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125 124 CONSTRUIRE EN FIBRES VÉGÉTALES Fabrication des panneaux de couverture en feuilles de palmiers par les habitants du village de réfugiés badjaos aux Philippines - Architecte: Christophe Cormy Donat

CONSTRUIRE EN FIBRES VÉGÉTALES · 2020. 10. 1. · fibres, souvent associées à la terre crue, servent à ériger des constructions confor-tables à un coût abordable. L’utilisation

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CONSTRUIRE EN FIBRES VÉGÉTALESFabrication des panneaux de couverture en feuilles de palmiers

par les habitants du village de réfugiés badjaos aux Philippines -

Architecte: Christophe Cormy Donat

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Au-delà de toutes réflexions écologiques,

sociales, économiques ou culturelles,

les fibres végétales et les autres matières

premières, brutes ou peu transformées,

recèlent un potentiel émotionnel

extrêmement puissant. Cette dimension

sensible de la matière dans l’espace

apparaît clairement dans l’architecture

vernaculaire, qui reflète le territoire comme

un miroir.

Construit avec les matériaux qui sont sous

nos pieds et à portée de nos mains, le

bâti semble le prolongement de l’œuvre

de la nature. Aujourd’hui, les tenants de

l’architecture contextuelle contemporaine

renouent avec cette tradition. Les fibres

végétales sont ainsi synonymes d’utilisation

de ressources locales, disponibles

et abondantes, avec une économie

de moyens, et certains concepteurs

s’approprient l’intelligence du vernaculaire

en intégrant le bâti au paysage. Enracinées

dans leur territoire, ces architectures font

corps avec le végétal dont elles sont issues.

L’ingéniosité dont font preuve aujourd’hui

de plus en plus d’architectes, d’ingénieurs

et de constructeurs est tangible dans les

projets mis en valeur par le FIBRA Award.

Ce premier prix mondial des architectures

contemporaines en fibres végétales est né

d’une initiative conjointe d’amàco, l’atelier

matières à construire, et de Dominique

Gauzin-Müller, qui en est la coordinatrice

infaillible, dévouée et bienveillante. Les

cinquante bâtiments finalistes sont mis

à l’honneur dans l’ouvrage que vous

tenez entre les mains et dans l’exposition

itinérante associée. Ils ont été choisis

en octobre 2018 par un jury d’experts

internationaux parmi deux cent vingt-six

bâtiments réalisés dans quarante-cinq

pays.

Pour être représentatifs de la diversité des

architectures contemporaines en fibres

végétales, les bâtiments retenus sont issus

de tous les continents et réalisés à par-

tir de différentes plantes : bambou, paille,

roseaux, osier, rotin, chanvre, feuilles de

palmier ou de canne à sucre, écorces,

herbes de mer du Nord ou du plateau

andin, etc. L’objectif est de les faire décou-

vrir à un vaste public, et de révéler leurs

qualités esthétiques, leur intérêt construc-

tif et leurs avantages environnementaux.

Le FIBRA Award rend hommage au

courage des maîtres d’ouvrage qui ont

fait le choix des matériaux biosourcés, à

la créativité des architectes et ingénieurs

ainsi qu’aux compétences des artisans et

entrepreneurs. Partager ces expériences

inspirantes renforcera aussi les liens entre

les acteurs et la dynamique des filières

locales. Le jury a également mis à l’honneur

trois pionniers internationaux : Simón

Vélez, Vo Trong Nghia et Anna Heringer,

marraine du prix.

Le FIBRA Award s’inscrit dans la continuité

du TERRA Award, qui a valorisé en 2016

des architectures contemporaines en terre

crue. Si amàco organise ces palmarès, c’est

parce que ce centre de recherche et d’ex-

périmentation souhaite promouvoir l’utili-

sation dans la construction de la terre et

des fibres végétales, ces matières pauvres,

ordinaires, oubliées et déconsidérées qui

nous entourent, et sans lesquelles nous

ne pourrions pourtant pas vivre. amàco

porte ainsi une conception particulière

des idées de progrès et d’innovation, qui

repose avant tout sur une redécouverte du

génie du naturel et de la simplicité. Cette

vision encourage à changer notre rap-

port à la matière et au monde qui nous

entoure, et favorise ainsi le développe-

ment de constructions plus respectueuses

de l’homme et de son environnement.

amàco explore ces matières premières

dans leur expression matérielle la plus

simple et la plus pure, et valorise leurs

potentiels en interrogeant notre manière

de construire et d’habiter la Terre.

Laetitia Fontaine

Chercheure à l’ENSAG

Directrice d’amàco

Présidente du FIBRA Award

Redécouvrir le génie du naturel et de la simplicité

hhMaison de vacances sur l’île de Læsø, Danemark – Vandkunsten Architects.

hChapelle du cimetière forestier d’Aalen, Allemagne – kaestle&ocker Architekten.

Centre de découverte de la biodiversité Beautour à La Roche-sur-Yon – Guinée*Potin Architectes.

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Les fibres végétales, matériaux de la transition écologique

Les engagements pris par les États en

2015, lors de la COP21, pour endiguer

les dérèglements climatiques appellent

une forte réduction de l’empreinte

environnementale des bâtiments existants

et futurs. Mettre en œuvre des matériaux à

base de plantes à croissance rapide répond

à cette exigence. C’est une gigantesque

opportunité pour stocker dès maintenant

une grande quantité de carbone, et lutter

ainsi contre le réchauffement de la planète.

Une opportunité à saisir

En Europe, les matériaux biosourcés parti-

cipent entre autres à l’indispensable réno-

vation énergétique du bâti existant. Dans

les pays du Sud à forte progression démo-

graphique, bambou, roseaux et autres

fibres, souvent associées à la terre crue,

servent à ériger des constructions confor-

tables à un coût abordable. L’utilisation

de fibres végétales limite aussi le prélève-

ment de ressources non-renouvelables et

les besoins en énergie sur l’ensemble du

cycle de vie des bâtiments. Elle peut même

apporter une solution dans la lutte contre

les plantes invasives, comme le typha au

Sénégal. Les filières biosourcées repré-

sentent un important potentiel de création

d’emplois et d’activités économiques dans

les territoires.

Reconnecter l’humain à la nature

L’usage contemporain de fibres végétales

crée une esthétique qui reconnecte les

êtres humains à la nature : leur texture

dégage une beauté haptique, qui libère

immédiatement le désir de toucher la

matière. Leur emploi génère aussi une

architecture en phase avec une société

en transition. Non seulement les plantes

n’émettent pas de CO2, mais elles stockent

du carbone et participent à un cycle

cohérent, du berceau au berceau. Pour

produire des matériaux à base de végétaux

à croissance rapide, les fibres sont souvent

compactées ou mélangées à des liants.

Elles peuvent aussi être torsadées, tressées

ou tissées avec une grande qualité

artistique, en ouvrant des débouchés

inattendus à des traditions populaires.

L’association au bois, dans un souci de

performance et de maîtrise des coûts,

apporte un bilan écologique exemplaire.

Redynamiser l’économie

La plupart des bâtiments présentés dans cet

ouvrage allient ressources locales, revitali-

sation de techniques traditionnelles, design

contemporain et mesures bioclimatiques.

Ils proposent des exemples convaincants

de modernité frugale, qui rendent hom-

mage aux savoir-faire ancestraux tout en

répondant aux enjeux environnementaux.

Plusieurs finalistes du FIBRA Award visent

ainsi une sensibilisation à l’agriculture bio-

logique et à la valorisation des ressources

disponibles sur place pour dynamiser l’éco-

nomie locale, dans le respect des richesses

matérielles et immatérielles de la région.

Tisser des liens

De nombreux bâtiments tissent des liens

entre les cultures et les disciplines autour de

projets humanistes et optimistes. Certains

contribuent à la lutte contre l’exode

rural (Afrika Mandela Ranch, Thread, Sun

Commune, etc.), d’autres à l’amélioration

de la vie des réfugiés : village badjao aux

Philippines, aire de jeu dans un camp

rohingya au Bangladesh, dortoirs pour

la minorité Karen en Thaïlande. L’accent

est souvent mis sur l’enseignement et

la culture, comme avec la bibliothèque

Amani en Tanzanie, la Why Not Academy

dans un bidonville de Nairobi ou Las Tres

Esperanzas et le centre culturel Chamanga

en Équateur. Tous ces équipements sont

source de fierté pour les artisans qui les ont

construits et les habitants qui les utilisent.

L’acier vert

Une vingtaine de bâtiments finalistes sont

réalisés en bambou, un des matériaux

les plus polyvalents de la planète, dont

le rapport entre poids et résistance

est supérieur à celui de l’acier. Il est

abondamment disponible dans les régions

tropicales d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du

Sud, mais certaines espèces sont adaptées

aux climats tempérés. L’utilisation de cet

« acier vert » ouvre des perspectives pour

l’architecture et le génie civil : les fermes

du gymnase de la Panyaden School, en

Thaïlande, franchissent 17 mètres sans

renforts en acier ; le pont routier de Sumatra

supporte des véhicules de 2 tonnes. Le

bambou offre aussi une alternative au

béton pour des constructions d’envergure

dans les pays où le sable devient rare et

cher, et c’était une des motivations des

concepteurs du pavillon Haduwa Apata,

sur la côte ghanéenne.

De chaume et de paille

Le chaume, un des plus vieux matériaux

de couverture, procure une forte isolation

avec des produits locaux, écologiques

et sains. Selon les milieux et les climats, il

prend de nombreuses formes : roseaux,

typhas, palmes, graminées, etc. Il est

aussi décliné en façade, comme pour

le centre de la biodiversité de La Roche-

sur-Yon ou le marché communautaire

de Kengo Kuma au Japon. La paille, co-

produit de l’agriculture souvent brûlé

comme un déchet, est un autre matériau

d’isolation performant. Avec de faibles

transformations, la matière première est

mise en œuvre en remplissage dans une

ossature ou des caissons préfabriqués en

bois, voire directement en bottes pour des

murs porteurs. La construction en paille

connaît un grand essor en France grâce à

une filière très organisée, qui a su se donner

les moyens de la réussite : large diffusion

des bonnes pratiques, nombreuses

formations, etc. La publication en 2012

de règles professionnelles et des essais

au feu au CSTB ont permis de convaincre

assureurs et contrôleurs techniques.

Une dizaine de bâtiments scolaires et

d’immeubles d’habitation français isolés

en paille sont au nombre des finalistes du

FIBRA Award.

Construire et rénover en chanvre

L’emploi du chanvre se développe pour

la construction neuve et surtout pour la

rénovation. Lors de la réhabilitation « bas

carbone » d’un ancien immeuble parisien

et de la transformation d’une ferme

abandonnée en Maison de l’étudiant

à Champs-sur-Marne, une isolation

répartie en béton de chanvre a rattrapé

les irrégularités des vieux murs en pierre.

Réalisés en 2014, année de publication des

règles professionnelles de la construction

en chanvre, les deux chantiers ont

contribué à l’essor de la filière francilienne.

Confort hygrothermique

Une des qualités des parois en matériaux

biosourcés est la perspirance, qui permet

la migration de la vapeur d’eau tout en

assurant l’étanchéité à l‘air. L’expérience

a montré que la capacité hygroscopique

améliore la performance thermique

théorique d’un mur en paille ou en béton

de chanvre. L’absorption ou la résorption

de vapeur d’eau est en effet à l’origine de

transferts de chaleur latente, libérée ou

absorbée par le changement d’état de l’eau,

par condensation ou vaporisation. Ces flux

d’énergie provoquent l’échauffement de

la surface de la paroi intérieure du mur en

hiver et son rafraîchissement en été.

Vers un nouveau vernaculaire

En renouant avec une tradition vernaculaire,

les acteurs de la maison danoise isolée et

revêtue avec des herbes marines voulaient

démontrer qu’une ressource abondante

et bon marché peut trouver sa place dans

une pratique de construction courante

en Europe. Ils espèrent encourager ainsi

l’exploration d’autres matériaux biosourcés,

en soulignant l’identité architecturale

qu’ils génèrent. À une époque où les

solutions à faible teneur en carbone

sont très recherchées, réintroduire des

matières organiques oubliées à travers des

techniques industrialisables est une piste

prometteuse.

Des « bâtiments botaniques »

La construction en plantes vivantes est plus

expérimentale, mais elle est également

fondée sur des exemples vernaculaires :

depuis des siècles, le peuple khasi réalise

au nord-est de l’Inde des ponts en racines

de banians tressées. Le jury du FIBRA

Award a retenu un théâtre en bambous

vivants, liés pour former un dôme au

milieu d’une forêt chinoise, et le cube

en platane artificiel qui sert de « place

verticale » aux habitants d’une petite ville

allemande. Ces « bâtiments botaniques »

fournissent de l’ombre, rafraîchissent et

filtrent l’air, régulent le cycle naturel de

l’eau, produisent de l’oxygène et absorbent

le CO2.

Revaloriser l’artisanat

Beaucoup de finalistes valorisent non

seulement des matériaux tirés de la nature

et peu transformés, mais aussi le travail des

artisans, afin de diffuser les connaissances

et de partager les compétences. Dans de

nombreux pays du Sud, la construction

en bambou, en chaume ou en terre est

associée au passé et à de mauvaises

conditions de vie. Les techniques

traditionnelles sont abandonnées au profit

du « progrès », symbolisé par les parpaings

en béton et d’autres produits manufacturés

importés, coûteux et inefficaces sur le plan

énergétique sous les climats arides ou

tropicaux. Plus abordables et plus faciles

d’accès, les matériaux biosourcés sont

familiers pour la majorité des populations.

Ils améliorent le confort tout en réduisant

l’empreinte carbone, en particulier dans les

zones rurales, où les savoir-faire ancestraux

disparaissent.

Incontournables pour une architecture

écoresponsable, les matériaux à base de

fibres végétales contribuent à la transition

écologique et sociétale.

Dominique Gauzin-Müller

Coordinatrice du FIBRA Award

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BAMBOU 1

BAMBOU

Plante et filière

Technique

Outils et matériaux

Plantes de la famille des graminées originaires des régions tropicales ou subtropicales, les bambous sont aussi adaptés aux climats tempérés. Ils sont naturellement présents en Asie, Océanie et Amérique, mais certaines espèces ont été importées en Europe. Caractérisés par une croissance rapide, les bambous se développent en touffes serrées à partir de leur rhizome et se régénèrent après la coupe, contrairement au bois. Une même surface de plantation de bambou stocke davantage de carbone qu’une forêt de feuillus.

Le processus de transformation de la tige de bambou en élément structurel ne demande que très peu d’étapes. Après la coupe, le séchage à l’air libre et parfois un traitement contre les insectes, les bambous sont directement assemblés entre eux, grâce à des cordes ou des tiges filetées boulonnées. La structure naturellement creuse du bambou est un atout pour ses performances mécaniques et place sa résistance entre celles du bois et de l’acier.

LE PROJET EST CONSTITUÉ DE 1 800 TIGES DE BAMBOU DE 3 À 10 MÈTRES DE LONGUEUR.

LA COUVERTURE EN ROSEAUX DE CAMARGUE EST FIXÉE SUR LA CHARPENTE PAR UNE ENTREPRISE LOCALE.

LE PRINCIPE CONSTRUCTIF REPOSE SUR LA MISE EN ŒUVRE D’UNE SUCCESSION DE FERMES ET DEMI-FERMES EN BAMBOU. L’ENSEMBLE EST MAINTENU PAR UNE SÉRIE DE CERCES : ARMATURES CINTRÉES HORIZONTALES EN TUBES D’ACIER DE 114,3 MM DE DIAMÈTRE QUI CEINTURENT LE PAVILLON.

LES CERCES, LES TRAVERSES ET LES CONTREVENTEMENTS DE LA STRUCTURE PRIMAIRE EN ACIER SONT ASSEMBLÉS AU SOL, SUR LA DALLE EN BÉTON.

L’ASSEMBLAGE ENTRE LES TIGES DE BAMBOU ET LES ÉLÉMENTS EN ACIER EST ASSURÉE DANS UN PREMIER TEMPS PAR DES ÉCROUS ET DES TIGES FILETÉES, ET DANS UN DEUXIÈME PAR DES CÂBLES TENDUS ENTRE CHAQUE CERCE.

POUR LIMITER LA DÉTÉRIORATION DES ÉLÉMENTS LORS DU SERRAGE ET TRANSMETTRE AU MIEUX LES EFFORTS MÉCANIQUES, DES COUPELLES MOULÉES EN ALUMINIUM RECYCLÉ SONT INTERCALÉES DANS L’ASSEMBLAGE PAR TIGE FILETÉE.

DES PANNEAUX EN BAMBOU (ESTERILLAS) FORMENT LES MURS, LE PLANCHER ET LA SOUS-FACE DE LA TOITURE. ILS SONT CONSTITUÉS DE LATTES DE BAMBOU DE 10 À 16 MM D’ÉPAISSEUR ET DE 2 CM DE LARGEUR.

Les tiges de bambou (guadua angustifolia) sont structurelles.

Pavillon ContemplationArles, France – 2018

Maîtrise d’ouvrage : Fonds de dotation Contemplation Architecture : Simón Vélez et Stefana Simic Bureau d’études : C&E IngénierieEntreprise : GTM Sud (Vinci Construction France)

Les coupelles moulées en aluminium recyclé

assurent de parfaits assemblages.

Les tubes d’acier constituent les cerces de la structure principale.

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PAILLE PORTEUSE 1

PAILLEPORTEUSE

En 2017, le Réseau français de la construction en paille estimait à plus de 5 000 les bâtiments isolés en bottes de paille. En France, 5 % de la paille produite chaque année suffirait pour isoler tous les nouveaux logements construits. Ressource disponible en abondance, les petites bottes de paille sont les plus couramment utilisées. La densité des grosses bottes atteignant parfois 150 kg/ m3 est un atout pour la technique de la paille structurelle. Plus résistantes à la compression, mais aussi bien plus lourdes, elles nécessitent un engin de levage.

Plante et filière

École maternelle Les BoutoursRosny-sous-Bois, France – 2017

Maîtrise d’ouvrage : Ville de Rosny-sous-Bois Architecture : Emmanuel Pezrès et Fanny Mathieu Entreprises : APIJ Bat, Méha Charpente

TechniqueLe premier bâtiment en paille porteuse fut construit en 1886 au Nebraska. Les bottes de pailles sont posées en quinconce sur des broches en bois ou en bambou. À l’aide de sangles, de feuillards ou de poids additionnel, elles sont ensuite comprimées entre la lisse basse fixée au soubassement et la lisse haute sur laquelle repose la charpente. Une répartition uniforme des charges est primordiale pour la stabilité de ces murs dépourvus d’ossature. Les ouvertures sont dotées de pré-cadres en bois sur lesquels sont fixées les menuiseries après la mise en charge des murs.

LA PAILLE EST RÉCOLTÉE À 60 KM DU SITE ET COMPRESSÉE EN BOTTES QUAND LA PAILLE EST SÈCHE.

LES BOTTES DE PAILLE SONT RETAILLÉES ET CALIBRÉES DIRECTEMENT SUR LE LIEU DE STOCKAGE. UNE DENSITÉ SUPÉRIEURE À 80 KG/M3 EST REQUISE. L’HUMIDITÉ EST CONTRÔLÉE : ELLE DOIT ÊTRE INFÉRIEURE À 20 % LORS DE LA MISE EN ŒUVRE.

UNE LISSE BASSE EN BOIS MASSIF EST FIXÉE SUR LE SOUBASSEMENT ET LA BARRIÈRE D’ÉTANCHÉITÉ POUR RÉALISER LE DÉPART DES MURS.

LES BOTTES DE PAILLE SONT CALEPINÉES SANS MORTIER ET LIÉES ENTRE ELLES PAR DES TIGES EN CHÊNE PLANTÉES DIRECTEMENT DANS LES BOTTES.

LES BOTTES SONT MAINTENUES PAR COMPRESSION ENTRE LA LISSE HAUTE ET LA LISSE BASSE. LA TOITURE EST POSÉE DIRECTEMENT SUR LES MURS.

DE LA TERRE VÉGÉTALE EST RÉPARTIE SUR LA TOITURE AFIN DE METTRE LA PAILLE PORTEUSE EN COMPRESSION.

DES PRÉ-CADRES SONT MIS EN PLACE AVANT LA POSE DES MENUISERIES EXTÉRIEURES. LA COMPRESSION DE LA PAILLE EST CONTRÔLÉE EN DIFFÉRENTS POINTS À L’AIDE DU FIL À PLOMB.

LES MURS SONT ENDUITS À L’ARGILE À L’INTÉRIEUR ET À LA CHAUX À L’EXTÉRIEUR. CHAQUE FINITION EST EN TROIS COUCHES. LA COUCHE D’ACCROCHE (GOBETIS) ENROBE TOTALEMENT LES BRINS DE PAILLE AVEC AU MINIMUM 10 MM DE PÉNÉTRATION. LE CORPS D’ENDUIT TRAMÉ, D’UNE ÉPAISSEUR DE 20 À 30 MM, VISE À RATTRAPER L’APLOMB. L’ENDUIT DE FINITION A UNE ÉPAISSEUR DE 6 À 10 MM ET UN FIXATEUR À LA CASÉINE EST APPLIQUÉ À L’INTÉRIEUR.

Outils

L’hygromètre sert à contrôler le taux d’humidité.

Le fil à plomb permet de vérifier la compression de la paille.

Les aiguilles métalliques sont utiles pour retailler les bottes.

La truelle et le platoir servent à poser les enduits.

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PAILLE CAISSON

PAILLEDANS DES CAISSONS

Plante et filière

TechniqueConstruite en 1920, la maison Feuillette est la plus ancienne maison isolée en paille encore habitée en France. Approuvées en juin 2011, les règles professionnelles de construction en paille constituent le cadre de référence pour l’utilisation de ce matériau comme isolant en remplissage d’ossature ou de caissons et comme support d’enduit. Pour éviter tout risque de condensation dans les murs avec remplissage en paille, la paroi extérieure doit être plus perméable à la vapeur d’eau que la paroi intérieure.

LA PAILLE EST LIVRÉE PAR UN GROSSISTE LOCAL DANS UNE CAISSERIE DE LA RÉGION.

LES BOTTES DE PAILLE SONT INSÉRÉES MANUELLEMENT À L’INTÉRIEUR.

LA DERNIÈRE BOTTE EST SOUVENT ENFONCÉE EN SAUTANT LÉGÈREMENT DESSUS.

AVANT LA FERMETURE DES CAISSONS, LES FICELLES SONT COUPÉES POUR QUE LA PAILLE REMPLISSE TOUS LES VIDES.

LA LARGEUR DES CAISSONS EST ADAPTÉE À CELLE DES CAMIONS QUI LES TRANSPORTENT SUR LE CHANTIER.

LES CAISSONS SONT LEVÉS PAR LA GRUE GRÂCE AUX SANGLES, PUIS POSITIONNÉS CONTRE LA FAÇADE.

ILS SONT FIXÉS AU FUR ET À MESURE À LA FAÇADE ET ENTRE EUX AVEC DES VIS À RUPTURE DE PONT THERMIQUE.

LE BARDAGE EN TUILES DE TERRE CUITE EST ENSUITE FIXÉ SUR LES CAISSONS QUI SUPPORTENT SON POIDS.

Résidence Jules-FerrySaint-Dié-des-Vosges, France - 2013

Maîtrise d’ouvrage : SA Le Toit Vosgien Architecture : ASP Architecture Bureaux d’études : Terranergie, Ingénierie Bois Entreprise : SARL Yves Sertelet

Outils et matériauxLES CAISSONS PRÉFABRIQUÉS SONT FERMÉS PAR DES PANNEAUX DÉRIVÉS DU BOIS.

Les bottes de paille sont aux dimensions agricoles (37 x 47 x 120 cm).

Les vis télescopiques sont à rupture de pont thermique.

Les caissons préfabriqués sont fermés par deux produits industriels dérivés du bois : panneau en fibres de bois (Agepan DWB) côté extérieur, panneau de grandes particules orientées (OSB) côté intérieur.

La paille est un déchet agricole. Les tiges des céréales cultivées pour leur graines (blé, orge, seigle, épeautre, etc.) sont pressées en bottes directement dans le champ. Le bilan carbone est exemplaire : 90 % des approvisionnements viennent de moins de 50 km du chantier ou du site de préfabrication. Les bottes les plus utilisées pour la construction ont une section constante de 37 x 47 cm. Leur longueur varie entre 80 et 120 cm et leur densité doit être comprise entre 80 et 120 kg/m3, soit en moyenne 17 kg pour une botte de 1 m de longueur.

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BETON DE CHANVRE

BÉTON DE CHANVRE

Plante et filière

Technique

En France, la culture du chanvre textile connaît un renouveau depuis les années 90. La plante est utilisée en culture de rotation pour améliorer la fertilité des sols. Ses tiges produisent des fibres (textiles et laines isolantes) et de la chènevotte, moelle poreuse (litière). Aujourd’hui, près de 70 000 tonnes de chènevotte sont produites en France, mais seulement 7 % sont utilisés pour l’isolation. Six chanvrières, industries de première transformation alimentant les distributeurs de matériaux au niveau national, côtoient des chanvriers en circuits courts.

Le béton de chanvre est composé de chènevotte mélangée à un liant, souvent hydraulique comme la chaux ou le ciment, mais qui peut également être de la terre (liant argileux). Il se décline suivant deux techniques de remplissage d’ossature : des blocs maçonnés ou un mélange qui peut être projeté sur un fond de coffrage perdu ou tassé manuellement entre deux banches. Comme beaucoup d’autres matériaux biosourcés, le béton de chanvre présente d’excellentes propriétés hygrothermiques : il régule les variations quotidiennes de température et d’humidité, améliorant grandement la sensation de confort intérieur.

Immeuble de quatre logements sociauxParis, France – 2014

Maîtrise d’ouvrage : RIVPArchitecture : North by Northwest architectes et LM IngénieurEntreprises : Tempere Construction, Batiéthic, SMB

L’OSSATURE SECONDAIRE EN BOIS EST INSÉRÉE ENTRE LES TRAVÉES DE LA CHARPENTE MÉTALLIQUE PRIMAIRE. LE BÉTON DE CHANVRE EST PROJETÉ ENTRE LES MONTANTS EN BOIS.

LE BÉTON DE CHANVRE EST PRÉPARÉ SUR SITE. LA CHÈNEVOTTE ET LA CHAUX SONT MÉLANGÉES À SEC DANS LE MALAXEUR PLANÉTAIRE. L’EAU EST AJOUTÉE DIRECTEMENT DANS LA LANCE DE PROJECTION.

UNE PLAQUE DE FERMACELL FIXÉE À L’OSSATURE EN BOIS CÔTÉ INTÉRIEUR EST UTILISÉE COMME FOND DE COFFRAGE PERDU LORS DE LA PROJECTION DU BÉTON DE CHANVRE. CE SYSTÈME PERMET DE PROJETER UNE COQUE CONTINUE DE BÉTON DE CHANVRE DEPUIS L’EXTÉRIEUR ET D’ASSURER AINSI LA PERFORMANCE THERMIQUE DU BÂTIMENT.

LE BÉTON DE CHANVRE EST PROJETÉ DEPUIS L’EXTÉRIEUR, EN VÉRIFIANT L’ÉPAISSEUR À L’AIDE D’UN NIVEAU LASER.

CÔTÉ RUE, LES FINITIONS SONT À LA CHAUX POUR UNE CONTINUITÉ DE L’ESTHÉTIQUE URBAINE DU QUARTIER.

Outils

Le platoir est utilisé pour les finitions.

Le niveau laser sert à contrôler l’épaisseur de la projection.

UN BARDAGE EN BOIS EST POSÉ CÔTÉ COUR.

La machine utilise l’air comprimé pour projeter le mélange chaux-chanvre.

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CHAUME 3

ROSEAU

Plante et filière

Technique

Les outils traditionnels du chaumier

A l’origine, le mot chaume désigne la tige creuse herbacée des graminées. C’est aussi le nom donné par extension au matériau des couvertures traditionnelles en roseau, mais aussi en paille de blé ou de seigle et plus rarement en bruyère, jonc ou genêt. Si le chaume couvre encore quelques milliers de toits répartis dans l’Hexagone, la plupart sont en roseau et se situent en Bretagne, dans la grande Brière. Les roselières de la Camargue assurent les trois quarts de la production française, soit environ un million de bottes.

La technique de couverture en chaume utilise des bottes de roseaux de 1,2 à 2 m de longueur. En moyenne, 12 à 15 bottes sont nécessaires pour couvrir un mètre carré. Chaque botte est posée sur la charpente ou les murs les pieds en bas, avant d’être serrée puis fixée par un fil d’acier vissé à la structure. L’étanchéité de la toiture est garantie par la qualité du serrage et le recouvrement des tiges qui avoisine les 99 % de leur longueur pour la technique à la barre. Épaisse d’environ 30 cm, la couverture en chaume est une des plus légères.

BARDAGE ET COUVERTURE EN ROSEAU TECHNIQUE À LA BARRE

BARDAGE EN ROSEAU TECHNIQUE PAR PANNEAUX

Centre de découverte de la biodiversité La Roche-sur-Yon, France - 2014

Immeuble de bureauxNantes, France - 2017

Maîtrise d’ouvrage : Région des Pays de la Loire Architecture : Guinée*Potin Entreprises : Cruard Charpente, SARL Le Goff (chaumiers)

Maîtrise d’ouvrage : Département de Loire-AtlantiqueArchitecture : forma6

Entreprises : Axima et Patrice Leray (chaumier)

LE ROSEAU EST MIS EN BOTTES APRÈS LA RÉCOLTE. PAR RANGÉES SUCCESSIVES, LES BOTTES SONT POSÉES SUR LE TOIT. LES TIGES DE ROSEAU SONT ÉTALÉES, FAÇONNÉES ET SERRÉES SOUS DES BARRES HORIZONTALES EN ACIER GALVANISÉ.

CHAQUE BARRE HORIZONTALE EST FIXÉE À LA TOITURE PAR UN FIL EN ACIER INOXYDABLE PASSÉ SOUS LES LITEAUX GRÂCE AUX AIGUILLES.

LES PANNEAUX DE BARDAGE EN ROSEAU SONT PRÉPARÉS EN ATELIER À L’AIDE D’UNE MACHINE FABRIQUÉE SPÉCIALEMENT POUR LE CHANTIER, QUI MET AU GABARIT ET COUPE LES ROSEAUX AUX DIMENSIONS DU CALEPINAGE.

LES TIGES DE ROSEAU SONT SERRÉES ENTRE LA BARRE ET LES LITEAUX À L’AIDE D’UN VRILLEUR.

LE CHAUME EST ÉGALISÉ AVEC UN BATTOIR. LE FAÎTAGE EST RÉALISÉ À LA CHAUX.

LES PANNEAUX DE FAÇADE SONT FIXÉS SUR UNE STRUCTURE SECONDAIRE EN BOIS.

Les aiguilles sont utilisées pour faire passer la ligature autour

du chaume et le presser entre la barre et le support.

Le vrilleur permet au chaumier de

serrer fortement les fils d’attache.

Le battoir sert à égaliser les roseaux pour obtenir

la pente souhaitée.

Les chevalets permettent au chaumier de se

déplacer sur la toiture.

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Page 9: CONSTRUIRE EN FIBRES VÉGÉTALES · 2020. 10. 1. · fibres, souvent associées à la terre crue, servent à ériger des constructions confor-tables à un coût abordable. L’utilisation

OSIER & ROTIN

OSIER &

ROTIN

Plantes et filières

Technique

L’osier est issu de plusieurs variétés de saule (salix). Il est produit en France dans les oseraies. Récoltés en hiver, les brins sont triés par tailles allant de 60 cm à 3,5 m. Conditionnés en bottes, ils sont mis à sécher (osier brut) ou stockés le pied dans l’eau pour être écorcés au printemps (osier blanc).

Le rotin est issu de palmiers grimpants (calamus et daemonorops) originaires des jungles asiatiques. Le stipe, tige des palmiers, forme de longues lianes au diamètre constant qui sont épluchées et débarrassées de leurs épines avant d’être utilisées.

Pour faciliter la mise en œuvre de l’osier écorcé, les brins sont mis à tremper au moins une journée, avant de ressuyer sous une bâche la veille du chantier. L’osier brut demande davantage de temps de trempage, tandis que cette étape n’est pas nécessaire pour le rotin, plus malléable. Les architectures contemporaines qui utilisent ces matières pour leurs qualités esthétiques et acoustiques s’inspirent fortement des techniques traditionnelles de vannerie tout en proposant des mises en œuvre innovantes, comme le rotin cloué de l’auditorium de Jonzac.

LES BRINS D’OSIER ÉCORCÉ SONT TREMPÉS DANS UN BAIN D’EAU FROIDE AFIN DE LES ASSOUPLIR.

LES MONTANTS VERTICAUX, FAITS DE BRINS D’OSIER ÉCORCÉ, SUIVENT LES ARCS EXISTANTS EN BÉTON ARMÉ.

LES BRINS D’OSIER SONT TISSÉS SUR LES MONTANTS EN SUIVANT LE GABARIT DE LA VOÛTE.

HABILLAGE EN OSIER

Chapelle funéraireAalen, Allemagne – 2009

Maîtrise d’ouvrage : Ville de AalenArchitecture : kaestle&ocker Architekten BDAEntreprise : H. Peter Sturm / Kunstgeflecht Weidenwerke

Les outils du vannier

Le sécateur est l’outil de coupe.

La batte permet de tasser les

brins.

La serpette permet de fendre et de

biseauter les brins.

Le poinçon sert à dégager de l’espace

dans le tressage.

LE PLAFOND ACOUSTIQUE EST COMPOSÉ DE 235 CAISSETTES CONSTITUÉES D’UNE OSSATURE EN CONTREPLAQUÉ DE PEUPLIER IGNIFUGÉ ASSEMBLÉ À MI-BOIS, RECOUVERTE DE ROTIN.

LES BRINS DE ROTIN SONT ALIGNÉS ET CLOUÉS CÔTE À CÔTE SUR CETTE STRUCTURE.

LES CAISSETTES PRÉFABRIQUÉES EN ATELIER SONT ENSUITE TRANSPORTÉES SUR LE CHANTIER OÙ ELLES SONT ASSEMBLÉES.

HABILLAGE EN ROTIN

Auditorium du centre des congrès de Haute SaintongeJonzac, France – 2017

Maîtrise d’ouvrage : Communauté des communes de Haute Saintonge, Ville de Jonzac Conception : Tetrarc Architectes et Metalobil Entreprise : Metalobil

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