1
Contest : ie svn tueu, o o' si eHcie e 6tabo ique, Tel ~ta# le titre d'une r~cente rencontre consacr~e par un des g~ants de I'agro-alimentaire cette curiosit~ bio-clinique, d'abord surnomm~e syndrome X par son inventeur, Gerald Reaven (1988): impossible de trouver un nom plus court r~sumant cette agr~gation de facteurs de risque chez rimp~trant diab~tique. C e syndrome, sorte d'antichambre du dia- b6te de type 2, reunit chez le meme indi- vidu obesite surtout abdominale (tour de taille predictif), hypertension arterielle (HTA), cho- lesterol total eleve avec LDL eleve et HDL bas, hypertriglycerid6mie, sedentarite manifeste, et une IGT, nouveau vocable signifiant impaired glucose tolerance, mauvaise tolerance au glu- cose, mieux qualifie de resistance & I'insuline (avec hyperinsulinemie reactionnelle) et gly- cemie souvent etevee et limite. Un syndrome n'est pas une maladie Or I'entit6 syndrome metabolique est remise en cause, de fa~on consensuelle, dans une declaration commune de I'American diabetes association (ADA) pour l'Amerique du Nord et de la European association for the study of diabetes (EASD) pour I'Europe, publiee en septembre par Diabetes Care (ADA) et Diabe- tologia (EASD). Elle soutient que le syndrome metabolique, considere par certains comme pr6dictif de complications cardio-cerebro ~ .vasculaires, est pauvrement defini, utilis6 de fagon inappropriee et necessite davantage d'e- tudes pour comprendre si et comment il dolt 6tre traite, en tant que tel en tout cas. Pour r6sumer, il n'y a pas une pilule anti-syndrome metabolique ! Traiter, c'est fagon de parler : ce n'est pas une maladie, ne doit pas 6tre defini et traite comme telle, il ne doit pas 6tre consi- dere comme un diagnostic. Le faire serait faire croire aux patients qu'ils ont une maladie unique, & traitement unique. Ce qu'ils ont en r6alite, ce sont plusieurs facteurs de risque associes, presentant chacun un risque pour le systeme vasculaire (cardio et cerebro), un risque syner- gique. Controverse II y a donc controverse sur I'existence m~me du syndrome et le risque qu'il porte. Est-il un risque & lui tout seul superieur & ses compo- sants, est-ce seulement une association de facteurs de risque en relation avec I'obesite abdominale ? Pire: le syndrome metabolique n'existerait pas, ce serait seulement ,,une appro- che utile pour la pratique quotidienne,,. D'au- tant que I'OMS lui donne une autre definition : diabete de type 2 ou resistance & I'insuline et deux au moins des facteurs de risque suivants: rapport taille-hanche 61eve, hypertriglyc6ride- mie ou HDL bas, HTA, hyper-albuminurie. II existe d'autres definitions ! Pour I'ADA, ,,en cons6quence tes etudes mon- trant une correlation entre une association de ces facteurs et le risque de developper une maladie cardiovasculaire sont hautement inexis- tantes. Le fait que plusieurs definitions entrent en conflit implique qu'il n'y a pas d'evidence claire sur ce qu'on dolt ou non y inclure,,. Comme depuis pres de 20 ans on se contente de constater ragregation de facteurs de risque, il suffit de les traiter comme tels. On sait faire depuis Iongtemps, on salt m6me les pr6venir. Pour I'EASD, ,, il n'y a pas d'association de fac- teurs de risque qui augmente le risque d'un sujet au-del& de la somme des constituants (du syndrome) ou constitue une maladie pro- pre,,. Ce que traduit un vieux slogan de la Fede- ration frangaise de cardiologie : les facteurs de risque ne s'additionnent pas, ils se multi- plient. C'est la synergie. Bref, vouloir soigner un syndrome metabolique pourrait emp6cher un traitement adequat, esti- ment diabetologues americains et europeens. II semble plus Iogique, & la decouverte'd'un facteur de risque cardiovasculaire, de recher- cher la presence d'un ou plusieurs autres connus pour 6tre souvent associes chez un diabetique potentiel. Et traiter facteur par fac- teur: medicament(s) et hygieno-dietetique. Cette remise en cause du syndrome a ses oppo- sants. La controverse ne fait que debuter ! J.-M. M. 8 RevueFrancophone des Laboratoires, novembre 2005, N ° 376

Contesté: le syndrome métabolique, tueur silencieux?

  • Upload
    j-mm

  • View
    214

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Contesté: le syndrome métabolique, tueur silencieux?

Contest : ie svn t u e u , o o' si eHcie

e 6tabo ique,

Tel ~ta# le titre d'une r~cente rencontre consacr~e par un des g~ants de I'agro-alimentaire cette curiosit~ bio-clinique, d'abord surnomm~e syndrome X par son inventeur,

Gerald Reaven (1988): impossible de trouver un nom plus court r~sumant cette agr~gation de facteurs de risque chez rimp~trant diab~tique.

C e syndrome, sorte d'antichambre du dia- b6te de type 2, reunit chez le meme indi-

vidu obesite surtout abdominale (tour de taille predictif), hypertension arterielle (HTA), cho- lesterol total eleve avec LDL eleve et HDL bas,

hypertriglycerid6mie, sedentarite manifeste, et

une IGT, nouveau vocable signifiant impaired glucose tolerance, mauvaise tolerance au glu-

cose, mieux qualifie de resistance & I'insuline

(avec hyperinsulinemie reactionnelle) et gly- cemie souvent etevee et limite.

Un syndrome n'est pas une maladie Or I'entit6 syndrome metabolique est remise

en cause, de fa~on consensuelle, dans une declaration commune de I'American diabetes

association (ADA) pour l'Amerique du Nord et

de la European association for the study of

diabetes (EASD) pour I'Europe, publiee en

septembre par Diabetes Care (ADA) et Diabe- tologia (EASD). Elle soutient que le syndrome

metabolique, considere par certains comme

pr6dict i f de compl icat ions cardio-cerebro ~

.vasculaires, est pauvrement defini, utilis6 de

fagon inappropriee et necessite davantage d'e- tudes pour comprendre si et comment il dolt

6tre traite, en tant que tel en tout cas.

Pour r6sumer, il n'y a pas une pilule anti-syndrome

metabolique ! Traiter, c'est fagon de parler : ce

n'est pas une maladie, ne doit pas 6tre defini

et traite comme telle, il ne doit pas 6tre consi-

dere comme un diagnostic. Le faire serait faire

croire aux patients qu'ils ont une maladie unique, & traitement unique. Ce qu'ils ont en r6alite,

ce sont plusieurs facteurs de risque associes,

presentant chacun un risque pour le systeme vasculaire (cardio et cerebro), un risque syner-

gique.

Controverse II y a donc controverse sur I'existence m~me

du syndrome et le risque qu'il porte. Est-il un risque & lui tout seul superieur & ses compo-

sants, est-ce seulement une association de

facteurs de risque en relation avec I'obesite

abdominale ? Pire: le syndrome metabolique

n'existerait pas, ce serait seulement ,,une appro-

che utile pour la pratique quotidienne,,. D'au-

tant que I'OMS lui donne une autre definition :

diabete de type 2 ou resistance & I'insuline et deux au moins des facteurs de risque suivants:

rapport taille-hanche 61eve, hypertriglyc6ride-

mie ou HDL bas, HTA, hyper-albuminurie. II

existe d'autres definitions !

Pour I'ADA, ,,en cons6quence tes etudes mon-

trant une correlation entre une association de

ces facteurs et le risque de developper une

maladie cardiovasculaire sont hautement inexis-

tantes. Le fait que plusieurs definitions entrent en conflit implique qu'il n'y a pas d'evidence

claire sur ce qu'on dolt ou non y inclure,,.

Comme depuis pres de 20 ans on se contente

de constater ragregation de facteurs de risque,

il suffit de les traiter comme tels. On sait faire

depuis Iongtemps, on salt m6me les pr6venir.

Pour I'EASD, ,, il n'y a pas d'association de fac-

teurs de risque qui augmente le risque d'un

sujet au-del& de la somme des constituants (du syndrome) ou constitue une maladie pro-

pre,,. Ce que traduit un vieux slogan de la Fede-

ration frangaise de cardiologie : les facteurs

de risque ne s'additionnent pas, ils se multi- plient. C'est la synergie.

Bref, vouloir soigner un syndrome metabolique

pourrait emp6cher un traitement adequat, esti- ment diabetologues americains et europeens.

II semble plus Iogique, & la decouverte'd'un

facteur de risque cardiovasculaire, de recher- cher la presence d'un ou plusieurs autres

connus pour 6tre souvent associes chez un diabetique potentiel. Et traiter facteur par fac-

teur: medicament(s) et hygieno-dietetique.

Cette remise en cause du syndrome a ses oppo-

sants. La controverse ne fait que debuter !

J.-M. M.

8 Revue Francophone des Laboratoires, novembre 2005, N ° 376