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Concours National de la Résistance et de la Déportation 2009 33, Grand’Rue Villenouvelle 05 63 66 03 11 www.montauban.com [email protected]

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Concours National de la Résistance et de la Déportation 2009

33, Grand’Rue Villenouvelle

05 63 66 03 11 www.montauban.com [email protected]

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BIBLIOGRAPHIE

La bibliographie sur le thème des enfants et adoles cents dans les camps est fort importante. Nous avon s donc choisi de seulement citer ici les ressources que vous pourrez consulter au centre de documentation du musée (ouve rture le mercredi de 13h30 à 17h30, le reste du tem ps sur rendez-vous). OUVRAGES

• OUVRAGES Aylmer-Roubenne Madeleine : J’ai donné la vie dans un camp de la mort, France Loisirs, Paris, 1997. Baumann Denise : La mémoire des oubliés. Grandir après Auschwitz, Albin Michel, Paris, 2000. Bigielman Albert : J’ai eu douze ans à Bergen-Belsen, Le Manuscrit, Paris, 2005. Boimare Dany : Tant que je vivrai… Tarnow, Plaszow, Birkenau et autres lieux, E/dit, Paris, 2007. Braun Sam : Personne ne m'aurait cru, alors je me suis tu, Albin Michel, Paris, 2008. Causse Rolande : Les enfants d'Izieu, Seuil, Paris, 1994. Chapleau Philippe : Des enfants dans la Résistance (1939-1945), Ouest France, 2008. Cling Maurice: Un enfant à Auschwitz, éditions de l’Atelier/FNDIRP, Paris, 2008. Conan Eric : Sans oublier les enfants. Les camps de Pithiviers et de Beaune la Rolande, LGF, Paris, 2006. Coquio Catherine et Kalisky Aurélia : L’enfant et le génocide. Témoignages sur l’enfance pendant la Shoah, Robert Laffont, Paris, 2007. Duval Bernard : Une jeunesse volée. J'avais 19 ans en 1944, Orep, Paris, 2008. Eisen George : Les enfants pendant l'Holocauste. Jouer parmi les ombres, Hachette, Paris, 1995. Grinspan Ida : J'ai pas pleuré, Pocket, Paris, 2003. Guiral Suzanne : De Saint-Michel à Ravensbrück, Imprimerie coopérative, Montauban, 1946. Hemmendinger Judith : Les enfants de Buchenwald, L'Harmattan, Paris, 2003. Holstein Denise : Je ne vous oublierai jamais mes enfants d’Auschwitz, Edition n°1, Paris, 1995. Institut Yad Vashem : Ce ne sont pas des jeux d'enfants. Catalogue d'exposition, Yad Vashem, Paris, 2005. Jaxa-Bykowki Antoni : Le sourire de maman. Un enfant à Auschwitz et Mauthausen, L'Harmattan, Paris, 2008. Klarsfeld Serge : Adieu les enfants (1942-1944), Mille et une nuits, Paris, 2005. Klarsfeld Serge : Le mémorial des enfants juifs déportés de France, Fayard, Paris, 2001.

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© Musée de la Résistance et de la Déportation – Ville de Montauban, 2009 3

Laskier Rutka : Le journal de Rutka, Robert Laffont, Paris, 2008. Lemkin Rafael : Qu'est ce qu'un génocide?, éditions du Rocher, Paris, 2008. Lewertowski Catherine : Morts ou juifs. La Maison de Moissac 1939-1945, Flammarion, Paris, 2003. Séguy Georges : Résister, de Mauthausen à mai 1968, L’Archipel, 2008. Zeitoun Sabine : L'œuvre de secours aux enfants (O.S.E.) sous l'Occupation en France, L'Harmattan, Paris, 1990. REVUES Le Déporté, supplément « spécial concours », n°558, novembre-dé cembre 2008.

Le Patriote Résistant, supplément « spécial concours », n°826, décembre 20 08.

Mémoire vivante, numéro « spécial concours », n°57, septembre 2008 .

Mémoire et Vigilance, n°46, 15 octobre 2008.

FILMOGRAPHIE DOCUMENTAIRE Les camps de concentration nazis, Coty Marion et Henri, 2000. Enfants et adolescents juifs dans les camps : témoignages de déportés d’Auschwitz, Cercle d’Etudes de la Déportation et de la Shoah, 2008. Les enfants juifs fils et filles de prisonniers de guerre, déportés à Bergen-Belsen en mai 1944, Amicale de Bergen-Belsen, 2008. La libération des camps, ECPAD Ministère de la Défense, 2005. Nuit et brouillard, Resnais Alain, Arte Vidéo, 2003.

FILMOGRAPHIE FICTION Au-revoir les enfants, Malle Louis, MK2 Productions, 1987. La vie est belle, Benigni Roberto, Melampo Cinematografica, 1998. SITES INTERNET Cercle d’Etudes sur la Déportation et la Shoah http://www.cercleshoah.org/ Fondation pour la Mémoire de la Déportation www.fmd.asso.fr

Mémorial de la Shoah www.memorialdelashoah.org Site conçu par le Mémorial de la Shoah pour les enfants de 8 à 12 ans www.grenierdesarah.org

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© Musée de la Résistance et de la Déportation – Ville de Montauban, 2009 4

Réflexions sur le thème 2009

Généralement, les jeunes déportés dans les camps de concentration* et les camps d’extermination* nazis subissent les mêmes terribles

conditions de vie que les adultes. Les enfants sont assassinés ou soumis à des expériences médicales parfois mortelles, les adolescents peuvent être torturés, utilisés pour des travaux forcés harassants et déshumanisants qui les font parfois mourir d’épuisement ou sous les mauvais traitements quotidiens, quand ils ne sont pas directement tués dans les chambres à gaz*. Cette non-considération de l’être humain s’explique par le régime fasciste*, totalitaire et raciste des nazis dont l’idéologie principale prétend qu’il existe une « race aryenne* supérieure » et des « races inférieures » devant être réduites en esclavage ou exterminées : les juifs, mais aussi les slaves et les tziganes. De jeunes opposants au nazisme et résistants se sont aussi retrouvés pour ces raisons dans les camps nazis.

Par le biais de précédents sujets du Concours national de la Résistance et de la Déportation, nous avons déjà eu l’occasion d’expliquer le contexte

d’apparition des camps de concentration, les particularités de l’idéologie développée par Hitler et les nazis qui a entraîné un véritable système concentrationnaire. C’est pourquoi vous pouvez vous référer au dossier 2007 sur « Le travail dans l’univers concentrationnaire nazi » que vous obtiendrez sur simple demande au musée ou en téléchargement sur le site www.montauban.com (rubriques vie culturelle – musées - musée Résistance – concours de la Résistance).

Pour traiter le thème 2009, très largement abordé dans les ouvrages généraux et les témoignages sur la déportation cités en bibliographie, nous avons donc choisi de présenter ici des sources locales concernant des enfants et adolescents vivant durant la Seconde Guerre mondiale en Tarn-et-Garonne et ayant souffert du système concentrationnaire nazi.

Ce sujet est aussi propice à une réflexion sur les droits des enfants dont nous fêtons en 2009 deux anniversaires importants : les 50 ans de la Déclaration des droits de l’enfant et les 20 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). En effet, durant la Seconde Guerre mondiale, les enfants et les adolescents ont beaucoup souffert du système concentrationnaire : certains ont été traqués, arrêtés, parfois séparés de leurs famille, déportés, torturés ou assassinés par les nazis et leurs alliés dont, en France, le gouvernement collaborateur du maréchal Pétain. Ainsi, la Déclaration de Genève de 1923 accordant entre autre aux enfants une protection spéciale, quelque soit leur nationalité, n’a pas été respectée en 1939-1945.

Ce caractère inédit de persécution à l’encontre de populations entières a conduit l’Organisation des Nations Unies, après la Seconde Guerre mondiale, à mener une réflexion sur une Déclaration des droits de l’enfant, adoptée officiellement en 1959. Pourtant, depuis, les enfants ont de nouveau été victimes de conflits entre les nations.

A notre époque encore, de nombreux principes énoncés dans la Déclaration puis la Convention internationale des droits de l’enfant de 1989 sont trop souvent bafoués : violences physiques et sexuelles, malnutrition, enfants engagés de force à combattre, à travailler comme des esclaves… Ces faits nous rappellent que les droits des enfants et plus généralement les droits de l’Homme et la paix ne sont jamais vraiment acquis et que l’engagement citoyen pour les préserver doit encore être mené, à notre époque, au quotidien…

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© Musée de la Résistance et de la Déportation – Ville de Montauban, 2009 5

Source 1 : extraits du livre de Suzanne Guiral, De Saint-Michel à Ravensbrück, imprimerie coopérative, Montauban, 1946.

Paul Guiral, magistrat, chef départemental des Mouvements Unis de la Résistance et d’un réseau de renseignement en Tarn-et-Garonne, est dénoncé par un milicien. N’étant pas à son domicile lorsque la Gestapo vient le chercher, ce sont sa femme Henriette et sa fille Suzanne, l’un de ses agents de liaison, qui sont arrêtées le 4 mai 1944. Interrogées à Montauban, elles sont transférées le 8 juin 1944, à la caserne Caffarelli de Toulouse, puis déportées au camp de Ravensbrück le 30 juin suivant. Le camp est libéré par le Russes le 29 avril 1945. Henriette, très affaiblie, meurt quelques jours plus tard. Quant à Suzanne, elle rentre à Montauban le 27 mai 1945. Durant son internement en camp de concentration, elle témoigne de plusieurs épisodes concernant des jeunes gens déportés comme elle.

[p.60-61] « …Camp de représailles, de cauchemar. Des barbelés, qu’un courant à haute tension transformait en barrières infranchissables, des baraques de bois, dont les

planches lépreuses et mal jointes laissaient filtrer les intempéries, taudis obscurs et repoussants où se pressaient, dans une promiscuité ignoble et animale, tous les sexes et tous les âges. Rongés de vermine et de plaies, des cadavres encore agités de mouvements instinctifs, traînaient une vie qui n’était plus qu’un fardeau. Au milieu du cercle formé par ce que les boches appelaient des blocks, une cour que creusait un bassin.

C’est alentour que les S.S. se divertissaient à organiser des carrousels dont les coureurs étaient parfois des gosses de treize ou quatorze ans qui se traînaient, recrus de faim et de souffrance, sous les coups d’une brutalité hideuse dont leurs tortionnaires pressaient leur galop. Cette pièce d’eau saumâtre et puante, que cachait-elle dans sa vase ? Un gamin, devant nous, dans une crise de folie, en s’y jetant, s’était libéré de son affreux supplice. Personne n’avait repêché son pauvre corps meurtri ».

[p. 95 à 97] « Pendant notre quarantaine, les plus jeunes d’entre nous étaient astreintes aux diverses corvées du block. Plusieurs fois par jour, notre colonne s’ébranlait et

attendait, souvent fouettée par un vent glacial, les maigres vivres qui lui étaient destinés. Puis, deux par deux, essoufflées et titubantes, nous transportions jusqu’à notre gîte les lourds bidons, les kübs, où flottaient, dans une eau jaunâtre, de timides rondelles de navets ou de rutabagas.

Devant la « kahmer », cabane où étaient entreposé le pain, j’ai vu, un matin, les tziganes se chauffer au soleil. Les barbelés, de leurs rangées têtues, bornaient l’horizon. Sur un tertre de terre rougeâtre, aux reflets de sang, de rares brins d’herbe rappelaient que la nature défendait son droit de vie. Des femmes et des enfants, allongés sur le sol, étalaient, comme une offense à la lumière, le spectacle de leur dégradation. Sur les chancres qui les rongeaient, des mouches, dans un bourdonnement monotone, piquaient de taches sombres leurs chairs putréfiées. Jamais le rire n’écartait leurs lèvres bleuies. Dans le regard des gosses serrés contre leurs mères, on lisait l’étonnement tragique des petits devant la douleur. Sur leurs manches, un triangle d’étoffe noir les marquait d’un sceau d’infamie. Car les Allemands, chassant devant eux, comme un troupeau, pour les parquer dans leurs camps de concentration, les tziganes d’Europe Centrale, en avaient fait la lie des bagnes. « Associaux », c’est-à-dire rejetés de toute société, ils étaient indignes de travailler, et croupissaient dans une misère physiologique indescriptible, prolongeant, avec un entêtement obstiné, le souffle ténu qui s’exhalait de leurs poitrines déchirées ».

[p. 114 et 115] « Un matin, un sommeil réparateur m’ayant accordé l’évasion vers un avenir heureux, c’est en souriant à mes rêves que je répétais les gestes machinaux qui

nous alignaient avant l’appel. J’avais oublié le bagne nazi, ses baraques de bois pourri et ma misère. C’était vers la France et ma maison accueillante et douce que mes regards allaient. C’est alors, brusquement, dans un lointain flottement de cauchemar, que j’ai entendu un cri.

Dans le block qui nous faisait face, il avait jailli strident et terrifié de la gorge d’une enfant de quinze ans. S’étant cachée pour échapper au recensement journalier et au travail, elle avait été découverte par une surveillante boche. Fuyant, dans une course affolée, devant les coups qu’elle redoutait, il lui avait fallu s’arrêter devant un mur infranchissable. Et la chiourme avait frappé, puisant dans les gémissements de sa victime un regain de plaisir et le désir de la battre plus encore. Enfin, dans un cri d’agonie, la pauvre gosse avait cessé ses plaintes. Le silence avait recouvert la cabane. Quelques instants plus tard, deux détenues devaient emporter le petit corps supplicié ».

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© Musée de la Résistance et de la Déportation – Ville de Montauban, 2009 6

Source 2 : extraits du livre de Catherine Lewertowski, Morts ou juifs. La Maison de Moissac 1939-1945, Flammarion, Paris, 2003.

Les enfants et adolescents rescapés des camps nazis ont souffert d’importantes blessures physiques ou psychologiques. Parfois orphelins, notamment en ce

qui concerne les juifs parmi lesquels des familles entières ont été exterminées, certains de ces jeunes ont été accueillis à leur retour par des organismes chargés de leur redonner un foyer et des repères. Un but : leur rendre goût à la vie et les aider progressivement à retrouver une vie sociale « normale ».

C’est ce qu’a fait pendant un temps la Maison de Moissac à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. En 1939, le mouvement scout des Eclaireurs israélites de France décide d’ouvrir à Moissac un centre d’évacuation afin de mettre à l’abri les enfants juifs des

villages menacés par les bombardements. Epaulés par une équipe de jeunes bénévoles, Edouard dit « Bouli » Simon et sa femme Shatta dirigent la Maison de Moissac qui, au 18 quai du Port, devient un lieu de refuge pour enfants. Ils viennent de France, d’Allemagne, de Belgique, d’Europe de l’Est… Beaucoup ne parlent pas français, plusieurs ont été sauvés des camps d’internement où sont détenus leurs parents. Jusqu’en 1942, les enfants vivent plutôt bien à Moissac. Mais dès l’été, les rafles

débutent en Tarn-et-Garonne. En août 1942, la police française vient arrêter des enfants juifs étrangers de la Maison. Les dirigeants doivent alors non plus seulement accueillir mais cacher les enfants. C’est ainsi qu’ils entrent dans la clandestinité, à travers un réseau de résistance appelé « la Sixième » . De 1939 à 1944, environ 500 enfants âgés de 2 à 18 ans ont trouvé refuge à la Maison de Moissac, certains pour quelques jours, d’autres pour des années. Tous ont échappé à la déportation, sauf un qui, repris par ses parents, est mort avec eux dans un camp nazi. Enfin, en mai 1945, de jeunes rescapés des camps nazis sont accueillis à Moissac. .

[p. 231 à 233] « A Moissac, des groupes d’enfants revenus des camps d’extermination se mêlèrent à la Troupe des

scouts, à ceux, si nombreux, que la guerre, avait rendus orphelins. Une nouvelle vie recommençait au « Moulin », ancien centre sportif situé juste en face du 18, quai du Port, que Shatta s’était empressée d’occuper à la Libération pour y loger tous les enfants. Ils étaient près de 300 ! Celui qui jouait merveilleusement de l’harmonica, le long du Tarn, entouré d’un groupe de jeunes gens ? C’était Chmouel Gogol, rescapé des camps de la mort parce que les SS, reconnaissant son don, l’avaient affecté à l’orchestre d’Auschwitz. A Moissac, il reprenait goût à la vie, sous l’œil vigilant de Shatta. Car il fallait, comme ses autres camarades déportés, qu’il mange et qu’il se repose. Alors, tous les jours, Gogol, Saul et les autres allaient faire la sieste à l’infirmerie. Et Mme Naar, l’infirmière, avait des consignes strictes de la directrice : aucun bruit ! Si bien que les autres enfants devaient se déchausser pour ne pas troubler leur repos. Shatta avait également prévu que chaque enfant déporté serait pris en charge par un ancien, pour apprendre le français, pour ne pas rester seul, pour commencer à partager une vie meilleure.

Au Moulin, la vie était bien différente de celle du quai du Port, se souvient Calcif. Fini la promiscuité des temps de guerre ! « Le Moulin ? C’était un palace comparé au 18 ! Un étage pour les filles, un étage pour les garçons, un étage pour les directeurs ! ». Dans l’immense bâtisse, au bord du Tarn, les enfants allaient et venaient librement dans cette ambiance scoute et juive que Shatta avait su si bien préserver. Bouli avait dit aux enfants : « La Maison sera ce que vous en ferez ! ».

[…] En 1951, Shatta, son équipe et tous les enfants quittèrent définitivement le Moulin de Moissac pour le château de Laversine d’ans l’Oise. […] Au château de

Laversine, Shatta et Bouli poursuivirent, avec autant de fidélité et d’enthousiasme, leur mission auprès des enfants en difficultés. Ils accomplirent cette mission jusqu’en 1993, année de la mort de Bouli. A cette date, Shatta, âgée de quatre-vingt-trois ans, passa le flambeau ».

Gogol le musicien revenu d’Auschwitz, entouré d’autres jeunes rescapés des camps nazis retrouvant les joies de la liberté à Moissac (Collection privée)

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© Musée de la Résistance et de la Déportation – Ville de Montauban, 2009 7

Source 3 : enfants et adolescents arrêtés en Tarn-et-Garonne et déportés (recherches musée de la Résistance et Déportation, Montauban)

D’après les fiches des personnes arrêtées en Tarn-et-Garonne complétées par des témoignages et des recherches aux Archives départementales de Tarn-et-Garonne et dans les travaux de Serge Klarsfeld et de la Fondation pour la mémoire de la Déportation cités en bibliographie.

Les 20 enfants et adolescents suivants, arrêtés en Tarn-et-Garonne puis déportés, font tous l’objet de poursuites pour « motif racial », c’est-à-dire que la

persécution de leur famille par le régime de Vichy et les nazis est due au fait qu’ils sont considérés comme juifs.

De jeunes résistants tarn-et-garonnais ont également été déportés dans des camps mais leur nom ne figure pas ici, considérant l’âge limite de 18 ans fixé par le CNRD 2009 au niveau national.

NOM PRENOM DATE DE NAISSANCE

LIEU DE NAISSANCE

Nationalité Age à la

déportation

Date et lieu d’arrestation

Parcours DATE ET LIEU DE

DEPORTATION

CONVOI SORT Divers

BIALEK

Jacques

22 avril 1926

Montmorency

Française

17 ans

28 juillet 1943 Montauban

Prison Saint Michel de Toulouse puis camp de Drancy

2 septembre 1943

AUSCHWITZ

59 (139

enfants de moins de 18 ans)

Disparu

Sa mère et sa sœur aînée sont aussi déportées à la même date. La mère décède en décembre 1943 à Auschwitz.

FEINTUCH

Paul

23 avril 1933

Vienne

Autrichienne

11 ans

2 mai 1944 Montech

Toulouse

20 mai 1944

AUSCHWITZ

74 (190

enfants de moins de 18 ans)

Présumé décédé en

déportation

Déporté avec son père et sa mère. Présumés tous les trois morts en déportation.

FRYDMAN

Jacques

16 août 1927

Paris

Française

17 ans

9 juillet 1944 Montauban

Caserne Caffarelli à Toulouse

30 juillet 1944

BUCHENWALD

81

-

Père déporté à Buchenwald avec ses 3 garçons. Mère déportée à Ravensbrück, puis Bergen-Belsen.

FRYDMAN

Louis

18 avril 1932

-

Française

12 ans

9 juillet 1944 Montauban

Caserne Caffarelli à Toulouse

30 juillet 1944

BUCHENWALD

BERGEN-BELSEN

81

Libéré le 29 avril 1945 -

rentre en France le 24

mai 1945

Frère du précédent.

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HELMAN

Germaine

19 décembre

1926

Paris

Française

17 ans

15 juillet 1943 Lamagistère

Camp de Drancy

31 juillet 1943

AUSCHWITZ

58 (102

enfants de moins de 18 ans)

Disparue

Père, mère et fille déportés.

HERZKOWITZ

5 enfants

-

-

-

-

Montauban

-

-

-

-

Arrêtée en Tarn-et-Garonne, la famille au complet est déportée dont cinq enfants.

KLINGER

Herbert

3 novembre 1931

Vienne

Autrichienne

13 ans

28 juin 1944 Puygaillard de

Quercy

Caserne Caffarelli de Toulouse

15 juillet 1944

RAVENSBRÜCK BUCHENWALD ORANIENBURG

81

Libéré le 31 mai 1945 par les Russes

Père tchécoslovaque réfugié à Puygaillard depuis 1941. Déporté le 31 juillet 1944 à Buchenwald, non rentré. Mère autrichienne, déportée le 30 juillet 1944 à Ravensbrück, non rentrée.

KOKINE (née Bessou)

Alice

23 avril 1923

Grisolles

Française

21 ans

5 mai 1944 Grisolles

-.

2 juillet 1944

RAVENSBRÜCK

Train fantôme

Morte le 10 avril 1945

en déportation

Déportée enceinte, elle met au monde le 15 décembre 1944 en camp de concentration son fils BESSOU Gérard qui meurt dix jours plus tard. Alice décède au camp le 10 avril 1945. Renseignements données au père survivant par la résistante Marie-Claude Vaillant-Couturier, chargée des soins à l’infirmerie et « maternité » du camp.

KURZWEIL

Adèle

31 mai 1925

Graz

Autrichienne

17 ans

26 août 1942

Auvillar

Camp de Septfonds (Tarn-et-Garonne)

9 septembre 1942

AUSCHWITZ

30 (139

enfants de moins de 18 ans

dont 26 de Septfonds)

Gazée à son arrivée au

camp

Elève du lycée Michelet de Montauban, assignée à résidence à Auvillar. Mère ayant connu le même sort et père disparu.

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MOSES

Kurt

24 mai 1928

Cologne

Allemande

14 ans

septembre 1942

Varennes

Camp de Septfonds (Tarn-et-Garonne) puis camp de Drancy

9 septembre 1942

AUSCHWITZ

BUCHENWALD en décembre 1944

30 (139

enfants de moins de 18 ans

dont 26 de Septfonds)

Libéré le 11 avril 1945 -

rentre en France le 10

mai 1945

Père, mère, et les trois enfants arrêtés par la gendarmerie de Villebrumier. Kurt est le seul à rentrer de déportation.

PITERMANN

Gilberte

28 février 1935

Le Havre

Française

9 ans

24 ou 25 avril 1944

Montauban

-

20 mai 1944

AUSCHWITZ

74

(190 enfants de moins de 18 ans)

Morte au camp le 25 mai 1944

Le père est emprisonné à Saint Michel à Toulouse, puis déporté à Auschwitz et Buchenwald. Il rentre en France le 13 mai 1945, la mère est aussi rescapée.

ROOS

Pierre

23 février

1929

Lille

Française

15 ans

16 mai 1944

Moissac

Prison de Toulouse puis camp de Drancy

30 juin 1944

AUSCHWITZ BUCHENWALD FLOSSENBURG

76 (au moins

166 enfants de moins de 18 ans)

Mort le 18

janvier 1945

-

ROTH

Bernard

2 mars 1927

Vienne

(Autriche)

Autrichienne

15 ans

28 août 1942

Auvillar

-

23 juillet 1943

AUSCHWITZ

55 (124

enfants de moins de 18 ans)

Inconnu

Toute la famille dont 3 enfants est déportée.

SELZ

Bertrand

18 mars 1928

-

-

17 ans

26 mai 1944

Albias

-

30 juillet 1944

AUSCHWITZ

76 (au moins

166 enfants de moins de 18 ans)

Rentré le 12 mars 1945

-

SELZ

Gérard

21 septembre

1931

Paris

Française

13 ans

26 mai 1944

Albias

-

30 juillet 1944

AUSCHWITZ

76 (au moins

166 enfants de moins de 18 ans)

Mort

Jeune frère de Bertrand, le seul à être rentré. Toute la famille est déportée.

SEYEWETZ

Nicole- Laurence

25 janvier

1927

Paris

Française

16 ans

22 juillet 1943

Moissac

Prison de Toulouse puis camp de Drancy

2 septembre 1943

AUSCHWITZ

59 (139

enfants de moins de 18 ans)

Morte au camp le 7 septembre

1943

Père : sort inconnu et mère morte le même jour que sa fille.

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URBACH

Régine

24 août 1927

Géra

Polonaise

17 ans

2 mai 1944 Montech

Prison de Toulouse puis camp Drancy

20 mai 1944

AUSCHWITZ

74 (190

enfants de moins de 18 ans)

Morte

Père, mère et fille sont tous arrêtés et déportés, seule la mère rentrera le 1er octobre 1945.

WERNER

Freddy

5 octobre

1936

Berlin

Allemande

5 ans

Août 1942 Laguépie

-

9 septembre 1942

AUSCHWITZ

30 (139

enfants de moins de 18 ans

dont 26 de Septfonds)

Inconnu

-

WOLFSHON

Hélène

14 avril 1933

Paris

Française

11 ans

2 mai 1944

Beaumont-de-Lomagne

20 mai 1944

AUSCHWITZ

74 (190

enfants de moins de 18 ans)

Morte

-

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© Musée de la Résistance et de la Déportation – Ville de Montauban, 2009 11

Source 4 : jeunes internés et déportés du camp de Septfonds, Tarn-et-Garonne (recherches musée de la Résistance et Déportation, Montauban)

Par le convoi 30 du 2 septembre 1942, plus de 100 enfants de moins de 17 ans sont déportés. Sur 1017 personnes, 198 proviennent du camp de Septfonds. Parmi elles, 26 enfants qui ont entre 2 et 17 ans. Le convoi est arrivé le 11 septembre 1942 à Auschwitz. La majorité des personnes sont immédiatement gazées dont les enfants. Seul Kurt Moses a échappé à ce sort puisqu’il se retrouve en 1944 au camp de Buchenwald où il sera libéré en 1945.

NOM PRENOM DATE DE NAISSANCE

LIEU DE NAISSANCE

Nationalité Age à la

déportation

Date et lieu d’arrestation

Parcours DATE ET LIEU DE

DEPORTATION

N° de convoi

BLEJWAS

ADOLPHE

26 mars 1931

Liège

Polonaise

11 ans

Souillac (Lot)

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

BLEJWAS

GENIA

13 août 1928

Czewstochowa

Polonaise

14 ans

Souillac (Lot)

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

BRANDT

DIETER

29 mai 1937

Flehingen

Allemande

15 ans

Sérignac

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

ECQSTEIN

ARNOST

25 septembre

1925

Sredne

Tchécoslovaque

16 ans

Castelferrus

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

ENGELHART

EDITH

7 avril 1939

Anvers

?

3 ans

Orgueil

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

ENGELHART

CHARLES

13 avril 1937

Anvers

?

5 ans

Orgueil

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

FRYDLAND

HERMANN

8 décembre

1936

Anvers

Polonaise

5 ans

Goas (canton de

Beaumont-de-Lomagne)

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

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© Musée de la Résistance et de la Déportation – Ville de Montauban, 2009 12

FRYDLAND

ANTOINETTE

21 juillet

1930

Anvers

Polonaise

12 ans

Goas (canton de Beaumont-de-Lomagne)

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

FRYDLAND

MAX

26 août 1926

Anvers

Polonaise

16 ans

Goas (canton de

Beaumont-de-Lomagne)

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

GRAU

HENRI

18 mars 1940

Bruxelles

Polonaise

2 ans

Castelferrus

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

HIRSCH

MARGUERITE

17 juin 1931

Leipzig

Allemande

11 ans

Catus (Lot)

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

HIRSCH

FREDERIC

24 septembre

1928

Leipzig

Allemande

13 ans

Catus (Lot)

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

JESIONOWIEZ

DORA

14 avril 1939

Bruxelles

Polonaise

3 ans

Souillac (Lot)

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

JESIONOWIEZ

ROSA

21 juillet

1932

Bruxelles

Polonaise

10 ans

Souillac (Lot)

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

KURZWEIL

ADELE

31 mai 1925

Graz

Autrichienne

17 ans

Auvillar

Camp de Septfonds

septembre 1942 AUSCHWITZ

30

LICHSZTEIN

FANNY

23 septembre 1928

Varsovie

Polonaise

13 ans

Saint-Céret

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

LOEWL

DORIS

13 juillet

1928

Vienne

Autrichienne

14 ans

Saint-Antonin-

Noble-Val

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

MARKOWICZ

ESTHER

8 mars 1925

Varsovie

Polonaise

17 ans

Beaumont-de-

Lomagne

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

MOSES

KURT

24 mai 1928

Cologne

Allemande

14 ans

septembre 1942 Varennes

Camp de Septfonds

septembre 1942 AUSCHWITZ

BUCHENWALD en décembre 1944

30

ROTH

BERNARD

2 mars 1927

Vienne

Autrichienne

15 ans

28 Août 1942

Auvillar

Camp de Septfonds

23 juin 1943

AUSCHWITZ

55

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© Musée de la Résistance et de la Déportation – Ville de Montauban, 2009 13

SCHWARCBERG

BERTHA

22 janvier

1927

Anvers

Polonaise

15 ans

Saint-Amans

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

SCHWARCBERG

FANNY

25 août 1926

Anvers

Polonaise

16 ans

Saint-Amans

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

SIMONS

GERARD

12 octobre

1927

Cologne

Allemande

14 ans

Prayssac

(Lot)

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

SIMONS

ARMAND

3 novembre

1924

Cologne

Allemande

17 ans

Prayssac

(Lot)

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

WEINNELBERG

ERNEST

23 août 1926

Vienne

Autrichienne

16 ans

Auvillar

Camp de Septfonds

septembre1942 AUSCHWITZ

30

WERNER

Freddy

5 octobre

1936

Berlin

Allemande

5 ans

Août 1942 Laguépie

Camp de Septfonds

septembre 1942 AUSCHWITZ

30

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© Musée de la Résistance et de la Déportation – Ville de Montauban, 2009 14

Source 5 : carte d’identité d’un enfant juif (reproduction musée de la Résistance et Déportation, Montauban)

Cette carte d’identité d’un enfant juif réfugié à Montauban comporte, totalement dépliée, pas moins de dix volets répertoriant des renseignements à caractère médical et d’éventuels changements de travail et de domicile.

Elle témoigne des contraintes administratives imposées aux populations juives étrangères puis françaises par le gouvernement de Vichy et les troupes d’occupation nazies. Sans ces papiers, les juifs ne peuvent circuler. Ils permettent aussi à ces deux régimes antisémites de recenser et localiser les personnes qu’ils enverront par la suite dans les camps de la mort.

6 millions de juifs ont été exterminés par les nazis et leurs alliés pendant la Seconde Guerre mondiale. 1 million et demie étaient des enfants.

Polonais d’origine né en 1924, Samuel A. se réfugie avec sa famille début 1942 en Tarn-et-Garonne. Suite à un contrôle de police, il est envoyé à Montauban dans un centre de jeunesse pétainiste. Il a alors 18 ans. Là, il apprend que sa jeune sœur est déportée. Lui est sauvé grâce à une religieuse montalbanaise qui le prend sous sa protection et le cache quelques temps avant qu’il ne parvienne à quitter le pays.

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© Musée de la Résistance et de la Déportation – Ville de Montauban, 2009 15

Source 6 : dessins d’une jeune déportée de Tarn-et-Garonne (reproductions musée de la Résistance et Déportation, Montauban)

Malgré les procédés de déshumanisation et d’anéantissement physique et moral des personnes jugées « inférieures » et « indignes de vivre » par les nazis, souvent, dans les lieux « étapes » des centres de mort tels que les prisons, les camps d’internement français ou les ghettos*, et même dans les camps de concentration et d’extermination, des enfants et adolescents ont parfois pu préserver des instants de vie qui étaient ceux de leur âge. Ainsi, ils ont joué, imaginé, dessiné…

Leurs créations expriment souvent leurs peurs, leurs souffrances ou leurs espoirs.

Ce dessin et cette peinture font partie d’une série de créations d’Adèle Kurzweil, jeune juive autrichienne réfugiée avec ses parents en Tarn-

et-Garonne et élève au lycée Michelet de Montauban. Suite aux lois antijuives du gouvernement de Vichy, la famille Kurzweil est contrainte de vivre à Auvillar. En 1942, raflés à leur domicile et internés au camp de Septfonds, Adèle et ses parents sont déportés.

Avec 25 autres enfants du camp dont le plus jeune avait 2 ans, Adèle est gazée dès son arrivée à Auschwitz. Elle avait 17 ans.

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© Musée de la Résistance et de la Déportation – Ville de Montauban, 2009 16

Source 7 : cliché où figurent de jeunes déportés réfugiés à Moissac (reproduction musée de la Résistance et Déportation, Montauban)

Sur cette photographie de la classe de 1ère du collège de Moissac en 1942-43, figurent Nicole Seyewetz et Pierre Roos. Respectivement arrêtés par la Gestapo en 1943 et 1944 lors de rafles de juifs, ils sont tous deux déportés au campd’extermination d’Auschwitz. Ils trouveront la mort dans le système concentrationnaire nazi. Ils avaient 16 et 15 ans.

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© Musée de la Résistance et de la Déportation – Ville de Montauban, 2009 17

Quelques définitions… Aryens peuple de langue et d'origine indo-européenne qui s'établit en Iran et au Nord de l'Inde entre 2000 et 1000 avant J.C. L'adjectif relatif aux aryens est employé

dans les théories racistes ; il définit un type d'homme "de pure race" descendant directement sans métissage des Aryens. Cette notion est dépourvue de tout fondement scientifique.

Fascisme régime établi en Italie (1922-1945) par Mussolini, fondé sur la dictature d’un parti unique. En Allemagne, le fascisme prend le nom de nazisme, contraction de

«national-socialisme», qui est un groupe politique porté au devant de la scène par Hitler. Le fascisme veut l’unité autour de l’Etat qui doit contrôler et diriger toutes les activités de l’individu.

Camps de concentration

camps où sont regroupés des prisonniers pour des motifs politiques, religieux, ethniques. Dachau est le premier camp de concentration nazi ouvert pour les opposants au régime (1er avril 1933); suivent ensuite Oranienburg puis Sachsenhausen. En 1938 et 1939 sont construits de nouveaux camps dans les pays annexés par l’Allemagne (Autriche et Tchécoslovaquie). Toute personne arrêtée pour hostilité à l'armée est déportée et vouée au travail forcé pour faire face à l'effort d'une guerre totale.

Camp d'extermination

lieu de l'extermination de masse (visant à faire périr) des juifs. Heydrich annonce à la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942 qu'il est chargé de la préparation de la solution définitive du "problème juif ". Le terme "Solution finale" camoufle l'horrible réalité de l'extermination systématique des juifs européens par des organismes gouvernementaux nazis qui débute en juin 1941. L'opération était secrète. A côté des camps d'extermination de Belzec, Sobibor et Treblinka (avec chambre à gaz*), il existe des camps mixtes (concentration et extermination) : Auschwitz-Birkenau et Lublin-Maïdanek.

Chambre à gaz

la première a été utilisée pour l'extermination des malades mentaux de janvier 1940 à août 1941. Le gaz utilisé est le monoxyde de carbone ou le Zyklon B. Les corps sont ensuite brûlés dans des fours crématoires ou enterrés dans des fosses communes.

Fours crématoires

les fours crématoires servent à brûler les cadavres des détenus morts dans les camps. Il ne s'agit donc pas, sauf exception, d'un procédé de mise à mort, mais d'un moyen de faire disparaître les cadavres rapidement et sans laisser de traces. La cheminée des crématoires, d'où s'échappaient les cendres des déportés assassinés par les nazis, est devenue le symbole des camps de concentration. Dans les camps d’extermination, les fours crématoires sont associés aux chambres à gaz : l’ensemble forme le «Krematorium».

Génocide (du grec genos, race). Destruction méthodique et planifiée d'un groupe ethnique ou religieux. Terme employé pour la première fois en 1944 à propos de

l'extermination des Juifs par les nazis. Le génocide n’est pas une notion « réservée » à l’extermination des juifs. Il s’agit de la volonté d’un gouvernement, ou d’une partie d’un pouvoir, de détruire un peuple. Ex : le génocide des Tutsi par les Hutu au Rwanda (Afrique) en 1994.

Ghetto dans une ville, quartier réservé où les juifs sont regroupés et enfermés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Ainsi mis à l’écart du reste de la

population, ils vivent dans des conditions très difficiles où règnent pauvreté et famine, et ne peuvent sortir que sur autorisation spéciale. Des ghettos seront emmenés des milliers de juifs vers les camps de la mort.

Race groupe d’êtres vivants aux caractères biologiques semblables.

La notion de race n’a aucun sens pour différencier les êtres humains. Il n’existe qu’une espèce humaine.