les plus pauvres au monde au moment de son indé-pendance, le Mozambique affiche une croissance annuelle de plus de 8 % depuis 10 ans, le taux le plus élevé parmi les importateurs de pétrole africains. Entre 1997 et 2003, trois millions de personnes ont été tirées d’une pauvreté absolue, notamment dans les zones rurales. La mortalité infantile est tombée et les inscriptions dans les écoles ont augmenté.»

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LE COMMERCE ÉQUITABLE

AUX ORIGINES DU COMMERCE ÉQUITABLE

LE COMMERCE ÉQUITABLE, C’EST QUOI ?

FILIÈRE LABELISÉE ET FILIÈRE INTEGRÉE

LES ORGANISATIONS AFRICAINES DE COMMERCE ÉQUITABLE

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Le commerce équitable est né d’un constat simple : les écarts de richesse entre les populations des pays les plus riches et celles des pays les plus pauvres ne cessent de se creuser malgré les sommes investies dans l’aide au développement.

AUX ORIGINES DU COMMERCE ÉQUITABLE Guerres, catastrophes naturelles, infrastructures défaillantes, corruption, … les causes de ces déséquilibres sont multiples mais parmi celles-ci figurent indubitablement des problèmes économiques structurels. La spéculation sur les matières premières, la spirale de l’endettement, la concurrence subventionnée des producteurs des pays industrialisés, tous ces mécanismes constituent autant d’obstacles au décollage des pays les plus pauvres qui ne maîtrisent pas leur développement. Bien que ces inégalités commerciales aient été mises en évidence dès le XIXème siècle (notamment avec la publi-cation en 1860 du roman du Néerlandais Edouard Douwes Dekker dont Max Havelaar est le héros), c’est à partir de l’Après-guerre qu’apparaissent les premiers projets de commerce équitable initiés par des organisations amé-ricaines et anglaises (Thousands Villages aux Etats-Unis et l’ONG Oxfam au Royaume-Uni). C’est en 1964, lors de la Conférence des Nations unies pour la Coopération et le Développement (CNUCED), qu’est définie pour la première fois la notion de commerce équitable avec comme principe fondateur «Le commerce, pas la charité» («Trade, not Aid»).

Les premiers magasins de commerce équitable s’ouvrent en Europe dans les années 1960, tandis que se mettent en place dans les pays en développement les coopératives et organisations de producteurs qui vont bénéficier de ces échanges plus justes, d’abord dans les secteurs de l’artisanat et de l’agriculture.

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Pour soutenir la mise en œuvre de ce système économique,ces organisations ont défini les

11 GRANDS PRINCIPES à respecter

Le prix équitable couvre tous les coûts de production du produit, y compris les coûts environnemen-taux, et assure aux producteurs un niveau de vie décent. De plus, les acheteurs du commerce équita-ble s’engagent à verser des primes supplémentaires dites «de déve-loppement» qui sont utilisées pour la réalisation d’investissements productifs et/ou de programmes sociaux (alphabétisation, accès aux soins, etc.).

1. Créer des opportunités pour les producteurséconomiquement en situation de désavantage.

2. Favoriser la transparence et la crédibilité.

3. Encourager la capacité individuelle.

4. Promouvoir le commerce équitable.

5. Garantir le paiement d’un prix juste.

6. Veiller à la non discrimination (égalité des sexes) et à la liberté d’association.

7. Assurer des conditions de travail décentes.

8. Proscrire le travail des enfants.

9. Protéger l’environnement.

10. Encourager des relations commerciales fondées sur la confiance et le respect mutuel.

11. Promouvoir le respect et la diffusion de l’identité culturelle valorisée dans les produits et procédés de production (nouveau critère).

Le commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial.

Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions com-merciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs margi-nalisés, tout particulièrement au sud de la planète.Les organisations du commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s’en-gagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel.

Concrètement, le commerce équitable garantit aux producteurs des pays les plus pauvres des prix d’achat géné-ralement plus rémunérateurs que les cours mondiaux ainsi qu’une relative stabilité des prix et la mise en place de conditions et de délais de paiement favorables (voire des possibilités de préfinancement), qui évitent aux paysans et aux artisans de brader leurs produits ou d’avoir recours à des prêts usuraires.

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LE COMMERCE ÉQUITABLE, C’EST QUOI ?En 1999, les principales organisations internationales du commerce équitable (la World Fair Trade Organisa-tion WFTO, la Fairtrade International - FLO, l’European Fair Trade Association - EFTA et le Network of European World Shops - NEWS) se sont entendues sur une définition commune :

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FILIÈRE LABELLISÉE ET FILIÈRE INTEGRÉE

Depuis 1988 et la création,d’une part, de la WFTO, l’Organisation Mondialedu Commerce Equitable (qui s’appelait l’IFAT, l’Association Internationale du Commerce Equitable jusqu’en 2009), et le lancement du labelMax Havelaar, d’autre part, on observe l’émergence et la coexistence de deux grandes filières de régulation du commerce équitable : la filière labellisée et la filière intégrée.

Mode d’organisation historique du commerce équitable, la filière in-tégrée présente comme caracté-ristique principale le fait que tous les acteurs intervenant dans l’éla-boration et la commercialisation du produit (producteur, transformateur, importateur et points de vente) sont engagés dans le commerce équita-ble et se conforment volontairement à ses principes.

Avec ses 400 organisations mem-bres (dont une majorité dans les pays en développement) représen-tant l’ensemble des maillons de la chaîne du commerce équitable (producteurs, transformateurs et distributeurs), la WFTO, l’Organi-sation Mondiale du Commerce Equitable, est considérée depuis sa création en 1989 comme le principal coordinateur de la filière intégrée. Depuis peu, la WFTO est occupée à développer son propre système de certification, le WFTO Fair Trade System. Concrètement, le fait pour une organisation d’être en confor-mité avec cette norme volontaire certifiera la mise en place par celle-ci d’un ensemble de pratiques et de procédures démontrant sa bonne gestion sur les plans social, écono-mique et environnemental.

La filière labellisée repose sur la certification du produit commercia-lisé. Les entreprises qui élaborent ces produits s’engagent à respecter un cahier des charges précis et à s’approvisionner auprès d’organi-sations de producteurs des pays en développement (souvent des coopératives) qui ont été agréées par l’organisme de labellisation (or-ganisation indépendante qui certifie le respect des critères définis pour l’attribution du label).

Les produits labellisés peuvent en-suite être commercialisés dans n’im-porte quel point de vente, y compris la grande distribution classique.

Le label Fairtrade Max Havelaar est le plus célèbre d’entre eux mais il en existe d’autres (Fair for Life, FairWild, Ecocert ESR, Natur-land Fair, notamment) qui proposent des approches ou des logiques spé-cifiques.

La coexistence de ces deux filières illustre l’existence de visions dif-férentes du commerce équitable, qui portent en particulier sur le type de relations à établir avec les acteurs économiques privés (multinatio-nales, grande distribution) et sur des divergences entre une vision de développement (et de dénonciation du commerce international) d’une part, et une perspective commerciale reposant sur sur l’engagement volontaire, d’autre part.

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Les organisations de commerce équitable africaines sont, pour la plupart, fédérées par des organisations «coupoles» qui les représentent au niveau international.

LES ORGANISATIONS AFRICAINES DE COMMERCE ÉQUITABLE

COFTA (WFTO AFRICA) - Le commerce équitable africain

Créée en 2004, la Coopération pour le Commerce Equitable en Afrique (Cooperation for Fair Trade in Africa - COFTA) est le chapitre régional de l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable (WFTO). A ce titre, l’organisation africaine, dont le siège est à Nairobi au Kenya, fédère et représente les producteurs membres de la WFTO dans 24 pays du continent, principalement dans le secteur de l’artisanat (80% du réseau) avec pour but ultime la réduction de la pauvreté grâce au commerce équitable. Depuis sa création, COFTA se bat pour un continent fort et indépendant en œuvrant au renforcement des capacités techniques et commerciales des petits producteurs afri-cains et au développement de nouveaux marchés. Avec le café et les fruits, l’artisanat fut l’un des premiers secteurs à bénéficier du commerce équitable et durable. L’atten-tion apportée par les grandes organisations du secteur aux savoir-faire traditionnels et aux patrimoines ancestraux a longtemps permis de soutenir des initiatives solidaires dans les pays en développement. Mais le marché de l’artisanat équitable évolue et, avec moins de 20% des parts de marché, les artisans africains souffrent d’une baisse continue de leurs revenus tandis que ceux des producteurs d’Asie et d’Amérique latine connaissent une croissance régulière. Tel est le constat dressé par COFTA qui pointe, parmi les causes spécifiques de cette crise, les difficultés rencontrées par les producteurs africains pour répondre aux standards de qualité et de prestations (délais, volumes et prix) exigés par les im-portateurs ainsi que l’inadaptation des principaux systèmes de certification équitable eu égard aux réalités africaines.

COFTA et le WFTO Fair Trade System

En réponse aux demandes de nombre de ses membres à travers le monde (notamment en Afrique), la WFTO développe son propre système de certification, le WFTO Fair Trade System, présenté comme «un système de cer-tification global, efficace et léger conçu pour transformer n’importe quelle activité économique en activité durable et équitable.»8

Cette nouvelle certification présente certains avantages évidents pour les coopératives, filières, entreprises et as-sociations de producteurs des pays en développement. En effet, à la différence du label Fairtrade Max Havelaar, elle s’applique à toute l’organisation et à l’ensemble de ses produits et services et doit permettre de viser tant les marchés locaux que ceux d’exportation. Concrètement, le fait d’être en conformité avec cette norme volontaire WFTO Fair Trade System atteste qu’une organisation a mis en place un ensemble de pratiques et de procédures démontrant sa bonne gestion sur les plans social, économique et environnemental. Au terme d’un audit fructueux, mené par une tierce partie indépendante, le produit vendu par l’organisation certifiée peut être revêtu d’un label attestant que sa provenance et sa production respectent les principes et les pratiques du commerce équitable. L’Organisation Mondiale du Commerce Equitable a lancé une procédure de concertation internationale pour préciser les critères de ce nouveau système de certification (qui en est à sa deuxième mouture). La finalisation de ces normes WFTO Fair Trade System dépendra des recommandations formulées à l’issue d’études pilotes qui sont menées dans différents pays d’Asie, d’Europe, d’Afrique et d’Amérique latine.

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En Afrique, c’est COFTA qui pilote ces travaux de conception de la nouvelle certi-fication équitable WFTO Fair Trade System. Pour ce faire, l’organisation équitable a développé un programme de travail intégré qui a pour objectifs de sensibiliser les producteurs africains au enjeux du projet, de contribuer aux expérimentations voulues par l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable et d’accompagner les premières organisations qui souhaiteront s’engager dans ce processus. Le programme de COFTA est d’abord mis en place dans cinq pays d’Afrique (Afrique du Sud, Tanzanie, Ouganda, Rwanda, et Sénégal) dans le cadre d’études de cas qui permettront à terme de qualifier les besoins des artisans et producteurs.

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Pour en savoir plus : www.cofta.orgwww.befair.be www.wfto.com/sftms

Avec le soutien du Trade for Development Centre de la CTBLa réalisation de cette mission d’envergure confiée à COFTA s’inscrit dans le cadre d’un projet soutenu par le Trade for Development Centre de la CTB, l’Agence belge de développement. Les enjeux sont d’im-portance. Il s’agit en effet pour l’organisation continentale de veiller à «soutenir les producteurs africains qui, sans un programme volontaire d’amélioration de leur compétitivité, seront laissés loin derrière, et connaitront un déclin encore plus important de leur part de marché. Qui plus est, les exigences de la certification implique pour les producteurs d’investir des ressources dont ne disposent pas de nombreux petits producteurs en Afrique.»9

L’objectif du projet porté par COFTA est donc clair : veiller à ce que les producteurs africains s’appro-prient ce nouveau système de certification. Pour ce faire, COFTA doit donc assumer un important travail de sensibilisation et veiller à identifier les besoins spécifiques des producteurs africains afin que ceux-ci soient pris en compte par la WFTO lors des étapes finales. Ceci fait, COFTA devra déployer et animer sur tout le continent les structures techniques d’appui pour les petits producteurs qui voudront s’engager dans cette démarche de certification.

Le soutien financier de la CTB permet à COFTA de réaliser l’ensemble des actions programmées : iden-tification des organisations d’artisans et de producteurs désireuses d’évaluer le nouveau système de certification, animation des ateliers dans les cinq pays retenus, synthèse des travaux, présentation des recommandations formulées par les producteurs lors des conférences de la WFTO, préparation et mise en place d’un premier cycle de formation des groupements intéressés. Le projet est à la hauteur de ses enjeux. Il s’agit de donner aux artisans et producteurs africains les instru-ments techniques et commerciaux qui leur permettront de participer au vaste mouvement de maturation que connaît le commerce équitable aujourd’hui.

«Notre vision est celle d’un continent que le commerce équitable rend plus fort. COFTA considère le commerce équitable comme un mouvement dans lequel les artisans et paysans africains peuvent s’engager ensemble pour accéder à une vie digne et durable.»

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FAIRTRADE AFRICACréé en 2004 à Addis Abeba en Ethiopie sous le nom de Africa Fairtrade Network (AFN), Fairtrade Africa est l’organisation indépendante qui représente l’ensem-ble des producteurs certifiés Fairtrade (FLO Max Havelaar) en Afrique.

A ce titre, Fairtrade Africa a pour fonction essentielle de rapprocher les producteurs des instances dirigeantes et des organisations de certification de Fairtrade International. Fairtrade Africa est membre de Fairtrade International, l’instance mondiale qui asso-cie trois réseaux continentaux de producteurs (Fairtrade Africa, CLAC Latin America and the Caribbean et NAP Asia) et 21 initiatives de labellisation à travers l’Europe, le Japon, l’Amérique du Nord, le Mexique, l’Australie et la Nouvelle Zélande.

Fairtrade Africa opère à travers trois réseaux régionaux : le Réseau Fairtrade d’Afri-que de l’Est (Eastern Africa Fairtrade Network - EAFN) basé à Moshi en Tanzanie, le Réseau Fairtrade d’Afrique de l’Ouest (West Africa Fairtrade Network - WAFN) basé à Accra, Ghana et le Réseau Fairtrade d’Afrique Australe (Southern Africa Fairtrade Network - SAFN) basé au Cap (Cape Town) en Afrique du Sud. Un nouveau réseau régional devrait être bientôt mis en place en Afrique du Nord.

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Pour en savoir plus : www.fairtradeafrica.net

LE RESEAU D’AFRIQUE AUSTRALE POUR LE COMMERCE EQUITABLE - SAFN SOUTHERN AFRICAN FAIRTRADE NETWORK

Le Réseau d’Afrique Australe pour le Commerce Equitable (Southern African Fairtra-de Network SAFN) est l’organe régional qui représente Fairtrade Africa (et Fairtrade International) auprès des producteurs des pays du sud du continent africain.

L’objectif principal de cette structuration est donc bien de rapprocher les différents échelons de décision et d’assurer une communication à la fois verticale (des organes internationaux vers les producteurs et vice-versa) et horizontale (entre les produc-teurs certifiés).

En tant qu’organisation régionale, le Réseau d’Afrique Australe pour le Commerce Equitable fédère les réseaux nationaux de producteurs certifiés du Malawi, du Zimba-bwe, de Madagascar, de l’Ile Maurice et de l’Afrique du Sud (Fairtrade South Africa).

Pour en savoir plus : www.safn.org.za

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LE COMMERCE ÉQUITABLE AU MOZAMBIQUE

L’AGRICULTURE AU MOZAMBIQUE

LES ORGANISATIONS PAYSANNES SOLIDAIRES

INITIATIVES DE COMMERCE EQUITABLE AGRICOLE

AUTRES INITIATIVES DE COMMERCE EQUITABLE

Comparé à certains de ses voisins (l’Afrique du Sud en particulier), le Mozam-bique connaît un retard certain en matière de commerce équitable. Ce constat, fondé sur le très faible nombre de groupements de producteurs certifiés et sur l’absence dans le pays d’organisations relais, trouve son explication dans l’his-toire contemporaine du Mozambique. En effet, l’accès au commerce équitable (qui se traduit concrètement par la certifi-cation de producteurs ou de productions, voire par la vente auprès d’opérateurs cer-tifiés) implique de répondre à un certain nombre d’exigences structurelles (auto-nomie des organisations de producteurs, transparence des filières) et nécessite un temps d’appropriation relativement important (plusieurs années en général).

De la sensibilisation des producteurs à la certification elle-même en passant par la formation des techniciens et la formalisation des procédures, l’accès au commerce équitable prend du temps.

Or, il convient de le rappeler, le Mozambique ne connaît la stabilité que depuis une quinzaine d’années environ et les structures économiques et sociales hé-ritées du régime en place avant l’instauration de la démocratie en 1994 étaient celles d’un Etat marxiste, autoritaire et centralisateur dans lequel les acteurs économiques n’avaient que très peu d’autonomie. Ceci explique cela.

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Du collectivisme à la propriété familiale

Avec ses nombreuses terres cultivables et fertiles (seuls 14 % des terres sont cultivées alors qu’on estime que 46 % du territoire est propice à l’agriculture) et des conditions climatiques et géographiques favorables, le Mozambique dispose de nombreux atouts en matière agricole. Malheureusement, le secteur présente aussi d’importantes faiblesses héritées de l’histoire.Le pays n’a pas bénéficié, pendant la période coloniale, des programmes de développement des infrastructures de production qu’ont pu connaître d’autres pays d’Afri-que et les politiques collectivistes et autoritaires adop-tées par le régime marxiste issu de l’indépendance ont eu pour principal effet de bouleverser les fragiles struc-

L’AGRICULTURE AU MOZAMBIQUETANT DE CHEMIN À PARCOURIR

Une agriculture de subsistance

Dès le début, l’accès à la propriété pour les petits pro-ducteurs et les familles de paysans a fait partie des principaux piliers de ces réformes, avec pour objectif initial le soutien à l’agriculture de subsistance. Les par-celles exploitées sont de petites tailles (1,2 hectare en moyenne par ferme) et peu d’exploitations sont orien-tées vers la commercialisation. Les moyens à disposi-tion des fermiers sont modestes ou archaïques (houes et charrues). Le recours aux semences sélectionnées, aux engrais et aux pesticides est très limité, les rendements sont encore assez bas (malgré des progrès sensibles) et les terres sont généralement cultivées de manière artisanale. Les principales cultures sont le maïs, le riz, le sorgho, le millet, le manioc, les patates douces, les haricots ainsi qu’une grande variété de légumes. Les produits agricoles exportés sont le tabac, le coton, la noix de cajou, le sucre, le coprah, le thé et le citron11.

Menaces sur la sécurité alimentaire

Indispensable à la sécurisation alimentaire du pays, la modernisation de l’agriculture au Mozambique rencon-tre de nombreux obstacles. Le fléau du SIDA/VIH affecte des millions de familles rurales avec de sérieuses consé-quences sur les approvisionnements alimentaires. Une enquête réalisée par l’Organisation pour l’Agriculture

Récolte de coton équitable - Crédit : Fairtrade Foundation

tures existantes. Puis ce fut la guerre, et pendant plus de quinze ans, les forces vives du pays ont été emportées dans les violences et les combats. Une fois la paix conclue, au début des années 1990, le gouvernement mozambicain a pris conscien-ce des nécessaires mutations à entreprendre dans ce secteur qui nourrit près de 80 % de la population. Un vaste programme d’investissements et de restructuration (PROAGRI) a été lancé avec pour objectif« de créer un environnement propice au développement agricole de marché, d’améliorer l’efficacité des services de soutien public à l’agriculture et de réglementer les marchés agricoles et l’utilisation des ressources naturelles.»10

et l’Alimentation (FAO - Food and Agriculture Organi-zation) des Nations-Unies a ainsi mis en évidence le fait que plus de 40 % des familles dont l’un des membres est touché par le SIDA/VIH sont forcées de réduire la su-perficie des terres en culture et 60 % d’entre elles ont été contraintes de réduire le nombre des variétés cultivées12.Si la transition structurelle est plutôt un succès avec un développement important de l’accès à la propriété et une libéralisation maîtrisée (bien que lourde de conséquen-ces sociales), il n’en reste pas moins que les fermiers mozambicains manquent cruellement de moyens et de financements. Qui plus est, les infrastructures basiques de production (réseaux d’irrigation, dispositifs de stoc-kage, abattoirs, etc.) sont encore très insuffisantes et les circuits de commercialisation sont encore fragiles et ino-pérants dans certaines provinces. Un autre problème important que doivent affronter les producteurs mozambicains concerne l’accès aux in-trants. En effet, la demande de semences de qualité dé-passe largement l’offre locale, ce qui contribue au sous-développement de nombreuses régions et se traduit par des pénuries et une forte dépendance envers les semen-ces d’exportation13. Il convient d’ajouter à cela l’impact des catastrophes na-turelles. Les crues saisonnières du puissant fleuve Zam-bèze et de ses affluents ainsi que les sécheresses dans les zones arides contribuent à provoquer régulièrement des épisodes d’insécurité alimentaire.

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Des terres convoitées

Depuis quelques années, l’Afrique est confrontée à un phénomène relativement nou-veau, l’achat massif de terres par des compagnies ou des organisations étrangères. Du Japon à la Suède, en passant par la Chine, de nombreux pays s’intéressent aux terres fertiles du continent noir pour de grands projets d’exploitation agricole. Ainsi, selon les Nations-Unies, environ 30 millions d’hectares de terres auraient été achetés ou loués au cours des trois dernières années par des investisseurs étrangers qui profitent des très faibles coûts fonciers, de la main d’œuvre bon marché et de réglementations fra-giles ou défaillantes14. Avec près d’un million et demi d’hectares déjà concédés et des demandes totales dix fois supérieures, le Mozambique est l’une des destinations privilégiées de ces investissements15. Or, ce phénomène pose d’énormes problèmes dans ce pays où, pendant très long-temps, les familles de fermiers ont exploité et travaillé les terres abandonnées par les colons portugais sans titre de propriété. Diamantino Nhampossa, coordinateur exécutif de l’Union des Paysans du Mozambique (UNAC - cf. pages suivantes) dénonce cette situation : «Au niveau financier, l’État mozambicain trouve sans doute son compte dans ces accords. Mais les terres octroyées sont présentées comme ‘inexploitées’ alors que bon nombre sont bel et bien occupées par les communautés villageoises. (…) Beau-coup de terres semblent vides car elles servent à faire paître les animaux ou sont lais-sées en jachère 3 ou 4 ans pour maintenir leur fertilité. Elles sont souvent concédées par l’État aux investisseurs sans la moindre concertation avec les communautés locales, ce qui est totalement illégal au regard de la loi mozambicaine. Et lorsqu’il y a ‘concertation’, cela se limite généralement aux chefs traditionnels que les entreprises et les fonction-naires n’ont aucun mal à corrompre... Il y a donc de plus en plus de conflits fonciers dans le pays, car les gens refusent de perdre des terres vitales pour leur survie.»16

Cette lutte des communautés rurales pour leur terres est au cœur de l’action des mouvements paysans au Mozambique.

Pour en savoir plus : www.oxfamsol.bewww.farmlandgrab.org

Manda Wilderness, Mozambique - Crédit : Manda Wildernes

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LES ORGANISATIONS PAYSANNES SOLIDAIRES AU MOZAMBIQUE

L’Union Nationale des Paysans du Mozambique (UNAC)

L’abandon à la fin des années 1980 des dogmes communistes conduisit le gouverne-ment à libéraliser le secteur agricole en réponse aux exigences des bailleurs de fonds internationaux, ce qui aboutit à un réapprovisionnement des marchés mais contraint les producteurs à se plier aux exigences de la concurrence internationale. C’est dans ce contexte qu’en 1987, les réseaux de coopératives agricoles se sont rassemblés, avec le soutien du gouvernement, pour débattre de l’avenir du mouve-ment paysan. A cette occasion fut créée l’Union Nationale des Associations Paysan-nes (UNAC en portugais) en tant qu’organisation nationale de la paysannerie regrou-pant les agriculteurs, les coopératives de production et les associations locales et régionales. Invité par Oxfam et cité par l’association bruxelloise Amigos de Mocambique, Ismael Ossemane, représentant et responsable de l’UNAC, se souvient : «La fin de la guerre apporta un grand soulagement et beaucoup de joie. (…) Mais, dans l’esprit des paysans, la nature du système économique -socialiste ou capitaliste- était de peu d’importance dans la mesure où cela n’influençait pas sur leur situation concrète. La réalité pour eux était la fin des pénuries pour les produits de première nécessité. Mais en fait, on entrait dans une économie de marché. La population rurale ne s’aper-çut pas immédiatement de ce changement parce que le parti FRELIMO continuait à dominer, mais au long des années, les choses sont devenues plus claires pour eux. Après surgit la conscience d’une plus grande liberté mais la politique économique imposait une productivité plus grande pour pouvoir acheter les biens de consomma-tion. La politique néolibérale finit par avoir des effets négatifs pour les paysans. C’était la «liberté dans la pauvreté». Les riches dominent à la place du parti.»17

Les débats ont été âpres entre le gouvernement mozambicain qui souhaitait pouvoir vendre ces parcelles (à des étrangers notamment) et les paysans qui en avaient fait leur terre, leur foyer et souvent leur unique source de revenus. Pour contrer cette pression gouvernementale, l’UNAC s’est rapproché d’autres mou-vements paysans dans le monde, au Brésil notamment auprès des «sans terre», et ces contacts furent fructueux. L’UNAC fut ainsi la première organisation africaine à intégrer Via Campesina, le mouvement paysan mondial.

Depuis sa création, l’UNAC, qui compte quelque 65 000 membres, s’est illustrée dans son combat en faveur de l’accession des petits paysans à la propriété sur les terres qu’ils occupaient à la fin de la guerre (souvent sans titre de propriété formel).

Pour en savoir plus : www.oxfamsol.bewww.amigos-de-mocambique.org

Soutenue par Oxfam-Solidarité, l’UNAC s’engage en faveur de la mobilisation des paysans pour un déve-loppement durable et respectueux des droits et des cultures des communautés rurales et pour contrer les tentations trop libérales du gouvernement mo-zambicain soumis aux pressions des investisseurs étrangers.

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La révolte des veuves

Au début des années 1980, au plus fort de la guerre civile qui déchire le pays, alors que de nombreux hommes sont morts dans les violences, enrôlés de force ou exi-lés dans les pays voisins, un groupe de femmes créé l’Union Générale des Coopé-ratives de Maputo pour mettre en commun et partager leurs maigres ressources. Nombre de ces femmes vivent alors dans la misère et beaucoup sont veuves ou âgées. Julieta et Rosita Lhamine ont participé à la création de ce mouvement. Elles se sou-viennent : «C’était vraiment difficile. Nous devions veiller en permanence pour voir si les combattants du RENAMO (Résistance Nationale du Mozambique, mouvement antimarxiste très violent financé et soutenu par la Rhodésie et l’Afrique du Sud) n’approchaient pas. Nous continuions à cultiver, mais l’après-midi, c’était souvent impossible. Même maintenant, mon cœur souffre de cette colère et de la peur de mourir. Je vois encore des cadavres, les corps de ceux qui étaient attrapés et bat-tus à mort pendant que nous fuyions et que nous devions enterrer après» explique Julieta, et sa sœur de poursuivre : «Nous n’avions ni pompes, ni arrosoirs, ni tuyaux, rien. Nous avons donc créé l’Union générale pour soutenir nos coopératives et es-sayer d’obtenir ces choses.»18

L’Union Générale des Coopératives de Maputo (UGC)

Sur le terrain, elle aide ses membres à se procurer des relevés topographiques et d’autres documents né-cessaires à l’obtention de titres fonciers, tandis que ses représentantes les plus charismatiques (dont Ce-lina Cossa qui est nommée par ailleurs à la tête de l’UNAC) militent auprès du Parlement pour l’adoption d’une réforme plus favorable du droit foncier. Ce com-bat de longues années porte ses fruits. La très grande majorité des productrices acquiert des titres officiels pour l’exploitation des parcelles qu’elles cultivent et la nouvelle loi sur le régime foncier adoptée en 1997 offi-cialise ces dispositions et défend les droits des petits producteurs. Le lobbying exercé par l’UGC a eu, par ailleurs, des conséquences importantes en matière de droits des femmes. Ainsi, le nouveau cadre légal promeut l’égalité des femmes et des hommes lorsqu’il s’agit d’obtenir des titres fonciers et rappelle que la transmission par héritage des terres doit s’effectuer «indépendamment du sexe» des personnes concer-nées19.

Impressionné par le travail de l’organisation paysanne, le gouvernement mozambicain sollicite même l’UGC pour participer au comité chargé de veiller à la mise en œuvre du nouveau régime foncier.

Aux côtés des paysannes

Vingt ans plus tard, l’UGC est l’une des plus impor-tantes entreprises agricoles du Mozambique et la principale source d’approvisionnement de la capi-tale, Maputo, en fruits, légumes et volailles.

L’organisation, qui a fédéré les coopératives de la ré-gion au fur et à mesure des années, s’est complète-ment restructurée quand le gouvernement a mis en œuvre sa politique de libéralisation.Auparavant organisation de production, elle s’est transformée en coopérative de services en proposant à ses adhérentes des formations techniques ainsi que des financements qui leur étaient refusés par les ban-ques. Dans les années 1990, l’UGC s’est aussi distin-guée, aux côtés de l’Union Nationale des Paysans du Mozambique (UNAC) en aidant ses membres à acqué-rir officiellement les terres abandonnées qu’elles culti-vaient.

Ce combat politique et juridique pour l’accès à la terre a mobilisé toutes les forces de l’organisation pendant des années. Celina Cossa, la Présidente de l’UGC se souvient : «Lorsque nous avons vu que nous risquions de perdre des terres, nous avons pris des mesures à temps.» L’organisation est sur tous les fronts.

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Indéniablement équitable

Ces résultats sont particulièrement éloquents.

Stricto sensu, l’Union Générale des Coopératives de Maputo n’est pas formellement certifiée équitable ou durable mais l’impact social et humain considérable de ses activités, ainsi que l’attachement de ses mem-bres aux valeurs de partage en font indéniablement un acteur majeur du progrès social et un témoin essentiel

«Il ne peut y avoir de développement communautaire, ou national, sans la contribution des femmes»

Celina Cossa, Présidente de l’Union Générale des Coopératives de Maputo

Lauréate en 1998 du Prix du leadership pour l’Afrique

en matière de maîtrise durable de la faim

Lauréate en 2009 du Prix de leadership pour la sécurité alimentaire

Développement et solidarité

Les réalisations de l’Union Générale des Coopératives de Maputo sont impressionnantes. D’une structure margi-nale, elle est devenue l’une des organisations paysannes les plus puissantes du pays (avec 10 000 membres re-groupées au sein de 200 coopératives) et ses dirigean-tes sont considérées et accueillies dans le monde entier aujourd’hui. Une véritable référence. Ces succès reposent autant sur les valeurs de solidarité qu’elles défendent que sur leurs réussites économiques et commerciales. En soutenant la diversification des acti-vités de ses membres lors des premières années de paix, et en développant l’aviculture grâce à ses propres res-sources et aux financements de la Banque mondiale, l’or-ganisation est devenue le premier producteur de poulets au Mozambique. Les résultats en termes de développement sont particu-lièrement significatifs. Les revenus moyens des produc-trices membres de l’organisation sont supérieurs de 50% en moyenne au salaire minimum national. «Lorsqu’on considère que nos membres sont en majorité illettrées, ont atteint un certain âge et trouvent donc très rarement

du travail, quel qu’il soit, on comprend mieux le rôle im-portant que jouent nos coopératives dans la vie écono-mique et sociale des populations les plus défavorisées et des femmes en particulier»20 souligne Celina Cossa.Au-delà des services d’appui à la production, l’organi-sation propose aussi à ses membres des prestations de santé et de garde d’enfants. Depuis plusieurs années, d’importants moyens sont consacrés à l’éducation des femmes (qui représentent 95% des membres21). Des for-mations techniques sont ainsi dispensées dans les mé-tiers de l’agriculture et de l’élevage mais aussi en menui-serie et création artisanale.En outre, des cours d’enseignement général et d’alpha-bétisation leur sont systématiquement proposés. L’édu-cation des femmes est en effet considérée comme une priorité, ainsi que le souligne Celina Cossa, la Présidente de l’UGC, car cette éducation «les forme au rôle de leader de leur communauté» 22. Par ailleurs, l’UGC a financé la construction de centres de santé où sont dispensés tous les soins de base. Ceux-ci sont gratuits pour les mem-bres de l’organisation.

Pour en savoir plus : http://spesmru.intnet.mu/sepac/ugc.htmwww.pbs.org/hopes/mozambiquewww.fao.orgwww.un.orgwww.fanrpan.org

des bénéfices du commerce et de l’économie solidaire en Afrique. Celina Cossa, la Présidente de l’UGC, a reçu en 1998 le Prix de leadership pour l’Afrique en ma-tière de maîtrise durable de la faim décerné par l’ONG Hunger Project, et, en 2009, le Prix de leadership pour la sécurité alimentaire décerné par le Réseau FANR-PAN (Food Agriculture Natural Resources and Policy Analysis Network).

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INITIATIVES DE COMMERCE AGRICOLE ÉQUITABLE

IKURU, Porte-drapeau du commerce équitable au Mozambique.

Après la guerre

Dans les années 1960, 40% de la production mon-diale de noix de cajou provenait du Mozambique.Puis ce fut l’insurrection, la guerre et l’instauration d’une dictature marxiste et toute l’économie produc-tive de l’ancienne colonie portugaise s’est effondrée. Il faudra attendre les années 1990, la démocratie et la libéralisation pour que cette industrie emblématique du pays commence sa restructuration et que soient mis en place les premiers systèmes de production qui vont permettre aux petits producteurs de commerciali-ser à nouveau leurs cultures sur les marchés nationaux. L’histoire d’Ikuru commence à cette époque dans la province de Nampula. C’est dans cette région du nord du Mozambique qu’est cultivé l’essentiel des productions d’arachides du pays (en particulier la noix de cajou),

au milieu des cultures vivrières traditionnelles (maïs, hari-cots, soja, etc.).Les paysans bénéficient dans cette zone de conditions cli-matiques très favorables et les sols y sont particulièrement fertiles, mais ils souffrent d’un accès difficile aux grands marchés. La guerre est finie depuis peu, les infrastructures ont été détruites et Maputo, la capitale, est à plus de 1200 kilomètres au sud. Qui plus est, les filières sont complète-ment désorganisées et les fermiers qui, enfin, peuvent culti-ver leurs propres récoltes après des années de collectivis-me manquent cruellement de ressources et de savoir-faire.

Handicapés par ces faiblesses, ils n’ont d’autre choix que de vendre aux intermédiaires locaux qui leurs imposent des conditions particulièrement dures.

Des efforts récompensés

Grâce au soutien de l’ONG américaine CLUSA (Cooperative League of USA) qui a encou-ragé, à partir de 1995, les processus de modernisation de la filière, les petits producteurs de noix de cajou et d’arachide s’organisent en coopératives locales (primaires) appelées «forums», puis en réseaux étendus (coopératives secondaires).Des formations leur sont dispensées, tant dans les domaines agricoles qu’en matière de gestion et de commercialisation. Puis, en 2003, l’organisation Ikuru (mot qui signifie «force» en langue makua) est créée en tant que société commerciale détenue par les producteurs de la région, avec le soutien financier d’Oxfam Novib, l’agence néerlandaise de la célèbre organisation d’origine britan-nique, et de GAPI, une ONG locale. Acteur majeur de la filière, Ikuru achète, transporte, trie, emballe et commercialise les produits agricoles (arachide, dolique, sésame, noix de cajou et fève de soja) de ses membres, quelque 25 000 producteurs (dont 40% de fem-mes) organisés en 120 coopératives locales. L’organisation obtient des résultats rapides et le volume de récolte acheté aux producteurs locaux et revendu sur les marchés nationaux passe de 367 tonnes en 2003 à 1332 tonnes en 2006 25.

La première organisation certifiée équitable et biologique au Mozambique

L’année 2006 constitue un tournant pour Ikuru qui, non contente de multiplier ses volumes de vente, obtient la certification équitable Fairtrade décernée par FLO pour sa production d’arachide et de noix de cajou (100 tonnes). C’est aussi cette année-là que l’organisation est certifiée biologique par l’agence française Ecocert pour ses récoltes d’arachide, de sésame et de soja. Les bénéfices de cette double certification ont été rapidement percep-tibles. Au niveau des prix d’achat, tout d’abord, qui sont 25% plus élevés que les prix du marché pour les récoltes certifiées Fairtrade tandis que les containers de produits biologi-ques peuvent être vendus à des prix encore supérieurs. P

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«Le commerce équitable est une très bonne chose pour notre région. Aujourd’hui le marché est entre les mains des grands négociants et notre société, Ikuru, est la seule au Mozambique qui soit détenue par les producteurs eux-mêmes.

Maintenant, nous pouvons inter-venir sur les prix que nous obte-nons. Sans le commerce équita-ble, nous serions contraints de vendre à ces grandes sociétés».

Moises RaposoProducteur membre d’Ikuru 27

La qualité pour le développement

Commercialisée auprès des grands importateurs équitables (Equal Exchange, Sainsbury), la production équitable d’Ikuru a permis à l’organisation de recevoir plus de 50 000 dollars de primes Fairtrade Premium26. Pour l’essentiel, ces sommes ont été réinvesties dans l’achat de nouvelles semences, la moderni-sation des équipements de stockage (entrepôts) et l’acquisition de machines neuves (pour l’écossage, le nettoyage et l’emballage des noix) grâce auxquelles l’organisation mozambicaine a augmenté sa productivité et étendu sa maîtrise à l’ensemble de la chaîne de production et de commercialisation. Les produc-teurs d’Ikuru ont en effet pleinement intégré l’importance de ces investisse-ments productifs qui contribuent à accroître la valeur de leur produit et leur permet de négocier dans de meilleures conditions. Ces primes Fairtrade ont en outre permis de financer certains projets sociaux, en particulier en matière d’éducation (création d’écoles) et d’accès à l’eau po-table (forage de puits).

Pour en savoir plus : www.ikuru.orgwww.chooseliberation.comwww.oxfamnovib.nl

Ikuru est membre du réseau Liberation Nuts qui fédère des organisations de producteurs de noix équitables du Malawi, d’Inde, de Bolivie et du Mozambique.

Fondé à l’initiative de deux organisations pionnières du commerce équitable, Twin et Equal Exchange, Libera-tion Nuts a été mis en place pour accompagner les as-sociations de producteurs membres dans la production de noix de la meilleure qualité et en quantité suffisante pour aborder les marchés européens (britanniques en particulier) sur lesquels ces produits sont vendus sous la marque Liberation Nuts. Créé sous forme de Société d’Intérêt Communautaire (Community Interest Company - CIC) avec le soutien de Comic Relief Relief, de la Fondation Hunter, du Trade for Development Centre et d’autres, Liberation Nuts est détenu à 42% par la Coopérative International des Pro-ducteurs de Noix (CIPN / International Nut Producers’ Cooperative - INPC) qui associe onze organisations de producteurs équitables dans le monde (dont Ikuru).

Projet essentiellement commercial permettant aux producteurs de noix équitable des pays en développe-ment de mutualiser leurs investissements productifs et commerciaux pour vendre mieux et plus sur les mar-chés européens, Liberation Nuts a aussi pour vertu de mettre en réseau ces organisations, ainsi que le souli-gne Moises Raposo, membre d’Ikuru :

«Maintenant, en faisant partie de Liberation Nuts, nous sommes rejoints par des partenaires internationaux du Malawi, de Bolivie, du Nicaragua, du Brésil, du Pérou, du Salvador et d’Inde, ce qui est très bon pour nous tous. C’est très, très excitant et cela nous donne un sentiment de fierté et d’espoir pour l’avenir.»28

Pour en savoir plus : www.chooseliberation.comwww.naturalchoices.co.uk

LIBERATION NUTS, le monde des noix équitables

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«Dans la chaîne de valeur de ce projet, nous travaillons actuellement avec 30 producteurs. Mais pour l’année prochaine, nous espérons augmenter sensiblement les surfaces cultivées pour l’équitable et doubler le nombre de producteurs impliqués. Nous les encoura-geons à passer de deux à cinq hectares chacun pour la prochaine campagne.» 29

Inspirée par l’exemple d’Ikuru, une autre organisation de producteurs de noix de cajou s’engage depuis peu dans le commerce équitable.

MUECATE, L’Union des Producteurs de Namil ato

Située dans le district de Muecate, dans la province de Nampula, l’Union des Produc-teurs de noix de Cajou de Namilato s’est investie dans un projet-pilote initié par l’Institut pour la Promotion de l’Export (Institute for Export Promotion - IPEX) avec pour objectif la certification équitable d’une partie de sa production d’arachide et de noix de cajou. Mené en partenariat avec SNV, la coopération néerlandaise, ce projet a abouti fin 2010 à la certification Fairtrade d’une petite partie de sa production qui sera commercialisée aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne.

Ce projet-pilote, qui n’a impliqué jusqu’ici qu’un nombre restreint de producteurs de l’Union, a vocation à se développer. En effet, les faibles volumes certifiés (48 tonnes) ne permettent pas d’atteindre d’importants objectifs économiques et sociaux. Mais c’est une première réussite et l’équipe en charge du projet affiche ses ambitions, comme l’explique Salamande Fidelio, chef d’équipe du projet-pilote au sein de l’IPEX :

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Salamande Fidelio, Chef d’équipe du projet-pilote

Pour en savoir plus : www.snvworld.orgwww.mozluso.com/Noticias

Il est trop tôt pour évaluer l’impact économique et social de ce passage au commerce équitable pour les producteurs de Muecate mais une première série de conclusions a pu être présentée tandis que s’achève la phase expérimentale du projet. L’organisation de coopération néerlandaise SNV a ainsi souligné l’importance du travail préliminaire qui a été réalisé pour sensibiliser et former les fermiers impliqués. Ces activités préparatoires ont d’ores et déjà permis de restructurer le fonctionnement et les instances de l’organisation paysanne, d’améliorer sensiblement la qualité des récoltes et de renouveler les plantations vieillissantes (plus de 10 000 nouveaux arbres ont été distribués)30.

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LES AUTRES INITIATIVES DE COMMERCE ÉQUITABLEPendant longtemps, le commerce équitable s’est surtout consacré aux secteurs de la production agricole (café, fruits, etc.) qui furent les premiers à bénéficier de l’attention des organisations de référence dans ce domaine (Fairtrade Max Havelaar en particulier). Dans le cadre de la filière labellisée, les premiers référentiels élaborés par ces structures d’origine européenne ou nord-américaine visaient en effet à définir les critères précis per-mettant de labelliser une production agricole particulière (comme c’est le cas pour Ikuru par exemple pour l’arachide et les noix de cajou). Puis, le champ de compétences de ces organisations de labellisation s’est étendu à d’autres secteurs, y compris certains très spécifiques (comme la labellisa-tion FLO des ballons de football produits au Pakistan). Acteur historique de la filière intégrée, l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable (la WFTO) s’est très tôt intéressée au secteur de l’artisanat en accueillant comme membres des groupements d’artisans des pays du sud. Organisation régionale de la WFTO pour l’Afrique, COFTA (Coopération pour le Commerce Equitable en Afrique) fédère plus de 70 organisations ou groupements de producteurs sur le continent. Mais pas encore au Mozambique.

Ainsi, si l’on considère comme entreprise du commerce équitable, les organisations dont les productions sont certifiées par les organisations de la filière labellisée (Fairtrade, Ecocert équitable, etc.) ou membres des grandes fédérations de la filière intégrée (WFTO), seules deux organisations agricoles sont équitables au Mozambique fin 2010 : Ikuru et, depuis peu, l’Union des Producteurs de noix de Cajou de Namilato. Mais les choses semblent sur le point d’évoluer.

«C’est un fait que le Mozambique se trouve complètement hors de la carte en matière de commerce équitable. Il n’y a pas de membre de COFTA au Mozambique. C’est notre objectif : devenir les premiers au Mozambique à faire partie de la liste des membres réputés de COFTA» . Baobart - Septembre 2010 31

BAOBART, l’artisanat équitable au Mozambique.

Baobart se présente comme un groupement d’artisans mozambicains dé-cidés à promouvoir et commercialiser leurs créations sur les marchés inter-nationaux dans le respect des principes du commerce équitable. Cette dé-marche paraît d’autant plus intéressante que le principal accès à l’artisanat populaire du pays semble être le marché aux puces de Maputo. Certains des artisans de l’organisation Baobart ont été soutenus par l’orga-nisation internationale ATA (Aid To Artisans) mais aujourd’hui, ils souhaitent valoriser leurs productions directement auprès des détaillants d’art africain en Europe et en Amérique du nord en exploitant les possibilités offertes par Internet et le commerce en ligne.

Sculptures de bois noir, tentures tissées à la main, bracelets, jarres et plats colorés,… les œuvres présentées par Baobart illustrent le savoir-faire et le talent des artisans mozambicains qui se sont rassemblés au sein de cette organisation. Boaventura est de ceux qui se sont lancés dans cette aventure. Il fait partie des très rares artisans du pays qui vivent de leur art et ses sculptures, qui lui sont inspirées par les multiples oiseaux qui s’ébattent dans le ciel du Mozambique, sont célèbres à Maputo. Il a été sollicité très jeune par les responsables de l’organisation Aid To Artisans qui soutient et pro-meut les artisans dans de nombreux pays en développement. C’est d’ailleurs grâce à eux qu’il a pu acquérir la machine qui lui permet de sécher les racines de mafureira qu’il étire, tord et sculpte pour réaliser ces créations. Comme toutes celles qui sont présentées sur le site de Baobart (http://mozambiquecraft.blogspot.com), ces œuvres sont élaborées dans le respect des ressources naturelles et les bois utilisés viennent de forêts protégées.

Baobart est une initiative récente mais les engagements pris par l’organisation en faveur des artisans qu’elle fédère et promeut souligne son attachement aux valeurs du commerce équitable, en particulier en matière de rémunération des créateurs. Ceux-ci sont en effet payés selon les barèmes fixés par le Guide du Revenu Equitable, un calculateur en ligne (www.fairtradecalculator.com) élaboré pour garantir des revenus équitables aux artisans des pays en développement. Ainsi, l’organisation Baobart s’engage à rémunérer les artisans qu’elle promeut à «255 % au dessus des indicateurs de pauvreté.»32

Innovant, dynamique et vertueux, ce projet mérite de réussir. Souhaitons bonne chance à Baobart (et achetons leurs produits).

Pour en savoir plus : http://mozambiquecraft.blogspot.comwww.fairtradecalculator.com

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rédit : Baobart

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LE TOURISME ÉQUITABLE ET DURABLE AU MOZAMBIQUE

Les enjeux du tourisme équitable et durable

Avec près de 12% du PIB mondial et environ 200 millions de travailleurs, le tourisme est l’un des secteurs les plus importants de l’économie globalisée et aussi l’un de ceux qui connaît une des croissances les plus soutenues. Cet essor est particu-lièrement visibles dans les pays du Sud, destinations ensoleillées prisées par les occidentaux. Pour autant, les populations de ces pays profitent en général peu de cette manne qui bénéficie avant tout aux opérateurs de l’industrie touristique (compagnies aériennes, tours opérateurs, chaînes hôtelières,…) alors même que les activités sur place se dé-veloppent souvent au détriment du bien-être des communautés locales (hyper-con-centration des infrastructures, dégradation de l’environnement, emplois précaires, travail des enfants, mendicité infantile, prostitution,…)33. Pour que le tourisme devienne un véritable vecteur de développement humain, il convient de mieux le réguler et de veiller à ce qu’il soit générateur de richesses mais aussi de bien-être pour les populations locales.

Le tourisme équitable et durable propose des réponses réfléchies et pertinentes à toutes ces questions. En voici une définition34:Ve

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«Le tourisme équitable et durable se réfère aux notions fondatrices du commerce équitable et s’appuie sur une organisation juste et contrôlée de toute la chaîne de production. Il garantit ainsi le réinvestissement des bénéfices dans le développement local de la région.

Trois notions majeures sous-tendent le principe du développement durable : l’ÉCOLOGIE, l’ÉCONOMIE et l’ÉTHIQUELe tourisme équitable et durable s’appuie sur ce triptyque en tant qu’il participe au développement à long terme dans l’écologie, l’économie et le respect des pays d’accueil.»

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Fairtrade in tourism South Africa au Mozambique

C’est en Afrique du Sud qu’est né, le 13 juin 2002, Fair Trade in Tourism South Africa, le premier label national de tourisme équitable et durable qui vise à «garantir le fait que les populations dont le territoire, les ressources naturelles, le travail, la culture et les traditions sont utilisés dans le cadre d’activités touristiques bénéficient équitable-ment des retombées économiques et sociales de ces activités»36. Reconnu par Fairtrade International, le label Fair Trade in Tourism South Africa est attribué aux organisations touristiques qui respectent un cahier des charges précis, fondé en particulier sur le respect des principes suivants :

Répartition équitable des revenus entre les différents acteurs impliqués dans l’activité Démocratie et participation (toutes les parties prenantes participent aux déci-sions qui les concernent).Respect des droits humains, des cultures, des traditions et de l’environnement Transparence en matière de gestion Soutien au développement local

Depuis la fin de l’année 2008, Fair Trade in Tourism South Africa travaille en parte-nariat avec le Ministère du Tourisme mozambicain pour l’élaboration d’une charte permettant de certifier les initiatives vertueuses dans le secteur du tourisme au Mo-zambique. Financé par le Secrétariat d’Etat suisse pour les Affaires économiques, ce projet devrait aboutir en 2011-2012 à la mise en place d’un système de certification national comparable à celui mis en place en Afrique du Sud.

Pour en savoir plus : www.fairtourismsa.org.zahttp://satravellers.blogspot.com

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Le Mozambique, paradis préservé

Des plages de sable fin, des récifs coralliens préservés où s’ébat une faune marine exceptionnelle, des baleines et des dauphins qui nagent entre les îles de juin à octobre,…

Longtemps délaissées par les investisseurs, les côtes ensoleillées et sauvages du Mozambique sont parmi les plus belles du monde et le tourisme constitue l’un des secteurs qui connaît le plus fort développement depuis quelques années avec la venue d’entrepreneurs et de visiteurs étrangers.

Globalement, on ne peut qu’être impressionné par les choix politiques des autorités mozambicaines qui s’efforcent de lier ces investissements au respect de l’environne-ment et de la biodiversité. Ainsi, plusieurs projets ont été rejetés en janvier 2011 par le gouvernement qui a estimé que ceux-ci n’avaient pas soumis les études d’impact exigées pour obtenir le «permis d’environnement» requis pour implanter de nouvelles infrastructures35.

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Magnifique exemple d’initiative équitable et durable, le Nkwichi Lodge est un ensemble touristique situé sur la rive orientale du lac Niassa-Malawi, connu pour ses eaux cristallines et la richesse de sa faune marine. Sur cette côte longée par la forêt vierge et de grandes plages de sable fin, le Nkwichi Lodge se pré-sente comme un ensemble de chalets de roche et de chaume, aménagés et confortables donnant sur une baie illuminée par le soleil. Safari photo, plongée, randonnées, restauration tradi-tionnelle,… les activités et les services proposés sont à la hauteur de la beauté du site.

Mais Nkwichi Lodge n’est pas qu’un coin de paradis, c’est aussi l’un des projets de tourisme équitable et durable les plus reconnus et encensés. En effet, tout ici est conçu pour respecter et préserver l’environnement et associer les populations locales. Les luxueux chalets ont été bâtis à partir à partir de matériaux naturels col-lectés dans la forêt, le site fonctionne exclusivement à l’énergie solaire et les repas servis dans le restaurant sont préparés à partir de fruits et légumes cultivés loca-lement et cuits dans de grands fours de pierre à partir de bois mort ramassés dans les sous-bois. Ecologique, donc. Sans aucun doute, mais la raison principale pour laquelle Nkwichi Lodge fait office de référence en matière de tourisme durable, c’est son im-pact en faveur du développement des communautés locales. Créée par les fondateurs de Nkwichi Lodge en tant que structure distincte de l’établissement touristi-que, Manda Wilderness Community Trust a pour objec-tifs de promouvoir et de soutenir le développement de la région et la protection de l’environnement.

L’organisation travaille aux côtés de 16 communautés représentant quelque 20 000 personnes pour choisir et mener à bien les projets de développement qui seront soutenus. Depuis sa création, le Manda Wilderness Community Trust a permis aux habitants des villages voisins d’ob-tenir les titres de propriété des terres sur lesquelles ils vivent et une zone de protection naturelle de quelque 130 000 hectares a été cartographiée, balisée et en-registrée comme zone de développement communau-taire et de tourisme responsable à l’intérieur de laquelle la chasse et les techniques agricoles destructrices sont vivement découragées. Le Manda Wilderness Commu-nity Trust a par ailleurs financé la création d’une ferme biologique expérimentale où les populations locales apprennent à diversifier leur alimentation, ainsi que plu-sieurs écoles pour les enfants des villages et des loge-ments pour les enseignants. Microfinance, activités sportives, mise à disposition de vélos,… la liste des actions financées et soutenues par le Manda Wilderness Community Trust dans la région est vraiment impressionnante.

Nkwichi Lodge et le Manda Wilderness Community Trust ont remporté de nombreux prix en matière de tourisme durable et d’investissement responsable, dont le Prix de l’Entreprise Touristique Responsable en Afrique (Afri-ca’s Leading Responsible Tourism Company) décerné lors des World Travel Awards en 2009 et le «Best Small Hotel» attribué dans le cadre des Responsible Tourism Awards en 2008.

NKWICHI LODGE et le MANDA WILDERNESS COMMUNITY TRUST

Pour en savoir plus : www.mandawilderness.org

Un village proche de Nkwichi Lodge - Crédit : Manda Wilderness

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LE COMMERCE DURABLE AU MOZAMBIQUE

PHYTOTRADE AFRICA

BIO ÓLEOS DE MAXIXE (BOM), LE MEILLEUR DE LA NATURE

L’INITIATIVE SOFALA

DU MIEL ET DES ABEILLES

Si le commerce équitable est encore très peu répandu au Mozambique (avec seulement quelques organisations certifiées ou en voie de l’être), la situation est quelque peu différente en matière de commerce durable.

Ainsi que nous allons le voir, de nombreuses organisations au Mozambique sont conscientes de la nécessité d’inscrire le développement économique du pays dans le respect de l’environnement naturel exceptionnel et de lier ces projets au bien-être des populations et des communautés.

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ET LE COMMERCE DURABLE, C’EST QUOI?

L’Institut International pour l’Environnement et le Développement a défini ainsi le commerce durable en 2000 :

Le commerce durable prend place lorsque les échanges internationaux de biens et de services génèrent des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux en conformité avec les quatre principes fondamentaux du développement durable :1. Il crée de la valeur économique2. Il réduit la pauvreté et l’inégalité3. Il régénère les ressources environnementales4. Il est mené dans le cadre d’une gouvernance caractérisée par l’ouverture, la transparence et l’imputabilité.

Le commerce équitable et le bio sont des modèles spécifiques de commerce durable.

PHYTOTRADE AFRICA

Depuis les années 1990, de nombreux secteurs économiques manifestent un intérêt croissant pour les produits naturels et leurs vertus pharmaceutiques, phytosanitaires, alimentaires et/ou cosmétiques. Ces entreprises et ces chercheurs s’intéressent de plus en plus aux ressources issues de la biodiversité dans les pays en développement et aux connaissances traditionnelles qu’ont les communautés locales de leur envi-ronnement. Toutefois, cette attention n’est pas sans poser de problèmes pour ces populations qui, souvent, ne maîtrisent pas les processus de commercialisation et qui risquent de se retrouver dépossédées de leur ressources et de leur savoir-faire.

Créé en 2001 à Johannesburg avec le soutien du Fonds International de Développe-ment Agricole, Phytotrade Africa (qui est le nom commercial de l’Association d’Afri-que australe pour la Commercialisation des Produits naturels) a été mis en place pour aider les petits producteurs africains à accroître la valeur des produits naturels qu’ils cultivent (ou collectent) et leur permettre de tirer profit de leur commercialisation hors de leur région d’origine.

Depuis sa création, Phytotrade Africa accompagne de petites communautés de pro-ducteurs (surtout des femmes car ce sont souvent elles qui récoltent ces produits naturels) dans toute l’Afrique australe et les aide à s’approprier les techniques de valorisation et de vente sur de nouveaux marchés et ce, dans le respect des valeurs du commerce équitable, de la biodiversité et de la durabilité environnementale. En 2006, près de 30 000 producteurs ruraux (dont plus de 90% de femmes) ont vendu des ressources végétales brutes ou à valeur ajoutée aux organisations commerciales membres de PhytoTrade pour un montant total de 384 000 USD. Les revenus sont modestes, mais représentent une contribution importante aux moyens d’existence des plus pauvres dans la région37.

Pour en savoir plus : www.phytotradeafrica.com

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Fabriquées à partir des graines des arbres des forêts mozambicaines (mafura, baobab et marula), les huiles vendues par BOM sont utilisées pour l’élaboration de produits cosmétiques (soins de la peau, baumes pour les lèvres et le corps, écrans solaire et savons pour le bain). Le siège social et les ateliers de la société sont situés dans la province d’Inhambane dans le sud du Mozam-bique, où les huiles collectées auprès des communau-tés rurales sont traitées, transformées et conditionnées. Interrogés sur ce projet, Ana Lyman et Allan Schwartz insistent sur le fait que leur société «a vocation à créer de la richesse pour les communautés rurales grâce à une ressource oubliée jusqu’à aujourd’hui. Nous voulons remettre cette précieuse ressource entre les mains des membres de ces communau-tés. (…). Avec de meilleurs revenus, elles bénéficie-ront d’un meilleur accès à l’éducation et à la santé».La dimension patrimoniale de ce projet est tout aussi im-portante, comme le soulignent ses initiateurs : «A travers BOM, nous soutenons la conservation de ces ressour-ces de base en encourageant la plantation de nouveaux arbres, en particulier pour les espèces indigènes. Nous recourons à des systèmes éprouvés et maîtrisés de ré-génération forestière pour veiller à ce qu’il n’y ait aucune perte de biodiversité et pour rétablir celle qui a été per-due en développant une production alimentaire durable. En travaillant avec nous, les communautés partenaires tirent des avantages économiques de la restauration de ces ressources forestières»39. Du vrai commerce durable en somme.

BIO ÓLEOS DE MAXIXE (BOM), le meilleur de la nature.

Créée en 2008 par Ana Lyman et Allan Schwartz, un entrepreneur renommé pour ses activités en matière de commerce durable, Bio Óleos de Maxixe (BOM) est une société qui a pour objectif la commercialisation d’huiles naturelles élaborées à partir de grai-nes oléagineuses cueillies et préparées par les populations rurales du Mozambique. Membre de Phytotrade Africa, BOM œuvre en faveur du développement de ces com-munautés et pour «valoriser l’investissement communautaire dans l’environnement, fournir un revenu sûr aux populations vulnérables, développer la production des es-sences indigènes et promouvoir la consommation de produits locaux de haute qualité et respectueux de l’environnement.»38

Pour en savoir plus : www.bom-mozambique.com www.phytotradeafrica.comwww.bidnetwork.org

Le projet de BOM se décline avec la réalisation des objectifs suivants :

Fournir un appui technique aux associations communautaires afin de faciliter la production et la commercialisation d’huiles biologiques de haute qualitéSoutenir les capacités organisationnelles et commerciales des organisations com-munautaires Développer de nouveaux marchés pour la commercialisation d’huiles biologiques au bénéfice des communautés de producteursContribuer à la sécurité alimentaire des communautés rurales par la génération de nouveaux revenus Former les femmes productrices aux techniques modernes de production (pressage à froid, conditionnement, etc.)Préserver ces ressources menacées que sont les forêts naturelles du Mozambique Organiser et préparer la certification biologique et équitable (externe) des produc-tions de ces communautés pour en accroître la valeur S

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Baobab, Mecufi, Mozambique - Crédit : Ton Rulkens

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Des forêts abandonnées

Pendant de nombreuses années, les forêts primaires du Mozambique ont été laissées à l’abandon, abris précai-res pour les victimes de la guerre et les communautés rurales les plus pauvres du pays, trop préoccupées par leur survie pour s’intéresser à la préservation de ces arbres dont certains sont considérés comme les plus beaux et les plus rares du monde.

L’histoire de l’Initiative de Sofala commence au début des années 2000 dans la province du même nom, à Dondo, où une petite coopérative d’artisans périclite faute de pouvoir vendre ses objets de bois sculptés à de trop rares touristes. Fabriquées à partir des essen-ces d’arbres des forêts environnantes, ces créations sont pourtant magnifiques. Les couleurs en sont riches et intenses, du bordeaux foncé à l’ébène.

Des trésors à découvrir

Allan Schwartz est architecte et environnementaliste. Après avoir enseigné l’éco-construction aux Etats-Unis, il travaille aux côtés des collectivités mozambicaine pour les sensibiliser aux enjeux du développement durable. A l’occasion d’un séjour dans la région, il découvre les œuvres des artisans de Dondo et se range à leurs côtés pour développer une activité plus rémunératrice et res-pectueuse de l’environnement.

Cinq ans plus tard, les bijoux fabriqués par les ar-tisans de Sofala font fureur dans les magazines de mode et sur les plateaux des couturiers. «La beauté des bracelets et leur côté ethnique durable ont ouvert toutes grandes les portes des principaux marchés et des marchés ‘verts’ et éthiques. Lors de la Semaine de la mode de Paris, ils ont rencontré un vif succès ; ils sont déjà exportés vers l’Afrique du Sud grâce à un agent et à un réseau de petits détaillants. Un agent européen les distribue en Belgique, France, Grèce, Italie et Royau-me-Uni. Ils sont également exportés vers les Caraïbes françaises et les États-Unis où ils ont la faveur des New-Yorkais.»40

Cette réussite est le fruit d’un partenariat intelligent mis en place entre la coopérative de Dondo, une entreprise privée du centre forestier de Mezimbite spécialisée dans accessoires haut de gamme et la communauté forestière de N’Hatanga, avec le soutien du Centre du Commerce International qui a fourni une assistance technique et financière au projet.

L’INITIATIVE SOFALA

DES COMMUNAUTÉS PRÉSERVENT LA FORÊT

Préserver ces richesses

Dès les débuts du projet (qui a reçu le nom «Initiative de Sofala»), l’accent est mis sur la préservation des res-sources forestières. Un plan a été élaboré avec la com-munauté forestière de N’Hatanga pour veiller à ce que le nombre d’arbres coupés soit inférieur au nombre d’ar-bres replantés. Un premier inventaire a été dressé et le rendement durable de chaque espèce a été calculé. Une pépinière a été créée et les membres de la communauté qui auparavant coupaient des arbres pour en faire du charbon (activité nocive et destructrice) sont devenus des bûcherons expérimentés ou pépiniéristes. L’Initiative de Sofala est un projet global dans lequel chaque groupe a trouvé sa place. En confiant la pro-duction de bois aux membres de la communauté fores-tière qui veillent à la préservation des forêts, les artisans peuvent se consacrer à leurs créations et ainsi accroître leurs revenus. L’évaluation du projet réalisé par le Centre du Commer-ce International est éloquente : «En moyenne, l’Initiative de Sofala a multiplié les salaires par 14 alors que la po-pulation du pays parvient tout juste à subsister avec un salaire moyen de 250 dollars US par an. Le succès de l’initiative pilote a permis d’élargir le projet à six nou-veaux groupes communautaires ; des emplois ont été créés et le nombre de bénéficiaires directs est passé de 25 à 50 et on estime que 500 personnes bénéficient in-directement des emplois et revenus générés.»41

Aider d’autres communautés

L’Initiative de Sofala a suscité énormément d’intérêt tant de la part des organisations d’aide au développement qu’auprès des autorités locales mozambicaines. Une étu-de a ainsi confirmé le fait que près de deux cents commu-nautés forestières locales pouvaient tirer profit de ce qui est considéré comme un modèle en matière de commer-ce durable. «Le projet peut être reproduit dans d’autres secteurs prioritaires. L’idée d’associer les communautés pauvres à la progression des produits d’exportation le long de la chaîne de valeur est une stratégie efficace» expliquait Patricia Sennequier, responsable du projet42. Depuis, le projet a été repris par le gouvernement mo-zambicain qui l’a intégré à ses plans de développement.

Pour en savoir plus : www.forumducommerce.orgwww.allanschwarz.com

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Crédit : Ton R

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DU MIEL ET DES ABEILLES

Traditionnellement, dans les régions rurales du Mozambique, les produc-teurs de miel utilisent les écorces des arbres pour construire les ruches. Or ce procédé se révèle à la fois long, couteux et dévastateur pour la biodiver-sité. V & M Grain & Co. a donc mis au point une nouvelle méthode de fabri-cation basée sur le recours à des matériaux moins chers et respectueux de l’environnement. Cette solution utilise en effet des déchets organiques de noix de coco et de bambou mêlés à de la boue.Grâce au soutien de l’organisation de coopération néerlandaise SNV, l’entreprise V & M Grain & Co. va fournir près de 5 000 ruches aux api-culteurs du Mozambique. D’apparence relativement anodine, ce projet pourrait avoir d’importantes conséquences au niveau de la protection de la nature et des forêts mais aussi en termes de développement économique. Au niveau de la biodiver-sité, ce sont des milliers d’arbres qui vont être épargnés, réduisant d’autant la déforestation, mais ce nouveau procédé va aussi permettre aux apicul-teurs d’accroître assez facilement le nombre de leurs ruches. Or, l’augmen-tation du nombre d’abeilles a une incidence directe sur la pollinisation de l’ensemble des espèces végétales avec des effets reconnus sur le rende-ment des cultures comme le maïs, les haricots et sésame.Mais le projet ne s’arrête pas là.

En effet, SNV a mis en place une démarche d’accompagnement global des apiculteurs qu’elle forme à la gestion et à l’entretien de ces ruches écolo-giques mais aussi au respect des normes équitables et biologiques avec pour ambition la mise en place d’une filière de miel certifié. Cette produc-tion à haute valeur ajoutée sera alors achetée aux producteurs à un bon prix et commercialisée sur les marchés européens par une nouvelle société, The Mocambican Honey Company, détenue à 50% par V & M Grain & Co et ses partenaires privés et à 50% par les producteurs eux-mêmes43.Selon les premières estimations, après cinq ans, les 5 000 producteurs mozambicains associés au projet devrait produire 500 tonnes de miel bio-logique par an qui leur seront payés deux dollars US le kilo. Soit une augmentation des recettes des apiculteurs évaluée à un million de dollars44.

Rémunérateur, équitable et durable. Magique.

Pour en savoir plus : www.snvworld.org www.bidnetwork.org/page/155612

Finaliste en 2009 du Prix «Nature Challenge» organisé par le Fonds Mondial pour la Nature (WWF), V & M Grain & Co. est une entreprise sud-africaine spécialisée dans la fourniture de matériels et de semences pour les petits producteurs des pays d’Afrique australe.

La société s’est en particulier fait connaître par son approche innovante et durable en matière d’apiculture.

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CONCLU SION

Le Mozambique est sans doute l’un des plus beaux pays du monde (et aussi l’un des plus pauvres). Après des décennies de guerre et de dictature, de nouvelles élites apparaissent et s’illustrent par leurs compétences et leur sens de la solidarité nationale. Le temps est arrivé pour ce pays de participer au concert des nations, d’y apporter son héritage et ses savoirs et d’en tirer profit.

Encore peu répandu, le commerce équitable et durable offre à ce pays nouveau venu dans la mondialisation des moyens pour améliorer les conditions de vie de sa popula-tion et ancrer son développement dans le respect de son patrimoine naturel unique. Un rêve à réaliser.

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SOURCES ET RÉFÉRENCES

1 Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Mozambique2 Source : Université de Laval (Québec) - http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/afrique/mozambique.htm3 Michael Baxter, Représentant de la Banque mondiale, cité par Mail and Guardian et repris dans Courrier International du 30 juin 2005 et sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_Mozambique. 4 Source : www.diplomatie.gouv.fr5 Source : Idem6 Source : Association Internationale de Développement (IDA), Banque mondiale - http://web.worldbank.org7 Source : Idem8 Source : www.wfto.com9 Source : COFTA Application Form - BTC - August 200910 Source : Banque mondiale - http://web.worldbank.org11 Source : Patrice Deramaix, «L’agriculture au Mozambique, potentialités et défis» - www.amigos-de-mocambique.org12 Source : «Mozambique : l’agriculture de subsistance périclite du fait du VIH/SIDA» - Futura Santé - 4 septembre 2004 - www.futura-sciences.com13 Source : FAO - www.fao.org14 Source : Frédéric Janssens, «Land Grabbing : razzia sur les terres d’Afrique», Oxfam Solidarité, 15 mars 2010 - www.oxfamsol.be/fr/Land-Grabbing-razzia-sur-les.html15 Source : Idem16 Source : Idem17 Propos recueillis et synthétisés par E. Bonnet et P. Deramaix le 24 avril 2004 - www.amigos-de-mocambique.org/agir/luttespay-sannes.htm18 Source : Hopes of Horizon - www.pbs.org/hopes/mozambique/transcript.html19 Source : Afrique Relance, publication des Nations-Unies - www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol12no4/womenfr.htm20 Source : Idem21 Source : FAO - www.fao.org/ag/againfo/themes/fr/infpd/documents/econf_bang/africa1.html22 Source : Afrique Relance, publication des Nations-Unies - www.un.org/french/ecosocdev/geninfo/afrec/vol12no4/womenfr.htm23 Source : Idem24 Source : Menesia Muinjo et Geline Fuko, «Female farmer scoops award for food production», 1er septembre 2009 - http://africa.ipsterraviva.net/2009/09/01/female-farmer-scoops-award-for-food-production25 Source : www.ikuru.org 26 Source : www.chooseliberation.com/mozambique.html27 Source : Idem28 Source : Idem29 Source : www.mozluso.com/Noticias 30 Source : «SNV support to the Mozambique Cashew Industry.pdf» - www.snvworld.org31 Source : Baobart, 3 septembre 2010 - http://mozambiquecraft.blogspot.com32 Source : http://mozambiquecraft.blogspot.com/p/fair-wage-guide.html33 Source : South African Travellers - www.satravellers.com et http://satravellers.blogspot.com34 Source : Idem35 Source : www.lesafriques.com/mozambique/des-projets-touristiques-rejetes-au-mozambique.html?Itemid=32036 Source : www.fairtourismsa.org.za37 Source : «Le commerce des produits phytosanitaires en Afrique ouvre de nouveaux débouchés pour les produits naturels» - www.phytotradeafrica.com38 Source : www.bom-mozambique.com39 Source : www.bidnetwork.org/page/114311/en40 Source : Centre du commerce international, « Mozambique: les communautés préservent la forêt» - No. 3/2006 - www.forumducommerce.org/news/fullstory.php/aid/970/Mozambique:_les_communaut_E9s_pr_E9servent_la_for_EAt.html41 Source : Idem42 Source : Idem43 Source : www.bidnetwork.org/page/15561244 Source : www.snvworld.org/en/countries/mozambique/aboutus/news/Pages/NewsPage1006000.aspx

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TRADE FOR DEVELOPMENT CENTRE

Pour le Trade for Development Centre, programme de la CTB (l’Agence belge de développement), les commer-ces équitable et durable peuvent être des outils de réduction de la pauvreté, et des leviers de développement.

Le centre a pour objectif l’émancipation économique et sociale des petits producteurs du Sud, à travers leur pro-fessionnalisation et l’accès aux marchés, que ces derniers soient locaux, régionaux ou internationaux.

Pour se faire nous avons développé les activités suivantes :

> Appui aux producteurs

Programme d’appui financier

Le Trade for Development Centre soutient les producteurs marginalisés, les micro et petites entreprises ainsi que les projets d’économie sociale actifs dans le commerce équitable ou durable. Il finance différentes activités permettant d’augmenter leurs capacités et leur accès au marché : création de nou-veaux produits, introduction de systèmes de contrôle de la qualité, obtention d’une certification, formations (en gestion, marketing…), participation à des foires commerciales,...

Activités d’appui à la commercialisation

Le TDC est un centre d’expertise en « marketing & ventes » et un organe d’appui concret aux projets de la CTB liés directement ou indirectement à la commercialisation de produits et/ou services : • Conseil stratégique en business et marketing • Information et analyse de marchés• Coaching en marketing & ventes

> Diffusion d’information et plate-forme d’échange

Via son site Internet, sa newsletter et différentes publications, le Trade for Development Centre veut apporter aux consommateurs, pouvoirs publics, producteurs et autres acteurs économiques, une information la plus objective possible sur les différents labels, systèmes de garantie de commerce équitable et durable. Il contribue aussi aux débats pour une gestion des ressources naturelles et un commerce plus respectueux de l’Etre humain et de son environnement.

Le Centre participe activement à différentes plates-formes d’échange entre acteurs concernés, notamment la

plate-forme belge d’appui au secteur privé « Entreprendre pour le développement ».

> Sensibilisation

Le TDC met en place des campagnes de sensibilisation à destination des consommateurs (Semaine du commerce

équitable), des acteurs économiques et des pouvoirs publics belges.

CTB, TRADE FOR DEVELOPMENT CENTRE147, rue haute – 1000 Bruxelles

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