4
Le nouvel Economiste - n°1570 - Du 9 au 15 juin 2011 - Hebdomadaire 23 E n fo u illant dans l es poubelles de s entr eprises tertiair es r r fr ançaises , on ne risque pas de se salir le s mains. L’ e xplication est simple : e lles r egor gent r de papier , r r de loin la fr a ction de déc hets la p lus importante dans l es bur eaux. E lle compr end r r des feuilles blan ch es imprimées, des en ve n n loppes, mais aussi des cahie rs , des agen - das et daut re s pr o duits fa çonnés. Un m illion de tonnes de papier de bonne qualité par an, a uquel il fa udr ait r ajouter les papie rs issus du sar ch iv age riodique des entr eprises, soit 120 000 tonnes selon la F édér ation des entr e- prises de re cy clage (F eder F F e c). Un gisement i mmense dune matièr e re c ycl c c ab le à 100 %. E t pourtant, la c ollecte sélective de papier i ssu de bu re au e na ra pporté a q ue 20 00 00 tonnes en 2009” , c onstate Je an-P aul Dupuy , y y ingénieur à la di re c- tion de la consommation dur ab le et déc hets c c de l’Ademe. Un pour centage très fa ible de 20 % qu’il ex p lique par un a utr e taux, t , out a ussi fa i- ble. “A ujourd’hui , i on estime que seulement un e entr ep r r rise s ur qu at re a mis en place un dispositif de c ollecte c c du p apier r r Des gr ands r r c omptes, c c dans la plu - part des cas. Et pourtant, 54 % des salariés du pri i i tr ava illent dans des entr e prises de moin s de 250 emplo yés, 38 % dans d es TPE de moin s de 20 salariés. Ces P ME/TPE préfèr ent sap- puy er y y sur l es ci rc uits de collecte m unicipale et leur s papier s se langent a insi à c eux des m énages. La loi dit que les c ollectivités peuvent c ollecter l es déc hets c c dactivité économique, souli- gne Nicolas Garnier , r r légué génér al r r d’Amor ce r r , l’ association nationale d es collect iv v tés, des asso - ciations et des entr e prises pour la gestion de s déc h c c ets , de l’éner gie et des réseaux de c haleu c c r. La seule condition e st e e qu’ils soient assimilables aux déc hets m énagers en quantité et qualité. Mai s dans ce c as aussi , l es résultats de la collect e lecti ve du papier sont déc ev ants : l’Adem e estime qu’entr e 454 000 et 636 000 tonnes de papier bur eau r r ont éc happé c c en 2009 à la collect e lecti ve m unicipale pour finir dans or dur es ménagèr es r r résiduelles. Un mau va is tri qui nest pas seulement sour ce r r de gâc is. c c “A u A moins 50 % du gisement de papiers i ssus du bu r eau r pourr ai t êtr r r utilisé pour produi re du papier r ecyclé r r haut de gamme , souligne J ean-P J J aul P Dupuy . y y Or , r r l es pape - tier s fr ançais qui pr o duisent ce type de r amet - tes ont aujour d’hui du mal à s’appr o visionne r en te à papier re c yclé c c sur le ma rc c c fr ançais et sont ainsi obligés de l’importe r. Un c hoix politique de direction dans les grands groupe s Impossible damélior er le scor e de re c yclag e des entr eprises de l’He xagone sans fa ir e fa ce Pa r Andrea P a aracchini “Un système de collecte cest une poubelle séparée pour ch aque e mplo e , é é mais également la mise en place de toute une l ogistiqu l l e: cest un s urcoût fi nanci er q uen pri ncipe l ’ent re t prise e ne v eut pas assumerEn vironnemen t Consommation de papier en e ntreprise Consomme r mo i n s et t r i er pl us Le taux de re cy cl a ge du pa pier issu de bureau est aujour dhui enco re tr op fa ible en Fr anc e: 20 % seulement de ces papier s, pourtant de haute qualité, sont cor- r ectement triés et re c yclés , selon l’Ademe . Un gaspillage qui s’e xplique diffé- r emment en fo nction de la taille des entr e prises concernées . Du c ôté des gr a nds comptes, c ’est surtout une question de vo lonpolitique du management, alor s que ch ez l es P ME/TPE , l’enjeu est plutôt de co nva inc re les re sponsa bles des ac h ats de l’intérêt économique du re cy clage. Mais les solutions pour fa ir e év oluer le s c omportements des uns c omme des autr es ex istent. Et passent n otamment par la sensibilisation au lien entr e réduction de la consommation et re cy clage. RECYCLAGE L ’af L L fa ire de toutes les entre prises, grandes et petite s - Un c hoix politique de direction dans les grands groupe s - Une question de coût pour l r es PME - A lternatives - Le f inancement de la c a o llecte Une structure p yramidale de ’entreprise favorise un ploiement plus rapide et p lu s généralisé des p olitiques de recyclage.” Bori s Patentreger, WWF . WWF-FRANCE

Consommer moins, trier plus

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Le nouvel Economiste - n°1570 - Du 9 au 15 juin 2011 - Hebdomadaire

Citation preview

Page 1: Consommer moins, trier plus

Le nouvel Economiste - n°1570 - Du 9 au 15 juin 2011 - Hebdomadaire 23Le nouvel Economiste - n°1570 - Du 9 au 15 juin 2011 - Hebdomadaire 23

Enfouillant danslespoubelles desentreprises tertiairesrr françaises,on ne risque pas de se salir lesmains. L’explication est simple:

elles regorgent r de papier, rr de loin la fraction dedéchets la plus importante dans les bureaux.Elle comprend rr des feuilles blanches imprimées,des envenn loppes,mais aussi des cahiers, des agen-das et d’autres produits façonnés.Un million detonnes de papier de bonne qualité par an,auquel il faudrait rajouter les papiers issus dudésarchivage périodique des entreprises, soit120000 tonnes selon la Fédération des entre-prises de recyclage (FederFF ec). Un gisementimmense d’unematière recyclcc able à 100%.“Etpourtant, la collecte sélective de papier issu debureau ee n’arapporté a que 200000 tonnes en 2009”,constateJean-Paul Dupuy, yy ingénieur à la direc-tion de la consommation durable et déchets cc del’Ademe. Un pourcentage très faible de 20 %qu’il explique par un autre taux, t, out aussi fai-ble. “Aujourd’hui, i on estime que seulement uneentreprr rise sur quatrett a mis en place un dispositif de

collecte cc du papierrr Des grands rr comptes,cc dans la plu-part des cas.” Et pourtant,54 % des salariés duprivé ii travaillent dans des entreprises demoinsde 250 employés,38 % dans des TPE de moinsde 20 salariés. Ces PME/TPE préfèrent s’ap-puyer yy sur les circuits de collecte municipale etleurs papiers se mélangent ainsi à ceux desménages.“La loi dit que les collectivités cc peuvent

collecter cc les déchets cc d’activité économique, souli-gne Nicolas Garnier, rr délégué général rr d’Amorcerr ,l’association nationale des collectivivv tés,des asso-ciations et des entreprises pour la gestion desdéchcc ets, de l’énergieet des réseaux de chaleucc r.La seule condition est ee qu’ils soient assimilables auxdéchets cc ménagers en quantité et qualité.” Maisdans ce cas aussi, les résultats de la collectesélective du papier sont décevants: l’Ademe

estime qu’entre 454000 et 636000 tonnes depapier bureau rr ont échappé cc en 2009 à la collectesélective municipale pour finir dans orduresménagères rr résiduelles.Un mauvais tri qui n’estpas seulement source rr de gâchis.cc “Au AA moins 50%du gisement de papiers issus du bureaurr pourrairr têtre rr utilisé pour produiredu papier recyclé rr haut degamme”, souligne Jean-PJJ aul PP Dupuy. yy Or, rr les pape-

tiers français qui produisent ce type de ramet-tes ont aujourd’hui du mal à s’approvisionneren pâte à papier recyclé cc sur le marchécc françaiset sont ainsi obligés de l’importer.

Un choix politique de directiondans les grands groupesImpossible d’améliorer le score de recyclagedes entreprises de l’Hexagone sans faire face

Par AndreaPa aracchini

“Un système de collecte c’est une poubelle séparée pour chaque emploee yé, éémais également la mise en place de toute une logistiqull e: c’est un surcoûtss

financier qu’en principe l’entrett prise ee ne veut pas assumer”

Environnement

Consommation de papier en entreprise

Consommer moins et trier plus

Le taux de recyclage du papier issu de bureau est aujourd’hui encore trop faibleen France : 20 % seulement de ces papiers, pourtant de haute qualité, sont cor-rectement triés et recyclés, selon l’Ademe. Un gaspillage qui s’explique diffé-remment en fonction de la taille des entreprises concernées. Du côté des grandscomptes, c’est surtout une question de volonté politique du management, alorsque chez les PME/TPE, l’enjeu est plutôt de convaincre les responsables des achatsde l’intérêt économique du recyclage. Mais les solutions pour faire évoluer lescomportements des uns comme des autres existent.Et passent notamment par lasensibilisation au lien entre réduction de la consommation et recyclage.

RECYCLAGE

L’afLL faire de toutes les entreprises, grandes et petites

- Un choix politique de direction dans les grands groupes- Une question de coût pour lr es PME- Alternatives- Le financement ff de la ca ollecte

“Une structure pyramidale de l’entreprisefavorise un déploiement plus rapide et plusgénéralisé des politiques de recyclage.” BorisPatentreger, WWF.

WW

F-FR

AN

CE

Page 2: Consommer moins, trier plus

24 Le nouvel Economiste - n°1570 - Du 9 au 15 juin 2011 - Hebdomadaire24 Le nouvel Economiste - n°1570 - Du 9 au 15 juin 2011 - Hebdomadaire

aux blocages qui conditionnent encore leurschoix.D’abord,un constat : “ParPP adorr xalement,les Français rr adoptent plus facilement les gesteseede tri et un comportement citoyen lorsqu’ils setrouvent à la maison”, remarque BorisPatentreger, rr chargé de programme conver-sion forestière et papier.rr En effet, lorsqu’ils

sont en famille, les quelque 13 millions d’em-ployés de bureau qui compte la France (45 %des actifs en Ile-de-France) arrivent à trierjusqu’à 50 % de leur papier. rr Un résultat quepeu d’entreprises françaises peuvent affi-cher. rr Et la raison serait principalement éco-nomique. “Un système de collecte c’est une

poubelle séparée pour chaque employé, maiségalement la mise en place de toute une logis-tique : c’est un surcoût financier qu’en principel’entreprise e ne veut pas assumer”, précise BorisPatentreger. En 2010, il a passé au crible lapolitique papier de 50 grands groupes fran-çais : les entreprises du CAC 40, les grandsdistributeurs et certaines entreprises parte-naires du WWF.FF Sur la base du résultat decette analyse – le classement PAP50 –, ilavance certaines considérations générales.“S’il n’y a pas de secteurs plus réfractairr res ee aurecyclage rr que d’autresrr , s nous avons pu constateren revanche qu’une structure rr pyramidale rr del’entreprr rise favorise un déploiement plus rapiderret plus généralisé rr des politiques de recyclage.”Pour aussi peu qu’elle puisse coûter, rr la col-lecte ne saurait devenir un réflexe de toutel’entreprise sans une volonté politique clai-rement affirmée de la part de la direction enpremier lieu, et des sous-directions straté-giques (achats et développement durable)ensuite. Ce qui revient à relativiser l’impor-tance du facteur coût par rapport au rôle dumanagement.Car les grands groupes ont à lafois les ressources humaines et économiquespour mettre en place des systèmes de col-lecte. Et bénéficient de prix plus attractifscar elles offrent aux opérateurs de recyclagedes volumes de papier conséquents.D’autantplus qu’elles se trouvent souvent regroupéesau sein de zones à grande concentration de

bureaux.Toute une série d’avantages dont lesPME etTPE ne peuvent que rêver.rr

Une question de coût pour lr es Ps MEDans son étude Actualisation des flux ff de papiergraphique rr en Francerr rendu à l’Ademe endécembre 2010, Alain Tripier,rr directeur ducabinet Sereho, souligne que “les opérarr teursindustriels ne pourraient agir dans des zones

moins concentrées qu’au moyen de coûts de col-lecte incompatibles avec les budgets mobilisa-bles dans les entreprr rises”. Jean-Paul Dupuyfixe quant à lui le seuil pour un service à descoûts raisonnables à 300 salariés sur unmême site. Ce n’est pas l’avis de Stéphane

Dupont, directeur développement tertiairede VeoliaVV Propreté France pour qui, à partirde 30 salariés, il est possible de mettre enplace un dispositif de collecte. Personne nesemble en revanche pouvoir démentir AlainTripier lorsqu’il affirme que “la quasi-totalitédes entités de moins de 20 personnes ne disposepas de collecte de bureau spécialisée”. Que l’onparle de PME ou TPE, l’argument du coût est

EnvironnementRECYCLAGE

Plus adaptés aux exigences des PME,les services des entrett prises ee de l’économie sociale et solidaire

sont souvent gratrr uits.tt

“A une TPE qui produit une tonne de papier paran, la collectivité ne demanderait que 200 eurosde redevance spéciale: cela ne va pas laruiner!” Nicolas Garnier, Amorce.

Longtemps après les ménages, les entreprises pour-ront elle aussi compter br ientôt sur une filièreff structu-rée et ot rganisée pour lr a collecte et le traitement deleurs Déchets d’équipements électriques et ét lectro-niques (DEEE). Sur la base d’un cahier dr es charges encours d’élaboration avec lc es organisations profession-nelles, un ou plusieurs éco-organismes pour lr a filièreffDEEE Pro devraient recevoir l’agrément de l’Etat d’icifin 2011. En effet, le principe de la responsabilité élar-gie des producteurs (Rep) s’applique aux fx abricantsffd’appareils électroniques depuis 2005. Mais si pourles équipements vendus aux ménages, les produc-teurs ont tt oujours pu compter sur qr uatre éco-organis-mes – Ecosystèmes, Ecologic, ERP eP t Recyclum – char-

gés d’en coordonner traitement et rt ecyclage, pour lr ematériel professionnel ll e cadre est plus complexe.“Pour les équipements professionnels ms is ss ur le mar-rrché avant août 2005, c’est l’utilisateur qui ei stee rt espon-rrsable de e dd leur fin de ve ievv ”, rappelle Erwan Fangeat, FF ingé-nieur au service Rep et rt ecyclage de la divisionconsommation durableetdt échets de l’Ademe.“Quantà ceux mis sur le marché après août 2005, chaque pro-ducteur doit mettre en place son système de collecte.”Selon les derniers cs hiffres de l’Ademe, ces systèmesauraient permis de récupérer 2r 1687 tonnes de DEEEen 2009. “Il sl ’agit à 85 % d’équipements informa-iitiques et dt e télécommunication”, précise ErwanFangeat. Et pourtant, l’Ademe a découvert qu’aumoins 100000 tonnes de DEEE pro auraient tt ransitépar lr es centres de traitement français ls a même année.

“Effectivement aujourd’hui nous opérons tanttt dt ans dd lecadre de e dd systèmes is ndividuels ii qu’en relation rr directettavec des grandes es ntreprises”, explique JulienDugourgeot, chef df e projet à la cellule DEEE deDerichebourg. “D’autant plus que ce ertains cc contratscc ds eddvente prévoient que la ra esponsabilité rr du DEEE passedu producteur àr l’utilisateur.” Enfin, il faut ff égalementrappeler lr e cas des équipements ps rofessionnels ache-tés dans les circuits grand public. Assimilés à des équi-iipements ménagers, ils ps euvent êt tre déposés auprèsdes déchetteries communales et ft inirff mr élangés xauxDEEE ménagers. “Mais c’est encore le e moindre de esddmaux, car au moins on est sûr que les DEEE seront trai-tés correctement”, affirme Ludovic Degand, d rirecteur

développement DEEE chez l’éco-organisme Ecologic.Car sr i les grands comptes peuvent se permettre lesconseils d’un spécialiste et penser à programmer la finde vie de leur équipement électronique dès leur achat,les PME/TPE manquent de moyens. Elles risquentalors de confier leurs déchets à des circuits ds e traite-ment illégaux ex t d’en payer lr es cs onséquences. D’oùl’intérêt de mutualiser lr es moyens à travers la ca réationd’éco-organismes pour lr a filièreff DEEE Pro. Candidat àl’agrément, Ecologic compte lancer dr ’ici l’été un siteWeb qui leur er st ct onsacré. “Pour cr haquecc de edd mandedéposée sur e-dechet.com, nous irons chercher le pro-ducteur qui pourra prendre en charge le DEEE.” Fujitsuet At cer ont dt éjà adhéré.

A.P.

Déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE)La filière s’organise

Les PME risquent de confier leurs déchets à des circuits de traitement rr illégaux et d’en payer les conséquences

Page 3: Consommer moins, trier plus

Le nouvel Economiste - n°1570 - Du 9 au 15 juin 2011 - Hebdomadaire 25Le nouvel Economiste - n°1570 - Du 9 au 15 juin 2011 - Hebdomadaire 25

souvent évoqué en premier.rr “Dans trois entre-rrprises sur quatre,rr les chargés des achats ne laconsidèrent rr pas le recyclage rr comme cc une priorité.Ils II craignent rr des coûts supplémentaires ee ne génégg -rant pas des retours rr économiques directs rr et chif-frés”, témoigne Isabelle Obiols, consultanteindépendante en optimisation des impres-sions auprès des petites entreprises de larégion parisienne. De plus, ces entreprisesconsidèrent déjà payer pour la collecte,notamment en s’acquittant de la taxe pourles ordures ménagères (TOM).“Elles semblentpourtant ignorer que la TOM n’est pas une rede-rrvance que l’on verse pour payer un service spé-cifique, mais un impôt qui permet de financeren partie un ensemble de solutions et servicespublics, précise Nicolas Garnier.rr Lorsqu’unecollectivité veut couvrir les coûts de la collecteet du traitement de décrr hets d’activité écono-mique, elle peut demander aux entreprr rises uneredevrr ance spéciale, sur la base des tonnes ou desvolumes collectés.” VariVV able en fonction dutype de déchet,elle est comprise entre 200 et250 euros la tonne pour le papier.rr

AlternativesPour Nicolas Garnier, lrr es coûts ne devraientpas inquiéter les petites entreprises : “A uneTPE qui produit une tonne de papier par an, lacollectivité ne demanderait rr que 200 euros deredevrr ance spéciales : cela ne va pas la ruiner!” Si

elles la trouvent trop cher,rr pas question enrevanche que la collectivité s’en charge : “Laloi devrait rr alors imposer aux entreprr rises deprouver qu’elles ont mis en place un système decollecte”. Ou alors les inciter à se renseignersur les solutions à faible coût,voire gratuites,que l’on trouve désormais sur le marché.“Denombreusesrr entrepe rises de fournitures rr debureau proposent à leurs clients un service decollecte gratrr uite du papier lors de chaque livrairr -

son”, explique Jacques Rouard, administra-teur de la Fédération de l’équipement dubureau et de la papeterie (Feb) et directeurgénéral de la papeterie Charlemagne. Maisce service concerne notamment les cartons

d’emballage et est loin d’être plébiscité. “IlIIfaut comprendrr re qe u’une PME qui commandeses fournitures ee une fois par mois devrait rr stockerle papier dans ses locaux pendant tout cetemps…” Plus adaptés aux exigences desPME, les services des entreprises de l’écono-mie sociale et solidaire sont souvent gratuits.C’est d’ailleurs vers eux que l’Ademeconseille de se tourner dans tous ses supportsde communications. Associations ou entre-

EnvironnementRECYCLAGE

“Les chargés des achats craignent des coûtssupplémentaires ne générant pas des retourséconomiques directs et chiffrés.” IsabelleObiols, consultante indépendante.

“Les entrett prises ee travrr aillent vv raremee ent sur l’ensemble des axes:eeréduction de la consommation, n tri tt et recyclage rr

et achacc t responsable ee de papier recyclé”rr

Où eù n est-on de la sa ensibilisation au recyclage enFrance?Aujourd’hui on est en présence d’une sensibilité à plu-sieurs vitesses. D’abord, auprès des citoyens, on cons-tate un taux dx ’adhésion aux pratiques de recyclagetrès vs ariable selon les territoires et lt es communes,entre les villes et lt e milieu rural. En général, on peutnéanmoins dire qu’en France on est àt un stade plutôtavancé en ce qui concerne la mise en place des outilsde recyclage. Et l’Outre-mer suit: je suis allé récem-ment àt la Réunion où le tri est dt ésormais disponiblesur tr oute l’île, même s’il yl ay encore des importantsefforts de sensibilisation à faire auprès de la popula-tion.

Qu’en est-ilee el n particulier du recyclage de ans leseeentreprises?eeLes entreprises sont aujourd’hui davantage intéres-sées au recyclage dans la mesure où leurs déchets ontde plus en plus de valeur. D’ailleurs, je n’ai jamais cruà la grandeur dr ’âme des entreprises: elles se tiennentà une logique de retour sur lr ’investissement. Maisdans ls e cas actuel, nous nous trouvons confrontés à

une tendance de fonds qui verra la hausse généraliséedes matières premières s’amplifier. Le cours desmatières premières ne va pas cs esser dr e grimper, auprofit dt e matières premières secondaires, issue d’unprocessus de recyclage. L’entreprise voit dt onc uc navantage à la fois dans le choix de s’approvisionner enmatière première recyclée et dt ans celui de valoriserses déchets à travers lesfs ilières ff derecyclage.D’où l’im-portance pour le management de pouvoir assurer unebonne gestion du poste déchet. Nous ne voyons pasencore des profils de gestionnaires de déchets créésau sein des entreprises, mais il est clair que désormais

les directions demandent de plus en plus d’attention àleurs équipes autour dr e la qa uestion des déchets. Jetiens en fin à rappeler qr ue le recyclage constitue lui-même un secteur dr ’activité important et t créateurrd’emplois locaux. La Fa édération FF des entreprises derecyclage (Federec), organisatrice du Salon NouvellesMatières Premières, représente 1200 des 1800 entre-prises de recyclage qui compte la Fa rance. Des grandsgroupes comme Veolia et Sita, leaders du marché, jus-qu’aux px lus petites “casses” automobiles, en passantpour lr es entreprises de taille moyenne commeDerichebourg ou Paperec.

Après le papier, quels sont les déchets en entrepri-se qe ui devraient être recyclés dans ls e futurff ?Effectivement, lepapiercr arton mais aussi leverreet lesvéhicules hors usage (VHU) sont des filières structu-rées ds epuis plusieurs années es t désormais très aupoint. Tout ct omme la fa ilièreff des alliages. Elles fs onc-fftionnent bt ien aujourd’hui puisqu’il s’agit de filières ff oùle retour sur l’investissement peut se faire sur lr e courtrrterme. Il el xiste en revanche nombre de filières ff émer-gentes où les entreprises font ff aujourd’hui beaucoup

d’investissement mt ais ou la ra entabilité n’est pt as assu-rée. Prenons la filière des DEEE: les opérations ns éces-saires au démantèlement et àt là a récupération desmatériaux valorisable contenus dans us n ordinateur or uune télé sont et xtrêmement lourdes et ct omplexes. Enabsence d’une rentabilité “naturelle”, nous ds evonspouvoir cr ompter sr ur lr e soutien du législateur qr ui, à tra-vers la mise en place d’éco-organismes, abonde lesentreprises de recyclage.* Tours, les 15 et 16 juin jj 2011. 3000 visiteurs vv attenduset 1t 00 exposants.

A.P.

En absence d’une rentabilité “nrr aturelle” rr de certaines filières rr de recyclage,rrnous devons pouvoir compter sur le soutien du législateur

33 questions àFrédéric Chateauvieux, commissaire général du Salon NouvellesMatières Premières*

“Les déchets cc des entrett prises ee ont de plus en plus de valeur”vv

Page 4: Consommer moins, trier plus

26 Le nouvel Economiste - n°1570 - Du 9 au 15 juin 2011 - Hebdomadaire26 Le nouvel Economiste - n°1570 - Du 9 au 15 juin 2011 - Hebdomadaire

prises d’insertion, ces structures ont pourmission principale de créer des emplois.“Alors que les grands rr groupes jouent la mécani-sation massive de la collecte, e nous privilégionsle travrr ail humain, explique Didier Toqué,TTdirecteur de NouvellesAttitudes,qui compte300 clients dans toute la France. C’est pour-quoi nous pouvons nous permettre rr d’envoyer unopératrr eur au quatrième étage d’un immeublejuste pour récupérer rr deux bacs de papier.”rr

Gratuité et porte-à-porte : deux atouts com-pétitifs qui n’ont pas échappé aux grandsgroupes leaders du recyclage.C’est ainsi queSITA Ile-de-France, filiale du Groupe SuezEnvironnement,a lancé en avril dernier unenouvelle expérimentation dans la ville d’Issy-les-Moulineaux. Un service de collecte gra-tuit en porte-à-porte a été proposé aux 400PME de moins de 200 salariés de la ville.Les41 entreprises qui ont décidé de rejoindre ledispositif peuvent désormais appeler un opé-

rateur dans leurs bureaux chaque fois qu’el-les remplissent dix bacs de collecte pour untotal de 6 kg de papier.rr “Nous allons vérifier sicette quantité permet à la collecte de s’autofi-nancer grâce à la revente rr du papier en matièrerrà recyclerrr ”, précise Anne Egloff, directricecommerciale du pôle entreprises et valorisa-tion SITA IdF.En parallèle,un travail de sen-sibilisation et d’apprentissage des gestes detri est mis en place dans ces entreprises quidécouvrent souvent le tri pour la premièrefois. “Un premier rr bilan est prévu en septembre e,rrun deuxième en décembre.rr Ces bilans nous per-

mettront de mieux connaître rr les besoins et leseeattentes des TPE et PME et de mieux y répon-dre.rr ” Reste à savoir si et comment le disposi-tif sera étendu à d’autres zones.

Le financement ff de la ca ollecteEn attendant, le seul moyen de financer unsystème de collecte payante reste la réduc-tion de la consommation. Une étudeLexmark-Ipsos citée par l’Ademe et leWWFestime à 28 le nombre de pages impriméeschaque jour par un employé de bureau enFrance. Parmi elles, pas moins de quatre leseraient inutilement. En poids, cela donneautour de 60 kg de papier par an et par sala-rié dans les entreprises du privé, dont 16 à39 kg rien qu’en ramettes de papier à impres-sion. Pour une PME d’une centaine de sala-riés,ce dernier poste représente en moyenneune dépense de 10000 à 25000 euros HT paran.Et autant d’économies possibles.“C’est legenre rr d’arguments qui parle aux directeurs rr desachacc ts !”, reconnaît Isabelle Obiols.L’AdemeLLcroit pouvoir prédire d’ailleurs une baisse dela consommation de papier bureau de pasmoins de 20 % à l’horizon 2015,grâce notam-ment à la dématérialisation et aux efforts derationalisation des impressions.

L’étude Lexmark-Ipsos montre égalementque le nombre d’impressions par salarié aug-mente avec la taille de l’entreprise.Les gran-des entreprises ont donc elles aussi des gainséconomiques importants à faire sur leurconsommation de papier, rr au profit des inves-tissements dans le recyclage. A en croireStéphane Dupont pourtant, “au-delà du prix,xles clients nous demandent de plus en plus deproposer des actions de sensibilisation à desti-nation du personnel”.Ainsi,un petit film a ététourné à destination des salariés du siège deFrance Télécom pour illustrer le cercle ver-

tueux du papier : la feuille que l’on trieaujourd’hui se transforme en matière pre-mière et revient sur le bureau sous forme deramette de papier recyclé. “Mais il est aussiquestion d’expliquer aux collaborarr teurs que letri est ee un élément qui améliore la qualité de leurenvironnement de travrr ail.” Cette approcheglobale est d’ailleurs la priorité pour leWWF.FF“Rarement rr les entreprises e travrr aillent sur l’en-semble des axes: réduction rr de la consommation,tri et recyclage et achat responsable ee de papierrecyclé”rr , avoue Boris Patentreger. rrDeuxième au classement PAP50 derrièreL’Oreal, le groupe d’assurance AXA faitfigure de bon élève en la matière. Impliqué àpartir de 2003 dans la collecte sélective, il liedepuis 2010,5 % de la prime d’intéressementdes salariés à deux critères “papier” : baissede 5 % de la consommation par rapport à l’an-née précédente, tri d’au moins 55 % de sespapiers.Résultats : en 2010 la consommationde papier a baissé de 14,5 % et le taux derecyclage est passé à 54,8 %, contre 41 % en2008. Certes, le groupe AXA ne décrochequ’une note de 61/100 au classement duWWF.FF “Mais “ si chaque entreprr rise appliquaittoutes les bonnes pratrr iques que nous avonsdétectées dans notre rr rapport,t elles pourraient

atteindre un score rr de 90/100.” La publicationdu rapport a d’ailleurs éveillé certaines direc-tions : trente entreprises classées sont reve-nues vers le WWF pour communiquerqu’elles avaient changé leur politique etqu’elles souhaitaient valoriser leurs résultatsà l’occasion du prochain rapport, prévu pour2013. D’ici là, l’Ademe et le ministère del’Environnement comptent lancer unegrande concertation avec tous les organismeset les fédérations professionnels ainsi qu’a-vec les collectivités territoriales sur la ques-tion du recyclage du papier. La chasse augaspillage est ouverte. �

EnvironnementRECYCLAGE

Gisement d éd’économies200000 tonnes de papier bureau ont été collectées es trecyclées en 2009, soit 20 % du gisement.En France, chaque salarié du privé consomme enmoyenne 60 kg de papier pr ar an, dont 16 à 39 kgkk deramettes.Une collectivité locale dépense 200 à 250€ pour cr ol-lecter er t traiter une tonne de papierSourceSS : Ademe, 2010

CHIFFRES REVELATEURS

nouveleconomiste.fr(consultation gratuite)

Lire les dossiers précédents Les archives numériquesq

Pour une PME d’une centaine de salariés, le poste achacc t de papierreprésente ee en moyenne 10000 à 25000 euros par an.

Et autant d’économies possiblesee

“Au-delà du prix, les clients nous demandent deplus en plus de proposer des actions desensibilisation à destination du personnel.”Stéphane Dupont, Veolia Propreté.

DEEE (Déchets d’équipements électriques et électro-niques); Feb (Fédération de l’équipement du bureauet de la papeterie); Federec (Fédération des entrepri-sesde recyclage); REP(Responsabilitéélargie des pro-ducteurs)

Sigles & acronymesee

26 L l E i °1570 D 9 15 j i 2011 H bd d i