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CONSEILS PRATIQUES POUR LA RÉDACTION D’UNE DISSERTATION CRITIQUE Pour une préparation efficace à l’Épreuve uniforme de français au collégial L’Accord – Centre d’aide en français Collège de Maisonneuve Avril 2009

conseils pratiques pour la rédaction

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Page 1: conseils pratiques pour la rédaction

CONSEILS PRATIQUES POUR LA RÉDACTION

D’UNE DISSERTATION CRITIQUE

Pour une préparation efficace à

l’Épreuve uniforme de français au collégial

L’Accord – Centre d’aide en français

Collège de Maisonneuve Avril 2009

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TABLE DES MATIÈRES 1. Qu’est-ce qu’une dissertation critique ? 3 2. Conseils de préparation 3

2.1 Les outils indispensables 4 2.2 Les ouvrages indispensables 4

3. Stratégie de rédaction et gestion du temps 4 3.1 Le processus de rédaction 4 3.2 Le compte des mots 5 3.3 La question du brouillon 5 3.4 La gestion du temps 6 3.5 Le repérage des idées dans le texte 7 4. Conseils de rédaction 9

4.1 Critère I – Compréhension des textes et qualité de l’argumentation 9 4.1.1 Sous-critère 1 – Le respect du sujet de rédaction 9 4.1.2 Sous-critère 2 – La qualité de l’argumentation 13 4.1.3 Sous-critère 3 – La compréhension de textes et l’intégration des

connaissances littéraires 15 4.2 Critère II – La structure du texte 17

4.2.1 Sous-critère 4 – La structure de l’introduction et de la conclusion 17 4.2.2 Sous-critère 5 – La structure du développement, l’organisation et la

construction des paragraphes 19 4.3 Critère III – La maîtrise de la langue 21

4.3.1 Sous-critère 6 – La précision et la variété du vocabulaire 21 4.3.2 Sous-critère 7 – La syntaxe et la ponctuation 22 4.3.3 Sous-critère 8 – L’orthographe d’usage et l’orthographe grammaticale 23

5. Conseils généraux 23 6. Exemples de sujets 24 7. Exemples de dissertations réussies 25

7.1 Sujet et textes 25 7.1.1 Premier texte à l’étude 25 7.1.2 Second texte à l’étude 27

7.2 Analyse de la question 28 7.2.1 Repérage des idées 28

7.3 Exemples de plans 31 7.3.1 Plan de la dissertation 1 31 7.3.2 Plan de la dissertation 2 33 7.4 Dissertations 34 7.4.1 Dissertation 1 34 7.4.2 Dissertation 2 37

8. Bibliographie et ouvrages recommandés 39 ANNEXE 43

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1. QU’EST-CE QU’UNE DISSERTATION CRITIQUE ? « La dissertation critique est un exposé écrit et raisonné sur un sujet qui porte à discussion. Dans cet exposé, l’élève doit prendre position sur le sujet proposé, soutenir son point de vue à l’aide d’arguments cohérents et convaincants et à l’aide de preuves tirées des textes proposés et de ses connaissances littéraires. La dissertation critique intègre les habiletés des trois cours de la formation générale : analyser, disserter, critiquer. La capacité d’analyse se vérifie à travers les preuves que l’élève tire des textes à l’étude pour appuyer sa démonstration, l’habileté à disserter passe par la discussion logique de l’affirmation proposée et l’habileté à critiquer transparaît dans la prise de position défendue tout au long du texte. »

(Extrait du document du ministère de l’Éducation : Épreuve uniforme de français, langue d’enseignement et littérature, toute l’information de A à Z)

2. CONSEILS DE PRÉPARATION Une préparation adéquate à l’Épreuve uniforme de français repose sur une information complète. Pour savoir à quoi s’attendre, il importe donc de lire tous les documents reçus afin de connaître la nature de l’épreuve, son déroulement et ses critères d’évaluation. Vous pouvez aussi avoir à faire une révision grammaticale. Vous avez sans doute une petite idée de vos faiblesses en langue, vous savez si elles se situent davantage sur le plan de la conjugaison, de l’accord du groupe du verbe, du groupe du nom ou des participes passés, sur le plan des homophones, de la ponctuation, etc. Sinon, examinez d’anciens travaux corrigés et identifiez vos faiblesses. Au besoin, faites des exercices selon les catégories. Vous trouverez une banque d’exercices très complète et très détaillée sur le site du CCDMD — http://www.ccdmd.qc.ca/fr Dans un autre ordre d’idées, il est important de prendre les moyens nécessaires afin de réduire le stress avant et pendant l’épreuve. Pour favoriser la concentration, il faut arriver à l’épreuve bien reposé et bien alimenté. Pendant l’épreuve, il est utile de s’arrêter pour une mini-détente : fermer les yeux quelques secondes et respirer profondément. Une bonne gestion du temps peut faire la différence entre l’échec et la réussite. C’est pourquoi il faut décider à l’avance de l’utilisation du temps disponible. La question centrale est la suivante : « Ferai-je un brouillon ou non ? » De toute façon, l’objectif ultime reste évidemment de se ménager une période suffisante afin de relire et de corriger la copie finale. Le sujet doit être choisi avec soin (un sur trois), car il s’agit de se mettre en situation de rédiger efficacement. Il est préférable d’opter pour le sujet qui présente le moins de difficultés pour soi en tenant compte des critères d’évaluation, en fonction de sa compréhension de la question et des textes, et non en fonction de la longueur de ceux-ci.

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On ne doit pas oublier qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais point de vue en soi (on peut toujours être d’accord avec l’énoncé, le contredire ou le nuancer), qu’outre la qualité de la langue, c’est la structure et le contenu de l’argumentation (argument + preuves directes ou indirectes + commentaires) qui importent, et qu’il n’y a pas de modèle de plan prédéterminé non plus (tels le plan dialectique ou analogique, par exemple.) 2.1 LES OUTILS INDISPENSABLES

un bon stylo (noir ou bleu); un crayon plomb (pour souligner les mots à vérifier dans le dictionnaire lorsque vous rédigerez); deux marqueurs de couleurs différentes; une gomme à effacer pour l’encre (cette gomme a l’apparence d’une gomme au plomb, mais elle

est conçue pour l’encre) ou du liquide correcteur. 2.2 LES OUVRAGES INDISPENSABLES

Trois ouvrages de référence (voir la section 8 dans ce document) 3. STRATÉGIE DE RÉDACTION ET GESTION DU TEMPS Une stratégie de rédaction efficace consiste d’abord à bien identifier les étapes du processus de rédaction ainsi que les tâches incluses dans chacune d’elles. L’Épreuve uniforme de français dure quatre heures trente. Il est important de bien utiliser le temps disponible et de répartir judicieusement les diverses tâches. 3.1 LE PROCESSUS DE RÉDACTION Vous devez accorder une place suffisante à chacune des trois étapes du processus de rédaction : préparation, rédaction et révision. Une préparation incomplète peut entraîner l’échec, par exemple, à cause d’une mauvaise analyse du sujet de rédaction. Cependant, nous savons que plusieurs élèves ont échoué à l’Épreuve uniforme de français parce qu’ils ou elles n’ont pas eu le temps d’effectuer une révision complète de leur texte. C’est pourquoi il est essentiel de planifier le processus de rédaction en fonction de cette étape ultime. Souvent, les lacunes de l’étape de révision ont entraîné des échecs aux sous-critères 7 et 8 (maîtrise de la langue).

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3.2 LE COMPTE DES MOTS L’objectif est de rédiger une dissertation de 900 mots. Aucune pénalité n’est imposée si votre texte compte au moins 800 mots. N’oubliez pas que les citations comptent dans le nombre total de mots (si vos citations sont trop longues, vous serez cependant pénalisé dans un des critères de correction). Utilisez une technique rapide pour compter les mots : établissez le nombre moyen de mots par ligne à partir d’un échantillon d’une dizaine de lignes et multipliez par le nombre de lignes. Vous pouvez prévoir la répartition suivante : Introduction : entre 10 % et 15 % de la longueur de la dissertation, soit environ 150 mots; Développement : entre 70 % et 80 % de la longueur de la dissertation, soit 3 paragraphes de 200 à 225 mots ou 2 paragraphes de 300 à 325 mots; Conclusion : autour de 10% de la longueur de la dissertation, soit environ 100 mots. Attention! Si votre texte est trop court, vous pouvez être pénalisés aux différents critères et cela peut même causer un échec. 3.3 LA QUESTION DU BROUILLON La question centrale de la stratégie de rédaction est la suivante : « Vais-je faire un brouillon ou non ? » En effet, selon le choix qui sera fait, l’utilisation du temps alloué différera considérablement. Nous recommandons aux personnes qui le peuvent de ne pas faire de brouillon. Cependant, cette approche demande qu’un plan détaillé soit élaboré avant la rédaction, incluant les parties et les sous-parties de la dissertation, précisant les idées principales et les idées secondaires, les exemples et les citations à inclure. Évidemment, faire l’économie du brouillon a pour conséquence d’augmenter le temps disponible pour la révision. Cette stratégie de rédaction implique par contre que vous êtes capable de rédiger des phrases correctes à partir d’un plan détaillé bien structuré. Par contre, si vous choisissez de faire un brouillon, vous devez prévoir le temps nécessaire à sa transcription tout en ménageant une période suffisante pour réviser la copie finale, c’est-à-dire que cette approche oblige peut-être à réduire le temps alloué au plan et à la rédaction comme telle.

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3.4 LA GESTION DU TEMPS Voici des propositions de répartition du temps alloué, selon l’approche choisie :

SANS BROUILLON AVEC BROUILLON PRÉPARATION À LA RÉDACTION PRÉPARATION À LA RÉDACTION

1. Choix et analyse du sujet – Lecture des questions et lecture

rapide des textes – Choix du sujet

30 m 1. Choix et analyse du sujet – Lecture des questions et lecture

rapide des textes – Choix du sujet

30 m

2. Élaboration des idées et rédaction du plan détaillé – Clarification du sens des mots de

l’énoncé du sujet (mots incompris et notions-clés) : recherche dans le dictionnaire

– Identification de la problématique (éléments essentiels + consigne critique)

– Lecture approfondie et annotation du ou des textes : repérage des éléments de contenu et de forme pour répondre à la question

– Choix du point de vue critique∗ – Sélection des passages à

commenter et des citations – Rédaction du plan détaillé

1 h 2. Élaboration des idées et rédaction du plan détaillé – Clarification du sens des mots de

l’énoncé du sujet (mots incompris et notions-clés) : recherche dans le dictionnaire

– Identification de la problématique (éléments essentiels + consigne critique)

– Lecture approfondie et annotation du ou des textes : repérage des éléments de contenu et de forme pour répondre à la question

– Choix du point de vue critique∗ – Sélection des passages à

commenter et des citations – Rédaction du plan détaillé

30 m

RÉDACTION RÉDACTION DU BROUILLON 3. Rédaction

– Introduction – Développement – Conclusion

2 h 3. Rédaction du brouillon – Introduction – Développement – Conclusion

1 h 30

RÉVISION RÉVISION 4. Première révision

– Vérification de l’organisation du texte telle que précisée dans l’introduction

– Ajout d’éléments manquants (si nécessaire avec un astérisque)

– Correction de la langue

30 m 4. Révision du brouillon – Vérification de l’organisation du

texte telle que précisée dans l’introduction

– Ajout d’éléments manquants – Correction de la langue

30 m

5. Révision finale 30 m 5. Transcription du brouillon 1 h 6. Révision de la copie finale 30 m

∗ Comme vous le constaterez dans le tableau suivant, intitulé Conseils pour le repérage des idées dans le texte, vous pouvez aussi avoir choisi votre point de vue avant la lecture approfondie du texte, le tout dépendant de votre facilité à choisir une position critique.

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Comme vous le remarquez sans doute, il est évidemment plus rentable de ne pas rédiger de brouillon si vous pouvez vous le permettre, car, lorsque vous rédigez un brouillon, vous devez réserver une heure à la transcription, ce qui réduit le temps que vous pourrez consacrer à la révision de la dissertation comme telle. 3.5 LE REPÉRAGE DES IDÉES DANS LE TEXTE Votre plan détaillé dépend du repérage des idées dans le texte. Il vous faut donc procéder systématiquement afin d’être efficace et de gagner du temps.

Lors de votre première lecture, soulignez les mots que vous ne comprenez pas dans le texte.

Vous devrez consulter le dictionnaire pour éclaircir leur sens, si vous n’arrivez pas à le faire à partir du contexte.

Lors de la lecture approfondie du texte, vous devrez structurer votre argumentation, donc

repérer les passages qui vous permettent de défendre votre point de vue, et bâtir votre argumentation en conséquence. Vous devez annoter votre texte et le surligner.

Deux façons de procéder : soit vous avez choisi votre point de vue critique dès la première

lecture du texte, et vous faites ensuite votre repérage en fonction de ce point de vue, soit votre repérage dans le texte vous permettra de choisir votre point de vue.

POINT DE VUE CHOISI DÈS LA PREMIÈRE LECTURE

Surlignement. Il peut être fort utile d’utiliser un marqueur de couleur pour surligner votre texte, de façon à mettre en évidence tous les passages qui servent votre argumentation. Si jamais vous optez pour un point de vue nuancé1, vous pouvez utiliser deux marqueurs de couleur différente pour identifier ce qui vous servira à bâtir vos arguments reliés au pour et au contre.

Annotation en marge. Vous mettrez en marge des mots-clés reliés aux aspects à développer et

qui vous permettent de bâtir votre argumentation. (Voir l’exemple cité dans la section Repérage des idées de la section 7, aux pages 29 et 30.) Ce repérage préalable vous permettra de bâtir facilement un plan détaillé, car vous n’aurez alors qu’à regrouper et à ordonner les éléments de contenu identifiés en marge qui constitueront vos arguments principaux et secondaires.

Numérotation des citations. Vous pouvez numéroter en marge les citations que vous utiliserez.

Vous n’inscrirez que leur numéro dans votre plan (ou consécutivement dans votre brouillon) et ne les retranscrirez qu’au propre pour ne pas perdre de temps.

Encadrement. Il peut être judicieux d’encadrer certains éléments relatifs à la forme (donc à la

manière dont l’auteur procède) pour vous en servir dans votre argumentation, car vous devez toujours faire référence à des connaissances littéraires.

1 Dans un plan dit par accumulation (pour-contre-contre, par exemple).

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POINT DE VUE À DÉTERMINER À LA SECONDE LECTURE

Surlignement. Vous utilisez ici deux marqueurs de couleurs différentes : l’un vous servira à surligner les preuves liées à la défense d’un point de vue qui répond par l’affirmative à la question, alors que l’autre vous sert à surligner les preuves liées à la défense du point de vue adverse.

Annotation en marge. Vous faites exactement le même type de repérage des idées-clés dans le

texte en écrivant des mots synthèse en marge, mais vous repérez tous les éléments reliés à la question sans choisir le point de vue à adopter.

Choix du point de vue. Après avoir fait ce travail préliminaire, vous n’aurez qu’à choisir votre

point de vue (et vos preuves) en fonction de ce qui ressort avec évidence de votre repérage, ce que vous indiquera la couleur dominante dans votre texte surligné. Ce mode de fonctionnement peut évidemment servir aussi à soutenir un point de vue nuancé, puisque les arguments du pour et du contre vous apparaîtront visuellement du premier coup d’œil.

Numérotation des citations, puis encadrement des éléments relatifs à la forme devront suivre.

Évitez les deux excès. Ne pas repérer suffisamment d’éléments liés à la question rend difficile la constitution d’un plan solide, mais repérer trop d’éléments pèche par l’excès inverse : votre débroussaillage sera trop dense et vous aurez à faire un tri parmi le tri, auquel cas, tout votre texte risque d’être surligné !

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4. CONSEILS DE RÉDACTION Les phrases en italiques reproduisent chacun des critères d’évaluation de la dissertation critique (que vous trouverez reproduits à la fin de ce document), suivis de commentaires et de remarques. 4.1 CRITÈRE I – COMPRÉHENSION DES TEXTES ET QUALITÉ DE

L’ARGUMENTATION 4.1.1 Sous-critère 1 – Le respect du sujet de rédaction L’élève traite de façon explicite tous les éléments de l’énoncé du sujet de rédaction. La compréhension du sujet

Analysez la question ou l’énoncé du sujet : découpez ses parties à l’aide de traits de crayon. Vous devez toujours repérer les éléments essentiels de la question. (Voir les exemples de sujets aux pages suivantes.)

Recherchez dans le dictionnaire les principaux mots et vérifiez-en le sens. À partir de la définition

retenue, trouvez des formulations équivalentes pour les mots-clés que vous utiliserez au cours de votre texte. Recherchez les synonymes (attention, il faut que les synonymes soient utilisables dans le même contexte) et les antonymes ainsi que les mots de même famille.

C’est particulièrement dans l’introduction et dans la conclusion que sera apparent le respect du sujet de

rédaction. Tous les éléments du sujet doivent donc figurer dans l’une et l’autre de façon explicite. Le développement approprié de chaque élément du sujet

Lors de la relecture, vérifiez que, d’une part, votre dissertation se maintient constamment à l’intérieur des limites fixées par le sujet et que, d’autre part, elle traite de tous ses éléments sans en abandonner aucun en cours de route.

Assurez-vous de traiter des deux textes si le sujet l’exige, et ce, de manière équilibrée.

Le point de vue Il est possible d'adopter une position affirmative, négative ou nuancée, peu importe le sujet. Selon la question posée, vous devez adopter un point de vue et le défendre par des arguments. C’est en ce sens que cette dissertation est dite critique. (Voir les différents points de vue possibles liés à chacun des sujets aux pages suivantes.)

Votre point de vue doit être formulé clairement. Ne laissez pas le lecteur ou la lectrice tenter de le déceler à travers les arguments de votre texte.

Les arguments doivent converger vers votre point de vue et ne pas se contredire. (Attention! Un

point de vue ne constitue pas un argument.)

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Vous pouvez rédiger votre dissertation en utilisant le pronom je lorsque vous annoncez votre prise de position. Ainsi, votre texte sera simple, direct et efficace. L’utilisation traditionnelle du nous n’est pas interdite, mais elle n’est pas nécessaire et, en outre, l’accord du participe passé se révélera plus problématique. Vous pouvez aussi utiliser une tournure impersonnelle, mais il vaut mieux ne pas passer inopinément du nous au on. A) EXEMPLES D’ANALYSE DE LA QUESTION a) Sujet 3 du 13 mai 1998 [Peut-on affirmer] que, dans ces extraits de Maria Chapdelaine et du Survenant, les auteurs [valorisent] [l’attachement à la terre] ? Textes : Un extrait de Maria Chapdelaine de Louis Hémon et un extrait du Survenant de Germaine Guèvremont. • Éléments essentiels de la question :

- l’attachement à la terre; - la valorisation de celui-ci; - les deux extraits proposés.

• Points de vue critiques possibles :

- Oui, les deux auteurs valorisent l’attachement à la terre. - Non, les auteurs ne valorisent pas l’attachement à la terre, ils le critiquent OU non, les

auteurs ne valorisent pas l’attachement à la terre, ils valorisent plutôt autre chose (à spécifier2).

- L’un des auteurs valorise l’attachement à la terre, l’autre pas OU ils le valorisent en partie.

Recherchez dans le dictionnaire la définition des mots « valoriser » et « attachement » dans la question. S’il y a lieu, cherchez aussi le sens des mots dans la définition du dictionnaire et retenez les formulations parentes.

– Valoriser : « donner de la valeur à quelque chose »; valeur : « ce qui est vrai, beau, bien, selon un jugement personnel plus ou moins en accord avec celui de la société de l’époque; accorder, conférer une grande valeur à quelque chose »;

– Attachement : « sentiment qui unit une personne aux choses qu’elle affectionne »; affectionner : « chérir »;

– Terre : « étendue limitée, bornée, des surfaces cultivables, considérée comme objet de possession. Défricher les terres, labourer la terre ».

Cherchez aussi les synonymes en contexte :

2 Il faut faire attention à ce point de vue critique. Si vous décidez de contester le thème proposé dans la question, il vous faut lui substituer un nouveau thème que vous aurez à développer. Cela est peut-être plus risqué! Si vous faites un tel choix, assurez-vous cependant, dans votre introduction et dans votre conclusion, de reprendre l’énoncé de la question afin de relier le nouveau thème développé au thème proposé (ici, l’attachement à la terre).

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– Valoriser : pas de synonyme comme tel; – Attachement : lien, fidélité, constance, affection; – Terre : héritage, propriété, labour.

Cherchez aussi les antonymes :

– Valoriser : dévaloriser; – Attachement : détachement, indifférence; – Terre : pas d’antonyme en contexte.

Cherchez aussi les mots de même famille :

– Valoriser : valorisation, valeur, valoir; – Attachement : attacher, attache; – Terre : terroir, territoire.

Si vous avez une certaine facilité littéraire, vous pouvez faire un exercice de remue-méninges à partir des termes de la question : Qu’est-ce que valoriser quelque chose, quel est le contraire de valoriser ? Quelles sont les valeurs, attitudes comportements associés à la terre, au terroir ? Qu’est-ce qui s’oppose, comme valeurs, attitudes, comportements à l’attachement à la terre ?, etc. Cela vous permettra d’aller plus loin que la recherche dans le dictionnaire et d’utiliser certaines connaissances préalables. b) Sujet 2 du 20 décembre 2000 [Est-il vrai de dire] que, dans le texte de Nancy Huston, [les personnages] [sont victimes des événements] ? Texte : Un extrait de L’Empreinte de l’ange de Nancy Huston. • Éléments essentiels :

- les personnages; - le fait d’être victime ou non; - les événements.

• Points de vue critique possibles :

- Oui, les personnages sont victimes des événements. - Non, les personnages ne sont pas victimes des événements; ils en sont

responsables. - L’un est victime des événements, l’autre ne l’est pas OU ils sont en partie

victimes des événements. Définition des mots :

– Victime : « personne qui souffre, pâtit (des agissements d’autrui ou de choses, d’événements néfastes) »;

– Événement : « fait auquel vient aboutir une situation, ce qui arrive et a quelque importance pour l’homme ».

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Synonymes :

– Victime : proie; – Événement : dénouement, fin, fait, drame, malheur, situation, conjoncture, circonstance.

Antonymes :

– Victime : bourreau, rescapé; – Événement : pas d’antonyme comme tel.

Mots de la même famille :

– Victime : pas de mots de la même famille – Événement : événementiel

Remue-méninges : Qu’est-ce qu’être victime des événements ? Être fataliste, s’incliner devant la fatalité, subir son sort, avoir de la malchance. Qu’est-ce que le contraire d’être victime ? Provoquer les événements, être maître de son destin, imposer sa volonté, etc. c) Sujet 2 du 15 décembre 1999 Dans le conte « La Dernière Classe », [a-t-on raison d’affirmer] que [le maître] [nourrit davantage] [le sentiment de culpabilité] que [le patriotisme]. Texte : Le conte « La Dernière Classe » d’Alphonse Daudet. • Éléments essentiels :

- le sentiment de culpabilité du maître; - son patriotisme; - le degré de chacun de ces sentiments.

Comme vous pouvez le constater, ce sujet est plus complexe, en raison du fait que le thème se présente sous deux aspects. Il faut que vous en soyez conscient dès l’étape d’analyse du sujet. • Points de vue critiques possibles :

- Oui, le maître nourrit davantage le sentiment de culpabilité que le patriotisme. - Non, le maître nourrit davantage le patriotisme que le sentiment de

culpabilité. - Le maître nourrit le patriotisme et le sentiment de culpabilité de manière

égale. Définition des mots :

– Conte (cela peut vous être utile sur le plan des connaissances littéraires) : « court récit de faits, d’aventures imaginaires, destiné à distraire »;

– Nourrir un sentiment : « entretenir en soi un sentiment »; – Sentiment de culpabilité : « sentiment par lequel on se sent coupable, qu’on le soit ou non »; – Patriotisme : « amour de la patrie; désir, volonté de se dévouer, de se sacrifier pour la défendre,

en particulier contre les attaques armées ».

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Synonymes :

– Nourrir un sentiment : porter en soi une pensée; – Sentiment de culpabilité : mauvaise conscience; – Patriotisme : aucun synonyme.

Antonymes :

– Nourrir un sentiment : aucun antonyme; – Sentiment de culpabilité : innocence; – Patriotisme : aucun antonyme.

Mots de la même famille :

– Culpabilité : coupable, culpabiliser, culpabilisation; – Patriotisme : patriote, patriotique.

Remue-méninges : Qu’est-ce qu’éprouver un sentiment de culpabilité ? Se sentir inhibé, avoir mauvaise conscience, éprouver des remords, se sentir paralysé. Qu’est-ce que le contraire de cela ? Écraser les autres, étouffer ses remords, ne pas avoir accès à sa conscience. Qu’est-ce que nourrir du patriotisme ? Servir sa patrie, vanter les gloires de son peuple, défendre la culture et les traditions, etc. 4.1.2 Sous-critère 2 – La qualité de l’argumentation L’élève développe un point de vue critique à l’aide d’arguments cohérents et convaincants et à l’aide de preuves pertinentes puisées dans les textes proposés. Argumentation L’argumentation repose sur trois éléments qui constituent la base de la dissertation critique : les arguments, les preuves et les explications. a) Arguments Un argument est une affirmation, une proposition ou un énoncé. C’est une généralisation de plusieurs observations effectuées sur les textes à l’étude. L’argument cherche à démontrer le point de vue défendu, à le justifier. Attention! Un point de vue ne constitue pas un argument. Il apparaît au début de chaque paragraphe de développement. Un argument par paragraphe suffit. Évidemment, lorsqu’on compare deux textes, comme dans l’exemple qui suit (voir page 14), ce qui peut apparaître comme deux arguments n’est en fait qu’un seul et même argument en deux parties, et il porte nécessairement sur les personnages des deux textes à l’étude. L’argument sera complété par quelques arguments secondaires (deux ou trois) dans le même paragraphe. Il faut cependant faire attention de ne pas reprendre les mêmes arguments dans des mots différents dans un autre paragraphe ou de ne pas affirmer le contraire de ce qui a déjà été dit. b) Preuves Les preuves illustrent les arguments, les soutiennent. Ce sont les passages des textes sur lesquels on se fonde pour formuler les arguments. Les preuves peuvent donc être des citations directes ou indirectes

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(allusions aux textes ou résumés de passages des textes). Précisons qu’une preuve par argument secondaire suffit. Veillez à ce que tout résumé soit court et synthétique. La dissertation est un écrit axé sur l’argumentation : il est exclu de raconter ou de décrire longuement. Toute citation doit être faite entre guillemets pour les citations courtes ou placée en retrait dans le corps du texte pour les citations de plus de trois lignes. Le texte cité doit être reproduit tel quel. Utilisez les crochets [...] pour indiquer que vous omettez ou que vous modifiez une partie de l’extrait cité. Si vous fusionnez une citation, il faut qu’elle soit intégrée syntaxiquement à la phrase qui la porte. Enfin, évitez les citations trop longues de même que l’accumulation de citations. Si vous faites une citation recopiée du dictionnaire, vous devez en indiquer l’auteur et la source. Écrivez, par exemple : Musset dit : « On ne badine pas avec l’amour. » (cité dans Le Petit Robert 1).

(Faites attention à l’identification de l’auteur. Dans cet exemple, Le Petit Robert utilise l’abréviation « Muss. » pour désigner Musset, tel qu’indiqué dans la liste des principaux auteurs cités au début du dictionnaire.) c) Explications Les explications sont des commentaires servant à établir des liens entre la preuve et l’argument ou entre deux preuves. On ne peut pas simplement énumérer des preuves; il faut les commenter, les développer, préciser en quoi elles servent l’argument. Les explications peuvent aussi créer des liens logiques entre l’argument et le point de vue défendu. B) EXEMPLE SUJET : Est-il juste d’affirmer que Madeleine et Léopold sont des personnages qui sont résignés à leur

sort ? Textes : Un extrait de Le Vrai Monde ? et un extrait de À toi, pour toujours, ta Marie-Lou de Michel

Tremblay. Point de vue critique Argument principal Argument (texte 1) Explication Preuve directe Explication Preuve directe Explication

En premier lieu, il ne fait pas de doute que les deux personnages ont dû se résigner à des conditions d’existence particulièrement pénibles. Dans la première partie de son monologue, Madeleine ne fait pas un bilan positif de son quotidien marqué par la solitude, l’angoisse et la maladie. Elle témoigne d’une solitude qui la laisse inactive : « La télévision est plate, la lecture m’a jamais beaucoup intéressée… » (l.7) De plus, elle vit avec l’inquiétude de la maladie: « […] j’me retrouve immanquablement ici, dans le salon, sur le sofa, avec les mains croisées sur les genoux pis un verre de lait […] au cas où une douleur me prendrait… » (l. 9- 11) Cette douleur, ce qu’elle appelle son « mal au côté » (l. 22), c’est surtout une souffrance reliée à la peur et à l’angoisse que provoque le vide de son existence lorsqu’elle se retrouve seule. D’ailleurs,

Page 15: conseils pratiques pour la rédaction

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Preuve directe Explication (suite) Preuve directe Argument (texte 2) Explication Preuve indirecte Explication Preuve directe Explication (suite) Phrase synthèse

l’extrait comporte une didascalie qui associe au silence l’angoisse de Madeleine : « Silence. On la sent angoisser. » (l. 20) Pour sa part, le Léopold d’À toi pour toujours ta Marie-Lou semble aussi percevoir son quotidien de manière négative puisqu’il se présente comme une victime de ce qui l’entoure. Il se sent en particulier exploité par son patron. Dès le début du texte, Léopold précise que cela fait vingt ans qu’il travaille pour un homme qu’il a toujours détesté (l.7-9), ce qui donne la mesure de son désespoir. En outre, même s’il a la chance d’avoir un emploi régulier, il souffre d’être déshumanisé, esclave de sa machine : « C’est [la machine] qui te mène ! C’est pu toé qui watches quand a va faire défaut, c’est elle qui watche quand tu vas y tourner le dos pour pouvoir te chier dans le dos, sacrement ! » (l. 16-18) La personnification de la machine accentue d’ailleurs cette idée d’asservissement; en présentant l’outil de travail de Léopold comme un être déloyal, Tremblay expose toute la vulnérabilité de son personnage. On doit donc constater que, pendant des années, Madeleine aussi bien que Léopold sont restés enfermés dans des conditions de vie auxquelles ils ont dû se résigner.

4.1.3 Sous-critère 3 – La compréhension de textes et l’intégration des connaissances

littéraires L’élève fait preuve d’une compréhension juste des textes littéraires et de leur fonctionnement, et il sait intégrer, de façon appropriée, des connaissances littéraires dans son texte. Votre dissertation devra faire la preuve d’une compréhension juste, c’est-à-dire bien dégager le sens et la progression du texte lu, si nécessaire en ayant recours au dictionnaire pour expliciter la signification de certains passages. Attention!

Il ne faut ni exagérer ni généraliser : une compréhension juste implique que vous ne faites pas dire au texte ce qu’il ne dit pas. Il vaut souvent mieux s’en tenir à une compréhension littérale que d’extrapoler…

A) CONNAISSANCES LITTÉRAIRES Outre la compréhension des textes, ce sous-critère vérifie l’intégration adéquate de connaissances littéraires qui servent la logique de votre argumentation. On distingue deux types de connaissances littéraires :

– Les connaissances littéraires formelles, renvoyant à l'analyse littéraire des textes à l'étude;

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– Les connaissances littéraires générales ou culturelles, renvoyant à tout ce qui est extérieur aux textes, mais qui demeurent pertinentes au sujet (courants littéraires, auteurs, autres œuvres, éléments sociohistoriques, etc.)

a) Pertinence des connaissances littéraires Comme les autres arguments et preuves, les connaissances littéraires doivent être nécessaires au raisonnement et insérées adéquatement dans le cours du texte, c’est-à-dire qu’elles doivent servir votre argumentation et non pas être plaquées : il faut ne recourir qu'aux seules connaissances littéraires pertinentes au sujet ou aux textes à l'étude, dans le but d'enrichir la démonstration de son point de vue. Il est inutile, voire nuisible, de faire étalage de connaissances littéraires qui ne se rapportent pas au sujet ni aux textes ou qui ne servent pas à défendre le point de vue retenu. De plus, il est nécessaire que les connaissances utilisées dans la rédaction soient bien intégrées à votre rédaction, c'est-à-dire qu'elles soient incorporées dans son texte de manière naturelle, sans heurter la lecture. ATTENTION ! Une connaissance formelle ne constitue pas un argument. EXEMPLES DE CONNAISSANCES LITTÉRAIRES FORMELLES : Procédés langagiers :

– Procédés d’énonciation (point de vue, discours direct ou indirect, tonalité : ironique, polémique, critique, intimiste, etc.);

– Procédés lexicaux (champs lexicaux, choix du vocabulaire : archaïsme, régionalisme, connotation, niveau de langue, etc.);

– Procédés grammaticaux (emploi des déterminants, des temps, des modes); – Procédés de ponctuation (emploi fréquent des points de suspension, des points d’interrogation,

des points d’exclamation, etc.) ; procédés syntaxiques (phrases interrogatives, négatives, passives, impersonnelles, non verbales, etc.);

– Procédés stylistiques (figures de style : énumération, répétition, comparaison, métaphore, antithèse, etc.).

Notions littéraires : narration, description, monologue, dialogue, didascalies, etc. EXEMPLES DE CONNAISSANCES LITTÉRAIRES GÉNÉRALES : Courants littéraires :

– En littérature française : classicisme, siècle des Lumières, romantisme, réalisme, naturalisme, surréalisme, existentialisme, littérature de l’absurde, etc.;

– En littérature québécoise : romantisme, littérature du terroir, littérature engagée, automatisme, écriture de la modernité, écriture des femmes, etc.

Genres : théâtre, poésie, essai, récit (roman, conte, nouvelle, etc.), autobiographie, comédie, drame, tragédie, fantastique, merveilleux, science-fiction, etc. Notions littéraires et esthétiques : par exemple, mythe, symbole, image, ironie, satire, parodie, représentation, vraisemblance, etc.

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Auteurs et œuvres : auteurs et œuvres reliés aux périodes, aux courants, aux genres et aux problèmes traités. L’introduction et la conclusion peuvent intégrer des connaissances littéraires : par exemple, en situant les œuvres dans des courants ou en évoquant d’autres genres littéraires en rapport avec le sujet de rédaction. EXEMPLE D’INTÉGRATIONS DE CONNAISSANCES LITTÉRAIRES DANS UN PARAGRAPHE DE DISSERTATION CRITIQUE Connaissances littéraires formelles Connaissances littéraires générales Par contre, chez l’un et l’autre cette détresse engendre aussi la révolte. Madeleine fuit la réalité dans un silence qui symbolise à ses yeux sa force et contient sa violence intérieure. Elle avoue à son fils : « […] dans le milieu du silence, la tempête arrive. » (l. 20-21) À l’intérieur d’elle-même, elle « [fait] des scènes qui durent des heures », elle précise : « des scènes tellement violentes […] J’démolis la maison ou ben j’y mets le feu, j’égorge ton père, j’fais même pire que ça… » (l. 26-28) De son côté, la révolte de Léopold s’exprime par le contraire du silence, par ce cri de désespoir que constitue le « sacre ». Chez Tremblay, le « joual » est associé à la fois à l’aliénation et à l’expression du désir de se libérer. Le monologue de Léopold est le plus parfait exemple de ce besoin d’exprimer sa détresse poussé à sa limite : « Hostie ! toute ta tabarnac de vie à faire la même tabarnac d’affaire en arrière de la même tabarnac de machine ! Toute ta vie ! » (l. 11-12) Ici le procédé de répétition contribue d’ailleurs à accentuer l’expression de la révolte. Dans son langage sans retenue, Léopold s’indigne contre son passé et contre son avenir : « Quand j’me suis attelé à c’te ciboire de machine-là, j’étais quasiment encore un enfant ! […] Mais dans vingt ans, j’s’rai même pus un homme… » (l. 20-21) Mais ce besoin de libération a-t-il d’autre issue que d’aller boire à la taverne (l. 29) ou d’espérer que « les enfants s’instruisent » et connaissent autre chose (l. 10-11) ? Bref, pour Madeleine, comme pour Léopold, l’expression de la révolte occupe une place importante.

L’EUF n’est pas un examen d’histoire littéraire. Remarquez que les connaissances littéraires ne font l’objet que d’une partie du sous-critère 3. Il ne faut pas surévaluer cette exigence de l’Épreuve. 4.2 CRITÈRE II – LA STRUCTURE DU TEXTE 4.2.1 Sous-critère 4 – La structure de l’introduction et de la conclusion L’élève rédige une introduction et une conclusion complètes et pertinentes. A ) INTRODUCTION Dans l’introduction, vous devez présenter clairement le sujet choisi et en démontrer votre compréhension. L’énoncé de l’introduction est généralement constitué du sujet amené, suivi du sujet posé, ainsi que du sujet divisé. Dans le cas d’une dissertation critique, nous recommandons fortement de formuler dans l’introduction votre prise de position sur le sujet posé. Cela facilite la lecture et la réception de votre texte. (Voir l’introduction des dissertations en 7.4.)

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a) Sujet amené Vous faites des considérations générales qui ont un lien direct avec le sujet choisi. Il s’agit de présenter une vision élargie en faisant appel à l’histoire, à l’histoire littéraire et culturelle, à l’actualité littéraire et culturelle. Ces considérations doivent mener directement à la formulation du sujet choisi. Évitez les banalités et les généralisations du genre : « Depuis que le monde est monde… », « Depuis l’origine des temps… », « Le théâtre est un art ancien… », etc. b) Sujet posé Vous pouvez reformuler le sujet choisi dans vos propres mots. Énoncez alors tous ses éléments de façon explicite. Sinon, recopiez textuellement l’énoncé du sujet en substituant s’il y a lieu, la forme déclarative à la forme interrogative : « On peut en effet affirmer que… » pour « Peut-on affirmer que… ». On recommande que vous énonciez clairement votre prise de position sur le sujet choisi. Si votre point de vue est nuancé, annoncez-le ici. c) Sujet divisé Annoncez ici les principaux arguments de votre texte en les présentant dans l’ordre dans lequel ils apparaîtront dans votre dissertation. Attention !

On recommande parfois de rédiger l’introduction en dernier. Ainsi, vous vous assurerez qu’elle est conforme à la structure de votre texte.

Évitez de commencer l’argumentation dans l’introduction. Il ne sert à rien de donner un titre à votre dissertation. Si vous le faites, ce dernier ne peut tenir lieu de

sujet posé. B) CONCLUSION La conclusion comporte généralement trois parties : une synthèse du développement, une réponse à la question posée, ainsi qu’une ouverture de la réflexion. a) Synthèse La synthèse comporte un rappel du sujet. Faites ensuite le bilan de votre dissertation, en rappelant brièvement ses étapes. Pour ce faire, vous n’avez qu’à reformuler ou à recopier vos deux ou trois arguments principaux à partir de votre introduction ou des mini-conclusions de chacun de vos paragraphes. Les arguments devraient être présentés dans le même ordre que dans votre développement. b) Réponse La fin de votre dissertation doit comporter une réponse, c’est-à-dire une formulation finale – claire et explicite – de votre prise de position, en réponse au problème posé.

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c) Ouverture Vous devez ajouter une ouverture, qui découle logiquement de la synthèse faite. L’ouverture peut prendre plusieurs formes : une réflexion générale (sur les auteurs, les œuvres, le courant, la période, le problème), la formulation d’une nouvelle question ou d’un nouveau problème, etc. Attention ! Si vous rédigez une ouverture qui pose problème (contradiction, contresens, erreur d’interprétation, etc.), il y aura une pénalité dans la correction.

Vérifiez bien que la conclusion correspond adéquatement à l’introduction.

Évitez de présenter de nouveaux arguments dans la conclusion.

N’hésitez pas à rédiger une introduction et une conclusion courtes : n’oubliez pas que 150 mots suffisent pour l’introduction et une centaine pour la conclusion. (Voir section 7.4.)

4.2.2 Sous-critère 5 – La structure du développement, l’organisation et la

construction des paragraphes L’élève construit un développement cohérent et des paragraphes organisés logiquement. A) STRUCTURE DU DÉVELOPPEMENT La structure du développement est en fait le plan de votre dissertation. Il doit découler de l’analyse que vous avez faite du sujet ou de la question. Tous les éléments identifiés doivent se retrouver quelque part dans les différentes parties de votre texte, non dans l’ordre où ces éléments apparaissent dans l’énoncé du sujet ou de la question, mais regroupés et reliés selon la logique de votre argumentation. Ainsi, l’organisation de la dissertation résulte-t-elle directement de votre prise de position critique vis-à-vis de l’énoncé du sujet ou de la question. On considère habituellement que trois parties, donc trois paragraphes, suffiront et que c’est un nombre standard de paragraphes pour défendre votre point de vue. Ce qui sera évalué ici, c’est la logique de votre argumentation (si, par exemple, vous donnez deux fois le même argument, ou si votre plan fonctionne comme un plan comparatif et se base sur les ressemblances et les différences alors qu’il n’y a pas de comparaison à faire, puisqu’il n’y a qu’un seul texte à l’étude, etc.). B) CONSTRUCTION DES PARAGRAPHES Ce qui sera évalué ici, c’est l’organisation de chacun des paragraphes de votre développement. Le paragraphe étant un ensemble de phrases gravitant autour de la même idée, il n’y pas un modèle de paragraphe comme tel. Mais si, par exemple, votre plan comporte, comme c’est très souvent le cas, trois arguments principaux, il vous faut subdiviser votre développement en trois paragraphes, en insérant un argument (ou idée principale) par paragraphe. La cohérence du paragraphe tiendra donc au fait que vous énonciez clairement cet argument au début du paragraphe, que vous l’illustriez par des preuves et que vous reliez vos preuves à vos arguments par le biais d’explications claires. Par exemple, on vérifiera le nombre d’arguments par paragraphe (il ne devrait pas y en avoir plusieurs dans un même paragraphe), la clarté et l’unité du paragraphe (si on peut repérer clairement l’argument du paragraphe, si l’explication de

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l’idée énoncée est rigoureuse, etc.). Théoriquement, chaque paragraphe fonctionne comme un développement autonome : il comporte une introduction, un développement et une conclusion. Chaque citation est intégrée dans un processus qui comporte généralement quatre étapes : 1) la citation est amenée; 2) la citation est faite; 3) la citation est commentée; 4) une transition permet d’enchaîner avec la suite du texte. Attention ! À cause de la structure type d’un paragraphe, on ne peut habituellement pas le terminer par une citation. Voici un extrait de paragraphe de dissertation où les principaux organisateurs textuels sont en caractères gras : 1) Citation amenée 2) Citation faite 3) Citation commentée 4) Phrase synthèse 5) Phrase de transition

D’abord, malgré qu’il soit monté sur l’échafaud, le personnage croit toujours à son idéal avec conviction et sincérité. Ainsi, il déclare : « Je meurs sans remords, je n’désirais que l’bien de mon pays dans l’insurrection et l’indépendance, mes vues et mes actions étaient sincères. » Par là, on comprend que De Lorimier a toujours ce désir de sauver son pays et que c’est son cœur qui l’a guidé. Cette phrase nous force en fait à croire qu’il pense toujours que son idéal va se réaliser, même sans lui : il mourra bientôt, mais il garde sans contredit sa conviction qu’il exprime avec sincérité. Ensuite, nous pouvons aussi constater dans l’extrait que sa mort lui est utile en quelque sorte pour accéder à son idéal. En effet, c’est grâce à sa mort qu’il peut dire « c’qu’y fallait qu’y soye entendu »…

C) ENCHAÎNEMENT DES IDÉES Chaque partie de la dissertation doit donc être divisée en paragraphes selon les aspects traités ou les arguments présentés. En outre, ces paragraphes doivent s’enchaîner logiquement et être reliés adéquatement. Chaque partie d’une dissertation fonctionne également comme un développement autonome et doit comporter une introduction et une conclusion. Le passage harmonieux d’un paragraphe à l’autre (transition) ou d’une phrase à l’autre à l’intérieur d’un paragraphe sera donc évalué. Plusieurs procédés simples assurent ce qu’on appelle la cohérence textuelle. Seront évalués entre autres l’utilisation des procédés graphiques qui rendent compte de la structure de votre texte (espaces entre les paragraphes et les parties, alinéas), des phrases charnières (« Ce comportement de Dom Juan se retrouve également chez Delphine, le personnage de Balzac »), des phrases de transition (« Après l’étude de cette première question…, passons maintenant à l’analyse de... »), des pronoms personnels et des pronoms et adjectifs démonstratifs ou possessifs, enfin tous les procédés qui prouvent une reprise de l’information et la progression textuelle. Précisons que la structure de votre texte doit être marquée principalement par des organisateurs textuels. On entend par là l’utilisation de mots qui permettent de dégager le plan du texte, sa structure hiérarchisée. Ces organisateurs textuels établissent le lien logique entre les paragraphes, les parties de votre texte ou les phrases entre elles. Il s’agit principalement d’adverbes qui marquent l’organisation du raisonnement (Premièrement,... Deuxièmement,... Finalement,...; D’abord,... Ensuite,... Enfin, ...) ou de mots qui

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décrivent l’organisation temporelle (Dès sa jeunesse…, Plus tard,…) ou spatiale du texte (Au début de l’extrait…, Dès le milieu du paragraphe…, Plus loin,…). L’utilisation des organisateurs textuels est nécessaire, mais elle doit être faite correctement. Évitez l’abus de ceux-ci : souvent, la reprise de l’information par un nom ou un pronom suffit à établir une transition entre deux parties d’un texte. Ici sera donc évalué entre autres le choix de vos organisateurs textuels (par exemple, l’emploi de premièrement, deuxièmement et troisièmement convient mal avec un plan nuancé, où on défend que l’énoncé de la question est seulement en partie vrai, en plus ne doit pas être utilisé au lieu de par contre, etc.). 4.3 CRITÈRE III – LA MAÎTRISE DE LA LANGUE 4.3.1 Sous-critère 6 – La précision et la variété du vocabulaire L’élève emploie des termes précis et variés. A) TERMES PRÉCIS Utilisez des termes exacts, qui appartiennent à la langue correcte et qui respectent le sens qui leur est généralement attribué par un dictionnaire usuel. B) TERMES VARIÉS Choisissez des expressions ou des mots différents pour exprimer une même réalité. Évitez de répéter les mêmes termes; ayez plutôt recours à des pronoms, à des synonymes, à des périphrases, etc. S’il le faut, modifiez la construction de la phrase. Sachez qu’il existe très peu de termes exactement équivalents : des synonymes sont des mots ou des expressions « qui ont une signification très voisine » (Le Petit Robert). Il faut donc vérifier si le mot choisi convient au contexte.

Attention aux anglicismes, ainsi qu’aux termes et aux tournures relevant du langage familier ou populaire. Par exemple, dans une dissertation, il ne convient pas de tutoyer le lecteur.

4.3.2 Sous-critère 7 – La syntaxe et la ponctuation L’élève construit des phrases correctes et place adéquatement les signes de ponctuation. Portez attention à la syntaxe et à la ponctuation dans votre dissertation. Vous devriez réviser vos règles de ponctuation avant de vous présenter à l’épreuve, car vous pouvez perdre un bon nombre de points si elle ne se révèle pas conforme à l’usage. (Voir le document en annexe.)

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A) SYNTAXE Vérifiez que les phrases sont correctement construites, qu’elles comportent tous les mots essentiels à la compréhension et que l’ordre des mots est correct. Attention !

À surveiller en ce qui concerne la syntaxe : l’emploi du pronom (peut-il être utilisé ? quel type de pronom utiliser ?); la forme (voix active, passive, pronominale), les modes et temps du verbe (par exemple, dans tel contexte, doit-on utiliser le mode subjonctif ?).

Même s’il est toléré, le on qui a valeur de nous (première personne du pluriel) peut être utilisé dans

des constructions génératrices d’erreurs. Il est donc préférable de s’en tenir au nous, c’est-à-dire à l’usage correct (non familier) lorsqu’on énonce son point de vue critique. Cependant, le pronom on utilisé comme une tournure neutre peut tout à fait convenir (par exemple : On peut facilement comprendre, à l’aide de cet exemple, l’attachement viscéral que ressent le personnage principal vis-à-vis de sa patrie).

B) PONCTUATION Utilisez correctement les signes de ponctuation. Attention !

À surveiller en ce qui concerne la ponctuation : l’usage du point d’interrogation (obligatoire après une phrase interrogative directe, interdit après une interrogation indirecte), du point-virgule (ne pas confondre avec le deux-points), du deux-points (précède une citation, une explication, une définition ou une énumération séparée de la phrase) et de la virgule (sert à séparer ou à isoler des éléments de la phrase).

4.3.3 Sous-critère 8 – L’orthographe d’usage et l’orthographe grammaticale L’élève observe l’orthographe d’usage et l’orthographe grammaticale. A) ORTHOGRAPHE D’USAGE Vérifiez dans le dictionnaire l’orthographe de tous les mots dont vous doutez.

B) ORTHOGRAPHE GRAMMATICALE Vérifiez l’application des règles de grammaire. Attention !

N’oubliez pas que les erreurs concernant les majuscules, les accents et les traits d’union sont considérées comme des fautes.

Faites attention aux erreurs produites par l’utilisation du liquide correcteur ou une mauvaise calligraphie. Relisez lentement la dissertation afin d’identifier les mots manquants.

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5. CONSEILS GÉNÉRAUX

CONSEILS DE RÉDACTION CONSEILS DE RÉVISION

Doutez souvent. Vous avez apporté des ouvrages de référence : consultez-les. Il suffit de quelques secondes pour ce faire.

Que ce soit dans le dictionnaire ou la

grammaire, prenez le temps de lire les exemples : cela peut se révéler fort utile.

Si vous avez de la difficulté à vous concentrer

sur la forme et le fond, soulignez au plomb, pendant votre rédaction, les mots dont vous doutez sur le plan du sens ou de l’orthographe, ainsi vous ne perdrez pas le fil.

Si vous identifiez une erreur à corriger, n’oubliez pas de corriger toutes ses occurrences. Si vous remplacez un mot par un autre, assurez-vous que le changement n’occasionne pas de nouvelles erreurs de syntaxe.

Faites attention aux erreurs produites par

l’utilisation du liquide correcteur ou une mauvaise calligraphie.

Assurez-vous de ne faire aucune faute dans les

citations et dans le nom des personnages ou des auteurs de texte.

Faites une pause d’au moins 5 minutes avant

la révision du français de votre texte, pour faire le vide.

Si vous n’avez pas de gros problèmes en

français, vous êtes capable de réviser la langue sous tous ses aspects en même temps.

Sinon, faites une première relecture axée sur

le vocabulaire, la syntaxe et la ponctuation. Faites ensuite une seconde lecture axée sur l’orthographe d’usage et grammaticale.

Pour vous assurer de vous détacher du contenu lors de votre relecture et de vous concentrer sur la langue, vous pouvez relire votre texte phrase par phrase, à partir de la fin.

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6. EXEMPLES DE SUJETS 6.1 SUJETS DU 15 DÉCEMBRE 2004 Premier sujet Peut-on dire que, dans la scène proposée, le vieux et la vieille ont perdu leurs illusions ? Texte : Un extrait de la pièce Les Violons de l’automne de Jacques Languirand.

Deuxième sujet A-t-on raison de penser que les textes soumis présentent une image semblable du poète ? Texte : Les poèmes « L’Albatros » de Charles Baudelaire et « Un poète » d’Émile Nelligan.

Troisième sujet Est-il juste d’affirmer que, dans l’extrait d’Oscar et la dame en rose, les personnages entretiennent l’espoir ? Texte : Un extrait d’Oscar et la dame en rose d’Éric-Emmanuel Schmitt. 7. EXEMPLES DE DISSERTATIONS RÉUSSIES3 7.1 SUJET ET TEXTES Est-il juste d’affirmer que Madeleine et Léopold sont des personnages qui sont résignés à leur sort ? Vous soutiendrez votre point de vue à l’aide d’arguments cohérents et convaincants et à l’aide de preuves relatives au contenu et à la forme du texte proposé, preuves puisées dans ces textes et dans vos connaissances littéraires* qui conviennent au sujet de rédaction. Textes : Un extrait de Le Vrai Monde ? et un extrait de À toi, pour toujours, ta Marie-Lou de Michel

Tremblay. * On entend par connaissances littéraires les procédés langagiers (figures de style, versification, types de phrases, etc.) et les notions littéraires (point de vue narratif, genres, etc.) utilisés à l’appui de votre argumentation. On entend également par « puiser dans vos connaissances littéraires » le fait de vous référer à d’autres œuvres que les textes proposés, de relier ces derniers à des courants ou tendances

3 Le deuxième exemple de dissertation est tiré de la section Épreuve de français du site du CCDMD : http://www.ccdmd.qc.ca/fr/franc/epreuve. Remaniements et ajouts : le premier exemple de dissertation, la section sur le repérage des idées, sur les explications et sur le plan.

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littéraires, ou le fait d’avoir recours à des connaissances culturelles et sociohistoriques qui conviennent au sujet de rédaction. 7.1.1 Premier texte à l’étude Auteur : Michel Tremblay, écrivain québécois contemporain, né en 1942.

Un extrait du Vrai Monde ?4 Présentation Claude rêve de devenir écrivain. Sa première pièce met en scène trois personnages qui portent justement les noms de son père, de sa mère et de sa sœur, auprès desquels il a puisé son inspiration. 5 10 15 20 25 30

Claude – J’sais c’que tu vas en dire, du silence, maman... Madeleine 1 – Ben écoute-moi pareil ! Comme ça, si tu fais une autre citation ça sera la bonne, pour une fois ! (Elle vient se placer tout près de son fils.) Dans une maison comme ici, c’est la chose la plus importante, tu vois. C’est à cause de lui que les murs tiennent encore debout. Quand ton père est disparu depuis des jours pis que ta sœur est partie travailler, ça m’arrive de m’ennuyer, c’est sûr. J’me promène dans’maison, j’sais pas quoi faire de mon corps... La télévision est plate, la lecture m’a jamais vraiment beaucoup intéressée... J’ai passé l’âge où y fallait que je sorte tous les jours, même si c’était juste pour aller acheter une pinte de lait dont on n’avait même pas besoin... Ça fait que j’me retrouve immanquablement ici, dans le salon, sur le sofa, avec les mains croisées sur les genoux pis un verre de lait posé sur la table à café au cas où une douleur me prendrait... Les premières minutes sont toujours difficiles... Tous les jours... J’angoisse, j’ai le cœur serré, j’me demande comment j’vas faire pour passer à travers la minute qui s’en vient, pour survivre à l’après-midi qui vient à peine de commencer... Des fois chus obligée de me plier en deux tellement j’ai peur. Non, c’est pas vrai, j’ai pas peur. C’est pas de la peur. Tu comprends, j’ai pas peur qu’y m’arrive quequ’chose, je le sais qu’y peut rien m’arriver, rien ! Mais j’angoisse parce que j’ai l’impression que j’vas mourir d’ennui. J’ai rien à faire. Si je sais que ton père rentrera pas, j’aurai juste un p’tit repas à préparer pour Mariette pis moi, vers six heures... pis si Mariette m’appelle pour me dire qu’a’ soupera pas avec moi, j’peux me contenter d’une soupe en boîte ou ben d’une sandwich... (Silence. On la sent angoisser.) Ça fait que j’ai... cinq heures à remplir. Dans le silence. Pis là, dans le milieu du silence, la tempête arrive. J’la sens venir... Des fois j’ai pas le goût parce que chus trop fatiguée ou ben parce que j’ai mal au côté, mais a’ vient pareil... peut-être parce que j’en ai besoin... pour passer le temps. Pis là... c’est sûr que tout c’que t’as mis dans ta pièce me passe par la tête... J’t’ai dit tout à l’heure que tout ça c’tait des choses que j’m’avouais pas à moi-même... c’est sûr que c’est pas vrai... Chus pas folle, je le sais la vie que j’ai eue ! Ça fait que j’fais des scènes qui durent des heures, des scènes tellement violentes, si tu savais... j’me décharge de tout mon fardeau, pis j’en remets... J’deviens... une sorte d’héroïne... J’démolis la maison ou ben j’y mets le feu, j’égorge ton père, j’y fais même pire que ça... J’vous fais des scènes, à ta sœur pis à toi... Tout c’que j’ose pas vous dire au

4 Michel Tremblay. Le Vrai Monde ?, Montréal, Leméac, 1987, p. 41-44.

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téléphone ou ben quand vous êtes là sort... par vagues plus hautes que la maison ! Mais tout ça, Claude, se fait dans le silence. T’arriverais au milieu de tout ça pis tu penserais que chus juste dans la lune ou ben que chus t’en train de me demander c’que j’vas faire pour le souper... parce que c’est l’image que je vous ai toujours donnée de moi... C’est ça ma force. Ça a toujours été ça. Le silence. J’connais rien au théâtre mais chus sûre que ça serait pas mal difficile de faire ça, une tempête dans une tête ! Mais laisse-moi te dire que c’est ben plus efficace que n’importe quelle scène de ménage ! parce que ça porte pas à conséquence ! J’ai toujours tout enduré en silence parce que j’ai toujours su qu’au bout du compte ça payerait plus. Tu peux penser tout ce que tu veux quand tu te barricades là-dedans, tout en faisant autre chose qui a rien à voir pis qui donne aux autres la version de toi que tu veux qu’y’ayent... De toute façon, que c’est que ça donnerait de faire comme dans ta pièce ? Oùsque j’irais, un coup divorcée ? M’ennuyer ailleurs ? Dans un appartement miteux pour les pauvres folles comme moé qui auraient pas eu l’intelligence de se taire ? Me trouver une job ? J’sais rien faire d’autre que le ménage pis à manger ! J’irai pas faire des ménages dans des maisons de riches pour le reste de mes jours juste parce que j’me serai déchargé le cœur une fois ! Pis j’irai pas continuer mes cauchemars de l’après-midi dans un deux pièces et demie meublé ! Ta femme, là, dans la pièce, là, qui porte mon nom pis qui est habillée comme moi, que c’est qu’a’ va faire, le lendemain matin ? Hein ? Après avoir joué l’héroïne ? On sait ben, ça t’intéresse pas, toi ! Quand a’l’ouvre la porte pis qu’a’ sort d’la scène, a’l’arrête d’exister pour toi pis tu t’en sacres, d’abord que t’as écrit des belles scènes ! Mais moi, faut que je vive demain, pis après-demain, pis les autres jours ! Si t’as jamais entendu le vacarme que fait mon silence, Claude, t’es pas un vrai écrivain ! (Silence.) Tu dis rien. Avoue que j’ai pas dit pantoute5 c’que tu pensais que je dirais au sujet du silence...

7.1.2 Second texte à l’étude Auteur : Michel Tremblay, écrivain québécois contemporain, né en 1942. Présentation Marie-Louise et Lépold livrent dans un dialogue cru leurs rancoeurs et la source de leur mal-être qui rejaillira sur leurs deux filles. C’est un univers familial cauchemardesque qui se dévoile dans leurs propos.

Un extrait de À toi, pour toujours, ta Marie-Lou6

5

Marie-Louise – Tu piques des crises quand j’te demande de l’argent, pis t’es trop niaiseux pour demander l’argent que ton boss te doit ! Tu s’ras toujours un peureux... [ ... ] Marie-Louise – Vous êtes toutes7 pareils ! Vous nous chiez sur la tête parce qu’on est en-dessous de vous autres, pis vous vous laissez chier sur la tête par ceux qui sont au-dessus de vous autres ! C’est pas sur nous autres que vous devriez vous venger, pourtant ! Pourquoi t’essayerais pas de le débarquer, lui au lieu de nous autres ! [ ... ]

5 pas… pantoute : pas… du tout. 6 Michel Tremblay. À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, Montréal, Leméac, 1971, p. 63-64. 7 toutes : tous (prononciation de registre populaire).

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Léopold – Ça fait vingt-sept ans que j’travaille pour c’t’écœurant-là... Pis j’ai rien que quarante- cinq ans... C’est quasiment drôle quand tu penses que t’as commencé à travailler pour un gars que t’haïs à l’âge de dix-huit ans pis que t’es t’encore là, à le sarvir... Y’en reste encore trop des gars poignés comme moé... Aujourd’hui, les enfants s’instruisent, pis y vont peut-être s’arranger pour pas connaître c’que j’ai connu... Hostie ! Toute ta tabarnac de vie à faire la même tabarnac d’affaire en arrière de la même tabarnac de machine ! Toute ta vie ! T’es spécialisé, mon p’tit gars ! Remercie le bon Dieu ! T’es pas journalier ! T’as une job steadée8 ! Le rêve de tous les hommes : la job steadée ! Y’a-tu quequ’chose de plus écœurant dans ’vie qu’une job steadée ? Tu viens que t’es tellement spécialisé dans ta job steadée, que tu fais partie de ta tabarnac de machine ! C’est elle qui te mène ! C’est pus toé qui watches9 quand a va faire défaut, c’est elle qui watche quand tu vas y tourner le dos pour pouvoir te chier dans le dos, sacrement ! Ta machine, tu la connais tellement, tu la connais tellement, là, que c’est comme si t’étais v’nu au monde avec ! C’est comme si ç’avait été ta première bebelle10, hostie ! Quand j’me sus attelé à c’te ciboire de machine-là, j’étais quasiment encore un enfant ! Pis y me reste vingt ans à faire ! Mais dans vingt ans, j’s’rai même pus un homme... J’ai déjà l’air d’une loque... Dans vingt ans, mon p’tit gars, c’est pas toé, c’est ta machine qui va prendre sa retraite ! Chus spécialisé ! Chus spécialisé ! Ben le bon Dieu, j’le r’mercie pas pantoute11, pis je l’ai dans le cul, le bon Dieu ! Pis à part de ça, c’est même pas pour toé que tu travailles, non c’est pour ta famille ! Tu prends tout l’argent que t’as gagné en suant pis en sacrant comme un damné, là, pis tu la donnes toute au grand complet à ta famille ! Ta famille à toé ! Une autre belle invention du bon Dieu ! Quatre grandes yeules toutes grandes ouvertes, pis toutes prêtes à mordre quand t’arrives, le jeudi soir ! Pis quand t’arrives pas tu-suite le jeudi soir parce que ça te tentait d’avoir un peu de fun avec les chums12 pis que t’as été boire à’taverne, ta chienne de famille, à mord pour vrai, okay ! Cinq minutes pis y te reste pus une crisse de cenne noire dans tes poches, pis tu brailles comme un veau dans ton lit ! Pis ta famille a dit que c’est parce que t’es saoul ! Pis a va conter à tout le monde que t’es t’un sans-cœur ! Ben oui, t’es t’un sans-cœur ! y faut pas te le cacher, t’es t’un sanscœur !

7.2 ANALYSE DE LA QUESTION Est-il juste d’affirmer que Madeleine et Léopold sont des personnages qui sont résignés à leur sort ? • Éléments essentiels :

- Madeleine et Léopold; - le fait d’être résignés à leur sort ou non.

• Points de vue critique possibles :

- Oui, les deux personnages sont résignés à leur sort.

8 job steady : emploi stable. 9 watches : surveilles. 10 ta première bebelle : ton premier jouet. 11 pas pantoute : pas du tout. 12 chums : amis.

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- Non, les personnages ne sont pas résignés à leur sort; ils sont... - L’un est résigné à son sort, l’autre ne l’est pas OU ils sont en partie résignés à

leur sort. 7.2.1 Repérage des idées13 Un repérage efficace relève dans chaque texte les éléments reliés à la question. Pour que ce repérage serve, il est important d’annoter le texte en inscrivant dans les marges des mots clés clairs et utiles. Le repérage et les annotations ne sont pas évalués en tant que tels : les correcteurs ne voient pas les documents où les élèves font ces opérations. Cependant, c’est le repérage efficace qui fournit toujours des preuves pertinentes. Nous reproduisons ici le repérage et les annotations d’un élève qui, pour répondre à la question, a décidé de tenir compte du pour (la résignation des deux personnages) et du contre (la révolte des deux personnages) avant de trancher. On peut consulter les exemples de dissertations en 7.4. La question porte sur deux textes : un extrait de Le Vrai Monde ? et un extrait de À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, mais l’exemple qui suit reproduit seulement le repérage et les annotations du premier texte. Vous trouverez soulignés d’un trait continu les éléments ayant trait à la résignation et d’un trait constitué de tirets ceux ayant trait à la révolte. L’élève a donc utilisé deux marqueurs de couleur différente pour surligner les éléments du pour (la résignation) et du contre (la révolte).

13 Adapté à partir d’un document du site du CCDMD : Premier exemple de repérage, Compréhension et repérage.

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Repérage14 dans un extrait du Vrai Monde ?15

1. BILAN NÉGATIF

(RÉSIGNATION)

a. ennui

b. maladie

c. peur et angoisse

angoisse — didascalie 2. SILENCE (RÉVOLTE)

a. violence intérieure (1. b. maladie)

b. violence imaginaire

Claude – J’sais c’que tu vas en dire, du silence, maman... Madeleine 1 – Ben écoute-moi pareil ! Comme ça, si tu fais une autre citation ça sera la bonne, pour une fois ! (Elle vient se placer tout près de son fils.) Dans une maison comme ici, c’est la chose la plus importante, tu vois. C’est à cause de lui que les murs tiennent encore debout. Quand ton père est disparu depuis des jours pis que ta sœur est partie travailler, ça m’arrive de m’ennuyer, c’est sûr. J’me promène dans’maison, j’sais pas quoi faire de mon corps... La télévision est plate, la lecture m’a jamais vraiment beaucoup intéressée... J’ai passé l’âge où y fallait que je sorte tous les jours, même si c’était juste pour aller acheter une pinte de lait dont on n’avait même pas besoin... Ça fait que j’me retrouve immanquablement ici, dans le salon, sur le sofa, avec les mains croisées sur les genoux pis un verre de lait posé sur la table à café au cas où une douleur me prendrait... Les premières minutes sont toujours difficiles... Tous les jours... J’angoisse, j’ai le cœur serré, j’me demande comment j’vas faire pour passer à travers la minute qui s’en vient, pour survivre à l’après-midi qui vient à peine de commencer... Des fois chus obligée de me plier en deux tellement j’ai peur. Non, c’est pas vrai, j’ai pas peur. C’est pas de la peur. Tu comprends, j’ai pas peur qu’y m’arrive quequ’chose, je le sais qu’y peut rien m’arriver, rien ! Mais j’angoisse parce que j’ai l’impression que j’vas mourir d’ennui. J’ai rien à faire. Si je sais que ton père rentrera pas, j’aurai juste un p’tit repas à préparer pour Mariette pis moi, vers six heures... pis si Mariette m’appelle pour me dire qu’a’ soupera pas avec moi, j’peux me contenter d’une soupe en boîte ou ben d’une sandwich... (Silence. On la sent angoisser.) Ça fait que j’ai... cinq heures à remplir. Dans le silence. Pis là, dans le milieu du silence, la tempête arrive. J’la sens venir... Des fois j’ai pas le goût parce que chus trop fatiguée ou ben parce que j’ai mal au côté, mais a’ vient pareil... peut-être parce que j’en ai besoin... pour passer le temps. Pis là... c’est sûr que tout c’que t’as mis dans ta pièce me passe par la tête... J’t’ai dit tout à l’heure que tout ça c’tait des choses que j’m’avouais pas à moi-même... c’est sûr que c’est pas vrai... Chus pas folle, je le sais la vie que j’ai eue ! Ça fait que j’fais des scènes qui durent des heures, des scènes tellement violentes, si tu savais... j’me

14 Le repérage suivant correspond à celui fait pour la deuxième dissertation proposée, soit celle qui adopte le plan dialectique. 15 Michel Tremblay. Le Vrai Monde ?, Montréal, Leméac, 1987, p. 41-44.

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3. REPROCHES À SON FILS (RÉVOLTE)

décharge de tout mon fardeau, pis j’en remets... J’deviens... une sorte d’héroïne... J’démolis la maison ou ben j’y mets le feu, j’égorge ton père, j’y fais même pire que ça... J’vous fais des scènes, à ta sœur pis à toi... Tout c’que j’ose pas vous dire au téléphone ou ben quand vous êtes là sort... par vagues plus hautes que la maison ! Mais tout ça, Claude, se fait dans le silence. T’arriverais au milieu de tout ça pis tu penserais que chus juste dans la lune ou ben que chus t’en train de me demander c’que j’vas faire pour le souper... parce que c’est l’image que je vous ai toujours donnée de moi... C’est ça ma force. Ça a toujours été ça. Le silence. J’connais rien au théâtre mais chus sûre que ça serait pas mal difficile de faire ça, une tempête dans une tête ! Mais laisse-moi te dire que c’est ben plus efficace que n’importe quelle scène de ménage ! parce que ça porte pas à conséquence ! J’ai toujours tout enduré en silence parce que j’ai toujours su qu’au bout du compte ça payerait plus. Tu peux penser tout ce que tu veux quand tu te barricades là-dedans, tout en faisant autre chose qui a rien à voir pis qui donne aux autres la version de toi que tu veux qu’y’ayent... De toute façon, que c’est que ça donnerait de faire comme dans ta pièce ? Oùsque j’irais, un coup divorcée ? M’ennuyer ailleurs ? Dans un appartement miteux pour les pauvres folles comme moé qui auraient pas eu l’intelligence de se taire ? Me trouver une job ? J’sais rien faire d’autre que le ménage pis à manger ! J’irai pas faire des ménages dans des maisons de riches pour le reste de mes jours juste parce que j’me serai déchargé le cœur une fois ! Pis j’irai pas continuer mes cauchemars de l’après-midi dans un deux pièces et demie meublé ! Ta femme, là, dans la pièce, là, qui porte mon nom pis qui est habillée comme moi, que c’est qu’a’ va faire, le lendemain matin ? Hein ? Après avoir joué l’héroïne ? On sait ben, ça t’intéresse pas, toi ! Quand a’l’ouvre la porte pis qu’a’ sort d’la scène, a’l’arrête d’exister pour toi pis tu t’en sacres, d’abord que t’as écrit des belles scènes ! Mais moi, faut que je vive demain, pis après-demain, pis les autres jours ! Si t’as jamais entendu le vacarme que fait mon silence, Claude, t’es pas un vrai écrivain ! (Silence.) Tu dis rien. Avoue que j’ai pas dit pantoute16 c’que tu pensais que je dirais au sujet du silence...

Commentaires Indiquer en marge la présence de ces éléments, inscrire d’autres mots clés comme bilan négatif, résignation, révolte et silence, etc., c’est bien préparer le terrain pour les étapes du plan et de la rédaction. En fait, d’autres passages de l’extrait auraient pu être surlignés et annotés pour servir à l’argumentation.

16 pas… pantoute : pas… du tout.

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Le repérage gagne à être sélectif. On observe d’ailleurs dans les choix qui ont été faits un souci d’efficacité. C’est sur les bases de ce classement que s’esquisse déjà le plan général de la dissertation. L’élève a pris soin de relever aussi un élément relatif à la forme, à la ligne qu’il a annotée à l’aide du mot didascalie, qu’il pourra intégrer à sa rédaction. Une fois le plan établi, l’élève n’aura plus qu’à numéroter les éléments qu’il a relevés et à inscrire ces numéros dans son plan pour récupérer au fur et à mesure de sa rédaction les passages qui vont servir de preuves. Rappelons-le, le repérage et les annotations ne font pas à proprement parler l’objet d’une évaluation puisque ces éléments ne font pas du tout l’objet d’une correction. 7.3 EXEMPLES DE PLANS Vous trouverez ci-dessous les plans qui correspondent aux deux exemples de dissertations critiques qui suivent (7.4). 7.3.1 Plan de la dissertation 1 (point de vue : résignation)17 A) Introduction a) Sujet amené : Michel Tremblay, ses origines et son théâtre Connaissance littéraire : les personnages de Tremblay, Les Belles-sœurs, 1968 b) Sujet posé : Reprise de la question : Madeleine et Léopold sont-ils des personnages résignés à leur

sort ? c) Sujet divisé :

1. Résignation à des conditions de vie pénibles 2. Soumission à la famille 3. Fausse révolte

B) Développement18 Argument 1 : Résignation à des conditions de vie pénibles 1.1 Madeleine : Bilan négatif de sa vie :

– maladie (l. 9-11 ; l. 22) – peur et angoisse (l. 14-16 ; l. 20)

Connaissance littéraire : didascalies 1.2 Léopold : Bilan négatif de sa vie :

– soumission à son patron (l. 7-9) 17 Il s’agit ici d’un plan par accumulation. 18 Les numéros de lignes citées renvoient aux textes des p.25 à 28.

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– déshumanisation de son travail (l. 15-17) Connaissance littéraire : personnification

Phrase synthèse Argument 2 : Soumission à la famille 2.1 Madeleine : identité définie par son rôle de mère au foyer

– connaissances limitées (l. 42-46) Connaissance littéraire : antithèse

2.2 Léopold : oubli de ses propres besoins – famille obnubilée par l’argent (l. 29-32) Connaissance littéraire : métaphore Phrase synthèse

Argument 3 : Fausse révolte 3.1 Madeleine : colère refoulée

– silence (l. 27-29) 3.2 Léopold : impuissance

– colère (l. 11-12) – indignation vaine (l. 20-21) Connaissances littéraires : répétition, phrase exclamative Connaissance littéraire générale : joual Phrase synthèse

C) Conclusion a) Réponse : Reprise de la question : Madeleine et Léopold sont des personnages résignés. b) Synthèse : La résignation de Madeleine et de Léopold est illustrée par leur quotidien pénible, leur

soumission à leur famille et leur fausse révolte. c) Ouverture : Le tragique chez Tremblay (comparaison avec des pièces classiques ; regard sur la

réalité québécoise) Connaissances littéraires générales : allusion au tragique du théâtre classique et aux personnages des

Belles-Soeurs

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7.3.2 Plan de la dissertation 2 (point de vue : révolte)19 A) Introduction a) Sujet amené : Michel Tremblay, ses origines et son théâtre Connaissance littéraire : les personnages de Tremblay, Les Belles-sœurs, 1968 b) Sujet posé : Reprise de la question : Madeleine et Léopold sont-ils des personnages résignés à leur

sort ? c) Sujet divisé :

1. Résignation à des conditions de vie pénibles dans les deux cas 2. Révolte dans les deux cas 3. Résignation ou révolte ?

B) Développement20 Argument 1 : Résignation à des conditions de vie pénibles 1.1 Madeleine : Bilan négatif de sa vie :

– ennui (l. 7 ; l. 5-6) – maladie (l. 9-11 ; l. 22) – peur et angoisse (l. 14-16 ; l. 20)

Connaissance littéraire : didascalies 1.2 Léopold : Bilan négatif de sa vie :

– soumission à son patron (l. 7-9) – déshumanisation de son travail (l. 15-17)

Phrase synthèse Argument 2 : Révolte chez les deux personnages 2.1 Madeleine : Révolte exprimée par le silence

– violence intérieure (l. 21) – violence imaginaire (l. 27-29)

2.2 Léopold : Révolte exprimée par le cri

– cri de désespoir : monologue sans retenue (l. 11-12) Connaissances littéraires : le joual, le procédé de répétition – besoin de libération : l’alcool (l. 30) ou l’espoir pour ses enfants (l. 10-11) Phrase synthèse

Argument 3 : Chez les deux personnages : primauté de la révolte, qui engendre un conflit avec les autres 3.1 Reproches de Madeleine à Claude : remise en cause de sa vocation d’écrivain (l. 50-51) 3.2 Reproches de Léopold à sa famille (l. 27-28) et désir de vengeance (l. 5)

Phrase synthèse

19 Il s’agit ici d’un plan dialectique. 20 Les numéros de lignes citées renvoient aux textes des p.25 à 28.

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C) Conclusion a) Réponse : Réponse à la question : Madeleine et Léopold sont des personnages révoltés. b) Synthèse : La résignation des deux personnages se transforme en révolte. c) Ouverture : Le tragique chez Tremblay (comparaison avec des pièces classiques ; regard sur la

réalité québécoise) Connaissance littéraire : allusion au tragique du théâtre classique 7.4 DISSERTATIONS SUJET : Est-il juste d’affirmer que Madeleine et Léopold sont des personnages qui sont résignés à leur

sort ? Vous soutiendrez votre point de vue à l’aide d’arguments cohérents et convaincants et à l’aide de preuves relatives au contenu et à la forme du texte proposé, preuves puisées dans ces textes et dans vos connaissances littéraires* qui conviennent au sujet de rédaction. Textes : Un extrait de Le Vrai Monde ? et un extrait de À toi, pour toujours, ta Marie-Lou de Michel

Tremblay. 7.4.1 DISSERTATION 1 Lui-même issu d’un quartier populaire montréalais, Michel Tremblay met en scène, dans son théâtre comme dans ses récits, des personnages québécois d’une grande vérité dans leur langage, mais aussi des êtres émouvants souvent marqués par une grande misère affective… au point de secouer le public, comme l’avait fait dans les années 60 sa première pièce, Les Belles-sœurs. Des personnages vrais et désespérés, on en retrouve dans chacun des extraits des pièces à l’étude : Le Vrai Monde ? et À toi pour toujours, ta Marie-Lou. Mais est-il juste d’affirmer que Madeleine et Léopold sont résignés à leur sort ? Nous répondrons par l’affirmative à cette question en observant d’abord qu’ils doivent tous deux accepter des conditions de vie pénibles, qu’ils sont tous deux assujettis à leur famille et, enfin, que leur fausse révolte ne mène à aucun changement. En premier lieu, il ne fait pas de doute que les deux personnages ont dû se résigner à des conditions d’existence particulièrement pénibles. Dans la première partie de son monologue, Madeleine ne fait pas un bilan positif de son quotidien marqué par la maladie et l’angoisse. Elle témoigne d’une solitude qui la laisse inactive : « La télévision est plate, la lecture m’a jamais beaucoup intéressée… » (l. 7) De plus, elle vit avec l’inquiétude de la maladie : « […] j’me retrouve immanquablement ici, dans le salon, sur le sofa, avec les mains croisées sur les genoux pis un verre de lait […] au cas où une douleur me prendrait… » (l. 9- 11) Cette douleur, ce qu’elle appelle son « mal au côté » (l. 22), c’est surtout une souffrance reliée à la

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peur et à l’angoisse que provoque le vide de son existence lorsqu’elle se retrouve seule. D’ailleurs, l’extrait comporte une didascalie qui associe au silence l’angoisse de Madeleine : « Silence. On la sent angoisser. » (l. 20) Pour sa part, le Léopold d’À toi pour toujours ta Marie-Lou semble aussi percevoir son quotidien de manière négative puisqu’il se présente comme une victime de ce qui l’entoure. Il se sent en particulier exploité par son patron. Dès le début du texte, Léopold précise que cela fait vingt ans qu’il travaille pour un homme qu’il a toujours détesté (l.7-9), ce qui donne la mesure de son désespoir. En outre, même s’il a la chance d’avoir un emploi régulier, il souffre d’être déshumanisé, esclave de sa machine : « C’est [la machine] qui te mène ! C’est pu toé qui watches quand a va faire défaut, c’est elle qui watche quand tu vas y tourner le dos pour pouvoir te chier dans le dos, sacrement ! » (l. 16-18) La personnification de la machine accentue d’ailleurs cette idée d’asservissement; en présentant l’outil de travail de Léopold comme un être déloyal, Tremblay expose toute la vulnérabilité de son personnage. On doit donc constater que, pendant des années, Madeleine aussi bien que Léopold sont restés enfermés dans des conditions de vie auxquelles ils ont dû se résigner. En deuxième lieu, Madeleine et Léopold sont des personnages résignés puisqu’ils sont tous deux assujettis à leur famille. En effet, la première définit son existence en fonction des besoins des autres. Si elle ne le faisait pas, c’est l’ennui qui prendrait toute la place et elle se sentirait inutile. C’est d’ailleurs ce dont témoigne le passage suivant : « Oùsque j’irais, un coup divorcée ? […] Me trouver une job ? J’sais rien faire d’autre que le ménage pis à manger ! J’irai pas faire des ménages dans des maisons de riches pour le reste de mes jours juste parce que j’me serai déchargé le cœur une fois ! » (l.42-46) Grâce à l’antithèse dans laquelle Tremblay oppose le caractère bref (« une fois ») du défoulement du personnage au caractère permanent (« le reste de mes jours ») et dommageable du prix qu’elle aurait à payer pour avoir posé un tel geste, il est possible de voir que Madeleine considère que la révolte semble inutile. C’est dans son rôle de mère au foyer qu’elle réussit à se définir et elle s’y soumet volontiers, peu importent les conséquences d’une telle décision. Quant à Léopold, l’autre personnage de la deuxième pièce de Tremblay, il doit, lui aussi, répondre aux besoins de sa famille avant de satisfaire les siens : « Pis quand t’arrives pas tu-suite le jeudi soir parce que ça te tentait d’avoir un peu de fun avec les chums […], ta chienne de famille, à mord pour vrai, okay! Cinq minutes pis y te reste pus une crisse de cenne noire dans tes poches, pis tu brailles comme un veau dans ton lit! » (l.29-32) Léopold est ici réduit au simple rôle de pourvoyeur et les plaisirs ne lui sont pas permis. La métaphore qui permet de comparer la famille à une chienne enragée souligne d’ailleurs ce fait : seul l’argent intéresse Marie-Louise et les enfants. Bref, Madeleine et Léopold sont des êtres soumis aux membres de leur famille. En troisième lieu, ces deux personnages sont résignés puisque leur révolte est fausse et ne mène à aucun changement. D’une part, Madeleine refoule en elle sa colère. Elle l’avoue d’ailleurs à son fils: « Ça fait que j’fais […] des scènes tellement violentes […]. J’démolis la maison ou ben j’y mets le feu, j’égorge ton père, j’y fais même pire que ça… […] Mais tout ça, Claude, se fait dans le silence.» (l. 27-29) À ses yeux, ce silence symbolise sa force et contient sa violence intérieure. Or, il illustre plutôt le fait qu’elle fuit la réalité plutôt que de l’affronter puisque ce silence ne mène à rien. D’autre part, la révolte

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de Léopold, bien qu’elle s’exprime par le contraire du silence, soit par ce cri de désespoir que constitue le « sacre », demeure vaine elle aussi. Chez Tremblay, le « joual » est associé à l’aliénation et le monologue de Léopold en témoigne. Le personnage ne peut que constater son impuissance: « Hostie ! toute ta tabarnac de vie à faire la même tabarnac d’affaire en arrière de la même tabarnac de machine ! Toute ta vie ! » (l. 11-12) Ici, le procédé de répétition et la phrase exclamative contribuent d’ailleurs à accentuer ce sentiment. La répétition du juron illustre la colère du personnage, alors que celle de l’expression « toute ta vie », quant à elle, souligne surtout l’impossibilité de changer quoi que ce soit à la situation. De plus, le fait que Léopold fasse des reproches à Dieu à quelques reprises montre bien qu’il ne se sent pas responsable de son destin. Même s’il s’indigne contre son passé et son avenir, il sait qu’il ne peut rien y changer : « Quand j’me suis attelé à c’te ciboire de machine-là, j’étais quasiment encore un enfant ! […] Mais dans vingt ans, j’s’rai même pus un homme… » (l. 20-21) Le travail ayant causé en grande partie l’aliénation de Léopold, il ne lui reste plus que le cri, bien que celui-ci risque fort de ne pas être entendu. Bref, pour Madeleine, comme pour Léopold, la fausse révolte montre que ce sont des personnages résignés à leur sort. Somme toute, Madeleine et Léopold sont des personnages résignés : tous deux acceptent un quotidien plutôt pénible, ils font passer les besoins de la famille avant les leurs et n’arrivent pas à se sortir de la situation dans laquelle ils se trouvent. Or, ils ne sont pas les seuls à se trouver dans cette situation dans l’univers de Tremblay. Populaire, mais très inspiré des pièces classiques, le théâtre de ce dramaturge jette un regard sans compromis sur la réalité québécoise en faisant de la mère dépressive et du travailleur d’usine des personnages tragiques, tout comme les différentes belles-sœurs qui, dans la pièce du même nom, ne parviennent à exprimer le caractère aliénant de leur quotidien que par le biais du chœur. Total : 1318 mots

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7.4.2 DISSERTATION 2 Lui-même issu d’un quartier populaire montréalais, Michel Tremblay met en scène, dans son théâtre comme dans ses récits, des personnages québécois d’une grande vérité dans leur langage, mais aussi des êtres émouvants souvent marqués par une grande misère affective… Au point de secouer le public, comme l’avait fait dans les années 60 sa première pièce, Les Belles-sœurs. Des personnages vrais et désespérés, on en retrouve dans chacun des extraits des pièces à l’étude : Le Vrai Monde ? et À toi pour toujours, ta Marie-Lou. Mais est-il juste d’affirmer que Madeleine et Léopold sont résignés à leur sort ? Nous répondrons à cette question en observant que, si tous les deux ont dû accepter des conditions de vie pénibles, ils demeurent des personnages révoltés. Enfin, nous déterminerons si la résignation les définit plus que la révolte. Il ne fait pas de doute que les deux personnages ont dû se résigner à des conditions d’existence particulièrement pénibles. Dans la première partie de son monologue, Madeleine ne fait pas un bilan positif de sa vie marquée par l’ennui, la maladie et l’angoisse. Au départ, elle confie à Claude : « Quand ton père est disparu depuis des jours pis que ta sœur est partie travailler, ça m’arrive de m’ennuyer. C’est sûr. » (l. 5-6) Elle témoigne d’une solitude qui la laisse inactive : « La télévision est plate, la lecture m’a jamais beaucoup intéressée… » (l. 7) De plus, la pauvre vit avec l’inquiétude de la maladie : « […] j’me retrouve immanquablement ici, dans le salon, sur le sofa, avec les mains croisées sur les genoux pis un verre de lait […] au cas où une douleur me prendrait… » (l. 9- 11) Cette douleur, c’est ce qu’elle appelle son « mal au côté » (l. 22). Sa souffrance est aussi reliée à la peur (l. 14) et à l’angoisse (l. 16). L’extrait comporte même une didascalie qui associe au silence l’angoisse de Madeleine : « Silence. On la sent angoisser. » (l. 20) Pour sa part, le Léopold d’À toi pour toujours… se perçoit aussi comme victime de ce qui l’entoure. Il se sent en particulier exploité par son patron :

Ça fait vingt ans que j’travaille pour c’t’écœurant-là… Pis j’ai rien que quarante-cinq ans…C’est quasiment drôle quand tu penses que t’as commencé à travailler pour un gars que t’haïs à l’âge de dix-huit ans pis que t’es t’encore là à le sarvir. (l. 7-9)

Même s’il a la chance d’avoir un emploi régulier, il souffre d’être déshumanisé, esclave de sa machine : « Tu viens que t’es tellement spécialisé dans ta job steady, que tu fais partie de ta tabarnac de machine ! C’est elle qui te mène ! C’est pu toé qui watches quand a va faire défaut, c’est elle qui watche… » (l. 15-17) On doit donc constater que, pendant des années, Madeleine aussi bien que Léopold sont restés enfermés dans des conditions de vie auxquelles ils ont dû se résigner. Par contre, chez l’un et l’autre cette détresse engendre aussi la révolte. Madeleine fuit la réalité dans un silence qui symbolise à ses yeux sa force et contient sa violence intérieure. Elle avoue à son fils : « […] dans le milieu du silence, la tempête arrive. » (l. 21) À l’intérieur d’elle-même, elle « [fait] des scènes qui durent des heures », elle précise : « des scènes tellement violentes […] J’démolis la maison ou ben j’y mets le feu, j’égorge ton père, j’fais même pire que ça… » (l. 27-29) De son côté, la révolte de Léopold s’exprime par le contraire du silence, par ce cri de désespoir que constitue le « sacre ». Chez Tremblay, le « joual » est associé à la fois à l’aliénation et à l’expression du désir de se libérer. Le monologue de Léopold est le plus parfait exemple de ce besoin d’exprimer sa détresse poussé à sa limite : « Hostie ! toute ta tabarnac de vie à faire la même tabarnac d’affaire en arrière de la même tabarnac de machine ! Toute ta vie ! » (l. 11-12) Ici, le procédé de répétition contribue d’ailleurs à accentuer l’expression de la révolte. Dans son langage sans retenue, Léopold s’indigne contre son passé et contre son avenir : « Quand j’me suis attelé à c’te ciboire de machine-là, j’étais quasiment encore un enfant !

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[…] Mais dans vingt ans, j’s’rai même pus un homme… » (l. 20-21) Mais ce besoin de libération a-t-il d’autre issue que d’aller boire à la taverne (l. 30) ou d’espérer que « les enfants s’instruisent » et connaissent autre chose (l. 10-11) ? Bref, pour Madeleine, comme pour Léopold, l’expression de la révolte occupe une place importante. Tout compte fait, ce sont des personnages confrontés à eux-mêmes que nous présente Michel Tremblay : des personnages qui vivent un conflit intérieur, un conflit insoluble. Madeleine et Léopold sont divisés entre la nécessité de se résigner et le besoin de se révolter. Souvent dans la tragédie, le conflit ne fait pas du héros la seule victime, les autres aussi sont affectés. À sa façon, Madeleine fait des reproches même à celui qui est près d’elle : son fils Claude. Mettant en doute ses aspirations d’écrivain, elle conclut : « Si t’as jamais entendu le vacarme que fait mon silence, Claude, t’es pas un vrai écrivain ! » (l. 50-51) Léopold, après s’en être pris à Dieu lui-même, s’en prend à sa famille dans des termes à faire dresser les cheveux sur la tête du public québécois moyen : « Ta famille à toé ! Une autre belle invention du bon Dieu ! Quatre grandes yeules toutes grandes ouvertes, pis toutes prêtes à mordre quand t’arrives, le jeudi soir ! » (l. 27-28). Se venger sur les autres (l. 5), c’est justement ce que Marie-Louise reproche à Léopold au début de l’extrait. Ainsi, chez Madeleine comme chez Léopold, la révolte l’emporte sur la résignation, au point qu’elle affecte leur entourage. Somme toute, Madeleine et Léopold sont surtout des personnages révoltés. Ils n’acceptent plus de se résigner. Madeleine en a assez de l’ennui, de la maladie, de l’angoisse ; Léopold, de la soumission et de l’esclavage. C’est la révolte qui l’emporte chez les deux. Madeleine s’est enfermée dans un silence qui contient sa violence, elle n’en sort que pour mettre en doute son propre fils. Léopold, dans son monologue d’aliéné, illustre à quel point la révolte affecte son entourage. Surtout quand on connaît la fin de la pièce : la mort dans laquelle il entraînera sa femme et le cadet de la famille. Populaire, mais très inspiré des pièces classiques, le théâtre de Michel Tremblay jette un regard sans compromis sur la réalité québécoise en faisant de la mère dépressive et du travailleur d’usine des personnages tragiques. Total : 1129 mots Commentaires Ces copies dépassent les attentes de la correction du Ministère en matière d’argumentation et en ce qui a trait au nombre de mots. Elles ont été retenues parce qu’elles constituent d’excellents exemples de la dissertation critique dans tous ses aspects. Il faut les considérer moins comme un but à atteindre que comme des modèles représentatifs de ce qui est très réussi aux critères du contenu et de l’organisation.

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8. BIBLIOGRAPHIE ET OUVRAGES RECOMMANDÉS 8.1 QUELS OUVRAGES APPORTER AVEC VOUS POUR L’ÉPREUVE

UNIFORME DE FRANÇAIS ?

Vous avez le droit de vous munir de trois ouvrages de référence. Il est essentiel de n’apporter avec vous que des ouvrages que vous connaissez minimalement et que vous pouvez consulter rapidement et efficacement. Dans chaque cas, utilisez de préférence l’édition la plus récente.

8.1.1 Un dictionnaire Le Nouveau Petit Robert 1. Dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française, Dictionnaires Le Robert, Le Petit Robert 1 est le dictionnaire le plus complet et le plus utile pour la rédaction française. C’est un dictionnaire analogique, c’est-à-dire qu’il propose des termes associés à chaque sens d’un mot. Il propose des définitions de toutes les notions littéraires utiles : courants, mouvements, tendances, périodes, genres, procédés, figures. De plus, le Petit Robert 1 contient des milliers de citations littéraires qui peuvent être utilisées telles quelles. Le Petit Robert. Dictionnaire universel des noms propres, Dictionnaires Le Robert, Ce volume, qu’on appelle souvent le Petit Robert 2, offre des informations plus nombreuses et précises que le Petit Larousse illustré. Il comporte non seulement des articles sur les grands écrivains français (et quelques québécois), mais aussi sur de nombreuses œuvres (par exemple, au moins dix titres de Balzac font l’objet d’une entrée à ce dictionnaire). De plus, des articles encadrés présentent des bilans synthétiques des grands mouvements et courants littéraires et culturels (entre autres, le classicisme, les lumières, le romantisme, le réalisme). Le Petit Larousse illustré, Librairie Larousse Par son caractère encyclopédique, le Petit Larousse peut fournir de nombreuses informations afin de compléter les connaissances littéraires, surtout dans la section des noms propres : biographies d’auteurs, informations sur les périodes, les courants et les œuvres, informations historiques. 8.1.2 Un guide de conjugaison Bescherelle. L’Art de conjuguer. Éditions HMH. 8.1.3 Un dictionnaire des difficultés ou une grammaire de votre choix Le Multidictionnaire de la langue française de Marie-Éva de Villers, Québec-Amérique. Le Multidictionnaire est le plus complet des dictionnaires de difficultés et le mieux adapté aux usagers québécois.

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8.2 RECOMMANDATIONS Compte tenu des commentaires qui précèdent, nous recommandons :

À l’élève qui a confiance en ses connaissances littéraires et qui utilisera les ouvrages apportés principalement pour travailler à la qualité de la langue de sa dissertation d’apporter un Petit Robert 1, un guide de conjugaison et un Multidictionnaire (ou un autre dictionnaire des difficultés de la langue française).

À l’élève qui aura besoin de vérifier des connaissances littéraires tout en travaillant à la qualité de la

langue de sa dissertation d’apporter un Petit Robert 2 (ou un Petit Larousse illustré), un Petit Robert 1, et un Multidictionnaire (ou un autre dictionnaire des difficultés de la langue française). Pour la conjugaison des verbes, le Petit Robert 1 contient des tableaux généraux et le Multidictionnaire donne les formes des verbes présentant des difficultés.

À l’élève pour qui le français est une langue seconde d’apporter un dictionnaire bilingue (si

nécessaire), un Petit Robert 1 (utile pour ses exemples de formulation, entre autres) et un guide de conjugaison.

8.3 LIVRES ET DOCUMENTS UTILES POUR SE PRÉPARER À L’ÉPREUVE

UNIFORME DE FRANÇAIS GATIEN, Louise. Des bons trucs pour réduire le stress aux examens et Passer un examen, Montréal, Collège de Maisonneuve, Service aux étudiants (Aide à la réussite), 1993, feuillet (2 p.). Gratuit. Disponible sur le présentoir du D-3603.

De nombreux guides peuvent vous aider à vous préparer à l’épreuve. Tous ceux qui sont sur le marché peuvent vous servir à faire une très bonne préparation pour l’épreuve.

Nous nous bornons ici à vous conseiller trois sites Internet : BERGER, RICHARD. SITE CONSACRÉ À L’ÉPREUVE UNIFORME DE FRANÇAIS. http://pages.infinit.net/berric/EUF Ce site contient des informations mises à jour régulièrement concernant l’Épreuve elle-même et ses critères d’évaluation, ainsi qu’un exposé détaillé des principes de base de la dissertation critique, accompagné de conseils et de réponses à de nombreuses questions. Plusieurs sujets des épreuves précédentes sont cités et une dissertation commentée est présentée. SITE DU MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION http://www.meq.gouv.qc.ca/ens-sup/ens-coll/Eprv_uniforme/mepreuve.asp Ce site présente des copies des questionnaires antérieurs, le texte des formulaires de l’Épreuve, le guide de correction et des renseignements généraux sur l’Épreuve (« Toute l’information de A à Z », statistiques sur les résultats de l’EUF).

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CENTRE COLLÉGIAL DE DÉVELOPPEMENT DE MATÉRIEL DIDACTIQUE (CCDMD) http://www.ccdmd.qc.ca/fr/

Ce site, le plus complet qui soit sur le plan de la langue et de la préparation à l’Épreuve, offre du matériel théorique (explications de grammaire), du matériel interactif (diagnostics, exercices, corrigés, jeux, etc.), et du matériel pour allophones. Il est à noter que toute une section du site est consacrée à l’Épreuve de français.

L’Accord – Centre d’aide en français Collège de Maisonneuve Local D-5646 254-7131, poste 4200

Recherche et rédaction : Michèle Frémont, André

Lamarre et Janie Tremblay Consultation : Véronique Ouellet Révision : Catherine Bouchard Correction et mise en page : Andrée Meilleur

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ANNEXE ÉCHELLE D’APPRÉCIATION

Description détaillée de la grille d’évaluation Épreuve de français, langue d’enseignement et littérature

I - COMPRÉHENSION ET QUALITÉ DE L’ARGUMENTATION

Sous-critère 1 - Le respect du sujet de rédaction L’élève traite de façon explicite tous les éléments de l’énoncé du sujet de rédaction.

1. La mention et l’interprétation juste des éléments essentiels de l’énoncé du sujet de rédaction. 2. Le développement approprié et cohérent de chaque élément de l’énoncé du sujet de rédaction. 3. La clarté, la cohérence et la constance du point de vue critique.

Sous-critère 2 - La qualité de l’argumentation

L’élève développe un point de vue critique à l’aide d’arguments cohérents et convaincants et à l’aide de preuves pertinentes puisées dans les textes proposés.

1. La valeur des arguments en relation avec le sujet de rédaction ou le point de vue de l’élève, et leur

cohérence. 2. La pertinence des illustrations ou des preuves. 3. L’efficacité des explications.

Sous-critère 3 - La compréhension des textes et l’intégration des connaissances littéraires

1. La compréhension juste des textes littéraires. 2. La justesse et la pertinence des « connaissances littéraires formelles ». 3. La justesse et la pertinence des « connaissances littéraires générales ».

II - STRUCTURE DU TEXTE DE L’ÉLÈVE

Sous-critère 4 - La structure de l’introduction et de la conclusion

L’élève rédige une introduction et une conclusion complètes et pertinentes.

1. La présence, la clarté et la pertinence des parties de l’introduction. 2. La présence, la clarté et la pertinence des parties de la conclusion. 3. La cohésion entre les parties et les phrases de l’introduction et celle entre les parties et les phrases

de la conclusion.

Sous-critère 5 - La structure du développement, l’organisation et la construction des paragraphes

L’élève construit un développement cohérent et des paragraphes organisés logiquement.

1. La structure du développement. 2. La construction des paragraphes. 3. L’enchaînement des idées.

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III - MAÎTRISE DE LA LANGUE

Sous-critère 6 - La précision et la variété du vocabulaire ainsi que la richesse et la clarté de l’expression

L’élève emploie un vocabulaire précis et varié, et sa façon de s’exprimer est claire et diversifiée.

1. L’emploi d’un vocabulaire précis et approprié à la situation de communication. 2. La variété du vocabulaire et la richesse de l’expression. 3. La clarté de l’expression.

N. B. Le sous-critère du vocabulaire est évalué de façon qualitative.

N. B. L’évaluation des sous-critères de la syntaxe et de la ponctuation, de l’orthographe d’usage et de l’orthographe grammaticale est quantitative. Toutes les erreurs sont relevées et comptées. Toutes les erreurs de syntaxe, d’orthographe grammaticale et certaines erreurs d’orthographe d’usage sont considérées comme des fautes. Cependant, les erreurs de ponctuation et certaines erreurs d’orthographe d’usage (les majuscules, les accents, les coupures de mots, les traits d’union, les abréviations et les unités de mesure, les signes et symboles mathématiques, les apostrophes et les contractions) sont considérées comme des demi-fautes. Il faut donc deux erreurs de ces catégories pour qu’il y ait une faute.

Sous-critère 7 - La syntaxe et la ponctuation

L’élève construit des phrases correctes et place adéquatement les signes de ponctuation.

La syntaxe Est considérée comme une erreur de syntaxe toute erreur relative à l’ordre des mots et à la construction des phrases. Qu’elles soient simples ou complexes, les phrases sont correctement construites, c’est-à-dire que tous les mots essentiels à la compréhension de la phrase sont présents, que l’ordre des mots est correct et que les éléments suivants sont bien employés : pronoms; forme, mode et temps des verbes; prépositions et conjonctions.

La ponctuation Une erreur de ponctuation vaut une demi-faute. Les signes de ponctuation sont correctement utilisés. Le point termine la phrase; le point d’interrogation apparaît après une phrase interrogative directe; le point-virgule sépare entre elles les propositions liées par le sens; les deux-points amènent une citation, une énumération, une explication ou une définition. La virgule sépare des éléments juxtaposés, coordonnés et des accidents de discours, c’est-à-dire des ajouts aux constituants de base de la phrase ou des déplacements de ces constituants.

Sous-critère 8 – L’orthographe d’usage et l’orthographe grammaticale

L’élève observe l’orthographe d’usage et l’orthographe grammaticale.

Est considérée comme une erreur d’orthographe d’usage toute erreur à un mot qui fait l’objet d’une entrée au dictionnaire. N. B. Cette erreur n’est comptée qu’une seule fois par texte, par mot mal orthographié. Certaines erreurs d’orthographe d’usage (les majuscules, les accents, les coupures de mots, les traits d’union, les abréviations et les unités de mesure, les signes et symboles mathématiques, les apostrophes et les contractions) sont considérées comme des demi-fautes. Est considérée comme une erreur d’orthographe grammaticale toute erreur contrevenant à l’application d’une règle de grammaire. N. B. Cette erreur est comptée autant de fois qu’elle apparaît dans le texte.

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COTES POUR LES SOUS-CRITÈRES 1 À 6

Très bien Bien Assez bien Suffisant Insuffisant Médiocre Nul A B C+ C D E F

COTES POUR LES SOUS-CRITÈRES 7 ET 8

Très bien Bien Suffisant Insuffisant Médiocre Nul A B C D E F

0 - 9 10-19 20-30 31-45 46-60 + de 60 La troisième ligne indique le nombre de fautes relié à chacune des cotes. Pour les sous-critères 7 et 8 L’évaluation des sous-critères de la syntaxe et de la ponctuation, de l’orthographe d’usage et de l’orthographe grammaticale est quantitative. Toutes les erreurs sont relevées et comptées. Toutes les erreurs de syntaxe, d’orthographe grammaticale et certaines erreurs d’orthographe d’usage sont considérées comme des fautes. Cependant, les erreurs de ponctuation et certaines erreurs d’orthographe d’usage (les majuscules, les accents, les coupures de mots, les traits d’union, les abréviations et les unités de mesure, les signes et symboles mathématiques, les apostrophes et les contractions) sont considérées comme des demi-fautes. Il faut donc deux erreurs de ces catégories pour qu’il y ait une faute.

LE SEUIL DE RÉUSSITE

Pour réussir l’épreuve, l’élève doit obtenir la cote C (suffisant) pour chacun des trois critères. Ainsi, dès que l’élève obtient la code D (insuffisant), E (médiocre) ou F (nul) à l’un ou l’autre des trois critères, il subit un échec. Il n’y a plus de pourcentage : la sanction finale « Échec » ou « Réussite » apparaîtra sur le relevé de note de l’élève.