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ÉLISABETH VALLET Comprendre les élections américaines LA CONQUÊTE DE LA MAISON-BLANCHE ÉDITION 2016 SEPTENTRION

Comprendre les élections américaines · Les dessous de l’élection présidentielle américaine, Québec, Septentrion, 2008. ... avait recueilli moins de suffrages populaires que

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ÉLISABETH VALLET

Comprendre les élections américaines

LA CONQUÊTE DE LA MAISON-BLANCHE

ÉDITION 2016

SEPTENTRION

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COMPRENDRE LES ÉLECTIONS AMÉRICAINES

ÉDITION 2016

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de la même auteure

Avec la Chaire Raoul-Dandurand, L’effet 11 septembre – 15 ans après, Septentrion, 2016.

Borders, Fences and Walls – State of Insecurity, Farnham, Ashgate 2014.

La course à la Maison-Blanche – Comprendre les élections américaines, Septentrion, 2012.

Avec Karine Prémont, Petit Guide des élections présidentielles américaines,

Septentrion, 2012 – ebook.

Le duel. Les dessous de l’élection présidentielle américaine, Québec, Septentrion, 2008.

Avec la Chaire Raoul-Dandurand, Le 11 septembre, cinq ans plus tard, Septentrion, 2007.

La présidence des États-Unis (dir.), Presses de l’Université du Québec, coll. « Enjeux contemporains », 2005.

Avec David Grondin, Les élections présidentielles américaines, Presses de l’Université

du Québec, coll. « Enjeux contemporains », 2004.

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COMPRENDRE LES ÉLECTIONS AMÉRICAINES

ÉDITION 2016

La conquête de la Maison-Blanche

Élisabeth Vallet

Septentrion

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Les éditions du Septentrion remercient le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour le soutien accordé à leur programme d’édition, ainsi que le gouvernement du Québec pour son Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres.

Coordination éditoriale : Marie-Michèle RheaultMise en pages : Pierre-Louis CauchonMaquette de la couverture : KX3 CommunicationIllustration de la couverture : Détail du sceau du président des États-Unis d’Amérique

Si vous désirez être tenu au courant des publicationsdes ÉDITIONS DU SEPTENTRIONvous pouvez nous écrire par courrier,par courriel à [email protected],ou consulter notre catalogue sur Internet :www.septentrion.qc.ca

Première édition : Élisabeth Vallet, Le Duel. Les dessous de l’élection présidentielle américaine, Septentrion, 2008.

© Les éditions du Septentrion Diffusion au Canada :835, av. Turnbull Diffusion DimediaQuébec (Québec) 539, boul. LebeauG1R 2X4 Saint-Laurent (Québec) H4N 1S2Dépôt légal :Bibliothèque et Archivesnationales du Québec, 2016 Ventes en Europe :ISBN papier : 978-2-89448-876-8 Distribution du Nouveau MondeISBN PDF : 978-2-89448-218-6 30, rue Gay-LussacISBN EPUB : 978-2-89448-219-3 75005 Paris

Pour effectuer une recherche libre par mot-clé à l’intérieur de cet ouvrage, rendez-vous sur notre site Internet au www.septentrion.qc.ca

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INTRODUCTIONHunger Games

La conquête de la maison-blanche est désormais une saga qui s’étire sur de longs mois, qui absorbe des

sommes astronomiques et remue les eaux saumâtres du passé des candidats et de leur famille. Elle est désormais suivie, un peu à la manière des Hunger Games, comme une série télévisée où seule la candidate ou seul le candidat le plus rusé, le plus connecté, le plus nanti, le plus agressif, survivra, au terme de pratiquement une année et demie de joute. Il n’y a plus de limites, ni financières ni verbales dans ce qui est désormais une lutte sans merci ni honneur, et où l’ambition personnelle paraît prévaloir sur le service public. Le xxie siècle a, en ce sens, complètement redessiné ce que sont les États-Unis : des événements de 2001 à l’avènement des Millenials (la génération Y), du bouleversement démo-graphique du pays à la résurgence des « Hommes blancs en colère », le pays est en mal d’identité. Ainsi l’essor du Tea Party, la montée de groupes d’extrême droite sous la prési-dence d’Obama, la volonté avortée de repli de la politique étrangère américaine, le retour de la peur en politique intérieure dans la foulée des attentats de Boston et de San Bernardino, le déclin des droits des femmes et leur ascension vers la magistrature suprême, l’augmentation des tueries de masse et la lente déliquescence du Parti républicain mettent la table pour une année électorale inédite.

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Pour autant, et particulièrement dans le domaine élec-toral, les États-Unis ne sont pas un pays uniforme et unitaire, tant s’en faut. C’est en réalité un kaléidoscope de cultures, d’identités et de droits : à certains égards, les États-Unis ne sont, en effet, qu’une agrégation d’États, de pays, très diffé-rents et autrefois distincts. Ils ont conservé de l’époque où ils se sont violemment détachés de la Couronne britannique une réelle défiance à l’égard des élites, de la centralisation et du gouvernement.

C’est pourtant cette union composite que le président fédère et incarne. Aux commandes des armées, du feu nucléaire, de la diplomatie du pays, à la tête d’une adminis-tration qui définit les grandes orientations de la politique américaine, il est la voix du pays. Mais, pour y accéder, le processus est long, ardu, exigeant, coûteux et toujours usant. L’année électorale est une longue route, jonchée de cadavres politiques, et au bout de laquelle ne subsistent, l’automne venu, que deux protagonistes, s’affrontant dans un dernier duel, pour n’en laisser qu’un…

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PREMIÈRE PARTIEAu cœur de la Maison-Blanche

I l fut un temps où être président des États-Unis n’était pas une tâche particulièrement glorieuse. Éclipsés par un

Congrès omnipotent et cantonnés à un rôle secondaire, les présidents s’ennuyaient et vivaient leur charge comme un fardeau, au point où James K. Polk (1845-1850) se félicitait que son mandat s’achève, car, disait-il, il « cesserait d’être un servant pour devenir un souverain ». Ce temps-là est révolu. Tour à tour, Abraham Lincoln durant la guerre civile, Woodrow Wilson durant la Première Guerre mondiale, Franklin D. Roosevelt durant la grande dépression et la Seconde Guerre mondiale, George W.  Bush et Barack Obama ont consacré l’expansion du rôle du président. Désormais, le président incarne le gouvernement. Il person-nifie le pays. Le président est celui derrière lequel le pays en détresse se rallie ; celui qui va cristalliser les attaques contre les politiques publiques, celui qui va parler pour l’Amérique entière. Les symboles de sa puissance sont nombreux, qu’il s’agisse du sceau présidentiel, de l’avion Air Force One, de la mallette présidentielle contenant les codes nucléaires, de la Maison-Blanche et son bureau ovale, ou encore du mont Rushmore. Et ces symboles associés à la présidence ont souvent été exploités par les médias, ces derniers contribuant au développement et à l’expansion de la présidence améri-caine.

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1. Pourquoi le président joue-t-il un rôle aussi important ?

Au lendemain de l’élection de novembre 2000, George W. Bush, président péniblement désigné de facto par la Cour suprême, souffrait d’un réel déficit de légitimité (puisqu’il avait recueilli moins de suffrages populaires que son adver-saire et qu’il avait fallu la décision de cinq juges contre quatre pour lui donner la présidence) et tous les commentateurs le voyaient comme un président falot, faible et sans avenir. Il était alors perçu comme un ancien alcoolique, chrétien régénéré (born-again), peu informé des questions de politique internationale, au point de penser que les talibans sont un groupe rock1, désireux de mener une politique étrangère « humble2 », tandis que ses difficultés d’élocution et son manque de charisme laissaient présager une présidence sans envergure. Avec un taux d’approbation de 51 %, il se situait en deçà de ses prédécesseurs récents au début de leurs man-dats – puisque Bill Clinton se situait à 56 %, George H. Bush à 63 % et Ronald Reagan à 55 %. Mais les attentats du 11 sep-tembre ont redistribué les cartes. Mû par un réflexe classique dans son histoire, en période de crise, le peuple américain s’est rassemblé autour d’une figure unificatrice, symbole de la résilience du pays, le président : c’est ce que l’on dénomme le « ralliement autour du drapeau ». La cote de popularité de George W. Bush est alors passée d’un maigre 51 % à la veille des événements à près de 90 % dix jours plus tard.

C’est ainsi qu’Abraham Lincoln, président durant la guerre de Sécession entre 1861 et 1865, est devenu une icône emblématique de l’histoire américaine. Il a également profité pleinement de ce ralliement en accroissant de manière

1. Maureen Dowd, « Liberties ; Big Picture, Little Picture », The New York Times, 10 mai 2000.

2. Ainsi qu’il le mentionnait au cours du débat présidentiel du 12 octobre 2000, voir https://www.youtube.com/watch?v=jsvf1HU0KHM, juin 2008.

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substantielle les pouvoirs de l’institution, en s’érigeant en véritable commandant en chef. De la même manière durant la grande dépression des années 1930, les Américains ont vu en Franklin Delano Roosevelt l’homme providentiel qui les sortirait de la crise. Le rôle du président s’est accentué avec l’attaque japonaise sur Pearl Harbor : la nation américaine était attaquée et seul le président présentait une figure de ralliement crédible. C’est ce réflexe qui explique encore, avec la crise des missiles en 1961, l’aura qui a entouré John F. Kennedy ou, durant la première guerre du Golfe, la popu-larité dont a bénéficié George H. Bush au moment où le pays s’engageait dans l’opération « Tempête du désert ». C’est ainsi qu’un seul homme peut incarner, au cours d’une campagne présidentielle, « l’homme providentiel » et, à l’instar de Barack Obama en 2008, le « changement » à lui seul (« Change

Source : Presidential Job Approval Center, Gallup, http://www.gallup.com/poll/124922/Presidential-Job-Approval-Center.aspx, consulté le 29 décembre 2015.

Cote de popularité des présidents, 1945-2015

100 %

90 %

80 %

70 %

60 %

50 %

40 %

30 %

20 %

10 %

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we believe in3 ») – même si, huit ans plus tard, la rupture est loin d’être marquante4.

Pourtant, à l’origine, le président ne devait pas être la clé de voûte du système politique américain. En réalité, les pères fondateurs de la nation américaine ne s’entendaient pas sur le rôle à donner au président et au Congrès : certains vou-laient assurer la prédominance du premier, capable de mener le navire et de garder le cap. D’autres craignaient le despo-tisme d’un président seul maître à bord et lui préféraient un congrès, représentatif du peuple et des États fédérés, plus conforme en ce sens aux origines de la Confédération américaine. La constitution est donc le fruit de ce com-promis, et l’institution présidentielle en témoigne5.

Moyennant quoi ce sont plutôt les événements et la pra-tique qui ont mené le président où il est aujourd’hui : un des symboles les plus puissants des relations internationales. Depuis la Seconde Guerre mondiale, et surtout depuis qu’il a les moyens de recourir à l’arme atomique6, le président est devenu l’acteur central du système politique américain. Aucun scandale, aussi important soit-il (du Watergate sous Nixon, à l’Irangate sous Reagan, au Monicagate sous Clinton, au Plamegate sous W. Bush ou au Benghazi Gate sous Barack Obama), n’a permis de revenir sur cet état de fait.

3. Michael Grunwald (2009), « How Obama Is Using the Science of Change », Time, 2 avril 2009, en ligne, http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,1889153,00.html.

4. Conor Friedersdorf (2014), « President Obama Has Earned Our Disapproval », The Atlantic, 3 novembre.

5. Elisabeth Vallet (2015) « Le cadre constitutionnel », dans Charles-Philippe David (dir.), La politique étrangère des États-Unis. Fondements, acteurs, formulation, Paris, Presses de sciences po, p. 57-69.

6. Certains y voient une consécration quasi monarchique. Sur ce débat, voir Élisabeth Vallet (2012), « Les débats constitutionnels et la sépa-ration des pouvoirs », dans Charles-Philippe David (dir.), Théories de la politique étrangère américaine. Auteurs, concepts et approches, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, p. 258-264.

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Les codes nucléaires

Le président a toujours à ses côtés un aide de camp qui porte une mallette contenant les codes d’autorisation de lancement de missiles nucléaires. Dès la présidence Eisenhower, et plus encore à la suite de la crise des missiles de Cuba, parce que le monde avait alors frôlé la Troisième Guerre mondiale, il était apparu indispensable de doter le président américain d’un ins­trument qui lui permettrait de déclencher en tout temps et en tout lieu une attaque nucléaire. Désormais, dans cette mallette figurent donc, en dehors des codes nucléaires, la liste des endroits où le président peut se réfugier, les procédures d’urgence et les options militaires en cas d’attaque nucléaire. Il ne peut toutefois déclencher de missiles nucléaires qu’au terme d’une procédure impliquant la confirmation de son identité et la confirmation de l’ordre par un autre décideur (règle des deux personnes). Le président porte sur lui une carte comportant le code requis pour s’identifier et ouvrir la mallette – la petite histoire veut que le président Clinton l’ait égarée plusieurs mois durant…

Voir : Michael Dobbs, « The Real Story of the “Football” That Follows the President Everywhere », The Smithonian Magazine, octobre 2014, http://www.smithsonianmag.com/history/real-story-football-follows-president- everywhere-180952779.

Le président domine l’échiquier politique parce qu’il a en sa possession des moyens qui sont autant de symboles de sa puissance. À commencer par son lieu de résidence, au cœur de Washington, au numéro 1600 de l’avenue Pennsylvania. George Washington, premier président des États-Unis, mais aussi grand penseur (aux côtés de l’architecte Pierre L’Enfant) de ce que devait être la ville de Washington – conçue en grande partie sur le modèle parisien –, a défini l’emplacement de la résidence privée du chef de l’exécutif. Dès 1805, la résidence a été ouverte au public et peut désor-mais être visitée (elle a été toutefois fermée à plusieurs

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reprises pour des raisons de sécurité nationale, en temps de guerre ou, par exemple, après le 11 septembre 2001). Blanche seulement depuis sa reconstruction après que les Britanniques l’eurent brûlée en 1814, elle n’a été officiellement désignée « Maison-Blanche » que sous Franklin D. Roosevelt. Petit à petit, sa superficie a augmenté, et avec elle le personnel qui y travaille, symbole de la montée en puissance du pré-sident dans le régime politique américain. Depuis le 1er novembre 1800, la famille présidentielle y réside, et c’est dans l’aile Ouest (la fameuse West Wing ajoutée en 1902 par Theodore Roosevelt) que les conseillers du président tra-vaillent et que se trouve – en son centre – le bureau ovale7.

L’aigle impérial

Dans le bureau (ovale) du pré­sident, le dessin qui figure sur le tapis reproduit le sceau présiden­tiel apposé au bas des documents officiels. En son centre, un aigle est le symbole de la fédération des États américains. Le rapace tient dans sa serre gauche treize flèches blanches qui représen­tent les treize colonies fondatrices et dans sa serre droite un rameau d’olivier représentant la paix.

À l’origine, la tête de l’aigle était tournée vers les flèches. Le président Truman, estimant que le symbole était trop belli­queux, avait imposé que la tête de l’aigle soit désormais tournée vers l’olivier, symbole de paix. Les 50 étoiles qui entourent ce dessin représentent les 50 États fédérés et sont surmontées de la devise de la République américaine : E Pluribus Unum (de plusieurs, un).

7. http://www.whitehousemuseum.org/west-wing.htm.

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Le bureau ovale ou la salle de gestion de crise

Le bureau ovale matérialise les arcanes du pouvoir présidentiel, c’est le lieu central de la Maison­Blanche dans l’imagerie popu­laire, le lieu de signature des actes importants, de rencontres des leaders de ce monde, le symbole du pouvoir.

Barack Obama dans le bureau ovale en septembre 2010, Wikimedia Commons.

Pourtant cela ne reflète pas totalement la réalité. Si le bureau ovale est le bureau de travail du président au premier étage de l’aile Ouest de la Maison­Blanche, le cœur décisionnel se situe un peu plus loin, à l’étage du dessous : c’est dans la salle de gestion de crise (Situation Room), complètement restaurée et modernisée après 2001, que se prennent les grandes décisions stratégiques, à l’abri de toute forme d’espion nage électronique, et en liaison directe si besoin est avec l’Air Force One.

Il a même été construit une salle de vidéoconférence de haute technologie à côté, et où se sont réunis les décideurs lors de l’opération menée contre la résidence fortifiée de Ben Laden.

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Situation Room, 1er mai 2011, Wikimedia Commons, Domaine public.

Cela étant dit, une partie des conseillers est rassemblée dans l’aile Ouest, dans des bureaux autour du bureau ovale, formant un ensemble politiquement compact, parfois même hermé­tique (le reste de l’administration de la Maison­Blanche étant dans l’Executive Building adjacent), y compris aux premières dames8.

Plusieurs bibliothèques présidentielles, dont celles de G. H. Bush (à College Station, Texas) et de G. W. Bush (à Dallas), ont des répliques du bureau ovale et de la salle de gestion de crise, dans lesquels il est possible d’entrer et de s’asseoir.

Les résidences du président

La résidence principale à WashingtonLe président et sa famille résident sur l’avenue Pennsylvania à Washington. La Maison­Blanche est scindée en trois parties : la résidence au centre, l’aile Est et l’aile Ouest. Elle comporte quatre étages et deux sous­sols et représente plus de 5 100 mètres

8. Jodi Kantor, The Obamas, Londres, Little Brown, 2012.

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carrés habitables. Avec 132 pièces, huit escaliers et trois ascen­seurs, elle comporte plusieurs jardins, un court de tennis, un salon de quilles, un cinéma, une piste de jogging, un terrain de basketball, une piscine et un vert de golf.

Plan du domaine de la Maison-Blanche, Wikicommons.

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Camp DavidLe lieu de retraite le plus connu est toutefois Camp David, parce qu’il a été le théâtre de rencontres historiques (comme les fameux accords de Camp David entre Menahem Begin et Anouar El­Sadate ou la rencontre entre Ehud Barak et Yasser Arafat) ou de séminaires fermés du président avec ses conseillers (par exemple sur la guerre du Vietnam). Au départ une base militaire des Catoctin dans le Maryland, Camp David a été converti en résidence présidentielle par Franklin D. Roosevelt.

Les résidences personnellesIl est de tradition que, de temps à autre, le chef de l’État s’éloigne de la capitale pour prendre du repos et du recul. Le président et sa famille peuvent alors se rendre dans leur résidence per­sonnelle, comme George W. Bush l’a fait en retournant dans son ranch de Crawford au Texas, ou dans des quartiers aménagés pour eux (par exemple la Little White House aménagée par la Marine pour Truman à Key West). L’arrivée au pouvoir de Barack Obama a présenté des enjeux particuliers : la famille Obama étant la première dans l’histoire récente à ne pas résider, avant son accession au pouvoir, dans un immense domaine, mais bel et bien dans un quartier résidentiel de Chicago, son retour ponctuel dans sa résidence personnelle a pu poser des pro­blèmes de sécurité et de confort puisqu’il fallait composer avec une maison de ville qui n’était pas prévue pour du personnel de sécurité et d’entretien, et des voisins très proches9.

Le président mis en scène

Tandis que certains documentaires rendent compte de la com­plexité du processus décisionnel (Fog of War d’Errol Morris, 2003 ; The Path to 9/11 de David Cunningham, 2006), d’autres adoptent un angle résolument critique (Fahrenheit 9/11 de Michael Moore,

9. Jodi Kantor, The Obamas, op. cit.

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LA CHAIRE RAOUL-DANDURAND EN ÉTUDES STRATÉGIQUES ET DIPLOMATIQUES

Créée à l’Université du Québec à Montréal en janvier 1996, la Chaire Raoul-Dandurand en études

stratégiques et diplomatiques est dirigée par Charles-Philippe David, professeur au département de science politique. Elle a pour mission de répondre aux besoins d’information, de formation, de recherche et de consultation des universités, des organismes d’État, des organisations internationales et des entreprises, dans le domaine des relations internationales.

Le nom de la Chaire évoque le souvenir de Raoul Dandurand, qui fut sénateur de 1898 à 1942. Il exerça égale-ment les fonctions de président du Sénat de 1905 à 1909 et de président de l’Assemblée de la Société des Nations en 1925. Le sénateur Dandurand fut l’instigateur de l’indépendance de la politique internationale canadienne vis-à-vis de celle de l’Angleterre en 1931.

Le mandat de la Chaire est triple :

MOBILISER les connaissancesLa Chaire Raoul-Dandurand est une structure de dévelop-pement de la recherche. Avec ses six groupes de recherche, la Chaire Raoul-Dandurand développe une expertise pointue dans les domaines de la politique étrangère des États-Unis, de la géopolitique des ressources naturelles, des nouveaux enjeux liés au terrorisme, de l’économie et de la

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sécurité, des missions de paix et des évolutions au Moyen-Orient.

DIFFUSER le savoirLa Chaire Raoul-Dandurand est une structure de diffusion de la recherche. Auprès des universités, des organismes d’États, des organisations internationales et du secteur privé, elle transmet son expertise par des publications, des confé-rences et des colloques. Au travers de ses interventions médiatiques et de ses publications didactiques, elle joue le rôle d’interface entre le monde scientifique et le grand public.

FORMER les étudiants, les chercheurs et les décideursLa Chaire Raoul-Dandurand est une structure de formation. Elle propose des enseignements dans le cadre des pro-grammes d’études du département de science politique de l’UQAM afin d’initier les étudiants aux grands problèmes politiques contemporains. Elle associe également chaque année de jeunes chercheurs à ses programmes de recherche. Elle offre aux décideurs et aux entreprises privées des for-mations sur les enjeux contemporains des relations interna-tionales.

Pour de plus amples renseignements :

CHAIRE RAOUL-DANDURAND EN ÉTUDES STRATÉGIQUES ET DIPLOMATIQUES

UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL455, boul. René-Lévesque Est,

UQAM, Pavillon Hubert-Aquin,4e étage, Bureau A-4410, Montréal (QC), H2L 4Y2

Tél. : (514) 987-6781 • Fax : (514) 987-8502[w w w . d a n d u r a n d . u q a m . c a]

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TABLE DES MATIÈRES

IntroductionHunger Games 9

Première partieAu cœur de la Maison-Blanche 11

1. Pourquoi le président joue-t-il un rôle aussi important ? 12

2. Que représente le président des États-Unis ? 21

3. Quels sont les véritables pouvoirs du président des États-Unis ? 25

4. Le président des États-Unis est-il allé trop loin ? 29

Deuxième partieAu cœur de la démocratie américaine 35

1. Le traumatisme de 2000 36

2. Une personne, un vote 40

3. Le taux de participation en question 47

4. Une union d’États désunis 51

5. Des problèmes persistants 59

6. Une société fracturée ? 69

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Troisième partieLa conquête de la Maison-Blanche 72

1. Qui peut aspirer à la présidence des États-Unis ? 74

2. La désignation des candidats à la présidence 82Un procédé plus ancien et moins coûteux : les caucus 86Un procédé plus récent et onéreux : les primaires 89

3. La désignation des candidats aux conventions nationales 93En cas de décès… 103

4. En automne : la véritable campagne électorale 104

5. L’argent fait-il le vote ? 105

7. Une grande entreprise de relations publiques et de communication 124Le rôle de la télévision 125La production d’une image 130Le rôle central d’Internet et des médias sociaux 136

8. L’élection du président 141Le vote populaire et l’élection des grands électeurs 141En décembre : l’élection (effective) du président 147

9. La passation des pouvoirs 149La transition 150La cérémonie de passation de pouvoirs 152

En conclusionUn monde en mouvement – l’élection de 2016 156

« It’s the economy stupid »… 157

L’enjeu migratoire 160

L’anxiété sécuritaire 163

Page 27: Comprendre les élections américaines · Les dessous de l’élection présidentielle américaine, Québec, Septentrion, 2008. ... avait recueilli moins de suffrages populaires que

Le vote hispanique 168

Le vote noir 170

Le vote des jeunes 172

La mobilisation des femmes 175

Pour en savoir plus 181

Petit lexique des élections américaines 183

Les bibliothèques présidentielles 197

220 ans d’histoire, 44 présidents 201

Postface 205

À propos de l’auteure 207

La Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques 209

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cet ouvrage est composé en minion pro corps 11selon une maquette réalisée par josée lalancette

et achevé d’imprimer en août 2016sur les presses de l’imprimerie marquis

à montmagnypour le compte de gilles herman

éditeur à l’enseigne du septentrion