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N°128 SPÉCIAL MAISONS INDIVIDUELLES MODERNE MODERNE

Construction Moderne n128

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N ° 1 2 8 S P É C I A L M A I S O N S I N D I V I D U E L L E S MODERNEMODERNE

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éditorial

>> CouvertureLa maison Y House, à Chita, préfecture d’Aichi,au Japon, combine la tradition architecturaledu pays et l’emploi des matériaux modernes.Maître d’œuvre : Kei’ichi IriePhoto : Hiroyuki Hirai

Sommaire n°128

>> PAGE 01> Saint-Maximin (83)Architecte : Michel Tortel

>> PAGE 23 > Rouen (76)Architecte : Julie Howard/Vong DC

>> PAGE 05 > Castres (81) Architecte : Agence Puig Pujol

>> PAGE 27 > La Ciotat (13)Architecte : Marie-France Chatenet

>> PAGE 29 > La Motte-Servolex (73) Architecte : Christian Patey

>> PAGE 08 > Lyon (69) Architecte : Atelier Arche

>> PAGE 12 > Bagnolet (93)Architecte : Hervé Gaillaguet

>> PAGE 15 > Des solutions innovantes pour la maison individuelle

>> PAGE 33 > JaponArchitecte : Kei’ichi Irie

La maison individuelle représente toujours aujourd’huil’habitation idéale pour un grand nombre de nosconcitoyens.De ce fait, elle occupe une place importantedans le secteur de la construction.Ce que reflète tous les deux ans le salon Batimat où Cimbéton présentera les performances et les avancées des bétons.En effet, ence qui concerne la maison individuelle, le béton proposede nombreuses solutions innovantes qui répondent aux objectifs du développement durable comme auxexigences croissantes de la réglementation thermique.Le cahier central Solutions béton en dresse un panorama.De leur côté, les architectes utilisent les qualitésconstructives et plastiques du béton, chacun selon sa sensibilité et les contraintes particulières des sites.Huit projets très différents sont présentés ici, huit lieuxde vie qui réjouissent leurs propriétaires… et quidonnent à voir l’extrême adaptabilité du béton aux dessins des concepteurs.

FRANÇOIS L’HUILLIER

Directeur de la rédaction

DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Anne Bernard-Gély • DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : François L’Huillier • CONSEILLER TECHNIQUE : Serge Horvath • SECRÉTAIRE DE RÉDACTION : Clothilde Laute •CONCEPTION, RÉDACTION ET RÉALISATION : – 41, rue Greneta – 75002 Paris • RÉDACTEUR EN CHEF : Norbert Laurent • RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE : Maryse Mondain • SECRÉ-TAIRES DE RÉDACTION : Yolande Billon, Paul Caggini, Philippe François • MAQUETTISTE : Sylvie Conchon • DESSINS TECHNIQUES ET PLANS : Xano • Pour tout renseignement concernant la rédaction,tél. : 0153007413 • La revue Construction moderne est consultable sur www.infociments.fr • Pour les abonnements, envoyer un fax au 01 55 23 01 10 ou un e-mail à [email protected]

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À l’écoute du relief>>> Paysage, lumière, volumes aux contours

“furtifs” générés par quelques murs de béton

que l’architecte-designer Michel Tortel semble

avoir jeté comme des bâtons de Mikado

pour dessiner sa maison. Un lieu aléatoire

et étonnant où il vit, travaille et contemple

sans jamais abdiquer fonctionnalité et confort.

C’est sous le soleil de Provence ques’étend la villa “Mikado”, balayée

par des brises légères, caractérisée parcette lumière cristalline. L’essence du Varse précipite sur ce site adossé au versantoriental du fameux mont Aurélien, où lavue embrasse les massifs du Verdon et dela Sainte-Baume.Ce paysage façonné par l’inéluctable etimplacable glissement du globe ter-restre sur lui-même a immédiatementséduit l’architecte,montagnard invétéré,qui cherchait depuis quelques annéesdéjà à quitter Paris pour se rapprocherdes reliefs et du soleil.Le Var, avec ses fameux massifs et sonaccès facilité depuis la capitale grâce au TGV, possédait les caractéristiquesidéales pour réorienter son mode de vieet d’exercice. Si le terrain présentait auxyeux du concepteur l’atout non négli-

geable d’allier l’orientation et la vue,celui-ci n’en était pas moins conscientde sa grande difficulté du fait de sondénivelé de 13 m et de l’épaisse chênaiequi le recouvrait alors.

Un paysage de “saveurs”

Michel Tortel a élaboré sa future maisonet agence par et sur le site, presquecomme si l’architecture ne s’était pasdessinée, comme si l’ouvrage n’était quele résultat de la «mise en scène des dif-férentes saveurs du lieu », selon lestermes du maître de maison.C’est, en effet, la relation à la fois intimeau site, à son sol et à sa végétation,maiségalement au monumental dans le rap-port au paysage qui a nourri le projet.Ainsi, de l’intérieur, le panorama vers leVerdon et la Sainte-Baume est mis en

Maître d’œuvre : Michel Tortel BET structure : BETCEntreprise gros œuvre : ConstructiaSurface : 400 m2 SHONCoût : 720 000 € TTC

viduelle

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scène et accompagne chacune des acti-vités de la maison au travers d’unefaçade sur deux niveaux entièrementvitrée, tandis que depuis l’extérieur lesvues lointaines masquent la villa dans lacanopée de chênes verts.L’intérieur n’est que surprise:en déambu-lant dans cette architecture aux formesétirées, le corps se laisse emporter, aspirépar ces perspectives “furtives”. L’enche-vêtrement de plans successifs lui fait

perdre ses repères pour créer au fil del’exploration de la maison autant d’effetde surprise que de plaisir sensoriel.Un temps est nécessaire pour restituer saposition dans cet enchevêtrement devolumes. Où suis-je dans cette maisonoù les espaces ont peu de chose en com-mun avec la perpendicularité ? Ici, l’ap-préhension se complexifie d’autant plusque, compte tenu de la topographie duterrain, la villa est comme “enchâssée”

dans le site. Ainsi, 1 000 m3 de calcaireont dû être retirés pour encastrer les troisniveaux de la maison, chacun, grâce à lapente, bénéficiant systématiquementd’un prolongement extérieur de plain-pied dans le terrain naturel.Malgré l’apparente complexité, les fonc-tions se répartissent assez facilement,avec un niveau bas, traité comme unsocle maçonné qui abrite garage,remises et archives, un deuxième niveaupour manger, vivre et travailler, et, enfin,un dernier niveau plus intime où l’ondort et profite de la piscine. Ces deuxderniers niveaux s’organisent en mezza-nine et se rassemblent à l’avant pour for-mer un vaste volume sur double hauteurrefermé par la paroi de verre.

Depuis l’extérieur de la demeure, unevolée de marches à l’air libre, mais fortbien dissimulée dans un talus aménagéen rocaille, permet de gravir les 2,50 mqui séparent le rez-de-chaussée semi-enterré du niveau intermédiaire où sedéploient les pièces à vivre. Là, un vasteparvis en béton poli rythmé par desjoints de fractionnement accueille le visiteur et se prolonge à l’intérieur pourl’inviter à entrer.

La culture de l’espalier

Le volume du salon de 6 m de hauteurest immergé de ciel, de paysage et delumière et se partage en deux grandsespaces.Ainsi, la zone de travail se retireà l’arrière et s’oriente au Nord pour limi-ter les sollicitations extérieures et per-mettre le travail sur écran; la zone vie, àl’inverse, se déploie à l’avant pour profi-ter de l’orientation favorable et de l’ex-ceptionnel panorama. La limite entre cesdeux entités est signifiée par une failledans laquelle se loge la cage d’escalier,qui descend à l’étage inférieur. De la

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>>> Coupe transversale

SéjourMezzanineChambre3

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4 >>> Coupe longitudinale

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même façon, les différents sous-espacesde la zone de vie s’organisent sans sépa-ratif : c’est un immense plateau d’ardoisequi délimite l’espace de la cuisine et dis-simule les divers équipements, et c’estune différence de niveau de l’équivalentde deux marches qui esquisse l’espacedu salon. Au-dessus de celui-ci unsecond salon, plus intime, se développeen mezzanine, suspendu comme unecabane au niveau de l’houppier deschênes. Les fauteuils et canapés réaliséspar le maître de maison meublent l’en-semble. Comme l’architecture de la mai-son, leurs lignes asymétriques sont à lafois fluides et dynamiques.Le reste du plateau de l’étage accueillela zone nuit composée de quatrechambres organisées en îlot pour éviterl’effet de couloir. Ouvertes sur la façadeouest, elles profitent systématiquementdu prolongement vers le terrain exté-rieur. La chambre des parents bénéficied’une salle de bain à ciel ouvert pourimproviser un bain sous la voûte célesteou au soleil levant. Comme à l’étageinférieur, l’ensemble du plateau est

revêtu d’un beau béton poli qui cède laplace à un platelage en bois sur la mez-zanine pour s’inscrire en continuité avecl’immense terrasse de la piscine abritéepar l’impressionnant porte-à-faux del’avant-toit.

De pierre et de béton

L’envie de clive et de déclive suscitée parla nature accidentée du site a conduitl’architecte à utiliser du béton. Le maté-riau a permis au maître de maison desculpter des masses qui répondent à laperpendiculaire et d’étirer les perspec-tives pour aller chercher le terrain etcréer avec lui le “maximum de surfaced’échange”. Structurellement, la maisonest supportée par un ensemble de voilesdétramés pour que chaque espaceconserve sa particularité et participe à laperte de repère générale. Ici, l’enchevê-trement des pans coupés renouvelle laperception des espaces en jouant avec laperte des repères et des codes ; ils per-mettent au visiteur de s’ouvrir aux sensa-tions et à l’émotion pour mieux ressentir

un environnement et appréhender lalumière. Les lignes fuyantes des voilesbiais qui défient le vide et oscillent entrelégèreté et monolithe dilatent ou, aucontraire, restreignent la perceptionlumineuse de chaque espace pour mieuxles mettre en scène.Émergeant comme des extensions desstrates calcaires du terrain, les voiles endévers qui commandent l’entrée ou des-sinent l’avaloir de la cheminée évoquentles failles rocheuses et tentent de recréerla sérénité que l’architecte-designer peutressentir lors de ses courses en montagneet de l’observation du monde organique.Bien que résolument contemporaine, l’ar-chitecture de la villa faisant référence àdes formes organiques est surtout intem-porelle, comme si elle obéissait à un ordre

caché. Un ordre qui doit moins à la géo-métrie ou à la symétrie qu’à la méca-nique des charges infinies du sous-sol.Un ordre qu’on pourrait qualifier de “tec-tonique” évoquant une certaine conni-vence du traitement architectural avec salointaine cousine la géologie. Comme siquelque chose de l’imperceptible maisimplacable mouvement tellurique qui afait émerger les massifs du Verdon et dela Sainte-Baume s’était communiqué auprojet depuis les fondations jusqu’au toitde la maison, faisant de la villa unemasse articulée, parcourue de bassestensions, suffisamment sensibles pourévoquer, de façon intuitive, l’ordre cachédu monde organique si cher au maître demaison. Un traitement architectural plusvoisin du Land Art que d’un ordonnance-

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>>> La végétation et la topographie du lieu inscrivent harmonieuseumentla villa dans le site. Le généreux débord de toit clot un volume sous doublehauteur, comme le souligne la terrasse qui l’entaille à l’est pour se prolonger à l’ntérieur en mezzanine. Il protège aussi la façade de verre des rayons du soleil. L’architecture met en valeur les différentes « saveurs du lieu ».

Sur la terrasse, la couverture joue avec l’ombre et la lumière grâce à uneastucieuse fenêtre sur le ciel. Entre les deux principaux niveaux, la piscineinfléchit son bassin et se termine en belvédère dans la canopée de chênes verts.

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ment classique ou moderne.Au-delà dece qu’on pourrait appeler cette “proxi-mité formelle” avec la nature et lemonde organique, l’exceptionnelle adé-quation du terrain entre l’orientation etles vues qui avait séduit le concepteur luia permis de jouer à fond la carte bio-climatique. La maison est tout aussi res-pectueuse de l’environnement qu’elleest économe en énergies non renou-velables : vitrages isolants, toitures ven-tilées, planchers rayonnants, pompe àchaleur air-air, forage de captation d’eau.

Une architecture bioclimatique

La structure en béton et l’encastrementdes deux niveaux inférieurs dans le terrain confèrent à l’ensemble une trèsgrande inertie thermique pour favoriser leconfort d’été. L’ensemble des pièces quiont été creusées dans la roche agissentcomme des climatiseurs naturels, les épaisvoiles de béton permettent, quant à eux,de diffuser la fraîcheur du sous-sol à l’en-semble de la maison.L’inertie du matériau

emmagasine la fraîcheur des pièces dusous-sol et la restitue tout au long de lajournée. De la même façon, l’inertie de ladalle en béton poli diffuse les calories duchauffage par le sol, offrant, l’hiver, unechaleur douce et parfaitement répartiedans l’ensemble de la maison. Ces be-soins en chauffage sont, par ailleurs,mini-misés grâce aux apports gratuits du soleilqui réchauffent les vitrages l’hiver. L’été, àl’inverse, la forme et l’implantation dularge avant-toit ont été calculées etmodélisées pour que la totalité desvitrages soit protégée de l’ensoleillementdirect afin d’éviter les surchauffes.La rive blanche de ce large débord detoit caractérise la vision extérieure : unemboîtement de voiles en dévers quis’interpénètrent comme les strates duterrain pour se fondre dans le paysage etne laisser apparaître plus qu’une grandefenêtre transparente soulignée par cetrait blanc. ❚

TEXTE:SOLVEIG ORTH

PHOTOS: OUVERTURE,1,8,9,11,13 ARNAUD RINUCINI;

2,3,4,7,10,12 CHRISTOPH THEURER;

5, 6 ALAIN SAUVAN

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>>> et La chambre des parents bénéficie d’une salle de bain à cielouvert. et Le voile en dévers qui soutient la maison de bas en hautévoque les failles rocheuses si chères au maître de maison. À l’étage,le béton poli cède la place au parquet en Itauba pour assurer la continuité des matériaux avec l’extérieur. Un aérien escalier hélicoïdal permet d’accéder à l’étage qui se développe en mezzanine. L’immense plateaud’ardoise débordant du plan de travail de la cuisine accueille le visiteur avec générosité.

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Jeu de perceptions>>> Sur les hauteurs de Castres, les architectes

de l’agence Puig Pujol ont travaillé l’image

d’un monolithe en béton brut pour construire

une maison sur un terrain escarpé. Creusée

dans ce volume, la piscine est partie intégrante

de la composition et les propriétés structurelles

du matériau servent le projet.

L e programme et la topographie duterrain ont dicté le parti architectu-

ral qui affirme la vérité technique et pri-vilégie une approche brutaliste dans lerapport au paysage.

Sobriété des formes

Implantée en crête d’un coteau exposéau sud, la maison bénéficie d’une vuepanoramique sur Castres, la campagneet les coteaux éloignés. Installée dans lapartie haute du terrain, elle s’inscrit defaçon minimaliste sur la parcelle, dansune position nord-est/sud-ouest légère-ment désaxée par rapport aux courbesde niveaux qu’elle souligne. La sobriétédu volume induit un traitement simple etsoigné des abords qui instaurent avec lamaison un dialogue formel. Le sol duterrain vient frôler les voiles de la struc-

ture en béton banché brut de décoffrageet le portail encadré de béton intervientplus comme une esquisse sur un axevégétal que comme une clôture.Trois niveaux suivent la pente : le rez-de-chaussée regroupe l’ensemble despièces de vie et la suite parentale ; il estprolongé par une terrasse minérale danslaquelle s’inscrit la piscine. L’étage estréservé aux enfants et aux amis. Le sous-sol, généré par la pente, regroupe leslocaux de services et le garage. En raisonde la pente du terrain d’est en ouest, onpasse de trois niveaux à un niveau etdemi, ce qui modifie progressivement laperception du sol et du paysage.On accède à la maison par la partiehaute du terrain, où une haie buisson-nante, légère et imperméable à la fois,suscite une approche séquencée de laconstruction, qu’accentue la typologie

Maître d’œuvre : Puig Pujol architecturesBET: SOAB (Albi – 81)Entreprise gros œuvre : Olmières Construction (Castres – 81)Surface : 340 m2 SHON

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du terrain. Le séjour traversant et lacontinuité du paysage entre les partieshaute et basse du site sont ainsi discrète-ment révélés.

Vérité du béton et contraste des matières

La première vision est celle du volumehaut en béton brut. Opaque et presqueabstrait en façade nord, il se creuse enfaçade sud, générant une terrasse quiéclaire les espaces de l’étage. Plus bas, levolume du rez-de-chaussée, partielle-ment enterré, limite l’impact de laconstruction. Réduites au nord à un ban-deau vitré arasé au niveau du terrain, lesouvertures composent entièrement lafaçade sud, mettant en complète com-munication l’intérieur et l’extérieur.Au rez-de-chaussée, où les pièces s’en-chaînent en enfilade, cuisine, salle à man-ger, salon et suite parentale s’abritentderrière quatre grandes baies. Des pan-neaux mobiles sur vérins les protègent ;ouverts, ils se transforment en auvents. Àla sobriété de la forme et des matériaux

qui marient le béton au verre, au métal età la pierre, s’ajoute un contraste dematières où le béton opaque et lisse jouesa partition.À l’intérieur, le blanc des murs domine,rythmé par les voiles structurels. En posi-tion centrale, des blocs de services de3,66 m de section dégagent des espacesautonomes et structurent la bibliothèque,l’escalier, la cuisine, la cheminée et lesrangements. Leur implantation élargitcertaines pièces, ponctuant ainsi l’espacedans une volumétrie très simple. La salleà manger est creusée sous la terrassehaute, la salle de télévision s’enrouleautour de l’escalier et deux chambresforment un bloc autonome avec unesalle de bain.La structure se compose de voiles debéton banché coulés en place. Le chan-tier ayant été exécuté par une entrepriselocale, les architectes se sont adaptésaux banches dont celle-ci disposait.“L’entrepreneur craignait certainesmaladresses, car ce chantier était pourlui un challenge, indique Jean-ManuelPuig. Or, nous voulions valoriser l’aspect

structurel du matériau avec ses imper-fections et ses variations de couleurs quifont toute sa puissance. Il ne fallait sur-tout pas faire des voiles structurels deséléments décoratifs ! Sur ce terrain enpente, où les murs de soutènementancrent la maison jusqu’à la roche,murs et voiles de fondation constituentles élévations.

Des savoir-faire croisés

La forme née de la structure se traduitpar un parallélépipède très simple. Endehors de toute ossature poteaux-poutres, des structures métalliques sup-

portant un plancher en bac collaborantsont fixées sur les voiles. Les ouvertures,constituées par des réservations effec-tuées dans le béton à l’aide de manne-quins de bois, ont imposé de dessinertrès précisément les éléments de cof-frage, mais aussi un suivi attentif sur lechantier auprès de l’entreprise et du BETchargé des plans de ferraillage. Tout enpréservant l’esprit du projet, nous avonsfait évoluer nos propres détails pour lesadapter au savoir-faire de l’entreprise.”Attachés à l’aspect brut du matériau, lesarchitectes ont anticipé les finitions dèsla conception. “Nous avons évité lesreprises de béton en prêtant une grande

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>>> Plan du rez-de-chaussée. La distribution des pièces offre aux habitants une circulation aisée à l’intérieur comme à l’extérieur.

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attention aux détails ordinaires. Déciderque tout est fini dès qu’on ôte unebanche est une énorme contrainte quioblige l’entreprise à tout anticiper. L’en-jeu résidait davantage dans cette capa-cité d’anticipation que dans le détail ducalepinage des banches.”

Des solutions adaptées

Pour préserver l’idée d’un “bloc dans lepaysage”, la piscine est contenue dans levolume. Son traitement vaut d’être souli-gné. Le commanditaire et ses architectesont eu ici l’excellente idée de la traitercomme un simple bassin en béton brutanticorrosion, inséré de façon esthétique

dans le sol de la terrasse. Des joints gon-flants entre les parties banchées assurentl’étanchéité. Un long meuble d’accom-pagnement “planque” le barbecue etintègre l’escalier qui conduit à la salle dedouche et au vestiaire situés au sous-sol.Outre des panneaux solaires sur le toitpour produire l’eau chaude sanitaire, lesarchitectes ont intégré à la dalle de bétondes planchers chauffants et rafraîchis-sants. Grâce à ce dispositif, à l’excellenteinertie thermique du béton, aux protec-tions des volets/auvents et à la ventilationnaturelle, on peut garantir tout au long del’année le confort de la maison. ❚

TEXTE :CHRISTINE DESMOULINS

PHOTOS : PHILIPPE RUAULT

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>>> La simplicité de l’implantation confrontée à la déclivité du terrainpermet de gérer les remblais et les accès voitures et piétons. La terrassede la piscine est traitée comme un tapis de pierre, qui prolonge la matérialitédu béton et emprunte sa couleur. , et Le salon, la cuisine et lasalle à manger font face à la piscine. et Cadrages et jeux de lumièrepour le salon. Au nord-est, côté talus, un corridor ouvert dessert lespièces en soulignant les enfilades. La fenêtre en longueur, arasant le terrain,favorise les transparences entre intérieur et extérieur. Au rez-de-chaussée,la suite parentale donne directement sur le gazon dans le prolongement de la terrasse. La logique structurelle règle les circulations.10

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questions aux architectes2Pourquoi avoir choisi le béton dans ce projet?Il ne fallait pas “surdessiner” le projet. Plus que l’intégration, nous recher-chions l’ancrage dans la prairie en enfonçant dans le terrain un bloc de bétonbrutaliste. Ce principe de vérité constructive nous a été inspiré par la visite dumusée La Congiunta de Peter Märkli, à Giornico en Suisse. Cette forme insoliteen béton s’apparente par sa silhouette à un élément de génie civil. Découvrirdans la nature, à la sortie d’un village, cet élément singulier aux façadesopaques, puissant par sa matérialité, était à la fois un choc et une émotion quisuscitaient l’envie immédiate d’y pénétrer. À Castres, nous voulions retrouverla matérialité du béton coulé en place, coffré sans autre souci que celui d’affir-mer sa technique, avec des abords non traités et l’herbe du terrain venantraser les voiles. Nous l’adaptons à une typologie de maison individuelle en étu-diant l’espace, les parcours et l’habitabilité. L’objet devient aimable et confor-table, sans être précieux.

Comment traitez-vous les percements ?Hormis la longue baie face à la piscine et les fenêtres en longueur au nord, nousminimisons les ouvertures sur les pans de façade de l’étage en allant chercher lalumière par la terrasse de l’étage. En pignons est et ouest, des ouvertures quisemblent jetées dans la façade cadrent des paysages choisis. ❚

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Surprenants volumes>>> Ce n’est pas une petite maison dans la prairie,

mais plutôt une grande maison dans la clairière...

Située à flanc de colline, sur un beau terrain boisé,

elle présente d’abord une façade austère, pour peu

à peu dévoiler ses deux ailes reliées par un espace

entièrement vitré. Résultat des rêves de Dominique

Bourreau, l’architecte, sa conception fonctionnelle

et originale enchante ses propriétaires.

U ne voie bordée d’arbres, baignéepar la lumière d’une fin de journée

d’été, monte vers une clairière ménagéesur un terre-plein à mi-pente du terrain.L’herbe y est incroyablement verte,l’ombre des arbres procure une fraîcheuragréable.Et là,à flanc de colline,une mai-son grise s’élève, massive, un peu mysté-rieuse, qui, lorsque l’on s’en rapproche,s’ouvre au regard des visiteurs étonnés.

Des idées et de l’audace

Sa façade d’entrée, orientée au nord,présente ses trois volumes distincts : l’unen relief, marqué par des ouverturessombres et une avancée en biais for-mant un auvent pour l’entrée du garage,le second traité comme une cage deverre, et le dernier, complètementaveugle, s’offre une belle paroi de béton

brut. De ce côté, la maison se dévoile àla vue en partie par le biais du hall d’en-trée entièrement vitré, traversant, d’oùl’on aperçoit la terrasse et la piscinesituées côté sud.Mais pour l’heure, le visiteur, qui n’aurajeté qu’un rapide coup d’œil vers cettepartie du bâtiment, suit la maîtresse demaison, elle-même encore légèrementsurprise de cette construction quandmême un peu “audacieuse”, même sielle la vit avec bonheur. “Savez-vousque le début du dernier film de ClaudeChabrol a été tourné chez nous ? Ilsouhaitait le décor d’une villa contem-poraine en béton, située au milieu d’unbois. Celle-ci correspondait parfaite-ment à son souhait !”, lance-t-ellerieuse,assez fière de cette péripétie.Et cela d’autant plus que le bâtiment est lereflet de rêves d’architecture qu’avait le

Maître d’œuvre : Atelier ArcheBET structure : CREBEntreprise : RBFSurface : 450 m2 SHON

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couple de propriétaires. “Lorsque j’ai ren-contré mon client, qui m’avait été présentépar des amis, la première et unique chosequ’il m’a demandée était: «Sauriez-vousconcevoir un toit ouvrant sur le ciel, car jesouhaite, depuis ma chambre, dormir à labelle étoile lorsque le temps le permet!»,raconte amusé Dominique Bourreau, l’ar-chitecte. “Et puis plus rien. Il avait justeajouté : « Je vous rappelle demain ». Jen’y croyais qu’à moitié! Et, en effet, il m’abien téléphoné le lendemain. Nous avonsalors commencé une fructueuse collabo-ration. Il avait plein d’idées, plein derêves! Nous avons dû faire la part de cequi était possible tant sur le plan architec-tural qu’au niveau budgétaire, enessayant de répondre le plus et le mieuxpossible à tous ses souhaits”, ajouteDominique Bourreau. Le second désir dece client un peu atypique était que lamaison soit en béton brut…Puis Muriel, la maîtresse de maison,entraîne son visiteur à l’intérieur. Elle estravie de montrer son cadre de vie parti-culier, si agréable et confortable. Ellecommente : “Beaucoup de gens autour

de nous sont “interpellés” par cetteconstruction ; elle ne laisse personneindifférent! Certains ne la comprennentpas ; ils ne prononcent pas le mot“blockhaus”, mais le pensent presque àhaute voix! D’autres, au contraire, nousavouent qu’ils aimeraient eux aussi cetype d’habitation, tellement moderne,pleine de lumière!”

En pleins et en déliés

Le hall d’entrée central, par lequel onpénètre dans la maison, est désormaistransformé en salle à manger. L’ampleurde son volume et sa surface, l’apport delumière naturelle, la vue sur les arbres enété et sur la ville de Lyon en hiver lorsqueles feuilles sont tombées, tout concordaità faire de cette pièce un lieu de séjouridéal. Conçu sur la double hauteur de lamaison, ce magnifique espace forme lajonction entre les deux parties du bâti-ment. Il est juste traversé par deux passe-relles de bois et de métal qui relient à l’étage la partie des parents à celle desenfants. Ce dispositif permettait de

conserver toute la transparence auvolume. La maison est un bloc quasimentcubique composé de deux ailes de bétonbrut distinctes. Il s’agissait de casser larigidité du cube. L’architecte a donc créédes avancées, des retraits, des jeux deplein et de vide, et ainsi le volume générala été véritablement sculpté. Cependant,pour créer une continuité et une unitéd’ensemble, le plancher est entièrementhabillé de marbre blanc, à part leschambres des enfants dotées d’un par-quet.Alors que le sol est d’une blancheuréclatante, qui apporte de la lumière etdes reflets divers parfois curieux, les pla-fonds sont comme une réponse à cetteclarté : ils ont tous été laissés en béton

apparent vernis. “Je regrette de n’avoirpas gardé plus de béton brut sur lesparois intérieures, et en particulier dansla cuisine, commente la propriétaire deslieux. C’est d’un entretien très facile, cen’est pas salissant, et c’est assez beau”,ajoute-t-elle satisfaite.

Partition graphique

À l’est, au rez-de-chaussée, se trouventla cuisine, un office et un premier niveaude garage (une trappe, qui devait êtreéquipée d’un ascenseur, mène à undeuxième niveau de garage en rez-de-jardin). Celui-ci s’ouvre sur l’aire d’accueilau nord par le biais d’une porte en lames

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>>> La façade ouest, la plus intime, présente des ouvertures variées :au rez-de-chaussée, celle du bureau et du séjour, et à l’étage, celle de la chambre des parents. Une faille vitrée éclaire le couloir en cadrant les arbres du jardin. La maison s’ouvre largement au sud, sur la piscine.Les deux ailes sont ici distinctes : à gauche, la partie “publique”, avec en bas le salon et en haut la salle de bains/salle de gym; à droite, la partie “privée”avec la cuisine au rez-de-chaussée et la chambre d’amis à l’étage.

Le béton coulé en place est très présent. Sa masse minérale est adouciepar le mouvement de la piscine débordante.

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d’aluminium laqué noir – matériau utilisépour toutes les fermetures (volets coulis-sants extérieurs, porte d’entrée et degarage)– pour, là encore, créer une unitéde matière et de ton, qui s’harmoniseparfaitement avec le béton. La cuisine estlargement ouverte sur la terrasse, quiborde la piscine. Une baie vitrée occupela moitié du mur de façade. Celui-ci esttravaillé comme une composition gra-

phique orthogonale : un voile de béton,une baie carrée au rez-de-chaussée sur-montée d’une seconde baie horizontale,un panneau de verre laqué blanc.En face de la cuisine, un petit édicule enbéton est coiffé d’une “casquette” debois ajouré qui forme un auvent. Celui-cirecèle le matériel de jardin et de piscine.L’aile ouest abrite un vaste salon en déni-velé de trois marches en bois, un bureau,

un vestiaire et un WC. Une cheminéeouverte sur le salon, et insérée dans lacloison,est dotée d’une vitre du côté de lasalle à manger. Ainsi il est possible deprofiter du feu depuis les deux pièces deséjour. Ici encore, une immense baie cou-lissante, qui s’arrête à une cinquantainede centimètres du sol,au ras d’un banc demarbre courant tout autour de la pièce,s’aligne presque au niveau de la piscine.Le regard peut se perdre de la surface del’eau vers les arbres,puis vers le ciel.

Toutes fermetures coulissantes

Le principe des coulissants a été adoptédans toute la maison. Fenêtres coulis-santes, mais aussi cloisons intérieurescoulissantes, permettant d’escamoter àloisir, en fonction des circonstances (viefamiliale, réception, etc.), tel ou tel local.Le bureau en est lui aussi doté, ainsique le vestiaire au rez-de-chaussée, ouencore la cuisine et le salon. Les piècess’agrandissent ou s’intimisent au gré del’ouverture de ces cloisons mobiles.L’escalier menant au niveau supérieur est

traité comme un couloir. Les poutres destructure, brutes, du rez-de-chausséeapparaissent comme des barres grisesenchâssées dans les parois blanches.Elles forment un motif horizontal prisdans la verticalité de la montée. L’esca-lier est en bois, dépourvu de limon, cequi l’expose au regard dans son intégra-lité. Il est décollé de quelques centi-mètres des murs auxquels il s’accroche,ajoutant à sa légèreté.L’étage abrite,dans l’aile est, les chambresdes enfants, toutes deux conçues sur unmodèle strictement identique. Une meur-trière horizontale barre le fond despièces : perspective ludique sur le pay-sage, comme une bande dessinée, etapport de lumière supplémentaire. Parailleurs, chacune est dotée d’une fenêtrelatérale et d’une salle de douche atte-nante, fermée par une porte coulissantede verre dépoli. Une chambre d’amis lar-gement ouverte sur la terrasse, une linge-rie et un escalier en colimaçon occupentla partie sud de cette aile.Il se dégage de l’ensemble de l’intérieur dela maison une simplicité, une sobriété

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>>> Plan d’étage

Chambre principaleDressingBain/GymSaunaPasserelleChambre 2LingerieChambre 3Chambre 49

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>>> Plan du rez-de-jardin

VestiaireBureauSalonSalle de réunion-salle à mangerCuisineCellierGarageAbri de jardinTerrassePiscine10

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agréables,dans le traitement des volumes,le choix et l’utilisation des matériaux, quiparticipent à l’impression de confort évo-qué par Muriel, la maîtresse des lieux.

Horizon vertical

Dans l’aile ouest, la chambre des parentset une salle de bains/salle de gym atte-nante forment un ensemble digne desrêves de Muriel et Richard, propriétaires.La chambre possède une grande baieéquipée d’un volet coulissant. Muriel,amusée à l’avance de la surprise qu’elleva provoquer, dirige la télécommandevers le plafond,et celui-ci s’ouvre presquemagiquement sur le ciel… “Ce n’est pasdu tout un gadget, précise Richard, nousdormons à la belle étoile dès que letemps le permet !”Dans la salle de bain, une baie toutehauteur conçue en avancée en biaisdonne directement sur la piscine, créantune légère impression de vertige.D’ailleurs, tout dans cette maison estaffaire de sensations et de surprise. À telpoint que Richard, les jours de réception,

remplace tous ses néons muraux par destubes de couleurs. De l’extérieur, l’effetest extraordinaire; les invités sont émer-veillés…La démarche de Dominique Bourreausur ce projet était bien d’essayer deréaliser les désirs d’architecture de sesclients. Il y avait aussi celle d’intégrer lemieux possible la maison dans sonpaysage privilégié, et de lui donner unequalité environnementale qui est doré-navant pour lui presque un réflexe. “Latoiture végétalisée, l’économie de maté-riaux, mais surtout l’orientation du bâti-ment, sont désormais pour nous despriorités dans la mesure du possible,explique-t-il. Le séjour et la cuisine sonttrès peu chauffés, par le sol, grâce à laprésence des baies au sud. L’économieest considérable… Et de conclure ensouriant : De plus, nous n’avons pas eu besoin d’utiliser de brise-soleil, carnous nous sommes servis des arbrescomme filtres pour les fenêtres situées à l’ouest.” ❚

TEXTE : CLOTILDE FOUSSARD

PHOTOS : ÉRICK SAILLET

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>>> L’entrée de la maison se fait par le nord. La verrière traversantecentrale laisse deviner au visiteur la qualité des volumes intérieurs.

Le vaste hall d’entrée a été transformé en salle à manger par lesprorpiétaires désireux de profiter de ce magnifique espace. Une cheminée au ras du sol est prise dans la cloison du salon. Les nombreuses baies vitrées multiplient les perspectives. Le salon, en décaissé, estcomplètement ouvert au sud. Le sol de marbre blanc répond harmonieusementaux plafonds de béton brut. La piscine arrive au ras de la baie vitrée d’angle du salon, créant à l’ntérieur de beaux effets de lumière. Une doublepasserelle en V traverse le volume de l’entrée. Elle relie les deux ailes dubâtiment. Ce dispositif permet de conserver l’espace dans son intégralité.

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Maîtriser l’espace>>> À Bagnolet, la première réalisation d’Yves

Gaillaguet met en évidence les qualités du béton

autoplaçant. Utilisé avec audace, il prend tout

son sens dans cette habitation individuelle,

monobloc, compacte et conviviale, ponctuée de

percements à travers lesquels vues et lumière

naturelle circulent librement, mettant en valeur

le soin apporté à la conception.

L a première réalisation est toujoursun exercice difficile pour les jeunes

architectes qui dépensent souvent uneénergie importante pour le succès de cetobjectif longtemps attendu. Ils n’hési-tent pas alors à multiplier les études et àpasser beaucoup de temps sur le chan-tier pour que cette première référencesoit un succès, qui puisse les mener versde nouvelles commandes.Comme d’autres, Hervé Gaillaguet en afait l’expérience au cours de la concep-tion d’une petite maison de ville située enbanlieue parisienne. Non seulement leprojet était complexe par sa taille, maisaussi par le budget alloué et la réglemen-tation urbaine qui y était appliquée. C’estainsi qu’entre le permis de construire etla réalisation, plusieurs études ont éténécessaires pour respecter l’enveloppefinancière du maître d’ouvrage, tout en

répondant aux exigences de qualité spa-tiale désirée par le maître d’œuvre.

L’ancien et le nouveau

Situé dans une petite rue en pleine den-sification, l’édifice s’inscrit sur une par-celle de 109 m2, présentant une façadesur rue de 6,20 m. Il est régi par uneréglementation d’urbanisme qui enlimite l’emprise au sol à 80 % et quiimpose la réalisation de deux emplace-ments pour voiture sur le site.Sensible au passé artisanal et semi-industriel du quartier, le maître d’œuvrea choisi de conserver une partie d’unancien bâtiment et d’exploiter l’en-semble du terrain jusqu’aux murs sépa-ratifs en moellons.Nécessairement occupé par le station-nement, le rez-de-chaussée est ainsi

Maître d’œuvre : Hervé Gaillaguet, architecteBET: MC KuzuEntreprise gros œuvre : FarcSurface : 146 m2 SHON

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circonscrit entre les parcelles voisinesoccupées par une maison à R+2 d’unepart et la cour de récréation d’une écolecommunale d’autre part. Le bon senslimitant au minimum les niveaux, le pro-jet, d’une grande compacité, se déve-loppe en R + 1 et R + 2. Le volume estmonolithique. Il définit une maison-blocdans laquelle est organisée la partie habi-table de 125 m2, complétée par le garagede 60 m2 et la terrasse. Son architecture,percée d’ouvertures judicieusement posi-tionnées, laisse donc la lumière et lesvues circuler d’une pièce à l’autre.

Circulation intérieure

Afin de supprimer les couloirs, l’escalierest placé logiquement en position cen-trale contre le mur mitoyen. Le rez-de-chaussée est organisé autour d’un

porche d’entrée placé en vis-à-vis. Legarage est aménagé dans son prolonge-ment tandis qu’un bureau est implanté àcôté de l’accès. Cette configuration déve-loppe des espaces éclairés naturellementdepuis la rue et l’arrière de la parcelle.À l’étage cohabitent trois chambres.Deux d’entre elles s’ouvrent sur unminuscule jardin planté construit sur unterre-plein occupant une quinzaine demètres carrés au fond de la parcelle. Lesvues sur la cour de l’école sont protégéespar des clôtures en bois tressé. La cham-bre sur rue, elle, la salle de bain et les toi-lettes sont rassemblées sur le plancher dubâtiment conservé. Il en découle une dif-férence de niveau de quelques marches,qui sépare l’espace des parents de celuides enfants.Le deuxième étage de la maison estdédié au séjour ainsi qu’à à la cuisine.Cet

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ensemble de réception, ramassé en toi-ture, est complété par une terrasse bai-gnée de soleil et protégée des regardspar des murs aveugles imposés par laréglementation en vigueur.

Lumière naturelle et angles de vue

Pour compenser la densité de la construc-tion et son manque d’ouvertures, leconcepteur a développé une organisa-tion spatiale pour “faire entrer la lumièrepar tous les moyens”. Les volumes inté-rieurs s’imbriquent les uns dans les autrestandis que leurs diverses parois sont sou-vent décollées les unes des autres par desjours qui établissent des relationsvisuelles entre les différents espaces.Ainsi, au niveau le plus bas, l’accès se fai-sant par un porche fermé, une large sai-gnée a été créée dans le mur mitoyen, etsur deux niveaux. Dans le même esprit,en haut de l’escalier, une baie mi-zéni-thale, mi-latérale fait descendre le jourjusqu’à l’entrée tandis qu’une fente hori-zontale, ménagée entre le terre-plein du

jardin et le plancher des chambres, per-met d’éclairer le fond du garage.Développé sur une double hauteur, lebureau est doté d’une combinaison debaies vitrées permettant d’échapper à lacuriosité des passants. À l’étage, lachambre parentale donne sur ce videpour compenser ses 2,15 m sous pla-fond. En position centrale, la salle de bainest illuminée par une baie fixe opaline.Protégée par des persiennes en bois, lapièce d’eau reste intime tout en étantlumineuse. Lancée entre le mur mitoyenet le dégagement central, elle participe àl’éclairement de la circulation.

Le béton autoplaçant,doux et facile à modeler

Enfin, au niveau supérieur, le séjours’anime par des ouvertures différenciées:une large baie vitrée sur le patio à l’ouest,une percée généreuse sur le ciel aucentre, un large bow-window en sur-plomb sur la rue. Une disposition quiagrandit la pièce et offre une position deguetteur sur la perspective urbaine.

>>> Toute en béton brut, la maison affirme sa modernité dans une petiterue de banlieue en pleine restructuration. et La densité de la constructionest compensée par un ensemble de jours et d’ouvertures qui laissent pénétrerla lumière et orientent les vues. Monolithique, le volume de béton blancautoplaçant englobe une maison-bloc au sein de laquelle sont organisés 125 m2 de surface habitable.

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>>> Coupe transversale

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Initialement conçu en ossature bois, leprojet a finalement été réalisé en bétonblanc autoplaçant. L’exiguïté du chantieret les difficultés de mise en œuvre sontsans doute pour beaucoup dans le choixdu matériau. Ne nécessitant aucunvibrage, le béton autoplaçant, livré surchantier par toupie, s’est imposé dans unprix compétitif lors de l’appel d’offres.Le matériau donne entière satisfaction auconcepteur vu “ses qualités de douceuret le soin de sa mise en œuvre”. Le cale-pin soigné du banchage assure uneéchelle humaine au projet et participe audesign de la réalisation. Adapté àl’échelle du quartier, le calepinage com-prend des panneaux de 1,50 m de largeet de 3 m de haut posés directement surla partie ancienne et unifiés par la régula-rité de la trame des écarteurs.Ainsi, l’en-veloppe se retourne dans les niveauxsupérieurs sur les quatre façades, pourformer une coque homogène en bétonblanc,y compris en limite de propriété.D’un point de vue constructif, le rez-de-chaussée est bâti sur une trame depoteaux dont les fondations ont dû être

renforcées au regard des carrières souter-raines découvertes dans le sous-sol. Lesétages supérieurs combinent un systèmede façades porteuses et de poteaux struc-turels. Les planchers constitués, classi-quement,de poutrelles et de hourdis sup-portent un chauffage par le sol.L’ensemble, isolé par l’intérieur, est com-plété par un mur de refend intérieurlaissé en béton apparent. Particulière-ment visible dans les chambres et lespièces d’eau, la paroi a fait l’objet d’untraitement par hydrofuge pour préserver“la qualité incomparable du fini de laréalisation en béton autoplaçant”.Alternant intimité et convivialité, cettemaison introvertie se révèle parfaitementadaptée au mode de vie contemporainde ses propriétaires. Satisfaits de l’am-biance de la maison, ils se sont installésici en posant leurs tapis et leurs meublesdirectement sur les chapes vernies desplanchers.Un bel hommage aux qualités de fini dubéton brut! ❚

TEXTE:HERVÉ CIVIDINO

PHOTOS:MICHEL EISENLOHR

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>>> Au premier étage, le vaste et agréable séjour s’ouvre à l’arrière de la maison sur une terrasse aux belles dimensions, qui le prolonge et l’ouvreà l’extérieur. Cette dernière est d’ailleurs protégée des vues extérieuresenvironnantes par des murs aveugles, ainsi que l’exige la réglementation envigueur pour les maisons de ville. Ils sont réalisés en béton autoplaçant et leur calepinage très soigné assure une échelle domestique. De plus, grâceà l’orientation des sources d’éclairage naturel et à la disposition des surfaces,le côté esthétique du béton est bien mis en valeur. Alternent alors les jeuxd’ombres et de lumière, qui révèlent tantôt la finesse, tantôt la rugosité dumatériau. Combinant subtilement intimité et convivialité, cette maisonintrovertie correspond fort bien au mode de vie urbain contemporain choisi par ses propriétaires.

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B É T O N

>>> LE MARCHÉ DE LA MAISON EST MAJORITAIREMENT ANIMÉ

PAR LES CONSTRUCTEURS DE MAISONS INDIVIDUELLES, SUIVIS DES

ENTREPRISES DE CONSTRUCTION, DES ARCHITECTES ET ENFIN, DANS UNE

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CE DOMAINE SI PROCHE DE NOUS QU’EST LA MAISON INDIVIDUELLE.

solutionssolutionsDes solutionsinnovantes pourla maison individuelle

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� Élévations en maçonnerieClassicisme et innovation. p.19

� ÉlémentspréfabriquésPour ossature et soubassements. p.20

�Systèmespoutrelles-hourdislégers et isolantsÉtanchéité et facilité de mise en œuvre. p.21

�PrémurRapidité,propreté et esthétique. p.22

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Le secteur de la maison individuelle est undébouché d’importance pour l’industrie du béton. Le succès du matériau fait la preuvede sa pertinence à tous les niveaux,à commencer par la qualité, la résistance,la durabilité et la facilité de mise en œuvre.

L a maison individuelle est l’habitat idéal pour denombreux Français. Avec un chiffre d’affaires de

l’ordre de 31 milliards d’euros en 2006, ce marchéoccupe même une position clé dans le secteur de laconstruction : quand 304 219 logements étaient mis enchantier en 2003, 192 780 concernaient des maisonsindividuelles, soit environ 62 %. En 2006, sur un total de401 169 logements construits, la part de la maison indi-

qu’une certification “NF Maison individuelle démarcheHQE®” a vu le jour en mai dernier. L’objectif est de maî-triser l’impact de la construction sur l’environnementextérieur (respect du site, maîtrise des nuisances dechantier), de mieux gérer la consommation d’eau etd’énergie, et enfin de créer un environnement intérieursatisfaisant (recherche de confort, emploi de matériauxsains). Cette certification vient s’ajouter aux labels exis-tants, comme la certification “NF maisons individuelles”déjà en œuvre pour les constructeurs ou le certificatQualibat pour les entrepreneurs.

Pertinence du béton

Le béton a plus d’une carte à jouer dans cette évolutionde la maison individuelle. Les produits de la filièrerépondent aux critères attendus d’un produit industrielmais surtout de la maison elle-même : solidité, isolationthermique et acoustique, résistance au feu, protection

viduelle était encore de 230 548 unités, soit environ55 %. La surface moyenne de ces maisons indivi-duelles est de 118 m2 habitables, son coût, de l’ordre de135000 euros en 2006 (hors foncier).La beauté, la qualité, la durabilité sont des qualités pre-mières pour toute maison individuelle. Mais d’autresexigences se font jour, sous l’effet, notamment, d’uneréglementation thermique toujours plus rigoureuse. Lebâtiment, rappelons-le, est le premier consommateurd’énergie en Europe et le deuxième émetteur de gaz àeffet de serre.Toutes ces valeurs devront être divisées parquatre d’ici à 2050, conformément aux engagements duprotocole de Kyoto.Au-delà de la seule réglementationthermique, les préoccupations environnementales inves-tissent le monde de la maison individuelle, au point

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� Les atouts des solutions béton pour la maison individuelle La maison individuelle évolue et avec elle les méthodes de construction. L’industrie du béton est présente par tradition dans ce secteur où les problématiques de qualité,de durabilité et d’économie se font chaque jour plus insistantes. Présente et active, ellecontinue d’améliorer son offre, depuis l’étape du chantier jusqu’au “produit” fini.

Une industrie, des services La mise en œuvre est un domaine où les nouveauxproduits béton se distinguent par des avancéestrès significatives. Afin de simplifier encore le tra-vail des opérateurs, certaines entreprises de BPEproposent une gamme complète de matériel pourla livraison du béton (camions-toupies adaptésaux contraintes des chantiers) et pour la mise enœuvre proprement dite (camions-tapis, pompes àbéton, camions-pompes). Ces services permet-tent de procéder à des coulages parfois difficilesdans des conditions classiques.

technique

>>> Maison à Cholet (49). Laure Brousseau et Laurent Feinte, architectes.Très fermée, la façade sur rue de cette maison individuelle marque la césure entre l’espace public et le domaine privé.

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de l’environnement, respect de la santé et de la sécu-rité. La certification applicable aux produits béton dits“de structure” (norme NF EN 206-1 et normes autopor-tantes) apporte de nouvelles garanties dans cedomaine. “Les exigences parasismiques vont d’ailleursouvrir de nouvelles perspectives aux solutions béton,précise Philippe Faucon, directeur général adjoint duCERIB. C’est un débouché de plus pour une filière quipeut déjà faire valoir la pertinence de son offre face à laproblématique HQE.”Et si la maison individuelle est construite à 68 % enblocs béton, l’industrie du béton travaille à un élargisse-ment régulier de sa gamme de produits et de solutions :composants pour murs, éléments pour planchers à pou-trelles, grands éléments de planchers, etc. Rien d’éton-nant, dans ces conditions, à ce que les produits bétonsoient présents dans toutes les parties de la maison,depuis les fondations jusqu’à la toiture…

Des produits “haute technologie”

Les progrès observés depuis le début des années 1990ont fait apparaître des bétons aux qualités exception-nelles. Ces produits s’ouvrent maintenant au marché dela maison individuelle, avec le soutien d’une nouvelleoffre de services à destination des entreprises et des arti-sans [cf.encadré ci-contre]. Les nouveaux bétons répon-dent d’abord à une exigence de “confort” sur les chan-tiers : moindre pénibilité pour les compagnons,suppression de certaines tâches incommodantes pour levoisinage (vibration notamment). Précisons encore que,

s o l u t i o n s b é t on

C O N S T R U C T I O N M O D E R N E / N ° 1 2 8 • 17

Quelle influence la question de l’étanchéité

aura-t-elle sur la maison de demain ?

Bernard Loriot : Il ne faut pas s’attendre à une

révolution dans le système constructif au cours

des dix années à venir, et la maçonnerie

traditionnelle, qui a fait ses preuves, restera

le mode de construction dominant. En revanche,

les artisans devront désormais respecter les textes

réglementaires à la virgule près, sans quoi des

incidents majeurs seront à prévoir dans le domaine

de l’étanchéité et donc du bilan thermique des

ouvrages qui leur seront confiés.

Quels sont ces textes ?

B. L. : Il s’agit bien sûr des DTU et des CTP.

Ce sont des bases qui permettent au professionnel

de s’assurer de la performance thermique de

la construction. Les tests de perméabilité montrent

que des défauts sont observés dans 25 % des

maisons individuelles, et qu’une maison sur deux

seulement présente une valeur de perméabilité

inférieure à 1,3. De tels risques ne se posent

pas pour les professionnels qui ont choisi de mettre

en œuvre des solutions béton dans le strict respect

des textes en vigueur.

Avez-vous des préconisations quant au choix

des matériaux en eux-mêmes?

L’utilisation de bétons issus des centrales de BPE,

et donc rigoureusement contrôlés, est une

assurance supplémentaire pour l’entreprise.

Elle bénéficie dans ce cas des garanties associées

à un produit industrialisé. L’emploi du bloc rectifié

présente également des avantages : plus facile à

travailler, il simplifie la mise en œuvre et augmente

ainsi la qualité du travail fini. Quant aux systèmes

poutrelles-hourdis, l’avenir est à une offre

de produits légers qui diminueront la pénibilité

du travail, car l’expérience montre que la pénibilité

est une source de non-qualité. ❚

3questions à Bernard Loriot, THERMICIEN

>>> La Ferrière (85). Laure Brousseau et Laurent Feinte, architectes. Des volumes emboîtés ont donné corps à l’exigence des maîtres d’ouvrage: des espacesclairement identifiés mais non cloisonnés. Une réelle impression de volume se dégage de cette maison d’inspiration moderniste qui privilégie le confort au quotidien.L’isolation par l’intérieur apporte l’indispensable étanchéité thermique.

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avec 700entreprises, 960centres de production et plusde 1700 centrales BPE répartis sur le territoire national, ilexiste toujours un industriel du béton proche du chantier.

L’offre “BPE”

Le BPE (béton prêt à l’emploi) est un des volets de la nou-velle offre béton à destination de la maison individuelle,utilisable pour la structure d’une part, pour les dalles etplanchers d’autre part. Le produit phare est évidemmentle BAP (béton autoplaçant),matériau fluide qui se met enplace seul dans les coffrages, sans vibration et avec unparfait enrobage des armatures. Les principaux effets ensont une réduction de la pénibilité (approvisionnementmécanisé du matériau jusqu’au coffrage) et du nombred’opérateurs (coût réduit), et un fini de haute qualité.Parmi ces BAP, les bétons fibrés ouvrent de nouveauxdébouchés par la suppression de certaines armaturesacier qui simplifie et accélère la mise en œuvre.Le BAP est également utilisé pour le coulage des dal-lages et planchers des maisons individuelles.Vibrationet tirage à la règle sont supprimés, simplifiant ainsi lamise en œuvre, au profit de la qualité : le BAP permet laréalisation de chapes parfaitement planes, avec unenrobage parfait des éventuels systèmes de chauf-fage-rafraîchissement. Dernier argument et non desmoindres, le surcoût justifié par la technicité du maté-riau est largement compensé par la réduction des délaisde mise en œuvre.Cette description de l’offre béton serait incomplète s’iln’était fait mention des bétons auto-nettoyants et des

sévèrement contrôlé (l’avantage sera sensible au niveaude la qualité du fini, notamment), et une capacité d’in-novation proportionnelle aux moyens d’étude et derecherche des industriels concernés.Sur le chantier proprement dit, les avantages sontconcrets. La mise en œuvre est limitée à des opérationsde levage, d’assemblage et de coulage de BPE. Le chan-tier s’en trouve grandement accéléré, d’où une réduc-tion significative du coût de la construction. ❚

TEXTE:PHILIPPE FRANÇOIS

bétons dépolluants, dont la formulation permet dedégrader les oxydes d’azote (NOx) et les composantsorganiques volatils (COV).

La préfabrication

Le choix de la préfabrication permet une rationalisationde la production, concentrée sur des sites industriels,loin du chantier lui-même. À la clé, des économiesd’échelle, une haute technicité des méthodes et desproduits, une qualité de fabrication propre à un produit

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Témoignage de Michel Willaey,DÉLÉGUÉ AU DÉVELOPPEMENT DE L’UNCMI❯❯

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Les constructeurs de maisons individuelless’intéressent de près aux solutions alternatives aubloc béton “classique”. L’avenir, en l’occurrence,pourrait passer par le bloc rectifié pour un assem-blage plus rapide et plus facile. Il pourrait égale-ment passer par le béton banché, du fait desavantages offerts par la masse du matériau dansle domaine de l’inertie thermique.Encourager les solutions novatrices, c’est laraison d’être du Challenge UNCMI des maisonsinnovantes. La catégorie “Urbana”, entre autresvolets de ce concours, a montré que les construc-teurs de l’UNCMI sont très intéressés par les solu-

tions béton, surtout lorsqu’ils doivent construiresur de petits terrains. Dans ce cas, sous-sol utileet pièces en cour anglaise apportent un appré-ciable surcroît de surface habitable, à condition derésoudre les éventuels problèmes d’étanchéité.Le béton apportera la réponse attendue dans cedomaine, et il en sera de même si l’on fait le choixde récupérer de la surface avec un toit-terrasse.Dernier axe d’innovation pour la maison indivi-duelle : la maison “dessinée” par un architecte.Inventive, elle ouvre de vastes perspectives aubéton du fait des grandes portées – donc deslarges baies, par exemple – qu’il autorise. ❚

>>> Cholet (49). Laure Brousseau et Laurent Feinte, architectes. Le souci d’une efficacité thermique maximale se lit sur la façade principale de cette maison,dont le volume supérieur en avancée permet d’éviter les surchauffes estivales par un ensoleillement intérieur excessif. Grands volumes et cloisonnements réduits à l’essentiel caractérisent les espaces “à vivre” d’une maison résolument tournée vers le confort et la convivialité.

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Solution éprouvée, la technique des élévationsen maçonnerie garde la préférence denombreux maîtres d’œuvre et entreprises.Mais la tradition n’exclut pas la modernité et l’offre “maçonnerie” continue de s’élargir.

L a maçonnerie béton est un grand classique de lamaison individuelle, où 68 % des réalisations font

appel à cette solution. Classique, la maçonnerie bétons’ouvre également à la nouveauté. Les innovationsvisent en premier lieu les techniques de pose, avec larectification des blocs et la pose collée. Aux inconvé-nients de la pose classique par mortier, on répond ainsiergonomie, gain de temps, meilleure étanchéité et pro-tection de l’environnement par l’économie de matière.Preuve de sa pertinence, la pose collée s’installe pro-gressivement dans les pratiques des professionnels.

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� Exemples de structures et de systèmes constructifs innovants Attentive aux attentes des acteurs de la maison individuelle, l’industrie du béton élargit son offre en continu, soit par la “démocratisation” de solutions déjà connues sur d’autrestypes de constructions, soit par des solutions spécifiques. La qualité et la durabilité desconstructions en ressortent immanquablement grandies.

Les élévations en maçonnerie

>>> Principe de mise en œuvre du bloc à bancher et de son remplissage béton.

>>> Bloc rectifié avec ses plans de jointparfaitement lisses.

� Une architecture fondée sur le bon sens

La réglementation thermique est un aspect qui

prend une importance grandissante dans le domaine

de la maison individuelle. Mais pour Laurent Feinte,

architecte, la RT 2005 et ses attentes sont avant tout

une question de bon sens : “Les deux aspects essen-

tiels sont une bonne orientation et une bonne isola-

tion. La contrainte associée est d’ordre économique:

il faut «tenir les coûts».” Pour le maître d’œuvre, le

respect de la RT 2005 n’encourage donc pas au

dépassement des budgets, “même si le choix d’une

sur-isolation pour une étanchéité quasi totale, et a

fortiori de la maison passive, vont forcément alour-

dir la facture de la construction.”

Bloc enduit isolé par l’extérieur

L’architecte cite trois exemples à l’appui de ses

convictions. Avec Laure Brousseau, son associée, ils

ont répondu aux demandes de trois maîtres d’ou-

vrage privés avec une même solution constructive: le

bloc enduit combiné à une isolation par l’intérieur.

Les blocs à isolation intégrée se démocratisent égale-ment, car les constructeurs de maisons individuellesmanifestent un intérêt certain pour toutes les solutionspermettant de satisfaire aux exigences de la réglemen-tation thermique. “Pour qu’un mouvement se dessine,il faut une évolution conjuguée du produit lui-même etdes habitudes des entreprises”, observe Pierre Gautier,président de Blocalians.Pour le bloc rectifié, le collage est un très bon concur-rent du mortier en matière d’étanchéité. Au-delà, lapose collée apporte des avantages significatifs commela disparition des éventuels débordements, au profit dela qualité d’aspect du mur fini.Ce mouvement conjugué d’intérêts se rencontre déjàsur de nombreux chantiers de lotissements, où le bloc àbancher et le BPE, par exemple, s’imposent comme unesolution pertinente.

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Une solution simple et peu coûteuse, éventuellement

associée à des poutres préfabriquées qui apportent

un fini de surface spécifique. L’une de ces maisons,

réalisée en 2005, est située dans un lotissement à

Cholet (49). Elle se distingue par son volume en

porte-à-faux sur le jardin qui permet d’éviter les sur-

chauffes en été, mais aussi par sa façade fermée au

nord côté rue: “C’est la maison elle-même qui assure

la clôture entre les espaces public et privé”, précise

Des solutions innovantes encouragent l’emploi de longrines et de poutres béton,au profit du volume intérieur et de la facilité de mise en œuvre.

Ossature

Sont apparues récemment des poutres en béton à faibleretombée, spécialement conçues pour la maison indivi-duelle.Associées à un poteau, elles permettent d’amé-nager de grands espaces sans refend et donc sansempiéter sur le volume intérieur, souvent exploité aumaximum dans le cas de la maison individuelle. Grâce àleur épaisseur réduite, rendue possible par la faiblessedes charges à reprendre, elles se dissimulent facilementdans un faux plafond.

Ossatures et soubassements préfabriqués

Hourdis isolant

Poutrelles béton

Longrine béton

Chape

Plot

>>> Schéma de principe d’un système de fondation sur longrines.

Patio double à Cholet (49). Laure Brousseau et Laurent Feinte, architectes. Deux patios pour cettemaison (ci-dessus et ci-contre) : côté rue, un jardin“zen” qui fait office de hall d'entrée ; côté jardin,un patio “tropical” qui éclaire les pièces intimes et organise la distribution. Pour le reste – et commepour les deux autres maisons présentées ici –, on a faitle choix d’une structure classique en bloc enduit avec isolation par l’intérieur, conforme à la RT 2005.

Laurent Feinte. Aux Essarts (85), la maison s’articule

autour de deux patios ouverts. Construite en 2003,

elle associe une inspiration moderne et un toit clas-

sique pour mieux s’insérer dans le contexte pavillon-

naire. À La Ferrière (85), enfin, c’est une maison d’ins-

piration moderne qui vient s’inscrire dans un

lotissement pavillonnaire plus classique. La structure

bloc béton isolée par l’intérieur est combinée à un

chauffe-eau solaire et à une pompe à chaleur.

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Quatre maisons sur cinq font appel à des planchers conçus sur un principe de poutrellesbéton et hourdis.Nouveautés: la légèreté et l’isolation thermique.

L es planchers sont un domaine d’utilisation privilé-gié pour le matériau béton dans la construction de

maisons individuelles, où 80 % des planchers sont àbase de poutrelles béton. Les avantages en sont laflexibilité, la compatibilité avec tous les revêtements desol et systèmes de chauffage par le sol, et bien sûr unemise en œuvre facile. Dans ce secteur, des solutionsbéton conformes à la RT 2005 intègrent des entrevousisolants (à base de polystyrène expansé ou de compo-sants de bois) et des rupteurs de ponts thermiques.Quelque 70 % des ponts thermiques linéiques des liai-sons murs-plancher sont ainsi supprimés, et le gain enconsommation d’énergie peut atteindre 5 % par rap-port à une solution traditionnelle. Le cas échéant, desrupteurs de ponts thermiques spécifiques permettent à

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Systèmes poutrelles-hourdis légers et isolants

un plancher à entrevous “classique” de satisfaire aussiaux exigences de la RT 2005.Toutes ces solutions auto-risent la réalisation de planchers isolants sur vide sani-taire, sous-sol ou garage.Dans tous les cas, la mise en œuvre est facilitée(découpage à la scie égoïne des éléments d’entre-vous) et la mise en place du treillis acier de la dalle decompression (si celle-ci n’est pas incorporée), simpli-fiée. Des poutrelles en béton précontraint permettentégalement d’améliorer la mise en œuvre en suppri-mant l’utilisation des étais dans la plupart des confi-gurations de plancher.

SoubassementsDes longrines béton sont utilisées pour supporter leplancher du vide sanitaire lorsque la maison estconstruite sur un terrain inadapté aux fondations clas-siques, cas de figure de plus en plus fréquent du fait del’extension continue des zones urbanisées. Plus rapide àmettre en œuvre, cette solution réduit également le tra-vail de décaissement. Les longrines béton prennent sim-plement appui sur des plots. Elles reçoivent ensuite despoutres et des éléments isolants, l’ensemble servant desupport au plancher bas.

Fondations innovantes en AuvergneDu fait de la présence d’une proportion nonnégligeable d’argiles gonflantes, la constructionsur plots et longrines préfabriquées a permis des’affranchir des éventuels mouvements de sol.

Hourdis PSE

Poutrelles béton

Rupteurs

Chape

Ferraillages

>>> Schéma de principe d’un plancher poutrelles-hourdis PSE avec rupteurs de ponts thermiques.

>>> Trois types de planchers en coupe: hourdis léger, hourdis béton + isolant, hourdis PSE + isolant.

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Toujours plus présent à l’esprit des entreprises,le besoin de rapidité, de propreté et de qualitéencourage l’emploi d’éléments préfabriquéscomme le “prémur”.

L e prémur gagne du terrain dans l’Hexagone,démontrant ainsi la pertinence d’une solution qui

répond aux attentes et aux exigences les plus diverses.Dans le domaine de la maison individuelle, c’est pour la

réalisation du sous-sol que le prémur connaît, pourl’heure, ses principaux développements. Il y apporte larégularité et la qualité d’une fabrication industrielle, etpermet un remplissage des murs et un coulage desdalles simultanés (d’où une étanchéité parfaite). La pro-preté du chantier est également assurée, avec en outreun aspect parfaitement net qui permet une importanteéconomie de finition. Divers aspects de surface sont dis-ponibles dont, éventuellement, un relief “matricé”selon différents motifs. La solution a également le méritede la simplicité : le fournisseur de prémurs reçoit les

Le prémur

>>> Schéma de mise en œuvre du prémur (à gauche) à l’aide d’un étai réglable.

>>> Des blocs de béton cellulaire avec encocheet languette assurent un parfait alignement.

>>> Bloc “linteau” au-dessus d’une ouverture.

Sous-sols en Alsace. Deux exemples de solution “prémur” mise en œuvre en Alsace. Deux jours seulement sont nécessaires pour la mise en œuvre du sous-sol, pose et bétonnage des panneaux compris. L’aspect final est lisse, sans bullage, prêt à être peint, lasuré ou enduit. Le prémur peut aussi rester brut.

Lotissement à Reims. Une centaine de mètres carrés au sol pour chaquemaison, 500 euros de loyer et 15 euros par moisseulement de facture de chauffage, tel est le menu de l’appel d’offres proposé aux architectes candidats à la réalisation de ce lotissement de quelque cinquante logements, au voisinage de Reims.Jean-Claude Laisné relèvera – brillamment – le défi.“L’idée était de mettre en œuvre les principes

de l’architecture bioclimatique, de faire la chasse

aux ponts thermiques et de donner une valeur

de résistance thermique maximale aux habitations”,

précise l’architecte. Résistance thermique, poids, coût,le béton cellulaire est rapidement retenu : “Isolant

et porteur à la fois, ce matériau s’est montré idéal

dès que la mairie a autorisé un rapport surface

habitable/SHON augmenté, eu égard à l’épaisseur

plus élevée des murs montés dans ce matériau.”

L’ensemble de la maçonnerie a été achevé en trois jours seulement pour chacune des maisons,avec la garantie d’une pérennité totale.

À condition de disposer d’une surface au solautorisant des murs d’épaisseur suffisante,le béton cellulaire offre tous les avantages d’unmatériau à la fois porteur et particulièrement isolant.

L a France est l’un des rares pays à préférer l’isolationpar l’intérieur. D’autres solutions ont fait la preuve

de leurs qualités. Parmi elles, le bloc de béton cellulairese montre efficace à plus d’un titre.Léger, facile à manipuler, il est disponible en modules degrande dimension qui permettent de construire rapide-ment. La rectitude des plans de joint réduit fortement laquantité de mortier utilisée pour le chantier. Ce systèmeconstructif, qui se distingue par sa résistance thermique,peut même atteindre des performances très élevéeslorsqu’il est doublé d’une isolation complémentaire. Lebéton cellulaire connaît une forte croissance sur le mar-ché de la maison individuelle.

Le béton cellulaire

plans de l’architecte ou de l’entreprise de conception eteffectue un calepinage pour décomposer le sous-sol, ouéventuellement les autres élévations, en éléments finisincluant les ouvertures. Les panneaux ainsi réalisés secomposent de deux peaux de béton de 5,5 cm enmoyenne, reliées par des raidisseurs métalliques. Rapi-dité et propreté sont donc les principaux avantages decette solution au stade de la mise en œuvre, l’isolationthermique pouvant même atteindre des performancesélevées avec le double mur à isolation intégrée entre lesdeux panneaux.

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Au gré des affinités>>> Au premier regard, cette création de Julie

Howard est difficile à cerner vu la complexité des

volumes qui la composent. Mais, progressivement,

on est saisi par sa richesse spatiale, la prise

en compte des désirs de ceux qui l’habitent et de

leur environnement, tandis que le béton diffuse

chaleur ou fraîcheur au rythme des saisons.

R aconter et, surtout, faire partager cequi loge au cœur de cette demeure

contemporaine relève du défi. Un espritcommunautaire, tel pourrait être l’ex-pression qui dévoile au mieux ce quepeut être l’essence de cette maison. Et àplusieurs titres. Symbiose entre l’hommeet son environnement, organisation spa-tiale et volumétrique adaptée à plusieurs“populations”– parents, enfants, amis –,union de plusieurs architectures… fontde cette habitation un lieu pleinementhabité, qui se vit avec bonheur si l’on seréfère au degré de satisfaction exprimépar les propriétaires.

Le carton de l’architecte

L’histoire du projet démarre par un incen-die de chantier. Il était alors question derénover une maison existante, assez

banale, mais disposant d’un site excep-tionnel. Le terrain, très escarpé, sur-plombe une vallée et offre des vues plon-geantes sur un paysage vallonné à pertede vue. Après cet incident, la seule solu-tion était de reconstruire de fond encomble, donc de concevoir un nouveauprojet. Julie Howard put ainsi se servir desa parfaite connaissance du site qu’elleavait foulé depuis de nombreux mois. Dela course du soleil à la présence de ventsdominants, toutes les caractéristiques dulieu vont nourrir le projet concocté avecFrançois Barberot, qui l’a assistée pourélaborer l’avant-projet. Commence alorsun travail de conception fondé sur la réa-lisation de maquettes. Elles mettent enscène les idées des deux associés etoffrent un support idéal pour les parta-ger avec les propriétaires. Réunis surd’autres projets, une grande complicité

Maître d’œuvre : Julie Howard,Vong DC,architecte mandataire ; François Barberot,architecte assistant (phase AVP)BET structures : RH Consult, Roger HabillatEntreprise gros œuvre : J.-M. Agenheim Surface : 420 m2 SHON (800 m2 SHOB)Coût : 600 000 € HT

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>>> Les volumes complexes s’inscrivent avec intelligence dans lescourbes du terrain. Au premier plan, la zone des enfants sous la maison desparents. Un long mur conduit à l’entrée. Côté nord, en partie haute,les façades sont plus fermées. Toujours côté nord, la passerelle relie lesespaces communs à la maison des parents. Au sud, de larges baies fontpénétrer le soleil. À gauche, la paroi inclinée de la cuisine. Les lignes épurées assagissent la géométrie complexe de la villa. Les avancées dutoit protègent les baies du soleil à son zénith. Le salon profite d’une doublehauteur, d’une double orientation et d’une magnifique vue sur le paysage.

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les unit, comme l’exprime d’ailleurs assezbien le maître de ces nouveaux lieux :“Nous étions très occupés, mon épouseet moi-même, et nous leur faisions totale-ment confiance… Grâce à quoi, notremaison est très contemporaine. Elle nousa surpris, mais dans le bons sens, endépassant nos attentes!” Surprenante,elle l’est, cette maison. Un long chemin,étroit et sinueux, permet d’y accéder etde découvrir, dissimulée derrière unrideau d’arbres, une demeure modesteen apparence. L’entrée s’inscrit dans unensemble très découpé, signalée par unmur qui accueille vos pas et vous guidevers l’intérieur. Un pan incliné laisse devi-ner la cuisine conçue à la manière d’unecapitainerie formant une proue sur le

paysage.Dès les premiers pas à l’intérieurde la maison, l’air et la lumière vousenveloppent en vous laissant le choix.Descendre immédiatement au rez-de-jardin dans la salle de jeux, qui fait égale-ment office de salle de réception, se diri-ger vers la droite pour accéder au granddressing, puis à la cuisine… Ou prendreà gauche et pénétrer dans le grand salon– une “boîte”très haute de plafond,béné-ficiant d’une double orientation et d’unevue imprenable sur la vallée.

Des volumes intelligents

Chacun des volumes qui composent leslieux est orienté stratégiquement pourprofiter des vues et de la lumière, pour

préserver l’intimité… Ainsi, une passe-relle relie les pièces destinées à la viecommune à l’espace réservé aux parents,alors qu’un passage emporte les quatreenfants vers leur propre territoire glissésous la “maison des parents” et inscrit àflanc de colline. Le bâtiment semble s’êtreainsi développé en négociant son em-prise comme son profil avec le terrain,tout en ingérant les contraintes propres àla vie de famille.Pour Julie Howard, “l’articulation desformes extérieures n’est que la résultanted’espaces égoïstes intérieurs”. La villatrouve donc sa place dans le paysage,mais sans la volonté de s’afficher en tantque telle. Seule la façade sud a un impactassez spectaculaire sur l’environnementlocal. Elle permet d’ailleurs d’appréhen-der l’articulation des différents volumesentre eux, mais elle n’est visible que duplateau lointain. À terme, la végétationaura reconquis sa place, notamment làoù se situe actuellement ce que JulieHoward appelle le canyon – très concrè-tement, il s’agit de l’espace vide situésous le salon. Prévu pour devenir une

rivière végétale, cet espace marque unefrontière naturelle entre les zones com-munes et celles qui sont plus privatives.Cette disposition en fragments permetd’utiliser la maison de façon modulaire. Ilest agréable d’y vivre à deux comme àdix, sans être perdu ou sans être gêné,c’est selon les goûts et les besoins!

Des matériaux bien tempérés…

Le projet relève donc de l’adaptationpresque parfaite au mode de vie desoccupants. Et ce n’est pas sa seule qua-lité. Il était primordial pour Julie Howardde construire une maison en phase avecson environnement. Formé au Texas à laSOA UT d’Austin, qui est spécialisée en“bâtiments intelligents” et en “solairepassif”, cette architecte intègre dès lespremières esquisses de réelles préoccupa-tions environnementales. En prenant encompte les données du site, elle définitune stratégie pour limiter au mieux laconsommation d’énergie et d’eau. Maiscomment pallier la fraîcheur normande etl’exposition du terrain aux forts vents

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venant de la mer? Justement en exploi-tant la masse thermique des matériaux –en d’autres termes leur capacité à stockerdes calories (issues du soleil ou du sys-tème de chauffage) et à les restituer leplus lentement possible – et en détermi-nant les meilleures expositions pour lesdifférentes pièces de la maison, en parti-culier en dessinant de grandes surfacesvitrées au sud et au sud-ouest.Rappelons déjà que la masse thermiquedu béton, comme matériau de construc-tion, est l’une des plus élevées.Ainsi, lesol des pièces à vivre, en béton teintéanthracite (environ 100 m2), absorbe aumieux le rayonnement solaire en hiver,tandis qu’en été, l’absorption est limitéepar les brise-soleil et le débordement dutoit. Les plafonds en béton brut emmaga-sinent également la chaleur, été commehiver, au cours de la journée et la resti-tuent la nuit, compensant les gros écartsde température dus aux forts ventsmarins.S’y ajoutent les apports des 50 m2

de vitrages exposés au sud et au sud-ouest. Ces volumes du rez-de-chaussée,notamment grâce à la position des diffé-

rents vitrages – certains sont opposés,d’autres situés en partie haute – sontsusceptibles d’être ventilés naturellementet l’air chaud peut être évacué au besoinen fonction des saisons.En rez-de-jardin, une grande partie des volumes de la maison – salon, cham-bres des enfants, chambre d’amis, locauxtechniques, cave et salle de jeux – sontenterrés sur trois côtés, formant unemasse fortement isolée par la terre. Dansces zones, les matériaux ont été choisispour leur inertie thermique, de façon àmieux tempérer l’ambiance. Les paroisséparatives, elles, sont réalisées en par-paings pleins recouverts d’un enduit àbase de ciment.

… et des choix raisonnés

Les planchers sont constitués de bétonsurfacé et recouverts soit de grès cérame,soit de lames de pin posées sur lam-bourde – le vide d’air servant égalementd’isolant. Là encore, les plafonds laissentle béton de la dalle du rez-de-chausséeapparent. Comme ce dernier comprend

un plancher chauffant et un isolant ren-forcé, les plafonds du rez-de-jardinconservent une température agréableavec fort peu de déperditions thermiques.Pour les limiter encore un peu plus, unescalier droit mène au domaine desenfants dont les espaces de circulationont une hauteur limitée à 2,19 m.L’architecture ”éclatée” de cette maisonde 400 m2 et de 20 m de long impliquait

des réseaux de distribution d’eau plutôtlongs. Par suite, la mise en œuvre d’unbouclage de l’eau chaude sanitaires’imposait. Ce dispositif est vivementconseillé lorsque les points d’eau sontéloignés de plus de 5 m du point degénération de l’eau chaude. Pour limiterau minimum la déperdition de l’énergie, ilsuffit, en principe, de faire circuler l’eauchaude en canalisation isolée et de pro-

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>>> Plan du rez-de-chaussée

>>> Plan du rez-de-jardin

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EntréeCuisine-office-vestibuleSalle à mangerSalonBibliothèqueAppartement des parents6

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longer le stockage à quelques centimè-tres du robinet. L’eau sort à bonne tem-pérature de façon presque instantanée.

Une exécution à la hauteur

On l’aura compris, dans cette villa, lebéton est largement employé pour for-mer une masse performante au servicedes économies d’énergie. Les volumesdessinés par Julie Howard exploitent saplasticité. Courbures, voiles inclinés,porte-à-faux rythment l’architecture decette demeure conçue à la manière d’unpetit village avec ses maisons accolées etvouées à des fonctions différentes. PourRoger Habillat, l’ingénieur chargé deconcevoir et de calculer les structures, ceprojet ne comprend aucun ouvrageexceptionnel si l’on se réfère à de grandschantiers. Cependant, à son échelle, ilcontient de nombreux détails techniques,de points précis à réaliser qu’une entre-prise de maçonnerie met rarement enœuvre dans une maison. Il aura tout demême fallu une grue pour ce chantier de400 m2 – équipement rendu indispen-

sable par la méthode à appliquer pourmener à bien la construction du grosœuvre. L’un des points les plus délicatsétait de veiller à la stabilité de la structuregénérale. L’entreprise a tenu ce pari et aréussi à matérialiser le résultat escompté,à respecter la finesse demandée et lesaspects de surface dans le cas des bétonsapparents, à créer les effets de décaissédemandés, à mettre en œuvre les arma-tures, à reproduire les épures, à réaliser laparoi courbe calculée à la torsion,etc.La présence du béton dans cette maisonest conforme à la nature même de sonarchitecture. Sa complexité comme sespoints forts se révèlent par étapes, en yregardant de plus près et en se fiant auximpressions in situ. Elle cache une der-nière qualité, celle d’être handicapablepour l’ensemble des pièces du rez-de-chaussée – une sage précaution face auxaléas de la vie, un pari de plus sur l’évolu-tivité de cette maison en accord fonda-mental avec son environnement et tour-née vers l’avenir. ❚

TEXTE:BÉATRICE HOUZELLE

PHOTOS: NICOLAS BOREL

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>>> Les chambres d’enfant bénéficient d’un accès direct vers l’extérieur et d’une vue imprenable. Au rez-de-jardin, la salle polyvalente,directement reliée à l’entrée principale par un escalier, sert de salle de jeux et de pièce de réception. Installée dans la zone enfants, la chambre d’amissemi-enterrée, toute en courbes, offre une atmosphère douce et tempérée.

Le salon, quasi cubique, est prolongé par une large terrasse extérieure.Les ouvertures se faisant face le ventile naturellement. L’appartement des parents dispose de deux petites terrasses orientées sud et est, afin de profiter du soleil toute la journée. La cuisine, tel un laboratoire,est dotée d’une longue fenêtre d’angle et semble perchée dans les arbres.

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L’horizon intérieur>>> L’essentiel de sa pratique portant sur

la commande publique, c’est à titre exceptionnel

que l’architecte marseillaise Marie-France Chatenet

s’est directement impliquée dans la conception

de cette maison individuelle à La Ciotat. Mais il est

vrai que la profonde amitié qui la lie aux futurs

habitants des lieux ainsi que leur intérêt certain

pour la modernité y sont pour beaucoup…

C’est à l’occasion de leur retourdans leur région d’origine et

après une carrière ponctuée par de nom-breux déménagements que les futurshabitants ont décidé de se lancer dans la construction de leur propre villa.

L’ouverture du rectangle

Agrémenté d’oliviers centenaires, le ter-rain, situé dans une zone pavillonnairede La Ciotat, est caractérisé par la pré-sence de restanques orientées, au sud,vers la mer. L’architecture élaborée à par-tir du programme très précis des futurspropriétaires rompt discrètement avec lestyle néoprovençal des pavillons desalentours. La composition générale de lamaison a été guidée par un certain“savoir-vivre” architectural obéissant àdeux règles principales: s’élever de façon

ponctuelle pour conserver, à la construc-tion située en amont, la vue vers la meret ne pas toucher aux arbres existant surle site choisi.En plan, la villa forme un rectangle dontla longueur est calée dans les limitesconstructibles, avec des façades princi-pales orientées nord-sud qui assurentune bonne ventilation transversale favo-risant le confort d’été. En coupe, l’en-semble présente un profil en L, marquépar le volume des chambres des enfantsà l’étage. Ce grand L en béton, revêtud’une peinture minérale blanche etd’une vêture bois partielle, se détacheharmonieusement du paysage environ-nant. L’ensemble s’implante le long de lalimite nord de façon à libérer le maxi-mum de terrain au sud.Présentant très peu d’ouvertures pour seprotéger des vents froids, la façade nord

Maître d’œuvre : Marie-France Chatenet,architecte DPLGBET structure : SP2IEntreprise : SA Bâtiment Daniel FilsSurface : 212 m2 SHONCoût : 350 000 € HT

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est caractérisée par deux voiles pleinsorganisés en redans. Ils libèrent une faillequi accueille l’entrée. À l’intérieur, l’es-pace est marqué par une grande fluidité,un voile interrompu en hauteur séparel’espace du hall du reste de la pièce àvivre. Celle-ci rassemble séjour, salle àmanger et cuisine dans un espace ouvertet continu, de quelque 15 m de longueurpour 5 m de largeur. Ce généreux volumese développe sur une hauteur relative-ment basse de 2,50 m, qui confère à lapièce un sentiment de justesse et deconfort. Celle-ci est suffisamment vastepour laisser s’épanouir confortablementle mode de vie de cette famille de deuxgrands enfants sans que les parents nese sentent perdus lorsque ces derniersauront quitté la maison.

Le béton coule de source

Le sentiment de fluidité de cet espace aété autorisé par le choix structurel deconstruire la maison en béton coulé enplace. Les voiles porteurs des façadesprincipales supportent des prédalles qui

constituent plancher et dalle de toiture.Cette structure a permis de libérer les 60 m2 de la pièce à vivre de poteau ou devoile intermédiaire afin d’offrir un espacesans obstacle et largement ouvert, côtésud, par deux baies de 5 m de largeur.Elles permettent d’ouvrir totalement l’es-pace de vie sur celui du jardin. Une vasteterrasse en ipé – dans laquelle s’inscrit lapiscine en béton coulé en place – longel’ensemble de la façade sud et affirme lalinéarité du bâtiment ainsi que sa relationavec l’extérieur.Alors qu’à l’ouest, le garage et le celliersont directement accessibles depuis l’es-pace parking, les chambres réservées auxparents et aux invités, elles, se protègentde l’autre côté et affirment leur proximitéavec le jardin grâce à des baies toutehauteur qui s’ouvrent, à la française, surla vaste terrasse.Le premier étage se développe, lui, dansl’emprise de la zone nuit du rez-de-chaussée. Réservé aux deux grandsenfants, il donne accès à un vaste sola-rium aménagé au-dessus du volume duséjour et permet de profiter du panorama

vers la mer. L’ensemble est couvert parune vaste pergola en porte-à-faux com-posée de poutres en béton qui repren-nent la hauteur du couronnement etesquissent la couverture de cette vastepièce extérieure.

Le sens des détails

L’exigence de Marie-France Chatenet auniveau des détails de la mise en œuvre, larecherche d’angles vifs et d’une planéitéimportante des voiles, pour avoir l’enduitle plus fin possible, l’ont conduite àrechercher une entreprise du bâtimentcapable de réaliser la villa en béton couléen place. “L’entreprise Daniel Fils avait lataille idéale, possédant à la fois le savoir-faire du béton et les engins de levagenécessaires à la manutention des bancheset des prédalles de 8 m de portée.” Le

résultat est d’une grande précision, unbandeau filant sur la façade sud soulignele dessin des baies et insère les rails hautset bas des volets bois pour affirmer la rela-tion avec l’extérieur.L’architecte a cherché à gommer le pluspossible la séparation entre l’intérieur etl’extérieur des lieux. Le regard et les mou-vements ne sont nulle part entravés. Lesoin porté à la parfaite continuité entre lesol intérieur et le niveau de la terrasseextérieure ainsi qu’à la limitation des par-titions entre les pièces assure une trèsgrande fluidité dans l’organisation de lavie quotidienne qu’autorise la maison. Lemode de vie familial semble s’y épanouiren toute harmonie, faisant la preuve quemodernité et fonctionnalité ne sont pasincompatibles. ❚

TEXTE:SOLVEIG ORTH

PHOTOS:CHRISTIAN MICHEL

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>>> Sur la façade nord, l’entrée s’organise dans une faille dessinée pardeux voiles organisés en redans. Le bandeau en béton coulé en place apermis d’intégrer les coffres des volets roulants ainsi que le cadre des châssispour avoir des ouvertures plein cadre. La façade sud se caractérise par lesvolets persiennés coulissants en bois animant le beau volume de béton blanc.

Un espace unique et convivial rassemble l’ensemble des pièces à vivre.4

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À même le roc >>> Un somptueux panorama alpin, un terrain

en pente, une orientation au sud: voilà les

principaux éléments qui ont inspiré à Christian

Patey la conception de cette demeure aux lignes

contemporaines. Sans compter les matériaux

simples, mais de qualité, et les vastes volumes

clairs, répartis sur trois niveaux de plancher,

qui en font un ensemble agréable à vivre.

À quelques kilomètres de Chambéry,en Savoie, au détour d’une petite

route, la maison semble émerger du sol.Sa façade sud, orthogonale, horizontale,apparaît au passant comme une construc-tion originale, peut-être un peu tropcontemporaine pour certains, mais qui sefond véritablement dans son environne-ment montagneux.

Entrée au sommet

L’idée de l’architecte, Christian Patey,était de tenir compte à la fois de l’exis-tence du panorama exceptionnel, fait dehautes montagnes lointaines, mais ausside la présence toute proche du verger.Celui-ci apparaissait lors de la concep-tion du projet comme un élément trèsstructurant du paysage, qui différait tota-lement de l’idée de “jardin”, dans lequel

on intègre habituellement les habita-tions. L’orientation de la maison a doncété établie en fonction de ces différentsfacteurs. Malheureusement, le verger aété arraché après la construction pourépargner aux nouveaux habitants lesdésagréments des traitements. À laplace, c’est un champ de maïs qui formemaintenant le nouveau décor, assez par-ticulier, moins structurant, mais toutaussi agréable. Celui-ci arrive presque auras de la maison.Curieux voisin…L’arrivée se fait par le haut de la maison,par le toit. En réalité, il forme une ter-rasse plantée sur laquelle on peut venirse garer. L’impression est vraiment éton-nante: comme si le sol s’était soulevé etla maison venue se nicher en dessous.Du coup, elle se fond dans l’environne-ment, elle disparaît, favorisant la véri-table restitution de l’emprise au sol.

Maître d’œuvre : Christian PateyBET: Sigma PasiniEntreprise : Alpha ConstructionSurface : 213 m2 SHON

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>>> Vue de la maison à flanc de colline, façade sud. L’arrivée se fait par le haut. La toiture végétalisée participe à l’architecture de bonne qualitéenvironnementale. L’architecte considère les aspérités du béton brutcomme des éléments plastiquement intéressants. Au nord, l’accès se faitpar un escalier qui descend le long de la maison, pris dans une double peaude béton, constituant une protection thermique. Le hall d’entrée à doubleorientation nord-sud est un vaste volume où l’on s’installe avec plaisir enhiver. La cuisine est ouverte sur le séjour. La sous-face de l’escalier animeson volume. Vue sur la salle à manger. Une baie vitrée l’éclaire à l’est.7

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Cette toiture végétalisée est constituéed’une étanchéité, d’une couche de terreet de l’herbe du pré d’à côté.Autant dire,la plus grande simplicité.Un garde-corps de hauteur irrégulière(qui rappelle l’ondulation des montagnesenvironnantes) en tôle rouillée et pliéemarque la limite de ce petit paysage.“J’aime créer des micro-paysages autourde mes bâtiments. J’aime qu’il y ait unevraie relation, voire une tension physiqueentre les éléments d’architecture, lesespaces extérieurs et les personnes”,explique Christian Patey. Et, de fait, desvues sont ménagées, cadrées même,depuis le jardin, depuis la maison, duproche vers le lointain, et du proche versle proche. Les parois minérales en béton

ou les angles de la maison, les creux dansles façades, les arbres autour, les cimeslointaines ou encore l’herbe courte sontautant de repères qui marquent uneéchelle, qui situent l’homme dans sonenvironnement. Il y a aussi la perceptiondes espaces, mais pas seulement visuelle,une interaction entre la présence trèsforte du bâtiment immobile, immuable etle corps mouvant. D’ailleurs, c’est dès ledébut du projet que l’architecte a dialo-gué avec le site,au sens large du terme.

Sans le moindre schématisme

Les habitants, Brigitte et Christian, sou-haitaient sortir du schéma de la maisontraditionnelle de montagne (toit double-

pente, parpaing enduit, fenêtre à petitscarreaux, etc.), avec un budget limité,sans vraiment d’a priori sur les matériauxde construction, mais avec quelques exi-gences concernant l’intégration dans lepaysage et la qualité environnementale.Christian Patey, pour qui cette dernièredonnée est une sorte d’évidence, leur adonc proposé en premier lieu d’adosserla maison à la pente du terrain, et mêmede l’enterrer en partie. Cette orientationvers l’est la protège des vents dominantset l’isole côté ouest. Elle conserve ainsi enpartie, en hiver, la chaleur emmagasinéeet, en été, une certaine fraîcheur. Ce quipermet de réaliser à long terme de véri-tables économies en termes de chauffageet de traitement de l’air. La toiture végé-talisée participe également de cetteconception “écologique” de l’habitation,en formant une isolation thermique sup-plémentaire,mais aussi acoustique.L’autre option principale au niveau de laconstruction était naturellement le choixdu matériau dominant. Le béton s’estpresque imposé de lui-même; au niveauesthétique (son aspect minéral étant un

facteur d’intégration dans cet universmontagneux), mais également commematériau recyclable et, qui plus est, àforte inertie thermique.Enfin, la présence de grandes baiesvitrées, laissant pénétrer la lumière natu-relle de toutes parts, constitue le derniervolet de cette conception écologique del’architecture. Christian Patey s’est parti-culièrement penché sur les apports delumière, qui correspondent à la périodi-cité de l’utilisation de chaque pièce, dechaque espace. Une grande baie situéedans le prolongement de la partie cui-sine-salle à manger, à l’est, apporte lalumière matinale justement à l’heure dupetit déjeuner (d’ailleurs une terrasse laprolonge à cet effet).Une autre large baiecoulissante à galandage au sud (ce quipermet une ouverture complète de lafenêtre, donc une relation directe entrel’intérieur et l’extérieur) éclaire la partiesalon dans lequel on aime séjourner l’hiver. La vaste entrée traversante, àdouble orientation nord-sud, se trans-forme à la mauvaise saison en salle àmanger. “Nous aimons beaucoup cet

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espace, car la vue est magnifique et lalumière très agréable. Il n’était pas prévupour cet usage au départ, mais nous yinstallons une table, et nous en profitonsen hiver. Il forme une sorte de véranda.Ce n’est pas du tout un espace perdu!”,s’exclame Brigitte.

Orientation plein sud

À l’étage, le studio indépendant, les deuxchambres et la salle de bains sont orien-tés au sud, avec, là encore, des baiesvitrées donnant sur la montagne, proté-gées par le débord de toiture qui formeun brise-soleil. Les chambres sont fer-mées par des volets coulissants en métalrouillé qui ponctuent la paroi et s’harmo-nisent parfaitement avec le béton. Cespièces s’ouvrent sur un balcon qui, à sontour, constitue un brise-soleil pour lesespaces du rez-de-chaussée: le hall d’en-trée ainsi que l’atelier. Un voile de bétonaveugle, dans le prolongement du bal-con, forme une rotule entre la partie jouret la partie nuit. Cette façade sud estcreusée, et l’alternance entre les pleins et

les vides, la massivité et la transparence,l’ombre et la lumière, la sculpte presque àmême le terrain.De ce côté, l’architecte souhaite mettreen place un dispositif qui permettrait à lafaçade d’être en perpétuelle évolution.Un bac contenant de la limaille serait ins-tallé en partie supérieure pour laisserpasser les coulures de rouille le long dumur. Un dessin aléatoire animerait alorscette paroi massive. Les propriétaires,d’abord un peu surpris,ont fini par accep-ter avec amusement cette idée qui leurétait apparue au départ comme unepetite folie de l’architecte:à suivre…L’arrivée se fait de l’autre côté, au nord.C’est comme une plongée dans l’universminéral de la maison, par un étroit esca-lier pris dans un voile de béton traitécomme une seconde peau, et couvert parle débord de toiture.

Des volumes et des marches

C’est dans cette partie du bâtiment quel’on perçoit le mieux sa position au seinde l’important dénivelé de terrain. Et, ici

aussi, la relation de la personne avec l’ar-chitecture est perceptible, ne serait-ceque par l’impression que l’on a de s’en-foncer au cœur de quelque chose. Là, lebéton est très présent, avec ses qualitéset ses défauts. Pas de ragréage : l’idéeétait de le laisser vivre tel quel, sans cher-cher à en gommer les imperfections. Par-tout, à l’extérieur comme à l’intérieur,apparaît ce jeu sur la rugosité (qui attrapela lumière rasante à certains endroits) et

la douceur du matériau. Revenons versnotre façade nord et éloignons-nous.Celle-ci est moins ouverte que l’autre, sadouble peau et sa toiture débordantesemblent la protéger de son orientationau plus froid. Les trois niveaux intérieurs(chambres, entrée, séjour) y sont lisibles,même si l’on se demande, par exemple, àquelle pièce peut correspondre ce ban-deau vitré au ras du sol. Il s’agit en faitdes fenêtres de la cuisine…

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En effet, le volume du salon-salle à manger-cuisine est en décaissé par rap-port à l’entrée.Quelques marches en acierplié mènent vers l’ample volume. Jouxtantces quelques marches, un escalier conçuen béton, habillé de métal plié, mène auniveau supérieur. Là, un grand palier trèslumineux est doté de deux baies vitrées,dont l’une donne sur une terrasse orien-tée plein est, avec vue panoramique surles montagnes.Un petit espace ouvert surle palier est aménagé en salle de télévi-sion très “cosy”. Les chambres sontsimples,aérées,sans fioritures spatiales.

L’esthétique du détail

En fait, Christian Patey s’est appliqué,dans ce projet, à concevoir une architec-ture simple, modeste, sans grand geste,mais que des petits détails soignés suffi-sent à débanaliser. Les matériaux limités,l’harmonie de couleurs blanc-gris-noir,l’utilisation du métal rouillé pour lesportes intérieures (un peu plus larges queles portes habituelles), les volets et lesmarches, les volumes simples, ortho-

gonaux, les fenêtres à menuiserie en alu-minium et l’emploi du béton brut ont étépour lui le moyen de construire un loge-ment vaste, agréable, à petit prix. “Audébut, nous nous cherchions dans toutcet espace ! Nous avons mis quelquetemps avant de nous faire à de telsvolumes. Et maintenant, nous ne pou-vons plus nous en passer ! D’ailleurs,dans la décoration de notre intérieur,nous avons tenu à les garder dans leurintégralité même si, au départ, nousn’étions pas tout à fait prêts à accepterdes choses aussi brutes ! Il y a mainte-nant en nous comme une «addiction» aubéton!”,explique Brigitte.Au rez-de-chaussée, les sols sont enbéton ciré et, à l’étage, ils sont couvertsd’un plastique noir. Tous les plafonds dela maison sont en prédalles de béton brutlaissé apparent. Là encore, les défauts nesont pas un problème, ils font vibrer lalumière et semblent même plus présentsque la surface habituelle des plafondsblanche et lisse. ❚

TEXTE:CLOTILDE FOUSSARD

PHOTOS: ÉRICK SAILLET

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>>> L’ample et lumineux volume du séjour est largement ouvert surl’extérieur par de baies vitrées, à la fois larges et hautes. La cheminée,prise entre deux baies vitrées, oriente l’agencement du salon au sud.

Les quatre espaces du séjour – cuisine, salle à manger, salon, espacetélévision – sont bien différenciés par la présence d’éléments d’architecture,piliers, baies, sous-face de l’escalier, etc. Le sol du rez-de-chaussée esten béton ciré. Les propriétaires de la maison sont devenus des inconditionnelsde ce matériau. La salle de bain est aménagée avec la simplicité du bongoût, comme d’ailleurs tout le reste de la maison.

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L’esprit du vide>>> Élève des Beaux-Arts de Tokyo, Kei’ichi Irie

est entré en architecture en 1975, à l’époque où le

Japon se lassait des mégastructures architecturales.

Engagé dans une architecture résolument

contemporaine, il l’aide à retrouver son identité

traditionnelle, mais en la renouvelant grâce à de

nouvelles technologies et de nouveaux matériaux…

A ujourd’hui professeur à l’Institutdes arts et des sciences avancées

de la communication, Kei’ichi Irie adéveloppé en tant qu’architecte uneréflexion sur le futur imprégnée d’abs-traction. Pour preuve, ses maisons réali-sées et dénommées T House, N House etY House, par simple référence de leurpropriétaire respectif.

De bien tristes banlieues

Toute son œuvre, des musées au mobi-lier en passant par des immeubles debureaux, développe le même sens de lasimplicité et de la pure forme. Mais c’estl’habitat individuel qui affiche le plusl’adéquation entre matériau et forme,béton et plastique.Très tôt, cet architecte a porté une atten-tion toute particulière à l’environnement

urbain. Une réflexion que l’on retrouvedans les divers événements auxquels il aparticipé, comme les expositions Trans-figuration à Bruxelles, ArchitectureDemain à Paris, Projet Atlas à New York,Dernière Scène d’architecture à Tokyo,T-Zone à Londres et Réalité Détachableà Tokyo même.Dans cette réflexion, il transparaît beau-coup de désespoir sur l’actuel paysageurbain japonais et un profond scepti-cisme sur la capacité de l’architecte à yremédier. Ne dit-il pas lui-même: “Tristebanlieue. La scène suburbaine estpitoyable. La modernisation, l’industria-lisation et l’innovation ont abîmé lespaysages internes à la cité, mettant enlambeaux la nature qui y était associée.Les cités des temps prémodernesavaient su faire coexister le bâti et cettenature même qu’elles détruisaient pour

Lieu : Chita, préfecture d’Aichi, JaponMaître d’œuvre : Kei’ichi Irie et Power Unit StudioIngénieur en structure béton : MIAS /Masahiro Ikeda,Akira Suzuki, Shin YokooEntreprise générale: Maeda Construction CoSurface de la parcelle : 324,73 m2

Surface construite : 124,47 m2

Surface de plancher : 132,29 m2

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>>> Coupes. La maison repose sur la chambre des parents. Les pans inclinésmarquent chaque fonction. Murs, toitures et planchers sont en béton de 15 cm.

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leur propre construction. Mais les villesd’aujourd’hui ont oublié ce savoir-faire,avalé par les stéréotypes des modèlesurbains. Jusqu’à maintenant, une foi

excessive dans le développement indus-triel et les forces de la technologie ontconduit à une terrible violence visuelle àtravers tout le Japon. De telles blessures

historiques continuent de prévaloir dansles espaces suburbains. Partout dans lepays, tant que la croyance dans le faitque la science, la technologie et l’indus-trie pourront seules recréer de l’espaceurbain perdure, cette violence persistera.La sérénité et la dignité du paysage sontactuellement en voie d’extinction.”L’architecte nous rappelle ainsi que leJapon avait développé un artconsommé de l’organisation du jardinet avait construit son architecture enrelation étroite avec ce paysage “natu-rel”. De façon plus profonde, on peutdire que la maison traditionnelle japo-naise n’est, à la base, qu’un sol sur-monté d’un toit, les murs jouant le rôlede simples paravents.

Inclinaison japonaise

Y House est nichée dans le parc boiséd’un ensemble résidentiel privé, sur unecolline dont les pentes ont la forte incli-naison coutumière des paysages japo-nais. Les maisons y ont l’habituelle formedes constructions nationales sur cata-logue, celle que nous connaissons tous àtravers les mangas japonaises, livres ou

dessins animés, aujourd’hui très diffu-sées à travers le monde.Kei’ichi Irie décrit sans bienveillance cetenvironnement “comme un paysage faitde murs de soutien, dans un désertconflictuel, résultat du développementurbain frénétique et dont l’insensibilitéest juste menaçante.” Au milieu d’unetelle dévastation urbaine, il n’est enaucun cas possible,pour lui,d’imposer uncomplet changement d’échelle. “Mais jepeux construire une maison qui n’est niviolente, ni destructive”, ajoute-t-il.Depuis l’accès à la route, une petitefraction du sol est aplanie et c’est surelle que repose l’entrée de la maison etune partie de la première chambre.Celle-ci mord sur la parcelle et reposesur les niveaux inférieurs de la construc-tion. L’espace principal qui avance enparallèle sur la parcelle se développe,quant à lui, en porte-à-faux. “Il s’agis-sait de remanier l’inclinaison du solautant que possible et de créer unespace isolé du douloureux paysageenvironnant.” La seconde chambre setrouve dans les fondations, presque

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>>> Un vaste auvent pour voiture aspire le piéton vers l'entrée et le corps de la maison. Les pans inclinés rappelent les collines environnantes.

Du séjour, la sortie vers la rue est visible. La chambre des enfants s'incline au-dessus de l'espace central. De l’entrée, le jardin est directement perceptible. Un séjour avec une terrasse comme une mainouverte vers le paysage… La chambre des enfants s'ouvre à la fois sur le séjour… … et sur le jardin. Elle a également un accès direct sur l’entrée et l’extérieur. Toutes les surfaces de béton – sols, murs, plafonds –présentent une uniformité d’épaisseur de 15 cm.

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complètement enterrée et sans lamoindre ouverture vers l’extérieur.

Des espaces traditionnels

Les fonctions des pièces sont les sui-vantes : l’entrée possède sur l’extérieurun auvent propre à protéger des fortespluies, et dessert en intérieur le séjourainsi que la première chambre. Celle-ci,avec sa grande surface, pourra être divi-sée en cas de naissances. Le séjour-salle àmanger est un vaste volume qui se déve-loppe en longueur et en hauteur. Il consti-tue l’espace central de la maison. De partet d’autre, se trouvent la salle de bain etla cuisine. Cette dernière reste tradition-nellement un espace à part, une saillie dela construction liée au séjour. De même,les sanitaires forment un véritable noyau,un lieu de plaisir où le bain est ouvert surle paysage. Dans les fondations se trouvela chambre à coucher principale, unespace protégé et sans bruit.Toute la maison est en béton armé coulésur place: une seule barrière vis-à-vis del’extérieur, une surface unique pour l’in-

térieur. Une fois dans le bâtiment, lespentes des surfaces de béton suivent latopographie. Le plan incliné du toitrépète l’inclinaison de la pente de la col-line sur laquelle se trouve la maison etmène à la pièce principale qu’est leséjour à son point le plus bas. Ainsi, lesplafonds et, en partie, les sols sont incli-nés. De même, les murs des deux côtésde l’espace en porte-à-faux le sont légè-rement aussi afin d’éviter d’être assimi-lés aux murs de soutien environnants.La maison développe la caractéristiqueincroyable au Japon que toutes les sur-faces de béton – sols, murs, plafonds –présentent une uniformité d’épaisseur,hormis, bien sûr, les fondations. Et cetteépaisseur est aussi incroyablement finecar elle n’est que de 15 cm. Toutes lessurfaces sont en béton brut simplementimperméabilisé à l’extérieur et au sol.Les surfaces longitudinales à la parcellesont en béton. Par contre, les transver-sales sont vides, c’est-à-dire en paroi deverre avec la plus minimaliste des menui-series possibles.Afin de pouvoir s’isoler de l’environne-

ment urbain morne et déprimant, lesparois qui font face à la rue sont en verretranslucide, à l’exception d’une fenêtrede la première chambre qui encadre unepetite vue de la ville. Les parois orientéesen direction de la forêt sont, elles, enverre transparent. Quant aux cinq ouver-tures – porte d’entrée, fenêtres de la pre-mière chambre, porte coulissante duséjour, fenêtre de la cuisine –, elles sontmarquées d’un épais cadre noir.

Architecture musicale

Pour Kei’ichi Irie, “les surfaces inclinéesde béton s’entrecroisent, avant mêmed’être nommées murs ou sols, et réson-nent entre elles pour créer un espace

acoustique insonore. Les plaques ducorps architectural, à l’image d’un vio-lon, peuvent produire des échos du faitde l’épaisseur uniforme et fine du béton.Et la mise en œuvre de l’uniformité decette épaisseur de 15 cm parmi lesautres surfaces permet à l’architecturede développer des propriétés musicales.Les mouvements tels que le balance-ment des arbres de la forêt, le vol desoiseaux, ou bien encore les gouttes de lapluie remplissent et nourrissent l’espacede toute une variété de vitesses qui seréverbèrent entre les surfaces inclinées etatteignent l’oreille.” ❚

TEXTE: SYLVIE CHIRAT

PHOTOS:HIROYUKI HIRAI

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construction. Analyser les impacts des pro-duits de la filière ciment et béton à chaquephase de leur cycle de vie et délivrer aux usa-gers une information quantifiable et vérifiable ;apporter des solutions techniques pour amé-liorer la qualité acoustique d’un bâtiment ;mieux gérer le confort thermique en dimi-nuant l’énergie utilisée grâce à des solutionsconstructives innovantes : autant de proposi-tions pour relever ce défi.

Références B40 (64 pages), B41 (48 pages),B42 (20 pages), gratuit. ❚

Cimbéton lance, parallèlement à sa documen-tation technique, une nouvelle collection :Béton & confort. Les trois premiers volumestraitent de la thermique, de l’acoustique et dela santé, sujets essentiels aujourd’hui où lanotion de confort, qui peut paraître subjective,est au cœur des préoccupations d’une sociétéqui se recentre sur la sphère individuelle etson désir de bien-être.Aujourd’hui, “habiter”c’est bien plus que “se loger” et ce déplace-ment des exigences, en termes de confortsthermique, acoustique et de santé, lance unnouveau défi à tous les acteurs de la filière

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b l o c - n o t e s

réalisations du seul projet unitaire de ville que LeCorbusier a mené à bien, de la conception desquartiers d’habitation jusqu’à celle du Capitole. Laseconde rassemble les maquettes, réalisées parl’architecte japonais Tadao Ando, des 103 maisonsimaginées par Le Corbusier, dont seules 36 furentconstruites.Expositions du 20 octobre 2007 au 5 janvier 2008 Centre méridional de l’architecture et de la ville5, rue Saint-Pantaléon, 31000 ToulouseDu lundi au samedi,de 13 h à 19 h Tél. :05 61 23 30 49 ;mail :[email protected]ée libre

L’Ensat (École nationale supérieure d’architecturede Toulouse) et le Caue 31 (Conseil d’architec-ture, d’urbanisme et d’environnement de Haute-Garonne) présentent chacun, dans le même lieu,leur exposition consacrée à Le Corbusier, laseconde avec le soutien de la fondation du mêmenom. La première concerne Chandigarh, la capi-tale de l’État indien du Punjab. Sous forme depanneaux, de photos et de vidéos, elle expose les

� 50 maisonsd’architectes – Détails de construction

Virginia McLeod

Le choix effectué, à l’échelledu monde entier, nous montrecomment des architectes ontréussi à trouver des solutionsimaginatives pour répondreaux souhaits de leurs clients,tenant compte des spécificitésdu site choisi. Il aide aussi àcomprendre que la richessedu projet dépend, certes, de laforme de la maison, mais aussides innovations techniquesque le concepteur utilise.Chacun des six chapitres estdédié à un matériau : béton,acier... Les nombreuses photosprésentent l’environnementdes réalisations, montrent desperspectives significatives, etc.À chacune d’entre elles sontassociés des plans, des coupeset des schémas de détail. Ilssont chargeables gratuitementsur l’espace du portail Eyrollesconsacré à l’ouvrage.

Éditions Eyrolles

expos i t ion

� Architecturescontemporainesen Provence

Dane McDowell

Dans la révolution picturalemoderne, le rôle de la lumièreet des paysages de Provence a été important. L’architecture,à quelques exceptions près,semble, elle, en être restée aupseudo-style régional. Ce livrenous invite à découvrir plus de 20 maisons contemporainesconçues par des novateurs,architectes et décorateurs…“La vision de la maison serenouvelle en traduisant les préoccupations pour lebien-être, l’écologie, le respectde la nature. […] L’aspectostentatoire de la villa azuréenne s’est effacé au profit d’une constructionrationnelle, réalisée avec desmatériaux nobles et bruts : le bois, le verre, l’acier, lebéton.” Ces quelques passagesextraits de l’introduction résument bien l’esprit du livre.

Éditions Aubanel

� 100 maisons célèbresdu XXe siècle – Plans,coupes et élévations

Colin Davies

Les maisons présentées icisont celles d’architectes telsque Alvar Aalto, Le Corbusier,Frank Lloyd Wright, Mies vanDer Rohe ou, d’autres plusproches de nous : Tadao Ando,Rem Koolhaas, Glenn Murcutt.Dans l’introduction, l’auteuranalyse les principes qui ontprésidé à leur conception etdonne une vue d’ensemble del’évolution de cette typologieau cours du XXe siècle. Lesillustrations sont nombreuseset soignées : plans de chaqueétage, coupes, plans de masse,etc. Les dessins, eux, ont étéréalisés spécialement pour cetouvrage à partir des sourcesles plus récentes. Le texte quiaccompagne chaque maisonla replace dans son contextehistorique et géographique…Un CD Rom avec les fichiersnumérisés de tous les dessinsreproduits est inclus dans lapublication.

Éditions Le Moniteur

� Art et inventionMaisons contemporaines

Michael Webb

Ces 40 maisons, sélectionnéesdans le monde entier, sont destémoignages de la créativitéd’architectes contemporainsparmi les plus talentueux quiont réussi, simultanément, àcombler, voire à dépasser, lesrêves de leurs clients. Pleinesde retenue ou audacieuses,mais jamais conventionnelles,elles offrent des espacesimmenses et d’autres voués à l’intimité, des matériauxbruts ou sophistiqués, des vuespanoramiques sur des paysagesuniques. Certaines sont isoléesdans la nature, d’autres insérées au cœur des villes.Mais chacune possède sonoriginalité propre et résulted’un dialogue constant entreles vœux des clients et lacréativité des concepteurs.Petites ou grandes, simples ou complexes, austères ouluxueuses, toutes ces maisonsse distinguent par leurconception artistique unique.

Éditions du Chêne

L ivres

Le CorbusierDe Chandigarh aux 103 maisons

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Une maison incrustée dans le roc,à la Motte-Servolex (73),Christian Patey architecte.

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