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CONCEPTION & DESIGN L’ERGONOMIE D’ABORD · chologie du travail et ergonomie cognitive que je dirige, j’ai des étudiants qui travaillent sur des projets conduits en entreprise

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• N°45 • INDUSTRIES - MARS 1999 PAGE 11

Dossier réalisé par Laurence Alary-Grall, Pierre Bourgeois et Laurence Estival.

Priorité est désormais donnée à l’utilisateur dans la mise au point

de nouveaux produits, biens de consommation et outils de travail.

Pour se différencier sur le marché, grands groupes et PME font de plus

en plus souvent appel à des ergonomes pour collaborer avec les designers

et les concepteurs. Pour appuyer leurs démarches, des laboratoires

de recherche peuvent intervenir ponctuellement et le secrétariat d’Etat

à l’Industrie leur apporter des aides financières.

CONCEPTION & DESIGN

L’ERGONOMIED’ABORD

CAHIER INDUSTRIESLes cahiers Industries sont disponibles en téléchargement sur Internet : www.industrie.gouv.fr

EVA

SOLO

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CAHIER INDUSTRIES

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ALY

SE

La dimension ergonomique d’un nou-

veau produit est aujourd’hui prise en

compte dès sa conception. Aussi bien par

les grands groupes que par les PME.

L’homme moyen n’existe pas. Il y a des grands,des petits, des minces et des corpulents. Pour-quoi continuer à proposer un seul modèle dechaise ? », s’interroge Gérard Laizé, directeur

général de l’Association pour la valorisation de l’in-novation dans l’ameublement, qui montre dans uneétude comment la morphologie de l’individu et l’évo-lution des modes de vie sont pris en compte dans lesnouveaux produits. « Il faut mettre l’homme au centrede la réflexion avec le souci permanent d’améliorerson bien-être. Et réfléchir sur l’utilisation du produitavant d’en imaginer les formes. »Cette démarche est nouvelle. Comme le rappelleBenoît Roussel, du laboratoire conception de pro-duits nouveaux de l’École nationale supérieure d’artset métiers (Ensam) : « Quand je suis arrivé au labo-ratoire, en 1991, les entreprises formulaient desdemandes en matière d’ergonomie d’une manièresous-jacente. Pour elles, l’ergonomie n’était pas cen-trale. Depuis quelques années, de plus en plus d’in-dustriels arrivent avec des demandes précises. Ils sou-haitent que leurs produits soient facilement utilisables.L’ergonomie devient une pièce maîtresse dans leprocessus de conception. » Cette préoccupation traverse aujourd’hui toutes lesentreprises, de la multinationale à la PME, quel quesoit le secteur d’activité. Cantonnée à l’origine à l’étudedes conditions de travail dans les entreprises, l’er-gonomie a fait une entrée remarquée dans le mondedes produits de consommation. La prise en comptede l’utilisateur final devient dans bien des cas unepriorité. Et les ergonomes sont consultés chaque foisque la relation homme-objet pose problème.Certains pays com-me le Danemark etl’Italie ont très tôtmontré la voie (lirep. 15), influençant for-tement certains designersfrançais comme Jean-MarieMassaud, qui vient d’exposer sesœuvres au musée des Arts décoratifs àParis. En France, certains secteurs ont lancéle mouvement, aidés par le Laboratoire natio-nal d’essais qui analyse le comportementdes utilisateurs face aux objets de la viecourante (lire p. 16). Dans l’automobilenotamment, le souci d’améliorer le confortdu chauffeur a conduit à revoir la concep-

Nouveaux produits :l’approche ergonomique s’affirme

t ion des s ièges. Lesconstructeurs, soucieuxde diminuer la fatiguedes conducteurs, ont éga-lement cherché par cebiais à renforcer la sécu-rité. Les fabricants dematériel médical ontadopté la même ap-proche. Un travail delongue haleine a étéentrepris sur les instru-ments destinés au corpsmédical, comme lesappareils d’échographiede Kontron Instruments,et dans la relation méde-cin-malade, avec l’ordi-nateur plat d’Absolut

Design (lire p. 20). Le secteur du meuble françaisn’est pas en reste, avec en particulier le créneau dessièges de confort (lire p. 18-19).De même, l’arrivée dans la sphère privée d’outilsinformatiques jusqu’ici destinés au monde du travailet le développement du travail à domicile nécessi-tent de revoir le mobilier conçu pour un univers debureau. Mais les efforts pour prendre en compte l’uti-lisateur ont conduit à la fabrication d’objets dont l’es-thétique n’est pas toujours la qualité première. D’oùl’obligation de mener conjointement des recherchesen matière d’ergonomie et de design comme l’a faitBextra avec son arbre multimedia (lire p. 19)

Collaboration entres designerset ergonomes

Tous les grands groupes ont intégré cette manièrede travailler. Chez Thomson, les ergonomes travaillenten collaboration avec les designers pour la concep-tion de télécommandes de télévision. « Dès le dé-part, nous sommes associés à la réflexion. Nousfaisons des recommandations qui sont prises encompte par les designers. A chaque étape du pro-cessus de conception, nous réalisons des testsauprès des utilisateurs pour valider notre démarche »,

explique Nathalie Gonzales, duservice ergonomiede l ’entreprise.« Notre objectif est

d’arriver à un com-promis avec les designers.

Aujourd’hui, la tendance est à la dimi-nution du nombre de commandes. Nous devons

en tenir en compte », ajoute-t-elle. A la SNCF, la collaboration entre desi-gners et ergonomes est totalement passéedans les mœurs. « Quand un nouveauchef de projet arrive, il vient discuter avec

nous. Nous sommes de plus en plus associés

Ci-dessus,lunettes

Starck Eyes.Ci-dessous,

chaise longueJean-MarieMassaud.

G. DONATI

A. M

IKLI

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avant la réalisation du cahier des charges », noteChristian Blatter de la division ergonomie. Le champd’action de ces spécialistes de l’activité humaine s’estmême étendu dans cette entreprise publique. Dans unpremier temps, les ergonomes n’intervenaient quedans le cadre de missions traditionnelles visant àl’amélioration des conditions de travail. Aujourd’hui,ils sont associés à la conception de produits destinésaux usagers. D’une manière générale, la banalisation des outilsinformatiques a renforcé le poids des ergonomes.L’irruption de l’univers Macintosh et PC a joué unrôle fondamental sur les attentes des consommateursen matière de convivialité. « Le contenu et la forme desprojets sont choisis en fonction des utilisateurs. Eneffet, la présentation et le graphisme ne seront pasles mêmes selon que l’on s’adresse à des spécialistesou à un large public », indique Fabienne Cammas,responsable de Bess’net, une filiale de l’agence dedesign Plan Créatif qui conçoit des outils multimé-dia. Une approche partagée par une entreprise commeJay électronique qui a adopté unmaniement simplifié poursa barrière de sécurité(lire p. 17).Le fait de suivre lesrecommandations desergonomes peut égale-ment permettre à l’en-treprise de réaliserdes économies. Desétudes récentes ontmontré qu’une ré-flexion préalable surces aspects entraînaitune diminution descoûts de maintenance des sys-tèmes informatiques. Plus les problèmes sontréglés en amont, plus on peut limiter les dysfonc-tionnements. Aujourd’hui, l’ingénieur – principalmaître d’œuvre – qui a appris à travailler en tenantcompte des recommandations des servicesmarketing puis des designers, doit s’adap-ter à l’arrivée des ergo-nomes, d’autant plus que laprise en considération desutilisateurs permet auxentreprises de se différen-cier sur des marchés de plusen plus saturés. Dans de nom-breux cas, l’ergonomie peut

aussi être source d’innovation et ouvrir sur de nou-veaux marchés.Si les grands groupes ont pris une longueur d’avanceen ergonomie, les PME ne sont pas pour autant res-tées à l’écart du mouvement. Pour elles, la solutionpasse rarement par le recrutement d’un ergonomecar, dans bien des cas, des interventions ponctuellessuffisent. Des agences spécialisées leur apportent ceservice. Dans le cas de projets innovants, les entre-prises peuvent s’adresser à des laboratoires universi-taires comme celui de l’Ensam qui a mis en placeune politique de collaboration avec les industriels(voir encadré). De son côté, le secrétariat d’État à l’Industrie a lancé,en 1998, un appel à propositions « Ergonomie etdesign » qui permet aux entreprises intéressées debénéficier d’une aide couvrant en partie les fraisde recherche, l’élaboration du cahier des charges etla réalisation de prototypes. Ces aides peuvent pren-dre la forme de subventions pour les phases de vali-dation technico-économique et d’avances rembour-sables pour les phases de développement (lire p. 21).La prise en considération des aspects ergonomi-

ques et du design dans la conception deproduits nouveaux a en effet été

identifiée par le secrétariatd’Etat à l’Industrie commeune des cinquante tech-nologies clés à fort enjeuindustriel.

L. E.

Créé en 1978, le laboratoire conception de produits nouveauxde l’Ensam a pour mission essentielle de promouvoir l’innovationdans les entreprises par des actions de collaboration entrel’Ecole et l’industrie. Outre les projets conduits par lesenseignants-chercheurs, il réalise, chaque année, des étudespour les entreprises dans le cadre d’un DEA « Conceptionsde produits nouveaux » qui accueille des ingénieurs mais aussides designers, des architectes, des ergonomes...Un des axes de recherche concerne la prise en comptede l’ergonomie. A ce titre, grands groupes et PME

innovantes ont recours à ses services. Les coûts peuventvarier de 2 000 francs (304,9 euros) pour une interventionponctuelle à 400 000 francs (6 097,9 euros) dans le cadrede contrats pluriannuels.Le laboratoire a travaillé récemment sur la conception d’unvélo pliant, l’ergonomie des postes de conduite et dessièges automobiles, la production de sièges en mousse pourhandicapés, un terminal interactif personnel pour les usagersde la SNCF et l’amélioration de gants chirurgicaux...Contact : Ensam, tél. 01 44 24 63 80.

ENSAM : UN LABORATOIRE DE RECHERCHE AU SERVICE DES INDUSTRIELS

De haut en bas,ensembletéléviseur

et enceintesBang & Olufsen,

thermosEva Solo et

télécommandeThomson.

D.R

.

D. R.

D.R.

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CAHIER INDUSTRIES

INTE

RVIE

W « Replacer l’homme au cœurde la conception d’un produit »

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Pierre Rabardel, enseignant et chercheur

en psychologie ergonomie à l’université

Paris VIII souligne l’importance du rôle

des ergonomes en amont de la création

d’un produit.

Industries : Pensez-vous que les concepteurs deproduits nouveaux prennent suffisamment encompte les aspects ergonomiques ?Pierre Rabardel : Globalement, l’ergonomie n’estpas suffisamment présente dans le processus deconception mais les choses évoluent. Les grandsgroupes industriels sont de plus en plus attentifs àces aspects. Conscients de la nécessité de replacerl’homme au coeur du processus de conception, ilsse dotent de services ergonomie et étoffent les ser-vices existants. Les PME commencent elles aussi à sesaisir de ces questions. Dans le cadre du DESS psy-chologie du travail et ergonomie cognitive que jedirige, j’ai des étudiants qui travaillent sur des projetsconduits en entreprise. Dans la fabrication des pro-duits grand public (télévision, voitures…) commedans celle des outils de travail (robots, machines-outils), les fabricants s’intéressent à l’ergonomie cardans un univers concurrentiel, la facilité d’utilisationdes objets est devenue le principal élément de diffé-renciation entre les entreprises.

Industries : A quel moment faut-il faire interve-nir les ergonomes ?P. R. : Articuler le processus de conception et ladémarche ergonomique est une affaire un peu com-pliquée. Les ingénieurs sont d’accord pour tenircompte de l’homme mais ils aimeraient bien avoirdes conseils opérationnels. Or, ils sont souvent déçuspar des recommandations ergonomiques qui inter-viennent trop tard, ou quand le projet est trop avancé.Pendant longtemps, l’ergonomie s’est en effet cen-trée sur le diagnostic et l’amélioration des produitsexistants. L’idéal est que les ergonomes interviennent dès lecahier des charges. Dans la pratique, cela se fait pourles grands projets. Les entreprises organisent desgroupes de travail dans lesquels les ergonomes expri-ment le point de vue de l’homme en activité. Dansce cas, les concepteurs apportent des éléments quisont analysés sous un aspect ergonomique. L’ergo-nome identifie alors des actions types et élabore destests avec des utilisateurs.

Industries : Cette collaboration s’effectue-t-ellefacilement ? P. R. : Les ergonomes se heurtent parfois aux concep-

teurs car, eux, sont dans une logique intrinsèque àl’objet. Pour que le dialogue puisse se faire, il estimportant d’avoir affaire à des concepteurs formés àl’ergonomie. C’est de plus en plus le cas. Une grandeentreprise comme Aérospatiale a, par exemple, misen place des formations lourdes destinées à ses chefsde projets. Les résultats sont surprenants. Mais certainsconcepteurs, qui avaient pris en compte les donnéesergonomiques, ont ensuite abandonné car c’était tropcompliqué.

Industries : Pourquoi ?P. R. : Il existe deux grands courants en ergonomie :il y a celui qui s’intéresse aux caractéristiques del’homme comme composant humain d’un système(anthropométrie, capacités d’effort et de percep-

tion…). La prise en comptede ces données, traduitesen normes, constitue alorspour les concepteurs unecontrainte comme une autre.Le dialogue devient plus dif-ficile quand on s’intéresseau deuxième courant de l’er-gonomie qui analyse l’acti-vité et étudie plus précisé-ment la manière dont letravail se réalise. La prise encompte de ces éléments estbeaucoup moins aisée caron ne dispose pas d’outilpermettant d’analyser endétail un objet du point devue ergonomique commel’analyse de la valeur per-met de le faire d’un point de

vue économique. On est face à deux logiques : unelogique technique d’un côté et une logique qui re-pose sur l’homme et son activité de l’autre. Passerde l’une à l’autre suppose un changement radicalde mentalité.

Propos recueillis par L. E.

G. D

ON

ATI

FORMATION À L’ERGONOMIEDeux filières coexistent :• la filière science. Après un Deug scientifique, unemaîtrise des sciences et techniques, ergonomie etphysiologie du travail à Paris XI (Orsay) puis unDEA d’ergonomie au conservatoire national desArts et Métiers (Paris et Toulouse).• la filière psychologie. Après une maîtrise depsychologie, un DESS psychologie du travail etergonomie à Paris V (Jussieu), Paris VIII (Saint-Denis), Bordeaux et Toulouse.Les formations au design sont, elles, recenséesdans un guide exhaustif : Panorama du designen France, édité par l’APCI.

Pierre Rabardel,enseignant

à l’universitéParis VIII.

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CAHIER INDUSTRIES

INTER

NATIO

NAL

Danemark : un pays précurseur

Jens Bernsen, directeur du Dansk Design

Centre, rappelle les grandes étapes de la

recherche ergonomique dans son pays.

Industries : Quand la dimension ergonomiquea-t-elle été prise en compte dans la fabricationdes biens de consommation ?Jens Berson : En 1924 déjà, Poul Henningen créaitdes lampes conçues à partir d’une vraie philosophiede l’éclairage et de la vue. Il avait pensé au bien-êtredes yeux et au repos de l’esprit, travaillant sur lecontraste entre les niveaux d’éclairage, la tempéra-ture de la lumière, la couleur et l’éblouissement.Aujourd’hui, 75 ans après leur apparition, ces lampesse vendent mieux que jamais. L’ameublement a suividès les années 30.Industries : Votre pays a connu un véritablefoisonnement de recherche en la matière...J. B. : Tout à fait. Erik Herlow, premier professeurde design dans l’industrie au Danemark, fut aussil’ambassadeur de l’ergonomie. La première entreprisede design industriel, Bernadotte + Bjorn, a élaboré,en 1950, un produit ergonomique exemplaire : le bolMargrethe, qui a connu depuis un succès incontesté.Dans les années 70, Erik Mangor a lancé les lignesd’ustensiles de cuisine EVA. On retrouve l’ergonomie

Les designers italiens ont su jouer de

l’ergonomie pour créer des sièges de

bureau dynamiques.

A ujourd’hui, tous les designers italiens admet-tent que la principale qualité d’un siège debureau tient à sa capacité à s’adapter aux

besoins et aux préférences de chaque utilisateur.Qu’un bon siège doit assurer une position correcte ducorps sans en entraver le dynamisme. Ce n’est quevingt ans après avoir mené de nombreuses recherchesfonctionnelles et esthétiques qu’ils ont intégré l’er-gonomie dans leurs préoccupations, en se montrantparticulièrement créatifs. Alberto Meda propose un siège de conférence et debureau, le Meda Chair, qui répond aux exigencesergonomiques. Ingénieur en génie mécanique avantd’être designer, il a conçu un mouvement synchronedu dossier et de l’assise. Lorsque le corps bouge, lemouvement est accompagné et maintenu dans uneposition favorable et confortable.

dans les manches des poêles et des casseroles. Ilss’empoignent en toute sécurité et ne chauffent pas,bien qu’ils soient en acier inoxydable. Autres quali-tés de ces produits : ils se nettoyent et s’empilentfacilement.

Industries : Où en est aujourd’huil’ergonomie appliquée au design ?J. B. : Les jouets et les jeux sont lesexemples les plus récents avec, bien sûr,

Lego mais aussi Kompan, le plus grandfabricant mondial d’équipements d’aires de

jeux. Mais de nombreux secteurs ont intégrél’ergonomie, comme le mobilier de bureau avec

des entreprises comme Duba, FritzHansen et Labofa.

L’arrivée de la hi-fi a éga-lement suscité unintérêt grandissantpour l’ergonomie.Sur ce secteur,Bang & Olufsenreste le leadermondial incon-testé.

Une technique complexe que le Meda Chair cachesous des lignes simples et un habillage sobre. Maisl’ergonomie n’a pas bridé la créativité formelle desdesigners italiens. Les créations d’Antonio Citterio en

témoignent. L’ergonomie est présente dans sonmodèle T-Chair, siège adapté pour le travail àl’écran avec un dossier cintré qui assure une posi-tion toujours correcte de la colonne vertébrale,et des accoudoirs réglables en orientation eten profondeur pour un soutien optimal des

avant-bras. Citterio joue aussides formes. Son siège AC1prend l’aspect d’un rectangle,

vu de l’arrière et d’unecourbe, vu de profil.L’Italie se veut tou-

jours un laboratoire très actifoù les designers recherchent de nou-velles formes en empruntant au

minimalisme par exemple,et de nouveaux ma-

tériaux comme lescomposites.

P. B.

Italie : sièges en mouvement

Le Meda chairsynchronise le

mouvement dudossier et de

l’assise.

Evidoir à fruits créépar Erik Mangor.

Propos recueillispar P. B.

EVA

SOLO

PH

OTO

S: V

ITRA

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CAHIER INDUSTRIES

EXPÉR

IMEN

TATI

ON Comment utilise-t-on les objets

de la vie courante ?Le service ergonomie des produits au

Laboratoire national d’essais analyse les

comportements des utilisateurs pour

adapter un objet à son usage réel.

Il y a encore quelques années, la majorité des pos-sesseurs de thermostat d’ambiance programmablepour le chauffage l’utilisaient comme un sim-ple thermostat ou ne l’employaient pas du tout. »

Pour Karine Chailloux, responsable d’études au labo-ratoire d’ergonomie des produits du Laboratoire natio-nal d’essais (LNE), la large diffusion d’objets de lamaison ne signifie pas pour autant qu’ils soient fami-liers à tout un chacun. Un constat corroboré par les sta-tistiques d’accidents lors de l’uti-lisation de certains produits cou-rants. Ainsi, l’ouverture desboîtes de conserve, l’utilisationd’échelles et d’escabeaux, lechangement de piles d’un jouetse révèlent être des activités àrisques. « Les accidents de la viedomestique provoquent 18 000décès par an en France, soit prèsde deux fois plus de morts queles accidents de la route », affirmeKarine Chailloux.Le LNE contribue à établir unlien essentiel entre concepteuret utilisateur, à la fois pour mesu-rer le décalage entre l’usageprévu et l’usage réel des objetsafin de limiter les risques d’ac-cidents, et pour faire évoluer lanormalisation des produits. Pour effectuer ces recherches, leLNE dispose d’un outil original,le premier en Europe, pour voiret comprendre comment les uti-lisateurs se servent des produitsdans des conditions très voisinesd’un usage habituel. Il s’agit d’unappartement qui paraît très ordi-naire. En fait, il est équipé de moyens performantsd’observation et d’enregistrement ainsi que d’unecentrale de mesure des paramètres physiques. Ergonomes, psychologues, ingénieurs et techniciensobservent et analysent les comportements d’un échan-tillon représentatif d’utilisateurs. Manipulations d’ou-tils de communication, de nouveaux téléviseurs numé-riques, de sites Internet, de dispositifs de sécuritéd’un autocuiseur, d’outils de bricolage : le champd’investigations est large.

Les difficultés des utilisateurs sont analysées selonleur nature, physique ou cognitive : difficultés duesà la taille et à la forme des touches, visibilité descaractères sur écran, poids et bruit d’un objet… maisaussi difficultés de compréhension des mots, des pic-togrammes des fonctions du produit. Cette démarches’appuie sur l’observation et l’interview d’utilisateursréalisées selon les techniques des études qualitativesapprofondies en psychosociologie.

Accroître la sécuritédes produits

Par ailleurs, le LNE effectue des études en labora-toire pour évaluer différents paramètres comme lebruit, la sécurité chimique, la sécurité électrique,les caractéristiques mécaniques et physiques, lecomportement au feu ou encore la compatibilité

électromagnétique. Ces travauxcontribuent à l’élaboration ou àl’évolution de normes.L’ensemble des travaux du LNEpermettent aux industriels de cor-riger leurs produits afin d’accroîtrela sécurité de leurs usages etd’améliorer la rédaction et la pré-sentation des notices explicatives.« Certes, le nombre de servicesclientèle ou de services consom-mateurs s’est accru, note KarineChailloux. Mais quand il fautenvoyer quelqu’un pour réparerun produit, c’est plutôt un constatd’échec. L’ergonomie doit interve-nir bien en amont dès le processusde conception. »Les attitudes des consommateursévoluent dans le temps. « Il ya quelques années, la modevoulait qu’une chaîne hi-fi soitéquipée d’un tableau de bord,avec boutons et curseurs dignesd’un avion. Aujourd’hui, moinspatient, l’utilisateur cherche avanttout le service, la rapidité et l’effi-cacité. Le tableau de bord ne doitplus comporter que les commandesessentielles », souligne l’ergonomedu LNE.

Bien souvent ce sont les utilisateurs eux-mêmesqui décident du véritable usage d’un objet. « Ils ontélargi l’usage du Minitel : initialement destiné àl’annuaire électronique, il est devenu un véritableoutil de communication, via les messageries »,remarque Karine Chailloux

P. B.

CONTACT

LNE, tél. 01 40 43 37 00.

L’univers quotidiendu consommateur

est recréé enlaboratoire pour

effectuer des testsde contrôle.

STU

DIO

PO

NS

STU

DIO

PO

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CAHIER INDUSTRIES

REP

ORTA

GE

Peu de boutons, une signalétique simple

le diffuseur TV offre, à ses abonnés, un

accès rapide aux chaînes et services.

V irer de l’argent sur son compte en banque,acheter des jouets pour les enfants, s’informersur les spectacles à l’affiche… les multiples

services offerts par la télévision numérique sont acces-sibles avec une télécommande simplifiée. TPS, l’un desacteurs français majeurs de diffusion par satellite, l’abien compris : pour attirer et fidéliser les abonnés, l’ac-cès aux 5 000 programmes de la semaine doit êtrefacile. Solution : une ergonomie associée à l’habillage deTPS (ailleurs, on dirait le design). Le nombre de bou-tons est réduit. Les pictogrammes de la télécommandese retrouvent sur l’écran. Le pilotage s’effectue avecdeux doigts seulement. La signalétique et le contenuinformatif ont été spécialement étudiés pour que letéléspectateur se repère dans l’instant. « Nous sommes partis des besoins réels et des attitudescomportementales des téléspectateurs, indique Jean-Philippe Bourdarie, responsable du départementconception à TPS. Souvent lovés dans leur canapé,ils n’ont pas la même concentration que l’utilisateurd’un ordinateur. Il faut leur permettre d’aller àl’essentiel. »

Pour éviter tout accident, la barrière

immatérielle a été dotée d’un interface

de programmation.

Nous avons fait appel à un designer pour défi-nir la forme et le positionnement de notre pro-grammateur, et à un ergonome pour amélio-

rer sa lisibilité », explique Jean-Bernard Givet, directeurde la recherche scientifique chez Jay Electronique.Cette PMI d’une centaine de personnes, installée dansl’Isère, a fait intervenir ces deux spécialités pourmettre au point sa nouvelle barrière immatérielle desécurité pour machines industrielles dangereuses.Fonctionnant comme un mur invisible , la barrièrebalaye la zone de danger de ses faisceaux optiqueset commande l’arrêt de la machine dès qu’elle détecteune intrusion. Objectif : éviter tout accident. La prin-

TPS5 000 programmes au bout des doigts

Jean-Philippe Bourdarie et son équipe (unepetite dizaine de personnes dont un ergonomeà temps plein) ont travaillé en étroite relationavec le Laboratoire national d’essais (lire p.16). « Cette démarche nous a permis de mieuxcomprendre les réflexes des abonnés et de défi-nir un cheminement cohérent. Ce laboratoirenous a apporté une véritable expertise par sonregard plus neutre, moins engagé que lenôtre. » Les résultats sont indéniables. Plus de80 % des abonnés estiment que la navigationsur TPS est très aisée. Et plus d’un foyerabonné sur deux utilise tous les jours sesservices interactifs.

P. B.

cipale innovation de cette barrière est de disposerd’un module de visualisation et de dialogue avecafficheur alphanumérique qui en facilite la pro-

grammation. Ce système élaboré permet d’af-ficher et de programmer les différentes

fonctions de la barrière de sécu-rité. « Si notre interface étaitclair pour nos techniciens, ilétait pratiquement incom-préhensible pour des utilisa-teurs non avertis », note Ber-

nard Givet « Nous nous sommesefforcés de rendre plus figuratif

un pictogramme jugé trop abstrait,de simplifier la syntaxe utilisée lorsqu’elle

s’avérait trop complexe pour parvenir à une utili-sation presque instinctive de l’appareil », ajouteDamien Huyghe, l’ergonome qui a travaillé sur leproduit.

L. A.-G.

Jay électroniqueUn mur de sécurité avec afficheur

Les pictogrammes,se retrouvent sur la

télécommandeet l’écran, facilitant

la sélection desprogrammes.

Le modulede visualisationet de dialogue.

D.R

.

D.R

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D. R.

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CAHIER INDUSTRIES

REP

ORTA

GE

Pour plaire et sécuriser la clientèle, le

groupe d’électroménager recourt à l’er-

gonomie depuis les années 60.

A ujourd’hui, pour le groupe Moulinex, classéparmi les leaders mondiaux de l’électromé-nager, l’ergonomie constitue une composante

à part entière, pour ne pas dire essentielle, du design.Le département design du groupe compte quatorzepersonnes dont deux ergonomes. Leur mission :étudier le comportement des utilisateurs face auxappareils. Avant tout lancement d’un produit sur lemarché, Moulinex effectue des études approfondiesafin de cerner la perception des consommateurs.Le groupe Moulinex s’est préccupé d’ergonomiedès les années 60. Premier symbole de cette nou-velle façon de travailler : le fameux robot Marie. « Audémarrage, tout s’est fait de façon empirique. Aujour-d’hui, l’ergonomie fait partie d’une méthodo-logie », note Michel Andrieux, directeur du design dugroupe.Depuis les années 80, l’ergonomie entre dans laconception des produits. « Parmi les appareils Mou-linex emblématiques de cette démarche, la cafetièreSolea qui allie le côté pratique, l’esthétisme et la com-pacité dans une architecture bien structurée. » C’estaussi le cas des appareils destinés à la préparationculinaire comme les mixers où l’ergonomie joue une

Le fauteuil de relaxation se décline en

trois modèles : chaque utilisateur règle

le siège qui lui convient à sa convenance.

Nous proposons à nos clients des 3e et 4e âgesdes fauteuils adaptables à la morphologie dechacun. Un fauteuil de relaxation doit pou-

voir prendre en compte les notions decorpulence, de hauteur et de profon-deur d’assise, de hauteur et de flexibi-lité du dos », explique Roger Prieur,P-DG de l’entreprise Variation, spécia-lisée dans la fabrication de fauteuils derelaxation.Le siège commercialisé par l’entreprisese décline en trois modèles : un fauteuilà structures en bois pour le 4e âge, un

Le fabricant d’articles de plein air a consa-

cré dix-huit mois de recherche à la

conception de l’Avant 55.

I l est bien loin le sac à dos à armature métalliqueinventé, à l’heure des premiers congés payés, parles frères Lafuma. Le dernier-né de la firme d’An-

neyron (Drôme), spécialisée dans les articles de pleinair, concilie fonctionnalité et confort. Deux préoccu-pations essentielles pour cette entreprise d’un millierde personnes qui a fait de l’ergonomie une de sespriorités. Mis au point en collaboration avec des ergo-thérapeutes spécialistes du dos, testés par des alpi-nistes chevronnés, le sac à dos Avant 55 est doté despécificités techniques étonnantes : ouverture rapide,ventilation et réglage instantané des bretelles. Troisinnovations qui font chacune l’objet d’un brevet.« Nous avons travaillé sur le phénomène de la trans-piration. Cela peut paraître très prosaïque mais c’estun élément essentiel pour le confort du portage »,

explique Yann Le Gal, direc-teur recherche et dévelop-

pement chez Lafuma. Lenouveau système d’ou-verture rapide (zippée)en position médianefacilite l’accès au sac

grâce à une ouver-ture aux dimen-sions nettementsupérieures à cellesoffertes habituelle-ment. Le dispositifd e v en t i l a t i o n ,

obtenu par la créa-tion d’une cheminéecentrale et verticaleau niveau de lacolonne vertébrale,

évite la sudation touten maintenant la charge

près du dos, pour unbon portage. De chaquecôté de la cheminée,deux bretelles et deuxparties de ceinture sontfixées à la structure, elle-

même réalisée dans un matériau composite très léger.En réduisant les zones d’appui à quatre points, latranspiration est d’autant limitée. Dix-huit mois detravaux et 90 000 F (13 720,41 €) d’investissementauront été nécessaires au lancement de l’Avant 55.C’est sur lui que Lafuma compte pour faire la diffé-rence sur le marché.

L. A.-G.

PAGE 18 MARS 1999 - INDUSTRIES • N°45 •

LafumaLe sac à dos aéré

Varia tionA chacun son fa

Le dispositif deventilation de l’Avant 55évite la sudation tout enassurant un bon portage.

Mou linex Le bien-être à la cu

D. R

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CAHIER INDUSTRIES

REP

ORTA

GE

Pour gagner de la place, l’entreprise du

Rhône a conçu un support vertical :

l’arbre multimédia.

L ’imprimante em-pêche d’accéderau fax. Le câble

de l’ordinateur s’entor-tille autour du cordondu téléphone… Pourrésoudre les problèmesde place, l’importa-teur de mobilier debureau Bext ra ,installé dans leRhône, a conçuun meuble debureau informa-tique ergono-mique. Son nom :l’arbre multimédia.Constitué d’un mât enmétal, autour duquelgravitent jusqu’à quatretablettes en bois, cemeuble innovant per-met de gagner uneplace considérable.« Nous voulions unsupport universel quis’intègre au bureausans l’encombrer. Unsupport modulable quirespecte les règles ergono-miques de l’utilisation dumatériel informatique,beau et facile à monter »,explique Didier Riou,chez Bextra. C’est bien làl’avantage du produit éla-boré par l’agence de design Corpo 112 sur une idéede Michel Gassemann, le directeur général de Bex-tra. Sur la base d’un cahier des charges qui compre-nait l’obligation de concevoir un produit abordable(de l’ordre de 1 500 à 2 000 F, environ 230 €) l’agencea travaillé sur la verticalité, un concept qui utilise levolume plutôt que la surface et qui ne nécessitequ’une faible emprise au sol. Aujourd’hui, l’arbre mul-timédia possède la certification allemande GS, ce quiaide à sa commercialisation en Europe. « C’est un pro-duit neuf, souligne Didier Riou. Il faut lui laisser letemps de convaincre. Les premiers clients chez quinous l’avons installé étaient sceptiques. A présent, ilsne peuvent plus s’en passer ! »

L. A.-G.

BextraUn arbre au bureau

Varia tionhacun son fauteuil

fonction essentielle. « Elle doit gom-mer l’aspect utilitaire pour donner àson utilisateur une notion de plai-sir. Tout en conservant le côté sécu-risant et maniable, précise MichelAndrieux. L’ergonomie anthropomé-trique et/ou cognitive sont présentesdans le design de nos produits »,ajoute le directeur du design. L’ergonomie comme le designsont largement influencés parl’histoire et la cul-ture propres àchaque pays.« Contrairementau design nor-dique de la mar-que Krups qui joue la rigueur et les lignes tendues, lamarque Moulinex affiche un design latin, dans leregistre des rondeurs et de la chaleur, précise MichelAndrieux. Cela dit, depuis peu, les frontières entre lesdeux ont tendance à s’atténuer. Car ce qui compteavant tout, c’est le consommateur : il est de plus en plusexigeant quant à la facilité d’utilisation d’un pro-duit. » S’il peut difficilement chiffrer la part de l’ergonomiedans le prix de fabrication d’un appareil, le groupeMoulinex sait parfaitement ce qu’il lui en coûteraitde pas la prendre en compte : « Nos produits ne se ven-draient plus. Ou moins bien ».

P. B.

fauteuil avec un dossier plus haut pour les plus jeuneset un produit « contemporain » reprenant l’idée desfauteuils « club ». Son originalité : tous les utilisateurspeuvent commander séparément l’inclinaison du dos-sier et la position des jambes. Variation travaille aujourd’hui sur un produit qui per-mettra de régler la hauteur du dos, la profondeur etla hauteur d’assise, l’angle assise-dos et la courburelombaire. « Il s’agit de fabriquer du sur mesure dansdes conditions industrielles, souligne Roger Prieur.

Grâce à notre nouveau produit, quisera commercialisé début 2000, nousespérons remporter rapidement 8 à10 % de parts de marché en Europe,ce qui correspond à 50 000 pièces paran », ajoute-t-il.

L. E.Originalité du fauteuil :l’inclinaison indépendante dudossier et du repose-jambes.

La cafetièreSolea illustrela préférencede Moulinex pourle design italien.

Modulable,le support Bextras’adapte à tous lestypes de bureau.

Mou linex en-être à la cuisine

D.R

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D. R.

D.R

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CAHIER INDUSTRIES

REP

ORTA

GE

Kontron InstrumentsSuccès pour l’appareil d’échographie

Absolut DesignFavoriser la relation médicale

Réglable en hauteur, un clavier original,

des lignes apaisantes : trois qualités du

système d’échographie Sigma 220.

D e profil, on dirait le dos d’un dauphin, uneforme généralement ressentie comme rassu-rante par les patients. » Héléna Maloumian,

directrice marketing chez Kontron Instruments, spé-cialiste de l’équipement médical, sait vanter les méritesdu Sigma 220. Les formes arrondies et les couleursdouces ne sont pas les seules innovations de cetappareil d’échographie mobile pluridisciplinaire pourexamens de contrôle routiniers.L’agence de design Plan Créatif, partenaire régulier del’entreprise, a travaillé sur la convivialité, le confortet la facilité d’utilisation de ce nouveau produit. Lesobservations effectuées en milieu hospitalier et encabinet privé auprès des médecins et de leurs patientslui ont permis de revoir la conception du produit.L’agence a ainsi constaté que les praticiens, qui uti-lisent un gel pour effectuer leurs examens, salissent

L’écran plat de l’ordinateur facilite

l’échange entre le médecin et le patient

dans le cabinet de consultation.

S i la composante électronique reste impor-tante, elle ne détermine plus aujourd’hui lataille et la forme des produits. De plus en

plus, la dimension humaine intervient dans la concep-tion des objets », souligne Clément Bataille, respon-sable de la maîtrise technologique chez AbsolutDesign.L’ordinateur plat créé par l’entreprise entre dans cettelogique. Conçu dans le contexte de l’informatisationdes médecins, il répond au besoin de ne pas briser,par un appareillage volumineux et peu convivial,la relation entre praticien et malade lors des consul-tations. Ecran plat et clavier sont intégrés dansune sorte de galette posée sur le bureau comme unsous-main. Le produit a ensuite évolué vers un écranplat, discret et consultable de part et d’autre dubureau.

régulièrement le clavier de leur appareil. D’où l’idéed’un clavier facilement extractible et lavable à l’eau,sans préjudice pour l’électronique. Autre innovation :le Sigma 220 peut se régler en hauteur, ce qui per-

met aux médecins de tra-vailler aussi bien assis quedebout. « A niveau de qualitésensiblement équivalent parrapport à nos concurrents,nul doute que c’est l’ergono-mie de l’appareil, alliée àsa qualité diagnostique, quia fait la différence », affir-me Héléna Maloumian. Unedifférence de taille : KontronInstruments a remporté, en1997, un appel d’offres russede plus de six cents ma-chines !

L. A.-G.

Pour ses créations, Absolut Design, spécialiste fran-çais du design industriel de produits interactifs, réunittrois disciplines : l’ergonomie, la maîtrise technolo-gique et l’image/marketing. Outre son ordinateur plat,l’entreprise réalise de nouveaux modèles d’objetsinteractifs : téléphones mobiles, répondeurs télé-phoniques et outils de domotique.

« Notre approche s’apparente auxdémarches qualité et à celles

du marketing , expliqueGilles Babinet, le P-DG

d’Absolut Design.Chaque objet est

l ’aboutisse-ment d’unevision à la fois

pragmatique, esthétique,économique et industrielle. Il s’agit pour

nous d’apporter des solutions viables par unecompréhension globale de l’objet. »

Absolut Design, qui emploie aujourd’hui unequinzaine de personnes, va prochainement doublerses effectifs. Une réussite sur un marché pourtant fragile.

P. B.

L’écran et leclavier se posent

sur le bureaucomme unsous-main.

L’appareil d’échographieSigma 220, pratique pourles médecins, agréablepour les patients.

D.R

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D. R.

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CAHIER INDUSTRIES

PRATIQ

UE

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Aides• Le Fonds régional d’aide au conseil (Frac)Son objectif : inciter les PMI à recourir à desconsultants extérieurs, et donc à des designers,lors d’une phase importante de leurdéveloppement. L’aide versée peut représenterjusqu’à 50 % du coût de l’intervention, dans lalimite des 200 000 F (30 489,8 €). Elle peut aussicouvrir jusqu’à 80 % de la facture, maisuniquement pour un diagnostic de moinsde cinq jours (Frac court), avec un plafondde 25 000 F (3 811,23 €).Contact : Drire

• La procédure de diffusion des techniques(Atout)Son objectif : favoriser l’intégration de certainestechnologies dans les PMI pour leur permettrede réaliser un saut technologique. Pour la phasede faisabilité, une subvention couvrant 50 %des frais engagés, dans la limite des 300 000 F(45 734,71 €), peut être versée. Pour les étudesde réalisation, une avance remboursable couvrant50 % des coûts peut être versée, avec un plafondde 1 MF (152 449 €).Contact : Drire

• L’aide aux services de l’innovation (Asi)Son objectif : préparer les entreprises et leslaboratoires à entreprendre des projets d’innovationet de développement technologique, en les incitantà recourir à des conseils extérieurs, et notamment àdes designers. Comme le Frac, l’Asi permetd’obtenir un financement à hauteur de 50 % desdépenses engagées dans la limite des 200 000 F(30 489,8 €). Contact : Anvar

• L’appel à propositions « Ergonomie et designdes produits de grande consommation »Dans le cadre de l’appel à propositions« Technologies clés », le secrétariat d’Etat àl’Industrie aide les entreprises fabriquant desproduits de grande consommation à mieux prendreen compte l’ergonomie-design dans leur processusde R&D. Les projets retenus bénéficieront, pour lesphases de validation technico-économique, d’unesubvention ou d’une avance remboursable pouvantatteindre 50 % des sommes investies, le montantmaximal des subventions étant de 500 000 F(76 224,51 €). Pour les phases de développement,elles bénéficieront d’une avance remboursablede 30 %, avec un bonus de 10 % pour les PMI.Date limite : fin 1999.Contact : ministère de l’Economie, des Financeset de l’Industrie - DigitipMarie-Claire Sebag, tél. : 01 43 19 28 27.

• Les centres régionaux de design (CRD)Mis en place par l’Etat et les régions, les CRD ont,dans leur région respective, pour missiond’informer et d’accompagner les PMI dans leurdémarche design. Leurs prestations (prédiagnostics

design et préparation d’appels d’offres) sontgratuites ou payantes. Dans ce dernier cas,le tarif est relativement faible et la prestationdonne droit à subvention. Les modalités varientselon les centres.Centre du design Rhône-Alpes (tête de réseau)9, rue Robert - 69006 LyonTél. : 04 72 75 94 94.Fax : 04 78 52 35 47http://www.cdra.asso.fr

Contacts• L’Ecole nationale supérieure de créationindustrielle (ENSCI/les Ateliers -département DPI))48, rue Saint-Sabin - 75 011 ParisTél. : 01 49 23 12 36Fax : 01 49 23 12 03http://ensci.com

• L’Agence pour la promotion de la créationindustrielle (APCI)3, rue Brissac - 75004 ParisTél. : 01 49 96 20 25Fax : 01 49 96 20 29

• L’Institut français du design10, rue Binguen - 75 017 ParisTél. : 01 45 63 90 90Fax : 01 45 63 91 92mél : [email protected]

• L’Union française des designers industriels(UFDI)24, avenue Jean Aicard - 75 011 ParisTél. : 01 48 07 26 90Fax : 01 43 57 43 25http://www.designfrance.tm.fr

A CONSULTER

• Stratégie design et développementinternational de l’entreprise.Ed. Dircom. Collection Etudes. 1998.300 F (45,73 €)

• Design de A à Z. Ed. Dircom.Collection Guides. 1998.150 F (22,87 €).

• L’Ingénierie centrée sur l’homme.Ed. Dicom. Collection Etudes. 1997.200 F (30,49 €).

• Les PMI françaises et le design.Ed. Dicom. Collection Etudes. 1995.250 F (38,11 €).

Contact : Dircom - Editions de l’industrieTél. : 01 43 19 64 44. Fax : 01 43 19 62 99http://www.industrie.gouv.fr

M O D E D ’ E M P L O I

DesigndeAàZ

Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie

Secrétariatd'Etat à l'Industrie

DesignPromotionInformation

ENSCI DPI

Etablissement

Public

Industriel et

Commercial