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Mémoire complet Master 2 - La télévision "hors de la boîte", futur médiatique des événements culturels et sportifs ?
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AVANT-PROPOS 4
A. SPORT ET CULTURE A LA CROISEE DES CHEMINS 8
1. LE SPORT, GENERATEUR D’AUDIENCE 8 1. LES GRANDES AUDIENCES SPORTIVES 8 2. LA CHASSE AUX RECORDS 10 3. 2012, DES PERSPECTIVES EXCEPTIONNELLES POUR LES AUDIENCES AUDIOVISUELLES SPORTIVES 14 4. LES GRANDS EVENEMENTS SPORTIFS, LEVIERS POUR LA CONSOMMATION DES MENAGES 16 2. VERS UNE ETENDUE DE L’OFFRE TELEVISUELLE SPORTIVE 18 1. LES PRINCIPALES OFFRES TELEVISUELLES SPORTIVES FRANÇAISES 19 2. AL JAZEERA, L’ACTEUR QUI CHAMBOULE TOUT 20 3. FIN DE PARTIE POUR CFOOT : L’IMPOSSIBILITE D’UN « AUTRE FOOTBALL » A LA TELEVISION ? 21 4. L’EQUIPE TV HD, PREMIERE CHAINE D’INFORMATIONS SPORTIVES FRANÇAISE DISPONIBLE SUR LA TNT
GRATUITE 22 3. UNE CULTURE TELEVISUELLE STANDARDISEE ET MISE EN ECHEC 23 1. QUELLE CULTURE ? 23 2. EXISTE T-IL ENCORE UN DROIT A LA CRITIQUE ? 24 3. LES TENTATIVES INFRUCTUEUSES DU SERVICE PUBLIC 25 4. ARTE, CHAINE ESTIMEE MAIS PEU REGARDEE 28 5. L’ECHEC ALLOCINE TV 28 4. VERS UNE EVOLUTION DE LA CONSOMMATION 29 1. LA CONSOMMATION MULTI-ECRANS 30 2. DES TELESPECTATEURS ACTIFS ET PAS UNIQUEMENT SPECTATEURS 31 3. LA CONSOMMATION DELINEARISEE DE CONTENUS TELEVISES 33 4. DES EQUIPEMENTS DE PLUS EN PLUS CONNECTES 35 5. UNE PRISE DE CONSCIENCE GOUVERNEMENTALE 37 SPORT & CULTURE, LA CROISEE DES CHEMINS - LES 10 IDEES CLES 39
B. LA TELEVISION « HORS DE LA BOITE » 41
1. LA NOTION DE CROSS MEDIA 41 1. DEFINITION 41 2. QUELS INTERETS POUR LES CHAINES ET LE TELESPECTATEURS ? 41 2. LA VIDEO & INTERNET 42 1. QUELS ACTEURS PRESENTS POUR QUELS CONTENUS ? 43 2. LE STREAMING ILLEGAL AU SOMMET AVANT L’AFFAIRE MEGAUPLOAD 45 3. LES ACTEURS TELEVISES : UN ROLE DETERMINANT A JOUER SUR LE NET 46 3. 2012, ANNEE DE LA CATCH UP TV ? 48 1. DEFINITION 48 2. UNE CONSOMMATION EN FORTE PROGRESSION 49 3. TROUVER UN MODELE ECONOMIQUE 51 4. LES DIFFERENTS TYPES DE CONTENUS TELEVISES CONSOMMES SUR LES PLAYERS DES CHAINES DE
TELEVISIONS 51 5. ALLER A LA RENCONTRE DU TELESPECTATEUR 52 4. LA TELEVISON MOBILE PERSONNELLE 53 1. DEFINITION & ORIGINES 53 2. VERS UNE RENAISSANCE DU CONCEPT AVEC LA DEMOCRATISATION DES TABLETTES ? 54 5. L’AVENEMENT D’UN NOUVEAU TYPE D’OFFRE DES CONTENUS CULTURELS ? 55 1. LE PHENOMENE NETFLIX 55 2. LA RIPOSTE DES GRANDS ACTEURS DE LA PRODUCTION DE CONTENUS : HULU 56 3. EN FRANCE : L’ANTICIPATION DE CANAL +, D’AUTRES OFFRES EN PREPARATION ? 56 LA TELEVISION HORS DE LA BOITE – 10 IDEES CLES 58
3
C. L’ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS ET SPORTIFS 60
1. QUELLE PLACE POUR LA TELEVISION DANS L’ECONOMIE ET LA VIE DES EVENEMENTS SPORTIFS ? 60 1. QUELS POSTES DE REVENUS POUR LES GRANDS EVENEMENTS SPORTIFS ? 60 2. LA PREDOMINANCE DE LA TELEVISION DANS L’ECONOMIE DES GRANDS EVENEMENTS MONDIAUX ET
NATIONAUX 61 3. QUELLES SOURCES DE REVENUS POUR LES EVENEMENTS MINEURS ? 63 4. LE DEVELOPPEMENT DE SYSTEMES PARRALLELES : L’AUTO-FINANCEMENT D’EVENEMENTS PAR LES
MARQUES 64 2. ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS 64 1. LES PRINCIPAUX MODES DE FINANCEMENT DES GRANDS EVENEMENTS CULTURELS 64 2. LES PARTENAIRES MEDIAS : PAS UNIQUEMENT UN MOYEN DE FINANCEMENT 66 C. LES EVENEMENTS ALTERNATIFS : ENTRE MARQUES, WEB ET SPONSORING 67 1. L’ECONOMIE PARRALLELE DES SPORTS DE GLISSE 67 2. MARQUES ET CREATIONS DE CONTENUS ON-LINE 69 L’ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS ET SPORTIFS - 10 IDEES CLES 70
D. QUELLES SOLUTIONS ENVISAGEES ? 72
1. S’ADAPTER AUX NOUVEAUX MODES DE CONSOMMATION DES CONTENUS VIDEO 72 1. SAISIR UNE OPPORTUNITE, ANTICIPER UNE MENACE 72 2. DEMULTIPLIER UNE PRESENCE SUR L’ENSEMBLE DES ECRANS ET INVENTER DE NOUVEAUX CONTENUS POUR
ACCENTUER L’EXPERIENCE CONSOMMATEUR 73 3. ANTICIPER ET PROLONGER L’EVENEMENT 75 4. OFFRIR DES CONTENUS D’UNE QUALITE NOUVELLE SUR LE WEB 76 5. PEU D’OPPORTUNITES A SAISIR POUR LES EVENEMENTS SUR LA CONSOMMATION DELINEARISEE ? 77 2. BOUSCULER LES HABITUDES DES CHAINES 78 1. ENVISAGER LA DIFFUSION DE NOUVEAUX TYPES D’EVENEMENTS 78 2. LES OUBLIES DE L’ANTENNE 79 3. LES RESEAUX SOCIAUX ET DE NOUVEAUX PARTENAIRES : IMPLIQUER ET CREER UN NOUVEAU GENRE DE
CONSOMMATION 80 1. EXPORTER LES CONTENUS SUR DES PRODUCTEURS DE CONTENUS PARTENAIRES 81 2. TWITTER & FACEBOOK - LA COURSE AU CHIFFRE 82 3. CREER DE NOUVELLES MANIERES DE S’IMPLIQUER DANS L’EVENEMENT 84 4. L’INTERET NOUVEAU DES GRANDS ACTEURS DU WEB POUR LES EVENEMENTS 85 1. DAILYMOTION / YOUTUBE - VERS UN INTERET PRONONCE PAR LA DIFFUSION LIVE 86 2. VERS LA CONSTITUTION D’UNE OFFRE BASEE SUR DE GRANDS EVENEMENTS ? 87 3. LE WEB, CHANCE DES « PETITS » ? 88 4. LA MONETISATION DES CONTENUS VIDEOS, LA QUESTION DU MODELE ECONOMIQUE SUBSISTE POUR
DEFINITIVEMENT DEMOCRATISER LA PRATIQUE 88 5. LE LANCEMENT D’UNE OFFRE ONLY WEB FONCTIONNERAIT-ELLE ? 89 1. QUELS DROITS POUR LE WEB ? 90 2. DES PREMIERES TENTATIVES 91 3. UNE OFFRE WEB EST-ELLE UNE OFFRE GRATUITE ? 91 4. QUELS ACTEURS POUR LANCER UNE OFFRE « ONLY WEB » ? 92 QUELLES SOLUTIONS ? - 10 IDEES CLES 94
CONCLUSION - LE WEB COMME FUTUR PARTIEL DES EVENEMENTS 95
4
AVANT-PROPOS
LES LIAISONS DANGEREUSES
Le sport et la culture entretiennent avec les médias et plus particulièrement avec le plus grand
d’entre eux, la télévision, plus de points communs qu’on pourrait le penser. Loisirs quotidiens
accessibles à la « masse », ils sont de véritables acteurs de la diversité, du rassemblement des
classes autour d’une seule et même activité, représentés par des figures d’une grande notoriété.
Leurs capacités à provoquer des émotions, à créer un lien immatériel unissant ceux qui les
regardent ou y participent en font des composants absolument essentiels de notre société. Leur
manière d’évoluer à travers le temps, leurs dérives aussi, les ont encore rapprochés.
Leurs fonctions, leurs portées et leurs puissances émotionnelles absolument incroyables, les ont
amené sur des terrains imprévus et les ont amené a servir des intérêts très éloignés de leurs
vocations originelles. Les récupérations à des fins idéologiques dont ils ont été les victimes en
sont la preuve la plus cinglante. Comment par exemple, ne pas penser à la mise à contribution de
ces leviers extraordinaires pour l’opinion publique à l’effort de guerre au cours de la seconde
guerre mondiale et ce quelque soit le camp dans lequel l’action prenait part.
Ce qui est absolument évident pour le sport avec l’instrumentalisation des Jeux Olympiques de
Berlin de 1936, considérés comme le plus grand acte de propagande jamais réalisé, ou les médias
via l’utilisation de l’antenne de la BBC pour la mise en place de Radio Londres entre le 18 juin
1940 et Juin 1944 l’est également pour la culture. N’oublions pas que Tex Avery ou les studios
Disney ont aussi participé à l’effort de guerre Outre-Atlantique, mettant en scène Mickey ou
Donald dans des films de propagande certain tout au long de la guerre.
Ces enjeux de société sont aujourd’hui tous les trois structurés et contrôlés par une politique
étatique. Depuis 1959 pour la Culture et la nomination d’André Malraux par le Général de Gaulle
et en pointillés depuis 1936 pour le sport (sous secrétariat d’état en 1936, ministère en 1966 avec
périodes d’absences entre ces deux dates) ces sujets trouvent écho au quotidien et font l’objet de
stratégies aux échelles nationales et mondiales. La télévision, quant à elle considérée comme une
forme de sous culture, est supervisée par une antenne du Ministère de la Culture et de la
Communication et entretient toujours des liens étroits avec le pouvoir. N’oublions pas que les
présidents des groupes de télévisions et de radios publiques sont pour le moment nommés (après
validation d’instances compétentes) sur proposition du Président de la République Française.
PRESSION FINANCIERE : MONTEE EN PUISSANCE
La plus grande des distinctions mais aussi aujourd’hui le plus grand rapprochement opéré entre la
télévision, la culture et le sport a été la progression de leur caractère commercial. La culture, si
elle a presque toujours été instrumentalisée, été un objet de convoitise et constitué un marché
n’a pas été créée dans le but de devenir une activité lucrative. Preuve ultime de cette affirmation,
l’acte de création, supposé désintéressé est difficilement quantifiable monétairement. Cela n’a
toutefois pas empêché le marché de l’art de s’envoler. Le 3 mai 2012, « Le cri », d’Edvard Munch,
devenait l’œuvre d’art la plus chère jamais vendue en étant attribuée 119,92 millions de dollars.
Le sport, comme l’acte culturel, n’offre pas de rémunération dans sa pratique quotidienne et n’a
pas été créé dans une optique mercantile. Il a d’ailleurs attendu beaucoup plus longtemps pour
entretenir de vrais rapports avec l’argent. Si les premiers footballeurs rémunérés sont apparus à
la fin du XIXème siècle (légalisation du football professionnel en Angleterre en 1885) les salaires
des joueurs ont explosé très tardivement. Le premier joueur à avoir touché 100 livres par semaine
5
fût Jimmy Hill en 1961, Peter Shilton devenant le joueur le mieux payé de la planète en 1979 avec
un contrat à 1 200 livres par semaine. En 1995, l’arrêt Bosman a établi l’illégalité de quotas
sportifs communautaires (impossibilité de limiter le nombre de nationalités dans une équipe
professionnelle) pour lancer l’âge d’or du football business. En 2010, Carlos Tevez, joueur d’un
club de Manchester, devenait le premier millionnaire mensuel du football anglais.
La nature commerciale du monde des médias et encore plus particulièrement celui de la
télévision est beaucoup plus évidente et même bien plus ancrée dans son ADN. Son activité, plus
récente, fût en effet quasiment immédiatement l’apanage de professionnels. En France, sa
démocratisation dès les années 1960 (environ un million de postes de télévisions) et l’arrivée de
la couleur en 1968 annonça l’entrée en matière de la publicité. La suite n’est qu’une explosion des
investissements publicitaires sur le média jusqu’à aujourd’hui. Au premier trimestre 2012, le
Chiffre d’Affaires Hors Taxe du média Télévision s’élevait à 2,1 milliards d’euros1.
L’EVOLUTION DES CONTENUS
Que de chemin parcouru entre le 24 février 1950 et le premier direct télévisé en France : « Le jeu
de l’amour et du hasard » sur l’unique chaîne de télévision à l’époque. Le paysage audiovisuel n’a
jamais cessé d’évoluer depuis la démocratisation du média télévision, la culture et le sport voyant
également leur place largement évoluer et leur statut changer sur la période. Ainsi, si nous
trouvons plus aujourd’hui un équivalent à « Apostrophe », émission lancée le 10 janvier 1975 sur
Antenne 2 et animée par Bernard Pivot jusqu’en juin 1990 il n’y a aujourd’hui plus de meilleur
endroit pour suivre un événement sportif que devant son poste de télévision. Deux facteurs
principaux sont en effet venus complètement bouleverser la vie de ce média.
− La concurrence d’abord, qui s’est largement étendue au cours des années 80 (lancement de
MTV en 1981, de Canal + le 4 novembre 1984, privatisation de TF1 en 1987) et qui a ensuite
connu une nouvelle forme de développement au milieu des années 2000 avec le lancement
de la télévision numérique. Entre temps, les chaînes spécialisées à péage trouvaient
également un segment à exploiter (création de CanalSat en 1992 et de TPS en 1996),
complétant une offre désormais pléthorique.
− Conséquence directe d’une concurrence accrue, l’arrivée d’une mesure d’audience
quotidienne venant sanctionner ou valoriser les stratégies de programmation des chaînes.
Créée en 1985 par la volonté commune des acteurs du marché de disposer d’une mesure
commune, Médiamétrie a chamboulé la vie du marché. Plus dépendantes des résultats, les
chaînes se tournent désormais vers des programmes destinés à conquérir le public le plus
large possible, privilégiant souvent un résultat à un contenu.
Le 28 septembre 1992 la naissance d’Arte constituait l’un des derniers actes de résistance à une
télévision dont les objectifs sont désormais plus orientés en fonction de leurs revenus
publicitaires que de la qualité de leurs contenus. Le sport et la culture, sous des formes diverses
via leurs facultés à ressembler devenaient alors des éléments incontournables des contenus
programmés.
UNE BONNE OU UNE MAUVAISE CHOSE ?
Si la démocratisation de la pratique télévisuelle a clairement permis une ouverture pour le grand
public à une certaine forme de culture, la question des types de contenus culturels mis en avant
sur la majorité des chaînes demeure. Si la télévision peut-être un moyen d’offrir la création
1 Bilan publicitaire Télévision 1er trimestre 2012 - Yacast
6
artistique au plus grand nombre directement via des diffusions de contenus ou plus indirectement
via le financement de productions cinématographiques par exemple, elle sera désormais toujours
configurée dans une logique commerciale permettant aux chaînes de remplir leurs objectifs en
termes d’audiences et de recettes publicitaires. C’est ainsi que nous avons assisté à de nouvelles
formes d’expressions et de mises en scènes de la vie culturelle et notamment de la musique.
Cette réflexion est également valable pour le sport, qui devra a fait fi de certaines valeurs pour
s’adapter à sa médiatisation grandissante.
Cette problématique de l’audimat et son impact sur la création, Pierre Bourdieu s’y intéressait en
1996 dans son essai « Sur la télévision »2 : « il est important de savoir que, historiquement, toutes
les productions culturelles, [...] qu’un certain nombre de gens considèrent comme les productions
les plus hautes de l’humanité, les mathématiques, la poésie, la littérature, la philosophie, toutes
ces choses ont été produites contre l’équivalent de l’audimat, contre la logique du commerce.
Voir se réintroduire cette mentalité audimat jusque chez les éditeurs d’avant-garde, jusque dans
les institutions savantes, qui se mettent à faire du marketing, c’est très inquiétant parce que cela
risque de mettre en question les conditions mêmes de la production d’œuvres qui peuvent
paraître ésotériques, parce qu’elles ne vont pas au-devant des attentes de leur public, mais qui, à
terme, sont capables de créer leur public ».
S’il semble donc illusoire de penser que la télévision soit un réel moyen d’expression pour les
différents courants artistiques et ne représente pas un bon terrain pour diffuser la création à
proprement parlé, il paraît clair que son influence sur le secteur n’en est pas moins déterminante.
Elle est aujourd’hui un passage quasiment obligé pour les artistes et les sportifs pour s’offrir une
visibilité et vivre de leur talent.
L’objet de notre réflexion apparaît alors assez naturel. Dans les conditions actuelles et compte
tenu des perspectives d’évolution de l’activité télévisuelle ces prochaines années, la télévision ne
semble plus représenter le cadre idéal pour promouvoir ces formes d’expressions. Les dérivés et
les nouveaux moyens mis en place par les acteurs majeurs du secteur pour étendre leur zone
d’influence pourraient en revanche offrir des terrains plus flexibles, plus libres et plus spécialisés
ce qui implique donc la question suivante :
La télévision « hors de la boîte » représente-t-elle le futur médiatique de l’événementiel
culturel et sportif ?
Pour mener l’analyse de la situation actuelle, des perspectives d’évolution et envisager des
solutions à apporter à ces secteurs d’activité, nous nous appuierons sur les étapes de réflexions et
de recherches suivantes. Dans un premier temps, une analyse de l’activité télévisuelle en matière
de sport et de culture ces dernières années sera menée afin de dégager des tendances et établir
des constats. Nous nous attacherons dans un deuxième temps à définir les nouveaux moyens de
consommer des contenus télévisuels et à analyser leur portée. Une rapide analyse de l’économie
des événements nous amènera ou pas, à constater une dépendance économique de ces
événements vis à vis du média télévisé. Enfin nous tenterons de proposer quelques solutions et
quelques perspectives en vue d’un développement de nouvelles offres médiatiques pour les
événements culturels et sportifs.
2 Pierre Bourdieu – référence essai
7
A. Sport et Culture à la croisée des chemins
1. Le sport générateur
d’audience
2. Vers une étendue de l’offre
3. Une culture télévisuelle
standardisée et mise en échec
4. Vers une évolution de la
consommation
8
A. SPORT ET CULTURE A LA CROISEE DES CHEMINS
Le sport, la culture et la télévision ont vu leurs activités se rapprocher, s’imbriquer. Les
événements sportifs et culturels ont « pénétré» l’écran de télévision mais en ont aussi désormais
besoin pour exister, obtenir une visibilité nécessaire à leur survie.
Nous nous attacherons à démontrer dans cette partie que si en effet, leur présence sur l’écran de
télévision est extrêmement importante, l’inverse l’est également. Les chaînes de télévisions ne
peuvent en effet se passer de ces événements clés, générateurs d’audiences et de lien(s) entre les
téléspectateurs et leur chaîne.
1. LE SPORT, GENERATEUR D’AUDIENCE
89 % des 15 ans et plus pratiquent un sport. 65 % des français déclarent avoir une pratique
soutenue (au moins une fois par semaine)3. Que ce soit en tant que licencié ou comme pratique
amateur, le sport est réellement un élément clé de la vie quotidienne des français.
Il est dès lors totalement naturel que les grands médias mettent en avant dans leur offre des
pratiques qui passionnent et rassemblent leurs consommateurs. Ces contenus audiovisuels,
diffusés sous des formes variées, sont autant devenus des éléments clés dans la vie des grands
médias que dans celle du public. C’est ce que nous allons nous attacher à démontrer.
1. LES GRANDES AUDIENCES SPORTIVES
Le sport est doté d’une puissance émotionnelle extraordinaire. Capable de rassembler, de créer
du lien entre différentes parties de la population, il prouve autant sa capacité à créer de
l’enthousiasme en amenant chaque week-end des dizaines de milliers de spectateurs dans les
stades qu’en les rassemblant devant leurs postes de télévision lors de la diffusion de ses plus
grandes représentations dans les grands médias.
Pour prouver cette affirmation, il nous suffit d’étudier l’historique
des meilleures audiences obtenues par les chaînes de télévision. Le
sport truste les meilleures places avec une constance inégalée par
les autres genres. La régularité des grandes compétitions (Coupe du
monde de football et de rugby, Championnats d’Europe de football,
Jeux Olympiques, autres grands événements type Roland Garros ou
Le Tour de France) lui permet en effet, de toujours figurer au
palmarès des meilleures performances annuelles.
3 Source : enquête pratique et physique 2010, CNDS / direction des sports, INSEP, MEOS.Champ : personnes résidant en France (métropole et départements d’outre-mer) et âgées de 15 ans ou plus.
20 le nombre d’audiences de sport
dans le top 100 des meilleures
audiences en 2006 et en 2010.
9
Notre propos est démontré par l’analyse des 100 meilleures audiences annuelles des 6 dernières
années. Nous observons deux pics associés aux années de Coupe du Monde de football (2006 et
2010). Si ces chiffres ne sont pas atteints chaque année, le sport n’est jamais absent des
palmarès.
Quelques enseignements à retirer de ces premières données :
- En 2006 et 2010, 20 % des meilleures audiences
enregistrées par les chaînes de télévision françaises l’ont
été grâce à du sport.
- Nous observons que les performances de l’équipe
nationale, si elles sont importantes pour établir des
performances au-delà des standards habituels ne sont
pas pour autant essentielles à l’établissement de
grandes audiences pour les chaînes diffusant ces
compétitions. En effet, en 2010 alors que les joueurs de
l’équipe de France de football ne dépassaient pas le
premier tour de la compétition, les résultats d’audience de la compétition ne s’effondraient
pas. La finale de la Coupe du Monde diffusée sur TF1 (Espagne vs Pays-Bas le 11 juillet)
obtenait la 4ème audience de l’année (14,11 millions de téléspectateurs, 63 % de part
d’audience).
- Nous pouvons aussi noter que le sport peut outrepasser ses fonctions et créer un
engouement allant bien au-delà de la simple rencontre sportive. Preuve en est avec la place
occupée dans le classement des audiences 2010 par le JT de TF1 du
11 mai 2010 au cours duquel Raymond Domenech, alors
sélectionneur national annonçait la liste des joueurs retenus pour
participer à cette Coupe du Monde. La partie du journal relative à
cette intervention regroupait 10,4 millions de téléspectateurs pour
une Part d’audience de 41%.
Cette extraordinaire portée du sport est confirmée par le placement
de ces audiences dans le top 10 des meilleures scores annuels (cf.
Des performances des équipes
nationales importantes pour
booster les audiences sans pour
autant être nécessaires
Le sport outrepasse ses
fonctions : 10,4 millions de
téléspectateurs pour l’annonce
de la liste des joueurs
sélectionnés pour disputer la
CDM 2010 de football.
10
graphique ci-dessous). En effet, ces moments peuvent être considérés comme des faits
marquants de l’année pour les téléspectateurs.
Le cas de la Coupe du Monde 2006 est symbolique. Sur les 10 meilleures audiences de l’année, 9
sont attribuées à la compétition qui a vu la France parvenir jusqu’à la finale de la Coupe du
Monde organisée en Allemagne. Pour obtenir de tels résultats, il est clair que cet événement
dépasse un simple cadre sportif.
La compétition obtenait d’ailleurs la meilleure audience jamais obtenue par un programme
diffusé en France avec la demi-finale remportée par la France face au Portugal (22,2 millions de
téléspectateurs massés devant leur poste le 5 juillet sur TF1).
Encore une fois, aucune année n’échappe à cette règle. En 2010, les grandes audiences
s’accumulaient malgré les piètres performances de l’équipe de France et en 2007, la Coupe du
Monde de Rugby disputée en France obtenait les faveurs des téléspectateurs. La demi-finale
perdue par le XV de France face à son rival anglais retenait l’attention 18,3 millions de
téléspectateurs pour établir le record de l’année et la meilleure performance jamais obtenue par
un match de rugby.
2. LA CHASSE AUX RECORDS
Le sport, comme nous l’avons vu ci-dessus, est un producteur d’audiences formidable. Il permet
d’établir des records et de donner un prestige quasiment sans équivalent aux chaînes qui ont eu
l’occasion de retransmettre l’événement, créant ainsi un lien indéfectible avec le téléspectateur
par les émotions qu’il suscite.
Cette tendance apparaît également clairement lorsque nous nous penchons sur les records
historiques d’audiences ou le sport ne truste ni plus ni moins que les 10 premières places des
plus grandes audiences de tous les temps en France (cf. tableau ci-dessous).
11
Nous pouvons donc très clairement voir que le sport est le type d’événement exclusivement
représenté dans ce top 10 des meilleures audiences historiques4 depuis la création du Médiamat
National Quotidien.
On remarque, comme vu plus haut que le football y occupe une place essentielle et que le seul
autre sport ayant accès aux honneurs de ce classement est le rugby.
Ces données affirment encore une fois l’analyse précédente qui
mettait en avant l’importance (même relative) du parcours et de
l’affection portée à l’équipe nationale. Aucune des rencontres qui
font l’objet de ces mesures d’audiences exceptionnelles ne
comprenait pas la présence de l’équipe de France sur le terrain.
Ce phénomène ne correspond bien entendu pas à une exception
française. 111,3 millions de téléspectateurs ont regardé le
Superbowl dans la nuit du 5 février 2012 aux Etats-Unis. Pour la 7ème
année consécutive, cette audience était en hausse, battant ainsi le record établit par ce même
événement l’année précédente.
I. LES NON SPECIALISTES ET LE SPORT : UN MOYEN DE MONTRER SA PUISSANCE ET
D’AFFIRMER SES AMBITIONS
Le sport est comme nous l’avons vu précédemment, un moyen idéal pour les plus grandes chaînes
de battre des records d’audience5, de rentrer dans l’histoire télévisuelle et dans l’esprit des
téléspectateurs / consommateurs.
Certaines chaînes généralistes (pour ne pas dire la plupart), se servent du sport pour montrer à
leurs téléspectateurs l’ambition de leur programmation. Ces achats de droits se révèlent de
bonnes opérations de communication pour les chaînes qui en plus d’accroître leur crédibilité
réalisent souvent de bonnes performances, créant du lien avec leurs téléspectateurs. Plusieurs
exemples peuvent être cités :
France 3 et les Coupes Nationales. Le sport peut parfois être le moyen d’affirmer une politique
éditoriale. C’est le cas de France 3 notamment, qui permet lors des premiers tours de
Coupes nationales, à ses téléspectateurs de regarder le match de leur équipe régionale en
diffusant chacune des rencontres. Cette stratégie de programmation, totalement en phase
avec le caractère régional de la chaîne est autant un moyen d’affirmer l’identité de la
chaîne que de la connecter avec ses téléspectateurs via un programme chargé de sens.
4 Source : Médiamétrie
5 http://enpleinelucarne.net/2011/10/tennis-le-masters-de-bercy-3586
1 Football France vs Portugal (DF) CDM 2006 5 juillet 2006 22,2 TF12 Football France vs Italie (F) CDM 2006 9 juillet 2006 22,1 TF13 Football France vs Italie (F) Euro 2000 2 juillet 2000 21,4 TF14 Football France vs Brésil (F) CDM 1998 12 juillet 1998 20,6 TF15 Football France vs Espagne (8èmes) CDM 2006 27 juin 2006 19,6 TF16 Football France vs Portugal (DF) Euro 2000 28 juin 2000 18,3 France 27 Football Togo vs France (1er Tour) CDM 2006 23 juin 2006 18,3 TF18 Rugby France vs Angleterre (DF) CDM 2007 13 octobre 2007 18,3 TF19 Football France vs Corée du Sud (1er Tour) CDM 2006 18 juin 2006 18,1 TF1
10 Football France vs Brésil (QF) CDM 2006 1et juillet 2006 17,9 TF1
Les plus grandes audiences télévisuelles en France
10 Les dix plus grandes audiences
de tous les temps enregistrées
en France sont à attribuer à des
événements sportifs
II. UN LEVIER / OBJET DE SEDUCTION POUR LES C
W9 et le Superbowl. La petite sœur de la chaîne M6 diffuse depuis quelques années
événement sportif américain. Quelle manifestation
pour se constituer un certain prestige que celui
mal éduqué et peu fasciné par ce sport
Même diffusé en pleine nuit, la puissance
téléspectateurs et de signer des records d’audiences. Anciennement diffusé par France
Télévisions, l’événement s’installe
rapprocher de celles enregistrées par le grand groupe public au milieu des années 2000. Au
delà d’une capacité à générer une bonne audience pour son heure de diffusion (début du
match entre minuit et une heure du matin), cet événement planétaire est surtou
moyen pour une chaîne comme W9 de marquer son entrée dans la classe des chaînes nationales
qui comptent, de celles qui sont capables de proposer un événement de portée internationale qui
est de plus en adéquation parfaite
W9 et la Ligue Europa. W9 diffuse également les matches de certains clubs français dans la
seconde compétition européenne de football annuelle. Se focalisant sur une équipe française de
renom (Paris Saint-Germain en 2011, Olympique de Mars
compétition), W9 affiche très clairement ses ambitions
détriment d’une affiche à un intérêt sportif plus élevé.
La chaîne a également profité de ces rencontres pour proposer
permettant notamment de
(diffusions en portugais lors de matches
Côté performances, Salzbourg
rassemblé 1,9 millions de téléspectateurs sur la chaîne de la TNT le 1
enregistrant même un pic d'audience à 2,4 millions d'amateurs
0
100000
200000
300000
400000
500000
600000
700000
2006 200
P
SEDUCTION POUR LES CHAINES DE LA TNT GRA
. La petite sœur de la chaîne M6 diffuse depuis quelques années
énement sportif américain. Quelle manifestation peut mieux représenter un achat de droit
pour se constituer un certain prestige que celui-ci, alors que le public français est extrêmement
mal éduqué et peu fasciné par ce sport ?
en pleine nuit, la puissance du Superbowl permet à W9 de réunir des
téléspectateurs et de signer des records d’audiences. Anciennement diffusé par France
s’installe sur W9 qui voit tous les ans son audience
rapprocher de celles enregistrées par le grand groupe public au milieu des années 2000. Au
delà d’une capacité à générer une bonne audience pour son heure de diffusion (début du
match entre minuit et une heure du matin), cet événement planétaire est surtou
moyen pour une chaîne comme W9 de marquer son entrée dans la classe des chaînes nationales
qui comptent, de celles qui sont capables de proposer un événement de portée internationale qui
est de plus en adéquation parfaite avec la cible principale de la chaîne.
. W9 diffuse également les matches de certains clubs français dans la
seconde compétition européenne de football annuelle. Se focalisant sur une équipe française de
Germain en 2011, Olympique de Marseille lorsque le club disputait cette
), W9 affiche très clairement ses ambitions : proposer un produit d’appel
détriment d’une affiche à un intérêt sportif plus élevé.
également profité de ces rencontres pour proposer
permettant notamment de regarder certains matches dans leur version originale
en portugais lors de matches comportant des équipes lusitaniennes).
Salzbourg-PSG (2-0, 5e j. de la phase de poules de la Ligue Europa)
de téléspectateurs sur la chaîne de la TNT le 1
enregistrant même un pic d'audience à 2,4 millions d'amateurs de football à la fin de la rencontre,
07 2008 2009 2010
Performances du Superbowl en France
(en milliers de téléspectateurs)
12
HAINES DE LA TNT GRATUITE
. La petite sœur de la chaîne M6 diffuse depuis quelques années le plus grand
peut mieux représenter un achat de droits
ci, alors que le public français est extrêmement
permet à W9 de réunir des
téléspectateurs et de signer des records d’audiences. Anciennement diffusé par France
son audience augmenter et se
rapprocher de celles enregistrées par le grand groupe public au milieu des années 2000. Au
delà d’une capacité à générer une bonne audience pour son heure de diffusion (début du
match entre minuit et une heure du matin), cet événement planétaire est surtout un bon
moyen pour une chaîne comme W9 de marquer son entrée dans la classe des chaînes nationales
qui comptent, de celles qui sont capables de proposer un événement de portée internationale qui
. W9 diffuse également les matches de certains clubs français dans la
seconde compétition européenne de football annuelle. Se focalisant sur une équipe française de
lorsque le club disputait cette
proposer un produit d’appel au
des innovations, en
regarder certains matches dans leur version originale
équipes lusitaniennes).
0, 5e j. de la phase de poules de la Ligue Europa) a
de téléspectateurs sur la chaîne de la TNT le 1er décembre 2011,
à la fin de la rencontre,
2011 2012
13
à 22h576. C'est la « meilleure audience pour un match de foot » pour la chaîne, indiquait d’ailleurs
W9 dans un communiqué.
Direct 8 et les « autres » Equipes de France. « A l'époque, la
Fédération Française de Football (FFF) lançait un appel d'offres
pour le championnat national et les Espoirs. Ce lot incluait
également les droits TV de l'Equipe de France Féminine jusqu'en
2014, pour lequel nous nous sommes donc engagés à diffuser
trois matchs par an». Thierry Cheleman, directeur des sports de
Direct 8.
Direct 8 retransmet depuis 2009 plusieurs rencontres par an des
équipes de France Espoirs et Féminines de football. Le public, en
attente d’un sport aux autres valeurs que celles du football
professionnel masculin, qualifié de « business », s’est largement pris au jeu et a apporté un vrai
crédit à cette programmation.
En 2011, les performances des matches des équipes féminines ont pris une autre
dimension avec le parcours en Coupe du Monde des Bleues. La demi-finale opposant la
France aux Etats-Unis du Mondial féminin signait le record historique de la chaîne et de
la TNT toutes chaînes confondues avec 2 430 000 téléspectateurs et 17,4% de part d'audience.
Les performances de la rentrée 2011 ont également surfé sur cette vague d’affection, les matchs
qualificatifs des Bleues à l'Euro 2013 ont en effet attiré entre 720 000 et 940 000 fans7 à chacune
de leurs diffusions.
II. LES CHAINES SPORTIVES : FIGURES DE PROUE DES THEMATIQUES
Les grands noms des chaînes thématiques de sport restent des références des chaînes payantes,
restant bien au-dessus des standards habituels des chaînes thématiques.
6 http://www.francefootball.fr/fiche/club/09/1009-red-bull-salzbourg.html#!/news/2011/12/02/131252_le-psg-cartonne-sur-w9.html (Source Médiamétrie) 7 http://www.lefigaro.fr/sport-business/2011/10/12/04014-20111012ARTFIG00748-le-foot-feminin-booster-d-audience-pour-direct-8.php (Sources Médiamétrie)
2 430 000 téléspectateurs : le record des
chaînes de la TNT Gratuite.
Signé par Direct 8 lors de la
demi-finale de la CDM de
football féminin.
14
Preuve en est, les part d’audiences des chaînes thématiques en février 20128, où des chaînes
comme Canal Plus Sport s’approchent du 1% de part de marché et donc de certaines
performances enregistrées par des chaînes de la TNT Gratuite.
3. 2012, DES PERSPECTIVES EXCEPTIONNELLES POUR LES AUDIENCES AUDIOVISUELLES
SPORTIVES
I. LE CHAMPIONNAT D’EUROPE 2012 DE FOOTBALL
Nous l’avons vu, le football est un extraordinaire vecteur pour amener les audiences télévisuelles
à leurs plus hauts niveaux. L’édition 2012 des championnats d’Europe ne devrait pas faillir à la
règle. Les événements précédents laissent entrevoir des perspectives extrêmement intéressantes
pour les chaînes qui ont acquis les droits, d’autant que l’équipe de France est qualifiée pour la
compétition.
En 2008, la France, défaite contre l’Italie et les Pays-Bas en phase de poules attirait 13,2 millions
de téléspectateurs sur M6 le 17 juin 2008 et 12,6 millions le 13 juin sur TF1. Malgré donc le piètre
parcours de l’équipe nationale, les Français se sont passionnés pour l’événement puisqu’ils
étaient 11,2 millions à regarder la finale de la compétition (Allemagne – Espagne le 29 juin à
Vienne sur TF1)9.
L’édition 2004 de l’Euro avait également été prolifique au niveau des audiences obtenues par TF1
et France Télévisions, alors diffuseur de la compétition malgré le parcours moyen des Bleus
(élimination en Quarts de finale de la compétition face à la Grèce).
La finale du championnat opposant le Portugal et la Grèce avait
attiré 12,6 millions de téléspectateurs (plus de 50 % de Pda) alors
que le record de l’Euro avait été établi par l’équipe de France et son
match de poule décisif face à la Suisse (15,3 millions de
téléspectateurs le 21 juin 2004 sur TF1 pour une part d’audience de
60,7 %)10.
Si c’est finalement le nouvel entrant Al Jazeera Sport et ses deux
chaînes « Be In Sport » et « Be In Sport 2 » qui a obtenu les droits de
la compétition, elle doit laisser les matches principaux de la
compétition à des chaines permettant une diffusion en clair. Ainsi la finale mais aussi les
rencontres de l’équipe de France seront rendues accessibles aux téléspectateurs sur les chaînes
avec lesquelles le groupe trouvera un accord. Les audiences devraient être au rendez-vous.
II. LES JEUX OLYMPIQUES D’ETE 2012 DE LONDRES
Entre le 9 et le 20 août 2008, les Jeux Olympiques de Pékin, diffusés sur France Télévisions avaient
attiré en moyenne 1,4 millions de téléspectateurs sur France 2 et France 3 pour une part
d’audience moyenne de 25,3 %11.
8 Chiffres Médiamétrie – Communiqué de presse sur l’audience des chaînes thématiques – Février 2012 9 Chiffres Médiamétrie. 10 Chiffres Médiamétrie - http://www.liberation.fr/medias/0101494772-finale-de-l-euro-excellent-score-de-france-2 11 Chiffres Médiamétrie - http://www.lexpress.fr/actualite/media-people/media/les-jo-dopent-l-audience-de-france-
televisions_552773.html
11,2 millions de téléspectateurs étaient
devant leur poste pour la finale
de l’Euro 2008 sur TF1 et ce
malgré l’élimination de l’EDF au
1er tour de la compétition.
15
Cet événement est l’occasion de mettre en avant d’autres disciplines. 4,3 millions de
téléspectateurs ont ainsi regardé le dimanche 17 août à 13h40 la médaille d’or des sabreurs
français (escrime), soit 34 % de part d’audience12.
Une semaine auparavant, 3,9 millions de téléspectateurs avaient
également observé la désillusion de Laure Manaudou sur le 400
mètres féminin de natation. La cérémonie d’ouverture quant à elle
(8 août) avait attiré 5 millions de curieux sur France 213.
Au total, les Jeux Olympiques 2008 ont attiré 36 millions de
téléspectateurs. Pour ces JO, France Télévisions avait déboursé 44
millions d’euros (auxquels s’ajoutent 12 millions de frais de
production)14.
Les sites consacrés aux Jeux Olympiques du groupe France
Télévisions ont également reçu pendant la période 3,5 millions de visites qui ont généré 30
millions de pages vues15, laissant augurer sur le Web des perspectives incroyables pour les
prochaines éditions.
Des perspectives exceptionnelles pour Londres 2012
Il faut rappeler que ces performances ont été réalisées avec des horaires défavorables (6 heures
de décalage). Cette donnée laisse entrevoir des perspectives très favorables pour l’édition qui se
déroulera à Londres du 27 juillet au 12 août 2012. Les horaires permettront de mettre en avant
certaines compétitions phares en prime-time, la proximité géographique et surtout le dispositif
mis en place par France Télévisions devraient permettre au groupe public d’établir des
performances de tout premier plan. Pour preuve de l’impact du
décalage horaire, 5 millions de téléspectateurs avaient suivi la
cérémonie d’ouverture à Pékin alors que celle des JO d’Athènes avait
été suivie par 7,3 millions de téléspectateurs (13 août 2004).
France Télévisions, qui diffusera 400 heures de direct sur ses
antennes et l’ensemble des épreuves en direct vidéo sur les sites
Internet dédiés par le groupe à l’événement (2 000 heures de
diffusion), devrait donc profiter de cet événement pour enregistrer
des performances exceptionnelles.
II. ROLLAND GARROS ET LE TOUR DE FRANCE
2012 verra également les autres grands événements sportifs réguliers avoir lieu et s’offrir une
exposition médiatique conséquente. Rolland Garros et Le Tour de France font partie de ces
manifestations de niveau mondial et semblent tous dans une dynamique positive. Le Tour de
France a en effet bénéficié d’un cru 2011 exceptionnel, avec des aventures sportives qui ont
passionné les téléspectateurs.
12 Chiffres Médiamétrie - http://www.lexpress.fr/actualite/media-people/media/les-jo-dopent-l-audience-de-france-televisions_552773.html 13 Chiffres Médiamétrie - http://www.lexpress.fr/actualite/media-people/media/les-jo-dopent-l-audience-de-france-televisions_552773.html 14 Chiffres Médiamétrie - http://sport.francetv.fr/jeux-olympiques-2008/index-fr.php?article=6008&page=article 15 Chiffres fournis par « L’Express » - http://www.lexpress.fr/actualite/media-people/media/les-jo-dopent-l-audience-de-france-televisions_552773.html
36 millions de téléspectateurs français au
total en France ont regardé les
Jeux Olympiques sur France
Télévisions.
7,7 millions de téléspectateurs
français étaient devant leur
poste pendant l’ascension des
coureurs du Galibier pendant le
Tour de France 2011.
16
Les chaînes du groupe France Télévisions ont en effet battu des records d’audiences sur l’édition
2011. L’étape du jeudi 21 juillet par exemple, a rassemblé en moyenne sur les chaînes du
groupe 5,9 millions de téléspectateurs pour 55,4% de part d’audience. Un record historique pour
cette compétition. Mieux, lors de la petite heure qu’il a fallu aux coureurs pour escalader le
Galibier, c’était 7,7 millions de téléspectateurs qui étaient massés devant leur poste pour une part
d’audience de 62,4 %16. Nul doute que le groupe public voudra cette année capitaliser sur ce
succès 2011.
Rolland Garros, comme Le Tour de France, est un événement qui continuent de
progresser. Egalement retransmis par le service public, il a battu des records d’audiences
en 2011. La finale masculine du tournoi notamment, qui mettait aux prises les meilleurs
ennemis Rafael Nadal et Roger Federer a réuni 5,3 millions de téléspectateurs entre
14h30 et 19 heures soit une part d’audience de 36 % sur l’ensemble de l’après-midi. Un
record depuis 1999.
Au total, ce sont 29 millions de téléspectateurs qui ont regardé le tournoi au moins 10 minutes
consécutives sur les antennes de France Télévisions, soit 49,8 % de la population française
équipée d’une télévision.
Comme à l’accoutumée, les événements sportifs rythmeront la vie des français pendant l’été et
celui de 2012 devrait donc être extrêmement porteur en termes d’audiences.
4. LES GRANDS EVENEMENTS SPORTIFS, LEVIERS POUR LA CONSOMMATION DES
MENAGES
I. LES EVENEMENTS, L’OCCASION POUR LES CONSTRUCTEURS DE PRESENTER ET DE
LANCER LEURS INNOVATIONS TECHNOLOGIQUES
Les compétitions sportives sont de très bonnes occasions pour les fabricants de tester en
grandeur nature la valeur de leurs innovations. Les contenus, propices à la consommation de ces
nouvelles technologies sont aussi un levier pour pousser à l’acte
d’achat des ménages.
L’exemple de Sony, lançant une gamme de 8 téléviseurs restituant les
images en trois dimensions à l’occasion de la Coupe du Monde de
football 2010 est frappant. « Lancer des téléviseurs 3D plus tôt en
l'absence de contenus dédiés n'aurait pas eu de sens. Nous serons un
peu en retard sur d'autres marques, mais nous lançons ces produits à
partir de juin pour qu'ils soient en phase avec la Coupe du monde de
football et la mise en vente de jeux en 3D », avait alors déclaré le vice-
président de Sony Yoshihisa Ishida17.
II. UN ETAT D’ESPRIT PROPICE A LA CONSOMMATION
Les périodes correspondant aux grands événements sportifs sont également propices à une
hausse de la consommation des ménages. Cette tendance impacte particulièrement le secteur
d’activité des équipements électroniques. « Si tous les postes d'équipement du logement sont
16 Chiffres Médiamétrie - http://tele.premiere.fr/News-Tele/Audiences-TV-records-battus-pour-le-Tour-de-France-sur-France-
Televisions-2838616
17 http://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/03/09/sony-se-lance-dans-la-television-3d_1316463_651865.html
« Nous lançons ces produits à
partir de juin pour qu'ils soient
en phase avec la Coupe du
monde de football »
Yoshihisa Ishida, Vice-
président de Sony
17
dynamiques, la plus forte hausse concerne l'électronique grand public, stimulée en premier lieu par
un « effet Coupe du Monde » sur les achats de téléviseurs », expliquait l'Insee en Juin 2010. Si
l’effet n’est que peu notable sur un point de vue macroéconomique, l’institut de statistiques
concède que « les coupes du monde de football ont, semble-t-il, un effet sur les ventes de
téléviseurs »18.
Cette tendance est d’ailleurs confirmée par les chiffres. En mai 2010
soit dans le mois précédant l’ouverture de la compétition, les
dépenses en biens durables ont fortement augmenté (+ 3,6 %) par
rapport aux mois précédents. Les équipements du logement
augmentaient eux spectaculairement de 7,3 % sur le mois19.
Des offres spéciales destinées à pousser à la consommation
− Les offres d’équipements TV aux particuliers…
L’édition 2010 de la Coupe du Monde fût extrêmement
prolifique au niveau des offres spéciales réalisées par les fabricants ou revendeurs de
matériel télévisuel. A l’approche de l’événement, de nombreux efforts de communication
incitant le consommateur à déclencher l’achat ont vu le jour. Carrefour (partenaire officiel
de l’équipe de France de football) par exemple, promettait de rembourser intégralement
les téléviseurs achetés pendant une certaine période si l’équipe nationale remportait la
compétition (cf. à la publicité en annexe 3).
− … et aux professionnels
Plus étonnant, Pixmania et sa division professionnelle a saisi l’occasion de la Coupe du
Monde 2010 de football pour proposer à ses clients d’équiper leurs bureaux pour pouvoir
permettre aux employés des entreprises de suivre les rencontres de la compétition.
Télévisions, vidéoprojecteurs étaient alors proposés pour permettre une diffusion
optimale au bureau20.
18 http://bercy.blog.lemonde.fr/2010/06/24/consommation-leffet-coupe-du-monde-de-football/ 19 http://www.insee.fr/fr/themes/info-rapide.asp?id=19&date=20100624 20 http://www.itrnews.com/articles/105295/pixmania-pro-lance-offres-speciales-coupe-monde-football-equiper-son-entreprise.html
« Les coupes du monde de
football ont, semble-t-il, un
effet sur les ventes de
téléviseurs »
Insee – Juin 2010
18
Mais les vendeurs de téléviseurs ne sont pas les seuls à profiter de ce genre d’événements pour
tenter de déclencher un achat. Les opérateurs ou des fournisseurs d’accès à Internet font
également de ces compétitions des moments forts de leur activité commerciale et de
communication au cours de l’année. Ainsi pour la Coupe du Monde de rugby, nous avons pu voir
Numéricable proposer une offre spéciale (ci-dessus).
L’impact de ces grandes compétitions sportives et donc absolument indéniable et doit être pris
en compte dans nos analyses. Ces événements incluent également un rapport spécial du public
avec son équipement, qui représente le lien avec l’équipe qu’il supporte et le vecteur des
émotions suscitées par ces événements.
LE SPORT GENERATEUR D’AUDIENCES - QUE RETENIR ?
− Le sport a une valeur de mobilisation. Il obtient des scores d’audience extrêmement
importants avec une constance inégalée par les autres genres.
− L’équipe nationale est une aide pour atteindre les sommets mais pas absolument
essentielle pour réussir de bonnes audiences.
− Le sport trouve sa place au sein des moments forts de la vie des français qui se
réunissent autour d’événements exceptionnels quasiment exclusifs : les grandes
compétitions de football et de rugby.
− Ces moments sont toutefois exceptionnels. Chaque diffusion de sport n’enregistre pas
des performances permettant d’intégrer les meilleures audiences de l’année.
− On note que ressort un certain manque de diversité des chaînes dont la stratégie semble
être de se focaliser sur une partie des grands événements sportifs en ne laissant que
peu de place aux autres manifestations.
− Le sport créé un lien entre les téléspectateurs et les chaînes : des moments forts de
l’année télévisuelle mais aussi une construction d’une expérience et d’une histoire
commune entre les français basée sur des émotions.
− Les grandes compétitions sportives sont donc des produits de prestige, autant pour les
grandes chaînes possédant les plus grands droits que celles plus moyennes qui diffusent
des droits secondaires.
− Les performances lors des éditions précédentes des grands événements de l’été 2012 ne
laissent planer aucun doute sur la capacité des événements de l’été à fédérer un grand
nombre de téléspectateurs, d’autant que toutes les grandes compétitions cette année se
feront dans les fuseaux horaires européens.
− Les fournisseurs d’équipements aussi profitent des grands événements sportifs qui sont
des moments propices à une hausse de la consommation des ménages.
2. VERS UNE ETENDUE DE L’OFFRE TELEVISUELLE SPORTIVE
L’offre de programmes sportifs est d’ores et déjà extrêmement riche même si nous pouvons
remettre en question la diversité des sports proposés.
Ces offres sont à la fois réparties sur les grandes chaînes généralistes, sur lesquelles sont diffusés
les plus grands événements mais aussi sur de nombreuses chaînes thématiques, qui ont vu le jour
pour combler une demande toujours plus forte de contenus diversifiés.
Alors que l’on pourrait penser que le marché arrive à saturation vu le nombre de chaîne, il n’en
n’est rien et l’offre continue de croître. L’arrivée d’un nouvel acteur majeur et le positionnement
d’un d’entre eux sur les chaînes de la TNT gratuit
1. LES PRINCIPALES OFFRES TELEVISUELLES SPO
Les acteurs du monde des médias ont bien compris cet engouement suscité par le sport
créé des chaînes regroupant
consacrée à un panorama des chaînes
battent pour l’acquisition de droits
LES CHAINES DU GROUPE CANAL
Le groupe Canal + fait figure de leader sur le marché. La chaîne généraliste qui fait depuis ses
débuts du sport (et plus particulièrement du championnat de France de football) son principal
produit d’appel a réussi un pari audacieux
et du rugby alors qu’elle n’est pas une chaîne
Si Canal Plus se démarque autant c’est
par la qualité des droits acquis mais aussi par
figures sportives qui peuplent l’antenne qui apporte
valeur ajoutée à l’image.
Des émissions comme « Les spécialistes
succès du Canal Football Club (Canal Plus) qui s’est imposée
comme l’émission de référence sur le championnat de France
professionnel de football.
LES CHAINES D’INFORMATION SPORTIVES
Alors que l’on pourrait penser que le marché arrive à saturation vu le nombre de chaîne, il n’en
n’est rien et l’offre continue de croître. L’arrivée d’un nouvel acteur majeur et le positionnement
d’un d’entre eux sur les chaînes de la TNT gratuite sont la preuve formelle de cette tendance.
ES TELEVISUELLES SPORTIVES FRANÇAISES
Les acteurs du monde des médias ont bien compris cet engouement suscité par le sport
des offres de contenus à caractères sportifs large
des chaînes reconnues comme spécialistes de l’offre
l’acquisition de droits et financent une partie du sport de haut niveau
E CANAL +
fait figure de leader sur le marché. La chaîne généraliste qui fait depuis ses
débuts du sport (et plus particulièrement du championnat de France de football) son principal
produit d’appel a réussi un pari audacieux : celui de se positionner comme spécialiste du football
et du rugby alors qu’elle n’est pas une chaîne de sport.
s se démarque autant c’est par la qualité de son offre
par la qualité des droits acquis mais aussi par l’analyse et les
portives qui peuplent l’antenne qui apportent une vraie
Les spécialistes » (Canal Plus Sport) ou le
nal Football Club (Canal Plus) qui s’est imposée
comme l’émission de référence sur le championnat de France
ATION SPORTIVES
d’euros seront attribués chaque
année à la Ligue 1 par Canal +
sur la période 2012 / 2016.
19
Alors que l’on pourrait penser que le marché arrive à saturation vu le nombre de chaîne, il n’en
n’est rien et l’offre continue de croître. L’arrivée d’un nouvel acteur majeur et le positionnement
e sont la preuve formelle de cette tendance.
Les acteurs du monde des médias ont bien compris cet engouement suscité par le sport et ont
larges. Cette partie est
de l’offre sportive qui se
sport de haut niveau français.
fait figure de leader sur le marché. La chaîne généraliste qui fait depuis ses
débuts du sport (et plus particulièrement du championnat de France de football) son principal
se positionner comme spécialiste du football
420 millions d’euros seront attribués chaque
année à la Ligue 1 par Canal +
sur la période 2012 / 2016.
Les chaînes d’information sportives L’Equipe TV (Groupe Amaury) et Infosport + (Groupe Canal
Plus) sont importantes dans le paysage audiovisuel sportif.
fréquence sur la TNT gratuite devrait dans les mois à venir voir son audi
AUTRES CHAINES THEMATIQUES
Les autres grandes chaînes sportives françaises offrent des grilles de programmes plus
« classiques » avec l’acquisition de certains droits. Eurosport France, déclinaison télévisuelle
française du groupe Eurosport bénéficie de la renommée la plus importante. Elle se différencie
aussi quelque peu par sa ligne éditoriale en retransmettant par exemple une grande partie de la
saison de sports d’hiver.
Ma Chaîne Sport et Orange Sport semblent s’être position
similaires en proposant des rendez
Autre groupe qui propose une ligne éditoriale différente
hippiques, il consacre depuis
Equidia Life, dédiée au cheval lui
Dans l’ensemble, nous pouvons voir que plusieurs chaines ont su se faire une place dans le
paysage audiovisuel sportif français avec l’acquisition de compétitions sportives
Si le groupe Canal + se positionnait donc jusqu’alors comme la référence française avec les droits
des plus grandes compétitions nationales des deux sports phares (Football et Rugby)
évolue avec l’arrivée d’Al Jazeera Sports
2. AL JAZEERA, L’ACTEUR QUI CHAMBOULE TOUT
Al Jazeera Sport est la déclinaison sportive du groupe média Al Jazeera. Son audience est estimée
entre 30 et 40 millions de téléspectateurs dans le monde
monde audiovisuel sportif qui a fait l’annonce de son arrivée sur le marché français. Menée par
Les chaînes d’information sportives L’Equipe TV (Groupe Amaury) et Infosport + (Groupe Canal
Plus) sont importantes dans le paysage audiovisuel sportif. L’Equipe TV, qui a obtenu une
fréquence sur la TNT gratuite devrait dans les mois à venir voir son auditoire exploser.
THEMATIQUES SPORTIVES
Les autres grandes chaînes sportives françaises offrent des grilles de programmes plus
» avec l’acquisition de certains droits. Eurosport France, déclinaison télévisuelle
pe Eurosport bénéficie de la renommée la plus importante. Elle se différencie
aussi quelque peu par sa ligne éditoriale en retransmettant par exemple une grande partie de la
Ma Chaîne Sport et Orange Sport semblent s’être positionnées sur des profils de chaînes assez
similaires en proposant des rendez-vous footballistiques et du basket-ball.
qui propose une ligne éditoriale différente : Equidia. Spécialisé
il consacre depuis septembre 2011 une chaîne au sport hippique et une seconde,
ife, dédiée au cheval lui-même.
Dans l’ensemble, nous pouvons voir que plusieurs chaines ont su se faire une place dans le
paysage audiovisuel sportif français avec l’acquisition de compétitions sportives
Si le groupe Canal + se positionnait donc jusqu’alors comme la référence française avec les droits
des plus grandes compétitions nationales des deux sports phares (Football et Rugby)
d’Al Jazeera Sports : un nouvel acteur à la puissance financière
QUI CHAMBOULE TOUT
Al Jazeera Sport est la déclinaison sportive du groupe média Al Jazeera. Son audience est estimée
30 et 40 millions de téléspectateurs dans le monde. C’est donc un véritable poids lourd du
monde audiovisuel sportif qui a fait l’annonce de son arrivée sur le marché français. Menée par
20
Les chaînes d’information sportives L’Equipe TV (Groupe Amaury) et Infosport + (Groupe Canal
L’Equipe TV, qui a obtenu une
toire exploser.
Les autres grandes chaînes sportives françaises offrent des grilles de programmes plus
» avec l’acquisition de certains droits. Eurosport France, déclinaison télévisuelle
pe Eurosport bénéficie de la renommée la plus importante. Elle se différencie
aussi quelque peu par sa ligne éditoriale en retransmettant par exemple une grande partie de la
nées sur des profils de chaînes assez
Spécialisé dans les sports
sport hippique et une seconde,
Dans l’ensemble, nous pouvons voir que plusieurs chaines ont su se faire une place dans le
paysage audiovisuel sportif français avec l’acquisition de compétitions sportives de premier plan.
Si le groupe Canal + se positionnait donc jusqu’alors comme la référence française avec les droits
des plus grandes compétitions nationales des deux sports phares (Football et Rugby) la situation
nouvel acteur à la puissance financière très forte.
Al Jazeera Sport est la déclinaison sportive du groupe média Al Jazeera. Son audience est estimée
’est donc un véritable poids lourd du
monde audiovisuel sportif qui a fait l’annonce de son arrivée sur le marché français. Menée par
21
Charles Biétry, elle se présente avec la volonté de devenir dans un
futur très proche, le grand acteur du secteur.
L’opération de séduction des consommateurs par l’acquisition de
grands droits sportifs a déjà commencé avec l’acquisition pour la
période 2012 / 2016 de 8 matches de Ligue 1 sur 10 pour environ
240 millions d’euros21 ou encore les droits de la Ligue des champions
en obtenant 4 des 5 lots mis en jeu par l’UEFA22.
Al Jazeera Sport déboursera 61 millions d’euros pour ces droits
relatifs à la plus prestigieuse des compétitions de football européenne chaque année, soit le
double de ce que Canal + déboursait jusqu’alors. Si la chaîne ne pourra pas diffuser les rencontres
de l’équipe de France de football ou les matches décisifs de l’Euro 2012 (matches protégés ayant
l’obligation d’être diffusés en clair), cela n’a pas empêché de s’offrir l’ensemble des droits de la
compétition pour environ 130 millions d’euros23.
Des acquisitions de droits qui bouleversent le marché donc et particulièrement les habitudes du
groupe Canal +, qui ne peut rivaliser financièrement. Ce changement est d’autant plus fort que la
chaîne a annoncé le prix de l’abonnement mensuel : aux alentours de 11 euros par mois. Plus de
trois fois moins cher qu’un abonnement Canal +.
Au-delà de la simple concurrence pour le groupe Canal +, cet
acteur pose la question de la diffusion en clair des événements
sportifs. Si certaines des manifestations sont « protégées » par la
législation française, la part des événements accessibles au grand
public pourrait bien se réduire sensiblement.
Car si Canal Plus ne peut pas rivaliser avec Al Jazeera, il est clair
que ni le groupe TF1, ni le groupe M6, ni le groupe France
Télévisions ne pourront s’aligner lors d’une montée des enchères
sur des événements que ces groupes ont l’habitude de diffuser.
Ainsi il n’est pas inenvisageable à terme de voir des événements historiques du sport français
passer dans le domaine du payant. Rolland Garros, Le Tour de France, les épreuves secondaires
du calendrier footballistique et pourquoi pas même les Jeux Olympiques. Un fait qui creuserait
nécessairement un fossé entre le monde du sport professionnel et son public.
Il ne faut toutefois pas voir l’impact d’Al Jazeera avec un angle exclusivement négatif. En
alimentant financièrement certains sports (si la ligne éditoriale n’a pas encore été complètement
précisée, Charles Biétry a garanti une forte diversité dans les sports proposés par la chaîne), en
proposant ses prestations pour une somme raisonnable et en stimulant la concurrence, nous
pouvons voir en l’arrivée de cette chaîne une véritable bonne nouvelle.
3. FIN DE PARTIE POUR CFOOT : L’IMPOSSIBILITE D’UN « AUTRE FOOTBALL » A LA
TELEVISION ?
21 Informations L’Equipe : http://www.sudouest.fr/2012/01/26/droits-tele-la-chaine-al-jazira-sport-diffusera-bien-huit-des-dix-matches-de-ligue-1-616251-766.php 22 Informations Le Monde : http://www.lemonde.fr/sport/article/2011/12/06/football-al-jazira-diffusera-la-ligue-des-champions-en-france-des-2012_1613742_3242.html 23 Information RMC Sports relayée par Le Figaro : http://www.lefigaro.fr/sport-business/2012/02/23/20006-20120223ARTFIG00369-al-jezira-aurait-remporte-l-euro-2012.php
11 euros le prix de l’abonnement
mensuel annoncé pour les 2
chaînes sportives d’Al Jazeera
en France.
240 millions d’euros dépensés chaque année
pour 8 affiches de Ligue 1 par Al
Jazeera sur la période 2012 /
2016.
22
L’onde de choc provoquée par l’entrée sur le marché d’Al Jazeera et ses acquisitions de droits,
notamment concernant le football a précipité un très probable arrêt de la chaîne de la Ligue
professionnelle de football CFoot, qui diffusait notamment les rencontres de Ligue 2 et certains
magazines dédiés au sport roi (football féminin, africain).
Devant l’arrivée d’un nouveau concurrent payant aux moyens financiers illimités, CFoot a
officialisé « l’arrêt de la chaîne à la fin de la saison ». « Cette décision a été prise en raison des
perspectives très sombres de la TNT payante, des conditions de distribution très défavorables
faites à la chaîne et du contexte de crise économique qui n'épargne pas le football français » avait
précisé la Ligue qui a vu ses principales perspectives (remettre la main sur des produits phares de
la Ligue 1 afin d’attirer des téléspectateurs) rendues impossible par l’arrivée d’Al Jazeera.
En dehors de son positionnement sur la TNT Payante, elle même en situation d’échec et de la
stratégie peut-être trop ambitieuse de la chaîne et de la Ligue, la question de la diffusion d’un
autre football est posée. Car si Al Jazeera va très clairement favoriser la diffusion d’événements
footballistiques correspondant aux standards des autres grandes chaînes, ce sera donc au
détriment de ceux mis en avant par CFoot.
4. L’EQUIPE TV HD, PREMIERE CHAINE D’INFORMATIONS SPORTIVES FRANÇAISE
DISPONIBLE SUR LA TNT GRATUITE
Le groupe Amaury Médias et sa chaîne « L'Equipe TV HD » ont été sélectionnés par le CSA comme
chaîne d’informations gratuites dédiée au sport dans le cadre de l’appel d’offres qui devait
attribuer 6 nouvelles fréquences sur la TNT Gratuite.
François Morinière, Directeur Général du groupe L’Equipe se
félicitait de cette nouvelle : « C'est un jour historique pour le sport
en France qui va profiter d'une formidable fenêtre d'exposition sur
un canal de télévision gratuit. C'est aussi un jour historique pour le
groupe L'Équipe, 66 ans après sa création (...), qui va désormais
pouvoir développer une chaîne grand public unique, innovante,
interactive et riche de la diversité du sport »24.
« Pour la première fois en France, une chaîne de sport gratuite et
accessible à toute la population française va être créée », a ajouté
le groupe, précisant que « L'Équipe HD sera la chaîne de tous les sports, de tous les terrains de
sport et de tous ceux qui font le sport »25. L'Equipe HD doit selon le projet remplacer L'Equipe TV,
la chaîne payante du groupe Amaury diffusée sur le câble et le satellite depuis 1998.
Cette nouvelle pourrait redistribuer certaines cartes et profiter à des sports moins médiatisés.
C’est en effet la ligne de conduite que L’Equipe TV HD a suivi pour séduire le CSA et le CNOSF
(Comité National Olympique et Sportif Français) en se présentant comme « la chaîne de tous les
sports ».
L’OFFRE TELEVISUELLE SPORTIVE – QUE RETENIR ?
24 http://www.lexpress.fr/actualite/media-people/media/tnt-l-equipe-salue-une-decision-historique_1098222.html 25 http://www.challenges.fr/media/20120327.AFP1542/l-equipe-hd-pour-la-1ere-fois-une-chaine-de-sport-gratuite-l-equipe.html
1 % la part d’audience visée par le
groupe L’Equipe avec sa chaîne
L’Equipe TV lorsque celle-ci sera
diffusée sur la TNT Gratuite.
23
− Un marché stable ces dernières années bouleversé par une entrée majeure (Al Jazeera)
et le changement de statut d’un acteur important (L’Equipe TV HD).
− La remise en question du leader incontesté du marché ces dernières années : Canal +.
− Vers la disparition de certains acteurs mineurs du marché et la possibilité d’étendre
l’offre à d’autres standards que ceux proposés par les grandes chaînes ?
3. UNE CULTURE TELEVISUELLE STANDARDISEE ET MISE EN ECHEC
La culture n’a pas la même reconnaissance que le sport. Là ou les programmes de sport s’offrent
souvent les lumières du prime-time, il est clair que les contenus culturels sont souvent relégués à
des heures ne bénéficiant pas de la même exposition.
Mais il n’empêche que l’offre existe. Si elle est clairement plus représentée sur les chaînes du
service public ayant des obligations de programmation en la matière que sur les chaînes privées,
elle occupe une vraie place dans le paysage audiovisuel et télévisuel. Le problème de la largesse
de la définition à attribuer à la « culture » peut toutefois changer du tout au tout ce type
d’analyse.
1. QUELLE CULTURE ?
Tous les ans, la culture est représentée dans les palmarès des meilleures audiences de l’année. A
l’image de ce qui se passe pour le sport, ce sont toujours les mêmes types de contenus qui sont
mis en avant, de manière assez importante puisque le cinéma occupe en moyenne une petite
dizaine des meilleures places dans le top 100 des audiences de l’année26.
Les films et les spectacles musicaux sont les seuls éléments culturels que l’on retrouve dans les
grands succès d’audience annuels mais au delà de ce constat cette tendance révèle quelque
chose de presque alarmant. En effet, la diversité de ces contenus est extrêmement limitée.
26 Chiffres Médiamétrie
24
Cette tendance est visible en premier lieu sur le genre « Musique / Spectacles ». En dehors de
l’hommage à Grégory Lemarchal en 2007 (10 486 000 téléspectateurs réunis devant leur poste
pour le 4 mai 2007), toutes les occurrences apparues ayant pour thème la musique sont liées au
spectacle annuel des « Enfoirés ».
Une analyse plus détaillée des contenus nous révèle que le
cinéma souffre lui aussi d’un manque assez flagrant de
diversité dans les contenus proposés. Les mêmes films
reviennent en effet en boucle et n’offrent pas par
mécanisme, la possibilité à d’autres courants la possibilité
d’obtenir une exposition.
Ainsi sur les cinq années analysées et les 42 films qui ont
obtenu une place dans le top 100 des audiences annuelles,
apparaissent quatre films de la série des Bronzés, quatre des
films relatant les aventures d’Astérix, « La Grande
Vadrouille » apparaît deux fois tout comme « Le dîner de con ».
La question n’est bien entendu pas de remettre en cause la qualité de ces films mais de se
questionner sur l’intérêt de la récurrence de ces contenus et du mal qu’elle peut faire au reste des
productions cinématographiques.
2. EXISTE T-IL ENCORE UN DROIT A LA CRITIQUE ?
La critique est tellement rare dès lors qu’il s’agit de discussions culturelles à la télévision que la
question mérite d’être posée. Est-elle réellement autorisée ? Dans quelle mesure ? Si ce sujet
mériterait une analyse bien plus étendue, complète et profonde que les quelques lignes que nous
allons y consacrer ci-dessous, c’est un problème que nous nous devons d’aborder pour envisager
une analyse de ce qu’est la culture à la télévision.
I. LA CRITIQUE… QUELLE CRITIQUE ?
L’émission de référence en France, celle dans laquelle les artistes, les réalisateurs, les écrivains se
bousculent est bien entendu celle présentée par Michel Denisot, « Le grand journal ». Si tous les
soirs de la semaine le programme offre une prestation en live et des interviews de personnalités
culturelles qui comptent, le passage dans ce programme est extrêmement favorable à l’ensemble
de ces personnalités.
La critique au sens propre du terme est un style extrêmement peu utilisé au profit d’une
promotion sans aucun sens de la contradiction. Si l’on peut parfois apercevoir quelque esprit de
contradiction, il vient rarement des présentateurs.
Le problème réside essentiellement dans le fait que les artistes ne se rendent pas sur les plateaux
pour ce qu’ils ont à dire mais pour ce qu’ils ont à vendre, sans se poser la question de ce qu’ils ont
a en dire, précisément. C’est la thèse défendue par Pierre Bourdieu dans son essai, « Sur la
télévision »27, qui pose la question de l’intérêt des interventions des personnalités à l’antenne et
sur laquelle nous nous appuierons pour mener notre réflexion.
II. LA NON ACCEPTATION DE LA CRITIQUE PAR LES ARTISTES
27 Pierre Bourdieu, « Sur la télévision suivi de l’emprise du journalisme » - LIBER Editions, 1995
4 sur les 5 années analysées, les
films de la série des « Bronzés »
apparaissent 4 fois dans le top
100 des meilleures audiences
de l’année.
25
L’absence de critique dur au fait que les artistes eux-mêmes ne l’acceptent pas. Combien de
« polémiques » sont nées de critiques plus ou moins appuyées par des intervenants sur les
plateaux ?
Certaines émissions ont même fait de ces polémiques leur fond de commerce. « On n’est pas
couché » par exemple, animé par Laurent Ruquier sur France 2 a longtemps fait de ses deux
critiques Eric Zemmour et Eric Naulleau la marque de l’émission. Les personnalités ayant quitté le
plateau ou réagit extrêmement violemment à la moindre contestation ne se comptent plus, une
preuve de la sensibilité d’artistes qui n’ont absolument pas l’habitude de voir leur travail remis en
question ou simplement questionné.
III. LE PARADOXE DE LA POPULARITE DES CRITIQUES – (ZEMMOUR & NAULLEAU)
La rareté de la critique est étonnante. Car elle passionne le public. En témoigne les critiques de
l’émission précédemment citée, Eric Zemmour et Eric Naulleau. Les deux éditorialistes, aux cotes
de popularités élevées furent remerciés et remplacés à la rentrée de septembre 2011. Preuve que
le format et le simple fait de voir une émission aux contenus différents soit un facteur d’intérêt
pour le téléspectateur, le remplacement de ces deux personnalités fortes de l’antenne n’a pas
vraiment entraîné une érosion de l’audience de l’émission. Leurs remplaçantes, quoique jugées
moins convaincantes permettent tout de même au programme de surnager le samedi en fin de
soirée, la chute d’audience étant minime. Une tendance qui confirmerait la recherche d’un
contenu différent, moins policé de la part des téléspectateurs.
IV. UNE TENDANCE QUI SE GENERALISE A D’AUTRES MEDIAS. LA RESISTANCE DU WEB.
La tendance à une faiblesse de la critique se généralise par ailleurs à certains autres médias. C’est
le cas de magazines de cinéma, qui peinent parfois à ne pas tomber dans une promotion
quasiment systématique. C’est donc ailleurs qu’il faut aller chercher un véritable esprit critique
pour le « consommateur ». Blogs, magazines plus indépendants, réseaux sociaux, il existe encore
des lieux d’expressions allant à l’opposé d’une sorte de pensée unique.
La faiblesse de la critique est donc quelque peu préoccupante. Car elle est importante dans le
développement d’une création diversifiée et dans l’éducation du téléspectateur. Cette faiblesse
est d’autant plus dommageable que le public semble être en attente de contenus, moins
aseptisés.
3. LES TENTATIVES INFRUCTUEUSES DU SERVICE PUBLIC
I. FRANCE TELEVISIONS – UNE OBLIGATION DE QUALITE DE PROGRAMMATION
France Télévisions n’a pas qu’une obligation de résultats d’audiences. Cette notion est
symbolisée par la non commercialisation d’espaces publicitaires après 20 heures, qui permet de
libérer les chaînes du service public de certaines de ces contraintes d’audiences. Avec les 2,4
milliards d’euros reçus de l’état chaque année, le groupe doit rendre des comptes en termes de
qualité de programmation, de propagation du patrimoine culturel français.
« France Télévisions se doit aussi d’être exemplaire :
− en matière de soutien à la création audiovisuelle, grâce à des oeuvres innovantes et
capables de renouveler une fiction française en difficulté
− en matière de bonne gestion
26
− en matière de programmes culturels, notamment musicaux ».28
Ces tâches différencient le groupe de ses grands concurrents généralistes mais lui impose
également des contraintes. Les chaînes du groupe doivent notamment s’impliquer dans la
promotion du cinéma, de la musique ou du spectacle vivant français.
II. INVESTIR AU MOINS 60 MILLIONS D’EUROS JUSQU’EN 2015 DANS LE CINEMA
France Télévisions a pris l’engagement au sein même de son Contrat d’Objectifs et de Moyens,
« de dépenser au moins 60 millions d’euros dans la production de films français et européens
jusqu’en 2015 ».
Comme un symbole de l’engagement de France Télévisions pour le
cinéma, les professionnels du secteur ont donné leur accord au
cours du premier trimestre 2012 pour permettre à l’une des chaînes
du groupe, France 4, « de diffuser des films français et européens le
mercredi en première partie de soirée et de renforcer les
engagements de la télévision publique en faveur du cinéma
français29 ». En échange, elle investira 3,2 % à 3,5 % de son chiffre
d’affaires dans des œuvres cinématographiques. France 4 fait de
nombreux efforts de programmations pour mettre en avant un
cinéma différent en mettant en valeur des films d’arts et essai ou
des courts-métrages.
« Cet accord renforce le soutien de notre groupe au cinéma français et participe à l’évolution des
règles afin de les adapter aux pratiques culturelles des français » a alors déclaré M. Rémy Pflimlin,
PDG de France Télévisions.
III. ASSURER LA PROMOTION DES ARTS VIVANTS
Dans sa politique de promotion de la « Culture », France Télévisions a à plusieurs reprises tenté
de proposer à ses téléspectateurs des représentations filmées de théâtre ou de cinéma. Malgré
plusieurs flops d’audiences, le groupe poursuit dans sa volonté de mettre ces disciplines au cœur
de sa stratégie de programmation.
La signature d’un accord cadre de trois ans avec l’Opéra de Lyon en mars dernier en est la preuve.
L’objectif selon Rémy Pflimlin : « nouer et développer de forts partenariats avec les institutions
culturelles françaises notamment en région, pour faire découvrir au plus grand nombre toutes les
formes d’expression musicale, y compris celles qui semblent les moins accessibles »30. Le groupe a
déjà capté six spectacles du « Festival Puccini » pour la saison
2011 / 2012.
L’expérience se poursuivra même avec des efforts portés sur un
« volet expérimental sur l’opéra en numérique » : web doc, télé
connectée, retransmissions sur le Web seront au centre de
contenus pensés pour aller dans le sens des nouveaux
comportements numériques.
28 http://www.gouvernement.fr/gouvernement/les-contrats-d-objectifs-et-de-moyens-de-france-televisions-et-d-arte-france 29 http://www.francetelevisions.fr/actualite_spip/spip.php?article2001 30 http://www.francetelevisions.fr/actualite_spip/spip.php?article1981
3,5 % du chiffre d’affaires de France 4
est réinvesti dans des œuvres
cinématographiques chaque
année.
Adapter la culture
d’élite aux nouveaux
comportements
numériques
IV. LA MUSIQUE
Les concerts uniques France Télévisions
Tout au long de la saison télévisuelle 2011 / 2012, «
téléspectateurs une série de concerts uniques dans des lieux exceptionnels dans toute la Fr
choisis par les artistes eux-mêmes et qui sont diffusé
ainsi le soutien du groupe au monde musical.
L’implication de l’ensemble des chaînes du groupe
France Ô, en partenariat avec le festival des Francofolies de La Rochelle, sélectionne des artistes
de la région Ile-de-France par le biais de concerts organisés en région parisienne. Cette sélection
de neuf talents issus d’un programme de sélection télévisue
scène aux Francofolies de La Rochelle. Le concert
France Ô. Toujours en partenariat avec ce festival, France 4 assure la retransmission de concerts
en direct et dans leur intégralité.
V. LE LANCEMENT D’UNE PLAT
France Télévisions qui réalise « environ
» ferait de ce volume « la base
retransmettre en direct des spectacles (concert, opéra, théâtre, danse...), qui pourront être
programmés ensuite sur les chaînes du groupe, ou destinés uniquement au web
VI. LA DIFFICULTE DE CONCILIER CULTURE ET AU
Les ratés des magazines culturels lors
Pour affirmer la volonté du groupe France Télévisions de laisser sa place à la culture sur ses
antennes, la décision de programmer plusieurs magazines culturels à des heures de grande
écoute a été prise lors de la rentrée de septembre
31 Satellifax du 16 janvier 2012
France Télévisions :
Capter 300 spectacles
par an
Les concerts uniques France Télévisions
Tout au long de la saison télévisuelle 2011 / 2012, « France Télévisions produit et offre à ses
téléspectateurs une série de concerts uniques dans des lieux exceptionnels dans toute la Fr
mêmes et qui sont diffusés sur les chaînes du groupe
ainsi le soutien du groupe au monde musical.
L’implication de l’ensemble des chaînes du groupe – Les France Ô folies et l’action de France 4
artenariat avec le festival des Francofolies de La Rochelle, sélectionne des artistes
France par le biais de concerts organisés en région parisienne. Cette sélection
de neuf talents issus d’un programme de sélection télévisuelle aura la chance de se produire sur
de La Rochelle. Le concert France Ô Folies, est ensuite retransmis sur
France Ô. Toujours en partenariat avec ce festival, France 4 assure la retransmission de concerts
en direct et dans leur intégralité.
LANCEMENT D’UNE PLATEFORME RESERVEE AUX ARTS VIVANTS
Cette politique de soutien à la création et au spectacle vivant devrait
également être appuyée par la création d’une plateforme
numérique dédiée à ces expressions artistiques
Guilbart, Directrice Générale déléguée aux programmes l’a annoncé
en janvier. Elle devrait être opérationnelle fin 2012. Ce projet «
reprendra l'ensemble ou plus des captations
festivals et tous les événements que l'on suit. Compte tenu de tout
ce que l'on couvre, ce devrait être la plus grosse présenc
spectacles vivants sur le web » avait-elle notamment indiqué.
France Télévisions qui réalise « environ 300 captations de spectacles par an
» ferait de ce volume « la base minimum » pour le site. Celui-ci aura pour vocation de
ansmettre en direct des spectacles (concert, opéra, théâtre, danse...), qui pourront être
programmés ensuite sur les chaînes du groupe, ou destinés uniquement au web
CILIER CULTURE ET AUDIMAT
Les ratés des magazines culturels lors de la rentrée 2011
Pour affirmer la volonté du groupe France Télévisions de laisser sa place à la culture sur ses
antennes, la décision de programmer plusieurs magazines culturels à des heures de grande
écoute a été prise lors de la rentrée de septembre 2011. Une intention tout à fait intéressante q
ne s’est pas traduit par de bons résultats
d’audiences, confirmant la difficulté de concilier les
problématiques d’une programmation de qualité et
des résultats d’audiences satisfaisants.
Avant-premières : de la deuxième à la troisième
partie de soirée
Avant-premières « propose un panorama passionné,
27
France Télévisions produit et offre à ses
téléspectateurs une série de concerts uniques dans des lieux exceptionnels dans toute la France
s sur les chaînes du groupe », renforçant
Les France Ô folies et l’action de France 4
artenariat avec le festival des Francofolies de La Rochelle, sélectionne des artistes
France par le biais de concerts organisés en région parisienne. Cette sélection
chance de se produire sur
, est ensuite retransmis sur
France Ô. Toujours en partenariat avec ce festival, France 4 assure la retransmission de concerts
Cette politique de soutien à la création et au spectacle vivant devrait
également être appuyée par la création d’une plateforme
à ces expressions artistiques. Emmanuelle
Guilbart, Directrice Générale déléguée aux programmes l’a annoncé
janvier. Elle devrait être opérationnelle fin 2012. Ce projet «
l'ensemble ou plus des captations que l'on fait sur les
festivals et tous les événements que l'on suit. Compte tenu de tout
la plus grosse présence de
elle notamment indiqué.
300 captations de spectacles par an dans tous les genres
ci aura pour vocation de
ansmettre en direct des spectacles (concert, opéra, théâtre, danse...), qui pourront être
programmés ensuite sur les chaînes du groupe, ou destinés uniquement au web31.
Pour affirmer la volonté du groupe France Télévisions de laisser sa place à la culture sur ses
antennes, la décision de programmer plusieurs magazines culturels à des heures de grande
2011. Une intention tout à fait intéressante qui
ne s’est pas traduit par de bons résultats
audiences, confirmant la difficulté de concilier les
problématiques d’une programmation de qualité et
ultats d’audiences satisfaisants.
de la deuxième à la troisième
propose un panorama passionné,
28
ludique, varié et riche de tout ce qui se crée au cinéma, au théâtre, dans la littérature, la musique
et tous les arts en général » selon France 2. Animé par Elizabeth Tchoungui, le programme tente
au travers d’interviews d’aborder des thèmes et des problématiques culturelles qui sortent de
celles habituellement mises en avant sur les plateaux de télévisions.
Malheureusement pour France 2, ces intentions ne se sont absolument pas converties par des
chiffres d’audiences satisfaisants. Initialement programmée le mercredi en deuxième partie de
soirée, sa première ne réunissait que 2,7 % du public pour 300 000 téléspectateurs. Les semaines
suivantes ne relevaient pas la tendance, le 4ème numéro de l’émission battant même le record de
médiocrité d’une audience de France 2 en seconde partie de soirée depuis les débuts de la
mesure d’audience de Médiamétrie de la chaîne (200 000 téléspectateurs et 1,9 % de Pda). Faute
de réellement relever la barre, le programme a été déplacé le jeudi soir en troisième partie de
soirée.
Théâtre et Opéra, échecs répétés
L’été dernier, France Télévisions mettait ses antennes à contribution pour une programmation
dédiée à certains festivals de musique. Ainsi France 2 programmait « Aida », un opéra en direct
des chorégies d’Orange. Avec 900 000 téléspectateurs et 6,7 % de Pda, on peut clairement dire
que l’événement présenté par Julie Depardieu et Olivier Bellamy n’a pas trouvé le succès
escompté. France 2 diffusait également fin juillet en seconde partie de soirée une pièce
retransmise en direct du festival d’Avignon. « Mademoiselle Julie » (Juliette Binoche, Nicolas
Bouchaud), n’a en effet récolté que 400 000 téléspectateurs pour une Pda de 3%, un véritable
échec.
4. ARTE, CHAINE ESTIMEE MAIS PEU REGARDEE
En 2007, TNS Sofres et Télérama publiaient un baromètre avec
pour thème la satisfaction des téléspectateurs français pour les
chaînes de la télévision française.
Arte, à la question « Parmi les chaînes suivantes, quelle est celle
qui correspond le plus à ce que vous attendez de la TV ? »,
obtenait la seconde position avec 13 % des voix, derrière TF1 et
devant France 2 et M6.
Cette notoriété et cette évaluation extrêmement positive de la
chaîne franco-allemande ne trouve pas vraiment écho dans les résultats d’audience obtenus par
la chaîne puisque sur l’ensemble de l’année 2007, sa part d’audience sur sa tranche horaire
historique (19h00 – 27h00) était de 3,3 %. La tendance ne s’est pas vraiment améliorée depuis
puisque la chaîne en 2011 ne voyait sa part d’audience ne représenter que 1,5 %.
5. L’ECHEC ALLOCINE TV
« Notre chaîne d'information cinéma, lancée en octobre dernier autour de films de patrimoine,
d'émissions sur le 7e Art et de bande-annonce, cessera d’émettre dans le courant du mois
d'avril »32. Après avoir enrichi son offre sur le Web, les smartphones, les tablettes, Allociné a tenté
en septembre 2011 une incursion sur le média télévision.
32 Communiqué de presse paru sur le site d’AlloCiné - http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18612093.html
2nde la place d’Arte dans l’enquête
de satisfaction de TNS Sofres
menée en 2007. Un résultat loin
de se retrouver dans les
résultats d’audience de la
chaîne.
29
Gratuite, la chaîne Allociné TV, lancée sur les réseaux câbles et satellite se présentait comme
« indépendante et récréative », proposant tout au long de la journée des émissions, des
reportages sur l’actualité du cinéma et en offrant aux téléspectateurs la diffusion de 190 films par
an ainsi qu’une heure de direct quotidien.
La redistribution des cartes (extension de la TNT gratuite sans
attribution de fréquence à Allociné), la difficulté de gérer les droits
pour proposer le nombre de films envisagé, les problèmes majeurs
rencontrés pour diffuser des films récents, a contraint les dirigeants
du groupe à prendre la décision de stopper son activité de chaîne de
télévision seulement quelques mois après son lancement,
confirmant la difficulté pour un acteur dont le métier de base n’est
pas la télévision de s’y implanter.
Le groupe retourne donc concentrer ses efforts sur son cœur de
métier, préparant notamment pour la rentrée de septembre 2012 une offre de vidéo élargie
gratuite. Cet échec, d’une chaîne arrivant sur le marché avec un nom et une crédibilité
importante, de plus soutenue par des avis de consommateurs positifs (avec notamment un buzz
reçu lors de la sortie des jingles publicitaires de la chaîne, cf. en annexe 4) pose la question de la
possibilité pour un acteur non issu du média télévision de s’y implanter avec réussite.
La question se pose doublement sur la thématique culturelle. En effet, si le cinéma, moteur de
l’offre culturelle à la télévision ne parvient pas à s’imposer de manière durable, alors quelle
thématique ou quel acteur s’y rapportant le pourra ?
LA CULTURE « STANDARDISEE » ET MISE EN ECHEC - QUE RETENIR ?
− Un manque de diversité évidant dans les contenus « culturels » proposés sur les grandes
chaînes nationales.
− Une diversité non stimulée par l’absence d’une critique : une télévision vue par
l’industrie culturelle comme un instrument de promotion.
− Une mission de service public assumée. Des efforts financiers et de programmation
réalisés globalement non récompensés par des résultats d’audience souvent décevants.
− Le service public reste le bastion de la culture télévisuelle même si cette tendance est
tout de même mise à mal par des résultats d’audiences décevants et des
reprogrammations fréquentes.
− Arte, chaîne de la culture victime d’un décalage entre enquêtes d’opinions et résultats
d’audiences pauvres.
− Des tentatives d’acteurs majeurs de la culture « de masse » d’investir l’écran de
télévision sanctionnées par des audiences et un système économique inadapté à des
types de contenus novateurs.
4. VERS UNE EVOLUTION DE LA CONSOMMATION
Les habitudes en matière de consommation de la télévision évoluent à une vitesse incroyable.
Depuis l’arrivée de la couleur, la télévision n’avait jamais connu de plus grands bouleversements
6 mois la durée de vie de la chaîne
Allociné
30
que les révoltions arrivées ces dernières années par la voie de l’Internet et des nouveaux supports
de consommation des contenus liés à cette innovation majeure.
Ces modes de consommation sont exclusivement liées à l’explosion des possibilités offertes par le
Web. La vitesse d’évolution de ces innovations est un enjeu majeur auquel les chaînes et les
événements vont devoir y répondre rapidement, sous peine de se voir dépassés par les entités
ayant pris ce virage avec efficacité.
1. LA CONSOMMATION MULTI-ECRANS33
I. LE MULTI-ECRANS
Microsoft définit le consommateur multi-écrans comme « un adulte qui possède et utilise une TV,
un smartphone, un ordinateur et qui se connecte à Internet au moins
3 fois par semaine ». Mais, au-delà du nombre d’équipements
détenus et du niveau de connexion à internet, le mot « multi-écrans
» désigne des concepts concrets :
− La consommation en parallèle de plusieurs contenus sur
plusieurs supports différents.
− La connexion des écrans entre eux, de sorte que l’utilisateur
puisse « jongler » entre ces différents écrans.
− L’entrée dans une logique « cross-média », logique dans
laquelle un contenu principal sur un écran principal (par
exemple, une série TV sur un poste TV) est décliné sur des supports secondaires via des
contenus secondaires (par exemple, un site internet sur les personnages de la série).34
II. QUELLES TENDANCES POUR CES PRATIQUES ?
En termes de multi-écrans, des tendances lourdes sont à noter :
- L’importance accordée au téléphone et aux tablettes tactiles qui « deviennent un vrai
compagnon device jouant le rôle de télécommande centrale »
Cette pratique est favorisée par le fait qu’elle n’impacte pas sur la consommation des autres
personnes présentes devant le télévision à ce moment. Les tablettes, dont la consommation
actuelle reste marginale mais en constance augmentation s’inscrivent également dans cette
mouvance.
- L’influence des pure players et de l’écran d’ordinateur
Ces acteurs « cherchent à capter l’audience d’éditeurs de chaîne en proposant à leurs
consommateurs des services additionnels réalisés sur d’autres supports que celui sur lequel
est consommé le contenu ». Nous commentons en effet avec de plus en plus de facilité les
programmes en direct avec les réseaux sociaux sur lesquels nous sommes et inversement.
- L’influence grandissante des réseaux sociaux
Avec 24 100 240 d’utilisateurs de Facebook en France le 16 mars 201235, la France est le
neuvième pays consommateur du plus grand des réseaux sociaux.
33 Définitions issues de l’étude menée par Beijaflore - « Multi-écrans » : Effet de mode ou tendance de fond ? 34 Microsoft Advertising – What’s on their screen, 2010
Connecter les différents écrans de la vie
quotidienne écrans entre eux
31
Twitter, ses 5,2 millions d’abonnés en France (16ème rang mondial)
et sa progression fulgurante (+ 1 million d’abonnés sur le dernier
trimestre 2011) est quant à lui le réseau social qui alimente le plus
de fantasmes pour établir des liens avec les activités télévisuelles des
chaînes36.
Les acteurs majeurs du secteur télévisé ont bien compris cette
problématique. En Mars 2012, France Télévisions a décidé de passer
la vitesse supérieure en intégrant ces réseaux au cœur de sa
stratégie de programmation. Les Victoires de la Musique 2012
représentaient un programme « test » pour les activités de « social
TV » du groupe. Le choix de ce programme et les actions mises en place étaient notamment
justifiées par le fait que les artistes eux mêmes participaient activement sur les réseaux.37
Le but à atteindre pour France 2 : « réussir à faire vivre les Victoires au-delà de la télévision et plus
encore, de connecter les différents écrans autour d’une nouvelle expérience » en permettant
notamment aux Internautes de vivre le « off » de l’événement.
C’est sur Twitter que la majeure partie des efforts s’est portée. Une
sélection d’une partie des meilleures contributions des
téléspectateurs était mise en avant sur différentes plateformes du
groupe et un « live tweet » était réalisé par les comptes officiels de la
chaîne. L’effort était aussi porté sur les comptes Facebook et
Instagram de France Télévisions et de l’émission, permettant une
expérience bien plus profonde pour le téléspectateur (en annexe 5,
les photos postées par la production de l’émission sur le compte de
France Télévisions38).
Cette tendance se confirme à l’international. On voit ainsi les records de tweets ou d’occurrences
sur Facebook liés à des événements télévisés s’accumuler. Les initiatives de marques (cf. en
annexe 6 le site sponsorisé par Chevrolet pour comptabiliser le nombre de tweets relatifs aux
deux équipes en finale du Superbowl) ou de programmes permettant de prolonger la relation
avec le consommateur se multiplient.
Le football américain a établi un certain nombre de records cette
saison. Début janvier, Tim Tebow, quaterback des Denver Broncos
(franchise NFL) réalisait l’action du match en réussissant une passe
de 80 yards lors d’un match opposant sa franchise à celle des
Pittsburgh Steelers. Une performance qui trouvera un écho
incroyable à la rencontre sur Twitter. Selon le compte officiel de la
plateforme de micro-blogging, 9 420 tweets par seconde39 ont été
envoyés dans les instants qui ont suivi l’action, établissant ainsi un
record pour un événement sportif.
2. DES TELESPECTATEURS ACTIFS ET PAS UNIQUEMENT
SPECTATEURS
35 https://www.facebook.com/France.Actualites?sk=app_6009294086 36http://semiocast.com/publications/2012_01_31_5_2_millions_d_utilisateurs_de_twitter_en_france?lg=fr 37 http://plateautele.francetv.fr/com/2012/03/02/victoires-de-la-musique-2012-une-experience-social-tv-inedite/ 38 http://statigr.am/p/138937410966174364_18087477 39
http://www.sportsmarketing.fr/2012/01/10/tim-tebow-bat-le-record-du-monde-de-tweets-pour-un-evenement-sportif/
+ de 24 millions d’utilisateurs de Facebook
en France en Mars 2012
9 240 tweets par seconde ont été
comptabilisés dans les
instants qui ont suivi l’action
« Réussir à faire vivre les
Victoires au-delà de la
télévision et plus encore, de
connecter les différents
écrans autour d’une nouvelle
expérience »
32
Le principe de base de toutes ces nouvelles technologies et habitudes de consommation ont
toutes un point commun : celui de prolonger l’expérience entre un consommateur et un
programme. Que ce soit en lui offrant un rapport plus personnel, en se rendant plus facilement
accessible ou en lui permettant d’échanger ses sentiments à propos de ce dernier.
Le téléspectateur n’est plus un simplement passif, « subissant » le contenu proposé par l’écran
de télévision mais il en devient un véritable acteur. En provoquant lui même une démarche de
consommation ou en influençant plus ou moins le contenu.
I. PROLONGER L’EXPERIENCE SUR LE WEB POUR IMPLIQUER LE TELESPECTATEUR
Un programme qui a permis de mettre en valeur ces aspects est « Top Chef » (M6). Diffusé par
M6 : le contenu permet de regrouper plusieurs de ces nouveaux usages et de faire franchir au
téléspectateur un cap en termes d’implication dans le programme :
− En offrant des contenus additionnels (recettes des candidats, jeux concours…) sur le Net
(cf. détails en annexe 7).
− En incitant les téléspectateurs à réagir sur les événements de la dernière émission, en
demandant aux personnes suivant le programme de soutenir un candidat sur les réseaux
sociaux.
− En encourageant les Internautes à commenter en direct le programme sur les réseaux
sociaux et à retranscrire en live les événements diffusés à l’antenne.
II. FAIRE DU TELESPECTATEUR UN VERITABLE PROTAGONISTE DU PROGRAMME
Arte a franchi une autre étape en demandant au téléspectateur de fournir les éléments qui
alimenteront son programme. Pour « Mission printemps », le chaîne franco-allemande a décidé
de réaliser un documentaire autour des phénomènes naturels du
printemps (cf. annexe 8 le détail du site Internet).
Ce documentaire, dont les résultats seront dévoilés à l’antenne,
s’appuiera sur une démarche scientifique rigoureuse. A ceci près que
toutes les données permettant l’analyse scientifique auront été
récoltées par les téléspectateurs. Arte invite en effet ses internautes
à utiliser leurs smartphones pour relever des données pour ensuite
les communiquer aux équipes en charge de relever et analyser les
résultats sur le site d’Arte dédié à cet effet.
Pensé à la manière d’un réseau social, il permet l’échange entre les acteurs de l’expérience et les
scientifiques. Chacune des semaines du printemps était l’occasion d’une nouvelle mission.
Pour crédibiliser cette action, la chaîne s’appuie sur des partenaires d’envergure : la Ligue pour la
protection des oiseaux, le CNRS, le Muséum national d’histoire naturelle. Le côté participatif de
l’action va plus loin puisque toutes les données seront ajoutées aux bases de données existantes
déjà issues de ce type d’études. Le documentaire qui offrira les résultats de ces études sera à
l’antenne en Juin.
III. FAIRE DU TELESPECTATEUR UN ACTEUR EN L’INSCRIVANT DANS PROCESSUS DE
PROGRAMMATION DE LA CHAINE
« Mission
printemps » Restituer la contribution des
téléspectateurs à
l’expérience via une émission
33
TF1 tente aussi de franchir un cap supplémentaire dans sa relation avec son consommateur. Le
but, synthétiser ces nouvelles habitudes en une émission et en poussant la réflexion jusqu’à
donner au téléspectateur le leadership sur la création même d’une émission.
Cette expérience prend la forme d’un concours. Le principe : Imaginez le programme TV de
demain dans lequel l’on peut voir un double objectif de
compréhension des nouvelles attentes des consommateurs et une
volonté d’inscrire le téléspectateur au cœur du processus de
programmation de la chaine. Les limites extrêmement vagues du
jeu le prouvent : « proposer un programme (Sport,
Jeu/Divertissement, TV Réalité, Information, Magazines) où les
téléspectateurs qui le souhaiteront pourront par exemple utiliser
les nouveaux supports (tablettes, Smartphones…) au travers des
émissions, que ce soit en termes d’interactions, d’utilisations ou de
connexions ».
3. LA CONSOMMATION DELINEARISEE DE CONTENUS TELEVISES
I. LE DIFFERE – DEFINITION
Le différé sous entend de nouveaux types de consommations, mesurés depuis 2011 par
Médiamétrie :
− l’enregistrement privé sur le téléviseur
− le léger différé appelé aussi « timeshifting »
Au lendemain de la diffusion d’un programme, Médiamétrie fournit au marché l’audience
veille qui intègre les audiences en direct et en différé du jour de diffusion du programme.
Cette consommation représente 40 % de la consommation différée et est appelé
l’audience « veille ».
− l’audience en direct du programme ainsi que son audience différée pendant les 7 jours
suivant sa diffusion appelée « l’audience consolidée », qui est la « nouvelle référence de
la mesure d’audience de la télévision ».
II. LE DIFFERE - UNE CONSOMMATION ENCORE MARGINALE VOUEE A CROITRE
RAPIDEMENT
La durée d’écoute de la télévision par personne et par jour était de 3
heures et 47 minutes en moyenne en 201140.
La part du différé n’était en 2011 que de 1,7 % dans cette durée
d’écoute, soit 3 minutes et 39 secondes. Un chiffre qui a donc une
valeur relative mais qui devrait fortement augmenter dans les
années à venir.
Le développement des offres des chaînes, l’équipement des foyers
(le taux d’équipement des foyers français en PVR a augmenté à 33 %
au dernier trimestre 2011 contre 26 à la même période un an
40 Source : Médiamétrie - http://www.audiencelemag.fr/?article=42
« Shake your TV » Donner au téléspectateur le
leadership sur la création
même d’un contenu
télévisuel.
1,7 % de la durée d’écoute totale
de la télévision est
consommée en différé (3 min
39 secondes en 2011).
34
auparavant), la connaissance et la maîtrise des équipements qui permettent cette pratique
devraient avoir un vrai impact sur les durées d’écoute relatives à la consommation en différé des
contenus télévisés.
Certains pays, dont les habitudes de consommation sont traditionnellement en avance, ont déjà
vu cette pratique largement se démocratiser. Le différé représente en effet déjà 10 % de la
consommation au Royaume-Uni et 11 % aux Etats-Unis.41
III. UNE CONSOMMATION QUI A TENDANCE A CONFIRMER LES SUCCES OBTENUS PAR LES
PROGRAMMES EN LIVE
Selon une étude menée par Médiamétrie, « 50% de ce qui est vu ou revu en différé, toutes
chaînes confondues, a été diffusé entre 20 et 23 heures, avec un pic notable pour les programmes
diffusés entre 21 heures et 22 heures42 ».
L’audience du différé provient donc majoritairement des
programmes diffusés en prime-time et donc des programmes les
plus consommés en live. Cette tendance est confirmée par le top
des programmes consommés en différé (cf. ci-dessous) qui relève
deux tendances lourdes :
− La consommation de programmes déjà surconsommés en
live
− La prédominance du genre fiction : 48 % du contenu
consommé en différé est issu du genre fiction.43
On notera que la part relative du différé peut se révéler extrêmement importante. Cette pratique
pourrait donc rapidement constituer une plus-value à la fois intéressante pour les plus petites
chaînes et générer un trafic et donc une nouvelle source de revenus importante pour les grandes
chaînes.
Cette tendance s’affirme avec force lorsque l’on regarde les performances enregistrées par les
programmes consommés en différé dans les pays étrangers. Aux Etats-Unis, Modern Family
(série) a conquis au total 5,6 millions de téléspectateurs de plus par rapport au direct et Doctor
Who plus de 4 millions à BBC1 en Grande-Bretagne.
IV. UN PROFIL DE TELESPECTATEURS TRES « QUALITATIF »
Selon Médiamétrie, la pratique du différé est largement plus développée par certains types de
foyers :
41 Source : Sattelifax du 23 mars 2012 : chiffres Médiamétrie Eurodata TV 42 Source : Médiamétrie - http://www.audiencelemag.fr/?article=42 43 Source : Médiamétrie - http://www.audiencelemag.fr/?article=42
50 % des contenus consommés en
différé ont été diffusés entre
21 et 22 heures.
DateHeure de début du programme
Chaîne Programme GenreNb de télésp.
(différé)Part du différé
*
19 avril 20h45 TF1 Dr House Fiction 726000 8,9
2juin 21h35 Canal Plus Desperate Housewives Fiction 647000 46,912 septembre 21h26 France 2 Castle Fiction 610000 13,3
25 février 20h10 France 3 Plus belle la vie Fiction 596000 12,1
16 septembre 20h50 M6 NCIS Enquêtes spéciales Fiction 568000 11,6* Part de l'audience représentée par le différé
Meilleure audiences des programmes en diffféré en 2011
35
− Les possesseurs de lecteur enregistreur à disque dur
Les foyers les mieux équipés ont une durée d’écoute sur le différé très au-dessus de la
moyenne globale des individus. Avec 9 minutes et 1 seconde, ils apportent un surplus de
4,5% à leur consommation.
− Les CSP +
Avec 5 minutes et 17 secondes par jour de consommation en
différé (2,8% d’audience supplémentaire), la catégorie est
celle qui consomme le plus de contenus en différé. Une
donnée qui n’est pas surprenante. Cette catégorie est en
effet celle qui dispose des meilleurs équipements.
− Les 35-49 ans
Consomment 4 minutes et 50 secondes de différé
quotidiennement.
Cette pratique devrait donc se démocratiser avec une démocratisation d’équipements plus
connectés et une amélioration de l’offre des chaînes et des opérateurs. Les chiffres enregistrés
sur 2011 devraient considérablement s’améliorer en 2012 et dans les années à venir, entrainant
de véritables bouleversements des habitudes de consommation.
4. DES EQUIPEMENTS DE PLUS EN PLUS CONNECTES
Les nouvelles habitudes de consommation de la télévision sont encouragées à la fois par des
nouvelles pratiques numériques, des nouveaux services et des nouveaux moments de
consommation de la télévision. Elles sont également portées par une évolution des équipements,
extrêmement rapide depuis quelques années.
Entre le passage de la France au tout numérique, l’augmentation de la qualité de l’image (3 foyers
sur 4 détiennent désormais une télévision Haute Définition44), la finesse des écrans, les
innovations ont été nombreuses ces dernières années.
Parmi elles, la télévision connectée est un enjeu majeur, même si elle en est encore à ses
balbutiements. Elle est pourtant une avancée technologique majeure et pourrait révolutionner
la consommation du média en réunissant tous les avantages et les nouvelles pratiques liées à
l’ensemble des innovations citées ci-dessus.
I. LA TELEVISION CONNECTEE, INNOVATION TECHNOLOGIQUE
Le terme télévision connectée est la traduction de l'anglais « Connected TV ». Cela signifie que à
l’achat, le téléviseur est déjà équipé de la technologie permettant de recevoir Internet. Cette
possibilité se traduit d’un point de vue technique par la présence d'un port Ethernet ou d'un
adaptateur Wifi.
II. DES ACTEURS CONFIANTS ET INNOVANTS
L’exemple Samsung. Le constructeur offre aujourd’hui l’offre la plus large du marché en
proposant 1 400 applications disponibles et une interface déjà établie. La marque innove
44 http://www.mediametrie.fr/comportements/communiques/20-millions-de-foyers-seduits-par-la-television-haute-definition.php?id=607
2,8 % de la durée d’écoute des CSP
+ est consommée en différé.
36
également en offrant un service de télévision de rattrapage intégré au téléviseur mixant les
contenus de certaines chaînes, des web TV et des podcasts vidéos.
Des services déjà associés. Tous les acteurs fournissant de l’équipement n’ont pas une offre aussi
développée que celle de Samsung, même si de nombreux services associés à ces téléviseurs se
sont donc déjà développés, que ce soit du côté des géants du Net que des chaînes. Le marché
semble tellement important que n’importe quel retard pourrait être fatal pour les acteurs.
Le portail HBBTV France Télévisions. Les chaînes aussi, tentent de s’installer sur ce créneau.
France Télévisions a d’ores et déjà lancé son portail utilisant la technologie hbbtv (Hybrid
Broadcast Broadband Television), qui « permet d’harmoniser la technologie nécessaire au
déploiement de nouveaux services édités par les chaînes de télévision sur tous les téléviseurs
compatibles à ce standard »45. Des tests extrêmement concluants pendant le tournoi de Roland
Garros 2011. Ce portail, « réactualisé en permanence tout au long de la journée par les rédactions
de France Télévisions, propose de l’information internationale, nationale et régionale, les
dernières nouvelles sportives, l’accès au dernier bulletin météo en vidéo, ainsi qu’un guide des
programmes, et prochainement des fonctionnalités de partage sur les réseaux sociaux ».46
III. UN ENJEU EGALEMENT ATTRACTIF POUR LES ACTEURS DU WEB
L’intérêt de Google et d’Apple pour le phénomène
Apple est le premier a avoir lancé le système permettant une communication sans fil entre un
ordinateur et un téléviseur. La première version de l’Apple TV, datée de fin 2007 fut un échec
commercial. L'appareil, qui fonctionnait via iTunes et la télécommande Apple (déjà
commercialisée avec d'autres produits de la marque) fût lancé trop tôt et trop cher. Il a depuis été
commercialisé sous une seconde version.
Google a aussi lancé une plateforme accessible depuis la télévision par un dispositif informatique
(utilisant le système d'exploitation Android). Appelé « Google TV », le projet reprend le concept
de l'Apple TV en le poussant jusqu’à l’incorporation du boîtier dans la télévision (grâce au
fabricant Sony). Ces deux lancements des mastodontes du Web n’ont pour le moment pas été
extrêmement concluants mais leur intérêt conjugué pour cette technologie pourrait la faire
décoller rapidement.
IV. UN CONTEXTE TECHNOLOGIQUE FAVORABLE AU
DEVELLOPEMENT DES VENTES DE CES TELEVISEURS
« Par définition l’ensemble des téléviseurs sont connectables. En
effet si un poste est raccordé à une box TV ADSL, une console de jeux
ou un boîtier spécifique il peut avoir accès à des services connectés.
Aujourd’hui plus de 11 millions de foyers sont équipés d’un
téléviseur relié à un de ces équipements d’après La Référence des
Equipements Multimédias (GfK / Médiamétrie) ».
Le potentiel du marché des télévisions connectées semble
absolument gigantesque en France. Les Français sont des habitués au triple play (forfait associant
télévision, Internet et téléphone) et consomment donc déjà une télévision via l’ADSL. Cette
45 http://www.francetelevisions.fr/actualite_spip/spip.php?article1753 46 http://www.francetelevisions.fr/actualite_spip/spip.php?article1753
11 millions de foyers sont aujourd’hui
déjà équipés d’un téléviseur
relié à Internet
37
habitude ne demande qu’à être transformée en un usage réel des possibilités offertes par cette
association avec l’arrivée de téléviseurs et de services offrant de nouvelles perspectives.
Selon l’institut GFK, 15% des téléviseurs LCD vendus en juin 2010 en France étaient connectables.
Toujours selon Médiamétrie et GFK, le taux d’équipement foyers français en TV connectées au 2nd
trimestre 2011 était de 4,6 %.
En 2012, toujours selon l’institut GFK, « 2,7 millions des TV qui se vendront en 2012 seront des
SmartTV, c’est à dire des TV connectables à Internet et susceptibles de recevoir d’autres services
enrichis que les chaînes de télévision ». Une évolution qui constitue une tendance plus que lourde
et qui devrait amener les services que nous avons cité précédemment à progresser.
En 2011, la part des TV connectées dans le parc des téléviseurs
français s’élevait à 14%, elle devrait atteindre 59 % en 2014 et à terme
100 % des foyers. D’ici fin 2013, le parc européen de TV connectées,
quant à lui, devrait s’élever à 85 millions de téléviseurs47. En 2011 en
France, la part des ventes de Télévisions connectées s’élevait à 30 %
des ventes totales. En 2012, cette part représentera 60 à 70% des
ventes totales48.
5. UNE PRISE DE CONSCIENCE GOUVERNEMENTALE
En juin 2011, Eric Besson, ministre de l’Industrie et de l’Economie numérique et Frédéric
Mitterand, ministre de la culture avaient lancé une « mission TV connectée » qui a rendu un
rapport en novembre 201149 pour repenser la réglementation audiovisuelle à l'ère numérique. En
ressortait des propositions concrètes pour réguler ces nouveaux phénomènes qui pourraient
« modifier rapidement le paysage de manière imprévisible ».
La première d’entre elles appelait à un assouplissement de la réglementation audiovisuelle,
notamment un renforcement des droits des diffuseurs sur les œuvres pour leur permettre de les
exploiter sur l’ensemble des supports, y compris Internet50. En mars 2012, M. Besson annonçait
d’ailleurs vouloir prendre des mesures faisant suite à ces propositions permettant de faciliter
l’implantation des nouveaux équipements dans les foyers français.
« La rencontre de la télévision et d’Internet constitue désormais le prochain défi audiovisuel
à relever. 30% des téléviseurs commercialisés en 2011 peuvent être connectés à Internet, et 100%
le seront d’ici 2015 (…) En outre, le marché des tablettes numériques, toutes connectées, est en
forte croissance. Il pourrait atteindre 300 millions d’unités par an dans le monde en 2015. (…) Je
vais saisir le Conseil national du numérique sur ces propositions, notamment celles concernant le
recours aux standards ouverts pour assurer l’interopérabilité des équipements » 51 , a t-il
notamment annoncé.
UNE EVOLUTION DE LA CONSOMMATION - QUE RETENIR ?
47 Source : Screendigest, report 2010 48 http://www.nicolasengel.fr/2012/02/la-television-connectee-un-marche-prometteur-a-la-recherche-de-son-business-model/ 49 www.economie.gouv.fr/files/20111207_rapport_tv_connectee.pdf 50 http://www.culture2012.org/tv-connectee-13-propositions-en-attente-dun-ministre/ 51 http://teleobs.nouvelobs.com/articles/television-connectee-le-prochain-defi-audiovisuel-selon-eric-besson
2,7 millions des télévisions vendues en
France en 2012 seront des
« Smart TV »
38
− Une consommation multi-écrans et de plus en plus connectée à l’utilisation des services
offerts par les grands acteurs du Web.
− Des spectateurs devenus acteurs du programme et en recherche constante de nouvelles
expériences et émotions liées à la consommation des contenus.
− Une consommation de contenus délinéarisée qui progresse mais qui n’a pas encore
trouvé de fonctions propres, se cantonnant pour le moment à un appui supplémentaire
pour les performances des programmes forts en live.
− Des nouvelles consommations portées par un profil de consommateurs très qualitatif
pour les chaînes et les annonceurs.
− Des nouvelles habitudes de consommation également encouragées par l’évolution
rapide des équipements et des services associés à ces derniers, sur lesquels une forte
variété d’acteurs innovants se fait concurrence.
39
SPORT & CULTURE, LA CROISEE DES CHEMINS - LES 10 IDEES CLES
1. Le sport rassemble et rythme la vie télévisuelle des français. 20 % des meilleures
audiences sont chaque année réalisées par le sport. Cette notoriété et cette portée lui
font parfois dépasser le cadre de ses fonctions primaires.
2. La stratégie de la majeure partie des acteurs : se focaliser sur une petite partie des
grands événements sportifs ou culturels, au détriment des manifestations secondaires.
3. Les diffusions sportives : un marché stable ces dernières années bouleversé par une
entrée majeure (Al Jazeera), le changement de statut d’un acteur important (L’Equipe TV
HD) et la contestation de son leader historique (Canal +).
4. Un manque de diversité évident des contenus « culturels » proposés sur les grandes
chaînes nationales, globalement stéréotypés, télégéniques et sans relief. Les prises de
risques sont minimales.
5. La diversité des programmes culturels justement, est essentiellement entretenue par les
groupes financés par le service public : France Télévisions et Arte.
6. La culture victime d’un décalage entre enquêtes d’opinions et résultats d’audiences
pauvres. Plébiscitée mais pas regardée, à l’image des résultats d’Arte dont les taux de
satisfaction atteignent les sommets à l’inverse de sa Part d’Audience.
7. Une consommation multi-écrans et de plus en plus connectée. La vidéo sur le Web et les
services associés sont des enjeux qui regroupent des acteurs issus de milieux
extrêmement différents (Pure Players vs médias classiques).
8. Une consommation de contenus délinéarisée. Les programmes doivent désormais être
produits en prenant en compte un mode de consommation nouveau.
9. Des spectateurs devenus acteurs et en recherche constante de nouvelles expériences et
émotions liées à la consommation des contenus.
10. Des nouvelles habitudes de consommation également encouragées par l’évolution
rapide des équipements et des services associés à ces derniers, sur lesquels une forte
variété d’acteurs innovants se fait concurrence.
40
B. La télévision « hors de la boîte »
1. Le cross média
2. La vidéo & Internet
3. 2012, année de la Catch Up TV
4. La Télévision Mobile
Personnelle
41
B. LA TELEVISION « HORS DE LA BOITE »
Dans ce contexte de multiplication des écrans, la volonté des téléspectateurs de devenir des parts
actives des contenus s’affirme. Ils envisagent désormais leur consommation télévisuelle comme
une véritable activité grâce à l’ultra connexion de l’ensemble des acteurs et consommateurs, ce
qui a poussé les grands acteurs de la télévision traditionnelle à adapter leur offre. Nous tenterons
ici de faire un point sur les grandes tendances actuelles et de déterminer ce vers quoi ces offres
devraient tendre dans les mois et les années à venir.
1. LA NOTION DE CROSS MEDIA52
Nous avons évoqué une multiplication des écrans et des usages. Cette tendance est réelle. Les
grands acteurs du secteur doivent désormais répondre aux attentes des consommateurs sur
l’ensemble des nouveaux supports.
1. DEFINITION
Ces pratiques peuvent prendre des formes différentes. Quelques exemples :
− Les « Alternate Reality Game » : jeux de rôle articulés autour de fictions ou des jeux
dérivés du concept de l’émission. Ce procédé a été spectaculairement mis en avant par le
très réussi jeu complémentaire au documentaire « Manipulation » diffusé sur France 5 en
novembre 2011. « Manipulations, l’expérience web » proposait de rentrer dans les
rouages des affaires de corruption impliquant l’état français en menant un jeu de piste
(cf. en annexe 9, le détail du site Internet).
− De nouveaux types de contenus créés pour les nouvelles plateformes (contenus vidéos
additionnels, bonus, best-of…).
− Des dispositifs prenant vie sur une période quasiment identique à celle du contenu
principal : comptes Twitter, des blogs, des sites web ou encore des pages Facebook…
− De l’interaction avec les spectateurs.
2. QUELS INTERETS POUR LES CHAINES ET LE TELESPECTATEURS ?
Plusieurs objectifs guident la réalisation de ces contenus :
− Immerger le plus possible le téléspectateur dans le contenu en lui proposant des teasers,
des bonus, de s’attacher à une communauté et prolonger l’expérience du consommateur
avec le programme.
− Fidéliser le public, notamment au cours des périodes d’interruption du contenu.
− Proposer un contenu additionnel suffisamment attrayant et consistant pour prolonger
l’expérience ou la maintenir pendant les périodes de creux.
52 Définition largement inspirée de l’étude « Multi-écrans : effet de mode ou tendance de fond ? » - Frédéric Levy, Fabien Elharrar et Laurent Comet, Beijaflore
« Le cross-média englobe l’idée d’offrir sur la base d’une œuvre principale sur un
support principal, des contenus secondaires, sur d’autres supports ».
42
− Faire en sorte que ces contenus soient susceptibles, à l’instar de leurs contenus
« pères », de générer une activité publicitaire.
Ces données ont bien été comprises par TF1 avec son jeu musical « The Voice ». Le site Internet
dédié au jeu (hébergé par le site tf1.fr), offre aux téléspectateurs la possibilité de visionner de
nouveau les moments forts de l’émission, de revivre quasiment minute par minute le dernier
prime time, de découvrir certains aspects des coulisses de l’émission par le biais de plusieurs « V-
Reporter », missionnés pour être « les ambassadeurs du programme sur MYTF1.fr ainsi que sur
les réseaux sociaux » (cf. en annexe 10 le détail du site Internet). Ces contenus sont évidemment
consommables avant, pendant et après le programme.
LE CROSS MEDIA – QUE RETENIR ?
− Utiliser l’ensemble des nouveaux supports pour étendre la surface possible de
l’expérience consommateur.
− Immerger le téléspectateur dans le contenu et le fidéliser grâce à une relation avec son
programme nouvelle.
− Développer une offre homogène en termes de qualité sur l’ensemble des supports.
− Envisager également ces nouveaux supports comme des nouvelles formes de revenus
publicitaires.
2. LA VIDEO & INTERNET
La consommation de vidéos est une activité majeure du média
Internet. Dans la consommation de l’information, elle est même ce
qui la démarque de la presse papier avec son instantanéité.
Ce média offre également la possibilité à ses utilisateurs de poster
leurs propres contenus, de partager et d’échanger sur des
expériences. La qualité de ces contenus diffère selon les plateformes
mais quelque soit ce niveau de qualité, les contenus vidéos sont
consommés, partagés, suscitent des débats, des commentaires et
impliquent les Internautes.
Selon Médiamétrie53 en décembre 2011, la France comptait 30,3 millions de vidéonautes.
L’évolution de cet usage est extraordinairement rapide, comme en témoigne le graphique ci-
dessous. La croissance du nombre de consommateurs de vidéos sur le Net a en effet augmenté de
8,5 % par rapport à Septembre 2011. Les chiffres sont encore plus impressionnants lorsque nous
nous attardons sur les durées de consommation.
Les « vidéonautes » consomment en moyenne 3 heures et 19 minutes de vidéos par mois
(décembre 2011) pour un nombre total de 74 vidéos sur la même période. Des chiffres en
constante augmentation (+ 10 vidéos vues supplémentaires en moyenne vs septembre 2011) et
cette tendance devrait continuer à s’affirmer les prochaines années.
53 Communiqué de presse sur l’audience de la vidéo en décembre 2011
30,3 millions
de vidéonautes en France
selon Médiamétrie en
décembre 2011
43
1. QUELS ACTEURS PRESENTS POUR QUELS CONTENUS ?
Les acteurs principaux sur le marché des contenus vidéo en France
sont connus sous la forme de leur « Brand Site-Support »54. Ils
étendent leur influence en agissant sous la forme de « Brand
Players »55. Ces acteurs sont les grands noms du Web comme
YouTube, Dailymotion, Facebook ou Allociné. Ils sont contestés dans
le classement en nombre de visiteurs uniques (vidéonautes uniques
plus précisément) par les grands groupes télévisuels.
Les performances sont impressionnantes. La plateforme de partage
de vidéos Youtube enregistrait en janvier 2012 plus de 25,5 millions
de visiteurs uniques en France soit un taux de couverture des « vidéonautes » sur cette période
de 85 % ! Si les performances des autres acteurs sont moins saisissantes, ces chiffres leur offrent
des perspectives assez incroyables en termes de développement. TF1 et son player WAT
atteignent déjà les 8,1 millions de visiteurs uniques mensuels contre 2,6 millions au player de
France Télévisions.
54 « Agrégation de l’audience des pages d'un site sur lesquelles des vidéos ont été vues, quel que soit le player sur lequel est jouée la vidéo » 55 « Agrégation de l’audience du ou des player(s) vidéo d’un même diffuseur quel que soit le site sur lequel il est diffusé. »
75 %
des Internautes consomment
désormais au minimum une
vidéo par mois
44
I. LES PURE PLAYERS
Le Pure Player « désigne une entreprise dont l'activité est exclusivement menée sur Internet.
Par extension, elle permet de désigner une entreprise qui concentre ses activités sur un seul
métier ou en tout cas sur un seul secteur d'activité »56.
Ces acteurs dominent le classement des tops « brand players ». Leur arrivée précoce sur le
marché, leur savoir faire technique, leur légitimité naturelle et leur relationnel avec le
consommateur en font des points de référence pour le marché.
YouTube est le leader incontesté de ce marché. Racheté en 2006 par
Google pour 1,65 milliards de dollars, le géant n’a aujourd’hui que
très peu de chances de voir son leadership mis à mal tout comme
Dailymotion, racheté par Orange. L’enjeu fondamental pour ces
acteurs est désormais de monétiser efficacement chaque vidéo mise
en ligne. Youtube et Google semblent enfin avoir décidé d’un vrai
modèle en adaptant le modèle économique de Google pour
Youtube.
D’autres Pure Players devraient connaître des progressions spectaculaires de leurs activités
relatives à la vidéo dans les prochains mois. Facebook, qui permet le visionnage de plusieurs types
de players ou d’autres plateformes comme Vimeo devraient pouvoir tirer partie d’une demande
toujours croissante.
II. LES GROUPES MEDIAS
Les groupes médias mettent à disposition du consommateur une
offre totalement différente de celle des Pure Players, basées autour
de la notion de partage de contenus (non professionnels).
Cette idée est largement affirmée par la durée d’écoute par vidéo
enregistrée par ces différents acteurs, beaucoup plus longue chez les
groupes médias comme le démontre le graphique ci-dessous57. Alors
que la durée d’écoute par vidéo des Pure Players n’excède pas 2
minutes et 40 secondes, elle atteint 10 minutes et 36 secondes en
moyenne chez les acteurs issus du monde télévisé. Les meilleures
performances sur cet indicateur reviennent à M6 avec une durée
d’écoute de 17 minutes par vidéo et à TF1 avec 10 minutes et 30 secondes environ. Ces données
(exprimées en minutes) mettent en valeur la recherche de contenus différents par les
consommateurs et donc la possibilité de développer différents types d’offres pour faire vivre des
acteurs extrêmement différents sur ce marché.
56 http://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire-Marketing/Pure-player-6233.htm 57 Source Médiamétrie : Communiqué de presse : l’audience de la vidéo en janvier 2012.
8,1 millions
d’Internautes ont eu un
contact avec le player de TF1
(WAT) au mois de janvier
2012
Chaque seconde dans le
monde, une heure de
vidéo est mise en ligne
sur YouTube
45
2. LE STREAMING ILLEGAL AU SOMMET AVANT L’AFFAIRE MEGAUPLOAD
La fermeture et l’arrestation des dirigeants de MegaUpload en
janvier dernier a eu des conséquences immédiates sur le marché de
la vidéo sur la Web. Pour se rendre compte de l’importance
qu’occupait ce site qui permettait le téléchargement et de
visionnage de contenus illégaux, il suffit de regarder les grands
indicateurs de consommation. Le classement lu avec comme
indicateur principal le nombre de vidéos vues plaçait MegaUpload en
France 5ème Brand Player (derrière YouTube / Google et Dailymotion,
M6 et TF1) contre le 9ème en visiteurs uniques.
La fermeture de MegaUpload restribue donc les cartes car en plus
d’avoir tué le leader de ce « marché » parallèle, cette décision a également affaibli le reste des
acteurs illégaux. Le rendement des acteurs dits légaux a tout de suite bondi, comme en témoigne
le graphique ci-dessous, qui voit des acteurs comme TF1 et son player WAT ou Canal Plus profiter
des 10 premiers jours de fermeture de MegaUpload, le 19 janvier 2012 (chiffres issus du
communiqué Médiamétrie sur l’audience de la vidéo en janvier 201258).
58 * VEVO n’était pas mesuré en décembre 2011. Sa mesure était jusqu’à janvier 2012 incluse dans celle de Google / YouTube
5ème place de MU au classement
des Brand Players sur
l’indicateur du temps total de
contenus consommés
(décembre 2011)
46
3. LES ACTEURS TELEVISES : UN ROLE DETERMINANT A JOUER SUR LE NET
Les acteurs du monde télévisuel vont être obligés de s’investir sur le Web et de s’y imposer
comme des références pour deux raisons principales :
- Pour assurer leur survie à long terme
Pour le moment, les études menées affirment une tendance favorable à la multiplication des
écrans. Cette tendance n’impacte pas la durée d’écoute individuelle de la télévision,
continuellement en hausse (4 heures et 16 minutes en février 2012 contre 3 heures et 56
minutes en février 201159). Mais la convergence des contenus sur ces écrans pourrait
également signifier à moyen terme la possibilité pour les acteurs du Web d’investir l’écran
de télévision et donc de fragiliser la position des chaînes.
- Pour sécuriser la croissance de leurs activités
Aujourd’hui, les chaînes se retrouvent face à un dilemme pour envisager une croissance. Les
temps d’antenne sont limités et l’offre télévisuelle ne devrait pas pouvoir s’étendre
indéfiniment afin de ne pas saturer un marché sur lequel de nombreux acteurs sont déjà à la
peine. Nous parlons ici de nombreuses chaînes thématiques. Le Web semble donc être une
possibilité de développement, de survie ou même une porte de sortie selon les cas.
L’exemple de certains acteurs de la presse papier en est la preuve (La Tribune). Le Web pour
des acteurs positionnés sur des thématiques précises pourrait être un moyen de réaffirmer
un savoir faire et une expertise et d’éviter une sortie de route sur un média hyper ou la
concurrence fait rage.
Plusieurs possibilités techniquement réalisables sont à la portée des chaînes pour assurer leur
avenir sur le Web. La diffusion de leur flux en streaming, l’offre de programmes en Replay et des
contenus additionnels spécifiques au Web sont les pistes les plus facilement envisageables et
exploitables dans l’immédiat.
I. DECUPLER SON TEMPS D’ANTENNE
Le Web ne souffre d’aucune limite. Aucune barrière ne bloque l’entrée de nouveaux acteurs et
chacun peut multiplier les contenus proposés sans se soucier d’un temps d’antenne à respecter.
Ceci comporte des avantages pour les producteurs de contenus que sont les chaînes dont celui de
décupler leur temps d’antenne. Des images et des contenus destinés à l’antenne mais coupés au
montage, non diffusés faute de temps ou même des programmes
entiers pourraient ainsi trouver leur place sur le Web et offrir une
véritable plus-value au téléspectateur.
JO de Londres 2012 : France Télévisions, 400 heures de direct à
l’antenne, 2 000 sur le Web
Lors des Jeux Olympiques de Londres qui se tiendront en août
prochain, France Télévisions proposera un dispositif spécial,
permettant de suivre en direct toutes les épreuves des Jeux
Olympiques d’été à Londres. Alors que les antennes de France
Télévisions diffuseront déjà 400 heures de direct relatives aux épreuves, le site dédié à
59 Source Médiamétrie : Communiqué sur le Médiamat mensuel de février 2012.
2 000 heures de direct seront
proposées par France
Télévisions sur le Web à
l’occasion des JO de Londres
47
l’occasion proposera lui de suivre 2 000 heures de compétitions avec un dispositif qui permettra
de passer d’une épreuve et d’un sport à l’autre facilement.
En achetant les droits des Jeux Olympiques, France Télévisions a également obtenu les droits de
diffusion sur le Net. Diffusés gratuitement, ces options devraient faire exploser la fréquentation
des sites et du groupe en tant que « Brand Player ». La possibilité de mesurer ces données
pourrait aider les acteurs à franchir un pas dans la diffusion en direct du sport sur le Web.
II. DECUPLER SON AUDIENCE
Apporter un complément à l’audience télévisuelle de base, c’est aussi un enjeu qui pourrait avoir
de l’importance dans les prochains mois. La diffusion du simple flux diffusé à l’antenne sur le Net,
sur différentes plateformes pourrait être un développement simple, mais intéressant.
Arte et l’expérience Facebook du « 28 minutes »
Arte propose à ses Internautes de suivre en direct le « 28 minutes » (rendez-vous sur l’actualité et
la culture animé par Elizabeth Quin tous les jours à 20h05) sur le plus grand des réseaux sociaux.
Si les 4 200 fans de la page (fin mai 2012) qui donne l’accès au flux en streaming de l’émission
n’ont pas de quoi révolutionner son audience, l’expérience est extrêmement intéressante et
pourrait connaître un succès tout autre sur des émissions donc le public se rapprocherait plus de
celui des plus gros utilisateurs du réseau social fondé par Mark Zuckerberg.
Car les motifs de satisfaction sur la diffusion sont multiples : fluidité de la vidéo, habillage
agréable, possibilité de partager, de commenter sur la même page, sans la rafraichir et donc
perdre le contenu, possibilité aussi de continuer une partie de votre activité habituelle sur
Facebook le temps du visionnage de la vidéo...
48
III. NE PAS SE LIMITER A LA DUPLICATION DES PROGRAMMES TRADITIONNELS ET
CONQUERIR DES TELESPECTATEURS PAR DES CONTENUS ADDITIONNELS DE QUALITE
Une autre possibilité qui pourrait permettre aux chaînes de se différencier et d’envisager de
nouvelles relations avec leurs consommateurs est l’ajout de contenus non initialement destinés
à l’antenne ou la création de contenus spécifiques au Web.
Les possibilités, comme nous l’avons vu avec le cross média sont extrêmement importantes.
Contenus vidéos additionnels, bandes annonces, épisodes supplémentaires, jeux en ligne reliés au
contenu, de nombreuses alternatives peuvent être envisagées pour fidéliser ou conquérir de
nouveaux consommateurs..
Canal Plus, quelques minutes après les rencontres diffusées sur ses différentes antennes, propose
à ses abonnés et au reste des Internautes connectés des résumés complets des matches diffusés
et commentés sur les antennes du groupe. Une plus-value offerte à l’abonné, qui peut revoir les
images rapidement et facilement mais aussi une porte d’entrée pour les non abonnés, qui ont un
aperçu de la prestation offerte par la chaîne à péage. C’est enfin un moyen d’affirmer une
présence sur le web sur un secteur d’activité qui définit la marque Canal Plus. Si cette offre est
intéressante, elle ne peut clairement représenter qu’un début, une ouverture vers la production
de contenus nouveaux.
LA VIDEO SUR LE WEB – QUE RETENIR ?
− Des perspectives de croissance de consommation extraordinaires pour des acteurs
puissants déjà très bien implantés.
− Une offre déjà diversifiée de contenus.
− De nouvelles perspectives pour les acteurs légaux avec la fermeture des offres illégales.
− Des liens possibles extrêmement forts entre les différents médias et écrans et des
possibilités illimitées en termes d’offres et de création de contenus. La bonne formule n’a
toutefois pas encore été trouvée. La faute à de grands acteurs qui se prennent au jeu sans
jusqu’alors prendre de vrais risques en matière de création.
− Une opportunité pour les acteurs placés sur des thématiques précises de renforcer leur
crédibilité ou de trouver une porte de sortie en cas de problèmes économiques, à l’instar
de certains acteurs de la presse papier.
3. 2012, ANNEE DE LA CATCH UP TV ?
Nous avons vu précédemment que l’offre et la consommation de programmes en différé étaient
en phase de croissance. Les chaînes répondent à cette problématique avec le développement
d’une offre de plus en plus complète et accessible sur des supports multiples de services de
télévision de rattrapage.
1. DEFINITION
La télévision de rattrapage est une combinaison des possibilités offertes par la télévision, le Web
et le mobile. Elle est à la fois un service et un mode de consommation. Elle consiste en l’offre par
une chaîne pendant une durée limitée de visionner à posteriori des programmes d’abord
49
diffusés en live sur l’antenne de la chaîne. L’utilisation de ce service impose l’accès à un réseau
interactif (ADSL, câble, Wi-Fi, WiMAX, etc.) et peut se faire via plusieurs équipements :
− La télévision
Les box des fournisseurs d’accès ADSL proposent l’accès aux services de télévision de
rattrapage mis à disposition par les chaînes. Cette offre varie selon les opérateurs.
− Les sites Internet des chaînes de télévisions
La plupart des chaînes offrent un service de rattrapage via leur site Internet ou un site
dédié à ce service. Là encore, les offres sont très hétérogènes selon les chaînes.
− L’accès sur le mobile ou les tablettes
Ces services sont également disponibles sur les smartphones et les tablettes tactiles pour
lesquels des applications ont été spécialement développées.
L’écran d’ordinateur reste encore le principal vecteur pour consommer des contenus de
télévision de rattrapage60. Cependant l’arrivée des télévisions connectées, le développement
assez rapide des offres sur les box ADSL et la qualité grandissante des interfaces de ces services
laissent entrevoir de fortes perspectives de croissance de consommation sur l’écran de
télévision.
2. UNE CONSOMMATION EN FORTE PROGRESSION
Comme nous l’avons vu tout à l’heure, la consommation du différé n’a encore qu’une importance
relative si on la compare à la consommation globale du média télévision. Cette importance
60 Chiffres issus du baromètre mensuel de février sur la télévision de rattrapage – Etude du CNC
50
devrait néanmoins croître de manière significative au cours des
prochains mois pour plusieurs grandes raisons.
− Le développement d’une offre construite par les chaînes
C’est l’un des principaux points noirs qui empêche un
développement plus rapide de la pratique à l’heure actuelle. En
effet, la qualité de l’offre est extrêmement différente selon les
chaînes. Si TF1 met d’ores et déjà en ligne une très grande partie
de ses programmes avec une forte réactivité sur les plateformes
des fournisseurs d’accès à Internet et sur son propre site
Internet, cette pratique ne s’est pas encore démocratisée sur les plus petites chaînes. Le
graphique ci-contre le prouve parfaitement. Selon le CNC au mois de février 2012, les
quatre premières chaînes de télévision françaises (TF1, France 2, France 3 et M6)
représentaient 48,1 % de l’ensemble des volumes de l’offre de contenus en télévision
de rattrapage.
− Facilité d’accès et navigation améliorée par les fournisseurs d’accès à Internet
Comme dit dans le paragraphe ci-dessus, chaque fournisseur d’accès ne propose pas
encore l’ensemble des services de télévisions de rattrapage établis par les chaînes. La
navigation dans les interfaces n’est pas optimisée et leur mise en avant sur les interfaces
des box est loin d’être optimale.
− La progression des équipements
Le taux d’équipement et de réception des foyers français de la
télévision par l’ADSL ne cesse d’augmenter. Cette donnée va
amener les téléspectateurs à consommer de plus en plus de
contenus vidéo quelque soit le support utilisé.
− La prise de conscience de l’intérêt de la pratique
La pratique ne s’est pas encore réellement démocratisée
comme le prouve le graphique ci-contre. En effet peu de
consommateurs en font une utilisation régulière. On note
cependant que les consommateurs réguliers de télévision
délinéarisée consomment énormément (au moins une fois par
jour), ce qui laisse envisager une explosion de la consommation dans les mois à venir.
− Une amélioration et une clarification des règles de fonctionnement par les principaux
acteurs du marché
L’autre problème principal venu des acteurs est le manque de règles bien établies pour
réguler et rendre lisibles les différentes offres des chaînes. Certaines règles, comme celle
51
des 7 jours de mise à disposition des programmes après leur diffusion en live est
supposée être commune à l’ensemble des acteurs offrant ce type de service, mais elle ne
sont pas systématiquement appliquées, compliquant ainsi la compréhension de l’offre
pour le consommateur.
Ces problèmes devraient trouver des solutions dans les mois à venir et renforcer la crédibilité, la
lisibilité et la facilité de l’accès à cette offre encore relativement nouvelle. Etablir une offre d’un
niveau correct pour l’ensemble des chaînes sera essentiel pour démocratiser la pratique. L’offre
aujourd’hui est finalement très restreinte par rapport à l’offre
télévisée live, ce qui ne permet pas à la plupart des téléspectateurs
de transposer une consommation live vers une consommation en
différé de manière quotidienne.
3. TROUVER UN MODELE ECONOMIQUE
Si les performances enregistrées sont très encourageantes, le
modèle économique lié à ces nouvelles pratiques reste encore à
définir. Si des vidéos « pré-roll » (publicité vidéo lancée
automatiquement avant le contenu) sont souvent associées aux contenus offerts sur le Web, le
manque d’homogénéité constaté sur l’ensemble du secteur est problématique.
− Pas encore d’offre publicitaire sur les box ADSL pour de nombreuses chaînes
L’exemple de la présence ou de l’absence de publicité sur les services offerts sur les box
des fournisseurs d’accès à Internet est un bon exemple du manque de « maturité » du
marché. En effet, certaines grandes chaînes (TF1, France Télévisions, M6 et W9) imposent
un contenu publicitaire à leurs téléspectateurs sur les contenus en différé, ce n’est pas le
cas des plus petits acteurs. Mais même chez ces grands acteurs, l’offre publicitaire n’est
pas cadrée puisque la durée et l’emplacement des spots diffèrent selon les chaînes.
− Un modèle à trouver sur le web pour monétiser les vidéos
Sur le Web, les différences sont encore plus importantes car les possibilités sont
multiples. La différence dans les contenus offerts est encore tellement importante que la
possibilité de fixer des règles semble impossible. L’absence de vraie juridiction sur les
contenus publicitaires sur le Web semble également un frein qu’il sera difficile de
surmonter pour les acteurs du marché.
Rappelons simplement pour prendre la dimension de la difficulté d’établir des règles sur le Net
que les géants de la vidéo cherchent encore un modèle économique efficace et notamment une
réponse à la problématique d’une monétisation efficiente des centaines de millions de vidéos
vues sur leurs plateformes.
4. LES DIFFERENTS TYPES DE CONTENUS TELEVISES CONSOMMES SUR LES PLAYERS DES
CHAINES DE TELEVISIONS
I. LES TYPES DE CONTENUS MIS A DISPOSITION
En termes de contenus mis à disposition des téléspectateurs en différé, il est clair que la tendance
est à une mise en avant de contenus non impactés par le temps dits de « stocks » à l’inverse des
programmes très impactés par leur rapport au temps dits « de flux ».
Une offre encore très
restreinte par rapport à la
diversité des contenus
diffusés en live sur
l’ensemble des chaînes
52
II. UNE OFFRE A ADAPTER SELON LES TYPES DE PROGRAMMES
Comme vu dans la première partie de ce dossier, la fiction est le genre le plus consommé en
différé par les consommateurs. En grande partie car ce genre ne perd pas de « valeur » dans les
jours qui suivent sa diffusion live et parce que son rythme de diffusion est adapté à celui de mise à
disposition des contenus. Ce n’est pas le cas des journaux télévisés par exemple dont la
consommation en différé se fait dans sa très grande majorité dans la journée de la diffusion.
L’offre de programmes en différé devra donc se construire autour de l’importance du rapport au
temps passé entre les diffusions live et différées des programmes, par la mise en avant rapide de
contenus d’informations sur l’ensemble des plateformes mises à disposition par les chaînes à
leurs téléspectateurs, mais bien sûr, aussi selon son genre. Un programme de fiction ou un jeu ne
doit pas être complété par les mêmes contenus qu’un magazine d’actualité…
5. ALLER A LA RENCONTRE DU TELESPECTATEUR
Les contenus télévisés mis en ligne et consommés directement sur l’ordinateur ne disposent pas
d’une même résonance que ceux diffusés en live sur la télévision. L’action d’aller chercher ce
programme sur le Web réclame en effet plus « d’efforts » au consommateur que le simple fait
d’allumer son téléviseur.
Les chaînes doivent donc absolument pousser à la consommation de leurs contenus en les
mettant en avant sur d’autres supports que leurs propres sites. Certaines le font déjà, en
annonçant la mise en ligne de certaines de leurs vidéos sur les réseaux sociaux (cf. best-of de
l’émission du jour par Canal + ci-dessous). Cette pratique doit se démocratiser chez les chaînes
même si elles ne bénéficient pas toutes de l’influence de Canal Plus sur les réseaux sociaux.
Intégrer son player sur la page pour permettre à l’Internaute de poursuivre son activité
Si Canal Plus met à disposition ses contenus de manière très réactive, elle impose toujours à son
téléspectateur de « sortir » de sa page et donc de stopper son activité du moment afin de se
rendre sur son propre site. Une offre idéale de la part des chaînes serait de parvenir à intégrer le
player directement au réseau social ou de négocier avec les plus grands acteurs des réseaux un
player commun, facilement mesurable, pour laisser au téléspectateur la liberté de poursuivre son
activité en ligne tout en regardant le contenu proposé.
LA CATCH UP TV – QUE RETENIR ?
− La Catch up TV, une pratique multi-supports, dominée par l’écran d’ordinateur.
− L’écran de télévision classique comme vrai futur de cette pratique.
− Une consommation et une offre en croissance constante.
53
− Une offre venue des acteurs encore très hétérogène: TF1, France 2 et France 3
représentent à elles seules 41,8 % de l’offre totale de programmes (Février 2012).
− Une pratique dont la notoriété grimpe mais encore pratiquée de manière intensive par
une minorité de consommateurs.
− Une expansion de l’offre encore bloquée par l’absence de définition d’un modèle
économique clair pour l’activité.
− Certaines tendances toutefois déjà très affirmées, notamment au niveau des contenus
consommés : essor de la fiction et des contenus déjà surconsommés en live.
− Des règles de fonctionnement qui commencent à s’institutionnaliser : règle des 7 jours
de mise à disposition des programmes.
− Des contenus qui ne vont encore assez à la rencontre de leurs consommateurs.
4. LA TELEVISON MOBILE PERSONNELLE
Parmi les supports permettant de consommer des contenus télévisés, les téléphones ont un
temps été perçus comme la solution du futur. L’état notamment, par la voie du CSA, a longtemps
soutenu cette idée, en partenariat avec les chaînes et des opérateurs. Aujourd’hui abandonnée
dans sa version première, l’esprit de la Télévision Mobile Personnelle n’a pas complètement
disparu avec la hausse des équipements en Smartphones et en tablettes.
1. DEFINITION & ORIGINES
I. PERMETTRE L’ACCES A LA TELEVISION PARTOUT ET N’IMPORTE QUAND
« La télévision mobile personnelle (TMP) permet un accès aux différents programmes télévisés en
tous lieux et à toute heure de la journée par le biais du téléphone mobile. Elle utilisera les canaux
hertziens libérés par la fin de la diffusion analogique des chaînes de télévision.61 »
II. UN PROJET NE D’UNE VOLONTE GOUVERNEMENTALE ET DES GRANDES INSTANCES
TELEVISUELLES FRANÇAISES
− 2007 - Lancement du projet.
− 2007 - Nomination du CSA pour encadrer le projet.
− 2007 - Choix de 16 chaînes pour l’obtention d’une fréquence
en 2008. Annonce d’objectifs ambitieux : couvrir 30 % de la
population en 2012 et 60 % en 2015.
− 2009 - Lancement d’une consultation par le gouvernement
pour trouver un modèle économique à adopter. Sans succès.
− 2010 - Les opérateurs de téléphonie mobile se retirent du
projet.
− 2010 (mai) - TDF et Virgin annoncent un partenariat pour
déployer un réseau couvrant 50 % de la population.
− 2011 - 8 mois plus tard, Virgin annonce son retrait du projet.
− 2011 - TDF annonce également son retrait du projet.
Le projet de la Télévision Mobile Personnelle via une réception hertzienne avait du sens lors de
son lancement en 2007 mais était rendu compliqué par la technologie. La télévision numérique
61 Etude Xerfi 700 doc sur la téléphonie mobile – Septembre 2011
2007 - 2011 4 ans de tâtonnements ont
conduit le CSA à un échec.
54
terrestre (TNT) qui peut aujourd’hui être reçue avec l’avènement de la 3G ou la 3G+ voir de la 4G
combinées avec la mort du hertzien ont fini d’enterrer ce projet.
III. LA MORT DEFINITIVE DU CONCEPT
Le retrait des grandes chaînes malgré le soutien du CSA
Le 4 janvier 2012, les 16 chaînes qui détenaient des licences se sont retirées du projet. Le CSA, qui
avait fixé cette date comme dernier butoir pour trouver des opérateurs de diffusion a dû
abandonner un projet pour lequel il avait pourtant fourni de nombreux efforts, faute d’avoir su
proposer aux acteurs un modèle économique et de ne pas avoir suffisamment anticipé les progrès
de l’Internet mobile.
Des conditions technologiques absolument pas optimales
La volonté des chaînes de trouver un accord avec un opérateur de réseau n’était pas assez forte
pour mener à bien un projet qui n’avait pas non plus fonctionné aux Etats-Unis et dans le reste
de l’Europe. Il faut dire qu’elles diffusent déjà leurs flux via d’autres moyens (3G, 3G+).
Les fréquences réservées au projet pourraient être réutilisées rapidement pour améliorer la
diffusion des contenus multimédias vers les smartphones et les tablettes tactiles ou l’accélération
de la mise en place du « spectre 4G » pour les grands opérateurs de la téléphonie mobile.
2. VERS UNE RENAISSANCE DU CONCEPT AVEC LA DEMOCRATISATION DES TABLETTES ?
Le concept, élargi à une idée plus étendue de réception mobile des flux des chaînes de télévision
est en revanche toujours bien vivant. Car si les smartphones sont finalement peu utilisés pour
consommer des contenus vidéo, les tablettes tactiles le sont.
I. LE DIVERTISSEMENT ET LA VIDEO, MOTEURS DE L’UTILISATION DES TABLETTES
En effet, selon une étude publiée fin mars par Médiamétrie pour le GESTE (Groupement des
Editeurs de Services en Ligne), l’utilisation de la tablette tactile pour la consommation de
contenus télévisés ne laisse aucun doute.
Les utilisateurs, dont le profil type serait un homme urbain CSP + âgées de 35 à 49 ans,
l’emploient prioritairement à leur domicile dans une optique de divertissement. Les « marques »
à la plus forte notoriété sur ce support laissent entrevoir une tendance forte : la consommation
de contenus vidéos et / ou interactifs est l’une des utilisations principales.
Ainsi dans le top des marques citées, nous retrouvons Canal+, Wat,
TF1, France Télévisions ou M6 mais aussi les portails de vidéos
YouTube et Dailymotion.
A ce jour, Médiamétrie a recensé 1,7 millions d’utilisateurs
principaux de tablettes. Si ces chiffres paraissent restreints en
comparaison de celui des Internautes (39,9 millions au 4ème trimestre
2011) et des utilisateurs de services de téléphonies mobiles reliés à
Internet (19 millions62), elle est clairement à prendre en compte pour
les marques qui font des efforts titanesques pour s’imposer comme
62 Sources : Médiamétrie - Observatoire des Usages Internet, 4ème trimestre 2011,
1,7 millions d’utilisateurs de tablettes en
France au 4ème trimestre
2011
55
les références de ce nouveau mode de consommation. Il faut dire que les chiffres enregistrés en
lien avec la consommation Internet sur ces supports laissent envisager l’éclosion d’un nouveau
marché à conquérir. Pour les seuls iPad au 4ème trimestre 2011 en France, le nombre de pages
vues s’élevait à 4,2 milliards (4 300 par utilisateur sur la période).63
LA TELEVISION MOBILE PERSONNELLE – QUE RETENIR ?
− Un premier projet visant à permettre l’accès à la télévision n’importe où et n’importe
quand lancé en 2007 sur la volonté du gouvernement.
− Une première version du projet d’ores et déjà obsolète et abandonnée.
− L’idée de la télévision mobile personnelle est toutefois loin d’être morte si l’on élargit son
concept avec la démocratisation des tablettes notamment.
5. L’AVENEMENT D’UN NOUVEAU TYPE D’OFFRE DES CONTENUS CULTURELS ?
Le fantasme de tout téléspectateur est d’avoir à disposition n’importe lequel des contenus
possibles et de pouvoir le consommer à n’importe quel moment. Ce « rêve » est aujourd’hui
approché par certains acteurs, notamment sur le Web dont les capacités en termes de stockage
semblent quasiment illimitées.
1. LE PHENOMENE NETFLIX
Netflix est une entreprise fondée en 1997. Elle a, à l’origine,
trouvé sa prospérité avec une activité de location de DVD par voie
postale (aujourd’hui rebaptisée Qwikster). Quelques années plus
tard, grâce à un service de contenus vidéo en flux continu sur
abonnement, Netflix est devenu un véritable monstre qui capte
en soirée aux alentours de 25 % du trafic Internet aux Etats-Unis.
Comment Netflix a t-il réussi à capter 25 millions d’abonnés ? En
proposant pour 7,99 $ par mois un catalogue absolument
gigantesque de films, de séries que l’abonné peut visionner aussi
bien sur son écran d’ordinateur, sur sa télévision, sa tablette
tactile ou via sa console de salon. Avec 25 millions d’abonnés, Netflix est tout simplement le
premier opérateur payant aux Etats-Unis.
Pour se constituer ce catalogue, Netflix a directement passé des
contrats avec les sociétés de production et de distribution de cinéma
et constitué une sorte de « licence globale ». Les premiers accords
ont été extrêmement avantageux pour l’entreprise, ce qui lui a
permis de se dévelloper. La renégociation des contrats est
aujourd’hui bien plus difficile. Les films Disney et Sony ne sont plus
au catalogue de Netflix qui pour contrer ce problème, se tourne
désormais vers les contenus télévisés et même la création de
contenus (1 million de dollars investis dans la production d’une
série). La société, dont le chiffre d’affaires s’élevait aux alentours de
63 Source : Médiamétrie – Panel tablettes iPad 4ème trimestre 2011 - Base : utilisateurs principaux tablette iPad 15 ans et +
25 millions le nombre d’abonnés à
Netflix dans le monde
7,99 $ le prix de l’abonnement à
Netflix. 5 fois moins coûteux
qu’un abonnement à Canal +
56
3 milliards de dollars en 201164 prévoit d’être présente dans 40 pays d’ici 2012 et se targue
notamment de constituer un remède anti-piratage avec une offre suffisamment large et peu
coûteuse pour inciter les pirates à s’abonner.
2. LA RIPOSTE DES GRANDS ACTEURS DE LA PRODUCTION DE CONTENUS : HULU
Hulu, fondée en 2007, offre également un service de vidéos à la demande avec un catalogue
important comprenant l’accès à des programmes télévisés, des films ou des contenus spécifiques
au Web. Derrière ce service se cache la puissance de ses fondateurs et propriétaires : NBC, Fox,
Disney-ABC TV, CBS et d’autres studios et réseaux.
La stratégie de l’entreprise est plus ou moins la même que celle de Netflix avec depuis 2011, la
création de produits originaux comme « Battleground » (drama politique) ou « The fashion fund »
(TV réalité). Fin 2011, Hulu comptait environ 1,5 millions d’abonnés.
3. EN FRANCE : L’ANTICIPATION DE CANAL +, D’AUTRES OFFRES EN PREPARATION ?
I. UN MODELE DIFFICILEMENT ADAPTABLE EN FRANCE
Ce modèle est difficilement implantable en France. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Netflix
n’envisage pour le moment pas de tenter l’expérience alors qu’elle a déjà annoncé son arrivée en
Espagne et en Angleterre après s’être concentré sur l’Amérique du Nord et l’Amérique Latine.
Pourquoi ? Tout simplement à cause de la législation extrêmement restrictive relative au droit
d’auteur. Le temps d’attente entre la sortie en salle d’un film et son exploitation sur d’autres
supports est extrêmement long en France, ce qui empêche toute possibilité de voir ce type de
service de développer. A titre d’exemples, il vous faut aujourd’hui
patienter :
- 4 mois pour obtenir un film en DVD
- 1 an avant de pouvoir être diffusé sur une chaîne payante de
cinéma
- 36 mois pour les services de vidéo à la demande.
- 1 an avant de pouvoir proposer une série américaine sur un
service de VOD français
La position des acteurs du secteur culturel français va de plus à
l’encontre de toute modification de la législation et empêche actuellement toute illusion
concernant un accord autour de l’idée d’une licence globale, maintes fois évoquée et qui est
finalement ce que Netflix a réussi à réaliser à une échelle moindre.
La tentative Canal Plus, les rumeurs Dailymotion et Allociné
Canal Plus a toutefois d’ores et déjà pris ses dispositions pour contrer une possible arrivée
de Netflix à long terme ou de tout autre acteur du même type en créant Canal Plus Infinity. Le
service, ouvert depuis novembre 2011 est disponible à partir de 9,99 € par mois. Pour contrer la
législation française, Canal Plus mise sur la mise à disposition de ses créations originales comme
« Borgia » ou « Braquo ».
64 http://www.wikinvest.com/stock/Netflix_%28NFLX%29/Data/Income_Statement
36 mois le temps que doivent
patienter les diffuseurs avant
de pouvoir proposer un fil sur
un service de VOD
57
Si la démarche de Canal Plus est intéressante, le catalogue de Canal Plus Infinity n’est pas
comparable à celui de Netflix. Le groupe semble donc plutôt faire cet effort pour occuper le
terrain que pour inonder un marché.
II. DES ACTEURS POTENTIELS FRILEUX
Alors qu’une rumeur annonçait l’arrivée d’Allociné sur ce marché des services de vidéos à la
demande avec abonnement, son président, Grégoire Lassale, a confirmé la difficulté d’implanter
ce type de service en annonçant pour septembre 2011 une offre de
VOD gratuite enrichie mais sans service payant. « Nous avons
souvent réfléchi à lancer notre propre offre de SVOD. Mais c'est très
lourd. Ce n'est ni notre métier, ni notre bourse » a t-il notamment
déclaré dans l’Expansion.65
Orange et Dailymotion se sont également associés (rachat de 49 %
des parts de Dailymotion par Orange fin 2011) pour envisager la
question de la vidéo à la demande. En février 2012, à l’annonce de
cet engagement, Stéphane Richard, Directeur Général de France
Télécom déclarait que la « consommation de vidéo à la demande sur
tous les supports est clairement une priorité absolue ». « La stratégie d’Orange est de devenir
rapidement les meilleurs en matières d’offre de vidéo à la demande que ce soit en matière de
profondeur de l’offre, du catalogue ou aussi en termes de qualité de l’interface utilisateur »,
« basé sur des modèles de gratuité et aussi payants »66.
LES NOUVEAUX TYPES D’OFFRES DE CONTENUS – QUE RETENIR ?
− Netflix, 1er opérateur payant aux Etats-Unis et acteur majeur de la production de
contenus conforte l’idée qu’une offre payante structurée, suffisamment large et
accessible financièrement est le meilleur moyen de contrer le piratage.
− D’autres acteurs sur les rangs, des tentatives en France malgré un contexte législatif
extrêmement contraignant.
65 http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/allocine-ne-se-lancera-pas-dans-la-vod-sur-abonnement_289663.html 66 Intervention mise en ligne sur Orange Innovation TV - http://www.orange-innovation.tv/fr/webtv/info_interviews/internet-et-divertissement/divertissement/accord_dailymotion_-_orange_des_perspectives_pour_la_vod
« La consommation de vidéo
à la demande sur tous les
supports est clairement une
priorité absolue »
S. Richard - DG France Télécom
58
LA TELEVISION HORS DE LA BOITE – 10 IDEES CLES
1. Une consommation désormais multimédia et multi supports qui laisse envisager aux
acteurs de nouvelles formes de revenus publicitaires s’ils parviennent à développer
une offre homogène en termes de qualité sur l’ensemble des supports.
2. Immerger le téléspectateur dans le contenu et le fidéliser grâce à une relation avec
son programme nouvelle.
3. Des perspectives de croissance de la consommation de vidéos sur le Web
extraordinaires pour des acteurs puissants déjà difficilement contestables.
4. Une offre déjà diversifiée de contenus vidéo sur le Web, dont les perspectives de
croissance sont renforcées par la fermeture des offres illégales.
5. Les liens et les possibilités en termes de passerelles entre les différents écrans,
médias et formes de contenus semblent illimités mais les grands acteurs qui ont pris
conscience de cet enjeu n’ont pas encore vraiment exploité l’ensemble des
possibilités qui leurs sont offertes.
6. La vidéo sur le Web, une opportunité pour les acteurs placés sur des thématiques
précises de renforcer leur crédibilité ou de trouver une porte de sortie en cas de
problèmes économiques, à l’instar de certains acteurs de la presse papier.
7. La consommation de programmes délinéarisée est le grand enjeu de 2012 pour les
chaînes. Cette pratique est une synthèse des nouvelles habitudes de consommation :
multi-supports, connectée et dominée par les grands acteurs. Le marché n’est
toutefois pas encore mature et n’a pas exploité l’ensemble des possibilités offertes.
8. Des règles de fonctionnement de la télévision de rattrapage dont l’application doit
s’institutionnaliser : 7 jours de mise à disposition des programmes, placement des
contenus publicitaires.
9. Des contenus multimédias et multi-supports très accessibles mais qui ne vont encore
assez à la rencontre de leurs consommateurs.
10. De nouvelles offres payantes qui se structurent et qui pourraient être un moyen
efficace de contrer le piratage. Après le succès aux Etats-Unis du phénomène Netflix,
des premières tentatives ont lieu en France malgré un contexte législatif défavorable.
59
C. L’économie des événements
culturels et sportifs
1. L’économie des
événements sportifs
2. L’économie des événements
culturels
3. Les événements alternatifs,
entre marques, Web et
Sponsoring
60
C. L’ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS ET SPORTIFS
Les manifestations culturelles et sportives rythment la vie quotidienne des français. Parce
qu’elles interviennent à intervalles réguliers, parce qu’elles rassemblent et parce qu’elles sont
souvent porteuses de symboles et de valeurs permettant la création d’histoires communes.
Ces événements sont de natures extrêmement différentes. Leur rythme, leur taille, leur
médiatisation sont les facteurs qui les différencient. Cette diversité rend très difficile la conclusion
d’enseignements généraux et de règles concernant leurs modes de financements. Nous tenterons
toutefois au sein de cette partie d’extraire quelques tendances générales permettant d’envisager
ce que seront les stratégies médias de ces événements d’ici quelques mois ou quelques années.
1. QUELLE PLACE POUR LA TELEVISION DANS L’ECONOMIE ET LA VIE DES EVENEMENTS SPORTIFS ?
Nous l’avons vu dans nos parties précédentes, la télévision a tendance à largement se focaliser
sur de grands événements, au détriment des autres formes de manifestations, qu’elles soient
culturelles ou sportives. Nous allons tenter de voir si ce phénomène se confirme dans cette partie
en étudiant les budgets et donc les sources de revenus de ces manifestations.
1. QUELS POSTES DE REVENUS POUR LES GRANDS EVENEMENTS SPORTIFS ?
Selon une étude menée par PWC en juin 2010, les dépenses
mondiales liées au sport étaient de 114 milliards de dollars en 2009
et devraient se monter à 132 milliards de dollars en 2013. Ces
rentrées d’argent sont principalement issues de 4 grandes
« familles » de revenus :
I. LES RECETTES DE LA VENTE DE BILLETS
Elles représentaient 38% du chiffre d’affaires du marché en 2009. Le
total des recettes de la vente de billets devraient représenter
49 milliards de dollars en 2013, soit un taux de croissance annuel moyen de 3,2 % sur la période
2009 / 2013. Cette progression est la plus lente de tous les segments.
II. LES DROITS PAYES PAR LES MEDIAS POUR LA DIFFUSION D’EVENEMENTS SPORTIFS
Ces derniers représentaient 20% du marché en 2009 et devraient
atteindre les 26,7 milliards de dollars en 2013 (+ 3,7 %
d’augmentation sur la période).
« Ce secteur est très lié à l’organisation d’événements majeurs
(Coupe du monde de football, Jeux Olympiques), bon nombre de
contrats ayant été conclus à long terme ont été moins sensibles à la
crise économique »67. Les groupes médias ont ces dernières années
tenté de « sécuriser » leurs droits en faisant l’acquisition des
contenus « premium » recherchés par leurs téléspectateurs. La
grande problématique du marché aujourd’hui va être la même que
67 Communiqué de presse 2010 pwc lors de la sortie de l’étude « Back on track ? The outlook for the global sports market to 2013). »
132 milliards de $
La prévision des dépenses
mondiales liées au spot en
2013
20 %
des recettes du monde du
sport sont issues des droits
payés par les médias pour la
diffusion d’événements
61
celle qui ébranle le monde du cinéma et de la musique depuis des années : celle de la
monétisation et de la gestion de ces droits sur les plateformes numériques.
III. LE SPONSORING
Le sponsoring est défini de la manière suivante par PWC : des « paiements versés pour avoir son
nom associé à une équipe, une ligue ou le sponsoring d’un événement, ainsi que les droits
d’utilisation d’un nom ». Ce secteur représentait 26% du marché en 2009 et devrait représenter
environ 35,2 milliards de dollars en 2013 au niveau mondial. A noter que c’est le segment qui croît
le plus rapidement.
IV. LE MERCHANDISING
Le merchandising englobe toutes les « ventes de produits sous licence et autres éléments de
propriété intellectuelle ». Il représente 16 % du marché. Ce segment est surdéveloppé en
Amérique du Nord ou certains marchés sont gigantesques (Nike a récemment fait l’acquisition
des droits de merchandising de la NFL pour 1,1 milliards de dollars sur 5 saisons).
Les revenus générés par ces sources de financement pour les événements sportifs sont bien
entendu influencés par la médiatisation et la résonnance des événements.
2. LA PREDOMINANCE DE LA TELEVISION DANS L’ECONOMIE DES GRANDS EVENEMENTS
MONDIAUX ET NATIONAUX
I. LES DROITS TELEVISES : LE FONDEMENT ECONOMIQUE
DE LA LIGUE 1 DE FOOTBALL
Les droits télévisés sont absolument nécessaires pour le
fonctionnement des clubs de Ligue 1. Ils peuvent en effet
représenter plus de 60 % du budget d’un club de football
professionnel. Afin de mesurer cette tendance, attardons nous
sur la structure des lots à pourvoir pour diffuser cette
compétition. Lors du dernier appel d’offres mené par la Ligue
de Football Professionnelle en 2012 pour l’attribution des
droits sur la période 2012 / 2016, la décomposition des droits
était la suivante :
- 5 « Lots Premium » - (lots 1 à 5)
Diffusion en direct de l’une des quatre meilleures affiches par journée + un magazine. Ces
droits englobent l’ensemble des terminaux (TV, Internet et la continuité de service sur
les terminaux nomades). Leurs prix de réserve : 110 millions d’euros pour les lots 1 et 2,
100 pour les lots 3 et 4, et 90 pour le lot 5.
- Le lot « 100% Ligue 1» - (lot 6)
Diffusion de l’ensemble des matches de L1, dont six en direct
par journée, les quatre autres en différé + un magazine le
dimanche avant le(s) match(es) du dimanche 17h. Le lot est
exploitable par un service PPV (paiement à la séance) ou par
une chaîne de télévision classique. Prix de réserve : 90
millions d’euros minimum.
0
le nombre de lots dédiés au
Web dans les 9 présentés par
la LFP lors de son dernier
appel d’offre
62
- Un lot « NOMADE » - (lot 7)
Dédié aux terminaux mobiles et tablettes et aux écrans inférieurs à 13 pouces, le lot offre
la possibilité de regarder 100 % des matches, des extraits et des résumés à la demande.
Prix de réserve : 90 millions d’euros.
- Les lots « magazines » (lots 8 et 9)
Diffusés pendant la semaine et entre deux journées de championnat. Ces lots sont un
magazine VOD et un magazine linéaire.
Alors que l’on note la présence d’un lot spécifique dédié aux terminaux mobiles, il n’en est rien
pour le Web, intégré directement dans l’offre « Premium ». Si cette décision accroît la
concurrence entre les chaînes de télévisions classiques, elle semble dommageable pour la Ligue,
qui se prive d’une potentielle offre innovante et de l’entrée sur le marché de nouveaux acteurs.
II. UNE TENDANCE INTERNATIONALE
Cette tendance se vérifie lorsque nous regardons les chiffres qui
permettent le fonctionnement de la FIFA68 en 2010 (organisation de
la Coupe du Monde de Football). Les chiffres sont éloquents. Les
droits de diffusion médias représentent plus de la moitié du budget
de l’institution. Les ventes des droits pour ces compétitions se
concluent plusieurs mois ou années à l’avance et leurs paiements
sont répartis sur plusieurs années. Sur 2010, les ventes des droits de
diffusions TV se montaient plus de 715 millions d’euros. L’Europe
contribue fortement à renflouer les caisses de la FIFA.
III. UN MODE DE FONCTIONNEMENT RETROUVE DANS LES AUTRES SPORTS MAJEURS
Ce mode de fonctionnement fortement dépendant des droits télévisés est également retrouvé
dans d’autres grands sports. Ainsi la fédération française de rugby (équipe de France de rugby et
organisation des compétitions amateurs) dépend à 54 % des droits reçus par les partenaires et
les médias. La part des médias seuls peut être estimée entre 35 et 40 % du budget annuel total de
la fédération française de rugby69.
68 FIFA : Federation International Football Association 69 Rapport financier de la Fédération Française de Rugby, exercice du 1er Juillet 2009 au 30 juin 2010
715 millions en euros, le total des droits
de diffusion télévisés
enregistrés par la FIFA en
2010 soit 50 % de son budget
annuel
63
Du côté de la Ligue Professionnelle de Rugby (LNR), la situation est différente. Si les droits
télévisés représentent une part non négligeable du budget (environ 29 millions d’euros en 2009 /
2010 reversés aux clubs de Top 14 et de Pro D2), ces
produits ne sont pas sa principale source de
revenus70. Le budget total de la Ligue s’élevait en
effet à environ 223 millions d’euros.
Pourtant très médiatisé, le rugby voit donc la
télévision et les droits médiatiques contribuer à
moins de 15 % de son fonctionnement. Un gouffre
en comparaison des événements football
précédemment cités. Pour compenser, le
championnat de France professionnel de rugby
s’appuie sur de forts revenus générés par le
sponsoring (93,5 millions d’euros sur la saison 2009 / 2010 pour 42 % du budget) et sur la
billetterie (46 millions d’euros pour 21 % du montant total des produits).
Les derniers accords signés avec Canal + pour diffuser l’ensemble de la saison, y compris la phase
finale pour la période 2012 / 2016 portent sur un montant total de 158,5 millions d’euros. Soit
les mêmes ordres de prix et de contribution à la santé financière de l’événement que sur la
période précédente.
3. QUELLES SOURCES DE REVENUS POUR LES EVENEMENTS MINEURS ?
I. UN GOUFFRE ENTRE FOOTBALL, RUGBY ET LES AUTRES SPORTS
La différence de revenus générés par les droits télévisés est
absolument abyssale entre les sports surmédiatisés et l’ensemble
des autres sports. Prenons l’exemple d’un sport disposant d’une
certaine résonnance en France, sans pour autant être un sport
majeur : le hockey. Uniquement diffusé sur Canal + Sport, il parvient
tout de même à remplir les plus grandes salles comme Paris-Bercy
pour ses finales nationales (Coupe de France, Championnat).
Sur l’exercice comptable 201071, la fédération française de hockey
sur glace (FFHG) estimait selon son rapport de gestion (publié en juin
2011) ses produits à 3 986 741 euros. Ses recettes « partenaires » quand à elle s’élevaient à 313
402 euros, la moitié d’entre elles étaient à attribuer aux médias et donc à la télévision, la radio et
la presse papier soir environ 150 000 euros soit environ 4 % du budget global.
II. UNE MEDIATISATION QUI IMPACTE LES AUTRES SOURCES DE REVENUS
L’attractivité des événements de moins grande importance ne se ressent bien entendu pas que
sur les recettes liées aux droits télévisés. Les recettes de la vente de billets varient fortement d’un
pays à un autre et d’un sport à l’autre et sont notamment très dépendants du niveau de vie des
habitants de la région dans lesquelles sont installés les événements. La puissance d’attraction du
sport en question engendre également des ventes ou pas de produits dérivés. Cette attractivité
est bien sûr renforcée ou pas, par la diffusion du sport sur les écrans de télévision classiques.
70 Rapport de la DNACG sur l’activité financière de la LNR saison 2009 / 2010 71 http://www.hockeyfrance.com/espace-membres/assemblee-generale/assemblee-generale-704-1260.html
150 000 €
la contribution des droits
médias au budget de la FFHG
sur la saison 2010 / 2011 (4%
du budget de la fédération).
64
4. LE DEVELOPPEMENT DE SYSTEMES PARRALLELES : L’AUTO-FINANCEMENT
D’EVENEMENTS PAR LES MARQUES
Certains sports ont trouvé une première parade à leur non médiatisation avec des modes de
financements nouveaux. C’est le cas des compétitions de Freestyle et plus globalement des sports
de glisse qui ont développé un système économique assez éloigné des standards des autres
sports. Nous évoquerons cet enjeu dans la partie suivante correspondant aux C. Les événements
alternatifs : entre marques, web et sponsoring.
L’ECONOMIE DES EVENEMENTS SPORTIFS – QUE RETENIR ?
− Les événements sportifs sont financés de manière très hétérogène par les médias
traditionnels selon leur importance et leur niveau de résonnance.
− En moyenne et au niveau mondial, les droits de retransmission représentent aux
alentours de 20 % des budgets des événements sportifs.
− Les droits de diffusion des événements télévisés peuvent représenter jusqu’à plus de 50
% du budget des plus grands événements.
− Les médias sont quasiment absents des postes de revenus des événements sportifs
d’ampleur moyenne alors même qu’ils diffusent parfois la compétition.
− Des systèmes parallèles ont vu le jour pour pallier au manque de médiatisation de
certains sports.
2. ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS
Le manque de diversité des offres de programmes diffusés à la télévision qu’ils soient sportifs
ou culturels semble criant. Après avoir constaté que l’économie des événements sportifs
confirmait ce manque de diversité, nous vérifierons ou infirmerons cette tendance pour les
contenus culturels. Notre méthodologie sera la même : nous intéresser d’abord aux grands
événements puis nous focaliser sur des manifestations moins importantes.
1. LES PRINCIPAUX MODES DE FINANCEMENT DES GRANDS EVENEMENTS CULTURELS
A l’image de notre raisonnement pour le sport, nous pouvons nous attarder sur les quelques
événements culturels qui semblent attirer l’attention médiatique. Comme pour le sport ou
quelques manifestations accaparent les meilleures audiences et les plus gros investissements, le
cinéma pour la culture est le principal pourvoyeur de programmes et de temps d’antenne.
I. CANNES : A MI-CHEMIN ENTRE SUBVENTIONS PUBLIQUES
ET PRIVEES
Le budget du festival de Cannes est d’environ 20 millions d’euros72
et est réparti comme suit :
- 50 % issus de fonds publics
Les principaux financiers publics sont le Ministère de la
Culture via le Centre National de la Cinématographie avec
72 http://www.festival-cannes.fr/fr/about/factsAndFigures.html
50 %
du budget du festival de
Cannes est issu de fonds
publics
65
3 millions d'euros, la Ville de Cannes avec 5,1 millions d’euros et d’autres collectivités
territoriales comme le Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d'Azur et le Conseil Général
des Alpes Maritimes.
- 50 % fournis « par les apports d'un certain nombre de groupements professionnels,
partenaires institutionnels et de sociétés privées, partenaires officiels du Festival ».
A l’inverse des événements et des institutions sportives, les chiffres versés par les
partenaires privés restent bien plus secrets mais Canal + débourserait chaque année
environ 6 millions d’euros pour couvrir de manière quasiment exhaustive la quinzaine
de Cannes.
II. LE PHENOMENE DES FESTIVALS MUSICAUX ET L’AUTO FINANCEMENT
1800 festivals étaient organisés en France en 201173. La multiplication de ces événements, liés à
toutes les formes d’expression des arts vivants a complètement bouleversé leur mode de
financement.
D’abord subventionnés par les collectivités territoriales (mairies, départements, régions, Etat) les
budgets de ces manifestations ont été fragilisés par la crise économique au cours de laquelle l’état
a tenté de réduire ses dépenses aux missions de base, mettant
souvent en difficulté les plus petites manifestations.
Le reste des financements provient essentiellement de la billetterie
de l’événement, de partenariats privés et des recettes annexes
représentées par les services entourant le festival (restauration,
boissons et dans certains cas boutique du festival).
Le sponsoring privé, « est un travail de longue haleine, plus
compliqué » explique François Floret, directeur et programmateur
de la Route du Rock (Saint-Malo, août). Pour ce festival, autofinancé
à 67% (billetterie et services annexes), la recherche de partenaires privés est un véritable
problème. La manifestation doit pour compenser, compter sur les aides perçues par les
collectivités qui représentent un « socle vital » de 21% des finances de l'événement.74
« Les marques sont souvent réticentes à investir
dans la culture, en particulier dans la musique ».
François Missonnier, directeur de Rock en Seine.
Le budget du festival de musique situé en région
parisienne qui se montait environ à 6 millions
d'euros en 2011 n’était constitué qu’environ à 10
% par des partenariats privés (SFR, Kronembourg,
Suez Environnement) alors que 17% du budget
était issu des subventions.
Les financements du festival des vieilles charrues
en 2009 (ci-contre).
Selon Le Figaro en 2011, ce festival, l’un des plus
importants en Europe, était doté d'un budget de
73 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/07/06/04016-20110706ARTFIG00689-les-festivals-tendent-la-main-vers-le-prive.php 74 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/07/06/04016-20110706ARTFIG00689-les-festivals-tendent-la-main-vers-le-prive.php
10 %
du budget du festival musical
Rock en Seine est fourni par
des partenaires privés.
66
11,5 millions d'euros financé à hauteur de 90% par des recettes propres. Les budgets alloués par
des partenaires médias sont quasiment inexistants.
Ce n’est pourtant pas faute d’attirer et d’accueillir des médias. L’édition 2009 accueillait en effet
350 journalistes et quelques 170 médias. Les partenaires et les mécènes contribuent à hauteur
de 8 % de ce budget. Sur les 82 partenaires du festival en 2009, 12 étaient des partenaires
médias selon les documents officiels du festival.
III. LES AUTRES ARTS VIVANTS
Le festival de théâtre d'Avignon, fondé en 1947 par Jean Vilar est la plus importante manifestation
du spectacle vivant en France à tous les niveaux. Autant qu’en nombre de créations qu’en nombre
de spectateurs, elle est l'une des grandes manifestations artistiques basée hors de Paris.
Malrgé un budget important de 12 millions d'euros pour l'année
201175, on peut dire que les médias sont loin d’être les principaux
animateurs de la vie du festival. En effet, leur participation
financière dans l’événement est quasiment nulle puisque le budget
du festival se décompose comme suit :
- 55% de subventions publiques (54% de l'État, 24% de la
Ville d'Avignon, 9,5 % du Département de Vaucluse, 8 % de
la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, 3,5 % de la
Communauté d'Agglomération du Grand Avignon et 1,5 %
de l'Union européenne )
- 45 % de recettes propres qui se décomposent avec la vente de billets, le mécénat, les
sociétés civiles, la recherche de partenariats et la vente de spectacles...
A noter que les investissements publics sont justifiés sur ce type de manifestation par le fait qu’ils
génèrent de lourdes retombées économiques. En 2001, elles étaient estimées à 23 millions
d'euros pour la ville d’Avignon.
2. LES PARTENAIRES MEDIAS : PAS UNIQUEMENT UN MOYEN DE FINANCEMENT
I. LE ROLE DES MEDIAS A ENVISAGER SOUS UN AUTRE
ANGLE QUE L’ACQUISITION DE DROITS DE DIFFUSION
Si les médias ne sont pas des partenaires financiers de l’événement,
ils contribuent à lui donner une envergure. Leur couverture
médiatique est en effet relativement importante, de sorte que les
médias jouent un rôle dans leur développement sans s’y investir
financièrement. Loick Royant, directeur des Veilles Charrues estime
d’ailleurs « à plusieurs dizaines de millions d'euros d'équivalent en
opérations de communication pour atteindre la notoriété actuelle
de la ville »76.
Même sans diffuser l’intégralité de l’événement, la promotion indirecte en renvoyant des images
souvent très positives pour lui permettre d’acquérir de nouveaux spectateurs a un impact
considérable sur la vie de ces derniers. Le rôle des médias ne doit donc pas être réduit à néant.
75 http://www.festival-avignon.com/fr/FestivalNumber 76 http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2011/07/12/04016-20110712ARTFIG00654-ces-festivals-qui-dopent-l-economie-locale.php
55 %
du budget du festival
d’Avignon provient de
subventions publiques (env
6,5 millions d’euros).
Des médias d’abord là
pour relayer une
information et pas
s’engager
financièrement
67
II. PRIVILEGES ET MANQUE DE DIVERSITE, TOUJOURS
Nous avons déjà établi que seulement certaines manifestations sportives vivaient de leurs droits
de diffusion et que ce n’était pas le cas de la grande majorité d’entre elles. Ce n’est donc pas
étonnant de constater que cette tendance est également à noter sur les événements culturels. Ils
toutefois important de signaler que les budgets investis par Canal + pour le festival de Cannes ne
sont pas les mêmes que ceux engagés pour l’acquisition des droits du championnat de football.
La tendance que nous pouvons faire ressortir est donc claire. Les médias concentrent leurs
investissements sur des produits « d’appel », délaissant le reste des manifestations. Cette
tendance est toutefois à relativiser en comparaison du milieu sportif car les grands médias sont
globalement absents des budgets des événements culturels.
L’ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS – QUE RETENIR ?
− Un financement d’abord issu des subventions publiques
− Des budgets qui ont connu des érosions à cause d’une multiplication des événements et
d’un contexte économique défavorable.
− Des médias plus relayeurs d’une information que des partenaires financiers.
− Des financements privés inconséquents.
− Une absence de droits de diffusion pour l’immense majorité des manifestations.
− Au delà des droits, des diffusions des événements parfois insuffisantes.
C. LES EVENEMENTS ALTERNATIFS : ENTRE MARQUES, WEB ET SPONSORING
Pour exister médiatiquement lorsque leurs budgets ne sont pas extrêmement importants,
certains événements optent pour une autre voix : celle du sponsoring intégral par une marque.
Cette logique est parfois poussée à l’extrême, la marque prenant en charge la création et
l’organisation de l’événement dans son intégralité.
Qu’il soit officiel (inscrit dans le cadre des compétitions affiliées à des fédérations) ou une simple
mise en avant de la marque via un événement basé sur une performance sportive, ce
développement économique que l’on pourrait qualifier de « parallèle » est de plus en plus
fréquent et a trouvé une nouvelle forme de résonnance sur le Web. Cet impact est renforcé par la
conquête de communautés de fans ou de suiveurs engagés et dévoués.
1. L’ECONOMIE PARRALLELE DES SPORTS DE GLISSE
Le modèle économique des sports de glisse, basé sur une prise de responsabilité totale des
marques dans l’organisation et la création d’événements du circuit professionnel national ou
international, est décliné sur l’ensemble des sports de glisse dits « freestyle ». Ces sports, dont la
pratique résulte aussi d’un certain mode de vie, sont du pain béni pour les marques essayant de
toucher des communautés précises. En créant un contact direct via l’événement avec des
consommateurs souvent prêts à s’engager de manière assez forte, les marques « s’offrent » une
nouvelle relation avec eux.
I. DES EVENEMENTS DONT L’ORGANISATION INCOMBE ENTIEREMENT AUX MARQUES
68
De nombreuses marques représentant l’univers de ces sports aux communautés de fans engagées
financent donc les événements principaux du circuit professionnel, les épreuves allant même
jusqu’à porter le nom des marques. Les championnats de France 2011 de surf par exemple se
nommaient « Les championnats de France Franklin Marshall ». Dans ce cas, la marque organise
entièrement la compétition, rémunère les sportifs vainqueurs et accueille le public pour un
spectacle basé sur la performance sportive, un mode de vie et une omniprésence de la marque.
Dans la même optique, l’épreuve française des championnats du monde de la discipline se
déroulant à Lacanau est organisée par la marque de vêtements spécialisée Soöruz pour un
événement intitulé le « Soöruz Lacanau Pro ».
Ces événements se créent donc un modèle économique au départ totalement indépendant des
droits télévisés et des retransmissions sur les médias classiques, ce qui ne les empêchent pas
d’obtenir ensuite un succès et un intérêt de la part de ces médias.
Pour faire fonctionner ce modèle économique parallèle, les marques rythment également la vie
quotidienne des sportifs en les sponsorisant. Ces derniers n’ont souvent pas d’autres sources de
revenus que les récompenses acquises grâce à leurs résultats et donc les contrats qu’ils
parviennent à conclure avec les marques, ce qui leur permet de ne pas avoir à rechercher un
appui médiatique classique fort.
II. LES MARQUES EDITRICES DES CONTENUS
La vie de ces sports est donc quasiment entièrement rythmée par les marques. Cette affirmation
est d’autant plus réelle et forte que ce sont ensuite ces dernières qui produisent les images des
contenus liés à ces événements puis les relayent pour une indépendance encore plus forte vis à
vis des médias classiques.
Les contenus favorisés par ces marques sont des vidéos de haute qualité mettant en scène des
sportifs dans des situations de sport en dehors des compétitions officielles et donc non basés sur
la simple performance sportive. Ces contenus diffusés en ligne, faciles à consommer, sont mis
aux couleurs des marques et ont trouvé une nouvelle résonnance avec l’explosion de la
consommation de vidéos sur le Web.
III. AMBIGUÏTE ENTRE ADHESION FORTE DES SUIVEURS ET L’ABSENCE DE TRAITEMENT
MEDIATIQUE PAR LES GRANDS MEDIAS
Si les suiveurs de ces sports sont réputés pour leur fidélité et leur implication dans le suivi des
épreuves et dans leurs investissements permanents pour suivre ces modes de vie, nous pouvons
noter un véritable décalage avec
sont à la fois très peu diffusées et très peu exploitées en France.
Cette absence d’intérêt semble toutefois évoluer.
à ces sports (http://www.e-adrenaline.fr/
Winter X Games Europe, le plus gros événement annuel de ski et snowboard free
qui se déroulait à Tignes. Lié
épreuves en direct commenté
à l’événement (cf. en annexe
2. MARQUES ET CREATIONS DE CONT
Ces événements trouvent également
parfois une résonnance alors qu’ils
sont isolés de toutes compétition
officielles, tirant leur légitimité de la
simple puissance des valeurs de la
marque ou de la singularité de
manifestation en question.
C’est le cas de L’Eroica, course
cycliste amateur qui a trouvé une
certaine résonnance sur le Web.
Organisée par la marque «
Sportif », la course fait écho à une
réelle épreuve cycliste créée en 2007 qui se déroule en Toscane et
dérouler en partie sur des routes de terre.
pour les amateurs à condition que ceux
000 cyclistes amateurs avaien
possibilité de fédérer autour de ce type d’évènements.
LA CREATION DE SYSTEME
− Des marques investies dans l’organisation d’événements
− Des marques à la fois
bénéficient de l’explosion de la consommation de contenus vidéo sur le Web.
− Les vies du circuit et des professionnels de ces sports totalement liées
− L’absence étonnante du monde des médias classiques
d’implication des suiveurs
− Les nouvelles formes de consommation vidéos ont boosté l’attractivité et la capacité de
séduction de ces sports
noter un véritable décalage avec leur traitement par les grands médias. Ces
sont à la fois très peu diffusées et très peu exploitées en France.
Cette absence d’intérêt semble toutefois évoluer. Le groupe L’Equipe vient de lancer un
adrenaline.fr/) et Canal + a diffusé en ligne via un site spécial les
, le plus gros événement annuel de ski et snowboard free
Lié à celui du groupe Canal +, le site offrait la possibilité
épreuves en direct commenté et d’avoir un accès à certaines informations et vidéos annexes liées
à l’événement (cf. en annexe 11 le détail du site).
ET CREATIONS DE CONTENUS ON-LINE
Ces événements trouvent également
parfois une résonnance alors qu’ils
sont isolés de toutes compétitions
tirant leur légitimité de la
simple puissance des valeurs de la
marque ou de la singularité de la
C’est le cas de L’Eroica, course
cycliste amateur qui a trouvé une
certaine résonnance sur le Web.
la marque « Le Coq
, la course fait écho à une
réelle épreuve cycliste créée en 2007 qui se déroule en Toscane et dont la particularité est de se
dérouler en partie sur des routes de terre. La marque a repris ce concept en la rendant accessible
pour les amateurs à condition que ceux-ci concours avec un vélo datant d’avant 1987.
000 cyclistes amateurs avaient fait le déplacement en Toscane pour l’édition 2011, prouvant la
possibilité de fédérer autour de ce type d’évènements.
MES PARALLELES – QUE RETENIR ?
Des marques investies dans l’organisation d’événements liés au circuit professionnel
Des marques à la fois productrices et diffuseurs des contenus liés à ces événements
bénéficient de l’explosion de la consommation de contenus vidéo sur le Web.
Les vies du circuit et des professionnels de ces sports totalement liées
L’absence étonnante du monde des médias classiques pour ces sports dont les taux
d’implication des suiveurs sont relativement forts.
nouvelles formes de consommation vidéos ont boosté l’attractivité et la capacité de
séduction de ces sports et rapprochés leurs suiveurs.
69
Ces disciplines en effet
Le groupe L’Equipe vient de lancer un site dédié
Canal + a diffusé en ligne via un site spécial les
, le plus gros événement annuel de ski et snowboard freestyle européen
le site offrait la possibilité de suivre les
s informations et vidéos annexes liées
dont la particularité est de se
La marque a repris ce concept en la rendant accessible
ci concours avec un vélo datant d’avant 1987. Plus de 2
t fait le déplacement en Toscane pour l’édition 2011, prouvant la
au circuit professionnel.
productrices et diffuseurs des contenus liés à ces événements, qui
bénéficient de l’explosion de la consommation de contenus vidéo sur le Web.
Les vies du circuit et des professionnels de ces sports totalement liées aux marques.
pour ces sports dont les taux
nouvelles formes de consommation vidéos ont boosté l’attractivité et la capacité de
70
L’ECONOMIE DES EVENEMENTS CULTURELS ET SPORTIFS - 10 IDEES CLES
1. Les événements sportifs sont financés de manière très hétérogène par les médias
traditionnels selon leur importance et leur niveau de résonnance.
2. En moyenne au niveau mondial, les droits de retransmission des événements sportifs
représentent 20 % de leurs budgets pour un montant total de plus de 25 milliards de
dollars par an.
3. Les droits de diffusion des événements télévisés peuvent représenter jusqu’à plus
de 50 % du budget des plus grands événements. Cette dépendance vis-à-vis de la
télévision pourrait s’avérer problématique pour appréhender les nouveaux médias,
les nouveaux supports et les nouvelles formes de revenus générés par ces mêmes
médias et supports.
4. Les médias sont quasiment absents des postes des revenus des événements sportifs
d’ampleur moyenne alors même qu’ils diffusent parfois les compétitions.
5. Les événements culturels sont d’abord financés par des subventions publiques.
Même le Festival de Cannes, sorte d’exception parmi les manifestations culturelles
attire de nombreux partenaires privés est financé à 50 % par des finances d’état.
6. La multiplication de ces manifestations dans un contexte économique défavorable
met en péril certaines d’entre elles, menacées par la frilosité des partenaires privés
et la réduction des dépenses de l’état et des collectivités en temps de crise
économique.
7. Des médias plus relayeurs d’une information que de véritables partenaires
financiers pour la majeure partie des événements culturels.
8. Au-delà des droits, des diffusions des événements parfois insuffisantes. Si les médias
permettent à l’événement d’étendre la notoriété de certains événements culturels, ils
ne sont que très peu diffusés dans leur intégralité.
9. Des systèmes de fonctionnement parallèles développés pour les sports et certains
événements moins médiatisés. Les marques s’investissent dans l’organisation
d’événements reliés aux circuits professionnels à la fois comme organisatrices,
productrices et diffuseurs des contenus liés à ces événements.
10. La consommation de vidéos sur le Web a boosté l’attractivité de certaines offres
« parallèles ». La capacité de séduction de ces sports pourrait être vraiment décuplée
par ces nouveaux supports.
71
D. Quelles solutions ?
1. S’adapter aux nouveaux types de contenus
2. Bousculer les habitudes
des chaînes
3. Les réseaux sociaux et de
nouveaux partenaires :
impliquer et créer un
nouveau genre de
consommation
4. L’intérêt nouveau des
grands acteurs du Web pour
les événements
72
D. QUELLES SOLUTIONS ENVISAGEES ?
Nous l’avons suffisamment soutenu : les chaînes, les directions des événements culturels et
sportifs, vont clairement devoir faire des nouveaux médias et des nouvelles habitudes de
consommation des contenus vidéo un enjeu stratégique extrêmement fort. Si nous avons fait
ressortir des tendances de consommation, il est clair que nous devons désormais envisager
certaines solutions pour adapter une stratégie médiatique à ces nouveaux usages.
Afin d’élargir nos perspectives, nous ne nous focaliserons pas uniquement sur des propositions
destinées aux organisations de manifestations sportives et culturelles mais également à des
actions envisageables du point vue des médias dits « classiques » afin d’envisager sous un angle
nouveau la diffusion de ces événements. Afin de ne pas nous perdre dans des solutions
techniques, nous nous attarderons sur des lignes de conduite à adopter, des grandes orientations
qui devraient voir le jour sous peu ou dont l’activité déjà existante devrait être accentuée.
1. S’ADAPTER AUX NOUVEAUX MODES DE CONSOMMATION DES CONTENUS VIDEO
Les chaînes de télévisions et les organisations d’événements devront s’adapter aux nouvelles
habitudes de consommation de leurs spectateurs. Cette tendance pourrait représenter une
chance pour les événements et pour certaines chaînes de conquérir un public nouveau, mais aussi
comme une véritable menace pour l’activité des acteurs qui n’anticiperont pas assez ces
tendances.
1. SAISIR UNE OPPORTUNITE, ANTICIPER UNE MENACE
Nous l’avons vu dans les parties précédentes, la tendance est à une numérisation des contenus
vidéo et à une progression forte de leur consommation. La consommation de vidéos des français
sur le Web croit à une vitesse plus que significative et aucune donnée ne laisse présager à un
ralentissement de cette pratique. Accroître sa notoriété et sa capacité d’attraction via cette
opportunité est désormais un devoir pour les chaînes et les événements.
Ce que nous présentons comme une opportunité est également
une véritable menace. Manquer ce virage, pour une manifestation
comme pour une chaîne de télévision pourrait signifier à moyen ou
long terme une véritable perte d’influence et un danger pour son
activité. Définir une stratégie de programmation spécifique au Web
et ne pas établir une simple présence sur ce média représente
désormais une nécessité absolue. Il ne serait donc pas étonnant
d’assister à une explosion de l’offre dans les prochains mois.
I. UNE DIFFUSION DES IMAGES RENDUE FACILE PAR LE WEB
Si les événements ne bénéficiaient jusqu’alors pas des supports pour
diffuser les images de leur activité à un public nouveau, elles se
voient aujourd’hui offrir les moyens de le faire avec facilité. Les solutions ne manquent pas :
plateformes de partage de vidéos en direct ou en différé, sites propres avec players accessibles à
tous, relais sur les réseaux sociaux (Facebook permet désormais de créer sa propre chaîne afin de
Définir une stratégie de
programmation spécifique
au Web. Une simple
présence ne suffit pas.
73
diffuser en live des contenus vidéos), nouvelles plateformes permettant de consommer de
l’information et des contenus vidéos, toutes ces opportunités doivent être saisies.
II. VERS DES PARTENARIATS ET DES RENFORCEMENTS DES LIENS ENTRE EVENEMENTS ET
MEDIAS CLASSIQUES ?
Les chaînes pourraient largement trouver leur compte dans cette
démarche grâce à leur savoir-faire en matière de production
d’images, à la puissance de leurs réseaux et à l’attractivité de leurs
plateformes. Une grosse partie des événements pourraient tirer
profit de ces opportunités par des accords « gagnants-gagnants », les
chaînes permettant une meilleure exposition des manifestations
sans pour autant devoir faire des sacrifices de programmation.
Pour le sport de haut-niveau et certains événements culturels de
valeur mondiale, la question est plus difficile à envisager. La question
des droits de rediffusion pose un véritable problème. Ces droits sont de plus, souvent déjà acquis
et sécurisés par les chaînes pour plusieurs années. A moins que ces chaînes rendent ces
événements accessibles sur le Web, l’offre en direct de ces événements pourrait bien ne pas
éclore avant un certain temps.
2. DEMULTIPLIER UNE PRESENCE SUR L’ENSEMBLE DES ECRANS ET INVENTER DE
NOUVEAUX CONTENUS POUR ACCENTUER L’EXPERIENCE CONSOMMATEUR
I. PENSER DES OFFRES MULTI-SUPPORTS
Les événements dans leur développement médiatique vont bien
entendu devoir prendre en compte l’ensemble des supports qui
permettent la consommation des contenus.
L’écran d’ordinateur, mais aussi la tablette et le téléphone sont déjà
des objets d’intérêts forts pour les acteurs des médias. Ils doivent
aussi le devenir pour les événements et clairement apparaître dans
les stratégies médias.
Ainsi pour une exposition optimale de l’événement, il est désormais
inenvisageable de penser une diffusion live des événements sans
prendre en compte les différents paramètres permettant à ces contenus d’obtenir une
résonance sur l’ensemble des supports potentiellement utilisables pour le consommer. Cette
tendance doit être étoffée par de nouveaux contenus, permettant de compléter l’expérience de
consommation sur l’ensemble de ces supports.
II. SUSCITER L’INTERET PAR DE NOUVEAUX TYPES DE CONTENUS
− Donner à l’événement une valeur ajoutée en impliquant le téléspectateur
La vocation première de ces nouveaux outils est de compléter l’offre de l’écran de télévision
classique. France Télévisions a compris ce principe et a décidé d’inscrire le téléspectateur au
cœur de certaines de ses émissions en direct. Ainsi, l’émission « Mots croisés » du 16 avril
2012, permettait aux téléspectateurs d’interroger en direct les candidats à la présidentielle
2012 sur certains thèmes. Cette possibilité était offerte via le réseau social Facebook et une
Le Web : exposer les
événements sans prendre de
risques au niveau de la
programmation pour les
chaînes
Adapter la production des
contenus à l’ensemble des
nouveaux supports
74
plateforme qui donnait aux Internautes l’opportunité de poser leurs questions et de réagir
via des commentaires. Cette offre a généré 2 800 questions et 8 000 commentaires sur la
plateforme lors des 2 heures et 15 minutes de débat entre les candidats.77 Il est à noter que
l’application était disponible sur l’ensemble des plateformes évoquées jusqu’à présent.
− Proposer de nouveaux types de contenus liés aux événements
Ces nouveaux contenus peuvent aussi être liés aux à-côtés de l’émission lorsque ceux-ci sont
dignes d’intérêt. La retransmission d’images de coulisses, qui permettrait aux téléspectateurs
de vivre leur expérience avec un artiste différemment ou des contenus retransmis depuis
l’intérieur du stade pourraient remplir un rôle important, permettant à une partie du public
de vivre plus intensément les émotions suscitées par l’événement.
- Etablir des liens entre les différents contenus vidéo
Consommer un contenu doit encourager l’Internaute à se porter vers des vidéos
supplémentaires, qu’elles soient liées à l’événement en question ou à des événements de
même type. Cette pratique est celle qui est d’ores et déjà la mieux exploitée par les chaînes,
sous plusieurs formes différentes : interviews des acteurs principaux de l’événement,
témoignages de téléspectateurs ou même des renvois vers des événements similaires sont
des sujets qui peuvent permettre une vision nouvelle des événements, différente de celle de
l’écran de télévision classique.
- Le contenu écrit ne signifie pas l’absence d’interactivité
La vocation du web est d’abord de privilégier l’interactivité et la rapidité d’accès aux
informations. Cet enjeu doit clairement se traduire dans l’offre des chaînes qui ont fait de
leur activité sur le Web un enjeu stratégique. Ainsi des contenus annexes liés aux
événements retransmis (statistiques en direct, fiches de joueurs sur les événements sportifs,
actualités des clubs ou des artistes et des informations complémentaires sur le contenu
regardé par l’Internaute) devront être ajoutés pour compléter l’expérience du spectateur
sans pour autant le détourner du contenu principal. C’est ce que fera France Télévisions dès
2012 avec la plateforme dédiée à Roland Garros et aux Jeux Olympiques, proposant des
statistiques en direct et même un article relatant la rencontre quelques minutes après la
diffusion (cf. interview Cecilia Ocampos en annexe 1). Si les capacités techniques le
permettent, ces contenus doivent être mis à disposition dans la mesure du possible sur la
même page que le player pour ne pas perturber le visionnage du contenu.
77 http://www.brainsonic.com/france-televisions-soffre-un-tour-de-chauffe-pour-la-presidentielle-2012-2012-04-21/
75
3. ANTICIPER ET PROLONGER L’EVENEMENT
Au-delà d’une simple diffusion live de l’événement, il est clair que les stratégies de diffusion et de
communication des manifestations vont devoir s’adapter aux nouvelles opportunités offertes par
le Web. L’événement doit désormais avoir une vie médiatique avant et après sa durée de vie
effective et permettre de vivre l’expérience de la manière la plus complète sur le moment.
I. ANTICIPER L’EVENEMENT ET SUSCITER L’ATTENTE
Créer l’événement en amont de la tenue de la manifestation.
C’est l’un des challenges qui est proposé aux directions des
événements et qui est rendu beaucoup plus envisageable grâce au
Web : créer de nouvelles occasions de communiquer pour faire
vivre l’événement.
Par l’annonce des programmations en direct sur les festivals, la
retransmission des conférences de presse d’avant match pour les
clubs professionnels ou des contenus liés aux préparatifs des
événements, les organisations vont désormais devoir redoubler d’efforts pour exister sur une
période plus longue que la durée effective de la manifestation.
Créer l’événement en annonçant la programmation avec l’appui de
médias partenaires : la stratégie payante des Vieilles Charrues. Le
festival des Vieilles Charrues a compris cet enjeu et fait chaque
année l’annonce des plus grands noms de sa programmation en
direct et en streaming sur le Web.
Sur Facebook, le site du festival ou sur les sites de ses partenaires
médias, cette annonce permet de susciter un engouement bien
avant sa tenue. La vidéo « bande-annonce » du festival en 2011,
récoltait d’ailleurs 120 000 vues sur YouTube, 90 000 de ces vues
étant réalisées le premier jour de la mise en ligne, le 12 avril 201178.
II. POURSUIVRE LA RELATION AVEC SES SPECTATEURS EN AVAL
Pour espérer fidéliser un public, l’événement a besoin de créer une relation qui dépasse le cadre
de sa vie commune avec son public le temps de celui-ci. S’ils doit exister en amont, cette nécessité
existe aussi après la manifestation. Le spectateur qui a vécu et ressenti des émotions au cours de
l’événement, que ce soit au cœur de ce dernier ou devant un écran devra avoir accès à une offre
lui permettant de revivre cette expérience a posteriori.
Pour cela, poster des contenus de bonne qualité relatant les meilleurs moments de l’événement
labélisés par la manifestation elle-même, intégrer les spectateurs à cette démarche en leur
proposant d’ajouter leurs propres contenus pourront être des éléments qui feront la différence.
Ils toucheront à la fois les spectateurs ayant assisté à l’événement et permettront de recruter
de nouveaux publics séduits par leur expérience à distance.
Les médias traditionnels peuvent bien entendu avoir un rôle à jouer dans ces étapes en
produisant ces contenus et en les relayant sur leurs propres plateformes. C’est un processus
gagnant - gagnant qui pourrait ainsi être mis en place. Ces collaborations offriraient en effet une
78 Statistiques YouTube.
120 000
le nombre de vues
enregistrée par la « bande-
annonce » des Vieilles
Charrues en 2012
Le consommateur doit
désormais prendre part au
déroulement de l’événement
dans son intégralité
nouvelle notoriété nouvelle à des contenus novateu
« traditionnelle » des chaînes sur
4. OFFRIR DES CONTENUS D’UNE QUALITE NOU
Nous l’avons vu, les chaînes de télévision se doivent de se différencier par une qualité de
contenu différente de celle des grandes plateformes de partage de vidéo
dans une simple retranscription des programmes vus à l’antenne. Ce qui représente pour le
moment la quasi-intégralité de leur offre sur le Web.
C’est aussi pour cette qualité,
étoffer leur stratégie médias.
donnée qui pourrait sur le moyen ou
diversité de l’offre proposée par l’ensemble des événements
L’
devrait
doivent pas laisser les grands acteurs
créneau sous peine de voir leur influence se dégrader
Cette qualité supérieure de contenus
un
monde télévisé
moyenne de la durée d’écoute sur les 15 plus grands players de
chaque vidéo.
Sur une durée d’écoute moyenne située aux alentours de 4,8 minu
par vidéo, il apparait que les groupes issus de la télévision classique obtiennent des performances
largement supérieures à celle des autres acteurs.
Cette donnée révèle deux tendances
- L’implication de l’Internaute n’est
proposés.
- La tendance à un phénomène de zapping et de consommation très rapide des contenus
n’est pas valable lorsque le contenu est qualitatif
4 minutes 47 secondes
la durée d’écoute moyenne
par vidéo des 15 plus grands
« Brand Players »
nouvelle notoriété nouvelle à des contenus novateurs sans chambouler
des chaînes sur l’écran de télévision.
US D’UNE QUALITE NOUVELLE SUR LE WEB
es chaînes de télévision se doivent de se différencier par une qualité de
de celle des grandes plateformes de partage de vidéo, et cela
dans une simple retranscription des programmes vus à l’antenne. Ce qui représente pour le
intégralité de leur offre sur le Web.
cette qualité, que les événements ont intérêt à se tourner vers ces acteurs pour
étoffer leur stratégie médias. La qualité supérieure des contenus générée par les chaînes est une
donnée qui pourrait sur le moyen ou le long terme faire une différence face à
ersité de l’offre proposée par l’ensemble des événements.
L’opportunité à saisir quant à la diffusion de ce type de programmes
devrait rapidement devenir une nécessité pour
doivent pas laisser les grands acteurs du Web s’installer sur
créneau sous peine de voir leur influence se dégrader
Cette qualité supérieure de contenus se traduit pour le moment par
une durée d’écoute par vidéo plus longue chez les acteurs du
monde télévisé. Le graphique ci-dessous présente les écarts à la
moyenne de la durée d’écoute sur les 15 plus grands players de
chaque vidéo.
Sur une durée d’écoute moyenne située aux alentours de 4,8 minutes (4 minutes et 47 secondes)
par vidéo, il apparait que les groupes issus de la télévision classique obtiennent des performances
largement supérieures à celle des autres acteurs.
Cette donnée révèle deux tendances :
L’implication de l’Internaute n’est pas la même selon les plateformes et les contenus
La tendance à un phénomène de zapping et de consommation très rapide des contenus
n’est pas valable lorsque le contenu est qualitatif.
76
rs sans chambouler l’activité
es chaînes de télévision se doivent de se différencier par une qualité de
, et cela sans tomber
dans une simple retranscription des programmes vus à l’antenne. Ce qui représente pour le
se tourner vers ces acteurs pour
La qualité supérieure des contenus générée par les chaînes est une
face à la masse et la
à saisir quant à la diffusion de ce type de programmes
rapidement devenir une nécessité pour les chaînes qui ne
du Web s’installer sur ce
créneau sous peine de voir leur influence se dégrader.
se traduit pour le moment par
chez les acteurs du
dessous présente les écarts à la
moyenne de la durée d’écoute sur les 15 plus grands players de
tes (4 minutes et 47 secondes)
par vidéo, il apparait que les groupes issus de la télévision classique obtiennent des performances
et les contenus
La tendance à un phénomène de zapping et de consommation très rapide des contenus
77
Nous pouvons donc imaginer que les acteurs classiques de la télévision arrivés sur le net ont tout
intérêt à continuer dans la voie du contenu qualitatif pour se démarquer des autres acteurs. Nous
devons noter que cette pratique est totalement compatible avec la diffusion de contenus type
événements sportifs et/ou culturels, d’autant que ces chiffres laissent envisager que ces
contenus pourraient être consommés dans leur intégralité.
5. PEU D’OPPORTUNITES A SAISIR POUR LES EVENEMENTS SUR LA CONSOMMATION
DELINEARISEE ?
La consommation de contenus en différé est un enjeu majeur pour les chaînes. Nous l’avons vu
tout à l’heure, cette pratique risque fort de se démocratiser, les stratégies des chaînes doivent
donc dès à présent être claires et établies. Certains facteurs doivent
être pris en compte, comme la résistance de l’intérêt des contenus
par rapport au temps. Ces questions touchent également les
manifestations culturelles et sportives, qui sont très impactées par
les écarts de temps entre consommation live et en différé.
− Les événements : un rapport au temps très hétérogène
Les différents contenus proposés en télévision de rattrapage
ont un rapport au temps extrêmement différent les uns des
autres. Un contenu fortement lié à l’actualité (Journaux
Télévisés, contenus événementiels sportifs) ont une vocation à
être consommé dans l’instant ne sont pas voués à surperformer sur les plateformes de
télévision de rattrapage. Ces contenus devront donc faire l’objet d’approches différentes en
proposant des contenus annexes comme les résumés ou les best of. Certains événements
culturels eux moins impactés par le temps, pourraient y trouver un intérêt plus direct.
Si pour le moment, la télévision de rattrapage est vue comme une sorte de béquille pour des
programmes ayant déjà réalisé de bonnes performances en live, les chaînes auront l’occasion
de se différencier par la mise en avant de contenus différents. Montrer un autre visage,
pourquoi pas plus qualitatif ou mettre en avant une autre partie de la programmation seront
des opportunités pour les chaînes.
− Côté chaînes, normer les usages pour aider le téléspectateur à réguler ses pratiques en
matière de télévision de rattrapage
Les pratiques des chaînes concernant ces pratiques liées à la télévision de rattrapage vont
devoir trouver un cadre pour permettre aux téléspectateurs de prendre ses marques. Une
règle semble se dégager pour le moment : celle de l’offre de visionnage du contenu pendant
7 jours après sa diffusion en live. La question n’est pas celle de la remise en question de cette
norme mais de son application à l’ensemble des contenus, y compris pour les événements
culturels et sportifs. A partir de 7 jours, les chaînes peuvent envisager de faire basculer leurs
programmes sur une offre VOD afin de ne pas tirer une croix sur les contenus. Les offres
publicitaires qu’elles soient sur l’écran de télévision classique ou sur le Web devront
également être normées pour faciliter la consommation des contenus par les Internautes,
pour le moment perdus par une très grande hétérogénéité des offres proposées. Ces
questions devront être résolues avant de proposer de nouveaux contenus, y compris les
retransmissions de manifestations culturelles et sportives.
S’ADAPTER AUX NOUVEAUX MOYENS DE CONSOMMATION DES CONTENUS - QUE
RETENIR ?
Diversifier son offre en
mettant en avant des
contenus différents sur les
plateformes de télévision de
rattrapage
78
− Saisir l’opportunité numérique pour ressortir de la masse des événements déjà en place.
− Les événements doivent approcher les médias classiques et envisager des partenariats
Web pour profiter de la puissance des players des chaînes sans demander une diffusion
contraignante pour les chaînes sur les antennes classiques.
− Pour les chaînes, envisager ces partenariats comme une garantie du maintien de
l’activité à long terme.
− Profiter de la qualité supérieure des contenus proposés par les acteurs issus du monde
de la télévision pour le tourner en véritable avantage concurrentiel.
− Assurer une présence sur l’ensemble des supports susceptibles d’apporter une plus-value
à la stratégie médias.
− Faire vivre l’événement en amont et en aval de la durée effective de la manifestation.
− L’Internaute, que l’on décrit souvent comme volatile est capable de rester plusieurs
dizaines de minutes devant un contenu : un espoir pour envisager des consommations
d’une diffusion d’un événement entier.
− La pertinence des contenus additionnels que les événements et les chaînes arriveront à
proposer sous quelque forme que ce soit rendra différente ou pas la consommation de
l’événement par le spectateur.
− Envisager la création de contenus destinés à une consommation en différé.
2. BOUSCULER LES HABITUDES DES CHAINES
Si le public attend des chaînes une étendue de leurs activités à d’autres supports pour obtenir une
expérience plus intense et plus complète des événements déjà diffusés, il est aussi dans l’attente
d’une plus grande diversité des offres proposées par les chaînes.
1. ENVISAGER LA DIFFUSION DE NOUVEAUX TYPES D’EVENEMENTS
I. VOIR LES « GRANDS » SPORTS SOUS UN AUTRE ANGLE
Proposer de nouveaux contenus peut s’avérer payant. Comme
nous l’avons vu dans notre première partie, l’exemple des « autres »
footballs prouve que la diffusion d’un contenu moins classique peut
également amener à une montée d’enthousiasme. Ainsi Direct 8 et
sa programmation du mondial de football féminin a récolté les fruits
d’une offre qui dépassait les simples standards du football européen
masculin.
Ce sentiment de nouveauté et de fraicheur a offert des records à la
chaîne et notamment celui du record historique des nouvelles
chaînes de la TNT avec 2 430 000 téléspectateurs et 17,4% de part d'audience (demi-finale France
vs Etats-Unis). Depuis les performances d’audience des rencontres féminines n’ont pas faibli et les
matchs qualificatifs des Bleues à l'Euro 2013 ont séduit en 2011 entre 720.000 et 940.000 fans
chacun.79
II. FAIRE DE LA PLACE A DES SPORTS NOUVEAUX
79 http://www.lefigaro.fr/sport-business/2011/10/12/04014-20111012ARTFIG00748-le-foot-feminin-booster-d-audience-pour-direct-8.php (Sources Médiamétrie)
29,3 %
la Pda de la finale des CDM
de handball en fin d’après-
midi en janvier 2011.
79
En janvier 2012 se déroulaient les championnats d’Europe de handball. Canal + Sport a alors battu
des records pour ce sport, malgré les mauvaises performances de l’équipe de France. La chaîne
thématique du groupe Canal + réunissait par exemple 711 00080 abonnés pour le dernier match
du premier tour de l’Euro (meilleure audience historique du Handball hors finales et demi-finales).
Lors de la finale des championnats du Monde fin janvier 2011, 5,5 millions de téléspectateurs
étaient massés le dimanche en fin d’après-midi devant leur télévision pour établir une Pda de
29,3 %. La rencontre boostait également le programme dédié au sport qui suivait la diffusion.
Malgré ces performances, les grandes chaînes restent frileuses à
s’ouvrir à ce type de sports et à une sorte de demande exprimée par
les téléspectateurs avec les audiences enregistrées sur les chaînes
thématiques et lors de leurs rares diffusions sur les chaînes
historiques.
Sans aller jusqu’à démocratiser les diffusions de ces sports sur les
grandes chaînes du groupe, nous pourrions imaginer des diffusions
plus régulières (ensemble des compétitions internationales, finales
des championnats nationaux), l’étendue de cette pratique à d’autres
sports et surtout la constitution d’une offre solide pour ces sports sur le Web. Car si les chaînes
continuent d’être frileuses à l’idée de programmer ces événements à l’antenne, pourquoi ne pas
faire le pari d’une diffusion sur un autre support ?
2. LES OUBLIES DE L’ANTENNE
I. PRENDRE DES RISQUES EN MATIERE DE PROGRAMMATION, DIVERSIFIER L’OFFRE
Au delà de la diffusion plus régulière de sports obtenant des audiences intéressantes, les chaînes
pourraient également prendre plus de risques en décidant de mettre à l’antenne des sports sous
médiatisés.
Ce genre de stratégie pourrait s’avérer efficace de manière occasionnelle et accorderait très
certainement aux chaînes une valeur-ajoutée en termes d’image auprès des téléspectateurs. Se
concentrer sur certains sports peu médiatisés en France ne voudrait de plus pas forcément
signifier des audiences de mauvaise qualité. L’exemple de W9 et du Superbowl que nous avons
étudié précédemment en est la preuve.
En effet, nous pourrions envisager par exemple qu’un sport comme
le Hockey sur glace, dont la télégénie est évidente, qui obtient des
scores de premier plan outre-Atlantique et qui parvient à rencontrer
des succès populaires lors de ses événements nationaux soit mis en
avant. Cet exemple est d’autant plus intéressant qu’il pourrait
obtenir un véritable souffle avec sa candidature à l’organisation des
championnats du monde de la discipline en 2017.
Nous pouvons également nous étonner qu’aucune grande chaîne ne
saisisse réellement l’opportunité de diffuser des disciplines dont les
nombres de licenciés sont importants. Ainsi l’équitation (650 000
licenciés en 2009, 3ème fédération française), le Judo (575 000 licenciés en 2009, 4ème fédération)
même si ce sport fait de rares apparitions sur France Télévisions ou encore le Golf (422 000
80 http://enpleinelucarne.net/2012/01/hand-euro-2012-record-daudience-969
575 000
le nombre de licenciés de la
fédération française de Judo,
4ème fédération pour moins
de 8 heures de diffusion sur
les chaînes de la TNT en 2010
Oser
sur le Web une
programmation plus difficile
à envisager à l’antenne
80
licenciés en 2009, 6ème fédération) sont quasiment exclusivement diffusés sur des chaînes
thématiques et semblent incompréhensiblement « oubliés » par les chaînes historiques.
III. QUID DES GRANDS FESTIVALES MUSICAUX D’ETE ?
En matière de culture aussi, des efforts sont à faire pour diffuser des contenus novateurs et
différents des standards imposés à l’heure actuelle. Nous avons vu qu’en dehors du cinéma et de
quelques émissions de variétés très stéréotypées, les volumes de diffusion étaient terriblement
réduits et peu diversifiés. Si les politiques de programmation sont parfois difficiles à mener sur les
plus grandes chaînes, il est clair que tous les efforts pour installer la culture à l’écran ne sont pas
toujours réalisés.
Or certains éléments de la culture populaire pourraient trouver une place à la télévision, y
compris sur les chaînes principales à des heures de grande écoute. La retransmission des grands
festivals de musique qui ont une puissance d’attraction forte (nombreuses figures de la scène
nationale et / ou internationale) pourrait exercer une fascination sur les téléspectateurs. Encore
une fois, si les efforts pour une diffusion à l’antenne de ces événements semblent trop difficiles à
faire pour les chaînes, les diffusions sur le Web sont bien plus abordables.
BOULEVERSER LES HABITUDES DES CHAINES - QUE RETENIR ?
− Envisager la diffusion de nouveaux contenus à l’antenne. Certains événements sont
incompréhensiblement laissés de côtés (sports majeurs, festivals).
− Pour le sport, ces prises de risques peuvent être multiples (sports moins médiatisés mais
au grand nombre de licenciés, sports fortement médiatisés à l’étranger, aborder les sports
majeurs sous des angles différents).
− Pour la culture aussi des efforts sont à mener même si les pressions en termes
d’audiences peuvent être plus compliquées à gérer. Des manifestations alliant culture de
masse et attractivité comme les festival musicaux pourraient obtenir des résultats.
− Le Web semble s’imposer de plus en plus comme la solution la plus évidente pour
envisager une progression de l’offre.
3. LES RESEAUX SOCIAUX ET DE NOUVEAUX PARTENAIRES : IMPLIQUER ET CREER UN NOUVEAU GENRE DE CONSOMMATION
Les réseaux sociaux sont sur le Web la représentation de la transmission de l’information en
instantané et la facilitation du rapprochement entre les individus. Leur vocation première, la
création d’un contact par le biais du numérique permet de connecter les gens, notamment
lorsqu’ils partagent une expérience. Dès lors, inutile de dire combien ces outils peuvent être
intéressants pour compléter le vécu du spectateur pendant sa consommation d’un événement
mais aussi avant et après son expérience.
Facebook et Twitter sont d’ores et déjà utilisés par les événements et les diffuseurs pour
connecter les différents téléspectateurs, qui se retrouvent de leur propre volonté sur le réseau
pour partager leur expérience et leur ressenti sur le contenu consommé.
81
Mais les réseaux sociaux ne se limitent pas aux deux mastodontes. Instagram ou Flickr permettent
par exemple aux spectateurs ou aux téléspectateurs de partager leur expérience en images. Cette
consommation implique bien entendu les événements culturels et sportifs qui de part leur nature
encouragent les Internautes à réagir.
Ils ne sont pas non plus les seuls acteurs à prendre en compte sur le Web lorsque nous parlons de
création d’une nouvelle forme de consommation. Certaines références culturelles ou sportives
dont le métier n’est pas la vidéo pourraient devenir à terme les principaux vecteurs de
propagation d’une offre spécialisée.
1. EXPORTER LES CONTENUS SUR DES PRODUCTEURS DE CONTENUS PARTENAIRES
Si la vidéo est un enjeu fort du Web, les conditions permettant aux Internautes l’accès aux flux
des chaînes en direct ou en différé ne sont pas encore optimales. La croissance de ces contenus
sera amplifiée ou non par la capacité des chaînes à encourager et fédérer autour de cette
pratique et à coloniser un maximum de « lieux » sur le Web.
− Aller à la rencontre du public
Les players des chaînes sur le Web ne doivent pas simplement être disponibles sur les sites
de chaînes mais exportables sur des sites « partenaires ». Si des efforts ont déjà été réalisés
en ce sens, l’étendue de la présence des players sur le Web n’est clairement pas suffisante
pour encourager la consommation des contenus à n’importe quel moment de la navigation.
Cette consommation doit devenir une offre amenée au consommateur et non pas une
opportunité rendue possible au terme d’un effort de recherche. Systématiser le placement
de l’offre des contenus des chaînes sur les grands réseaux sociaux, sur des grands sites
d’informations ou des plateformes de partage de vidéos semble être des solutions possibles
à mettre en place à court ou moyen terme. Ces contenus devront être adaptés aux acteurs
recevant ces offres sur leurs pages. Des images de Journaux Télévisés pourront être mis en
avant sur des sites d’informations alors que des formats plus ludiques trouveraient leur place
sur des plateformes telles que Facebook.
− Les réseaux sociaux… mais pas que. Faire des acteurs spécialisés dans le sport ou dans la
culture des alliés de poids.
Nous venons de le dire, les réseaux sociaux doivent occuper une place centrale dans la
réflexion visant à étendre le potentiel de vues des contenus offerts par les événements. La
mise en avant sur des sites spécialisés pourrait être extrêmement intéressante.
Ainsi pourquoi un événement de taille moyenne ayant produit des images ne proposerait pas
lui même de placer ces contenus sur des pages d’un acteur majeur du Web spécialisé sur son
domaine pour étendre sa visibilité ?
Si nous parlons de sport, la « home » de certains sites d’informations sportives pourrait
être un levier incroyablement puissant pour augmenter la visibilité de certains contenus. Si
nous parlons de culture, un festival n’aurait-il pas intérêt à proposer aux plateformes
d’écoute de musique de diversifier son activité en proposant de visionner les images des
concerts ?
De même, les chaînes de télévisions pourraient trouver dans cette voie un moyen de
renforcer leur présence sur le Web en « préparant » le travail de certains acteurs du Web et
proposant directement les moments importants d’une émission à des partenaires traitant
82
l’événement. La plus-value pour l’acteur serait double : valoriser le player en l’exportant sur
de nouveaux territoires pour ensuite renvoyer l’Internaute vers d’autres contenus.
Cette tendance commence à être entrevue chez certains acteurs innovants. Ainsi France
Télévisions insère sur sa nouvelle plateforme d’information des contenus vidéo en direct ou
s’inscrivant dans l’actualité du moment, offrant ainsi une nouvelle manière de consommer
l’information réactive et interactive (cf. ci dessous et page complète en annexe 12).
− Permettre la multiplicité des usages sur un seul et même écran
Les contenus vidéo doivent pouvoir être consommables tout en permettant la poursuite
d’une activité « classique » sur le Web. La consommation de ces contenus doit pouvoir se
faire tout en permettant à l’Internaute de continuer l’activité qu’il était initialement en
train de mener. Ne pas offrir cette possibilité pourrait entraîner un sentiment d’obligation de
consommer et donc avoir un impact négatif sur la perception de
l’offre. Cette solution a déjà été mise en place par certains
acteurs. C’est le cas d’Arte, qui fait souvent figure de précurseur
dans la recherche et l’innovation quant à ces pratiques. Nous
avons déjà évoqué le cas de l’émission « 28 minutes », diffusée
du lundi au vendredi à 20h05 à l’antenne et qui est également
diffusée en live sur Facebook. Ce programme est l’exemple
parfait de notre démonstration puisqu’il permet d’envisager la
consommation d’un contenu télévisé sous un angle nouveau :
celui du partage de l’expérience de consommation de contenu,
de la consommation d’informations et de la poursuite d’autres
activités en simultané (contenus associés, activités d’échanges liées au réseau social lui
même). On ne parlerait ainsi même plus de multiplicité des écrans mais de multiplier les
consommations à l’intérieur même d’un seul et même écran.
2. TWITTER & FACEBOOK - LA COURSE AU CHIFFRE
Multiplier les écrans et
multiplier les
consommations à l’intérieur
de ces mêmes écrans
83
I. AFFIRMER LA PUISSANCE DE L’EVENEMENT
Bien entendu, les acteurs liés à ces événements ont développé eux-mêmes leur propres comptes sur Twitter ou leurs propres pages Facebook pour instaurer un nouveau niveau de relation avec leurs suiveurs. La course au nombre de fans et de « followers » fait donc rage et les chiffres atteints par ces entités sont parfois impressionnants. En France, sans surprise, les deux plus gros comptes officiels d’équipes de sport sont l’Olympique de Marseille (1,8 millions de fans sur Facebook, 280 000 abonnés sur Twitter) et le Paris Saint-Germain (1,1 millions de fans sur Facebook, 165 000 abonnés sur Twitter).
Mais assurer une présence, même massive sur ces réseaux ne suffit pas. Une communication
entre les fans et les acteurs de l’événement doit être instaurée. Les suiveurs recherchent un lien
plus fort avec leurs idoles. Aussi les taux d’interactions sont analysés pour savoir quel acteur joue
ou non le jeu de l’interaction avec ses fans (cf. en annexe 13 le classement réalisé par Sportlab,
agence de communication par le sport, des meilleurs clubs en matière d’interactivité).
II. DES MARQUES FORTEMENT IMPLIQUEES QUI PARTICIPENT AU DEVELLOPEMENT DES
EVENEMENTS SUR CES RESEAUX
Des marques surfent également sur ce type d’événements pour
s’offrir une couverture plus large et une un relationnel plus intense
avec ses consommateurs potentiels. Elles offrent aussi par ce biais
un nouvel angle de consommation aux Internautes.
L’expérience et le travail mené par « Le 12ème homme » est un bon
exemple de cette tendance. Derrière cette opération, Orange, qui
permet aux Internautes connectés aux réseaux sociaux d’obtenir des
nouvelles de certains joueurs du championnat, poste des contenus
exclusifs. Le 12ème homme permet ainsi au consommateur d’accéder
à des contenus jusqu’ici inédits et de connaître ces joueurs dans d’autres conditions que celles de
la performance sportive.
III. LES GRANDS ACTEURS DE L’INDUSTRIE CULTURELLE
Les grandes figures de l’industrie culturelle ne sont bien entendu pas en reste sur ce phénomène.
Des artistes, parfois issus du Web obtiennent un appui de fans impressionnant. Mac Miller, un
jeune rappeur américain, n’ayant sorti aucun album physique comptait 2,4 millions de fans sur sa
page Facebook en mars 2012. L’activité d’un acteur du monde culturel sur les réseaux sociaux
peut se révéler intéressante dans la construction d’une base de suiveurs solides. Les réseaux
sociaux rendent accessibles un artiste, facilitent la construction d’une relation forte avec son
public et encouragent la diffusion d’une information en faveur du talent en question.
IV. LA CULTURE DE L’INSTANT ET DU COMMENTAIRE EN DIRECT ET LE DEVELLOPEMENT
DE SERVICES PERMETTANT LA PRATIQUE
Les réseaux sociaux permettent avant tout une plus grande implication du téléspectateur ou du
spectateur vis à vis de l’événement. Ils peuvent décupler les sentiments liés à l’expérience par
l’échange, en argumentant sur son ressenti positif ou négatif et en vivant l’événement de
manière plus intense, spécialement s’il est déjà impliqué sentimentalement via le support d’une
1,8 millions
le nombre de fans de
l’Olympique de Marseille sur
Facebook prêts à réagir à
chaque actualité
140 000
le nombre de fans de la page
du 12ème homme sur
Facebook moins d’un an
après son lancement
84
équipe ou une affection particulière pour l’artiste diffusé. Ces pratiques sont désormais
encadrées par la proposition de certains services. Quelques exemples :
− Combiner expérience télévisée et partage d’expérience Plusieurs applications permettent de combiner son expérience télévisée et les réseaux sociaux. C’est par exemple le cas de Kwarter (cf. ci dessous) qui en plus de regrouper les fans de sports, permet de faire gagner des cadeaux liés aux événements.
− Augmenter la surface de contenus consommés Au delà de l’offre d’informations accessibles plus rapidement et du ressentis des autres consommateurs de l’événement, les réseaux sociaux permettent d’accéder à des contenus en direct nouveaux, comme le partage d’images de l’événement venu de l’organisation ou des spectateurs eux-mêmes. FlickR, Instagram ou TeleportD (regroupe les contenus selon leurs provenance géographique) permettent d’accéder à ce type de contenus.
3. CREER DE NOUVELLES MANIERES DE S’IMPLIQUER DANS L’EVENEMENT
I. S’IMPLIQUER POUR ACCEDER AU PROGRAMME
Lors des matches de préparation pendant la trêve hivernale 2011, Orange et Dailymotion
s’associaient pour proposer des accès au visionnage du match du Paris-Saint Germain en
déplacement à Dubaï pour y rencontrer l’AC Milan. Les deux entités organisaient un jeu concours
pour obtenir les accès au contenu. Destiné aux non abonnés à Orange Sports TV, il permettait une
implication du téléspectateur via un moyen assez simple mais lui faisant porter un autre regard
sur la chaîne. Diffusé via le réseau social Facebook, l’événement combinait plusieurs idées fortes
que nous avons jusqu’à présent énoncées.
II. DELIVRER DE NOUVELLES INFORMATIONS
Une autre initiative intéressante dans le monde du football et
impliquant également le club du Paris-Saint Germain a été mise en
place cette année. Celle de la retransmission en accès libre sur
Dailymotion d’événements de la vie du club comme la présentation
des nouveaux joueurs de l’effectif ou les échanges de l’entraîneur
et de joueurs avec la presse en direct lors des journées d’avant
match. Ces offres étaient accessibles sur Facebook puisque le player
de Dailymotion y est exportable.
Diffusée de manière gratuite, cette pratique est très clairement une plus-value pour le suiveur,
qui a désormais accès à des images jusqu’alors réservées aux professionnels de l’information
80 000
vues pour la vidéo de
présentation de Javier
Pastore sur Dailymotion
85
sportive. Pour indication, la vidéo présentant le nouveau joueur du Paris-Saint Germain Javier
Pastore compte aujourd’hui plus de 80 000 vues.81 Un score qui laisse présager pour le futur des
scores tout a fait intéressants. Cette pratique est également utilisée en France par l’Olympique de
Marseille ou le Lille Olympique Sporting Club et tend à se généraliser, permettant ainsi au
téléspectateur de prendre part de manière plus rythmée à la vie de l’événement.
III. JOUER SUR LA CAPACITE DE L’INTERNAUTE A S’IMPLIQUER
Evénements ou talents individuels, le financement par le public sur le Web
Le Web peut également revêtir une fonction de financeur des événements artistiques et sportifs.
Poster des contenus pour des événements ou des individus peut se révéler payant, dès lors que la
collecte est organisée. C’est le cas de talents individuels comme Irma, révélée et financée par les
Internautes eux-mêmes et le label communautaire « My Major Company ».82
Impliquer via le Web en donnant un sens à l’événement - Rock Corps
Autre moyen de fédérer autour d’un événement : lui donner un sens. C’est le choix fait par Rock
Corps (association Orange / NRJ) dont le but est d’utiliser la musique pour créer un enthousiasme
autour d’une activité personnelle dédiée à la communauté. N’importe qui donnant 4 heures de
son temps à une œuvre caritative organisée par l’association gagne le droit d’assister à un concert
donné par un artiste de renom. L’implication émotionnelle et par conséquent l’image renvoyée
par l’événement par le spectateur / acteur est donc extrêmement positive.
LES RESEAUX SOCIAUX ET LES NOUVEAUX PARTENAIRES - QUE RETENIR ?
− Les players utilisés devront être rendus accessibles à l’ensemble du public.
− Envisager la création de partenariats avec des acteurs majeurs du Web spécialisés sur la
thématique de l’événement.
− Permettre à l’Internaute de multiplier les usages sur un seul et même écran : la garantie de
le conserver plus longtemps.
− Décupler les sentiments liés à l’expérience par l’échange entre individus ou entre individus et
l’événement lui même.
− La présence active sur les grands réseaux : la garantie du rassemblement d’une
communauté engagée en cas de d’activité menée intelligemment.
4. L’INTERET NOUVEAU DES GRANDS ACTEURS DU WEB POUR LES EVENEMENTS
Les grands acteurs que sont les plateformes de partage de vidéo
commencent lentement mais sûrement à s’intéresser à la
retransmission des événements en direct. Cet intérêt pourrait bien
bouleverser les codes du marché. Car si les événements sont parfois
naturellement venus sur ces plateformes pour y poster des
contenus, il est clair que cette présence est jusqu’à présent
81 http://www.dailymotion.com/video/xkfmv5_psg-conference-de-presse-de-javier-pastore_sport 82 http://www.mymajorcompany.com/
Une présence sur les
plateformes de partage de
vidéos qui doit être reprise
en main et professionnalisée
par les événements
86
globalement largement insuffisante.
Une présence souvent assurée par les Internautes. La présence de ces manifestations sur ces
plateformes est d’ailleurs souvent assurée par les internautes connectés à l’événement, qui ont
une forte tendance à poster des contenus captés lors de leur propre expérience. Les images
diffusées par ce biais sont malheureusement souvent de mauvaise qualité et si cette forme de
présence n’est pas forcément à bannir et à combattre, il est clair qu’elle ne suffit pas.
1. DAILYMOTION / YOUTUBE - VERS UN INTERET PRONONCE PAR LA DIFFUSION LIVE
I. YOUTUBE LIVE
En avril 2011, YouTube annonçait ce qui pourrait bien être une révolution dans le monde de la
vidéo sur le Web en démarrant le déploiement de sa plateforme « YouTube Live ». Jusqu’à
présent, Youtube retransmettait des concerts ou des rencontres sportives de manière
extrêmement ponctuelle. Sa page d’accueil www.youtube.com/live met à disposition des
Internautes une série de contenus à consommer en direct. Pour le moment, le catalogue de
contenus n’est que moyennement attractif mais nul doute qu’il s’étoffera dans les mois à venir.
Programmée telle une véritable plateforme de chaînes éphémères (ou continues pour certaines),
elle propose également un guide permettant de se faire rappeler les événements. Enfin, chose
extrêmement intéressante dans une optique de partage et d’expérience vidéo à valeur ajoutée, le
module de commentaires est également adapté à une utilisation en direct.
II. DAILYMOTION LIVE
Dailymotion a également lancé un
service similaire, permettant à ses
visiteurs de visionner des flux en
direct. Les statistiques de la chaîne
permettent de voir que certaines
thématiques obtiennent déjà des
résultats très intéressants.
En effet la chaîne de Poker Stars
(chaîne de l’une des plus grandes
salles de poker en ligne), attire en
moyenne 10 000 visiteurs par jour,
avec des pointes à plus de 30 000
vidéonautes par jour. Au total ce
sont plus de 365 000 contacts que
la chaîne enregistrait avec des consommateurs sur Dailymotion entre
6 avril et le 5 mai 2012.
De la même manière, la chaîne Orange Sports, disponible sur le live
Dailymotion recueillait 120 000 vues sur les 30 derniers jours,
enregistrant certaines journées plus de 10 000 contacts avec des
consommateurs sur la plateforme.
III. DAILYSPORT LIVE
365 000
contacts / vues pour la
chaîne Poker Star France sur
Dailymotion entre le 6 avril et
le 5 mai 2012
87
En octobre 2011, Dailymotion lançait également une chaîne offrant chaque jour des JT
d’informations sportives et des débats sportifs. La chaîne n’oublie pas le cœur de métier de
Dailymotion puisque la plateforme offre la possibilité à ses internautes de publier leurs propres
vidéos de sport. Les meilleures contributions sont ensuite mises à l’antenne. L’intérêt et les
performances du service sont pour le moment assez restreints.
2. VERS LA CONSTITUTION D’UNE OFFRE BASEE SUR DE GRANDS EVENEMENTS ?
I. UN INTERET AFFICHE
L’année dernière, Youtube et la NBA révélaient des négociations
pour la diffusion de matches en direct. « Je crois qu'on peut dire qu'il
y aura beaucoup plus de contenus sportifs attractifs sur YouTube.
Nous discutons avec presque tout le monde » avait déclaré Gautam
Anand (directeur des partenariats de Google en Asie).
II. LA BARRIERE DES DIFFUSEURS ACTUELS
Les limites que pourraient mettre les diffuseurs actuels à ces
évolutions risquent de mettre un terme à de telles négociations dans
un avenir immédiat. Certains diffuseurs historiques de grandes
compétitions auront forcément leur mot à dire au moment des
renouvellements des droits et voudront trouver un moyen de sécuriser ces mannes à audiences.
Ainsi une transformation totale du paysage audiovisuel sportif ne peut pas être envisagée dans
un avenir immédiat. Mais à moyen ou à long terme, il paraît improbable que certains droits de
grandes compétitions ne soient pas acquis par certains diffuseurs non issus des médias classiques.
YouTube notamment, avec l’appui financier de Google, pourrait devenir un acteur majeur lors des
appels d’offres relatifs à l’acquisition de droits.
III. DES MARCHES DEJA PORTEURS
Certaines barrières ont tout de même déjà été franchies. Google
diffuse en effet déjà en Asie des rencontres du championnat indien
de Cricket, le sport national. Toujours selon le PDG de Google en
Asie, ces rencontres auraient reçu plus de 55 millions de visiteurs
dans le monde83.
De tels chiffres, avec l’augmentation extrêmement rapide des
équipements dans le monde et la modification également rapide des
comportements de consommation du média Internet ne peuvent
que laisser présager des accords entre les grands acteurs du Web et
les grandes compétitions sportives mondiales, qui, avant même d’envisager de faire payer des
droits de diffusion à Google ou à Dailymotion pourraient compter sur la puissance d’attraction de
ces plateformes pour démocratiser leurs événements à une échelle différente de celle proposée
par les diffuseurs classiques de ces événements, parfois à péage.
IV. UN MARCHE EGALEMENT PORTEUR POUR LES EVENEMENTS CULTURELS
83 http://basket.blog.lemonde.fr/2011/02/23/des-matches-nba-en-direct-sur-youtube/
« Je crois qu'on peut dire
qu'il y aura beaucoup plus de
contenus sportifs attractifs
sur YouTube. Nous discutons
avec presque tout le
monde »
Gautam Anand – DG
Partenariats Google Asie
55 millions
de visites enregistrées par
YouTube lors de rencontres
du championnat indien de
Cricket
88
YouTube a également assuré sa présence sur certains événements culturels de grande envergure
comme la diffusion d’un concert de U2 ou la cérémonie d’ouverture du Bolchoi. Le 28 octobre
2011, le Bolchoi ouvrait de nouveau ses portes après sa grande entreprise de rénovation. Pour
l’occasion, YouTube et le théâtre s’associaient pour offrir la cérémonie d’ouverture au plus large
public possible. « Grâce à Youtube, les habitants de 36 pays, en Russie, en Amérique centrale, du
Sud et du Nord pourront suivre la cérémonie en direct »84.
3. LE WEB, CHANCE DES « PETITS » ?
Les sports plus modestes doivent également
percevoir YouTube et Dailymotion comme de
potentiels alliés. En effet, ces deux acteurs
peuvent être le moyen (en l’absence de
plateformes dédiées au sport) pour ces
événements de s’offrir une couverture médiatique
à moindre coût.
C’est ce qu’a compris la fédération de handball
française qui proposait de suivre les finales de
Coupe de France régionales et départementales
sur Dailymotion. L’ensemble des matches de la
journée était accessible sur Dailymotion pour une
audience sur la chaîne du diffuseur Vision Sport d’environ 2 200 visionnages le jour même selon
les statistiques Dailymotion.
Les vidéos publiées par le compte de la Fédération Française de Handball après l’événement
atteignaient elles des scores aux alentours de 10 000 vues en moyenne. Des scores relativement
bas mais qui pourraient être largement améliorés par une meilleure mise en avant de ces
contenus sur la plateforme et sur des sites d’informations spécialisés. Cette activité des sports à
moins forte médiatisation sur le Web peut avoir un double intérêt :
− Démocratiser le sport / l’événement en lui offrant une visibilité nouvelle
− Fidéliser une communauté de suiveurs impliqués en leur offrant la possibilité de suivre
l’actualité de leur discipline de manière différente
L’ensemble des sports que l’on pourrait qualifier de « mineurs » ont donc tout intérêt à envisager
ce type de diffusions. Le très bas coût représenté par la diffusion en elle-même (hors coût de
production de l’image) et la manne d’audience que peut amener à un contenu diffusé des
plateformes aussi puissantes que YouTube et Dailymotion sont autant d’atouts que les
événements ne peuvent négliger pour étendre leur zone d’influence.
4. LA MONETISATION DES CONTENUS VIDEOS, LA QUESTION DU MODELE ECONOMIQUE
SUBSISTE POUR DEFINITIVEMENT DEMOCRATISER LA PRATIQUE
Ces solutions pourraient prendre une autre dimension avec une monétisation plus efficace des
contenus par les grandes plateformes. La bonne formule n’avait jusqu’à présent jamais été
trouvée par les grands acteurs. Cette solution est en passe d’être mise en place par YouTube, qui
a décidé d’appliquer le modèle publicitaire de Google (qui a acquis YouTube en 2006) à son
activité. Le principe du « coût par clic » avec comme base une utilisation personnelle des
84 Communiqué Youtube
89
données des internautes sera le moteur de ce nouveau modèle nommé « Google AdWords for
video ». Le principe de base de ce système est le paiement de l’annonceur à la vision volontaire
d’un spot. Des contenus « partenaires » ou « sponsorisés » seront donc ajoutés dans les résultats
de certaines requêtes, permettant ainsi de cibler les clients par centres d’intérêts et selon des
critères sociodémographiques.
Ce type d’offre publicitaire permet à YouTube de monétiser ses vidéos mais en plus de permettre
à tous les types d’annonceurs d’envisager des campagnes sur sa plateforme, de la firme
multinationale à l’entreprise locale. Si elle n’est pas directement liée aux événements dont nous
tentons d’analyser les futures stratégies médias, cette donnée est d’une importance capitale. La
meilleure monétisation de chaque vidéo vue devrait en effet permettre aux plateformes mais
aussi à l’ensemble des grands acteurs du Web d’envisager de manière plus sereine et plus
rationnelle la diffusion de nouveaux contenus et d’en tirer des revenus : condition bien entendu
essentielle pour envisager des développements d’activités.
L’INTERET DES GRANDS ACTEURS DU WEB POUR LES EVENEMENTS - QUE RETENIR ?
− Une présence insuffisante des événements sur les grandes plateformes de vidéos.
− Un intérêt prononcé de grands acteurs de la vidéo sur le Web qui pourraient rapidement
aboutir à des partenariats.
− Des chiffres de contenus consommés en direct via des plateformes d’ores et déjà
extrêmement intéressants.
− Une chance pour les événements de taille moyenne de trouver une résonnance.
− L’avènement d’un nouveau marché avec une solution efficace de monétisation des
vidéos.
5. LE LANCEMENT D’UNE OFFRE ONLY WEB FONCTIONNERAIT-ELLE ?
La question de l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché de la vidéo sur le Web devrait être
influencée par deux éléments principaux, qui pourraient également bien être des conditions
essentielles à la survie des acteurs issus du monde de la télévision à long terme.
Ces deux éléments sont la qualité et la capacité des acteurs à retransmettre en live un
événement. Le premier acteur qui s’implantera sur le marché en combinant ces deux facteurs
prendra clairement une option pour dominer un secteur qui pourrait se révéler comme un enjeu
financier extrêmement important dans les mois à venir.
La qualité des contenus est l’un des problèmes majeurs des grands acteurs de la vidéo sur le Web
(hors chaînes). En effet, si les plateformes de partage de vidéo Youtube et Dailymotion
enregistrent de grands scores d’audience, il est clair que la qualité moyenne des contenus postés
est médiocre. Les chaînes de télévisions font pour le moment parti
des rares acteurs à poster une offre large de contenus de qualité.
C’est l’un des grands problèmes de l’offre des événements culturels
et sportifs disposant sur le Web.
L’offre de contenus diffusés en live est également relativement
absente du Web. C’est un constat étonnant, tant le Web est supposé
Qui pour rassembler une
offre de contenus
diffusés en live avec une
véritable qualité de
retransmission ?
90
être le média de l’instantanéité et de la spécialisation des contenus. Si les géants Youtube et
Dailymotion ont commencé à se pencher sur une offre live comme nous venons de l’évoquer, rien
de réellement construit n’est aujourd’hui proposé au consommateur. Au-delà de ces acteurs
principaux, la question de la constitution d’une offre « only web » par un acteur spécialisé
mérite d’être posée, notamment pour la question du direct.
1. QUELS DROITS POUR LE WEB ?
Les droits pour le Web n’ont pas encore trouvé un véritable modèle économique. Si nous avons
vu que rien dans la plupart des appels d’offres n’était spécifiquement destiné au Web, cela ne
veut pas dire que cette situation est figée.
− Un marché qui reste à créer
Le problème de la mise sur le marché de droits spécifiques au
Web est réel. Il n’a pour le moment pas du tout été résolu par
les acteurs principaux disposant des droits de diffusion des
événements. La tendance actuelle est à l’intégration des droits
avec le reste des meilleures images des compétitions, dites
« premium ». Aujourd’hui, l’entité qui acquiert donc des droits
télévisés pour un événement dispose donc de ces mêmes droits
pour le Web. Ce seront les organisations des événements qui
feront évoluer cette situation. Elles le feront plus facilement dès
que certaines questions comme le combat contre la puissance
des offres illégales sera vraiment engagé, la qualité des retransmissions sera assurée, la
viabilité économique de certains acteurs sera assurée et le modèle économique pour la
monétisation des vidéos vues définitivement établi.
− Des acteurs qui tentent de « sécuriser » ces droits
Les grands acteurs médias, qui assurent jusqu’à présent la santé financière des grandes
compétitions en faisant d’elles leurs vitrines, sont aujourd’hui dans une logique de
sécurisation de ces droits. En perdre une partie serait un véritable coup dur en termes
d’image et de prestige. Le modèle voulant que les droits pour le Web soient inclus dans un
package global semble donc être pour ces acteurs une solution idéale. Les sommes
jusqu’alors investies par ces mêmes acteurs pourraient donc retarder d’un long moment
l’arrivée sur le marché d’une offre live Web légale réellement consistante, à moins bien sûr
que ces acteurs ne décident eux-mêmes à lancer des offres qu’elles soient gratuites ou
payantes.
− Des droits spécifiques au Web, une solution inéluctable
Ces barrières à la construction d’une offre Web ne dureront toutefois qu’un temps. Car si les
acteurs principaux des médias traditionnels voudront sécuriser ces droits le plus longtemps
possible, ils devront faire face à une pression de plus en plus forte à la fois des acteurs du
marché, des événements et des consommateurs.
Il n’est pas à exclure selon la manière dont ces acteurs issus des médias classiques prendront
le virage du numérique que ces droits restent leur propriété et que l’on voit se répéter le
schéma actuel de répartition des droits : des grands événements achetés par des grandes
entités disponibles en accès gratuits et des événements de tailles plus moyennes en accès
payant via des acteurs spécialisés.
Aux événements de
« défier » leurs
diffuseurs classiques et
de mettre en jeu des
droits spécifiques au
Web
91
Le Web devrait néanmoins permettre une meilleure répartition des droits et une diffusion
plus large de contenus. Aussi, en dehors de quelques événements de portée mondiale déjà
largement diffusés à la télévision, une majeure partie des droits de diffusion devraient être
plus facilement négociable et donc accessibles pour les Internautes.
2. DES PREMIERES TENTATIVES
Des tentatives ont déjà été menées dans le domaine de la culture notamment, pour lesquelles le
débat autour d’une licence globale permettant à un Internaute d’avoir accès de manière illimitée
à une immense offre de contenus culturels sur le Web est en vigueur depuis longtemps.
Si une solution institutionnelle semble impossible à faire émerger, des acteurs privés dans le
domaine de la musique ont largement réussi à faire surface et ont enregistré des succès
commerciaux suite à des accords passés avec certains grands acteurs de cette industrie.
De même, l’industrie du cinéma et des productions télévisées ont ouvert la porte à ces types
d’offres dans les pays où la législation aux droits d’auteurs permettait la construction de
propositions sérieuses à faire aux Internautes et aux téléspectateurs. Les premières offres en
France sont les suivantes :
− Canal + Infinity, la réponse pro-active à Netflix
Nous avons parlé de Netflix dans les premières parties de cette étude. Le géant américain du
secteur tente désormais de conquérir de nouveaux territoires et notamment en Europe où
plusieurs pays ont largement retenu son attention. En France, la question des droits
d’auteurs bloque l’arrivée de cet acteur mais Canal+, qui verrait l’arrivée de Netflix comme
un concurrent direct à sa programmation de séries originales et son offre cinéma, a décidé
de réagir avant un possible débarquement de l’acteur américain en lançant une offre avec un
catalogue toutefois bien plus réduit.
− Arte Live Web
Autre prise d’initiative qui vient également d’une chaîne de télévision, la plateforme dont
que nous avons également déjà parlé dans ce dossier Arte Live Web. Mise en place par Arte
pour mettre en avant des contenus différents des standards des contenus culturels télévisés,
elle représente un exemple extrêmement réussi de ce que le Web offre en termes de
possibilités techniques et graphiques pour mettre à disposition des contenus vidéos en direct
et en différé. Il ne fait aucun doute que ce type de dispositif sera mis en place pour le sport
ou pour des événements culturels plus en adéquation à la notion de « culture de masse ».
L’absence d’offre sur les contenus en direct sur le sport
Le sport n’a pas encore vu éclore une offre Web légale consistante, du moins pour le direct. Si nous
avons vu que Canal + mettait gratuitement à disposition des résumés de matches diffusés sur les
antennes du groupe Canal ou que L’Equipe.fr proposait une offre de contenus vidéos assez large,
(absolument) aucun acteur n’a pour le moment réussi à offrir à ses consommateurs une offre de
contenus en direct régulière et suffisamment importante pour s’imposer comme référence. Ce
manque touche autant les droits de nature mondiale que des images correspondant à des sportifs
médiatiquement plus modestes alors même qu’une quantité incroyable d’offres illégales pullulent
sur le Web.
3. UNE OFFRE WEB EST-ELLE UNE OFFRE GRATUITE ?
92
La consommation de vidéos en ligne augmente et l’offre est jusqu’à présent dans son immense
majorité gratuite. Or à l’image de ce qui se produit pour le marché télévisé, il y a fort à parier que
la diffusion de contenus pourrait s’accompagner de la souscription à un abonnement, à l’instar de
ce qui se fait pour l’industrie musicale actuellement.
I. QUELLES PERSPECTIVES POUR LES OFFRES PAYANTES ? LE BAROMETRE MUSICAL.
L’industrie musicale est en train d’opérer une vraie mutation sur le Web en permettant à des
acteurs indépendants des grandes majors, productrices des contenus d’offrir un accès contre
rémunération à un catalogue extrêmement important de créations.
Cette pratique est rendue obligatoire par la structure du marché. Les
ventes de « physiques » de « musique enregistrées » s’écroulaient
de 53,7 % entre 2010 et 2011 alors que le marché du numérique
augmentait sur la même période de 22,6 %85.
Des acteurs ayant profité de cet effet d’aubaine, Spotify, logiciel
suédois de streaming musical est peut-être le plus efficace. Son
fonctionnement est simple : les morceaux du catalogue sont laissés
en libre écoute instantanée pendant 10 heures par mois pour les non
abonnés. L’écoute est alors entrecoupée de publicités. Les abonnés
ont quant à eux la possibilité pour 5 dollars par mois d’écouter en illimité et sans publicité les
contenus proposés et une série de titre choisis par leurs soins sans connexion Internet. Sans pour
autant être propriétaires des titres. A l’arrêt de l’abonnement, le bénéficiaire de la prestation n’a
plus aucun droit sur aucun morceau. Spotify comptait 3 millions d’abonnés dans le monde en
février 2012, affichant une croissance extrêmement rapide au premier trimestre 201286.
Ce système de streaming pourrait être transposé à une activité
vidéo, à une offre de contenus en direct et obtenir un succès
commercial. Dès lors qu’elles sont réellement structurées, ces offres
deviennent des références malgré l’habitude de consommation de
contenus gratuits. Il est en revanche impératif, à l’image du service
que nous venons d’étudier, qu’elles bénéficient :
− d’une profondeur suffisamment importante pour attirer des
consommateurs habitués aux offres illégales.
− d’un ordre de prix correspondant aux standards du net.
Proposer une offre consistante et structurée semble donc être le meilleur moyen de lutter contre
le piratage. C’est d'ailleurs l'un des principaux arguments de vente des premiers grands acteurs
internationaux que sont Netflix ou Spotify.
4. QUELS ACTEURS POUR LANCER UNE OFFRE « ONLY WEB » ?
Concernant la nature des acteurs qui peuvent aujourd’hui envisager de se lancer sur ce type
d’offres, nous pouvons penser à l’arrivée à trois types :
85 Bilan de l’année 2011 du marché de la musique enregistrée – SNEP, Janvier 2012. 86 Syndicat national de l'édition phonographique
- 53,7 %
l’évolution des ventes
physiques de « musique
enregistrée » entre 2010 et
2011
La constitution d’offres
légales construites : la
lutte la plus efficace
contre le piratage
93
− Issus des médias dits « classiques ». Dotés d’une assise financière, d’une légitimité dans la
production de contenus et souvent déjà présents sur le Web, les acteurs des grands médias
font figures de favoris pour le lancement de ce type d’offre.
− Les pure players majeurs. Youtube, Dailymotion, ont une légitimité pour s’ancrer sur ce
marché. Ils ont de plus une activité qui leur permet d’appréhender tous les problèmes
techniques relatifs à ce type de proposition. Ils ont enfin exprimé leur intérêt pour ce type de
contenus.
− L’arrivée d’un nouvel acteur ou d’un nouveau type d’acteur sur le marché de la vidéo. Cette
solution n’est pas à exclure car elle fait partie de la nature même du Web. Sans barrière à
l’entrée, ce média pourrait permettre de voir arriver un acteur inconnu ou non initialement
placé sur le créneau de la diffusion de contenus. L’exemple de Spotify est le meilleur crédit à
apporter à cette hypothèse. Nous avons parlé des grands acteurs de l’information
thématique dans le cadre de partenariats avec les événements. Pourquoi ne pas les imaginer
capables de s’investir sur ce type d’activités ?
De ces trois types d’acteurs, ceux venus des médias classiques, qui ont déjà pour certains les
droits des événements et une assise financière solide seraient donc les plus à même de lancer
une offre de grande ampleur. Seuls des détails techniques et une certaine frilosité les empêchent
actuellement d’envisager ces types d’offres.
France Télévisions fera peut-être figure de pionnier avec ses plateformes dédiées aux spectacles
vivants et au sport. Si d’après l’exemple de celle lancée sur l’information en 2011
(http://www.francetv.fr/info/) la vidéo n’occupe pas une place centrale dans les pages, elle peut
tout à fait s’inscrire dans cette mouvance, d’autant que la volonté de donner à l’information un
caractère immédiat et interactif s’inscrirait totalement dans cette logique.
QUELLES PERSPECTIVES POUR LE LANCEMENT D’OFFRES « ONLY WEB » - QUE
RETENIR ?
− Des offres de droits de diffusion à repenser en donnant une importance plus importante
au Web.
− Des premières tentatives d’offres légales en France, des premières réussites à l’étranger.
− Une industrie culturelle dans l’attente d’un assouplissement des droits d’auteurs et à la
propriété intellectuelle pour envisager de nouveaux types d’offres.
− Une offre payante de qualité est également le meilleur moyen de combattre le piratage.
− Des acteurs des médias classiques qui semblent positionnés en pôle position pour le
lancement de nouvelles offres.
94
QUELLES SOLUTIONS ? - 10 IDEES CLES
1. Saisir l’opportunité numérique sur l’ensemble des supports susceptibles d’apporter
une plus-value à la stratégie médias. Elle doit être le moyen d’inventer de nouveaux
contenus, de prendre la parole différemment et de fidéliser les consommateurs.
2. Approcher des médias classiques et envisager des partenariats « only Web » pour
profiter de la résonnance des chaînes sans demander une diffusion sur les antennes
classiques. Bénéficier de la qualité supérieure des contenus proposés par les acteurs
issus du monde de la télévision pour la tourner en véritable avantage concurrentiel.
3. L’Internaute, que l’on décrit souvent comme volatile est capable de rester plusieurs
dizaines de minutes devant un contenu : un espoir pour envisager des
consommations d’un événement dans son intégralité.
4. La pertinence et la qualité des contenus additionnels proposés en amont, pendant et
en aval de la manifestation, permettront ou non une consommation différente de
l’événement par le spectateur.
5. De nouvelles chaînes pour de nouvelles prises de risques sur la programmation ?
Certains des sports les plus pratiqués ne sont pas ou très peu diffusés tout comme
certains mouvements culturels.
6. Rendre les players utilisés plus accessibles à l’ensemble du public en établissant une
présence sur différentes plateformes et permettre à l’Internaute de multiplier les
usages sur un seul et même écran en simultané.
7. Créer des partenariats avec des acteurs majeurs du Web spécialisés sur une
thématique pour additionner une offre de contenus vidéos novatrice, la légitimité
de l’événement et de l’acteur diffuseur et un nombre de contacts potentiels
important.
8. Créer un lien différent avec le consommateur de l’événement en l’impliquant.
Inciter à partager des sentiments, des contenus liés, que ce soit sur les réseaux
sociaux, les plateformes de partage de vidéos et s’appuyer sur les valeurs
d’engagement des Internautes lorsqu’ils sont attachés à un événement ou un
contenu.
9. Repenser les offres de droits de diffusion à repenser pour le Web. Il est clair que les
grands événements ne pourront bientôt plus se contenter de vivre sur les droits
télévisés et devront étendre leurs offres au Web et à l’ensemble de ses supports.
10. Envisager d’instaurer des offres payantes en matière de culture et de sport dédiées au
Web. Une offre payante de qualité est le meilleur moyen de combattre le piratage.
Les acteurs des médias classiques sont positionnés idéalement pour lancer ces
nouvelles offres, devant les grands acteurs du Web.
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CONCLUSION - LE WEB COMME FUTUR PARTIEL DES EVENEMENTS
SE REINVENTER, IMAGINER DE NOUVEAUX ROLES ET DE NOUVEAUX LIENS
Les habitudes des consommateurs évoluent, influencées par les avancées technologiques reliées à
celles du premier de leurs loisirs : la télévision. Ces évolutions obligent les chaînes à avancer, à
innover, à se réinventer.
Proposer de nouveaux contenus, de nouvelles formes d’écriture et tout simplement, repenser la
manière de consommer un contenu vidéo. Telles sont les grandes questions auxquelles doivent
répondre les chaînes dès aujourd’hui. Pour cela elles disposent de plusieurs solutions
envisageables. Nous les avons évoquées dans nos différentes parties. Certaines chaînes ont déjà
largement commencé à le faire même si nous n’avons pas encore assisté à une révolution qui
ferait du consommateur un acteur du contenu consommé. Le programme n’est quant à lui pas
encore un centre autour duquel graviteraient de nombreux autres contenus permettant de
l’enrichir et de le bonifier.
Ces nouvelles opportunités de communiquer, de créer du lien avec ses consommateurs, les
événements sportifs et culturels doivent les saisir, se les approprier. Ils ont la légitimité et la
matière pour le faire. Ils disposent aussi des qualités nécessaires pour devenir des acteurs
importants sur les nouvelles plateformes, dans leur immense majorité offertes par le Web.
L’association des intérêts des chaînes et de ces manifestations pourrait donner lieu à une étendue
de l’offre de directs, accessibles facilement par les Internautes et créer un nouveau type de
consommation des contenus culturels et sportifs.
LE WEB COMME ECRAN DE LA SPECIALITE ET DE LA RAPIDITE
Dans l’ADN du Web est ancré la rapidité d’accès à quasiment n’importe quel type de contenu.
Cette donnée doit être intégrée et mise en pratique par les événements, eux aussi associés à
l’idée d’instantanéité et par définition, de spécialisation sur un domaine précis.
Ce média de la réactivité, de l’instantanéité, de l’écrasement des distances et des frontières doit
également devenir celui du direct vidéo. Il paraît impensable qu’avec l’amélioration constante
des technologies et des offres, ce média ne donne pas d’avantage la possibilité à ses utilisateurs
d’accéder aux contenus auxquels ils portent de l’intérêt en direct. Les chaînes de télévision, qui
ont déjà un savoir faire reconnu en matières de retransmission de ces manifestations se doivent
de saisir ces nouvelles opportunités pour étendre leurs compétences et leurs sources de revenus.
Le Web est aussi le média du rassemblement des passions et des passionnés. Il permet aux
communautés ayant des centres d’intérêts communs de se rassembler à distance, de se trouver
facilement. Ces communautés, parfois visées par la télévision mais souvent bloquées par le
manque d’interactivité et la difficulté d’accès de certains contenus expriment désormais une vraie
attente pour des contenus à l’accès facile.
Le Web doit donc devenir dans un avenir proche, le média de la retransmission en direct
d’événements plus ou moins larges n’ayant pas encore eu la possibilité de s’offrir une
reconnaissance via la télévision.
LA TELEVISION, COMME ECRAN DE L’EVENEMENT
96
Cela ne veut certainement pas dire que nous prévoyons la mort de la télévision vue comme son
écran classique et certainement pas non plus de sa mort en tant qu’écran de l’événement.
En 2012, plus de 30 millions de téléspectateurs étaient massés devant leurs écrans de télévision
quelques instants précédant l’annonce des résultats de l’élection présidentielle française et les
grandes rencontres sportives continuent de rassembler, de fédérer. La télévision aura toujours
pour elle le fait d’être un objet de partage, de rassemblements populaires et de création
d’histoires communes autour d’événements particuliers. Elle seule peut fédérer à un moment
donné autant de gens devant la même chose. Elle ne doit pas l’oublier.
Les acteurs du monde de la télévision doivent donc continuer de proposer ces manifestations.
Tant qu’ils le feront, il est clair qu’ils ne perdront pas leur influence. A moins d’être dérangés sur
leur terrain de jeu par les nouveaux acteurs venus du Web.
LA TELEVISION « HORS DE LA BOITE » COMME FUTUR POUR LES EVENEMENTS
SPORTIFS ET CULTURELS ?
La télévision et plus précisément ses acteurs principaux ont donc toujours une sorte de monopole
sur les grands événements sportifs. Mais pour combien de temps ? La tendance va clairement
dans le sens d’une utilisation des nouveaux moyens de consommer des contenus vidéo par les
manifestations sportives et culturelles. Les possibilités offertes par le Web et ses nouveaux
supports sont des opportunités qu’il serait dramatique de manquer pour elles et l’influence sans
cesse grandissante de ces médias pourrait obliger les plus grands événements à envisager de
diversifier puis de favoriser ces solutions plutôt que la télévision.
Abandonner l’idée de la diffusion télévisée pour y revenir ensuite ? C’est la question que certains
événements vont bientôt pouvoir se poser. Certains pourraient d’abord découvrir une notoriété
nouvelle grâce au Web et ne plus avoir besoin d’envisager une diffusion sur l’écran télévisé. La
question de savoir si cette médiatisation via le Web se fera avec les Pure Players ou avec les
acteurs issus de la télévision présents sur le Web.
Car si dans un premier temps, il est assez facile d’envisager que les grands acteurs du petit écran
étendent leurs activités au Web, il n’est pas improbable que les écrans de télévisions, de plus en
plus connectables et connectés deviennent aussi le terrain de jeu de certains grands acteurs du
Web. Ainsi, les contenus, qui n’ont jamais eu la chance de s’offrir une présence sur l’écran de
télévision pourraient l’obtenir, via le Web.
Cette perspective prouve la nécessité pour les acteurs de la télévision de devenir des icônes du
Web. Car si ce média venait à investir réellement la télévision en tant qu’objet, les conséquences
pour un acteur n’ayant pas anticipé ces nouvelles formes d’activité seraient dramatiques. Une
grande partie des chaînes thématiques notamment, n’auraient plus aucun avantage concurrentiel
face à des acteurs venus du Web. En considérant cette donnée, nous pouvons clairement dire que
oui, le Web représente à court, à moyen et à long terme, l’avenir des événements sportifs.