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110 Acta Archaeologica ment la tôle de bronze était rabattue et venait se fixer sur l’intérieur de l’armature de bois de ces boucliers hellénistiques. 19 Si donc, de façon identique, c’est l’intérieur du bou- clier d’Amyntas qui est guré et si donc on ne peut mettre en relation l’emblème avec les symboles favoris de tel ou tel roi, 20 est-ce par simple coïncidence que le bou- clier de la tombe de Hagios Athanasios ci-dessus évoqué avait, comme celui d’Amyntas, un foudre décorant sa face interne ? Cette coïncidence relèverait alors du choix personnel des propriétaires des armes, lesquels auraient décoré de façon identique la face interne de leur bou- clier. Ou bien faudrait-il y voir quelque indice d’unifor- mité résultant de la production des armes par l’État royal macédonien? 21 On est réduit à suspendre son jugement sur cette question, d’autant que les deux monuments pa- raissent séparés par un bon siècle. CONCLUSION. DATATION & INTERPRÉTATION HISTORIQUE En effet, la stèle d’Amyntas paraît dater, comme nous al- lons l’exposer, de la n de l’époque hellénistique. On a vu que les détails iconographiques, de toutes les façons souvent difciles à établir du fait de l’état de la sculpture, peuvent trouver des échos tant dans l’imagerie militaire 19 Certains des fragments de petite dimension, comme pliés en deux, des trois boucliers de Staro Bonče (cf. notre antépénultième note) relèvent évidemment des feuilles de bronze dans les parties où celles-ci se repliaient sur la bordure interne des boucliers – sur cette découverte, voire encore la version imprimée de notre communication du congrès tenu à Tours en mars 2007, où nous avons présenté, avec notre collègue D. Temelkoski, d’autres aspects de la question : Juhel, P. & Temelkoski, D., «Découverte de nouveaux «boucliers macédoniens» en Pélagonie (République de Macédoine). Aspects archéologiques et exions historiques» dans les actes du III ème Colloque international «Hellenistic Warfare». «Pratiques et identités culturelles des armées hellénistiques du monde méditerranéen». Vendredi et samedi 23 et 24 mars 2007 (Université François Rabelais de Tours), Bordeaux/Valence (sous presse). 20 Comme l’avait indiqué N. G. L. Hammond, le foudre, qui faisait partie des emblèmes «typically Macedonian», était un des symboles favoris de Philippe V, lequel «was described as κεραύνιος» dans une épigramme d’Antipater de Sidon (Anthologie palatine, VI, 115) : cf. N. G. L. Hammond, & Walbank, F. W., A History of Macedonia, Vol. III : 336-167 B.C., Oxford, 1988, p. 399. Renvoyons également à ibid., «General Index» s.v. thunderbolt, pour différentes occurrences du symbole au détour de l’histoire de la Macédoine hellénistique. Nous mettrons en exergue la présence du foudre au centre du bouclier guré sur des séries du ‘Shield/Helmet bronze coinage’ frappées sous Alexandre le Grand ou encore le surnom de l’éphémère roi de Macédoine Ptolémée, ‘Kéraunos’. Sur ce symbole dans l’iconographie macédonienne, voir encore K. Liampi, Der makedonische Schild, Bonn, 1998, pp. 33-34. 21 Sur ces notions, cf. notre article »The Regulation Helmet of the Phalanx and the Introduction of the Concept of Uniform in the Macedonian Army at the End of the Reign of Alexander the Great.”, Klio, 91/2, (2009), pp. 342-355. du début des temps hellénistique (époque d’Alexandre le Grand) que plus avant dans cette époque. Nous pensons donc que les indices les plus pertinents de datation seront à chercher dans le style de l’inscription. Les éléments les plus frappants en sont sans aucun doute les alphas à la traverse brisée (en pointe) et le petit omicron (dont la dimension est environ inférieure de moi- tié aux autres lettres). Pour ces deux lettres, ces caractéris- tiques se retrouvent entièrement dans le décret de la cité de Morrylos pour Paramonos, daté de peu d’années après 207/6 av. J.-C., 22 dans la lettre de Philippe V à Archippos (181 ou 180 av. J.-C.) 23 , dans celle (?) du même souverain relative au mont Pangée, 24 dans celle de Doulès à Alko- ména (214 ou 173 av. J.-C.), 25 dans celle (accompagnée d’un diagramma de Philippe V) d’Andronikos au sanc- tuaire divinités égyptiennes de Thessalonique, 26 dans la dédicace des agoranomes de Thessalonique à Aphrodite (premier tiers du IIe siècle av. J.-C.) 27 et dans celle de la cité de Thessalonique à Dionysos 28 , ou encore dans une autre dédicace aux divinités égyptiennes provenant de l’ancien site de Létè (même date). 29 Il faut souligner qu’au sein du fort dossier des inscriptions macédoniennes réuni par M. B. Hatzopoulos, il est remarquable qu’aucune de ces deux caractéristiques paléographiques ne se retrouvent pour des documents clairement datés d’avant ou d’après le règne de Philippe V. On relèvera en outre que dans deux inscriptions datées du règne de ce souverain, des lettres de Philippe V à Amphipolis (février 218 av. J.-C.) 30 et dans le traité avec les Lysimachéens, 31 si les omicrons sont de petite dimension comme dans les documents précédem- ment invoqués, la traverse des alphas est rectiligne. Or cette caractéristique-ci se retrouve dans des inscriptions de la période antérieure, par exemple dans des lettres de Démétrios II à la cité de Verria (248 av. J.-C.), 32 ou dans l’acte d’affranchissement provenant de cette même cité et daté également de l’époque de ce roi-ci. 33 22 Hatzopoulos, M. B., Macedonian Institutions under the Kings (MEΛETHMATA, 22). 2. Epigraphic appendix, Athènes, 1996, pp. 69- 70, n° 53, pl. LI. 23 Ibid., pp. 41-42, n° 17, pl. XXI. 24 Ibid., p. 42, n° 18, pl. XXII. La nature du document, fort fragmentaire, n’est pas bien établie. 25 Ibid., p. 43, n° 19, pl. XXIII. 26 Ibid., p. 39-40, n° 15, pl. XX. 27 Ibid., pp. 89-90, n° 71, pl. LXII. 28 Ibid., p. 90, n° 72, pl. LXIIIa. 29 Ibid., pp. 94-95, n° 80, pl. LXIVb. 30 Ibid., pp. 30-31, n° 9, pl. XII. 31 Ibid., pp. 21-23, n° 3, pl. IV. 32 Ibid., pp. 28-30, n° 8, pl. VIII-XI. 33 Ibid., pp. 108-110, n° 93, pl. LXXVII-LXXVIII.

CONCLUSION. DATATION & INTERPRÉTATION HISTORIQUE

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Page 1: CONCLUSION. DATATION & INTERPRÉTATION HISTORIQUE

110 Acta Archaeologica

ment la tôle de bronze était rabattue et venait se fixer sur l’intérieur de l’armature de bois de ces boucliers hellénistiques.19

Si donc, de façon identique, c’est l’intérieur du bou-clier d’Amyntas qui est fi guré et si donc on ne peut mettre en relation l’emblème avec les symboles favoris de tel ou tel roi,20 est-ce par simple coïncidence que le bou-clier de la tombe de Hagios Athanasios ci-dessus évoqué avait, comme celui d’Amyntas, un foudre décorant sa face interne ? Cette coïncidence relèverait alors du choix personnel des propriétaires des armes, lesquels auraient décoré de façon identique la face interne de leur bou-clier. Ou bien faudrait-il y voir quelque indice d’unifor-mité résultant de la production des armes par l’État royal macédonien?21 On est réduit à suspendre son jugement sur cette question, d’autant que les deux monuments pa-raissent séparés par un bon siècle.

CONCLUSION. DATATION & INTERPRÉTATION HISTORIQUEEn effet, la stèle d’Amyntas paraît dater, comme nous al-lons l’exposer, de la fi n de l’époque hellénistique. On a vu que les détails iconographiques, de toutes les façons souvent diffi ciles à établir du fait de l’état de la sculpture, peuvent trouver des échos tant dans l’imagerie militaire

19 Certains des fragments de petite dimension, comme pliés en deux, des trois boucliers de Staro Bonče (cf. notre antépénultième note) relèvent évidemment des feuilles de bronze dans les parties où celles-ci se repliaient sur la bordure interne des boucliers – sur cette découverte, voire encore la version imprimée de notre communication du congrès tenu à Tours en mars 2007, où nous avons présenté, avec notre collègue D. Temelkoski, d’autres aspects de la question : Juhel, P. & Temelkoski, D., «Découverte de nouveaux «boucliers macédoniens» en Pélagonie (République de Macédoine). Aspects archéologiques et réfl exions historiques» dans les actes du IIIème Colloque international «Hellenistic Warfare». «Pratiques et identités culturelles des armées hellénistiques du monde méditerranéen». Vendredi et samedi 23 et 24 mars 2007 (Université François Rabelais de Tours), Bordeaux/Valence (sous presse). 20 Comme l’avait indiqué N. G. L. Hammond, le foudre, qui faisait partie des emblèmes «typically Macedonian», était un des symboles favoris de Philippe V, lequel «was described as ὁ κεραύνιος» dans une épigramme d’Antipater de Sidon (Anthologie palatine, VI, 115) : cf. N. G. L. Hammond, & Walbank, F. W., A History of Macedonia, Vol. III : 336-167 B.C., Oxford, 1988, p. 399. Renvoyons également à ibid., «General Index» s.v. thunderbolt, pour différentes occurrences du symbole au détour de l’histoire de la Macédoine hellénistique. Nous mettrons en exergue la présence du foudre au centre du bouclier fi guré sur des séries du ‘Shield/Helmet bronze coinage’ frappées sous Alexandre le Grand ou encore le surnom de l’éphémère roi de Macédoine Ptolémée, ‘Kéraunos’. Sur ce symbole dans l’iconographie macédonienne, voir encore K. Liampi, Der makedonische Schild, Bonn, 1998, pp. 33-34.21 Sur ces notions, cf. notre article »The Regulation Helmet of the Phalanx and the Introduction of the Concept of Uniform in the Macedonian Army at the End of the Reign of Alexander the Great.”, Klio, 91/2, (2009), pp. 342-355.

du début des temps hellénistique (époque d’Alexandre le Grand) que plus avant dans cette époque. Nous pensons donc que les indices les plus pertinents de datation seront à chercher dans le style de l’inscription.

Les éléments les plus frappants en sont sans aucun doute les alphas à la traverse brisée (en pointe) et le petit omicron (dont la dimension est environ inférieure de moi-tié aux autres lettres). Pour ces deux lettres, ces caractéris-tiques se retrouvent entièrement dans le décret de la cité de Morrylos pour Paramonos, daté de peu d’années après 207/6 av. J.-C.,22 dans la lettre de Philippe V à Archippos (181 ou 180 av. J.-C.)23, dans celle (?) du même souverain relative au mont Pangée,24 dans celle de Doulès à Alko-ména (214 ou 173 av. J.-C.),25 dans celle (accompagnée d’un diagramma de Philippe V) d’Andronikos au sanc-tuaire divinités égyptiennes de Thessalonique,26 dans la dédicace des agoranomes de Thessalonique à Aphrodite (premier tiers du IIe siècle av. J.-C.)27 et dans celle de la cité de Thessalonique à Dionysos28, ou encore dans une autre dédicace aux divinités égyptiennes provenant de l’ancien site de Létè (même date).29 Il faut souligner qu’au sein du fort dossier des inscriptions macédoniennes réuni par M. B. Hatzopoulos, il est remarquable qu’aucune de ces deux caractéristiques paléographiques ne se retrouvent pour des documents clairement datés d’avant ou d’après le règne de Philippe V. On relèvera en outre que dans deux inscriptions datées du règne de ce souverain, des lettres de Philippe V à Amphipolis (février 218 av. J.-C.)30 et dans le traité avec les Lysimachéens,31 si les omicrons sont de petite dimension comme dans les documents précédem-ment invoqués, la traverse des alphas est rectiligne. Or cette caractéristique-ci se retrouve dans des inscriptions de la période antérieure, par exemple dans des lettres de Démétrios II à la cité de Verria (248 av. J.-C.),32 ou dans l’acte d’affranchissement provenant de cette même cité et daté également de l’époque de ce roi-ci.33

22 Hatzopoulos, M. B., Macedonian Institutions under the Kings (MEΛETHMATA, 22). 2. Epigraphic appendix, Athènes, 1996, pp. 69-70, n° 53, pl. LI.23 Ibid., pp. 41-42, n° 17, pl. XXI.24 Ibid., p. 42, n° 18, pl. XXII. La nature du document, fort fragmentaire, n’est pas bien établie.25 Ibid., p. 43, n° 19, pl. XXIII.26 Ibid., p. 39-40, n° 15, pl. XX.27 Ibid., pp. 89-90, n° 71, pl. LXII.28 Ibid., p. 90, n° 72, pl. LXIIIa.29 Ibid., pp. 94-95, n° 80, pl. LXIVb.30 Ibid., pp. 30-31, n° 9, pl. XII.31 Ibid., pp. 21-23, n° 3, pl. IV.32 Ibid., pp. 28-30, n° 8, pl. VIII-XI.33 Ibid., pp. 108-110, n° 93, pl. LXXVII-LXXVIII.

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111La stèle funéraire d’Amyntas, fi ls d’Alexandre, cavalier des confi ns macédoniens

Ainsi, si les caractéristiques paléographiques ne sont jamais absolument déterminantes, tous ces documents conduisent à favoriser, pour l’époque de l’inscription de la stèle d’Amyntas, le règne de Philippe V, et plutôt le milieu ou la fi n de son règne, autrement dit entre environ 200 et 179 av. J.-C.

Des considérations historiques vont nous permettre de préciser un peu plus l’époque qui, selon nous, est la plus probable pour notre monument. POLYBE avait rapporté qu’à l’automne 217 av. J.-C., Philippe V avait recouvré les localités situées autour du lac de Lychnidos (Ohrid) ainsi que d’autres contrées situées plus à l’ouest de la capitale de la Dassarétide,34 possessions que plus haut dans l’année l’Illyrien Skerdilaïdas venait de lui enlever.35 C’est aussi à l’historien achaïen que l’on doit l’information selon laquelle, lors du règlement ayant fait suite à la Seconde Guerre de Macédoine, «Pleuratos [le fi ls de Skerdilaïdas, lequel était vraisemblablement mort entre 208 et 205 av. J.-C.36] bénéfi cie d’agrandissements dans la région du lac d’Ohrid».37 La région de Trebenište n’était donc plus dans le domaine antigonide après 196 av. J.-C.38 Certes, on peut penser que les populations

34 «Pendant sa phase urbaine, Lychnidos est le siège de la communauté dassarète», Bitrakova-Grozdanova, V., «Le développement urbain de Lychnidos et ses rapports avec les villes du sud-ouest des Balkans», Index, 20, (1992), pp. 17-19. Voir plus en détails F. Papazoglou, Les cités macédoniennes à l’époque romaine (Жива антика. Посебна издања. L’Antiquité vivante. Monographie, 1) [en serbo-croate, rés. en français], Belgrade, 1957, où se trouve un excursus sur les Dassarètes et leur chef-lieu Lychnidos, pp. 224-230 (p. 352 pour le résumé en français). Indiquons que ce passage ne se trouve pas dans l’édition revue et corrigée qui fut publiée ultérieurement en français, Les Villes de Macédoine à l’époque romaine (BCH, suppl. XVI), Athènes/Paris, 1988 – étant donné, sans doute, que Lychnidos et la Dassarétide furent séparées de la Macédoine après la Seconde Guerre de Macédoine: cf. ibid., p. 74. Dès lors, signalons que la note de N. G. L. Hammond, Epirus. The geography, the ancient remains, the history and the topography of Epirus and adjacent areas, Oxford, 1967, p. 629, n. 2, «(...) nor is Lychnidus usually reckoned to belong to Dassaretis», invoquée par P. Cabanes, L’Épire de la mort de Pyrrhus à la conquête romaine (272-167 av. J.-C.), Besançon/Paris, 1976, p. 327, n. 432 du chapitre II de la IIIe partie, paraît donc totalement erronée.35 POLYBE, V, 108, §§ 3-9. Cf. également N. G. L. Hammond, ibid., p. 392.36 Cabanes, P., Les Illyriens de Bardylis à Genthios IVe-IIe siècles av. J.-C., Paris, 1988, p. 302.37 Id., L’Épire de la mort de Pyrrhus à la conquête romaine (272-167 av. J.-C.), Besançon/Paris, 1976, p. 276. La source polybienne est au livre XVIII, 47, § 12. Autres références chez P. Cabanes, ibid., p. 322, n. 276.38 Et elle n’y revint pas non plus sous Persée. «Au cours de la 3e guerre macédonienne», avait justement indiqué V. Bitrakova-Grozdanova, ibid., p. 14, «Lychnidos devint une base romaine d’où on pénétrait vers

passées sous le gouvernement de Pleuratos, quelque fût leur ethnicité, devaient conserver leurs us et coutumes et purent servir sous leur nouveau maître.39 Mais il est plus probable qu’Amyntas mourut dans le contexte drama-tique de la Seconde Guerre de Macédoine, où le royaume antigonide, et son armée en premier lieu, fi t des pertes énormes.40

En conclusion, si pour V. Bitrakova-Grozdanova la typologie du monument ainsi que l’inscription condui-saient à le dater de la fi n du IIe siècle av. J.-C., voire du début du Ier siècle av. J.-C.,41 nous pensons donc qu’il y existe des arguments solides qui permettent de reculer d’un bon siècle cette estimation et qui poussent à placer la réalisation de la stèle d’Amyntas, et donc le décès de celui-ci, à l’époque de la Seconde Guerre de Macédoine.

les pays illyriens et macédoniens» – l’information se trouve sous la plume de TITE-LIVE, précisément en XLIII, 9, § 7 ; 10 ; 21, § 1. 39 Lors de la Troisième Guerre de Macédoine, les Romains employèrent, au témoignage de TITE-LIVE, des auxiliaires illyriens (Pénestes, Parthiniens) et épirotes (Chaones, Thesprôtes) : TITE-LIVE, XLIII, 21. Et voir aussi id., XLIV, 30, § 10 où l’on constate que l’armée romaine aligne aussi des Bulliniens, des Appoloniens, des Dyrrachiens (et nouvelle mention des Parthiniens, ibid., § 13). Sauf erreur, il n’est pas fait mention des Dassarètes, lesquels au début de la guerre, avec les Illyriens, ipsis accersentibus praesidia, ut tutiores a fi nitimorum impetu Macedonum essent, misit, «demandaient eux-mêmes des garnisons, de façon à être plus sûrement à l’abri des incursions des Macédoniens, leurs voisins.», TITE-LIVRE, XLII, 36, § 9 (traduction de P. Jal, éd. CUF, Paris, 1971). Les Dassarètes, et notamment les Lychnidiens, se cantonnèrent-ils alors dans une neutralité au prix de l’occupation du pays par les troupes romaines ? C’est l’impression que l’on retire de la lecture de TITE-LIVE. On induira, sous dit en passant, que à l’orée de la Troisième Guerre de Macédoine, ces populations n’étaient plus sous le contrôle de Genthius, fi ls de Pleuratos, lequel se décida fi nalement à entrer en guerre contre Rome (alliance avec Persée à l’automne 169 av. J.-C.).40 Tout d’abord lors des batailles navales contre la fl otte d’Attale et les Rhodiens en 201 av. J.-C. (cf. essentiellement POLYBE, XVI, 1-11), puis lors des opérations ayant précédé la bataille de Cynoscéphales, puis lors de cette bataille elle-même, qui tourna au massacre. TITE-LIVE l’avait indiqué dans un passage qui se situe peu avant le récit de cette bataille décisive : Absumpserant enim per multas iam aetates continua bella Macedonas ; ipso quoque regnante et naulibus bellis aduersus Rhodios Attalumque et terrestribus aduersus Romanos ceciderat magnus numerus/«Les guerres continuelles, sur plusieurs générations, avaient déjà en effet épuisé les Macédoniens. Sous son propre règne aussi, un nombre important de soldats avaient péri lors des combats navals contre les Rhodiens et contre Attale, ainsi que lors des combats terrestres contre les Romains.», TITE-LIVRE, XXXIII, III, §§ 2-3 (traduction de G. Achard, éd. CUF, Paris, 2001).41 Bitrakova-Grozdanova, V., Monuments de l’époque hellénistique dans la R. S. de Macédoine (Faculté de Philosophie — Skopje. Éditions spéciales de la section d’activité scientifi que de la chaire d’histoire d’art et d’archéologie, 3) [en macédonien; rés. en français], Skopje, 1987, p. 196.

Adresses de l’auteurLabiana Callipolis (Université de Corse), UMR CNRS associé à l’Institut des Sciences & Techniques de l’Antiquité de l’Univ. de Franche-Comté (Besançon)30, rue Mégevand, F-25050 BESANÇON CEDEX& 17, Place Albert Thomas, F-93 140 BONDY [email protected]