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1 Conférence « Préparer l’avenir des jeunes avec les jeunes ! » 28 mai 2013 - Vincent Edin : Mesdames, Messieurs bonjour, vous pouvez vous asseoir, on va commencer. Vous voyez que mes amis de Système RISP sont en train de sous-titrer. On me rappelle de parler plus doucement. Je m'appelle Vincent Edin, je suis journaliste. On va regarder un petit film, il a été réalisé à Rouen. Je vous laisse prendre la température de l'après-midi qui nous attend. Et normalement, il doit se lancer maintenant. Vidéo : - En général, je vis bien le regard des autres, à part que des fois, on me regarde bizarrement. - Je ne le vis pas très, très bien parce qu’il y a des personnes qui nous jugent alors qu’on est une personne à part entière. On est une personne, même si on est handicapé, on est une personne normale, on peut vivre normalement, comme tout le monde. - Quitter l’école pour aller travailler, au début, ça a été difficile parce que j’avais du mal au niveau de la lecture, tout ça, mais là, petit à petit, ça a été, et puis maintenant, j’arrive à lire et à écrire. - De l’IME à l’ESAT, on m’a préparé depuis longtemps parce que, bon, à l’ESAT de l’IME, il y a des ateliers pour nous apprendre le métier. De fil en aiguille, ils nous ont donné de l’autonomie pour pouvoir prendre notre envol par la suite. - J’en avais un peu marre de l’école, de tout ça, des apprentissages. Pour moi, mon but, c’était de travailler, d’avoir une activité professionnelle, d’avoir une vie. - J’ai choisi mon activité en fonction de mon handicap, en fonction de ce que je me sentais capable de faire. Et j’ai essayé un petit peu d’espace vert, j’ai fait un peu de menuiserie. C’était plus ou moins difficile pour moi par rapport au matériel qui était à proposition. Mais l’espace vert, je trouve, c’est ce qu’il y a de plus… Comment dire ? Plus facile pour moi, et c’est un boulot qui me plaît vachement.

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Conférence « Préparer l’avenir des jeunes avec les jeunes ! »

28 mai 2013

- Vincent Edin : Mesdames, Messieurs bonjour, vous pouvez vous asseoir, on va commencer. Vous voyez que mes amis de Système RISP sont en train de sous-titrer. On me rappelle de parler plus doucement. Je m'appelle Vincent Edin, je suis journaliste. On va regarder un petit film, il a été réalisé à Rouen. Je vous laisse prendre la température de l'après-midi qui nous attend. Et normalement, il doit se lancer maintenant. Vidéo : - En général, je vis bien le regard des autres, à part que des fois, on me regarde bizarrement. - Je ne le vis pas très, très bien parce qu’il y a des personnes qui nous jugent alors qu’on est une personne à part entière. On est une personne, même si on est handicapé, on est une personne normale, on peut vivre normalement, comme tout le monde. - Quitter l’école pour aller travailler, au début, ça a été difficile parce que j’avais du mal au niveau de la lecture, tout ça, mais là, petit à petit, ça a été, et puis maintenant, j’arrive à lire et à écrire. - De l’IME à l’ESAT, on m’a préparé depuis longtemps parce que, bon, à l’ESAT de l’IME, il y a des ateliers pour nous apprendre le métier. De fil en aiguille, ils nous ont donné de l’autonomie pour pouvoir prendre notre envol par la suite. - J’en avais un peu marre de l’école, de tout ça, des apprentissages. Pour moi, mon but, c’était de travailler, d’avoir une activité professionnelle, d’avoir une vie. - J’ai choisi mon activité en fonction de mon handicap, en fonction de ce que je me sentais capable de faire. Et j’ai essayé un petit peu d’espace vert, j’ai fait un peu de menuiserie. C’était plus ou moins difficile pour moi par rapport au matériel qui était à proposition. Mais l’espace vert, je trouve, c’est ce qu’il y a de plus… Comment dire ? Plus facile pour moi, et c’est un boulot qui me plaît vachement.

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- Moi, au début, je voulais travailler, être fleuriste, mais ce n’était pas possible parce que j’ai des problèmes de coordination, et puis il fallait retourner à l’école. - C’est grâce au boulot que j’ai eu que j’ai pu mettre de l’argent de côté, j’ai pu louer un petit appartement, pouvoir acheter mes meubles. - Mon but, c’est de me débrouiller vraiment, vraiment toute seule et puis de prouver à ma famille et aux gens qui m’entourent que je suis capable de vivre ma vie d’autonome, d’être une jeune femme comme toutes les autres femmes, de vivre dans son appartement tout seul quoi. - Non, je préfère travailler en ESAT. Je me sens plus à l’aise. Peut-être parce qu’il y a aussi d’autres personnes qui ont d’autres difficultés, du coup, on se sent peut-être plus à l’aise. - Je préfère aller en milieu protégé parce que je me sens plus en sécurité et j’apprends petit à petit, et je vais mieux y arriver. - Pour moi, j’aurais souhaité le milieu ordinaire, mais vu que je n’ai pas les capacités, vu que je n’ai pas les moyens pour y arriver, en fait, du coup, j’ai choisi l’ESAT. Et puis je m’y sens bien. - Mon avenir, je le vois bien pour l’instant et plus tard, je me verrais dans un foyer d’hébergement pour aller travailler tous les matins et rentrer tous les soirs. - L’avenir, je le vois bien. Je souhaite avoir mon appartement, avoir des enfants, avoir son permis. Et puis continuer mon travail. - Mon avenir est déjà pas mal préparé. J’ai 23 ans, j’ai mon appartement. J’envisage de voir si c’est possible de passer mon permis par la suite, pour pouvoir avoir une voiture pour mes futurs enfants et pouvoir partir en vacances où j’ai envie. - Aujourd’hui, le monde du travail, par rapport au handicap, est très, très dur. Je pense, à mon avis, qu’aujourd’hui, lors d’un entretien, on est obligé de cacher son handicap pour pouvoir accéder à un poste. Parce que dès qu’on dit à une personne qu’on est travailleur handicapé ou reconnu travailleur handicapé, ça bloque pas mal de portes. Le plus grand changement, dans ma situation professionnelle, c’est la relation vis-à-vis des chefs de service ou de l’employeur, suite à ma reconnaissance travailleur handicapé. Sinon, rien d’autre n’a changé. Ma vie quotidienne est toujours la même avant ou après l’accident. Il y a une incompréhension entre les employeurs et le handicap neurologique car ce handicap est un handicap invisible.

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Oui, j’ai eu une proposition d’emploi, suite à la fin de ma formation en UEROS. Lors de mon stage en entreprise, mon handicap n’était pas un frein car la personne qui m’a employé était tout à fait au courant de mon handicap. Aujourd’hui, en temps que travailleur handicapé, les employeurs ont un frein vis-à-vis de mon handicap invisible car je suis légèrement plus lent qu’une personne, on va dire "normale". Je ne peux pas dire "normale" parce que moi, je me considère normal ! C’est ça le problème. - Quand je serai grande, j’aimerai mon métier, j’habiterai en Floride et je me ferai bronzer. Je ferai tous les jours du shopping avec ma meilleure copine, acheter des tenues de soirée pour aller danser. J’aurai un chiwawa, un petit chien rien qu’à moi. Je serai dans le mannequinat, plein de trucs comme ça. On me verra dans les magazines, voilà la vie que j’imagine. - Quand je serai grande, je ne sais pas trop ce que je serai, mais je sais ce que je ne serai pas : je ne serai pas comme les autres, j’aurai un look bien à moi. Je n’obéirai à personne, je n’écouterai que moi. En fait, je ne sais pas du tout. Ce que je sais, c’est que je veux être heureuse. Le reste, je m’en fous. Enfin peut-être aussi amoureuse. Mais l’avenir, c’est comme tout, c’est toujours un peu flou. - Vincent Edin : Ça donne le ton de l'après-midi. Pour ouvrir les débats, il nous fallait un directeur, ça tombe bien, on en a un sous la main. - M. Gilbert : Monsieur le vice-président du conseil régional, Mesdames, Messieurs les élus, Mesdames, Messieurs les directeurs, c'est un honneur pour moi d'ouvrir cette première conférence territoriale de l'ADAPT Normandie, et vous accueillir dans cet établissement d'enseignement supérieur qu'est l'IRTS de Basse-Normandie. Depuis sa création en 1929, l'ADAPT a toujours eu la volonté d'apporter des réponses aux personnes en situation de handicap afin de favoriser leur insertion sociale et professionnelle. J'aimerais donc ouvrir cette conférence en la plaçant sous le signe de la volonté, car, s'agissant de la prise en charge du handicap dans le parcours scolaire, il y a non seulement une obligation de résultat, mais aussi un devoir de volonté. L'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées doit progresser en quantité et en qualité. Cette volonté commune qui se concrétise notamment aujourd'hui par cette conférence, cette détermination s'est construite peu à peu à travers des déclarations, des textes, des rencontres. Cela permet de confronter et enrichir nos points de vue.

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Je rappelle pour mémoire toutes les grandes étapes qui attestent de notre volonté et de notre détermination. La déclaration de Salamanque de 1994 qui a fourni un premier cadre d'action aux politiques éducatives et qui a développé le principe de l'éducation pour tous. Le traité de la commission européenne sur l'égalité des chances pour les personnes handicapées, la charte du Luxembourg de 96 également. Ainsi que l'article 13 du traité d'Amsterdam de 1997, interdisant toute discrimination notamment au détriment des personnes handicapées. La déclaration de Madrid de 2002 également selon laquelle "l'école joue le rôle principal dans la compréhension et l'acceptation des droits des personnes handicapées". Les lois de 2002 et 2005 en France, en 2006, l'article 24 de la convention internationale des Nations unies relative aux droits personnes handicapées pose le fait que tout le monde a le droit à la formation professionnelle, à la formation des adultes et à la formation permanente. En 2007, la déclaration de Lisbonne a décliné les attentes que les jeunes européens handicapés ont exprimées à l'égard des pouvoirs publics. Ils ont souligné les défis à relever en rapport avec leurs besoins et ce qu'ils pensent de l'éducation inclusive. Les jeunes ont énoncé en conclusion de cette déclaration : c'est à nous de bâtir notre avenir, en dépassant notre handicap le monde nous acceptera mieux". J'ai été frappé de ce que la convention de Lisbonne dégage de volonté. Car les jeunes disent : "Nous ne voulons pas susciter la compassion, mais être respectés comme de futurs adultes et être amenés à vivre et à travailler dans un environnement ordinaire". Cette demande trouve certains relais dans la volonté des pouvoirs publics, mais sur le terrain, s'appuie sur notre propre volonté, notre détermination à offrir aux plus jeunes en situation de handicap la possibilité d'une scolarité en milieu ordinaire, et aux plus âgés la possibilité d'une insertion sociale et professionnelle. Cette conférence est illustrée par la parole des jeunes, premiers concernés par leur avenir. A travers leur témoignage, vous allez découvrir leur avis sur l'éducation et l'insertion dans l'emploi. Mesdames, Messieurs, j'ai commencé ces quelques mots en évoquant le beau mot de volonté, et je veux terminer en évoquant le mot peut-être encore plus beau de liberté. Car tous les mots que nous allons utiliser, accessibilité, possibilité, etc., ce sont les mots qui reflètent la liberté et l'autonomie La sphère des possibles, c'est la sphère de leur liberté et de leur autonomie. En aidant les personnes en situation de handicap à gagner leur liberté, elles devront nous aider à mieux comprendre ce que signifie être libre et autonome. Car à travers ce combat pour de meilleures conditions de vie, de scolarisation, à travers

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tout cela, les personnes en situation de handicap nous rappellent à tous ce que nous avons un peu tendance à oublier, notamment dans nos sociétés modernes, que la liberté est une lutte, et que lutter pour être libre, c'est en esprit l'être déjà. C'est pourquoi les propositions de cet après-midi cette conférence, portent un symbole. Rassemblant des partenaires des sciences humaines, sociales et éducatives, des entreprises engagées, des jeunes en situation de handicap, des professionnels de l'ADAPT ou non, la conférence des territoires de l'ADAPT Normandie se propose de mettre en débat la notion de préparer l'avenir des jeunes avec les jeunes en termes d'accessibilité pour tous. Nous allons nous interroger sur les innovations développées par les acteurs du système éducatif et médico-social, pour ouvrir ce système à la diversité des besoins éducatifs de chacun. Nous allons partager nos expériences et faire part de nos réussites, mais aussi soulever des points sur lesquels nous devons encore tous faire des efforts. Je me réjouis de cette rencontre car je suis convaincu que nous pourrons ainsi vivre ensemble égaux et différents. Je ne doute pas que cette conférence soit l'occasion de progresser en ce sens. Je vous remercie. - Vincent Edin : Merci, Monsieur le directeur. Il y a plein d'intervenants par la suite. On va profiter du fait que l'ADAPT nous a fait de jolis film pour lancer un petit film sur la scolarisation, et je remercie d'ailleurs TV Normandie, qui film la conférence, ce qui fait que si les intervenants disent des bêtises, ils passeront au zapping! Vidéo : - J’ai été dans une école normale avant que je vienne ici. - Elle a été difficile avant, ma scolarisation. J’ai eu beaucoup de moqueries de gens, des jeunes du collège. - J’ai intégré l’IEM parce que je n’arrivais plus trop à suivre. - A l’école ici, je fais mes devoirs souvent tout seul, mais on m’aide aussi un peu. - L’approche avec les profs, c’est plus « amicaux », il y a moins de murs entre l’élève et le professeur. - L’IEM, ça m’a permis d’avancer dans mon projet scolaire.

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- Là, je suis en train de travailler en APO, en Atelier de préorientation. Je commence le tout début de mon projet. - Je suis un APO, donc il y a des personnes qui m’aident un peu à savoir comment faire mon métier. J’ai fait des stages. Ça m’a appris qu’on doit se lever tôt et qu’il faut beaucoup de travail. Et il en faut beaucoup. - Puis après, j’ai demandé à Isabelle du centre de formation pour me former, justement. Et après, j’ai entamé les stages. - L’autonomie sert à faire des tâches seul. Avant, je n’avais pas beaucoup travaillé ça. - L’autonomie c’est surtout important pour moi, pour que je me débrouille tout seul, pour que je ne sois pas sous les jupes de maman ni de papa. - Pour moi, l’autonomie, ce n’est pas savoir être autonome, se débrouiller tout seul, c’est savoir demander aussi parce que, forcément, tu ne peux pas faire tout tout seul, sachant les lacunes qu’il y a. Donc savoir demander, c’est être autonome. - Avant, je me sentais mal, et maintenant, je me sens mieux, ici. - Parfois, dans ma vie, je me sens un peu mal. J’ai des moments difficiles dans ma vie. Mais voilà : des fois je me sens mal, des fois, il y a des choses qui vont bien. Mais quand je me sens mal, c’est que vraiment, ça ne va pas. J’ai quelque chose, je pleure, je m’exprime autrement. J’ai une autre expression. - Ma vie pour le moment : j’ai à peu près réussi tout ce que je voulais faire. Donc après, il y a juste à continuer dans cette voie-là. - Je vais avoir un métier, je vais habiter dans une maison. Après, je vais apprendre l’éducation à mes enfants, si j’en ai. Comment vivre, comment travailler. - Déjà, avoir un boulot. Être chez moi avec ma copine. - Je travaille mon autonomie en appartement supervisé. J’ai fait un stage qui m’a permis de savoir si je pouvais vivre en appartement. Il est concluant, pareil. Donc là, je vais rechercher un appartement. Je vais aller d’abord dans un institut pendant six mois pour apprendre, puis après, je vais aller dans un appartement avec de l’aide à domicile.

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- Je vois mon avenir se projeter : avoir un petit copain, avoir mon appartement, avoir ma vie comme une personne normale. Je suis handicapée, OK, mais ce n’est pas parce que je suis handicapée que je ne peux pas avoir ma maison, ma vie, mes enfants et mon mari ou mon conjoint. - Vincent Edin : J'ai reconnu plein de gens qui sont là. Je n'ai pas reconnu celui qui disait qu'il voulait sortir des jupes de sa maman et de son papa, je félicite son papa de porter des jupes! Est-ce que l'ONISEP veut bien me rejoindre, l'École des Parents, le CFA de Coutances, ALFAH. Et vous, les jeunes, vous restez bien au premier rang. S’il y a quelque chose qui ne va pas, vous le dites à la fin. Vous avez le droit de le dire. Toujours pareil, il n'y a que les femmes qui se dévouent, mais... C'est toujours la même chose avec le courage! Ah, quand même un mec qui arrive! C'est le direct, ce sont des choses qui arrivent. Tout le monde est là ? L'École des parents n'est pas venue ? Ce qui est modérément sympa. En général, ce sont les enfants qui ont des mots d’excuse, là, ce sont les parents. On va improviser. Est-ce que vous pouvez-nous dire ce qui attend ces jeunes ? On voit qu'ils veulent tous s'insérer. Est-ce qu'il y a des limites dans ce que les jeunes en situation de handicap peuvent envisager comme avenir professionnel ? - Mme Féron : Il n'y a pas de limite. L'ONISEP Basse-Normandie, c'est un opérateur public du ministère de l'Éducation nationale et de l'enseignement supérieur. Aujourd'hui, on tient à informer les élèves handicapés à travers toutes nos productions, sur le web avec le site ONISEP.fr, ou bien dans nos délégations régionales. Nous sommes présents sur tout le territoire en France, avec un siège à Paris, avec 28 délégations régionales, pour nous, Rouen. Notre engagement, c'est déjà un effort important qui a été réalisé, mais c'est encore d'informer les élèves handicapés, leurs familles sur tous les possibles qui sont pour eux. J'ai un peu perdu le fil... - Tout est possible. - Voilà. Nous avons travaillé sur un document : études supérieures et handicap, qui est en ligne sur notre site. Nous avons rencontré des jeunes qui étaient lycéens, handicapés en terminale, et qui ont poursuivi leurs études. Ces étudiants, on leur a dit : continuez vos études, c'est possible, ne vous censurez pas, il y a beaucoup de gens pour vous aider, des conseillers d'orientation, enseignants référents, des référents handicap dans les écoles, des associations.

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Nous avons par exemple à Rouen une association extraordinaire qui s'appelle Handisup Haute Normandie. Ils en sont à leur millième étudiant handicapé accompagné. Ça va du lycée jusqu'à l'emploi, à travers de nombreuses activités. Toutes les questions qu'un jeune lycéen peut se poser, par exemple : je veux être ingénieur, mais je n'arrive pas trop à écrire. Handisup les accompagne, va voir des ingénieurs, va leur poser la question : est-ce qu'on écrit beaucoup quand on est ingénieur ? Et à chaque question, on répond, par exemple : dans ce métier-là, pas trop. Et le jeune construit son projet jusqu'au bout avec Handisup. Ou alors, si le jeune veut aller faire un stage à Dublin, on l'accompagne, on regarde pour l'emploi, le logement, etc., tout un accompagnement jusqu'à l'emploi avec des forums professionnels de l'emploi, entreprises, étudiants. Ils en sont à leur neuvième conférence. Vous dire aussi que, les études sont possibles jusqu'à la thèse. Depuis cette année, l'an dernier, depuis 2011, il y avait 11 contrats doctoraux pour faire une thèse. Ça a été mis en place pour les personnes handicapées. Cette année, on en a 25, le ministère a accordé 25 contrats de travail rémunérés pendant trois ans pour un jeune, pour qu'il puisse faire ses études jusqu'à son doctorat. Il y a beaucoup de possibles pour les étudiants handicapés qui veulent faire des études supérieures. Le document qu'on a réalisé avec l'école supérieure de Rennes, c'était pour vous dire ça : quand vous construirez votre projet, vous ne serez pas tout seul. Si vous avez les compétences pour entrer dans une école d'enseignement supérieur, c'est de droit. C'est à l'école d'adapter, de vous accueillir et d'aménager tout ce qui va être pédagogique. Pour les aides humaines, ça va être la MDPH. Il y a beaucoup de possibles qu'on a voulu mettre dans ce petit livre, qu'on peut télécharger sur notre site. - Il y a un jeune garçon dans la vidéo qui dit qu'il faut se lever tôt. Un Bac + 8, c'est le cas. En vous écoutant, on se dit que c'est possible. On peut aller sur ONISEP.Fr. - Les centres d'orientation ont ces brochures, il y en a également dans les CDI. - On peut vous retrouver partout alors ? - Tout à fait. Il y a aussi des services en ligne, mon orientation en ligne, c'est un dispositif accessible à chacun, et il y a des professionnels formés pour répondre aux questions des jeunes en situation de handicap, on a aussi une page Facebook accessible aux non voyants notamment. Nous avons aussi un premier site mobile

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ONISEP total accès, accessible aux non voyants, qui peuvent retrouver les formations avant bac, post bac. Il y a donc le site, la version papier, des salons également. On a vraiment tout un réseau entre notre maison mère à Paris et nos délégations régionales. Chacune peut avoir aussi des spécificités, par exemple la délégation régionale de Montmorency*, avec un pôle handicap mental et études. Consultez notre site, notre maison mère ou en région. - Ne consultez pas le site tout de suite! Je sais que les étudiants parfois consultent Facebook pendant que je parle. - Même en apprentissage, on va jusqu'à la thèse. Faire un doctorat, c'est déjà de l'apprentissage. On écrit un gros bouquin et on travaille en même temps. Le système de l'apprentissage, c'est d'abord être employé et venir compléter sa formation dans une école qui est dédiée pour ça, c'est ce que l'on appelle les centres de formation d'apprentis. Il y en a plein, partout, pour différents métiers. Celui que je dirige, c'est un CFA pour le ministère de l'Agriculture. On forme aux métiers de l'agriculture, plus précisément au métier d'agriculteur qui élève des vaches laitières, dans les travaux paysagers également et dans l'horticulture. On est sur des enseignements de niveau CAP, Bac et brevet professionnel. Mais il existe d'autres écoles qui vont beaucoup plus loin, même dans l'agriculture. Dans notre centre de formation d'apprenti, on a 300 à 350 apprentis, dont une petite dizaine de jeunes qui sont reconnus travailleurs handicapés. - Dans ces cas-là, ils sont accompagnés notamment par mon voisin, Monsieur... - Je dirais même essentiellement. - Comment ça se passe, ce partenariat ? - L'association ALFAH est née de la volonté d'ouvrir la formation en alternance par la qualification avec des contrats d'alternance salarié. - C'est à partir de quel âge ? - Dès 16 ans. - L'apprentissage, c'est de 16 à 26, sauf quand on est reconnu travailleur handicapé. - Il y en a dans la salle, des jeunes qui viennent du CFA de Coutances ?

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- Je ne pense pas. - Comment ça se passe, dans le cadre d'une procédure d'orientation, si un jeune décide d'intégrer le CFA ? Quel est votre rôle ? - On n'intervient pas dans le processus d'orientation, on peut intervenir dans le processus d'aide à l'orientation, en participant à des réunions notamment pour envisager les possibles et les solutions proposées. On intervient pour sensibiliser aussi les entreprises qui vont être à même d'accueillir un jeune, quelle que soit sa situation. Le rencontrer lors d'un entretien lors d'un stage aussi, sur des stages courts sans la contrainte d'un contrat de travail. Et aborder et anticiper les conséquences éventuelles, ou pas, de la situation de handicap dans les deux années de formation, puisque c'est sur deux ans, qui vont venir. Autant à l'entreprise qu'au sein du centre de CFA, donc, et anticiper le plus possible les difficultés lorsqu'elles surviennent en apportant les moyens de compensation du handicap. - Quelle est la répartition entre le temps passé à l'école et en stage ? - A peu près une semaine dans le centre, comme tout apprentissage, et quinze jours à trois semaines en entreprise. Au niveau CAP, c'est trois semaines, au niveau Bac, ça va être plutôt quinze jours. Quand ils sont en centres, ils suivent les enseignements comme tous les autres, sauf qu'ils ont, en plus, des moments de remédiation où ils sont en petits groupes pour faire de façon plus commune du soutien, pour avancer dans leur apprentissage. Pendant qu'ils sont en entreprise, ils ont trois heures par semaine où ils retournent dans un centre de proximité pour faire aussi des cours de soutien. C'est souvent dans le cadre de handicaps bien particuliers. Tous les handicaps n'ont pas ça. - Je rebondis sur les ateliers de soutien qui peuvent être proposés aux jeunes. Là encore, c'est en fonction de leurs besoins (fonctions motrices par exemple, ou troubles de l'apprentissage). Selon les parcours, ça nécessite de coller au plus près de la formation qui est suivie au sein du CFA. Il y a des ateliers de soutien qu'on essaye d'organiser en négociation avec l'entreprise sur le temps de l'entreprise pour que ces jeunes puissent retravailler sur les bases qui ne leur permettent pas encore d'accéder aux contenus des cours, mais aussi de préparer les enseignements.

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C'est trois heures chaque semaine lors de leur présence en entreprise. Cet atelier-là sert aussi, pas qu'au soutien scolaire, mais aussi à intervenir sur des situations qui ont pu être identifiées en entreprise et qui ont pu poser problème. Les retentissements de difficultés de maîtrise des conversions, par exemple, peuvent être assez graves sur une pratique professionnelle. Dans l'agriculture, parce qu'il y a forcément des dosages. Dans d'autres métiers, c'est le cas. En tout cas, permettre de lever des difficultés très pratico-pratiques pour que les difficultés d'apprentissage qui, selon la situation, puissent être dépassées. - Merci à tous les trois pour avoir apporté des éclairages. Il ne faut pas vous censurer. On va peut-être profiter de la présence des quatre fantastiques, Elodie, Anne-Sophie, Éloïse et Corentin pour comparer entre ce que vous nous dites et ce qu’eux ont vécu dans leur scolarité. Qui veut parler de son parcours scolaire ? - Bonjour. Je suis Éloïse. J'ai eu des difficultés pour suivre en parcours ordinaire. La classe qui m'a permis d'intégrer maintenant, s'appelle l'ACPE. Cette classe, ça veut dire qu'on ne travaille pas l'histoire, mais que le français et les maths. Justement, moi, j'essaie d'avancer dans mon projet, et plus j'avance, plus je franchis de barrière, plus les barrières s'ouvrent à moi. - Bravo. Tu as déjà une idée des carrières qui s'ouvrent à toi ? - Je voudrais aller vers la chanson. Tout le monde me dit que je ne vais pas y arriver. Il ne faut pas dire "je n'y arrive pas" avant que les barrières ne se soient pas levées. - Elle ne plaisante pas! - Bonjour, je m'appelle Anne-Sophie Lafosse. Je suis au CAT de Montebourg. Il y a plusieurs ateliers, des ateliers de mise sous pli, etc. - Avant d'arriver à l'ESAT ? - Je suis allée jusqu'à la 6e de remise à niveau. C'était par des cours par correspondance, qui s'appelle le CNED. Avant, j'ai fait des stages.

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- L'école t'a-t-elle bien préparée à l'ESAT ? - Oui, Isabelle m'a trouvé aussi des stages. Pour trouver des stages à l'extérieur, ce n'est pas évident. - Il y a des entreprises dans la salle, je suis sûr qu'elles vont donner un coup de main. - Corentin, tu as 16 ans ? Tu fais de la mécanique. Peux-tu nous en dire un peu plus ? - ... - Est-ce que l'école t'aide bien à faire de la mécanique ? - Je fais surtout des maths. - Tu voulais aller vers la menuiserie, et on t'a dit que ce n'était pas possible. Qu'est-ce que tu fais dans ce cas-là ? Tu réfléchis à une autre idée ? Tu veux que je te laisse 5 minutes pour réfléchir ? Et toi, Elodie ? - Je m'appelle Elodie, je suis maintenant à l'ESAT de Montebourg. Je suis en sous-traitance, je conditionne des boîtes à camembert, ça va de l'assemblage jusqu'au rangement dans les cartons. Mon parcours scolaire, j'ai commencé dans une école normale jusqu'au CE2, puis je suis rentrée à l'IEM car je n'arrivais plus à suivre des cours normaux. - Et cette scolarisation, elle t'a bien préparée à aller à Montebourg ? - La scolarité a été nettement plus facile, car les rythmes scolaires sont plus faciles. Là, c'est à mon niveau. - C'est donc juste le rythme que tu voulais entre l'école et le travail ? Et maintenant, tu ne veux plus retourner à l'école alors ? - Non. - Qui veut commenter ce qu'on a entendu ? - Dans les témoignages qu'on entend, quand on se retrouve dans une situation d'orientation, qu'il faut examiner en fonction des besoins, des produits, il y a

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l'ESAT qui peut être une voie vers laquelle vous voulez aller, c'est le milieu protégé. Dans le milieu ordinaire aussi, il y a des voies proposées. Je ne pense pas qu'il y ait non plus de hiérarchie dans ces voies d'orientation, c'est juste des possibilités qui correspondent à des besoins. Il y a la voie du lycée professionnel, la voie aussi de l'apprentissage qui prépare de manière différente par rapport à une formation initiale. On entend souvent : je n'aime pas l'école! Souvent, quand on est en situation de handicap, le parcours scolaire peut être difficile. En alternant de longues périodes en entreprise et des petites périodes en CFA, c'est une autre façon d'aller à l'école. Ensuite, cela nécessite des compensations, au CFA comme en entreprise, mais au niveau de l'orientation, il faut voir les choses comme différents choix, différents parcours... - On n'est pas obligé de passer par l'école pour la chanson. Elodie ne s'est pas encore manifestement fixée sur son orientation. - L'apprentissage n'est pas un processus d'orientation. - C'est ça le problème. - Quand on choisit une voie en apprentissage, c'est après l'orientation. Le président a dit tout à l'heure qu'avec la volonté, on pouvait arriver à plein de choses, et qu'on soit handicapé ou pas. Plein de témoignages qu'on a vus par les vidéos, ce sont les mêmes questions que se posent les gens dits "normaux" par rapport à leur orientation. Par rapport à ça, on est tous égaux, on a tous les mêmes questionnements. Avec la volonté, on peut développer plein de compétences et arriver à faire plein de choses. - En milieu ordinaire, on est d'accord, l'orientation, c'est le même problème. Moi-même, je me suis planté... - Que conseillez-vous à Corentin ? - La mécanique, on peut l'aborder à tous les niveaux. Ce peut être le Cap pour commencer, puis on peut progresser. Il y a un moteur de recherche sur le site de l'ONISEP, qui est : recherche libre. Il peut vous aiguiller sur des choses qui se passent en région, des formations, etc. On a aussi des annuaires pour des handicaps moteurs, auditifs, visuels... Il y a tous les établissements médico-sociaux, les ULIS, etc. Vous trouverez beaucoup de choses.

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Servez-vous d'une petite fenêtre pour taper votre demande, et vous aurez de nombreuses réponses. - On va être rejoint pour la fin de cette table ronde par la directrice adjointe du secteur enfants de l'ADAPT. Peut-être d'abord un petit commentaire sur ce que vous avez entendu. - Mme Guilhem-Wetton : Bonjour à tous. Nous avons effectivement déjà réfléchi sur les questions de scolarité, et surtout en ayant pris en majorité des témoignages de jeunes, des jeunes que je connais, pour la grande majorité dans le film. Notre conférence, on a souhaité une large parole aux jeunes. L'avenir appartient aux jeunes, ce n'est pas nouveau. En termes de scolarisation, la problématique est importante dans le cadre du service de soins qu'on accompagne. On ouvre le débat avec des jeunes qui sont sortis de notre dispositif et qui ont bien évolué, positivement. Tout à l'heure, je lisais quelques poèmes, dont un qui disait : j'ai peur! Les jeunes ont besoin qu'on ne leur mette pas trop la pression en termes de parcours. On a tous été jeunes, la pression, on l'a au niveau des médias, c'est très angoissant. Études où les jeunes sont plus en difficulté. A côté de moi, j'ai un jeune, qui a fait un parcours exemplaire, qui lui a demandé beaucoup d'énergie, où la scolarisation n'était pas sa tasse de thé. Je voulais qu'il puisse témoigner. En plus, il illustre votre collaboration conjointe. Voilà son témoignage, qui est un grand parcours. Je lui passe la parole. - Je m'appelle Guillaume Rioux. J'ai fait des stages en entreprise paysagiste, puis en j'ai été au CFA de Coutances. Puis j'ai fait trois ans d'apprentissage, j'ai été suivi par ALFAH, et soutenu par le CFA. Les premières années, je n'ai pas travaillé beaucoup, car les études n'étaient pas ma tasse de thé. Maintenant, je suis paysagiste. - C'était quoi le déclic ? Comment tu t'y es mis tout d'un coup ? - Je voulais réussir dans ma vie. - Tu as réussi tout ce que tu voulais faire ? - Oui. - Il faut arrêter alors!

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- Oui. - Avez-vous des questions ? Sur comment ça se passe... Ce sera comme à l'école, il n'y aura pas de pause s'il n'y a pas de questions... Peux-tu te présenter ? - Je m'appelle Mikael, j'ai 18 ans. J'ai fait un stage. Je suis à l'école de... Je ne sais pas lire. Les gens qui arrivent à l'UMD, à l'école de Montmorency... Les adultes... - En fait, ce n'était pas vraiment une question, mais tu voulais dire que tu aimes bien l'école car ça t'aide à apprendre plus. C'est ça ? - Oui. - D'autres questions ? - Je suis assistante sociale à Bayeux. Faut-il un accord de la MDPH pour que le service puisse se mettre en place ? - L'association ALFAH, il faut répondre à deux entrées. La première est d'avoir en vue un contrat d'apprentissage, donc un lien avec l'entreprise, puis une orientation vers le milieu ordinaire tout en étant reconnu travailleur handicapé. Nous ne sommes pas établissement médico-social. Pour nous, c'est la reconnaissance de qualité de travailleur handicapé qui permet de suivre les jeunes. L'AGEFIPH intervient sur les financements au titre du handicap. Dans le cadre des établissements médico-sociaux, la notification de prise en charge suffit pour le commencement du contrat. Mais il vaut mieux dès le début demander une reconnaissance de travailleur handicapé. La MFR ne sont pas forcément en alternance salarié. Certains proposent des formations dans le cadre de contrats d'apprentissage. - Nous, à l'ADAPT, on croit beaucoup à l'apprentissage. C'est 4 000 apprentissages pour les travailleurs handicapés. Si on regarde le nombre de jeunes handicapés suivis par ALFAH... Qu'est-ce qu'on pourrait faire aujourd'hui pour qu'on ait plus de jeunes handicapés en contrat d'apprentissage ?

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- Déjà, comme il faut avoir une entreprise, c'est déjà une condition... C'est une problématique pour l'apprentissage en général. Faciliter l'accès aux jeunes handicapés à l'entreprise, c'est déjà un pas. Ensuite, après, c'est une adaptation des enseignements, mais c'est intrinsèque aux CFA, et avec les formateurs et les associations qui sont à côté aussi. Quelque part, nous, les centres de formation, nous ne sommes que des prestataires de service de formation vis-à-vis des écoles. Les apprentis sont d'abord des salariés, donc c'est l'accès des personnes handicapées au niveau de l'emploi. - Oui, l'employeur, c'est sans doute la chose la plus difficile à trouver après l'orientation. Après, pour qu'il y ait plus de personnes en situation de handicap qui rentrent sur des contrats d'apprentissage, ou pour qu'on puisse répondre à ceux qui souhaitent cette voie, il y a une articulation maintenant depuis deux ans avec l'Éducation nationale, pour que la voie de l'apprentissage soit une voie vers laquelle on puisse aiguiller des jeunes. Cela correspond aussi à un besoin. Le milieu de l'apprentissage, c'est encore l'école autrement. La représentation de l'apprentissage pour les jeunes, il faut que cette représentation puisse changer aussi, auprès de tous les jeunes, pas seulement ceux en situation de handicap. Les employeurs, une fois qu'ils sont sensibilisés, qu'ils cernent mieux la problématique de la situation de handicap, ils sont avant tout intéressés par la rencontre qu'il y a avec les jeunes. Pour favoriser cette rencontre, les stages en entreprise peuvent favoriser cette rencontre-là, car la seule mention de handicap peut parfois faire appel à des représentations qui vont freiner les gens. Il y a aussi l'image du handicap au travail et celle du contrat d'apprentissage, sur laquelle il faut travailler. - Le fait de déconstruire les images négatives, ça a été dit dans le film... Vous verrez dans la prochaine table ronde. Il n'y a plus de questions ? Je vous propose d'applaudir très fort les intervenants de notre première table ronde. L'école est finie, maintenant, on va parler de travail. On se repasse un petit film pour introduire la séquence. On a deux films à regarder. On va d'abord rendre hommage à la ville qui nous accueille, on va aller à Caen, puis parler de travail directement. Vidéo : - Je me présente : Déborah, j’ai vingt ans, j’habite chez mes parents à Bernière-sur-Mer et je vais rentrer en formation à l’ADAPT.

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Le travail d’autonomie peut passer par une étape d’intégration dans un foyer de jeunes travailleurs. Comme je dois faire une formation à l’ADAPT et que j’habite loin, je suis accompagnée par une éducatrice pour visiter ma chambre et rencontrer l’animatrice du FJT. - Je suis Sabine Legrusley. Je suis responsable de service au foyer Notre-Dame à Caen. Ici, nous accueillons des jeunes femmes de 16 à 30 ans en insertion professionnelle, donc soit vers la formation, soit vers un emploi. C’est un accompagnement dans la gestion de la vie quotidienne, la gestion de budget, mais ça peut être aussi sur plein de petites choses courantes, comme apprendre à faire la cuisine par le biais d’ateliers et d’activités collectives. Les règles de vie sont toutes simples : c’est une vie en communauté avec calme, tranquillité et la sécurité, puisqu’il y a des règles d’entrée et de sortie au FJT pour les jeunes accueillis et les visiteurs. On travaille en partenariat avec les services sociaux (services de la protection de l’enfance mais aussi d’accompagnement des jeunes en situation de handicap). On est vraiment en lien avec les services, de sorte que les objectifs que le service pose sont les objectifs aussi qu’on pose avec les jeunes au FJT, ce qui permet un accompagnement complet du jeune. On accueille des jeunes qui sont en voie d’insertion professionnelle, mais on les stabilise déjà par le logement, ensuite, pour atteindre des formations et/ou un emploi, en fait. - Je m’appelle Olivier, j’ai 25 ans, j’habite à côté de Falaise. - Je m’appelle Pierre, j’ai 21 ans, j’habite à Douvres-la-Délivrande à côté de Caen. - Je suis hébergé dans un foyer jeunes travailleurs mixte en plein centre-ville de Caen et on est hébergé depuis six mois. - Au départ j’ai eu un peu de mal, parce que ce n’est pas toujours facile, mais ensuite, on s’y fait, quoi. On a des gens qui sont là aussi pour nous aider bien s’intégrer, avec des formateurs et tout ça, donc du coup, ça allait. - Les difficultés sont : des problèmes administratifs, et des fois, de se sentir un peu seul aussi. - Je participe à des activités, je fais du hockey sur glace à la patinoire de Caen-la-Mer. Du coup, avec le foyer, c’est pas mal. C’est juste à côté. Ça me permet de faire mon sport et de pouvoir suivre la formation en même temps.

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- Mon projet plus tard, c’est de passer mon permis de conduire, si possible, et trouver un emploi après la formation. - Moi, ce que je voudrais à la fin de la formation, c’est de trouver soit une autre formation pour apprendre un métier qui me plaît, ou alors de trouver un travail directement, pour pouvoir prendre mon indépendance pour pouvoir prendre un appartement et puis pouvoir faire ma vie. - La formation est bien parce que c’est vrai qu’on a tous un handicap. Ce n’est pas toujours facile de vivre avec. Et là au moins, l’avantage, c’est qu’on n’est pas critiqué sur nous parce qu’on a toujours un problème et tout ça. Là, ils sont là pour nous aider et tout ça aussi, pour nous renforcer contre notre maladie, notre handicap. - Je suis confiant par rapport à la suite. Après, on ne sait jamais ce que ça nous réserve. Donc on ne sait pas, on verra. - Je m’appelle Vincent, j’ai 21 ans et j’habite sur Caen. A l’heure actuelle, je me bats pour m’en sortir, ce n’est pas toujours facile. Je prends beaucoup de recul face aux gens qui jugent. Je me dis que je dois garder le nord. C’est pourquoi je vais faire un stage à l’ESAT hors-les-murs et rencontrer M. Lecardonnel. - Régis Lecardonnel, chargé d’insertion au sein de l’ESAT intermédiaire hors les murs de l’ACSEA. L’objectif d’un ESAT intermédiaire hors les murs est de proposer à des jeunes adultes souhaitant se professionnaliser d’accéder au milieu ordinaire, de pouvoir, au travers d’un parcours de cinq ans chez nous, se former en situation de travail au sein de nos ateliers, associés à des soutiens et des formations professionnelles, à un accompagnement sur l’autonomie de vie personnelle qui doit permettre, à terme, à ces jeunes de pouvoir postuler et s’intégrer dans des entreprises du milieu ordinaire sur des postes leur correspondant. Les activités qu’on peut proposer au sein de notre ESAT intermédiaire hors les murs sont des activités essentiellement de logistique et des activités de métallerie. Le projet de l’ESAT intermédiaire hors les murs a été construit au sein de l’ACSEA (Association de sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence) pour permettre à des jeunes sortant d’établissements tels que des IME, IMPro, ITEP, de l’ACSEA, mais aussi d’autres partenaires de la région caennaise, de pouvoir permettre à ces jeunes de tester le projet et un parcours en ESAT intermédiaire hors les murs. - Je fais partie d’une formation de l’ADAPT cette année. Avec mon groupe, nous avons l’occasion de poser des questions à des anciens stagiaires.

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- Quel a été ton parcours avant d’être embauchée à l’ESAT hors les murs ? - J’ai été en pré-projet à Mondeville, à l’ADAPT, en remise à niveau. - Avant l’ESAT hors les murs, j’étais en pré-projet à l’ADAPT de Mondeville. - Tu travailles pour quelle entreprise ? - Je travaille pour Legallais-Bouchard hors les murs. - Pour Renault Trucks. - Quelles sont les tâches que tu réalisais ? - De la maintenance de contenants. On entretient les contenants pour qu’ils soient aux normes de sécurité pour tourner sur la chaîne de montage. - Je mets en sachet de la quincaillerie et je compte, je vide les sacs ? - Qu’est-ce qui est facile pour toi ? - Tout est facile. Il y a des choses que je n’aime pas, mais je les fais quand même. - Facile, c’est qu’on se dit que, comme on est placé dans un ESAT hors les murs, on a une possibilité d’avancer tout doucement, de prendre son temps pour travailler, tout ça. On n’est pas poussé par la chaîne derrière qui nous dit : allez vite, allez vite, allez vite. On sait qu’on est reconnu comme un ESAT, du coup, Renault a dit : bon, on a un temps en plus pour travailler. - Qu’est-ce qui est difficile pour toi ? - Le même rythme tous les jours, tous les jours, au bout d’un moment, ça fatigue. Au bout d’un moment, on commence à fatiguer. Au bout, des fois, on en a marre. Des fois, on baisse un peu les bras, mais on essaie de remonter la pente. - Mettre les lames, c’est dur, c’est pas facile. - Quels sont tes projets ? - Vu que je viens d’arriver, pour le moment, il n’y en a pas vraiment.

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- J’ai le projet de quitter la région et de partir plus dans le sud. Vu qu’il y a les vignerons, ça recherche beaucoup de soudeurs. - Quels rêves as-tu ? - Avoir mon permis de conduire et avoir la possibilité d’avoir une maison et d’avoir mon autonomie, avec une maison un peu plus grande ou un appartement un peu plus grand. - Il me manque un truc, mais c’est perso ! Obstacles, handicap, rien ne nous empêchera d’atteindre nos objectifs et de garder le bon cap. Si nous sommes différents, à partir de maintenant, je vais de l’avant, oui, nous allons de l’avant. Obstacle, handicap, rien ne nous empêchera d’atteindre nos objectifs et de garder le bon cap. Si nous sommes différents, à partir de maintenant, je vais de l’avant, oui, nous allons de l’avant. - Vincent Edin : Je crois que ça a été le plus applaudi des trois films. Il y a un des témoignages, qui disait qu'il en avait marre du boulot, et je me suis complètement reconnu là-dedans! On va continuer avec un dernier film, puis on va continuer avec la seconde table ronde, et j'encourage leurs participants à bien regarder pour bien rebondir dessus. Vidéo : - A l'IEM, on m'a dit justement de faire des stages dans les ESAT, et que par la suite, ça va m'aider pour que je postule dans un ESAT et que j'y rentre. - J'ai fait de nombreux stages en entreprise, en toilettage canin, j'ai eu des difficultés dans mon projet à cause de mon handicap. Je ne pourrais pas exercer ce métier, et j'ai du mal à trouver un nouveau projet maintenant. - Et puis sinon, pour les entretiens avec les patrons, ça a été impeccable parce qu'ils m'ont acceptée telle que j'étais, avec ou sans handicap. Franchement, ça n'a rien changé. Je leur avais juste dit ce que j'avais exactement, et ils m'ont acceptée. - Je ne peux pas me déplacer tout seul. Quand je veux me déplacer, je demande à mes parents s'ils peuvent m'emmener, je leur avais juste dit ce que j'avais exactement, et ils m'ont acceptée.

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- Je ne peux pas me déplacer tout seul. Quand je veux me déplacer, je demande à mes parents s'ils peuvent m'emmener, ou soit à mon frère, pour qu'il puisse m'emmener là où j'ai envie d'aller. - Il fallait me pousser, dire : Fais-le. En fait, je n'osais pas me lancer vraiment moi toute seule à faire quelque chose parce que j'avais toujours peur de ne pas y arriver. - Dans ma vie, je suis autonome parce que j'ai pris les devants pour arriver dans ma vie. - Le fait d'être en dehors, devoir se débrouiller seule, tout ça, dans la vie active, ça m'a apporté beaucoup. - C'est une question de confiance et de capacité, et puis une envie d'y arriver. Avoir le courage. C'est ça qui... - Moi je me sens comme eux. Mais je n'ai qu'une main. - Je suis arrivé dans l'entreprise, comme ça, et le patron, il m'avait dit : Vous vous trouvez à l'ouverture du magasin. Et le patron, quand il m'a vu, il m'a dit : Non, on n'a pas eu besoin de vous, parce que voilà, le Monsieur qui était malade a repris ce matin. Et je n'ai su qu'après que c'était parce que j'étais handicapé. Mais bon, à part ça... Je n'ai pas eu d'autre souci. - Je ne le ressens pas quand je suis avec mes amies au lycée. Mais par contre, quand je ressors du bus à la gare et que je vais en direction de la maison pour rentrer chez mon père, là, oui, je vois quand même un regard en train de s'infiltrer à côté de moi, en train de se dire : Oh tiens, elle, elle doit avoir un petit problème à sa jambe ou à sa main. Voilà, j'en ai marre! C'est tout. - Je me sens bien. J'ai réussi à faire mon parcours... Comme j'ai réussi, pour le moment, tout se passe bien. - Je me sens bien avec les autres. Pour moi, je ne me sens pas handicapé, vu que je travaille déjà chez moi. - Je n'attends pas autre chose pour le moment actuel. Pour l'instant moi, je suis bien. - Après, quand on a un bon entourage, puis qu'on est bien dans sa peau, ça y fait. Il ne faut pas reculer, c'est tout. Il faut partir de l'avant.

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- J'ai mon travail, j'ai ma maison. J'ai tout ce qu'il faut pour me déplacer comme je veux. Donc pour la suite, c'est bien quoi. - La vie en appartement ? Si je veux un appartement plus tard ? J'y pense de temps en temps. Mais ça sera le jour où je serai vraiment, vraiment prête. - Acheter une maison, agrandir la famille aussi. - Vincent Edin : Encore un immense bravo, les jeunes. Je vais appeler tous les intervenants de la seconde table ronde. Ils sont très nombreux à me rejoindre, les entreprises, la Mission locale, le GRETA, le Monsieur de l'ESAT hors les murs qui a été cité à plusieurs reprises. Attendez, prenez ma place... Sinon, pour les gens sur scène, ça va faire trop de têtes. Qu'est-ce qui veut prendre ma place ? Allez-y, je vais me mettre là. Voici les intervenants de la première table ronde, qui s'étaient cachés. A un près, on peut faire une équipe de foot. Qui veut parler en premier ? Je sais que je dois libérer la Mission locale à 16h, et il est 15h26, donc je vous propose de parler en premier, mesdames. Peut-être une petite réaction par rapport à ce que vous avez vu dans le film. - Bonjour. Mme Aube-Graïc, je suis responsable du service emploi à la Mission locale de Rouen. Je me demandais : est-ce que tous les CFA accueillent des jeunes en situation de handicap ? Est-ce qu'ils sont tous équipés pour aussi accueillir, ça répond aussi à la question posée je ne sais plus par qui, sur la question de l'orientation, qui nous parle aussi... A la Mission locale, on accueille des jeunes qui sont sortis du système scolaire, tous les jeunes. Je le précise bien. Ou qui sont en situation de décrochage scolaire, puisque nous avons aussi une mission d'accueil des jeunes encore scolarisés mais qui sont en train de décrocher. C'est vrai que la question de l'orientation, on la retrouve dans notre quotidien. Et l'insertion professionnelle après, une fois qu'on a mis en place un parcours. Pour rebondir sur tout ce qui est apprentissage, la difficulté, c'est effectivement de trouver un employeur qui accepte d'accueillir un jeune en situation de handicap, mais, comme le disait Madame, c'est aussi difficile pour les jeunes qui ne sont pas en situation de handicap. C'est souvent des rencontres qui font que, voilà, les freins qu'on pouvait s'imaginer vont tomber. On favorise, nous, la rencontre avec des employeurs dans le cadre de la lutte contre les discriminations pour justement initier des rencontres entre tous les jeunes, et aussi entre des jeunes en situation de handicap et des employeurs, et des potentiels recruteurs.

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C'est dans notre mission, ça peut être du parrainage. - Vous sensibilisez les entreprises ? Le jeune garçon, dans le film, qui s'est retrouvé à l'entrée du magasin avec son employeur qui lui a dit : non, on n'a plus besoin de toi, c'est purement de la discrimination. - Effectivement. Nous relayons aussi pour le jeune, quand il n'ose pas signaler la discrimination, on peut faire un signalement auprès de la HALDE, anciennement. On est tout à fait dans notre rôle. Dans le cadre de nos missions, on essaye de faire tomber ces fameux préjugés. C'est par la rencontre entre le monde des employeurs et celui des jeunes qu'on peut faire avancer les choses petit à petit. - C'est la prolongation de ce que l'on a entendu dans la première table ronde, avec notre camarade qui demandait pourquoi il n'y avait pas plus d'apprentissages. Ce sont encore des préjugés erronés. Avez-vous des chiffres ? - Nous avons environ 1000 employeurs avec lesquels nous travaillons régulièrement dans notre secteur. On a développé une relation durable avec eux, on va à leur rencontre de façon à ce que l'on puisse recueillir chez eux les ressources nécessaires aux jeunes à tous les niveaux de parcours, par exemple la visite d'entreprise un accueil en stage, comme du parrainage. On va à la rencontre de l'employeur, comme on peut accueillir, nous, les jeunes en Mission locale. C'est une approche globale. On lui demande de parler de lui, et à partir de là, on va lui proposer notre offre de service et voir avec lui quel partenariat on pourrait mener, parce qu'on considère les employeurs comme de véritables partenaires pour les jeunes, au même titre que les organismes de formation, les assistantes sociales. Les employeurs, on souhaite qu'ils deviennent nos partenaires à destination des jeunes que l'on suit. - Bonjour, je suis de l'Association régionale des Missions locales de Haute-Normandie. Au niveau des employeurs, Rouen est une grosse Mission locale. Sur la région, on est un peu plus de 3 000 employeurs en contact dans le cadre de ce partenariat. - Pour le réseau des GRETA, peut-être un complément d'information ? Il y a des jeunes qui ont dit qu'ils n'aimaient pas trop l'école, mais on peut aussi se révéler plus tard.

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- Effectivement, c'est un peu une suite logique d'intervenir après la Mission locale, la question de l'orientation pouvant amener vers une formation continue, qui se distingue de la formation initiale par le fait que la personne que nous accueillons n'est plus un élève scolarisé mais un salarié ou un demandeur d'emploi. Je vais peut-être présenter un peu le réseau des GRETA. C'est un organisme de formation qui dépend de l’Éducation nationale et qui met en place des formations en s'appuyant sur les moyens des établissements scolaires, qui adhèrent à ce groupement d'établissements. C'est ce que signifie le GRETA. On a une large offre de formations. Vous connaissez, pour certains qui sont déjà en lycée professionnel, vous savez qu'il y a beaucoup de lycées dans la région qui interviennent dans des métiers différents. Les secteurs professionnels peuvent être un levier : il y a l'industrie, le bâtiment, le sanitaire et social, les métiers du tertiaire, de la santé, etc. Mais c'est aussi, le GRETA, un organisme important dans l'aide à l'orientation sociale et professionnelle. Et effectivement, ce titre de partenariat notamment avec les Missions locales et Pôle emploi, et sur des financements qui peuvent être de la Région ou de Pôle Emploi, dans ce cadre, on met en place des formations professionnelles. - Pour ceux qui accèdent à ces formations, ça dure combien de temps ? C'est entre 18 et 26 ans ? - C'est jusqu'à pas d'âge! Il y a des exceptions, ça nous est arrivé d'accueillir des élèves de l'ADAPT il y a deux ou trois ans. Mais globalement, on parle de publics adultes, c'est-à-dire sortis du système scolaire. En fonction du projet, on ne parle pas de jeune comme on a tous les publics, de 18 jusqu'à en gros l'âge de la retraite, on va parler d'adultes, donc en fonction du projet, la prestation peut être très différente. Ça peut aller de la remise à niveau sur des savoirs de base en français, en mathématiques, voire en langues ou en bureautique, l'acquisition d'un diplôme est possible au sein du GRETA. Ce sont principalement des diplômes qui sont les CAP, les Bac professionnels et les BTS. Ça peut aller d'une journée de formation à quinze jours, voire une à deux années de formation, c'est vraiment très large et adapté au projet de la personne. Ce qui fait aussi notre manière d'approcher la formation, c'est de faire de la formation sur mesure et de répondre au plus près des besoins des individus et partir de leurs compétences, de leurs besoins pour leur offrir un parcours de formation qui soit adapté et qui réponde précisément à leurs besoins. - On parle de portefeuille de formations, vous proposez des formations pour combien de métiers ?

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- C'est difficile à dire. C'est ce que j'énonçais tout à l'heure, c'est très large. Par exemple, en Basse-Normandie, il faut savoir que le réseau des GRETA est national, il y en a 210 en France et dans les Territoires d'Outre-mer. En Basse-Normandie, il y en a quatre. Ça représente 26 lieux de formation, 26 agences, dispersées, réparties sur tout le territoire bas-normand, ce qui permet une proximité de réponse pour répondre aux besoins des citoyens qui sont en demande de formation. A partir de là, comme je le disais tout à l'heure, en fonction de nos compétences que l'on développe localement, en lien souvent avec les lycées, des compétences que l'on peut développer aussi avec le réseau des professionnels avec qui on travaille, on propose des formations dans pratiquement tous les secteurs professionnels du CAP au BTS. - Donc pour les jeunes qui se posent la question d'une reconversion professionnelle, il faut venir voir Monsieur! Il fait relativement chaud... Si on peut ouvrir en haut... Peut-être passer le micro à l'homme qui est passé dans le film, l'ESAT hors les murs, très cité! - C'est un ESAT intermédiaire. Je suis coordinateur de l'ESAT hors les murs à Sotteville-lès-Rouen, à côté de Rouen. Nous travaillons pour des jeunes qui souhaitent faire une insertion professionnelle en milieu ordinaire. C'est pour un public qui en général refuse l'ESAT traditionnel, et qui veut être pleinement intégré dans la société. - Cela veut dire qu'en formation initiale, il faut peut-être avoir mis l'accent sur des savoir-faire, mais aussi des savoir-être, une capacité à s'adapter en entreprise. Ce n'est pas forcément évident ? - En effet. C'est pour ça qu'on peut intervenir sur ce type de table ronde. On a ouvert depuis janvier 2007, avec un agrément de 20 personnes. On avait jusqu'à présent la mission d'accueillir tout âge, de 20 à 60 ans, un peu plus maintenant, et tout type de situation de handicap, et puis la moyenne des publics accueillis, c'était plutôt entre 30 et 50 ans, des adultes ayant eu un accident de la vie, avec un parcours en général plutôt ordinaire avant cet accident de la vie, donc notre mission était de rebondir sur les compétences pré. Présentes avant l'accident. Et récemment, on a eu plus de demandes de jeunes qui n'avaient pas été acceptés dans le parcours de formation, qui n'avaient pas réussi à trouver un apprentissage et qui se sont orientés vers nous. Aujourd'hui, la difficulté, c'est qu'on n'arrive pas forcément bien à les accompagner parce qu'il y a l'absence de qualification et les difficultés de savoir-être et de savoir-faire, d'absence de connaissance des habilités sociales et professionnelles.

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Tout ça, c'est un travail en amont. Ce n'est pas forcément la compétence professionnelle qui nous pose problème au sens propre du terme, mais tout ce qui va environner la situation de travail. Cela demande un accompagnement. - Nous allons entendre les entreprises témoigner, notamment votre voisine. On entend qu'elles sont prêtes à accueillir des jeunes en situation de handicap, mais on comprend aussi qu'il faut un certain nombre de prérequis. Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face aujourd'hui ? - La question, c'est : comment accompagner ces jeunes qui ne sont pas pris dans d'autres dispositifs ? Ces jeunes qui se tournent vers le monde du travail sans forcément de qualification, sans préparation. On a beaucoup parlé d'ESAT hors murs intermédiaire dans le film. On est un ESAT hors murs de 20 personnes, rattaché à un ESAT classique, et on essaie de s'appuyer sur les prestations extérieures pour que ces personnes qui manquent d'expérience, d'entraînement, puissent avoir une première expérience encadrée avant d'aller vers l'entreprise, et là, mettre en place un accompagnement avec un tuteur et un chargé d'insertion. - Dans votre ESAT hors les murs, on prépare à quel type de métier ? - On ne prépare pas à des métiers. On parlait tout à l'heure d'orientation, de scolarisation; nous, on va rebondir sur ce qui existe, l'expérience, la qualification. On a une mission d'orientation où on transfère les compétences existantes. On ne va pas mettre en place de formation. Éventuellement, aujourd'hui, lorsqu'on est en lien avec les entreprises, dès lors qu'on voit qu'il y a des demandes, on peut développer des contrats intégrant ces besoins. C'est à nous, en amont, de pouvoir déceler, selon le choix ou l'orientation de la personne qui vient vers nous, de pouvoir lui dire : oui ou non, on peut vous accompagner. - Pour rebondir, ce travail en amont avec les jeunes sur ce qu'on appelle l'insertion sociale notamment, c'est un travail qui est fait également, qui peut être fait avec des jeunes de 16 à 25 ans non scolarisés, bien sûr, des jeunes en situation de handicap également. Le cœur de métier des Missions locales, c'est aussi l'accompagnement qu'on appelle global, qui va d'une phase d'accueil à un travail sur l'insertion sociale, à la professionnalisation, à l'insertion professionnelle, au maintien dans l'emploi. Donc ces jeunes peuvent être inscrits en Mission locale, et il y a pléthore d'ateliers, d'entretiens individuels et cognitifs pour travailler sur ces compétences. Et peut-être compléter aussi rapidement sur le fait qu’à travers ses missions, la Mission locale accompagne les jeunes pour intégrer des dispositifs de contrats

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aidés : contrats d'accompagnement à l'emploi, initiative à l'emploi, emplois d'avenir. Pour un jeune travailleur handicapé, pour les emplois d'avenir, normalement, c'est 16 à 25 ans, mais c'est jusqu'à 30 ans pour le jeune en situation de handicap, l'initiative à l'emploi peut aussi accompagner les jeunes. On a un arrêté préfectoral en Normandie avec une prise en charge plus importante pour l'employeur. Tout ça pour dire qu'il existe des dispositifs, et notamment l'emploi d'avenir. L'objectif, c'est bien justement, pour des jeunes peu ou pas diplômés de pouvoir pendant un contrat de trois ans valider des expériences professionnelles, mais également monter un parcours de formation et toujours de manière tripartite entre l'employeur, voire le tuteur, le jeune et le conseiller. Pour les jeunes en situation de handicap, pour le conseiller Cap Emploi. Il y a un accompagnement renforcé et un parcours de formation qui est mis en place, on peut aussi travailler sur les compétences de base et aller vers une phase de qualification. - Les jeunes en situation de handicap sont jeunes plus longtemps puisqu'ils ont le droit d'être jeunes jusqu'à 30 ans! - C'est bien aussi le propos, on a toujours accompagné en cinq ans du public au-delà de 25 ou 30 ans. La petite particularité dans nos problématiques, c'est qu'on a accompagné pendant quelque temps des personnes à problématique autiste, et là, on a une situation différente, on a là une personne diplômée, qui a un bac professionnel, et c'est plutôt la partie lien avec l'entreprise qui est plus compliquée à réaliser. Donc on voit bien aussi comment on peut mettre en place le parallèle entre les différents types de handicaps et de problématiques, et le fait d'avoir une absence de qualification ou au contraire une qualification. - On va peut-être passer le micro à votre voisine pour entendre les entreprises, qui ne prennent pas assez de jeunes en alternance, en apprentissage! M. Bidault, qu'est-ce qu'une grosse entreprise comme Orange fait en matière d'emploi des personnes en situation de handicap, notamment des jeunes ? - Mme Bidault : C'est pour marquer la couleur de la diversité, la tenue en bleue ! Lors de ma mission correspondante diversité, sur le périmètre Normandie Centre, on est organisé par grandes régions sur ces thématiques du handicap. Fin 2012, nous sommes à 4,97% au niveau de l'obligation légale de travailleurs handicapés avec un taux d'emploi direct de 4,04%. Depuis très longtemps, chez France Télécom, le handicap, ça prend différents aspects.

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Je veux évoquer la très forte implication sur la cause de l'autisme. La Fondation Orange est très active pour tout ce qui est soutien de l'autisme. Nous avons également une politique commerciale qui amène à développer des produits et des services pour développer l' accessibilité pour les personnes en situation de handicap, et il y a une offre dédiée qui évolue, qui est adaptée et qui s'enrichit des contributions de ce que les personnes en situation de handicap vivent, et en travaillant aussi sur cet axe-là. Pour revenir à votre question qui intéresse bien sûr l'apprentissage, les jeunes, l'accueil en entreprise, on a beaucoup parlé du secteur protégé. C’est un de nos axes d'action. Nous avons une partie non négligeable consacrée (16,8 millions d'euros) au secteur protégé. Nos acheteurs ont aussi une politique volontariste de sourcing, de référencement pour que les personnes que nous ne pouvons pas accueillir directement dans l'entreprise parce que les compensations nécessaires ne sont pas possible, pour leur donner la possibilité de travailler. Pour le recrutement : quand on arrive dans une entreprise, il y a un temps d'adaptation pour tout le monde. Soit par rapport à l'activité, avec l'équipe, pour l'équipe avec laquelle on va travailler et puis, il y a un temps d'adaptation avec l'organisation de l'entreprise. Quand on change d'entreprise, d'activité, il faut aussi se réadapter à une nouvelle organisation, à de nouveaux codes. La particularité avec une personne en situation de handicap, c'est qu'il faut tenir compte de ses spécificités liées au handicap. Là, on ne parle plus seulement d'adaptation mais de compensation. Cette dernière prend plusieurs formes, et c'est ce sur quoi il faut travailler en amont du recrutement pour mettre toutes les chances de notre côté pour réussir l'intégration. Car quelqu'un qu'on accueille qui ne réussit pas, c'est un échec pour la personne, mais aussi pour l'entreprise. Il y a également le sujet des stages, stages de découverte en amont du recrutement et de l'intégration. Cela nous permet d'évaluer avec la personne ce qu'il convient de prévoir pour son aménagement de poste. Ce n'est pas seulement matériel, ça peut être aussi des aménagements humains, des auxiliaires de vie. Des salariés chez nous ont des auxiliaires de vie qui les accompagnent dans leur quotidien. On peut aussi avoir des aménagements de poste autour de l'organisation du travail, au niveau de la charge de travail, de la répartition dans l'équipe. Certaines personnes ne peuvent pas travailler au même rythme que les autres. On va moduler les objectifs, éventuellement adapter les horaires. Une personne diabétique n'aura pas forcément les mêmes horaires sur un plateau de centre d'appels à horaires élargis. Il est important de le signaler, cette possibilité en amont de venir faire un stage de découverte pour valider que les adaptations sont possibles. On est dans quelque chose de raisonnable, donc il faut se donner toutes les chances de réussir l'intégration.

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- Vous respectez ceux qui disent : ça va trop vite, et vous pouvez essayer de moduler le calendrier. Orange est une très grande entreprise, on pense aux boutiques, aux gens qui réparent les box. - Mme Bidault : Les métiers sur lesquels on recrute, ce sont essentiellement les métiers de la relation client, conseiller client par téléphone, vendeur en boutique. - Les qualités qui sont demandées, ce sont lesquelles ? - Mme Bidault : Nous accueillons des jeunes en apprentissage, mais c'est différent de l'apprentissage, car c'est un contrat permettant d'obtenir une qualification professionnelle, et la qualification est intégralement prise en charge par l'entreprise. Nous avons deux volets. Nous avons réalisé six contrats de professionnalisations sur la région Normandie centre avec des personnes en situation de handicap, et nous avons en cours la campagne d'apprentissage. La question de l'accessibilité se pose également avec les centres de formation, qui ne savent pas forcément aujourd'hui repérer, même s'ils travaillent avec des associations telles que l'ADAPT ou d'autres. Aujourd'hui, l'identification des jeunes qui seraient intéressés par le métier n'est pas simple. Mais elle est possible. Nous avons accueilli des apprentis, en accueillons encore. Nous avons organisé un stage il y a peu de temps, une personne qui a une déficience visuelle. La question que l'on se pose aujourd'hui, c'est : est-ce que notre système d'information est compatible avec sa déficience ? Car le handicap visuel peut prendre des formes très diverses. On l'a rendu accessible pour un certain nombre de déficiences, mais on n'est pas sûr de pouvoir l'adapter aujourd'hui. On travaille avec des experts au niveau national pour voir ce qu'il en est, et on espère que ça sera positif et qu'on pourra continuer la procédure de recrutement. - Corentin, si tu veux apprendre à réparer des box, tu peux aller t'entraîner chez Orange! Voire chez moi, j'ai une box de chez Orange qui a planté depuis un moment... - M. Lunineau : Nous fabriquons des sous marins pour les établissements de Cherbourg. Nous sommes 2500. Notre première préoccupation, c'était de monter une équipe handicap chez nous, avec une * du travail, une ergonome, un médecin du travail. Cette équipe m'accompagne lors des recrutements pour aménager un poste, pour m'accompagner sur la compréhension du handicap. J'ai une équipe derrière moi qui m'aide lors des recrutements et lors de l'insertion professionnelle des personnes handicapées.

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Si on revient sur l'insertion professionnelle, on met des choses en place à DCNS. Nous avons un programme de compétence qui s'adresse aux femmes qui veulent travailler sur les métiers de production, les personnes en situation de handicap et les personnes en réinsertion. Ces trois types de publics, ce programme se déroule en trois temps. D'abord, une visite d'entreprise, à DCNS, présentation des métiers sur lesquels on recrute, avec des intervenants, un moment aussi un peu plus sympa en salle de réalité virtuelle où on découvre comment on fabrique un sous-marin. Toutes ces personnes on en a accueilli une trentaine en avril. Nous avons travaillé avec des personnes des Missions locales, des Cap Emploi. La seconde étape, c'est le recrutement en alternance. On s'est engagé avec ces 30 personnes de les recruter en alternance sur nos métiers. Le troisième temps, c'est le recrutement en CDI. C'est grâce à ce programme que nous voyons l'insertion des personnes en situation de handicap. On fait une seconde chose, on peut en parler maintenant... Le 17 octobre prochain, nous organisons, parce que l'objectif aussi est de rapprocher le monde de l'entreprise et les jeunes et les personnes en situation de handicap, c'est de se rapprocher et donc, l'objectif est de créer un forum de recrutement à Cherbourg. Là aussi, il faut être mobile. L'objectif... - Ça se passe à la Cité de la Mer. - Voilà. Vous verrez l'exposition d'un sous-marin, Le Redoutable, avec une animation sur la mer autour. L'objectif, c'est accueillir des personnes en situation de handicap qui vont venir rencontrer nos opérationnels, managers, recruteurs lors d'une journée. Soit pour vous faire découvrir un projet professionnel, soit pour postuler sur des postes ouverts. On viendra avec une liste de postes ouverts, en alternance, CDI ou stage, et ça sera l'occasion de se rencontrer, d'échanger avec notre leader, avec les équipes, ingénierie, informatique. - Qu'est-ce qu'il faut comme compétences pour venir chez vous ? - On offre 80 contrats d'alternance en ce moment à Cherbourg. On recrute sur tous les métiers. Ce qui fait défaut, c'est le manque de qualification. Il faut faire découvrir nos métiers pour qu'ils viennent ensuite en alternance. Il y a tout ce qui est lié à l'ingénierie, les métiers d'interface entre l'ingénierie et la production. Ce sont des gens qui vont préparer la production. Ils vont dire aux opérateurs ce qu'il faut faire. Pour ces métiers-là, il faut une qualification.

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Pour travailler chez nous, il faut un minimum de goût pour l'industrie, pour le projet. C'est un projet qui dure dix ans. Il faut avoir une mentalité de long projet, et un goût pour l'industrie. - Il ne faut pas être pressé, avoir envie de s'inscrire dans le long terme ? - Tout à fait. - Mme Guillaume, AREVA, c'est aussi le long terme ? - Tout à fait. AREVA, c'est dans le Cotentin. Il y a plusieurs entités : le site de La Hague bien connu. Il y a des entités qui font du transport, de l'ingénierie, de l'informatique... Ce sont des métiers très techniques. Nous allons recruter sur le site de La Hague 120 alternants. Notre alternance est basée sur le fait qu'on veut monter des gens en compétence pour les embaucher après. Donc on forme les personnes sur les métiers techniques qui nous intéressent : production, maintenance, installation, etc. On va aussi vers les métiers d'ingénieur. En fait, il y a peu de personnes en situation de handicap qui postulent chez nous. - Comment vous l'expliquez ? - Je ne sais pas. On travaille beaucoup avec la Mission locale et Cap emploi. Peut-être qu'il y a aussi une image de : ce n'est pas possible, ou ce n'est pas bien... Je ne sais pas. On a déjà fait un forum où des personnes sont déjà venues, on a réussi à embaucher un peu... Je dois donc le dire : c'est pour vous! Notre souhait, c'est vraiment ça : former des gens pour les embaucher derrière, avec une ouverture à tous. Mais ce sont des métiers techniques, qui nécessitent une qualification. L'alternance, c'est quelque chose de compliqué, il faut du courage pour faire ça, aller à l'école et en entreprise. C'est très courageux, et en général, ça marche. - Y a-t-il des gens dans la salle qui ne connaissaient pas AREVA ? Et qui souhaitent aller à la Cité de la mer ? - Cherbourg, c'est loin. - Au départ, on a senti cette petite crainte du milieu ordinaire. On a une équipe mission handicap qui accompagne. Les managers sont formés, on a une journée de sensibilisation tous les ans, les RH sont formés, on a des

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personnels formés. La crainte du handicap a régressé ces dernières années, elle disparaît de plus en plus dans les grandes entreprises. N'hésitez pas à y postuler. - Mme Bidault : Je voudrais revenir sur la personne qui a témoigné dans la vidéo. Aujourd'hui, je pense que les regards sont en train de changer et les mentalités d'évoluer. Dire qu'on a une reconnaissance de travailleur handicapé n'est plus aujourd'hui une crainte comme par le passé. Le fait de le mentionner peut au contraire aujourd'hui faciliter le recrutement. Il faut rencontrer la personne pour qu'elle nous dise ce dont elle a besoin pour qu'on aménage au mieux son poste de travail. Personnellement, je pense qu'il faut mentionner lors de sa candidature le fait qu'on a une reconnaissance de travailleur handicapé. Chez Orange, bien sûr, par rapport aux compétences qu'on souhaite développer, ça se regarde aussi en fonction de ça. - Les jeunes, on va vous demander dans quelques minutes ce que vous en pensez. M. L'Huillier, qu'est-ce que c'est que le FIPHFP ? - M. L’Huillier : Je vois que vous arrivez à le dire, c'est bien, car beaucoup ne connaissent pas encore ce mot. Je représente la fonction publique, la fonction publique d'État, la fonction publique territoriale, la fonction publique hospitalière. Cela représente 5 millions de personnes, et 550000 pour les deux Normandie. - L'insertion des personnes en situation de handicap, on sait que l'État n'est pas très bon non plus. Quelles sont les initiatives que vous avez ? - L'État, et le secteur public en général, a longtemps été dans la posture de dire : faites ce que je dis mais pas ce que je fais. Il a fallu attendre 2005 pour que l'obligation d'emploi soit étendue au secteur public, pour que les choses bougent. On peut considérer que la problématique a été mise sur le devant de la scène avec la loi du 11 février 2005. C'était la volonté du législateur de créer un fonds, qui a été créé sur le modèle de l'AGEFIPH mais pour le secteur public. On a obligé le secteur public. Il a fallu cette obligation d'emploi, et ça a aussi permis de collecter des fonds. Un exemple : on a parlé d'apprentissage aujourd'hui, et tant mieux, car le FIPHFP considère que l'apprentissage est particulièrement adapté pour la formation des personnes handicapées. En 2007, on avait recensé 100 apprentis handicapés dans toute la fonction publique en France! En tout cas, c'était ceux qui s'étaient fait connaître du FIPHFP. Donc on était à l'âge des cavernes. Aujourd'hui, six ans plus tard, on en a compté 1700, dont 900 sont entrés en apprentissage en 2011. Il y a eu notamment l'obligation d'emploi.

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Mais y compris pour les petits employeurs de moins de 20 qui ne sont pas soumis à l'obligation d'emploi, il y a des aides, et dans la fonction publique, ça ne coûte rien à l'employeur de recruter un travailleur handicapé. Donc il y a clairement une politique d'incitation pour rattraper le retard de la fonction publique. - Comment les jeunes qui sont là peuvent être mis en contact avec l'État employeur ? - L'État, les collectivités locales et les hôpitaux. Aujourd'hui, les employeurs publics les plus vertueux, ce sont les collectivités locales : les départements, les communes, etc. C'est grâce à eux qu'on va bien dépasser les 6% d'emploi. Donc tous progressent, mais pas au même rythme. Pour répondre à votre question : il y a divers canaux : les sites internet, il y a le site Internet du FIPHFP : carrefour-emploi-public.fr. Il y a les partenariats que nous avons avec Pôle emploi, l'ADAPT les Cap emploi, etc. Ce sont des canaux. Quand vous frappez à la porte de la Mission locale ou de Pôle emploi, vous savez que les services proposés sont pris en charge soit par l'AGEFIPH soit par le FIPHFP. Nous organisons tous les ans la semaine pour l'emploi des personnes handicapées, avec l'AGEFIPH, c'est la troisième semaine de novembre. S'il y a un moment dans l'année où il faut se mobiliser pour l'emploi des personnes handicapées, c'est cette semaine-là. - Merci beaucoup. Votre voisin n'a pas été présenté. - Je travaille pour l'ESAT hors les murs. On fait des prestations de service. L'avantage qu'il y a, c'est de rencontrer tous les jours des collègues valides. Cela permet de se présenter serein dans les entreprises. Les entreprises caennaises sont Legallais, Hamelin, Système U, qui fait la logistique, notamment... - Y a-t-il des questions pour les responsables de la Mission locale que j'ai promis de libérer à l'heure ? Non ? Donc si vous avez besoin de vous libérer, vous pouvez partir. Merci pour votre témoignage à toutes les deux. Ça mérite des applaudissements. Nos quatre témoins de la première table, qu'avez-vous pensé de ce qui s'est dit ? Corentin ? Est-ce que ça te donne encore plus envie d'aller en milieu ordinaire ? Tu ne sais pas ? Peut-être que quand il y aura moins de monde tu seras moins intimidé...

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- Moi, j'aurais aimé aller dans le milieu ordinaire, mais ce n'est pas possible pour moi, il y a des barrières qui se sont fermées avant, du coup, il y a un fil qui m'a empêchée d'y aller. Tous les jours j'essaie de franchir la ligne pour y arriver. - Et toi Elodie ? Un petit commentaire ? - Moi aussi, je voudrais franchir le milieu ordinaire, mais je me suis rendu compte que ce n'était pas possible. Je voulais effectuer une enquête métiers. J'ai demandé qu'ils me prennent en journée découverte, et l'entreprise ne m'a jamais donné de réponse. Donc je suis partie du milieu ordinaire et je suis allée dans le milieu protégé, et depuis je travaille. - Merci pour le témoignage, tu nous diras le nom de l'entreprise. - Anne-Sophie Lafosse : J'ai été plutôt voir dans ESAT, car je me suis rendu compte que je ne pouvais pas suivre la cadence dans le milieu ordinaire. - Monsieur, on vous a vu dans le film aussi. - Bonjour à tous. Je suis vraiment surpris par les entreprises présentes. Aujourd'hui, je suis travailleur handicapé, mais dans mon domaine, on est obligé de le cacher, car dès qu'on dit le mot handicapé, on vous met au placard. Voir aujourd'hui des représentants qui recrutent des personnes handicapées, ça fait plaisir. - C'était quand, quand ça vous est arrivé ce type d'événement ? Avant ou après 2005 ? - Mon accident s'est produit en 1999. J'ai été reconnu travailleur handicapé en 2000. Entre temps, j'ai changé d'entreprise. A chaque fois que j'ai eu une évolution de mon handicap, on m'a mis au placard. Aujourd'hui, des gens comme vous, je ne les ai pas rencontrés. J'ai été sous-traitant d’Orange, mais pas Orange même. J'ai fait quelques grandes boîtes, mais des gens comme vous, je ne les ai jamais rencontrés. Quand on essaie de trouver du travail et de s'en sortir, on nous met des bâtons dans les roues. On me dit : vous êtes dessinateur projeteur, mais vous êtes handicapé ! Ce sont des phrases que je connais par coeur. - Mme Bidault : Ce que vous dites, c'est typiquement du hors jeu. Il y a eu une révolution notamment depuis 2005, chez Orange, on en est à notre troisième accord. Le niveau d'exigence monte car il y a une meilleure compréhension. Il y a quelques années, on n'avait pas ce niveau de sensibilisation qu'on a aujourd'hui.

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Je suis sur un périmètre géographique assez important, mais on a aussi des correspondants handicap dans les établissements. Pour l'anecdote : l'an dernier, on a formé des managers sur une démarche handimanagement, et on a aujourd'hui 200 handimanagers dans le secteur. Ce sont des managers qui sont donc prêts à accueillir des travailleurs handicapés. On a fait plus 498 déclarations de reconnaissance cette année. - On voit le témoignage. Je pense que c'est une attitude qu'on peut encore rencontrer. Les grands groupes ont les moyens de sensibiliser le personnel, mais dans les petits groupes, c'est plus difficile. Sensibilisez-vous aussi vos sous-traitants ? - Pour la sous-traitance, on s'interroge sur l'utilisation du secteur protégé. Bien sûr, dans une grande entreprise comme Orange, il y a encore des personnes qui ne jouent pas le jeu. Chaque jour, on remet l'ouvrage sur le métier, il reste encore beaucoup à faire, même si ça progresse. On travaille à une meilleure considération, pour un meilleur vivre ensemble en général. - Et chez AREVA ? - Mme Briffod : Le travail qu'on fait autour de cette problématique, c'est en effet des messages à faire passer tous les jours... On se repose des questions en permanence, on a des organisations pour se poser des questions, avec des ergonomes, des médecins, et tout le monde œuvre là. On a des noyaux de convaincus, et il ne faut jamais lâcher. - A un moment donné, le message passe, mais il ne faut pas que sur le terrain, que le travail passe par un autre salarié. Il faut apporter de l'importance à la notion de compensation, car il faut voir ce que ça peut induire si un collègue est obligé de faire à la place d’un autre. - Dépasser les représentations, ça prend du temps. Une question ? Un témoignage ? - Je voudrais passer un autre message : une fois que vous avez intégré une entreprise et trouvé ce qui vous convient, il ne faut pas hésiter à changer non plus car les choses bougent. On essaie aussi de montrer que les managers ne sont pas seuls avec les difficultés, car ça fait un déséquilibre important. Quand le collectif témoigne de l'écoute, ça apporte beaucoup. - Quand on est à l'école, le moment le plus dur, c'est celui de faire une synthèse.

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Monsieur Jourdam, vous êtes sociologue. - M. Jourdam : En venant ici, j'avais l'idée d'avoir une vision globale. Au départ, je suis travailleur social, j'ai travaillé dans un centre pour ados délinquants. J'ai l'impression que la frontière du travail s'éloignait toujours. Je me suis retrouvé à étudier le monde du travail, de la Révolution française jusqu'à aujourd'hui. La loi Lechapellier de 1790 supprimait les corporations. Quand les choses se passent bien, il y a un équilibre entre l'offre et la demande, et il n'y a pas besoin d'intervention extérieure. Par contre, quand ça se passe mal, les pouvoirs publics sont obligés d'intervenir. J'ai étudié le bassin de Cherbourg, et j'ai essayé de voir comment ça avait évolué dans le temps. J'ai découpé le temps en trois périodes : 1790-1945 et 1945- 1975 et 1975 à aujourd'hui. Il manque toujours quelque chose pour arriver à un contrat de travail en CDI, 35 heures par semaine, payé au SMIC, c'est une définition qu'on peut donner du travail ordinaire aujourd'hui. Ce matin, j'ai entendu parler à la radio d'un new deal européen du travail. En 1790 et 1945, j'ai trouvé quatre expériences de travail virtuel : des expériences où la crise économique ponctuelle oblige les pouvoirs publics à intervenir. En 1790, on a vu apparaître des ateliers communaux à Cherbourg. Il n'y avait pas de protection sociale. Deuxième expérience de travail virtuel : 1814, avec le même genre de travail. La troisième expérience, c'était à La Hague, en 1848. La mine de La Hague avait alors fermé. En 1940, à l'Arsenal, à l'arrivée des armées allemandes, les trois sous-marins en construction ont été sabotés et les gens se sont retrouvés en chômage. Il y a alors un chantier de travail virtuel à mon sens à moi qui s'est mis en place. Ma définition de travail virtuel : dans un travail "ordinaire", quand il y a besoin de main-d’œuvre, l'employeur recrute des salariés. Quand il y a besoin d'un tiers... L'État est intervenu à plusieurs reprises entre 1789 et 1945. De 1945 à 1975, c'était les Trente Glorieuses, mais plusieurs personnes ne pouvaient pas entrer dans le marché du travail, c'était les personnes handicapées mentales. Donc on a essayé d'inventer les outils pour permettre à ces personnes d'aller au travail. La loi de 75 a validé la création des CAT et des ateliers protégés. Donc développement de l'éducation spécialisée dans cette période de 45 à 75. On trouvait des solutions pour mettre les gens au travail. Et la troisième phase de processus de virtualisation du travail, c'est à partir de 1974 : on arrive à ce que ce qui se passait à la marge de la société envahisse tout le champ de la société. Là, on entre dans l'ère du travail virtuel.

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Il fallait trois choses pour cela : la crise économique de 1973, avec le choc pétrolier. Un encadrement législatif qui s'est mis en place avec la loi Delors, qui a permis la possibilité de créer de nouvelles structures. La troisième, c'est l'expérience acquise qui a pu s'appliquer à toute la société. Aujourd'hui, depuis les années 1974, on voit les politiques de l'emploi qui se sont mises en place progressivement, et qui fonctionnent sur le travail virtuel, c'est-à-dire des entreprises, des gens qui ont besoin de travailler et une intervention externe pour mettre les gens au travail. Donc de 1974 à 1981, on pensait que la crise était conjoncturelle et qu'on reviendrait au plein emploi, ce qui ne s'est pas produit. En 1981, il y a eu la création des Missions locales et des PAIO. A partir de là, il y a eu des centres d'insertion. Elles proposent des situations progressives d'intégration dans le travail. Donc un sas s'est créé, avec une forme de stagiérisation généralisée. Depuis, tous les gouvernements ont proposé des politiques d'insertion dans un sens ou l'autre. La dernière maquette, ce sont les emplois d'avenir, qui ont du mal à démarrer car il faut trouver les entreprises qui acceptent de les signer. Ils fonctionnent comme les premiers stages d'insertion de 1974. Je vous ai décrit une vision globale de la difficulté due à la crise économique de rentrer sur le marché du travail. Dans le débat sur cette crise économique, comment elle fonctionne, comment on peut s'en sortir malgré cette crise économique ? On montre des façons de faire pour inciter les jeunes à entrer dans un parcours d'insertion, et être intégré dans la société. J'ai entendu les jeunes parler de leurs rêves : avoir une maison, un métier, une famille… Comme tout un chacun. Merci. - On pourrait résumer votre résumé, en fait, en disant que tout tient en un paradoxe : le travail est devenu plus dur pour tout le monde, et pour les personnes en situation de handicap, c'est peut-être devenu plus facile. Car à partir du moment où c'est plus dur pour tout le monde, ça doit créer plus d'entraide. C'est ça ? - Il y a la loi qui demande à ce que chaque entreprise puisse créer 6% d'emplois protégés, et en fait, pour entrer dans le monde ordinaire, les personnes disent qu'il vaut mieux afficher son handicap et jouer sur cette carte des entreprises qui n'embauchent pas 6% de personnes handicapées... - J'en vois qui se sauvent et sont attirés par le soleil. On ne va pas se quitter sans remercier les partenaires qui ont rendu cette journée possible. (Affichage des remerciements)

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- Le but de cette journée était de créer du partenariat avec les jeunes. Je suis optimiste et l'ADAPT oeuvre avec vous... Alors, effectivement, c'est aussi une question de seuil. C'est important qu'on l'ait tous en tête car la question de la jeunesse est récurrente depuis la nuit des temps. M. Jourdam qui est ici, qui nous connaît bien, son discours soulève aussi la problématique que la question du travail un peu précaire n'est pas nouveau. On était là aujourd'hui pour échanger tous pour essayer de trouver des solutions. Je pense que cette demi-journée ne suffira pas, bien sûr, et les débats ne sont pas clos. Je vous invite tous, en tout cas, à échanger après, nous avons un petit cocktail, et peut-être poursuivre les débats voire essayer de travailler un peu plus en réseau entre le monde de la jeunesse et puis le monde des adultes. Vous voyez, moi, je représente le monde de l'enfance de l'ADAPT de Basse-Normandie. Nous avons aussi un peu d'adultes. Le débat, c'est trouver les passerelles pour que ces stades d'accompagnement se fassent en douceur Et qu'on puisse le mieux possible adapter tout ça pour que vous restiez en bonne santé, c'est-à-dire bien manger, ce que l'on va faire tout à l'heure. C'est aussi bien rêver, et je vous invite, pour ceux qui n'ont pas eu le temps, à regarder les petits poèmes. C'est aussi prendre du plaisir dans la vie, espérer. Et avec tout ça, on peut progresser dans l'avenir.