18
  Dossiers pédagogiques - Collections du Musée Monographies / Grandes figures de l'art moderne  Vue de l’atelier Brancusi, reconstitué par Renzo Piano, 1997 © Adagp, Paris 2007  Saisir l’essence de la matière L’œuvre dans son contexte historique et esthétique Brancusi et la modernité : une position paradoxale L’atelier Une œuvre d’art à part entière Les photographies comme testament spirituel Le rôle du socle Thèmes et notices d’œuvres CONSTANTI N BRANCU SI h ttp://www.cent repom pidou.f r/edu cation/ressou rces/ENS-bran cu si/EN... 1 de 18 21/05/2010 0:35

Constant In Brancusi

Embed Size (px)

Citation preview

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 1/18

 

 

Dossiers pédagogiques - Collections du Musée

Monographies / Grandes figures de l'art moderne

 

Vue de l’atelier Brancusi, reconstitué par Renzo Piano, 1997 © Adagp, Paris 2007

 

Saisir l’essence de la matière

L’œuvre dans son contexte historique et esthétique

Brancusi et la modernité : une position paradoxale

L’atelier

Une œuvre d’art à part entièreLes photographies comme testament spirituel

Le rôle du socle

Thèmes et no tices d’œuvres

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

1 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 2/18

 

▪ Le Baiser , 1907-1938

▪ La Muse  - La Muse endormie, 1909, Mademoiselle Pogany , 1912

▪ Le cycle des Oiseaux - Maïastra, 1910-12, L’Oiseau dans l’espace, 1923,

L’Oiseau dans l’espace,1925 

▪ La Co lon ne san s f in  , 1918 -1938

▪ Léda , 1920 -1926

▪ L ’ensem b le m on um en t a l de Tâ rgu J i u  , 1938

 Le Phoqu e , 1943La reconstitution de l’atelier par Renzo Piano

Texte de référence

Chronologie

Bibliographie

 

SAISIR L’ESSENCE DE LA MATIÈREL’ŒUVRE DANS SON CONTEXTE HISTORIQUE ET ESTHÉTIQUE

 Constantin Brancusi

Autoportrait dans l'atelier, vers 1933-34

Négatif gélatino-argentique sur verre, 12 x 9 cm

Constantin Brancusi est né en Roumanie en 1876, dans un

petit village d’Olténie aux pieds des Carpates, au sein d’un

monde rural et archaïque. Très jeune i l quitte son village

natal et, en 1894, entre à l’Ecole des arts et métiers de

Craïova où il est admis l’année suivante dans l’atelier desculpture puis dans celui de sculpture sur bois. En 1898, il

entre à l’Ecole des Beaux-arts de Bucarest. En 1904, il

traverse une partie de l’Europe pour rejoindre Munich, où i l

s’arrête quelque temps à la Kunstakademie, avant d’arriver à

Paris le 14 juillet .

Dès son arrivée à Paris, il poursuit sa formation à l’Ecole des

Beaux-arts dans l’atelier d’un sculpteur académique reconnu : Antonin Mercié. En

1906-1907, diplômé des beaux-arts, il expose au Salon d’Automne. Auguste Rodin ,

président du jury, remarque son travail et lui propose de devenir metteur au point dans son

atelier. A cette époque Rodin jouit d’une reconnaissance internationale et près de cinquante

assistants travaillent pour lui.

Un mois dans l’atelier de Rodin lui suffit pour estimer qu’ « i l ne pou sse r i en à l ’ om bre des  

g rands a rb res » . Suit une période difficile pour définir son propre engagement d’artiste :

« Ce f u r e n t l e s a n n é e s l e s p l u s d u r e s, l e s a n n é e s d e r e ch e r ch e , l e s a n n é e s o ù j e  

d e v ai s t r o u v e r m o n c h e m i n p r o p r e » .

ISSU D’UNE TRADITION MILLÉNAIREUne profonde différence dans leur relation au monde sépare les deux sculpteurs. Rodin est un

créateur au sens démiurgique du terme. Il impose au chaos de la matière, c'est-à-dire à la terrequ’il modèle, une forme. La taille directe dans la pierre ou le bois ne l’intéresse pas (elle n’est

même plus enseignée au sein des académies). Des assistants réalisent en marbre ou en bronze

ce qui a été créé en terre ou en plâtre par l’artiste.

Brancusi, quant à lui, est issu d’un monde archaïque et d’une tradition millénaire de la taille du

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

2 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 3/18

 

bois. Pour le sculpteur, « c’ est l a t e x t u r e m ê m e d u m a t é r ia u q u i co m m a n d e l e t h è m e  

e t l a f o r m e q u i d o i ve n t t o u s d e u x s or t i r d e l a m a t i è re e t n o n l u i ê t r e i m p o sé s de  

l ’ ex t é r i e u r » .

C’est une différence essentielle avec Rodin, car Brancusi ne se présente pas comme un créateur

mais comme un intercesseur capable de révéler au sein du matériau qu’il utilise « l ’essence 

co sm i q u e d e l a m a t i è r e » . Dans le choix préalable de son bloc de pierre ou de bois,

Brancusi perçoit par avance, dans la spécificité du matériau, la présence de la sculpture.

 

BRANCUSI ET LA MODERNITÉ : UNE POSITION PARADOXALE

Après avoir découvert les thèmes majeurs de son œuvre entre 1909 et 1925 (Le Baiser ,

L’Oiseau, La Colonne sans fin, Les Coqs…), Brancusi ne fera que les reprendre inlassablement,

souvent avec d’infimes variations.

Au sein de la modernité en train de se constituer, les mouvements d’avant-garde ont peu

d’influence sur son travail. Il est davantage intéressé par les bois sculptés de Gauguin , qu’il

voit dans la rétrospective consacrée à l’artiste en 1906 au Salon d’automne à Paris.En réalité, il ne rencontre pas vraiment de modèle dans la sculpture occidentale et, comme le

font nombre d’artistes de son époque, i l s’intéresse à d’autres civilisations, celles de l’Asie et

de l’Afrique, présentes dans les collections du Musée Guimet, du Musée du Louvre ou du Musée

d’ethnographie du Trocadéro. Les références à un art archaïque lui permettent d’extraire son

œuvre des contingences des styles propres à son époque, et d’inscrire ses sculptures dans une

dimension plus universelle.

SÉRIALITÉ ET PERCEPTION DE L’ESPACEDans le même temps, lorsque Brancusi affirme : « Ce n ’es t pas l a f o rm e ex té r i eu re qu i es t  

r é el l e, m a i s l ’e sse n ce d es ch o se s. Pa r t a n t d e ce t t e v é ri t é , i l e st i m p o ssi b le à  

qu i conque d ’exp r im er que lque chose de rée l en im i t an t l a su r face des choses » , il estprofondément ancré dans une pensée qui structure tout l’art du vingtième siècle, depuis

Kandinsky, Mondrian ou Malevitch, jusqu’à Yves Klein, Richard Serra ou les artistes

minimalistes américains des années soixante.

L’artiste minimaliste américain, Carl Andre, dans sa sculpture intitulée 144 Tin Square,

composée de 144 carrés d’étain de même dimension disposés au sol pour former un carré, dira

n’avoir fait que mettre à plat La Colonne sans fin de Brancusi.

La sérialité potentiellement infinie des Colonnes et l’importance que Brancusi accorde à la

perception de l ’espace dans lequel ses œuvres s’inscrivent définiront une grande partie de la

sculpture contemporaine à partir des années cinquante.

Au début du siècle Brancusi partage l’intérêt de ses contemporains pour la Théosophie. Cette

doctrine, selon laquelle l’homme est tombé de l’ordre divin dans l’ordre naturel et tend à

remonter vers son état premier, est très répandue dans les milieux artistiques. Cette pensée

influence des artistes comme Kandinsky, Kupka ou Piet Mondrian.

LA PURETÉ D’UNE HÉLICEBrancusi est aussi l’ami intime de Marcel Duchamp, d'Erik Satie, de Fernand Léger, de

Man Ray ou de Tristan Tzara. En 1912, il visite avec Duchamp et Léger le Salon de la

Locomotion Aérienne à Paris. Devant une imposante hélice d’avion, Duchamp leur demande si

un artiste aujourd’hui est capable de faire une œuvre aussi belle et pure que cette hélice. A

cette époque Brancusi a commencé le cycle des Oiseaux , thème qu’il développera jusqu’à

obtenir un pur élan ascensionnel. Cette anecdote montre aussi comment sa sculpture, qui fait

référence à des sources anciennes et intemporelles, peut entrer en correspondance avec la

modernité. La beauté des objets produits par l’industrie passionne cette génération d’artistes

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 4/18

 

du début du 20e siècle.

Autre correspondance avec la modernité : en 1926, lors de son premier voyage à New York,

Brancusi souhaite ériger une Colonne sans fin monumentale au cœur même de Central Park. En

1956 c’est une Colonne haute de 400 mètres qu’il souhaitera réaliser à Chicago.

 

L’ATELIERUNE ŒUVRE D’ART À PART ENTIÈRE

 Vue d’atelier :

La Colonne sans fin I, L‘Oiseau dans l’espace,1926

Photographie de l’artiste

Epreuve gélatino-argentique, 38,2 x 25,2 cm

 Vue d’atelier :

Léda, Colonnes sans fin I à III , Chimère , vers 1929

Photographie de l’artiste

Epreuve gélatino-argentique, 29,8 x 23,8 cm

Depuis l ’unique atelier du 8 impasse Ronsin, jusqu’à l’ensemble des ateliers du numéro 11 tels

qu’ils ont été légués par l’artiste avant sa mort, Brancusi a accordé une importance capitale à la

relation de ses sculptures avec l’espace qui les contient.

Dès les années dix, en disposant des sculptures dans une étroite relation spatiale, il crée au

sein de l’atelier des œuvres nouvelles qu’il nomme groupes mobiles, signifiant ainsi

l’importance du lien des œuvres entre elles et les possibili tés de mobilité de chacune au sein de

l’ensemble.

En 1922, Brancusi n’a pu se rendre à New York pour l’exposition Exhibition Contemporary French Art  où vingt-et-une de ses sculptures sont exposées. Des photographies de la

présentation de ses œuvres lui sont envoyées. Disposées contre les murs et mélangées à celles

d’autres artistes, elles lui apparaissent comme des objets inertes tant elles ont perdu leur

capacité d’expansion dans l’espace. Cet incident le conforte dans l’idée que l’atelier est un

espace privilégié pour l’élaboration et la perception de ses sculptures.

A partir des années vingt, l’atelier devient le l ieu de présentation de son travail et une œuvre

d’art à part entière, un corps constitué de cellules qui se génèrent les unes les autres. Cette

expérience du regard à l ’intérieur de l’atelier vers chacune des sculptures pour constituer un

ensemble de relations spatiales conduit Brancusi à remanier quotidiennement leur place pour

parvenir à l’unité qui lui parait la plus juste.

A la fin de sa vie, Brancusi ne produit plus de sculptures pour se concentrer sur leur seule

relation au sein de l’atelier. Cette proximité devient si essentielle, que l’artiste ne souhaite plus

exposer et, quand il vend une œuvre, il la remplace par son tirage en plâtre pour ne pas perdre

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 5/18

 

l’unité de l’ensemble.

 

LES PHOTOGRAPHIES COMME TESTAMENT SPIRITUEL

 Vue d’atelier, 1943-46

Photographie de l’artiste

Epreuve gélatino-argentique, 24,9 x 17,8 cm

Les photographies de Brancusi sont un apport précieux pour

la compréhension de son œuvre. Par elles, Brancusi nous

transmet le mouvement de sa pensée sur la sculpture et sur le

monde. Il nous permet de remonter à l’origine même de

l’œuvre et de voir ses différents thèmes se développer sous

nos yeux, dans l’infinie métamorphose présente dans plus de

1 500 clichés.

Dès le début du siècle, Brancusi a recours à la photographie,

mais ce n’est que dans les années vingt, avec l ’aide de Man

Ray, qu’il utilise des plaques de verre de grand format et construit une chambre noire à

l’intérieur de l’atelier.

Ces photographies montrent le travail alchimique de transformation de la matière, qui

résulte de la relation, créée au sein de l’atelier, entre les matériaux, les formes et la lumière.

Dans ces images, un Oiseau dans l’espace en plâtre, imbibé de lumière, apparaît aussi pur

qu’un marbre blanc poli. Un Oiseau dans l’espace en bronze poli devient proche de la lueur

impalpable d’une flamme. Brancusi pouvait aussi créer des mises en scène très élaborées.

Placé devant un fond uni sombre un Oiseau en marbre blanc, dont l’éclairage artificiel amplifie

le pol issage, devient une matière presque translucide.

Reliées les unes aux autres par la photographie dans l’espace de l’atelier, les sculptures

n’apparaissent plus comme des œuvres séparées mais comme autant de parties d’ un  monde

cohérent.

 

LE RÔLE DU SOCLE

Les photographies prises au sein de l’atelier montrent que les socles n’étaient pas assignés à

telle ou telle sculpture, mais déplacés d’une sculpture à une autre, au rythme des relations

entre les œuvres que l’artiste modifiait presque quotidiennement.

De fait, le socle ne se présente pas comme un support, il est un élément à part entière.

Brancusi peut même les considérer comme des œuvres. En 1926, lors d’une exposition à la

Brummer Gallery de New York, il en expose cinq, isolés, sans leur superposer de sculpture.

Pourtant, il est possible de repérer des différences formelles, distinction faite par Brancusi

lui-même, qui donne aux sculptures une dimension symbolique liée à l’ animal ou à

l’ humain, et aux socles une dimension symbolique plus universelle, inspirée des rythmes et

des formes de la nature. En même temps, aucune séparation n’apparaît et un même

paramètre les réunit : la verticalité.

Le socle, de par ses formes simples et abstraites qui se répètent, prolonge une énergie venue

de la terre. Avec La Colonne sans fin, socle et sculpture se mêlent intimement.

 

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

5 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 6/18

 

 

THÈMES ET NOTICES D’ŒUVRESLE BAISER, 1908 -1945

Le premier Baiser  de 1907 -1908 représente une rupture essentielle dans l’œuvre de

Brancusi. Avec cette œuvre, Brancusi se dégage de Rodin. Il cherche une nouvelle

réalité plastique. Pour lui, la sculpture a une fonction spirituelle qui ne réside pas

dans l’apparence mais dans un principe de réalité inscrit au cœur de la matière. Il

doit respecter la vocation formelle de la pierre ou du bois en travail lant à la tai l le

directe, sans ébauche préalable, pour révéler « l’essence cosmique de la mati ère » .

Le processus de la taille directe se substitue à la représentation du modèle. « C’ est e n  

t a i l l an t l a p i e r re qu e l ’ on découv re l ’ esp r i t de l a m a t i è re , sa prop re m esure . La m a in  

p e n se e t s u i t l a p e n sé e d e l a m a t i è r e . » Mais le matériau impose une résistance qui ne

permet pas de parvenir à des détails. Pour Brancusi c’est le moyen d’atteindre à la simplicité

des formes.

 Le Baiser , 1923-1925Pierre calcaire brune, 36,5 x 25,5 x 24 cm

Socle associé : deux éléments encastrés

Le Baiser  se présente comme un bloc de pierre à peine

dégrossi, dans lequel s’inscrivent deux bustes vus de profil et

accolés l’un à l’autre. Seuls la différence des chevelures et le

sein légèrement apparent de la femme permettent de

percevoir la présence des deux êtres. La jonction parfaite des

bouches et des yeux et l ’enlacement des bras

métamorphosent les corps en un être unique vu de face. Cette

double présence accentue fortement l’unité du bloc de pierreet apparaît comme une métaphore de l’artiste face à sa

matière.

Quand, en 1910, Brancusi reprend le thème du baiser pour un monument funéraire en souvenir

d’une jeune fille russe qui s’est suicidée par amour, les bustes des deux corps sont prolongés

par leurs jambes accolées, rappelant une tradition roumaine selon laquelle deux arbres plantés

l’un à côte de l ’autre, près d’une tombe, évoque la force de l’amour face à l’éternité. « J’ a i  

vou lu évoquer n on seu lem en t l e souven i r de ce coup le un ique m a is ce lu i de t ous l es  

c ou p l e s d u m o n d e q u i o n t c o n n u l ’ a m o u r a v a n t d e q u i t t e r l a v i e » , dit-il.

La Porte du Baiser , réalisée par Brancusi en 1938 pour le monument aux morts de Târgu Jiu,dans sa province natale, sera l’accomplissement de ce thème.

 

LA MUSE

La M use endo rm ie  est emblématique de la relat ion de Brancusi avec sa création . Elle

incarne sa volonté de s ’extraire de toute expression ou sentiment personnel

vis-à-vis de son modèle, pour privi légier une forme élémentaire, universelle et

intemporelle. L’extrême raffinement de La Mu se e n do rm i e   rappelle d’autres

cultures et principalement les arts asiatiques que Brancusi a côtoyés au Musée

Guimet.

Les nombreuses variantes sur le thème de la tête (Une Muse, Mademo ise l le Pogany,

Danaïde … ) montrent la place que Brancusi accordait à ce thème dans son œuvre.

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

6 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 7/18

 

 La Muse endormie , 1910

Bronze poli, 16 x 25 x 18 cm

La Muse endormie est, à l’origine, le visage de la Baronne

Frachon dont il a déjà réalisé plusieurs portraits en 1908-09.

Avec cette œuvre, toute l ’expression se dilue dans la forme

ovale de la tête. Le visage semble naître à une nouvelle

naissance, plus spirituelle, d’où émane une impression de

stabilité. Une sensibilité d’une extrême douceur affleure à lasurface de la bouche, des yeux, des cheveux. Un espace infime existe entre l’apparence

possible du visage et sa disparition imminente. La main de l’artiste s’est effacée pour laisser la

place à la matière particulièrement pure du marbre ou du bronze. L’être contenu dans cette

forme ovale semble s’ouvrir à la conscience du monde.

Cette émergence de la conscience en train de se constituer sera présente dans de nombreux

titres de sculptures comme Le Nouveau Né, Le Commencement du monde, Le Premier Cri ou

Prométhée.

 Mademoiselle Pogany,1912-1913

Plâtre, 45,5 x 23,4 x 23,4 cm

Socle en 2 éléments

Plâtre : 17,5 x 19 cm

Bois : 90 x 35 x 35 cm

Une Muse, datée de 1912, est sans doute l’ultime portrait de

la Baronne Frachon. L’œuvre perd son aspect monoli thique et

sa conception devient plus complexe. Une main et un

avant-bras viennent soutenir la tête. Une Muse anticipe sur

un autre portrait réalisé la même année, celui de

Mademoiselle Pogany .

Comme pour La Muse endormie, Brancusi travaille ici d’aprèsmodèle, une jeune fille hongroise venue à Paris étudier la

peinture. Encore une fois c’est une essence qu’il cherche, la

sensibilité et la présence particulières du modèle. Les détails

ne peuvent produire qu’une représentation. Comme Brancusi le dit à son modèle : « I l m e  

su f f i t de vous rega rde r v i v re pou r m ’en souven i r . B ai ssez vos paup iè res, l a i ssez - l es  

se reposer sur vos yeux fe rm és. C’es t assez pour m ’ insp i re r » . Aucune des nombreuses

études en terre exécutées en sa présence ne le satisfaisant, il les détruit. Ce n’est qu’après le

départ de Margit Pogany pour la Hongrie qu’il sculpte son visage de mémoire dans un marbre

blanc.

Le portrait de Mademoiselle Pogany en marbre blanc apparaît comme une présence hybride

mi-humaine mi-animale. Un même mouvement lumineux relie tous les traits du visage. Le nez,

en bec d’oiseau, et les yeux immenses en amande s’inscrivent dans une même forme qui

commence avec les mains et se prolonge avec le cou et le crâne. Au-delà d’une représentation

réaliste, Brancusi exacerbe les différentes parties du visage pour s’approcher au plus près de la

sensibil ité de son modèle.

 

LE CYCLE DES OISEAUX : MAÏASTRA, L’OISEAU, L’OISEAU DANS

 L’ESPACE 

Au thème du Baiser  qui débute en 1907 et s’achève en 1945, Brancusi ajoute ceux

de La M use  , de La Co lonne sans f i n  , du Coq... Mais sans doute est-ce la série des

Oiseaux  qui incarne le mieux ses recherches et son rapport au monde. L’artiste

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

7 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 8/18

 

cherchera toute sa vie à saisir « l’essence du vol » . Le vol symbolise l’ascension vers

le spirituel. Il est un équivalent du bonheur.

 Maïastra ,1910-1912

Photographe anonyme

Négatif gélatino-argentique sur verre, 18 x 13 cm

Entre 1910 et 1944, Brancusi crée 29 Oiseaux . Le premier,

Maïastra, 1910-12, fait référence aux contes de son pays

d’origine. Maïastra est un oiseau fabuleux capable de setransformer et de réunir les amants séparés. C’est un moment

important dans le travail de Brancusi qui met en présence la

notion d’ unité et de métamorphose.

La Maïastra, dans sa première version, est pour Brancusi une

de ses premières tentatives pour mettre en espace ses

sculptures. Réalisée en marbre blanc, elle est disposée sur

une succession de socles. Sur un premier bloc de pierre est

posée une cariatide représentant un couple enlacé, laquelle

soutient un bloc de pierre où est posée la Maïastra. Dans cette version, socle et sculptureapparaissent parfaitement intégrés. Il n’y a plus aucune hiérarchie entre les différentes parties.

Le poids des blocs de pierre et l’aspect brut du couple enlacé entraînent la sculpture vers le

terrestre, tandis que la forme pure et ovoïde de la poitrine de l’oiseau, plein d’une inspiration

contenue, est tendue vers le ciel.

L'Oiseau dans l'espace, 1923

Plâtre

129,5 x 14 x 17 cm

Poursuivant cette recherche de la forme pure de l’oiseau,

Brancusi crée en 1923 L’Oiseau dans l’espace. Ici, la formeovoïde de Maïastra est étirée, l’oiseau libère son souffle, la

tête et les pattes rejoignent la verticalité de l’ascension, le

corps perd son extrémité et laisse apparaître un angle ouvert

dirigé vers la lumière. Mais la base conique de l’oiseau, par sa

trop grande stabilité, ne permet pas d’obtenir l’envol

recherché.

Avec L’Oiseau dans l’espace de 1925, il parvient à incarner un

pur élan, un mouvement ascensionnel. Toutes les parties de

l’oiseau se fondent dans un ovale étiré vers le ciel, tendu

comme une ellipse suspendue dans l’air. Les pattesdeviennent une pure ondulation.

Par la qualité de son matériau et le polissage, il parvient à

une forme de plus en plus immatérielle, jusqu’à atteindre avec le bronze poli la lueur

impalpable d’une flamme.

De ces Oiseaux dans l’espace, l’œil peut difficilement en maintenir les contours. Le marbre

absorbe la lumière et la retient sur sa surface comme un effleurement. Le bronze, étincelant,

absorbe l’espace et réfléchit la lumière. Tout au long de sa vie, Brancusi modifiera

continuellement, et parfois de manière imperceptible, son Oiseau dans l’espace : il réduira ou

agrandira le pan coupé du bec, accentuera ou diminuera la courbe de l’ellipse. Matière, forme,lumière se génèrent mutuellement, créant pour le regard une métamorphose permanente.

L’artiste rejoint Gaston Bachelard pour qui « le corps de l’oiseau est fait de l’air qui l’entoure,

sa vie est faite du mouvement qui l’emporte ».

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

8 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 9/18

 

 

LA COLONNE SANS FIN, 1918-1938

La vert ica l ité est la d imension première de l ’œuvre de Brancusi . C’est une

dimension spirituelle qui ne définit pas une mesure mais une direction, un élan vers

le c iel . L ’élan vertical de ses sculptures vient du centre de la terre et le socle

symbolise le prolongement de cette énergie contenue au sein de la matière. La Co lonne sans f i n , constituée de rhomboïdes superposés, pourrait n’être qu’un socle

que l’éne rgie de la terre propulse vers un espace infi ni.

 LesColonnes sans fin dans l’atelier reconstitué par Renzo Piano, 1997

De gauche à droite :

- La Colonne sans fin III , av. 1928 ? - Peuplier, 301,5x30x30 cm - AM 4002-118

- La Colonne sans f in II , 1926 - Peuplier, 556,6 x 34 x 37 cm sur plaque de métal,

0,5 x 55 x 55 cm - AM 4002-117

- La Colonne sans f in I, v. 1925 - Chêne, 406,5 x 25 x 25 cm - AM 4002-119

- La Colonne sans f in IV , v. 1930-1931 - Plâtre, 603 x 60 x 60 cm - AM 4002-120

La Colonne sans fin fait écho aux origines rurales de Brancusi

qui transforme un motif des habitations paysannes de sonvillage natal. Ce motif est lié au thème mythologique de

l’« axis mundi », un axe qui soutient la voûte céleste et assure

une liaison avec la terre. Comme le précise Mircea Eliade :

« l’axis mundi connaît de nombreuses variantes : la colonne

irminsul des anciens Germains, les piliers cosmiques des

populations nord asiatiques, la montagne centrale, l’arbre

cosmique… ».

La première Colonne sans fin, de 1918, s’est développée progressivement dans l’atelier. Au

départ, le rhombe apparaît surtout comme un socle, c’est un élément simple issu de l’art

populaire roumain que Brancusi modifie dans sa forme et son rôle au sein de l’atelier.

La Colonne sans fin, selon l’artiste, « e st u n p ro j et d e co lo n n es q u i, a gr an d ie s,

s ou t i e n d r o n t l ’ a r ch e d u f i r m a m e n t » .

De fait, il exprimera le désir de travailler de manière plus monumentale à l’extérieur de

l’atelier. En 1926, il taille dans un peuplier du jardin de son ami Steichen, à Voulangis près de

Paris, une colonne de plus de sept mètres de haut. Sans doute en relation avec un projet de

colonne pour Bucarest, il façonne la grande Colonne sans fin en plâtre qui, par ses proportions,

s’inscrit dans un espace monumental. A la fin des années trente, i l réalisera une colonne de

près de trente mètres de haut pour le Monument aux morts de Târgu Jiu, en Roumanie (1).

(1) Voir la notice sur L’ensemble monumental de Târgu Jiu et le texte de référence « Le devenir

de La Colonne sans fin », par Sidney Geist.

 

LÉDA

Léda occupe une position centrale au sein de l’atelier. Créée au début des années

vingt, el le reste une f igure unique. El le semble n’avoir été précédée ni suivie

d’aucune sculpture proche. Un seul marbre a été sculpté par Brancusi, prolongé par

un bronze, actuellement présenté dans l’atelier.

 Léda , 1926

Bronze poli, 54 x 71,3 x 23,9 cm

Socle en 3 éléments

Disque en maillechort : 5 x 93 cm

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

9 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 10/18

 

Roulement à billes

Pierre noire : 18 x 18 cm

Granit noir : 34,5 x 52 x 52 cm

Dans la mythologie, Léda est une jeune fille que Zeus séduit

en se transformant en cygne. Dans la sculpture de Brancusi,

c’est Léda qui se métamorphose. Le cygne est un animal dont

le corps est souvent associé à une identité hybride, entre

masculin et féminin. Son cou est proche d’une formephallique tandis que son corps l’est d’attributs féminins.

L’oiseau et la femme, le masculin et le féminin se mêlent dans

un même mouvement.

Cette transfiguration se traduit par les formes complexes de la sculpture, ses contours

asymétriques, l’intersection décalée de la forme supérieure avec la forme inférieure, donnant

naissance à des passages et des perceptions multiples.

A partir de 1932, Brancusi ajoute à la sculpture un grand disque en acier poli qui suggère la

présence de l’eau et du miroir dans lequel Léda se reflète et modifie sa forme. Modifications

qu’accentuera encore l’apport d’un moteur et d’un roulement à billes disposés sous le plateau

circulaire.

Au sein de l’atelier, le corps de Léda est dans un état de métamorphose permanente. Par le

miroitement de la lumière à la surface du bronze poli, la sculpture se mêle à son reflet dans le

cercle d’acier et absorbe son environnement. Léda devient une pure présence lumineuse. Le

poids et la légèreté, l’équilibre et le déséquilibre sont un même événement à l ’intérieur d’un

temps continu, une durée propre aux sculptures de Constantin Brancusi.

 

L’ENSEMBLE MONUMENTAL DE TÂRGU JIU, 1930

 La Table du silence , vers 1938

Epreuve gélatino-argentique, 24 x 29,8cm

La Porte du Baiser , 1938

Epreuve gélatino-argentique, 17,9 x 23,9 cm

La Colonne sans fin à Târgu Jiu ,

vers 1938Epreuve gélatino-argentique, 24 x 18 cm

Toute sa vie, Brancusi exprime son désir de réaliser des œuvres à grande échelle. En 1926,

lors de son premier séjour à New York, il souhaite élever La Colonne sans fin au cœur même de

Central Park. La même année, il veut réaliser un Oiseau dans l’espace de trois mètres de haut

pour la villa de Charles de Noail les. Mais ces projets se heurtent à des problèmes techniques et

à son intransigeance quant à la qualité des matériaux utilisés.

Au début des années 30, il accepte, à la demande du Maharajah d’Indore, de concevoir un

Temple de la Délivrance ou de la Méditation. Le projet comporte une unique pièce reprenant laforme ovoïde pure du commencement du monde avec, en son centre, un plan d’eau autour

duquel devaient être placés trois Oiseaux dans l’espace achetés à Brancusi par le Maharajah.

Les trois versions de L’Oiseau, en marbre blanc, en marbre noir et en bronze poli devaient être

éclairées par des ouvertures zénithales, inscrivant le rythme cosmique du soleil à la surface

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

10 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 11/18

 

des matériaux. Un souterrain devait permettre l ’accès d’une seule personne à l’intérieur de

cette forme cosmogonique. Ce projet ne fut jamais réalisé.

Finalement, la seule œuvre monumentale achevée est l’ensemble de Târgu Jiu, érigé à la

mémoire des soldats morts durant la Première Guerre mondiale, sur l’axe de l’Avenue des

Héros près du village natal de Brancusi. Ce monument, composé de trois éléments, reprend les

principaux thèmes de son œuvre.

Le premier, La Table du silence, est constitué d’une table en pierre, ronde et basse, entourée dedouze tabourets en forme de clepsydre.

Le second, La Porte du Baiser – on y accède par une allée qui longe un jardin public -, d’une

hauteur de cinq mètres, six de large et deux de profondeur, reprend le thème du Baiser mûri

durant trente ans. Les deux êtres de la sculpture initiale sont gravés sur toute la longueur du

linteau de la porte, tandis que les deux piliers ne retiennent que les yeux accolés du couple,

devenus une double forme ronde parfaitement concentrique et fendue dans son milieu.

En suivant l’axe sur lequel se trouvent La Table du silence et La Porte du Baiser , on parvient au

troisième élément, La Colonne sans fin, qui, avec ses vingt-neuf mètres de hauteur, achève

l’alignement de l’ensemble.

Pour Brancusi, une œuvre monumentale ne peut être liée à un simple changement d’échelle.

Avec l’ensemble de Târgu Jiu, il modifie la notion de monument qui ne s’impose plus par ses

caractéristiques formelles autonomes mais par la relation que les sculptures entretiennent les

unes avec les autres, avec leur environnement et le déplacement du corps du spectateur.

L’unité spirituelle entre les œuvres de Târgu Jiu existait déjà dans l’atelier. Il a gravé le motif 

du Baiser sur des socles et, dès les années dix, construit une Colonne du Baiser en plâtre,

surmontée d’un chapiteau. Il a taillé plusieurs variantes de La Colonne sans fin. Les clepsydres

de La Table du silence, elles aussi, sont issues des socles de l’atelier.

 LE PHOQUE

Une première version du P hoque   réalisée en marbre blanc apparaît tardivement

dans le répertoire des formes créées par le sculpteur. Commencée à la f in des

années vingt et terminée au début des années trente, cette sculpture s’intitule Le 

M i rac le  . Le t i tre, peu descr iptif, évoque la transfiguration de l ’animal dans le

passage entre le terrestre et l’aquatique, entre le poids de son corps sur terre et la

fluidité de son mouvement dans l’eau. La seconde version en marbre bleu, datée de

1943, est actuellement présente dans l’atelier.

 Phoque II , 1943

Marbre bleu turquin, 110,5 x 121,5 x 34 cm

Dans cette sculpture le travail alchimique de Brancusi sur les

matériaux est particulièrement sensible. Une contradiction

semble apparaître au sein même de la matière entre le

polissage extrême du bloc de marbre qui le rend léger, et sa

masse imposante. La stabili té du support en pierre massif, de

forme ronde, accentue cette sensation entre équilibre et

déséquilibre, poids et légèreté, opacité et transparence.

Cette tension est pour Brancusi ce qu’il doit sculpter, c'est-à-dire ce qui constitue l’essence même de l’animal, corpulent et maladroit sur terre, mais vif et

gracieux dans l’eau.

Le polissage du marbre bleu permet à Brancusi d’obtenir une brillance presque translucide qui

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

11 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 12/18

 

rend particulièrement visibles les veines du marbre. Celles-ci se propagent sur l’animal comme

une ondulation provenant de la forme ronde et massive du socle. Commencée à la base de la

queue par une forme ovoïde, l’onde se déplace jusqu’au sommet du corps, interrompue par un

pan coupé net. Le phoque en marbre bleu, malgré son poids, semble dans un équilibre instable

glisser à la surface de la pierre et s’extraire de la pesanteur.

 

LA RECONSTITUTION DE L’ATELIER PAR RENZO PIANO

Vue de l’atelier : Grands Coqs, Le Roi des rois , vers1945-1946

Photographie de l’artiste

Epreuve gélatino-argentique, 23,8 x 17,8 cm

 Vue de l’atelier reconstitué par Renzo Piano, 1997LesGrands Coqs , de 1924 à 1941-52

A partir de 1916 et jusqu’à sa mort en 1957, Constantin Brancusi à occupé des ateliers

successivement au 8 puis au 11 de l ’impasse Ronsin dans le 15e arrondissement de Paris. Situé

près de Montparnasse, l’atelier était attenant à d’autres ateliers entourés de petites ruelles qui

lui donnaient un caractère privé et intime.

Au 11 de l’impasse Ronsin, il occupe deux puis trois ateliers dont il abat les cloisons pour

former les deux premières pièces dans lesquelles il exposera son travail. En 1936 et 1941 il yajoute deux autres espaces contigus, qu’il va util iser pour les œuvres en cours, y disposant son

établi et ses outils.

En 1956 il lègue la totalité de son atelier (œuvres achevées, ébauches, meubles, outils,

bibliothèque, discothèque, photographies…) à l’État français, sous réserve que celui-ci

s’engage à le reconstituer tel qu’il se présentera à la mort de l’artiste. Après une première

reconstitution partielle en 1962 à l ’intérieur des collections du musée au Palais de Tokyo, sa

réplique exacte est réalisée en 1977, face au Centre Georges Pompidou. A la suite

d’inondations, en 1990, il est fermé au public.

 Vue extérieure de l’atelier reconstitué par Renzo Piano, 1997

L’actuelle reconstitution, édifiée par l’architecte Renzo Piano,

se présente comme un espace muséal dans lequel est inséré

l’atelier.

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

12 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 13/18

 

La difficulté pour Renzo Piano était de faire de cet espace un

lieu ouvert au public, tout en respectant les volontés de

l’artiste. Si l ’architecte n’a pas tenté de retrouver l’intimité de

l’impasse Ronsin, i l a préservé l’idée d’un lieu protégé et

intériorisé, dans lequel le spectateur est isolé de la rue et de la piazza.

Depuis l’entrée, le visiteur trouve à sa gauche un jardin clos, d’où une partie de l’atelier est

visible à travers une paroi vitrée. Cet espace vert favorise une transition entre l’espace public

et le passage couvert qui entoure l’atelier et que le visiteur peut parcourir. Dans ce passagesont aménagées de grandes baies vitrées qui permettent la découverte des œuvres. La lumière,

essentielle à la réalisation comme à la perception de l ’œuvre de Brancusi, est ici repensée et

reconditionnée pour évoquer le plus fidèlement celle de l’atelier d’origine.

 

TEXTE DE RÉFÉRENCE

Le devenir de La Co lon ne san s f in  . Par Sidney Geist.

In La Colonne sans fin, Carnets de l’Atelier Brancusi - La série et l’œuvre unique, éd. Centre

Pompidou, 1998, pp.26-27. Première parution dans Museum Studies volume 16, 1er novembre

1990, Art Institute of Chicago.

Il y a une bonne raison de croire que Brancusi espérait vraiment réaliser une version colossale

de La Colonne. Interviewé pendant qu’il préparait sa première exposition à la Brummer Gallery,

il affirma, dans un article publié par le New York Times le 3 octobre 1926, douze ans avant de

réaliser la variante roumaine : « L’architecture de New York, ses gratte-ciel me donnent

l’impression d’un nouvel art poétique grandiose. » Le plus grand bâtiment de New York était à

l’époque le Woolworth Building, haut de 241 mètres. Le jour où cette phrase fut publiée dans leTimes, une autre déclaration de Brancusi paraissait dans le New York World : « J’aimerais

installer une Colonne dans Central Park. Elle serait plus grande que toute autre construction,

trois fois plus grande que votre obélisque de Washington, avec une base d’une largeur

correspondante (60 mètres ou plus). Elle serait en métal. Dans chaque pyramide, il y aurait

des appartements, où les gens pourraient vivre, et, tout en haut, je mettrais mon oiseau en

équilibre sur le faîte de ma Colonne infinie. »

Vers la fin de sa vie, Brancusi s’engagea effectivement dans un projet d’installation d’une

Colonne gigantesque. La proposition lui en avait été faite par Barnet Hodes, juriste et

collectionneur d’art de Chicago […].

Dans une lettre du 9 décembre, Brancusi écrivit à Hodes qu’il avait commencé « l’étude pour LaColonne sans fin que [il imaginait] haute de 400 mètres. Si elle pouvait être réalisée en acier

oxydable POLI [traduction erronée pour « inoxydable »], elle serait une des merveilles du

monde. » Après un mauvais hiver, le 16 mars 1957, Brancusi mourut.

 

CHRONOLOGIE

1876

Naissance, le 17 février, de Constantin Brancusi, à Hobitza, commune de Pestisani, en

Roumanie.

1884

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

13 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 14/18

 

Brancusi travaille comme apprenti chez un tonnelier. Dans les années qui suivent, il reprend

ses études, tout en travaillant chez un teinturier, puis comme garçon de café et dans une

épicerie-restaurant.

1894

Il entre à l’Ecole des Arts et Métiers de Craïova. Sculpte différents objets qui suscitent

l’admiration des cl ients du restaurant.

1898Achevant avec succès l’Ecole des Arts et Métiers de Craïova, il s’inscrit à l’Ecole nationale des

Beaux-arts de Bucarest où il commence des études de sculpture.

1904

Brancusi quitte la Roumanie en direction de Paris et, selon la légende, fait le trajet à pied, en

passant par Budapest, Vienne, Munich, Zurich, Bâle… A Paris, pour gagner sa vie, il travaille

comme plongeur au restaurant Chartier puis chez Mollard.

1905

Il entre à l’Ecole des Beaux-arts dans l’atelier du sculpteur Antonin Mercié.

1906

Participation à différents Salons. Sur la recommandation de Mercié il expose trois plâtres au

Salon d’Automne où Rodin, président du jury, remarque son envoi. Brancusi continuera

d’exposer au Salon d’Automne en 1907 et 1909.

1907

Rodin l ’invite à travailler à Meudon comme assistant. Il y rencontre le peintre et photographe

Edward Steichen. Mais son travail ne se prolonge pas au-delà d’un mois. « Rien ne pousse à

l’ombre des grands arbres », dit-i l. Le Musée d’art de Bucarest lui achète une première œuvre.

Brancusi emménage au 54, rue de Montparnasse.

Il se met à pratiquer la taille directe, réalisant La Sagesse de la terre et Le Baiser .

1908

A l’occasion de sa participation au Salon de la Société nationale des Beaux-arts à Paris, le

critique Charles Morice le présente comme « l’un des artistes les plus doués de sa génération ».

Modigl iani, Léger, le douanier Rousseau deviennent ses amis.

1910

Il participe pour la première fois au Salon des Indépendants où il va exposer régulièrement

 jusqu’en 1913 puis en 1920.

Rencontre Margit Pogany, jeune peintre hongroise qui lui inspirera plusieurs sculptures.

Aux Soirées du mardi présidées par le poète Paul fort il côtoie, outre ses amis Léger etModigl iani, Apol linaire, Marinetti, Picasso et d’autres artistes et écrivains.

Reçoit une commande pour le monument funéraire d’une jeune femme russe qui s’est suicidée

par amour, Tatiana Rachewskaïa. C’est sur sa tombe qu’il installe, l’année suivante, Le Baiser ,

au cimetière Montparnasse.

1912

Poursuivant sa participation au Salon des Indépendants et au Salon de Bucarest, il loue un

second atelier au 47 rue de Montparnasse.

Visite du Salon de la Locomotion Aérienne au Grand Palais, en compagnie de Duchamp et

Léger.

1913

A New York, il participe avec cinq sculptures à la célèbre exposition l’Armory Show , exposition

présentée ensuite à Chicago où ses œuvres et celles de Duchamp font scandale.

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

14 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 15/18

 

Expose La Maïastra au Salon des Indépendants.

Représente la Roumanie à la IIe Internationale Kunstausstellung à Munich.

Puis participe au Salon de l’Allied Artists’ , à Londres, où il rencontre Henri Gaudier-Brzeska.

Sculpte Le Premier Pas, sa première sculpture en bois d’influence africaine.

1914

Première exposition personnelle à New York, à la Photo-Secession Gallery d’Alfred Stieglitz ;

ses œuvres sont installées par leur ami commun, Edward Steichen.

John Quinn, qui va devenir son principal col lectionneur, achète quelques-unes de ses œuvres.

1916

Brancusi emménage au 8, impasse Ronsin.

Deuxième exposition personnelle à New York, à la Modern Gallery. John Quinn et Walter

Arensberg lui achètent quelques œuvres.

1918

Première Colonne sans fin.

1919

Rencontre Erik Satie et Katherine S. Dreier, fondatrice de la Société Anonyme.

1920

La Princesse X exposée au Salon des Indépendants, considérée comme pornographique, est

retirée à l’ouverture de l’exposition, puis replacée suite à la protestation de nombreux artistes

modernes.

Il expose son œuvre La Chimère, à l’exposition de La Section d’Or , Galerie La Boétie. Puis

participe au Festival Dada et signe, avec d’autres artistes et écrivains, le manifeste intitulé

Contre cubisme, contre dadaïsme.

1921

Il rencontre Ezra Pound qui, l ’année suivante, publie un important essai sur le sculpteur.Au cours d’un voyage en Roumanie, il propose d’élever un monument à la mémoire des héros

de la Première Guerre. Projet qui se réalisera en 1938, après de nombreux voyages

préparatoires.

Man Ray, qui s’installe à Paris, le conseil le pour l’achat de matériel photographique.

1922

Henri-Pierre Roché, ami de l’artiste, écrit à John Quinn : « Brancusi a fait des socles très beaux

– l’un d’entre eux est aussi beau et grand et élaboré que toute autre sculpture. »

Participant à la défense de Tristan Tzara contre André Breton, Brancusi ajoute à la résolution de

solidarité envoyée à ce dernier : « En art, il n’y a pas d’étrangers ».

C’est avec vingt-et-une sculptures dont seize appartenant à John Quinn qu’i l participe à

l’ Exhibition Contemporary French Art , à la Sculptors’ Gallery de New York.

1924

Expose Un Oiseau dans l’espace au Salon des Tuileries, participe à la Biennale de Venise dans

le Pavillon roumain.

Décès de John Quinn qui, d’après son testament, détenait trente-trois sculptures et socles et un

dessin de Brancusi.

Le sculpteur participe à la première exposition internationale d’art contemporain à Bucarest.

1926

Premier voyage aux Etats-Unis, en janvier, à l’occasion de sa troisième exposition personnelle

à New York aux Wildenstein Galleries de New York, au cours duquel il rencontre le couple de

collectionneurs Louise et Walter Arensberg ainsi que l’architecte William Lescaze avec qui il

parle d’un projet d’installation de La Colonne sans fin à New York.

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

15 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 16/18

 

Installation de La Colonne sans fin sculptée dans un tronc de peuplier dans le jardin de

Steichen à Voulangis.

Second voyage, fin septembre, aux Etats-Unis à l ’occasion de sa quatrième exposition

personnelle à New York chez le galeriste américain Joseph Brummer. Ses œuvres, convoyées

par Marcel Duchamp à partir du Havre, sont arrêtées par la douane américaine qui, considérant

qu’il ne s’agit pas d’œuvres d’art, impose une taxe de 40% de la valeur des « objets ».

1927

L’exposition de la Brummer Gallery est présentée à l’Arts Club de Chicago qui achète L’Oiseau

d’Or , 1920, ayant appartenu à John Quinn.

Sa rencontre avec Jean Prouvé le conduit à Nancy dans l’atelier de l’ingénieur-architecte pour

la réalisation d’un monumental Oiseau dans l’espace en acier, projet qui ne pourra pas aboutir.

Steichen et Duchamp ayant protesté contre la décision des douanes, conseillés par l’avocat et

collectionneur de Philadelphie Maurice Speiser, le procès « Brancusi contre les Etats-Unis »

ouvre en octobre.

1928

Participe à l’ Exposition d’art français contemporain au Musée national d’art occidental de

Moscou, exposition présentée ensuite à Leningrad.La décision du tribunal dans le procès contre les Etats-Unis lui est favorable.

1930

Loue un atelier mitoyen au n°9, impasse Ronsin.

Fin septembre, voyage en Roumanie dans l’espoir de concrétiser la réalisation d’un monument

à Bucarest.

1931

Rencontre le maharajah d’Indore. Naissance du projet du T emple de la Délivrance en Inde.

1933

Deuxième exposition de Brancusi à la Brummer Gallery, qui obtient un grand succès public.

1935

La Ligue nationale des femmes du département de Gorj lui passe commande du monument de

Târgu Jiu.

1936

Participe à l’exposition Cubism and Abstract Art au Museum of Modern Art de New York.

Travaille sur le projet du temple en Inde.

Occupe un quatrième atelier impasse Ronsin.

1937

Entre la France et la Roumanie, il travaille au projet de Târgu Jiu.

1938

Voyage en Inde, fin du projet pour le maharajah d’Indore.

Inauguration du monument de Târgu Jiu.

1939

Dernier voyage aux Etats-Unis, assiste au vernissage de l’exposition Art in our Time , au

Museum of Modern Art. A Chicago, projette de réaliser une Colonne en acier inoxydable de la

hauteur d’un gratte-ciel.

1940-1944

Acquiert un dernier atelier.

Participe à quelques expositions, notamment aux Etats-Unis.

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

16 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 17/18

 

1946

Le Musée national d’art moderne lui achète trois sculptures : Le Coq, 1935, Le Phoque, 1943,

et La Muse endormie, 1910.

1947-1953

Participe à diverses expositions à Paris, Amsterdam, New York, Bucarest, Londres.

1954

Inauguration des salles destinées à la collection Walter et Louise Arensberg, comportantvingt-deux sculptures et dessins de Brancusi, au Museum of Art de Philadelphie.

1955

Exposition rétrospective au Solomon R. Guggenheim Museum of Art avec cinquante-neuf 

sculptures et dix dessins et gouaches de l'artiste, exposition présentée ensuite au Museum of 

Art de Philadelphie.

1956

En avril, Brancusi lègue son atelier, avec tout ce qu’il contient, à l’Etat français.

En décembre, première exposition personnelle organisée en Europe, à Bucarest.

1957

Décès de Brancusi.

 

BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE

CATALOGUESLa dat ion B ran cus i . Dessins e t a rch i ves  . Sous la direction de Marielle Tabart, éditions

Centre Pompidou, 2003

B rancus i e t D ucham p . Sous la direction de Marielle Tabart, éditions Centre Pompidou, 2000

L ’At e l ie r B rancu s i , La co l lec t ion  . Sous la direction de Marielle Tabart, éditions Centre

Pompidou, 1997

Les Carnets de l’Atelie r Brancusi .

La série et l’œuvre unique. Sous la direction de Marielle Tabart, éditions Centre Pompidou

- Le Por t ra i t ?  , 2002- L’Oiseau dan s l ’espace , 2001

- Le Baiser  , 1999

- Princesse X  , 1999

- Léda , 1998

- La Co lon ne sans f in  , 1998

ESSAIS

Marielle Tabart : Brancusi. Inventeur de la sculpture moderne. Découvertes Gallimard/Centre

Pompidou, Paris, 1995

Friedrich Teja Bach : Constantin Brancusi : Metamorphosen Plastischer Form. DuMont

Buchverlag, Cologne, 1987

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

17 de 18 21/05/2010 0:35

5/9/2018 Constant In Brancusi - slidepdf.com

http://slidepdf.com/reader/full/constant-in-brancusi-559ca1cda4268 18/18

 

Pontus Hulten, Natalia Dumitresco, Alexandre Istrati : Brancusi . Editions Flamarion

1986.

Sidney Geist : Brancusi . A Study of the Sculpture. Grossman Publishers, New York, 1968 ;

Hacker Art Books, New York, 1983

 

SUR LE SITE WEB DU CENTRE

Toutes les œuvres de Brancusi dans la Collection du Musée en lignehttp://collection.cnac-gp.fr  

Pour consulter les autres dossiers sur les collections du Musée national d'art moderneEn français 

En anglais 

Contacts

Afin de répondre au mieux à vos attentes, nous souhaiterions connaître vos réactions et suggestionssur ce documentContacter : [email protected]

© Centre Pompidou, Direction de l'action éducative et des publics, juin 2006Texte : André AvrilMaquette : Michel FernandezDossier en ligne sur www.centrepompidou.fr/education/ rubrique 'Dossiers pédagogiques'Coordination : Marie-José Rodriguez

 

CONSTANTIN BRANCUSI http://www.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-brancusi/EN...

18 de 18 21/05/2010 0:35