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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne MANDAT : DIRECTION DE L’ECONOMIE PUBLIQUE DU CANTON DE BERNE INSPECTION DE LA CHASSE ELABORATION : CHRISTIAN RUHLÉ, DR. SC. TECH., SCHMERIKON PETER JUESY, INSPECTEUR DE LA CHASSE DU CANTON DE BERNE Version finale Mai 2006

Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne · Evolution du cheptel de cerfs nobles et chasse (depuis 1986)..... 16 2.1.4. Structure des forêts selon leurs fonctions..... 19

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne

MANDAT : DIRECTION DE L’ECONOMIE PUBLIQUE DU CANTON DE BERNE INSPECTION DE LA CHASSE ELABORATION : CHRISTIAN RUHLÉ, DR. SC. TECH., SCHMERIKON PETER JUESY, INSPECTEUR DE LA CHASSE DU CANTON DE BERNE Version finale Mai 2006

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 2 Table des matières Résumé ...................................................................................................................... 3 1. Introduction.......................................................................................................... 4 2. Situation .............................................................................................................. 4

2.1. Bases ........................................................................................................... 7 2.1.1. Repeuplement, distribution actuelle et nouvelles voies de migration .... 7 2.1.2. Qualité de l’espace vital ...................................................................... 11

2.1.2.1. Appréciation des effets des perturbations.................................... 12 2.1.2.2. Calcul de la qualité des biotopes ................................................. 13

2.1.3. Evolution du cheptel de cerfs nobles et chasse (depuis 1986) ........... 16 2.1.4. Structure des forêts selon leurs fonctions ........................................... 19

2.2. Synthèse .................................................................................................... 20 3. Réorientation de la gestion................................................................................ 20

3.1. Exigences de la Direction de l’économie publique ..................................... 20 3.2. Faut-il tolérer ou encourager la propagation des cerfs nobles ? ................ 21 3.3. Mesures pour l’amélioration de la colonisation naturelle des zones dont les cerfs sont absents................................................................................................. 21

3.3.1. Mesures en faveur des cerfs dans les ZGG 5 et 10 ............................ 25 3.3.1.1. Empêchement ou réduction des perturbations............................. 25 3.3.1.2. Maintien ou amélioration de l’accessibilité ................................... 26 3.3.1.3. Mesures d’accompagnement dans les ZGG 11 et 17 .................. 26 3.3.1.4. Concertations avec les cantons voisins ....................................... 27

3.3.2. Mesures en faveur des cerfs dans les ZGG 1 et 2 .............................. 27 3.3.3. Mesures en faveur des cerfs dans les ZGG 8 (sud), 12, 13 et 14....... 27 3.3.4. Mesures en faveur des cerfs dans la ZGG 16 (ainsi que 15 et 14) ..... 28 3.3.5. Mesures en faveur des cerfs dans les ZGG 3, 4, 6, 7, 8 (nord) et 9.... 28 3.3.6. Présentation sommaire des mesures.................................................. 28

3.4. Mesures pour éviter des dégâts intolérables aux forêts ............................. 29 3.5. Empêchement de dégâts excessifs causés à l’agriculture ......................... 30 3.6. Evaluation des risques ............................................................................... 31 3.7. Contrôle de gestion .................................................................................... 31 3.8. Gestion, planification de la chasse............................................................. 32 3.9. Remarques finales ..................................................................................... 32 Bibliographie ......................................................................................................... 34

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 3 Résumé Il y a environ deux siècles, le cerf noble était éteint dans le canton de Berne. La si-tuation chaotique de la chasse après la Révolution française, les progrès techniques dans la fabrication des armes et les disettes avaient contribué à sa disparition. Le plus grand ruminant indigène était aussi pourchassé en raison de sa réputation d’animal nuisible à l’agriculture et aux forêts. La situation bernoise n’avait toutefois rien d’exceptionnel : au début du XIXe siècle, le cerf noble avait disparu sur l’ensemble du territoire suisse. Protégé strictement par l’article 25 de la Constitution fédérale de 1874, l’animal a tou-tefois très rapidement retrouvé le chemin de la Suisse. Des cerfs en provenance du Tyrol et du Vorarlberg se sont d’abord installés dans les cantons des Grisons et de Saint-Gall, puis ont migré progressivement vers l’ouest. Au début des années 1960, les premiers cerfs nobles ont passé le col du Brünig pour reprendre alors leur place dans le canton de Berne. La chasse au cerf a commencé quelques années seulement après l’apparition des premières bêtes. Deux modèles de chasse ont été appliqués ; ils visaient tous deux à empêcher la propagation de l’animal au-delà des premières zones de repeuple-ment au sud du canton. La loi et l’ordonnance sur la chasse ont été renouvelées en 2002 et 2003 respectivement. L’ordonnance prévoit que la planification de la chasse concerne aussi le cerf noble qui doit ainsi être chassé dans le cadre des zones ré-gionales de gestion du gibier. Il n’a donc pas été nécessaire d’édicter des disposi-tions particulières pour la chasse au cerf. Dans ce contexte, la Commission de la chasse et de la protection de la faune sau-vage avait – en août 2004 – proposé à la Direction de l’économie publique de veiller à ce que les cerfs nobles puissent se répandre dans l’ensemble du territoire cantonal de manière compatible avec la forêt. Après acceptation de la proposition, plusieurs objectifs avaient été fixés simultanément en ce qui concerne l’attitude à adopter vis-à-vis de cette espèce. L’extension des peuplements de cerfs nobles doit ainsi être encouragée dans les secteurs où ils disposent de biotopes adaptés. Les dommages aux cultures et aux forêts doivent être limités à un niveau tolérable. Il est prévu de réduire les perturbations potentielles dans ces biotopes et de maintenir une chasse durable. L’Inspection de la chasse a mis en œuvre le mandat de la Direction de l’économie publique dans un concept élaboré en étroite collaboration avec les autorités et orga-nisations forestières et agricoles. Le concept indique la situation actuelle et les mesu-res nécessaires à la poursuite de la propagation de l’espèce. Ces dernières com-prennent notamment des mesures cynégétiques dans les territoires déjà occupés par le cerf noble, la limitation des perturbations dans les zones non encore repeuplées et la garantie de corridors adaptés vers les nouveaux biotopes. Des guides à la déci-sion ont été élaborés afin de permettre de limiter les dommages causés aux forêts et aux cultures ; ils favoriseront des interventions ciblées. Ils devraient aussi contribuer à la propagation de l’espèce.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 4 1. Introduction Les derniers cerfs nobles ont été exterminés dans le canton de Berne en 1815. La vague de peuplement venue de Suisse orientale (les cerfs nobles sont réapparus dans les cantons des Grisons et de Saint-Gall à partir de la seconde moitié du XIXe siècle) a atteint le canton de Berne (principalement par le col du Brünig, franchi en 1961) et a continué de progresser en direction de l’ouest. Environ 470 cerfs nobles vivent aujourd’hui à nouveau dans le canton de Berne. Ce n’est pas sans réserves que les milieux agricoles et forestiers ont accueilli le re-tour des cerfs nobles dans le canton de Berne. Les images de cet ennemi hérédi-taire, qui avaient contribué à l’extermination il y a presque 200 ans, n’avaient pas disparu des mémoires : de nombreuses personnes voyaient encore dans les cerfs nobles de grands herbivores capables d’infliger des dommages aux forêts et aux cultures. Les rapports avec les cerfs nobles pendant la période de repeuplement ont été ca-ractérisés par cette attitude. Cela ne fait que peu de temps que les cerfs nobles se sont vu reconnaître l’importance qui leur revient entre autres pour des motifs de pro-tection des espèces et de protection de la nature.

2. Situation En 1961, les premiers cerfs nobles venus de Suisse orientale ont franchi le col du Brünig pour arriver dans le canton de Berne, où ils avaient été exterminés environ 150 ans plus tôt. Le repeuplement du canton de Berne a débuté environ 100 ans après que des cerfs nobles originaires du Tyrol et du Vorarlberg soient revenus en Suisse orientale. L’extermination survenue au début du XIXe siècle s’explique par différentes causes. La situation chaotique de la chasse sous la République helvétique, après la Révolu-tion française, a été déterminante. Le perfectionnement des techniques de fabrica-tion des armes et les disettes ont aussi joué un rôle. Mais la mauvaise réputation des cerfs nobles en tant que grands herbivores, c’est-à-dire en tant que menace pour l’agriculture et la sylviculture, a aussi eu son importance (Fürst 1888, Gasser cité se-lon Haller 2002). Cette réputation a continué de coller au cerf noble lors de sa réintroduction dans le canton de Berne. Mais la chasse n’a malgré tout été réglée que bien après l’arrivée des premiers cervidés sur la base d’un « Concept 1977 ». Selon ce concept, le can-ton de Berne était partagé en trois zones (zone peuplée de cerfs, zone tampon, zone non peuplée de cerfs). Cette répartition était sensée prendre en considération les inquiétudes des propriétaires de forêts et du Service forestier, qui souhaitaient em-pêcher la propagation du cerf noble dans le Mittelland. Les principes du concept sont restés en application jusqu’en 1997. Un groupe de travail dirigé par l’Inspecteur de la chasse a élaboré un nouveau mo-dèle en 1997/1998, suite aux doutes émis quant à l’actualité de la répartition en zo-nes et de diverses prescriptions sur la chasse. Ce modèle devait permettre d’adapter la taille de la population de cerfs nobles aux conditions locales et de limiter les dé-gâts causés par les cerfs nobles à un niveau tolérable. Les quotas de tir fixés annuel-lement étaient sensés stabiliser l’effectif de cerfs, empêcher une propagation dans

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l’ensemble du Mittelland et contribuer à la réalisation des objectifs de la circulaire 21. Il s’agissait d’encourager une densité uniforme des animaux dans les zones d’habitat au moyen d’une répartition équilibrée des sexes dans le tableau de chasse et au moyen de structures d’âge naturelles. La priorité a été donnée à la chasse des jeu-nes animaux. Une réduction maximale des perturbations (causées par la chasse) devait permettre de garantir la conservation des habitudes et traditions propres à l’espèce. Les prescriptions concernant l’exercice de la chasse ont été adaptées à celles des cantons avoisinants. Il a été décidé que la durée de la saison de chasse serait courte (avec en option une chasse de nuit après la période de rut). Les objec-tifs annuels de tir devaient tenir compte des différents objectifs (augmenter, stabiliser ou réduire la taille du cheptel), tandis que la chasse restait possible dans l’ensemble du canton. Des dispositions existaient pour protéger les femelles en lactation et la chasse des cerfs nobles mâles n’était soumise à aucune restriction qualitative. En août 2004, la Commission de la chasse et de la protection de la faune sauvage a soumis à la Direction de l’économie publique une proposition en vue de fixer les fu-turs objectifs relatifs aux cerfs nobles dans le canton de Berne. Cette proposition fait remarquer que la planification de la chasse est prescrite de manière contraignante en vertu des nouvelles prescriptions du droit de la chasse (art. 2 de l’ordonnance du 26 février 20031), et que les anciens objectifs (modèle « Cerf » 1997/1998) sont de ce fait caducs. Contrairement aux anciens objectifs, une propagation du cerf noble qui soit compatible avec la forêt doit toujours être possible dans l’ensemble du can-ton, car il existe des habitats convenables encore inutilisés. Le 2 septembre 2004, la Direction de l’économie publique a pris position sur ladite proposition et a fixé comme suit les objectifs pour la gestion du cheptel de cerfs no-bles à partir de 2005 : Le cerf noble pourra se propager de manière naturelle dans le canton de Berne en considération de l’article 1er de la loi sur la chasse et la protection de la faune sauva-ge2 ; les dégâts causés aux cultures et aux forêts devront cependant être limités à un

1 Article 2 de l’ordonnance sur la chasse du canton de Berne

Espèces animales concernées par la planification de la chasse 1 La planification de la chasse est exécutée pour les chevreuils, les chamois et les cerfs nobles. 2 Une planification de la chasse est exécutée pour d'autres espèces animales lorsqu'elle s'avère né-cessaire pour la conservation des espèces, la limitation des dommages causés par la faune sauvage ou la lutte contre les épizooties. 2 Article 1er de la loi sur la chasse et la protection de la faune sauvage du canton de Berne

But et effets 1 La présente loi exécute et complète la législation fédérale sur la chasse. 2 Elle vise à a garantir l'exploitation durable de la faune sauvage par la chasse et promouvoir les populations

naturellement structurées ;

b conserver la diversité des espèces et les biotopes de la faune sauvage indigène et migratrice, et préserver les espèces menacées ;

c influer sur l'exercice d'activités de loisirs dans la mesure où les besoins de la faune sauvage sont pris en considération ;

d limiter à une proportion supportable les dommages causés par la faune sauvage ;

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 6 niveau tolérable. Les biotopes potentiels des cerfs devront être protégés contre les perturbations et il faudra garantir l’exploitation durable des cerfs par la chasse. Sous le chiffre 4 de la réponse de la Direction de l’économie publique à la Commis-sion de la chasse et de la protection de la faune sauvage, il est dit que l’Inspection de la chasse devra, respectivement devait élaborer d’ici le 30 mars 2006 un nouveau concept de gestion du cerf noble dans le canton de Berne à l’attention de la Direction de l’économie publique. Ce nouveau concept devra reprendre, préciser et expliquer les conditions générales évoquées et tenir compte du modèle des années 1997/1998. Il faudra ce faisant élaborer en particulier les bases suivantes pour les différentes zones de gestion du gibier : - biotopes potentiels et zones réservoirs ; - habitats estivaux et hivernaux ; - traditions migratoires ; - forêts à fonctions protectrices particulières ou à autres fonctions importantes

(récréation, production de bois) ; - corridors à gibier d’importance suprarégionale ; - principes du contrôle de gestion Les connaissances et expériences rassemblées dans le cadre de deux projets inter-cantonaux « Cerf » (Lucerne, Obwald, Nidwald, Uri et Berne d’une part ; Jura d’autre part) seront intégrées au concept. La gestion des cerfs nobles sur l’ensemble du territoire cantonal, ainsi que l’accès sciemment accordé aux habitats leur convenant correspondent à la volonté expri-mée à l’article 1er de la loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages (LChP ; RS 922.0)3, volonté qui exige la conservation de la diver-sité des espèces sans restrictions géographiques.

e promouvoir une chasse à patente attrayante et conforme à l'éthique de la chasse, avec une

forte responsabilisation des chasseurs et des chasseuses ;

f encourager la collaboration d'organisations cynégétiques, forestières et agricoles, des milieux du tourisme et des sports, des organisations de protection ainsi que des autorités.

3 Article 1er But (LChP)

1 La loi vise à : a.

La conservation de la diversité des espèces et celle des biotopes des mammifères et oiseaux indigènes et migrateurs vivant à l’état sauvage ;

b. La préservation des espèces animales menacées ;

c. La réduction à une proportion supportable des dégâts causés par la faune sauvage aux forêts et aux cultures ;

d. L’exploitation équilibrée par la chasse des populations de gibier.

2 Elle fixe les principes selon lesquels les cantons doivent réglementer la chasse.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 7 2.1. Bases

L’Inspection de la chasse a élaboré ou a fait élaborer différentes bases en prévision d’un nouveau concept de gestion des cerfs nobles dans le canton de Berne. En fait partie notamment le constat de la situation actuelle quant au gibier et à la chasse. 2.1.1. Repeuplement, distribution actuelle et nouvelles voies de migration

Il a déjà été brièvement question du repeuplement du canton de Berne par des cer-vidés, décrit de manière détaillée par Righetti et Huber (1983) pour la période allant jusqu’au début des années 1980. L’illustration 1 montre, outre les habitats actuels, les limites des territoires peuplés par 80 à 90 cerfs nobles au début des années 1980. Il est à noter que le cheptel actuel, dont le nombre a depuis quintuplé et est estimé à 470 animaux en 2006, n’occupe qu’un territoire à peine plus grand qu’il y a environ 20 ans, et que les zones initialement peuplées n’ont plus aujourd’hui la même importance qu’autrefois en tant qu’habitats pour les cerfs. C’est en particulier vrai pour les zones de gestion du gibier 8 et 12. Les limites des zones d’habitat se sont toutefois déplacées de 10 km vers le nord pour la zone de gestion du gibier 11, et de 10 km vers le sud pour la zone de gestion du gibier 16 (nous utiliserons ci-après souvent l’abréviation ZGG pour désigner les zones de gestion du gibier).

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Légende : Habitats estivaux Habitats estivaux/hivernaux Habitats hivernaux Limites des zones d’habitat au début des années 1980 Illustr. 1 : Zones d’habitat actuelles et tracé des zones d’habitat au début des an-

nées 1980 (bases cartographiques : PiU, simplifié ; Righetti & Huber [1983]).

Dans les zones de gestion du gibier 11, 16 et 17, les zones d’habitat importantes se trouvent au sud-est du canton. D’importants habitats estivaux se trouvent dans la partie occidentale du canton, à proximité des cantons de Fribourg et de Vaud. Si les zones de gestion 14 et 15 doivent actuellement être considérées comme des zones d’habitat de faible importance, elles n’en jouent pas moins – du point de vue de la protection des espèces – un rôle important en tant que traits d’union entre les habi-tats situés respectivement à l’ouest et à l’est du canton d’une part, et pour la stabili-sation du cheptel d’autre part ; il faut en tenir compte lors de la prise de mesures.

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Légende : Zone de protection de la faune sauvage avec interdiction de chasser partielle Zone de protection de la faune sauvage avec interdiction de chasser totale Illustr. 2 : Répartition géographique des zones de protection de la faune sauvage

dans le canton de Berne (B = Bäder, S = Scheibe, L = Längenberg, J = Justistal, H = Hohgant, A = Augstmatthorn)

L’illustration 2 présente les zones de protection de la faune sauvage caractérisées par une interdiction de chasser partielle ou totale. La comparaison avec la répartition géographique des zones d’habitat (illustr. 1) montre que la présence de zones de protection caractérisées par des perturbations de faible ampleur peut être importante pour la propagation des cerfs nobles. C’est particulièrement manifeste pour les zo-nes de gestion du gibier 11 et 17, qui comprennent les zones de protection de la faune sauvage Bäder, Längenberg et Scheibe, dans lesquelles se sont constituées des zones réservoirs. Diverses autres zones de protection de la faune sauvage sont

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 10 également susceptibles de remplir ce rôle à l’avenir. Le problème du redécoupage est abordé de manière plus approfondie au chapitre 3.3. (ici : concept cohérent de réduction des perturbations, ainsi que question fondamentale relative aux refuges de chasse, c’est-à-dire aux zones de protection de la faune sauvage).

Légende : Voies de propagation Voies de propagation possibles Changements concernant l’utilisation des habitats Illustr. 3 : Principaux changements entre les habitats saisonniers, ainsi que voies

de propagation existantes et attendues (base cartographique : PiU 2005, simplifié ainsi qu’informations récentes des gardes-faune).

L’illustration 3 présente les changements connus concernant l’utilisation des habitats (changements entre les habitats estivaux et hivernaux), ainsi que les voies de propa-gation existantes et possibles (PiU 2005). Cette carte met en évidence qu’il existe

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 11 des interactions intenses avec les cantons voisins orientaux (LU, OW, NW) et occi-dentaux (FR, VD). Elle montre aussi qu’il existe déjà une propagation, depuis les zo-nes de gestion du gibier 12 et 14, vers les régions anciennement habitées dans les zones de gestion du gibier 12 et 8. L’extension attendue en direction du nord depuis les zones d’habitation – dont la taille n’a cessé d’augmenter au cours des 20 derniè-res années – de la zone de gestion du gibier 11 est concevable, en raison de l’augmentation continuelle du cheptel à cet endroit (chap. 2.1.3. ; illustr. 6). 2.1.2. Qualité de l’espace vital

La sensibilité des cerfs nobles aux perturbations d’origine humaine, causées ou non par la chasse, est suffisamment connue. Alors que le cerf noble habitait autrefois les espaces ouverts, ces perturbations ont fait de lui un animal qui vit principalement dans les forêts et est essentiellement actif la nuit, ce qui accentue la problématique forêts/gibier. C’est pourquoi la limitation ou l’empêchement des perturbations est une mesure importante de prévention des dégâts causés par la faune sauvage (SFS 2001). Il est évident qu’il faut aussi prendre dûment en considération les perturba-tions survenant à l’extérieur des forêts. Les nombreuses perturbations d’origine hu-maine (coureurs, cavaliers, cyclistes, chasseurs, etc.) et la fragmentation des bioto-pes constituent la principale menace pour l’espèce (cf. divers textes in Deutsche Wildtier Stiftung 2002, Wotschikowsky et al. 2006). Ces facteurs vont avoir un impact certain sur la propagation ultérieure des cerfs nobles dans le canton de Berne. De leur côté, les chasseurs ne contestent pas que la chasse peut aussi avoir des effets sur la propagation des cerfs nobles.

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2.1.2.1. Appréciation des effets des perturbations

L’intensité des perturbations a été évaluée par les gardes-faune. Les résultats sont représentés dans les illustrations 4a (perturbations non causées par la chasse) et 4b (perturbations causées par la chasse).

Légende : Perturbations (non causées par la chasse) : majoritairement fortes majoritairement moyennes majoritairement faibles

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Légende : Perturbations (causées par la chasse) : fortes moyennes

faibles Illustr. 4 : Evaluation des perturbations dans les zones de gestion du gibier du

canton de Berne (source : PiU sur la base d’informations fournies par les gardes-faune).

2.1.2.2. Calcul de la qualité des biotopes

Deux procédures différentes ont été appliquées pour la détermination de la qualité des biotopes en tant que base pour la saisie des habitats potentiels. R. Eyholzer (Wildark) attribue aux résultats obtenus avec le WWMI (instrument de management forêt-faune ; Eyholzer et al. 2003) une plus grande fiabilité qu’aux résultats livrés par l’ENFA (analyse factorielle de la niche écologique ; Patthey 2003). Les données cal-

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culées au moyen de l’ENFA reposent sur des informations provenant des régions urbanisées des Préalpes et ne peuvent donc pas être reprises sans réserves dans le Mittelland et le Jura. Deux variantes ont été appliquées pour la détermination des habitats estivaux potentiels au moyen du WWMI ; la pondération accrue des pertur-bations dans le second modèle a provoqué une dévalorisation supplémentaire. Les perturbations causées par la chasse ne sont ici pas prises en compte. Les résultats de l’analyse WWMI sont résumés dans le tableau 1. Les appréciations réalisées au moyen du WWMI sont plus conformes à la réalité que celles selon lesquelles des habitats convenables pour cerfs nobles existent sur l’ensemble du territoire du canton de Berne (PiU 2002). C’est en particulier vrai du fait que le WWMI prend en compte les perturbations (pondérées plus ou moins for-tement). Selon les dernières enquêtes (Patthey 2003), ces perturbations sont surtout importantes lorsqu’elles proviennent de chemins empruntés par des voitures et de routes – dont la densité est élevée dans les zones de gestion du gibier du Mittelland (3,(4),7,6). Il faut tenir compte du fait que le Mittelland est caractérisé par un manque important de continuums4 convenables (OFEFP 2000) pour les cerfs nobles dans les zones de gestion du gibier mentionnées, dont la couverture forestière est fortement fragmentée.

4 Définition (OFEFP 2000): Les continuums écologiques désignent l’intégralité des biotopes utilisés de manière permanente ou transitoire par des espèces appartement à un groupe animal écologique. Chaque continuum correspond à la zone de distribution potentielle du groupe écologique correspon-dant.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 15 Tab. 1 : Caractérisation des zones de gestion du gibier en fonction de leur adé-

quation en tant qu’habitats hivernaux et estivaux (6 : très bien, 5 : bien, 4 : moyen, 3 : mauvais).

Zone de gestion du gibier

Habitats hivernaux (WWMI) Habitats estivaux (WWMI) Habitats estivaux (WWMI) (perturbations fortement pondérées)

1 6 Biotopes de qualité bonne à très bonne dans presque toute la zone

6 Biotopes de qualité bonne à très bonne hors des plaines

6 Biotopes de qualité bonne à très bonne hors des plaines

2 6 Biotopes de qualité bonne à très bonne dans presque toute la zone

6 Biotopes de qualité bonne à très bonne hors des plaines

6 Biotopes de qualité bonne à très bonne hors des plaines

3 5 Biotopes de bonne qualité et très fortement fragmentés sur environ 1/5 de la surface totale

5 Biotopes de bonne qualité et très fortement fragmen-tés sur environ 1/5 de la surface totale

3 Zone sans qualités bioto-piques

4 5 Biotopes de bonne qualité et très fortement fragmentés sur environ 1/4 de la surface totale ; surface de très bonne qualité tout au nord

5 Biotopes de bonne qualité et très fortement fragmen-tés sur environ 1/4 de la surface totale ; surface de très bonne qualité tout au nord

3 Zone sans qualités bioto-piques (à l’exception d’une bande étroite au nord)

5 6 Biotopes de qualité bonne à très bonne dans presque toute la zone

6 Biotopes de qualité bonne (ouest) à très bonne (est) dans presque toute la zone

6 Biotopes de qualité bonne (ouest) à très bonne (est) dans presque toute la zone

6 5 Biotopes de bonne qualité et très fortement fragmentés sur environ 2/5 de la surface totale ; habitats de bonne à très bonne qualité tout à l’est

5 Biotopes de bonne qualité et très fortement fragmen-tés sur environ 2/5 de la surface totale ; habitats de bonne, voire très bonne qualité tout à l’est

3 Zone largement sans qualités biotopiques

7 5 Biotopes de bonne qualité et très fortement fragmentés sur environ 2/5 de la surface totale

5 Biotopes de bonne qualité et très fortement fragmen-tés sur environ 1/5 de la surface totale

3 Zone sans qualités bioto-piques

8 6 Biotopes de qualité moyenne à très bonne dans presque toute la partie sud

5 Biotopes largement ina-daptés dans la partie nord ; habitats de très bonne qualité dans pres-que toute la moitié sud

5 Biotopes largement ina-daptés dans le nord ; habitats de très bonne qualité dans presque toute la moitié sud

9 3 Zone largement sans qualités biotopiques

3 Zone largement sans qualités biotopiques

3 Zone sans qualités biotopiques

10 6 Habitats relativement frag-mentés et de qualité moyenne à très bonne

6 Habitats de qualité moyenne à très bonne hors des secteurs de basse altitude

6 Habitats de qualité moyenne à très bonne hors des secteurs de basse altitude

11 Zone réservoir

6 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans les secteurs non situés à haute altitude

6 Habitats de très bonne qualité, sauf dans le coin occidental

6 Habitats de très bonne qualité, sauf dans le coin occidental

12 6 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans les secteurs non situés à haute altitude (en particulier au pied des parois)

6 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans les secteurs non situés à haute altitude

6 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans les secteurs non situés à haute altitude

13 3 Secteur presque inutilisable en tant qu’habitat hivernal

5 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans les secteurs non situés à haute altitude

5 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans les secteurs non situés à haute altitude

14 4 Habitats de qualité moyenne à très bonne au nord et à l’ouest dans des bandes au pied des parois ; sinon inadaptés

5 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans les secteurs non situés à haute altitude

5 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans les secteurs non situés à haute altitude

15 4 Zones d’habitat de qualité moyenne à très bonne au fond des vallées et au pied des parois ; majoritairement ina-daptées

5 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans les secteurs non situés à haute altitude NO

5 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans les secteurs non situés à haute altitude NO

16 Zone réservoir

5 Zones d’habitat de qualité moyenne à très bonne au fond des vallées et au pied des parois ; majoritairement ina-daptées

6 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans les secteurs non situés à haute altitude, au pied des parois

6 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans les secteurs non situés à haute altitude, au pied des parois

17 6 Très bons habitats hivernaux 6 Très bons habitats esti- 6 Très bons habitats hiver-

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 16 Zone réservoir

sur les pentes exposées au sud

vaux sur les pentes expo-sées au nord et au sud

naux sur les pentes expo-sées au nord

18 Zone réservoir

3 Majoritairement inadaptés 6 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans des bandes étroites au pied des pentes

6 Habitats de qualité moyenne à très bonne dans des bandes étroites au pied des pentes

2.1.3. Evolution du cheptel de cerfs nobles et chasse (depuis 1986)

Au cours des 20 dernières années, la taille du cheptel de cerfs nobles du canton de Berne est passée de 136 individus à 472 (Inspection de la chasse 2006). Au cours de la même période, le nombre d’animaux tirés a varié entre 14 (1986) et 69 (2005) individus (illustr. 5).

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

500

1986 1988 1990 1992 1994 1996 1998 2000 2002 2004 2006Jahr

Bes

tänd

e

0

10

20

30

40

50

60

70

80

Abs

chüs

seBestände Abschüsse

Légende : Cheptel Tirs Illustr 5 : Evolution du cheptel et évolution du nombre de cerfs nobles tirés dans

le canton de Berne (chiffres : Inspection de la chasse). Entre 2002 et 2005, la plupart des cerfs nobles ont été tirés dans les zones de ges-tion du gibier 11, 16, 17 et 18. En 2002, un cerf a été tiré dans la zone de gestion du gibier 5, tandis qu’un autre a été tiré dans la zone de gestion du gibier 12 en 2003. A l’exception des tirs des années 1993 et 1997, les tirs réalisés durant la période 1993 et 2005 ont rempli les objectifs de la circulaire 21 en ce qui concerne le ratio sexuel ; En ce qui concerne les classes d’âge, les objectifs ont été remplis pendant toute la période. La chasse – qui vise la stabilisation du cheptel en vertu du modèle 1998 – n’a rempli les objectifs de tir qu’au cours de deux années (1999 et 2003) entre 1998 et 2005. Les écarts sont particulièrement importants pour les biches et les faons (cf. tableau 2). Si on laissait de côté les « biches soumises à émolument » qu’il n’est pas permis de tirer (45% à 60% au cours des 10 dernières années), il faudrait revoir les chiffres à la hausse.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 17 Tab. 2 : Contingents de tirs et réalisation des objectifs pour les cerfs nobles dans le canton de Berne pour la période de 1998 à 2005. Année Contingent

de tirs : mâles

Tirs : mâles

Diff. nombre

Diff. % Contingent de tirs : biches et faons

Tirs : biches et faons

Diff. nombre

Diff. % Diff. total nombre

Diff. total %

1998 20 19 -1 -5,0 40 25 -15 -60,0 -16 -26,71999 10 14 4 40,0 20 19 -1 -5,3 3 10,02000 15 15 0 0,0 25 19 -6 -31,6 -6 -15,02001 15 14 -1 -6,7 25 26 1 3,8 0 0,02002 15 17 2 13,3 25 22 -3 -13,6 -1 -2,52003 15 15 0 0,0 25 29 4 13,8 4 10,02004 18 20 2 11,1 36 20 -16 -80,0 -14 -25,92005 25 24 -1 -4 49 45 -4 -8,2 -5 -7

Les contingents de tirs (2004 : cheptel 333 animaux, plan 54, tirs 40 ; 2005 : cheptel 378 animaux, plan 74, tirs 69) n’entravent pas l’accroissement numérique du cheptel. L’appréciation de l’Inspection de la chasse sur la réalisation des objectifs peut être considérée comme correcte.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 18

Légende : en augmetation stable en augmentation jusqu’en 2000, puis stable Illustr. 6 : Appréciation de la réalisation des objectifs 2004 (stabilisation du cheptel

de cerfs) par l’Inspection de la chasse.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 19

2.1.4. Structure des forêts selon leurs fonctions

Sur la base de cartes des dangers et de résultats de sondages réalisés auprès des Divisions forestières, l’Office des forêts a compilé des informations sur l’importance des fonctions de protection et de production des forêts dans le sud du canton ainsi que dans le Jura. Ces informations sont présentées sous une forme fortement simpli-fiée dans l’illustration 7.

Légende : forêts protectrices importantes autres forêts protectrices et forêts de production importantes autres forêts protectrices Illustr. 7 : Zonage des forêts selon les fonctions protectrice et économique (simpli-

fié ; base : OFOR).

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 20

2.2. Synthèse

Au cours des quelque 45 années qui se sont écoulées depuis la réapparition du cerf noble dans le canton de Berne au début des années 1960, la taille du cheptel a at-teint environ 470 animaux. Ceux-ci séjournent majoritairement dans les zones de gestion du gibier 11, 16, 17 et 18, caractérisées par de bonnes (zones 16, 17 et 18), voire par de très bonnes (zone 11) conditions d’habitat ainsi que par des surfaces importantes de forêts à fonction protectrice particulière (tableau 1, illustration 7). Les dégâts causés aux forêts et aux cultures par les cerfs sont encore majoritairement considérés comme tolérables5. Le modèle 1998, appliqué pour la chasse et qui vise la stabilisation du cheptel de cerfs, a fait ses preuves dans les zones de gestion du gibier 16, 17 et 18 ; une augmentation de l’importance du cheptel a été constatée dans la zone de gestion du gibier 11. La composition du tableau de chasse corres-pond aux exigences de la circulaire 21 en matière de classes d’âge et de ratio sexuel. Dans l’ensemble, les tirs n’entravent pas l’accroissement numérique du chep-tel. 3. Réorientation de la gestion 3.1. Exigences de la Direction de l’économie publique

En septembre 2004, la Direction de l’économie publique a en principe réagi positi-vement à la requête de la Commission de la chasse et de la protection de la faune sauvage, à savoir : permettre la propagation des cerfs nobles sur l’ensemble du terri-toire cantonal, car il y existe encore des habitats convenables inutilisés. Elle a fixé les conditions cadres essentielles suivantes pour l’abandon du modèle 1998 : - les dégâts causés aux cultures et aux forêts doivent être limitées à un niveau

tolérable ; - les biotopes potentiels des cerfs doivent être protégés contre les perturba-

tions ; - il faut garantir l’exploitation durable des cerfs par la chasse. L’Inspection de la chasse aurait dû élaborer d’ici le 30 mars 2006 un concept pour la gestion du cerf noble dans le canton de Berne. Ce concept devra reprendre, préciser et expliquer les conditions cadres évoquées et tenir compte du modèle « Cerf no-ble » 1998. Les bases nécessaires ont été présentées sommairement au chiffre 2 et concernent : - les espaces vitaux potentiels et zones réservoirs ; - les habitats hivernaux et estivaux ; - les traditions migratoires ; - les forêts à fonctions protectrices particulières ou à autres fonctions importan-

tes (récréation, production de bois) ; - les corridors à gibier d’importance suprarégionale ; - les principes du contrôle de gestion.

5 La notion de dégâts supportables causés par la faune sauvage est tirée du droit fédéral (art. 1, al. 1, lit.c LChP). Ainsi que le montre un sondage réalisé auprès des Inspections de la chasse des cantons, cette notion n’a jusqu’à présent pas été précisée par un tribunal. Un cas est en cours d’instruction dans le canton du Valais. Pour le présent concept, on peut partir du principe que les dégâts devien-nent insupportables lorsque des intérêts publics incontestés (p.ex. la conservation d’une forêt natu-relle à haute valeur de protection) sont menacés par les comportements de la faune sauvage.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 21 Les connaissances et expériences rassemblées dans le cadre de deux projets inter-cantonaux « Cerf » (Lucerne, Obwald, Nidwald, Uri et Berne d’une part ; Jura d’autre part) seront intégrées au concept.

3.2. Faut-il tolérer ou encourager la propagation des cerfs nobles ?

La Direction de l’économie publique ne dit pas clairement si la propagation naturelle des cerfs nobles dans des zones jusque-là inoccupées, mais convenables du canton de Berne, doit être simplement tolérée ou si elle doit au contraire être soutenue par des mesures particulières. La protection des biotopes potentiels contre les perturba-tions permet d’améliorer les possibilités d’une propagation naturelle. On pourrait dans ce sens parler d’un encouragement de la propagation naturelle. 3.3. Mesures pour l’amélioration de la colonisation naturelle des zones dont

les cerfs sont absents

On peut dire de manière générale que la propagation naturelle des cerfs nobles dans des zones encore non colonisées dépend de la croissance du cheptel (populations parents grandissantes) dans les zones déjà colonisées, de bonnes conditions bioto-piques dans les nouvelles zones à coloniser, ainsi que des voies empruntées par les cerfs pour se rendre des habitats existants vers les nouveaux habitats. Pour coloni-ser un nouvel espace, il ne suffit pas que des animaux isolés – généralement de jeu-nes mâles jouant le rôle d’éclaireurs – quittent la population parent. La colonisation nécessite l’arrivée d’un groupe entier composé d‘animaux des deux sexes (Righetti & Huber 1983). L’intervalle de temps entre l’arrivée des éclaireurs et la constitution d’une population peut, selon la situation, varier entre quelques années et 30 ans, voire davantage (Haller 2002). Les migrations issues du parc national ne doivent dé-buter qu’une fois que le cheptel y aura atteint 300 animaux (Schloeth, cité selon Blankenhorn et al. 1979). La grande importance que revêtent les populations parents impose de passer, lorsque ces populations vivent dans des habitats transfrontaliers, des accords avec les cantons voisins pour l’encouragement de la propagation. Et il devient alors essentiel de prévoir la planification d’une chasse ciblée et coordonnée avec les cantons voisins, ainsi qu’une chasse qui accorde une considération suffi-sante aux animaux chargés de la transmission des traditions au sein des hardes. Selon Patthey (2003), les perturbations causées par l’homme sont (outre la qualité des biotopes forestiers [Morellet et al. 1996]) les principaux facteurs d’influence sur l’évolution des populations de cerfs nobles (Petrak 1996). Ce constat est valable aussi bien pour les perturbations liées à la chasse que pour celles qui n’y sont pas liées. Les immissions de bruit sont particulièrement importantes (causées par exem-ple par la circulation de véhicules motorisés) et sont considérées comme des dan-gers potentiels imprévisibles auxquels les cerfs nobles réagissent de manière beau-coup plus sensible que les autres espèces d’ongulés (Wölfel & Meissner 2002). L’attrait pour de nouvelles colonisations peut être augmenté par des mesures de limi-tation ou d’empêchement des perturbations découlant d’un mandat légal (art. 7, al. 4 de la loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauva-ges ; art. 1, al. 2, lit. c de la loi sur la chasse et la protection de la faune sauvage). Mais ces mesures permettent aussi de réduire les dégâts causés par la faune sau-vage lorsque les cerfs doivent habiter durablement dans des fourrés (Wölfel & Meissner 2002) pour cause de perturbations. Il est pour cette raison aussi important de garantir le calme à l’extérieur des forêts. Il faut souligner ici l’importance des dis-

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 22

tricts francs en tant que zones faiblement sujettes à des perturbations. Il faut aussi signaler la possibilité de délimiter des zones de tranquillité, un instrument qui a par exemple apporté de bons résultats dans le canton des Grisons. Ces zones sont en-tretemps devenues un instrument important de la planification de la chasse ; elles garantissent des structures d’âge proches des conditions naturelles ainsi qu’une ré-partition conforme aux besoins de l’espèce dans le biotope (www.wildasyl.gr.ch). La délimitation de telles zones est en particulier importante dans les régions où les concentrations de cerfs sont plus fortes en hiver. Si les espaces ouverts pouvaient, dans de telles zones, aussi être rendus plus accueillants pour les cerfs (par exemple par le renconcement aux engrais et par la réduction des perturbations), alors les conditions essentielles seraient réunies non seulement pour la poursuite de la pro-pagation, mais aussi pour une réduction des dégâts potentiels causés par les cerfs. L’influence de la chasse est ici également prise en considération. Il faut encore men-tionner que la recherche de merrains constitue aussi une perturbation à un moment de l’année auquel les cerfs ont en principe besoin de beaucoup de tranquillité. L’importance des zones de protection de la faune sauvage (ZPFS) en tant que partie intégrante majeure d’un concept de réduction des perturbations sera abordée plus loin. Des voies de passage fonctionnelles entre les habitats des populations parents et les zones non colonisées constituent une condition fondamentale pour la propagation des cerfs ; elles sont d’autre part importantes du point de vue de la protection des espèces, car elles contribuent à la mise en réseau de populations fragmentées ou de parties de populations qui seraient soumises à de plus grands dangers si elles ne disposaient pas de possibilités d’échanges. Il faut donner la priorité à un enchevê-trement naturel de zones colonisées et de zones non colonisées plutôt qu’à la mise en réseau au moyen d’ouvrages artificiels (passerelles vertes, corridors écologi-ques). Un concept cohérent est attendu de la part de l’OFOR à titre de mesure pour la ré-duction des perturbations. Dans le même contexte, il faudra discuter de manière ap-profondie la question des districts francs, c’est-à-dire des zones de protection de la faune sauvage, qui constituent des éléments centraux d’un concept de réduction des perturbations. L’Inspection de la chasse du canton de Berne fixe à cet effet la procé-dure suivante : Principes

Lors de la révision de la nouvelle loi du 25 mars 2002 sur la chasse et la protec-tion de la faune sauvage (LCh), la question des zones de protection existantes a fait l’objet de discussions approfondies. La version de l’article 21 adoptée en se-conde lecture par le Grand Conseil permet de maintenir les districts francs fédé-raux et les zones de protection des oiseaux, et garantit ainsi le maintien de l’actuel degré cantonal de protection au niveau de l’ordonnance. Les zones de protection existantes ont été reprises pratiquement sans modifications dans le nouveau droit et désignées de manière uniforme, sans qu’il en résulte de travail supplémentaire. Il n’y aura pas de révision avant 5 années au plus tôt, soit pas avant 2008 (Rapport OPFS du 25.03.2002 et ODCh 2003).

• Le Grand Conseil a alors reconnu que la révision des zones de protection exis-tantes dans le canton de Berne était un projet complexe qui impliquait beaucoup de travail et des coûts élevés.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 23

Philosophie ZPFS

Les futures zones de protection de la faune sauvage du canton de Berne servi-ront aussi bien au maintien qu’à la revalorisation des biotopes existants. Il faudra ce faisant toujours délimiter les zones mise en place localement, et cela en fonc-tion des espèces animales cibles, des structures de l’habitat, des perturbations d’origine humaine, de l’altitude, des besoins en matière d’exploitation, des rap-ports de propriété. Il n’y aura pas de normes types pour les zones de protection de la faune sauvage. En ce qui concerne l’expansion, les structures de mise en réseau potentielles et existantes doivent satisfaire au principe : « aussi importan-tes que nécessaire et aussi reliées qu’indiqué ». Il est en tout cas déterminant que la qualité prime sur la seule quantité, car une telle zone doit d’une part cor-respondre aux besoins de la faune, et doit d’autre part être acceptée et respectée par la population concernée.

Procédure ZPFS

Il faut d’abord définir ce qu’est une perturbation et déterminer la manière dont les différentes espèces animales y réagissent. Nous avons conscience qu’il s’agit d’une tâche complexe et difficile. Nous voulons toutefois essayer de définir une limite, établie sur mesure pour chaque espèce concernée (protégée ou non), afin de décider sous quelles conditions (type, intensité et fréquence) une perturbation peut encore être considérée comme tolérable ou non. On tiendra naturellement compte du fait que certains potentiels de perturbation peuvent se recouper, ce qui augmente la complexité de l’analyse.

Zones de protection de la faune sauvage, notion et instauration

Le terme « zones de protection de la faune sauvage » est le terme générique pour les zones consacrées primairement à la protection de la faune sauvage contre les perturbations. Elles se distinguent ainsi des réserves naturelles (d’importance nationale, régionale ou locale), des réserves forestières ou des ré-serves paysagères.

Les différentes zones et réserves susmentionnées peuvent être définies et distin-guées comme suit : Zones de protection de la faune sauvage (ZPFS) : Protection des mammifères et des oiseaux sauvages, auxquels se réfère la législation fédérale sur la chasse6, contre les perturbations causées par les activités humaines. Il s’agit de normes de comportement de portée générale et non de restrictions d’usage contrai-gnantes pour les propriétaires fonciers. D’autres types de zones de protection peuvent se superposer aux ZPFS. Définition : Les zones de protection de la faune sauvage sont de grands biotopes d'importance particulière sur le plan de l'écologie de la faune sauvage dans les-quels l’utilisation par les sportifs, les chasseurs, les promeneurs, les activités de loisirs, le tourisme, l’armée ainsi que l’agriculture et la sylviculture est contrôlée, dirigée ou limitée toute l’année ou de manière saisonnière pour des motifs de pro-tection des espèces et des biotopes. Réserves naturelles : Protection – contraignante pour les propriétaires fonciers (et de portée générale) – des règnes animal et végétal indigènes avec leurs bio-topes naturels (zones alluviales, bas-marais et hauts-marais, terrains secs, haies,

6 Article 2 LChP: les oiseaux, les carnivores, les artiodactyles, les lagomorphes, le castor, la marmotte et l’écureuil.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 24

bosquets champêtres, végétation des berges, objets géologiques et botaniques, protection d’espèces végétales et animales menacées [dans la mesure où elles ne sont pas soumises à la législation sur la chasse], compensation écologique). Réserves forestières : Préservation et encouragement de zones forestières par-ticulièrement précieuses sur le plan écologique, encouragement de leur dévelop-pement et de formes particulières de peuplement résultant de la gestion par l’homme (contraigntantes pour les propriétaires fonciers) moyennant la mise en place de réserves intégrales ou partielles. Pour les différences par rapport aux ré-serves naturelles : voir article 22, alinéa 4 OCFo7. Réserves paysagères : Préservation de l’apparence de paysages ou de localités (sites IFP, sites marécageux, protection des sites). Contraignantes pour les pro-priétaires fonciers.

Etapes concrètes (projets pilotes ZPFS)

Afin de permettre l’élaboration de directives pratiques pour la création des zones de protection de la faune sauvage (ZPFS), les expériences nécessaires seront collectées dans deux communes au moyen de deux projets pilotes. Le groupe de travail et d’accompagnement sera mis sur pied au cours d’une première étape. Ce groupe devra, dans la mesure du possible, comprendre des représentants et représentantes de tous les acteurs intéressés (propriétaires fonciers, tourisme, associations sportives, agriculture, sylviculture, armée, protection de la nature, chasseurs, autorités communales et cantonales, etc.). Il devra être dirigé par une personne issue de la région, qui exerce une fonction de coordinateur et est re-connue par tous (par exemple un agent de planification régionale).

Un état de lieux sera ensuite réalisé, qui permettra par exemple de subdiviser la région test en quatre catégories de biotopes (pas de perturbations = très bien ; des perturbations existent, mais le biotope reste dans une certaine mesure utili-sable par les animaux sauvages = moyen ; des perturbations trop fortes et trop fréquentes rendent le biotope quasiment inutilisable pour les animaux sauvages = mauvais ; biotope inutilisable pour les animaux sauvage = perdu). La protection des biotopes mis en réseau, mais aussi la protection des espèces doivent ici tou-jours servir de « fils rouges » aux travaux. Sur la base de cette analyse, des me-sures seront ensuite proposées pour déterminer la forme, le champ d’application et le type des interventions nécessaires pour améliorer la situation de la faune. Il faut par exemple essayer de désenchevêtrer les utilisations touristiques et les be-soins des animaux sauvages, de canaliser le tourisme et de réduire ainsi la pres-sion exercée sur la faune.

La pression qui s’exerce sur la nature ne pourra être diminuée qu’au moyen d’une différenciation spatiale et de la prise en compte simultanée des interconnexions. Chaque périmètre global doit, du point de vue de la biologie de la faune sauvage, être partagé en secteurs pertinents et appropriés ; des objectifs spécifiques doi-vent être fixés pour chacune de ces unités de planification. Il faut ce faisant tenir compte des structures écologiques et utilitaires existantes et déterminer les capa-cités de charge en fonction de chaque situation.

7 Lorsque la protection et la préservation d’espèces animales et végétales, une protection non limitée dans le temps ou la pres-cription de mesures de protection à l’égard de tiers sont prioritaires, il faut considérer la création d’une réserve naturelle dans la forêt au lieu d’une réserve forestière.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 25

Les projets pilotes axés sur les perturbations (terrestres ou d’un autre genre) doivent fournir des bases quant à la manière de modifier le concept – qui nécessite en par-manence d’être adapté et amélioré – de sorte que nous puissions proposer, après la réalisation du projet, des directives exhaustives qui aideront à classer l’ensemble du territoire du canton de Berne et à le répartir dans les différentes zones de protection de la faune sauvage. Remarques finales

Il faut, au moyen de la stratégie de base « information – convention – loi », es-sayer de désenchevêtrer et simultanément d’harmoniser, au sein de notre envi-ronnement fortement sollicité, les aspirations humaines et les besoins de la faune d’une manière qui permette de garantir une cohabitation durable des hommes et des animaux sauvages.

Ce travail sera mené dès 2008. Ce projet se fixe pour objectif de classer les prin-cipales zones du canton de Berne et de délimiter en conséquence les zones de protection de la faune sauvage d’ici 2015.

3.3.1. Mesures en faveur des cerfs dans les ZGG 5 et 10

3.3.1.1. Empêchement ou réduction des perturbations

Exceptées les régions déjà bien colonisées jusqu’à présent dans les zones de ges-tion du gibier 11, 16, 17 et 18 (zones réservoirs), ce sont surtout les zones de gestion du gibier 5 et 10 qui sont, dans la partie orientale du canton, considérées comme des zones de colonisation précieuses parce que caractérisées par une grande qualité biotopique (tableau 1). Les perturbations non causées par la chasse y sont faibles (illustr. 4). Il faut donc veiller ici à maintenir au moins le statu quo, c’est-à-dire à ap-pliquer l’article 1, alinéa 2, lettre c de la loi sur la chasse et la protection de la faune sauvage du canton de Berne. Les moyens mis à dispostion de l’Inspection de la chasse pour le pilotage des facteurs ayant une incidence sur l’organisation du terri-toire doivent être pleinement exploités sur la base de cette disposition légale ; en fait notamment partie l’examen critique d’éventuelles nouvelles dessertes. L’application conséquente de l’article 138 de l’ordonnance sur les forêts (RS 921.01) représente un outil supplémentaire pour la préservation ou l’amélioration des conditions données – un outil qui perd toutefois son efficacité pour les dessertes multifonctionnelles. Aucune présence de gibier sédentaire n’a été constatée dans les zones de gestion du gibier 5 et 10 jusqu’au printemps 2005. Mais plusieurs bêtes ont été comptabili-sées dans les deux zones lors des recensements du printemps 2006 (ZGG 5 : 8 ;

8 Article 13 Ordonnance sur les forêts (RS 921.01) 1Les véhicules à moteur peuvent utiliser les routes forestières dans les buts suivants :

a. sauvetage ; b. contrôle policier ; c. exercices militaires ; d. mesures de protection contre les catastrophes naturelles ; e. entretien du réseau de lignes des fournisseurs de services de télécommunications.

2Les véhicules à moteur ne peuvent circuler en forêt hors des routes forestières qui si c’est nécessaire pour remplir un des buts visés à l’alinéa 1. 3Les manifestations organisées avec des véhicules à moteur sont interdites en forêt et sur les routes forestières.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 26 ZGG 10 : 14). Pour que la colonisation se poursuive, il est cependant important de limiter les perturbations, dont l’intensité est encore évaluée comme moyenne (ZGG 10) à forte (ZGG 5) par les gardes-faune (illustr. 4). La diminution du cheptel de che-vreuils, qui s’exprime dans la baisse du nombre d’animaux tirés dans la ZGG 5 (tab. 3), pourrait contribuer à une réduction de la pression de la chasse et ainsi à la tran-quillité souhaitée (la diminution du cheptel de chevreuils peut, ainsi que constaté en d’autres lieux [H. Jenny, mdl.], aussi être la conséquence d’une augmentation du cheptel de cerfs). Il n’y aura provisoirement pas de chasse aux cerfs nobles. Tab. 3 : Tirs de chevreuils de 2002 à 2005 dans les ZGG 5 et 10 ZGG Tirs 2002 Tirs 2003 Tirs 2004 Plan 2005 Tirs 2005 5 738 705 575 500 408 10 474 525 500 400 506

3.3.1.2. Maintien ou amélioration de l’accessibilité

Il existe un continuum quasi parfait de zones f3 entre les zones f1 et f2 (zones réser-voirs et zones de propagation selon REN) dans la ZGG 11, déjà colonisée, et dans les ZGG 5 et 10. Il n’est pas besoin de mesures particulières pour garantir la propa-gation attendue en provenance de la zone de gestion du gibier 11 en direction des zones de gestion du gibier 5 et 10 (PiU ; illustr. 3). Il faut empêcher la dégradation des conditions actuelles, par exemple du fait de la construction de nouvelles grandes routes. 3.3.1.3. Mesures d’accompagnement dans les ZGG 11 et 17

Les ZGG 11 et 17 sont – avec une population totale de 230 cerfs nobles au prin-temps 2005 (2006 : 271) – déterminantes pour la colonisation des ZGG 10 et 5. En raison des dégâts que les cerfs ont causé, un contingent de tirs plus important que celui de 1994 a été prévu pour l’année 2005. Il porte sur 57 animaux, ce qui corres-pond à une augmentation de plus de 100 pour cent par rapport à l’année 2004 (28 cerfs nobles [ZGG 11 : 15 ; ZGG 17 : 13]). 54 cerfs ont été tirés dans les deux ZGG en 2005 (ZGG 11 : 40 animaux = 100 % du plan ; ZGG 17 : 14 animaux = 82 % du plan). Il faut partir du principe que l’augmentation du nombre d’animaux tirés a aussi mené, dans les ZGG 11 et 17, en premier lieu à une augmentation de la pression de la chasse et à un pourcentange important de biches en lactation tirées (près de 50 %). Il ne faut pas espérer d’amélioration des structures sociales nécessaires à la pour-suite de la colonisation avec une telle augmentation du nombre d’animaux tirés. En d’autres lieux (Weisstannental SG), il a été possible de mieux réduire les dégâts aux herbages par des tirs isolés dans les prairies les plus touchées que par une augmen-tation du nombre de tirs. De tels tirs isolés ont provoqué chez les animaux une réac-tion d’évitement et ont disloqué les concentrations de cerfs.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 27

L’augmentation visée du cheptel dans les ZGG 5 et 109 sera plus facile à atteindre avec des populations en augmentation et correctement structurées (sexe et âge) dans les ZGG 11 et 17 qu’avec des populations stagnantes et déstructurées. Il faut pour cette raison accorder une importance plus élevée que jusqu’à présent à la chasse aux cerfs et en particulier à la complication du tir de biches suitées. Pour les ZGG 11 et 17, la chasse ne peut pas être planifiée uniquement en référence aux ZGG et sans prise en compte des objectifs du concept (en particulier pour les ZGG 5 et 10). 3.3.1.4. Concertations avec les cantons voisins

Les interactions entre les ZGG 11 et 17, déjà colonisées, et les cantons d’Obwald et de Lucerne ont été documentées (PiU non daté ; illustr. 3). Il existe aussi des interac-tions entre la ZGG et le canton de Lucerne. La manière dont ces cantons traitent les cerfs influence indirectement ce qui se passe dans le voisinage bernois. Il faut conti-nuer d’entretenir, voire de développer les contacts avec les cantons susmentionnés en vue de l’homologation des objectifs de gestion. Cela s’impose avec le canton de Lucerne parce qu’il faut prendre ici une décision en faveur de biotopes non limités (Ruhlé 2004). De plus, les contacts avec ce canton sont aussi importants car il appli-que le système de l’affermage, en vertu duquel les périodes de chasse sont généra-lement longues. 3.3.2. Mesures en faveur des cerfs dans les ZGG 1 et 2

Malgré des perturbations relativement importantes non liées à la chasse et des par-turbations importantes dues à la chasse (illustr. 4), le WWMI met en évidence des biotopes pour cerfs de bonne, voire de très bonne qualité sur quasiment toute la su-face des ZGG 1 et 2 (tab. 1). Le bureau PiU (non daté) considère aussi ces zones de gestion du gibier comme des zones potentielles de sédentarisation durable. Les me-sures de réduction des perturbations évoquées au point 3.3.1.1. pour les biotopes 5 et 10 doivent aussi être appliquées ici – de manière encore plus appuyée. Il ne faut pas oublier que des cerfs viendront aussi de l’ouest, des cantons de l’Arc jurassien et de France. Il est pour cette raison indispensable de participer activement au projet jurassien et d’agir dans le sens d’un moratoire prolongé sur la chasse au cerf. 3.3.3. Mesures en faveur des cerfs dans les ZGG 8 (sud), 12, 13 et 14

Ces zones de gestion du gibier sont caractérisées par des perturbations d’intensité moyenne non liées à la chasse et par de faibles perturbations causées par la chasse (illust. 4). Le WWMI met en évidence une qualité biotopique moyenne à bonne – sauf pour la ZGG 13, qui se révèle inadaptée en tant qu’habitat hivernal. La zone est déjà utilisée comme habitat printanier/estival (habitat printanier 2005 : ZGG 12 : 20 cerfs ; ZGG 14 : 11 cerfs ; habitat printanier 2006 : ZGG 12 : 27 cerfs ; ZGG 14 : 16 cerfs). Outre les ZGG 5 et 10, ces zones de gestion du gibier pourront être considérées comme les zones « prédestinées » d’habitat durable pour l’avenir proche, s’il s’avère possible d’éviter les conflits potentiels générés par la proportion élevée de forêts pro-tectrices importantes (ZGG 12, 13, et 14). Les perturbations – pour l’instant de faible ampleur – ne doivent pas augmenter. Il faut pour cette raison aussi prévoir ici les mesures évoquées au point 3.3.1.1. Il existe d’étroites interactions avec les cantons

9 D’après des observations récentes des gardes-faune, l’évolution du cheptel dans la ZGG 11 n’aura pas uniquement des effets en direction du nord-est, mais aussi en direction du nord-ouest dans la ZGG 9.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 28 voisins occidentaux. L’objectif consistant à laisser se développer le cheptel de cerfs dans ces zones de gestion du gibier du canton de Berne ne doit pas être remis en cause par des mesures cynégétiques du canton de Fribourg, qui iraient en sens contraire. Il faut par conséquent prévoir des concertations. L’idéal serait d’arrêter la chasse au moment où les cerfs quittent les zones d’habitat estival du canton de Berne pour retourner dans le canton de Fribourg. 3.3.4. Mesures en faveur des cerfs dans la ZGG 16 (ainsi que 15 et 14)

La ZGG 16 se caractérise par une qualité biotopique élevée (tab. 1). Les perturba-tions, dues ou non à la chasse, sont modestes. Les cerfs utilisent aujourd’hui déjà des parties importantes de ces ZGG en tant que zones d’habitat estival (illustr. 1). Dans la mesure où la population de cerfs qui vit dans cette zone joue un rôle impor-tant pour la colonisation des ZGG 15 et 14, et ainsi pour la mise en réseau des grou-pes vivant dans le sud-est avec ceux vivant dans le sud-ouest, il faut qu’elle puisse continuer de croître. Des mesures correspondantes doivent être intégrées à la plani-fication de la chasse. Des zones réservoirs pourraient s’établir dans les zones de protection de la faune sauvage des ZGG 15 et 14 (illustr. 2). Une attention particu-lière et d’éventuelles mesures ciblées sont aussi nécessaires ici du fait de la pré-sence de forêts protectrices importantes. Des dégâts d’écorçage sont déjà survenus à l’entrée du Lauterbrunnental au cours de l’hiver 2005/2006. La question du calen-drier pour la nouvelle délimitation des zones de protection a déjà été abordée. 3.3.5. Mesures en faveur des cerfs dans les ZGG 3, 4, 6, 7, 8 (nord) et 9

Ces zones de gestion du gibier se situent dans le Mittelland bernois, une région for-tement fragmentée. L’intensité des perturbations non causées par la chasse est de moyenne (ZGG 4 et 6) à forte (ZGG 3, 7, 9). Les perturbations causées par la chas-se sont indéniablement fortes. Les zones f3 (continuum) font largement défaut entre les zones f2 (zone de propagation selon REN). Selon toutes les estimations, les ef-forts à fournir en vue de la réduction des perturbations et de la mise en réseau des différentes zones convenables pour les cerfs seront considérables. Il est peu vrai-semblable que ces zones de gestion du gibier deviennent – même dans un avenir lointain – des zones d’habitat durable pour les cerfs nobles. Si les cerfs qui vivent dans la ZGG 11 colonisaient la ZGG 8 en passant par la ZGG 9, cela aurait pour avantage que ce chemin ne passerait pas à proximité de forêts protectrices particu-lièrment importantes. L’existence de voies de migration en provenance de la ZGG 12 (illustr. 3) et la faible qualité biotopique de la ZGG 9 (tab. 1) sont toutefois autant de signes selon lesquels la colonisation de la ZGG 8 se fera par le sud et non par l’est. Des observations récentes des gardes-faune semblent néanmoins contredire cette interprétation. 3.3.6. Présentation sommaire des mesures

Le tableau ci-dessous résume les principales mesures par zone de gestion du gibier. Tab. 4 : Mesures pour encourager la propagation des cerfs nobles dans le can-

ton de Berne :

Zone de gestion du gibier Mesure 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18

Encourager la coopération avec les cantons voisins

X X X X X X X X X

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 29 Laisser croître la pression de la popula-tion

X

Améliorer la protection des biches en lactation

X X X X

Moratoire sur la chasse X X X X X X X X X X X X X X Encourager la mise en réseau avec des ZGG colonisées

X X X X X X X X X X

Réduire/maintenir les perturbations non dues à la chasse à un niveau bas

X X X X X X X X X X X X

Réduire les perturbations dues à la chasse

X X X X X X X X

3.4. Mesures pour éviter des dégâts intolérables aux forêts

Lors des travaux de délimitation des forêts protectrices importantes, des autres forêts protectrices et des forêts de production importantes, ainsi que des autres forêts (il-lustr. 7), l’Office des forêts du canton de Berne (OFOR) a décrit les seuils de tolé-rance admissibles à l’égard des dégâts causés par les cerfs ainsi que les critères nécessaires à l’évaluation de la situation critique (tab. 5). L’OFOR attend que des contre-mesures soient prises automatiquement en cas de dégâts correspondant à la description de la colonne E (tab. 5) et qu’il ne faille pas d’abord se livrer à d’intenses marchandages. L’Inspection de la chasse est pour sa part sceptique quant à la possibilité d’un tel automatisme. Il est important que les mesures soient en rapport avec une cause. Afin de permettre une réaction rapide, mais adaptée à la situation, une aide à la décision a été élaborée en tant qu’élément à intégrer au présent concept. Y sont présentés les problèmes les plus fréquents, les causes les plus vraisemblables et les mesures appropriées à prendre dans un cas déterminé. Il y est aussi convenu quel acteur prend quelles mesures à quel moment. Ces mesures comprennent toute une palette de possibilités efficaces. En cas de dégâts intolérables dans les forêts, il faut prévoir à titre de mesure d’urgence la prolongation de la période de chasse pour les cerfs nobles et/ou d’autres mesures destinées à améliorer les résultats de la chasse. Il s’agit d’atteindre les objectifs en matière de tirs dans le cadre de l’exercice ordinaire de la chasse. Mais il faudra, lors de la prochaine révision de l’ordonnance sur la chasse (d’ici 5 à 10 ans), créer la base qui permettra d’exercer aussi la chasse au cerf noble au cours des mois de novembre et de décembre. La palette des mesures doit comprendre des interventions cynégétiques, des réduc-tions des perturbations à l’intérieur comme à l’extérieur des forêts, ainsi que des améliorations des biotopes (aussi sur des terrains ouverts). Même si l’Inspection de la chasse, c’est-à-dire l’Office de l’agriculture et de la nature, joue un rôle important lors de l’organisation des mesures, il ne faut toutefois pas oublier que celles-ci tou-chent de nombreux acteurs et ne sont pour cette raison pas simples à mettre en œu-vre. Il faut accorder une grande attention à la répartition spatio-temporelle des cerfs. Il faut aussi tenir compte du fait que la formation de hardes typique pour l’espèce et les migrations peuvent aussi, indépendamment des perturbations, mener régulièrement à l’apparition de concentrations de cerfs sur un petit espace. Mais cela ne signifie pas non plus qu’il faille renoncer à des chasses prioritaires selon le modèle roman-che – chasses qui permettent d’influencer la répartition des cerfs, en particulier dans les forêts protectrices importantes.

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 30 Tab. 5 : Seuils de tolérance à l’égard des dégâts causés par les cerfs et critères d’évaluation selon des informations de l’Office des forêts (simplifié). A B C D E Désignation Description Tolérance à l’égard des

dégâts causés par les cerfs

Critères d’évaluation

1 Forêts protectrices principales

Forêts à fonction protec-trice particulière contre les avalanches, les chu-tes de pierres, les laves torrentielles Potentiel de dégâts : - habitations - voies de communication importantes

Très faible tolérance ; les risques de dégâts doivent être supprimés

• La régénération des essences principales est menacée par les dégâts causés par le gibier ; les valeurs di-rectives de régénéra-tion selon le projet « Gestion durable des forêts de protection » servent d’échelle.

• Premiers dégâts d’écorçage aux élé-ments stabilisateurs potentiels

2 Autres forêts protec-trices et forêts de production importan-tes

Autres forêts protectrices importantes (qui ne figu-rent pas déjà dans 1) ; Forêts de production importantes, dans les-quelles suffisamment de bois est exploité

Faible tolérance ; il ne doit pas apparaître de dégâts intolérables.

• Les premiers dégâts aux essences principa-les menacent la réali-sation de la fonction (par rapport au site et à la fonction)

3 Autres forêts Forêts en dehors des zones 1 et 2

Tolérance plus élevée ; tous les dégâts doivent ici aussi – comme dans les zones 1 et 2 – être in-demnisés.

• Les dégâts aux essen-ces principales mena-cent la réalisation de la fonction (par rapport au site et à la fonction)

Il est généralement difficile d’attribuer les dégâts d’abroutissement, qui menacent la régénération des principales essences, à l’une des espèces d’ongulés qui vivent dans les zones ayant subi des dégâts. Si les dégâts d’écorçage peuvent en revanche être clairement attribués aux cerfs, ils sont souvent sans rapport avec la taille de la harde. Ils peuvent se produire spontanément et surviennent souvent aux endroits où des perchis denses offrent de la protection dans un environnement ordinairement soumis à de nombreuses perturbations. Il n’est pas rare d’observer des concentra-tions accrues d’animaux dans de telles forêts « prédestinées » à subir des dégâts d’écorçage. Il faut pour cette raison accorder une grande attention à la répartition spatio-temporelle des cerfs. Ainsi que mentionné plus haut, il faut alors aussi tenir compte du fait que la formation de hardes et les migrations peuvent aussi, indépen-damment des perturbations, mener régulièrement à l’apparition de concentrations de cerfs sur un petit espace. L’aide à la décision s’adresse en premier lieu aux services responsables au sein de l’OFOR et de l’OAN, ainsi qu’à – pour ce qui est de la planification de la chasse – la Direction de l’économie publique. Cette aide à la décision montre, pour chaque cause, l’entière palette des mesures efficaces à prendre en fonction de la situation. Elle signale comment réagir au mieux selon les circonstances. 3.5. Empêchement de dégâts excessifs causés à l’agriculture

Les dégâts causés à l’agriculture doivent être contrés en premier lieu par des mesu-res qui visent à influencer la répartition spatiale des cerfs. Comme indiqué plus haut,

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 31 il est possible d’envisager des tirs isolés destinés à effarcoucher les animaux sur les parcelles les plus fréquentées. Le risque est cependant que le problème soit simple-ment déplacé. Il ne peut pas être question de remplacer des dégâts excessifs causés à l’agriculture par des dégâts intolérables dans les forêts, ou inversément. Mais des concentrations locales de cerfs ne doivent pas non plus servir de justification à une augmentation générale du nombre de tirs. Il va de soi que les dégâts qui surviennent malgré tout seront indemnisés de manière appropriée. C’est l’ordonnance sur les dommages causés par le gibier qui est déterminante en la matière. Des principes (problèmes, objectifs, priorités, mesures, compétences) ont été élaborés pour le do-maine de l’agriculture ; ils font partie intégrante du concept, à l’instar de l’aide à la décision pour la résolution des problèmes dans les forêts. 3.6. Evaluation des risques

Il est difficile de prévoir la propagation des cerfs nobles dans les régions actuelle-ment peu colonisées du canton de Berne. C’est aussi valable en particulier pour l’évolution dans le temps, qui a jusqu’à présent été beaucoup moins dynamique qu’admis initialement. Il existe donc une part d’incertitude quant au succès de la pro-pagation du cerf noble dans l’ensemble des zones susceptibles de lui servir d’habitat. On attend aussi la colonisation de nouvelles zones d’habitat hivernal, dans lesquelles des concentrations peuvent se produire. Si ces nouvelles zones devaient se situer dans des forêts protectrices importantes, il faudrait accorder une attention particu-lière au contrôle des perturbations causées par l’homme. L’application conséquente de l’article 1, alinéa 2, lettre c de la loi sur la chasse et la protection de la faune sau-vage recèle un potentiel de conflits. Le fait que la propagation des cerfs ne peut être planifiée que de manière limitée im-plique un risque d’échec. S’il devait par exemple s’avérer impossible de réduire à un seuil tolérable, pour les cerfs nobles, les perturbations à l’intérieur et à l’extérieur des forêts, il serait quasiment impossible que la propagation des cerfs nobles ne s’accompagne pas de dégâts insupportables. L’objectif d’une propagation dans l’ensemble du canton devrait alors être abandonné. 3.7. Contrôle de gestion

L’encouragement actif de la propagation des cerfs est un projet complexe et de lon-gue haleine, qui ne doit pas seulement être planifié, mais aussi être largement sou-tenu. L’Inspection de la chasse et ses gardes-faune, l’OFOR, l’Office de l’aménagement du territoire, les propriétaires forestiers et la chasseur sont les ac-teurs principaux. Il faut contrôler en permanence les effets des mesures prises. Il faut procéder à un contrôle de gestion qui permette de rassembler les données nécessaires à l’évolution du cheptel. Un rôle important incombe dans ce contexte aux gardes-faune. Il faut saisir de manière systématique et uniforme les données géographiques, temporelles et relatives aux populations ; ces données doivent pouvoir être mises en valeur, en-tre autres sous forme cartographique. Un tel contrôle de gestion comprendrait par exemple la saisie aussi précise que possible (lieu et moment) des points de tir et des zones d’habitat existantes ou nouvellement colonisées, ainsi que l’observation et l’enregistrement informatisé des animaux isolés et du gibier tombé. Cette saisie doit se faire selon des critères uniformes. L’évaluation du tableau de chasse fait aussi

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 32 partie intégrante du contrôle de gestion. Il est évident qu’il faut aussi y inclure les constatations de l’OFOR. 3.8. Gestion, planification de la chasse

La future gestion et la planification de la chasse peuvent en principe s’orienter selon les dispositions et principes existants qui ont fait leurs preuves. C’est en particulier le cas pour l’intention de conserver ou de créer – au sens de la circulaire 21 – des po-pulations structurées de manière naturelle, avec un ratio sexuel équilibré et une structure de classes d’âge conforme à l’espèce (avec une part importante de classes d’âge moyennes). Il faut examiner s’il est nécessaire de ménager les cerfs des clas-ses d’âge moyennes pour atteindre cet objectif. Il est important de conserver les structures sociales typiques de l’espèce (groupes familiaux composés de biches adultes, de faons et d’animaux des deux sexes âgés d’un an). Il est alors important d’épargner autant que possible les biches allaitantes lors de la chasse, en raison du rôle qu’elles jouent dans la transmission des traditions. Cet objectif doit être atteint au moyen d’une augmentation du montant des amendes punissant les tirs par mé-prise. Il faut repenser les objectifs de la chasse axés sur la stabilisation du cheptel dans les zones de protection du gibier où se trouvent les habitats des populations parents dont dépend la propagation. Sont déterminantes pour la propagation non seulement des zones appropriées, c’est-à-dire subissant peu de perturbations, mais aussi des populations parents grandissantes dont l’accroissement n’est pas, comme jusqu’à présent, écumé. Pour ce qui est de l’exercice de la chasse, il faut prévoir des mesures et des métho-des de chasse qui garantissent la réalisation des exigences du concept. Il est renoncé à des affouragements. Les propositions faites plus haut pour la chasse et la planification de la chasse de-vraient suffire pour la phase de développement du cheptel et de propagation des cerfs. Si des changements devaient par la suite s’avérer nécessaires, il faudra en tenir compte lors de la révision de l’ordonnance sur la chasse. Il faudra en outre, lors de cette révision (d’ici 5 à 10 ans), créer la base qui permettra d’exercer aussi la chasse au cerf noble au cours des mois de novembre et de décembre (voir aussi 3.4). La planification de la chasse et la gestion de la faune sauvage sont et doivent rester des instruments de travail flexibles qui permettent de réagir aux différentes situations susceptibles de se présenter. Elles ne doivent pas se limiter à la saisie de la taille des populations et à la fixation du nombre de tirs ; elles doivent aussi inclure les bio-topes. Elles acquièrent de ce fait une dimension pluridisciplinaire. 3.9. Remarques finales

Le présent concept entre en vigueur après approbation par la directrice de l’économie publique, Madame la conseillère d’Etat E. Zölch-Balmer. Les documents « Aide à la décision pour les mesures en cas de conflits forêt-gibier causés par les cerfs » et « Agriculture : principes » (annexes) font partie intégrante du concept. Une

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Concept « Cerf noble » 2006 du canton de Berne 33 fois le concept approuvé, l’Inspection de la chasse élaborera des recommandations nettement plus détaillées pour l’action. Le concept pourra au besoin être revu et adapté au plus tôt après deux ans, sur de-mande des associations impliquées ou de l’administration. Approbation : Berne, le 29 mai 2006

LA DIRECTRICE DE L’ÉCONOMIE PUBLIQUE sig. E. Zölch-Balmer, conseillère d’Etat Elisabeth Zölch-Balmer conseillère d’Etat

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