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Conférence IBPSA France – Bordeaux – 2018
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Construction d’un fichier microclimatique urbain utilisable en STD
Nicolas Lauzet*1,2,5, Dasaraden Mauree4, Thibaut Colinart2, Marjorie Musy3,5, Karine
Lapray1
1 TRIBU, Bureau d’études en qualité environnementale et développement durable,
103 rue Maréchal de Saxe, 69003 Lyon,
*[email protected] 2 CNRS FRE 3744, IRDL, Université de Bretagne Sud,
Centre de Recherche Christian Huygens, Rue de Saint-Maudé, 56100 Lorient 3 CEREMA Ouest,
Maison de l'Administration Nouvelle, 9 Rue René Viviani, 44200 Nantes 4 LESO-PB, Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne,
EPFL - LESO-PB Station 18. CH-1015 Lausanne 5 UMR CNRS 6183, GeM, IUT Saint-Nazaire,
42 Avenue Albert de Mun, 44600 Saint-Nazaire
RESUME. Afin d’adapter les bâtiments à leurs environnements et d’améliorer leurs conceptions, il semble
pertinent d’apporter de la précision sur les données climatiques qui caractérisent le site d’implantation. En projet
de bâtiment, des études de simulations thermiques dynamiques (STD), qui aident à la décision, sont
régulièrement réalisées. Jusqu’ici, ces outils utilisent des fichiers mésoclimatiques qui décrivent un climat péri-
urbain ou rural, or le microclimat en ville est un phénomène avéré et de plus en plus regardé, notamment pour la
santé et le confort des citadins. A travers le chaînage d’outils CitySim/CIM, cette communication propose une
méthode de construction de fichiers microclimatiques utilisable en STD. Un premier cas d’étude sur un îlot du
2ème arrondissement lyonnais (Lyon Confluence) est présenté. Ici, les sollicitations de températures d’air et de
vitesses de vents sont calculées à l’échelle locale. Pour les autres sollicitations que sont l’humidité relative de l’air
et les rayonnements solaire et infrarouge, des perspectives pour leurs reconstructions sont données.
MOTS-CLÉS : Îlot de chaleur urbain, Chaînage CitySim/CIM, Fichiers microclimatiques annuels
ABSTRACT. Our proposal is to rebuild, at the district scale, a meteorological TMY file from data acquired at the
nearest weather station. Our case study is the Confluence district, in Lyon city (France), where we have acquired
local climatic data for validation purpose. We start from Lyon Bron airport data, to build local climate files. A chain
of two software is used: CitySim and CIM. From the 3D geometry of the district and the types of surface (walls,
floors, roofs and grounds), the thermo-radiative tool CitySim calculates the surface temperatures. These latter are
then integrated as boundary conditions in CIM model. From these boundary conditions, the district morphology,
using the weather files at Lyon Bron station, CIM rebuilds a weather file representing the climate of Confluence
and keeping the same format than a TMY (Meteonorm) file. CIM is a 1D (vertical) model where air temperature,
wind speed and direction are calculated every 3 meters high and are considered homogenous in each mesh
element.
KEYWORDS : Urban heat island, CitySim/CIM chaining, Microclimate annual file
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1. INTRODUCTION
Le réchauffement climatique, l’augmentation de la population mondiale et sa migration vers les
villes sont autant d’éléments qui définissent le contexte dans lequel nous vivons aujourd’hui et
auxquels nous devons nous adapter afin de réduire nos impacts environnementaux et sociaux. Pour ce
faire, une transition des modes de vie est primordiale à tous les niveaux. Le secteur du bâtiment suit
cette transition, des réglementations et labels poussent à la performance environnementale. Basée sur
le principe que la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas, la conception bioclimatique
repose sur des enveloppes de bâtiments optimisées qui captent au maximum les apports passifs du site
d’implantation. Cette approche bioclimatique est aidée par l’utilisation de Simulations Thermiques
Dynamiques (STD). En conception bioclimatique, l’une des données d’entrée majeure du modèle de
bâtiment est le climat (température, vent, ensoleillement, etc.), qui est généralement issu de fichiers
météo construits à partir de mesures faites dans des stations météorologiques aéroportuaires. Or, des
études récentes ont mis en évidence que ces données climatiques sont différentes en zones urbaines
(Bernard et al. 2017; Le Bras 2015). Dès lors, il semble pertinent d’évaluer ces conditions climatiques
urbaines afin d’adapter au mieux la conception des bâtiments en ville.
L’objectif de cette communication est d’explorer le chaînage CitySim (Walter and Kämpf 2015) /
CIM (Mauree et al. 2017) pour reconstruire un fichier météo de type TMY à l’échelle d’un îlot urbain
à partir d’un fichier TMY d’une station météo aéroportuaire. Ce type de fichier climatique, fournissant
des données heure par heure sur une année complète, est utilisé en STD lors de la phase de conception
d’avant-projet (phase AVP).
Un premier cas d’étude réalisé sur l’agglomération lyonnaise est présenté. Il consiste à construire, à
partir d’un fichier de mesures Météo France de la station de Lyon Bron, un fichier microclimatique
caractérisant un îlot urbain de Lyon Confluence (2ème arrondissement) (Figure 1).
Figure 1 : Principe de la reconstruction des données climatiques de Lyon Bron à Lyon Confluence
2. PRESENTATION DU CAS D’ETUDE
Le cas d’étude retenu est une zone de 54 hectares (environ 800 x 700 m) située dans la ZAC Lyon
Confluence (Figure 2). Ce quartier est bordé par la Saône à l’est et le Rhône à l’ouest et est en plein
développement urbain depuis le début des années 2000. En tant qu’assistant à la maîtrise d’ouvrage à
l’échelle de la ZAC, la société TRIBU possède à ce titre beaucoup d’informations sur ce quartier et sur
les bâtiments qui s’y construisent.
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Figure 2 : Bornage du cas d’étude de Lyon Confluence et localisation des stations météo urbaine
et aéroportuaire (Lyon Bron)
De plus, une campagne de relevé météorologique a été réalisée entre 2013 et 2015. Au niveau de
la scène urbaine, la température et l’humidité relative de l’air ainsi que les vitesses et directions de
vent ont été collectées par une balise météo posée sur un toit à 8m de hauteur. Sa localisation est
précisée sur la Figure 1. En parallèle, les données météo issues de la station Météo France de Lyon
Bron (mesures sur un mat à 10m en zone aéroportuaire) ont été récupérées. Les deux stations sont
séparées d’environ 10 km.
A titre d’exemple, les moyennes de températures relevées sur les deux sites pour différentes
périodes de l’année 2013 – ainsi que la moyenne des écarts – mettent bien en évidence le phénomène
d’îlot de chaleur urbain (Tableau 1) : un écart moyen annuel de plus de 1 °C est constaté entre Lyon
Confluence et Lyon Bron. Par ailleurs, les différences les plus importantes (de l’ordre de 2 °C) sont
relevées en été et la nuit.
Période d’étude Température moyenne [°C] Delta moyen de température entre Lyon
Confluence et Lyon Bron [°C]
Lyon Bron Lyon
Confluence Jour Nuit Global
Annuelle 12,15 13,24 +0,25 +1,78 +1,09
Hivernale 3,52 4,75 +0,81 +1,59 +1,20
Estivale 21,09 22,14 -0,13 +1,90 +1,06
Tableau 1 : Analyse des mesures de l’ilot de chaleur urbain de Lyon Confluence sur 2013
3. DEMARCHE DE CONSTRUCTION D’UN FICHIER METEOROLOGIQUE LOCAL
La démarche de construction d’un fichier météorologique local est basée sur le chaînage
CitySim/CIM et se fait en trois temps (Figure 3) :
• Création d’une maquette 3D de la scène urbaine ;
• Évaluation des températures de surface urbaine à l’aide de CitySim ;
• Calcul des variables climatiques locales (vitesse et direction de vent, température d’air) à
l’aide de CIM.
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Figure 3 : Démarche de construction d’un fichier microclimatique horaire annuel
3.1. CONSTRUCTION DE LA MAQUETTE 3D
La création de la maquette 3D de la scène urbaine se décompose en deux parties : définition de la
morphologie du site, puis attribution des différentes typologies de surface. Ici, la maquette 3D a été
réalisée sous SketchUp (Figure 4) à partir d’une base de données au format standard international
CityGML mise à disposition en open data par l’agglomération du Grand Lyon. Cette base de données
datant de 2012 et Confluence étant un quartier en plein renouveau, de nombreux bâtiments manquants
ont été ajoutés manuellement (en rose sur la Figure 4). Dans cette maquette, les bâtiments sont
représentés avec un niveau de détail LoD 2, c’est-à-dire en représentant des volumes avec les pentes
éventuelles des toits. Dans un second temps, les différentes typologies de sols sont intégrées, ce qui
permettra d’affecter des caractéristiques (albédos) adaptées aux différentes surfaces (bitumées, bétons,
enherbées, etc…).
Figure 4 : Maquette SketchUp du cas d’étude de Lyon Confluence
3.2. SIMULATION CITYSIM
Le logiciel CitySim est un programme de simulation des flux d’énergie en milieu urbain. Il contient
d’une part un modèle de radiosité et d’autre part un modèle de thermique du bâtiment basé sur une
analogie électrique.
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Le premier modèle est utilisé pour calculer les contributions directes et indirectes des
rayonnements solaires (CLO) et infrarouges (GLO) sur toutes les surfaces urbaines. Pour cela, il
convient dans un premier temps de transférer la maquette provenant de SketchUp vers CitySim : ceci
est possible via un plug-in et un format de fichier en .dxf. Dans un second temps, il faut redéfinir les
propriétés radiatives des surfaces. Ici, cinq types de surfaces ont été définies (Tableau 2).
Asphalte 0,1
Béton clair, pavés 0,25
Pelouse
Sol stabilisé
0,3
0,5
Façades et toits bâtiments 0,2
Tableau 2 : Albédos des surfaces extérieures de la scène urbaine
Le second modèle tient compte des échanges entre un bâtiment et son environnement extérieur. Les
échanges convectifs avec l’air extérieur sont évalués en utilisant la température d’air du fichier météo
mésoclimatique (Lyon Bron pour cette étude). En ce qui concerne les transferts conductifs dans
l’enveloppe des bâtiments, deux niveaux d’isolation des bâtiments sont définis dans le Tableau 3, la
distinction se faisant selon l’année de construction.
Type
d’isolation Umur Utoit Uplancher bas Uw g
W/(m².K) W/(m².K) W/(m².K) W/(m².K) -
Bâtiments avant
2012
Intérieure 0,4 0,3 0,7 2,0 0,8
Bâtiments après
2012
Extérieure 0,17 0,10 0,20 1,4 0,6
Tableau 3 : Niveaux d’isolation des bâtiments.
Une simulation effectuée sur chaque heure de l’année est réalisée en trente heures avec un
ordinateur portable ayant un processeur Intel CORE i7. La Figure 5 illustre un exemple de
températures de surfaces calculées le 2 juillet 2013 à midi à Lyon Confluence. On constate que les
températures de surfaces s’élèvent à plus de 60°C sur certaines surfaces bitumées et toitures, du fait
que ces surfaces soient peu masquée et du fait d’une très forte absorption de l’énergie solaire.
Figure 5 : Températures de surfaces au 2 juillet 2013 à midi à Lyon Confluence
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3.3. SIMULATION CIM
Le logiciel CIM est basé sur un modèle de canopée urbaine qui décrit les échanges thermiques et
d’énergie cinétique turbulente en en 1D vertical. Cette approche simplifiée permet de s’affranchir de la
résolution d’équations de mécanique des fluides sur un maillage fin qui demande des ressources de
calculs trop importantes pour simuler les 8760 pas de temps horaires d’une année.
Ici, la scène urbaine est réduite à un empilement de mailles de calcul de 3m de hauteur, dans
laquelle coexistent des volumes d’air et des volumes bâtis (Figure 6). Au sein de chaque maille, la
morphologie des bâtiments et les échanges convectifs avec ses surfaces sont pris en compte. La
modélisation avec CIM permet ainsi d’évaluer pour chaque heure de l’année une température d’air,
une vitesse et une direction du vent, supposées homogènes dans chaque maille.
Figure 6 : Principe de modélisation de CIM (Mauree et al. 2017)
4. RESULTATS ET ANALYSES
Les Figures 7 et 8 exposent respectivement une représentation statistique mensuelle sous forme de
« Box plot » des vitesses de vent et des températures d’air mesurées et simulées pour les mois de
janvier et de juillet 2013. Cette représentation inclut les valeurs des quartiles 1, 2 et 3 des jeux de
données météorologiques ainsi que les valeurs minimales et maximales.
4.1. RESULTATS DES VITESSES DE VENT
Figure 7 : Comparaison des vitesses de vent mesurées à Bron et Confluence et simulées dans
CIM, pour les mois de janvier et juillet 2013
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Comparaison des données climatiques suivantes :
Tant en janvier qu’en juillet 2013, les résultats montrent une reconstruction intéressante de la
variable locale « vitesse de vent » dans CIM (Figure 7). Par exemple, la série de mesures à Lyon Bron
possède une médiane de 2 m/s sur le mois de janvier, quand celle de Lyon Confluence est à 0,65 m/s.
CIM reconstruit un jeu de données avec une médiane à 1,1 m/s.
4.2. RESULTATS DES TEMPERATURES EXTERIEURES DE L’AIR
Figure 8 : Comparaison des températures extérieures de l’air mesurées à Bron et Confluence et
simulées dans CIM, pour les mois de janvier et juillet 2013
La reconstruction de la variable « température d’air » n’est pas pleinement satisfaisante : en janvier,
les résultats de simulation ne mettent pas en évidence d’effet d’îlot de chaleur urbain, contrairement à
ce qui est observé expérimentalement (Figure 8). La raison principale qui explique ces difficultés se
trouve au niveau des températures de surfaces calculées dans CitySim, qui sont plus basses que la
température de l’air la nuit, dû à des déperditions par infrarouges importantes. Par ailleurs, si l’effet
d’îlot de chaleur est illustré en juillet, on remarque une forte amplitude de la température simulée.
Cette amplitude suit l’allure des températures de surfaces obtenues dans CitySim, ce qui nous amène à
dire que la température calculée dans CIM est trop sensible aux températures de surfaces issues de
CitySim. Par conséquent, un travail de calage de cette donnée surfacique est nécessaire pour permettre
une reconstruction cohérente de la température extérieure dans CIM.
5. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
Ce travail propose une méthode pour construire un fichier microclimatique exploitable en STD. La
première partie de ce travail a été la création d’une maquette 3D sous SketchUp, à partir notamment de
données open data CityGML. Après un export de cette 3D vers CitySim et une paramétrisation des
propriétés physiques des surfaces de la maquette, des calculs d’échanges radiatifs et de températures
de surfaces extérieures ont été réalisés. Les mois de janvier et de juillet ont été étudiés d’après un
fichier mésoclimatique (mesures de la station Météo France à Lyon Bron) de 2013. Par chaînage, ces
valeurs de températures de surfaces ont ensuite été transmises à l’outil microclimatique CIM. Pour le
Lyon Bron : station
Météo France, mesures à
10m (zone péri urbaine)
Lyon confluence : balise
météo, mesures à 8m (zone
urbaine), voir Figure 2
CitySim_CIM : Simulation du cas d’étude de
Confluence à partir des données de Lyon Bron.
Résultats de la maille comprise entre 6m et 9m.
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cas d’étude du quartier de Lyon Confluence, CIM a permis de recalculer, localement, en 1D vertical
les vitesses de vent et les températures de l’air tous les 3 mètres de haut et ce pour les 8760 heures de
l’année. Les valeurs de températures et de vitesses de vent obtenues sont considérées homogènes sur
toute la maille de calcul. Par rapport aux mesures faites sur site (à 8m), des résultats satisfaisants ont
été obtenus pour la reconstruction de la donnée « vitesse de vent », qui est bien freinée par les
obstacles urbains (résultats de la maille entre 6m et 9m). Pour la température de l’air, des
améliorations sont à prévoir afin d’avoir des résultats cohérents avec les observations expérimentales
qui mettent bien en avant l’effet d’îlot de chaleur urbain tout au long de l’année.
L’une des perspectives de ce travail sera la prise en compte de l’évapotranspiration de la végétation
du quartier Confluence avec une reconstruction de la variable climatique « humidité relative de l’air »
dans CIM, ce qui permettra de compléter la reconstruction d’un fichier météo à l’échelle locale.
Une autre idée intéressante, les résultats des températures de surfaces CitySim – couplées aux
valeurs de vitesses de vent calculés dans CIM – pourraient permettre de calculer des indicateurs de
confort en espaces extérieurs tel que l’indicateur UTCI. Cette donnée serait pertinente et précieuse
pour les aménageurs urbains.
6. BIBLIOGRAPHIE
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