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Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 33S (2014) A354–A359 A355 quantifié. Un volume de stase 25 mL était considéré comme à risque [3]. Les résultats sont exprimés en moyenne ± DS ou médiane [DIQ]. L’analyse statistique a consisté en une analyse de variance à un facteur (test de Newman–Keuls ou Kruskall–Wallis). Résultats Trente-sept patients dont 8 obèses (IMC 30 kg.m 2 ) et 12 en surpoids (IMC 25–30 kg.m 2 ) ont été inclus. Les volumes de stase observés étaient respectivement de 5 mL [0–100], 8 mL [0–56] et 10 mL [0–28] chez les patients normaux, en surpoids et obèses (NS) (Fig. 1, Tableau 1). L’incidence d’un volume de stase 25 mL était comparable entre les groupes (NS). Aucun patient n’a présenté de complication lors de la procédure endoscopique. Discussion En l’absence de facteur de risque d’inhalation, nous n’avons pas mis en évidence, chez les obèses, d’augmentation du volume de stase gastrique mesuré directement par endoscopie. Malgré des difficultés d’observance des prescriptions, nos résultats indiquent que les règles modernes de jeûne préopératoire semblent applicables à ces patients. Fig. 1 Distribution du volume de résidu gastrique dans les 3 groupes (médiane, dispersion interquartile, extrêmes). Tableau 1 Caractéristiques des patients inclus (n = 37). Normaux (n = 17) Surpoids (n = 12) Obèses (n = 8) IMC (kg.m 2 ) 21,0 ± 2,8 * 27,1 ± 1,4 * 32,6 ± 1,7 Age (ans) 54 ± 14 51 ± 11 48 ± 17 Sexe masculin (%) 53 50 62 Volume ingéré dans les 6 h (mL) 150 [100–200] 150 [100–200] 175 [100–213] Délai dernière boisson–AG (min) 210 [120–240] 218 [143–314] 132 [120–154] Stase gastrique (mL) 5 [0–100] 8 [0–56] 10 [0–28] % de stase 25 mL 41 33 25 * p < 0,05 pour la comparaison intergroupe (vs patients obèses). Déclaration d’intérêt Les auteurs n’ont pas transmis de déclara- tion de conflits d’intérêts. Références [1] Ann Fr Anesth Réanim 2009;28:206–10. [2] Can J Anaesth 2004;51:111–5. [3] Anesth Analg 1974;53:859–68. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.593 R540 Complications précoces après chirurgie bariatrique en unité de soins continus postopératoires (USCPO) A. Chevreaud 1,, V. Royon 1 , E. Huet 2 , M. Scotté 2 , T. Vermeulin 3 , A. Lefevre Scelles 1 , B. Dureuil 1 , B. Veber 1 1 Pôle réanimations anesthésie SAMU 2 Service de chirurgie digestive et viscérale 3 Département d’épidémiologie et de santé publique, CHU, Rouen, France Auteur correspondant. Introduction Les patients bénéficiant d’une chirurgie bariatrique sont porteurs de comorbidités associées, pouvant justifier une sur- veillance post-opératoire (PO) accrue. Les critères d’admission en USCPO ne sont pas encore clairement définis. Il existe peu de don- nées récentes sur le taux de complications PO précoces survenant en USCPO. Le nombre de lits d’USCPO étant limité, il est nécessaire de cibler au mieux la population de patients pouvant bénéficier de ce type de surveillance. L’objectif de cette étude était de décrire les complications PO puis de déterminer les facteurs de risque (FR) de complications survenant en USCPO après une chirurgie bariatrique (Sleeve Gastrectomy (SlG) ou Bypass Gastrique (BG). Matériel et méthodes Cette étude épidémiologique observation- nelle réalisée au CHU de Rouen de janvier 2006 à décembre 2012 a inclus tous les patients opérés d’une chirurgie bariatrique et admis en USCPO. Le paramètre principal étudié était l’apparition d’une complication au cours du séjour définie par la survenue d’un décès, de complications cardiovasculaires ou respiratoires sévères, d’un choc hémorragique ou d’une reprise chirurgicale précoce. Après analyse univariée, une régression logistique a été effectuée afin de déterminer les FR de complications PO. Résultats 261 patients (169 femmes, 92 hommes) ont été inclus, d’âge moyen 46 ± 9,9 ans et d’indice de masse corporelle (IMC) moyen 50,5 ± 8,63 kg/m 2 . Parmi eux, 228 (87,4 %) présentaient un syndrome d’apnée du sommeil (SAS + ) dont 198 (75,9 %) étaient appareillés. Il y avait 175 (67 %) SlG et 86 (33 %) BG. Le taux global de complications précoces était de 14,2 %, dont un décès sur un arrêt cardiaque hypoxique. Les FR de complications étaient le recours à une SlG, une laparotomie, la présence d’un diabète de type 2 (DT2) et un tabagisme actif (Tableau 1). Il n’y avait pas plus de complica- tions chez les patients SAS+, appareillé ou non, versus les patients SAS- (15,4 % vs 6,1 % ; p = 0,189). L’appareillage des patients SAS+ ne protégeait pas de la survenue d’une complication respiratoire PO précoce (14,1 % vs 3,3 %, p = 0,14). Il n’y avait pas plus de compli- cations respiratoires après une SlG qu’après un BG (13,7 % vs 7 % p = 0,109). Discussion Dans notre étude, le DT2 et le tabagisme sont retrou- vés comme FR de complications confirmant des données déjà rapportées [1,2]. Une laparotomie a été essentiellement réali- sée lors des BG. Les conditions chirurgicales difficiles pour cette voie d’abord expliquent probablement le risque associé. La SlG représente la grande majorité de notre population expliquant pro- bablement l’augmentation du risque constaté dans notre travail. La présence d’un SAS n’était pas corrélée significativement à une aug- mentation du taux de complications conformément à la littérature [3]. Une étude comparative ultérieure chez les patients obèses dia- bétiques et fumeurs permettra de préciser les critères d’admission en USCPO. Tableau 1 FR de complications en USCPO. Variable Nombre de patients Odds-Ratio IC 95 % p Sleeve 175 7,4 2,05–27,9 0,003 Laparotomie 25 8,8 1,9–39,8 0,005 DT2 100 2,3 1,03–5,2 0,04 Tabagisme actif 43 2,8 1,1–6,9 0,02 Déclaration d’intérêt Les auteurs n’ont pas transmis de déclara- tion de conflits d’intérêts. Références [1] J Am Coll Surg 2006;203:625–33. [2] Ann Surg 2007;246:1002–9. [3] Obes Surg 2013;23(11):1842–51. http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.594

Complications précoces après chirurgie bariatrique en unité de soins continus postopératoires (USCPO)

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Annales Françaises d’Anesthésie et de Réanimation 33S (2014) A354–A359 A355

quantifié. Un volume de stase ≥ 25 mL était considéré commeà risque [3]. Les résultats sont exprimés en moyenne ± DS oumédiane [DIQ]. L’analyse statistique a consisté en une analyse devariance à un facteur (test de Newman–Keuls ou Kruskall–Wallis).Résultats Trente-sept patients dont 8 obèses (IMC ≥ 30 kg.m−2) et12 en surpoids (IMC 25–30 kg.m−2) ont été inclus. Les volumes destase observés étaient respectivement de 5 mL [0–100], 8 mL [0–56]et 10 mL [0–28] chez les patients normaux, en surpoids et obèses(NS) (Fig. 1, Tableau 1). L’incidence d’un volume de stase ≥ 25 mLétait comparable entre les groupes (NS). Aucun patient n’a présentéde complication lors de la procédure endoscopique.Discussion En l’absence de facteur de risque d’inhalation, nousn’avons pas mis en évidence, chez les obèses, d’augmentation duvolume de stase gastrique mesuré directement par endoscopie.Malgré des difficultés d’observance des prescriptions, nos résultatsindiquent que les règles modernes de jeûne préopératoire semblentapplicables à ces patients.

Fig. 1 Distribution du volume de résidu gastrique dans les 3groupes (médiane, dispersion interquartile, extrêmes).

Tableau 1 Caractéristiques des patients inclus (n = 37).Normaux (n = 17) Surpoids (n = 12) Obèses (n = 8)

IMC (kg.m−2) 21,0 ± 2,8* 27,1 ± 1,4* 32,6 ± 1,7Age (ans) 54 ± 14 51 ± 11 48 ± 17Sexe masculin (%) 53 50 62Volume ingéré dans les

6 h (mL)150 [100–200] 150 [100–200] 175 [100–213]

Délai dernièreboisson–AG (min)

210 [120–240] 218 [143–314] 132 [120–154]

Stase gastrique (mL) 5 [0–100] 8 [0–56] 10 [0–28]% de stase ≥ 25 mL 41 33 25

* p < 0,05 pour la comparaison intergroupe (vs patients obèses).

Déclaration d’intérêt Les auteurs n’ont pas transmis de déclara-tion de conflits d’intérêts.Références[1] Ann Fr Anesth Réanim 2009;28:206–10.[2] Can J Anaesth 2004;51:111–5.[3] Anesth Analg 1974;53:859–68.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.593

R540

Complications précoces aprèschirurgie bariatrique en unité de soinscontinus postopératoires (USCPO)A. Chevreaud 1,∗, V. Royon 1, E. Huet 2, M. Scotté 2, T. Vermeulin 3,A. Lefevre Scelles 1, B. Dureuil 1, B. Veber 1

1 Pôle réanimations anesthésie SAMU2 Service de chirurgie digestive et viscérale

3 Département d’épidémiologie et de santé publique, CHU, Rouen,France∗ Auteur correspondant.

Introduction Les patients bénéficiant d’une chirurgie bariatriquesont porteurs de comorbidités associées, pouvant justifier une sur-veillance post-opératoire (PO) accrue. Les critères d’admission enUSCPO ne sont pas encore clairement définis. Il existe peu de don-nées récentes sur le taux de complications PO précoces survenanten USCPO. Le nombre de lits d’USCPO étant limité, il est nécessairede cibler au mieux la population de patients pouvant bénéficier dece type de surveillance. L’objectif de cette étude était de décrire lescomplications PO puis de déterminer les facteurs de risque (FR) decomplications survenant en USCPO après une chirurgie bariatrique(Sleeve Gastrectomy (SlG) ou Bypass Gastrique (BG).Matériel et méthodes Cette étude épidémiologique observation-nelle réalisée au CHU de Rouen de janvier 2006 à décembre 2012 ainclus tous les patients opérés d’une chirurgie bariatrique et admisen USCPO. Le paramètre principal étudié était l’apparition d’unecomplication au cours du séjour définie par la survenue d’un décès,de complications cardiovasculaires ou respiratoires sévères, d’unchoc hémorragique ou d’une reprise chirurgicale précoce. Aprèsanalyse univariée, une régression logistique a été effectuée afin dedéterminer les FR de complications PO.Résultats 261 patients (169 femmes, 92 hommes) ont été inclus,d’âge moyen 46 ± 9,9 ans et d’indice de masse corporelle (IMC)moyen 50,5 ± 8,63 kg/m2. Parmi eux, 228 (87,4 %) présentaient unsyndrome d’apnée du sommeil (SAS + ) dont 198 (75,9 %) étaientappareillés. Il y avait 175 (67 %) SlG et 86 (33 %) BG. Le taux globalde complications précoces était de 14,2 %, dont un décès sur un arrêtcardiaque hypoxique. Les FR de complications étaient le recours àune SlG, une laparotomie, la présence d’un diabète de type 2 (DT2)et un tabagisme actif (Tableau 1). Il n’y avait pas plus de complica-tions chez les patients SAS+, appareillé ou non, versus les patientsSAS- (15,4 % vs 6,1 % ; p = 0,189). L’appareillage des patients SAS+ neprotégeait pas de la survenue d’une complication respiratoire POprécoce (14,1 % vs 3,3 %, p = 0,14). Il n’y avait pas plus de compli-cations respiratoires après une SlG qu’après un BG (13,7 % vs 7 %p = 0,109).Discussion Dans notre étude, le DT2 et le tabagisme sont retrou-vés comme FR de complications confirmant des données déjàrapportées [1,2]. Une laparotomie a été essentiellement réali-sée lors des BG. Les conditions chirurgicales difficiles pour cettevoie d’abord expliquent probablement le risque associé. La SlGreprésente la grande majorité de notre population expliquant pro-bablement l’augmentation du risque constaté dans notre travail. Laprésence d’un SAS n’était pas corrélée significativement à une aug-mentation du taux de complications conformément à la littérature[3]. Une étude comparative ultérieure chez les patients obèses dia-bétiques et fumeurs permettra de préciser les critères d’admissionen USCPO.

Tableau 1 FR de complications en USCPO.

Variable Nombre depatients

Odds-Ratio IC 95 % p

Sleeve 175 7,4 2,05–27,9 0,003Laparotomie 25 8,8 1,9–39,8 0,005DT2 100 2,3 1,03–5,2 0,04Tabagisme actif 43 2,8 1,1–6,9 0,02

Déclaration d’intérêt Les auteurs n’ont pas transmis de déclara-tion de conflits d’intérêts.Références[1] J Am Coll Surg 2006;203:625–33.[2] Ann Surg 2007;246:1002–9.[3] Obes Surg 2013;23(11):1842–51.

http://dx.doi.org/10.1016/j.annfar.2014.07.594