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N° 149 (2017/I) TABLE DES MATIÈRES LE PAPE FRANÇOIS ET L’ŒCUMÉNISME (janvier-juin 2017) Audience à une délégation œcuménique de Finlande (19 janvier 2017) ......................................................................... 3 Célébration à Rome de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2017 (18-25 janvier 2017) ............................ 5 Audience à la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales (27 janvier 2017) ...................................................................................................... 7 Audience à une délégation œcuménique allemande (6 février 2017) ................................................................................ 8 Visite du Pape François à l’église anglicane All Saints de Rome (26 février 2017) ......................................................... 9 Voyage apostolique du Pape François en Égypte (28-29 avril 2017) ................................................................................ 12 Audience à des responsables évangéliques (3 juin 2017) .................................................................................................... 17 Veillée de prière au Cirque Maxime, à Rome (3 juin 2017) ................................................................................................ 18 Visite à Rome d’une délégation du Patriarcat œcuménique pour la fête des Saints Pierre et Paul (26-29 juin 2017) ..................................................................................................................................................................... 19 NOUVELLES ŒCUMÉNIQUES In memoriam Cardinal William H. Keeler (1931-2017) .......................................................................................................... 22 Commission de dialogue trilatéral catholique-luthérien-mennonite (9-14 février 2017) .............................................. 22 Commission internationale pour le dialogue entre les Disciples du Christ et l’Église catholique (23-28 juin 2017)............................................................................................................................................................... 23 COMMISSION POUR LES RELATIONS RELIGIEUSES AVEC LE JUDAÏSME Audience à une délégation du European Jewish Congress (27 janvier 2017) ......................................................................... 25 Audience à la délégation de l’Anti Defamation League (9 février 2017) ............................................................................... 25 Audience au Rabbin Abraham Skorka à l’occasion de la présentation d’une édition spéciale de la Torah (23 février 2017) ............................................................................................................................................. 26 DOCUMENTATION SUPPLÉMENTAIRE Rapport de la Consultation internationale entre l’Église catholique et l’Alliance évangélique mondiale (2009-2016) « Écriture et tradition » et « L’Église dans le salut » - Catholiques et évangéliques analysent défis et opportunités ...... 28 Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2018 ..................................................................................................................... 49 Lettre du Secrétaire du CPPUC aux Commissions œcuméniques des Conférences épiscopales et des Synodes des Églises catholiques orientales ................................................................................................................ 50 Textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2018 .................................................................................... 51 BUREAUX : Via della Conciliazione 5 – 00193 Rome (Italie) Tél: +39.06.698.83 568 (Rédaction) Fax: +39.06.698.85.365 – Email: [email protected] Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens

Conseil Pontifical pour la promotion de l unité des chrétiens · La justification a été la principale question qui a été cause de division dans l’Église au moment de la Réforme

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N° 149 (2017/I)

TABLE DES MATIÈRES

LE PAPE FRANÇOIS ET L’ŒCUMÉNISME (janvier-juin 2017)

Audience à une délégation œcuménique de Finlande (19 janvier 2017) ......................................................................... 3

Célébration à Rome de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2017 (18-25 janvier 2017) ............................ 5

Audience à la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales (27 janvier 2017) ...................................................................................................... 7

Audience à une délégation œcuménique allemande (6 février 2017) ................................................................................ 8

Visite du Pape François à l’église anglicane All Saints de Rome (26 février 2017) ......................................................... 9

Voyage apostolique du Pape François en Égypte (28-29 avril 2017) ................................................................................ 12

Audience à des responsables évangéliques (3 juin 2017) .................................................................................................... 17

Veillée de prière au Cirque Maxime, à Rome (3 juin 2017) ................................................................................................ 18

Visite à Rome d’une délégation du Patriarcat œcuménique pour la fête des Saints Pierre et Paul

(26-29 juin 2017) ..................................................................................................................................................................... 19

NOUVELLES ŒCUMÉNIQUES

In memoriam Cardinal William H. Keeler (1931-2017) .......................................................................................................... 22

Commission de dialogue trilatéral catholique-luthérien-mennonite (9-14 février 2017) .............................................. 22

Commission internationale pour le dialogue entre les Disciples du Christ et l’Église catholique (23-28 juin 2017) ............................................................................................................................................................... 23

COMMISSION POUR LES RELATIONS RELIGIEUSES AVEC LE JUDAÏSME

Audience à une délégation du European Jewish Congress (27 janvier 2017) ......................................................................... 25

Audience à la délégation de l’Anti Defamation League (9 février 2017) ............................................................................... 25

Audience au Rabbin Abraham Skorka à l’occasion de la présentation d’une édition spéciale de la Torah (23 février 2017) ............................................................................................................................................. 26

DOCUMENTATION SUPPLÉMENTAIRE

Rapport de la Consultation internationale entre l’Église catholique et l’Alliance évangélique mondiale (2009-2016) « Écriture et tradition » et « L’Église dans le salut » - Catholiques et évangéliques analysent défis et opportunités ...... 28

Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2018 ..................................................................................................................... 49

Lettre du Secrétaire du CPPUC aux Commissions œcuméniques des Conférences épiscopales et des Synodes des Églises catholiques orientales ................................................................................................................ 50

Textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2018 .................................................................................... 51

BUREAUX : Via della Conciliazione 5 – 00193 Rome (Italie)

Tél: +39.06.698.83 568 (Rédaction) Fax: +39.06.698.85.365 – Email: [email protected]

Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens

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RÉDACTEUR EN CHEF

Fr. Hyacinthe Destivelle, OP

ADRESSE POSTALE

Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens

VA – 00120 Cité du Vatican

La reproduction totale ou partielle des textes publiés dans le Service d’information est autorisée.

Néanmoins, nous prions ceux qui utilisent ces textes de bien vouloir nous envoyer un exemplaire de leur publication.

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LE PAPE FRANÇOIS ET L’ŒCUMÉNISME

Janvier-juin 2017

AUDIENCE À UNE DÉLÉGATION ŒCUMÉNIQUE DE FINLANDE

19 janvier 2017

« Nous avons besoin de la simplicité des enfants, ils nous enseigneront le chemin vers Jésus ». C’est ce qu’a observé le Pape François en s’adressant dans la matinée du jeudi 19 janvier à une délégation œcuménique de Finlande. Celle-ci était reçue à l’occasion de la fête de saint Henri par le Saint-Père qui a rappelé que ce pèlerinage annuel a lieu désormais depuis plus de 30 ans au cours de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, traditionnellement célébrée du 18 au 25 janvier. En 2017, la venue d’une délégation était d’autant plus importante que nous commémorons le 500e anniversaire de la Réforme luthérienne et le 50e anniversaire du dialogue œcuménique officiel entre luthériens et catholiques. Nous publions, ci-dessous, une traduction française du discours prononcé par le Pape François en italien et celui du Rév. Kaarlo Kalliala, Évêque luthérien de Turku.

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Chers frères et sœurs,

Je vous salue avec joie, vous tous qui êtes venus au sein de cette délégation œcuménique en pèlerinage de Finlande à Rome à l’occasion de la fête de saint Henri. Je remercie l’évêque luthérien de Turku pour ses ai-mables paroles — en espagnol ! Depuis plus de trente ans, une belle tradition veut que votre pèlerinage coïncide avec la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, qui nous appelle à nous rapprocher à travers la conversion. En effet, le véritable œcuménisme se base sur la conversion commune à Jésus Christ comme notre Seigneur et Rédempteur. Si nous nous rappro-chons de lui ensemble, nous nous rapprochons égale-ment les uns des autres. En ces jours, invoquons plus intensément l’Esprit Saint afin qu’il suscite en nous cette conversion, qui rend possible la réconciliation.

Sur ce chemin, nous catholiques et luthériens de di-vers pays, avec différentes communautés qui partagent le chemin œcuménique, nous avons parcouru une étape significative, lorsque, le 31 octobre dernier, nous nous sommes réunis à Lund, en Suède, pour commémorer le début de la Réforme à travers une prière commune. Cette commémoration commune de la Réforme a eu une signification importante sur le plan humain, théo-logique et spirituel. Après cinquante ans de dialogue œcuménique officiel entre catholiques et luthériens, nous avons réussi à exposer clairement les perspectives sur lesquelles nous pouvons nous déclarer d’accord aujourd’hui. Nous en sommes reconnaissants. Dans le même temps, nous conservons vivant dans notre cœur le repentir sincère pour nos fautes. Dans cet esprit, il a été rappelé à Lund que l’intention de Martin Luther, il y a cinq cents ans, était de renouveler l’Église, et non pas de la diviser. Cette rencontre nous a donné le courage et la force de regarder vers l’avenir, dans notre Seigneur

Jésus Christ, vers le chemin œcuménique que nous sommes appelés à parcourir ensemble.

En préparant la commémoration commune de la Réforme, catholiques et luthériens ont également pris davantage conscience du fait que le dialogue théolo-gique demeure essentiel pour la réconciliation et doit être mené à travers un engagement constant. Ainsi, dans cette communion unanime qui permet à l’Esprit Saint d’agir, nous pourrons parvenir à d’ultérieurs points de convergence sur les contenus de la doctrine et de l’enseignement moral de l’Église et nous pourrons nous rapprocher toujours plus de l’unité pleine et vi-sible. Je prie le Seigneur afin qu’il accompagne de sa bénédiction la Commission de dialogue luthérien-catholique de la Finlande, qui travaille avec dévoue-ment à une interprétation sacramentelle commune de l’Église, de l’Eucharistie et du ministère ecclésial.

L’année 2017, qui commémore la Réforme, repré-sente donc pour les catholiques et les luthériens une occasion privilégiée pour vivre de façon plus authen-tique la foi, pour redécouvrir ensemble l’Évangile et pour chercher le Christ et témoigner de notre foi en lui avec un élan renouvelé. En conclusion de la journée commémorative de Lund, en regardant vers l’avenir, nous avons tiré courage de notre témoignage commun de foi devant le monde, quand nous nous sommes en-gagés à soutenir ensemble ceux qui souffrent, ceux qui sont dans le besoin, ceux qui sont exposés aux persé-cutions et aux violences. Ce faisant, comme chrétiens, nous ne sommes plus divisés, mais nous sommes unis dans le chemin vers la pleine communion.

En outre, je tiens à rappeler que les chrétiens fin-landais fêtent cette année le centenaire du Conseil œcuménique finlandais, qui est un instrument impor-tant pour promouvoir la communion de foi et de vie entre vous.

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Enfin, en 2017, votre pays, la Finlande, célèbre le centenaire de son indépendance comme État. Puisse cet anniversaire encourager tous les chrétiens de votre pays à professer la foi dans le Seigneur Jésus Christ — comme le fit avec un grand zèle saint Henri — en la témoignant aujourd’hui face au monde et en la tradui-sant également en gestes concrets de service, de frater-nité, de partage.

Tandis que je souhaite que ce pèlerinage puisse contribuer à renforcer encore plus la bonne collabora-tion entre orthodoxes, luthériens et catholiques en Finlande et dans le monde, et que le témoignage com-mun de foi, d’espérance et de charité, avec l’intercession de saint Henri, porte des fruits abon-dants, j’invoque de tout cœur la grâce et la bénédiction de Dieu pour vous tous.

Et je voudrais vous remercier, cher frère évêque, d’avoir eu l’amabilité d’amener vos petits- enfants : nous avons besoin de la simplicité des enfants, ils nous enseigneront le chemin vers Jésus Christ. Merci, merci beaucoup !

ORF, 26 janvier 2017

DISCOURS DU RÉV. KAARLO KALLIALA, ÉVÊQUE LUTHÉRIEN DE TURKU

Sainteté,

Il y a trois raisons à la joie que j’éprouve d’être ici en ce jour. Aujourd’hui est la fête de notre premier évêque, saint Henri ; par ailleurs, nous célébrons cette année le premier centenaire de l’indépendance finlan-daise ; enfin, nous commémorons le cinq-centième an-niversaire de la Réforme. Le caractère « trinitaire » de la joie que je ressens est d’autant plus fort que nous, les trois évêques ici présents, avons pu entreprendre en-semble ce pèlerinage dans un esprit de compréhension œcuménique et de fraternité chrétienne. Cette année, nous célébrons également le centième anniversaire du Conseil œcuménique finlandais.

La justification a été la principale question qui a été cause de division dans l’Église au moment de la Réforme. Lorsqu’enfin, il y a vingt ans, nous avons pu-blié la Déclaration commune sur la doctrine de la justification, voici ce que nous déclarions vers la fin du texte (43) : « Notre consensus dans des vérités fondamentales de la doctrine de la justification doit avoir des conséquences et trouver sa confirmation dans la vie et l’enseignement des Églises ». La façon dont nous nous exprimons, la façon dont nous nous comportons doivent changer. C’est la forme de repentance renouvelante que les Églises et les chrétiens ont recherchée.

Sainteté, en octobre dernier à Lund, nous nous sommes tous sentis interpellés quand vous avez dé-claré : « ’Donne-nous le don de l’unité pour que le monde croie dans le pouvoir de ta miséricorde’. C’est le

témoignage que le monde attend de nous ». Nous de-vons grandir dans l’unité pour le bien de tous afin d’être fidèles au Christ qui nous a envoyés dans le monde.

Mon ancien professeur de dogmatique, le Pr Seppo A. Teinonen, fut observateur de la Fédération luthé-rienne mondiale durant le Concile Vatican II et fut pro-fondément marqué par ce qu’il y vit et entendit. En 1973, lors d’un discours prononcé devant le Conseil œcuménique finlandais, il fixa un objectif concret : sept années de débat théologique et cinq de négociations devant conduire à l’unité ecclésiale visible en 1985. « Si jamais nous y parvenons, beaucoup d’entre nous seront encore en vie pour contempler de leurs propres yeux la réalisation de l’unité ecclésiale dans notre pays » ajouta-t-il.

L’unité ecclésiale en Finlande ne s’est pas faite en 1985 et le Pr Teinonen mourut en 1995. Cette expé-rience nous a fait comprendre combien il est important de fixer des objectifs concrets et des délais réels. Le monde doit-il nous attendre indéfiniment pour témoi-gner davantage et ensemble du Christ ? Ne sommes-nous pas possédés par une sainte impatience depuis qu’ensemble nous avons formulé cet impératif œcumé-nique (Du conflit à la communion, 241) : « Catholiques et luthériens devraient s’engager à nouveau à chercher l’unité visible, à en étudier ensemble les étapes con-crètes, et à tendre sans se lasser vers ce but » ?

Ma petite-fille Ilona est aujourd’hui âgée de six ans, mon petit-fils Julius a huit ans. Ne devrions-nous pas considérer comme acquis le fait que ces enfants verront enfin au cours de leur vie cette unité devenir réalité ? Qu’ils vivront cette unité autour de la Table de l’eucharistie ?

Témoignage commun et unité : voici notre devoir envers tous les enfants du monde. Car le monde a be-soin du don de l’unité pour croire en la puissance de la divine miséricorde de Dieu. Plus nos vies exprimeront le pardon, la paix et la concorde, plus nous serons en mesure de contribuer aux efforts interreligieux en fa-veur de la paix.

Sainteté, ainsi que vous l’avez rappelé à Noël, « le pouvoir de cet Enfant... c’est le pouvoir du service, qui instaure dans le monde le règne de Dieu, règne de jus-tice et de paix ». Notre pays, la Finlande, n’est pas le royaume de Dieu mais grâce à la providence et à la mi-séricorde divine, les enfants finlandais n’ont pas besoin de craindre la persécution, l’oppression ou la guerre.

Martin Luther ne cessait de rappeler que tout ce qui est bon nous est donné pour que nous le partagions avec les autres et qu’un frère humain dans le besoin a la même valeur que la loi divine. Pour célébrer les cent ans de l’indépendance nationale de la Finlande, Julius et Ilona vous offrent cent colombes porteuses du message de la paix. Par ces colombes, nous soutiendrons, au nom de Votre Sainteté, le travail de la FinnChurchAid en faveur de la paix en Syrie.

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Les chefs religieux ont une responsabilité considé-rable dans la résolution des différents conflits actuels. L’Église finlandaise, pour assumer sa part de responsa-bilité, est cofondatrice, en collaboration avec les Nations Unies, d’un réseau de responsables religieux et traditionnels pour promouvoir la paix. Ensemble nous souhaitons trouver des solutions concrètes pour la paix en Syrie, au Soudan du Sud, en République Centrafricaine, et dans d’autres zones de conflits.

Nous croyons en un Dieu qui vient à notre ren-contre comme un nouveau-né sans défense, comptant sur nous pour assurer sa survie. Nous croyons en un

Christ qui a promis le Royaume de Dieu à ceux qui l’accueilleraient comme on accueille des petits enfants. Existe-t-il meilleur témoignage commun que celui de nous engager ensemble en toutes circonstances pour donner la priorité à l’aide en faveur des enfants et à leur bien-être ?

Les enfants finlandais souhaitent que les enfants re-çoivent ce que nous possédons : la paix et la sécurité.

Traduction de l’anglais SI

CÉLÉBRATION À ROME DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2017

18 – 25 janvier 2017

« Une réconciliation authentique parmi les chrétiens pourra se réaliser lorsque nous saurons reconnaître les dons les uns des autres et que nous serons capables avec humilité et docilité d’apprendre les uns des autres sans attendre que ce soient les autres qui apprennent d’abord de nous ». Telle est l’invitation du Pape François qui a présidé, dans l’après-midi du mercredi 25 janvier, la célébration des vêpres dans la basi-lique Saint-Paul-hors-les-Murs en conclusion de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

La rencontre avec Jésus sur la route vers Damas transforme radicalement la vie de Paul. À partir de ce moment, pour lui la signification de l’existence ne ré-side plus dans la confiance en ses propres forces pour observer scrupuleusement la Loi, mais dans l’adhésion de toute sa personne à l’amour gratuit et immérité de Dieu, à Jésus Christ crucifié et ressuscité. Ainsi, il con-naît l’irruption d’une nouvelle vie, la vie selon l’Esprit, dans laquelle, par la puissance du Seigneur ressuscité, il fait l’expérience du pardon, de la confiance et du récon-fort. Et Paul ne peut garder pour lui-même cette nou-veauté : il est poussé par la grâce à proclamer la joyeuse nouvelle de l’amour et de la réconciliation que Dieu offre pleinement dans le Christ à l’humanité.

Pour l’Apôtre des nations la réconciliation de l’homme avec Dieu, dont il est devenu ambassadeur (cf. 2 Co 5,20), est un don qui vient du Christ. Cela ap-paraît clairement dans le texte de la Deuxième Lettre aux Corinthiens, dont est extrait cette année le thème de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens : « L’amour du Christ nous pousse à la réconciliation » (cf. 2 Co 5,14-20). « L’amour du Christ » : il ne s’agit pas de notre amour pour le Christ, mais de l’amour que le Christ a pour nous. De même, la réconciliation vers laquelle nous sommes poussés n’est pas simplement notre initiative : c’est en premier lieu la réconciliation que Dieu nous offre dans le Christ. Avant d’être un effort hu-main de croyants qui cherchent à surmonter leurs divi-sions, c’est un don gratuit de Dieu. Comme effet de ce

don, la personne, pardonnée et aimée, est appelée à son tour à proclamer l’évangile de la réconciliation en paroles et en actes, à vivre et à témoigner d’une existence récon-ciliée.

Dans cette perspective, nous pouvons nous deman-der aujourd’hui : comment proclamer cet évangile de réconciliation après des siècles de divisions ? C’est Paul lui-même qui nous aide à trouver la voie. Il souligne que la réconciliation dans le Christ ne peut se réaliser sans sacrifice. Jésus a donné sa vie, en mourant pour tous. De même, les ambassadeurs de la réconciliation sont appelés, en son nom, à donner leur vie, à ne plus vivre pour eux-mêmes, mais pour Celui qui est mort et res-suscité pour eux (cf. 2 Co 5,14-15). Comme Jésus l’enseigne, ce n’est que lorsque nous perdons la vie par amour pour lui que nous la gagnons vraiment (cf. Lc 9,24). C’est la révolution que Paul a vécue, mais c’est la révolution chrétienne de toujours : ne plus vivre pour nous-mêmes, pour nos intérêts et retours d’image, mais à l’image du Christ, pour lui et selon lui, avec son amour et dans son amour.

Pour l’Église, pour chaque confession chrétienne, c’est une invitation à ne pas se fonder sur les pro-grammes, sur les calculs et les avantages, à ne pas se fier aux opportunités et aux modes du moment, mais à chercher la vie en regardant toujours la croix du Seigneur : voilà notre programme de vie. C’est égale-ment une invitation à sortir de l’isolement, à surmonter la tentation de l’autoréférentialité, qui empêche de saisir ce que l’Esprit Saint réalise hors de l’espace propre de

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chacun. Une réconciliation authentique parmi les chré-tiens pourra se réaliser lorsque nous saurons recon-naître les dons les uns des autres et que nous serons capables, avec humilité et docilité, d’apprendre les uns des autres – apprendre les uns des autres –, sans at-tendre que ce soient les autres qui apprennent d’abord de nous.

Si nous vivons cette mort à nous-mêmes pour Jésus, notre vieux style de vie est relégué au passé et, comme cela est arrivé à saint Paul, nous entrons dans une nou-velle forme d’existence et de communion. Avec Paul, nous pourrons dire : « Le monde ancien s’en est allé » (2 Co 5,17). Jeter un regard en arrière aide et est d’autant plus nécessaire pour purifier la mémoire, mais être rivé au passé, en s’attardant à rappeler les torts su-bis et faits et en jugeant avec des paramètres unique-ment humains, peut paralyser et empêcher de vivre le présent. La Parole de Dieu nous encourage à tirer force de la mémoire, à nous rappeler le bien reçu du Seigneur ; mais elle nous demande aussi de laisser der-rière nous le passé pour suivre Jésus dans le présent et pour vivre une vie nouvelle en lui. Permettons à Celui qui fait toute chose nouvelle (cf. Ap 21,5) de nous orienter vers un avenir nouveau, ouvert à l’espérance que ne déçoit pas, un avenir dans lequel les divisions pourront être surmontées et où les croyants, renouvelés dans l’amour, seront unis pleinement et de manière vi-sible.

Tandis que nous cheminons sur la voie de l’unité, cette année, nous nous souvenons spécialement du cinquième centenaire de la Réforme protestante. Le fait qu’aujourd’hui catholiques et luthériens puissent se rappeler ensemble un événement qui a divisé les chré-tiens, et qu’ils le fassent avec espérance, en mettant l’accent sur Jésus et sur son œuvre de réconciliation, est une étape remarquable, atteinte grâce à Dieu et à la prière, à travers cinquante ans de connaissance réci-proque et de dialogue œcuménique.

En invoquant de Dieu le don de la réconciliation avec lui et entre nous, j’adresse mes salutations cor-diales et fraternelles à Son Éminence le Métropolite Gennadios, représentant du Patriarche œcuménique, à Sa Grâce David Moxon, représentant personnel à Rome de l’Archevêque de Canterbury, et à tous les re-présentants des diverses Églises et Communautés ec-clésiales ici réunis. Il m’est particulièrement agréable de saluer les membres de la Commission mixte pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales, auxquels je souhaite un fructueux travail pour la session plénière qui se tient ces jours-ci. Je salue également les étudiants de l’Ecumenical Institute of Bossey – si joyeux, je les ai vus ce matin –, en visite à Rome pour approfondir leur connaissance de l’Église catholique, ainsi que les jeunes orthodoxes et les orthodoxes orientaux qui étudient à Rome grâce aux bourses d’étude du Comité de Collaboration Culturelle avec les Églises orthodoxes, qui œuvre auprès du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. J’exprime mon estime et ma gratitude aux Supérieurs et à tous les Collaborateurs de ce Dicastère.

Chers frères et sœurs, notre prière pour l’unité des chrétiens est une participation à la prière que Jésus a adressée à son Père avant la passion pour « que tous soient un » (Jn 17,21). Ne nous lassons jamais de de-mander à Dieu ce don. Dans l’attente patiente et con-fiante que le Père accordera à tous les croyants le bien de la pleine communion visible, allons de l’avant sur notre chemin de réconciliation et de dialogue, encoura-gés par le témoignage héroïque de nombreux frères et sœurs, unis hier et aujourd’hui dans la souffrance pour le nom de Jésus. Profitons de chaque moment que la Providence nous offre pour prier ensemble, pour évan-géliser ensemble, pour aimer et servir ensemble, surtout qui est plus pauvre et plus délaissé.

ORF, 26 janvier 2017

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AUDIENCE À LA COMMISSION MIXTE INTERNATIONALE POUR LE DIALOGUE THÉOLOGIQUE ENTRE L’ÉGLISE

CATHOLIQUE ET LES ÉGLISES ORTHODOXES ORIENTALES

27 janvier 2017

Dans les régions ensanglantées par la violence et par le fondamentalisme la voie de l’œcuménisme est celle indiquée par les martyrs. C’est ce qu’a souligné le Pape François dans le discours adressé aux membres de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales, reçus dans la matinée du vendredi 27 janvier, dans la Salle Clémentine.

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Chers frères dans le Christ,

En vous souhaitant une joyeuse bienvenue, je vous remercie pour votre présence, ainsi que pour les ai-mables paroles que le métropolite Bishoy m’a adressées en votre nom à tous. Je remercie aussi pour cette belle icône, si significative, du sang du Christ, qui nous ré-vèle la rédemption à partir du sein de la Vierge. Elle est très belle ! À travers vous, j’adresse un salut cordial aux chefs des Églises orthodoxes orientales, mes vénérés frères.

Je porte un regard reconnaissant sur le travail de votre Commission qui fut fondée en 2003 et est parve-nue à sa quatorzième rencontre. L’année dernière, vous avez lancé un approfondissement sur la nature des sa-crements, en particulier du baptême. C’est précisément dans le baptême que nous avons redécouvert le fonde-ment de la communion entre les chrétiens ; nous, ca-tholiques et orthodoxes orientaux, pouvons redire ce qu’affirmait l’apôtre Paul : « Aussi bien est-ce en un seul Esprit que nous tous avons été baptisés » et nous appartenons à « un seul corps » (1 Co 12,13). Au cours de cette semaine, vous avez pu continuer de réfléchir sur des aspects historiques, théologiques et ecclésiolo-giques de la sainte Eucharistie, « source et sommet de toute la vie chrétienne », qui exprime et réalise admira-blement l’unité du peuple de Dieu (Concile Vatican II, Constitution Lumen gentium 11). En vous encourageant à poursuivre, je nourris l’espérance que votre œuvre pourra indiquer des voies précieuses à notre parcours, en facilitant le chemin vers ce jour tant attendu où nous aurons la grâce de célébrer le sacrifice du Seigneur au même autel, en signe de la communion ecclésiale plei-nement rétablie.

Un grand nombre d’entre vous appartiennent à des Églises qui assistent quotidiennement à la violence qui fait rage et à des actes terribles, perpétrés par l’extrémisme fondamentaliste. Nous sommes cons-cients que d’aussi tragiques situations de souffrance s’enracinent plus facilement dans des contextes de pau-vreté, d’injustice et d’exclusion sociale, dues entre autres à l’instabilité engendrée par des intérêts parti-sans, souvent externes, et par des conflits précédents qui ont produit des conditions de vie misérables, des

déserts culturels et spirituels dans lesquels il est facile de manipuler et de pousser à la haine. Tous les jours, vos Églises sont proches de la souffrance, appelées à semer la concorde et à reconstruire patiemment l’espérance, en réconfortant avec la paix qui vient du Seigneur, une paix qu’ensemble, nous sommes tenus d’offrir à un monde blessé et déchiré.

« Un membre souffre-t-il ? tous les membres souffrent avec lui », écrivait encore saint Paul (1 Co 12,26). Vos souffrances sont nos souffrances. Je m’unis à vous dans la prière, en invoquant la fin des conflits et la proximité de Dieu pour les populations éprouvées, spécialement pour les enfants, les malades et les personnes âgées. J’ai particulièrement à cœur les évêques, les prêtres, les personnes consacrées et les fi-dèles, victimes d’enlèvements cruels, ainsi que tous ceux qui ont été pris en otages ou réduits en esclavage.

Puissent l’intercession et l’exemple de tant de nos martyrs et saints, qui ont rendu au Christ un témoi-gnage courageux et ont rejoint la pleine unité, être un puissant soutien pour les communautés chrétiennes. Et nous, qu’attendons-nous ? Ils nous révèlent le cœur de notre foi qui ne consiste pas en un message générique de paix et de réconciliation, mais en Jésus lui-même, crucifié et ressuscité : il est notre paix et notre réconci-liation (cf. Ep 2,14 ; 2 Co 5,18). En tant que ses dis-ciples, nous sommes appelés à témoigner partout, avec la force chrétienne, de son amour humble qui réconci-lie l’homme de tous temps. Là où la violence appelle la violence et où la violence sème la mort, notre réponse est le pur ferment de l’Évangile qui, sans se prêter aux logiques de la force, fait jaillir des fruits de vie égale-ment de la terre aride et des aubes d’espérance après les nuits de terreur.

Le centre de la vie chrétienne, le mystère de Jésus mort et ressuscité par amour, est aussi le point de réfé-rence pour notre chemin vers la pleine unité. Les mar-tyrs, une fois de plus, nous indiquent la voie : combien de fois le sacrifice de la vie a-t-il conduit les chrétiens, par ailleurs divisés sur beaucoup de choses, à être unis. Les martyrs et les saints de toutes les traditions ecclé-siales sont déjà un dans le Christ (cf. Jn 17,22) ; leurs noms sont inscrits dans le martyrologe unique et indivis de l’Église de Dieu. S’étant sacrifiés par amour sur la terre, ils habitent l’unique Jérusalem céleste, proches de

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l’Agneau immaculé (cf. Ap 7,13-17). Leur vie offerte en don nous appelle à la communion, à marcher plus rapi-dement sur la route vers la pleine unité. De même que, dans l’Église primitive, le sang des martyrs fut semence de nouveaux chrétiens, qu’aujourd’hui aussi le sang de nombreux martyrs soit semence d’unité parmi les croyants, signe et instrument d’un avenir dans la com-munion et la paix.

Chers frères, je vous suis reconnaissant car vous vous prodiguez dans ce but. En vous remerciant pour

votre visite, j’invoque sur vous et sur votre ministère la bénédiction du Seigneur et la protection de la Sainte Mère de Dieu.

Et si cela vous semble bien, chacun dans sa langue, nous pouvons prier le Notre Père ensemble.

ORF, 2 février 2017

AUDIENCE À UNE DÉLÉGATION ŒCUMÉNIQUE ALLEMANDE

6 février 2017

Une invitation à « emprunter des parcours nouveaux » pour parvenir à l’unité entre chrétiens a été adressée par le Pape à la délégation œcuménique de l’Église évangélique en Allemagne, reçue en audience dans la matinée du lundi 6 février, dans la bibliothèque privée du Palais apostolique. Nous publions, ci-dessous, les paroles du Pape prononcées en cette occasion.

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Chers frères et sœurs,

C’est avec plaisir que je vous souhaite la bienvenue et je vous salue cordialement. Je remercie l’évêque ré-gional, le Rév. Bedford-Strohm, pour ses aimables pa-roles — ein Mann mit Feuer im Herzen — et je suis heureux de la présence du Cardinal Marx : le fait que le président de la Conférence épiscopale allemande ac-compagne la délégation de l’Église évangélique en Allemagne est le fruit d’une collaboration de longue date et l’expression d’un rapport œcuménique qui a mûri au fil des années. Je vous souhaite d’avancer sur cette voie bénie de communion fraternelle, en poursui-vant avec courage et résolution vers une unité toujours plus pleine. Nous avons le même baptême: nous de-vons marcher ensemble, sans nous lasser !

Il est significatif qu’à l’occasion du 500e anniversaire de la Réforme, les chrétiens évangéliques et catholiques saisissent l’occasion de la commémoration commune des événements historiques du passé pour mettre à nouveau le Christ au centre de leurs relations. C’est précisément « la question sur Dieu », sur « comment pouvoir avoir un Dieu miséricordieux » qui était « la passion profonde et le ressort de la vie et de l’itinéraire tout entier » de Luther (cf. Benoît XVI, Rencontre avec les représentants de l’Église évangélique en Allemagne, 23 septembre 2011). Ce qui animait et inquiétait les ré-formateurs était, au fond, d’indiquer la route vers le Christ. C’est ce qui doit nous tenir à cœur aujourd’hui encore, après avoir de nouveau entrepris, grâce à Dieu, un chemin commun. Cette année de commémoration nous offre l’opportunité d’accomplir un nouveau pas en avant, en regardant le passé sans rancœur, mais se-lon le Christ et dans la communion en Lui, pour repro-poser aux hommes et aux femmes de notre temps la

nouveauté radicale de Jésus, la miséricorde sans limites de Dieu : c’est précisément ce que les réformateurs voulaient encourager à leur époque. Le fait que leur ap-pel au renouveau ait suscité des développements qui ont conduit à des divisions entre les chrétiens a certai-nement été tragique. Les croyants ne se sont plus sentis frères et sœurs dans la foi, mais adversaires et concur-rents ; pendant trop longtemps, ils ont alimenté l’hostilité et se sont acharnés dans des luttes fomentées par des intérêts politiques et de pouvoir, parfois même en employant, sans aucun scrupule, la violence les uns contre les autres, frères contre frères. Aujourd’hui, au contraire, nous rendons grâce à Dieu parce qu’enfin, ayant « rejeté tout fardeau », fraternellement nous « courons avec constance l’épreuve qui nous est propo-sée, en fixant nos yeux sur Jésus » (cf. He 12,1-2).

Je vous suis reconnaissant parce qu’avec ce regard, vous avez l’intention de vous pencher ensemble, avec humilité et franchise, sur un passé qui nous fait souffrir et de partager bientôt un geste important de pénitence et de réconciliation : une célébration œcuménique inti-tulée « Guérir la mémoire – témoigner de Jésus Christ ». Catholiques et évangéliques en Allemagne, vous pourrez ainsi répondre, dans la prière, au puissant appel que vous percevez ensemble dans le pays origi-naire de la Réforme : purifier en Dieu la mémoire pour être renouvelés intérieurement et envoyés par l’Esprit pour apporter Jésus à l’homme d’aujourd’hui. Avec ce signe et avec d’autres initiatives œcuméniques prévues cette année — comme le pèlerinage commun en Terre Sainte, le congrès biblique commun pour présenter en-semble les nouvelles traductions de la Bible et la jour-née œcuménique consacrée à la responsabilité sociale des chrétiens — vous avez à cœur de donner une con-figuration concrète à la « Fête du Christ » que, à l’occasion de la commémoration de la Réforme, vous

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avez l’intention de célébrer ensemble. Que la redécou-verte des sources communes de la foi, la guérison de la mémoire dans la prière et dans la charité et la collabo-ration concrète pour diffuser l’Évangile et servir les frères soient une impulsion pour avancer encore plus rapidement sur ce chemin.

C’est grâce à la communion spirituelle consolidée au cours de ces décennies de cheminement œcuménique que nous pouvons aujourd’hui déplorer ensemble l’échec des deux côtés concernant l’unité dans le con-texte de la Réforme et des développements qui ont suivi. Dans le même temps, dans la réalité de l’unique baptême qui fait de nous des frères et sœurs et dans l’écoute commune de l’Esprit, nous savons, dans une diversité désormais réconciliée, apprécier les dons spi-rituels et théologiques que nous avons reçus depuis la Réforme. À Lund, le 31 octobre dernier, j’ai rendu grâce au Seigneur pour cela, et j’ai demandé pardon pour le passé ; pour l’avenir, je désire confirmer notre appel sans retour à témoigner ensemble de l’Évangile et à poursuivre sur le chemin vers la pleine unité. En le faisant ensemble, naît aussi le désir d’avancer sur de nouveaux parcours. Nous apprenons toujours plus à nous demander : cette initiative, pouvons-nous la par-tager avec nos frères et nos sœurs dans le Christ ? Pouvons-nous faire ensemble un autre bout de che-min ?

Les différences dans les questions de foi et de mo-rale, qui subsistent encore, demeurent des défis sur le parcours vers l’unité visible à laquelle nos fidèles aspirent. La douleur est ressentie en particulier par les époux qui appartiennent à des confessions différentes. De manière avisée, il faut que nous nous engagions, avec une prière insistante et de toutes nos forces, à dé-passer les obstacles encore existants, en intensifiant le dialogue théologique et en renforçant la collaboration entre nous, surtout dans le service de ceux qui souffrent le plus et dans la sauvegarde de la création menacée. L’appel urgent de Jésus à l’unité (cf. Jn 17,21) nous interpelle, ainsi que toute la famille humaine, à une période où l’on fait l’expérience de graves déchi-rures et de nouvelles formes d’exclusion et de margina-lisation. Notre responsabilité à cet égard est également grande !

En espérant que cette rencontre fasse croître encore plus la communion entre nous, je demande à l’Esprit Saint, artisan et rénovateur de l’unité, de vous fortifier sur ce chemin commun avec la consolation qui vient de Dieu (cf. 2 Co 1,4) et de vous indiquer ses voies pro-phétiques et audacieuses. J’invoque de tout cœur la bé-nédiction de Dieu sur vous tous et sur vos commu-nautés et je vous demande, s’il vous plaît, de vous sou-venir de moi dans la prière. Je vous remercie beaucoup et je voudrais vous inviter à présent à réciter ensemble le Notre Père.

ORF, 23 février 2017

VISITE DU PAPE FRANÇOIS À L’ÉGLISE ANGLICANE ALL SAINTS DE ROME

26 février 2017

Dimanche 26 février, le Pape François a effectué une visite historique à l’église All Saints, aumônerie de l’Église anglicane à Rome. Il est ainsi devenu le premier Souverain Pontife à se rendre, en tant qu’Évêque de Rome, dans une église anglicane située dans son propre dio-cèse. Cette visite a eu lieu dans le cadre des célébrations du 200e anniversaire de l’église All Saints. En cette occasion, le Pape François s’est uni à l’assemblée des fidèles pour un bref service religieux chanté au cours duquel ont eu lieu la bénédiction d’une icône spécialement réalisée pour la circonstance et le jumelage de la paroisse anglicane All Saints avec la paroisse catholique d’Ognissanti de Rome. Durant la liturgie, l’homélie a été prononcée par le Saint-Père. Après la conclusion du service de prière, le Pape a répondu aux questions des membres de l’assemblée.

HOMÉLIE DU PAPE FRANÇOIS

Chers frères et sœurs,

Je vous remercie de votre aimable invitation à célé-brer ensemble l’anniversaire de votre paroisse. Plus de deux cents ans se sont écoulés depuis que s’est tenu à Rome le premier service liturgique public anglican pour un groupe de résidents anglais qui vivaient dans cette partie de la ville. Beaucoup de choses ont changé de-

puis, à Rome et dans le monde. Au cours de ces deux siècles, beaucoup de choses ont aussi changé entre an-glicans et catholiques, qui dans le passé se regardaient avec suspicion et hostilité. Aujourd’hui, grâce à Dieu, nous nous reconnaissons pour ce que nous sommes vraiment : frères et sœurs en Christ par notre baptême commun. Tels des amis et des pèlerins, nous désirons cheminer ensemble, suivre ensemble notre Seigneur Jésus Christ.

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Vous m’avez invité à bénir la nouvelle icône du Christ Sauveur. Le Christ nous regarde, et son regard posé sur nous est un regard de salut, d’amour et de compassion. C’est le même regard miséricordieux qui transperça le cœur des Apôtres qui, abandonnant le passé, s’étaient engagés sur le chemin d’une vie nou-velle pour suivre et annoncer le Maître. Dans cette sainte image, Jésus, en nous regardant, semble nous adresser aussi un appel : « Es-tu prêt à tout abandonner pour moi ? Veux-tu devenir le messager de mon amour, de ma miséricorde ? »

Ce regard de divine miséricorde est la source de tout le ministère chrétien. Comme le dit l’apôtre Paul, en s’adressant aux Corinthiens, dans la lecture que nous venons d’écouter : « En ayant ce ministère, selon la mi-séricorde qui nous a été accordée, nous ne perdons pas notre âme » (2 Co 4, 1). Notre ministère découle de la miséricorde divine qui le sustente et évite qu’il perde vigueur.

En effet, saint Paul n’a pas toujours eu un rapport facile avec la communauté de Corinthe, comme le montrent ses lettres. Il y eut aussi une visite doulou-reuse à cette communauté qui suscita un vif échange épistolaire. Mais ce passage nous montre l’Apôtre sur-montant les divergences du passé. En vivant son mi-nistère selon la miséricorde reçue, il ne se résigne pas devant les divisions mais se voue à la réconciliation. Quand nous, communauté de chrétiens baptisés, nous trouvons face à des désaccords et nous tournons vers le visage miséricordieux du Christ pour les surmonter, il est rassurant de savoir que nous agissons comme le fit saint Paul dans l’une des toutes premières communau-tés chrétiennes.

Comment Paul affronte-t-il cette mission, par où commence-t-il ? Par l’humilité, qui n’est pas seulement une belle vertu, mais une question d’identité. Paul se con-sidère comme un serviteur, qui ne s’annonce pas lui-même, mais proclame Jésus Christ, le Seigneur (2 Co 4, 5). Et il accomplit ce service, ce ministère, conformé-ment à la miséricorde qui lui a été accordée (2 Co 4, 1) : non pas en se basant sur sa capacité personnelle et en comptant sur ses propres forces, mais dans la convic-tion que Dieu le regarde et le soutient avec miséricorde dans sa faiblesse. Devenir humbles signifie se décentrer de soi, reconnaître avoir besoin de Dieu, comme des mendiants de miséricorde : c’est là le point de départ pour que Dieu puisse agir en nous. Un ancien président du Conseil œcuménique des Églises a décrit l’évangélisation chrétienne en ces termes : il s’agit d’« un mendiant qui dit à un autre mendiant où trouver du pain ». Je crois que saint Paul aurait approuvé. Il s’est rendu compte que « la miséricorde le nourrissait » et que sa priorité était de partager ce pain avec les autres : la joie d’être aimé du Seigneur et de l’aimer.

Ceci est notre bien le plus précieux, notre trésor, et c’est dans ce contexte que Paul introduit une de ses images les plus célèbres et que tous nous pouvons ap-pliquer à nous-mêmes : « Ce trésor, nous le portons

dans des vases d’argile ». Nous sommes seulement des vases d’argile, mais nous gardons en nous le plus grand trésor du monde. Les Corinthiens savaient bien qu’il était insensé de préserver quelque chose de précieux dans des vases d’argile, qui étaient bon marché, mais qui se fêlaient facilement. Garder à l’intérieur quelque chose de précieux voulait dire risquer de le perdre. Paul, pécheur gracié, reconnaît humblement être fragile comme un vase d’argile. Mais il a fait l’expérience et sait que justement là où la misère humaine s’ouvre à l’action miséricordieuse de Dieu, le Seigneur fait des merveilles. Ainsi œuvre « l’extraordinaire puissance » de Dieu.

Confiant dans cette humble puissance, Paul sert l’Évangile. En parlant de certains de ses adversaires à Corinthe, il les appelle des « super-apôtres », peut-être, et avec une certaine ironie, parce qu’ils l’avaient critiqué pour ses faiblesses, dont ils se considéraient exempts. Paul, au contraire, enseigne que seulement en se recon-naissant de faibles vases d’argile, des pécheurs toujours en quête de miséricorde, le trésor de Dieu se déverse en nous et sur les autres à travers nous. Autrement, nous serons seulement pleins de nos trésors, qui se corrompent et pourrissent dans des vases apparem-ment beaux. Si nous reconnaissons notre faiblesse et demandons pardon, alors la miséricorde de Dieu, qui est source de guérison, resplendira en nous et sera aussi visible à l’extérieur ; d’une certaine façon, les autres res-sentiront, à travers nous, la beauté simple du visage du Christ.

À un certain point, peut-être au moment le plus dif-ficile qu’a connu Paul dans ses relations avec la com-munauté de Corinthe, il a annulé une visite qu’il avait prévu d’y faire, renonçant aussi aux offrandes qu’il au-rait reçues. Des tensions existaient dans la communion, mais elles n’eurent pas le dernier mot. La relation rede-vint normale et l’Apôtre accepta l’offrande pour le soutien de l’Église de Jérusalem. Les chrétiens de Corinthe recommencèrent à œuvrer ensemble avec les autres communautés visitées par Paul, pour soutenir ceux qui étaient dans le besoin. Ceci est un puissant signe de rétablissement de la communion. De même, l’œuvre que votre communauté accomplit avec d’autres de langue anglaise ici à Rome peut être vue de cette manière. Une véritable et solide communion grandit et se renforce quand on agit ensemble en faveur de ceux qui sont dans le besoin. À travers le témoignage com-mun de la charité, le visage miséricordieux de Jésus de-vient visible dans notre ville.

Catholiques et anglicans, nous sommes humble-ment reconnaissants car, après des siècles de défiance réciproque, nous sommes maintenant en mesure de re-connaître que la grâce féconde du Christ est à l’œuvre aussi chez les autres. Remercions le Seigneur car le dé-sir d’une plus grande proximité a grandi parmi les chrétiens ; elle se manifeste dans le fait de prier en-semble et dans le témoignage commun de l’Évangile, surtout à travers différentes formes de service. Parfois, les progrès dans le cheminement vers la pleine com-

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munion peuvent apparaître lents et incertains, mais aujourd’hui cette rencontre est un encouragement. Pour la première fois, un évêque de Rome visite votre communauté. C’est une grâce et aussi une responsabi-lité : la responsabilité de renforcer nos relations, à la louange du Christ, dans le service de l’Évangile et de cette ville.

Encourageons-nous les uns les autres à devenir des disciples toujours plus fidèles de Jésus, toujours plus libres de nos préjugés respectifs du passé, et toujours plus désireux de prier pour et avec les autres. Un beau signe de cette volonté est le jumelage réalisé entre votre paroisse de All Saints et celle, catholique, d’Ognissanti. Les saints de toutes confessions chrétiennes, pleine-ment unis dans la Jérusalem d’en haut, nous ont donné l’exemple pour parcourir ici-bas toute les voies pos-sibles d’un chemin chrétien commun et fraternel. Là où l’on se réunit au nom de Jésus, il est là, et en tournant vers nous son regard miséricordieux, il nous appelle à nous dépenser pour l’unité et pour l’amour. Que le vi-sage de Dieu resplendisse sur vous, sur vos familles et sur toute cette communauté.

Traduction de l’anglais SI

ÉCHANGE AVEC LES FIDÈLES ANGLICANS PRÉSENTS À LA CÉLÉBRATION

Au terme de la liturgie dans l’église All Saints, le Pape François, avant l’échange des dons, a répondu aux questions po-sées par des fidèles anglicans.

Question :

Votre prédécesseur, le Pape Benoît XVI a mis en garde contre le risque, dans le dialogue œcuménique, de donner la priorité à la collaboration dans l’action so-ciale, au lieu de suivre le chemin plus exigeant de l’accord théologique. Il semble que vous préfériez le contraire, c’est-à-dire « marcher et travailler » ensemble pour atteindre l’objectif de l’unité des chrétiens. Est-ce vrai?

Réponse du Pape François :

Je ne connais pas le contexte dans lequel le Pape Benoît a dit cela, je ne le connais pas et c’est pourquoi je me trouve ici un peu en difficulté, cela me met dans l’embarras pour répondre... Il a voulu dire cela ou pas... Peut-être cela a-t-il été dit dans un dialogue avec les théologiens... Mais je n’en suis pas sûr. Les deux choses sont importantes. Cela est certain. Laquelle des deux a la priorité ?... Et d’autre part, il y a la célèbre phrase d’Athénagoras — qui est vraie, parce que j’ai posé la question au Patriarche Bartholomée, qui m’a dit : « Cela est vrai » —, quand il a dit au bienheureux Pape Paul VI : « Faisons l’unité entre nous, et mettons tous les théologiens sur une île pour qu’ils réfléchissent ! ». C’était une plaisanterie, mais vraie, historiquement vraie ; j’en doutais, mais le Patriarche Bartholomée m’a dit que c’était vrai. Mais quel est le noyau de cela, parce

que je crois que ce qu’a dit le Pape Benoît est vrai : on doit chercher le dialogue théologique pour chercher également les racines..., sur les sacrements..., sur tant de choses à propos desquelles nous ne sommes pas encore d’accord... Mais on ne peut pas faire cela en labora-toire : on doit le faire en marchant, le long du chemin. Nous sommes en chemin et, en chemin également, nous discutons. Les théologiens le font. Mais entre temps, nous nous aidons, nous, les uns les autres, dans nos besoins, dans notre vie, nous nous aidons égale-ment spirituellement. Par exemple, dans le jumelage, il y avait le fait d’étudier ensemble l’Écriture, et nous nous aidons dans le service de la charité, dans le service des pauvres, dans les hôpitaux, dans les guerres... C’est très important, cela est très important. On ne peut pas faire le dialogue théologique en étant immobiles. Non. Le dialogue œcuménique se fait en marchant, parce que le dialogue œcuménique est un chemin, et les choses théologiques se discutent en chemin. Je crois qu’avec cela, je ne trahis pas l’esprit du Pape Benoît, ni même la réalité du dialogue œcuménique. C’est ainsi que je l’interprète. Si je connaissais le contexte dans lequel cette expression a été dite, je dirais peut-être autre chose, mais c’est ce qui me vient à l’esprit.

Question :

L’Église de All Saints commença par un groupe de fidèles britanniques, mais c’est désormais une Congrégation internationale, avec des personnes pro-venant de divers pays. Dans certaines régions de l’Afrique, de l’Asie ou du Pacifique, les relations œcu-méniques entre les Églises sont meilleures et plus créa-tives qu’ici en Europe. Que pouvons-nous apprendre de l’exemple des Églises du Sud du monde?

Réponse du Pape François :

Merci, c’est vrai. Les Églises jeunes ont une vitalité dif-férente, parce qu’elles sont jeunes. Et elles cherchent une manière de s’exprimer différemment. Par exemple, une liturgie ici à Rome, ou bien à Londres ou encore à Paris, n’est pas la même qu’une liturgie dans ton pays, où la cérémonie liturgique, même celle catholique, s’exprime à travers la joie, la danse et tant de formes différentes qui sont propres à ces Églises jeunes. Les Églises jeunes ont plus de créativité ; et au début, ici aussi en Europe, c’était la même chose : on cherchait... Quand tu lis, par exemple, dans la Didaché, comment on célébrait l’Eucharistie, la rencontre entre les chré-tiens, on voit une grande créativité. Ensuite, en gran-dissant, en grandissant, l’Église s’est bien consolidée, elle a grandi et est arrivée à un âge adulte. Mais les Églises jeunes ont plus de vitalité et elles ont également besoin de collaborer, un besoin fort. Par exemple je suis en train d’étudier, mes collaborateurs sont en train d’étudier la possibilité d’un voyage au Soudan du Sud. Pourquoi ? Parce que tous les évêques sont venus, l’anglican, le presbytérien et le catholique, les trois ensemble, pour me dire : « S’il vous plaît, venez au Soudan du Sud, seulement une journée, mais ne venez pas seul, venez avec Justin Welby », c’est-à-dire avec

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l’Archevêque de Canterbury. C’est d’elles, des Églises jeunes, qu’est venue cette créativité. Et nous réfléchis-sons pour savoir si cela peut se faire, si la situation le permet là-bas… Mais nous devons le faire parce qu’eux, tous les trois ensemble veulent la paix, et ils travaillent ensemble pour la paix… Il y a une anecdote très intéressante. Quand le bienheureux Paul VI a célé-bré la béatification des martyrs de l’Église de l’Ouganda — une Église jeune —, parmi les martyrs — ils étaient tous catéchistes, jeunes — certains étaient catholiques et d’autres anglicans, et tous ont été martyrisés par le même roi, par haine de la foi et parce qu’ils n’avaient pas voulu accepter les viles propositions du roi. Et Paul VI s’est trouvé dans l’embarras, parce qu’il disait : « Je dois béatifier les uns et les autres, ce sont des martyrs les uns et les autres ». Mais à ce moment, dans l’Église catholique, il n’était pas tellement possible de faire cette chose. Le Concile venait de se dérouler… Mais cette Église jeune célèbre aujourd’hui les uns et les autres en-semble ; Paul VI lui aussi dans l’homélie, dans le dis-cours, lors de la Messe de béatification, a voulu nom-mer les catéchistes anglicans martyrs de la foi au même niveau que les catéchistes catholiques. C’est ce que fait une Église jeune. Les Églises jeunes ont du courage, parce qu’elles sont jeunes ; comme tous les jeunes, elles ont plus de courage que nous… qui ne sommes pas très jeunes !

Et ensuite mon expérience. J’étais très ami des anglicans à Buenos Aires, parce que l’arrière de la pa-roisse de la Merced communiquait avec la cathédrale anglicane. J’étais très ami de l’Évêque Gregory Venables, très ami. Mais il y a une autre expérience: dans le nord de l’Argentine, il y a des missions angli-canes avec les aborigènes et des missions catholiques avec les aborigènes, et l’évêque anglican et l’évêque catholique de là-bas travaillent ensemble et enseignent. Et quand les gens ne peuvent pas aller le dimanche à la

célébration catholique, ils vont à celle anglicane, et les anglicans vont à la catholique, parce qu’ils ne veulent pas passer le dimanche sans une célébration ; et ils tra-vaillent ensemble. Et ici, la Congrégation pour la doc-trine de la foi le sait. Et ils font la charité ensemble. Et les deux évêques sont amis et les deux communautés sont amies.

Je crois que c’est une richesse que nos Églises jeunes peuvent apporter à l’Europe et aux Églises qui ont une grande tradition. Et ces dernières peuvent nous donner la solidité d’une tradition très, très soignée et profondément pensée. Il est vrai que l’œcuménisme dans les Églises jeunes est plus facile. C’est vrai. Mais je crois que — et je reviens à la deuxième question —, dans la recherche théologique, l’œcuménisme est peut-être plus solide dans une Église plus mûre, plus habi-tuée à la recherche, à l’étude de l’histoire, de la théolo-gie, de la liturgie, comme l’est l’Église en Europe. Et je crois que cela ferait du bien aux deux Églises : d’ici, de l’Europe, d’envoyer plusieurs séminaristes pour faire des expériences pastorales dans les Églises jeunes, où l’on apprend tant. Ils viennent des Églises jeunes pour étudier à Rome, tout au moins les catholiques, nous le savons. Mais les envoyer voir, apprendre des Églises jeunes serait une grande richesse dans le sens que vous avez dit. L’œcuménisme est plus facile là-bas, il est plus facile, ce qui ne veut pas dire plus superficiel, non, il n’est pas superficiel. Ils ne font pas de concession sur la foi et l’identité. Cet aborigène te dit, au nord de l’Argentine : « Je suis anglican ». Mais il n’y a pas d’évêque, il n’y a pas de pasteur, il n’y a pas de révé-rend… « Je veux louer Dieu le dimanche et je vais à la cathédrale catholique », et vice versa. Ce sont des ri-chesses des Églises jeunes. Je ne sais pas, c’est ce que j’ai envie de te dire.

ORF, 2 mars 2017

VOYAGE APOSTOLIQUE DU PAPE FRANÇOIS EN ÉGYPTE

28-29 avril 2017

RENCONTRE AVEC SA SAINTETÉ TAWADROS II, PAPE D’ALEXANDRIE ET PATRIARCHE DU SIÈGE DE SAINT MARC

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

28 avril 2017

Le Seigneur est ressuscité, il est vraiment ressuscité [Al Massih kam, bihakika kam !]

Sainteté, très cher Frère,

C’est depuis peu qu’a eu lieu la grande Solennité de Pâques, centre de la vie chrétienne, que nous avons eu

la grâce de célébrer cette année le même jour. Nous avons ainsi proclamé à l’unisson l’annonce de la Résurrection, en revivant, en un certain sens, l’expérience des premiers disciples, qui ce jour-là, en-semble, « furent remplis de joie en voyant le Seigneur » (Jn 20,20). Cette joie pascale est aujourd’hui enrichie par le don d’adorer ensemble le Ressuscité dans la prière et d’échanger de nouveau, en son nom, le saint baiser et l’accolade de la paix. J’en suis très reconnais-sant : en arrivant ici comme pèlerin, j’étais certain de recevoir la bénédiction d’un Frère qui m’attendait. Grande était l’attente de nous retrouver : en effet, je garde bien vivant le souvenir de la visite de Votre Sainteté à Rome, peu après mon élection, le 10 mai

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2013, une date qui est heureusement devenue l’occasion de célébrer chaque année la Journée d’amitié copte-catholique.

Dans la joie de poursuivre fraternellement notre route œcuménique, je voudrais rappeler avant tout ce jalon dans les relations entre le siège de Pierre et celui de Marc qu’est la Déclaration commune signée par nos prédécesseurs il y a plus de quarante ans, le 10 mai 1973. Ce jour-là, après des « siècles d’histoire diffi-ciles », au cours desquels « ont surgi des divergences théologiques qui ont été entretenues et aggravées par des facteurs de caractère non théologique » et par une méfiance toujours plus généralisée dans les relations, grâce à Dieu nous sommes arrivés à reconnaître en-semble que le Christ est « Dieu parfait pour ce qui est de sa divinité, et homme parfait pour ce qui est de son humanité » (Déclaration commune signée par le Saint-Père Paul VI et par Sa Sainteté Amba Shenouda III, 10 mai 1973). Mais non moins importants et non moins ac-tuels sont les mots qui précèdent immédiatement, par lesquels nous avons reconnu « notre Seigneur et Dieu et Sauveur et Roi de nous tous, Jésus Christ ». Par ces expressions, le Siège de Marc et celui de Pierre ont pro-clamé la seigneurie de Jésus : ensemble, nous avons confessé que nous appartenons à Jésus et qu’il est notre tout.

De plus, nous avons compris qu’étant siens, nous ne pouvons plus penser aller chacun son chemin, car nous trahirions sa volonté : que les siens soient « tous […] un […] pour que le monde croie » (Jn 17,21). De-vant le Seigneur, qui nous veut « parfaitement un » (v. 23), il ne nous est plus possible de nous cacher derrière les prétextes des divergences d’interprétation ni non plus derrière des siècles d’histoire et de traditions qui nous ont rendus étrangers. Comme l’a dit ici Sa Sainteté Jean-Paul II : « Il n’y a pas de temps à perdre à ce sujet. Notre communion dans l’unique Seigneur Jésus Christ, dans l’unique Esprit Saint et dans l’unique Baptême constitue déjà une réalité profonde et fonda-mentale » (Discours lors de la rencontre œcuménique, 25 février 2000). Il y a, en ce sens, non seulement un œcuménisme fait de gestes, de paroles et d’engagement, mais une communion déjà effective, qui grandit chaque jour dans la relation vivante avec le Seigneur Jésus, qui s’enracine dans la foi professée et se fonde réellement sur notre baptême, sur le fait d’être des « créatures nouvelles » (cf. 2 Co 5,17) en lui : en somme, « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême » (Ep 4,5). C’est toujours de là que nous repartons pour préparer le jour si désiré où nous serons en pleine et visible communion autour de l’autel du Seigneur.

Sur ce chemin passionnant qui, comme la vie, n’est pas toujours facile et linéaire, mais sur lequel le Seigneur nous exhorte à aller de l’avant, nous ne sommes pas seuls. Une foule immense de saints et de martyrs nous accompagnent, qui déjà pleinement unis, nous poussent à être ici-bas une image vivante de la « Jérusalem céleste » (Ga 4,26). Parmi eux, se réjouissent certainement aujourd’hui de notre ren-

contre, à titre particulier, les saints Pierre et Marc. Le lien qui les unit est grand. Qu’il suffise de penser au fait que saint Marc a placé au cœur de son Évangile la pro-fession de foi de Pierre : « Tu es le Christ ». Ce fut la réponse à la question, toujours actuelle, de Jésus : « Mais vous, qui dites-vous que je suis ? » (Mc 8, 29). Aujourd’hui également beaucoup de gens ne savent pas répondre à cette interrogation ; il manque même quelqu’un pour la susciter et surtout pour offrir en ré-ponse la joie de connaître Jésus, cette même joie avec laquelle nous avons la grâce de le confesser ensemble.

Ensemble, nous sommes donc appelés à témoigner de lui, à porter au monde notre foi, avant tout de la manière propre à la foi : en la vivant, car la présence de Jésus se transmet avec la vie et parle le langage de l’amour gratuit et concret. Coptes orthodoxes et catho-liques, nous pouvons parler ensemble toujours davan-tage cette langue commune de la charité : avant d’entreprendre une initiative pour le bien, il serait beau de nous demander si nous pouvons la faire avec nos frères et sœurs qui partagent la foi en Jésus. Ainsi, en édifiant la communion dans le concret quotidien du témoignage vécu, l’Esprit ne manquera pas d’ouvrir des voies providentielles et imprévues d’unité.

C’est avec cet esprit apostolique constructif que Votre Sainteté continue de réserver une attention au-thentique et fraternelle à l’Église copte catholique : une proximité dont je suis très reconnaissant et qui a trouvé une admirable expression dans le Conseil National des Églises Chrétiennes, auquel elle a donné naissance pour que ceux qui croient en Jésus puissent œuvrer toujours davantage ensemble, au bénéfice de la société égyp-tienne tout entière. J’ai beaucoup apprécié également la généreuse hospitalité offerte à la 13e rencontre de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises or-thodoxes orientales, qui s’est tenue ici l’année dernière à votre invitation. C’est un beau signe que la rencontre suivante se soit déroulée cette année à Rome, presque pour exprimer une continuité particulière entre les sièges de Marc et de Pierre.

Dans les Saintes Écritures, Pierre semble de quelque manière répondre à l’affection de Marc en l’appelant « mon fils » (1P 5,13). Mais les liens fraternels de l’Évangéliste et son activité apostolique concernent aussi saint Paul qui, avant de mourir martyr à Rome, parle de l’utilité prévenante de Marc dans son ministère (cf. 2 Tm 4,11) et le cite plus d’une fois (cf. Phm 24 ; Col 4,10). Charité fraternelle et commu-nion de mission : voici les messages que la Parole di-vine et nos origines nous livrent. Ce sont les semences évangéliques que nous avons la joie de continuer à irri-guer et, par la grâce de Dieu, à faire croître ensemble (cf. 1 Co 3,6-7).

La maturation de notre chemin œcuménique est soutenue, de manière mystérieuse et plus que jamais actuelle, également par un vrai et authentique œcumé-nisme du sang. Saint Jean écrit que Jésus est venu « par

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l’eau et par le sang » (1 Jn 5, 6) ; qui croit en lui, est ainsi « vainqueur du monde » (1 Jn 5,5). Par l’eau et le sang : en vivant une vie nouvelle dans notre baptême commun, une vie d’amour constant et pour tous, y compris au prix du sacrifice du sang. Que de martyrs dans ce pays, depuis les premiers siècles du christia-nisme, ont vécu la foi héroïquement et jusqu’au fond, en versant leur sang plutôt que de renier le Seigneur et de céder aux illusions du mal ou seulement à la tenta-tion de répondre au mal par le mal. Le véné-rable Martyrologe de l’Église copte en témoigne bien. Encore récemment, malheureusement, le sang innocent de fidèles sans défense a été cruellement versé : leur sang innocent nous unit. Très cher Frère, tout comme la Jérusalem céleste est unique, unique est notre marty-rologe, et vos souffrances sont aussi nos souffrances. Fortifiés par votre témoignage, œuvrons pour nous opposer à la violence en prêchant et en semant le bien, en faisant croître la concorde et en maintenant l’unité, en priant afin que tant de sacrifices ouvrent la voie à un avenir de pleine communion entre nous et de paix pour tous.

La merveilleuse histoire de sainteté de cette terre n’est pas particulière uniquement à cause du sacrifice des martyrs. À peine terminées les persécutions an-tiques, une forme nouvelle de vie a émergé qui, donnée au Seigneur, ne retenait rien pour elle : dans le désert a commencé le monachisme. Ainsi, aux grands signes que Dieu, par le passé, avait accomplis en Égypte et dans la Mer rouge (cf. Ps 106,21-22), a fait suite le pro-dige d’une vie nouvelle, qui a fait fleurir la sainteté dans le désert. Avec vénération pour ce patrimoine com-mun, je suis venu en pèlerin sur cette terre, où le Seigneur lui-même aime se rendre : ici, glorieux, il est descendu sur le mont Sinaï (cf. Ex 24,16) ; ici, humble, il a trouvé refuge en tant qu’enfant (cf. Mt 2,14).

Sainteté, très cher Frère, que le même Seigneur nous accorde de repartir aujourd’hui, ensemble, en pèlerins de communion et en messagers de paix. Sur ce chemin, que nous prenne par la main Celle qui a accompagné ici Jésus et que la grande tradition théologique égyptienne a déclarée depuis l’antiquité Theotokos, Mère de Dieu. À ce titre s’unissent admirablement l’humanité et la divi-nité, car dans la Mère, Dieu s’est fait pour toujours homme. Que la Vierge Sainte, qui nous conduit tou-jours à Jésus, symphonie parfaite du divin avec l’humain, apporte encore un peu du Ciel sur notre terre !

ORF, 4 mai 2017

DÉCLARATION COMMUNE DE SA SAINTETÉ

FRANÇOIS ET DE SA SAINTETÉ TAWADROS II

28 avril 2017

1. Nous, François, Évêque de Rome et Pape de l’Église catholique, et Tawadros II, Pape d’Alexandrie et Patriarche du Siège de saint Marc, remercions Dieu dans l’Esprit Saint de nous offrir la joyeuse occasion de

nous rencontrer une fois encore, pour échanger une fraternelle accolade et pour nous unir de nouveau dans la prière. Nous glorifions le Tout-Puissant pour les liens de fraternité et d’amitié existant entre le Siège de saint Pierre et le Siège de saint Marc. Le privilège d’être ensemble ici, en Égypte, est le signe que la solidité de notre relation s’accroît d’année en année, que nous grandissons dans la proximité, dans la foi et dans l’amour du Christ notre Seigneur. Nous remercions Dieu pour l’Égypte bien-aimée, cette « patrie qui vit en nous » comme aimait le dire Sa Sainteté Shenouda III, pour le « peuple béni de Dieu » (cf. Is 19,25), avec cette antique civilisation des pharaons, avec l’héritage grec et romain, avec la tradition copte et la présence islamique. L’Égypte est le lieu où la Sainte Famille a trouvé refuge, une terre de martyrs et de saints.

2. Notre profond lien d’amitié et de fraternité a son origine dans la pleine communion qui a existé entre nos Églises au cours des premiers siècles et qui était expri-mée de multiples manières par les premiers Conciles œcuméniques, jusqu’au Concile de Nicée en 325 et par la contribution du courageux Père de l’Église saint Athanase, qui a reçu le titre de « Protecteur de la foi ». Notre communion était exprimée par la prière et par des pratiques liturgiques similaires, par la vénéra-tion des mêmes martyrs et saints, ainsi que par le dé-veloppement et par l’expansion du monachisme, sui-vant l’exemple du grand saint Antoine, connu comme le Père des moines.

Cette même expérience de communion avant le temps de la séparation a une signification spéciale dans nos efforts pour restaurer la pleine communion au-jourd’hui. La plupart des relations existant au cours des premiers siècles entre l’Église catholique et l’Église copte orthodoxe ont perduré jusqu’aujourd’hui malgré les divisions, et ont été revivifiées récemment. Elles nous incitent à intensifier nos efforts communs afin de persévérer dans la recherche d’une unité visible dans la diversité, sous la conduite de l’Esprit Saint.

3. Nous nous souvenons avec gratitude de la ren-contre historique, il y a quarante-quatre ans, entre nos prédécesseurs, le Pape Paul VI et le Pape Shenouda III, dans une accolade de paix et de fraternité, après plu-sieurs siècles où nos liens mutuels d’amour n’étaient pas capables de trouver une expression à cause de la distance qui est survenue entre nous. La Déclaration commune qu’ils ont signée le 10 mai 1973 a représenté un jalon sur le chemin de l’œcuménisme, et a servi de point de départ à la Commission pour le dialogue théologique entre nos deux Églises, qui a porté beau-coup de fruit et a ouvert la voie à un dialogue plus large entre l’Église catholique et toute la famille des Églises orientales orthodoxes. Dans cette Déclaration, nos Églises ont reconnu que, en lien avec la tradition apostolique, elles professent « une foi dans le Dieu Un et Trine » et « la divinité de l’Unique Fils né de Dieu… Dieu parfait pour ce qui est de sa divinité, et homme parfait pour ce qui est de son humanité ». Il a égale-ment été reconnu que « la vie divine nous est donnée et

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est nourrie en nous à travers les sept sacrements » et que « nous vénérons la Vierge Marie, Mère de la Vraie Lumière », la « Theotokos ».

4. C’est avec une profonde gratitude que nous nous rappelons notre rencontre fraternelle à Rome, le 10 mai 2013, et la proclamation du 10 mai comme le jour où chaque année nous approfondissons l’amitié ainsi que la fraternité entre nos Églises. Cet esprit renouvelé de proximité nous a rendus capables de reconnaître une fois encore que le lien qui nous unit était reçu de notre unique Seigneur le jour de notre baptême. Car c’est à travers le baptême que nous devenons membres du corps unique du Christ qu’est l’Église (cf. 1 Co 12,13). Cet héritage commun est la base du pèlerinage que nous faisons ensemble vers la pleine communion, tan-dis que nous grandissons dans l’amour et la réconcilia-tion.

5. Nous sommes conscients d’avoir encore un long chemin à parcourir dans ce pèlerinage, cependant nous nous souvenons de tout ce qui a été déjà accompli. En particulier, nous nous rappelons la rencontre entre le Pape Shenouda III et saint Jean-Paul II, venu en Égypte en pèlerin durant le Grand Jubilé de l’an 2000. Nous sommes déterminés à suivre leurs pas, animés par l’amour du Christ le Bon Pasteur, profondément convaincus qu’en marchant ensemble, nous grandis-sons dans l’unité. Puissions-nous puiser notre force de Dieu, parfaite source de communion et d’amour !

6. Cet amour trouve sa plus profonde expression dans la prière commune. Lorsque des chrétiens prient ensemble, ils en viennent à réaliser que ce qui les unit est plus grand que ce qui les divise. Notre désir d’unité est inspiré par la prière du Christ « que tous soient un » (Jn 17,21). Approfondissons nos racines communes dans la foi apostolique en priant ensemble et en recher-chant les traductions communes de la Prière du Seigneur et une date commune pour la célébration de Pâques.

7. Alors que nous cheminons vers le jour béni où, enfin, nous serons rassemblés autour de la même table eucharistique, nous pouvons coopérer dans plusieurs domaines et démontrer d’une manière tangible la grande richesse qui nous unit déjà. Nous pouvons témoigner ensemble de valeurs fondamentales telles que la sainteté et la dignité de la vie humaine, le caractère sacré du ma-riage et de la famille, ainsi que le respect de toute la créa-tion, qui nous a été confiée par Dieu. Face à de nom-breux défis contemporains comme la sécularisation et la globalisation de l’indifférence, nous sommes appelés à offrir une réponse commune fondée sur les valeurs de l’Évangile et sur les trésors de nos traditions respectives. À ce sujet, nous sommes encouragés à entreprendre une étude plus approfondie des Pères orientaux et latins, et à promouvoir un échange fructueux sur le plan pastoral, spécialement dans la catéchèse, et pour un mutuel enri-chissement spirituel entre des communautés monas-tiques et religieuses.

8. Notre témoignage chrétien commun est un signe de réconciliation et d’espérance rempli de grâce pour la société égyptienne et pour ses institutions, un grain semé pour porter des fruits de justice et de paix. Puisque nous croyons que tout être humain est créé à l’image de Dieu, nous luttons pour la sérénité et la con-corde à travers une cohabitation pacifique des chrétiens et des musulmans, en témoignant ainsi du désir de Dieu pour l’unité et l’harmonie de la famille humaine tout entière et pour l’égale dignité de chaque être hu-main. Nous partageons la préoccupation pour le bien-être et l’avenir de l’Égypte. Tous les membres de la so-ciété ont le droit et le devoir de participer pleinement à la vie de la nation., en jouissant de la pleine et égale ci-toyenneté et en collaborant pour bâtir leur société. La liberté de religion, incluant la liberté de conscience, en-racinée dans la dignité de la personne, est la pierre an-gulaire de toutes les autres libertés. C’est un droit sacré et inaliénable.

9. Intensifions notre inlassable prière pour tous les chrétiens en Égypte et de par le monde entier, et spécia-lement au Moyen Orient. Les expériences tragiques ainsi que le sang versé par nos fidèles persécutés et tués pour la seule raison d’être chrétiens rappellent à nous tous combien davantage l’œcuménisme du martyre nous unit et nous encourage sur le chemin de la paix et de la ré-conciliation. Car, comme l’a écrit saint Paul : « Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souf-france » (1 Co 12,26).

10. Le mystère de Jésus qui est mort et ressuscité par amour se trouve au cœur de notre cheminement vers l’unité. Une fois encore, les martyrs sont nos guides. Dans l’Église primitive, le sang des martyrs était la semence de nouveaux chrétiens. De même, de nos jours, puisse le sang des très nombreux martyrs être la semence d’unité parmi les disciples du Christ, un signe et un instrument de communion comme de paix pour le monde.

11. Obéissant au travail de l’Esprit Saint, qui sancti-fie l’Église, la garde tout au long des siècles, et la con-duit vers la pleine unité – cette unité pour laquelle Jésus a prié :

Aujourd’hui nous, Pape François et Pape Tawadros II, en vue de satisfaire le cœur du Seigneur Jésus, ainsi que les cœurs de nos fils et filles dans la foi, nous déclarons mutuellement que, dans le même esprit et d’un même cœur, nous chercherons sincèrement à ne plus répéter le baptême qui a été administré dans nos respectives Églises pour toute personne qui sou-haite rejoindre l’une ou l’autre. Nous confessons cela en obéissance aux Saintes Écritures et à la foi des trois Conciles œcuméniques célébrés à Nicée, à Constantinople et à Éphèse.

Nous demandons à Dieu notre Père de nous guider, dans le temps et par les moyens que l’Esprit Saint choi-sira, vers la pleine unité dans le Corps mystique du Christ.

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12. Laissons-nous donc guider par les enseignements et par l’exemple de l’apôtre Paul, qui a écrit : « Ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous » (Ep 4,3-6).

Le Caire, 28 avril 2017

ORF, 4 mai 2017

CONFÉRENCE DE PRESSE SUR LE VOL DE RETOUR D’ÉGYPTE

29 avril 2017

[…] [Vera Shcherbakova, « Itar-Tass »] : Quelles sont les perspectives des relations avec les orthodoxes — évidemment russes mais également, hier, dans la Déclaration commune avec le Patriarche copte orthodoxe —, il y a la date de la Pâque com-mune, et l’on parle également de la reconnaissance du baptême... À quel point en sommes-nous ? Et une autre chose: comment jugez-vous les relations entre le Vatican et la Russie, comme État, notamment à la lumière de la défense des valeurs des chré-tiens du Moyen-Orient, surtout en Syrie?

PAPE FRANÇOIS : Christòs anèsti! [Le Christ est res-suscité] Avec les orthodoxes, j’ai toujours eu une grande amitié, déjà à Buenos Aires. Par exemple, chaque 6 janvier, j’allais aux vêpres, dans votre cathé-drale, chez le Patriarche Platon — qui à présent est dans la zone de l’Ukraine, il est archevêque — : 2 h 40 de prière dans une langue que je ne comprenais pas, mais on pouvait bien prier ! Puis le dîner avec la com-munauté, trois cents personnes, un dîner de la veillée de Noël — pas le dîner de Noël, la veillée — on ne pouvait pas encore manger de produits laitiers ni de viande, mais c’était un beau dîner... Puis la tombola, la loterie... de l’amitié. Les autres orthodoxes aussi. Par-fois, ils avaient besoin d’une aide juridique : ils venaient à la Curie catholique, parce que ce sont de petites communautés, et ils allaient voir les avocats... J’ai tou-jours eu une relation fraternelle : nous sommes des Églises-sœurs. Avec Tawadros, j’entretiens une amitié spéciale : pour moi, c’est un grand homme de Dieu. Tawadros est un patriarche, un Pape qui conduira de l’avant l’Église, le nom de Jésus... Il a un grand zèle apostolique. C’est l’un des plus — permettez-moi le terme, mais entre guillemets — « fanatiques » sur le fait de trouver une date fixe pour Pâques. Moi aussi, mais... nous cherchons la façon. Il dit : « Luttons, luttons ! ». C’est un homme de Dieu. C’est un homme qui, quand il était évêque, loin de l’Égypte, allait donner à manger aux personnes avec un handicap ; c’est un homme qui a été envoyé dans un diocèse avec cinq églises, et il en a laissé vingt-cinq, je ne sais pas combien de familles chrétiennes, avec le zèle apostolique. Et tu sais com-ment se déroule l’élection entre eux : on en cherche trois, on les choisit, puis on met les noms dans un sac,

on appelle un enfant, on lui bande les yeux, et l’enfant tire au sort le nom... Et c’est là qu’est le Seigneur ! C’est de toute évidence un grand patriarche. L’unité du bap-tême va de l’avant. La faute, sur le baptême, est une chose historique, parce qu’aux temps des premiers Conciles, il était commun. Puis, comme les chrétiens coptes baptisaient les enfants dans les sanctuaires, quand ces derniers voulaient se marier et qu’ils venaient chez nous parce qu’ils se mariaient avec une catholique, on leur demandait quelque chose qui fasse foi et ils ne l’avaient pas, et l’on célébrait le baptême sous condi-tion : ainsi, c’est nous qui avons commencé, pas eux. Mais à présent, on a ouvert la porte et nous sommes sur la bonne voie en ce qui concerne ce problème, pour pouvoir le surmonter. Dans la déclaration commune, l’avant-dernier paragraphe parle de cela.

Les orthodoxes russes reconnaissent notre baptême, et nous reconnaissons leur baptême. J’étais très ami de l’évêque des russes à Buenos Aires. Avec les Géorgiens aussi, par exemple. Le Patriarche des Géorgiens est un homme de Dieu, Elie II, c’est un mystique ! Et nous, catholiques, devons apprendre aussi de cette tradition mystique des Églises orthodoxes. Au cours de ce voyage, nous avons eu une rencontre œcuménique : il y avait aussi le Patriarche Bartholomée, il y avait le Patriarche grec-orthodoxe, puis il y avait les autres chrétiens : les anglicans, et aussi le Secrétaire du Conseil œcuménique des Églises de Genève... Tout ce qui fait l’œcuménisme est en chemin. L’œcuménisme se fait en chemin, avec les œuvres de charité, avec l’engagement d’aider, de faire les choses ensemble quand on peut les faire ensemble... Il n’existe pas d’œcuménisme statique. Il est vrai que les théologiens doivent étudier et se mettre d’accord, mais cela ne pourra pas être mené à terme si l’on ne marche pas. « Que pouvons-nous faire à présent ? ». Nous faisons ce que nous pouvons faire: prier ensemble, travailler ensemble, faire des œuvres de charités ensemble... Mais ensemble ! Et cela est aller de l’avant. Les relations avec le Patriarche Cyrille sont bonnes. L’Archevêque Hilarion est également venu plusieurs fois parler avec moi, et nous avons de bonnes relations. […]

ORF, 4 mai 2017

AUDIENCE GÉNÉRALE

3 mai 2017

[…] Les chrétiens, en Égypte comme dans chaque pays de la terre, sont appelés à être levain de fraternité. Et cela est possible s’ils vivent en eux-mêmes la com-munion dans le Christ. Grâce à Dieu, nous avons pu donner un signe puissant de communion avec mon cher frère le Pape Tawadros II, Patriarche des coptes orthodoxes. Nous avons renouvelé l’engagement, no-tamment en signant une Déclaration commune, de marcher ensemble et de nous engager à ne pas répéter le baptême administré dans nos Églises respectives. Ensemble, nous avons prié pour les martyrs des récents attentats qui ont frappé tragiquement cette vénérable

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Église; et leur sang a fécondé cette rencontre œcumé-nique, à laquelle a participé également le Patriarche de Constantinople Bartholomée : le Patriarche œcumé-nique, mon cher frère. […]

ORF, 4 mai 2017

LETTRE DU PAPE FRANÇOIS À SA SAINTETÉ TAWADROS II

À l’occasion de la journée de l’amitié entre l’Église orthodoxe copte et l’Église catholique, François a envoyé à Tawadros II un message de vœux, dans lequel il rappelle sa recentre visite au Caire et la précédente rencontre à Rome du 10 mai 2013, en assurant de ses prières pour la paix en Égypte et au Moyen-Orient.

Cher frère,

À la suite de ma visite en Égypte et de la rencontre bénie avec Votre Sainteté au Caire, en la fête du qua-trième anniversaire de notre rencontre fraternelle à Rome, le 10 mai 2013, je saisis l’occasion pour vous ex-primer mes vœux les plus fervents de paix et de santé, ainsi que ma joie et ma gratitude pour les liens spirituels qui unissent le Siège de Pierre et le Siège de Marc.

Je désire renouveler ma profonde reconnaissance pour l’hospitalité que vous m’avez offerte, ainsi que pour notre rencontre touchante et pour la prière com-mune, partagées en frères dans le Christ. Je suis parti-culièrement reconnaissant du fait que nous ayons ren-forcé notre unité baptismale dans le Corps du Christ, en déclarant ensemble « que dans le même esprit et

d’un même cœur, nous chercherons sincèrement à ne plus répéter le baptême qui a été administré dans nos respectives Églises pour toute personne qui souhaite rejoindre l’une ou l’autre ». Les liens de fraternité entre nous « nous incitent à intensifier nos efforts communs, afin de persévérer dans la recherche d’une unité visible dans la diversité, sous la conduite de l’Esprit Saint ».

Dans ce parcours, nous sommes soutenus par la puissante intercession et par l’exemple des martyrs. Continuons donc à avancer ensemble sur notre chemin vers la même Table eucharistique, en grandissant dans l’amour et dans la réconciliation.

J’assure Votre Sainteté de ma prière incessante pour la paix en Égypte et au Moyen-Orient. En ce temps pascal, je demande à l’Esprit Saint, force et tendresse de Dieu, de combler nos cœurs de grâce et d’allumer en eux le feu de son amour. Puisse l’Esprit de paix nous accorder de grandir dans l’espérance, dans l’amitié et dans la concorde.

Avec ces sentiments, en cette fête particulière de ce jour, désormais bien connue comme journée de l’amitié entre l’Église orthodoxe copte et l’Église catholique, j’échange avec Votre Sainteté un baiser de paix frater-nel dans le Christ notre Seigneur.

Du Vatican, le 10 mai 2017

FRANÇOIS

ORF, 11 mai 2017

AUDIENCE À DES RESPONSABLES ÉVANGÉLIQUES

3 juin 2017

Une centaine de responsables évangéliques ont rencontré le Pape au Vatican dans la matinée du samedi 3 juin. Réunis à Rome pour participer à la veillée de Pentecôte qui s’est déroulée l’après-midi au Cirque Maxime à Rome à l’occasion du jubilé d’or du Renouveau charismatique catholique, ils ont également participé à la Messe de la Pentecôte célébrée par le Pape le lende-main. Au cours du bref salut adressé aux participants à l’audience, François a remercié pour le travail en faveur de l’unité

des chrétiens et pour ce qui est fait « ensemble », en particulier dans l’aide aux pauvres et dans le domaine éducatif, en exhor-tant à demeurer « toujours en chemin, jamais immobiles ». Enfin, il a invité à conclure la rencontre « comme frères, en priant le Notre Père, chacun dans sa langue ».

ORF, 8 juin 2017

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VEILLÉE DE PRIÈRE AU CIRQUE MAXIME

3 juin 2017

« Tout en montrant que nous avons des différences, nous désirons être une diversité réconciliée ». C’est ce qu’a affirmé le Pape François en présidant dans la soirée du samedi 3 juin, au Cirque Maxime à Rome, la veillée de prière organisée par l’International Catholique Charismatic et par la Catholic Fraternity dans le cadre des célébrations pour le cinquantième anniversaire du Renouveau charismatique. Nous publions, ci-après, quelques extraits de l’intervention du Pape François.

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

[…] Aujourd’hui, nous nous trouvons ici, comme dans un Cénacle à ciel ouvert, parce que nous n’avons pas peur : à ciel ouvert, et également avec le cœur ouvert à la promesse du Père. Nous sommes réunis « nous tous croyants », nous tous qui professons que « Jésus est le Seigneur », « Jesus is the Lord ». Beaucoup sont venus de différentes parties du monde et l’Esprit Saint nous a ré-unis pour établir des liens d’amitié fraternelle qui nous encouragent sur le chemin vers l’unité, l’unité pour la mission : pas pour être immobiles, non !, pour la mis-sion, pour proclamer que Jésus est le Seigneur — « Jesús es el Señor » — pour annoncer ensemble l’amour du Père pour tous ses enfants ! Pour annoncer la Bonne Nou-velle à tous les peuples ! Pour démontrer que la paix est possible. Il n’est pas très facile de démontrer à ce monde d’aujourd’hui que la paix est possible, mais au nom de Jésus nous pouvons démontrer à travers notre témoi-gnage que la paix est possible ! Mais elle est possible si nous sommes en paix entre nous. Si nous accentuons les différences, nous sommes en guerre entre nous et nous ne pouvons pas annoncer la paix. La paix est possible à partir de notre confession que Jésus est le Seigneur et de notre évangélisation sur cette route. Elle est possible. Tout en montrant que nous avons des différences — mais cela est évident, nous avons des différences —, mais que nous désirons être une diversité réconciliée. Voilà, nous ne devons pas oublier ces mots, mais les dire tous : diversité réconciliée. Et ces mots ne sont pas les miens, ce ne sont pas les miens. Ce sont ceux d’un frère luthé-rien. Diversité réconciliée. […]

Nous sommes réunis ici, croyants provenant de 120 pays du monde, pour célébrer l’œuvre souveraine de l’Esprit Saint dans l’Église, qui débuta il y a cin-quante ans et qui marqua le début... d’une institution ? Non. D’une organisation ? Non. D’un courant de grâce, le courant de grâce du Renouveau charismatique catholique. Une œuvre qui naquit... catholique ? Non. Elle naquit œcuménique ! Elle naquit œcuménique parce que c’est l’Esprit Saint qui crée l’unité et c’est ce même Esprit Saint qui donna l’inspiration pour qu’il en fût ainsi ! Il est important de lire les œuvres du cardinal Suenens à ce propos : c’est très important ! […]

Aujourd’hui, nous avons choisi de nous réunir ici, en ce lieu — c’est ce qu’a dit le Pasteur Traettino — car ici, des chrétiens furent martyrisés lors des persécu-tions, pour le divertissement de ceux qui regardaient. Aujourd’hui, il y a davantage de martyrs qu’hier ! Au-jourd’hui, il y a davantage de martyrs, chrétiens. Ceux qui tuent les chrétiens, avant de les tuer ne leur demandent pas : « Tu es orthodoxe ? Tu es catholique ? Tu es évangélique ? Tu es luthérien ? Tu es calvi-niste ? ». Non. « Tu es chrétien ? » — « Oui » : égorgé, immédiatement. Aujourd’hui, il y a davantage de mar-tyrs qu’aux premiers temps. Et cela est l’œcuménisme du sang : le témoignage de nos martyrs d’aujourd’hui nous unit. En divers lieux du monde, le sang chrétien est répandu ! Aujourd’hui, l’unité des chrétiens est plus urgente que jamais, des chrétiens unis par l’opération de l’Esprit Saint, dans la prière et dans l’action pour les plus faibles. Marcher ensemble, travailler ensemble. Nous aimer. Nous aimer. Et chercher ensemble à ex-pliquer les différences, nous mettre d’accord, mais en chemin ! Si nous restons immobiles, sans marcher, ja-mais, jamais nous ne nous mettrons d’accord. Il en est ainsi, parce que l’Esprit veut que nous soyons en che-min. […]

Le don le plus précieux que nous avons tous reçu est le baptême. Et à présent, l’Esprit nous conduit sur le chemin de conversion qui traverse tout le monde chrétien et qui est une raison de plus pour que le Renouveau charismatique catholique soit un lieu privi-légié pour parcourir la voie vers l’unité ! […]

Partager avec tous dans l’Église le baptême dans l’Esprit Saint, louer le Seigneur sans relâche, marcher avec les chrétiens de diverses Églises et communautés chrétiennes dans la prière et dans l’action pour les plus indigents. Servir les plus pauvres et les malades, c’est ce que l’Église et le Pape attendent de vous, Renouveau charismatique catholique, mais de vous tous : vous tous, vous tous qui êtes entrés dans ce courant de grâce! Merci.

ORF, 8 juin 2017

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VISITE À ROME D’UNE DÉLÉGATION DU PATRIARCAT ŒCUMÉNIQUE

POUR LA FÊTE DES SAINTS PIERRE ET PAUL

26-29 juin 2017

À l’occasion de la solennité des saints Pierre et Paul, le Pape François a reçu en audience, dans la matinée du mardi 27 juin, une déléga-

tion du Patriarcat œcuménique de Constantinople. Envoyée à Rome selon la tradition par Bartholomaios, la délégation était guidée par

l’Archevêque Job de Telmessos, coprésident de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et

l’Église orthodoxe, accompagné par les Révérends Ambrosios Chorozidis et Agathanghelos Siskos, respectivement grand syncelle et bibliothé-

caire du Patriarcat œcuménique. Avec eux étaient également présents le Cardinal Kurt Koch, Président du Conseil pontifical pour la promo-

tion de l’unité des chrétiens, l’Évêque Brian Farrell, Secrétaire du dicastère, et le Sous-secrétaire, Mgr Andrea Palmieri. François a ensuite

invité la délégation à déjeuner. Nous publions, ci-dessous, le discours du Saint-Père et le Message du Patriarche Bartholomaios

DISCOURS DU SAINT-PÈRE À LA DÉLÉGATION DU PATRIARCAT ŒCUMÉNIQUE DE CONSTANTINOPLE

27 juin 2017

Éminence, Chers frères dans le Christ,

Merci d’être venus ici, à l’occasion de la fête des saints Pierre et Paul, saints patrons de cette Église de Rome ; soyez les bienvenus. Je remercie vivement Sa Sainteté le Patriarche œcuménique Bartholomaios et le Saint-Synode, de vous avoir envoyés, chers frères, comme leurs représentants, pour partager avec nous la joie de cette fête.

Pierre et Paul, disciples et apôtres de Jésus Christ, ont servi le Seigneur avec des styles différents et de fa-çons diverses. Toutefois, dans leur diversité, ils ont tous deux témoigné de l’amour miséricordieux de Dieu le Père, duquel chacun, à sa façon, a fait une profonde expérience, au point d’offrir leur vie en sacrifice. C’est pourquoi, depuis des temps très anciens, l’Église en Orient et en Occident rassemble en une unique célé-bration la mémoire du martyre de Pierre et de Paul. Il est juste, en effet, de célébrer ensemble leur offrande par amour du Seigneur, qui est dans le même temps mémoire d’unité dans la diversité. Comme vous le sa-vez bien, l’iconographie représente les deux apôtres se serrant dans les bras l’un de l’autre, prophétie de l’unique communion ecclésiale dans laquelle les légi-times différences doivent coexister.

L’échange de délégations entre l’Église de Rome et l’Église de Constantinople, à l’occasion de leurs fêtes patronales respectives, accroît en nous le désir d’établir pleinement entre catholiques et orthodoxes la commu-nion que nous goûtons déjà dans la rencontre frater-nelle, dans la prière partagée et dans un service com-mun rendu à l’Évangile. L’expérience du premier millé-naire, au cours de laquelle les chrétiens d’Orient et d’Occident participaient au même repas eucharistique, d’une part en conservant ensemble les mêmes vérités de foi et, de l’autre, en cultivant différentes traditions

théologiques, spirituelles et canoniques compatibles avec l’enseignement des apôtres et des conciles œcu-méniques, est un point de référence nécessaire et une source d’inspiration pour la recherche du rétablisse-ment de la pleine communion dans les conditions ac-tuelles, une communion qui ne soit pas une uniformité homologuée.

Votre présence m’offre la joyeuse opportunité de rappeler que nous fêtons cette année le cinquantième anniversaire de la visite du bienheureux Paul VI au Phanar en juillet 1967, et de la visite à Rome du Patriarche Athénagoras, de vénérée mémoire, en oc-tobre de cette même année. L’exemple de ces pasteurs courageux et clairvoyants, poussés uniquement par leur amour du Christ et de son Église, nous encourage à poursuivre notre chemin vers la pleine unité. Il y a cin-quante ans, les deux visites furent des événements qui suscitèrent une joie et un enthousiasme immenses parmi les fidèles des Églises de Rome et de Constantinople et contribuèrent à faire mûrir la déci-sion d’envoyer des délégations pour les fêtes patronales respectives, ce que nous continuons à faire encore aujourd’hui.

Je suis profondément reconnaissant envers le Seigneur, parce qu’il continue de me donner à moi aussi des occasions de rencontrer mon bien-aimé frère Bartholomaios. En particulier, je conserve un souvenir reconnaissant et bienfaisant de notre récente rencontre au Caire, où j’ai pu constater une fois de plus notre profonde communauté de pensée sur certains défis qui touchent la vie de l’Église et le monde contemporain.

En septembre prochain, à Leros, en Grèce, se réu-nira le Comité de coordination de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe, coprésidée par Votre éminence et par le Cardinal Kurt Koch, suite à la généreuse invitation du Métropolite Paisios. J’espère que cette réunion, dans un climat spirituel d’écoute de la volonté du Seigneur et dans la vive conscience du chemin que beaucoup de fidèles catholiques et ortho-doxes accomplissent déjà ensemble dans diverses par-

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ties du monde, sera riche de bons résultats pour l’avenir du dialogue théologique.

Éminence, chers frères, l’unité de tous ses disciples a été la vibrante supplication que Jésus Christ a pré-sentée à son Père peu avant sa passion et sa mort (cf. Jn 17, 21). La réalisation de cette prière est confiée à Dieu mais elle passe aussi à travers notre docilité et notre obéissance à sa volonté. Prions les uns pour les autres afin que le Seigneur nous accorde d’être des ins-truments de communion et de paix, confiants dans l’intercession des saints Pierre et Paul et de saint André. Je vous demande moi aussi, s’il vous plaît, de continuer de prier pour moi.

ORF, 6 juillet 2017

MESSAGE DU PATRIARCHE BARTHOLOMAIOS AU PAPE FRANÇOIS

Sainteté,

Aujourd’hui nous célébrons avec vous la vénérable mémoire des saints, glorieux et honorables chefs des apôtres, Pierre et Paul, qui ont reçu leur couronne du martyre dans la cité impériale. Nous participons à la joie de cette solennité, perpétuant l’heureuse tradition d’échanger les visites officielles de nos délégations à l’occasion de nos fêtes de la Chaire respectives. Veuillez recevoir, Sainteté, l’expression de nos vœux fraternels transmis personnellement par notre déléga-tion patriarcale conduite par Son Excellence Mgr Job di Telmessos, coprésident de la Commission mixte in-ternationale pour le dialogue théologique entre nos deux Églises sœurs, le Père Ambrosios Chorozidis, grand syncelle du Patriarcat œcuménique, et l’Archimandrite Agathangelos Siskos, bibliothécaire du patriarcat œcuménique et secrétaire de la vénérable dé-légation envoyée cette année.

La commémoration des saints apôtres Pierre et Paul nous rappelle leur témoignage commun et leur minis-tère au nom de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ qui les ont conduits jusqu’au martyre. L’Église a été fondée sur le Christ, à travers la confession, le témoi-gnage et le sang des saints apôtres, comme avait an-noncé le Seigneur : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1,8). Après que saint Pierre eut proclamé que Jésus Christ est le Messie, Fils du Dieu vivant, notre Seigneur a dit : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église ; et la puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle » (Mt 16,18). Pour cette même raison voici comment saint Paul parla de sa mission : « Fort du secours que j’ai reçu de Dieu, j’ai tenu bon jusqu’à ce jour pour rendre témoignage devant petits et grands. Je n’ai rien dit en dehors de ce que les prophètes et Moïse avaient prédit, à savoir que le Christ, exposé à la souffrance et premier ressuscité d’entre les morts, devait annoncer la lumière à notre peuple et aux nations » (Ac 26,22-23).

Tertullien a reconnu le sang des apôtres, puis celui des martyrs chrétiens comme semence pour l’Église. S’adressant à ceux qui persécutaient les chrétiens, il a dit : « Nous devenons même plus nombreux, chaque fois que vous nous moissonnez : le sang des chrétiens est une semence » (Apologétique, 50). La mort des martyrs est un témoignage de la mort du Christ sur la croix et de sa glo-rieuse résurrection du tombeau, le troisième jour, qui nous conduisent toutes les deux à la vie éternelle dans son Royaume. Pour cette raison, nous célébrons avec joie la fête des saints martyrs, avec la joie de la résurrec-tion et dans la joyeuse anticipation de la gloire du Royaume à venir, comme témoigné par le premier mar-tyr, l’Archidiacre Étienne, au moment de son martyre : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (Ac 7, 56).

L’Église a été persécutée tout au long de son his-toire, à différentes époques et périodes ; mais le sang de ses martyrs a renforcé notre foi et notre témoignage pour notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ. Comme épouse du Christ, l’Église est encore aujourd’hui appe-lée au martyria, affrontant de nouvelles formes de per-sécution et oppression. Ces dernières années, nous avons assisté avec grande tristesse aux attaques contre les chrétiens et leurs lieux de culte. Nos Églises sœurs sont solidaires avec tous les chrétiens persécutés et op-primés aujourd’hui, et en ce moment nous pensons à « tous ceux qui se trouvent dans les mines, en exil, su-bissant un dur travail, et tous ceux qui vivent toute sorte d’affliction, oppression, besoin ou angoisse ».

Aujourd’hui nous pensons à la joie que nous avons éprouvée, il y a deux mois, en étant avec vous en Égypte, une terre constamment irriguée par le sang de martyrs chrétiens. Nous avons prié avec vous pour le peuple d’Égypte, pour l’unité, la paix et la justice dans le monde, en l’église des saints Pierre et Paul au Caire, juste à côté de la cathédrale orthodoxe copte de Saint-Marc qui, il y a quelques mois, est devenu un saint martyrion.

Ce fut un moment important pour nous et pour le monde. C’est au Caire qu’avec vous, Sainteté, nous avons pris la parole à une conférence internationale sur la paix, partageant la conviction qu’il ne peut y avoir au-cune violence, ni aucune justification du terrorisme, au nom de la religion. Avec vous, nous avons souligné que la violence est la négation des croyances religieuses fon-damentales et de la doctrine, que la vraie foi ne dispense pas les êtres humains de leur responsabilité pour le monde, et nous avons mis l’accent sur l’importance de respecter la dignité humaine et la nécessité de soutenir les luttes visant à obtenir la justice et la paix. Nous avons rappelé à notre monde contemporain que l’humanité exige aujourd’hui de la religion « honnêteté » et « ouverture » à cultiver l’amour, la solidarité et la com-passion. Ceci est réalisable aussi à travers le dialogue interreligieux dont la finalité est de vaincre le fondamentalisme religieux et montrer que les religions peuvent et doivent servir de ponts entre les personnes, d’outils de paix et de compréhension réciproque, de

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respect entre les êtres humains. Ce dialogue inter-religieux devient encore plus fort à travers un meilleur rapprochement des chrétiens divisés.

Ainsi, nous sommes convaincus que notre témoi-gnage commun face aux nombreux défis de notre monde contemporain, constitue un témoignage positif pour l’Église du Christ et pour nous rapprocher d’avantage de l’unité. Tel est en effet le commande-ment de notre Seigneur et Sauveur : « À ceci, tous re-connaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jn 13, 35). Il y a plus de cinquante ans, nos Églises sœurs ont entrepris un dialogue d’amour qui nous a entraînés dans un dia-logue de vérité. Tenant compte de cela, nous accordons une grande importance au dialogue théologique, con-duit pendant presque quarante ans entre nos Églises sœurs. Nous sommes particulièrement heureux d’apprendre que la quatorzième rencontre de la Com-mission internationale pour le dialogue théologique de septembre dernier, à Chieti, s’est déroulée dans un cli-mat de collaboration fraternelle et d’échange théolo-gique réciproque, produisant avec succès un important document commun sur la primauté et la synodalité au premier millénaire. Cette commission a proposé de nouveaux pas sur notre chemin commun vers l’unité. ça commission va maintenant entre dans une nouvelle phase de dialogue. Prions pour que le comité de coor-dination, prévu en septembre sur l’Île de Leros, soit fé-

cond, proposant un thème commun et une méthodolo-gie pour la prochaine phase de notre débat.

Sainteté, très cher frère François, tandis que nous célébrons aujourd’hui la fête de la Chaire de l’Église de Rome, nous réaffirmons notre profond désir d’avancer ensemble sur le chemin vers l’unité. Prions pour que notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ vous donne santé, force et paix, afin que vous puissiez continuer votre diakonía aux précieuses âmes qui sont confiées à vos soins et à votre sagesse.

Tout en vous transmettant, Sainteté, ainsi qu’à la vénérable hiérarchie et aux fidèles de votre Église qui aiment le Christ, nos plus cordiales salutations, nous vous embrassons fraternellement d’un « saint bai-ser » et restons avec grand amour et vénération en Jésus Christ, l’Agneau tué qui vit dans l’éternité.

Du Patriarcat œcuménique, 29 juin 2017

Votre bien aimé frère en Jésus Christ

BARTHOLOMAIOS

www.fr.zenit.org

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NOUVELLES ŒCUMÉNIQUES

IN MEMORIAM CARDINAL WILLIAM H. KEELER 1931 - 2017

Le Cardinal américain William Henry Keeler, Archevêque émérite de Baltimore, est mort le jeudi 23 mars 2017 à l’âge de 86 ans. Très tôt convaincu de l’importance du dialogue œcuménique et, en particulier, des relations religieuses avec le Judaïsme, le Cardinal Keeler a été pendant de nombreuses années membre du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Il était né à San Antonio (États-Unis), le 4 mars 1931, et avait été ordonné prêtre le 17 juillet 1955.

Après avoir été Évêque à Harrisburg, il avait été nommé Archevêque de Baltimore en 1989, ministère qu’il a accompli jusqu’à son re-trait en 2007, pour raison d’âge. De 1992 à 1995, il avait été élu président de la Conférence épiscopale des États-Unis d’Amérique, ins-tance qu’il avait su guider avec conviction, à l’instar de ses remarquables et courageux prédécesseurs, les Cardinaux Bernardin et O’Connor, en vue, entre autres, d’un approfondissement du dialogue avec les représentants de la Communauté juive nord-américaine et internationale.

Nous publions, ci-dessous, le télégramme de condoléances que le Pape François a adressé à S. Exc. Mgr William Edward Lori qui lui a succédé à l’Archidiocèse de Baltimore.

TÉLÉGRAMME DU PAPE FRANÇOIS

Profondément attristé par la mort du Cardinal William H. Keeler, je vous présente mes sincères con-doléances, ainsi qu’au clergé, aux religieux et aux fidèles laïcs de l’archidiocèse. Avec reconnaissance pour les années de pieux ministère épiscopal du Cardinal Keeler dans les Églises locales de Harrisburg et de Baltimore, pour ses années de guide au sein de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis et pour son engagement de longue date au service de la compré-

hension œcuménique et inter-religieuse, je m’unis à vous pour confier l’âme de ce sage et doux pasteur à l’amour miséricordieux de Dieu notre Père céleste. À tous ceux qui pleurent le cardinal défunt dans l’espérance certaine de la résurrection, je donne de tout cœur ma bénédiction apostolique en gage de consola-tion et de paix dans le Seigneur.

FRANÇOIS

ORF, 6 avril 2017

COMMISSION DE DIALOGUE TRILATÉRAL CATHOLIQUE-LUTHÉRIEN-MENNONITE

Augsbourg (Allemagne), 9-14 février 2017

Des représentants de l’Église catholique (Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens), de la Fédération luthérienne mondiale et de la Conférence mennonite mondiale se sont retrouvés à Augsbourg (Allemagne), du 9 au 14 février 2017 pour la cinquième et dernière rencontre de cette phase de dialogue trilatéral sur le baptême dont la durée a été de cinq ans. Les discussions et le travail de la Commission ont porté sur son rapport final intitulé « Baptême et incorporation dans le Corps du Christ, l’Église » dont le projet a été rédigé par les Pr Theo Dieter (luthérien, France), William Henn (catholique, États-Unis/Italie) et John Rempel (mennonite, Canada). La Commission trilatérale a décidé que la finalisation du rapport néces-sitait un travail ultérieur et que le document sera rendu public début 2018.

La rencontre était organisée par la Conférence mennonite mondiale (CMM) et s’est déroulée à la Haus St. Ulrich, centre de conférence du Diocèse catholique d’Augsbourg où se sont réunis, en parallèle, le Comité exécutif et les commissions permanentes de la Confé-rence mennonite mondiale. Pendant la rencontre, les membres de la Commission trilatérale se sont retrouvés chaque matin pour prier et réfléchir ensemble sur des textes bibliques. Pour la prière du soir, ils se sont unis aux autres délégués de la CMM. Un après-midi a été consacré à une visite guidée au cours de laquelle le mennonite Wolfgang Krauss originaire d’Augsbourg a fait une présentation sur l’histoire anabaptiste et men-nonite de la ville.

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Les délégations étaient ainsi constituées :

Délégation catholique : Archevêque Luis Augusto Castro Quiroga, IMC (coprésident, Colombie) ; Rév. Pr William Henn, OFM Cap. (États-Unis/Italie) ; Rév. Pr Luis Melo, SM (Canada) ; Sr Pr Dr Marie-Hélène Robert, NDA (France) ; et Rév. Avelino Gonzalez (cosecrétaire, États-Unis/Vatican).

Délégation luthérienne : Pr Dr Friederike Nüssel (coprésidente, Allemagne) ; Évêque ém. Dr Musawenkosi Biyela (Afrique du Sud) ; Pr Dr Theodor Dieter (France) ; et Rév. Dr Kaisamari Hintikka (cosecrétaire, Finlande/Suisse).

Délégation mennonite : Pr Dr Alfred Neufeld (coprésident, Paraguay) ; Pr Dr Fernando Enns (Allemagne) ; Rév. Rebecca Adongo Osiro (Kenya); Pr Dr John Rempel (Canada) ; Rév. Dr Larry Miller (cosecrétaire, France). Un membre de la délégation lu-thérienne, le Rév. Dr KS Peter Li (Hong Kong, Chine) n’a pas pu prendre part à la rencontre.

Traduction de l’anglais SI

COMMISSION INTERNATIONALE POUR LE DIALOGUE ENTRE LES DISCIPLES DU CHRIST

ET L’ÉGLISE CATHOLIQUE

Bayamón (Porto Rico) - 23-28 juin 2017

La cinquième rencontre de la Cinquième phase de dialogue de la Commission internationale pour le dia-logue entre les Disciples du Christ et l’Église catholique s’est déroulée à Bayamón (Porto Rico), du 23 au 28 juin 2017. Le thème général actuellement à l’étude est « Les chrétiens formés et transformés par l’Eucharistie ». Après une réunion introductive à Nashville (TN, États-Unis) en janvier 2014, la Commission s’est penchée sur ce que signifie être « formés » par l’Eucharistie en abordant les thèmes suivants : « La structure des litur-gies chez les catholiques et les Disciples du christ » (Rome, juin 2014) et « La signification de la catéchèse eucharistique – Apprendre en pratiquant » (Bethany, WV, juin 2015). En 2016, l’attention de la Commission s’est concentrée sur un autre sujet : « Les chrétiens transformés par l’Eucharistie » et en 2016, lors de la ses-sion qui s’est tenue à Calgary (AB, Canada), les discus-sions ont porté sur « L’Eucharistie et les relations au sein de l’Église ». Cette année, la réflexion était centrée sur « Vivre les sacrements ». Ce dialogue, qui a débuté en 1977, a pour principal objectif la recherche de la pleine unité visible entre les deux communions.

Les deux co-présidents du dialogue sont, en ce qui concerne les Disciples du Christ, le Rév. Dr D. Newell Williams, Président de la Brite Divinity School à la Texas Christian University (Fort Worth, TX, États-Unis) et, du côté catholique, l’Évêque de Green Bay (États-Unis), Mgr David L. Ricken.

Des textes de travail avaient été préparés, côté catholique, par Mgr David Ricken (« Transformés par l’Eucharistie : la rencontre vivifiante avec Jésus Christ ») et, pour les Disciples du Christ, par le Rév. Dr D. Newell Williams (« Transformés par

l’Eucharistie : face à la mort et à la résurrection de Jésus Christ »). Une réflexion biblique intitulée « En-freindre les règles : Jésus transformé par son expé-rience » a été présentée par le Dr Mary L. Coloe, PBVM, de l’Église catholique. Pendant cette session, la Commission a également travaillé sur une pre-mière ébauche de texte qui sera finalisée à Green Bay (WI, États-Unis) en 2018. Chaque journée de cette rencontre de dialogue a débuté et s’est conclue par un temps de prière commun guidé tour à tour par les Disciples du Christ et les catholiques.

Alors qu’ils se trouvaient à Porto Rico, les membres de la Commission, à l’invitation de l’Archevêque de San Juan, Mgr Roberto González Nieves, ont pris part à la Sainte Messe célébrée pour la fête de Saint-Jean-le-Baptiste en la Catedral de San Juan Bautista, le 24 juin. Le jour suivant, ils ont participé au culte dominical à la Primera Iglesia Cristiana Central (Disciples du Christ), première communauté de Disciples fondée à Porto Rico. Les membres de la Commission ont été accueillis par le Pasteur Gamaliel Ortiz. Après la célébration, les participants ont pu s’entretenir avec les membres de la communauté au cours d’un repas auquel ils avaient été conviés. Le 26 juin, les membres de la Commission ont été invités par le Rév. Miguel Morales, Pasteur général des Disciples du Christ à Porto Rico, auprès du bureau national des Disciples du Christ portoricains pour un dîner et un échange. Ils y ont été rejoints par les pas-teurs locaux des Disciples et l’équipe du bureau natio-nal ainsi que par le Rév. Carlos Algarín, vicaire épisco-pal catholique de Bayamón. La Commission a exprimé sa sincère gratitude aux deux communautés catholique

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et des Disciples du Christ de Porto Rico pour leur hos-pitalité et leur soutien.

« En réfléchissant sur la manière dont l’Eucharistie nous forme et nous transforme », a déclaré au sujet de cette rencontre, le Dr Merryl Blair (Disciples du Christ), « nous faisons aussi l’expérience de la joie transformatrice de nous accueillir réciproquement lors de nos services de prière respectifs. Ensemble, nous témoignons de notre rencontre avec le Christ dans l’Eucharistie et repartons transformés pour vivre comme une communauté d’espérance, d’amour et de compassion ».

À la fin de la réunion, M. Julien Hammond, catho-lique, a pour sa part déclaré: « Nous avons vécu une expérience extraordinaire à Porto Rico. Non seulement avons-nous été accueillis de façon extrêmement cor-diale par nos hôtes catholiques et membres des Dis-ciples du Christ, mais nous avons également témoigné sur cette île du haut degré de communion réelle, bien qu’encore incomplète, existant entre nos deux Églises. Notre étude ‘Les chrétiens transformés par l’Eucharistie’ a acquis une signification et reçu une im-pulsion particulières grâce à cette expérience portori-caine ».

Les participants Disciples du Christ étaient les suivants : Rév. Dr D. Newell Williams, Brite Divinity School (Fort Worth, TX, États-Unis), coprésident ; Rév. Dr Thomas F. Best (Belmont, MA, États-Unis) ; Rév. Dr Merryl Blair, Stirling Theological College, University of Divinity (Melbourne, Australie) ; Rév. Dr David M. Thompson, University of Cambridge (Royaume-Uni) ;

Rév. Paul S. Tche, Disciples Ecumenical Consultative Council (Indianapolis, IN, États-Unis). Les membres des Disciples suivants n’ont pas pu prendre part à la ren-contre : Rév. Dr Robert Welsh (Indianapolis, IN, États-Unis), cosecrétaire ; Rév. Dr James O. Duke, Brite Divinity School (Fort Worth, TX, États-Unis) ; Rév. Angel Luis Rivera, Responsable pour l’Amérique Latine et les Caraïbes, Global Ministries (IN, États-Unis). Cette année, le Rév. Dr Hector M. Rivera de la Christian Church (Disciples du Christ) à Porto Rico a assisté à la réunion en tant qu’observateur.

L’équipe catholique, quant à elle, était ainsi consti-tuée : Mgr David L. Ricken, Évêque de Green Bay (WI, États-Unis), coprésident ; Mgr Dr Juan Usma Gómez, Chef de la Section occidentale, Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, Cité du Vatican/Colombie, cosecrétaire ; Mgr Dr Michael Clay, Doyen associé pour le Séminaire et les études sacerdo-tales, École de théologie et d’études religieuses, The Catholic University of America (Washington D.C., Étas-Unis) ; Dr Mary Coloe, PBVM, University of Divinity (Melbourne, Australie) ; M. Julien Hammond, Délégué à l’œcuménisme, Archidiocèse d’Edmonton, (Canada) ; Rév. Dr Joseph T. Shenosky, Vice-recteur, Séminaire Saint-Charles-Borromeo (Philadelphia, PA, États-Unis) ; Rév. Dr Michael G. Witzcak, École de théologie et d’études religieuses, The Catholic University of America (Washington D.C., Étas-Unis).

Traduction de l’anglais SI

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COMMISSION POUR LES RELATIONS RELIGIEUSES AVEC LE JUDAÏSME

AUDIENCE À UNE DÉLÉGATION DU EUROPEAN JEWISH CONGRESS

27 janvier 2017

Le jour de la mémoire des victimes de la Shoah, vendredi 27 janvier, le Pape a reçu en audience une délégation de cinq membres de l’European Jewish Congress, accompagnés par le Père salésien Norbert Hofmann, Secrétaire de la Commission pour les rapports religieux avec le judaïsme du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Dans un entretien à Radio Vatican, le religieux a souligné que la rencontre a été très significative et a manifesté, une fois de plus, le dialogue fécond existant entre catholiques et juifs. Du reste, a ajouté le Père Hofmann, le Pape lui-même a rappelé que sa famille, en

Argentine, recevait souvent les visites de juifs. Une coutume ami-cale qu’il conserva ensuite personnellement. Au cours de l’audience, le Président de l’European Jewish Congress, M. Moshe Kantor, a souhaité, face à la dégradation éthique actuelle, que soient renforcées les valeurs partagées par les juifs et les chré-tiens. Pour sa part, le Pape a déclaré que la journée de la mé-moire est une occasion importante pour tous, et pas seulement pour les juifs, afin qu’une tragédie comme celle de la Shoah ne se répète plus jamais.

ORF, 2 février 2017

AUDIENCE À LA DÉLÉGATION DE L’ANTI DEFAMATION LEAGUE

9 février 2017

« Face à l’excès de violence qui déferle dans le monde, nous sommes appelés à un surplus de non-violence », en misant en revanche sur l’information et la formation dans la lutte contre l’antisémitisme : tel est l’appel lancé par le Pape François au cours de l’audience à une délé-gation de l’Anti Defamation League, qui s’est déroulée dans la matinée du jeudi 9 février, dans la salle des Papes.

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Chers amis,

Je vous souhaite une chaleureuse bienvenue et je vous remercie pour les aimables paroles que vous m’avez adressées. Mes prédécesseurs saint Jean-Paul II et Benoît XVI ont déjà reçu des délégations de votre organisation qui entretient des relations avec le Saint-Siège depuis l’époque du Concile Vatican II. Je suis re-connaissant que ces rapports se soient intensifiés tou-jours davantage : comme vous l’avez souligné à juste titre, notre rencontre est un témoignage supplémen-taire, outre de notre engagement commun, également de la force bénéfique de la réconciliation qui guérit et transforme les relations. Pour cela, nous rendons grâce à Dieu, qui se réjouit certainement de voir l’amitié sin-cère et les sentiments fraternels qui animent aujourd’hui juifs et catholiques ; ainsi, nous pouvons

nous aussi répéter avec le psalmiste : « Voyez ! Qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères tous ensemble ! […] Là, Yahvé a voulu la bénédiction, la vie à jamais » (Ps 133,13).

Si la culture de la rencontre et de la réconciliation engendre la vie et produit l’espérance, la non-culture de la haine sème la mort et récolte le désespoir. L’an der-nier, je me suis rendu au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Il n’existe pas de mots ni de pensées adéquates face à de telles horreurs de cruauté et de péché ; il y a la prière, afin que Dieu ait pitié et que de telles tragédies ne se répètent plus. C’est pour-quoi nous continuons à nous aider les uns les autres, comme le souhaitait le Saint-Père Jean-Paul II, pour « permettre à la mémoire de jouer le rôle qui lui revient dans l’édification d’un avenir où jamais plus l’indicible injustice de la Shoah ne sera possible » (Lettre d’introduction au document Nous nous souvenons : une ré-

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flexion sur la Shoah, 12 mars 1998) : un avenir d’authentique respect pour la vie et pour la dignité de tout peuple et de tout être humain.

Malheureusement, l’attitude antisémite que je dé-plore à nouveau, sous chacune de ses formes, comme contraire en tout aux principes chrétiens et à toute vi-sion digne de l’homme, est aujourd’hui encore répan-due. Je répète que « l’Église catholique se sent tenue de faire avec ses amis juifs tout ce qui est en son pouvoir pour contrecarrer les tendances antisémites » (Commis-sion pour les relations religieuses avec le judaïsme, Les dons et l’appel de Dieu sont irrévocables, n. 47).

Aujourd’hui plus que par le passé, la lutte contre l’antisémitisme peut bénéficier d’instruments efficaces, comme l’information et la formations. À cet égard, je vous remercie pour votre travail et parce que vous al-liez à la lutte contre la diffamation l’engagement à édu-quer, à promouvoir le respect de tous et à protéger les plus faibles. Préserver le trésor sacré de toute vie hu-maine, de sa conception jusqu’à son terme, en proté-geant sa dignité, est la meilleure voie pour prévenir toute forme de violence. Face à l’excès de violence qui déferle dans le monde, nous sommes appelés à un sur-

plus de non-violence, qui ne signifie pas passivité, mais promotion active du bien. En effet, s’il est nécessaire d’extirper l’herbe du mal, il est encore plus urgent de semer le bien : cultiver la justice, accroître la concorde, soutenir l’intégration, sans jamais se lasser ; ce n’est qu’ainsi que l’on pourra recueillir des fruits de paix. Je vous encourage à cela, dans la conviction que mettre à disposition les moyens pour une vie digne, promouvoir la culture et favoriser partout la liberté de culte, no-tamment en protégeant les croyants et les religions de toute manifestation de violence et d’instrumenta-lisation, sont les meilleurs antidotes contre l’émergence de la haine.

Je vous suis reconnaissant également pour le dia-logue que, à divers niveaux, vous alimentez avec l’Église catholique. Sur l’engagement commun et sur notre chemin d’amitié et de confiance fraternelle, j’invoque la bénédiction du Tout-puissant : que, dans sa bonté, il nous accompagne et nous aide à porter de bons fruits. Shalom alechem !

ORF, 16 février 2017

AUDIENCE AU RABBIN ABRAHAM SKORKA À L’OCCASION DE LA PRÉSENTATION

D’UNE ÉDITION SPÉCIALE DE LA TORAH

23 février 2017

Le « fruit d’une ‘alliance’ entre personnes de différentes na-tionalités, âge et confessions religieuses » : c’est ainsi que le Pape a défini l’édition spéciale de la Torah qui lui a été présentée par le Rabbin Abraham Skorka dans la matinée du jeudi 23 février, au cours de l’audience, dans la Salle Clémentine, au groupe édito-rial qui a réalisé la publication.

DISCOURS DU PAPE FRANÇOIS

Chers amis,

C’est avec joie que je vous adresse à tous mes salu-tations cordiales, vous qui êtes venus pour la présenta-tion d’une nouvelle et précieuse édition de la Torah. Je remercie le Rabbin Abraham Skorka, mon frère et ami, pour ses paroles, et je vous suis très reconnaissant à tous parce que vous avez eu cette idée, qui nous fait aujourd’hui nous rencontrer autour de la Torah, c’est-à-dire autour du don du Seigneur, de sa révélation, de sa parole.

La Torah, que saint Jean-Paul II a définie comme « l’enseignement vivant du Dieu vivant » (Discours aux participants à la célébration du XXVe anniversaire de la Déclaration Nostra aetate, 6 décembre 1990, n. 3), mani-feste l’amour paternel et viscéral de Dieu, un amour fait de paroles et de gestes concrets, un amour qui devient alliance. Et ce mot alliance est précisément riche de ré-sonances qui nous sont communes. Dieu est le plus grand et le plus fidèle Allié. Il a appelé Abraham pour former à partir de lui un peuple qui deviendrait une bé-nédiction pour tous les peuples de la terre, et il rêve d’un monde où les hommes et les femmes soient alliés avec lui et vivent donc en harmonie entre eux et avec la création. Au milieu de tant de paroles humaines qui, malheureusement, poussent à la division et à la compé-tition, ces paroles divines d’alliance nous ouvrent à tous des voies de bien à parcourir ensemble. La présente publication est aussi le fruit d’une « alliance » entre per-sonnes de différentes nationalités, âges et confessions religieuses qui ont su travailler ensemble.

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Le dialogue fraternel et institutionnel entre juifs et chrétiens est désormais consolidé et efficace, à travers une confrontation continue et collaborative. Votre don aujourd’hui s’insère pleinement dans un tel dialogue, qui ne s’exprime pas seulement à travers les paroles, mais aussi dans les gestes. L’ample partie introductive ajoutée au texte et la note de l’éditeur soulignent cette attitude de dialogue, exprimant une vision culturelle ouverte, dans le respect réciproque et dans la paix, en harmonie avec le message spirituel de la Torah. Les personnalités religieuses importantes qui ont travaillé à cette nouvelle édition ont aussi apporté un soin parti-

culier à la dimension littéraire du texte, de même que les précieuses illustrations en couleurs ont ajouté une valeur supplémentaire à la publication.

Mais chaque édition de l’Écriture Sainte contient une valeur spirituelle qui dépasse infiniment la valeur matérielle. Je demande à Dieu de bénir toutes les per-sonnes qui ont collaboré à cette œuvre, et en particulier vous tous, à qui je renouvelle mes remerciements. Merci.

ORF, 9 mars 2017

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DOCUMENTATION SUPPLÉMENTAIRE

RAPPORT DE LA CONSULTATION INTERNATIONALE ENTRE L’ÉGLISE CATHOLIQUE ET L’ALLIANCE

ÉVANGÉLIQUE MONDIALE (2009-2016)

« ÉCRITURE ET TRADITION » ET « L’ÉGLISE DANS LE SALUT »

CATHOLIQUES ET ÉVANGÉLIQUES ANALYSENT DÉFIS ET OPPORTUNITÉS

Statut de ce rapport

Le présent rapport est le fruit d’une consultation internationale entre l’Église catholique et l’Alliance évangé-lique mondiale. C’est un document d’étude produit par les participants à la consultation. Les autorités qui ont nommé les participants ont autorisé la publication de ce Rapport pour qu’il puisse faire l’objet d’un plus ample débat. Ce n’est pas une déclaration faisant autorité, ni pour l’Église catholique, ni pour l’Alliance évangélique mondiale qui, l’une et l’autre, vont également évaluer ce document.

INTRODUCTION

Poser le cadre de notre consultation

Les fondements bibliques de cette consultation

1. L’amour de Dieu a été répandu dans le cœur des croyants par l’Esprit Saint (Rm 5,5). Cet amour ap-pelle les chrétiens à suivre le Christ en embrassant le chemin de la croix avec abnégation et humilité (Ph 2,1-11). Dans cet esprit d’amour, ils sont tous appelés à re-chercher ce qui contribue à la paix et à l’édification du corps du Christ, chacun se sentant concerné par la communauté tout entière, les plus forts veillant sur les plus faibles (Rm 14,19-15,2). Unis au Christ par la foi, tous sont associés personnellement au Christ et de-viennent membres de son corps. Mais qu’est-ce que l’Église, et comment fait-on partie de l’Église, qui est son corps ? Nous avons la consolation de savoir que le Seigneur connaît les siens et que les siens le connaissent (Jn 10,14). Pour les évangéliques, cela advient par l’action de l’Esprit Saint : dès l’instant où l’on entre dans une relation personnelle avec le Christ en confes-sant que Jésus est le Seigneur et le Sauveur (Mt 16,16) et où l’on reçoit le Baptême, on fait partie de l’Église, la

communauté qu’il a établie (Mt 16,18)1.

1. Comme le dit le document Dialogue entre évangéliques et

catholiques sur la mission, « la conversion et le Baptême sont les portes d’entrée dans la nouvelle communauté de Dieu, même si les évangéliques distinguent entre les aspects visibles et in-visibles de cette communauté. Pour eux, la conversion est le moyen pour entrer dans l’Église invisible, et le Baptême, le

Animé par sa foi, le chrétien suit le chemin du dis-ciple, un chemin de toute une vie. Pour les catholiques, on est reçu dans l’Église au moment Baptême, que ce soit comme enfant ou comme adulte, étant entendu que l’initiation des nouveaux baptisés sera approfondie à travers une relation personnelle avec Jésus Christ, scellée par la confirmation et par la participation à l’Eucharistie, à mesure qu’ils s’efforcent de vivre leur vie de disciple.

2. L’unité du corps du Christ est fondée sur « un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous » (Ep 4,5). L’Église célèbre l’unité avec le Christ et entre ses membres durant le Repas du Seigneur/Eucharistie, au cours duquel sont proclamées et célébrées la mort et la résurrection du Christ jusqu’à ce qu’il revienne dans la gloire. Lors de sa seconde ve-nue, elle se révélera dans la communauté céleste qui appartient à l’unité du corps du Christ dans tous les siècles, tous les pays et toutes les langues. Alors, toute la création sera incorporée à la doxologie éternelle de louanges à Dieu (Ap 5,11-14) ; Ph 2,10-11 ; Rm 8,19-23 ; 1 Co 15,28). Alors que nous attendons la consom-mation finale de toute chose, nous sommes appelés à être dans l’Église le corps du Christ, ici et maintenant.

3. La prière du Christ pour l’unité en Jean 17 a pour prémisse que ses disciples présents et futurs se-ront introduits dans l’unité qu’il partage avec le Père et l’Esprit Saint. Cette unité témoigne au monde que

moyen approprié qui en découle pour entrer dans l’Église visible » (4.3).

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« c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jn 17,23). Il y a l’unité que l’Église re-

çoit, et que Dieu a donnée2. Mais l’unité représente aussi pour nous une tâche qui ne peut pas être accom-plie uniquement par l’Esprit à l’œuvre en nous et à tra-vers nous. L’Apôtre Paul nous exhorte : « Qu’il n’y ait pas de divisions parmi vous ; soyez bien unis dans un même esprit et dans une même pensée » (1 Co 1,10).

4. Nous sommes conscients que dans l’histoire de l’Église, qui continue encore de nos jours, il y a eu des divisions qui ont blessé son unité visible, en affaiblis-sant la crédibilité de l’Évangile que nous devons an-noncer au monde. L’unité est quelque chose que notre Seigneur désire profondément, et que son Esprit favo-rise. C’est pourquoi l’Église ne peut pas avoir l’esprit tranquille, sachant que le corps du Christ est divisé (cf. 1 Co 12,25) ; elle est appelée à rechercher la plus grande unité possible, comme le Christ lui-même l’a demandé (Jn 17,20-23 ; Ph 2,5). En le faisant, nous af-firmons ensemble que l’Église ne doit négliger aucun effort pour annoncer l’Évangile dans sa vérité et sa pu-reté, bien que nous n’ayons pas toujours compris ce que cela signifie réellement. Nous devons reconnaître que dans l’histoire de l’Église, la défense de la vérité de l’Évangile n’a pas toujours abouti à l’unité, ni aplani toutes nos différences. Mais nous saluons l’effort re-nouvelé pour venir à bout de ces divisions dans notre présente consultation.

Défis rencontrés chez les évangéliques et chez les catholiques

5. D’après les rapports commissionnés par notre consultation qui nous sont parvenus de vingt-deux pays des cinq continents, les relations entre catholiques et évangéliques varient beaucoup en fonction des régions, de l’histoire locale, de la reconnaissance publique et du rôle dans la société, et aussi en fonction d’autres fac-teurs émergents. Si dans certains pays l’ignorance mu-tuelle, la méfiance, la peur, les préjugés, ainsi que les dynamiques de majorité/minorité ont fait obstacle à une amélioration des rapports entre catholiques et évangéliques, dans d’autres régions où ils doivent faire face aux défis de la société contemporaine, où ils sont une minorité menacée par les persécutions religieuses, où ils luttent ensemble contre la pauvreté et les cala-mités naturelles, ils ont été en mesure d’établir une col-laboration à différents niveaux

6. Il existe un grand éventail dans la qualité des rapports au niveau local. Quelquefois ces rapports sont caractérisés par une rivalité ouverte et une opposition dans le champ missionnaire, gâchés par les accusations et contre-accusations de prosélytisme, persécution, in-

2. La Déclaration de foi de l’Alliance évangélique mon-

diale dit : « Nous croyons en... l’unité d’Esprit de tous les vrais croyants, l’Église, corps du Christ », et le Décret sur l’œcuménisme Unitarisme rédintégration 1 dit : « Une seule et unique Église a été fondée par le Christ Seigneur ».

justice, idolâtrie et/ou refus de reconnaître de l’identité chrétienne de l’autre. Ailleurs et à d’autres périodes, ces rapports sont caractérisés par une collaboration ouverte dans la sphère publique, en particulier sur les questions liées à la famille et sur les questions morales à tous les niveaux, et par des initiatives communes de prière, d’évangélisation ou d’action caritative inspirée par la Bible.

7. Les membres de la consultation ont noté avec joie que, dans la plupart des régions du monde, catho-liques et évangéliques sont conscients de la nécessité d’améliorer leurs relations, convaincus que « la mission fait partie de la nature même de l’Église. Annoncer la Parole de Dieu et en témoigner dans le monde sont es-sentiels pour chaque chrétien. Il est par ailleurs néces-saire de le faire en accord avec les principes de l’Évangile, avec un respect et un amour entiers pour

tous les êtres humains »3. En accord avec les principes de l’Évangile, d’importants pas en avant peuvent être accomplis ensemble grâce à la connaissance et la re-connaissance mutuelles, la guérison des mémoires, le dialogue théologique, et en encourageant la collabora-tion locale entre catholiques et évangéliques partout où cela paraît possible et opportun.

Défis contemporains pour le témoignage chrétien

8. Ni les catholiques ni les évangéliques ne peuvent ignorer les défis posés par un monde de plus en plus globalisé, où le paradigme semble dériver vers une vision toujours plus laïque de la société et de la culture. D’où la question : comment, dans de telles conditions, pouvons-nous annoncer l’Évangile de fa-çon appropriée sans céder aux pressions pour que nous nous conformions au monde ? Ces défis se présentent à nous sous différentes formes :

- il existe un sécularisme rampant, qui est contraire à la foi chrétienne, et qui nous fait vivre en exilés sur une terre qui nous est de plus en plus étrangère (1 P 1,1). En maints endroits, la religion a été en grande partie reléguée à la sphère privée des individus, et la présence publique de la religion n’est que peu ou pas du tout autorisée. Nombreux sont ceux qui ont oublié qu’ils ont oublié Dieu. On assiste de plus en plus à une éro-sion des Églises qui limite leur impact sur la société et sur la culture. Ce phénomène n’est pas propre unique-ment à l’Occident, mais représente un défi au niveau mondial. Les effets à long terme de cette érosion n’ont pas encore été pleinement compris.

- notre époque est en proie à une désorientation morale qui, bien souvent, empêche que Dieu et sa ré-vélation puissent servir de point de référence dans les questions de nature éthique. En matière de morale sexuelle, on tend à affirmer que chacun est libre de

3. Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux, Con-

seil mondial des Églises et Alliance évangélique mondiale, Le témoignage chrétien dans un monde multi-religieux : recommandations de conduite, Préambule, Genève, 28 juin 2011.

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faire comme bon lui semble ; il n’existe plus de consen-sus de base sur la définition du mariage ; l’orientation sexuelle est devenue la manière communément admise de nous définir comme êtres humains, et la redéfinition du mariage pour y inclure les unions entre personnes du même sexe gagne sans cesse du terrain. La dignité et la sainteté de la vie humaine à tous ses stades sont atta-quées. L’euthanasie, le suicide assisté, l’avortement et certaines technologies génétiques et reproductives me-nacent et sapent la conception fondamentale de ce que signifie être un homme. Et tout cela se répercute sur le pilier fondamental de la société qu’est la famille.

- le pluralisme religieux et idéologique est devenu la norme pour nombre de sociétés et de cultures du monde entier. Sans être nécessairement problématique, ce phénomène constitue un défi pour l’Église, car la vé-rité de l’Évangile ne saurait être considérée comme une simple option parmi d’autres. Même les affirmations exclusives du Christ (Jn 14,6) sont vues par certains comme une atteinte directe à l’esprit de tolérance do-minant et omniprésent. Le pluralisme religieux a eu l’effet inattendu de favoriser un regain de la violence due à un environnement religieux de plus en plus pola-risé. Le manque de conviction apparent des uns fait pendant à la radicalisation religieuse des autres. Dans ce contexte polarisé, ceux qui se situent aux extrêmes s’appuient sur leurs convictions religieuses pour justi-fier la violence contre ceux avec qui ils sont en désac-cord. Dans une telle situation, nous notons avec cons-ternation et tristesse que les chrétiens sont persécutés en ce moment dans beaucoup de pays du monde. Nous avons le devoir de prier pour l’Église persécutée et de défendre la liberté de religion partout où elle est ba-fouée.

Notre réponse à ces défis et nos croyances com-munes

9. Jusqu’à quel point évangéliques et catholiques peuvent-ils continuer à affronter séparément de tels dé-fis ? Qu’est-ce qui les empêche d’instaurer une collabo-ration plus étroite pour faire face aux défis du monde actuel ? Pour les participants à cette consultation, nommés par l’Alliance évangélique mondiale et par le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, face à l’urgence de la situation actuelle, il est impératif qu’évangéliques et catholiques parlent et agissent ensemble partout où ils sont confrontés à ces défis. Ensemble, nous sommes appelés par le Christ à faire en sorte que le monde prenne conscience de sa présence, ce monde fracturé et fragmenté, ce monde qu’il a aimé et aime encore au point de s’être livré pour lui (Jn 3,16 ; 17,20-23). L’un des buts de cette consulta-tion a été d’explorer les domaines d’intérêt commun. En cherchant à discerner ce que nous pouvons faire ensemble, nous avons progressé dans la connaissance mutuelle de notre foi personnelle et de notre engage-ment en faveur de l’Évangile du Christ et de sa mission, qui est de sauver ce monde à l’agonie. Nous nous

sommes également efforcés d’approfondir les questions qui continuent à nous diviser. Et cela, parce que notre témoignage divisé affaiblit notre réponse à ces défis aux yeux du monde. Tout en reconnaissant nos divisions persistantes, nous constatons le travail accompli par les uns et les autres, et nous envisageons même la possibi-lité de travailler ensemble dans le plus grand nombre de domaines possibles.

10. Nous, catholiques et évangéliques, pouvons af-firmer ensemble que les chrétiens croient : que Dieu est un et trine, Père, Fils et Saint-Esprit, un seul Dieu en trois personnes (Gn 1,1-3 ; Mt 28,19 ; Jn 1,1 ; 10-30, etc.) ; qu’il a créé toute chose, visible et invisible, par sa Parole (Gn 1 ; Jn 1,3 ; Col 1,16-17) ; que les hommes ont apporté le péché dans le monde, et qu’en consé-quence ils sont tous nés pécheurs et ont tous besoin d’être pardonnés et de se réconcilier avec Dieu (Rm 3,20-23) ; que le Verbe, deuxième personne de la Trinité, s’est fait chair (Jn 1,14), qu’il est notre Seigneur et Sauveur, vrai Dieu et vrai homme en une personne (Col 1,19) ; qu’il est venu sur terre à la fois comme Dieu et comme homme pour nous délivrer de nos pé-chés (Ph 2,5-11 ; Col 2,9), qu’il est né de la Vierge Marie, a souffert sous Ponce-Pilate, a été crucifié pour nos péchés, est mort, a été enseveli, est descendu aux enfers (1P 3,18-19), est ressuscité le troisième jour, est monté au ciel, est assis à la droite du Père où il jugera les vivants et les morts au jour du jugement dernier. Nous croyons au Saint-Esprit qui nous conduit à la re-pentance, nous appelle à la foi, nous justifie par la grâce sur la base de notre foi, et nous éclaire par la Parole de Dieu telle qu’il l’a inspirée aux apôtres et aux pro-phètes ; c’est pourquoi nous croyons que tous les chré-tiens, quelle que soit leur communauté d’appartenance, peuvent vivre une relation à Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, rendue possible par ce même Esprit ; tous les chrétiens ont la responsabilité et le privilège de procla-mer la Bonne Nouvelle du salut à tous les hommes afin qu’ils se repentent, croient et s’engagent dans la suite de Jésus Christ (2 Co 5,18) ; nous croyons également que l’Esprit Saint appelle tous les croyants et les rassemble

dans son Église une, sainte, catholique4 et apostolique, pour qu’ils s’y fortifient mutuellement et deviennent ensemble le corps du Christ en recevant les dons du Baptême et du Repas du Seigneur (1 Co 11,23-34 ; 1 Co 12,12 ; Mt 28,19 ; Mt 16,16 ; Mt 26,26-29). Nous attendons la résurrection des corps et le jour où nous verrons Dieu face à face, et où nous vivrons auprès de lui à jamais (1 Co 15,1 ; 1 Co 13,12).

11. Tout en nous réjouissant de pouvoir proclamer ensemble ces articles de foi, nous devons reconnaître que nous sommes appelés à grandir dans la compré-hension des points sur lesquels l’entente entre nous n’est pas complète et à les affronter sans détour. Nous traiterons ici deux points sur lesquels les divergences sont anciennes et de grande portée, à savoir l’autorité

4. Dans le Credo, le mot « catholique » signifie

« universel ».

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de l’Écriture et de la Tradition, et le rôle de l’Église dans le salut. Il existe d’autres importants sujets de dé-saccord que nous espérons pouvoir résoudre dans nos discussions futures. Mais compte tenu des limites de temps et de ressources, nous n’aborderons ici que ces deux grandes questions qui nous divisent depuis des siècles.

12. En vue de cette discussion, il est important de noter que le mouvement évangélique lui-même se pré-sente comme un réseau œcuménique hautement diffé-rencié. L’Alliance évangélique mondiale regroupe les chrétiens évangéliques des traditions anglicane, luthé-rienne, réformée, anabaptiste et pentecôtiste. Une telle diversité a des conséquences importantes, en particulier sur l’ecclésiologie, autrement dit sur les questions rela-tives au ministère, à l’autorité et aux structures ecclé-siales, aux sacrements, et à la nature de l’Église. Il existe aussi de grandes différences dans les relations que ces Églises entretiennent avec l’Église catholique. Toutes ces différences ont été mises en évidence lorsque nous avons abordé les questions doctrinales dans notre dia-logue. Ce défi est rendu encore plus complexe du fait que le mouvement évangélique a décidé de ne pas aborder les différences ecclésiologiques existant entre les membres de l’Alliance évangélique mondiale, et de se concentrer plutôt sur la coopération dans la prière

commune, l’évangélisation et le témoignage5.

Méthode utilisée dans cette consultation

13. La présente tournée de consultations s’est ba-sée sur le Dialogue sur la mission entre évangéliques et catholiques romains (1977-1984), sur la Consultation de Venise entre l’Alliance évangélique mondiale et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, et sur le document « Église, évangélisation et les liens de la koinonia » (2002). La présente consultation a réuni 13 participants issus de 10 pays des 5 conti-nents, en garantissant ainsi que des perspectives di-verses puissent s’exprimer dans nos discussions.

14 Les participants à cette consultation avaient pour mandat de représenter leurs communautés dans une conversation visant à approfondir leur compréhen-sion mutuelle, à identifier l’état de leurs relations et le moyen de les poursuivre de façon responsable et ap-propriée. Au cours des six dernières années, nous nous sommes rencontrés à Sao Paolo, Brésil ; Rome, Italie ; Chicago, États-Unis ; Guatemala City, Guatemala ; Bad Blankenburg, Allemagne ; et Saskatoon, Canada. En tous ces endroits, nous avons eu des rencontres avec les évangéliques et les catholiques du lieu en nous met-

5. Sur les convergences et les divergences ecclésiolo-

giques entre évangéliques et catholiques, voir « Église, évan-gélisation et les liens de la koinonia, Rapport de la consulta-tion internationale entre l’Église catholique et l’Alliance évangélique mondiale (1993-2002), en particulier la première partie, « Catholiques, évangéliques et koinonia », sections B et C.

tant à l’écoute de leurs sujets de préoccupation et de leurs récits de collaboration au niveau local. Au cours de nos rencontres, nous avons présenté des exposés, expliqué notre position, discuté, posé des questions, prié ensemble (et séparément) en demandant à Dieu la grâce de la réconciliation, approfondi notre compré-hension mutuelle et posé de nouvelles questions. Notre propos n’était pas de négocier pour trouver un com-promis, mais de mener une conversation respectueuse et franche, conscients que seule une parfaite honnêteté, manifestée de façon amicale, pourrait être profitable à nos communautés. Durant ces réunions, nous avons cherché à être fidèles à Jésus Christ, même lorsque nous buttions sur des divergences. La méthode que nous avons employée consistait en premier lieu à défi-nir nos divergences en nous basant sur les consulta-tions précédentes et sur nos pratiques et enseigne-ments respectifs ; en deuxième lieu, de nommer les as-pects des autres traditions qui constituent un encoura-gement pour nous, où nous avons la joie de voir Dieu à l’œuvre, et où nous pouvons apprendre les uns des autres ; et en troisième lieu, avec l’aide de nos parte-naires dans le dialogue, de nous poser mutuellement des questions de façon respectueuse et intelligente (d’où le terme « fraternel »), afin de mieux cerner les problèmes que nous n’étions pas capables de résoudre dans cette tournée de consultations et qui devront être traités ultérieurement par nos communautés respec-tives. Dans la confiance mutuelle et le respect, nous avons entrepris cette tâche en profitant de la bonne entente qui s’est développée entre nous et qui nous a permis de poser les questions autrement que nous ne l’aurions fait avant cette tournée de consultations. Soutenus par la prière et avec le désir d’être fidèles à notre appel et à nos convictions, nous avons posé des questions visant à stimuler le débat entre catholiques et évangéliques, en souhaitant que cette conversation puisse se poursuivre dans nos communautés respec-tives. Notre espoir fervent est que l’Esprit Saint nous donnera d’approfondir notre connaissance de nous-mêmes à mesure que nous apprendrons les uns des autres à mieux connaître ce Dieu qui nous aime et qui s’est livré pour nous.

PREMIÈRE PARTIE

La Parole de Dieu est vivante et agissante : évangéliques et catholiques réfléchissent

ensemble sur l’Écriture et la Tradition apostolique

Introduction

15. Nous, catholiques et évangéliques, nous sommes longtemps considérés comme ayant des points de vue opposés sur l’autorité de l’Écriture et sur son rapport à la Tradition. Depuis l’époque de la Réforme et de la Contre-Réforme, nos positions respectives

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semblent pouvoir se résumer en deux propositions ra-dicalement différentes : l’Écriture seule et l’Écriture et la Tradition. Les Églises de la Réforme, qui représentent une partie importante de la mouvance évangélique, demeurent convaincues que la Bible sera toujours l’autorité suprême en matière de foi, de doctrine et de pratiques, que l’Église peut se tromper comme elle l’a déjà fait, et que l’autorité ne peut être recherchée que dans la Parole de Dieu. Les catholiques mettent l’accent sur le besoin d’une fonction d’enseignement dans l’Église et sur son autorité dans l’interprétation de la

Bible6.

16. En nous rencontrant aujourd’hui, cinq cents ans après le début de la Réforme, nous, catholiques et les évangéliques qui avons participé à cette consulta-tion, avons pris conscience de tout le chemin parcouru depuis les conflits et les lignes de défense du XVIe siècle. Non pas que nous soyons maintenant en plein accord ou proches d’un plein accord, mais nous avons pu constater avec joie la centralité croissante des Écritures dans la vie des catholiques comme des évan-géliques. Nous nous réjouissons aussi des convergences qui nous sont apparues dans notre interprétation de la signification de la Tradition apostolique et de la trans-

mission de la foi à travers les générations7.

17. Sous les titres « Les Écritures », « La Tradition apostolique » et « Écriture et Tradition », nous allons commencer par identifier le terrain qui nous est com-mun et les convergences entre nous ; nous tenterons ensuite, à la lumière d’une meilleure compréhension de nos partenaires, d’indiquer les domaines où nous per-cevons des nouveautés intéressantes dans leur vie ec-clésiale ; enfin, nous leur poserons, de façon amicale mais directe, des questions sensibles qui les mettront au défi de définir les fondements théologiques de leurs convictions, en cherchant à découvrir un terrain com-mun entre nous.

1. Les Écritures A. Notre terrain commun

18. À travers la discussion et l’étude de nos docu-ments respectifs, nous, évangéliques et catholiques, avons découvert de nombreux points communs à pro-pos de la révélation de Dieu et de la place des Écritures dans l’Église. Ensemble, nous croyons fermement que Dieu a parlé aux hommes en leur révélant sa nature di-vine – Père, Fils et Esprit Saint – et la volonté de Dieu pour le genre humain. Et ensemble, nous croyons que la plénitude de la révélation se trouve en Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, Verbe éternel fait chair. En Jésus nous est révélée la vérité la plus intime sur Dieu. Par ses paroles et par ses actes, par ses miracles et par

6. Pour le sens donné au mot « Église » dans ce docu-

ment, voir les paragraphes 50 et suivants. 7. Voir la section 2 sur la Tradition apostolique, para-

graphes 29 et suivants.

ses enseignements, et surtout par sa mort pour nos pé-chés et sa résurrection, il nous a délivrés du péché et nous a apporté la rédemption ; il nous a montré le vi-sage de Dieu et nous a appris ce que veut dire être un homme.

19. Après la résurrection de Jésus et son ascension chez le Père, l’Esprit Saint est descendu sur la commu-nauté de ses disciples, et ceux-ci sont allés proclamer ce qu’ils avaient reçu de Jésus. Leur proclamation a été fi-dèlement transcrite dans des livres, devenus ensuite le Nouveau Testament. Jésus avait compris que l’Ancien Testament était la parole écrite de Dieu, révélée à Israël, le peuple élu (Jn 5,39). Par son autorité, l’Église chrétienne a accepté l’Ancien Testament depuis le commencement (et plus tard à côté du Nouveau

Testament) comme l’unique parole écrite de Dieu8. La Bible est la Parole écrite de Dieu d’une manière tout à fait particulière (2 Tm 3,16).

20. Catholiques et évangéliques ont la joie de pou-voir proclamer ensemble que les Écritures sont la plus haute autorité en matière de foi et de pratiques (2 P

1,20-21)9. Le but des Écritures, en accord avec le but de la révélation de Dieu, est de conduire les hommes à la foi au Christ, qui est « le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14,6). Les chrétiens approchent les Écritures cons-cients de leur cohérence interne en tant que Parole de Dieu, et les lisent la lumière de la plénitude de la révé-lation de Dieu dans le Christ. Nous croyons que les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament ont été écrits dans leur entièreté sous l’inspiration de l’Esprit Saint. Dieu se sert d’auteurs humains, dotés d’un lan-gage humain, pour nous communiquer sa parole dans les textes sacrés de l’Écriture. C’est pourquoi l’enseignement de l’Écriture est solide, fidèle, sans er-reur et efficace, et nous guide vers la vérité tout entière. Nous affirmons ensemble que nous pouvons connaître le Christ à travers les Écritures avec l’assistance de l’Esprit Saint, et nous proclamons l’authenticité et l’historicité de ce que l’Évangile rapporte sur la vie, les enseignements, les actes et la mort de Jésus. Nous n’attendons pas d’autre révélation publique jusqu’au retour de Notre Seigneur Jésus Christ dans la gloire (He 1,1-2).

21. La Bible occupe une place centrale dans tous les ministères chrétiens, ainsi que dans le culte et dans la vie de l’Église. Le recours aux Écritures dans le culte et dans l’enseignement a eu un rôle essentiel dans la formation du canon. Dans les premiers siècles, l’Église, sous la conduite de l’Esprit Saint, a reconnu et admis vingt-sept livres, parmi de nombreux écrits, comme ca-

8. Comme le Déclare l’Engagement du Cap du Lausanne

Movement, 2010, Partie 1,6 : « Nous affirmons que la Bible est la parole écrite finale de Dieu qui n’a été surpassée par aucune révélation postérieure, tout en nous réjouissant de voir que l’Esprit Saint éclaire le peuple de Dieu afin que la Bible puisse continuer à transmettre les vérités de Dieu de façon nouvelle aux hommes de toutes les cultures ».

9. Cf. Jean-Paul II, Ut unum sint 79.

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non du Nouveau Testament. Bien qu’il existe quelques divergences entre évangéliques et catholiques sur le contenu du canon de l’Ancien Testament, ils peuvent affirmer ensemble que les Écritures de l’Ancien Testament attestent la promesse de la venue du Messie, Jésus Christ (Lc 24,27 ; Jn 5,39). Ces Écritures font autorité dans l’Église.

22. Évangéliques et catholiques s’accordent à dire que la prière devrait être accompagnée de la lecture et de l’étude des Écritures, et que l’Esprit Saint peut et veut nous guider vers la vérité (Jn 16,13). Ensemble, ils déclarent également que la Parole écrite de Dieu est fondatrice pour la théologie et la catéchèse. Comme le disait le Père de l’Église Jérôme, « l’ignorance des

Écritures est l’ignorance de Dieu »10. Et ensemble, ils croient que les chrétiens sont appelés à façonner leur vie, dans toutes ses dimensions, d’après les Écritures. Nous croyons fermement que plus nous sommes proches du Christ, plus nous sommes proches les uns des autres ; et plus nous assimilons les Écritures et vi-vons en fonction d’elles, plus nous devenons proches de Dieu et des hommes, comme individus et comme communautés.

B. Paroles d’encouragement mutuel

23. Nous, catholiques, sommes encouragés par :

- la fidélité des évangéliques dans l’action mission-naire et leur zèle à proclamer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ ;

- l’engagement des évangéliques en faveur d’une morale fondée sur les Écritures et d’une vie vécue en accord avec les Écritures ;

- la place de l’Écriture dans la vie dévotionnelle et théologique des évangéliques ;

- leur affirmation que l’Écriture a besoin d’être lue en communauté ;

- l’intérêt de certains évangéliques pour les com-mentaires patristiques des Écritures (tels qu’on les trouve dans The Ancient Christian Commentary on Scripture ou dans The Church’s Bible) ;

- enfin, le rôle attribué à la Bible pour donner forme aux communautés évangéliques.

24. Nous, évangéliques sommes encouragés par :

- le renouveau du témoignage rendu à la Parole de Dieu dans l’Église catholique aujourd’hui. Nous sa-luons l’accent mis plus fortement sur l’Écriture comme fondement de la foi et des pratiques, tel qu’on le trouve notamment dans certaines parties de la Constitution dogmatique de Vatican II sur la Révélation divine Dei Verbum (1965) et dans l’Exhortation apostolique de Benoît XVI Verbum Domini (2010) ;

10. Jérôme, Commentaire sur Isaïe, Livre 18, Prologue, PL

24,17b.

- le fait que les catholiques considèrent la Parole écrite de Dieu comme faisant autorité, et comme point de référence et fondement dans toutes les questions de foi et de vie ;

- enfin, les efforts accomplis par l’Église catholique en matière de traduction et de distribution des Écritures, tant parmi le clergé que chez les laïcs, ainsi que l’encouragement pastoral à lire et à étudier les Écritures, et pas seulement à les garder chez soi.

C. Questions sensibles posées dans un esprit fra-ternel

25. Nous, catholiques, croyons avec les évangé-liques que les Écritures sont le récit normatif de la ré-vélation de Dieu en Jésus Christ. Avec eux, nous croyons que Jésus Christ est le Verbe définitif pro-noncé par Dieu. Nous saluons également la reconnais-sance, de la part des évangéliques, de la tradition orale antérieure au Nouveau Testament (kerygma, viva vox evangelii, la Parole de Dieu annoncée). Cependant nous voudrions demander :

- si l’assimilation entre Parole de Dieu et Saintes Écritures de la part de certains évangéliques prend suf-fisamment en considération l’incarnation du Verbe en tant que personne, et pas seulement en tant que texte ?

- le principe du Sola Scriptura et l’identification du Verbe avec l’Écriture, sans faire référence apparem-ment à la Tradition, ne limitent-ils pas indûment notre réception de la révélation de Dieu ?

- la prise de position des évangéliques sur l’« Écriture seule » prend-t-elle suffisamment en compte la valeur de l’action permanente de l’Esprit Saint dans la vie de l’Église afin de préserver sa doc-trine et son enseignement, spécialement dans la for-mulation et le développement de la Tradition ?

- nous avons pu observer des interprétations di-verses de l’Écriture parmi les chrétiens, même bien in-tentionnés. Si le sens des Saintes Écritures était parfai-tement évident, comme le soutiennent les évangéliques, ne serait-il pas plus facile de maintenir l’unité entre les chrétiens ?

26. Malgré tout, nous nous réjouissons de voir que les évangéliques prennent au sérieux les Écritures et les défis qu’elles présentent, en formant notre compréhen-sion de qui est Dieu et comment il continue à œuvrer dans le monde, et qu’ils évitent de relativiser leur mes-sage lorsqu’ils s’adressent au monde d’aujourd’hui.

27. Nous, évangéliques, tout en saluant le rôle croissant de l’Écriture dans la vie de l’Église catholique, voudrions cependant demander aux catholiques :

- nous reconnaissons avec vous que les Saintes Écritures sont la Parole inspirée de Dieu et qu’elles sont donc la révélation véridique et immuable de Dieu. Cependant nous continuons à buter sur l’affirmation de Vatican II en Dei Verbum 9 selon laquelle « La sainte

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Tradition et la Sainte Écriture... doivent être reçues et vénérées avec un égal sentiment d’amour et de res-pect », qui reprend une déclaration fondamentale de la quatrième session du Concile de Trente (1546). Com-ment ces positions peuvent-elles être compatibles ?

- en ce qui concerne l’inerrance des Écritures affir-mée en Dei Verbum 11, à laquelle nous adhérons volon-tiers, nous souhaiterions une clarification sur les impli-cations de cette prise de position, et sur la signification de l’inerrance face aux défis posés par la méthode his-torico-critique moderne qu’un certain nombre d’interprètes semblent approuver au sein de l’Église catholique contemporaine.

- comment concilier votre affirmation que la Bible est l’autorité suprême en matière de foi et de doctrine avec certaines déclarations dogmatiques faites depuis le XIXe siècle, comme le dogme de l’Immaculée Conception (1854), ou celui de l’Assomption de Marie dans son corps (1950) ?

- enfin, nous voudrions interroger les catholiques sur l’autorité qu’ils accordent aux livres apocryphes ou deutérocanoniques de l’Ancien Testament dans la for-mation de la doctrine, sachant que dans l’Église primi-tive, nombreux étaient ceux qui distinguaient entre livres canoniques et livres apocryphes, en considérant que ces derniers ne faisaient pas autorité en matière de doctrine et de pratiques.

28. Cependant, aucune de ces questions ne doit nous faire oublier que nous nous réjouissons sincère-ment de l’engagement accru des catholiques dans leur défense de la vérité scripturale, et de la convergence qui existe entre nous sur l’autorité de l’Écriture dans les questions de foi et de vie. Le fait que l’Écriture suscite un intérêt croissant dans la piété et dans la vie de l’Église catholique est extrêmement encourageant pour nous, évangéliques.

2. La Tradition apostolique

A. Notre terrain commun

29. En jetant un regard en arrière sur l’histoire de la diffusion de l’Évangile, catholiques et évangéliques reconnaissent et se réjouissent de l’action de l’Esprit Saint dans la mission de l’Église d’évangéliser les peuples et de transformer les cultures. Nous avons vu que l’Esprit Saint a une histoire : il n’a jamais cessé d’agir dans l’histoire, en donnant naissance à des croyants fervents et en nous appelant à demeurer fi-dèles à la vérité révélée. « Nul ne peut dire ‘Jésus est Seigneur’ si ce n’est par l’Esprit Saint » (1 Co 12,3). Aussi devons-nous nous mettre à l’écoute de ce que nos prédécesseurs dans la foi ont reçu de Dieu, de la façon dont ils ont interprété les Écritures et vécu leur vie de chrétiens (He 11).

30. Paul a dit : « Ce que tu as appris de moi en pré-sence de nombreux témoins, confie-le à des hommes fidèles qui seront eux-mêmes capables de l’enseigner

encore à d’autres » (2 Tm 2,2). La transmission de la foi est un processus dynamique qui se poursuit dans la vie de l’Église en tous temps et en tous lieux, avec une ré-férence constante aux Écritures comme étant la plus haute autorité en matière de foi (cf. Ut unum sint 79). Catholiques et évangéliques croient que la Parole de Dieu révélée à laquelle l’Église apostolique a rendu té-moignage une fois pour toutes dans les Écritures con-tinue d’être reçue et communiquée à travers la vie de toute la communauté chrétienne. En tant qu’Église, et sous la conduite de l’Esprit Saint, de génération en gé-nération, nous transmettons le témoignage apostolique que nous avons reçu de ceux qui nous ont précédés et qui nous ont transmis la foi.

31. Ce qui précède a été réaffirmé par les partici-pants à cette consultation comme étant accepté et ap-précié tant par les catholiques que par les évangéliques. Car même si nous définissons différemment le terme « Tradition », nous le faisons toujours en nous référant au processus dynamique de transmission de la foi au cours des siècles. À ce propos, il est important de jeter un regard en arrière sur l’époque de la Réforme. Les réformateurs s’en sont pris à certaines traditions et pra-tiques apparues dans l’Église qui, à leurs yeux, non seulement n’avaient pas de fondements scripturaires, mais étaient en contradiction avec l’Écriture. Cepen-dant ils n’entendaient pas rejeter la Tradition dans son ensemble. Luther, et dans une certaine mesure aussi Calvin, jetaient sur la Tradition un regard critique, mais

dans l’ensemble favorable11. Ils attribuaient une grande valeur aux Credo et aux confessions de l’Église, et dans leur interprétation de l’Écriture ils s’inspiraient souvent des écrits de l’Église primitive comme faisant autorité. Tout ceci faisait partie à leurs yeux de la Tradition.

32. Dans notre monde contemporain, la critique de l’individualisme post-moderne est partagée par les évangéliques et les catholiques qui reconnaissent l’importance du rôle de la communauté, consistant à affermir et à soutenir les membres individuels du corps du Christ. Les uns comme les autres sont conscients que la communauté élargie dans l’espace et le temps dont l’individu fait partie – passé, présent et futur – est une composante essentielle pour aider chaque membre du corps du Christ à demeurer dans la foi transmise de génération en génération, sous la conduite et la direc-tion de l’Esprit Saint.

11. Les réformateurs confessaient les trois Credo œcumé-

niques ; Mélanchton et Luther citaient souvent les Pères de l’Église qui sont en effet fréquemment mentionnés dans la Formule de Concorde de Luther, laquelle inclura plus tard un Catalogue des témoignages rédigé par Jakob Andreae et Martin Chemnitz ; pour le recours de Calvin aux textes des Pères de l’Église, voir l’ouvrage d’Anthony Lane, John Calvin: Student of the Church Fathers (New York, Continuum Interna-tional Publishing, 1991).

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33. Tant les évangéliques que les catholiques peuvent avoir une appréciation critique de la contribu-tion des Pères de l’Église à la foi chrétienne, alors qu’ils continuent à réfléchir sur le rôle de la Tradition dans la formulation postérieure de la foi de la communauté apostolique. Il conviendrait d’approfondir en particulier le rôle la liturgie au cours des siècles et son influence sur l’explication et sur l’assimilation de l’Écriture, ainsi que sur certains aspects si durables de la vie sacramen-telle de l’Église ; ce sont des domaines où nous avons beaucoup à apprendre les uns des autres.

34. Tout en nous réjouissant d’avoir découvert ce terrain commun dans notre dialogue, nous devons ad-mettre qu’il existe encore entre évangéliques et catho-liques des différences significatives sur la compréhen-sion de la Tradition qui nécessiteront une discussion plus approfondie.

35. L’Église catholique établit une nette distinction quand elle traite la question de la Tradition. Dans son sens premier, la Tradition est la transmission vivante, sous l’inspiration du Esprit Saint, de ce que les apôtres ont appris sur l’enseignement et sur la vie de Jésus et qui s’est transmis jusqu’à nous. « Il faut en distinguer les traditions théologiques, disciplinaires, liturgiques ou dévotionnelles nées au cours du temps dans les Églises locales. Elles constituent des formes particulières sous lesquelles la grande Tradition reçoit des expressions adaptées aux divers lieux et aux diverses époques. C’est à sa lumière que celles-ci peuvent être maintenues, mo-difiées ou aussi abandonnées sous la conduite du

Magistère de l’Église »12, qui « n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais est à son service, n’enseignant que ce qui a été transmis » (Dei Verbum 10).

36. Les évangéliques ont du mal à accepter toute notion de Tradition qui élèverait celle-ci au-dessus de l’Écriture. Les catholiques sont d’accord sur ce point. Mais il subsiste des divergences entre eux sur la façon dont tout cela se traduit dans leurs communautés res-pectives. Catholiques et évangéliques sont cependant prêts à réaffirmer ensemble leur ouverture à la Tradition, pour peu qu’elle ne soit pas en contradiction avec l’Écriture.

B. Paroles d’encouragement mutuel

37. Nous, évangéliques, nous sentons encouragés et gratifiés par :

- le fait que l’Église catholique encourage en son

sein un courant de ressourcement13 qui promeut la redécouverte de l’ensemble de la tradition patristique dans toute l’Église ;

12. Catéchisme de l’Église catholique (CEC) 83. 13. Mouvement né au XXe siècle parmi les théologiens

catholiques engagés en faveur d’un retour aux sources an-ciennes, à utiliser dans la liturgie, la théologie et l’interprétation biblique.

- les efforts de l’Église catholique pour défendre le dépôt de la foi historique (depositum fidei) – la vérité pé-renne de la foi chrétienne (Jude 3,1 ; 1 Tm 6,20 ; 2 Tm 1,13-14) – face aux défis du sécularisme moderne et de ses valeurs philosophiques ;

- le fait que les questions mises en évidence par la Réforme – telles la centralité de la Parole et l’insistance sur le rôle de la prédication dans le culte – sont désor-mais considérées et reconnues comme faisant partie de la riche tradition de l’Église tout entière.

38. Nous, catholiques, nous sentons encouragés et gratifiés par :

- la reconnaissance croissante, de la part des évan-géliques, de l’action constante de l’Esprit Saint au cours des 2000 ans de l’histoire de l’Église ;

- l’intérêt de certains théologiens évangéliques et de leurs communautés pour les écrits patristiques et autres sources de l’Église des premiers siècles (ad fontes) ;

- une meilleure compréhension, de la part de nombre d’évangéliques, de la distinction entre Tradition apostolique et traditions locales.

C. Questions sensibles posées dans un esprit fra-ternel

39. Nous, évangéliques, avons compris que cer-tains aspects de la piété populaire catholique peuvent être positifs. Nous sommes heureux d’apprendre que, dans de nombreux cas, les catholiques ont cherché à corriger certains excès apparus dans leurs pratiques dé-

votionnelles14. Nous voudrions cependant demander :

- s’il existe chez les catholiques un principe critique pour évaluer ce qui apparaît, aux yeux des évangéliques, comme des enseignements extrabibliques, qui sont à la base de certains aspects de la tradition catholique, comme la doctrine du purgatoire ou celle les indul-gences et le dogme de l’Immaculée Conception ?

- comment pouvez-vous vous assurer que le déve-loppement de la doctrine et les nouvelles traditions qui apparaissent demeurent fidèles à l’enseignement de l’Écriture, alors que certaines doctrines et traditions semblent se fonder davantage sur des allusions des Écritures que sur un témoignage scripturaire explicite ?

- conscients qu’il y aurait aussi beaucoup de ques-tions à poser sur leurs propres pratiques dévotionnelles, les évangéliques aimeraient néanmoins demander aux catholiques comment ils s’accommodent d’une piété qui paraît s’inspirer davantage de la ou des traditions que de l’Écriture (comme la piété mariale ou le culte des saints) ?

40. Encore une fois, ces questions ne doivent rien ôter à ce que nous pouvons dire et faire ensemble, en nous réjouissant de la foi reçue et transmise à travers

14. Congrégation pour le Culte divin et la discipline des

sacrements, Directoire sur la piété populaire et la liturgie (2001).

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les générations sous la conduite de l’Esprit Saint qui a promis de nous conduire à la vérité tout entière (Jn 16,13).

41. Nous, catholiques, sommes parvenus à une meilleure appréciation de l’insistance des évangéliques sur l’action du Esprit Saint dans l’histoire de l’Église, et du fait que certains évangéliques se tournent vers les Pères de l’Église. Cependant nous voudrions deman-der :

- comment décider s’il faut accepter ou rejeter ce que les Pères de l’Église ont à nous dire ? Par exemple, à côté du Baptême et l’Eucharistie, pourquoi ce que les catholiques appellent « les autres sacrements » sont-ils si problématiques pour les évangéliques, alors que l’Église des premiers siècles les acceptait comme tels (et que certains ont une base scripturaire explicite, comme dans le cas du pardon des péchés, Jn 20,23 et Mt 16,19, ou du sacrement des malades Jc 5,14-15) ?

- la tendance à redécouvrir les Pères de l’Église est-elle propre aux pays du Nord ou est-elle partagée aussi par les évangéliques de l’hémisphère Sud ? Et quelle est l’influence de l’enseignement des Pères de l’Église sur la vie de leurs communautés ?

- au cours de nos consultations, nous avons pu constater que l’Alliance évangélique mondiale ras-semble des communautés chrétiennes qui, tout en ayant une déclaration de foi commune, présentent aussi une grande diversité, notamment en ce qui concerne le rôle attribué à la tradition. Certaines communautés ne lui accordent qu’une importance minime dans la vie présente et future de l’Église, alors que pour d’autres elle a une importance croissante. Quelles sont les va-leurs en jeu dans ce processus ? Sur la base de la vision des évangéliques de l’unité dans la diversité, comment pouvez-vous discerner si l’unité que vous défendez est une réponse suffisante aux appels à l’unité du Nouveau Testament (Jn 17,20-21, 1 Co 1,10) ?

42. Alors même que nous posons ces questions avec un intérêt fraternel et dans un but de clarification, nous nous réjouissons du témoignage fidèle à la vérité immuable de l’Évangile que nous avons pu constater chez les évangéliques.

3. Écriture et Tradition

A. Notre terrain commun

43. Il y a eu entre nous dans le passé de la suspi-cion, de la méfiance, et peut-être même une tendance à caricaturer nos convictions mutuelles sur Écriture et Tradition et sur le rapport qui existe entre elles. À la base de cet esprit critique et de cette méfiance, on ne trouve pas seulement des représentations et des inter-prétations déformées, mais de réelles différences en matière de doctrine et de pratiques. Les divergences qui nous ont divisés continuent de nous empêcher de té-moigner notre unité dans la foi (Jn 17,11). Nous, évan-géliques et catholiques, nous efforçons de vivre en dis-

ciples de Jésus, en nous réunissant pour dialoguer, nous consoler mutuellement et chercher à nous réconcilier. Notre but est de parvenir à une meilleure compréhen-sion de la vérité de la Parole de Dieu, alors même que nous reconnaissons la nécessité d’apprendre de nos passés séparés. Le cardinal Joseph Ratzinger, devenu par la suite le pape Benoît XVI, nous rappelle que « nos ancêtres querelleurs étaient en réalité beaucoup plus proches les uns des autres puisque dans toutes leurs disputes ils demeuraient conscients qu’ils ne pouvaient être que les serviteurs d’une unique vérité qui doit être reconnue comme étant grande et pure telle qu’elle a été

voulue pour nous par Dieu »15.

44. Tant les évangéliques que les catholiques prennent de plus en plus conscience que l’Écriture ne doit pas nécessairement être opposée à la Tradition ou à l’Église, et que la Tradition et l’enseignement de l’Église ne doivent pas nécessairement être opposés à l’Écriture. Les uns comme les autres ont pu constater les progrès réalisés dès lors qu’ils ont laissé derrière eux les disputes du XVIe siècle entre les réformateurs et le Concile de Trente, tout en reconnaissant la validité de certaines de leurs intuitions critiques. L’Église catho-lique a beaucoup appris aussi dans ses conversations avec d’autres communions issues de la Réforme du monde entier, en parvenant ainsi à une meilleure ap-préciation des réformateurs. Ces dialogues ont abouti à des progrès significatifs, en produisant notamment une formulation partagée du rapport entre Écriture et

Tradition16. Le retour aux sources (ad fontes), percep-tible chez nombre d’évangéliques, qui inclut la lecture des anciens auteurs chrétiens, les conduit à une meil-leure appréciation des Credo de l’Église, en renouant avec leur passé chrétien antérieur au XVIe siècle. Dans un nombre croissant de communautés évangéliques, en ce début du XXIe siècle, la tradition et les intuitions des Pères de l’Église et de ceux venus après eux sont prises en considération dans l’interprétation biblique et dans l’exégèse doctrinale, quoique toujours avec un regard critique, comme c’est aussi le cas chez les catholiques. Sans aller jusqu’à dire que l’interprétation des Pères de l’Église fait autorité, les évangéliques commencent à prendre conscience qu’ils l’ont ignorée à leurs dépens. Les Pères de l’Église connaissaient la Bible beaucoup mieux que la plupart d’entre nous. Ils sont nos maîtres dans la foi, des maîtres qui ont des années d’expérience, sinon des siècles de façon cumulative. Nous avons beaucoup à apprendre de leurs traités doctrinaux sou-vent basés simplement sur une exégèse prenant en compte toute l’Écriture pour expliciter une doctrine particulière. Nous sommes tombés d’accord pour dire qu’il y a interpénétration et interconnexion entre

15. Joseph Ratzinger, Église, œcuménisme et politique, Fayard

2005. 16. Cf. Walter Kasper, Récolter les fruits : Aspects fondamen-

taux de la foi chrétienne en dialogue œcuménique, 2009.

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l’Écriture et la Tradition17. La tradition peut représen-ter une importante pierre de touche dans l’interprétation de l’Écriture et dans l’explication de la doctrine, même si les évangéliques demeurent attachés à la Sola Scriptura.

B. Paroles d’encouragement mutuel

45. Nous, évangéliques, nous sentons encouragés par :

- la tendance que nous constatons dans l’Église ca-tholique – tant chez les laïcs que dans le clergé – à ac-corder une place croissante à l’étude des Écritures dans le culte et la vie dévotionnelle ;

- l’insistance des catholiques sur le rôle que doit jouer la communauté ecclésiale dans la rencontre avec les Écritures, tout en reconnaissant l’importance de la conversion personnelle et de l’approfondissement de la relation personnelle avec Jésus ;

- la capacité de discernement des catholiques dans la lecture des Pères de l’Église où l’on trouve une grande sagesse, notamment dans l’exégèse de l’Écriture. Ils sont nos maîtres communs, même si l’Écriture de-meure le texte qui fait autorité.

46. Nous, catholiques, nous sentons encouragés par :

- la diffusion de la lecture des Pères de l’Église chez les évangéliques et leur reconnaissance du grand res-pect que les Pères avaient pour les Saintes Écritures ; leur reconnaissance croissante de l’importance des in-terprétations patristiques lorsqu’ils abordent les Saintes Écritures ;

- la valeur attribuée à la correction fraternelle par certains leaders évangéliques reconnus, considérés comme une « sorte d’autorité » dans le monde évangé-lique ;

- la persistance du sensus fidelium parmi les membres du mouvement évangélique qui témoignent de la conti-nuité du témoignage biblique ;

- l’attention croissante accordée par les évangéliques au rôle de la communauté, et en particulier à sa capacité de fortifier les individus au sein de la communauté chrétienne.

C. Questions sensibles posées dans un esprit fra-ternel

47. À la lumière des nombreux signes encoura-geants et des convergences que nous avons décou-vertes, nous, évangéliques, comprenons que nous avons beaucoup de raisons de nous réjouir. Malgré cela, il reste encore un certain nombre de questions à af-

17. Un autre terme utilisé était celui de co-inhérence.

Pour une explication plus détaillée, voir Évangéliques et catho-liques ensemble. Ta parole est vérité (2002).

fronter. C’est pourquoi nous voudrions demander aux catholiques :

- comment ils concilient l’affirmation selon laquelle « les relations entre la sainte Écriture, autorité suprême en matière de foi, et la sainte Tradition, interprétation indispensable de la Parole de Dieu » avec la déclaration de Dei Verbum qui dit que « l’une et l’autre doivent être reçues et vénérées avec un égal sentiment d’amour et de respect » (Dei Verbum 9), où Écriture et Tradition semblent être mises sur le même plan ?

- à la lumière des nouvelles relations qui se sont instaurées entre évangéliques et catholiques, comment le principe de la Sola Scriptura a-t-il été reçu et incorporé dans la vie des catholiques et dans la théologie catho-lique contemporaine ?

- reconnaissant notre péché et notre besoin de cor-rection, nous voudrions demander aux catholiques si l’Église peut reconnaître que des erreurs ont été com-mises dans sa tradition, telle qu’elle s’exprime dans sa piété dévotionnelle, compte tenu de la faillibilité hu-maine, et si oui, s’ils pensent qu’ils serait possible de corriger ces erreurs à la lumière de l’Écriture ?

- comment les catholiques peuvent-ils concilier l’exhortation de Paul « Rien de plus que ce qui est écrit » (1 Co 4,6) avec la notion d’infaillibilité papale, sachant que même les habitants de Bérée, en Actes 17,11, ont examiné les Écritures pour voir si tout ce que rapportaient les apôtres était vrai ?

- sachant que d’une part, le Christ nous a promis que son Esprit guiderait l’Église « vers la vérité tout entière » (Jn 16,13), et que d’autre part, il est écrit que « toute Écriture est inspirée de Dieu » (2 Tm 3,16), nous voudrions demander aux catholiques s’ils considèrent que l’Esprit Saint a opéré de la même ma-nière dans la vie postérieure de la Tradition qu’il ne le faisait lorsqu’il a inspiré les auteurs des Écritures ?

- la notion de ce que les évangéliques appellent Ecclesia semper reformanda (l’Église toujours en train de se réformer) existe-t-elle dans l’Église catholique au-jourd’hui ?

- à la lumière de sa position sur Écriture et Tradition, comment l’Église catholique traite-t-elle le cas de ceux qui – membres du clergé, laïcs, religieuses ou professeurs universitaires – sont en désaccord avec l’Écriture et avec l’Église ? Quel est le processus à suivre pour ces dissidents, et est-il appliqué ?

48. Nous, catholiques, saluons les convergences positives apparues entre évangéliques et catholiques dans l’affirmation de l’autorité des Écritures et dans une appréciation croissante du rôle de la tradition. Nous souhaiterions cependant poser aux évangéliques les questions suivantes :

- nous avons observé la pratique bien établie chez vous d’utiliser l’Écriture pour interpréter l’Écriture, en cherchant à découvrir la cohérence interne du message biblique. Nous apprécions aussi votre insistance sur le

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fait que les Écritures doivent être lues au sein de la communauté chrétienne, et sur le rôle de l’Esprit Saint dans la lecture et l’interprétation de l’Écriture. Nous notons cependant que des interprétations divergentes des Écritures, parfois en conflit entre elles, peuvent ap-paraître chez les évangéliques comme chez les catho-liques. En l’absence d’une référence à un magistère, comment les évangéliques maintiennent-ils l’unité et se défendent-ils des conflits internes dans l’interprétation de la sainte Écriture ? Quel est le rôle de la Tradition dans l’interprétation de l’Écriture ? Confrontés à des interprétations divergentes de l’Écriture, quelle est la méthode utilisée pour assurer le discernement et la dis-cipline au sein de l’Église ?

- vous, évangéliques, avez maintenu un fort sens moral traditionnel que nous saluons. Nous voudrions cependant vous demander comment vous vous défen-dez du relativisme moral, lorsqu’il se manifeste dans l’enseignement de vos pasteurs ou parmi les laïcs ?

- puisque vous croyez que l’Esprit Saint agit dans l’histoire et qu’il nous conduit vers l’unité, où voyez-vous l’Esprit à l’œuvre au moment de la Réforme qui a apporté la division dans l’Église ? L’Esprit Saint opé-rait-il seulement chez les réformateurs et dans leurs communautés, ou était-il également à l’œuvre dans l’Église catholique en temps-là ? Comment les évangé-liques d’aujourd’hui voient-ils les réformateurs du XVIe siècle, et quel rôle leurs enseignements jouent-ils dans leur vie ? Comment les communautés formées après la période de la Réforme se rattachent-elles à la Réforme ?

- le renouveau liturgique a été un trait marquant de la vie ecclésiale au cours du siècle dernier. Nous cons-tatons une grande diversité de pratiques liturgiques et spirituelles dans le culte et dans la vie dévotionnelle des évangéliques, dont certains reprennent même les pra-tiques de l’Église primitive. Les évangéliques peuvent-ils considérer les formes sacramentelles et liturgiques développées au temps des Pères de l’Église comme une expression de la Parole de Dieu dans la vie de l’Église ? Et si oui, de quelle façon cela pourrait-il influer sur leur doctrine et sur leurs pratiques ?

* * *

49. Se réjouissant du message de salut de Jésus Christ, le Verbe fait chair, mort pour apporter le par-don et la vie aux pécheurs, catholiques et évangélique peuvent affirmer ensemble que l’Écriture est la règle qui fait autorité et la norme de leur foi et de leur vie. Jésus Christ, le Verbe par qui Dieu s’est révélé, parle à travers et dans sa Parole à un monde qui a soif de l’Évangile. Dieu a aussi donné à son Église son Esprit, qui non seulement a inspiré les Écritures, mais qui ga-rantit que la vérité de l’Évangile puisse perdurer et être transmise dans la vie de l’Église, qui la proclame de manière nouvelle à chaque époque. Des différences subsistent entre nous sur la façon dont nous interpré-tons la Tradition et ses rapports avec l’Écriture et sur le niveau d’autorité qu’il faut attribuer à la Tradition. Les questions que nous nous sommes posées mutuellement

ne marquent pas la fin de notre conversation, mais doivent motiver chacun d’entre nous à entrer plus à fond dans notre théologie, nos pratiques, et notre piété, et à poursuivre ces discussions pour le bien de l’Évangile et de sa mission. Ce n’est qu’en présentant ensemble la Parole devant le monde, par la puissance de l’Esprit, que nous pouvons espérer offrir un mes-sage qui a passé l’épreuve du temps en demeurant in-changé. A ce monde, nous offrons Jésus Christ, le même hier, aujourd’hui et à jamais (He 13,8).

DEUXIÈME PARTIE

Le don de Dieu du salut dans l’Église : Évangéliques et catholiques réfléchissent en-

semble sur le salut et sur l’Église

A. Notre terrain commun

50. La mort et la résurrection rédemptrices du Christ ont eu lieu une fois pour toutes dans l’histoire. La mort du Christ en croix, point culminant de toute une vie d’obéissance, fut un sacrifice unique, parfait et suffisant pour les péchés du monde. Il ne peut y avoir de répétition ou d’addition à ce qui fut accompli alors

par le Christ une fois pour toutes18. Le don du salut, donné librement, est reçu librement (Rm 3,24 ; 1 Co 2,12). Tant pour les catholiques que pour les évangéliques, la question du salut en Jésus Christ revêt une importance primordiale et occupe une place de premier plan dans notre vie de foi et dans le dévelop-pement de notre théologie. Le salut est un don gratuit de Dieu (Ep 2,8-9). Il ne nous est pas donné simple-ment parce que nous sommes nés dans une famille chrétienne, ou que nous sommes formellement membres d’une Église chrétienne ; c’est une initiative miséricordieuse de Dieu. « Du Seigneur vient le salut » (Ps 3,9). Le salut rend manifeste l’ensemble du plan de Dieu et son désir pour l’humanité, et répond au besoin fondamental de rédemption des hommes. Les Actes des Apôtres nous assurent que le salut nous vient par Jésus Christ, et qu’« aucun autre nom sous le ciel n’est offert aux hommes, qui soit nécessaire à notre salut » (Ac 4,12).

51. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18,20). Les Écritures nous disent que depuis le commencement l’Église a fait par-tie du plan de salut de Dieu (Ep 1,4-10.22-23). En par-tant d’Adam et Ève et en se prolongeant tout au long de l’histoire de l’Alliance rapportée par les Écritures, Dieu a formé pour lui-même le peuple d’Israël, séparé du monde (ekklesia) en une communauté, et envoyé en-suite au monde pour être la lumière des nations (Es

18. Ni les catholiques ni les évangéliques n’acceptent

l’idée que le Christ puisse être resacrifié durant l’Eucharistie par le prêtre qui y préside.

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60,3). La plénitude de cette communauté réside en Christ, le Verbe Incarné, tout Israël en Un, venu sur terre pour racheter les hommes en les délivrant de leurs péchés par sa souffrance, sa mort en croix et sa résur-rection à la vie. Dieu a fait connaître ce plan de salut au monde par son Fils (Jn 3,16), qui a rassemblé un nou-veau peuple de l’Alliance (Jr 31,31-34 ; Rm 9) dans la communauté de son Église. Il nous a dit qu’il édifiera lui-même cette Église, et que la puissance de la mort n’aura pas de force contre elle (Mt 16,18). Plus tard, le Christ nous a expliqué comment il veillera sur son Église (Mt 18,15-20 ; Jn 20,23) en nous assurant que le pardon des péchés qu’il a obtenu pour nous et pour notre salut est, et sera toujours, central dans le but et le message de l’Église. Il a donné à son Église le don des ministres (1 Co 12,28 ; Ep 4,11-13) appelés à devenir par la suite les intendants des mystères et les serviteurs du Peuple de Dieu (1 Co 4,1). La première tâche à la-quelle le Christ a appelé l’Église, ses ministres et tout son peuple, est d’aller et de faire des disciples, en bapti-sant et en proclamant tout ce qu’il nous a appris (Mt 28,19-20). Comme il l’avait promis, il a envoyé l’Esprit Saint à son Église le jour de la Pentecôte pour la soute-nir dans sa mission. On peut donc dire que l’Église est évangélisée par Dieu, tout en évangélisant pour Dieu. Les disciples suscités par l’action de Dieu-le-Saint-Esprit sont ensuite nourris dans la foi au sein de la communauté des croyants (Ac 2,42-47), de tous ceux qui mettent leur foi et leur confiance en Celui qui les a sauvés. L’Esprit s’épanouit dans cette communauté que le Christ a appelée son Église, en l’animant par ses dons (Ac 2,1-4 ; 1 Co 12 ; Rm 8,10-11) afin qu’elle témoigne au monde l’amour de Dieu, tout en affermissant et en édifiant ses membres dans le corps du Christ (1 Th 5,11).

52. L’apôtre Paul utilise deux grandes métaphores (mais il y en a d’autres) pour décrire cette communauté. En 1 Corinthien 12, il compare l’Église au corps du Christ, dont le Christ lui-même est la tête. Sans tête, il ne peut y avoir de corps, de même que sans vigne il ne peut y avoir de sarment (Jn 15). Le salut nous vient de notre incorporation au corps du Christ par l’action de l’Esprit Saint, puisque nul ne peut dire « Jésus est Seigneur » si ce n’est par l’Esprit, et qu’un sarment coupé de la vigne se dessèche et meurt (Jn 15,1-6). Comme nous l’a dit Jésus, sans lui nous ne pouvons rien faire (Jn 15,5). Le corps ne peut pas exister sans l’Esprit, de même qu’il ne peut pas exister sans la tête, qui est le Christ. Mais avec la tête et l’Esprit, il existe bel et bien un corps, une communion des saints rache-tés qui, animés par l’Esprit, accomplissent les œuvres que Dieu a préparées d’avance pour eux, non pas pour leur salut, mais à sa gloire (Ep 2,10) et pour attirer d’autres personnes dans son corps qu’est l’Église (Mt 5,16.28,19-20).

53. Une seconde métaphore de l’Église liée à celle du corps se trouve en Éphésiens 5. Paul nous y pré-sente l’image de l’Église comme épouse du Christ, dans laquelle le Christ est décrit encore une fois comme « le

chef de l’Église, lui le Sauveur de son corps... qui a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle ; il a voulu ainsi la rendre sainte en la purifiant avec l’eau qui lave, et cela par la Parole ; il a voulu se la présenter à lui-même splendide, sans tache ni ride, ni aucun défaut ; il a voulu son Église sainte et irréprochable » (Ep 5,23.25-27). Cette métaphore nous présente le don sacrificiel de sa vie par l’Époux, pour pouvoir présenter l’épouse comme sienne en vertu du don de sa propre chair sur la croix. Par le sacrifice de lui-même, le Christ a lavé son épouse, en la présentant pure et sans tache, pour pouvoir la prendre auprès de lui afin qu’elle vive avec lui dans la sainteté et la rectitude. L’Église n’est pas celle qui sacrifie, ni celle qui purifie. C’est plutôt l’époux qui se sacrifie pour son épouse et qui la lave ; il est celui qui la nourrit et veille sur elle, c’est-à-dire sur les membres de son corps (Ep 5,29-30). L’épouse, l’Église, est en ce sens unie et soumise à son Bien-Aimé ; comme telle, elle fait ce qu’il lui a donné à faire en lui promettant qu’il sera avec elle jusqu’à la fin des temps (Mt 28,19-20).

54. L’Église, donc, est un don de Dieu au monde. Même si tous les évangéliques ne reconnaissent pas l’autorité des credo, catholiques et évangéliques peuvent affirmer ensemble que les credo expriment ce qui est au cœur de l’enseignement biblique dans divers champs de la doctrine, y compris au sujet de l’Église. Après avoir professé la foi en Dieu-le-Père et en son œuvre, en Notre-Seigneur Jésus Christ et en sa vie, et à l’Esprit Saint et en sa sanctification des croyants, nous proclamons que nous croyons à l’Église « une, sainte, catholique et apostolique ». Les chrétiens professent leur foi en une Église qui montre les signes d’unité,

sainteté, catholicité19 et adhérence à la foi et à l’enseignement apostolique. Cependant nous ne croyons pas en l’Église de la même façon que nous croyons dans les personnes divines de la Trinité con-

fessées précédemment dans le credo20. Lorsque nous disons que nous croyons en Dieu-le-Père... en son Fils unique Jésus Christ... et en l’Esprit Saint qui est Seigneur et donne la vie », nous professons notre foi dans l’œuvre du salut du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Nous mettons notre confiance et notre foi en Dieu Un et Trine. Nous nous confions et nous remet-tons entièrement à lui, notre rocher et notre salut. Nous croyons en seul Dieu, notre salut vient de lui (Ps 62,2). L’Église et ses ministres sont au service de ce salut partout où se manifestent les signes de la vraie Église. L’annonce pure de l’Évangile et l’usage juste des sacrements/ordonnances que le Christ a commandé à son Église d’observer (Mt 28,19 ; Mc 16,15-16 ;

19. Voir note en bas de page 4. 20. La traduction anglaise du Credo peut prêter à confu-

sion, parce que le latin dit : Credo in unum Deum, Pater omnipotentem... Et in unum Dominum Jesum Christum... Et in Spiritum Sanctum... Et unam, sanctam, catholicam et apostolicam Ecclesiam. Nous « croyons en » les Personnes divines, mais dans le texte latin on ne trouve pas « in » devant « l’Église ».

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Lc 22,19-20 ; 1 Co 11,23-25) sont des dons vivifica-

teurs destinés à nourrir son troupeau21.

55. L’Église est au service de l’Évangile, comme le dit Paul, car lorsque le Christ nous a réconciliés avec lui, il nous a donné aussi le ministère de la réconcilia-tion, autrement dit « c’était Dieu qui en Christ réconci-liait le monde avec lui-même, ne mettant pas leurs fautes au compte des hommes, et mettant en nous la parole de réconciliation » (2 Co 5,19). Le monde n’entend pas ce message de réconciliation en dehors de l’Église, de ses ministres et de son peuple, appelés à le proclamer afin que tous les hommes puissent l’entendre (Rm 10,14-17 ; Mt 28,19-20). « Or comment l’invoque-raient-ils sans avoir cru en lui ? Et comment croiraient-ils en lui sans l’avoir entendu ? Et comment l’entendraient-ils si personne ne le proclame ? Et com-ment le proclamer sans être envoyé ? » (Rm 10,14). C’est pourquoi l’Église a le devoir et le privilège d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Christ. L’Église, corps du Christ, est le lieu habituel où l’offre du salut est entendue et diffusée. Par la puissance de l’Esprit Saint, elle proclame que Jésus Christ est le Sauveur et le Seigneur, afin de persuader les hommes de se repentir et de venir à lui personnellement, en étant ainsi réconciliés avec Dieu et entrant dans sa communauté de foi (Mt 4,17). Le salut, qui présuppose une conversion, un élan vers Dieu et une régénération par la grâce de Dieu, se manifeste par une réorientation de toute notre vie d’après la nouvelle vie révélée en Jésus Christ. Pour beaucoup sinon pour la plupart des évangéliques, le baptême est le premier moyen par le-quel Dieu incorpore son peuple à son Église (Mt 28,19). Une fois entrés dans l’Église, les membres du corps du Christ sont appelés à vivre pleinement leur vie chrétienne dans un service fidèle à lui et les uns aux autres.

B. Paroles d’encouragement mutuel

56. Nous, évangéliques, nous sentons encouragés par :

- le sérieux avec lequel les catholiques proclament le Credo des Apôtres, spécialement là où il parle de la ré-alité glorieuse de Dieu Un et Trine et de son œuvre gratuite qui apporte « la rémission des péchés » ;

- l’insistance renouvelée dans l’enseignement catho-lique sur les métaphores bibliques de l’Église, qui la mettent en relation avec le salut (par ex. le peuple de Dieu, le corps du Christ, le temple de l’Esprit), l’emploi moins fréquent de certaines images attribuées autrefois à l’Église qui semblaient exclure les autres chrétiens de la possibilité du salut (par ex. societas perfecta, arche du salut) ; et l’affirmation que pour le Christ « les Églises

21. Les catholiques indiqueraient aussi Ac 2,11

(Confirmation) ; Jn 20,22-23 (Repentance et Réconciliation) ; Jc 5,14-15 (Onction des malades) ; Nb 11,25 (Saints Ordres) ; Mt 19,6 ; Gn 1,28 ; Mc 10,9 (Mariage) pour se réfé-rer aux autres sacrements.

et les communautés ecclésiales séparées » sont un moyen de salut ;

- le regain d’intérêt de l’Église catholique et de ses ministres pour le ministère de la Parole et pour sa pré-dication, considéré comme un aspect important de la foi et de la vie chrétiennes tant au niveau communau-taire que pour chacun de ses membres ;

- la mise en évidence de la dimension communau-taire du salut contre les tendances individualistes qui ont caractérisé certains courants du protestantisme ;

- l’insistance sur la centralité de la conversion, les nombreuses initiatives des catholiques pour présenter l’Évangile du salut au monde entier, et l’accent mis plus récemment sur l’importance de la rencontre person-nelle avec Jésus Christ en vue du salut.

57. Nous, catholiques, nous sentons encouragés par :

- la confiance des évangéliques dans ce que Dieu a réalisé pour nous en Jésus Christ, et leur loyauté cons-tante à l’enseignement biblique concernant la promesse de salut de Dieu, une question qui a pour eux une im-portance primordiale ;

- la reconnaissance que l’insistance des évangéliques sur le caractère salvifique de la mort du Christ s’accompagne d’une égale insistance sur sa résurrection d’entre les morts et sur l’espérance qui en découle ;

- la conviction des évangéliques qu’il n’existe pas de christianisme entièrement privé, autrement dit leur conviction que le salut est relationnel, en liant la con-version à la régénération par l’eau et par la Parole qui conduit à une vie nouvelle en Christ ; et que la conver-sion à Jésus Christ entraîne nécessairement l’incorpo-ration dans l’Église ;

- la conviction des évangéliques que le salut ne peut pas se limiter à une appartenance formelle à l’Église, mais implique de vivre activement la suite du Christ ;

- la conviction des évangéliques que la foi chré-tienne implique un fort engagement dans l’évangé-lisation et la mission pour le salut de tous.

C. Commentaires fraternels et questions sensibles

58. En préalable à nos questions, nous, évangé-liques, voudrions tout d’abord faire l’observation sui-vante : nous avons noté et apprécié l’accent mis par les catholiques au cours de nos discussions sur l’amour et la miséricorde de Dieu, lorsque nous avons abordé la question de l’assurance du salut. Nous avons pu voir que les catholiques sont convaincus de l’amour et de la miséricorde de Dieu et du fait que Dieu prend le péché au sérieux. C’est pourquoi, lorsqu’on demande aux ca-tholiques s’ils sont assurés de leur salut, ils répondent avec espérance et confiance, mais aussi avec ce qui, aux yeux des évangéliques, apparaît comme une pointe d’incertitude. Cette incertitude, nous disent-ils, vient du fait qu’ils sont confrontés à un Dieu Tout-Puissant,

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transcendant et saint, mais aussi miséricordieux, devant lequel ils se sentent indignes à cause de leur péché ; telle est la cause de la réticence des catholiques à se dire assurés de leur salut, alors que les évangéliques se montrent confiants d’obtenir le salut. Nous avons compris que lorsque les catholiques parlent de l’espérance, c’est dans l’esprit de Romains 5,1-5 et 8,24-25, où il est question d’une espérance qui ne sera pas déçue car elle est fondée dans le Christ. Nous avons compris aussi que les catholiques craignent que cette doctrine de l’assurance du salut puisse être mal inter-prétée, en impliquant que ceux qui n’expriment pas une telle assurance n’ont pas la foi, ce qui est effectivement ce que certains évangéliques pensent.

59. Nous, évangéliques, apprécions la confiance des catholiques dans la miséricorde de Dieu et leur humilité face à la sainteté de Dieu. Nous avons compris qu’ils pensent qu’il ne leur appartient pas de parler au nom de Dieu en se disant assurés de leur salut person-nel : à leurs yeux, ce serait présumer de Dieu. Quand on leur demande s’ils seront sauvés, ils répondent géné-ralement « Je l’espère » ou « J’ai confiance ». Nous avons pris conscience au cours de ces discussions que quand les catholiques disent qu’ils espèrent être sauvés, cela ne signifie pas nécessairement « J’espère que je peux faire quelque chose qui soit agréable à Dieu » ou « J’espère le mériter », mais plutôt qu’ils sont convain-cus que Dieu est amour et qu’il est fidèle ; ils mettent donc leur espérance dans cet amour et cette fidélité qui dépassent infiniment tout ce qu’ils pourraient mériter. Cet amour s’est révélé à travers la vie, la mort et la ré-surrection de Jésus Christ. Ils espèrent obtenir le salut parce qu’ils ont expérimenté la miséricorde de Dieu dans leur vie par la puissance de l’Esprit Saint, qu’ils se fient à sa promesse. Dire qu’ils seront sauvés, en le considérant comme un fait accompli, serait présomp-tueux de leur part, et ne serait pas conforme à l’enseignement catholique.

60. Les évangéliques souhaiteraient cependant demander aux catholiques :

- quelle espérance et quel réconfort pratiques pou-vez-vous proposer à ceux dont la conscience est trou-blée, ou à ceux qui ont des craintes au sujet de leur destin éternel, si vous n’avez à offrir que l’espérance (serait-ce même l’espérance d’Abraham « contre toute espérance » Rm 4,18) ? Comment pouvez-vous vivre avec l’espérance de la promesse, sans l’assurance qu’elle s’avérera ? Qu’est-ce qui vous fait hésiter ou douter alors que l’Écriture nous présente clairement la promesse que nous obtiendrons le pardon dans le Christ Jésus, et que le Christ lui-même veut notre salut (voir Gn 3,15 ; Ex 15,2-3 ; Ps 62,2-3.6,9 ; Es 53,3-12 ; Jn 3,16.10,27-30 ; Rm 8,1-5.26-39 ; 2 Co 5,17-21 ; Ep 1,1-14.2,8-10 ; 1 Th 5,9-11 ; 1 Tm 2,4, parmi beaucoup d’autres) ?

- le Concile Vatican II parle de la possibilité que Dieu puisse offrir le salut même à ceux qui n’ont pas reçu l’Évangile (Lumen Gentium 16), en se fondant sur la croyance en la miséricorde de Dieu. Nous, évangé-

liques, avons pu apprécier au cours de nos discussions votre insistance sur la miséricorde et sur l’amour de Dieu et votre conviction que Dieu aime tous les hommes, qu’il désire que tous soient sauvés et puissent connaître la vérité (1 Tm 2,4). En affirmant que Dieu est amour (1 Jn 4,8), que Dieu sera tout en tous (Ep 1,23), et que tout genou fléchira au ciel, sur terre et sous terre (Ph 2,10-11), l’Écriture met l’accent sur la miséricorde de Dieu, comme nous le faisons aussi. Pourtant nous nous demandons si, dire une chose sur laquelle l’Écriture ne dit rien, à savoir que même ceux qui n’ont pas reçu l’Évangile peuvent être sauvés, ne risque pas d’être mal interprété par certains catholiques qui pourraient en tirer la conclusion qu’il n’est pas né-cessaire d’évangéliser ? (Mt 28,19-20) ?

- pour nous, évangéliques, le pardon du Christ, au moment du Jugement dernier et au-delà, efface non seulement le péché comme offense à Dieu, mais toutes les conséquences du péché. Aucune autre expiation n’est nécessaire après la mort, puisque le Christ nous a lavés de nos péchés sur la croix que nous nous appro-prions par la foi. Lorsque nous avons abordé la ques-tion du purgatoire dans nos discussions, vous avez parlé de l’action transformatrice de la miséricorde de Dieu qui, selon vous, continue même après la mort ; d’après vous, les effets de nos péchés doivent être effa-cés avant que nous puissions nous présenter devant le trône de Dieu. Nous avons compris que vous ne con-sidérerez pas cette expiation comme étant méritoire, mais nous voudrions néanmoins vous demander sur quel passage des Écritures se fonde la croyance dans le purgatoire, et quelle en serait la nécessité vu que le Christ nous a entièrement rachetés, corps et âme ? Et encore : puisque vous croyez vraiment en un Dieu ai-mant et miséricordieux qui nous a rachetés en Christ, et que ce n’est pas par nos propres mérites que nous sommes sauvés mais que le salut nous est donné, pour-quoi continuez-vous à utiliser le langage de la compta-bilité des mérites, de l’expiation et des indulgences ?

- dans nos communautés où l’on pratique le bap-tême des enfants, on demande une préparation au baptême. Nous avons vu que les catholiques demandent eux aussi une préparation au baptême et une formation spirituelle des parents et des enfants, ce qui est très important. Mais nous avons constaté que bien souvent les familles ne viennent plus à l’église après le baptême, en le considérant de fait comme une simple formalité. Nous voudrions vous demander quel suivi vous préconisez dans le cas des baptêmes d’enfants ? N’avez-vous pas l’impression, vous aussi, que dans certains cas le baptême est une simple forma-lité ? Nous avons appris avec plaisir que vous donnez une grande importance à la catéchèse de la famille des baptisés, mais quel rôle attribuez-vous à la discipline en matière de baptême ? L’Église fait-elle assez après que l’enfant a été baptisé pour s’assurer qu’elle a fait des disciples ? Quel est le rôle du clergé, et celui de la communauté ecclésiale tout entière ?

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- nous avons pu constater au cours de nos discus-sions que vous attribuez un rôle central aux sacrements en vue du salut, en particulier le Baptême et la célébra-tion de l’Eucharistie. Mais nous avons vu aussi que pour l’Église catholique, l’efficacité des sacrements est en grande partie liée aux sacrements de l’ordination, en particulier de l’ordination épiscopale. D’autre part, nous avons appris avec plaisir que vous reconnaissez que nos actes sacramentels ont un effet, bien que vous ne précisiez pas clairement de quel effet il s’agit. Nous savons aussi que vous reconnaissez la validité de nos baptêmes et que vous ne demandez pas le rebaptême. Mais sachant que vous liez l’efficacité et les bénéfices des sacrements aux ordres épiscopaux, nous voudrions vous demander : en limitant le plein bénéfice des actes de l’Église au clergé ordonné de l’Église catholique, ne finissez-vous pas par dévaluer et, en définitive, par re-mettre en question les bénéfices des sacrements pour le salut dans les Églises évangéliques ? Autrement dit, si les sacrements occupent une place centrale dans la vie de l’Église, mais que les sacrements des Églises évangé-liques (du moins pour celles qui en ont) n’ont pas au-tant d’effet que ceux de l’Église catholique, cela ne veut-il pas dire en fin de compte que notre ministère est moins efficace que celui de l’Église catholique ? Cette question devient particulièrement sensible dans le cas de l’absolution. Les évangéliques qui confessent leurs péchés et reçoivent le pardon de leur pasteur – ou d’un autre chrétien pour ceux qui n’ont pas de clergé – peuvent-ils être assurés que leurs péchés leur sont re-mis ?

61. En préalable à nos questions, nous, catho-liques, tenons à souligner que nos conversations nous ont apporté de nombreux éclaircissements sur la façon dont les évangéliques comprennent l’assurance du salut. Nous pensions que lorsque vous affirmiez être sauvés, cela voulait dire en quelque sorte « sauvés une fois, sauvés toujours », comme si c’était gagné d’avance et que, quoique vous fassiez ensuite, cela n’affecterait pas votre salut. Mais nous avons compris que le moment décisif où vous déclarez votre assurance d’obtenir le salut doit être suivi de toute une vie vécue jour après jour à la suite du Christ, en vous confiant entièrement à lui, et en louant Dieu chaque jour pour ses bienfaits. Nous saluons votre insistance sur la nécessité de mani-fester avec diligence votre fidélité au Christ dans votre vie de tous les jours par la repentance et la foi.

62. Nous avons compris aussi que vous, évangé-liques, distinguez entre certitude et sécurité. Du point de vue d’une conscience morale chrétienne rationnelle, il ne peut y avoir aucune certitude formelle du salut, mais seulement une certitude qui, avec Dieu, met en pais notre conscience exposée aux tentations. C’est le cas quand, dans la foi, vous rappelez hardiment à Dieu la promesse contenue dans l’Écriture, face à vos fai-blesses et à vos tentations. Nous avions cru déceler une certaine présomption dans votre assurance et dans votre certitude, et une certaine arrogance dans la re-vendication autoréférentielle que « vous avez décidé »

de suivre Jésus et que, de ce fait, vous êtes sauvés. Mais nous avons compris que vous pouvez l’affirmer parce que vous vous fiez à la promesse de Dieu, et que vous remettez tout entre les mains du Christ. Votre assu-rance ne découle pas de vous-mêmes, mais de l’œuvre réalisée par Dieu en Jésus Christ et dans son mystère pascal. Puisque l’Évangile est la Bonne Nouvelle de la promesse du salut, vous faites confiance à Dieu et croyez à ses promesses, d’où votre assurance et votre certitude. La différence entre le langage catholique de la confiance et de l’espérance et le langage évangélique de l’assurance n’est pas aussi grande que nous ne l’avions cru. Nous croyons nous aussi que Dieu désire nous pardonner et nous racheter, que son Fils est mort pour le pardon de nos péchés et pour nous révéler sa miséri-corde infinie. Nous avons aussi entendu cette promesse dans les Écritures, nous l’avons sentie s’éveiller au fond de nous, et nous avons accueilli l’invitation de l’Évangile à vivre dans la joie à cause de tout ce que Dieu fait pour nous. Sur ce point, nous avons décou-vert beaucoup plus de convergences que nous ne l’avions anticipé.

63. Les catholiques voudraient néanmoins de-mander aux évangéliques :

- nous avons souvent eu l’impression, en vous en-tendant dire « Je suis sauvé » ou en vous entendant chanter dans vos hymnes « Assurance bénie, Jésus est à moi » et « J’ai décidé de suivre Jésus » que vous mettiez un peu trop l’accent sur la décision et les convictions personnelles, et pas assez sur la décision de Dieu. La question que vous posez aux autres : « Croyez-vous que vous êtes sauvés ? » nous paraît ne pas tenir suffisam-ment compte du fait que c’est Dieu qui nous appelle et qui nous convertit. En pratique, ne pourriez-vous pas aller au-delà de ce discours autoréférentiel en mettant plutôt l’accent sur la fidélité de Dieu et sur sa miséri-corde infinie ?

- nous avons noté quelques divergences parmi les évangéliques sur le point de savoir si on peut perdre le salut, et nous avons constaté qu’ils ne partagent pas tous la même définition de l’« assurance du salut ». Aux communautés évangéliques qui proclament qu’une fois reçu, le don du salut ne peut pas être perdu, nous vou-drions demander : comment envisagez-vous le cas de ceux qui se détournent de la foi ou qui semblent ne pas prendre au sérieux le défi quotidien d’être fidèle à l’Évangile ? Comment envisagez-vous le cas de péchés commis après qu’on se soit engagés à suivre le Seigneur ? Et comment interprétez-vous He 6,4-6, où il est question de ceux qui se détournent de l’Évangile après avoir « savouré la Parole excellente de Dieu et les forces du monde à venir » ?

- l’assurance qui naît de votre certitude d’être sauvés vous permet-elle de reconnaître humblement, dans votre action évangélisatrice, qu’il existe de nombreux moyens par lesquels Dieu est à l’œuvre dans l’autre, et que son action dépasse infiniment tout ce que nous pouvons obtenir par nos propres efforts ? Et quelle se-

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rait l’approche pastorale appropriée vis-à-vis de ceux qui confessent leur foi en Jésus Christ le Seigneur et professent l’Évangile du salut, sans toutefois manifester la même assurance ?

- en écoutant parler les évangéliques, nous avons compris qu’ils voudraient avoir une garantie biblique explicite pour certaines doctrines comme celle du pur-gatoire. Et que, d’autre part, ils mettent l’accent sur l’efficacité de l’action salvifique de la mort de Jésus sur la croix. Pour les catholiques, le purgatoire est l’état de ceux qui, étant morts dans l’amitié de Dieu, sont assu-rés de leur salut éternel, tout en ayant encore besoin d’être purifiés avant d’entrer dans la félicité du ciel. En raison de notre croyance dans la communion des saints, nous sommes convaincus que les fidèles encore en marche sur la terre peuvent aider les âmes du pur-gatoire par leurs prières de suffrage, spécialement dans l’Eucharistie. On trouve une confirmation explicite du purgatoire dans le livre des Maccabées (2 M 12,46), qui fait partie de la Bible des Septante mais n’est pas inclus dans le canon des Écritures des évangéliques. On trouve aussi dans l’Ancien Testament une référence au châtiment des péchés commis après avoir reçu le par-don (2 S 12,13-18). Tant dans l’Ancien (Ps 15,1-2) que dans le Nouveau Testament (Ap 21,27 et Mt 5,48), on trouve des références à la nécessité d’une purification avant d’aller au ciel pour que rien de souillé n’entre en présence de Dieu. Hébreux 12,22-23 nous dit comment l’esprit des « justes » est « parvenu à l’accomplis-sement ». 1 Co 3,13-15 et Mt 12,32 suggèrent qu’il existe un lieu, ou état d’existence, autre que le ciel et l’enfer. Tout en affirmant le pouvoir salvifique de la croix une fois pour toutes – ce que les catholique reconnaissent aussi – les évangéliques ne pourraient-il pas s’ouvrir à la possibilité qu’il puisse exister des états intermédiaires de purification compatibles avec l’Écriture ? Et ne pourraient-ils pas admettre que la communion des saints puisse jouer un rôle dans cette étape de purification ?

- en ce qui concerne la possibilité que des non-chrétiens puissent obtenir le salut, vous nous avez dit que vous ne vouliez pas présumer de la miséricorde de Dieu, ni aller au-delà de ce que l’Écriture dit explicite-ment à ce sujet. Nous sommes d’accord avec vous que l’Évangile doit être proclamé à toutes les créatures, et que nous avons l’obligation et le privilège d’annoncer Jésus Christ à ceux qui n’ont jamais entendu le message de l’Évangile. Mais en considérant le cas de ceux qui sont morts sans avoir entendu l’annonce de l’Évangile, ou qui ont entendu cette annonce d’une manière in-complète, nous voudrions vous suggérer que la grande miséricorde de Dieu révélée dans le mystère pascal de la mort et résurrection de Jésus nous donne des raisons d’espérer que ces personnes puissent ne pas être ex-clues automatiquement du plan salvifique de Dieu, et qu’elles puissent obtenir elles aussi le salut éternel par Jésus Christ. Le concile Vatican II a déclaré que la par-ticipation au mystère pascal est possible « pas seule-ment pour ceux qui croient au Christ, mais bien pour

tous les hommes de bonne volonté, dans le cœur des-quels, invisiblement, agit la grâce. En effet, puisque le Christ est mort pour tous et que la vocation dernière de l’homme est réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l’Esprit Saint offre à tous, d’une façon que Dieu connaît, la possibilité d’être associé au mys-tère pascal » (Gaudium et Spes 22 ; cf. Lumen Gentium 16, Ad Gentes 7). Tout en étant conscients qu’il ne fait par-tie ni de notre mission, ni de notre appel biblique, de présumer de ce que Dieu fera, nous demeurons con-vaincus que la miséricorde de Dieu est infiniment plus grande que la nôtre, et nous osons espérer que l’offre de salut de Dieu dépassera les paramètres de l’Église. Cette espérance ne nous dispense en aucune façon, en tant que chrétiens, de proclamer l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre : cette mission demeure d’une importance primordiale pour nous. Mais nous deman-dons aux évangéliques si ce même mystère pascal qui leur donne l’assurance de salut pour les croyants ne leur permettrait pas d’avoir davantage confiance dans la possibilité que Dieu puisse offrir le salut aux non-croyants, d’une façon connue de lui seul ?

- au cours de nos conversations avec les évangé-liques, nous avons apprécié leur insistance sur le salut éternel, qui est évidemment un point central dans les Écritures. Mais nous avons eu parfois l’impression que cette insistance sur le salut dans la vie future ne prend pas toujours suffisamment en considération la condi-tion humaine dans la vie présente. Peut-être est-ce dû simplement au nombre limité de sujets que nous avons traités. Nous voudrions néanmoins vous demander : votre assurance d’obtenir le salut fait-elle une diffé-rence dans votre vie présente ? (Es 58,6-7 ; He 13,1-3 ; Mt 25,31-46) ? Et ne serait-il pas avantageux de contrebalancer votre insistance sur le salut dans la vie future par l’enseignement de Jésus sur le royaume de Dieu dans cette vie, avec ses préoccupations pour la justice sociale et le bien-être de l’humanité ? Ne de-vrions-nous pas souhaiter changer aussi le monde pré-sent, tout comme le monde à venir ?

- nous avons apprécié beaucoup de choses chez les évangéliques, comme leur intense vie de culte ou en-core l’engagement que beaucoup d’Églises demandent à leurs membres. Nous avons compris qu’il existe des différences parmi les évangéliques du point de vue du rôle des sacrements dans la vie de l’Église. Nous avons reconnu ensemble l’importance donnée au Baptême et au Repas du Seigneur dans l’enseignement de Jésus sur l’Église, et les bienfaits qu’ils apportent aux croyants (Mt 28,19 ; Mc 16,16 ; Jn 3,3 ; Tt 3,4-7 ; Mt 26,26-29 ;

Mc 14,22-25 ; Lc 22,14-23 ; Jn 6 ; 1 Co 11,17-34)22.

22. Chez les catholiques il existe sept sacrements, tous

institués par notre Seigneur Jésus-Christ, dont les deux prin-cipaux sont le Baptême et l’Eucharistie. Les sacrements sont « les chefs d’œuvre de Dieu » (saint Augustin, De civ. Dei 22,17), « Forces qui sortent du Corps du Christ, toujours vi-vant et vivifiant » (CEC 116 ; cf. Lc 5,17.6,19.8,46). Les sa-crements sont de l’Église et ils font l’Église, en ce qu’ils « manifestent et communiquent aux hommes, surtout dans

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Conscients des différences qui existent entre les di-verses communautés évangéliques sur la place des sa-crements dans la vie de l’Église, les catholiques vou-draient poser des questions différentes aux diverses Églises évangéliques, et en particulier : Pourquoi les sa-crements ont-ils perdu leur rôle central dans votre Église, et ne craignez-vous pas de passer à côté de quelque chose d’important en ne célébrant pas les sa-crements ? Ne pourriez-vous pas envisager de les réta-blir comme don de Dieu à son peuple, ainsi qu’ils sont présentés dans le Nouveau Testament ? Toutes les formes de culte et d’actes sacramentels ont-ils la même valeur dans votre tradition ? Est-il en contradiction avec le Nouveau Testament de qualifier les actes sa-cramentels de signes et instruments du salut ? La célé-bration dominicale du Repas du Seigneur n’est-elle pas le lieu privilégié où l’Évangile est entendu et où la foi est vécue, proclamée et professée ? Les évangéliques n’auraient-ils pas beaucoup à apprendre sur les sacre-ments/ordonnances en revenant aux enseignements des réformateurs ? Et ne pourraient-ils pas envisager d’utiliser ces dons de Dieu de façon plus profonde et marquante dans la vie de l’Église ?

* * *

64. Ensemble, catholiques et évangéliques se ré-jouissent des dons du salut et de l’Église que Dieu a faits au monde qu’il aime tant, des dons librement donnés et librement reçus. Les Écritures nous disent que l’Église a fait partie du plan de salut de Dieu depuis le commencement (Ep 1,4-10. 22-23). Le Christ nous a promis qu’il veillerait sur son Église afin que le pardon des péchés qu’il a obtenu pour nous et pour notre salut demeure toujours central dans le but et dans le message de l’Église. Ensemble, évangéliques et catholiques se réjouissent du don du ministère de la réconciliation, donné à l’Église par Jésus Christ. « Il n’y a aucun salut ailleurs qu’en lui ; car aucun nom sous le ciel n’est offert aux hommes, qui soit nécessaire à notre salut » (Ac 4,12). Ayant reçu ce don du Seigneur crucifié et ressuscité, l’Église a été chargée par l’Esprit Saint de transmettre ce message d’espérance et de pardon à un monde qui a désespérément besoin de se réconcilier avec son Créateur. Comme le dit l’hymne de Samuel J. Stone, chanté par nombre de catholiques et d’évangéliques :

The church’s one foundation Is Jesus Christ, her Lord ; She is his new creation By water and the Word. From heaven he came and sought her To be his holy bride ; With his own blood he bought her, And for her life he died.

l’Eucharistie, le Mystère de la Communion du Dieu Amour, Un en trois Personnes » (CEC 1118). Les catholiques sont convaincus que dans les sacrements, l’Église fait plus que professer et exprimer sa foi : elle rend présent le mystère qu’elle célèbre.

L’unique fondement de l’Église est Jésus Christ, son Seigneur ; Elle est sa nouvelle création par l’eau et par la Parole. Il est descendu du ciel et il a voulu qu’elle soit sa sainte épouse ; Avec son sang il l’a épousée, et il est mort pour qu’elle vive.

CONCLUSION

65. Nous sommes des chrétiens engagés – catho-liques et évangéliques – provenant du Guatemala, de Colombie, du Brésil, des Philippines, du Ghana/Kenya, d’Espagne, d’Italie, d’Allemagne, du Canada et des États-Unis. Nous venons d’endroits où les rapports sont excellents et d’endroits où les rapports sont gâtés par les tensions et la méfiance. Nous avons été chargés de représenter fidèlement nos traditions ecclésiales et de montrer la réalité des rapports entre catholiques et évangéliques dans le monde entier. Il est devenu clair assez vite que l’Alliance évangélique mondiale repré-sente des communautés chrétiennes très diverses. Chaque communauté a présenté sa propre perspective, en nous mettant parfois au défi, mais en nous permet-tant en même temps de découvrir la riche et légitime diversité du peuple de Dieu et les liens de communion qui existent entre nous.

66. Le premier but de cette consultation était d’apprendre les uns des autres, et aussi de nous interro-ger mutuellement sur ce que nous croyons, ce que nous enseignons, et ce que nous confessons. Son deuxième but était de clarifier l’état actuel de nos rapports et d’identifier des chemins qui nous permettent d’avancer, en améliorant nos rapports là où ils sont difficiles, et en nous soutenant et nous encourageant mutuellement là où la situation est plus favorable. Durant cette consul-tation, nous avons pu voir la foi profonde et engagée de nos partenaires, et nous avons eu la possibilité de partager nos expériences de foi de façon ouverte et sin-cère. Nous avons cherché aussi à traiter les questions de doctrine et de pratiques, toujours attentifs à la pers-pective des communautés locales.

67. Durant les six dernières années, nous avons établi avec nos partenaires dans ce dialogue des rap-ports de confiance qui nous ont permis d’aborder les questions sensibles d’une manière franche, mais ami-cale. Nous invitons nos Églises à prendre le temps de s’engager dans un processus d’étude et de réflexion sur les questions, les défis et les interrogations qu’elles trouveront dans ce rapport. Cette consultation nous a appris qu’en nous respectant et en nous traitant de ma-nière chrétienne, nous pouvons aider nos communau-tés à améliorer leurs rapports mutuels dans le Christ. Avec humilité, nous avons appris à mettre de côté nos certitudes et à nous centrer sur Jésus Christ, « le che-min, la vérité et la vie » (Jn 14,6). Nous avons appris aussi que nous devons chercher à comprendre les pa-roles des autres au sens où eux-mêmes les entendent.

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Nous sommes tous venus avec des préjugés sur les autres, mais nous nous sommes ouverts pour écouter et découvrir comment les autres voient les doctrines choi-sies comme thème de discussion dans cette consulta-tion : « Écriture et tradition », et « Église et salut ». Nous avons fait de nouvelles expérience et nous avons acquis une compréhension des autres que nous n’aurions pas pu avoir autrement. À travers ces expé-riences, nous avons appris à mieux nous connaître les uns les autres, et à mieux nous connaître nous-mêmes.

68. Notre consultation a confirmé qu’il existe en-core de réelles différences entre évangéliques et catho-liques sur certains aspects de la vie de foi, mais aussi que nous partageons un certain nombre de convictions sur Jésus qui sont à la base de notre appel à la mission. Nos communautés partagent la même conviction sur la vie chrétienne, à savoir que le Christ nous a constitués par l’Esprit Saint en un peuple de fidèles appelés en-semble et envoyés dans le monde pour lui obéir et le servir en participant à sa vie et à sa mission. Le Seigneur nous appelle non seulement à entrer en con-versation, mais aussi à vivre pleinement les implications de cette conversation. L’unité qu’il désire pour ses dis-ciples n’est pas une unité théorique, mais une unité vé-cue, « afin que le monde croie » (Jn 17,21).

69. Dans cette partie conclusive, nous souhaitons nous adresser aux communautés locales évangéliques et catholiques du monde entier, conscients des différences qui existent dans les situations et dans l’état de leurs relations. Nous les invitons à considérer à la fois les convergences indiquées dans le texte ci-dessus et les domaines de divergence et de questionnement mutuel. Là où il y a un accord ou une convergence, nous les in-vitons à se demander : qu’est-ce que cette convergence rend possible pour nous ? Que pouvons- nous entre-prendre ensemble, de façon appropriée et responsable, sans renoncer à nos convictions et sans exagérer notre niveau d’accord présent ? Comment le Seigneur nous demande-t-il à grandir ensemble en ce moment de l’histoire ?

70. Il y a des limites à ce qui peut être dit en ré-ponse à chacune de ces questions. En outre, il faut te-nir compte aussi des différences qui existent d’un pays à l’autre. Ce qui est possible au Canada peut ne pas l’être au Guatemala ; ce qui est possible en Allemagne

peut ne pas l’être en Espagne23. Nous reconnaissons aussi qu’il a fallu des années à notre consultation inter-nationale, durant lesquelles nous avons appris à nous connaître et à nous engager dans la discussion, avant

23. Dans certaines parties du monde, catholiques et évan-

gélique parlent de s’engager dans une « mission commune ». En disant cela, ils ne veulent pas dire qu’ils projettent d’implanter des Églises ensemble, mais plutôt qu’ils veulent poursuivre conjointement des objectifs humanitaires en tra-vaillant ensemble pour la justice, la paix, les droits humains et le bien commun. Dans d’autres parties du monde, évangé-liques et catholiques seraient très mal à l’aise avec la notion d’une mission commune.

que ces convergences puissent être confirmées. Si, à première vue, aucun pas en avant significatif ne paraît possible dans votre situation locale et si les conver-gences indiquées ici vous semblent problématiques, nous vous encourageons à vous demander quels petit pas en avant seraient néanmoins possibles ici et main-tenant. Dans tout ceci, nous sommes conscients que la réconciliation est toujours l’œuvre de Dieu, et non la nôtre ; mais le Seigneur nous invite à jouer notre rôle dans cet effort de réconciliation mutuelle.

71. Dans les domaines où notre conversation a noté des convergences, nous vous invitons à vous po-ser les questions suivantes :

- à la lumière de ces convergences, comment pour-rions-nous collaborer à l’édification du bien commun et à l’affermissement de nos communautés ? Y a-t-il des choses qu’il serait particulièrement opportun que nos communautés entreprennent ensemble dès mainte-nant ?

- à la lumière du déboussolement social et moral du monde qui nous entoure et du besoin qu’il a d’entendre l’Évangile du Christ, comment pouvons-nous témoi-gner ensemble nos valeurs communes de façon respon-sable, en affrontant quelques-unes des questions so-ciales et politiques qui se posent dans le monde tel qu’il se présente à nous aujourd’hui ? Ne pourrions-nous pas saisir l’occasion du 500e anniversaire de la Réforme pour réfléchir ensemble à ce que l’Évangile signifie pour nous, et à la Bonne Nouvelle qu’il peut apporter à notre monde qui en a tant besoin ?

- même si, dans certaines situations, prier ensemble n’est pas considéré comme praticable par les évangé-liques et les catholiques, nous devons néanmoins nous demander : y a-t-il des lieux et des moments où il serait approprié de prier ensemble ? Et si oui, quelle forme devrait prendre notre prière commune ?

72. Nous vous invitons aussi à évaluer les diver-gences et les questions mises en évidence dans notre rapport. Comme nous l’avons dit, les divergences et les questions restées en suspens ne signifient pas la fin de nos relations, mais pourraient être mises au programme des discussions futures entre nous. S’il est vrai que les convergences peuvent nous encourager à entreprendre des initiatives communes et à progresser dans nos rap-ports mutuels, une plus grande clarté sur les conver-gences et les divergences peut nous inciter à les appro-fondir, en particulier au niveau local, afin de mieux comprendre ce que nous proclamons conjointement et ce qui nous sépare. Une particularité de ce rapport a été notre questionnement mutuel dans le but de mieux nous comprendre. Quelques-unes des questions posées ici pourraient être discutées de façon fructueuse dans le cadre des communautés ; d’autres se prêteraient mieux à une discussion dans les cercles ministériels, les sémi-naires ou les facultés de théologie. Les questions que nous nous sommes posées les uns aux autres ne sont pas exhaustives. Nous les avons posées à la fois pour stimuler la discussion, pour approfondir la compréhen-

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sion que nous avons de nous-mêmes, et pour ap-prendre à mieux connaître les autres.

73. Peut-être n’avons-nous pas posé vos questions. Peut-être que votre expérience au niveau local vous laisse entrevoir plus de convergences que celles relevées ici ; ou peut-être moins. Nous vous encourageons à po-ser d’autres questions dans votre propre contexte en suivant la méthode que nous avons employée. Nous vous invitons à essayer de réunir un groupe d’évangéliques et de catholiques intéressés dans votre région pour entamer une série de discussions sur les questions importantes dans votre situation locale. Ces questions ne doivent pas nécessairement être compli-quées. Choisissez un sujet que vous aimeriez traiter, d’intérêt commun, et invitez les participants à faire un exposé ou à partager sur le thème qui est discuté. En-trez dans ce processus avec vos convictions, mais aussi avec humilité et ouverture de cœur. Posez-vous les uns les autres des questions, et écoutez attentivement les réponses de vos partenaires dans la conversation. Re-cherchez les domaines où vous pouvez vous encoura-ger mutuellement, ou vous pouvez apprendre les uns des autres. Essayez de répondre aux questions des autres et de poser de nouvelles questions. Priez afin que l’Esprit Saint guide vos conversations. L’Alliance évangélique mondiale et le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens vous seraient recon-naissants de leur faire connaître le résultat de vos con-versations.

74. Enfin, nous vous invitons à considérer le dia-logue et les consultations comme une façon d’engager votre foi, comme une façon de se tenir ensemble de-vant le Christ. Le Christ est Vérité, et la plénitude de la vérité se trouve en lui seul. Nous vous invitons à con-sidérer la possibilité de vous joindre à nous, en vous engageant avec nous dans la conversation mutuelle, la consolation, et la continuation, en vous exhortant et en vous encourageant les uns les autres à être fidèles à la Parole, qui nous a promis d’ avec nous jusqu’à la fin des temps (Mt 28,20).

75. « À celui qui peut, par sa puissance qui agit en nous, faire au-delà, infiniment au-delà de ce que nous pouvons demander et imaginer, à lui la gloire dans l’Église et en Jésus Christ, pour toutes les générations, aux siècles des siècles. Amen » (Ep 3,20-21).

ANNEXE 1: PARTICIPANTS

Participants catholiques

Mgr Juan USMA GÓMEZ, Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, Vatican/Colombie, Coordinateur (2009-2016) [P D R]

Mgr Donald BOLEN, Archevêque de Regina, Canada, (2009-2016) [D R]

Mgr Gregory J. FAIRBANKS, Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, - Saint Charles

Borromeo Seminary, Philadelphie, États-Unis (2009-2016)

Mme Beatriz SARKIS SIMÕES, Mouvement des Focolari, Brésil (2009-2016)

Mgr Rodolfo VALENZUELA NÚÑEZ, Évêque de La Vera Paz, Guatemala (2009-2016)

Dr Nick JESSON, (participant local), Responsable à l’œcuménisme, Diocèse catholique de Saskatoon, Canada (2015-2016)

Participants évangéliques

Rév. Pr Dr Rolf HILLE, Directeur des affaires œcumé-niques de l’AEM, Allemagne, Coordinateur (2009-2016) [P D R]

Rév. Dr Leonardo DE CHIRICO, Alliance évangélique italienne, Italie (2009-2016)

Rév. José DE SEGOVIA BARRÓN, Alliance évangélique espagnole, Espagne (2009-2013)

Rév. Pr Dr Joel C. ELOWSKY, Concordia Seminary, St. Louis, MO (Église luthérienne-Concordia Seminary), États-Unis (2009-2016) [D R]

Rév. Pr Dr Timoteo D. GENER, Asian Theological Seminary, Philippines (2009-2016)

Rév. Jaume LLENAS, Alliance évangélique espagnole, Espagne (2014-2016)

Rév. Pr Dr James NKANSAH–OBREMPONG, Vice-président, Commission théologique de l’AEM, Kenya (2009-2016)

Rév Pr Dr Claus SCHWAMBACH, Directeur général de la FLT – Faculté luthérienne de théologie de São Bento do Sul, SC, Brésil, (2009-2016)

Rév Dr Salomo STRAUSS, Église évangélique de Wuerttemberg, Allemagne (2009-2016)

Rév, James KAUTT (Observateur), Église Chrétienne internationale de Tübingen, Allemagne/États-Unis (2009-2014)

P : Comité de planification D : Comité de direction R : Comité de rédaction <

ANNEXE 2: LIEUX ET DOCUMENTS DE TRAVAIL

2008 Rome: Réunion du comité de planification

2009 São Paulo (Brésil)

« Un terrain d’entente sur les questions dogmatiques et les sujets d’éthique »

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Gregory Fairbanks, « Fondements de la doctrine sociale catholique »

James Nkansah-Obrempong, « Points de vue évangé-liques sur les principes éthiques : Perceptions et pers-pectives issues du milieu africain »

Beatriz Sarkis Simões, « Économie de communion : Une expérience catholique » (communication)

Contacts avec des représentants locaux : Ministère évangélique à São Paulo

2011 Rome (Italie) « Écriture et tradition » et « L’interprétation officielle de la Parole de Dieu » [The Authoritative Interpretation on the Word of God »

Donald Bolen, « Écriture et tradition dans la vision doctrinale catholique »

Joel Elowski, « Écriture et tradition dans un contexte évangélique », Concordia Journal, Hiver 2016, 41-62.

José de Segovia, « La question de l’Écriture et de la tra-dition dans les pays de tradition catholique en Europe, tel que l’Espagne »

« Les Écritures dans la vie et la mission de l’Église » (communications)

Rodolfo Valenzuela, « Point de vue catholique dans une perspective latino-américaine »

Pr James Nkansah-Obrempong, « Réflexions dans une perspective africaine »

Carlo Maria Martini, SJ, « Le rôle central de la Parole de Dieu dans la vie de l’Église. La Bible dans le ministère pastoral », (Extraits du Congrès sur Dei Verbum, Rome 2005)

Gregory J. Fairbanks, « Les Écritures dans la vie et la mission de l’Église : analyse historique »

Beatriz Sarkis Simoes, « La Bible et moi : cheminement spirituel chrétien »

Claus Schwambach, « Les Écriture dans la vie et la mis-sion de l’Église au Brésil »

Thomas Oden et Joel Elowsky, « Les Écriture dans la vie et la mission de l’Église en Amérique »

Contacts avec des représentants locaux : rencontre avec le Président du CPPUC, le Cardinal Walter Kasper

2012 Chicago (États-Unis)

“Le rôle de l’Église dans le salut et préparation des questionnaires”

Leonardo De Chirico, “Le salut ne peut venir que du Seigneur : consensus évangélique dans le dialogue avec le catholicisme romain” Evangelical Review of Theology 39:4 (2015) 292-310

Jean-Marie Tillard, “Église et salut”, (Sur la sacramen-talité de l’Église), ARCIC II.

Contacts avec des représentants locaux : Visite au Billy Graham Center et rencontre avec des représentants du Wheaton College

2013 Ville de Guatemala (Guatemala)

Premières réponses évangéliques aux questionnaires

Rolf Hille, « Quelques considérations œcuméniques fondamentales concernant le dialogue entre l’Église catholique et des théologiens évangéliques »

Contacts avec des représentants locaux : Rencontre avec des responsables évangéliques du Guatemala et le Nonce Apostolique au Guatemala, l’Évêque Nicolas Henry Marie Denis Thevenin

Travail sur l’ébauche de document

Réunion du Comité de rédaction : Rome, mars 2014.

2014 Bad Blankenburg (Allemagne)

« Aux sources de la Réforme »

Nouvelle ébauche de document

Rencontre avec des responsables évangéliques auprès de la Maison de l’Alliance à Bad Blankenburg.

Visites d’étude à plusieurs importants sites historiques de la Réforme luthérienne (Erfurt, Wittemberg et Eisleben).

Réunion du Comité de rédaction : Boston (États-Unis), mars 2015

2015 Saskatoon (Canada) - Travail de rédaction du document final

Rencontre avec les membres du dialogue catholique-évangélique local et divers responsables évangéliques

Le Comité de rédaction reçoit le mandat de mettre définiti-vement au point le texte final après consultation de tous les participants.

ANNEXE 3 : QUESTIONNAIRES

Questionnaire catholique sur les relations entre évangéliques et catholiques

Veuillez répondre à ce questionnaire de manière franche et honnête.

Conférence épiscopale de……………..

1. Quel est le pourcentage des populations évangé-lique et catholique vivant dans votre pays, région ou contexte ? Il serait utile de recevoir toute information statistique sur la présence d’évangéliques dans votre contexte. Quels contacts avez-vous avec eux ?

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2. Citez trois questions d’intérêt commun se posant aux évangéliques et aux catholiques dans votre région et offrant des occasions de témoignage commun dans la vie publique. Avez-vous entrepris un témoignage commun sur ces questions ?

3. Y a-t-il des occasions où évangéliques et catho-liques se réunissent pour prier ensemble dans votre ré-gion, que cette prière ait simplement lieu entre vos deux communautés, lors de célébrations œcuméniques plus vastes ou en présence de membres d’autres reli-gions ?

4. Avez-vous des occasions d’entreprendre en-semble un travail en faveur du bien commun ou des initiatives visant à promouvoir la justice et la paix ?

5. Pouvez-vous citer des exemples où évangéliques et catholiques ont entrepris une étude commune (p. ex. de la Bible) ou un dialogue commun dans votre ré-gion ? Êtes-vous au courant de consultations interna-tionales entre évangéliques et catholiques ou de débats au niveau national ayant eu lieu dans certains pays au cours des dernières décennies ?

6. Pouvez-vous citer des exemples de coopération entre évangéliques et catholiques dans des établisse-ments d’enseignement ou des facultés théolo-giques/séminaires dans votre région ? Faites-vous quelque chose dans vos Églises pour approfondir votre compréhension de l’autre, afin de faire disparaître les incompréhensions et les idées reçues ?

7. Les responsables évangéliques et catholiques ont-ils l’opportunité de se rencontrer régulièrement dans votre région ? Si oui, prenez-vous part à ces réu-nions ? Les organisations œcuméniques de votre région comptent-elles parmi leurs membres des évangéliques et des catholiques ?

8. Avez-vous eu d’autres contacts avec des évangé-liques ? Quel genre de relation avez-vous établi (qu’elle soit positive ou négative) ? Ces relations ont-elles évo-lué ces dernières années ?

9. Des changements notables se sont-ils produits au sein des Églises évangélique au cours des dernières décennies ? Si oui, dans votre région quelles répercus-sions ont-ils entraînées dans vos relations ?

10. Dans votre contexte, quels sont selon vous les principales difficultés à surmonter dans le cadre des relations et du dialogue évangélique-catholique ? Qu’est-ce qui fait obstacle à votre travail commun ?

11. Dans quelle mesure l’activité évangélique de pro-clamation de l’Évangile – évangélisation, tentative d’approfondir la foi personnelle de l’auditeur – est-elle perçue du côté catholique comme du prosélytisme ? Trouvez-vous que le prosélytisme complique les rela-tions entre évangéliques et catholiques dans votre ré-gion et faites-vous quelque chose pour affronter ce problème ?

12. Estimez-vous que les communautés évangé-liques sont des communautés ecclésiales ou des sectes ? Comment considérez-vous les évangéliques pris indivi-duellement ? Voyez-vous en eux des compagnons dans la foi, des frères et sœurs en Christ ?

Questionnaire évangélique sur les relations catholiques-évangéliques

Alliance évangélique nationale de ………………….

1. À votre connaissance, quel est le nombre ap-proximatif d’évangéliques vivant dans votre pays ?

2. Dans le passé, quels étaient les motifs de tension entre évangéliques et catholiques ? Quelles sont les ten-sions qui, éventuellement, persistent encore au-jourd’hui ? Avez-vous remarqué une amélioration dans les relations entre les deux groupes ?

3. Votre Communauté (Église) a-t-elle eu des con-tacts avec des catholiques dans le passé ? Des contacts existent-ils actuellement avec des catholiques ? Si oui, comment étaient-ils (ou sont-ils) ?

4. Votre Communauté (Église) considère-t-elle les catholiques comme des frères et sœurs en Christ en (ajouter la zone géographique) ? Si oui ou si non, pour-quoi ?

5. Si vous pouvez, citez trois sujets de préoccupa-tion communs auxquels sont confrontés les évangé-liques et les catholiques dans votre région et qui sont l’occasion de témoigner ensemble ouvertement (p. ex. des questions de société, de justice, des problèmes po-litiques). Vous êtes-vous engagé, vous-même ou votre alliance nationale, à témoigner ensemble sur ces ques-tions ?

6. Avez-vous remarqué des changements dans l’Église catholique (EC) durant les dernières décennies, par exemple depuis le Concile Vatican II ? Ces chan-gements ont-ils eu des retombées sur les relations avec les catholiques dans votre région et si oui, lesquelles ?

7. Pouvez-vous citer des exemples où évangéliques et catholiques ont entrepris une étude commune (p. ex. de la Bible) ou un dialogue dans votre région ?

8. Êtes-vous au courant des consultations au ni-veau international entre évangéliques et catholiques ou du débat au niveau national qui ont eu lieu dans cer-tains pays au cours des récentes décennies ?

9. Les évangéliques et les catholiques prennent-ils part dans votre région au travail de certains organismes à vocation œcuménique ou interconfessionnelle ?

10. Les responsables évangéliques et catholiques ont-ils la possibilité de se réunir régulièrement dans votre région ? Si oui, participez-vous à ces rencontres ?

11. Inciteriez-vous un catholique converti à rester dans son Église ?

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12. Selon vous, quels sont les plus importants défis auxquels, dans votre région, les relations et le dialogue entre évangéliques et catholiques sont confrontés ? Qu’est-ce qui fait obstacle à notre travail commun ?

13. En quoi les alliances nationales estiment-elles que le rôle joué par l’Alliance mondiale (AEM) dans les contacts et le dialogue avec l’EC peut contribuer de

manière positive à leur action ? En tant qu’AEM, comment pouvons-nous aider les alliances nationales et régionales à développer le dialogue avec les catholiques au niveau national ou régional ?

Traduction de l’original anglais SI

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SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2018

LETTRE DU SECRÉTAIRE DU CPPUC

AUX COMMISSIONS ŒCUMÉNIQUES DES CONFÉRENCES ÉPISCOPALES

ET DES SYNODES DES ÉGLISES CATHOLIQUES ORIENTALES

Au nom du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, j’ai le plaisir de vous adresser, ci-joint, le matériel relatif à la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2018. Ces textes ont été préparés par un comité international formé de délégués du Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et de la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises, sur la base d’un pro-jet fourni par un groupe œcuménique représentant les chrétiens de diverses confessions présentes aux Caraïbes.

Le thème biblique sur lequel porte l’ensemble de ce matériel, « Ta main droite, Seigneur, éclatante de puis-sance », est tiré du chant de triomphe de Moïse et de Miryam (Ex 15,1-21). Ce passage scripturaire a trouvé un écho particulier auprès du peuple caribéen dont l’histoire a été marquée par la colonisation et l’oppression mais qui voit dans sa libération un triomphe et un don de Dieu dont l’amour reste im-muable. Un chant, La main droite de Dieu, composé par la Conférence des Églises des Caraïbes et devenu l’hymne du mouvement œcuménique dans cette région, est utilisé à divers moments dans ces textes.

Dans la célébration œcuménique, une place impor-tante est réservée à la Parole de Dieu dans l’Écriture Sainte. Pour les chrétiens des Caraïbes, l’ironie du sort a voulu que cette Parole, qu’ils ont reçue des mains de ceux-là mêmes qui les ont cruellement opprimés, de-vienne une Parole d’espérance, de libération et de salut. Les chrétiens de cette région partagent cette même ex-périence où Dieu est entré dans leur histoire pour libé-rer leurs mains de l’asservissement, mettant fin à leur esclavage. Comme les fils d’Israël dans l’Exode, leur chant est un chant de victoire et de liberté, et ce chant les unit. Les chaînes de l’esclavage ont été remplacées par le lien de communion qui s’est établi dans l’expérience commune du salut offert en Dieu.

Dans leurs réflexions pour les huit jours de l’Octave de prière pour l’unité, les chrétiens caribéens ont voulu se concentrer sur des questions d’actualité telles que

le problème de l’endettement, la drogue, le trafic d’êtres humains et la violence qui menacent à nouveau d’assujettir un peuple qui a été libéré. Face à tous ces défis, leur foi dans le salut qu’ils trouvent déjà en Dieu leur donne espoir et force.

Le matériel que vous trouverez en pièce jointe con-tient une introduction au thème, un schéma de célébra-tion œcuménique, un choix de lectures, des réflexions et des prières pour les huit jours de l’Octave, ainsi qu’une présentation de la situation œcuménique aux Caraïbes. Ces textes pourront être utilisés de diverses manières et sont destinés à être employés non seule-ment durant la Semaine de prière pour l’unité des chré-tiens mais aussi tout au long de l’année 2018. Ils sont également disponibles en ligne, en différentes langues, sur le site du Saint-Siège : www.vatican.va/ roman_curia/pontifical_councils/chrstuni/sub-index/index_weeks-prayer_it.htm.

Le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens vous demande de bien vouloir porter ces textes à l’attention des personnes responsables de la coordination des différentes manifestations qui se tien-dront dans votre pays durant la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Nous vous encourageons forte-ment à adapter ce matériel au niveau régional ou local, de manière à ce qu’il puisse correspondre davantage aux nécessités du contexte socioculturel local. En parti-culier, nous espérons que ce matériel pourra être adapté pour sa diffusion parmi les jeunes, les groupes et asso-ciations de jeunes. Ce travail offrira ainsi une nouvelle opportunité de collaboration entre chrétiens au niveau local.

En vous assurant de tous mes vœux et en vous re-merciant de votre soutien dans la promotion de la sainte cause de l’unité des chrétiens, je vous prie d’agréer l’expression de mes sincères salutations dans le Seigneur.

Brian Farrell Secrétaire

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IMPORTANT

Ceci est la version internationale de la Semaine de prière pour l’année 2018

Pour vous procurer la version spécialement adaptée à votre situation locale, veuillez contacter la Conférence épiscopale de votre pays

ou le Synode de votre Église

Textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens

et pour toute l’année

2018

Ta main droite, Seigneur, éclatante de puissance

(Ex 15,6)

Conjointement préparés et publiés par le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens

la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises

Traduction de l’original anglais réalisée par le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens.

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À TOUS CEUX QUI ORGANISENT LA SEMAINE DE PRIÈRE

POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS

RECHERCHER L’UNITÉ TOUT AU LONG DE L’ANNÉE

Dans l’hémisphère nord, la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens est célébrée du 18 au 25 janvier. Ces dates furent proposées en 1908 par Paul Wattson de manière à couvrir la période entre la fête de saint Pierre et celle de saint Paul. Ce choix a donc une signi-fication symbolique. Dans l’hémisphère Sud, où le mois de janvier est une période de vacances d’été, on préfère adopter une autre date, par exemple aux environs de la Pentecôte (ce qui fut suggéré par le mouvement Foi et constitution en 1926) qui représente aussi une autre date symbolique pour l’unité de l’Église.

En gardant cette flexibilité à l’esprit, nous vous encourageons à considérer ces textes comme une invitation à trouver d’autres occasions, au cours de l’année, pour exprimer le degré de commu-nion que les Églises ont déjà atteint et pour prier ensemble en vue de parvenir à la pleine unité voulue par le Christ.

ADAPTER LES TEXTES

Ces textes sont proposés étant bien entendu que, chaque fois que cela sera possible, on essayera de les adapter aux réalités des différents lieux et pays. Ce fai-sant, on devra tenir compte des pratiques liturgiques et dévotionnelles locales ainsi que du contexte socio-cul-turel. Une telle adaptation devrait normalement être le fruit d’une collaboration œcuménique. Dans plusieurs pays, des structures œcuméniques sont déjà en place et elles permettent ce genre de collaboration. Nous espé-rons que la nécessité d’adapter la Semaine de prière à la réalité locale puisse encourager la création de ces mêmes structures là où elles n’existent pas encore.

UTILISER LES TEXTES DE LA SEMAINE DE PRIÈRE

POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS

- Pour les Églises et les Communautés chrétiennes qui célèbrent ensemble la Semaine de prière au cours d’une seule cérémonie, ce livret propose un modèle de Célébration œcuménique de la Parole de Dieu.

- Les Églises et Communautés chrétiennes peuvent également se servir pour leurs célébrations des prières ou des autres textes de la Célébration œcu-ménique de la Parole de Dieu, des textes proposés pour les Huit Jours et du choix de prières en ap-pendice de cette brochure.

- Les Églises et Communautés chrétiennes qui célè-brent la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens chaque jour de la semaine, peuvent trouver des sug-gestions dans les textes proposés pour les Huit Jours.

- Les personnes désirant entreprendre des études bi-bliques sur le thème de la Semaine de prière peuvent

également se baser sur les textes et les réflexions bi-bliques proposés pour les Huit Jours. Les com-mentaires de chaque jour peuvent se conclure par une prière d’intercession.

- Pour les personnes qui souhaitent prier en privé, les textes contenus dans cette brochure peuvent ali-menter leurs prières et leur rappeler aussi qu’elles sont en communion avec tous ceux qui prient à tra-vers le monde pour une plus grande unité visible de l’Église du Christ.

TEXTE BIBLIQUE POUR 2018

Exodus 15,1-21

Alors, avec les fils d’Israël, Moïse chanta ce cantique

au Seigneur. Ils dirent :

« Je veux chanter le Seigneur, il a fait un coup d’éclat. Cheval et cavalier, en mer il les jeta. Ma force et mon chant, c’est le Seigneur. Il a été pour moi le salut. C’est lui mon Dieu, je le louerai ; le Dieu de mon père, je l’exalterai. Le Seigneur est un guerrier. Le Seigneur, c’est son nom.

Chars et forces du Pharaon, à la mer il les lança. La fleur de ses écuyers sombra dans la mer des Joncs. Les abîmes les recouvrent, ils descendirent au gouffre comme une pierre. Ta droite, Seigneur, éclatante de puissance, ta droite, Seigneur, fracasse l’ennemi. Su-perbe de grandeur, tu abats tes adversaires. Tu brûles d’une fureur qui les dévore comme le chaume. Au souffle de tes narines, les eaux s’amoncelèrent, les flots se dressèrent comme une digue, les abîmes se figèrent au cœur de la mer. L’ennemi se disait : Je poursuis, je rattrape, je partage le butin, ma gorge s’en gave. Je dé-gaine mon épée, ma main les dépossède ! Tu fis souf-fler ton vent, la mer les recouvrit. Ils s’engouffrèrent comme du plomb dans les eaux formidables.

Qui est comme toi parmi les dieux, Seigneur ? Qui est comme toi, éclatant de sainteté ? Redoutable en ses exploits ? Opérant des merveilles ? Tu étendis ta droite, la terre les avale.

Tu conduisis par ta fidélité le peuple que tu as re-vendiqué. Tu le guidas par ta force vers ta sainte de-meure. Les peuples ont entendu : ils frémissent. Un frisson a saisi les habitants de Philistie. Alors furent ef-frayés les chefs d’Edom. Un tremblement saisit les princes de Moab. Tous les habitants de Canaan sont ébranlés. Tombent sur eux la terreur et l’effroi. Sous la grandeur de ton bras ils se taisent, pétrifiés, tant que passe ton peuple, Seigneur, tant que passe le peuple que tu as acquis. Tu les fais entrer et tu les plantes sur la

Citations scripturaires : Les citations bibliques en ver-sion française reproduites dans ces pages sont empruntées à la Nouvelle Traduction œcuménique de la Bible (TOB), © Bibli’O – Société biblique, française et Éditions du Cerf, 2010. Tous droits réservés.

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montagne, ton patrimoine. Tu as préparé, Seigneur, un lieu pour y habiter. Tes mains ont fondé, ô Seigneur, un sanctuaire. Le Seigneur règne à tout jamais ! »

Le cheval du Pharaon avait pénétré dans la mer, avec ses chars et ses cavaliers, et le Seigneur avait fait revenir sur eux les eaux de la mer : mais les fils d’Israël, eux, avaient marché à pied sec au milieu de la mer.

La prophétesse Miryam, sœur d’Aaron, prit en main le tambourin ; toutes les femmes sortirent à sa suite, dansant et jouant du tambourin. Et Miryam leur en-tonna : « Chantez le Seigneur, il a fait un coup d’éclat. Cheval et cavalier, en mer il les jeta ! »

La Bible – Traduction œcuménique – TOB

INTRODUCTION AU THÈME DE L’ANNÉE 2018

Ta main droite, Seigneur, éclatante de puissance

(Ex 15,6)

LA RÉGION DES CARAÏBES

La région des Caraïbes que nous connaissons aujourd’hui – et dont l’appellation provient du nom d’un de ses peuples autochtones, le peuple Kalinago autrefois dénommé ‘Caribes’ – est une réalité com-plexe. Très étendue géographiquement, cette région comprend des territoires insulaires et continentaux où se côtoient un ensemble riche et varié de traditions ethniques, linguistiques et religieuses. C’est aussi une réalité politique composite formée d’un large éventail de systèmes gouvernementaux et constitutionnels, al-lant des dépendances coloniales (britanniques, hollan-daises, françaises et américaines) aux états-nations ré-publicains.

Les Caraïbes contemporaines ont été profondément marquées par le projet déshumanisant de l’exploitation coloniale. Dans la recherche agressive de gains mar-chands, les colonisateurs instaurèrent des systèmes violents fondés sur le commerce des êtres humains et les travaux forcés. Initialement, ces pratiques asservirent et décimèrent la population et, dans certains cas, exterminèrent les peuples autochtones de la région. Ensuite, ce fut le début de l’esclavage des Africains et le travail forcé de populations originaires de l’Inde et de la Chine.

À chaque étape, les systèmes institués par les colo-nisateurs tentaient de dépouiller les personnes asservies de leurs droits inaliénables : leur identité, leur dignité humaine, leur liberté et leur autodétermination. L’esclavage des Africains ne se limitait pas seulement au déplacement des travailleurs d’un endroit à un autre. Offensant la dignité humaine donnée par Dieu, on traita comme une marchandise l’être humain, une per-sonne pouvant devenir la propriété d’une autre. L’esclave étant conçu comme un bien, d’autres usages

apparurent qui tentèrent de déshumaniser plus encore les Africains, notamment en leur refusant le droit à leurs pratiques culturelles et religieuses, au mariage et à la vie familiale.

Malheureusement, pendant cinq cents ans de colo-nialisme et d’esclavage, l’activité missionnaire chré-tienne dans la région, à l’exception de quelques exemples remarquables, fut étroitement liée à ce sys-tème déshumanisant et, de diverses manières, alla même jusqu’à le rationaliser et à le renforcer. Alors que ceux qui apportaient la Bible dans cette région utili-saient les Écritures pour justifier l’asservissement au-quel ils soumettaient tout un peuple, dans les mains des esclaves elle devint une source d’inspiration, avec l’assurance que Dieu était de leur côté et qu’il les con-duirait vers la liberté.

LE THÈME DE LA SEMAINE DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ

DES CHRÉTIENS 2018

Aujourd’hui, les chrétiens de nombreuses traditions différentes voient dans la fin de l’esclavage l’action de la main de Dieu. Pour eux, il s’agit d’une expérience commune de l’action salvatrice de Dieu qui apporte la liberté. C’est pourquoi le choix du chant de Moïse et de Miryam (Ex 15,1-21) comme thème de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2018 a été considéré comme le plus approprié. C’est un chant de triomphe sur l’oppression. Ce thème a été repris dans l’hymne « La main droite de Dieu », écrit lors d’un travail de groupe de la Conférence des Églises des Caraïbes en août 1981, qui est devenu l’« hymne » du mouvement œcuménique dans la région et a été traduit en de nom-breuses langues.

Comme les fils d’Israël, les peuples des Caraïbes ont un chant de victoire et de liberté à chanter, et ce chant les unit. Cependant, les défis contemporains consti-tuent encore une menace d’asservissement et mettent de nouveau en péril la dignité de la personne humaine créée à l’image et à la ressemblance de Dieu. Si la di-gnité humaine est inaliénable, elle est souvent masquée par le péché individuel et le mal qu’engendrent nos structures sociales. Dans notre monde déchu, la justice et la compassion qui honorent la dignité humaine font trop souvent défaut dans nos relations sociales. La pauvreté, la violence, l’injustice, la dépendance à la drogue et à la pornographie, la douleur, la détresse et l’angoisse qui en découlent sont des expériences qui portent atteinte à la dignité humaine.

Beaucoup de défis contemporains sont eux-mêmes l’héritage d’un passé colonial et du commerce des es-claves. Les blessures du psychisme collectif se mani-festent aujourd’hui dans les problèmes sociaux liés à la faible estime de soi, à la brutalité des gangs et aux vio-lences domestiques ainsi qu’à la détérioration des rela-tions familiales. Bien qu’elles proviennent du passé, ces questions sont également exacerbées par la réalité con-temporaine que beaucoup qualifieraient de néo-colo-nialisme. Dans les circonstances actuelles, il semble

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presque impossible pour beaucoup de nations de cette région de sortir de la pauvreté et de l’endettement. En outre, un grand nombre d’entre elles conservent encore dans leur cadre législatif des dispositions qui continuent d’être discriminatoires.

La main droite de Dieu, qui a fait sortir son peuple de l’esclavage, n’a cessé de donner espoir et courage aux fils d’Israël, comme elle continue de le faire avec les chrétiens des Caraïbes. Ils ne sont pas victimes des circonstances. En témoignant de cette espérance com-mune, les Églises travaillent ensemble au service de tous les peuples de la région, particulièrement des plus vulnérables et de ceux que l’on oublie. Comme le chante cet hymne, « la main de Dieu sème sur la terre la paix, l’espoir, la liberté ».

RÉFLEXION BIBLIQUE ET PASTORALE SUR LE TEXTE

(EX 15,1-21)

Le Livre de l’Exode nous fait découvrir trois pé-riodes : la vie des fils d’Israël en Égypte (1,1-15,21) ; le voyage des fils d’Israël dans le désert (15,22-18,27) ; et l’expérience du Sinaï (19-40). Le passage choisi, le Can-tique de Moïse et Miryam, détaille les événements qui conduiront à la libération de l’esclavage du peuple de Dieu. Il conclut la première période.

« C’EST LUI MON DIEU, JE LE LOUERAI » (15,2)

Les versets 1 à 3 du chapitre 15 mettent l’accent sur la louange de Dieu : « Ma force et mon chant, c’est le Seigneur. Il a été pour moi le salut. C’est lui mon Dieu, je le louerai ; le Dieu de mon père, je l’exalterai »(15,2). Dans ce chant, dirigé par Moïse et Myriam, les fils d’Israël chantent les louanges du Dieu qui les a libérés. Ils réalisent que le plan et l’objectif de Dieu de libérer son peuple ne peuvent être ni contrariés, ni entravés. Aucune force, pas même les chars de Pharaon, son ar-mée ou sa puissance militaire bien entraînée, ne peuvent faire échouer la volonté de Dieu qui est de li-bérer son peuple (15,4-5). Dans ce cri joyeux de louange, nous, chrétiens de différentes traditions, re-connaissons que Dieu est notre Sauveur à tous ; nous exultons car il a tenu ses promesses et continue de nous apporter son salut par l’Esprit Saint. Dans le salut qu’il nous offre, nous reconnaissons qu’il est notre Dieu et que nous sommes tous son peuple.

« TA MAIN DROITE, SEIGNEUR, ÉCLATANTE DE

PUISSANCE » (15,6)

La libération et le salut du peuple de Dieu adviennent par la puissance divine. On peut voir dans la main droite de Dieu à la fois la victoire assurée de Dieu sur ses adversaires et la protection infaillible qu’il étend sur son propre peuple. Malgré la détermination de Pharaon, Dieu a entendu les lamentations de son peuple, ce peuple qu’il ne laissera pas périr car il est le Dieu de la vie. En contrôlant le vent et la mer, Dieu montre sa volonté de préserver la vie et de détruire la violence (Ex 15,10). En sauvant les fils d’Israël, Dieu

en a fait un peuple de louange reconnaissant son amour inébranlable.

Pour son peuple, cette libération constitue une es-pérance et une promesse. C’est une espérance car un jour nouveau s’est levé, qui donne à ses membres d’adorer librement leur Dieu et de vivre en plénitude. C’est aussi une promesse : leur Dieu les accompagnera tout au long du chemin et aucune force ne pourra con-trecarrer son dessein pour eux.

DIEU UTILISE-T-IL LA VIOLENCE POUR COMBATTRE

LA VIOLENCE ?

Certains Pères de l’Église ont interprété ce récit comme une métaphore de la vie spirituelle. Augustin, par exemple, identifie dans l’ennemi qui est jeté à la mer non pas les Égyptiens, mais le péché.

En effet, tous nos péchés passés qui pesaient sur nos épaules, il les a engloutis et effacés dans le baptême. Ces esprits impurs gouvernaient nos ténèbres comme leurs montures, et comme des cavaliers, ils les poussaient là où ils voulaient. C’est pourquoi l’apôtre les appelle « les maîtres des ténèbres ». Nous avons été débarrassés de tout cela par le baptême, comme si nous avions traversé la mer Rouge, rouge du sang sanctifica-teur du Seigneur crucifié... (Sermon 223E).

Dans ce récit, Augustin voit pour le chrétien un en-couragement à espérer et à persévérer, plutôt qu’à dé-sespérer et à poursuivre l’ennemi. Pour lui, le baptême est l’événement constitutif déterminant permettant l’établissement de la véritable identité de chaque per-sonne en tant que membre du Corps du Christ. Il éta-blit un parallèle entre le passage libérateur des fils d’Israël à travers la Mer Rouge et celui du peuple chré-tien au moment du baptême. Ces deux démarches libé-ratrices donnent à l’assemblée des croyants de se cons-tituer. En tant que tel, Israël peut librement louer la main salvatrice de Dieu dans le chant victorieux de Miryam et de Moïse. Leur salut établit les fils d’Israël asservis comme les membres de l’unique peuple de Dieu, unis dans un même chant de louange.

UNITÉ

Le passage d’Exode 15 nous montre comment le chemin de l’unité doit souvent passer par l’expérience communautaire de la souffrance. La libération des fils d’Israël de l’esclavage est l’événement fondateur dans la constitution de ce peuple. Pour les chrétiens, ce proces-sus atteint son point culminant dans l’incarnation et le mystère pascal. Bien que Dieu seul soit à l’origine de la libération/du salut, il veut que les réalités humaines soient engagées dans la réalisation de son objectif et de son plan de salut pour son peuple. Dans le baptême, les chrétiens ont part au ministère de réconciliation de Dieu, mais leurs propres divisions entravent leur té-moignage et leur mission dans un monde qui a tant be-soin de la guérison de Dieu.

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PRÉPARATION DU MATÉRIEL DE LA SEMAINE DE PRIÈRE

POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS 2018

Ce sont les Églises aux Caraïbes qui ont été dési-gnées pour faire la première rédaction des textes de cette année. Sous la responsabilité de Mgr Kenneth Richards, Archevêque catholique de Kingston et res-ponsable à l’œcuménisme de la Conférence épiscopale des Antilles, et de M. Gerard Granado, Secrétaire géné-ral de la Conférence des Églises de la Caraïbe (CEC), un groupe œcuménique formé de femmes et d’hommes a été invité à préparer ce matériel.

Nous remercions en particulier les responsables de la CEC, de la Conférence épiscopale des Antilles et tous ceux qui ont contribué à sa réalisation :

- Mgr Kenneth D. Richards – Coordinateur du groupe de rédaction de la SPUC 2018, Conférence épiscopale des Antilles (CEA), Président de la Commission pour l’œcuménisme de la CEA, Archevêque de Kingston, Jamaïque (catholique)

- M. Gerard A.J. Granado, M.Th. (Édimbourg) – Secrétaire général, Conférence des Églises de la Caraïbe (CEC), organisateur du groupe de rédaction de la SPUC 2018, Trinidad et Tobago (catholique)

- Pr Luis N. Rivera-Pagan – Professeur émérite d’œcuménisme, Princeton Theological Seminary, N.Y., Puerto Rico (baptiste)

- Rév. Kirkley Sands, Ph.D. – Chapelain, Codrington Theological College, Église de la Province des Antilles, Bahamas (anglican)

- Rév. Patmore Henry – Secrétaire, Connexional Conference, Église méthodiste aux Caraïbes et aux Amériques (EMCA), Antigua (méthodiste)

- Dr Oluwakemi Linda Banks, Ph.D. – Membre du Conseil de présidence de la CEC, psychologue, Anguilla (anglicane)

- Mme Nicole Poyer – Responsable du Groupe Taizé (groupe œcuménique) de Trinidad et Tobago, étu-diante de Master en théologie, Trinidad et Tobago (catholique)

- Très Rév. Glenna Spencer – Évêque, Église métho-diste aux Caraïbes et aux Amériques (EMCA), an-cien membre du Comité central du Conseil œcumé-nique des Églises (COE), Guyane (méthodiste)

- Très Rév. Kingsley Lewis, Ph.D. – Évêque, Église morave (Province des Antilles orientales), Président émérite de la CEC, Antigua (morave)

- Rév. Elvis Elahie, M.Th. (Édimbourg) – Modéra-

teur émérite de l’Église presbytérienne à Trinidad et Tobago (EPTT), Directeur émérite du St. Andrew’s Theological College, Trinidad et Tobago (presbyté-rien)

- Rév. Marjorie Lewis, Ph.D. – Présidente émérite,

United Theological College of the West Indies

(UTCWI), Jamaïque (Église unie en Jamaïque et aux

Îles Caïmans)

- Rév. George Mulrain, Ph.D. – Président émérite de la Connexional Conference, Église méthodiste aux Caraïbes et aux Amériques (EMCA), Trinidad et Tobago (méthodiste).

Les textes, prières et réflexions choisis ou préparés par le groupe local de rédaction ont été présentés au Comité international formé par le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (CPPUC) et le Conseil œcuménique des Églises (COE). Lors de cette rencontre qui s’est tenue au Centre Emmaüs de Nassau (Bahamas) du 3 au 7 septembre 2016, le projet de texte a été révisé et définitivement mis au point. Les membres du Comité international ont eu l’opportunité de visiter le Musée Pompey installé dans la Vendue House et consacré à l’histoire de l’esclavage et de l’émancipation. Cette expérience leur a permis de rendre hommage au combat pour la liberté des Bahamiens et, plus globalement, des habitants des Caraïbes.

Le Comité international remercie l’Archevêque Patrick Pinder et l’Archidiocèse de Nassau pour la gé-néreuse hospitalité avec laquelle ils l’ont accueilli au Centre Emmaüs ainsi qu’aux personnes qui y sont em-ployées et ont assuré leur confort durant leur séjour. Ses membres sont également reconnaissants du soutien exprimé par les responsables œcuméniques locaux, le Rév. Dr Ranford Patterson, Président du Conseil chré-tien des Bahamas, et le Très Rév. Laish Boyd, Évêque du Diocèse anglican des Bahamas et des Îles Turks et Caïques, qui leur ont rendu visite pour partager leur connaissance du terrain et leur expérience en tant qu’Église locale.

CÉLÉBRATION ŒCUMÉNIQUE

INTRODUCTION

Ta main droite, Seigneur, éclatante de puissance (Ex 15,6)

Pour cette célébration, on devra disposer d’une Bible et de trois chaînes. Le groupe local des Caraïbes suggère que ces symboles soient placés en évidence dans l’espace de culte.

La Bible est particulièrement importante dans la vie des Églises caribéennes. Au cours de l’histoire, les peuples autochtones réduits à l’esclavage ont connu les atrocités perpétrées par les colonisateurs qui ont en même temps importé le christianisme. Pourtant, dans les mains des peuples opprimés de cette région, la Bible

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est devenue une source essentielle de consolation et de libération. Cette dynamique de renversement fait de la Bible un symbole particulièrement puissant en soi. Par conséquent, au cours de cette célébration, il est impor-tant qu’une Bible de bonne taille soit placée au milieu de l’assemblée et que les lectures soient proclamées à partir de cette Bible, plutôt que d’autres livres ou bro-chures.

Les chaînes sont un puissant symbole de l’esclavage, du manque d’humanité et du racisme. Elles représentent aussi la puissance du péché qui nous sé-pare de Dieu et les uns des autres. Le groupe local des Caraïbes conseille d’utiliser de véritables chaînes de fer pendant les prières de réconciliation de cette célébra-tion. Si des chaînes de fer ne peuvent être apportées, il est suggéré d’utiliser d’autres chaînes au fort impact vi-suel. Au cours de la célébration œcuménique, les chaînes de fer de l’esclavage seront remplacées par une chaîne humaine exprimant les liens de la communion et l’action commune contre l’esclavage moderne et toutes les formes de déshumanisation individuelle et institu-tionnalisée. Inviter toute l’assemblée à participer à ce geste fait partie intégrante du culte.

Le groupe local des Caraïbes propose que soit en-tonné, après la proclamation de la Parole, l’hymne « La main droite de Dieu ». Renvoyant au chant de louange de Miryam et de Moïse pour l’action libératrice de Dieu dans le Livre de l’Exode, cet hymne est associé au mouvement œcuménique dans les Caraïbes, car les Églises travaillent ensemble pour surmonter les défis sociaux auxquels sont confrontées les populations de la région.

DÉROULEMENT DE LA CÉLÉBRATION

C : Célébrant T : Tous L : Lecteur

RASSEMBLEMENT

Chant Pendant le chant, les célébrants entrent. Ils sont précédés d’un assistant portant la Bible qui est placée en évidence au centre de l’espace de culte. Au cours de la célébration, les lectures des Écritures seront proclamées de cette Bible.

MOT D’ACCUEIL

C : Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint Esprit soient avec vous tous.

T : Et aussi avec vous.

C : Chers amis en Christ, nous voici rassemblés pour prier pour l’unité. Rendons grâce à Dieu pour notre héritage chrétien et pour l’action libératrice et salvatrice du Seigneur dans l’histoire humaine.

Les textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens de cette année ont été préparés par les Églises des Caraïbes. L’histoire du christia-nisme dans cette région est paradoxale. D’une part, la Bible a été utilisée par les colonisateurs pour justifier la soumission imposée aux premiers habitants de ces terres, et celle d’autres êtres hu-mains qui furent déportés d’Afrique, d’Inde et de Chine. Un grand nombre d’entre eux ont été ex-terminés, enchaînés et asservis, soumis à d’injustes conditions de travail. D’autre part, la Bible est de-venue source de consolation et de libération pour beaucoup de ceux qui ont souffert sous le joug des colonisateurs.

Aujourd’hui, la Bible continue d’apporter conso-lation et libération, encourageant les chrétiens des Caraïbes à réfléchir aux situations qui actuellement portent atteinte à leur dignité humaine et à leur qualité de vie. Alors que les chaînes de fer de l’esclavage tombent de nos mains, un nouveau lien d’amour et de communion émerge dans la famille humaine, exprimant l’unité pour laquelle prient nos communautés chrétiennes.

INVOCATION DU SAINT-ESPRIT

La réponse à l’invocation peut être chantée.

C : Avec les chrétiens des Caraïbes, demandons au Saint-Esprit d’embraser nos cœurs alors que nous prions pour l’unité de l’Église. Unis tes serviteurs dans le lien de l’unité.

T : Viens, Esprit Saint !

C : Enseigne-nous à prier.

T : Viens, Esprit Saint !

C : Libère-nous de l’esclavage du péché.

T : Viens, Esprit Saint !

C : Aide-nous dans notre faiblesse.

T : Viens, Esprit Saint !

C : Rétablis-nous comme tes enfants.

T : Viens, Esprit Saint !

Chant de louange

PRIÈRES POUR LA RÉCONCILIATION

C : Nous n’avons pas reçu un esprit d’esclavage pour nous réfugier dans la peur. Implorons la miséri-corde de Dieu, confiants dans la puissance salva-trice de la main droite de Dieu.

Trois membres de l’assemblée s’avancent, chacun portant une chaîne. Après chaque prière et répons, un des intervenants laisse tomber à terre une chaîne. Un Kyrie peut être chanté.

L1 : Des structures qui avilissent la dignité humaine et introduisent de nouvelles formes d’esclavage, dé-livre-nous, Seigneur. Kyrie eleison.

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T : Kyrie eleison.

L2 : Des décisions et des actes qui réduisent nos frères et sœurs à la pauvreté, à la marginalisation ou à la discrimination, délivre-nous, Seigneur. Kyrie eleison.

T : Kyrie eleison.

L3 : De la crainte et du soupçon qui nous séparent les uns des autres et posent des limites à l’espérance et à la guérison, délivre-nous, Seigneur. Kyrie eleison.

T : Kyrie eleison.

C : Le Seigneur est notre force et notre puissance, il est notre salut. Que Dieu, qui nous a rachetés du péché, nous guide vers sa sainte demeure.

T : Amen.

PROCLAMATION DE LA PAROLE DE DIEU

C : Libère-nous, Seigneur, de l’oppression des hommes,

T : Et nous garderons tes préceptes.

C : Pour tes serviteurs, que ton visage s’illumine : T : Enseigne-nous tes décrets (cf. Ps 119,134-135)

Première lecture : Exode 15,1-21

L : Écoutez et vous serez libérés. T : Nous rendons grâce à Dieu.

Il est préférable de chanter le psaume.

Psaume 118,5-7,13-24

R/ : Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour !

Dans mon angoisse j’ai crié vers le Seigneur, et lui m’a exaucé, mis au large. Le Seigneur est pour moi, je ne crains pas ; que pourrait un homme contre moi ? Le Seigneur est avec moi pour me défendre, et moi, je braverai mes ennemis. R/

On m’a poussé, bousculé pour m’abattre ; mais le Seigneur m’a défendu. Ma force et mon chant, c’est le Seigneur ; il est pour moi le salut. R/ Clameurs de joie et de victoire sous les tentes des justes : « Le bras du Seigneur est fort, le bras du Seigneur se lève, le bras du Seigneur est fort ! » R/ Non, je ne mourrai pas, je vivrai pour annoncer les actions du Seigneur : il m’a frappé, le Seigneur, il m’a frappé, mais sans me livrer à la mort. R/

Ouvrez-moi les portes de justice : j’entrerai, je rendrai grâce au Seigneur. « C’est ici la porte du Seigneur : qu’ils entrent, les justes ! » Je te rends grâce car tu m’as exaucé : tu es pour moi le salut. R/ La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle : c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux. Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie ! R/

Psautier œcuménique

Deuxième lecture : Romains 8,12-27

L : Écoutez et vous serez libérés. T : Nous rendons grâce à Dieu.

Un Alléluia approprié peut être chanté avant et après la procla-mation de l’Évangile.

Marc 5,21-43

L : Écoutez et vous serez libérés. T : Nous rendons grâce à Dieu.

Prédication

Chant

C’est la main de Dieu

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Le Symbole des Apôtres

PRIÈRE UNIVERSELLE

C : En rendant grâce d’avoir été libérés de l’esclavage du péché, présentons au Seigneur nos espoirs : demandons-lui de briser les chaînes qui nous as-servissent et de nous unir dans les liens de l’amour et de la communion.

Chaque intercession est lue par un lecteur différent. À mesure qu’ils finissent, les lecteurs s’unissent à d’autres membres de l’assemblée en leur donnant la main ou le bras, créant ainsi une chaîne humaine.

L1 : Dieu de l’Exode, tu as guidé ton peuple à travers les eaux de la Mer Rouge et tu l’as sauvé. Sois avec nous et affranchis-nous de toutes les formes d’esclavage et de tout ce qui anéantit la dignité humaine.

T : Étends tes mains sur nous, Seigneur, afin que nous vivions.

L2 : Dieu d’abondance, dans ta bonté tu pourvois à tous nos besoins. Sois avec nous, aide-nous à dé-passer notre égoïsme et notre cupidité et donne-nous le courage d’être des instruments de justice dans le monde.

T : Étends tes mains sur nous, Seigneur, afin que nous vivions.

L3 : Dieu d’amour, tu nous a créés à ton image et tu nous a sauvés en Christ. Sois avec nous et donne-nous la force d’aimer notre prochain et d’accueillir l’étranger.

T : Étends tes mains sur nous, Seigneur, afin que nous vivions.

L4 : Dieu de paix, tu restes fidèle à l’alliance que tu as conclue avec nous, même quand nous nous éloi-gnons de toi. En Christ tu nous as réconciliés avec toi. Sois avec nous, fais naître en nous un esprit nouveau et purifie nos cœurs afin que nous reje-tions la violence et devenions des serviteurs de ta paix.

T : Étends tes mains sur nous, Seigneur, afin que nous vivions.

L5 : Dieu de gloire, tu es tout-puissant et pourtant, en Jésus, tu as voulu vivre dans une famille humaine. Dans les eaux du baptême, tu nous a adoptés comme tes enfants. Sois avec nous, aide-nous à rester fidèles à nos engagements familiaux et à nos responsabilités dans notre société, et à renforcer les liens de communion avec nos frères et sœurs en Christ.

T : Étends tes mains sur nous, Seigneur, afin que nous vivions.

L6 : Dieu, un en trois personnes, en Christ tu nous as unis à toi et les uns avec les autres. Sois avec nous, par la puissance et la consolation de l’Esprit Saint, libère-nous de l’égocentrisme, de l’arrogance et de la peur qui nous empêchent de rechercher de toutes nos forces la pleine unité visible de ton Église.

T : Étends tes mains sur nous, Seigneur, afin que nous vivions.

NOTRE PÈRE

C : Joignons nos mains à celles de nos voisins et unis non par des chaînes mais par l’amour du Christ qui a pénétré en nos cœurs, prions le Père comme Jésus nous l’a enseigné.

La prière du Notre-Père peut être chantée.

Notre Père…

Après le Notre-Père, les mains toujours unies, l’assemblée peut entonner un chant bien connu célébrant son unité.

Après ce chant, les membres de l’assemblée échangent un geste de paix.

ENVOI

C : Sauvés par la main droite de Dieu et unis dans l’unique Corps du Christ, allons dans la puissance de l’Esprit Saint.

T : L’Esprit du Seigneur est sur nous car le Seigneur nous a choisis pour apporter la bonne nouvelle aux pauvres, pour proclamer la libération de ceux qui sont captifs et redonner la vue aux aveugles, pour que les opprimés soient affranchis, pour proclamer l’année de la faveur du Seigneur. Amen ! Alléluia !

Chant

RÉFLEXIONS BIBLIQUES ET PRIÈRES POUR LES « HUIT JOURS »

1ER JOUR VOUS AIMEREZ AUSSI L’ÉTRANGER CAR VOUS ÉTIEZ ÉTRANGERS EN

ÉGYPTE

Lv 19, 33-34 Tu aimeras l’émigré comme toi-même Ps 146 Le Seigneur protège les immigrés Hb 13, 1-3 Certains, sans le savoir, ont accueilli

des anges Mt 25, 31-46 J’étais un étranger et vous m’avez recueilli

Après être devenue la première république noire indépen-dante, Haïti a accueilli d’autres personnes réduites en esclavage et en quête de liberté. Ces dernières années, les Haïtiens ont dû faire face à de graves difficultés économiques et nombre d’entre eux ont abandonné les lieux où ils vivaient, entreprenant de périlleux voyages dans l’espoir de trouver une vie meilleure. Souvent, ils se sont heurtés à des attitudes hostiles et à des obstacles juridiques. Le Conseil des Églises des Caraïbes s’est engagé dans des activi-tés de sensibilisation par rapport aux pays limitant ou privant les Haïtiens de leurs droits de citoyens.

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RÉFLEXION

Le souvenir de ce que vécurent les fils d’Israël en Égypte, où ils furent traités en étrangers, est à la base de l’enseignement de la Loi qui veut que les membres du peuple de Dieu accueillent l’étranger parmi eux. La mémoire de leur propre exil devrait susciter empathie et solidarité envers les exilés et les étrangers de notre temps. Comme pour Israël, notre expérience chré-tienne commune de l’action salvatrice de Dieu va de pair avec le souvenir de l’aliénation et de l’éloignement – dans le sens de l’éloignement de Dieu et de son royaume. Cette mémoire chrétienne a des implications éthiques. Dieu a rétabli notre dignité en Christ et a fait de nous des citoyens de son royaume, non pas parce que nous avons fait quoique ce soit pour le mériter, mais parce que dans son amour il nous en fait don gratuitement. Nous sommes appelés à agir de même, librement et encouragés par l’amour. L’amour chrétien signifie aimer comme le Père, c’est-à-dire reconnaître la dignité de l’autre et lui donner dignité, et par là même contribuer à la guérison des blessures de la famille hu-maine.

PRIÈRE

Dieu éternel, tu n’appartiens à aucune culture ni à aucun pays mais tu es le Seigneur de tous, tu nous demandes d’accueillir l’étranger au milieu de nous. Par ton Esprit, aide-nous à vivre en frères et sœurs, à accueillir chacun en ton nom, et à vivre dans la justice de ton royaume. Nous t’en prions, au nom de Jésus Christ. Amen.

C’est la main de Dieu qui sème sur la terre la paix, l’espoir, la liberté ; de tous les horizons ses enfants afflueront, tout est uni par la droite de Dieu.

2E JOUR NON PLUS COMME UN ESCLAVE MAIS COMME UN FRÈRE BIEN-AIMÉ

Gn 1, 26-28 Dieu créa l’homme à son image PS 10, 1-10 Pourquoi, Seigneur, rester éloigné ? Phm Non plus comme un esclave mais comme

bien mieux qu’un esclave : un frère bien-aimé Lc 10, 25-37 La parabole du bon Samaritain

La traite des êtres humains est une forme moderne d’esclavage

où les victimes aboutissent, sous la contrainte ou par leurre, dans un réseau de prostitution, de travail des enfants ou de trafic d’organes au profit d’exploiteurs. Cette industrie multi-millionnaire existe à l’échelle mondiale et est un problème croissant aux Caraïbes. Les Églises réformées aux Caraïbes unissent leurs efforts à ceux du Conseil pour la mission mondiale et du Conseil des Caraïbes et d’Amérique du Nord pour la mission pour aider les communautés chrétiennes à mettre fin au fléau de la traite d’êtres humains.

RÉFLEXION

Une des premières choses que nous apprenons au sujet de Dieu quand nous lisons la bible des juifs et des chrétiens est que Dieu a créé l’homme à son image. Malgré tout, cette profonde et magnifique vérité a souvent été ternie ou niée au cours des âges. Sous l’Empire romain, par exemple, la dignité des esclaves était piétinée. Mais le message de l’Évangile se révèle totalement différent. Jésus a défié les normes sociales qui rabaissaient la dignité humaine des Samaritains : pour lui, le Samaritain était le « prochain » de l’homme attaqué sur la route de Jéricho – un prochain à aimer conformément à la Loi. De plus, Paul, enhardi par sa foi en Christ, parle de l’ancien esclave Onesimus, comme d’un « frère bien-aimé », transgressant ainsi les normes de la société dans laquelle il vit et affirmant l’humanité d’Onesimus.

Celui qui aime d’amour chrétien doit toujours aimer avec courage et donc oser dépasser les frontières et sa-voir reconnaître aux autres une dignité équivalente à la sienne. Comme saint Paul, les chrétiens doivent « avoir en Christ, toute liberté » de reconnaître ensemble et clairement les victimes du trafic d’êtres humains comme leurs prochains et leurs frères et sœurs bien-aimés, et d’unir leurs efforts pour que cesse cet escla-vage moderne.

PRIÈRE

Dieu de toute grâce, Approche-toi de ceux qui sont victimes de la traite d’êtres humains, montre-leur que tu vois leur détresse et entends leur cri. Fais que ton Église s’unisse avec compassion et courage et qu’elle travaille pour que vienne le jour où plus aucune personne ne sera exploitée et où tous seront libres de vivre dans la dignité et la paix. Nous prions au nom du Dieu Trinité, qui peut faire infiniment plus que ce que nous pouvons demander ou imaginer. Amen.

C’est la main de Dieu qui relève sur terre un par un ceux qui sont tombés ; chacun est reconnu, personne n’est perdu, tout est sauvé par la droite de Dieu.

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3E JOUR VOTRE CORPS EST UN TEMPLE DE L’ESPRIT SAINT

Ex 3, 4-10 Dieu libère ceux qui sont esclaves Ps 24, 1-6 Seigneur, nous sommes le peuple

qui recherche ta face 1 Co 6, 9-20 Glorifiez donc Dieu par votre corps Mt 18, 1-7 Malheureux l’homme par qui la chute

arrive !

Nombreuses sont les Églises chrétiennes aux Caraïbes qu’inquiète le problème de la pornographie, en particulier celle qui circule sur internet. Celle-ci a des conséquences destructrices pour la dignité humaine, en particulier celle des enfants et des jeunes. Comme l’esclavage, elle transforme les êtres humains en marchan-dise, prend au piège ceux qui en deviennent dépendants et corrompt toute relation d’amour saine.

RÉFLEXION

Le Livre de l’Exode nous montre le souci de Dieu envers ceux qui sont asservis. Le passage où Dieu se révèle à Moïse dans le buisson ardent est une puissante affirmation de sa volonté de libérer son peuple. Dieu voit leur misère, entend leurs cris et vient alors les délivrer. Aujourd’hui encore, il entend les cris de ceux qui sont esclaves et veut leur rendre la liberté. Parce que la sexualité est un don de Dieu pour les relations entre êtres humains et l’expression de l’intimité, l’usage détourné de ce don par le biais de la pornographie asservit et dévalorise à la fois ceux qui la produisent et ses consommateurs. Dieu ne reste pas insensible à leur détresse et les chrétiens sont appelés à se sentir eux aussi concernés.

Saint Paul écrit que nous sommes appelés à glorifier Dieu par notre corps, ce qui signifie que tout dans notre vie, y compris nos relations, peut et doit être une offrande agréable à Dieu. Les chrétiens doivent travail-ler ensemble en faveur d’une société qui soit respec-tueuse de la dignité humaine et ne mette pas d’obstacle devant ces petits qui sont les siens mais, au contraire, leur permette de vivre libres car c’est ce que Dieu veut pour eux.

PRIÈRE

Par ta grâce céleste, ô Dieu, rétablis-nous en esprit et dans notre corps, fait naître en nous un cœur pur et un esprit sincère pour que nous glorifions ton Nom.

Fais que les Églises s’unissent dans leurs intentions pour la sanctification de ton peuple, par Jésus Christ qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, pour les siècles des siècles. Amen.

C’est la main de Dieu qui soigne sur la terre les corps et les esprits brisés, il aime les humains, il les prend par la main, tout est guéri par la droite de Dieu.

4E JOUR ESPÉRANCE ET GUÉRISON

Es 9, 2-7 Il y aura une souveraineté étendue

et une paix sans fin Ps 34, 1-14 Recherche la paix et poursuis-la Ap 7, 13-17 Dieu essuiera toute larme de leurs yeux Jn 14, 25-27 Je vous laisse la paix

Aux Caraïbes, la violence est un problème auquel les Églises

sont appelées à réagir. Le nombre élevé des crimes est alarmant, une grande partie d’entre eux étant due à la violence domestique, aux rivalités entre gangs et à d’autres formes de criminalité. Par ailleurs, les situations d’automutilation et les suicides sont en hausse dans la région.

RÉFLEXION

Le royaume que Dieu nous a promis, le royaume que Jésus a proclamé et rendu manifeste dans son ministère, est un royaume de justice, de paix et de joie dans l’Esprit Saint. Que signifie par conséquent cette Bonne Nouvelle pour ceux qui sont la proie des ténèbres de la violence ? Dans la vision du prophète, une lumière resplendit sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre. Mais comment les chrétiens peuvent-ils apporter la lumière de Jésus à ceux qui vivent dans les ténèbres de la violence domestique ou des bandes criminelles ? Quelle espérance les chré-tiens peuvent-ils offrir ? Il est triste de constater que la division des chrétiens est un contre-témoignage qui nuit au partage de l’espérance qui est la leur.

Pourtant, la recherche de la paix et de la réconcilia-tion entre les différentes Églises et confessions est tout le contraire de cela. Quand les chrétiens s’engagent en faveur de l’unité dans un monde dévasté par les con-flits, ils offrent un signe de réconciliation. Les chrétiens qui refusent de s’accommoder de la logique des privi-lèges et du statut social, qui refusent d’abaisser les autres et leurs communautés, témoignent de la paix du royaume de Dieu où l’Agneau guide les saints vers des sources d’eaux vives. Le monde a besoin de cette paix qui guérit et réconforte ceux qui sont meurtris par la violence.

PRIÈRE

Dieu de réconfort et d’espérance, ta résurrection a vaincu la violence de la croix. Parce que nous sommes ton peuple, fais que nous devenions le signe tangible que la violence du monde sera un jour surmontée. Nous t’en prions, au nom de notre Seigneur ressuscité. Amen.

C’est la main de Dieu qui montre sur la terre la route où nous devons aller, un chemin ombrageux, sinueux, dangereux, tout devient clair par la droite de Dieu.

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5E JOUR ON ENTEND LES APPELS DÉSESPÉRÉS

DE MON PEUPLE DEPUIS UNE TERRE

LOINTAINE !

Dt 1,19-35 Le Seigneur votre Dieu marche devant vous et vous porte

Ps 145, 9-20 Le Seigneur est l’appui de tous ceux qui tombent

Jn 1, 9-11 Le riche passera comme fleur des prés Lc 18, 35-43 Jésus, Fils de David, aie pitié de moi !

L’économie des Caraïbes repose traditionnellement sur la production de matières premières destinées au marché européen et n’a donc jamais pu devenir auto-suffisante. Par conséquent, pou-voir emprunter sur le marché international est devenu fondamen-tal pour le développement de la région. Pour autoriser cet em-prunt, on exige une réduction des dépenses dans le domaine des transports, de l’éducation, de la santé et des autres services pu-blics, et ce sont les pauvres qui en souffrent le plus gravement. Pour répondre à la crise de l’endettement, la Conférence des Églises aux Caraïbes a lancé une initiative au niveau régional et à travers son réseau de contacts internationaux pour venir en aide au plus démunis.

RÉFLEXION

Nous pouvons imaginer le bruit de la foule quand Jésus entre dans Jéricho. Beaucoup rabrouent le men-diant aveugle pour qu’il se taise. Ses cris dérangent et sont embarrassants. Mais au milieu de tout ce tumulte, Jésus entend la voix de l’aveugle comme Dieu entend toujours les cris des pauvres dans la Bible hébraïque. Le Seigneur, qui soutient ceux qui tombent, non seulement les entend mais agit. Ainsi la vie du mendiant est-elle radicalement transformée.

La désunion des chrétiens peut concourir au tu-multe et au chaos auxquels le monde est en proie. Comme les voix qui s’élèvent autour de Jéricho, nos divisions peuvent couvrir les supplications des pauvres. Mais quand nous sommes unis, nous nous faisons da-vantage présence du Christ dans le monde, en mesure de mieux entendre, écouter et agir. Au lieu d’augmenter le volume de la discorde, nous devenons capables d’une écoute véritable et pouvons ainsi discerner les voix qui ont le plus besoin d’être entendues.

PRIÈRE

Dieu très aimant, tu aides à se relever ceux qui sont pauvres et dans la détresse et tu les rétablis dans leur dignité. Entends notre appel pour les plus démunis dans le monde d’aujourd’hui redonne-leur l’espérance et fais qu’ils se redressent pour que tout ton peuple soit un. Nous t’en prions au nom de Jésus. Amen.

C’est la main de Dieu qui relève sur la terre, un par un ceux qui sont tombés, chacun est reconnu, personne n’est perdu, tout est sauvé par la droite de Dieu.

6E JOUR QUE CHACUN REGARDE AUX AUTRES

Es 25, 1-9 Exultons, jubilons, puisqu’il nous sauve Ps 82 Rendez justice au malheureux et à l’indigent Ph 2, l-4 Que chacun ne regarde pas à soi seulement,

mais aussi aux autres Lc 12, 13-21 Gardez-vous de toute avidité

Les variations intervenues dans la réglementation des opéra-tions bancaires au niveau international continuent d’avoir un impact négatif sur les échanges commerciaux des Caraïbes et me-nacent la survie économique de nombreuses familles. Il est de plus en plus difficile pour les Caribéens travaillant à l’étranger d’envoyer de l’argent à leurs familles. Les Églises aux Caraïbes ont lancé un mouvement d’aide au crédit (Credit Union movement) afin que les pauvres puissent avoir accès à l’emprunt pour financer leurs activités économiques.

RÉFLEXION

Tout au long des Écritures, nous avons la preuve que Dieu prend toujours position pour les pauvres : la main droite de Dieu agit en faveur des personnes les plus démunies contre les puissants. De manière sem-blable, Jésus lance constamment des avertissements contre les dangers de l’avidité. Cependant, en dépit de ces recommandations le péché de l’avidité infecte sou-vent nos communautés chrétiennes et introduit une lo-gique de compétition, une communauté entrant en concurrence contre une autre. Souvenons-nous que tant que nous ne réussirons pas à prendre nos distances avec les choix de ce monde et que nous nous confor-merons à l’esprit de compétition qui y règne et est source de divisions, nous ne parviendrons pas à être « le rempart du pauvre dans la détresse, le refuge contre l’orage ».

Pour nos différentes Églises et confessions, s’enrichir auprès de Dieu ne signifie pas avoir de nom-breux fidèles appartenant – ou faisant des dons – à leurs communautés. Au contraire, c’est reconnaître qu’en tant que chrétiens, nous avons d’innombrables frères et sœurs à travers le monde dont l’unité trans-cende toutes les divisions économiques entre « Nord » et « Sud ». Ayant conscience de leur fraternité en Christ, les chrétiens se tendent la main pour promou-voir la justice économique pour tous.

PRIÈRE

Dieu tout-puissant, donne courage et force à ton Église pour que sans cesse elle proclame la justice et l’intégrité dans les situations de domination et d’oppression. Alors que nous célébrons notre unité en Christ, fais que ton Esprit Saint nous soutienne quand nous tentons de répondre aux besoins des autres. Amen.

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C’est la main de Dieu qui efface sur la terre la haine et la méchanceté, orgueil et convoitise, injustice et bêtise, tout est détruit par la droite de Dieu.

7E JOUR BÂTIR UNE FAMILLE DANS NOTRE FOYER ET DANS L’ÉGLISE

Ex 2,1-10 La naissance de Moïse Ps 127 Si le Seigneur ne bâtit la maison,

ses bâtisseurs travaillent pour rien Hb 11, 23-24 Moïse fut caché par ses parents,

car ils avaient vu la beauté de leur enfant Mt 2, 13-15 Joseph se leva, prit avec lui l’enfant

et sa mère, de nuit, et se retira en Égypte

Aux Caraïbes, sur la famille pèsent encore les répercussions de l’esclavage auxquelles s’ajoutent de nouveaux facteurs tels que l’émigration des parents, les problèmes financiers et la violence domestique. Face à cette situation, les Églises aux Caraïbes travaillent pour offrir un soutien au noyau familial et aux familles élargies.

RÉFLEXION

Les familles sont d’une importance fondamentale pour la protection et le développement des enfants. Dès leur naissance, Moïse et Jésus se trouvèrent en danger de mort en raison des ordres meurtriers de sou-verains courroucés. Les récits bibliques qui nous le rapportent montrent comment les enfants sont vulné-rables aux forces extérieures. Ces histoires montrent également qu’il est possible d’agir pour protéger les tout-petits, Matthieu nous propose un modèle de pa-ternité respectant avec amour le commandement divin, en particulier dans les périodes de troubles.

Dans les Écritures, les enfants nous sont décrits comme une bénédiction et une espérance pour le futur. Pour le psalmiste, ils sont tels « des flèches aux mains d’un guerrier ». En tant que chrétiens, nous sommes appelés à construire des réseaux familiaux de soutien, en nous appuyant sur la force que nous donne le Seigneur pour construire des communautés fortes où les enfants sont protégés et peuvent s’épanouir.

PRIÈRE

Dieu de toute grâce, tu nous as envoyé ton fils en le faisant naître dans une famille ordinaire dont les ancêtres étaient à la fois fidèles et pécheurs. Nous te demandons de bénir toutes les familles dans leurs foyers et leurs communautés. Nous prions en particulier pour l’unité de la famille chrétienne afin que le monde croie. Au nom de Jésus, nous t’en prions. Amen.

C’est la main de Dieu qui écrit sur la terre, avec force et avec bonté, nos conflits et nos peurs, nos succès, nos malheurs, tout est noté par la droite de Dieu.

8E JOUR IL RASSEMBLERA LES EXILÉS... DES QUATRE COINS DE LA TERRE

Es 11, 12-13 Éphraïm ne jalousera plus Juda et Juda ne sera plus l’adversaire d’Éphraïm

Ps 106, 1-14 ; Rassemble-nous… Alors nous célébrerons 43-48 ton saint nom Ep 2, 13-l9 Il a détruit le mur de séparation Jn 17, 1-12 J’ai été glorifié en eux

Les Églises caribéennes travaillent ensemble pour guérir dans leur région les blessures du Corps du Christ héritées de la coloni-sation. Pour pouvoir se réconcilier, la repentance, la réparation et la guérison des mémoires sont souvent nécessaires. On peut citer l’exemple de l’acte de repentance et de réparation des baptistes de Grande-Bretagne avec ceux des Caraïbes. Comme Israël, l’Église, dans son unité, est appelée à être à la fois signe et agent de réconciliation.

RÉFLEXION

Un des aspects qui sous-tend l’ensemble du récit biblique de l’œuvre de la rédemption est indubitable-ment la tenace détermination du Seigneur à former un peuple qu’il pourrait considérer comme sien. Établir ce peuple – uni à Dieu dans une sainte alliance – est partie intégrante du plan de salut du Seigneur et est indisso-ciable de la glorification et de la sanctification du nom de Dieu.

Les prophètes rappellent constamment à Israël que l’alliance exige que les relations entre les différents groupes sociaux qui la composent soient empreintes de justice, de compassion et de miséricorde. Alors que Jésus s’apprête à sceller une nouvelle alliance en son sang, sa plus intense prière au Père est pour que ceux qu’il lui donnera soient un, comme lui et le Père sont un. Quand les chrétiens découvrent leur unité en Jésus, ils prennent part à la glorification du Christ auprès du Père, dans cette même gloire qu’il avait auprès de lui avant que le monde fût. Aussi, le peuple de l’alliance doit-il cons-tamment s’efforcer d’être une communauté réconciliée – une communauté qui soit un signe tangible pour tous les peuples de la manière dont ils peuvent vivre sur terre dans la justice et dans la paix.

PRIÈRE

Seigneur, nous te demandons humblement que, par ta grâce, les Églises du monde entier deviennent des instruments de ta paix. Par leur action commune au milieu des hommes divisés en tant qu’ambassadeurs et serviteurs de ton amour qui guérit et réconcilie, que ton nom soit sanctifié et glorifié. Amen.

C’est la main de Dieu qui sème sur la terre la paix, l’espoir, la liberté ; de tous les horizons ses enfants afflueront, tout est uni par la droite de Dieu.

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LA SITUATION ŒCUMÉNIQUE

AUX CARAÏBES

La région des Caraïbes s’étend des Bahamas, au Nord, jusqu’au Suriname, à la Guyane et à la Guyane française (Cayenne) situés sur le continent sud-américain, et de la Barbade à l’Est jusqu’au Belize d’Amérique cen-trale à l’Ouest. L’identité commune de cette région re-pose sur des considérations géographiques, sur une his-toire commune faite de colonialisme, d’exploitation et de résistance contre la domination étrangère, de même que sur une conscience culturelle commune.

L’établissement de certaines Églises dans cette région – comme l’Église catholique et l’Église anglicane – coïncide avec le début et les premiers temps de la coloni-sation. D’autres Églises ayant pris part au mouvement missionnaire vinrent s’installer au 18e, 19e et début du 20e siècle. Plus récemment, les mouvements évangélique et pentecôtiste se sont implantés à travers toutes les Caraïbes. Des alliances ou mouvements évangéliques sont par conséquent présents dans de nombreux pays et territoires de cette région.

Le dynamisme œcuménique des années 1960 a donné naissance à la Conférence des Églises de la Caraïbe (CEC) qui fut officiellement établie au début des années 1970, riches en ferments socio-culturels et politiques. Au cours de cette phase située immédiate-ment après la période coloniale de la région, nombre de pays accédèrent à l’indépendance politique. À cette époque, l’ensemble de la Région était au cœur d’un mouvement de lutte pour l’auto-détermination, le dé-veloppement et de nouvelles manières de s’affirmer. Diverses Églises réagirent ensemble et contribuèrent à cette prise de conscience régionale en formant une or-ganisation dénommée Action chrétienne pour le déve-loppement aux Caraïbes (CADEC) qui fut le précur-seur de la CEC et allait devenir par la suite un des deux principaux départements de la CEC, le second étant l’Agence pour le renouveau des Églises (ARE).

L’Assemblée au cours de laquelle fut instituée la CEC se tint en 1973, à Kingston (Jamaïque). Voici ce que l’on peut lire au préambule de sa constitution :

Nous, chrétiens des Caraïbes, avons reçu un appel commun en Christ ; nous nous engageons donc à nous réunir en une communion régionale d’Églises dans le but de réfléchir, de nous laisser inspirer, de nous consulter au niveau théologique et d’établir une coopération concertée pour sur-monter les défis posés par le passé, par nos dif-férences linguistiques, culturelles et d’apparte-nance sociale et par les distances qui nous séparent. C’est pourquoi nous avons profondé-ment à cœur de promouvoir la paix, le

Ce texte est publié sous l’entière responsabilité du groupe œcuménique spécialement constitué aux Caraïbes pour la rédaction du projet de textes pour la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2018.

développement intégral de notre peuple et de réclamer la justice sociale et le respect de la dignité de chaque individu. Nous nous enga-geons à marcher ensemble en Christ et à parta-ger notre expérience pour que s’affermisse le royaume de Dieu dans le monde.

Les trente-trois Églises-membres de la CEC représentent un vaste éventail de peuples et de cultures, disséminées sur de multiples îles et territoires continentaux d’Amérique centrale et du sud appartenant à quatre groupes linguistiques majeurs : hollandais, anglais, français et espagnol. Parmi eux figurent aussi Cayenne (Guyane française), Cuba, la Guadeloupe, Haïti, la Martinique et Porto Rico. Toutes les Églises-membres de la CEC estiment que malgré les divisions héritées de leur long passé colonial, il existe une identité caribéenne authentique et unificatrice dans laquelle les habitants des Caraïbes doivent discerner ce que Dieu désire pour eux et agir en conséquence.

Du point de vue historique, la CEC, qui est l’une des six organisations œcuméniques régionales (OER), est en soi unique car elle a été la première instance mondiale dans laquelle l’Église catholique – officiellement par le biais de sa conférence épiscopale dans la région – a été membre fondateur d’une OER. L’engagement de la Conférence épiscopale des Antilles (CEA) en tant que membre fondateur de la CEC a servi d’exemple pour la rédaction du document préparatoire – lineamenta – du Synode pour les Amériques de l’Église catholique de 1997. Dans la section du document intitulée « Domaines et modes de communion », voici ce qu’on peut lire : « Il existe de plus larges possibilités de dialogue avec les autres confessions, comme nous le montre le travail réalisé par différents évêques des Caraïbes, qui ont contribué à la fondation de l’unique organisme œcuménique présent dans la région » (Section IV, Art. 42).

En quarante-trois ans, les Églises-membres de la CEC ont pris ensemble de nombreuses initiatives dans le domaine de la théologie, de la formation chrétienne, du développement intégral, des questions concernant la jeunesse et les femmes, la vie de famille, les droits humains et les communications. Parmi les réalisations les plus notables de la CEC, signalons en particulier la chaîne de télévision Contact and Caribbeat, le journal mensuel Caribbean Contact et la série pour la formation chrétienne Fashion Me a People (Prépare-moi un peuple).

En 1983, le mandat de la CEC a été reformulé de la manière suivante : « Promotion de l’œcuménisme et du changement social, selon la volonté du Christ et en solidarité avec les pauvres ». À partir de ce moment, la Conférence a développé une approche stratégique et formulé une réponse programmatique globale aux nombreuses questions socio-économiques et aux problèmes sociaux touchant les Caraïbes. Ces maux sont la pauvreté endémique, un fort pourcentage de personnes ayant contracté le virus du VIH/SIDA, le trafic de stupéfiants et la toxicomanie, le déracinement

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des personnes déplacées pour diverses raisons – entre autres lors de désastres naturels, de violences, pour la recherche d’un emploi ou d’une vie meilleure.

La politique de la CEC mise sur une plus profonde implication ecclésiale avec les Églises-membres, un accompagnement mutuel grâce à leurs divers organismes et institutions, jusqu’au niveau local. Les principales initiatives formant son programme sont les suivantes :

initiatives régionales prioritaires (VIH/SIDA, drogue, violence, famille, alimentation, personnes déplacées) ;

développement socio-économique durable (réduction de la pauvreté, financement de projets, préparation aux catastrophes naturelles) ;

mobilisation et communications (sensibilisation du public, information, dialogue et échange) ;

relations internationales (intégration régionale, visites de solidarité) et affaires culturelles.

Travailler sur certaines de ces questions a conduit la CEC à une étroite collaboration avec les principales organisations inter-gouvernementales de la région, en particulier avec la Communauté caribéenne (CARICOM). Au fil des années, elle a aussi coopéré avec divers départements des Nations Unies (NU) et certains gouvernements européens et nord-américains.

En dehors de ces initiatives, la CEC a également constitué un Forum régional des Conseils nationaux d’Églises (CNE), un espace dans lequel les conseils de la région peuvent travailler davantage en réseau et s’accompagner mutuellement. Ceci en reconnaissance du rôle crucial joué en plusieurs endroits de la région par les CNE, dont certains – par exemple ceux de Cuba et de Jamaïque – ont précédé la naissance de la CEC de plusieurs décennies. Le Forum a organisé sa première rencontre en 2001 sur le thème « Chantez un chant nouveau » et s’est ensuite réuni tous les ans jusqu’en 2008. Comme cela a été le cas pour d’autres organismes, le Forum régional a dû réduire son activité en raison d’une importante diminution de son financement.

Ces derniers temps dans ses conversations avec les Églises-membres, le Secrétariat de la CEC a davantage mis l’accent sur le fondement théologique de l’œcuménisme. Il faut y voir un effort de renforcement du thème fondamental de la koinonia qui, semble-t-il, était passé d’une certaine manière au second plan au profit de la diakonia, mise en valeur de manière parfois excessive. À cet égard, une mesure a été prise non seulement pour permettre le débat sur des questions de « foi et constitution » mais aussi pour créer un espace où des représentants de traditions différentes – théologiens, membres du clergé, etc…– puissent se retrouver dans une atmosphère constructive et de compréhension mutuelle. C’est dans ces objectifs que le Centre régional caribéen pour la rencontre et le dialogue a été institué en décembre 2014. La création de ce centre est le fruit de la collaboration entre la CEC et les moines du Monastère bénédictin de Notre Dame de l’Exil – fondé il y a un siècle environ et

habituellement connu sous le nom de « Mont Saint-Benoît » à Trinidad (en raison de sa longue expérience de travail avec des personnes de convictions religieuses différentes, on a estimé que ce monastère était le choix évident pour l’implantation de ce centre).

La CEC s’est aussi impliquée dans les relations avec d’autres formes d’expression et de configuration de l’œcuménisme telles que la Communauté de Taizé et « l’antenne » caribéenne du Forum chrétien mondial (FCM). Ce dernier est particulièrement utile pour entrer en contact et dialoguer avec les chrétiens évangéliques et pentecôtistes. La CEC a entre autres convoqué et organisé le FCM aux Caraïbes.

Parallèlement à la CEC, il existe aux Caraïbes d’autres structures institutionnelles à caractère œcuménique. Citons en particulier pour son excellence le United Theological College of the West Indies (UTCWI) [Institut théologique des Antilles], en Jamaïque. L’UTCWI est un projet auquel collaborent différentes dénominations protestantes. Il est intéressant de remarquer qu’il est situé juste à côté du Roman Catholic Theological College [Institut théologique catholique], l’ancien séminaire catholique. Au cours des années, des relations très amicales et une émulation stimulante se sont instaurées entre les enseignants et les étudiants de ces deux instituts.

À une plus large échelle régionale, il convient de signaler la Caribbean Association Theological Schools (CATS) [Association caribéenne des instituts de théologie]. Cette organisation rassemble dans un esprit de collaboration les quatre principaux instituts de théologie des Caraïbes anglophones : l’UTCWI ; le Codrington College (anglican), Barbados ; et les deux instituts catholiques : celui de Saint-Jean Vianney et des martyrs ougandais (Trinidad) et celui de Saint-Michel (Jamaïque).

Quant à la région hispanophone des Caraïbes, elle compte deux instituts théologiques pluriconfessionnels protestants : le Séminaire évangélique de Porto Rico et le Séminaire évangélique de Matanzas, à Cuba. Ces deux instituts sont le fruit de la collaboration entre diverses confessions protestantes. Le second est actuellement dirigé par le Révérend Dr Carlos Emilio Ham, qui a siégé à la présidence du CEC et a également travaillé au Conseil œcuménique des Églises (COE).

Toute présentation de la situation œcuménique aux Caraïbes serait incomplète si l’on oubliait de mentionner que les Caraïbes ont énormément contribué au mouvement œcuménique au niveau international à travers la personne du Révérend Dr Philip Alfort Potter, célèbre troisième Secrétaire général du COE. Le Dr Potter, de sainte mémoire, était ministre méthodiste et originaire de la Dominique. Pendant toute la période où il a occupé la fonction de Secrétaire général du COE (1972-1984), le Révérend Potter s’est battu contre le régime immoral de l’apartheid en Afrique du Sud. Ce fut aussi durant son mandat que le Pape Jean-Paul II, en réponse à une

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invitation du COE, accomplit sa visite historique au siège du COE à Genève, en Suisse. Cet événement fut une des étapes les plus importantes dans les relations œcuméniques entre le Vatican et le COE. Actuellement, treize Églises-membres du COE sont présentes aux Caraïbes et comptent 1,4 million de fidèles. D’autres œcuménistes caribéens ont suivi les pas du Révérend Potter et apportent une contribution notable à l’activité œcuménique au niveau international. Parmi eux, le Révérend Neville Callam (Jamaïque), actuel Secrétaire général de l’Alliance baptiste mondiale (ABM), qui pendant de nombreuses années a été un membre hautement apprécié de la Commission Foi et Constitution du COE.

SEMAINE DE PRIÈRE

POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS

THÈMES 1968-2018

C’est en 1968 que débuta officiellement la collaboration entre la Commission Foi et Constitution du COE

et le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens pour la préparation de ces textes.

1968 Pour la louange de sa gloire (Ep 1,14) To the praise of his glory

1969 Appelés à la liberté (Ga 5,13) Called to freedom (Réunion préparatoire à Rome, Italie)

1970 Nous sommes les coopérateurs de Dieu (1 Co 3,9)

We are fellow workers for God (Réunion préparatoire au Monastère de Niederaltaich, République Fédérale d’Allemagne)

1971 ... et la communion du Saint-Esprit (2 Co 13, 3) ... and the communion of the Holy Spirit (Réunion préparatoire à Bari, Italie)

1972 Je vous donne un commandement nouveau (Jn 13,34)

I give you a new commandment (Réunion préparatoire à Genève, Suisse)

1973 Seigneur, apprends-nous à prier (Lc 11,1) Lord, teach us to pray

(Réunion préparatoire à l’Abbaye de Montserrat, Espagne)

1974 Que tous confessent : Jésus Christ est Seigneur (Ph 2,1-13)

That every tongue confess: Jesus Christ is Lord (Réunion préparatoire à Genève, Suisse)

(En avril 1974, une lettre fut adressée aux églises-membres ainsi qu’à d’autres parties intéressées à la créa-tion de groupes locaux pouvant participer à la prépara-tion du livret de la Semaine de Prière. Un groupe austra-

lien fut le premier à s’engager concrètement en préparant en 1975 le projet initial de livret pour la Semaine de Prière.)

1975 La volonté du Père : tout réunir sous un seul Chef, le Christ (Ep 1,3-10)

God’s purpose: all things in Christ (Projet de texte élaboré par un groupe australien - Réu-nion préparatoire à Genève, Suisse)

1976 Appelés à devenir ce que nous sommes (1 Jn 3,2) We shall be like him or Called to become what we are (Projet de texte élaboré par la Conférence des églises des Caraïbes - Réunion préparatoire à Rome, Italie)

1977 L’espérance ne déçoit pas (Rm 5,1-5) Enduring together in hope

(Projet de texte élaboré au Liban, en pleine guerre civile. Réunion préparatoire à Genève, Suisse)

1978 Vous n’êtes plus des étrangers (Ep 2,13-22) No longer strangers

(Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique de Manchester, Angleterre)

1979 Soyez au service les uns des autres pour la gloire de Dieu (1 P 4,7.11)

Serve one another to the glory of God (Projet de texte élaboré en Argentine - Réunion prépara-toire à Genève, Suisse)

1980 Que ton Règne vienne (Mt 6,10) Your kingdom come

(Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique de Berlin, République Démocratique d’Allemagne - Réu-nion préparatoire à Milan, Italie)

1981 Un seul Esprit - des dons divers - Un seul corps (1 Co 12, 3b-13)

One Spirit - many gifts - one body (Projet de texte élaboré par les Pères de Graymoor, États-Unis - Réunion préparatoire à Genève, Suisse)

1982 Que tous trouvent leur demeure en toi, Seigneur (Ps 84)

May all find their home in you, O Lord (Projet de texte élaboré au Kenya - Réunion préparatoire à Milan, Italie.)

1983 Jésus Christ - Vie du monde (1 Jn 1,1-4) Jesus Christ - the Life of the World

(Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique d’Irlande - Réunion préparatoire à Céligny [Bossey], Suisse)

1984 Appelés à l’unité par la Croix de notre Seigneur (1 Co 2,2 et Col 1,20)

Called to be one through the cross of our Lord (Réunion préparatoire à Venise, Italie)

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1985 De la mort à la Vie avec le Christ (Ep 2,4.7) From death to life with Christ

(Projet de texte élaboré en Jamaïque - Réunion prépara-toire à Grandchamp, Suisse)

1986 Vous serez mes témoins (Ac 1,6.8) You shall be my witnesses

(Textes proposés en Yougoslavie [Slovénie] - Réunion préparatoire en Yougoslavie)

1987 Unis dans le Christ, une nouvelle création (2 Co 5,17-6,4a)

United in Christ - a New Creation (Projet de texte élaboré en Angleterre - Réunion prépara-toire à Taizé, France)

1988 L’Amour de Dieu bannit la crainte (1 Jn 4,18) The love of God casts out fear

(Projet de texte élaboré en Italie - Réunion préparatoire à Pinerolo, Italie)

1989 Bâtir la communauté : un seul corps en Christ (Rm 12,5-6a)

Building community: one body in Christ (Projet de texte élaboré au Canada - Réunion prépara-

toire à Whaley Bridge, Angleterre)

1990 Que tous soient un... afin que le monde croie (Jn 17) That they all may be one... That the world may believe (Projet de texte élaboré en Espagne - Réunion prépara-toire à Madrid, Espagne)

1991 Nations, louez toutes le Seigneur (Ps 117 et Rm 15,5-13) Praise the Lord, all you nations

(Projet de texte élaboré en Allemagne - Réunion prépa-ratoire à Rotenburg an der Fulda, République Fédérale d’Allemagne)

1992 Je suis avec vous... allez donc (Mt 28,16-20) I am with you always ... Go, therefore

(Projet de texte élaboré en Belgique - Réunion prépara-toire à Bruges, Belgique)

1993 Porter le fruit de l’Esprit pour l’unité des chrétiens (Ga 5,22-23)

Bearing the fruit of the Spirit for Christian unity (Projet de texte élaboré au Zaïre - Réunion préparatoire près de Zurich, Suisse)

1994 La maison de Dieu : appelés à n’avoir « qu’un cœur et qu’une âme » (Ac 4,32) The household of God: called to be one in heart and mind (Projet de texte élaboré en Irlande - Réunion préparatoire à Dublin, Irlande)

1995 Koinônia : communion en Dieu et entre nous (Jn 15,1-7) Koinonia: communion in God and with one another (Projet de texte élaboré par Foi et constitution - Réunion préparatoire à Bristol, Angleterre)

1996 Voici, je me tiens à la porte et je frappe

(Ap 3,14-22) Behold, I stand at the door and knock

(Projet de texte élaboré au Portugal - Réunion prépara-toire à Lisbonne, Portugal)

1997 Au nom du Christ... laissez-vous réconcilier avec Dieu (2 Co 5,20) We entreat you on behalf of Christ, be reconciled to God (Projet de texte élaboré en Scandinavie - Réunion prépa-ratoire à Stockholm, Suède)

1998 L’Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse (Rm 8,14-27)

The Spirit helps us in our weakness (Projet de texte élaboré en France - Réunion préparatoire à Paris, France)

1999 Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux (Ap 21,3) He will dwell with them as their God, they will be his peoples (Projet de texte élaboré en Malaisie - Réunion prépara-toire au Monastère de Bose, Italie)

2000 Béni soit Dieu... qui nous a bénis en Christ (Ep 1,3-14)

Blessed be God who has blessed us in Christ (Projet de texte élaboré par le Conseil des Églises du Moyen-Orient - Réunion préparatoire au Sanctuaire de La Verna, Italie)

2001 Je suis le chemin et la vérité et la vie (Jn 14,1-6) I am the Way, and the Truth, and the Life

(Projet de texte élaboré en Roumanie - Réunion prépa-ratoire à la Casa de Odihna, Roumanie)

2002 Car chez toi est la fontaine de la vie (Ps 36 [35],10)

For with you is the fountain of life (Ps 36 : 5-9) (Projet de texte élaboré par le Conseil des Conférences Épiscopales Européennes (CCEE) et la Conférence des Églises Européennes (CEC) - Réunion préparatoire au Centre œcuménique d’Ottmaring, Augsbourg, Répu-blique Fédérale d’Allemagne)

2003 Ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile (2 Co 4,7)

We have this treasure in clay jars (Projet de texte élaboré en Argentine - Réunion prépara-toire au Centre œcuménique ‘Los Rubios’ à Málaga, Espagne)

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env.

2004 Je vous donne ma paix (Jn 14,27) My peace I give to you

(Projet de texte élaboré à Alep, Syrie - Réunion prépara-toire à Palerme, Sicile, Italie)

2005 Le Christ, unique fondement de l’Église (1 Co 3,1-23)

Christ, the one foundation of the church (Projet de texte élaboré en Slovaquie - Réunion prépara-toire à Piestaňy, Slovaquie)

2006 Là où deux ou trois se trouvent réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux (Mt 18,20) Where two or three are gathered in my name, there I am among them (Projet de texte élaboré en Irlande - Réunion préparatoire à Prosperous, County Kildare, Irlande)

2007 Il fait entendre les sourds et parler les muets (Mc 7,37) He even makes the deaf to hear and the mute to speak (Projet de texte élaboré en Afrique du Sud - Réunion préparatoire au Château de Faverges, Haute-Savoie, France)

2008 Priez sans cesse (1 Th 5,17) Pray without ceasing

(Projet de texte élaboré aux États-Unis - Réunion préparatoire à Graymoor, Garrison, États-Unis)

2009 Ils seront unis dans ta main (Ez 37,17) That they may become one in your hand

(Projet de texte élaboré en Corée - Réunion préparatoire à Marseille, France)

2010 De tout cela, c’est vous qui êtes les témoins (Lc 24,48)

You are witnesses of these things (Projet de texte élaboré en Écosse - Réunion préparatoire à Glasgow, Écosse)

2011 Unis dans l’enseignement des Apôtres, la communion fraternelle, la fraction du pain et la prière (cf. Ac 2,42) One in the apostles’ teaching, fellowship, breaking of bread and prayer (Projet de texte élaboré à Jérusalem - Réunion prépara-toire à Saydnaya, Syrie)

2012 Tous, nous serons transformés par la Victoire de notre Seigneur Jésus Christ (cf. 1 Co 15,51-58) We will all be changed by the Victory of our Lord Jesus Christ (Projet de texte élaboré en Pologne - Réunion préparatoire à Varsovie, Pologne)

2013 Que nous demande le Seigneur ? (cf. Mi 6,6-8) What does God require of us ?

(Projet de texte élaboré en Inde - Réunion préparatoire à Bangalore, Inde)

2014 Le Christ est-il divisé ? (cf. 1 Co 1,1-17) Has Christ been divided ? (Projet de texte élaboré au Canada - Réunion prépara-toire à Montréal, Canada)

2015 Jésus leur dit : « Donne-moi à boire » (Jn 4,7) Jesus said to her : « Give me to drink »

(Projet de texte élaboré au Brésil -Réunion préparatoire à São Paulo, Brésil)

2016 Appelés à proclamer les hauts faits du Seigneur (cf. 1 P 2,9) (Projet de texte élaboré en Lettonie - Réunion préparatoire à Riga, en Lettonie)

2017 Nous réconcilier L’amour du Christ nous y presse (cf. 2 Co 5,14-20) (Projet de texte élaboré en Allemagne - Réunion préparatoire à Wittember, en Allemagne)

2018 Ta main droite, Seigneur, éclatante de puissance (Ex 15,6) (Projet de texte élaboré aux Caraïbes – Réunion préparatoire à Nassau, aux Bahamas)

QUELQUES DATES IMPORTANTES DANS L’HISTOIRE DE LA SEMAINE

DE PRIÈRE POUR L’UNITÉ DES CHRÉTIENS

1740 En Écosse, naissance d’un Mouvement pen-tecôtiste avec des liens en Amérique du Nord, dont le message pour le renouveau de la foi appelle à prier pour toutes les Églises et avec elles.

1820 Le Révérend James Haldane Stewart publie : Conseils pour l’union générale des chrétiens, en vue d’une effusion de l’Esprit (Hints for the outpouring of the Spirit).

1840 Le Révérend Ignatius Spencer, un converti au catholicisme romain, suggère une « Union de prière pour l’unité ».

1867 La première assemblée des évêques anglicans à Lambeth insiste sur la prière pour l’unité, dans l’introduction à ses résolutions.

1894 Le Pape Léon XIII encourage la pratique de l’Octave de la Prière pour l’unité dans le con-texte de la Pentecôte.

1908 Célébration de « l’Octave pour l’unité de l’Église » à l’initiative du Révérend Père Paul Wattson.

1926 Le Mouvement Foi et constitution commence la publication de « Suggestions pour une Octave de prière pour l’unité des chrétiens ».

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1935 En France, l’abbé Paul Couturier se fait l’avocat de la « Semaine universelle de prière pour l’unité des chrétiens sur la base d’une prière conçue pour l’unité que veut le Christ, par les moyens qu’Il veut ».

1958 Le Centre « Unité chrétienne » de Lyon (France) commence à préparer le thème pour la Semaine de prière en collaboration avec la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises.

1964 À Jérusalem, le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras Ier récitent ensemble la prière du Christ « que tous soient un » (Jn 17).

1964 Le Décret sur l’œcuménisme du Concile Vatican II souligne que la prière est l’âme du Mouvement œcuménique, et encourage la pratique de la Semaine de Prière.

1966 La Commission Foi et Constitution et le Se-crétariat pour l’unité des chrétiens (aujourd’hui Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens) de l’Église catholique décident de préparer ensemble le texte pour la Semaine de Prière de chaque année.

1968 Pour la première fois, la Semaine de prière est célébrée sur la base des textes élaborés en col-laboration par Foi et constitution et le Se-crétariat pour l’unité des chrétiens (aujourd’hui Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens).

1975 Première célébration de la Semaine de prière à partir de textes préparés sur la base d’un projet proposé par un groupe œcuménique local. Ce nouveau mode d’élaboration des textes est inauguré par un groupe œcuménique d’Australie.

1988 Les textes de la Semaine de prière sont utilisés pour la célébration inaugurale de la Fédération chrétienne de Malaisie rassemblant les princi-paux groupes chrétiens de ce pays.

1994 Le groupe international ayant préparé les textes pour 1996 compte, entre autres, des représen-tants de la YMCA et de la YWCA.

2004 Accord entre Foi et constitution (Conseil œcu-ménique des Églises) et le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (Église catholique) pour que le livret de la Se-maine de prière pour l’unité des chrétiens soit officiellement conjointement publié et présenté sous un même format.

2008 Célébration du centenaire de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens (l’Octave pour l’unité de l’Église, son prédécesseur, fut célé-brée pour la première fois en 1908).