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Mémoire complet Master 2 - La télévision "hors de la boîte", futur médiatique des événements culturels et sportifs ?

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AVANT-PROPOS 4

A. SPORT ET CULTURE A LA CROISEE DES CHEMINS 8

1. LE SPORT, GENERATEUR D’AUDIENCE 8 1. LES GRANDES AUDIENCES SPORTIVES 8 2. LA CHASSE AUX RECORDS 10 3. 2012, DES PERSPECTIVES EXCEPTIONNELLES POUR LES AUDIENCES AUDIOVISUELLES SPORTIVES 14 4. LES GRANDS EVENEMENTS SPORTIFS, LEVIERS POUR LA CONSOMMATION DES MENAGES 16 2. VERS UNE ETENDUE DE L’OFFRE TELEVISUELLE SPORTIVE 18 1. LES PRINCIPALES OFFRES TELEVISUELLES SPORTIVES FRANÇAISES 19 2. AL JAZEERA, L’ACTEUR QUI CHAMBOULE TOUT 20 3. FIN DE PARTIE POUR CFOOT : L’IMPOSSIBILITE D’UN « AUTRE FOOTBALL » A LA TELEVISION ? 21 4. L’EQUIPE TV HD, PREMIERE CHAINE D’INFORMATIONS SPORTIVES FRANÇAISE DISPONIBLE SUR LA TNT

GRATUITE 22 3. UNE CULTURE TELEVISUELLE STANDARDISEE ET MISE EN ECHEC 23 1. QUELLE CULTURE ? 23 2. EXISTE T-IL ENCORE UN DROIT A LA CRITIQUE ? 24 3. LES TENTATIVES INFRUCTUEUSES DU SERVICE PUBLIC 25 4. ARTE, CHAINE ESTIMEE MAIS PEU REGARDEE 28 5. L’ECHEC ALLOCINE TV 28 4. VERS UNE EVOLUTION DE LA CONSOMMATION 29 1. LA CONSOMMATION MULTI-ECRANS 30 2. DES TELESPECTATEURS ACTIFS ET PAS UNIQUEMENT SPECTATEURS 31 3. LA CONSOMMATION DELINEARISEE DE CONTENUS TELEVISES 33 4. DES EQUIPEMENTS DE PLUS EN PLUS CONNECTES 35 5. UNE PRISE DE CONSCIENCE GOUVERNEMENTALE 37 SPORT & CULTURE, LA CROISEE DES CHEMINS - LES 10 IDEES CLES 39

B. LA TELEVISION « HORS DE LA BOITE » 41

1. LA NOTION DE CROSS MEDIA 41 1. DEFINITION 41 2. QUELS INTERETS POUR LES CHAINES ET LE TELESPECTATEURS ? 41 2. LA VIDEO & INTERNET 42 1. QUELS ACTEURS PRESENTS POUR QUELS CONTENUS ? 43 2. LE STREAMING ILLEGAL AU SOMMET AVANT L’AFFAIRE MEGAUPLOAD 45 3. LES ACTEURS TELEVISES : UN ROLE DETERMINANT A JOUER SUR LE NET 46 3. 2012, ANNEE DE LA CATCH UP TV ? 48 1. DEFINITION 48 2. UNE CONSOMMATION EN FORTE PROGRESSION 49 3. TROUVER UN MODELE ECONOMIQUE 51 4. LES DIFFERENTS TYPES DE CONTENUS TELEVISES CONSOMMES SUR LES PLAYERS DES CHAINES DE

TELEVISIONS 51 5. ALLER A LA RENCONTRE DU TELESPECTATEUR 52 4. LA TELEVISON MOBILE PERSONNELLE 53 1. DEFINITION & ORIGINES 53 2. VERS UNE RENAISSANCE DU CONCEPT AVEC LA DEMOCRATISATION DES TABLETTES ? 54 5. L’AVENEMENT D’UN NOUVEAU TYPE D’OFFRE DES CONTENUS CULTURELS ? 55 1. LE PHENOMENE NETFLIX 55 2. LA RIPOSTE DES GRANDS ACTEURS DE LA PRODUCTION DE CONTENUS : HULU 56 3. EN FRANCE : L’ANTICIPATION DE CANAL +, D’AUTRES OFFRES EN PREPARATION ? 56 LA TELEVISION HORS DE LA BOITE – 10 IDEES CLES 58

3

C. L’ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS ET SPORTIFS 60

1. QUELLE PLACE POUR LA TELEVISION DANS L’ECONOMIE ET LA VIE DES EVENEMENTS SPORTIFS ? 60 1. QUELS POSTES DE REVENUS POUR LES GRANDS EVENEMENTS SPORTIFS ? 60 2. LA PREDOMINANCE DE LA TELEVISION DANS L’ECONOMIE DES GRANDS EVENEMENTS MONDIAUX ET

NATIONAUX 61 3. QUELLES SOURCES DE REVENUS POUR LES EVENEMENTS MINEURS ? 63 4. LE DEVELOPPEMENT DE SYSTEMES PARRALLELES : L’AUTO-FINANCEMENT D’EVENEMENTS PAR LES

MARQUES 64 2. ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS 64 1. LES PRINCIPAUX MODES DE FINANCEMENT DES GRANDS EVENEMENTS CULTURELS 64 2. LES PARTENAIRES MEDIAS : PAS UNIQUEMENT UN MOYEN DE FINANCEMENT 66 C. LES EVENEMENTS ALTERNATIFS : ENTRE MARQUES, WEB ET SPONSORING 67 1. L’ECONOMIE PARRALLELE DES SPORTS DE GLISSE 67 2. MARQUES ET CREATIONS DE CONTENUS ON-LINE 69 L’ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS ET SPORTIFS - 10 IDEES CLES 70

D. QUELLES SOLUTIONS ENVISAGEES ? 72

1. S’ADAPTER AUX NOUVEAUX MODES DE CONSOMMATION DES CONTENUS VIDEO 72 1. SAISIR UNE OPPORTUNITE, ANTICIPER UNE MENACE 72 2. DEMULTIPLIER UNE PRESENCE SUR L’ENSEMBLE DES ECRANS ET INVENTER DE NOUVEAUX CONTENUS POUR

ACCENTUER L’EXPERIENCE CONSOMMATEUR 73 3. ANTICIPER ET PROLONGER L’EVENEMENT 75 4. OFFRIR DES CONTENUS D’UNE QUALITE NOUVELLE SUR LE WEB 76 5. PEU D’OPPORTUNITES A SAISIR POUR LES EVENEMENTS SUR LA CONSOMMATION DELINEARISEE ? 77 2. BOUSCULER LES HABITUDES DES CHAINES 78 1. ENVISAGER LA DIFFUSION DE NOUVEAUX TYPES D’EVENEMENTS 78 2. LES OUBLIES DE L’ANTENNE 79 3. LES RESEAUX SOCIAUX ET DE NOUVEAUX PARTENAIRES : IMPLIQUER ET CREER UN NOUVEAU GENRE DE

CONSOMMATION 80 1. EXPORTER LES CONTENUS SUR DES PRODUCTEURS DE CONTENUS PARTENAIRES 81 2. TWITTER & FACEBOOK - LA COURSE AU CHIFFRE 82 3. CREER DE NOUVELLES MANIERES DE S’IMPLIQUER DANS L’EVENEMENT 84 4. L’INTERET NOUVEAU DES GRANDS ACTEURS DU WEB POUR LES EVENEMENTS 85 1. DAILYMOTION / YOUTUBE - VERS UN INTERET PRONONCE PAR LA DIFFUSION LIVE 86 2. VERS LA CONSTITUTION D’UNE OFFRE BASEE SUR DE GRANDS EVENEMENTS ? 87 3. LE WEB, CHANCE DES « PETITS » ? 88 4. LA MONETISATION DES CONTENUS VIDEOS, LA QUESTION DU MODELE ECONOMIQUE SUBSISTE POUR

DEFINITIVEMENT DEMOCRATISER LA PRATIQUE 88 5. LE LANCEMENT D’UNE OFFRE ONLY WEB FONCTIONNERAIT-ELLE ? 89 1. QUELS DROITS POUR LE WEB ? 90 2. DES PREMIERES TENTATIVES 91 3. UNE OFFRE WEB EST-ELLE UNE OFFRE GRATUITE ? 91 4. QUELS ACTEURS POUR LANCER UNE OFFRE « ONLY WEB » ? 92 QUELLES SOLUTIONS ? - 10 IDEES CLES 94

CONCLUSION - LE WEB COMME FUTUR PARTIEL DES EVENEMENTS 95

4

AVANT-PROPOS

LES LIAISONS DANGEREUSES

Le sport et la culture entretiennent avec les médias et plus particulièrement avec le plus grand

d’entre eux, la télévision, plus de points communs qu’on pourrait le penser. Loisirs quotidiens

accessibles à la « masse », ils sont de véritables acteurs de la diversité, du rassemblement des

classes autour d’une seule et même activité, représentés par des figures d’une grande notoriété.

Leurs capacités à provoquer des émotions, à créer un lien immatériel unissant ceux qui les

regardent ou y participent en font des composants absolument essentiels de notre société. Leur

manière d’évoluer à travers le temps, leurs dérives aussi, les ont encore rapprochés.

Leurs fonctions, leurs portées et leurs puissances émotionnelles absolument incroyables, les ont

amené sur des terrains imprévus et les ont amené a servir des intérêts très éloignés de leurs

vocations originelles. Les récupérations à des fins idéologiques dont ils ont été les victimes en

sont la preuve la plus cinglante. Comment par exemple, ne pas penser à la mise à contribution de

ces leviers extraordinaires pour l’opinion publique à l’effort de guerre au cours de la seconde

guerre mondiale et ce quelque soit le camp dans lequel l’action prenait part.

Ce qui est absolument évident pour le sport avec l’instrumentalisation des Jeux Olympiques de

Berlin de 1936, considérés comme le plus grand acte de propagande jamais réalisé, ou les médias

via l’utilisation de l’antenne de la BBC pour la mise en place de Radio Londres entre le 18 juin

1940 et Juin 1944 l’est également pour la culture. N’oublions pas que Tex Avery ou les studios

Disney ont aussi participé à l’effort de guerre Outre-Atlantique, mettant en scène Mickey ou

Donald dans des films de propagande certain tout au long de la guerre.

Ces enjeux de société sont aujourd’hui tous les trois structurés et contrôlés par une politique

étatique. Depuis 1959 pour la Culture et la nomination d’André Malraux par le Général de Gaulle

et en pointillés depuis 1936 pour le sport (sous secrétariat d’état en 1936, ministère en 1966 avec

périodes d’absences entre ces deux dates) ces sujets trouvent écho au quotidien et font l’objet de

stratégies aux échelles nationales et mondiales. La télévision, quant à elle considérée comme une

forme de sous culture, est supervisée par une antenne du Ministère de la Culture et de la

Communication et entretient toujours des liens étroits avec le pouvoir. N’oublions pas que les

présidents des groupes de télévisions et de radios publiques sont pour le moment nommés (après

validation d’instances compétentes) sur proposition du Président de la République Française.

PRESSION FINANCIERE : MONTEE EN PUISSANCE

La plus grande des distinctions mais aussi aujourd’hui le plus grand rapprochement opéré entre la

télévision, la culture et le sport a été la progression de leur caractère commercial. La culture, si

elle a presque toujours été instrumentalisée, été un objet de convoitise et constitué un marché

n’a pas été créée dans le but de devenir une activité lucrative. Preuve ultime de cette affirmation,

l’acte de création, supposé désintéressé est difficilement quantifiable monétairement. Cela n’a

toutefois pas empêché le marché de l’art de s’envoler. Le 3 mai 2012, « Le cri », d’Edvard Munch,

devenait l’œuvre d’art la plus chère jamais vendue en étant attribuée 119,92 millions de dollars.

Le sport, comme l’acte culturel, n’offre pas de rémunération dans sa pratique quotidienne et n’a

pas été créé dans une optique mercantile. Il a d’ailleurs attendu beaucoup plus longtemps pour

entretenir de vrais rapports avec l’argent. Si les premiers footballeurs rémunérés sont apparus à

la fin du XIXème siècle (légalisation du football professionnel en Angleterre en 1885) les salaires

des joueurs ont explosé très tardivement. Le premier joueur à avoir touché 100 livres par semaine

5

fût Jimmy Hill en 1961, Peter Shilton devenant le joueur le mieux payé de la planète en 1979 avec

un contrat à 1 200 livres par semaine. En 1995, l’arrêt Bosman a établi l’illégalité de quotas

sportifs communautaires (impossibilité de limiter le nombre de nationalités dans une équipe

professionnelle) pour lancer l’âge d’or du football business. En 2010, Carlos Tevez, joueur d’un

club de Manchester, devenait le premier millionnaire mensuel du football anglais.

La nature commerciale du monde des médias et encore plus particulièrement celui de la

télévision est beaucoup plus évidente et même bien plus ancrée dans son ADN. Son activité, plus

récente, fût en effet quasiment immédiatement l’apanage de professionnels. En France, sa

démocratisation dès les années 1960 (environ un million de postes de télévisions) et l’arrivée de

la couleur en 1968 annonça l’entrée en matière de la publicité. La suite n’est qu’une explosion des

investissements publicitaires sur le média jusqu’à aujourd’hui. Au premier trimestre 2012, le

Chiffre d’Affaires Hors Taxe du média Télévision s’élevait à 2,1 milliards d’euros1.

L’EVOLUTION DES CONTENUS

Que de chemin parcouru entre le 24 février 1950 et le premier direct télévisé en France : « Le jeu

de l’amour et du hasard » sur l’unique chaîne de télévision à l’époque. Le paysage audiovisuel n’a

jamais cessé d’évoluer depuis la démocratisation du média télévision, la culture et le sport voyant

également leur place largement évoluer et leur statut changer sur la période. Ainsi, si nous

trouvons plus aujourd’hui un équivalent à « Apostrophe », émission lancée le 10 janvier 1975 sur

Antenne 2 et animée par Bernard Pivot jusqu’en juin 1990 il n’y a aujourd’hui plus de meilleur

endroit pour suivre un événement sportif que devant son poste de télévision. Deux facteurs

principaux sont en effet venus complètement bouleverser la vie de ce média.

− La concurrence d’abord, qui s’est largement étendue au cours des années 80 (lancement de

MTV en 1981, de Canal + le 4 novembre 1984, privatisation de TF1 en 1987) et qui a ensuite

connu une nouvelle forme de développement au milieu des années 2000 avec le lancement

de la télévision numérique. Entre temps, les chaînes spécialisées à péage trouvaient

également un segment à exploiter (création de CanalSat en 1992 et de TPS en 1996),

complétant une offre désormais pléthorique.

− Conséquence directe d’une concurrence accrue, l’arrivée d’une mesure d’audience

quotidienne venant sanctionner ou valoriser les stratégies de programmation des chaînes.

Créée en 1985 par la volonté commune des acteurs du marché de disposer d’une mesure

commune, Médiamétrie a chamboulé la vie du marché. Plus dépendantes des résultats, les

chaînes se tournent désormais vers des programmes destinés à conquérir le public le plus

large possible, privilégiant souvent un résultat à un contenu.

Le 28 septembre 1992 la naissance d’Arte constituait l’un des derniers actes de résistance à une

télévision dont les objectifs sont désormais plus orientés en fonction de leurs revenus

publicitaires que de la qualité de leurs contenus. Le sport et la culture, sous des formes diverses

via leurs facultés à ressembler devenaient alors des éléments incontournables des contenus

programmés.

UNE BONNE OU UNE MAUVAISE CHOSE ?

Si la démocratisation de la pratique télévisuelle a clairement permis une ouverture pour le grand

public à une certaine forme de culture, la question des types de contenus culturels mis en avant

sur la majorité des chaînes demeure. Si la télévision peut-être un moyen d’offrir la création

1 Bilan publicitaire Télévision 1er trimestre 2012 - Yacast

6

artistique au plus grand nombre directement via des diffusions de contenus ou plus indirectement

via le financement de productions cinématographiques par exemple, elle sera désormais toujours

configurée dans une logique commerciale permettant aux chaînes de remplir leurs objectifs en

termes d’audiences et de recettes publicitaires. C’est ainsi que nous avons assisté à de nouvelles

formes d’expressions et de mises en scènes de la vie culturelle et notamment de la musique.

Cette réflexion est également valable pour le sport, qui devra a fait fi de certaines valeurs pour

s’adapter à sa médiatisation grandissante.

Cette problématique de l’audimat et son impact sur la création, Pierre Bourdieu s’y intéressait en

1996 dans son essai « Sur la télévision »2 : « il est important de savoir que, historiquement, toutes

les productions culturelles, [...] qu’un certain nombre de gens considèrent comme les productions

les plus hautes de l’humanité, les mathématiques, la poésie, la littérature, la philosophie, toutes

ces choses ont été produites contre l’équivalent de l’audimat, contre la logique du commerce.

Voir se réintroduire cette mentalité audimat jusque chez les éditeurs d’avant-garde, jusque dans

les institutions savantes, qui se mettent à faire du marketing, c’est très inquiétant parce que cela

risque de mettre en question les conditions mêmes de la production d’œuvres qui peuvent

paraître ésotériques, parce qu’elles ne vont pas au-devant des attentes de leur public, mais qui, à

terme, sont capables de créer leur public ».

S’il semble donc illusoire de penser que la télévision soit un réel moyen d’expression pour les

différents courants artistiques et ne représente pas un bon terrain pour diffuser la création à

proprement parlé, il paraît clair que son influence sur le secteur n’en est pas moins déterminante.

Elle est aujourd’hui un passage quasiment obligé pour les artistes et les sportifs pour s’offrir une

visibilité et vivre de leur talent.

L’objet de notre réflexion apparaît alors assez naturel. Dans les conditions actuelles et compte

tenu des perspectives d’évolution de l’activité télévisuelle ces prochaines années, la télévision ne

semble plus représenter le cadre idéal pour promouvoir ces formes d’expressions. Les dérivés et

les nouveaux moyens mis en place par les acteurs majeurs du secteur pour étendre leur zone

d’influence pourraient en revanche offrir des terrains plus flexibles, plus libres et plus spécialisés

ce qui implique donc la question suivante :

La télévision « hors de la boîte » représente-t-elle le futur médiatique de l’événementiel

culturel et sportif ?

Pour mener l’analyse de la situation actuelle, des perspectives d’évolution et envisager des

solutions à apporter à ces secteurs d’activité, nous nous appuierons sur les étapes de réflexions et

de recherches suivantes. Dans un premier temps, une analyse de l’activité télévisuelle en matière

de sport et de culture ces dernières années sera menée afin de dégager des tendances et établir

des constats. Nous nous attacherons dans un deuxième temps à définir les nouveaux moyens de

consommer des contenus télévisuels et à analyser leur portée. Une rapide analyse de l’économie

des événements nous amènera ou pas, à constater une dépendance économique de ces

événements vis à vis du média télévisé. Enfin nous tenterons de proposer quelques solutions et

quelques perspectives en vue d’un développement de nouvelles offres médiatiques pour les

événements culturels et sportifs.

2 Pierre Bourdieu – référence essai

7

A. Sport et Culture à la croisée des chemins

1. Le sport générateur

d’audience

2. Vers une étendue de l’offre

3. Une culture télévisuelle

standardisée et mise en échec

4. Vers une évolution de la

consommation

8

A. SPORT ET CULTURE A LA CROISEE DES CHEMINS

Le sport, la culture et la télévision ont vu leurs activités se rapprocher, s’imbriquer. Les

événements sportifs et culturels ont « pénétré» l’écran de télévision mais en ont aussi désormais

besoin pour exister, obtenir une visibilité nécessaire à leur survie.

Nous nous attacherons à démontrer dans cette partie que si en effet, leur présence sur l’écran de

télévision est extrêmement importante, l’inverse l’est également. Les chaînes de télévisions ne

peuvent en effet se passer de ces événements clés, générateurs d’audiences et de lien(s) entre les

téléspectateurs et leur chaîne.

1. LE SPORT, GENERATEUR D’AUDIENCE

89 % des 15 ans et plus pratiquent un sport. 65 % des français déclarent avoir une pratique

soutenue (au moins une fois par semaine)3. Que ce soit en tant que licencié ou comme pratique

amateur, le sport est réellement un élément clé de la vie quotidienne des français.

Il est dès lors totalement naturel que les grands médias mettent en avant dans leur offre des

pratiques qui passionnent et rassemblent leurs consommateurs. Ces contenus audiovisuels,

diffusés sous des formes variées, sont autant devenus des éléments clés dans la vie des grands

médias que dans celle du public. C’est ce que nous allons nous attacher à démontrer.

1. LES GRANDES AUDIENCES SPORTIVES

Le sport est doté d’une puissance émotionnelle extraordinaire. Capable de rassembler, de créer

du lien entre différentes parties de la population, il prouve autant sa capacité à créer de

l’enthousiasme en amenant chaque week-end des dizaines de milliers de spectateurs dans les

stades qu’en les rassemblant devant leurs postes de télévision lors de la diffusion de ses plus

grandes représentations dans les grands médias.

Pour prouver cette affirmation, il nous suffit d’étudier l’historique

des meilleures audiences obtenues par les chaînes de télévision. Le

sport truste les meilleures places avec une constance inégalée par

les autres genres. La régularité des grandes compétitions (Coupe du

monde de football et de rugby, Championnats d’Europe de football,

Jeux Olympiques, autres grands événements type Roland Garros ou

Le Tour de France) lui permet en effet, de toujours figurer au

palmarès des meilleures performances annuelles.

3 Source : enquête pratique et physique 2010, CNDS / direction des sports, INSEP, MEOS.Champ : personnes résidant en France (métropole et départements d’outre-mer) et âgées de 15 ans ou plus.

20 le nombre d’audiences de sport

dans le top 100 des meilleures

audiences en 2006 et en 2010.

9

Notre propos est démontré par l’analyse des 100 meilleures audiences annuelles des 6 dernières

années. Nous observons deux pics associés aux années de Coupe du Monde de football (2006 et

2010). Si ces chiffres ne sont pas atteints chaque année, le sport n’est jamais absent des

palmarès.

Quelques enseignements à retirer de ces premières données :

- En 2006 et 2010, 20 % des meilleures audiences

enregistrées par les chaînes de télévision françaises l’ont

été grâce à du sport.

- Nous observons que les performances de l’équipe

nationale, si elles sont importantes pour établir des

performances au-delà des standards habituels ne sont

pas pour autant essentielles à l’établissement de

grandes audiences pour les chaînes diffusant ces

compétitions. En effet, en 2010 alors que les joueurs de

l’équipe de France de football ne dépassaient pas le

premier tour de la compétition, les résultats d’audience de la compétition ne s’effondraient

pas. La finale de la Coupe du Monde diffusée sur TF1 (Espagne vs Pays-Bas le 11 juillet)

obtenait la 4ème audience de l’année (14,11 millions de téléspectateurs, 63 % de part

d’audience).

- Nous pouvons aussi noter que le sport peut outrepasser ses fonctions et créer un

engouement allant bien au-delà de la simple rencontre sportive. Preuve en est avec la place

occupée dans le classement des audiences 2010 par le JT de TF1 du

11 mai 2010 au cours duquel Raymond Domenech, alors

sélectionneur national annonçait la liste des joueurs retenus pour

participer à cette Coupe du Monde. La partie du journal relative à

cette intervention regroupait 10,4 millions de téléspectateurs pour

une Part d’audience de 41%.

Cette extraordinaire portée du sport est confirmée par le placement

de ces audiences dans le top 10 des meilleures scores annuels (cf.

Des performances des équipes

nationales importantes pour

booster les audiences sans pour

autant être nécessaires

Le sport outrepasse ses

fonctions : 10,4 millions de

téléspectateurs pour l’annonce

de la liste des joueurs

sélectionnés pour disputer la

CDM 2010 de football.

10

graphique ci-dessous). En effet, ces moments peuvent être considérés comme des faits

marquants de l’année pour les téléspectateurs.

Le cas de la Coupe du Monde 2006 est symbolique. Sur les 10 meilleures audiences de l’année, 9

sont attribuées à la compétition qui a vu la France parvenir jusqu’à la finale de la Coupe du

Monde organisée en Allemagne. Pour obtenir de tels résultats, il est clair que cet événement

dépasse un simple cadre sportif.

La compétition obtenait d’ailleurs la meilleure audience jamais obtenue par un programme

diffusé en France avec la demi-finale remportée par la France face au Portugal (22,2 millions de

téléspectateurs massés devant leur poste le 5 juillet sur TF1).

Encore une fois, aucune année n’échappe à cette règle. En 2010, les grandes audiences

s’accumulaient malgré les piètres performances de l’équipe de France et en 2007, la Coupe du

Monde de Rugby disputée en France obtenait les faveurs des téléspectateurs. La demi-finale

perdue par le XV de France face à son rival anglais retenait l’attention 18,3 millions de

téléspectateurs pour établir le record de l’année et la meilleure performance jamais obtenue par

un match de rugby.

2. LA CHASSE AUX RECORDS

Le sport, comme nous l’avons vu ci-dessus, est un producteur d’audiences formidable. Il permet

d’établir des records et de donner un prestige quasiment sans équivalent aux chaînes qui ont eu

l’occasion de retransmettre l’événement, créant ainsi un lien indéfectible avec le téléspectateur

par les émotions qu’il suscite.

Cette tendance apparaît également clairement lorsque nous nous penchons sur les records

historiques d’audiences ou le sport ne truste ni plus ni moins que les 10 premières places des

plus grandes audiences de tous les temps en France (cf. tableau ci-dessous).

11

Nous pouvons donc très clairement voir que le sport est le type d’événement exclusivement

représenté dans ce top 10 des meilleures audiences historiques4 depuis la création du Médiamat

National Quotidien.

On remarque, comme vu plus haut que le football y occupe une place essentielle et que le seul

autre sport ayant accès aux honneurs de ce classement est le rugby.

Ces données affirment encore une fois l’analyse précédente qui

mettait en avant l’importance (même relative) du parcours et de

l’affection portée à l’équipe nationale. Aucune des rencontres qui

font l’objet de ces mesures d’audiences exceptionnelles ne

comprenait pas la présence de l’équipe de France sur le terrain.

Ce phénomène ne correspond bien entendu pas à une exception

française. 111,3 millions de téléspectateurs ont regardé le

Superbowl dans la nuit du 5 février 2012 aux Etats-Unis. Pour la 7ème

année consécutive, cette audience était en hausse, battant ainsi le record établit par ce même

événement l’année précédente.

I. LES NON SPECIALISTES ET LE SPORT : UN MOYEN DE MONTRER SA PUISSANCE ET

D’AFFIRMER SES AMBITIONS

Le sport est comme nous l’avons vu précédemment, un moyen idéal pour les plus grandes chaînes

de battre des records d’audience5, de rentrer dans l’histoire télévisuelle et dans l’esprit des

téléspectateurs / consommateurs.

Certaines chaînes généralistes (pour ne pas dire la plupart), se servent du sport pour montrer à

leurs téléspectateurs l’ambition de leur programmation. Ces achats de droits se révèlent de

bonnes opérations de communication pour les chaînes qui en plus d’accroître leur crédibilité

réalisent souvent de bonnes performances, créant du lien avec leurs téléspectateurs. Plusieurs

exemples peuvent être cités :

France 3 et les Coupes Nationales. Le sport peut parfois être le moyen d’affirmer une politique

éditoriale. C’est le cas de France 3 notamment, qui permet lors des premiers tours de

Coupes nationales, à ses téléspectateurs de regarder le match de leur équipe régionale en

diffusant chacune des rencontres. Cette stratégie de programmation, totalement en phase

avec le caractère régional de la chaîne est autant un moyen d’affirmer l’identité de la

chaîne que de la connecter avec ses téléspectateurs via un programme chargé de sens.

4 Source : Médiamétrie

5 http://enpleinelucarne.net/2011/10/tennis-le-masters-de-bercy-3586

1 Football France vs Portugal (DF) CDM 2006 5 juillet 2006 22,2 TF12 Football France vs Italie (F) CDM 2006 9 juillet 2006 22,1 TF13 Football France vs Italie (F) Euro 2000 2 juillet 2000 21,4 TF14 Football France vs Brésil (F) CDM 1998 12 juillet 1998 20,6 TF15 Football France vs Espagne (8èmes) CDM 2006 27 juin 2006 19,6 TF16 Football France vs Portugal (DF) Euro 2000 28 juin 2000 18,3 France 27 Football Togo vs France (1er Tour) CDM 2006 23 juin 2006 18,3 TF18 Rugby France vs Angleterre (DF) CDM 2007 13 octobre 2007 18,3 TF19 Football France vs Corée du Sud (1er Tour) CDM 2006 18 juin 2006 18,1 TF1

10 Football France vs Brésil (QF) CDM 2006 1et juillet 2006 17,9 TF1

Les plus grandes audiences télévisuelles en France

10 Les dix plus grandes audiences

de tous les temps enregistrées

en France sont à attribuer à des

événements sportifs

II. UN LEVIER / OBJET DE SEDUCTION POUR LES C

W9 et le Superbowl. La petite sœur de la chaîne M6 diffuse depuis quelques années

événement sportif américain. Quelle manifestation

pour se constituer un certain prestige que celui

mal éduqué et peu fasciné par ce sport

Même diffusé en pleine nuit, la puissance

téléspectateurs et de signer des records d’audiences. Anciennement diffusé par France

Télévisions, l’événement s’installe

rapprocher de celles enregistrées par le grand groupe public au milieu des années 2000. Au

delà d’une capacité à générer une bonne audience pour son heure de diffusion (début du

match entre minuit et une heure du matin), cet événement planétaire est surtou

moyen pour une chaîne comme W9 de marquer son entrée dans la classe des chaînes nationales

qui comptent, de celles qui sont capables de proposer un événement de portée internationale qui

est de plus en adéquation parfaite

W9 et la Ligue Europa. W9 diffuse également les matches de certains clubs français dans la

seconde compétition européenne de football annuelle. Se focalisant sur une équipe française de

renom (Paris Saint-Germain en 2011, Olympique de Mars

compétition), W9 affiche très clairement ses ambitions

détriment d’une affiche à un intérêt sportif plus élevé.

La chaîne a également profité de ces rencontres pour proposer

permettant notamment de

(diffusions en portugais lors de matches

Côté performances, Salzbourg

rassemblé 1,9 millions de téléspectateurs sur la chaîne de la TNT le 1

enregistrant même un pic d'audience à 2,4 millions d'amateurs

0

100000

200000

300000

400000

500000

600000

700000

2006 200

P

SEDUCTION POUR LES CHAINES DE LA TNT GRA

. La petite sœur de la chaîne M6 diffuse depuis quelques années

énement sportif américain. Quelle manifestation peut mieux représenter un achat de droit

pour se constituer un certain prestige que celui-ci, alors que le public français est extrêmement

mal éduqué et peu fasciné par ce sport ?

en pleine nuit, la puissance du Superbowl permet à W9 de réunir des

téléspectateurs et de signer des records d’audiences. Anciennement diffusé par France

s’installe sur W9 qui voit tous les ans son audience

rapprocher de celles enregistrées par le grand groupe public au milieu des années 2000. Au

delà d’une capacité à générer une bonne audience pour son heure de diffusion (début du

match entre minuit et une heure du matin), cet événement planétaire est surtou

moyen pour une chaîne comme W9 de marquer son entrée dans la classe des chaînes nationales

qui comptent, de celles qui sont capables de proposer un événement de portée internationale qui

est de plus en adéquation parfaite avec la cible principale de la chaîne.

. W9 diffuse également les matches de certains clubs français dans la

seconde compétition européenne de football annuelle. Se focalisant sur une équipe française de

Germain en 2011, Olympique de Marseille lorsque le club disputait cette

), W9 affiche très clairement ses ambitions : proposer un produit d’appel

détriment d’une affiche à un intérêt sportif plus élevé.

également profité de ces rencontres pour proposer

permettant notamment de regarder certains matches dans leur version originale

en portugais lors de matches comportant des équipes lusitaniennes).

Salzbourg-PSG (2-0, 5e j. de la phase de poules de la Ligue Europa)

de téléspectateurs sur la chaîne de la TNT le 1

enregistrant même un pic d'audience à 2,4 millions d'amateurs de football à la fin de la rencontre,

07 2008 2009 2010

Performances du Superbowl en France

(en milliers de téléspectateurs)

12

HAINES DE LA TNT GRATUITE

. La petite sœur de la chaîne M6 diffuse depuis quelques années le plus grand

peut mieux représenter un achat de droits

ci, alors que le public français est extrêmement

permet à W9 de réunir des

téléspectateurs et de signer des records d’audiences. Anciennement diffusé par France

son audience augmenter et se

rapprocher de celles enregistrées par le grand groupe public au milieu des années 2000. Au

delà d’une capacité à générer une bonne audience pour son heure de diffusion (début du

match entre minuit et une heure du matin), cet événement planétaire est surtout un bon

moyen pour une chaîne comme W9 de marquer son entrée dans la classe des chaînes nationales

qui comptent, de celles qui sont capables de proposer un événement de portée internationale qui

. W9 diffuse également les matches de certains clubs français dans la

seconde compétition européenne de football annuelle. Se focalisant sur une équipe française de

lorsque le club disputait cette

proposer un produit d’appel au

des innovations, en

regarder certains matches dans leur version originale

équipes lusitaniennes).

0, 5e j. de la phase de poules de la Ligue Europa) a

de téléspectateurs sur la chaîne de la TNT le 1er décembre 2011,

à la fin de la rencontre,

2011 2012

13

à 22h576. C'est la « meilleure audience pour un match de foot » pour la chaîne, indiquait d’ailleurs

W9 dans un communiqué.

Direct 8 et les « autres » Equipes de France. « A l'époque, la

Fédération Française de Football (FFF) lançait un appel d'offres

pour le championnat national et les Espoirs. Ce lot incluait

également les droits TV de l'Equipe de France Féminine jusqu'en

2014, pour lequel nous nous sommes donc engagés à diffuser

trois matchs par an». Thierry Cheleman, directeur des sports de

Direct 8.

Direct 8 retransmet depuis 2009 plusieurs rencontres par an des

équipes de France Espoirs et Féminines de football. Le public, en

attente d’un sport aux autres valeurs que celles du football

professionnel masculin, qualifié de « business », s’est largement pris au jeu et a apporté un vrai

crédit à cette programmation.

En 2011, les performances des matches des équipes féminines ont pris une autre

dimension avec le parcours en Coupe du Monde des Bleues. La demi-finale opposant la

France aux Etats-Unis du Mondial féminin signait le record historique de la chaîne et de

la TNT toutes chaînes confondues avec 2 430 000 téléspectateurs et 17,4% de part d'audience.

Les performances de la rentrée 2011 ont également surfé sur cette vague d’affection, les matchs

qualificatifs des Bleues à l'Euro 2013 ont en effet attiré entre 720 000 et 940 000 fans7 à chacune

de leurs diffusions.

II. LES CHAINES SPORTIVES : FIGURES DE PROUE DES THEMATIQUES

Les grands noms des chaînes thématiques de sport restent des références des chaînes payantes,

restant bien au-dessus des standards habituels des chaînes thématiques.

6 http://www.francefootball.fr/fiche/club/09/1009-red-bull-salzbourg.html#!/news/2011/12/02/131252_le-psg-cartonne-sur-w9.html (Source Médiamétrie) 7 http://www.lefigaro.fr/sport-business/2011/10/12/04014-20111012ARTFIG00748-le-foot-feminin-booster-d-audience-pour-direct-8.php (Sources Médiamétrie)

2 430 000 téléspectateurs : le record des

chaînes de la TNT Gratuite.

Signé par Direct 8 lors de la

demi-finale de la CDM de

football féminin.

14

Preuve en est, les part d’audiences des chaînes thématiques en février 20128, où des chaînes

comme Canal Plus Sport s’approchent du 1% de part de marché et donc de certaines

performances enregistrées par des chaînes de la TNT Gratuite.

3. 2012, DES PERSPECTIVES EXCEPTIONNELLES POUR LES AUDIENCES AUDIOVISUELLES

SPORTIVES

I. LE CHAMPIONNAT D’EUROPE 2012 DE FOOTBALL

Nous l’avons vu, le football est un extraordinaire vecteur pour amener les audiences télévisuelles

à leurs plus hauts niveaux. L’édition 2012 des championnats d’Europe ne devrait pas faillir à la

règle. Les événements précédents laissent entrevoir des perspectives extrêmement intéressantes

pour les chaînes qui ont acquis les droits, d’autant que l’équipe de France est qualifiée pour la

compétition.

En 2008, la France, défaite contre l’Italie et les Pays-Bas en phase de poules attirait 13,2 millions

de téléspectateurs sur M6 le 17 juin 2008 et 12,6 millions le 13 juin sur TF1. Malgré donc le piètre

parcours de l’équipe nationale, les Français se sont passionnés pour l’événement puisqu’ils

étaient 11,2 millions à regarder la finale de la compétition (Allemagne – Espagne le 29 juin à

Vienne sur TF1)9.

L’édition 2004 de l’Euro avait également été prolifique au niveau des audiences obtenues par TF1

et France Télévisions, alors diffuseur de la compétition malgré le parcours moyen des Bleus

(élimination en Quarts de finale de la compétition face à la Grèce).

La finale du championnat opposant le Portugal et la Grèce avait

attiré 12,6 millions de téléspectateurs (plus de 50 % de Pda) alors

que le record de l’Euro avait été établi par l’équipe de France et son

match de poule décisif face à la Suisse (15,3 millions de

téléspectateurs le 21 juin 2004 sur TF1 pour une part d’audience de

60,7 %)10.

Si c’est finalement le nouvel entrant Al Jazeera Sport et ses deux

chaînes « Be In Sport » et « Be In Sport 2 » qui a obtenu les droits de

la compétition, elle doit laisser les matches principaux de la

compétition à des chaines permettant une diffusion en clair. Ainsi la finale mais aussi les

rencontres de l’équipe de France seront rendues accessibles aux téléspectateurs sur les chaînes

avec lesquelles le groupe trouvera un accord. Les audiences devraient être au rendez-vous.

II. LES JEUX OLYMPIQUES D’ETE 2012 DE LONDRES

Entre le 9 et le 20 août 2008, les Jeux Olympiques de Pékin, diffusés sur France Télévisions avaient

attiré en moyenne 1,4 millions de téléspectateurs sur France 2 et France 3 pour une part

d’audience moyenne de 25,3 %11.

8 Chiffres Médiamétrie – Communiqué de presse sur l’audience des chaînes thématiques – Février 2012 9 Chiffres Médiamétrie. 10 Chiffres Médiamétrie - http://www.liberation.fr/medias/0101494772-finale-de-l-euro-excellent-score-de-france-2 11 Chiffres Médiamétrie - http://www.lexpress.fr/actualite/media-people/media/les-jo-dopent-l-audience-de-france-

televisions_552773.html

11,2 millions de téléspectateurs étaient

devant leur poste pour la finale

de l’Euro 2008 sur TF1 et ce

malgré l’élimination de l’EDF au

1er tour de la compétition.

15

Cet événement est l’occasion de mettre en avant d’autres disciplines. 4,3 millions de

téléspectateurs ont ainsi regardé le dimanche 17 août à 13h40 la médaille d’or des sabreurs

français (escrime), soit 34 % de part d’audience12.

Une semaine auparavant, 3,9 millions de téléspectateurs avaient

également observé la désillusion de Laure Manaudou sur le 400

mètres féminin de natation. La cérémonie d’ouverture quant à elle

(8 août) avait attiré 5 millions de curieux sur France 213.

Au total, les Jeux Olympiques 2008 ont attiré 36 millions de

téléspectateurs. Pour ces JO, France Télévisions avait déboursé 44

millions d’euros (auxquels s’ajoutent 12 millions de frais de

production)14.

Les sites consacrés aux Jeux Olympiques du groupe France

Télévisions ont également reçu pendant la période 3,5 millions de visites qui ont généré 30

millions de pages vues15, laissant augurer sur le Web des perspectives incroyables pour les

prochaines éditions.

Des perspectives exceptionnelles pour Londres 2012

Il faut rappeler que ces performances ont été réalisées avec des horaires défavorables (6 heures

de décalage). Cette donnée laisse entrevoir des perspectives très favorables pour l’édition qui se

déroulera à Londres du 27 juillet au 12 août 2012. Les horaires permettront de mettre en avant

certaines compétitions phares en prime-time, la proximité géographique et surtout le dispositif

mis en place par France Télévisions devraient permettre au groupe public d’établir des

performances de tout premier plan. Pour preuve de l’impact du

décalage horaire, 5 millions de téléspectateurs avaient suivi la

cérémonie d’ouverture à Pékin alors que celle des JO d’Athènes avait

été suivie par 7,3 millions de téléspectateurs (13 août 2004).

France Télévisions, qui diffusera 400 heures de direct sur ses

antennes et l’ensemble des épreuves en direct vidéo sur les sites

Internet dédiés par le groupe à l’événement (2 000 heures de

diffusion), devrait donc profiter de cet événement pour enregistrer

des performances exceptionnelles.

II. ROLLAND GARROS ET LE TOUR DE FRANCE

2012 verra également les autres grands événements sportifs réguliers avoir lieu et s’offrir une

exposition médiatique conséquente. Rolland Garros et Le Tour de France font partie de ces

manifestations de niveau mondial et semblent tous dans une dynamique positive. Le Tour de

France a en effet bénéficié d’un cru 2011 exceptionnel, avec des aventures sportives qui ont

passionné les téléspectateurs.

12 Chiffres Médiamétrie - http://www.lexpress.fr/actualite/media-people/media/les-jo-dopent-l-audience-de-france-televisions_552773.html 13 Chiffres Médiamétrie - http://www.lexpress.fr/actualite/media-people/media/les-jo-dopent-l-audience-de-france-televisions_552773.html 14 Chiffres Médiamétrie - http://sport.francetv.fr/jeux-olympiques-2008/index-fr.php?article=6008&page=article 15 Chiffres fournis par « L’Express » - http://www.lexpress.fr/actualite/media-people/media/les-jo-dopent-l-audience-de-france-televisions_552773.html

36 millions de téléspectateurs français au

total en France ont regardé les

Jeux Olympiques sur France

Télévisions.

7,7 millions de téléspectateurs

français étaient devant leur

poste pendant l’ascension des

coureurs du Galibier pendant le

Tour de France 2011.

16

Les chaînes du groupe France Télévisions ont en effet battu des records d’audiences sur l’édition

2011. L’étape du jeudi 21 juillet par exemple, a rassemblé en moyenne sur les chaînes du

groupe 5,9 millions de téléspectateurs pour 55,4% de part d’audience. Un record historique pour

cette compétition. Mieux, lors de la petite heure qu’il a fallu aux coureurs pour escalader le

Galibier, c’était 7,7 millions de téléspectateurs qui étaient massés devant leur poste pour une part

d’audience de 62,4 %16. Nul doute que le groupe public voudra cette année capitaliser sur ce

succès 2011.

Rolland Garros, comme Le Tour de France, est un événement qui continuent de

progresser. Egalement retransmis par le service public, il a battu des records d’audiences

en 2011. La finale masculine du tournoi notamment, qui mettait aux prises les meilleurs

ennemis Rafael Nadal et Roger Federer a réuni 5,3 millions de téléspectateurs entre

14h30 et 19 heures soit une part d’audience de 36 % sur l’ensemble de l’après-midi. Un

record depuis 1999.

Au total, ce sont 29 millions de téléspectateurs qui ont regardé le tournoi au moins 10 minutes

consécutives sur les antennes de France Télévisions, soit 49,8 % de la population française

équipée d’une télévision.

Comme à l’accoutumée, les événements sportifs rythmeront la vie des français pendant l’été et

celui de 2012 devrait donc être extrêmement porteur en termes d’audiences.

4. LES GRANDS EVENEMENTS SPORTIFS, LEVIERS POUR LA CONSOMMATION DES

MENAGES

I. LES EVENEMENTS, L’OCCASION POUR LES CONSTRUCTEURS DE PRESENTER ET DE

LANCER LEURS INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES

Les compétitions sportives sont de très bonnes occasions pour les fabricants de tester en

grandeur nature la valeur de leurs innovations. Les contenus, propices à la consommation de ces

nouvelles technologies sont aussi un levier pour pousser à l’acte

d’achat des ménages.

L’exemple de Sony, lançant une gamme de 8 téléviseurs restituant les

images en trois dimensions à l’occasion de la Coupe du Monde de

football 2010 est frappant. « Lancer des téléviseurs 3D plus tôt en

l'absence de contenus dédiés n'aurait pas eu de sens. Nous serons un

peu en retard sur d'autres marques, mais nous lançons ces produits à

partir de juin pour qu'ils soient en phase avec la Coupe du monde de

football et la mise en vente de jeux en 3D », avait alors déclaré le vice-

président de Sony Yoshihisa Ishida17.

II. UN ETAT D’ESPRIT PROPICE A LA CONSOMMATION

Les périodes correspondant aux grands événements sportifs sont également propices à une

hausse de la consommation des ménages. Cette tendance impacte particulièrement le secteur

d’activité des équipements électroniques. « Si tous les postes d'équipement du logement sont

16 Chiffres Médiamétrie - http://tele.premiere.fr/News-Tele/Audiences-TV-records-battus-pour-le-Tour-de-France-sur-France-

Televisions-2838616

17 http://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/03/09/sony-se-lance-dans-la-television-3d_1316463_651865.html

« Nous lançons ces produits à

partir de juin pour qu'ils soient

en phase avec la Coupe du

monde de football »

Yoshihisa Ishida, Vice-

président de Sony

17

dynamiques, la plus forte hausse concerne l'électronique grand public, stimulée en premier lieu par

un « effet Coupe du Monde » sur les achats de téléviseurs », expliquait l'Insee en Juin 2010. Si

l’effet n’est que peu notable sur un point de vue macroéconomique, l’institut de statistiques

concède que « les coupes du monde de football ont, semble-t-il, un effet sur les ventes de

téléviseurs »18.

Cette tendance est d’ailleurs confirmée par les chiffres. En mai 2010

soit dans le mois précédant l’ouverture de la compétition, les

dépenses en biens durables ont fortement augmenté (+ 3,6 %) par

rapport aux mois précédents. Les équipements du logement

augmentaient eux spectaculairement de 7,3 % sur le mois19.

Des offres spéciales destinées à pousser à la consommation

− Les offres d’équipements TV aux particuliers…

L’édition 2010 de la Coupe du Monde fût extrêmement

prolifique au niveau des offres spéciales réalisées par les fabricants ou revendeurs de

matériel télévisuel. A l’approche de l’événement, de nombreux efforts de communication

incitant le consommateur à déclencher l’achat ont vu le jour. Carrefour (partenaire officiel

de l’équipe de France de football) par exemple, promettait de rembourser intégralement

les téléviseurs achetés pendant une certaine période si l’équipe nationale remportait la

compétition (cf. à la publicité en annexe 3).

− … et aux professionnels

Plus étonnant, Pixmania et sa division professionnelle a saisi l’occasion de la Coupe du

Monde 2010 de football pour proposer à ses clients d’équiper leurs bureaux pour pouvoir

permettre aux employés des entreprises de suivre les rencontres de la compétition.

Télévisions, vidéoprojecteurs étaient alors proposés pour permettre une diffusion

optimale au bureau20.

18 http://bercy.blog.lemonde.fr/2010/06/24/consommation-leffet-coupe-du-monde-de-football/ 19 http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=19&date=20100624 20 http://www.itrnews.com/articles/105295/pixmania-pro-lance-offres-speciales-coupe-monde-football-equiper-son-entreprise.html

« Les coupes du monde de

football ont, semble-t-il, un

effet sur les ventes de

téléviseurs »

Insee – Juin 2010

18

Mais les vendeurs de téléviseurs ne sont pas les seuls à profiter de ce genre d’événements pour

tenter de déclencher un achat. Les opérateurs ou des fournisseurs d’accès à Internet font

également de ces compétitions des moments forts de leur activité commerciale et de

communication au cours de l’année. Ainsi pour la Coupe du Monde de rugby, nous avons pu voir

Numéricable proposer une offre spéciale (ci-dessus).

L’impact de ces grandes compétitions sportives et donc absolument indéniable et doit être pris

en compte dans nos analyses. Ces événements incluent également un rapport spécial du public

avec son équipement, qui représente le lien avec l’équipe qu’il supporte et le vecteur des

émotions suscitées par ces événements.

LE SPORT GENERATEUR D’AUDIENCES - QUE RETENIR ?

− Le sport a une valeur de mobilisation. Il obtient des scores d’audience extrêmement

importants avec une constance inégalée par les autres genres.

− L’équipe nationale est une aide pour atteindre les sommets mais pas absolument

essentielle pour réussir de bonnes audiences.

− Le sport trouve sa place au sein des moments forts de la vie des français qui se

réunissent autour d’événements exceptionnels quasiment exclusifs : les grandes

compétitions de football et de rugby.

− Ces moments sont toutefois exceptionnels. Chaque diffusion de sport n’enregistre pas

des performances permettant d’intégrer les meilleures audiences de l’année.

− On note que ressort un certain manque de diversité des chaînes dont la stratégie semble

être de se focaliser sur une partie des grands événements sportifs en ne laissant que

peu de place aux autres manifestations.

− Le sport créé un lien entre les téléspectateurs et les chaînes : des moments forts de

l’année télévisuelle mais aussi une construction d’une expérience et d’une histoire

commune entre les français basée sur des émotions.

− Les grandes compétitions sportives sont donc des produits de prestige, autant pour les

grandes chaînes possédant les plus grands droits que celles plus moyennes qui diffusent

des droits secondaires.

− Les performances lors des éditions précédentes des grands événements de l’été 2012 ne

laissent planer aucun doute sur la capacité des événements de l’été à fédérer un grand

nombre de téléspectateurs, d’autant que toutes les grandes compétitions cette année se

feront dans les fuseaux horaires européens.

− Les fournisseurs d’équipements aussi profitent des grands événements sportifs qui sont

des moments propices à une hausse de la consommation des ménages.

2. VERS UNE ETENDUE DE L’OFFRE TELEVISUELLE SPORTIVE

L’offre de programmes sportifs est d’ores et déjà extrêmement riche même si nous pouvons

remettre en question la diversité des sports proposés.

Ces offres sont à la fois réparties sur les grandes chaînes généralistes, sur lesquelles sont diffusés

les plus grands événements mais aussi sur de nombreuses chaînes thématiques, qui ont vu le jour

pour combler une demande toujours plus forte de contenus diversifiés.

Alors que l’on pourrait penser que le marché arrive à saturation vu le nombre de chaîne, il n’en

n’est rien et l’offre continue de croître. L’arrivée d’un nouvel acteur majeur et le positionnement

d’un d’entre eux sur les chaînes de la TNT gratuit

1. LES PRINCIPALES OFFRES TELEVISUELLES SPO

Les acteurs du monde des médias ont bien compris cet engouement suscité par le sport

créé des chaînes regroupant

consacrée à un panorama des chaînes

battent pour l’acquisition de droits

LES CHAINES DU GROUPE CANAL

Le groupe Canal + fait figure de leader sur le marché. La chaîne généraliste qui fait depuis ses

débuts du sport (et plus particulièrement du championnat de France de football) son principal

produit d’appel a réussi un pari audacieux

et du rugby alors qu’elle n’est pas une chaîne

Si Canal Plus se démarque autant c’est

par la qualité des droits acquis mais aussi par

figures sportives qui peuplent l’antenne qui apporte

valeur ajoutée à l’image.

Des émissions comme « Les spécialistes

succès du Canal Football Club (Canal Plus) qui s’est imposée

comme l’émission de référence sur le championnat de France

professionnel de football.

LES CHAINES D’INFORMATION SPORTIVES

Alors que l’on pourrait penser que le marché arrive à saturation vu le nombre de chaîne, il n’en

n’est rien et l’offre continue de croître. L’arrivée d’un nouvel acteur majeur et le positionnement

d’un d’entre eux sur les chaînes de la TNT gratuite sont la preuve formelle de cette tendance.

ES TELEVISUELLES SPORTIVES FRANÇAISES

Les acteurs du monde des médias ont bien compris cet engouement suscité par le sport

des offres de contenus à caractères sportifs large

des chaînes reconnues comme spécialistes de l’offre

l’acquisition de droits et financent une partie du sport de haut niveau

E CANAL +

fait figure de leader sur le marché. La chaîne généraliste qui fait depuis ses

débuts du sport (et plus particulièrement du championnat de France de football) son principal

produit d’appel a réussi un pari audacieux : celui de se positionner comme spécialiste du football

et du rugby alors qu’elle n’est pas une chaîne de sport.

s se démarque autant c’est par la qualité de son offre

par la qualité des droits acquis mais aussi par l’analyse et les

portives qui peuplent l’antenne qui apportent une vraie

Les spécialistes » (Canal Plus Sport) ou le

nal Football Club (Canal Plus) qui s’est imposée

comme l’émission de référence sur le championnat de France

ATION SPORTIVES

d’euros seront attribués chaque

année à la Ligue 1 par Canal +

sur la période 2012 / 2016.

19

Alors que l’on pourrait penser que le marché arrive à saturation vu le nombre de chaîne, il n’en

n’est rien et l’offre continue de croître. L’arrivée d’un nouvel acteur majeur et le positionnement

e sont la preuve formelle de cette tendance.

Les acteurs du monde des médias ont bien compris cet engouement suscité par le sport et ont

larges. Cette partie est

de l’offre sportive qui se

sport de haut niveau français.

fait figure de leader sur le marché. La chaîne généraliste qui fait depuis ses

débuts du sport (et plus particulièrement du championnat de France de football) son principal

se positionner comme spécialiste du football

420 millions d’euros seront attribués chaque

année à la Ligue 1 par Canal +

sur la période 2012 / 2016.

Les chaînes d’information sportives L’Equipe TV (Groupe Amaury) et Infosport + (Groupe Canal

Plus) sont importantes dans le paysage audiovisuel sportif.

fréquence sur la TNT gratuite devrait dans les mois à venir voir son audi

AUTRES CHAINES THEMATIQUES

Les autres grandes chaînes sportives françaises offrent des grilles de programmes plus

« classiques » avec l’acquisition de certains droits. Eurosport France, déclinaison télévisuelle

française du groupe Eurosport bénéficie de la renommée la plus importante. Elle se différencie

aussi quelque peu par sa ligne éditoriale en retransmettant par exemple une grande partie de la

saison de sports d’hiver.

Ma Chaîne Sport et Orange Sport semblent s’être position

similaires en proposant des rendez

Autre groupe qui propose une ligne éditoriale différente

hippiques, il consacre depuis

Equidia Life, dédiée au cheval lui

Dans l’ensemble, nous pouvons voir que plusieurs chaines ont su se faire une place dans le

paysage audiovisuel sportif français avec l’acquisition de compétitions sportives

Si le groupe Canal + se positionnait donc jusqu’alors comme la référence française avec les droits

des plus grandes compétitions nationales des deux sports phares (Football et Rugby)

évolue avec l’arrivée d’Al Jazeera Sports

2. AL JAZEERA, L’ACTEUR QUI CHAMBOULE TOUT

Al Jazeera Sport est la déclinaison sportive du groupe média Al Jazeera. Son audience est estimée

entre 30 et 40 millions de téléspectateurs dans le monde

monde audiovisuel sportif qui a fait l’annonce de son arrivée sur le marché français. Menée par

Les chaînes d’information sportives L’Equipe TV (Groupe Amaury) et Infosport + (Groupe Canal

Plus) sont importantes dans le paysage audiovisuel sportif. L’Equipe TV, qui a obtenu une

fréquence sur la TNT gratuite devrait dans les mois à venir voir son auditoire exploser.

THEMATIQUES SPORTIVES

Les autres grandes chaînes sportives françaises offrent des grilles de programmes plus

» avec l’acquisition de certains droits. Eurosport France, déclinaison télévisuelle

pe Eurosport bénéficie de la renommée la plus importante. Elle se différencie

aussi quelque peu par sa ligne éditoriale en retransmettant par exemple une grande partie de la

Ma Chaîne Sport et Orange Sport semblent s’être positionnées sur des profils de chaînes assez

similaires en proposant des rendez-vous footballistiques et du basket-ball.

qui propose une ligne éditoriale différente : Equidia. Spécialisé

il consacre depuis septembre 2011 une chaîne au sport hippique et une seconde,

ife, dédiée au cheval lui-même.

Dans l’ensemble, nous pouvons voir que plusieurs chaines ont su se faire une place dans le

paysage audiovisuel sportif français avec l’acquisition de compétitions sportives

Si le groupe Canal + se positionnait donc jusqu’alors comme la référence française avec les droits

des plus grandes compétitions nationales des deux sports phares (Football et Rugby)

d’Al Jazeera Sports : un nouvel acteur à la puissance financière

QUI CHAMBOULE TOUT

Al Jazeera Sport est la déclinaison sportive du groupe média Al Jazeera. Son audience est estimée

30 et 40 millions de téléspectateurs dans le monde. C’est donc un véritable poids lourd du

monde audiovisuel sportif qui a fait l’annonce de son arrivée sur le marché français. Menée par

20

Les chaînes d’information sportives L’Equipe TV (Groupe Amaury) et Infosport + (Groupe Canal

L’Equipe TV, qui a obtenu une

toire exploser.

Les autres grandes chaînes sportives françaises offrent des grilles de programmes plus

» avec l’acquisition de certains droits. Eurosport France, déclinaison télévisuelle

pe Eurosport bénéficie de la renommée la plus importante. Elle se différencie

aussi quelque peu par sa ligne éditoriale en retransmettant par exemple une grande partie de la

nées sur des profils de chaînes assez

Spécialisé dans les sports

sport hippique et une seconde,

Dans l’ensemble, nous pouvons voir que plusieurs chaines ont su se faire une place dans le

paysage audiovisuel sportif français avec l’acquisition de compétitions sportives de premier plan.

Si le groupe Canal + se positionnait donc jusqu’alors comme la référence française avec les droits

des plus grandes compétitions nationales des deux sports phares (Football et Rugby) la situation

nouvel acteur à la puissance financière très forte.

Al Jazeera Sport est la déclinaison sportive du groupe média Al Jazeera. Son audience est estimée

’est donc un véritable poids lourd du

monde audiovisuel sportif qui a fait l’annonce de son arrivée sur le marché français. Menée par

21

Charles Biétry, elle se présente avec la volonté de devenir dans un

futur très proche, le grand acteur du secteur.

L’opération de séduction des consommateurs par l’acquisition de

grands droits sportifs a déjà commencé avec l’acquisition pour la

période 2012 / 2016 de 8 matches de Ligue 1 sur 10 pour environ

240 millions d’euros21 ou encore les droits de la Ligue des champions

en obtenant 4 des 5 lots mis en jeu par l’UEFA22.

Al Jazeera Sport déboursera 61 millions d’euros pour ces droits

relatifs à la plus prestigieuse des compétitions de football européenne chaque année, soit le

double de ce que Canal + déboursait jusqu’alors. Si la chaîne ne pourra pas diffuser les rencontres

de l’équipe de France de football ou les matches décisifs de l’Euro 2012 (matches protégés ayant

l’obligation d’être diffusés en clair), cela n’a pas empêché de s’offrir l’ensemble des droits de la

compétition pour environ 130 millions d’euros23.

Des acquisitions de droits qui bouleversent le marché donc et particulièrement les habitudes du

groupe Canal +, qui ne peut rivaliser financièrement. Ce changement est d’autant plus fort que la

chaîne a annoncé le prix de l’abonnement mensuel : aux alentours de 11 euros par mois. Plus de

trois fois moins cher qu’un abonnement Canal +.

Au-delà de la simple concurrence pour le groupe Canal +, cet

acteur pose la question de la diffusion en clair des événements

sportifs. Si certaines des manifestations sont « protégées » par la

législation française, la part des événements accessibles au grand

public pourrait bien se réduire sensiblement.

Car si Canal Plus ne peut pas rivaliser avec Al Jazeera, il est clair

que ni le groupe TF1, ni le groupe M6, ni le groupe France

Télévisions ne pourront s’aligner lors d’une montée des enchères

sur des événements que ces groupes ont l’habitude de diffuser.

Ainsi il n’est pas inenvisageable à terme de voir des événements historiques du sport français

passer dans le domaine du payant. Rolland Garros, Le Tour de France, les épreuves secondaires

du calendrier footballistique et pourquoi pas même les Jeux Olympiques. Un fait qui creuserait

nécessairement un fossé entre le monde du sport professionnel et son public.

Il ne faut toutefois pas voir l’impact d’Al Jazeera avec un angle exclusivement négatif. En

alimentant financièrement certains sports (si la ligne éditoriale n’a pas encore été complètement

précisée, Charles Biétry a garanti une forte diversité dans les sports proposés par la chaîne), en

proposant ses prestations pour une somme raisonnable et en stimulant la concurrence, nous

pouvons voir en l’arrivée de cette chaîne une véritable bonne nouvelle.

3. FIN DE PARTIE POUR CFOOT : L’IMPOSSIBILITE D’UN « AUTRE FOOTBALL » A LA

TELEVISION ?

21 Informations L’Equipe : http://www.sudouest.fr/2012/01/26/droits-tele-la-chaine-al-jazira-sport-diffusera-bien-huit-des-dix-matches-de-ligue-1-616251-766.php 22 Informations Le Monde : http://www.lemonde.fr/sport/article/2011/12/06/football-al-jazira-diffusera-la-ligue-des-champions-en-france-des-2012_1613742_3242.html 23 Information RMC Sports relayée par Le Figaro : http://www.lefigaro.fr/sport-business/2012/02/23/20006-20120223ARTFIG00369-al-jezira-aurait-remporte-l-euro-2012.php

11 euros le prix de l’abonnement

mensuel annoncé pour les 2

chaînes sportives d’Al Jazeera

en France.

240 millions d’euros dépensés chaque année

pour 8 affiches de Ligue 1 par Al

Jazeera sur la période 2012 /

2016.

22

L’onde de choc provoquée par l’entrée sur le marché d’Al Jazeera et ses acquisitions de droits,

notamment concernant le football a précipité un très probable arrêt de la chaîne de la Ligue

professionnelle de football CFoot, qui diffusait notamment les rencontres de Ligue 2 et certains

magazines dédiés au sport roi (football féminin, africain).

Devant l’arrivée d’un nouveau concurrent payant aux moyens financiers illimités, CFoot a

officialisé « l’arrêt de la chaîne à la fin de la saison ». « Cette décision a été prise en raison des

perspectives très sombres de la TNT payante, des conditions de distribution très défavorables

faites à la chaîne et du contexte de crise économique qui n'épargne pas le football français » avait

précisé la Ligue qui a vu ses principales perspectives (remettre la main sur des produits phares de

la Ligue 1 afin d’attirer des téléspectateurs) rendues impossible par l’arrivée d’Al Jazeera.

En dehors de son positionnement sur la TNT Payante, elle même en situation d’échec et de la

stratégie peut-être trop ambitieuse de la chaîne et de la Ligue, la question de la diffusion d’un

autre football est posée. Car si Al Jazeera va très clairement favoriser la diffusion d’événements

footballistiques correspondant aux standards des autres grandes chaînes, ce sera donc au

détriment de ceux mis en avant par CFoot.

4. L’EQUIPE TV HD, PREMIERE CHAINE D’INFORMATIONS SPORTIVES FRANÇAISE

DISPONIBLE SUR LA TNT GRATUITE

Le groupe Amaury Médias et sa chaîne « L'Equipe TV HD » ont été sélectionnés par le CSA comme

chaîne d’informations gratuites dédiée au sport dans le cadre de l’appel d’offres qui devait

attribuer 6 nouvelles fréquences sur la TNT Gratuite.

François Morinière, Directeur Général du groupe L’Equipe se

félicitait de cette nouvelle : « C'est un jour historique pour le sport

en France qui va profiter d'une formidable fenêtre d'exposition sur

un canal de télévision gratuit. C'est aussi un jour historique pour le

groupe L'Équipe, 66 ans après sa création (...), qui va désormais

pouvoir développer une chaîne grand public unique, innovante,

interactive et riche de la diversité du sport »24.

« Pour la première fois en France, une chaîne de sport gratuite et

accessible à toute la population française va être créée », a ajouté

le groupe, précisant que « L'Équipe HD sera la chaîne de tous les sports, de tous les terrains de

sport et de tous ceux qui font le sport »25. L'Equipe HD doit selon le projet remplacer L'Equipe TV,

la chaîne payante du groupe Amaury diffusée sur le câble et le satellite depuis 1998.

Cette nouvelle pourrait redistribuer certaines cartes et profiter à des sports moins médiatisés.

C’est en effet la ligne de conduite que L’Equipe TV HD a suivi pour séduire le CSA et le CNOSF

(Comité National Olympique et Sportif Français) en se présentant comme « la chaîne de tous les

sports ».

L’OFFRE TELEVISUELLE SPORTIVE – QUE RETENIR ?

24 http://www.lexpress.fr/actualite/media-people/media/tnt-l-equipe-salue-une-decision-historique_1098222.html 25 http://www.challenges.fr/media/20120327.AFP1542/l-equipe-hd-pour-la-1ere-fois-une-chaine-de-sport-gratuite-l-equipe.html

1 % la part d’audience visée par le

groupe L’Equipe avec sa chaîne

L’Equipe TV lorsque celle-ci sera

diffusée sur la TNT Gratuite.

23

− Un marché stable ces dernières années bouleversé par une entrée majeure (Al Jazeera)

et le changement de statut d’un acteur important (L’Equipe TV HD).

− La remise en question du leader incontesté du marché ces dernières années : Canal +.

− Vers la disparition de certains acteurs mineurs du marché et la possibilité d’étendre

l’offre à d’autres standards que ceux proposés par les grandes chaînes ?

3. UNE CULTURE TELEVISUELLE STANDARDISEE ET MISE EN ECHEC

La culture n’a pas la même reconnaissance que le sport. Là ou les programmes de sport s’offrent

souvent les lumières du prime-time, il est clair que les contenus culturels sont souvent relégués à

des heures ne bénéficiant pas de la même exposition.

Mais il n’empêche que l’offre existe. Si elle est clairement plus représentée sur les chaînes du

service public ayant des obligations de programmation en la matière que sur les chaînes privées,

elle occupe une vraie place dans le paysage audiovisuel et télévisuel. Le problème de la largesse

de la définition à attribuer à la « culture » peut toutefois changer du tout au tout ce type

d’analyse.

1. QUELLE CULTURE ?

Tous les ans, la culture est représentée dans les palmarès des meilleures audiences de l’année. A

l’image de ce qui se passe pour le sport, ce sont toujours les mêmes types de contenus qui sont

mis en avant, de manière assez importante puisque le cinéma occupe en moyenne une petite

dizaine des meilleures places dans le top 100 des audiences de l’année26.

Les films et les spectacles musicaux sont les seuls éléments culturels que l’on retrouve dans les

grands succès d’audience annuels mais au delà de ce constat cette tendance révèle quelque

chose de presque alarmant. En effet, la diversité de ces contenus est extrêmement limitée.

26 Chiffres Médiamétrie

24

Cette tendance est visible en premier lieu sur le genre « Musique / Spectacles ». En dehors de

l’hommage à Grégory Lemarchal en 2007 (10 486 000 téléspectateurs réunis devant leur poste

pour le 4 mai 2007), toutes les occurrences apparues ayant pour thème la musique sont liées au

spectacle annuel des « Enfoirés ».

Une analyse plus détaillée des contenus nous révèle que le

cinéma souffre lui aussi d’un manque assez flagrant de

diversité dans les contenus proposés. Les mêmes films

reviennent en effet en boucle et n’offrent pas par

mécanisme, la possibilité à d’autres courants la possibilité

d’obtenir une exposition.

Ainsi sur les cinq années analysées et les 42 films qui ont

obtenu une place dans le top 100 des audiences annuelles,

apparaissent quatre films de la série des Bronzés, quatre des

films relatant les aventures d’Astérix, « La Grande

Vadrouille » apparaît deux fois tout comme « Le dîner de con ».

La question n’est bien entendu pas de remettre en cause la qualité de ces films mais de se

questionner sur l’intérêt de la récurrence de ces contenus et du mal qu’elle peut faire au reste des

productions cinématographiques.

2. EXISTE T-IL ENCORE UN DROIT A LA CRITIQUE ?

La critique est tellement rare dès lors qu’il s’agit de discussions culturelles à la télévision que la

question mérite d’être posée. Est-elle réellement autorisée ? Dans quelle mesure ? Si ce sujet

mériterait une analyse bien plus étendue, complète et profonde que les quelques lignes que nous

allons y consacrer ci-dessous, c’est un problème que nous nous devons d’aborder pour envisager

une analyse de ce qu’est la culture à la télévision.

I. LA CRITIQUE… QUELLE CRITIQUE ?

L’émission de référence en France, celle dans laquelle les artistes, les réalisateurs, les écrivains se

bousculent est bien entendu celle présentée par Michel Denisot, « Le grand journal ». Si tous les

soirs de la semaine le programme offre une prestation en live et des interviews de personnalités

culturelles qui comptent, le passage dans ce programme est extrêmement favorable à l’ensemble

de ces personnalités.

La critique au sens propre du terme est un style extrêmement peu utilisé au profit d’une

promotion sans aucun sens de la contradiction. Si l’on peut parfois apercevoir quelque esprit de

contradiction, il vient rarement des présentateurs.

Le problème réside essentiellement dans le fait que les artistes ne se rendent pas sur les plateaux

pour ce qu’ils ont à dire mais pour ce qu’ils ont à vendre, sans se poser la question de ce qu’ils ont

a en dire, précisément. C’est la thèse défendue par Pierre Bourdieu dans son essai, « Sur la

télévision »27, qui pose la question de l’intérêt des interventions des personnalités à l’antenne et

sur laquelle nous nous appuierons pour mener notre réflexion.

II. LA NON ACCEPTATION DE LA CRITIQUE PAR LES ARTISTES

27 Pierre Bourdieu, « Sur la télévision suivi de l’emprise du journalisme » - LIBER Editions, 1995

4 sur les 5 années analysées, les

films de la série des « Bronzés »

apparaissent 4 fois dans le top

100 des meilleures audiences

de l’année.

25

L’absence de critique dur au fait que les artistes eux-mêmes ne l’acceptent pas. Combien de

« polémiques » sont nées de critiques plus ou moins appuyées par des intervenants sur les

plateaux ?

Certaines émissions ont même fait de ces polémiques leur fond de commerce. « On n’est pas

couché » par exemple, animé par Laurent Ruquier sur France 2 a longtemps fait de ses deux

critiques Eric Zemmour et Eric Naulleau la marque de l’émission. Les personnalités ayant quitté le

plateau ou réagit extrêmement violemment à la moindre contestation ne se comptent plus, une

preuve de la sensibilité d’artistes qui n’ont absolument pas l’habitude de voir leur travail remis en

question ou simplement questionné.

III. LE PARADOXE DE LA POPULARITE DES CRITIQUES – (ZEMMOUR & NAULLEAU)

La rareté de la critique est étonnante. Car elle passionne le public. En témoigne les critiques de

l’émission précédemment citée, Eric Zemmour et Eric Naulleau. Les deux éditorialistes, aux cotes

de popularités élevées furent remerciés et remplacés à la rentrée de septembre 2011. Preuve que

le format et le simple fait de voir une émission aux contenus différents soit un facteur d’intérêt

pour le téléspectateur, le remplacement de ces deux personnalités fortes de l’antenne n’a pas

vraiment entraîné une érosion de l’audience de l’émission. Leurs remplaçantes, quoique jugées

moins convaincantes permettent tout de même au programme de surnager le samedi en fin de

soirée, la chute d’audience étant minime. Une tendance qui confirmerait la recherche d’un

contenu différent, moins policé de la part des téléspectateurs.

IV. UNE TENDANCE QUI SE GENERALISE A D’AUTRES MEDIAS. LA RESISTANCE DU WEB.

La tendance à une faiblesse de la critique se généralise par ailleurs à certains autres médias. C’est

le cas de magazines de cinéma, qui peinent parfois à ne pas tomber dans une promotion

quasiment systématique. C’est donc ailleurs qu’il faut aller chercher un véritable esprit critique

pour le « consommateur ». Blogs, magazines plus indépendants, réseaux sociaux, il existe encore

des lieux d’expressions allant à l’opposé d’une sorte de pensée unique.

La faiblesse de la critique est donc quelque peu préoccupante. Car elle est importante dans le

développement d’une création diversifiée et dans l’éducation du téléspectateur. Cette faiblesse

est d’autant plus dommageable que le public semble être en attente de contenus, moins

aseptisés.

3. LES TENTATIVES INFRUCTUEUSES DU SERVICE PUBLIC

I. FRANCE TELEVISIONS – UNE OBLIGATION DE QUALITE DE PROGRAMMATION

France Télévisions n’a pas qu’une obligation de résultats d’audiences. Cette notion est

symbolisée par la non commercialisation d’espaces publicitaires après 20 heures, qui permet de

libérer les chaînes du service public de certaines de ces contraintes d’audiences. Avec les 2,4

milliards d’euros reçus de l’état chaque année, le groupe doit rendre des comptes en termes de

qualité de programmation, de propagation du patrimoine culturel français.

« France Télévisions se doit aussi d’être exemplaire :

− en matière de soutien à la création audiovisuelle, grâce à des oeuvres innovantes et

capables de renouveler une fiction française en difficulté

− en matière de bonne gestion

26

− en matière de programmes culturels, notamment musicaux ».28

Ces tâches différencient le groupe de ses grands concurrents généralistes mais lui impose

également des contraintes. Les chaînes du groupe doivent notamment s’impliquer dans la

promotion du cinéma, de la musique ou du spectacle vivant français.

II. INVESTIR AU MOINS 60 MILLIONS D’EUROS JUSQU’EN 2015 DANS LE CINEMA

France Télévisions a pris l’engagement au sein même de son Contrat d’Objectifs et de Moyens,

« de dépenser au moins 60 millions d’euros dans la production de films français et européens

jusqu’en 2015 ».

Comme un symbole de l’engagement de France Télévisions pour le

cinéma, les professionnels du secteur ont donné leur accord au

cours du premier trimestre 2012 pour permettre à l’une des chaînes

du groupe, France 4, « de diffuser des films français et européens le

mercredi en première partie de soirée et de renforcer les

engagements de la télévision publique en faveur du cinéma

français29 ». En échange, elle investira 3,2 % à 3,5 % de son chiffre

d’affaires dans des œuvres cinématographiques. France 4 fait de

nombreux efforts de programmations pour mettre en avant un

cinéma différent en mettant en valeur des films d’arts et essai ou

des courts-métrages.

« Cet accord renforce le soutien de notre groupe au cinéma français et participe à l’évolution des

règles afin de les adapter aux pratiques culturelles des français » a alors déclaré M. Rémy Pflimlin,

PDG de France Télévisions.

III. ASSURER LA PROMOTION DES ARTS VIVANTS

Dans sa politique de promotion de la « Culture », France Télévisions a à plusieurs reprises tenté

de proposer à ses téléspectateurs des représentations filmées de théâtre ou de cinéma. Malgré

plusieurs flops d’audiences, le groupe poursuit dans sa volonté de mettre ces disciplines au cœur

de sa stratégie de programmation.

La signature d’un accord cadre de trois ans avec l’Opéra de Lyon en mars dernier en est la preuve.

L’objectif selon Rémy Pflimlin : « nouer et développer de forts partenariats avec les institutions

culturelles françaises notamment en région, pour faire découvrir au plus grand nombre toutes les

formes d’expression musicale, y compris celles qui semblent les moins accessibles »30. Le groupe a

déjà capté six spectacles du « Festival Puccini » pour la saison

2011 / 2012.

L’expérience se poursuivra même avec des efforts portés sur un

« volet expérimental sur l’opéra en numérique » : web doc, télé

connectée, retransmissions sur le Web seront au centre de

contenus pensés pour aller dans le sens des nouveaux

comportements numériques.

28 http://www.gouvernement.fr/gouvernement/les-contrats-d-objectifs-et-de-moyens-de-france-televisions-et-d-arte-france 29 http://www.francetelevisions.fr/actualite_spip/spip.php?article2001 30 http://www.francetelevisions.fr/actualite_spip/spip.php?article1981

3,5 % du chiffre d’affaires de France 4

est réinvesti dans des œuvres

cinématographiques chaque

année.

Adapter la culture

d’élite aux nouveaux

comportements

numériques

IV. LA MUSIQUE

Les concerts uniques France Télévisions

Tout au long de la saison télévisuelle 2011 / 2012, «

téléspectateurs une série de concerts uniques dans des lieux exceptionnels dans toute la Fr

choisis par les artistes eux-mêmes et qui sont diffusé

ainsi le soutien du groupe au monde musical.

L’implication de l’ensemble des chaînes du groupe

France Ô, en partenariat avec le festival des Francofolies de La Rochelle, sélectionne des artistes

de la région Ile-de-France par le biais de concerts organisés en région parisienne. Cette sélection

de neuf talents issus d’un programme de sélection télévisue

scène aux Francofolies de La Rochelle. Le concert

France Ô. Toujours en partenariat avec ce festival, France 4 assure la retransmission de concerts

en direct et dans leur intégralité.

V. LE LANCEMENT D’UNE PLAT

France Télévisions qui réalise « environ

» ferait de ce volume « la base

retransmettre en direct des spectacles (concert, opéra, théâtre, danse...), qui pourront être

programmés ensuite sur les chaînes du groupe, ou destinés uniquement au web

VI. LA DIFFICULTE DE CONCILIER CULTURE ET AU

Les ratés des magazines culturels lors

Pour affirmer la volonté du groupe France Télévisions de laisser sa place à la culture sur ses

antennes, la décision de programmer plusieurs magazines culturels à des heures de grande

écoute a été prise lors de la rentrée de septembre

31 Satellifax du 16 janvier 2012

France Télévisions :

Capter 300 spectacles

par an

Les concerts uniques France Télévisions

Tout au long de la saison télévisuelle 2011 / 2012, « France Télévisions produit et offre à ses

téléspectateurs une série de concerts uniques dans des lieux exceptionnels dans toute la Fr

mêmes et qui sont diffusés sur les chaînes du groupe

ainsi le soutien du groupe au monde musical.

L’implication de l’ensemble des chaînes du groupe – Les France Ô folies et l’action de France 4

artenariat avec le festival des Francofolies de La Rochelle, sélectionne des artistes

France par le biais de concerts organisés en région parisienne. Cette sélection

de neuf talents issus d’un programme de sélection télévisuelle aura la chance de se produire sur

de La Rochelle. Le concert France Ô Folies, est ensuite retransmis sur

France Ô. Toujours en partenariat avec ce festival, France 4 assure la retransmission de concerts

en direct et dans leur intégralité.

LANCEMENT D’UNE PLATEFORME RESERVEE AUX ARTS VIVANTS

Cette politique de soutien à la création et au spectacle vivant devrait

également être appuyée par la création d’une plateforme

numérique dédiée à ces expressions artistiques

Guilbart, Directrice Générale déléguée aux programmes l’a annoncé

en janvier. Elle devrait être opérationnelle fin 2012. Ce projet «

reprendra l'ensemble ou plus des captations

festivals et tous les événements que l'on suit. Compte tenu de tout

ce que l'on couvre, ce devrait être la plus grosse présenc

spectacles vivants sur le web » avait-elle notamment indiqué.

France Télévisions qui réalise « environ 300 captations de spectacles par an

» ferait de ce volume « la base minimum » pour le site. Celui-ci aura pour vocation de

ansmettre en direct des spectacles (concert, opéra, théâtre, danse...), qui pourront être

programmés ensuite sur les chaînes du groupe, ou destinés uniquement au web

CILIER CULTURE ET AUDIMAT

Les ratés des magazines culturels lors de la rentrée 2011

Pour affirmer la volonté du groupe France Télévisions de laisser sa place à la culture sur ses

antennes, la décision de programmer plusieurs magazines culturels à des heures de grande

écoute a été prise lors de la rentrée de septembre 2011. Une intention tout à fait intéressante q

ne s’est pas traduit par de bons résultats

d’audiences, confirmant la difficulté de concilier les

problématiques d’une programmation de qualité et

des résultats d’audiences satisfaisants.

Avant-premières : de la deuxième à la troisième

partie de soirée

Avant-premières « propose un panorama passionné,

27

France Télévisions produit et offre à ses

téléspectateurs une série de concerts uniques dans des lieux exceptionnels dans toute la France

s sur les chaînes du groupe », renforçant

Les France Ô folies et l’action de France 4

artenariat avec le festival des Francofolies de La Rochelle, sélectionne des artistes

France par le biais de concerts organisés en région parisienne. Cette sélection

chance de se produire sur

, est ensuite retransmis sur

France Ô. Toujours en partenariat avec ce festival, France 4 assure la retransmission de concerts

Cette politique de soutien à la création et au spectacle vivant devrait

également être appuyée par la création d’une plateforme

à ces expressions artistiques. Emmanuelle

Guilbart, Directrice Générale déléguée aux programmes l’a annoncé

janvier. Elle devrait être opérationnelle fin 2012. Ce projet «

l'ensemble ou plus des captations que l'on fait sur les

festivals et tous les événements que l'on suit. Compte tenu de tout

la plus grosse présence de

elle notamment indiqué.

300 captations de spectacles par an dans tous les genres

ci aura pour vocation de

ansmettre en direct des spectacles (concert, opéra, théâtre, danse...), qui pourront être

programmés ensuite sur les chaînes du groupe, ou destinés uniquement au web31.

Pour affirmer la volonté du groupe France Télévisions de laisser sa place à la culture sur ses

antennes, la décision de programmer plusieurs magazines culturels à des heures de grande

2011. Une intention tout à fait intéressante qui

ne s’est pas traduit par de bons résultats

audiences, confirmant la difficulté de concilier les

problématiques d’une programmation de qualité et

ultats d’audiences satisfaisants.

de la deuxième à la troisième

propose un panorama passionné,

28

ludique, varié et riche de tout ce qui se crée au cinéma, au théâtre, dans la littérature, la musique

et tous les arts en général » selon France 2. Animé par Elizabeth Tchoungui, le programme tente

au travers d’interviews d’aborder des thèmes et des problématiques culturelles qui sortent de

celles habituellement mises en avant sur les plateaux de télévisions.

Malheureusement pour France 2, ces intentions ne se sont absolument pas converties par des

chiffres d’audiences satisfaisants. Initialement programmée le mercredi en deuxième partie de

soirée, sa première ne réunissait que 2,7 % du public pour 300 000 téléspectateurs. Les semaines

suivantes ne relevaient pas la tendance, le 4ème numéro de l’émission battant même le record de

médiocrité d’une audience de France 2 en seconde partie de soirée depuis les débuts de la

mesure d’audience de Médiamétrie de la chaîne (200 000 téléspectateurs et 1,9 % de Pda). Faute

de réellement relever la barre, le programme a été déplacé le jeudi soir en troisième partie de

soirée.

Théâtre et Opéra, échecs répétés

L’été dernier, France Télévisions mettait ses antennes à contribution pour une programmation

dédiée à certains festivals de musique. Ainsi France 2 programmait « Aida », un opéra en direct

des chorégies d’Orange. Avec 900 000 téléspectateurs et 6,7 % de Pda, on peut clairement dire

que l’événement présenté par Julie Depardieu et Olivier Bellamy n’a pas trouvé le succès

escompté. France 2 diffusait également fin juillet en seconde partie de soirée une pièce

retransmise en direct du festival d’Avignon. « Mademoiselle Julie » (Juliette Binoche, Nicolas

Bouchaud), n’a en effet récolté que 400 000 téléspectateurs pour une Pda de 3%, un véritable

échec.

4. ARTE, CHAINE ESTIMEE MAIS PEU REGARDEE

En 2007, TNS Sofres et Télérama publiaient un baromètre avec

pour thème la satisfaction des téléspectateurs français pour les

chaînes de la télévision française.

Arte, à la question « Parmi les chaînes suivantes, quelle est celle

qui correspond le plus à ce que vous attendez de la TV ? »,

obtenait la seconde position avec 13 % des voix, derrière TF1 et

devant France 2 et M6.

Cette notoriété et cette évaluation extrêmement positive de la

chaîne franco-allemande ne trouve pas vraiment écho dans les résultats d’audience obtenus par

la chaîne puisque sur l’ensemble de l’année 2007, sa part d’audience sur sa tranche horaire

historique (19h00 – 27h00) était de 3,3 %. La tendance ne s’est pas vraiment améliorée depuis

puisque la chaîne en 2011 ne voyait sa part d’audience ne représenter que 1,5 %.

5. L’ECHEC ALLOCINE TV

« Notre chaîne d'information cinéma, lancée en octobre dernier autour de films de patrimoine,

d'émissions sur le 7e Art et de bande-annonce, cessera d’émettre dans le courant du mois

d'avril »32. Après avoir enrichi son offre sur le Web, les smartphones, les tablettes, Allociné a tenté

en septembre 2011 une incursion sur le média télévision.

32 Communiqué de presse paru sur le site d’AlloCiné - http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18612093.html

2nde la place d’Arte dans l’enquête

de satisfaction de TNS Sofres

menée en 2007. Un résultat loin

de se retrouver dans les

résultats d’audience de la

chaîne.

29

Gratuite, la chaîne Allociné TV, lancée sur les réseaux câbles et satellite se présentait comme

« indépendante et récréative », proposant tout au long de la journée des émissions, des

reportages sur l’actualité du cinéma et en offrant aux téléspectateurs la diffusion de 190 films par

an ainsi qu’une heure de direct quotidien.

La redistribution des cartes (extension de la TNT gratuite sans

attribution de fréquence à Allociné), la difficulté de gérer les droits

pour proposer le nombre de films envisagé, les problèmes majeurs

rencontrés pour diffuser des films récents, a contraint les dirigeants

du groupe à prendre la décision de stopper son activité de chaîne de

télévision seulement quelques mois après son lancement,

confirmant la difficulté pour un acteur dont le métier de base n’est

pas la télévision de s’y implanter.

Le groupe retourne donc concentrer ses efforts sur son cœur de

métier, préparant notamment pour la rentrée de septembre 2012 une offre de vidéo élargie

gratuite. Cet échec, d’une chaîne arrivant sur le marché avec un nom et une crédibilité

importante, de plus soutenue par des avis de consommateurs positifs (avec notamment un buzz

reçu lors de la sortie des jingles publicitaires de la chaîne, cf. en annexe 4) pose la question de la

possibilité pour un acteur non issu du média télévision de s’y implanter avec réussite.

La question se pose doublement sur la thématique culturelle. En effet, si le cinéma, moteur de

l’offre culturelle à la télévision ne parvient pas à s’imposer de manière durable, alors quelle

thématique ou quel acteur s’y rapportant le pourra ?

LA CULTURE « STANDARDISEE » ET MISE EN ECHEC - QUE RETENIR ?

− Un manque de diversité évidant dans les contenus « culturels » proposés sur les grandes

chaînes nationales.

− Une diversité non stimulée par l’absence d’une critique : une télévision vue par

l’industrie culturelle comme un instrument de promotion.

− Une mission de service public assumée. Des efforts financiers et de programmation

réalisés globalement non récompensés par des résultats d’audience souvent décevants.

− Le service public reste le bastion de la culture télévisuelle même si cette tendance est

tout de même mise à mal par des résultats d’audiences décevants et des

reprogrammations fréquentes.

− Arte, chaîne de la culture victime d’un décalage entre enquêtes d’opinions et résultats

d’audiences pauvres.

− Des tentatives d’acteurs majeurs de la culture « de masse » d’investir l’écran de

télévision sanctionnées par des audiences et un système économique inadapté à des

types de contenus novateurs.

4. VERS UNE EVOLUTION DE LA CONSOMMATION

Les habitudes en matière de consommation de la télévision évoluent à une vitesse incroyable.

Depuis l’arrivée de la couleur, la télévision n’avait jamais connu de plus grands bouleversements

6 mois la durée de vie de la chaîne

Allociné

30

que les révoltions arrivées ces dernières années par la voie de l’Internet et des nouveaux supports

de consommation des contenus liés à cette innovation majeure.

Ces modes de consommation sont exclusivement liées à l’explosion des possibilités offertes par le

Web. La vitesse d’évolution de ces innovations est un enjeu majeur auquel les chaînes et les

événements vont devoir y répondre rapidement, sous peine de se voir dépassés par les entités

ayant pris ce virage avec efficacité.

1. LA CONSOMMATION MULTI-ECRANS33

I. LE MULTI-ECRANS

Microsoft définit le consommateur multi-écrans comme « un adulte qui possède et utilise une TV,

un smartphone, un ordinateur et qui se connecte à Internet au moins

3 fois par semaine ». Mais, au-delà du nombre d’équipements

détenus et du niveau de connexion à internet, le mot « multi-écrans

» désigne des concepts concrets :

− La consommation en parallèle de plusieurs contenus sur

plusieurs supports différents.

− La connexion des écrans entre eux, de sorte que l’utilisateur

puisse « jongler » entre ces différents écrans.

− L’entrée dans une logique « cross-média », logique dans

laquelle un contenu principal sur un écran principal (par

exemple, une série TV sur un poste TV) est décliné sur des supports secondaires via des

contenus secondaires (par exemple, un site internet sur les personnages de la série).34

II. QUELLES TENDANCES POUR CES PRATIQUES ?

En termes de multi-écrans, des tendances lourdes sont à noter :

- L’importance accordée au téléphone et aux tablettes tactiles qui « deviennent un vrai

compagnon device jouant le rôle de télécommande centrale »

Cette pratique est favorisée par le fait qu’elle n’impacte pas sur la consommation des autres

personnes présentes devant le télévision à ce moment. Les tablettes, dont la consommation

actuelle reste marginale mais en constance augmentation s’inscrivent également dans cette

mouvance.

- L’influence des pure players et de l’écran d’ordinateur

Ces acteurs « cherchent à capter l’audience d’éditeurs de chaîne en proposant à leurs

consommateurs des services additionnels réalisés sur d’autres supports que celui sur lequel

est consommé le contenu ». Nous commentons en effet avec de plus en plus de facilité les

programmes en direct avec les réseaux sociaux sur lesquels nous sommes et inversement.

- L’influence grandissante des réseaux sociaux

Avec 24 100 240 d’utilisateurs de Facebook en France le 16 mars 201235, la France est le

neuvième pays consommateur du plus grand des réseaux sociaux.

33 Définitions issues de l’étude menée par Beijaflore - « Multi-écrans » : Effet de mode ou tendance de fond ? 34 Microsoft Advertising – What’s on their screen, 2010

Connecter les différents écrans de la vie

quotidienne écrans entre eux

31

Twitter, ses 5,2 millions d’abonnés en France (16ème rang mondial)

et sa progression fulgurante (+ 1 million d’abonnés sur le dernier

trimestre 2011) est quant à lui le réseau social qui alimente le plus

de fantasmes pour établir des liens avec les activités télévisuelles des

chaînes36.

Les acteurs majeurs du secteur télévisé ont bien compris cette

problématique. En Mars 2012, France Télévisions a décidé de passer

la vitesse supérieure en intégrant ces réseaux au cœur de sa

stratégie de programmation. Les Victoires de la Musique 2012

représentaient un programme « test » pour les activités de « social

TV » du groupe. Le choix de ce programme et les actions mises en place étaient notamment

justifiées par le fait que les artistes eux mêmes participaient activement sur les réseaux.37

Le but à atteindre pour France 2 : « réussir à faire vivre les Victoires au-delà de la télévision et plus

encore, de connecter les différents écrans autour d’une nouvelle expérience » en permettant

notamment aux Internautes de vivre le « off » de l’événement.

C’est sur Twitter que la majeure partie des efforts s’est portée. Une

sélection d’une partie des meilleures contributions des

téléspectateurs était mise en avant sur différentes plateformes du

groupe et un « live tweet » était réalisé par les comptes officiels de la

chaîne. L’effort était aussi porté sur les comptes Facebook et

Instagram de France Télévisions et de l’émission, permettant une

expérience bien plus profonde pour le téléspectateur (en annexe 5,

les photos postées par la production de l’émission sur le compte de

France Télévisions38).

Cette tendance se confirme à l’international. On voit ainsi les records de tweets ou d’occurrences

sur Facebook liés à des événements télévisés s’accumuler. Les initiatives de marques (cf. en

annexe 6 le site sponsorisé par Chevrolet pour comptabiliser le nombre de tweets relatifs aux

deux équipes en finale du Superbowl) ou de programmes permettant de prolonger la relation

avec le consommateur se multiplient.

Le football américain a établi un certain nombre de records cette

saison. Début janvier, Tim Tebow, quaterback des Denver Broncos

(franchise NFL) réalisait l’action du match en réussissant une passe

de 80 yards lors d’un match opposant sa franchise à celle des

Pittsburgh Steelers. Une performance qui trouvera un écho

incroyable à la rencontre sur Twitter. Selon le compte officiel de la

plateforme de micro-blogging, 9 420 tweets par seconde39 ont été

envoyés dans les instants qui ont suivi l’action, établissant ainsi un

record pour un événement sportif.

2. DES TELESPECTATEURS ACTIFS ET PAS UNIQUEMENT

SPECTATEURS

35 https://www.facebook.com/France.Actualites?sk=app_6009294086 36http://semiocast.com/publications/2012_01_31_5_2_millions_d_utilisateurs_de_twitter_en_france?lg=fr 37 http://plateautele.francetv.fr/com/2012/03/02/victoires-de-la-musique-2012-une-experience-social-tv-inedite/ 38 http://statigr.am/p/138937410966174364_18087477 39

http://www.sportsmarketing.fr/2012/01/10/tim-tebow-bat-le-record-du-monde-de-tweets-pour-un-evenement-sportif/

+ de 24 millions d’utilisateurs de Facebook

en France en Mars 2012

9 240 tweets par seconde ont été

comptabilisés dans les

instants qui ont suivi l’action

« Réussir à faire vivre les

Victoires au-delà de la

télévision et plus encore, de

connecter les différents

écrans autour d’une nouvelle

expérience »

32

Le principe de base de toutes ces nouvelles technologies et habitudes de consommation ont

toutes un point commun : celui de prolonger l’expérience entre un consommateur et un

programme. Que ce soit en lui offrant un rapport plus personnel, en se rendant plus facilement

accessible ou en lui permettant d’échanger ses sentiments à propos de ce dernier.

Le téléspectateur n’est plus un simplement passif, « subissant » le contenu proposé par l’écran

de télévision mais il en devient un véritable acteur. En provoquant lui même une démarche de

consommation ou en influençant plus ou moins le contenu.

I. PROLONGER L’EXPERIENCE SUR LE WEB POUR IMPLIQUER LE TELESPECTATEUR

Un programme qui a permis de mettre en valeur ces aspects est « Top Chef » (M6). Diffusé par

M6 : le contenu permet de regrouper plusieurs de ces nouveaux usages et de faire franchir au

téléspectateur un cap en termes d’implication dans le programme :

− En offrant des contenus additionnels (recettes des candidats, jeux concours…) sur le Net

(cf. détails en annexe 7).

− En incitant les téléspectateurs à réagir sur les événements de la dernière émission, en

demandant aux personnes suivant le programme de soutenir un candidat sur les réseaux

sociaux.

− En encourageant les Internautes à commenter en direct le programme sur les réseaux

sociaux et à retranscrire en live les événements diffusés à l’antenne.

II. FAIRE DU TELESPECTATEUR UN VERITABLE PROTAGONISTE DU PROGRAMME

Arte a franchi une autre étape en demandant au téléspectateur de fournir les éléments qui

alimenteront son programme. Pour « Mission printemps », le chaîne franco-allemande a décidé

de réaliser un documentaire autour des phénomènes naturels du

printemps (cf. annexe 8 le détail du site Internet).

Ce documentaire, dont les résultats seront dévoilés à l’antenne,

s’appuiera sur une démarche scientifique rigoureuse. A ceci près que

toutes les données permettant l’analyse scientifique auront été

récoltées par les téléspectateurs. Arte invite en effet ses internautes

à utiliser leurs smartphones pour relever des données pour ensuite

les communiquer aux équipes en charge de relever et analyser les

résultats sur le site d’Arte dédié à cet effet.

Pensé à la manière d’un réseau social, il permet l’échange entre les acteurs de l’expérience et les

scientifiques. Chacune des semaines du printemps était l’occasion d’une nouvelle mission.

Pour crédibiliser cette action, la chaîne s’appuie sur des partenaires d’envergure : la Ligue pour la

protection des oiseaux, le CNRS, le Muséum national d’histoire naturelle. Le côté participatif de

l’action va plus loin puisque toutes les données seront ajoutées aux bases de données existantes

déjà issues de ce type d’études. Le documentaire qui offrira les résultats de ces études sera à

l’antenne en Juin.

III. FAIRE DU TELESPECTATEUR UN ACTEUR EN L’INSCRIVANT DANS PROCESSUS DE

PROGRAMMATION DE LA CHAINE

« Mission

printemps » Restituer la contribution des

téléspectateurs à

l’expérience via une émission

33

TF1 tente aussi de franchir un cap supplémentaire dans sa relation avec son consommateur. Le

but, synthétiser ces nouvelles habitudes en une émission et en poussant la réflexion jusqu’à

donner au téléspectateur le leadership sur la création même d’une émission.

Cette expérience prend la forme d’un concours. Le principe : Imaginez le programme TV de

demain dans lequel l’on peut voir un double objectif de

compréhension des nouvelles attentes des consommateurs et une

volonté d’inscrire le téléspectateur au cœur du processus de

programmation de la chaine. Les limites extrêmement vagues du

jeu le prouvent : « proposer un programme (Sport,

Jeu/Divertissement, TV Réalité, Information, Magazines) où les

téléspectateurs qui le souhaiteront pourront par exemple utiliser

les nouveaux supports (tablettes, Smartphones…) au travers des

émissions, que ce soit en termes d’interactions, d’utilisations ou de

connexions ».

3. LA CONSOMMATION DELINEARISEE DE CONTENUS TELEVISES

I. LE DIFFERE – DEFINITION

Le différé sous entend de nouveaux types de consommations, mesurés depuis 2011 par

Médiamétrie :

− l’enregistrement privé sur le téléviseur

− le léger différé appelé aussi « timeshifting »

Au lendemain de la diffusion d’un programme, Médiamétrie fournit au marché l’audience

veille qui intègre les audiences en direct et en différé du jour de diffusion du programme.

Cette consommation représente 40 % de la consommation différée et est appelé

l’audience « veille ».

− l’audience en direct du programme ainsi que son audience différée pendant les 7 jours

suivant sa diffusion appelée « l’audience consolidée », qui est la « nouvelle référence de

la mesure d’audience de la télévision ».

II. LE DIFFERE - UNE CONSOMMATION ENCORE MARGINALE VOUEE A CROITRE

RAPIDEMENT

La durée d’écoute de la télévision par personne et par jour était de 3

heures et 47 minutes en moyenne en 201140.

La part du différé n’était en 2011 que de 1,7 % dans cette durée

d’écoute, soit 3 minutes et 39 secondes. Un chiffre qui a donc une

valeur relative mais qui devrait fortement augmenter dans les

années à venir.

Le développement des offres des chaînes, l’équipement des foyers

(le taux d’équipement des foyers français en PVR a augmenté à 33 %

au dernier trimestre 2011 contre 26 à la même période un an

40 Source : Médiamétrie - http://www.audiencelemag.fr/?article=42

« Shake your TV » Donner au téléspectateur le

leadership sur la création

même d’un contenu

télévisuel.

1,7 % de la durée d’écoute totale

de la télévision est

consommée en différé (3 min

39 secondes en 2011).

34

auparavant), la connaissance et la maîtrise des équipements qui permettent cette pratique

devraient avoir un vrai impact sur les durées d’écoute relatives à la consommation en différé des

contenus télévisés.

Certains pays, dont les habitudes de consommation sont traditionnellement en avance, ont déjà

vu cette pratique largement se démocratiser. Le différé représente en effet déjà 10 % de la

consommation au Royaume-Uni et 11 % aux Etats-Unis.41

III. UNE CONSOMMATION QUI A TENDANCE A CONFIRMER LES SUCCES OBTENUS PAR LES

PROGRAMMES EN LIVE

Selon une étude menée par Médiamétrie, « 50% de ce qui est vu ou revu en différé, toutes

chaînes confondues, a été diffusé entre 20 et 23 heures, avec un pic notable pour les programmes

diffusés entre 21 heures et 22 heures42 ».

L’audience du différé provient donc majoritairement des

programmes diffusés en prime-time et donc des programmes les

plus consommés en live. Cette tendance est confirmée par le top

des programmes consommés en différé (cf. ci-dessous) qui relève

deux tendances lourdes :

− La consommation de programmes déjà surconsommés en

live

− La prédominance du genre fiction : 48 % du contenu

consommé en différé est issu du genre fiction.43

On notera que la part relative du différé peut se révéler extrêmement importante. Cette pratique

pourrait donc rapidement constituer une plus-value à la fois intéressante pour les plus petites

chaînes et générer un trafic et donc une nouvelle source de revenus importante pour les grandes

chaînes.

Cette tendance s’affirme avec force lorsque l’on regarde les performances enregistrées par les

programmes consommés en différé dans les pays étrangers. Aux Etats-Unis, Modern Family

(série) a conquis au total 5,6 millions de téléspectateurs de plus par rapport au direct et Doctor

Who plus de 4 millions à BBC1 en Grande-Bretagne.

IV. UN PROFIL DE TELESPECTATEURS TRES « QUALITATIF »

Selon Médiamétrie, la pratique du différé est largement plus développée par certains types de

foyers :

41 Source : Sattelifax du 23 mars 2012 : chiffres Médiamétrie Eurodata TV 42 Source : Médiamétrie - http://www.audiencelemag.fr/?article=42 43 Source : Médiamétrie - http://www.audiencelemag.fr/?article=42

50 % des contenus consommés en

différé ont été diffusés entre

21 et 22 heures.

DateHeure de début du programme

Chaîne Programme GenreNb de télésp.

(différé)Part du différé

*

19 avril 20h45 TF1 Dr House Fiction 726000 8,9

2juin 21h35 Canal Plus Desperate Housewives Fiction 647000 46,912 septembre 21h26 France 2 Castle Fiction 610000 13,3

25 février 20h10 France 3 Plus belle la vie Fiction 596000 12,1

16 septembre 20h50 M6 NCIS Enquêtes spéciales Fiction 568000 11,6* Part de l'audience représentée par le différé

Meilleure audiences des programmes en diffféré en 2011

35

− Les possesseurs de lecteur enregistreur à disque dur

Les foyers les mieux équipés ont une durée d’écoute sur le différé très au-dessus de la

moyenne globale des individus. Avec 9 minutes et 1 seconde, ils apportent un surplus de

4,5% à leur consommation.

− Les CSP +

Avec 5 minutes et 17 secondes par jour de consommation en

différé (2,8% d’audience supplémentaire), la catégorie est

celle qui consomme le plus de contenus en différé. Une

donnée qui n’est pas surprenante. Cette catégorie est en

effet celle qui dispose des meilleurs équipements.

− Les 35-49 ans

Consomment 4 minutes et 50 secondes de différé

quotidiennement.

Cette pratique devrait donc se démocratiser avec une démocratisation d’équipements plus

connectés et une amélioration de l’offre des chaînes et des opérateurs. Les chiffres enregistrés

sur 2011 devraient considérablement s’améliorer en 2012 et dans les années à venir, entrainant

de véritables bouleversements des habitudes de consommation.

4. DES EQUIPEMENTS DE PLUS EN PLUS CONNECTES

Les nouvelles habitudes de consommation de la télévision sont encouragées à la fois par des

nouvelles pratiques numériques, des nouveaux services et des nouveaux moments de

consommation de la télévision. Elles sont également portées par une évolution des équipements,

extrêmement rapide depuis quelques années.

Entre le passage de la France au tout numérique, l’augmentation de la qualité de l’image (3 foyers

sur 4 détiennent désormais une télévision Haute Définition44), la finesse des écrans, les

innovations ont été nombreuses ces dernières années.

Parmi elles, la télévision connectée est un enjeu majeur, même si elle en est encore à ses

balbutiements. Elle est pourtant une avancée technologique majeure et pourrait révolutionner

la consommation du média en réunissant tous les avantages et les nouvelles pratiques liées à

l’ensemble des innovations citées ci-dessus.

I. LA TELEVISION CONNECTEE, INNOVATION TECHNOLOGIQUE

Le terme télévision connectée est la traduction de l'anglais « Connected TV ». Cela signifie que à

l’achat, le téléviseur est déjà équipé de la technologie permettant de recevoir Internet. Cette

possibilité se traduit d’un point de vue technique par la présence d'un port Ethernet ou d'un

adaptateur Wifi.

II. DES ACTEURS CONFIANTS ET INNOVANTS

L’exemple Samsung. Le constructeur offre aujourd’hui l’offre la plus large du marché en

proposant 1 400 applications disponibles et une interface déjà établie. La marque innove

44 http://www.mediametrie.fr/comportements/communiques/20-millions-de-foyers-seduits-par-la-television-haute-definition.php?id=607

2,8 % de la durée d’écoute des CSP

+ est consommée en différé.

36

également en offrant un service de télévision de rattrapage intégré au téléviseur mixant les

contenus de certaines chaînes, des web TV et des podcasts vidéos.

Des services déjà associés. Tous les acteurs fournissant de l’équipement n’ont pas une offre aussi

développée que celle de Samsung, même si de nombreux services associés à ces téléviseurs se

sont donc déjà développés, que ce soit du côté des géants du Net que des chaînes. Le marché

semble tellement important que n’importe quel retard pourrait être fatal pour les acteurs.

Le portail HBBTV France Télévisions. Les chaînes aussi, tentent de s’installer sur ce créneau.

France Télévisions a d’ores et déjà lancé son portail utilisant la technologie hbbtv (Hybrid

Broadcast Broadband Television), qui « permet d’harmoniser la technologie nécessaire au

déploiement de nouveaux services édités par les chaînes de télévision sur tous les téléviseurs

compatibles à ce standard »45. Des tests extrêmement concluants pendant le tournoi de Roland

Garros 2011. Ce portail, « réactualisé en permanence tout au long de la journée par les rédactions

de France Télévisions, propose de l’information internationale, nationale et régionale, les

dernières nouvelles sportives, l’accès au dernier bulletin météo en vidéo, ainsi qu’un guide des

programmes, et prochainement des fonctionnalités de partage sur les réseaux sociaux ».46

III. UN ENJEU EGALEMENT ATTRACTIF POUR LES ACTEURS DU WEB

L’intérêt de Google et d’Apple pour le phénomène

Apple est le premier a avoir lancé le système permettant une communication sans fil entre un

ordinateur et un téléviseur. La première version de l’Apple TV, datée de fin 2007 fut un échec

commercial. L'appareil, qui fonctionnait via iTunes et la télécommande Apple (déjà

commercialisée avec d'autres produits de la marque) fût lancé trop tôt et trop cher. Il a depuis été

commercialisé sous une seconde version.

Google a aussi lancé une plateforme accessible depuis la télévision par un dispositif informatique

(utilisant le système d'exploitation Android). Appelé « Google TV », le projet reprend le concept

de l'Apple TV en le poussant jusqu’à l’incorporation du boîtier dans la télévision (grâce au

fabricant Sony). Ces deux lancements des mastodontes du Web n’ont pour le moment pas été

extrêmement concluants mais leur intérêt conjugué pour cette technologie pourrait la faire

décoller rapidement.

IV. UN CONTEXTE TECHNOLOGIQUE FAVORABLE AU

DEVELLOPEMENT DES VENTES DE CES TELEVISEURS

« Par définition l’ensemble des téléviseurs sont connectables. En

effet si un poste est raccordé à une box TV ADSL, une console de jeux

ou un boîtier spécifique il peut avoir accès à des services connectés.

Aujourd’hui plus de 11 millions de foyers sont équipés d’un

téléviseur relié à un de ces équipements d’après La Référence des

Equipements Multimédias (GfK / Médiamétrie) ».

Le potentiel du marché des télévisions connectées semble

absolument gigantesque en France. Les Français sont des habitués au triple play (forfait associant

télévision, Internet et téléphone) et consomment donc déjà une télévision via l’ADSL. Cette

45 http://www.francetelevisions.fr/actualite_spip/spip.php?article1753 46 http://www.francetelevisions.fr/actualite_spip/spip.php?article1753

11 millions de foyers sont aujourd’hui

déjà équipés d’un téléviseur

relié à Internet

37

habitude ne demande qu’à être transformée en un usage réel des possibilités offertes par cette

association avec l’arrivée de téléviseurs et de services offrant de nouvelles perspectives.

Selon l’institut GFK, 15% des téléviseurs LCD vendus en juin 2010 en France étaient connectables.

Toujours selon Médiamétrie et GFK, le taux d’équipement foyers français en TV connectées au 2nd

trimestre 2011 était de 4,6 %.

En 2012, toujours selon l’institut GFK, « 2,7 millions des TV qui se vendront en 2012 seront des

SmartTV, c’est à dire des TV connectables à Internet et susceptibles de recevoir d’autres services

enrichis que les chaînes de télévision ». Une évolution qui constitue une tendance plus que lourde

et qui devrait amener les services que nous avons cité précédemment à progresser.

En 2011, la part des TV connectées dans le parc des téléviseurs

français s’élevait à 14%, elle devrait atteindre 59 % en 2014 et à terme

100 % des foyers. D’ici fin 2013, le parc européen de TV connectées,

quant à lui, devrait s’élever à 85 millions de téléviseurs47. En 2011 en

France, la part des ventes de Télévisions connectées s’élevait à 30 %

des ventes totales. En 2012, cette part représentera 60 à 70% des

ventes totales48.

5. UNE PRISE DE CONSCIENCE GOUVERNEMENTALE

En juin 2011, Eric Besson, ministre de l’Industrie et de l’Economie numérique et Frédéric

Mitterand, ministre de la culture avaient lancé une « mission TV connectée » qui a rendu un

rapport en novembre 201149 pour repenser la réglementation audiovisuelle à l'ère numérique. En

ressortait des propositions concrètes pour réguler ces nouveaux phénomènes qui pourraient

« modifier rapidement le paysage de manière imprévisible ».

La première d’entre elles appelait à un assouplissement de la réglementation audiovisuelle,

notamment un renforcement des droits des diffuseurs sur les œuvres pour leur permettre de les

exploiter sur l’ensemble des supports, y compris Internet50. En mars 2012, M. Besson annonçait

d’ailleurs vouloir prendre des mesures faisant suite à ces propositions permettant de faciliter

l’implantation des nouveaux équipements dans les foyers français.

« La rencontre de la télévision et d’Internet constitue désormais le prochain défi audiovisuel

à relever. 30% des téléviseurs commercialisés en 2011 peuvent être connectés à Internet, et 100%

le seront d’ici 2015 (…) En outre, le marché des tablettes numériques, toutes connectées, est en

forte croissance. Il pourrait atteindre 300 millions d’unités par an dans le monde en 2015. (…) Je

vais saisir le Conseil national du numérique sur ces propositions, notamment celles concernant le

recours aux standards ouverts pour assurer l’interopérabilité des équipements » 51 , a t-il

notamment annoncé.

UNE EVOLUTION DE LA CONSOMMATION - QUE RETENIR ?

47 Source : Screendigest, report 2010 48 http://www.nicolasengel.fr/2012/02/la-television-connectee-un-marche-prometteur-a-la-recherche-de-son-business-model/ 49 www.economie.gouv.fr/files/20111207_rapport_tv_connectee.pdf 50 http://www.culture2012.org/tv-connectee-13-propositions-en-attente-dun-ministre/ 51 http://teleobs.nouvelobs.com/articles/television-connectee-le-prochain-defi-audiovisuel-selon-eric-besson

2,7 millions des télévisions vendues en

France en 2012 seront des

« Smart TV »

38

− Une consommation multi-écrans et de plus en plus connectée à l’utilisation des services

offerts par les grands acteurs du Web.

− Des spectateurs devenus acteurs du programme et en recherche constante de nouvelles

expériences et émotions liées à la consommation des contenus.

− Une consommation de contenus délinéarisée qui progresse mais qui n’a pas encore

trouvé de fonctions propres, se cantonnant pour le moment à un appui supplémentaire

pour les performances des programmes forts en live.

− Des nouvelles consommations portées par un profil de consommateurs très qualitatif

pour les chaînes et les annonceurs.

− Des nouvelles habitudes de consommation également encouragées par l’évolution

rapide des équipements et des services associés à ces derniers, sur lesquels une forte

variété d’acteurs innovants se fait concurrence.

39

SPORT & CULTURE, LA CROISEE DES CHEMINS - LES 10 IDEES CLES

1. Le sport rassemble et rythme la vie télévisuelle des français. 20 % des meilleures

audiences sont chaque année réalisées par le sport. Cette notoriété et cette portée lui

font parfois dépasser le cadre de ses fonctions primaires.

2. La stratégie de la majeure partie des acteurs : se focaliser sur une petite partie des

grands événements sportifs ou culturels, au détriment des manifestations secondaires.

3. Les diffusions sportives : un marché stable ces dernières années bouleversé par une

entrée majeure (Al Jazeera), le changement de statut d’un acteur important (L’Equipe TV

HD) et la contestation de son leader historique (Canal +).

4. Un manque de diversité évident des contenus « culturels » proposés sur les grandes

chaînes nationales, globalement stéréotypés, télégéniques et sans relief. Les prises de

risques sont minimales.

5. La diversité des programmes culturels justement, est essentiellement entretenue par les

groupes financés par le service public : France Télévisions et Arte.

6. La culture victime d’un décalage entre enquêtes d’opinions et résultats d’audiences

pauvres. Plébiscitée mais pas regardée, à l’image des résultats d’Arte dont les taux de

satisfaction atteignent les sommets à l’inverse de sa Part d’Audience.

7. Une consommation multi-écrans et de plus en plus connectée. La vidéo sur le Web et les

services associés sont des enjeux qui regroupent des acteurs issus de milieux

extrêmement différents (Pure Players vs médias classiques).

8. Une consommation de contenus délinéarisée. Les programmes doivent désormais être

produits en prenant en compte un mode de consommation nouveau.

9. Des spectateurs devenus acteurs et en recherche constante de nouvelles expériences et

émotions liées à la consommation des contenus.

10. Des nouvelles habitudes de consommation également encouragées par l’évolution

rapide des équipements et des services associés à ces derniers, sur lesquels une forte

variété d’acteurs innovants se fait concurrence.

40

B. La télévision « hors de la boîte »

1. Le cross média

2. La vidéo & Internet

3. 2012, année de la Catch Up TV

4. La Télévision Mobile

Personnelle

41

B. LA TELEVISION « HORS DE LA BOITE »

Dans ce contexte de multiplication des écrans, la volonté des téléspectateurs de devenir des parts

actives des contenus s’affirme. Ils envisagent désormais leur consommation télévisuelle comme

une véritable activité grâce à l’ultra connexion de l’ensemble des acteurs et consommateurs, ce

qui a poussé les grands acteurs de la télévision traditionnelle à adapter leur offre. Nous tenterons

ici de faire un point sur les grandes tendances actuelles et de déterminer ce vers quoi ces offres

devraient tendre dans les mois et les années à venir.

1. LA NOTION DE CROSS MEDIA52

Nous avons évoqué une multiplication des écrans et des usages. Cette tendance est réelle. Les

grands acteurs du secteur doivent désormais répondre aux attentes des consommateurs sur

l’ensemble des nouveaux supports.

1. DEFINITION

Ces pratiques peuvent prendre des formes différentes. Quelques exemples :

− Les « Alternate Reality Game » : jeux de rôle articulés autour de fictions ou des jeux

dérivés du concept de l’émission. Ce procédé a été spectaculairement mis en avant par le

très réussi jeu complémentaire au documentaire « Manipulation » diffusé sur France 5 en

novembre 2011. « Manipulations, l’expérience web » proposait de rentrer dans les

rouages des affaires de corruption impliquant l’état français en menant un jeu de piste

(cf. en annexe 9, le détail du site Internet).

− De nouveaux types de contenus créés pour les nouvelles plateformes (contenus vidéos

additionnels, bonus, best-of…).

− Des dispositifs prenant vie sur une période quasiment identique à celle du contenu

principal : comptes Twitter, des blogs, des sites web ou encore des pages Facebook…

− De l’interaction avec les spectateurs.

2. QUELS INTERETS POUR LES CHAINES ET LE TELESPECTATEURS ?

Plusieurs objectifs guident la réalisation de ces contenus :

− Immerger le plus possible le téléspectateur dans le contenu en lui proposant des teasers,

des bonus, de s’attacher à une communauté et prolonger l’expérience du consommateur

avec le programme.

− Fidéliser le public, notamment au cours des périodes d’interruption du contenu.

− Proposer un contenu additionnel suffisamment attrayant et consistant pour prolonger

l’expérience ou la maintenir pendant les périodes de creux.

52 Définition largement inspirée de l’étude « Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ? » - Frédéric Levy, Fabien Elharrar et Laurent Comet, Beijaflore

« Le cross-média englobe l’idée d’offrir sur la base d’une œuvre principale sur un

support principal, des contenus secondaires, sur d’autres supports ».

42

− Faire en sorte que ces contenus soient susceptibles, à l’instar de leurs contenus

« pères », de générer une activité publicitaire.

Ces données ont bien été comprises par TF1 avec son jeu musical « The Voice ». Le site Internet

dédié au jeu (hébergé par le site tf1.fr), offre aux téléspectateurs la possibilité de visionner de

nouveau les moments forts de l’émission, de revivre quasiment minute par minute le dernier

prime time, de découvrir certains aspects des coulisses de l’émission par le biais de plusieurs « V-

Reporter », missionnés pour être « les ambassadeurs du programme sur MYTF1.fr ainsi que sur

les réseaux sociaux » (cf. en annexe 10 le détail du site Internet). Ces contenus sont évidemment

consommables avant, pendant et après le programme.

LE CROSS MEDIA – QUE RETENIR ?

− Utiliser l’ensemble des nouveaux supports pour étendre la surface possible de

l’expérience consommateur.

− Immerger le téléspectateur dans le contenu et le fidéliser grâce à une relation avec son

programme nouvelle.

− Développer une offre homogène en termes de qualité sur l’ensemble des supports.

− Envisager également ces nouveaux supports comme des nouvelles formes de revenus

publicitaires.

2. LA VIDEO & INTERNET

La consommation de vidéos est une activité majeure du média

Internet. Dans la consommation de l’information, elle est même ce

qui la démarque de la presse papier avec son instantanéité.

Ce média offre également la possibilité à ses utilisateurs de poster

leurs propres contenus, de partager et d’échanger sur des

expériences. La qualité de ces contenus diffère selon les plateformes

mais quelque soit ce niveau de qualité, les contenus vidéos sont

consommés, partagés, suscitent des débats, des commentaires et

impliquent les Internautes.

Selon Médiamétrie53 en décembre 2011, la France comptait 30,3 millions de vidéonautes.

L’évolution de cet usage est extraordinairement rapide, comme en témoigne le graphique ci-

dessous. La croissance du nombre de consommateurs de vidéos sur le Net a en effet augmenté de

8,5 % par rapport à Septembre 2011. Les chiffres sont encore plus impressionnants lorsque nous

nous attardons sur les durées de consommation.

Les « vidéonautes » consomment en moyenne 3 heures et 19 minutes de vidéos par mois

(décembre 2011) pour un nombre total de 74 vidéos sur la même période. Des chiffres en

constante augmentation (+ 10 vidéos vues supplémentaires en moyenne vs septembre 2011) et

cette tendance devrait continuer à s’affirmer les prochaines années.

53 Communiqué de presse sur l’audience de la vidéo en décembre 2011

30,3 millions

de vidéonautes en France

selon Médiamétrie en

décembre 2011

43

1. QUELS ACTEURS PRESENTS POUR QUELS CONTENUS ?

Les acteurs principaux sur le marché des contenus vidéo en France

sont connus sous la forme de leur « Brand Site-Support »54. Ils

étendent leur influence en agissant sous la forme de « Brand

Players »55. Ces acteurs sont les grands noms du Web comme

YouTube, Dailymotion, Facebook ou Allociné. Ils sont contestés dans

le classement en nombre de visiteurs uniques (vidéonautes uniques

plus précisément) par les grands groupes télévisuels.

Les performances sont impressionnantes. La plateforme de partage

de vidéos Youtube enregistrait en janvier 2012 plus de 25,5 millions

de visiteurs uniques en France soit un taux de couverture des « vidéonautes » sur cette période

de 85 % ! Si les performances des autres acteurs sont moins saisissantes, ces chiffres leur offrent

des perspectives assez incroyables en termes de développement. TF1 et son player WAT

atteignent déjà les 8,1 millions de visiteurs uniques mensuels contre 2,6 millions au player de

France Télévisions.

54 « Agrégation de l’audience des pages d'un site sur lesquelles des vidéos ont été vues, quel que soit le player sur lequel est jouée la vidéo » 55 « Agrégation de l’audience du ou des player(s) vidéo d’un même diffuseur quel que soit le site sur lequel il est diffusé. »

75 %

des Internautes consomment

désormais au minimum une

vidéo par mois

44

I. LES PURE PLAYERS

Le Pure Player « désigne une entreprise dont l'activité est exclusivement menée sur Internet.

Par extension, elle permet de désigner une entreprise qui concentre ses activités sur un seul

métier ou en tout cas sur un seul secteur d'activité »56.

Ces acteurs dominent le classement des tops « brand players ». Leur arrivée précoce sur le

marché, leur savoir faire technique, leur légitimité naturelle et leur relationnel avec le

consommateur en font des points de référence pour le marché.

YouTube est le leader incontesté de ce marché. Racheté en 2006 par

Google pour 1,65 milliards de dollars, le géant n’a aujourd’hui que

très peu de chances de voir son leadership mis à mal tout comme

Dailymotion, racheté par Orange. L’enjeu fondamental pour ces

acteurs est désormais de monétiser efficacement chaque vidéo mise

en ligne. Youtube et Google semblent enfin avoir décidé d’un vrai

modèle en adaptant le modèle économique de Google pour

Youtube.

D’autres Pure Players devraient connaître des progressions spectaculaires de leurs activités

relatives à la vidéo dans les prochains mois. Facebook, qui permet le visionnage de plusieurs types

de players ou d’autres plateformes comme Vimeo devraient pouvoir tirer partie d’une demande

toujours croissante.

II. LES GROUPES MEDIAS

Les groupes médias mettent à disposition du consommateur une

offre totalement différente de celle des Pure Players, basées autour

de la notion de partage de contenus (non professionnels).

Cette idée est largement affirmée par la durée d’écoute par vidéo

enregistrée par ces différents acteurs, beaucoup plus longue chez les

groupes médias comme le démontre le graphique ci-dessous57. Alors

que la durée d’écoute par vidéo des Pure Players n’excède pas 2

minutes et 40 secondes, elle atteint 10 minutes et 36 secondes en

moyenne chez les acteurs issus du monde télévisé. Les meilleures

performances sur cet indicateur reviennent à M6 avec une durée

d’écoute de 17 minutes par vidéo et à TF1 avec 10 minutes et 30 secondes environ. Ces données

(exprimées en minutes) mettent en valeur la recherche de contenus différents par les

consommateurs et donc la possibilité de développer différents types d’offres pour faire vivre des

acteurs extrêmement différents sur ce marché.

56 http://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire-Marketing/Pure-player-6233.htm 57 Source Médiamétrie : Communiqué de presse : l’audience de la vidéo en janvier 2012.

8,1 millions

d’Internautes ont eu un

contact avec le player de TF1

(WAT) au mois de janvier

2012

Chaque seconde dans le

monde, une heure de

vidéo est mise en ligne

sur YouTube

45

2. LE STREAMING ILLEGAL AU SOMMET AVANT L’AFFAIRE MEGAUPLOAD

La fermeture et l’arrestation des dirigeants de MegaUpload en

janvier dernier a eu des conséquences immédiates sur le marché de

la vidéo sur la Web. Pour se rendre compte de l’importance

qu’occupait ce site qui permettait le téléchargement et de

visionnage de contenus illégaux, il suffit de regarder les grands

indicateurs de consommation. Le classement lu avec comme

indicateur principal le nombre de vidéos vues plaçait MegaUpload en

France 5ème Brand Player (derrière YouTube / Google et Dailymotion,

M6 et TF1) contre le 9ème en visiteurs uniques.

La fermeture de MegaUpload restribue donc les cartes car en plus

d’avoir tué le leader de ce « marché » parallèle, cette décision a également affaibli le reste des

acteurs illégaux. Le rendement des acteurs dits légaux a tout de suite bondi, comme en témoigne

le graphique ci-dessous, qui voit des acteurs comme TF1 et son player WAT ou Canal Plus profiter

des 10 premiers jours de fermeture de MegaUpload, le 19 janvier 2012 (chiffres issus du

communiqué Médiamétrie sur l’audience de la vidéo en janvier 201258).

58 * VEVO n’était pas mesuré en décembre 2011. Sa mesure était jusqu’à janvier 2012 incluse dans celle de Google / YouTube

5ème place de MU au classement

des Brand Players sur

l’indicateur du temps total de

contenus consommés

(décembre 2011)

46

3. LES ACTEURS TELEVISES : UN ROLE DETERMINANT A JOUER SUR LE NET

Les acteurs du monde télévisuel vont être obligés de s’investir sur le Web et de s’y imposer

comme des références pour deux raisons principales :

- Pour assurer leur survie à long terme

Pour le moment, les études menées affirment une tendance favorable à la multiplication des

écrans. Cette tendance n’impacte pas la durée d’écoute individuelle de la télévision,

continuellement en hausse (4 heures et 16 minutes en février 2012 contre 3 heures et 56

minutes en février 201159). Mais la convergence des contenus sur ces écrans pourrait

également signifier à moyen terme la possibilité pour les acteurs du Web d’investir l’écran

de télévision et donc de fragiliser la position des chaînes.

- Pour sécuriser la croissance de leurs activités

Aujourd’hui, les chaînes se retrouvent face à un dilemme pour envisager une croissance. Les

temps d’antenne sont limités et l’offre télévisuelle ne devrait pas pouvoir s’étendre

indéfiniment afin de ne pas saturer un marché sur lequel de nombreux acteurs sont déjà à la

peine. Nous parlons ici de nombreuses chaînes thématiques. Le Web semble donc être une

possibilité de développement, de survie ou même une porte de sortie selon les cas.

L’exemple de certains acteurs de la presse papier en est la preuve (La Tribune). Le Web pour

des acteurs positionnés sur des thématiques précises pourrait être un moyen de réaffirmer

un savoir faire et une expertise et d’éviter une sortie de route sur un média hyper ou la

concurrence fait rage.

Plusieurs possibilités techniquement réalisables sont à la portée des chaînes pour assurer leur

avenir sur le Web. La diffusion de leur flux en streaming, l’offre de programmes en Replay et des

contenus additionnels spécifiques au Web sont les pistes les plus facilement envisageables et

exploitables dans l’immédiat.

I. DECUPLER SON TEMPS D’ANTENNE

Le Web ne souffre d’aucune limite. Aucune barrière ne bloque l’entrée de nouveaux acteurs et

chacun peut multiplier les contenus proposés sans se soucier d’un temps d’antenne à respecter.

Ceci comporte des avantages pour les producteurs de contenus que sont les chaînes dont celui de

décupler leur temps d’antenne. Des images et des contenus destinés à l’antenne mais coupés au

montage, non diffusés faute de temps ou même des programmes

entiers pourraient ainsi trouver leur place sur le Web et offrir une

véritable plus-value au téléspectateur.

JO de Londres 2012 : France Télévisions, 400 heures de direct à

l’antenne, 2 000 sur le Web

Lors des Jeux Olympiques de Londres qui se tiendront en août

prochain, France Télévisions proposera un dispositif spécial,

permettant de suivre en direct toutes les épreuves des Jeux

Olympiques d’été à Londres. Alors que les antennes de France

Télévisions diffuseront déjà 400 heures de direct relatives aux épreuves, le site dédié à

59 Source Médiamétrie : Communiqué sur le Médiamat mensuel de février 2012.

2 000 heures de direct seront

proposées par France

Télévisions sur le Web à

l’occasion des JO de Londres

47

l’occasion proposera lui de suivre 2 000 heures de compétitions avec un dispositif qui permettra

de passer d’une épreuve et d’un sport à l’autre facilement.

En achetant les droits des Jeux Olympiques, France Télévisions a également obtenu les droits de

diffusion sur le Net. Diffusés gratuitement, ces options devraient faire exploser la fréquentation

des sites et du groupe en tant que « Brand Player ». La possibilité de mesurer ces données

pourrait aider les acteurs à franchir un pas dans la diffusion en direct du sport sur le Web.

II. DECUPLER SON AUDIENCE

Apporter un complément à l’audience télévisuelle de base, c’est aussi un enjeu qui pourrait avoir

de l’importance dans les prochains mois. La diffusion du simple flux diffusé à l’antenne sur le Net,

sur différentes plateformes pourrait être un développement simple, mais intéressant.

Arte et l’expérience Facebook du « 28 minutes »

Arte propose à ses Internautes de suivre en direct le « 28 minutes » (rendez-vous sur l’actualité et

la culture animé par Elizabeth Quin tous les jours à 20h05) sur le plus grand des réseaux sociaux.

Si les 4 200 fans de la page (fin mai 2012) qui donne l’accès au flux en streaming de l’émission

n’ont pas de quoi révolutionner son audience, l’expérience est extrêmement intéressante et

pourrait connaître un succès tout autre sur des émissions donc le public se rapprocherait plus de

celui des plus gros utilisateurs du réseau social fondé par Mark Zuckerberg.

Car les motifs de satisfaction sur la diffusion sont multiples : fluidité de la vidéo, habillage

agréable, possibilité de partager, de commenter sur la même page, sans la rafraichir et donc

perdre le contenu, possibilité aussi de continuer une partie de votre activité habituelle sur

Facebook le temps du visionnage de la vidéo...

48

III. NE PAS SE LIMITER A LA DUPLICATION DES PROGRAMMES TRADITIONNELS ET

CONQUERIR DES TELESPECTATEURS PAR DES CONTENUS ADDITIONNELS DE QUALITE

Une autre possibilité qui pourrait permettre aux chaînes de se différencier et d’envisager de

nouvelles relations avec leurs consommateurs est l’ajout de contenus non initialement destinés

à l’antenne ou la création de contenus spécifiques au Web.

Les possibilités, comme nous l’avons vu avec le cross média sont extrêmement importantes.

Contenus vidéos additionnels, bandes annonces, épisodes supplémentaires, jeux en ligne reliés au

contenu, de nombreuses alternatives peuvent être envisagées pour fidéliser ou conquérir de

nouveaux consommateurs..

Canal Plus, quelques minutes après les rencontres diffusées sur ses différentes antennes, propose

à ses abonnés et au reste des Internautes connectés des résumés complets des matches diffusés

et commentés sur les antennes du groupe. Une plus-value offerte à l’abonné, qui peut revoir les

images rapidement et facilement mais aussi une porte d’entrée pour les non abonnés, qui ont un

aperçu de la prestation offerte par la chaîne à péage. C’est enfin un moyen d’affirmer une

présence sur le web sur un secteur d’activité qui définit la marque Canal Plus. Si cette offre est

intéressante, elle ne peut clairement représenter qu’un début, une ouverture vers la production

de contenus nouveaux.

LA VIDEO SUR LE WEB – QUE RETENIR ?

− Des perspectives de croissance de consommation extraordinaires pour des acteurs

puissants déjà très bien implantés.

− Une offre déjà diversifiée de contenus.

− De nouvelles perspectives pour les acteurs légaux avec la fermeture des offres illégales.

− Des liens possibles extrêmement forts entre les différents médias et écrans et des

possibilités illimitées en termes d’offres et de création de contenus. La bonne formule n’a

toutefois pas encore été trouvée. La faute à de grands acteurs qui se prennent au jeu sans

jusqu’alors prendre de vrais risques en matière de création.

− Une opportunité pour les acteurs placés sur des thématiques précises de renforcer leur

crédibilité ou de trouver une porte de sortie en cas de problèmes économiques, à l’instar

de certains acteurs de la presse papier.

3. 2012, ANNEE DE LA CATCH UP TV ?

Nous avons vu précédemment que l’offre et la consommation de programmes en différé étaient

en phase de croissance. Les chaînes répondent à cette problématique avec le développement

d’une offre de plus en plus complète et accessible sur des supports multiples de services de

télévision de rattrapage.

1. DEFINITION

La télévision de rattrapage est une combinaison des possibilités offertes par la télévision, le Web

et le mobile. Elle est à la fois un service et un mode de consommation. Elle consiste en l’offre par

une chaîne pendant une durée limitée de visionner à posteriori des programmes d’abord

49

diffusés en live sur l’antenne de la chaîne. L’utilisation de ce service impose l’accès à un réseau

interactif (ADSL, câble, Wi-Fi, WiMAX, etc.) et peut se faire via plusieurs équipements :

− La télévision

Les box des fournisseurs d’accès ADSL proposent l’accès aux services de télévision de

rattrapage mis à disposition par les chaînes. Cette offre varie selon les opérateurs.

− Les sites Internet des chaînes de télévisions

La plupart des chaînes offrent un service de rattrapage via leur site Internet ou un site

dédié à ce service. Là encore, les offres sont très hétérogènes selon les chaînes.

− L’accès sur le mobile ou les tablettes

Ces services sont également disponibles sur les smartphones et les tablettes tactiles pour

lesquels des applications ont été spécialement développées.

L’écran d’ordinateur reste encore le principal vecteur pour consommer des contenus de

télévision de rattrapage60. Cependant l’arrivée des télévisions connectées, le développement

assez rapide des offres sur les box ADSL et la qualité grandissante des interfaces de ces services

laissent entrevoir de fortes perspectives de croissance de consommation sur l’écran de

télévision.

2. UNE CONSOMMATION EN FORTE PROGRESSION

Comme nous l’avons vu tout à l’heure, la consommation du différé n’a encore qu’une importance

relative si on la compare à la consommation globale du média télévision. Cette importance

60 Chiffres issus du baromètre mensuel de février sur la télévision de rattrapage – Etude du CNC

50

devrait néanmoins croître de manière significative au cours des

prochains mois pour plusieurs grandes raisons.

− Le développement d’une offre construite par les chaînes

C’est l’un des principaux points noirs qui empêche un

développement plus rapide de la pratique à l’heure actuelle. En

effet, la qualité de l’offre est extrêmement différente selon les

chaînes. Si TF1 met d’ores et déjà en ligne une très grande partie

de ses programmes avec une forte réactivité sur les plateformes

des fournisseurs d’accès à Internet et sur son propre site

Internet, cette pratique ne s’est pas encore démocratisée sur les plus petites chaînes. Le

graphique ci-contre le prouve parfaitement. Selon le CNC au mois de février 2012, les

quatre premières chaînes de télévision françaises (TF1, France 2, France 3 et M6)

représentaient 48,1 % de l’ensemble des volumes de l’offre de contenus en télévision

de rattrapage.

− Facilité d’accès et navigation améliorée par les fournisseurs d’accès à Internet

Comme dit dans le paragraphe ci-dessus, chaque fournisseur d’accès ne propose pas

encore l’ensemble des services de télévisions de rattrapage établis par les chaînes. La

navigation dans les interfaces n’est pas optimisée et leur mise en avant sur les interfaces

des box est loin d’être optimale.

− La progression des équipements

Le taux d’équipement et de réception des foyers français de la

télévision par l’ADSL ne cesse d’augmenter. Cette donnée va

amener les téléspectateurs à consommer de plus en plus de

contenus vidéo quelque soit le support utilisé.

− La prise de conscience de l’intérêt de la pratique

La pratique ne s’est pas encore réellement démocratisée

comme le prouve le graphique ci-contre. En effet peu de

consommateurs en font une utilisation régulière. On note

cependant que les consommateurs réguliers de télévision

délinéarisée consomment énormément (au moins une fois par

jour), ce qui laisse envisager une explosion de la consommation dans les mois à venir.

− Une amélioration et une clarification des règles de fonctionnement par les principaux

acteurs du marché

L’autre problème principal venu des acteurs est le manque de règles bien établies pour

réguler et rendre lisibles les différentes offres des chaînes. Certaines règles, comme celle

51

des 7 jours de mise à disposition des programmes après leur diffusion en live est

supposée être commune à l’ensemble des acteurs offrant ce type de service, mais elle ne

sont pas systématiquement appliquées, compliquant ainsi la compréhension de l’offre

pour le consommateur.

Ces problèmes devraient trouver des solutions dans les mois à venir et renforcer la crédibilité, la

lisibilité et la facilité de l’accès à cette offre encore relativement nouvelle. Etablir une offre d’un

niveau correct pour l’ensemble des chaînes sera essentiel pour démocratiser la pratique. L’offre

aujourd’hui est finalement très restreinte par rapport à l’offre

télévisée live, ce qui ne permet pas à la plupart des téléspectateurs

de transposer une consommation live vers une consommation en

différé de manière quotidienne.

3. TROUVER UN MODELE ECONOMIQUE

Si les performances enregistrées sont très encourageantes, le

modèle économique lié à ces nouvelles pratiques reste encore à

définir. Si des vidéos « pré-roll » (publicité vidéo lancée

automatiquement avant le contenu) sont souvent associées aux contenus offerts sur le Web, le

manque d’homogénéité constaté sur l’ensemble du secteur est problématique.

− Pas encore d’offre publicitaire sur les box ADSL pour de nombreuses chaînes

L’exemple de la présence ou de l’absence de publicité sur les services offerts sur les box

des fournisseurs d’accès à Internet est un bon exemple du manque de « maturité » du

marché. En effet, certaines grandes chaînes (TF1, France Télévisions, M6 et W9) imposent

un contenu publicitaire à leurs téléspectateurs sur les contenus en différé, ce n’est pas le

cas des plus petits acteurs. Mais même chez ces grands acteurs, l’offre publicitaire n’est

pas cadrée puisque la durée et l’emplacement des spots diffèrent selon les chaînes.

− Un modèle à trouver sur le web pour monétiser les vidéos

Sur le Web, les différences sont encore plus importantes car les possibilités sont

multiples. La différence dans les contenus offerts est encore tellement importante que la

possibilité de fixer des règles semble impossible. L’absence de vraie juridiction sur les

contenus publicitaires sur le Web semble également un frein qu’il sera difficile de

surmonter pour les acteurs du marché.

Rappelons simplement pour prendre la dimension de la difficulté d’établir des règles sur le Net

que les géants de la vidéo cherchent encore un modèle économique efficace et notamment une

réponse à la problématique d’une monétisation efficiente des centaines de millions de vidéos

vues sur leurs plateformes.

4. LES DIFFERENTS TYPES DE CONTENUS TELEVISES CONSOMMES SUR LES PLAYERS DES

CHAINES DE TELEVISIONS

I. LES TYPES DE CONTENUS MIS A DISPOSITION

En termes de contenus mis à disposition des téléspectateurs en différé, il est clair que la tendance

est à une mise en avant de contenus non impactés par le temps dits de « stocks » à l’inverse des

programmes très impactés par leur rapport au temps dits « de flux ».

Une offre encore très

restreinte par rapport à la

diversité des contenus

diffusés en live sur

l’ensemble des chaînes

52

II. UNE OFFRE A ADAPTER SELON LES TYPES DE PROGRAMMES

Comme vu dans la première partie de ce dossier, la fiction est le genre le plus consommé en

différé par les consommateurs. En grande partie car ce genre ne perd pas de « valeur » dans les

jours qui suivent sa diffusion live et parce que son rythme de diffusion est adapté à celui de mise à

disposition des contenus. Ce n’est pas le cas des journaux télévisés par exemple dont la

consommation en différé se fait dans sa très grande majorité dans la journée de la diffusion.

L’offre de programmes en différé devra donc se construire autour de l’importance du rapport au

temps passé entre les diffusions live et différées des programmes, par la mise en avant rapide de

contenus d’informations sur l’ensemble des plateformes mises à disposition par les chaînes à

leurs téléspectateurs, mais bien sûr, aussi selon son genre. Un programme de fiction ou un jeu ne

doit pas être complété par les mêmes contenus qu’un magazine d’actualité…

5. ALLER A LA RENCONTRE DU TELESPECTATEUR

Les contenus télévisés mis en ligne et consommés directement sur l’ordinateur ne disposent pas

d’une même résonance que ceux diffusés en live sur la télévision. L’action d’aller chercher ce

programme sur le Web réclame en effet plus « d’efforts » au consommateur que le simple fait

d’allumer son téléviseur.

Les chaînes doivent donc absolument pousser à la consommation de leurs contenus en les

mettant en avant sur d’autres supports que leurs propres sites. Certaines le font déjà, en

annonçant la mise en ligne de certaines de leurs vidéos sur les réseaux sociaux (cf. best-of de

l’émission du jour par Canal + ci-dessous). Cette pratique doit se démocratiser chez les chaînes

même si elles ne bénéficient pas toutes de l’influence de Canal Plus sur les réseaux sociaux.

Intégrer son player sur la page pour permettre à l’Internaute de poursuivre son activité

Si Canal Plus met à disposition ses contenus de manière très réactive, elle impose toujours à son

téléspectateur de « sortir » de sa page et donc de stopper son activité du moment afin de se

rendre sur son propre site. Une offre idéale de la part des chaînes serait de parvenir à intégrer le

player directement au réseau social ou de négocier avec les plus grands acteurs des réseaux un

player commun, facilement mesurable, pour laisser au téléspectateur la liberté de poursuivre son

activité en ligne tout en regardant le contenu proposé.

LA CATCH UP TV – QUE RETENIR ?

− La Catch up TV, une pratique multi-supports, dominée par l’écran d’ordinateur.

− L’écran de télévision classique comme vrai futur de cette pratique.

− Une consommation et une offre en croissance constante.

53

− Une offre venue des acteurs encore très hétérogène: TF1, France 2 et France 3

représentent à elles seules 41,8 % de l’offre totale de programmes (Février 2012).

− Une pratique dont la notoriété grimpe mais encore pratiquée de manière intensive par

une minorité de consommateurs.

− Une expansion de l’offre encore bloquée par l’absence de définition d’un modèle

économique clair pour l’activité.

− Certaines tendances toutefois déjà très affirmées, notamment au niveau des contenus

consommés : essor de la fiction et des contenus déjà surconsommés en live.

− Des règles de fonctionnement qui commencent à s’institutionnaliser : règle des 7 jours

de mise à disposition des programmes.

− Des contenus qui ne vont encore assez à la rencontre de leurs consommateurs.

4. LA TELEVISON MOBILE PERSONNELLE

Parmi les supports permettant de consommer des contenus télévisés, les téléphones ont un

temps été perçus comme la solution du futur. L’état notamment, par la voie du CSA, a longtemps

soutenu cette idée, en partenariat avec les chaînes et des opérateurs. Aujourd’hui abandonnée

dans sa version première, l’esprit de la Télévision Mobile Personnelle n’a pas complètement

disparu avec la hausse des équipements en Smartphones et en tablettes.

1. DEFINITION & ORIGINES

I. PERMETTRE L’ACCES A LA TELEVISION PARTOUT ET N’IMPORTE QUAND

« La télévision mobile personnelle (TMP) permet un accès aux différents programmes télévisés en

tous lieux et à toute heure de la journée par le biais du téléphone mobile. Elle utilisera les canaux

hertziens libérés par la fin de la diffusion analogique des chaînes de télévision.61 »

II. UN PROJET NE D’UNE VOLONTE GOUVERNEMENTALE ET DES GRANDES INSTANCES

TELEVISUELLES FRANÇAISES

− 2007 - Lancement du projet.

− 2007 - Nomination du CSA pour encadrer le projet.

− 2007 - Choix de 16 chaînes pour l’obtention d’une fréquence

en 2008. Annonce d’objectifs ambitieux : couvrir 30 % de la

population en 2012 et 60 % en 2015.

− 2009 - Lancement d’une consultation par le gouvernement

pour trouver un modèle économique à adopter. Sans succès.

− 2010 - Les opérateurs de téléphonie mobile se retirent du

projet.

− 2010 (mai) - TDF et Virgin annoncent un partenariat pour

déployer un réseau couvrant 50 % de la population.

− 2011 - 8 mois plus tard, Virgin annonce son retrait du projet.

− 2011 - TDF annonce également son retrait du projet.

Le projet de la Télévision Mobile Personnelle via une réception hertzienne avait du sens lors de

son lancement en 2007 mais était rendu compliqué par la technologie. La télévision numérique

61 Etude Xerfi 700 doc sur la téléphonie mobile – Septembre 2011

2007 - 2011 4 ans de tâtonnements ont

conduit le CSA à un échec.

54

terrestre (TNT) qui peut aujourd’hui être reçue avec l’avènement de la 3G ou la 3G+ voir de la 4G

combinées avec la mort du hertzien ont fini d’enterrer ce projet.

III. LA MORT DEFINITIVE DU CONCEPT

Le retrait des grandes chaînes malgré le soutien du CSA

Le 4 janvier 2012, les 16 chaînes qui détenaient des licences se sont retirées du projet. Le CSA, qui

avait fixé cette date comme dernier butoir pour trouver des opérateurs de diffusion a dû

abandonner un projet pour lequel il avait pourtant fourni de nombreux efforts, faute d’avoir su

proposer aux acteurs un modèle économique et de ne pas avoir suffisamment anticipé les progrès

de l’Internet mobile.

Des conditions technologiques absolument pas optimales

La volonté des chaînes de trouver un accord avec un opérateur de réseau n’était pas assez forte

pour mener à bien un projet qui n’avait pas non plus fonctionné aux Etats-Unis et dans le reste

de l’Europe. Il faut dire qu’elles diffusent déjà leurs flux via d’autres moyens (3G, 3G+).

Les fréquences réservées au projet pourraient être réutilisées rapidement pour améliorer la

diffusion des contenus multimédias vers les smartphones et les tablettes tactiles ou l’accélération

de la mise en place du « spectre 4G » pour les grands opérateurs de la téléphonie mobile.

2. VERS UNE RENAISSANCE DU CONCEPT AVEC LA DEMOCRATISATION DES TABLETTES ?

Le concept, élargi à une idée plus étendue de réception mobile des flux des chaînes de télévision

est en revanche toujours bien vivant. Car si les smartphones sont finalement peu utilisés pour

consommer des contenus vidéo, les tablettes tactiles le sont.

I. LE DIVERTISSEMENT ET LA VIDEO, MOTEURS DE L’UTILISATION DES TABLETTES

En effet, selon une étude publiée fin mars par Médiamétrie pour le GESTE (Groupement des

Editeurs de Services en Ligne), l’utilisation de la tablette tactile pour la consommation de

contenus télévisés ne laisse aucun doute.

Les utilisateurs, dont le profil type serait un homme urbain CSP + âgées de 35 à 49 ans,

l’emploient prioritairement à leur domicile dans une optique de divertissement. Les « marques »

à la plus forte notoriété sur ce support laissent entrevoir une tendance forte : la consommation

de contenus vidéos et / ou interactifs est l’une des utilisations principales.

Ainsi dans le top des marques citées, nous retrouvons Canal+, Wat,

TF1, France Télévisions ou M6 mais aussi les portails de vidéos

YouTube et Dailymotion.

A ce jour, Médiamétrie a recensé 1,7 millions d’utilisateurs

principaux de tablettes. Si ces chiffres paraissent restreints en

comparaison de celui des Internautes (39,9 millions au 4ème trimestre

2011) et des utilisateurs de services de téléphonies mobiles reliés à

Internet (19 millions62), elle est clairement à prendre en compte pour

les marques qui font des efforts titanesques pour s’imposer comme

62 Sources : Médiamétrie - Observatoire des Usages Internet, 4ème trimestre 2011,

1,7 millions d’utilisateurs de tablettes en

France au 4ème trimestre

2011

55

les références de ce nouveau mode de consommation. Il faut dire que les chiffres enregistrés en

lien avec la consommation Internet sur ces supports laissent envisager l’éclosion d’un nouveau

marché à conquérir. Pour les seuls iPad au 4ème trimestre 2011 en France, le nombre de pages

vues s’élevait à 4,2 milliards (4 300 par utilisateur sur la période).63

LA TELEVISION MOBILE PERSONNELLE – QUE RETENIR ?

− Un premier projet visant à permettre l’accès à la télévision n’importe où et n’importe

quand lancé en 2007 sur la volonté du gouvernement.

− Une première version du projet d’ores et déjà obsolète et abandonnée.

− L’idée de la télévision mobile personnelle est toutefois loin d’être morte si l’on élargit son

concept avec la démocratisation des tablettes notamment.

5. L’AVENEMENT D’UN NOUVEAU TYPE D’OFFRE DES CONTENUS CULTURELS ?

Le fantasme de tout téléspectateur est d’avoir à disposition n’importe lequel des contenus

possibles et de pouvoir le consommer à n’importe quel moment. Ce « rêve » est aujourd’hui

approché par certains acteurs, notamment sur le Web dont les capacités en termes de stockage

semblent quasiment illimitées.

1. LE PHENOMENE NETFLIX

Netflix est une entreprise fondée en 1997. Elle a, à l’origine,

trouvé sa prospérité avec une activité de location de DVD par voie

postale (aujourd’hui rebaptisée Qwikster). Quelques années plus

tard, grâce à un service de contenus vidéo en flux continu sur

abonnement, Netflix est devenu un véritable monstre qui capte

en soirée aux alentours de 25 % du trafic Internet aux Etats-Unis.

Comment Netflix a t-il réussi à capter 25 millions d’abonnés ? En

proposant pour 7,99 $ par mois un catalogue absolument

gigantesque de films, de séries que l’abonné peut visionner aussi

bien sur son écran d’ordinateur, sur sa télévision, sa tablette

tactile ou via sa console de salon. Avec 25 millions d’abonnés, Netflix est tout simplement le

premier opérateur payant aux Etats-Unis.

Pour se constituer ce catalogue, Netflix a directement passé des

contrats avec les sociétés de production et de distribution de cinéma

et constitué une sorte de « licence globale ». Les premiers accords

ont été extrêmement avantageux pour l’entreprise, ce qui lui a

permis de se dévelloper. La renégociation des contrats est

aujourd’hui bien plus difficile. Les films Disney et Sony ne sont plus

au catalogue de Netflix qui pour contrer ce problème, se tourne

désormais vers les contenus télévisés et même la création de

contenus (1 million de dollars investis dans la production d’une

série). La société, dont le chiffre d’affaires s’élevait aux alentours de

63 Source : Médiamétrie – Panel tablettes iPad 4ème trimestre 2011 - Base : utilisateurs principaux tablette iPad 15 ans et +

25 millions le nombre d’abonnés à

Netflix dans le monde

7,99 $ le prix de l’abonnement à

Netflix. 5 fois moins coûteux

qu’un abonnement à Canal +

56

3 milliards de dollars en 201164 prévoit d’être présente dans 40 pays d’ici 2012 et se targue

notamment de constituer un remède anti-piratage avec une offre suffisamment large et peu

coûteuse pour inciter les pirates à s’abonner.

2. LA RIPOSTE DES GRANDS ACTEURS DE LA PRODUCTION DE CONTENUS : HULU

Hulu, fondée en 2007, offre également un service de vidéos à la demande avec un catalogue

important comprenant l’accès à des programmes télévisés, des films ou des contenus spécifiques

au Web. Derrière ce service se cache la puissance de ses fondateurs et propriétaires : NBC, Fox,

Disney-ABC TV, CBS et d’autres studios et réseaux.

La stratégie de l’entreprise est plus ou moins la même que celle de Netflix avec depuis 2011, la

création de produits originaux comme « Battleground » (drama politique) ou « The fashion fund »

(TV réalité). Fin 2011, Hulu comptait environ 1,5 millions d’abonnés.

3. EN FRANCE : L’ANTICIPATION DE CANAL +, D’AUTRES OFFRES EN PREPARATION ?

I. UN MODELE DIFFICILEMENT ADAPTABLE EN FRANCE

Ce modèle est difficilement implantable en France. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Netflix

n’envisage pour le moment pas de tenter l’expérience alors qu’elle a déjà annoncé son arrivée en

Espagne et en Angleterre après s’être concentré sur l’Amérique du Nord et l’Amérique Latine.

Pourquoi ? Tout simplement à cause de la législation extrêmement restrictive relative au droit

d’auteur. Le temps d’attente entre la sortie en salle d’un film et son exploitation sur d’autres

supports est extrêmement long en France, ce qui empêche toute possibilité de voir ce type de

service de développer. A titre d’exemples, il vous faut aujourd’hui

patienter :

- 4 mois pour obtenir un film en DVD

- 1 an avant de pouvoir être diffusé sur une chaîne payante de

cinéma

- 36 mois pour les services de vidéo à la demande.

- 1 an avant de pouvoir proposer une série américaine sur un

service de VOD français

La position des acteurs du secteur culturel français va de plus à

l’encontre de toute modification de la législation et empêche actuellement toute illusion

concernant un accord autour de l’idée d’une licence globale, maintes fois évoquée et qui est

finalement ce que Netflix a réussi à réaliser à une échelle moindre.

La tentative Canal Plus, les rumeurs Dailymotion et Allociné

Canal Plus a toutefois d’ores et déjà pris ses dispositions pour contrer une possible arrivée

de Netflix à long terme ou de tout autre acteur du même type en créant Canal Plus Infinity. Le

service, ouvert depuis novembre 2011 est disponible à partir de 9,99 € par mois. Pour contrer la

législation française, Canal Plus mise sur la mise à disposition de ses créations originales comme

« Borgia » ou « Braquo ».

64 http://www.wikinvest.com/stock/Netflix_%28NFLX%29/Data/Income_Statement

36 mois le temps que doivent

patienter les diffuseurs avant

de pouvoir proposer un fil sur

un service de VOD

57

Si la démarche de Canal Plus est intéressante, le catalogue de Canal Plus Infinity n’est pas

comparable à celui de Netflix. Le groupe semble donc plutôt faire cet effort pour occuper le

terrain que pour inonder un marché.

II. DES ACTEURS POTENTIELS FRILEUX

Alors qu’une rumeur annonçait l’arrivée d’Allociné sur ce marché des services de vidéos à la

demande avec abonnement, son président, Grégoire Lassale, a confirmé la difficulté d’implanter

ce type de service en annonçant pour septembre 2011 une offre de

VOD gratuite enrichie mais sans service payant. « Nous avons

souvent réfléchi à lancer notre propre offre de SVOD. Mais c'est très

lourd. Ce n'est ni notre métier, ni notre bourse » a t-il notamment

déclaré dans l’Expansion.65

Orange et Dailymotion se sont également associés (rachat de 49 %

des parts de Dailymotion par Orange fin 2011) pour envisager la

question de la vidéo à la demande. En février 2012, à l’annonce de

cet engagement, Stéphane Richard, Directeur Général de France

Télécom déclarait que la « consommation de vidéo à la demande sur

tous les supports est clairement une priorité absolue ». « La stratégie d’Orange est de devenir

rapidement les meilleurs en matières d’offre de vidéo à la demande que ce soit en matière de

profondeur de l’offre, du catalogue ou aussi en termes de qualité de l’interface utilisateur »,

« basé sur des modèles de gratuité et aussi payants »66.

LES NOUVEAUX TYPES D’OFFRES DE CONTENUS – QUE RETENIR ?

− Netflix, 1er opérateur payant aux Etats-Unis et acteur majeur de la production de

contenus conforte l’idée qu’une offre payante structurée, suffisamment large et

accessible financièrement est le meilleur moyen de contrer le piratage.

− D’autres acteurs sur les rangs, des tentatives en France malgré un contexte législatif

extrêmement contraignant.

65 http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/allocine-ne-se-lancera-pas-dans-la-vod-sur-abonnement_289663.html 66 Intervention mise en ligne sur Orange Innovation TV - http://www.orange-innovation.tv/fr/webtv/info_interviews/internet-et-divertissement/divertissement/accord_dailymotion_-_orange_des_perspectives_pour_la_vod

« La consommation de vidéo

à la demande sur tous les

supports est clairement une

priorité absolue »

S. Richard - DG France Télécom

58

LA TELEVISION HORS DE LA BOITE – 10 IDEES CLES

1. Une consommation désormais multimédia et multi supports qui laisse envisager aux

acteurs de nouvelles formes de revenus publicitaires s’ils parviennent à développer

une offre homogène en termes de qualité sur l’ensemble des supports.

2. Immerger le téléspectateur dans le contenu et le fidéliser grâce à une relation avec

son programme nouvelle.

3. Des perspectives de croissance de la consommation de vidéos sur le Web

extraordinaires pour des acteurs puissants déjà difficilement contestables.

4. Une offre déjà diversifiée de contenus vidéo sur le Web, dont les perspectives de

croissance sont renforcées par la fermeture des offres illégales.

5. Les liens et les possibilités en termes de passerelles entre les différents écrans,

médias et formes de contenus semblent illimités mais les grands acteurs qui ont pris

conscience de cet enjeu n’ont pas encore vraiment exploité l’ensemble des

possibilités qui leurs sont offertes.

6. La vidéo sur le Web, une opportunité pour les acteurs placés sur des thématiques

précises de renforcer leur crédibilité ou de trouver une porte de sortie en cas de

problèmes économiques, à l’instar de certains acteurs de la presse papier.

7. La consommation de programmes délinéarisée est le grand enjeu de 2012 pour les

chaînes. Cette pratique est une synthèse des nouvelles habitudes de consommation :

multi-supports, connectée et dominée par les grands acteurs. Le marché n’est

toutefois pas encore mature et n’a pas exploité l’ensemble des possibilités offertes.

8. Des règles de fonctionnement de la télévision de rattrapage dont l’application doit

s’institutionnaliser : 7 jours de mise à disposition des programmes, placement des

contenus publicitaires.

9. Des contenus multimédias et multi-supports très accessibles mais qui ne vont encore

assez à la rencontre de leurs consommateurs.

10. De nouvelles offres payantes qui se structurent et qui pourraient être un moyen

efficace de contrer le piratage. Après le succès aux Etats-Unis du phénomène Netflix,

des premières tentatives ont lieu en France malgré un contexte législatif défavorable.

59

C. L’économie des événements

culturels et sportifs

1. L’économie des

événements sportifs

2. L’économie des événements

culturels

3. Les événements alternatifs,

entre marques, Web et

Sponsoring

60

C. L’ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS ET SPORTIFS

Les manifestations culturelles et sportives rythment la vie quotidienne des français. Parce

qu’elles interviennent à intervalles réguliers, parce qu’elles rassemblent et parce qu’elles sont

souvent porteuses de symboles et de valeurs permettant la création d’histoires communes.

Ces événements sont de natures extrêmement différentes. Leur rythme, leur taille, leur

médiatisation sont les facteurs qui les différencient. Cette diversité rend très difficile la conclusion

d’enseignements généraux et de règles concernant leurs modes de financements. Nous tenterons

toutefois au sein de cette partie d’extraire quelques tendances générales permettant d’envisager

ce que seront les stratégies médias de ces événements d’ici quelques mois ou quelques années.

1. QUELLE PLACE POUR LA TELEVISION DANS L’ECONOMIE ET LA VIE DES EVENEMENTS SPORTIFS ?

Nous l’avons vu dans nos parties précédentes, la télévision a tendance à largement se focaliser

sur de grands événements, au détriment des autres formes de manifestations, qu’elles soient

culturelles ou sportives. Nous allons tenter de voir si ce phénomène se confirme dans cette partie

en étudiant les budgets et donc les sources de revenus de ces manifestations.

1. QUELS POSTES DE REVENUS POUR LES GRANDS EVENEMENTS SPORTIFS ?

Selon une étude menée par PWC en juin 2010, les dépenses

mondiales liées au sport étaient de 114 milliards de dollars en 2009

et devraient se monter à 132 milliards de dollars en 2013. Ces

rentrées d’argent sont principalement issues de 4 grandes

« familles » de revenus :

I. LES RECETTES DE LA VENTE DE BILLETS

Elles représentaient 38% du chiffre d’affaires du marché en 2009. Le

total des recettes de la vente de billets devraient représenter

49 milliards de dollars en 2013, soit un taux de croissance annuel moyen de 3,2 % sur la période

2009 / 2013. Cette progression est la plus lente de tous les segments.

II. LES DROITS PAYES PAR LES MEDIAS POUR LA DIFFUSION D’EVENEMENTS SPORTIFS

Ces derniers représentaient 20% du marché en 2009 et devraient

atteindre les 26,7 milliards de dollars en 2013 (+ 3,7 %

d’augmentation sur la période).

« Ce secteur est très lié à l’organisation d’événements majeurs

(Coupe du monde de football, Jeux Olympiques), bon nombre de

contrats ayant été conclus à long terme ont été moins sensibles à la

crise économique »67. Les groupes médias ont ces dernières années

tenté de « sécuriser » leurs droits en faisant l’acquisition des

contenus « premium » recherchés par leurs téléspectateurs. La

grande problématique du marché aujourd’hui va être la même que

67 Communiqué de presse 2010 pwc lors de la sortie de l’étude « Back on track ? The outlook for the global sports market to 2013). »

132 milliards de $

La prévision des dépenses

mondiales liées au spot en

2013

20 %

des recettes du monde du

sport sont issues des droits

payés par les médias pour la

diffusion d’événements

61

celle qui ébranle le monde du cinéma et de la musique depuis des années : celle de la

monétisation et de la gestion de ces droits sur les plateformes numériques.

III. LE SPONSORING

Le sponsoring est défini de la manière suivante par PWC : des « paiements versés pour avoir son

nom associé à une équipe, une ligue ou le sponsoring d’un événement, ainsi que les droits

d’utilisation d’un nom ». Ce secteur représentait 26% du marché en 2009 et devrait représenter

environ 35,2 milliards de dollars en 2013 au niveau mondial. A noter que c’est le segment qui croît

le plus rapidement.

IV. LE MERCHANDISING

Le merchandising englobe toutes les « ventes de produits sous licence et autres éléments de

propriété intellectuelle ». Il représente 16 % du marché. Ce segment est surdéveloppé en

Amérique du Nord ou certains marchés sont gigantesques (Nike a récemment fait l’acquisition

des droits de merchandising de la NFL pour 1,1 milliards de dollars sur 5 saisons).

Les revenus générés par ces sources de financement pour les événements sportifs sont bien

entendu influencés par la médiatisation et la résonnance des événements.

2. LA PREDOMINANCE DE LA TELEVISION DANS L’ECONOMIE DES GRANDS EVENEMENTS

MONDIAUX ET NATIONAUX

I. LES DROITS TELEVISES : LE FONDEMENT ECONOMIQUE

DE LA LIGUE 1 DE FOOTBALL

Les droits télévisés sont absolument nécessaires pour le

fonctionnement des clubs de Ligue 1. Ils peuvent en effet

représenter plus de 60 % du budget d’un club de football

professionnel. Afin de mesurer cette tendance, attardons nous

sur la structure des lots à pourvoir pour diffuser cette

compétition. Lors du dernier appel d’offres mené par la Ligue

de Football Professionnelle en 2012 pour l’attribution des

droits sur la période 2012 / 2016, la décomposition des droits

était la suivante :

- 5 « Lots Premium » - (lots 1 à 5)

Diffusion en direct de l’une des quatre meilleures affiches par journée + un magazine. Ces

droits englobent l’ensemble des terminaux (TV, Internet et la continuité de service sur

les terminaux nomades). Leurs prix de réserve : 110 millions d’euros pour les lots 1 et 2,

100 pour les lots 3 et 4, et 90 pour le lot 5.

- Le lot « 100% Ligue 1» - (lot 6)

Diffusion de l’ensemble des matches de L1, dont six en direct

par journée, les quatre autres en différé + un magazine le

dimanche avant le(s) match(es) du dimanche 17h. Le lot est

exploitable par un service PPV (paiement à la séance) ou par

une chaîne de télévision classique. Prix de réserve : 90

millions d’euros minimum.

0

le nombre de lots dédiés au

Web dans les 9 présentés par

la LFP lors de son dernier

appel d’offre

62

- Un lot « NOMADE » - (lot 7)

Dédié aux terminaux mobiles et tablettes et aux écrans inférieurs à 13 pouces, le lot offre

la possibilité de regarder 100 % des matches, des extraits et des résumés à la demande.

Prix de réserve : 90 millions d’euros.

- Les lots « magazines » (lots 8 et 9)

Diffusés pendant la semaine et entre deux journées de championnat. Ces lots sont un

magazine VOD et un magazine linéaire.

Alors que l’on note la présence d’un lot spécifique dédié aux terminaux mobiles, il n’en est rien

pour le Web, intégré directement dans l’offre « Premium ». Si cette décision accroît la

concurrence entre les chaînes de télévisions classiques, elle semble dommageable pour la Ligue,

qui se prive d’une potentielle offre innovante et de l’entrée sur le marché de nouveaux acteurs.

II. UNE TENDANCE INTERNATIONALE

Cette tendance se vérifie lorsque nous regardons les chiffres qui

permettent le fonctionnement de la FIFA68 en 2010 (organisation de

la Coupe du Monde de Football). Les chiffres sont éloquents. Les

droits de diffusion médias représentent plus de la moitié du budget

de l’institution. Les ventes des droits pour ces compétitions se

concluent plusieurs mois ou années à l’avance et leurs paiements

sont répartis sur plusieurs années. Sur 2010, les ventes des droits de

diffusions TV se montaient plus de 715 millions d’euros. L’Europe

contribue fortement à renflouer les caisses de la FIFA.

III. UN MODE DE FONCTIONNEMENT RETROUVE DANS LES AUTRES SPORTS MAJEURS

Ce mode de fonctionnement fortement dépendant des droits télévisés est également retrouvé

dans d’autres grands sports. Ainsi la fédération française de rugby (équipe de France de rugby et

organisation des compétitions amateurs) dépend à 54 % des droits reçus par les partenaires et

les médias. La part des médias seuls peut être estimée entre 35 et 40 % du budget annuel total de

la fédération française de rugby69.

68 FIFA : Federation International Football Association 69 Rapport financier de la Fédération Française de Rugby, exercice du 1er Juillet 2009 au 30 juin 2010

715 millions en euros, le total des droits

de diffusion télévisés

enregistrés par la FIFA en

2010 soit 50 % de son budget

annuel

63

Du côté de la Ligue Professionnelle de Rugby (LNR), la situation est différente. Si les droits

télévisés représentent une part non négligeable du budget (environ 29 millions d’euros en 2009 /

2010 reversés aux clubs de Top 14 et de Pro D2), ces

produits ne sont pas sa principale source de

revenus70. Le budget total de la Ligue s’élevait en

effet à environ 223 millions d’euros.

Pourtant très médiatisé, le rugby voit donc la

télévision et les droits médiatiques contribuer à

moins de 15 % de son fonctionnement. Un gouffre

en comparaison des événements football

précédemment cités. Pour compenser, le

championnat de France professionnel de rugby

s’appuie sur de forts revenus générés par le

sponsoring (93,5 millions d’euros sur la saison 2009 / 2010 pour 42 % du budget) et sur la

billetterie (46 millions d’euros pour 21 % du montant total des produits).

Les derniers accords signés avec Canal + pour diffuser l’ensemble de la saison, y compris la phase

finale pour la période 2012 / 2016 portent sur un montant total de 158,5 millions d’euros. Soit

les mêmes ordres de prix et de contribution à la santé financière de l’événement que sur la

période précédente.

3. QUELLES SOURCES DE REVENUS POUR LES EVENEMENTS MINEURS ?

I. UN GOUFFRE ENTRE FOOTBALL, RUGBY ET LES AUTRES SPORTS

La différence de revenus générés par les droits télévisés est

absolument abyssale entre les sports surmédiatisés et l’ensemble

des autres sports. Prenons l’exemple d’un sport disposant d’une

certaine résonnance en France, sans pour autant être un sport

majeur : le hockey. Uniquement diffusé sur Canal + Sport, il parvient

tout de même à remplir les plus grandes salles comme Paris-Bercy

pour ses finales nationales (Coupe de France, Championnat).

Sur l’exercice comptable 201071, la fédération française de hockey

sur glace (FFHG) estimait selon son rapport de gestion (publié en juin

2011) ses produits à 3 986 741 euros. Ses recettes « partenaires » quand à elle s’élevaient à 313

402 euros, la moitié d’entre elles étaient à attribuer aux médias et donc à la télévision, la radio et

la presse papier soir environ 150 000 euros soit environ 4 % du budget global.

II. UNE MEDIATISATION QUI IMPACTE LES AUTRES SOURCES DE REVENUS

L’attractivité des événements de moins grande importance ne se ressent bien entendu pas que

sur les recettes liées aux droits télévisés. Les recettes de la vente de billets varient fortement d’un

pays à un autre et d’un sport à l’autre et sont notamment très dépendants du niveau de vie des

habitants de la région dans lesquelles sont installés les événements. La puissance d’attraction du

sport en question engendre également des ventes ou pas de produits dérivés. Cette attractivité

est bien sûr renforcée ou pas, par la diffusion du sport sur les écrans de télévision classiques.

70 Rapport de la DNACG sur l’activité financière de la LNR saison 2009 / 2010 71 http://www.hockeyfrance.com/espace-membres/assemblee-generale/assemblee-generale-704-1260.html

150 000 €

la contribution des droits

médias au budget de la FFHG

sur la saison 2010 / 2011 (4%

du budget de la fédération).

64

4. LE DEVELOPPEMENT DE SYSTEMES PARRALLELES : L’AUTO-FINANCEMENT

D’EVENEMENTS PAR LES MARQUES

Certains sports ont trouvé une première parade à leur non médiatisation avec des modes de

financements nouveaux. C’est le cas des compétitions de Freestyle et plus globalement des sports

de glisse qui ont développé un système économique assez éloigné des standards des autres

sports. Nous évoquerons cet enjeu dans la partie suivante correspondant aux C. Les événements

alternatifs : entre marques, web et sponsoring.

L’ECONOMIE DES EVENEMENTS SPORTIFS – QUE RETENIR ?

− Les événements sportifs sont financés de manière très hétérogène par les médias

traditionnels selon leur importance et leur niveau de résonnance.

− En moyenne et au niveau mondial, les droits de retransmission représentent aux

alentours de 20 % des budgets des événements sportifs.

− Les droits de diffusion des événements télévisés peuvent représenter jusqu’à plus de 50

% du budget des plus grands événements.

− Les médias sont quasiment absents des postes de revenus des événements sportifs

d’ampleur moyenne alors même qu’ils diffusent parfois la compétition.

− Des systèmes parallèles ont vu le jour pour pallier au manque de médiatisation de

certains sports.

2. ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS

Le manque de diversité des offres de programmes diffusés à la télévision qu’ils soient sportifs

ou culturels semble criant. Après avoir constaté que l’économie des événements sportifs

confirmait ce manque de diversité, nous vérifierons ou infirmerons cette tendance pour les

contenus culturels. Notre méthodologie sera la même : nous intéresser d’abord aux grands

événements puis nous focaliser sur des manifestations moins importantes.

1. LES PRINCIPAUX MODES DE FINANCEMENT DES GRANDS EVENEMENTS CULTURELS

A l’image de notre raisonnement pour le sport, nous pouvons nous attarder sur les quelques

événements culturels qui semblent attirer l’attention médiatique. Comme pour le sport ou

quelques manifestations accaparent les meilleures audiences et les plus gros investissements, le

cinéma pour la culture est le principal pourvoyeur de programmes et de temps d’antenne.

I. CANNES : A MI-CHEMIN ENTRE SUBVENTIONS PUBLIQUES

ET PRIVEES

Le budget du festival de Cannes est d’environ 20 millions d’euros72

et est réparti comme suit :

- 50 % issus de fonds publics

Les principaux financiers publics sont le Ministère de la

Culture via le Centre National de la Cinématographie avec

72 http://www.festival-cannes.fr/fr/about/factsAndFigures.html

50 %

du budget du festival de

Cannes est issu de fonds

publics

65

3 millions d'euros, la Ville de Cannes avec 5,1 millions d’euros et d’autres collectivités

territoriales comme le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d'Azur et le Conseil Général

des Alpes Maritimes.

- 50 % fournis « par les apports d'un certain nombre de groupements professionnels,

partenaires institutionnels et de sociétés privées, partenaires officiels du Festival ».

A l’inverse des événements et des institutions sportives, les chiffres versés par les

partenaires privés restent bien plus secrets mais Canal + débourserait chaque année

environ 6 millions d’euros pour couvrir de manière quasiment exhaustive la quinzaine

de Cannes.

II. LE PHENOMENE DES FESTIVALS MUSICAUX ET L’AUTO FINANCEMENT

1800 festivals étaient organisés en France en 201173. La multiplication de ces événements, liés à

toutes les formes d’expression des arts vivants a complètement bouleversé leur mode de

financement.

D’abord subventionnés par les collectivités territoriales (mairies, départements, régions, Etat) les

budgets de ces manifestations ont été fragilisés par la crise économique au cours de laquelle l’état

a tenté de réduire ses dépenses aux missions de base, mettant

souvent en difficulté les plus petites manifestations.

Le reste des financements provient essentiellement de la billetterie

de l’événement, de partenariats privés et des recettes annexes

représentées par les services entourant le festival (restauration,

boissons et dans certains cas boutique du festival).

Le sponsoring privé, « est un travail de longue haleine, plus

compliqué » explique François Floret, directeur et programmateur

de la Route du Rock (Saint-Malo, août). Pour ce festival, autofinancé

à 67% (billetterie et services annexes), la recherche de partenaires privés est un véritable

problème. La manifestation doit pour compenser, compter sur les aides perçues par les

collectivités qui représentent un « socle vital » de 21% des finances de l'événement.74

« Les marques sont souvent réticentes à investir

dans la culture, en particulier dans la musique ».

François Missonnier, directeur de Rock en Seine.

Le budget du festival de musique situé en région

parisienne qui se montait environ à 6 millions

d'euros en 2011 n’était constitué qu’environ à 10

% par des partenariats privés (SFR, Kronembourg,

Suez Environnement) alors que 17% du budget

était issu des subventions.

Les financements du festival des vieilles charrues

en 2009 (ci-contre).

Selon Le Figaro en 2011, ce festival, l’un des plus

importants en Europe, était doté d'un budget de

73 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/07/06/04016-20110706ARTFIG00689-les-festivals-tendent-la-main-vers-le-prive.php 74 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/07/06/04016-20110706ARTFIG00689-les-festivals-tendent-la-main-vers-le-prive.php

10 %

du budget du festival musical

Rock en Seine est fourni par

des partenaires privés.

66

11,5 millions d'euros financé à hauteur de 90% par des recettes propres. Les budgets alloués par

des partenaires médias sont quasiment inexistants.

Ce n’est pourtant pas faute d’attirer et d’accueillir des médias. L’édition 2009 accueillait en effet

350 journalistes et quelques 170 médias. Les partenaires et les mécènes contribuent à hauteur

de 8 % de ce budget. Sur les 82 partenaires du festival en 2009, 12 étaient des partenaires

médias selon les documents officiels du festival.

III. LES AUTRES ARTS VIVANTS

Le festival de théâtre d'Avignon, fondé en 1947 par Jean Vilar est la plus importante manifestation

du spectacle vivant en France à tous les niveaux. Autant qu’en nombre de créations qu’en nombre

de spectateurs, elle est l'une des grandes manifestations artistiques basée hors de Paris.

Malrgé un budget important de 12 millions d'euros pour l'année

201175, on peut dire que les médias sont loin d’être les principaux

animateurs de la vie du festival. En effet, leur participation

financière dans l’événement est quasiment nulle puisque le budget

du festival se décompose comme suit :

- 55% de subventions publiques (54% de l'État, 24% de la

Ville d'Avignon, 9,5 % du Département de Vaucluse, 8 % de

la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, 3,5 % de la

Communauté d'Agglomération du Grand Avignon et 1,5 %

de l'Union européenne )

- 45 % de recettes propres qui se décomposent avec la vente de billets, le mécénat, les

sociétés civiles, la recherche de partenariats et la vente de spectacles...

A noter que les investissements publics sont justifiés sur ce type de manifestation par le fait qu’ils

génèrent de lourdes retombées économiques. En 2001, elles étaient estimées à 23 millions

d'euros pour la ville d’Avignon.

2. LES PARTENAIRES MEDIAS : PAS UNIQUEMENT UN MOYEN DE FINANCEMENT

I. LE ROLE DES MEDIAS A ENVISAGER SOUS UN AUTRE

ANGLE QUE L’ACQUISITION DE DROITS DE DIFFUSION

Si les médias ne sont pas des partenaires financiers de l’événement,

ils contribuent à lui donner une envergure. Leur couverture

médiatique est en effet relativement importante, de sorte que les

médias jouent un rôle dans leur développement sans s’y investir

financièrement. Loick Royant, directeur des Veilles Charrues estime

d’ailleurs « à plusieurs dizaines de millions d'euros d'équivalent en

opérations de communication pour atteindre la notoriété actuelle

de la ville »76.

Même sans diffuser l’intégralité de l’événement, la promotion indirecte en renvoyant des images

souvent très positives pour lui permettre d’acquérir de nouveaux spectateurs a un impact

considérable sur la vie de ces derniers. Le rôle des médias ne doit donc pas être réduit à néant.

75 http://www.festival-avignon.com/fr/FestivalNumber 76 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/07/12/04016-20110712ARTFIG00654-ces-festivals-qui-dopent-l-economie-locale.php

55 %

du budget du festival

d’Avignon provient de

subventions publiques (env

6,5 millions d’euros).

Des médias d’abord là

pour relayer une

information et pas

s’engager

financièrement

67

II. PRIVILEGES ET MANQUE DE DIVERSITE, TOUJOURS

Nous avons déjà établi que seulement certaines manifestations sportives vivaient de leurs droits

de diffusion et que ce n’était pas le cas de la grande majorité d’entre elles. Ce n’est donc pas

étonnant de constater que cette tendance est également à noter sur les événements culturels. Ils

toutefois important de signaler que les budgets investis par Canal + pour le festival de Cannes ne

sont pas les mêmes que ceux engagés pour l’acquisition des droits du championnat de football.

La tendance que nous pouvons faire ressortir est donc claire. Les médias concentrent leurs

investissements sur des produits « d’appel », délaissant le reste des manifestations. Cette

tendance est toutefois à relativiser en comparaison du milieu sportif car les grands médias sont

globalement absents des budgets des événements culturels.

L’ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS – QUE RETENIR ?

− Un financement d’abord issu des subventions publiques

− Des budgets qui ont connu des érosions à cause d’une multiplication des événements et

d’un contexte économique défavorable.

− Des médias plus relayeurs d’une information que des partenaires financiers.

− Des financements privés inconséquents.

− Une absence de droits de diffusion pour l’immense majorité des manifestations.

− Au delà des droits, des diffusions des événements parfois insuffisantes.

C. LES EVENEMENTS ALTERNATIFS : ENTRE MARQUES, WEB ET SPONSORING

Pour exister médiatiquement lorsque leurs budgets ne sont pas extrêmement importants,

certains événements optent pour une autre voix : celle du sponsoring intégral par une marque.

Cette logique est parfois poussée à l’extrême, la marque prenant en charge la création et

l’organisation de l’événement dans son intégralité.

Qu’il soit officiel (inscrit dans le cadre des compétitions affiliées à des fédérations) ou une simple

mise en avant de la marque via un événement basé sur une performance sportive, ce

développement économique que l’on pourrait qualifier de « parallèle » est de plus en plus

fréquent et a trouvé une nouvelle forme de résonnance sur le Web. Cet impact est renforcé par la

conquête de communautés de fans ou de suiveurs engagés et dévoués.

1. L’ECONOMIE PARRALLELE DES SPORTS DE GLISSE

Le modèle économique des sports de glisse, basé sur une prise de responsabilité totale des

marques dans l’organisation et la création d’événements du circuit professionnel national ou

international, est décliné sur l’ensemble des sports de glisse dits « freestyle ». Ces sports, dont la

pratique résulte aussi d’un certain mode de vie, sont du pain béni pour les marques essayant de

toucher des communautés précises. En créant un contact direct via l’événement avec des

consommateurs souvent prêts à s’engager de manière assez forte, les marques « s’offrent » une

nouvelle relation avec eux.

I. DES EVENEMENTS DONT L’ORGANISATION INCOMBE ENTIEREMENT AUX MARQUES

68

De nombreuses marques représentant l’univers de ces sports aux communautés de fans engagées

financent donc les événements principaux du circuit professionnel, les épreuves allant même

jusqu’à porter le nom des marques. Les championnats de France 2011 de surf par exemple se

nommaient « Les championnats de France Franklin Marshall ». Dans ce cas, la marque organise

entièrement la compétition, rémunère les sportifs vainqueurs et accueille le public pour un

spectacle basé sur la performance sportive, un mode de vie et une omniprésence de la marque.

Dans la même optique, l’épreuve française des championnats du monde de la discipline se

déroulant à Lacanau est organisée par la marque de vêtements spécialisée Soöruz pour un

événement intitulé le « Soöruz Lacanau Pro ».

Ces événements se créent donc un modèle économique au départ totalement indépendant des

droits télévisés et des retransmissions sur les médias classiques, ce qui ne les empêchent pas

d’obtenir ensuite un succès et un intérêt de la part de ces médias.

Pour faire fonctionner ce modèle économique parallèle, les marques rythment également la vie

quotidienne des sportifs en les sponsorisant. Ces derniers n’ont souvent pas d’autres sources de

revenus que les récompenses acquises grâce à leurs résultats et donc les contrats qu’ils

parviennent à conclure avec les marques, ce qui leur permet de ne pas avoir à rechercher un

appui médiatique classique fort.

II. LES MARQUES EDITRICES DES CONTENUS

La vie de ces sports est donc quasiment entièrement rythmée par les marques. Cette affirmation

est d’autant plus réelle et forte que ce sont ensuite ces dernières qui produisent les images des

contenus liés à ces événements puis les relayent pour une indépendance encore plus forte vis à

vis des médias classiques.

Les contenus favorisés par ces marques sont des vidéos de haute qualité mettant en scène des

sportifs dans des situations de sport en dehors des compétitions officielles et donc non basés sur

la simple performance sportive. Ces contenus diffusés en ligne, faciles à consommer, sont mis

aux couleurs des marques et ont trouvé une nouvelle résonnance avec l’explosion de la

consommation de vidéos sur le Web.

III. AMBIGUÏTE ENTRE ADHESION FORTE DES SUIVEURS ET L’ABSENCE DE TRAITEMENT

MEDIATIQUE PAR LES GRANDS MEDIAS

Si les suiveurs de ces sports sont réputés pour leur fidélité et leur implication dans le suivi des

épreuves et dans leurs investissements permanents pour suivre ces modes de vie, nous pouvons

noter un véritable décalage avec

sont à la fois très peu diffusées et très peu exploitées en France.

Cette absence d’intérêt semble toutefois évoluer.

à ces sports (http://www.e-adrenaline.fr/

Winter X Games Europe, le plus gros événement annuel de ski et snowboard free

qui se déroulait à Tignes. Lié

épreuves en direct commenté

à l’événement (cf. en annexe

2. MARQUES ET CREATIONS DE CONT

Ces événements trouvent également

parfois une résonnance alors qu’ils

sont isolés de toutes compétition

officielles, tirant leur légitimité de la

simple puissance des valeurs de la

marque ou de la singularité de

manifestation en question.

C’est le cas de L’Eroica, course

cycliste amateur qui a trouvé une

certaine résonnance sur le Web.

Organisée par la marque «

Sportif », la course fait écho à une

réelle épreuve cycliste créée en 2007 qui se déroule en Toscane et

dérouler en partie sur des routes de terre.

pour les amateurs à condition que ceux

000 cyclistes amateurs avaien

possibilité de fédérer autour de ce type d’évènements.

LA CREATION DE SYSTEME

− Des marques investies dans l’organisation d’événements

− Des marques à la fois

bénéficient de l’explosion de la consommation de contenus vidéo sur le Web.

− Les vies du circuit et des professionnels de ces sports totalement liées

− L’absence étonnante du monde des médias classiques

d’implication des suiveurs

− Les nouvelles formes de consommation vidéos ont boosté l’attractivité et la capacité de

séduction de ces sports

noter un véritable décalage avec leur traitement par les grands médias. Ces

sont à la fois très peu diffusées et très peu exploitées en France.

Cette absence d’intérêt semble toutefois évoluer. Le groupe L’Equipe vient de lancer un

adrenaline.fr/) et Canal + a diffusé en ligne via un site spécial les

, le plus gros événement annuel de ski et snowboard free

Lié à celui du groupe Canal +, le site offrait la possibilité

épreuves en direct commenté et d’avoir un accès à certaines informations et vidéos annexes liées

à l’événement (cf. en annexe 11 le détail du site).

ET CREATIONS DE CONTENUS ON-LINE

Ces événements trouvent également

parfois une résonnance alors qu’ils

sont isolés de toutes compétitions

tirant leur légitimité de la

simple puissance des valeurs de la

marque ou de la singularité de la

C’est le cas de L’Eroica, course

cycliste amateur qui a trouvé une

certaine résonnance sur le Web.

la marque « Le Coq

, la course fait écho à une

réelle épreuve cycliste créée en 2007 qui se déroule en Toscane et dont la particularité est de se

dérouler en partie sur des routes de terre. La marque a repris ce concept en la rendant accessible

pour les amateurs à condition que ceux-ci concours avec un vélo datant d’avant 1987.

000 cyclistes amateurs avaient fait le déplacement en Toscane pour l’édition 2011, prouvant la

possibilité de fédérer autour de ce type d’évènements.

MES PARALLELES – QUE RETENIR ?

Des marques investies dans l’organisation d’événements liés au circuit professionnel

Des marques à la fois productrices et diffuseurs des contenus liés à ces événements

bénéficient de l’explosion de la consommation de contenus vidéo sur le Web.

Les vies du circuit et des professionnels de ces sports totalement liées

L’absence étonnante du monde des médias classiques pour ces sports dont les taux

d’implication des suiveurs sont relativement forts.

nouvelles formes de consommation vidéos ont boosté l’attractivité et la capacité de

séduction de ces sports et rapprochés leurs suiveurs.

69

Ces disciplines en effet

Le groupe L’Equipe vient de lancer un site dédié

Canal + a diffusé en ligne via un site spécial les

, le plus gros événement annuel de ski et snowboard freestyle européen

le site offrait la possibilité de suivre les

s informations et vidéos annexes liées

dont la particularité est de se

La marque a repris ce concept en la rendant accessible

ci concours avec un vélo datant d’avant 1987. Plus de 2

t fait le déplacement en Toscane pour l’édition 2011, prouvant la

au circuit professionnel.

productrices et diffuseurs des contenus liés à ces événements, qui

bénéficient de l’explosion de la consommation de contenus vidéo sur le Web.

Les vies du circuit et des professionnels de ces sports totalement liées aux marques.

pour ces sports dont les taux

nouvelles formes de consommation vidéos ont boosté l’attractivité et la capacité de

70

L’ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS ET SPORTIFS - 10 IDEES CLES

1. Les événements sportifs sont financés de manière très hétérogène par les médias

traditionnels selon leur importance et leur niveau de résonnance.

2. En moyenne au niveau mondial, les droits de retransmission des événements sportifs

représentent 20 % de leurs budgets pour un montant total de plus de 25 milliards de

dollars par an.

3. Les droits de diffusion des événements télévisés peuvent représenter jusqu’à plus

de 50 % du budget des plus grands événements. Cette dépendance vis-à-vis de la

télévision pourrait s’avérer problématique pour appréhender les nouveaux médias,

les nouveaux supports et les nouvelles formes de revenus générés par ces mêmes

médias et supports.

4. Les médias sont quasiment absents des postes des revenus des événements sportifs

d’ampleur moyenne alors même qu’ils diffusent parfois les compétitions.

5. Les événements culturels sont d’abord financés par des subventions publiques.

Même le Festival de Cannes, sorte d’exception parmi les manifestations culturelles

attire de nombreux partenaires privés est financé à 50 % par des finances d’état.

6. La multiplication de ces manifestations dans un contexte économique défavorable

met en péril certaines d’entre elles, menacées par la frilosité des partenaires privés

et la réduction des dépenses de l’état et des collectivités en temps de crise

économique.

7. Des médias plus relayeurs d’une information que de véritables partenaires

financiers pour la majeure partie des événements culturels.

8. Au-delà des droits, des diffusions des événements parfois insuffisantes. Si les médias

permettent à l’événement d’étendre la notoriété de certains événements culturels, ils

ne sont que très peu diffusés dans leur intégralité.

9. Des systèmes de fonctionnement parallèles développés pour les sports et certains

événements moins médiatisés. Les marques s’investissent dans l’organisation

d’événements reliés aux circuits professionnels à la fois comme organisatrices,

productrices et diffuseurs des contenus liés à ces événements.

10. La consommation de vidéos sur le Web a boosté l’attractivité de certaines offres

« parallèles ». La capacité de séduction de ces sports pourrait être vraiment décuplée

par ces nouveaux supports.

71

D. Quelles solutions ?

1. S’adapter aux nouveaux types de contenus

2. Bousculer les habitudes

des chaînes

3. Les réseaux sociaux et de

nouveaux partenaires :

impliquer et créer un

nouveau genre de

consommation

4. L’intérêt nouveau des

grands acteurs du Web pour

les événements

72

D. QUELLES SOLUTIONS ENVISAGEES ?

Nous l’avons suffisamment soutenu : les chaînes, les directions des événements culturels et

sportifs, vont clairement devoir faire des nouveaux médias et des nouvelles habitudes de

consommation des contenus vidéo un enjeu stratégique extrêmement fort. Si nous avons fait

ressortir des tendances de consommation, il est clair que nous devons désormais envisager

certaines solutions pour adapter une stratégie médiatique à ces nouveaux usages.

Afin d’élargir nos perspectives, nous ne nous focaliserons pas uniquement sur des propositions

destinées aux organisations de manifestations sportives et culturelles mais également à des

actions envisageables du point vue des médias dits « classiques » afin d’envisager sous un angle

nouveau la diffusion de ces événements. Afin de ne pas nous perdre dans des solutions

techniques, nous nous attarderons sur des lignes de conduite à adopter, des grandes orientations

qui devraient voir le jour sous peu ou dont l’activité déjà existante devrait être accentuée.

1. S’ADAPTER AUX NOUVEAUX MODES DE CONSOMMATION DES CONTENUS VIDEO

Les chaînes de télévisions et les organisations d’événements devront s’adapter aux nouvelles

habitudes de consommation de leurs spectateurs. Cette tendance pourrait représenter une

chance pour les événements et pour certaines chaînes de conquérir un public nouveau, mais aussi

comme une véritable menace pour l’activité des acteurs qui n’anticiperont pas assez ces

tendances.

1. SAISIR UNE OPPORTUNITE, ANTICIPER UNE MENACE

Nous l’avons vu dans les parties précédentes, la tendance est à une numérisation des contenus

vidéo et à une progression forte de leur consommation. La consommation de vidéos des français

sur le Web croit à une vitesse plus que significative et aucune donnée ne laisse présager à un

ralentissement de cette pratique. Accroître sa notoriété et sa capacité d’attraction via cette

opportunité est désormais un devoir pour les chaînes et les événements.

Ce que nous présentons comme une opportunité est également

une véritable menace. Manquer ce virage, pour une manifestation

comme pour une chaîne de télévision pourrait signifier à moyen ou

long terme une véritable perte d’influence et un danger pour son

activité. Définir une stratégie de programmation spécifique au Web

et ne pas établir une simple présence sur ce média représente

désormais une nécessité absolue. Il ne serait donc pas étonnant

d’assister à une explosion de l’offre dans les prochains mois.

I. UNE DIFFUSION DES IMAGES RENDUE FACILE PAR LE WEB

Si les événements ne bénéficiaient jusqu’alors pas des supports pour

diffuser les images de leur activité à un public nouveau, elles se

voient aujourd’hui offrir les moyens de le faire avec facilité. Les solutions ne manquent pas :

plateformes de partage de vidéos en direct ou en différé, sites propres avec players accessibles à

tous, relais sur les réseaux sociaux (Facebook permet désormais de créer sa propre chaîne afin de

Définir une stratégie de

programmation spécifique

au Web. Une simple

présence ne suffit pas.

73

diffuser en live des contenus vidéos), nouvelles plateformes permettant de consommer de

l’information et des contenus vidéos, toutes ces opportunités doivent être saisies.

II. VERS DES PARTENARIATS ET DES RENFORCEMENTS DES LIENS ENTRE EVENEMENTS ET

MEDIAS CLASSIQUES ?

Les chaînes pourraient largement trouver leur compte dans cette

démarche grâce à leur savoir-faire en matière de production

d’images, à la puissance de leurs réseaux et à l’attractivité de leurs

plateformes. Une grosse partie des événements pourraient tirer

profit de ces opportunités par des accords « gagnants-gagnants », les

chaînes permettant une meilleure exposition des manifestations

sans pour autant devoir faire des sacrifices de programmation.

Pour le sport de haut-niveau et certains événements culturels de

valeur mondiale, la question est plus difficile à envisager. La question

des droits de rediffusion pose un véritable problème. Ces droits sont de plus, souvent déjà acquis

et sécurisés par les chaînes pour plusieurs années. A moins que ces chaînes rendent ces

événements accessibles sur le Web, l’offre en direct de ces événements pourrait bien ne pas

éclore avant un certain temps.

2. DEMULTIPLIER UNE PRESENCE SUR L’ENSEMBLE DES ECRANS ET INVENTER DE

NOUVEAUX CONTENUS POUR ACCENTUER L’EXPERIENCE CONSOMMATEUR

I. PENSER DES OFFRES MULTI-SUPPORTS

Les événements dans leur développement médiatique vont bien

entendu devoir prendre en compte l’ensemble des supports qui

permettent la consommation des contenus.

L’écran d’ordinateur, mais aussi la tablette et le téléphone sont déjà

des objets d’intérêts forts pour les acteurs des médias. Ils doivent

aussi le devenir pour les événements et clairement apparaître dans

les stratégies médias.

Ainsi pour une exposition optimale de l’événement, il est désormais

inenvisageable de penser une diffusion live des événements sans

prendre en compte les différents paramètres permettant à ces contenus d’obtenir une

résonance sur l’ensemble des supports potentiellement utilisables pour le consommer. Cette

tendance doit être étoffée par de nouveaux contenus, permettant de compléter l’expérience de

consommation sur l’ensemble de ces supports.

II. SUSCITER L’INTERET PAR DE NOUVEAUX TYPES DE CONTENUS

− Donner à l’événement une valeur ajoutée en impliquant le téléspectateur

La vocation première de ces nouveaux outils est de compléter l’offre de l’écran de télévision

classique. France Télévisions a compris ce principe et a décidé d’inscrire le téléspectateur au

cœur de certaines de ses émissions en direct. Ainsi, l’émission « Mots croisés » du 16 avril

2012, permettait aux téléspectateurs d’interroger en direct les candidats à la présidentielle

2012 sur certains thèmes. Cette possibilité était offerte via le réseau social Facebook et une

Le Web : exposer les

événements sans prendre de

risques au niveau de la

programmation pour les

chaînes

Adapter la production des

contenus à l’ensemble des

nouveaux supports

74

plateforme qui donnait aux Internautes l’opportunité de poser leurs questions et de réagir

via des commentaires. Cette offre a généré 2 800 questions et 8 000 commentaires sur la

plateforme lors des 2 heures et 15 minutes de débat entre les candidats.77 Il est à noter que

l’application était disponible sur l’ensemble des plateformes évoquées jusqu’à présent.

− Proposer de nouveaux types de contenus liés aux événements

Ces nouveaux contenus peuvent aussi être liés aux à-côtés de l’émission lorsque ceux-ci sont

dignes d’intérêt. La retransmission d’images de coulisses, qui permettrait aux téléspectateurs

de vivre leur expérience avec un artiste différemment ou des contenus retransmis depuis

l’intérieur du stade pourraient remplir un rôle important, permettant à une partie du public

de vivre plus intensément les émotions suscitées par l’événement.

- Etablir des liens entre les différents contenus vidéo

Consommer un contenu doit encourager l’Internaute à se porter vers des vidéos

supplémentaires, qu’elles soient liées à l’événement en question ou à des événements de

même type. Cette pratique est celle qui est d’ores et déjà la mieux exploitée par les chaînes,

sous plusieurs formes différentes : interviews des acteurs principaux de l’événement,

témoignages de téléspectateurs ou même des renvois vers des événements similaires sont

des sujets qui peuvent permettre une vision nouvelle des événements, différente de celle de

l’écran de télévision classique.

- Le contenu écrit ne signifie pas l’absence d’interactivité

La vocation du web est d’abord de privilégier l’interactivité et la rapidité d’accès aux

informations. Cet enjeu doit clairement se traduire dans l’offre des chaînes qui ont fait de

leur activité sur le Web un enjeu stratégique. Ainsi des contenus annexes liés aux

événements retransmis (statistiques en direct, fiches de joueurs sur les événements sportifs,

actualités des clubs ou des artistes et des informations complémentaires sur le contenu

regardé par l’Internaute) devront être ajoutés pour compléter l’expérience du spectateur

sans pour autant le détourner du contenu principal. C’est ce que fera France Télévisions dès

2012 avec la plateforme dédiée à Roland Garros et aux Jeux Olympiques, proposant des

statistiques en direct et même un article relatant la rencontre quelques minutes après la

diffusion (cf. interview Cecilia Ocampos en annexe 1). Si les capacités techniques le

permettent, ces contenus doivent être mis à disposition dans la mesure du possible sur la

même page que le player pour ne pas perturber le visionnage du contenu.

77 http://www.brainsonic.com/france-televisions-soffre-un-tour-de-chauffe-pour-la-presidentielle-2012-2012-04-21/

75

3. ANTICIPER ET PROLONGER L’EVENEMENT

Au-delà d’une simple diffusion live de l’événement, il est clair que les stratégies de diffusion et de

communication des manifestations vont devoir s’adapter aux nouvelles opportunités offertes par

le Web. L’événement doit désormais avoir une vie médiatique avant et après sa durée de vie

effective et permettre de vivre l’expérience de la manière la plus complète sur le moment.

I. ANTICIPER L’EVENEMENT ET SUSCITER L’ATTENTE

Créer l’événement en amont de la tenue de la manifestation.

C’est l’un des challenges qui est proposé aux directions des

événements et qui est rendu beaucoup plus envisageable grâce au

Web : créer de nouvelles occasions de communiquer pour faire

vivre l’événement.

Par l’annonce des programmations en direct sur les festivals, la

retransmission des conférences de presse d’avant match pour les

clubs professionnels ou des contenus liés aux préparatifs des

événements, les organisations vont désormais devoir redoubler d’efforts pour exister sur une

période plus longue que la durée effective de la manifestation.

Créer l’événement en annonçant la programmation avec l’appui de

médias partenaires : la stratégie payante des Vieilles Charrues. Le

festival des Vieilles Charrues a compris cet enjeu et fait chaque

année l’annonce des plus grands noms de sa programmation en

direct et en streaming sur le Web.

Sur Facebook, le site du festival ou sur les sites de ses partenaires

médias, cette annonce permet de susciter un engouement bien

avant sa tenue. La vidéo « bande-annonce » du festival en 2011,

récoltait d’ailleurs 120 000 vues sur YouTube, 90 000 de ces vues

étant réalisées le premier jour de la mise en ligne, le 12 avril 201178.

II. POURSUIVRE LA RELATION AVEC SES SPECTATEURS EN AVAL

Pour espérer fidéliser un public, l’événement a besoin de créer une relation qui dépasse le cadre

de sa vie commune avec son public le temps de celui-ci. S’ils doit exister en amont, cette nécessité

existe aussi après la manifestation. Le spectateur qui a vécu et ressenti des émotions au cours de

l’événement, que ce soit au cœur de ce dernier ou devant un écran devra avoir accès à une offre

lui permettant de revivre cette expérience a posteriori.

Pour cela, poster des contenus de bonne qualité relatant les meilleurs moments de l’événement

labélisés par la manifestation elle-même, intégrer les spectateurs à cette démarche en leur

proposant d’ajouter leurs propres contenus pourront être des éléments qui feront la différence.

Ils toucheront à la fois les spectateurs ayant assisté à l’événement et permettront de recruter

de nouveaux publics séduits par leur expérience à distance.

Les médias traditionnels peuvent bien entendu avoir un rôle à jouer dans ces étapes en

produisant ces contenus et en les relayant sur leurs propres plateformes. C’est un processus

gagnant - gagnant qui pourrait ainsi être mis en place. Ces collaborations offriraient en effet une

78 Statistiques YouTube.

120 000

le nombre de vues

enregistrée par la « bande-

annonce » des Vieilles

Charrues en 2012

Le consommateur doit

désormais prendre part au

déroulement de l’événement

dans son intégralité

nouvelle notoriété nouvelle à des contenus novateu

« traditionnelle » des chaînes sur

4. OFFRIR DES CONTENUS D’UNE QUALITE NOU

Nous l’avons vu, les chaînes de télévision se doivent de se différencier par une qualité de

contenu différente de celle des grandes plateformes de partage de vidéo

dans une simple retranscription des programmes vus à l’antenne. Ce qui représente pour le

moment la quasi-intégralité de leur offre sur le Web.

C’est aussi pour cette qualité,

étoffer leur stratégie médias.

donnée qui pourrait sur le moyen ou

diversité de l’offre proposée par l’ensemble des événements

L’

devrait

doivent pas laisser les grands acteurs

créneau sous peine de voir leur influence se dégrader

Cette qualité supérieure de contenus

un

monde télévisé

moyenne de la durée d’écoute sur les 15 plus grands players de

chaque vidéo.

Sur une durée d’écoute moyenne située aux alentours de 4,8 minu

par vidéo, il apparait que les groupes issus de la télévision classique obtiennent des performances

largement supérieures à celle des autres acteurs.

Cette donnée révèle deux tendances

- L’implication de l’Internaute n’est

proposés.

- La tendance à un phénomène de zapping et de consommation très rapide des contenus

n’est pas valable lorsque le contenu est qualitatif

4 minutes 47 secondes

la durée d’écoute moyenne

par vidéo des 15 plus grands

« Brand Players »

nouvelle notoriété nouvelle à des contenus novateurs sans chambouler

des chaînes sur l’écran de télévision.

US D’UNE QUALITE NOUVELLE SUR LE WEB

es chaînes de télévision se doivent de se différencier par une qualité de

de celle des grandes plateformes de partage de vidéo, et cela

dans une simple retranscription des programmes vus à l’antenne. Ce qui représente pour le

intégralité de leur offre sur le Web.

cette qualité, que les événements ont intérêt à se tourner vers ces acteurs pour

étoffer leur stratégie médias. La qualité supérieure des contenus générée par les chaînes est une

donnée qui pourrait sur le moyen ou le long terme faire une différence face à

ersité de l’offre proposée par l’ensemble des événements.

L’opportunité à saisir quant à la diffusion de ce type de programmes

devrait rapidement devenir une nécessité pour

doivent pas laisser les grands acteurs du Web s’installer sur

créneau sous peine de voir leur influence se dégrader

Cette qualité supérieure de contenus se traduit pour le moment par

une durée d’écoute par vidéo plus longue chez les acteurs du

monde télévisé. Le graphique ci-dessous présente les écarts à la

moyenne de la durée d’écoute sur les 15 plus grands players de

chaque vidéo.

Sur une durée d’écoute moyenne située aux alentours de 4,8 minutes (4 minutes et 47 secondes)

par vidéo, il apparait que les groupes issus de la télévision classique obtiennent des performances

largement supérieures à celle des autres acteurs.

Cette donnée révèle deux tendances :

L’implication de l’Internaute n’est pas la même selon les plateformes et les contenus

La tendance à un phénomène de zapping et de consommation très rapide des contenus

n’est pas valable lorsque le contenu est qualitatif.

76

rs sans chambouler l’activité

es chaînes de télévision se doivent de se différencier par une qualité de

, et cela sans tomber

dans une simple retranscription des programmes vus à l’antenne. Ce qui représente pour le

se tourner vers ces acteurs pour

La qualité supérieure des contenus générée par les chaînes est une

face à la masse et la

à saisir quant à la diffusion de ce type de programmes

rapidement devenir une nécessité pour les chaînes qui ne

du Web s’installer sur ce

créneau sous peine de voir leur influence se dégrader.

se traduit pour le moment par

chez les acteurs du

dessous présente les écarts à la

moyenne de la durée d’écoute sur les 15 plus grands players de

tes (4 minutes et 47 secondes)

par vidéo, il apparait que les groupes issus de la télévision classique obtiennent des performances

et les contenus

La tendance à un phénomène de zapping et de consommation très rapide des contenus

77

Nous pouvons donc imaginer que les acteurs classiques de la télévision arrivés sur le net ont tout

intérêt à continuer dans la voie du contenu qualitatif pour se démarquer des autres acteurs. Nous

devons noter que cette pratique est totalement compatible avec la diffusion de contenus type

événements sportifs et/ou culturels, d’autant que ces chiffres laissent envisager que ces

contenus pourraient être consommés dans leur intégralité.

5. PEU D’OPPORTUNITES A SAISIR POUR LES EVENEMENTS SUR LA CONSOMMATION

DELINEARISEE ?

La consommation de contenus en différé est un enjeu majeur pour les chaînes. Nous l’avons vu

tout à l’heure, cette pratique risque fort de se démocratiser, les stratégies des chaînes doivent

donc dès à présent être claires et établies. Certains facteurs doivent

être pris en compte, comme la résistance de l’intérêt des contenus

par rapport au temps. Ces questions touchent également les

manifestations culturelles et sportives, qui sont très impactées par

les écarts de temps entre consommation live et en différé.

− Les événements : un rapport au temps très hétérogène

Les différents contenus proposés en télévision de rattrapage

ont un rapport au temps extrêmement différent les uns des

autres. Un contenu fortement lié à l’actualité (Journaux

Télévisés, contenus événementiels sportifs) ont une vocation à

être consommé dans l’instant ne sont pas voués à surperformer sur les plateformes de

télévision de rattrapage. Ces contenus devront donc faire l’objet d’approches différentes en

proposant des contenus annexes comme les résumés ou les best of. Certains événements

culturels eux moins impactés par le temps, pourraient y trouver un intérêt plus direct.

Si pour le moment, la télévision de rattrapage est vue comme une sorte de béquille pour des

programmes ayant déjà réalisé de bonnes performances en live, les chaînes auront l’occasion

de se différencier par la mise en avant de contenus différents. Montrer un autre visage,

pourquoi pas plus qualitatif ou mettre en avant une autre partie de la programmation seront

des opportunités pour les chaînes.

− Côté chaînes, normer les usages pour aider le téléspectateur à réguler ses pratiques en

matière de télévision de rattrapage

Les pratiques des chaînes concernant ces pratiques liées à la télévision de rattrapage vont

devoir trouver un cadre pour permettre aux téléspectateurs de prendre ses marques. Une

règle semble se dégager pour le moment : celle de l’offre de visionnage du contenu pendant

7 jours après sa diffusion en live. La question n’est pas celle de la remise en question de cette

norme mais de son application à l’ensemble des contenus, y compris pour les événements

culturels et sportifs. A partir de 7 jours, les chaînes peuvent envisager de faire basculer leurs

programmes sur une offre VOD afin de ne pas tirer une croix sur les contenus. Les offres

publicitaires qu’elles soient sur l’écran de télévision classique ou sur le Web devront

également être normées pour faciliter la consommation des contenus par les Internautes,

pour le moment perdus par une très grande hétérogénéité des offres proposées. Ces

questions devront être résolues avant de proposer de nouveaux contenus, y compris les

retransmissions de manifestations culturelles et sportives.

S’ADAPTER AUX NOUVEAUX MOYENS DE CONSOMMATION DES CONTENUS - QUE

RETENIR ?

Diversifier son offre en

mettant en avant des

contenus différents sur les

plateformes de télévision de

rattrapage

78

− Saisir l’opportunité numérique pour ressortir de la masse des événements déjà en place.

− Les événements doivent approcher les médias classiques et envisager des partenariats

Web pour profiter de la puissance des players des chaînes sans demander une diffusion

contraignante pour les chaînes sur les antennes classiques.

− Pour les chaînes, envisager ces partenariats comme une garantie du maintien de

l’activité à long terme.

− Profiter de la qualité supérieure des contenus proposés par les acteurs issus du monde

de la télévision pour le tourner en véritable avantage concurrentiel.

− Assurer une présence sur l’ensemble des supports susceptibles d’apporter une plus-value

à la stratégie médias.

− Faire vivre l’événement en amont et en aval de la durée effective de la manifestation.

− L’Internaute, que l’on décrit souvent comme volatile est capable de rester plusieurs

dizaines de minutes devant un contenu : un espoir pour envisager des consommations

d’une diffusion d’un événement entier.

− La pertinence des contenus additionnels que les événements et les chaînes arriveront à

proposer sous quelque forme que ce soit rendra différente ou pas la consommation de

l’événement par le spectateur.

− Envisager la création de contenus destinés à une consommation en différé.

2. BOUSCULER LES HABITUDES DES CHAINES

Si le public attend des chaînes une étendue de leurs activités à d’autres supports pour obtenir une

expérience plus intense et plus complète des événements déjà diffusés, il est aussi dans l’attente

d’une plus grande diversité des offres proposées par les chaînes.

1. ENVISAGER LA DIFFUSION DE NOUVEAUX TYPES D’EVENEMENTS

I. VOIR LES « GRANDS » SPORTS SOUS UN AUTRE ANGLE

Proposer de nouveaux contenus peut s’avérer payant. Comme

nous l’avons vu dans notre première partie, l’exemple des « autres »

footballs prouve que la diffusion d’un contenu moins classique peut

également amener à une montée d’enthousiasme. Ainsi Direct 8 et

sa programmation du mondial de football féminin a récolté les fruits

d’une offre qui dépassait les simples standards du football européen

masculin.

Ce sentiment de nouveauté et de fraicheur a offert des records à la

chaîne et notamment celui du record historique des nouvelles

chaînes de la TNT avec 2 430 000 téléspectateurs et 17,4% de part d'audience (demi-finale France

vs Etats-Unis). Depuis les performances d’audience des rencontres féminines n’ont pas faibli et les

matchs qualificatifs des Bleues à l'Euro 2013 ont séduit en 2011 entre 720.000 et 940.000 fans

chacun.79

II. FAIRE DE LA PLACE A DES SPORTS NOUVEAUX

79 http://www.lefigaro.fr/sport-business/2011/10/12/04014-20111012ARTFIG00748-le-foot-feminin-booster-d-audience-pour-direct-8.php (Sources Médiamétrie)

29,3 %

la Pda de la finale des CDM

de handball en fin d’après-

midi en janvier 2011.

79

En janvier 2012 se déroulaient les championnats d’Europe de handball. Canal + Sport a alors battu

des records pour ce sport, malgré les mauvaises performances de l’équipe de France. La chaîne

thématique du groupe Canal + réunissait par exemple 711 00080 abonnés pour le dernier match

du premier tour de l’Euro (meilleure audience historique du Handball hors finales et demi-finales).

Lors de la finale des championnats du Monde fin janvier 2011, 5,5 millions de téléspectateurs

étaient massés le dimanche en fin d’après-midi devant leur télévision pour établir une Pda de

29,3 %. La rencontre boostait également le programme dédié au sport qui suivait la diffusion.

Malgré ces performances, les grandes chaînes restent frileuses à

s’ouvrir à ce type de sports et à une sorte de demande exprimée par

les téléspectateurs avec les audiences enregistrées sur les chaînes

thématiques et lors de leurs rares diffusions sur les chaînes

historiques.

Sans aller jusqu’à démocratiser les diffusions de ces sports sur les

grandes chaînes du groupe, nous pourrions imaginer des diffusions

plus régulières (ensemble des compétitions internationales, finales

des championnats nationaux), l’étendue de cette pratique à d’autres

sports et surtout la constitution d’une offre solide pour ces sports sur le Web. Car si les chaînes

continuent d’être frileuses à l’idée de programmer ces événements à l’antenne, pourquoi ne pas

faire le pari d’une diffusion sur un autre support ?

2. LES OUBLIES DE L’ANTENNE

I. PRENDRE DES RISQUES EN MATIERE DE PROGRAMMATION, DIVERSIFIER L’OFFRE

Au delà de la diffusion plus régulière de sports obtenant des audiences intéressantes, les chaînes

pourraient également prendre plus de risques en décidant de mettre à l’antenne des sports sous

médiatisés.

Ce genre de stratégie pourrait s’avérer efficace de manière occasionnelle et accorderait très

certainement aux chaînes une valeur-ajoutée en termes d’image auprès des téléspectateurs. Se

concentrer sur certains sports peu médiatisés en France ne voudrait de plus pas forcément

signifier des audiences de mauvaise qualité. L’exemple de W9 et du Superbowl que nous avons

étudié précédemment en est la preuve.

En effet, nous pourrions envisager par exemple qu’un sport comme

le Hockey sur glace, dont la télégénie est évidente, qui obtient des

scores de premier plan outre-Atlantique et qui parvient à rencontrer

des succès populaires lors de ses événements nationaux soit mis en

avant. Cet exemple est d’autant plus intéressant qu’il pourrait

obtenir un véritable souffle avec sa candidature à l’organisation des

championnats du monde de la discipline en 2017.

Nous pouvons également nous étonner qu’aucune grande chaîne ne

saisisse réellement l’opportunité de diffuser des disciplines dont les

nombres de licenciés sont importants. Ainsi l’équitation (650 000

licenciés en 2009, 3ème fédération française), le Judo (575 000 licenciés en 2009, 4ème fédération)

même si ce sport fait de rares apparitions sur France Télévisions ou encore le Golf (422 000

80 http://enpleinelucarne.net/2012/01/hand-euro-2012-record-daudience-969

575 000

le nombre de licenciés de la

fédération française de Judo,

4ème fédération pour moins

de 8 heures de diffusion sur

les chaînes de la TNT en 2010

Oser

sur le Web une

programmation plus difficile

à envisager à l’antenne

80

licenciés en 2009, 6ème fédération) sont quasiment exclusivement diffusés sur des chaînes

thématiques et semblent incompréhensiblement « oubliés » par les chaînes historiques.

III. QUID DES GRANDS FESTIVALES MUSICAUX D’ETE ?

En matière de culture aussi, des efforts sont à faire pour diffuser des contenus novateurs et

différents des standards imposés à l’heure actuelle. Nous avons vu qu’en dehors du cinéma et de

quelques émissions de variétés très stéréotypées, les volumes de diffusion étaient terriblement

réduits et peu diversifiés. Si les politiques de programmation sont parfois difficiles à mener sur les

plus grandes chaînes, il est clair que tous les efforts pour installer la culture à l’écran ne sont pas

toujours réalisés.

Or certains éléments de la culture populaire pourraient trouver une place à la télévision, y

compris sur les chaînes principales à des heures de grande écoute. La retransmission des grands

festivals de musique qui ont une puissance d’attraction forte (nombreuses figures de la scène

nationale et / ou internationale) pourrait exercer une fascination sur les téléspectateurs. Encore

une fois, si les efforts pour une diffusion à l’antenne de ces événements semblent trop difficiles à

faire pour les chaînes, les diffusions sur le Web sont bien plus abordables.

BOULEVERSER LES HABITUDES DES CHAINES - QUE RETENIR ?

− Envisager la diffusion de nouveaux contenus à l’antenne. Certains événements sont

incompréhensiblement laissés de côtés (sports majeurs, festivals).

− Pour le sport, ces prises de risques peuvent être multiples (sports moins médiatisés mais

au grand nombre de licenciés, sports fortement médiatisés à l’étranger, aborder les sports

majeurs sous des angles différents).

− Pour la culture aussi des efforts sont à mener même si les pressions en termes

d’audiences peuvent être plus compliquées à gérer. Des manifestations alliant culture de

masse et attractivité comme les festival musicaux pourraient obtenir des résultats.

− Le Web semble s’imposer de plus en plus comme la solution la plus évidente pour

envisager une progression de l’offre.

3. LES RESEAUX SOCIAUX ET DE NOUVEAUX PARTENAIRES : IMPLIQUER ET CREER UN NOUVEAU GENRE DE CONSOMMATION

Les réseaux sociaux sont sur le Web la représentation de la transmission de l’information en

instantané et la facilitation du rapprochement entre les individus. Leur vocation première, la

création d’un contact par le biais du numérique permet de connecter les gens, notamment

lorsqu’ils partagent une expérience. Dès lors, inutile de dire combien ces outils peuvent être

intéressants pour compléter le vécu du spectateur pendant sa consommation d’un événement

mais aussi avant et après son expérience.

Facebook et Twitter sont d’ores et déjà utilisés par les événements et les diffuseurs pour

connecter les différents téléspectateurs, qui se retrouvent de leur propre volonté sur le réseau

pour partager leur expérience et leur ressenti sur le contenu consommé.

81

Mais les réseaux sociaux ne se limitent pas aux deux mastodontes. Instagram ou Flickr permettent

par exemple aux spectateurs ou aux téléspectateurs de partager leur expérience en images. Cette

consommation implique bien entendu les événements culturels et sportifs qui de part leur nature

encouragent les Internautes à réagir.

Ils ne sont pas non plus les seuls acteurs à prendre en compte sur le Web lorsque nous parlons de

création d’une nouvelle forme de consommation. Certaines références culturelles ou sportives

dont le métier n’est pas la vidéo pourraient devenir à terme les principaux vecteurs de

propagation d’une offre spécialisée.

1. EXPORTER LES CONTENUS SUR DES PRODUCTEURS DE CONTENUS PARTENAIRES

Si la vidéo est un enjeu fort du Web, les conditions permettant aux Internautes l’accès aux flux

des chaînes en direct ou en différé ne sont pas encore optimales. La croissance de ces contenus

sera amplifiée ou non par la capacité des chaînes à encourager et fédérer autour de cette

pratique et à coloniser un maximum de « lieux » sur le Web.

− Aller à la rencontre du public

Les players des chaînes sur le Web ne doivent pas simplement être disponibles sur les sites

de chaînes mais exportables sur des sites « partenaires ». Si des efforts ont déjà été réalisés

en ce sens, l’étendue de la présence des players sur le Web n’est clairement pas suffisante

pour encourager la consommation des contenus à n’importe quel moment de la navigation.

Cette consommation doit devenir une offre amenée au consommateur et non pas une

opportunité rendue possible au terme d’un effort de recherche. Systématiser le placement

de l’offre des contenus des chaînes sur les grands réseaux sociaux, sur des grands sites

d’informations ou des plateformes de partage de vidéos semble être des solutions possibles

à mettre en place à court ou moyen terme. Ces contenus devront être adaptés aux acteurs

recevant ces offres sur leurs pages. Des images de Journaux Télévisés pourront être mis en

avant sur des sites d’informations alors que des formats plus ludiques trouveraient leur place

sur des plateformes telles que Facebook.

− Les réseaux sociaux… mais pas que. Faire des acteurs spécialisés dans le sport ou dans la

culture des alliés de poids.

Nous venons de le dire, les réseaux sociaux doivent occuper une place centrale dans la

réflexion visant à étendre le potentiel de vues des contenus offerts par les événements. La

mise en avant sur des sites spécialisés pourrait être extrêmement intéressante.

Ainsi pourquoi un événement de taille moyenne ayant produit des images ne proposerait pas

lui même de placer ces contenus sur des pages d’un acteur majeur du Web spécialisé sur son

domaine pour étendre sa visibilité ?

Si nous parlons de sport, la « home » de certains sites d’informations sportives pourrait

être un levier incroyablement puissant pour augmenter la visibilité de certains contenus. Si

nous parlons de culture, un festival n’aurait-il pas intérêt à proposer aux plateformes

d’écoute de musique de diversifier son activité en proposant de visionner les images des

concerts ?

De même, les chaînes de télévisions pourraient trouver dans cette voie un moyen de

renforcer leur présence sur le Web en « préparant » le travail de certains acteurs du Web et

proposant directement les moments importants d’une émission à des partenaires traitant

82

l’événement. La plus-value pour l’acteur serait double : valoriser le player en l’exportant sur

de nouveaux territoires pour ensuite renvoyer l’Internaute vers d’autres contenus.

Cette tendance commence à être entrevue chez certains acteurs innovants. Ainsi France

Télévisions insère sur sa nouvelle plateforme d’information des contenus vidéo en direct ou

s’inscrivant dans l’actualité du moment, offrant ainsi une nouvelle manière de consommer

l’information réactive et interactive (cf. ci dessous et page complète en annexe 12).

− Permettre la multiplicité des usages sur un seul et même écran

Les contenus vidéo doivent pouvoir être consommables tout en permettant la poursuite

d’une activité « classique » sur le Web. La consommation de ces contenus doit pouvoir se

faire tout en permettant à l’Internaute de continuer l’activité qu’il était initialement en

train de mener. Ne pas offrir cette possibilité pourrait entraîner un sentiment d’obligation de

consommer et donc avoir un impact négatif sur la perception de

l’offre. Cette solution a déjà été mise en place par certains

acteurs. C’est le cas d’Arte, qui fait souvent figure de précurseur

dans la recherche et l’innovation quant à ces pratiques. Nous

avons déjà évoqué le cas de l’émission « 28 minutes », diffusée

du lundi au vendredi à 20h05 à l’antenne et qui est également

diffusée en live sur Facebook. Ce programme est l’exemple

parfait de notre démonstration puisqu’il permet d’envisager la

consommation d’un contenu télévisé sous un angle nouveau :

celui du partage de l’expérience de consommation de contenu,

de la consommation d’informations et de la poursuite d’autres

activités en simultané (contenus associés, activités d’échanges liées au réseau social lui

même). On ne parlerait ainsi même plus de multiplicité des écrans mais de multiplier les

consommations à l’intérieur même d’un seul et même écran.

2. TWITTER & FACEBOOK - LA COURSE AU CHIFFRE

Multiplier les écrans et

multiplier les

consommations à l’intérieur

de ces mêmes écrans

83

I. AFFIRMER LA PUISSANCE DE L’EVENEMENT

Bien entendu, les acteurs liés à ces événements ont développé eux-mêmes leur propres comptes sur Twitter ou leurs propres pages Facebook pour instaurer un nouveau niveau de relation avec leurs suiveurs. La course au nombre de fans et de « followers » fait donc rage et les chiffres atteints par ces entités sont parfois impressionnants. En France, sans surprise, les deux plus gros comptes officiels d’équipes de sport sont l’Olympique de Marseille (1,8 millions de fans sur Facebook, 280 000 abonnés sur Twitter) et le Paris Saint-Germain (1,1 millions de fans sur Facebook, 165 000 abonnés sur Twitter).

Mais assurer une présence, même massive sur ces réseaux ne suffit pas. Une communication

entre les fans et les acteurs de l’événement doit être instaurée. Les suiveurs recherchent un lien

plus fort avec leurs idoles. Aussi les taux d’interactions sont analysés pour savoir quel acteur joue

ou non le jeu de l’interaction avec ses fans (cf. en annexe 13 le classement réalisé par Sportlab,

agence de communication par le sport, des meilleurs clubs en matière d’interactivité).

II. DES MARQUES FORTEMENT IMPLIQUEES QUI PARTICIPENT AU DEVELLOPEMENT DES

EVENEMENTS SUR CES RESEAUX

Des marques surfent également sur ce type d’événements pour

s’offrir une couverture plus large et une un relationnel plus intense

avec ses consommateurs potentiels. Elles offrent aussi par ce biais

un nouvel angle de consommation aux Internautes.

L’expérience et le travail mené par « Le 12ème homme » est un bon

exemple de cette tendance. Derrière cette opération, Orange, qui

permet aux Internautes connectés aux réseaux sociaux d’obtenir des

nouvelles de certains joueurs du championnat, poste des contenus

exclusifs. Le 12ème homme permet ainsi au consommateur d’accéder

à des contenus jusqu’ici inédits et de connaître ces joueurs dans d’autres conditions que celles de

la performance sportive.

III. LES GRANDS ACTEURS DE L’INDUSTRIE CULTURELLE

Les grandes figures de l’industrie culturelle ne sont bien entendu pas en reste sur ce phénomène.

Des artistes, parfois issus du Web obtiennent un appui de fans impressionnant. Mac Miller, un

jeune rappeur américain, n’ayant sorti aucun album physique comptait 2,4 millions de fans sur sa

page Facebook en mars 2012. L’activité d’un acteur du monde culturel sur les réseaux sociaux

peut se révéler intéressante dans la construction d’une base de suiveurs solides. Les réseaux

sociaux rendent accessibles un artiste, facilitent la construction d’une relation forte avec son

public et encouragent la diffusion d’une information en faveur du talent en question.

IV. LA CULTURE DE L’INSTANT ET DU COMMENTAIRE EN DIRECT ET LE DEVELLOPEMENT

DE SERVICES PERMETTANT LA PRATIQUE

Les réseaux sociaux permettent avant tout une plus grande implication du téléspectateur ou du

spectateur vis à vis de l’événement. Ils peuvent décupler les sentiments liés à l’expérience par

l’échange, en argumentant sur son ressenti positif ou négatif et en vivant l’événement de

manière plus intense, spécialement s’il est déjà impliqué sentimentalement via le support d’une

1,8 millions

le nombre de fans de

l’Olympique de Marseille sur

Facebook prêts à réagir à

chaque actualité

140 000

le nombre de fans de la page

du 12ème homme sur

Facebook moins d’un an

après son lancement

84

équipe ou une affection particulière pour l’artiste diffusé. Ces pratiques sont désormais

encadrées par la proposition de certains services. Quelques exemples :

− Combiner expérience télévisée et partage d’expérience Plusieurs applications permettent de combiner son expérience télévisée et les réseaux sociaux. C’est par exemple le cas de Kwarter (cf. ci dessous) qui en plus de regrouper les fans de sports, permet de faire gagner des cadeaux liés aux événements.

− Augmenter la surface de contenus consommés Au delà de l’offre d’informations accessibles plus rapidement et du ressentis des autres consommateurs de l’événement, les réseaux sociaux permettent d’accéder à des contenus en direct nouveaux, comme le partage d’images de l’événement venu de l’organisation ou des spectateurs eux-mêmes. FlickR, Instagram ou TeleportD (regroupe les contenus selon leurs provenance géographique) permettent d’accéder à ce type de contenus.

3. CREER DE NOUVELLES MANIERES DE S’IMPLIQUER DANS L’EVENEMENT

I. S’IMPLIQUER POUR ACCEDER AU PROGRAMME

Lors des matches de préparation pendant la trêve hivernale 2011, Orange et Dailymotion

s’associaient pour proposer des accès au visionnage du match du Paris-Saint Germain en

déplacement à Dubaï pour y rencontrer l’AC Milan. Les deux entités organisaient un jeu concours

pour obtenir les accès au contenu. Destiné aux non abonnés à Orange Sports TV, il permettait une

implication du téléspectateur via un moyen assez simple mais lui faisant porter un autre regard

sur la chaîne. Diffusé via le réseau social Facebook, l’événement combinait plusieurs idées fortes

que nous avons jusqu’à présent énoncées.

II. DELIVRER DE NOUVELLES INFORMATIONS

Une autre initiative intéressante dans le monde du football et

impliquant également le club du Paris-Saint Germain a été mise en

place cette année. Celle de la retransmission en accès libre sur

Dailymotion d’événements de la vie du club comme la présentation

des nouveaux joueurs de l’effectif ou les échanges de l’entraîneur

et de joueurs avec la presse en direct lors des journées d’avant

match. Ces offres étaient accessibles sur Facebook puisque le player

de Dailymotion y est exportable.

Diffusée de manière gratuite, cette pratique est très clairement une plus-value pour le suiveur,

qui a désormais accès à des images jusqu’alors réservées aux professionnels de l’information

80 000

vues pour la vidéo de

présentation de Javier

Pastore sur Dailymotion

85

sportive. Pour indication, la vidéo présentant le nouveau joueur du Paris-Saint Germain Javier

Pastore compte aujourd’hui plus de 80 000 vues.81 Un score qui laisse présager pour le futur des

scores tout a fait intéressants. Cette pratique est également utilisée en France par l’Olympique de

Marseille ou le Lille Olympique Sporting Club et tend à se généraliser, permettant ainsi au

téléspectateur de prendre part de manière plus rythmée à la vie de l’événement.

III. JOUER SUR LA CAPACITE DE L’INTERNAUTE A S’IMPLIQUER

Evénements ou talents individuels, le financement par le public sur le Web

Le Web peut également revêtir une fonction de financeur des événements artistiques et sportifs.

Poster des contenus pour des événements ou des individus peut se révéler payant, dès lors que la

collecte est organisée. C’est le cas de talents individuels comme Irma, révélée et financée par les

Internautes eux-mêmes et le label communautaire « My Major Company ».82

Impliquer via le Web en donnant un sens à l’événement - Rock Corps

Autre moyen de fédérer autour d’un événement : lui donner un sens. C’est le choix fait par Rock

Corps (association Orange / NRJ) dont le but est d’utiliser la musique pour créer un enthousiasme

autour d’une activité personnelle dédiée à la communauté. N’importe qui donnant 4 heures de

son temps à une œuvre caritative organisée par l’association gagne le droit d’assister à un concert

donné par un artiste de renom. L’implication émotionnelle et par conséquent l’image renvoyée

par l’événement par le spectateur / acteur est donc extrêmement positive.

LES RESEAUX SOCIAUX ET LES NOUVEAUX PARTENAIRES - QUE RETENIR ?

− Les players utilisés devront être rendus accessibles à l’ensemble du public.

− Envisager la création de partenariats avec des acteurs majeurs du Web spécialisés sur la

thématique de l’événement.

− Permettre à l’Internaute de multiplier les usages sur un seul et même écran : la garantie de

le conserver plus longtemps.

− Décupler les sentiments liés à l’expérience par l’échange entre individus ou entre individus et

l’événement lui même.

− La présence active sur les grands réseaux : la garantie du rassemblement d’une

communauté engagée en cas de d’activité menée intelligemment.

4. L’INTERET NOUVEAU DES GRANDS ACTEURS DU WEB POUR LES EVENEMENTS

Les grands acteurs que sont les plateformes de partage de vidéo

commencent lentement mais sûrement à s’intéresser à la

retransmission des événements en direct. Cet intérêt pourrait bien

bouleverser les codes du marché. Car si les événements sont parfois

naturellement venus sur ces plateformes pour y poster des

contenus, il est clair que cette présence est jusqu’à présent

81 http://www.dailymotion.com/video/xkfmv5_psg-conference-de-presse-de-javier-pastore_sport 82 http://www.mymajorcompany.com/

Une présence sur les

plateformes de partage de

vidéos qui doit être reprise

en main et professionnalisée

par les événements

86

globalement largement insuffisante.

Une présence souvent assurée par les Internautes. La présence de ces manifestations sur ces

plateformes est d’ailleurs souvent assurée par les internautes connectés à l’événement, qui ont

une forte tendance à poster des contenus captés lors de leur propre expérience. Les images

diffusées par ce biais sont malheureusement souvent de mauvaise qualité et si cette forme de

présence n’est pas forcément à bannir et à combattre, il est clair qu’elle ne suffit pas.

1. DAILYMOTION / YOUTUBE - VERS UN INTERET PRONONCE PAR LA DIFFUSION LIVE

I. YOUTUBE LIVE

En avril 2011, YouTube annonçait ce qui pourrait bien être une révolution dans le monde de la

vidéo sur le Web en démarrant le déploiement de sa plateforme « YouTube Live ». Jusqu’à

présent, Youtube retransmettait des concerts ou des rencontres sportives de manière

extrêmement ponctuelle. Sa page d’accueil www.youtube.com/live met à disposition des

Internautes une série de contenus à consommer en direct. Pour le moment, le catalogue de

contenus n’est que moyennement attractif mais nul doute qu’il s’étoffera dans les mois à venir.

Programmée telle une véritable plateforme de chaînes éphémères (ou continues pour certaines),

elle propose également un guide permettant de se faire rappeler les événements. Enfin, chose

extrêmement intéressante dans une optique de partage et d’expérience vidéo à valeur ajoutée, le

module de commentaires est également adapté à une utilisation en direct.

II. DAILYMOTION LIVE

Dailymotion a également lancé un

service similaire, permettant à ses

visiteurs de visionner des flux en

direct. Les statistiques de la chaîne

permettent de voir que certaines

thématiques obtiennent déjà des

résultats très intéressants.

En effet la chaîne de Poker Stars

(chaîne de l’une des plus grandes

salles de poker en ligne), attire en

moyenne 10 000 visiteurs par jour,

avec des pointes à plus de 30 000

vidéonautes par jour. Au total ce

sont plus de 365 000 contacts que

la chaîne enregistrait avec des consommateurs sur Dailymotion entre

6 avril et le 5 mai 2012.

De la même manière, la chaîne Orange Sports, disponible sur le live

Dailymotion recueillait 120 000 vues sur les 30 derniers jours,

enregistrant certaines journées plus de 10 000 contacts avec des

consommateurs sur la plateforme.

III. DAILYSPORT LIVE

365 000

contacts / vues pour la

chaîne Poker Star France sur

Dailymotion entre le 6 avril et

le 5 mai 2012

87

En octobre 2011, Dailymotion lançait également une chaîne offrant chaque jour des JT

d’informations sportives et des débats sportifs. La chaîne n’oublie pas le cœur de métier de

Dailymotion puisque la plateforme offre la possibilité à ses internautes de publier leurs propres

vidéos de sport. Les meilleures contributions sont ensuite mises à l’antenne. L’intérêt et les

performances du service sont pour le moment assez restreints.

2. VERS LA CONSTITUTION D’UNE OFFRE BASEE SUR DE GRANDS EVENEMENTS ?

I. UN INTERET AFFICHE

L’année dernière, Youtube et la NBA révélaient des négociations

pour la diffusion de matches en direct. « Je crois qu'on peut dire qu'il

y aura beaucoup plus de contenus sportifs attractifs sur YouTube.

Nous discutons avec presque tout le monde » avait déclaré Gautam

Anand (directeur des partenariats de Google en Asie).

II. LA BARRIERE DES DIFFUSEURS ACTUELS

Les limites que pourraient mettre les diffuseurs actuels à ces

évolutions risquent de mettre un terme à de telles négociations dans

un avenir immédiat. Certains diffuseurs historiques de grandes

compétitions auront forcément leur mot à dire au moment des

renouvellements des droits et voudront trouver un moyen de sécuriser ces mannes à audiences.

Ainsi une transformation totale du paysage audiovisuel sportif ne peut pas être envisagée dans

un avenir immédiat. Mais à moyen ou à long terme, il paraît improbable que certains droits de

grandes compétitions ne soient pas acquis par certains diffuseurs non issus des médias classiques.

YouTube notamment, avec l’appui financier de Google, pourrait devenir un acteur majeur lors des

appels d’offres relatifs à l’acquisition de droits.

III. DES MARCHES DEJA PORTEURS

Certaines barrières ont tout de même déjà été franchies. Google

diffuse en effet déjà en Asie des rencontres du championnat indien

de Cricket, le sport national. Toujours selon le PDG de Google en

Asie, ces rencontres auraient reçu plus de 55 millions de visiteurs

dans le monde83.

De tels chiffres, avec l’augmentation extrêmement rapide des

équipements dans le monde et la modification également rapide des

comportements de consommation du média Internet ne peuvent

que laisser présager des accords entre les grands acteurs du Web et

les grandes compétitions sportives mondiales, qui, avant même d’envisager de faire payer des

droits de diffusion à Google ou à Dailymotion pourraient compter sur la puissance d’attraction de

ces plateformes pour démocratiser leurs événements à une échelle différente de celle proposée

par les diffuseurs classiques de ces événements, parfois à péage.

IV. UN MARCHE EGALEMENT PORTEUR POUR LES EVENEMENTS CULTURELS

83 http://basket.blog.lemonde.fr/2011/02/23/des-matches-nba-en-direct-sur-youtube/

« Je crois qu'on peut dire

qu'il y aura beaucoup plus de

contenus sportifs attractifs

sur YouTube. Nous discutons

avec presque tout le

monde »

Gautam Anand – DG

Partenariats Google Asie

55 millions

de visites enregistrées par

YouTube lors de rencontres

du championnat indien de

Cricket

88

YouTube a également assuré sa présence sur certains événements culturels de grande envergure

comme la diffusion d’un concert de U2 ou la cérémonie d’ouverture du Bolchoi. Le 28 octobre

2011, le Bolchoi ouvrait de nouveau ses portes après sa grande entreprise de rénovation. Pour

l’occasion, YouTube et le théâtre s’associaient pour offrir la cérémonie d’ouverture au plus large

public possible. « Grâce à Youtube, les habitants de 36 pays, en Russie, en Amérique centrale, du

Sud et du Nord pourront suivre la cérémonie en direct »84.

3. LE WEB, CHANCE DES « PETITS » ?

Les sports plus modestes doivent également

percevoir YouTube et Dailymotion comme de

potentiels alliés. En effet, ces deux acteurs

peuvent être le moyen (en l’absence de

plateformes dédiées au sport) pour ces

événements de s’offrir une couverture médiatique

à moindre coût.

C’est ce qu’a compris la fédération de handball

française qui proposait de suivre les finales de

Coupe de France régionales et départementales

sur Dailymotion. L’ensemble des matches de la

journée était accessible sur Dailymotion pour une

audience sur la chaîne du diffuseur Vision Sport d’environ 2 200 visionnages le jour même selon

les statistiques Dailymotion.

Les vidéos publiées par le compte de la Fédération Française de Handball après l’événement

atteignaient elles des scores aux alentours de 10 000 vues en moyenne. Des scores relativement

bas mais qui pourraient être largement améliorés par une meilleure mise en avant de ces

contenus sur la plateforme et sur des sites d’informations spécialisés. Cette activité des sports à

moins forte médiatisation sur le Web peut avoir un double intérêt :

− Démocratiser le sport / l’événement en lui offrant une visibilité nouvelle

− Fidéliser une communauté de suiveurs impliqués en leur offrant la possibilité de suivre

l’actualité de leur discipline de manière différente

L’ensemble des sports que l’on pourrait qualifier de « mineurs » ont donc tout intérêt à envisager

ce type de diffusions. Le très bas coût représenté par la diffusion en elle-même (hors coût de

production de l’image) et la manne d’audience que peut amener à un contenu diffusé des

plateformes aussi puissantes que YouTube et Dailymotion sont autant d’atouts que les

événements ne peuvent négliger pour étendre leur zone d’influence.

4. LA MONETISATION DES CONTENUS VIDEOS, LA QUESTION DU MODELE ECONOMIQUE

SUBSISTE POUR DEFINITIVEMENT DEMOCRATISER LA PRATIQUE

Ces solutions pourraient prendre une autre dimension avec une monétisation plus efficace des

contenus par les grandes plateformes. La bonne formule n’avait jusqu’à présent jamais été

trouvée par les grands acteurs. Cette solution est en passe d’être mise en place par YouTube, qui

a décidé d’appliquer le modèle publicitaire de Google (qui a acquis YouTube en 2006) à son

activité. Le principe du « coût par clic » avec comme base une utilisation personnelle des

84 Communiqué Youtube

89

données des internautes sera le moteur de ce nouveau modèle nommé « Google AdWords for

video ». Le principe de base de ce système est le paiement de l’annonceur à la vision volontaire

d’un spot. Des contenus « partenaires » ou « sponsorisés » seront donc ajoutés dans les résultats

de certaines requêtes, permettant ainsi de cibler les clients par centres d’intérêts et selon des

critères sociodémographiques.

Ce type d’offre publicitaire permet à YouTube de monétiser ses vidéos mais en plus de permettre

à tous les types d’annonceurs d’envisager des campagnes sur sa plateforme, de la firme

multinationale à l’entreprise locale. Si elle n’est pas directement liée aux événements dont nous

tentons d’analyser les futures stratégies médias, cette donnée est d’une importance capitale. La

meilleure monétisation de chaque vidéo vue devrait en effet permettre aux plateformes mais

aussi à l’ensemble des grands acteurs du Web d’envisager de manière plus sereine et plus

rationnelle la diffusion de nouveaux contenus et d’en tirer des revenus : condition bien entendu

essentielle pour envisager des développements d’activités.

L’INTERET DES GRANDS ACTEURS DU WEB POUR LES EVENEMENTS - QUE RETENIR ?

− Une présence insuffisante des événements sur les grandes plateformes de vidéos.

− Un intérêt prononcé de grands acteurs de la vidéo sur le Web qui pourraient rapidement

aboutir à des partenariats.

− Des chiffres de contenus consommés en direct via des plateformes d’ores et déjà

extrêmement intéressants.

− Une chance pour les événements de taille moyenne de trouver une résonnance.

− L’avènement d’un nouveau marché avec une solution efficace de monétisation des

vidéos.

5. LE LANCEMENT D’UNE OFFRE ONLY WEB FONCTIONNERAIT-ELLE ?

La question de l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché de la vidéo sur le Web devrait être

influencée par deux éléments principaux, qui pourraient également bien être des conditions

essentielles à la survie des acteurs issus du monde de la télévision à long terme.

Ces deux éléments sont la qualité et la capacité des acteurs à retransmettre en live un

événement. Le premier acteur qui s’implantera sur le marché en combinant ces deux facteurs

prendra clairement une option pour dominer un secteur qui pourrait se révéler comme un enjeu

financier extrêmement important dans les mois à venir.

La qualité des contenus est l’un des problèmes majeurs des grands acteurs de la vidéo sur le Web

(hors chaînes). En effet, si les plateformes de partage de vidéo Youtube et Dailymotion

enregistrent de grands scores d’audience, il est clair que la qualité moyenne des contenus postés

est médiocre. Les chaînes de télévisions font pour le moment parti

des rares acteurs à poster une offre large de contenus de qualité.

C’est l’un des grands problèmes de l’offre des événements culturels

et sportifs disposant sur le Web.

L’offre de contenus diffusés en live est également relativement

absente du Web. C’est un constat étonnant, tant le Web est supposé

Qui pour rassembler une

offre de contenus

diffusés en live avec une

véritable qualité de

retransmission ?

90

être le média de l’instantanéité et de la spécialisation des contenus. Si les géants Youtube et

Dailymotion ont commencé à se pencher sur une offre live comme nous venons de l’évoquer, rien

de réellement construit n’est aujourd’hui proposé au consommateur. Au-delà de ces acteurs

principaux, la question de la constitution d’une offre « only web » par un acteur spécialisé

mérite d’être posée, notamment pour la question du direct.

1. QUELS DROITS POUR LE WEB ?

Les droits pour le Web n’ont pas encore trouvé un véritable modèle économique. Si nous avons

vu que rien dans la plupart des appels d’offres n’était spécifiquement destiné au Web, cela ne

veut pas dire que cette situation est figée.

− Un marché qui reste à créer

Le problème de la mise sur le marché de droits spécifiques au

Web est réel. Il n’a pour le moment pas du tout été résolu par

les acteurs principaux disposant des droits de diffusion des

événements. La tendance actuelle est à l’intégration des droits

avec le reste des meilleures images des compétitions, dites

« premium ». Aujourd’hui, l’entité qui acquiert donc des droits

télévisés pour un événement dispose donc de ces mêmes droits

pour le Web. Ce seront les organisations des événements qui

feront évoluer cette situation. Elles le feront plus facilement dès

que certaines questions comme le combat contre la puissance

des offres illégales sera vraiment engagé, la qualité des retransmissions sera assurée, la

viabilité économique de certains acteurs sera assurée et le modèle économique pour la

monétisation des vidéos vues définitivement établi.

− Des acteurs qui tentent de « sécuriser » ces droits

Les grands acteurs médias, qui assurent jusqu’à présent la santé financière des grandes

compétitions en faisant d’elles leurs vitrines, sont aujourd’hui dans une logique de

sécurisation de ces droits. En perdre une partie serait un véritable coup dur en termes

d’image et de prestige. Le modèle voulant que les droits pour le Web soient inclus dans un

package global semble donc être pour ces acteurs une solution idéale. Les sommes

jusqu’alors investies par ces mêmes acteurs pourraient donc retarder d’un long moment

l’arrivée sur le marché d’une offre live Web légale réellement consistante, à moins bien sûr

que ces acteurs ne décident eux-mêmes à lancer des offres qu’elles soient gratuites ou

payantes.

− Des droits spécifiques au Web, une solution inéluctable

Ces barrières à la construction d’une offre Web ne dureront toutefois qu’un temps. Car si les

acteurs principaux des médias traditionnels voudront sécuriser ces droits le plus longtemps

possible, ils devront faire face à une pression de plus en plus forte à la fois des acteurs du

marché, des événements et des consommateurs.

Il n’est pas à exclure selon la manière dont ces acteurs issus des médias classiques prendront

le virage du numérique que ces droits restent leur propriété et que l’on voit se répéter le

schéma actuel de répartition des droits : des grands événements achetés par des grandes

entités disponibles en accès gratuits et des événements de tailles plus moyennes en accès

payant via des acteurs spécialisés.

Aux événements de

« défier » leurs

diffuseurs classiques et

de mettre en jeu des

droits spécifiques au

Web

91

Le Web devrait néanmoins permettre une meilleure répartition des droits et une diffusion

plus large de contenus. Aussi, en dehors de quelques événements de portée mondiale déjà

largement diffusés à la télévision, une majeure partie des droits de diffusion devraient être

plus facilement négociable et donc accessibles pour les Internautes.

2. DES PREMIERES TENTATIVES

Des tentatives ont déjà été menées dans le domaine de la culture notamment, pour lesquelles le

débat autour d’une licence globale permettant à un Internaute d’avoir accès de manière illimitée

à une immense offre de contenus culturels sur le Web est en vigueur depuis longtemps.

Si une solution institutionnelle semble impossible à faire émerger, des acteurs privés dans le

domaine de la musique ont largement réussi à faire surface et ont enregistré des succès

commerciaux suite à des accords passés avec certains grands acteurs de cette industrie.

De même, l’industrie du cinéma et des productions télévisées ont ouvert la porte à ces types

d’offres dans les pays où la législation aux droits d’auteurs permettait la construction de

propositions sérieuses à faire aux Internautes et aux téléspectateurs. Les premières offres en

France sont les suivantes :

− Canal + Infinity, la réponse pro-active à Netflix

Nous avons parlé de Netflix dans les premières parties de cette étude. Le géant américain du

secteur tente désormais de conquérir de nouveaux territoires et notamment en Europe où

plusieurs pays ont largement retenu son attention. En France, la question des droits

d’auteurs bloque l’arrivée de cet acteur mais Canal+, qui verrait l’arrivée de Netflix comme

un concurrent direct à sa programmation de séries originales et son offre cinéma, a décidé

de réagir avant un possible débarquement de l’acteur américain en lançant une offre avec un

catalogue toutefois bien plus réduit.

− Arte Live Web

Autre prise d’initiative qui vient également d’une chaîne de télévision, la plateforme dont

que nous avons également déjà parlé dans ce dossier Arte Live Web. Mise en place par Arte

pour mettre en avant des contenus différents des standards des contenus culturels télévisés,

elle représente un exemple extrêmement réussi de ce que le Web offre en termes de

possibilités techniques et graphiques pour mettre à disposition des contenus vidéos en direct

et en différé. Il ne fait aucun doute que ce type de dispositif sera mis en place pour le sport

ou pour des événements culturels plus en adéquation à la notion de « culture de masse ».

L’absence d’offre sur les contenus en direct sur le sport

Le sport n’a pas encore vu éclore une offre Web légale consistante, du moins pour le direct. Si nous

avons vu que Canal + mettait gratuitement à disposition des résumés de matches diffusés sur les

antennes du groupe Canal ou que L’Equipe.fr proposait une offre de contenus vidéos assez large,

(absolument) aucun acteur n’a pour le moment réussi à offrir à ses consommateurs une offre de

contenus en direct régulière et suffisamment importante pour s’imposer comme référence. Ce

manque touche autant les droits de nature mondiale que des images correspondant à des sportifs

médiatiquement plus modestes alors même qu’une quantité incroyable d’offres illégales pullulent

sur le Web.

3. UNE OFFRE WEB EST-ELLE UNE OFFRE GRATUITE ?

92

La consommation de vidéos en ligne augmente et l’offre est jusqu’à présent dans son immense

majorité gratuite. Or à l’image de ce qui se produit pour le marché télévisé, il y a fort à parier que

la diffusion de contenus pourrait s’accompagner de la souscription à un abonnement, à l’instar de

ce qui se fait pour l’industrie musicale actuellement.

I. QUELLES PERSPECTIVES POUR LES OFFRES PAYANTES ? LE BAROMETRE MUSICAL.

L’industrie musicale est en train d’opérer une vraie mutation sur le Web en permettant à des

acteurs indépendants des grandes majors, productrices des contenus d’offrir un accès contre

rémunération à un catalogue extrêmement important de créations.

Cette pratique est rendue obligatoire par la structure du marché. Les

ventes de « physiques » de « musique enregistrées » s’écroulaient

de 53,7 % entre 2010 et 2011 alors que le marché du numérique

augmentait sur la même période de 22,6 %85.

Des acteurs ayant profité de cet effet d’aubaine, Spotify, logiciel

suédois de streaming musical est peut-être le plus efficace. Son

fonctionnement est simple : les morceaux du catalogue sont laissés

en libre écoute instantanée pendant 10 heures par mois pour les non

abonnés. L’écoute est alors entrecoupée de publicités. Les abonnés

ont quant à eux la possibilité pour 5 dollars par mois d’écouter en illimité et sans publicité les

contenus proposés et une série de titre choisis par leurs soins sans connexion Internet. Sans pour

autant être propriétaires des titres. A l’arrêt de l’abonnement, le bénéficiaire de la prestation n’a

plus aucun droit sur aucun morceau. Spotify comptait 3 millions d’abonnés dans le monde en

février 2012, affichant une croissance extrêmement rapide au premier trimestre 201286.

Ce système de streaming pourrait être transposé à une activité

vidéo, à une offre de contenus en direct et obtenir un succès

commercial. Dès lors qu’elles sont réellement structurées, ces offres

deviennent des références malgré l’habitude de consommation de

contenus gratuits. Il est en revanche impératif, à l’image du service

que nous venons d’étudier, qu’elles bénéficient :

− d’une profondeur suffisamment importante pour attirer des

consommateurs habitués aux offres illégales.

− d’un ordre de prix correspondant aux standards du net.

Proposer une offre consistante et structurée semble donc être le meilleur moyen de lutter contre

le piratage. C’est d'ailleurs l'un des principaux arguments de vente des premiers grands acteurs

internationaux que sont Netflix ou Spotify.

4. QUELS ACTEURS POUR LANCER UNE OFFRE « ONLY WEB » ?

Concernant la nature des acteurs qui peuvent aujourd’hui envisager de se lancer sur ce type

d’offres, nous pouvons penser à l’arrivée à trois types :

85 Bilan de l’année 2011 du marché de la musique enregistrée – SNEP, Janvier 2012. 86 Syndicat national de l'édition phonographique

- 53,7 %

l’évolution des ventes

physiques de « musique

enregistrée » entre 2010 et

2011

La constitution d’offres

légales construites : la

lutte la plus efficace

contre le piratage

93

− Issus des médias dits « classiques ». Dotés d’une assise financière, d’une légitimité dans la

production de contenus et souvent déjà présents sur le Web, les acteurs des grands médias

font figures de favoris pour le lancement de ce type d’offre.

− Les pure players majeurs. Youtube, Dailymotion, ont une légitimité pour s’ancrer sur ce

marché. Ils ont de plus une activité qui leur permet d’appréhender tous les problèmes

techniques relatifs à ce type de proposition. Ils ont enfin exprimé leur intérêt pour ce type de

contenus.

− L’arrivée d’un nouvel acteur ou d’un nouveau type d’acteur sur le marché de la vidéo. Cette

solution n’est pas à exclure car elle fait partie de la nature même du Web. Sans barrière à

l’entrée, ce média pourrait permettre de voir arriver un acteur inconnu ou non initialement

placé sur le créneau de la diffusion de contenus. L’exemple de Spotify est le meilleur crédit à

apporter à cette hypothèse. Nous avons parlé des grands acteurs de l’information

thématique dans le cadre de partenariats avec les événements. Pourquoi ne pas les imaginer

capables de s’investir sur ce type d’activités ?

De ces trois types d’acteurs, ceux venus des médias classiques, qui ont déjà pour certains les

droits des événements et une assise financière solide seraient donc les plus à même de lancer

une offre de grande ampleur. Seuls des détails techniques et une certaine frilosité les empêchent

actuellement d’envisager ces types d’offres.

France Télévisions fera peut-être figure de pionnier avec ses plateformes dédiées aux spectacles

vivants et au sport. Si d’après l’exemple de celle lancée sur l’information en 2011

(http://www.francetv.fr/info/) la vidéo n’occupe pas une place centrale dans les pages, elle peut

tout à fait s’inscrire dans cette mouvance, d’autant que la volonté de donner à l’information un

caractère immédiat et interactif s’inscrirait totalement dans cette logique.

QUELLES PERSPECTIVES POUR LE LANCEMENT D’OFFRES « ONLY WEB » - QUE

RETENIR ?

− Des offres de droits de diffusion à repenser en donnant une importance plus importante

au Web.

− Des premières tentatives d’offres légales en France, des premières réussites à l’étranger.

− Une industrie culturelle dans l’attente d’un assouplissement des droits d’auteurs et à la

propriété intellectuelle pour envisager de nouveaux types d’offres.

− Une offre payante de qualité est également le meilleur moyen de combattre le piratage.

− Des acteurs des médias classiques qui semblent positionnés en pôle position pour le

lancement de nouvelles offres.

94

QUELLES SOLUTIONS ? - 10 IDEES CLES

1. Saisir l’opportunité numérique sur l’ensemble des supports susceptibles d’apporter

une plus-value à la stratégie médias. Elle doit être le moyen d’inventer de nouveaux

contenus, de prendre la parole différemment et de fidéliser les consommateurs.

2. Approcher des médias classiques et envisager des partenariats « only Web » pour

profiter de la résonnance des chaînes sans demander une diffusion sur les antennes

classiques. Bénéficier de la qualité supérieure des contenus proposés par les acteurs

issus du monde de la télévision pour la tourner en véritable avantage concurrentiel.

3. L’Internaute, que l’on décrit souvent comme volatile est capable de rester plusieurs

dizaines de minutes devant un contenu : un espoir pour envisager des

consommations d’un événement dans son intégralité.

4. La pertinence et la qualité des contenus additionnels proposés en amont, pendant et

en aval de la manifestation, permettront ou non une consommation différente de

l’événement par le spectateur.

5. De nouvelles chaînes pour de nouvelles prises de risques sur la programmation ?

Certains des sports les plus pratiqués ne sont pas ou très peu diffusés tout comme

certains mouvements culturels.

6. Rendre les players utilisés plus accessibles à l’ensemble du public en établissant une

présence sur différentes plateformes et permettre à l’Internaute de multiplier les

usages sur un seul et même écran en simultané.

7. Créer des partenariats avec des acteurs majeurs du Web spécialisés sur une

thématique pour additionner une offre de contenus vidéos novatrice, la légitimité

de l’événement et de l’acteur diffuseur et un nombre de contacts potentiels

important.

8. Créer un lien différent avec le consommateur de l’événement en l’impliquant.

Inciter à partager des sentiments, des contenus liés, que ce soit sur les réseaux

sociaux, les plateformes de partage de vidéos et s’appuyer sur les valeurs

d’engagement des Internautes lorsqu’ils sont attachés à un événement ou un

contenu.

9. Repenser les offres de droits de diffusion à repenser pour le Web. Il est clair que les

grands événements ne pourront bientôt plus se contenter de vivre sur les droits

télévisés et devront étendre leurs offres au Web et à l’ensemble de ses supports.

10. Envisager d’instaurer des offres payantes en matière de culture et de sport dédiées au

Web. Une offre payante de qualité est le meilleur moyen de combattre le piratage.

Les acteurs des médias classiques sont positionnés idéalement pour lancer ces

nouvelles offres, devant les grands acteurs du Web.

95

CONCLUSION - LE WEB COMME FUTUR PARTIEL DES EVENEMENTS

SE REINVENTER, IMAGINER DE NOUVEAUX ROLES ET DE NOUVEAUX LIENS

Les habitudes des consommateurs évoluent, influencées par les avancées technologiques reliées à

celles du premier de leurs loisirs : la télévision. Ces évolutions obligent les chaînes à avancer, à

innover, à se réinventer.

Proposer de nouveaux contenus, de nouvelles formes d’écriture et tout simplement, repenser la

manière de consommer un contenu vidéo. Telles sont les grandes questions auxquelles doivent

répondre les chaînes dès aujourd’hui. Pour cela elles disposent de plusieurs solutions

envisageables. Nous les avons évoquées dans nos différentes parties. Certaines chaînes ont déjà

largement commencé à le faire même si nous n’avons pas encore assisté à une révolution qui

ferait du consommateur un acteur du contenu consommé. Le programme n’est quant à lui pas

encore un centre autour duquel graviteraient de nombreux autres contenus permettant de

l’enrichir et de le bonifier.

Ces nouvelles opportunités de communiquer, de créer du lien avec ses consommateurs, les

événements sportifs et culturels doivent les saisir, se les approprier. Ils ont la légitimité et la

matière pour le faire. Ils disposent aussi des qualités nécessaires pour devenir des acteurs

importants sur les nouvelles plateformes, dans leur immense majorité offertes par le Web.

L’association des intérêts des chaînes et de ces manifestations pourrait donner lieu à une étendue

de l’offre de directs, accessibles facilement par les Internautes et créer un nouveau type de

consommation des contenus culturels et sportifs.

LE WEB COMME ECRAN DE LA SPECIALITE ET DE LA RAPIDITE

Dans l’ADN du Web est ancré la rapidité d’accès à quasiment n’importe quel type de contenu.

Cette donnée doit être intégrée et mise en pratique par les événements, eux aussi associés à

l’idée d’instantanéité et par définition, de spécialisation sur un domaine précis.

Ce média de la réactivité, de l’instantanéité, de l’écrasement des distances et des frontières doit

également devenir celui du direct vidéo. Il paraît impensable qu’avec l’amélioration constante

des technologies et des offres, ce média ne donne pas d’avantage la possibilité à ses utilisateurs

d’accéder aux contenus auxquels ils portent de l’intérêt en direct. Les chaînes de télévision, qui

ont déjà un savoir faire reconnu en matières de retransmission de ces manifestations se doivent

de saisir ces nouvelles opportunités pour étendre leurs compétences et leurs sources de revenus.

Le Web est aussi le média du rassemblement des passions et des passionnés. Il permet aux

communautés ayant des centres d’intérêts communs de se rassembler à distance, de se trouver

facilement. Ces communautés, parfois visées par la télévision mais souvent bloquées par le

manque d’interactivité et la difficulté d’accès de certains contenus expriment désormais une vraie

attente pour des contenus à l’accès facile.

Le Web doit donc devenir dans un avenir proche, le média de la retransmission en direct

d’événements plus ou moins larges n’ayant pas encore eu la possibilité de s’offrir une

reconnaissance via la télévision.

LA TELEVISION, COMME ECRAN DE L’EVENEMENT

96

Cela ne veut certainement pas dire que nous prévoyons la mort de la télévision vue comme son

écran classique et certainement pas non plus de sa mort en tant qu’écran de l’événement.

En 2012, plus de 30 millions de téléspectateurs étaient massés devant leurs écrans de télévision

quelques instants précédant l’annonce des résultats de l’élection présidentielle française et les

grandes rencontres sportives continuent de rassembler, de fédérer. La télévision aura toujours

pour elle le fait d’être un objet de partage, de rassemblements populaires et de création

d’histoires communes autour d’événements particuliers. Elle seule peut fédérer à un moment

donné autant de gens devant la même chose. Elle ne doit pas l’oublier.

Les acteurs du monde de la télévision doivent donc continuer de proposer ces manifestations.

Tant qu’ils le feront, il est clair qu’ils ne perdront pas leur influence. A moins d’être dérangés sur

leur terrain de jeu par les nouveaux acteurs venus du Web.

LA TELEVISION « HORS DE LA BOITE » COMME FUTUR POUR LES EVENEMENTS

SPORTIFS ET CULTURELS ?

La télévision et plus précisément ses acteurs principaux ont donc toujours une sorte de monopole

sur les grands événements sportifs. Mais pour combien de temps ? La tendance va clairement

dans le sens d’une utilisation des nouveaux moyens de consommer des contenus vidéo par les

manifestations sportives et culturelles. Les possibilités offertes par le Web et ses nouveaux

supports sont des opportunités qu’il serait dramatique de manquer pour elles et l’influence sans

cesse grandissante de ces médias pourrait obliger les plus grands événements à envisager de

diversifier puis de favoriser ces solutions plutôt que la télévision.

Abandonner l’idée de la diffusion télévisée pour y revenir ensuite ? C’est la question que certains

événements vont bientôt pouvoir se poser. Certains pourraient d’abord découvrir une notoriété

nouvelle grâce au Web et ne plus avoir besoin d’envisager une diffusion sur l’écran télévisé. La

question de savoir si cette médiatisation via le Web se fera avec les Pure Players ou avec les

acteurs issus de la télévision présents sur le Web.

Car si dans un premier temps, il est assez facile d’envisager que les grands acteurs du petit écran

étendent leurs activités au Web, il n’est pas improbable que les écrans de télévisions, de plus en

plus connectables et connectés deviennent aussi le terrain de jeu de certains grands acteurs du

Web. Ainsi, les contenus, qui n’ont jamais eu la chance de s’offrir une présence sur l’écran de

télévision pourraient l’obtenir, via le Web.

Cette perspective prouve la nécessité pour les acteurs de la télévision de devenir des icônes du

Web. Car si ce média venait à investir réellement la télévision en tant qu’objet, les conséquences

pour un acteur n’ayant pas anticipé ces nouvelles formes d’activité seraient dramatiques. Une

grande partie des chaînes thématiques notamment, n’auraient plus aucun avantage concurrentiel

face à des acteurs venus du Web. En considérant cette donnée, nous pouvons clairement dire que

oui, le Web représente à court, à moyen et à long terme, l’avenir des événements sportifs.