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CONTROVERSES 14

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Controverses' issue 14

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U N M O I S D ’ O P I N I O N S

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Fin du Monde, j’écris ton nom.

« Ce sera pour le 21 décembre 2012 », nous prédisent les Oracles. C’est très bien. A ce titre, l’équipe de Controverses se joint à moi pour vous souhaiter une très belle année, d’autant plus si c’est la dernière. Mais la fin du Monde n’est vraiment pas le risque le plus important en 2012. Petit aperçu de tout ce qui pourrait nous arriver de pire cette année : Nicolas Sarkozy réélu Président de la République, Barack Obama battu à l’élection de novembre, Philippe Val Président de France Télévision, Benoit XVI continuant à considérer le préservatif comme un péché, Frédéric Mitterrand restant ministre de la culture, continuer d’entendre parler de l’affaire DSK, les restos du cœur qui jettent l’éponge, atteindre le plus fort taux de chômage depuis 12 ans (… ah, c’est bon, c’est fait.), les armes légères qui continuent de proliférer, BHL qui continue à faire le sot en Libye, ou pire une non-victoire (car je ne puis me résoudre à écrire « déf**te ») aixoise au Saint Crit… Pour ce premier numéro de l’année, Controverses éclaircit les horizons politiques et sportifs à travers deux dossiers spéciaux sur les Présidentielles et sur les échéances sportives majeures de cette année. Si le dossier Présidentielles ne comprend pas tous les partis présidentiables, tel que nous le souhaitions, c’est indépendant de notre volonté et les personnes que nous avons contactées pour répondre à nos questions ont refusé. Ce rejet constitue pour moi une réponse toute aussi éloquente que celles qui nous ont été fournies pour les autres partis. Le CPX, au lendemain de l’organisation de son concours d’éloquence, nous livre un regard croisé sur l’Euro, en attendant la venue à l’IEP d’Aix-en-Provence de Nicolas Dupont-Aignan. Retrouvez également les résultats des prix Controverses de l’année 2011 pour lesquels vous avez pu voter et encore d’autres articles culture, société ou politique. Nouveauté du côté de la mise en page que vous aurez sûrement remarquée puisque vous lisez cet édito qui en bénéficie et ne se retrouve plus coincé dans un tout petit coin de page. Concernant le dernier article, préparez-vous à des manifestations hautes en couleur au sein de l’iep dans les semaines à venir… Bonne lecture !

Lydia Belmekki

Le comité rédactionnel tient à remercier tout particulièrement M. Christian Duval, M. Daniel Van Eeuwen, Melle Patricia Rigaud, M. Antoine Carmona et Melle Noëlline Souris.

Directeur de publication : Christian Duval

COMITé RéDACTIONNEL:

Lydia Belmekki, Marylise Mahé, Cédric Capliez, Nicolas Corniou, Jean-Baptiste Viallet, Pauline Febvey , Marie Roulhac de Rochebrune, Manon Courbière, Charlotte Méritan, François Champavère, Elise Koutnouyan, Marine Purson, Mathieu Ledru, Léo Caravagna, Christopher Falzon, Cécile Gauthier, Mathilde Tête, Marianne Daval.

RéDACTEuRs :

Le CPX, Lydia Belmekki, Cédric Capliez, Christopher Falzon, Damien Zavrsnik, Mathieu Ledru, Narock, Antoine Baudino, Benjamin Huet, Elies Berkani, Robin Gonalons, Marc-Antoine Moreau, Léo Caravagna, Le Défi de l’Express.

ILLusTRATEuRs :

Marc Burger, Camille Baudoin, Julia Lefebvre, Benjamin Huet, Juliette Davodeau.

Merci à tous nos rédacteurs ! N’hésitez pas à nous envoyer vos articles sur vos sujets favoris, et/ou à réagir à ceux que vous allez lire !

[email protected]

Le contenu de cette parution n’est soumis à aucune censure, il suppose que les rédacteurs respectent les principes fondamentaux de la presse. La diffamation ne peut y avoir sa place et les droits de réponse peuvent être légitimement admis.

Professeur Christian Duval,Directeur de la publication

L’actualité vue par Marc Burger.

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U N M O I S D ’ O P I N I O N S

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sommaire :Un mois d’opinions p.2

> TRIBUNE DU CPXRegard croisé sur l’euro p.4

> POLITIQUE : DOSSIER SPéCIAL PRéSIDENTIELLESRésultat des Prix Controverses 2011 p.5Voter UMP p.6Voter PS p.7Voter Front de Gauche p.8Voter EELV p.9Voter MoDem p.10Retour sur les primaires socialistes p.11 “Pourquoi je voterai blanc” p.12

> SPORT : CE QU’ON ATTEND DE 2012London is getting ready p.13Football : Cap à l’est ! p.15

> LA FIN DU MONDE2012, année terrible p.16

> CULTUREMochefi el relil p.17

“Mourir pour des idées, mais de mort lente.” Georges Brassens p.19

> ACTUALITéDevenir Albert Camus p.20

Les 10 buzz du mois :

L’arrivée de Free sur le marché de la téléphonie mobile

La perte du triple A en France

La disparition de Megavideo / Megaupload

Le succès de Jean Dujardin aux Golden Globes

Le relèvement de la TVA à 7%

La mort de quatre soldats en Afghanistan

La suppression de l’épreuve de Culture Générale au concours de Sciences Po Paris

2012 : l’année du dragon

« En cas d’échec à l’élection présidentielle, j’arrête la politique. » Nicolas Sarkozy

La sortie au cinéma des Nouveaux Chiens de Gardes

Ce mois-ci sur le site :www.controverses-iepaix.fr

Retrouvez bientôt la suite de cet article en Légitime Défonce de l’article « Le sexe quel malheur ! » de Robin Gonalons paru dans le numéro 13.

Une réponse très intelligente et tout à fait sourcée à un article qui suintait de bêtise. On peut regretter que vous ne cherchiez que les « motivations psychologiques » à une prise de position : une position c’est avant tout assumer une idée et aller jusqu’au bout de cette logique.

Extrait d’un commentaire sur l’article “Combattre l’infâme” de E.L.

Retrouvez également :

- Combattre L’infâme de E.L. une Légitime Défonce à l’article La Victimocratie, quand la faiblesse devient une force d’Alexis Lecomte :

Il n’y a pas plus grave et dangereuse erreur de l’esprit que de confondre la cause et les effets. Reprocherait-on à un juif l’antisémitisme d’un hitlérien, à Laurent de Villiers les abus sexuels de son frère, aux femmes la domination masculine et le patriarcat; bref à la victime d’être la cible d’un persécuteur, avant même de mettre en cause le buveur de sang ?

- La Délicatesse de Charlotte Méritan- Un article sur le concours d’éloquence du CPX- Tim Burton de Lucie GuillemotEt pleins d’autres...

« La simulation, absolument contre-productive » nous dit Gonalons. Mais pour qui parle-t-il ? Au nom de quelle idée ? C’est ce diktat de la bien-pensante sexuelle qu’il faut fuir, et voici qu’il le consacre ! Car il n’y a pas de productivité sexuelle. On ne fait pas l’amour à la chaîne. (Enchaîné bien sûr cela arrive. Mais c’est affaire de mœurs.)

Prochainement les articles du numéro 13 seront en ligne.

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T R I B U N E D U C P X

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Euro, Europe : la solution est fédéraleEn tant que citoyen français et européen, la fin de l’euro signifierait pour moi la fin de l’Europe, ou, en tous cas, le plus gros recul politique de l’Union européenne depuis sa création.

La question de la monnaie unique n’est pas seulement économique. Elle est aussi et surtout politique. Voulons-nous construire l’Europe ensemble? Préférons-nous plutôt nous séparer et poursuivre notre chemin chacun de notre côté en renonçant, à terme, à la puissance d’une Europe unie ? Aujourd’hui, l’échelle européenne est la mieux à même de nous donner ce poids démographique, économique et surtout politique.L’euro n’est pas seulement un outil économique en difficulté. Il est un objet politique qui fait désormais partie des fondements de l’Union européenne. Associé au poids européen en matière économique, démographique et politique (que l’Europe peut développer), cet objet politique est une chance. Une chance de renouveau et de changement au sein du “vieux continent”. Parce que l’euro représente la volonté commune de dix-sept pays de travailler ensemble pour un objectif qui doit être commun. Et quel poids auraient des pays séparés dans un monde globalisé, où l’intérêt de chacun mettrait à bas l’intérêt général européen et tout espoir de prospérité? Comment

s’en sortiraient les États reprenant leurs monnaies nationales? Entraînant la pire récession jamais enregistrée, une sortie de la zone euro déclencherait une augmentation exponentielle de la dette qui, elle, ne changerait pas de devise.

“Si la réduction des déficits publics est une nécessité, ce n’est pas par la rigueur stupide qu’elle doit se faire”

Les problèmes de l’euro ne peuvent être réglés par le seul couple franco-allemand, et les leaders économiques européens ne devraient pouvoir présenter de mauvais diagnostics, ni imposer de mauvaises solutions. Si la réduction des déficits publics est une nécessité, ce n’est pas par la rigueur stupide qu’elle doit se faire. En effet, l’austérité plombe la consommation, ce qui ralentit la croissance voire mène à la récession. Cette dernière augmente à son tour la dette, générant une dépréciation encore plus grande de l’euro.

“Permettre l’émergence d’une Europe générale”

La question de l’euro est profondément idéologique et politique. Elle nécessite un changement de fond dans l’action européenne, la démocratisation des institutions de l’Union, une Europe au service des peuples et non plus au service d’un système devenu fou. Ce changement doit advenir et permettre l’émergence d’une Europe fédérale. En 2012, l’espoir européen doit faire en sorte de construire cette nouvelle Europe.

Mathieu Vaas

L’Euro : une défaite prévisible

Dès sa conception, l’euro était voué à la mort. Car l’euro est une maison mal construite, sur des fondations pourries, en zone inondable.Emmanuel Todd le disait : « Avec l euro fou, les Européens utilisent leur puissance pour se torturer ! ». Monnaie bien trop chère, l’euro fait fuir nos industriels qui délocalisent aux États-Unis, en Europe de l’Est ou en Chine. De surcroît, la BCE fait preuve d’un monétarisme absurde: elle a relevé les taux d’intérêt au printemps 2011 comme elle l’avait fait à l’été 2008 , alors que toutes les autres banques centrales pratiquaient des politiques plus accommodantes et appropriées à la situation actuelle. Enfin, l’article 123 du traité de Lisbonne l’empêche de monétiser. Cela aurait permis de maintenir à flot les pays, comme la Grèce, durement touchés par la crise.

“Que l’on aille pas nous faire croire [...] que l’euro nous protège!”

Ensuite, l’euro est construit avec des fondations pourries sur une zone inondable car l’Europe est soumise au libre-échange, ainsi qu’aux soubresauts de l’économie. Alors que nous importons de Chine ou de Corée, nos produits ne sont pas en retour achetés par ces pays qui, eux, font du protectionnisme. De plus, nous sommes vulnérables à toutes les crises financières, à défaut de barrières douanières nous protégeant. Des barrières qui auraient atténué l’impact de la crise américaine des subprimes. Or, nous avons subi une crise aussi dure que celle que les Etats-Unis traversent. Que l’on n’aille pas nous faire croire après cela que l’euro nous protège ! A-t-on déjà vu dans l’Histoire une zone monétaire

regroupant plusieurs pays ? Non. L’union monétaire est une construction baroque et pleine de dysfonctionnements. Dans la théorie économique, pour partager une même monnaie, il faut avoir une mobilité des travailleurs, un budget commun et une convergence économique de la zone. La zone euro ne rassemble aucun des trois critères. Au lieu de favoriser la convergence, l’euro accentue les disparités régionales: l’Allemagne attire toute l’industrie et ne laisse rien à la périphérie.La question de l’euro n’est pas idéologique, c’est une question de bon sens que les “euro-béats” qui nous gouvernent ne comprennent pas. En 2012, la parole nous sera donnée et nous devrons faire en sorte que cette monnaie soit euthanasiée pour que les peuples puissent enfin respirer.

Les plans de sauvetages se succèdent et échouent tous. Combien de temps faudra-t-il aux politiques pour se rendre compte que cette monnaie n’est qu’un mourant que l’on a branché à des machines pour être maintenu en vie?

Rémy Durrieu de Madron

Source : libertaland.com

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Résultats des Prix Controverses 2011

Merci à tous ceux qui ont pris le temps de voter ; élèves, professeurs et personnel de l’IEP.

5Léo Caravagna

Les résultats ont parfois été inattendus, voire surprenants en ce qui concerne les suggestions, mais c’est une bonne chose : la liberté d’expression est primordiale pour un journal d’opinions. Cela permet aussi d’aborder l’actualité différemment, et c’est bien le but de ces prix : créer le débat sous un angle inhabituel, adopter du second degré et, surtout, rire un peu.

L’homme ou la femme politique français(e) qui aime le plus les Etats-Unis :

> Christine Lagarde> Nicolas Sarkozy> Charles De Gaulle > DSK (57,8%)

L’improbable candidature dont tout le monde se fout, et puis, de toutes façons, c’est même pas sûr qu’il ait les 500 signatures :

> Eric Cantona> Jean-Pierre Chevènement > Frédéric Nihous > Maxime Verner (37,7%)

Le pays qui est dans la mouise pour l’année à venir :

> Palestine > Italie > Japon (aucune voix pour ce dernier) > Grèce (66,7%) À noter : la France, qui n’était pas proposée, a remporté 11,4% des voix.

L’homme ou de la femme politique qui aime le plus les journalistes :

> DSK> Nicolas Sarkozy> Jean-Luc Mélenchon (68,2%)

Le despote regretté de l’année :

> Mouammar Kadhafi> Zine el-Abidine Ben Ali (aucune voix, le pauvre)> Hosni Moubarak> Kim Jong-il (70,8%)Les révoltes ignorées :

> Jordanie > Syrie > Yémen > Chine (46,7%)Le Bahreïn, non-proposé, a remporté 12% des voix.

La marionnette des “Guignols de l’info” la plus ridicule :

> François Hollande > François Bayrou > Nadine Morano (51,5%)

Monsieur ou madame Immigration :

> Marine Le Pen > Nicolas Sarkozy > Eva Joly > Claude Guéant (74,2%)

La bêtise de l’année :

> Rachida Dati (la fellation au lieu de l’inflation) > Cécile Duflot (l’allocation universelle) > Christian Estrosi (“La nuit, il n’ y a pas de soleil”)(52,3%)

Le pays le plus démocratique de l’année :

> Russie > Iran > Chine > Corée du Nord (48,5%)

La France, qui n’était pas proposée, a quand même remporté 4,5% des voix.

Caricature : Marc Burger

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« Je serai le Président de tous les Français »

Interview d’Alexis Mouyren, Délégué Jeune UMP de la 3e circonscription de Paris à propos du programme UMP.

Quel bilan pour le mandat de Nicolas Sarkozy, selon vous ? Promesses tenues pour le Président du pouvoir d’achat ?

Nicolas Sarkozy a engagé des réformes historiques et structurelles, qui préparent et arment notre pays pour affronter l’avenir. La réforme des retraites a préservé notre modèle social, et montré que la France était encore un pays réformable. Sur la scène internationale, la présidence française de l’U-E a été reconnue unanimement, et l’intervention en Libye, sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy, a contribué à la chute de Mouammar Kadhafi.Ces cinq années auront été dominées par une crise sans précédent, la plus grave depuis 1929. Personne n’était en mesure de la prévoir en mai 2007. Personne, ni la droite, ni la gauche ! Les programmes étaient bâtis sur des schémas économiques qui furent complètement remis en cause dès les premières ondes de choc de la crise en Europe. Néanmoins, les heures supplémentaires, la suppression de la taxe professionnelle, la révision générale des politiques publiques permirent à notre économie de redémarrer plus vite que celles de nos voisins européens.

Que propose l’UMP pour sortir de la crise ?

L’UMP, pour sortir de la crise, souhaite que les réformes de structure qui ont été engagées depuis cinq ans se poursuivent. Nous sommes dans la bonne direction et nous devons persévérer !

Faut-il sortir des 35h ? Pourquoi et surtout comment ?

Les 35h furent une catastrophe économique pour la France. En parler au passé est de rigueur. Elles ont en effet perdu de leur substance depuis la mise en place des heures supplémentaires…

Que pensez-vous de la proposition de François Hollande consistant à créer 60 000 postes dans l’Education Nationale ? Que propose l’UMP dans le domaine de l’éducation ?

Il veut « ré-enchanter le rêve français ». Quitte à faire de la démagogie, autant ne pas faire les choses à moitié ! Je crois que cette proposition, complètement surréaliste compte tenu de l’état de nos finances publiques, est révélatrice

du degré d’inconscience de François Hollande en cette période de crise. Le parti socialiste prépare un programme irréalisable, non chiffré…toujours plus de dépenses, toujours plus d’impôts: voilà leur leitmotiv ! Dans le domaine de l’éducation, le projet de l’UMP se concentre sur trois grands axes radicalement opposés à la logique du «toujours plus de moyens» du parti socialiste. La maîtrise des savoirs fondamentaux doit être la priorité absolue à l’école primaire. La personnalisation de l’enseignement dans le secondaire est essentielle pour tirer parti de chaque potentialité. Cela suppose évidemment une sortie progressive du collège unique. Enfin, accroître l’autonomie des établissements scolaires pour que l’école soit la plus efficace possible, et que les projets pédagogiques soient mieux adaptés à la réalité du terrain.

Que pensez-vous de la primaire socialiste ? Une primaire UMP est-elle concevable ?

L’idée est novatrice, et cette opération fut une réussite pour le parti socialiste. De notre côté, à l’UMP, nous n’avons pas ce problème de leadership pour 2012, car nous souhaitons tous que Nicolas Sarkozy soit réélu. Néanmoins, en 2017, la question d’une primaire au sein de l’UMP pourrait être posée.

Propos recueillis par Lydia Belmekki

Pourquoi voter UMP ? Pourquoi voter pour Nicolas Sarkozy vous voulez dire ?! Parce qu’il faut absolument continuer les réformes courageuses engagées depuis cinq ans ! Ne nous laissons pas berner par un candidat qui fait de l’antisarkozysme primaire un programme présidentiel.

Source : Les Guignols de l’Info

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L’avenir c’est la jeunesse

Interview de Kieran Zago, ex-membre de l’équipe de campagne d’Axelle Lemaire, candidate PS pour les législatives de 3e circonscription des Français de l’étranger, au sujet du programme du PS.

P e n s e z -vous que la p r i m a i r e

citoyenne du PS fut un succès / un échec ? Pour quelles raisons ? Ce genre de primaire peut-il s’étendre à d’autres partis ?

Les primaires citoyennes organisées par le Parti Socialiste et le Parti Radical de Gauche furent une idée nouvelle dans notre pays, parce qu’elles étaient ouvertes à tous. Expérimenter un nouveau concept, c’est prendre des risques. Mais c’est aussi la promesse d’une plus belle victoire en cas de succès. Un mois avant le premier tour des primaires citoyennes, Martine Aubry espérait la participation d’un million d’électeurs. Cette procédure démocratique a réuni plus de trois millions de personnes. Nous aurions même pu enregistrer une plus grande participation au regard du nombre de personnes qui, n’étant pas inscrites sur les listes électorales au 31 Décembre 2010, furent dans l’obligation de faire demi-tour. Tandis qu’à l’UMP, Nicolas Sarkozy a été désigné dans son bureau à l’Elysée : Nicolas vote Sarkozy.Recourir à un processus démocratique se concrétise par un succès inéluctable.Étendre ce procédé aux autres partis ? Pourquoi pas. Les bonnes idées se partagent.

Quelles sont les qualités de François Hollande en tant que candidat à l’élection ?

Pendant ses 11 ans à la tête du Parti Socialiste, il a participé à la

grande majorité des décisions prises par le gouvernement de Lionel Jospin de 1997 à 2002. Cela fait aussi presque quinze années qu’il exerce la fonction de député. Tout député propose des lois, les débat et les vote. Par conséquent, il a un rôle déterminant dans la vie politique française. François Hollande sait comment tourne la machine, cela fait 15 ans qu’il en est le mécanicien.

Pensez vous que la tant médiatisée «affaire DSK» aura un impact sur les élections présidentielles ?

Depuis ce fameux mois de mai 2011, les déboires de DSK avec la justice n’ont toujours concerné que lui et lui seul. Il s’est écarté volontairement du Parti Socialiste afin que l’on ne soit pas tenté d’assimiler trop facilement affaires d’adultère et Parti Socialiste. Depuis, les gens ont tiré un trait sur tout ça.

Si François Hollande est élu, comptez-vous faire une réforme pour rétablir la retraite à 60 ans ?

Le projet socialiste prévoyait de rétablir l’âge légal de la retraite à 60 ans « qui permettra à ceux qui ont commencé à travailler tôt ou exercé des métiers pénibles de pouvoir partir au même âge », et l’âge de départ sans décote

à 65 ans. En décembre, Monsieur Hollande a confié au micro de RTL vouloir maintenir le départ à 60 ans pour les métiers pénibles ou les personnes ayant commencé à travailler tôt. Mais il a ajouté que le départ avec décote ne serait pas possible avant 62 ans, tandis qu’il avait affirmé lors du débat de l’entre-deux-tours des primaires que le départ à 60 ans avec décote serait possible. Ce serait mentir que de ne pas reconnaître que cette question divise au sein du PS. Nous attendons plus de précisions. Personnellement, je suis favorable à une retraite possible pour tous à partir de 60 ans. Rendez-vous le 22 janvier au Bourget.

Y a-t-il, selon vous, des raisons de craindre un nouveau 21 avril 2002 ?

Si Marine Le Pen doit être au second tour, ce sera contre le PS cette fois-ci. Mais je ne pense pas qu’il faut parler de crainte. Les sondages donnent à Marine Le Pen 20% des voix au premier tour. Ce n’est pas rien. Ce n’est pas contre Madame Le Pen qu’il faut s’en prendre, mais contre nous-mêmes. Pourquoi la gauche a-t-elle perdu une partie de l’électorat ouvrier ? C’est la question qu’il faut se poser et à laquelle il est nécessaire d’apporter une solution.

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Propos recueillis par Lydia Belmekki

Pourquoi voter PS ? François Hollande a compris que l’avenir se trouve dans la jeunesse. Pour une jeunesse consciente et responsable, il faut une jeunesse instruite. Et c’est justement ce que prévoit notre candidat en proposant un plan pluriannuel sur cinq ans permettant l’embauche de 60 000 professionnels de l’enseignement. Or, aujourd’hui, nous avons moins de professeurs, donc des classes surchargées et des élèves en grande difficulté délaissés.Le gouvernement se contente de belles paroles sur l’état social de la France. « N’ayant pas la force d’agir, ils dissertent » disait J. Jaurès. Nous agirons.

Image : lexpress.fr

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L’humain d’abordInterview d’Antoine Lupera, membre de l’exécutif de la section PCF pays d’Aix et responsable de la cellule de l’IEP de UEC.

Votre opposition au traité de Lisbonne et au pacte de stabilité et de croissance est connue. Si les autres Etats continuaient d’y adhérer (en menant des politiques d’austérité), envisagez-vous de quitter l’UE ?

Nous ne sommes pas anti-européens, mais rejetons l’Europe actuelle. Il faut sortir de cette « Europe de la finance » antidémocratique. Après avoir proposé un nouveau traité par référendum aux peuples européens, nous refonderons la BCE en lui donnant de nouveaux statuts et de nouvelles missions (et plus uniquement la lutte contre l’inflation). La décision doit nécessairement se faire par référendum. Il serait actuellement impossible de quitter l’Union européenne et là n’est pas notre objectif. Le propos de notre programme, ce n’est pas opposer, mais construire.

Quels sont les défauts de la Ve République et en quoi consisterait la VIe République ?

Nous considérons que la Ve République est une République présidentialiste qui, aujourd’hui, consiste à présenter aux Français une confrontation électorale tous les 5 ans. Cette confrontation électorale là ne présente pas d’intérêt à nos yeux car elle ne propose pas vraiment de diversité et s’appuie sur des personnages et des caractères. Nous, ce que nous voulons, c’est mettre l’humain d’abord.

Construire une véritable démocratie. La VIe République serait une République parlementaire, sociale et participative. Ce serait une République qui propose des mécanismes d’action et de contrôle pour les citoyens. Y compris un contrôle éthique des médias. Pour éviter que la plupart des médias dominants soient soumis au mainstream. Ce serait également une République laïque dans laquelle serait renouvelée la loi de 1905.

En quoi consiste la « République participative » ? Considérez-vous que la loi de la majorité est infaillible ?

Il s’agit d’impliquer davantage les citoyens dans le processus démocratique. Au niveau des élections d’abord, le passage à un scrutin proportionnel s’impose, au même titre que la reconnaissance du droit de vote des étrangers (selon le principe de citoyenneté résidentielle). Mais également dans le monde du travail. La « citoyenneté d’entreprise » fixerait des consultations obligatoires du personnel avant la prise de décision. Ce qui est au centre, c’est le peuple et l’humain.Cette démocratie participative repose essentiellement sur le référendum. Son utilisation doit être démultipliée pour les sujets importants. Il ne faut pas craindre cette consultation populaire, mais en accepter les résultats. Enfin, nous proposons la création d’une nouvelle instance de contrôle de constitutionnalité, remplaçant le Conseil constitutionnel et dont la saisine pourrait se faire par les citoyens. En somme, le projet de VIème République vise à instaurer une citoyenneté réelle, sociale, participative et humaine.

Vous refusez les politiques sécuritaires soutenues par la droite. Quelles alternatives proposez-vous?

Nous croyons au trio : prévention – dissuasion – sanction. Nous sommes contre la vidéosurveillance ou le fichage quasi-généralisé. Nous voulons aussi redonner de réels moyens à la police, notamment en recrutant de façon phénoménale, et faire de la police un vrai service public qui servira le territoire de manière égale. Nous tenons à quitter la logique de rationalité qui gouverne, en fonction de statistiques, la gestion des équipes de police aujourd’hui. Nous

voulons aussi une facilitation de l’aide juridictionnelle, ce qu’on appelle communément l’avocat commis d’office, pour que chacun puisse être représenté quelle que soit sa situation financière. Nous voulons aussi avoir un réel plan d’humanisation du système carcéral qui, aujourd’hui, est en déliquescence.

Dans votre programme, vous exigez la reconnaissance de l’Etat palestinien. Comment y parvenir compte tenu de l’opposition des Etats-Unis ?

Nous sommes opposés à toute forme de colonisation, y compris à celle-ci. La création d’un Etat palestinien ayant pour capitale Jérusalem-Est respecterait le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le principe démocratique. Il faut toutefois être réaliste : la France ne peut obliger qui que ce soit à reconnaître la Palestine. Mais il faut un changement radical de notre politique étrangère et adopter une position très tranchée sur le sujet. En persévérant, nous réussirons probablement à convaincre les Etats-Unis et les pays membres de l’ONU.

Propos recueillis par Lydia Belmekki et

Christopher Falzon

Pourquoi voter Front de Gauche ? Tout simplement : l’humain d’abord. C’est notre slogan et nous l’avons choisi à raison. Nous défendons fermement l’idéal démocratique. Nous souhaitons le changement. Nous voulons donner à la France la possibilité d’avancer vers un vrai progrès. Un progrès économique, un progrès social et un progrès démocratique. Nous soutenons également que, les élections présidentielles et les élections législatives doivent présenter un même programme. Il est temps de défendre non plus un homme mais un programme, dans une véritable optique démocratique.

Image : pcf.fr

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P O L I T I Q U E : D O S S I E R S P E C I A L P R E S I D E N T I E L L E S

Osons l’avenir !Nous sommes en 1932. Il y a trois ans, le krach de Wall Street a précipité dans l’abîme l’économie mondiale. Le règne de l’argent facile se termine en panique des investisseurs, des millions de gens perdent leur emploi.

Aux États-Unis (d’où la crise est partie), le président Hoover se cramponne à son dogmatisme libéral et se lance, aveugle, dans l’entreprise suicidaire d’équilibrer les comptes publics. La crise se propage rapidement en Europe. L’Allemagne encore convalescente est touchée de plein fouet. Les États se replient sur eux-mêmes et s’enfoncent dans la récession. En janvier 1933, Adolf Hitler accède au pouvoir. Cette histoire n’a rien d’un mauvais film de science-fiction que l’on visionnerait pour la énième fois. Elle est une vérité historique mais aussi notre responsabilité car, vous l’aurez remarqué, le scénario ressemble à s’y méprendre à celui de la crise actuelle. Bien sûr, l’Histoire ne repasse pas les plats, mais remarquons tout de même une impression générale dans l’air du temps, nous sommes à la croisée des chemins.

“Les dernières décennies ont vu la démission du politique face à l’économie”

Or, au carrefour des crises toujours plus graves qui s’accumulent, il faudra choisir. Les dernières décennies ont vu la démission du politique face à l’économie, l’explosion des inégalités, l’augmentation de la pauvreté et l’épuisement de l’écosystème planétaire. La course à la croissance infinie ou à l’austérité suivent une logique mortifère. Seul un projet de

civilisation, ambitieux et sincère, est à même d’insuffler un réel changement. Cette ambition, c’est celle de l’écologie politique. L’enjeu premier est de remettre l’humain au cœur des choix collectifs. Améliorer l’environnement de chacun, mettre l’économie au service de l’homme (et non l’inverse), donner à chacun sa place dans une démocratie forte et vivante sont autant de priorités pour bâtir une société écologiste. Le chemin vers une société du vivre mieux ensemble sans entamer les droits des générations futures est semé de conservatismes et d’intérêts personnels. Nous ne pourrons y parvenir qu’en réhabilitant la volonté politique.

“Il faut reconvertir au plus vite notre modèle de développement vers un système plus sobre et durable”

Cette volonté s’incarne d’abord dans la rupture avec la dépendance aux énergies fossiles et nucléaire. Alors que le réchauffement climatique menace l’humanité des plus graves déséquilibres et que les ressources naturelles s’épuisent déjà, il faut reconvertir au plus vite notre modèle de développement vers un système plus sobre et durable. Dans cette équation, le nucléaire n’est pas une solution. Au contraire, Fukushima nous donne l’obligation morale de sortir du nucléaire, énergie fossile, dangereuse et irresponsable tant pour le démantèlement des centrales que pour la gestion des déchets. Les écologistes organiseront donc la sortie du nucléaire d’ici 2031 avec un plan massif de transition énergétique basé sur le tryptique économies d’énergies - efficacité énergétique - énergies renouvelables. La mutation énergétique et la sortie du nucléaire sont le levier de la conversion écologique de l’économie. La réorientation des investissements et de la recherche sur des activités écologiquement soutenables devra créer un million d’emplois verts non délocalisables. Il s’agira de relocaliser l’économie en privilégiant les circuits courts et en soutenant les PME innovantes mais aussi de mettre en œuvre une industrie écologique.

“Les écologistes mettront en oeuvre une VIe République”

L’autre grand chantier sera de rendre plus vivante la démocratie. Pour mettre un terme à la dérive du président monarque et à la confusion des pouvoirs de la Vème République, les écologistes mettront en œuvre une VIème République parlementaire. Nous avons besoin d’un nouveau souffle démocratique qui passera par la consécration du pluralisme démocratique avec l’instauration de la proportionnelle et l’interdiction du cumul des mandats. Mais l’essentiel de ce vaste programme est bien l’esprit qui l’anime, celui de la justice. Justice sociale avec le droit de partir à la retraite à 60 ans, l’instauration d’un revenu maximal ou la mise en place d’une allocation d’autonomie pour les jeunes. Justice environnementale avec une taxe sur les comportements peu vertueux, un plan d’isolation des bâtiments pour réduire la facture énergétique des foyers les plus modestes. Justice démocratique enfin, avec la reprise en main de la finance et l’égalité effective des droits pour tous qui, entre autres, légalisera le mariage homosexuel et reconnaîtra le droit de vote des étrangers. Toutefois, tous les programmes possibles ne résumeront jamais aussi bien les positions écologistes que la personnalité de leur candidate, Éva Joly. Fille d’une famille modeste, elle a quitté son pays et choisi la France. Elle a passé sa vie au service de la justice française, démantelant le plus grand scandale de corruption de la République avec l’affaire Elf. Femme intègre, capable de s’opposer aux puissants, Éva Joly n’est pas qu’une candidate écologiste. Elle est le symbole cette France généreuse, accueillante, riche de ses cultures et de ses valeurs, en un mot, républicaine.

9Damien Zavrsnik

Pourquoi voter EELV ? Face à la montée des nationalismes et à la soumission du politique, Eva Joly incarne un horizon d’espoir. Il faudra bientôt choisir. Nous sommes en 1932.

Caricature : Camille Baudoin

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Un Président de la République, c’est avant tout une personnalitéInterview de Dorian Hispa, Président des Jeunes Modem des Bouches du Rhône.

Selon vous, quelle est la qualité essentielle pour être un bon président de la République ?

Un président de la République c’est avant tout une personnalité. Un homme sincère, à l’écoute des Français, mais surtout au-dessus des partis, qui rejette l’idée même des clans et des arrangements d’appareil. En somme, tout ce que n’a pas été notre président actuel.C’est aussi quelqu’un qui sait s’imposer dans les discussions, et trancher quand il le faut. Je ne vois pas Hollande, qui se fait braquer par les écologistes sur un projet sans cohérence simplement en échange de circonscriptions, être apte pour le poste.Je pense que François Bayrou concentre les qualités nécessaires pour cette fonction, lui qui a toujours défendu ses convictions sans changer de ligne directrice. Les Français le sentent.

Le retrait de candidature de Jean-Louis Borloo à la présidentielle constitue-t-il une chance pour François Bayrou ?

Je ne dirais pas une «chance». Aucune dynamique ne s’est créée autour de la candidature Borloo, encore moins au centre ! Nous disions depuis longtemps que sa candidature n’irait pas très loin. Évidemment, il y a plus de probabilités que les personnes qui ont cru en Jean-Louis Borloo se tournent vers François Bayrou, et c’est donc à nous de les convaincre que le changement qu’ils attendent ne peut se faire qu’autour de sa candidature.

En 2007, il a été reproché à François Bayrou son indécision lors de l’élection et le manque d’alliance avec d’autres partis politique; comptez-vous reproduire le même schéma en

2012 ou envisagez-vous déjà un système d’alliance ?

François Bayrou l’a dit très clairement lors de sa déclaration de candidature, il se présente pour être au second tour et remporter l’élection présidentielle.Depuis 30 ans, nous avons les mêmes partis qui gouvernent et l’on voit très bien dans quelle impasse ils nous ont menés, il faut renouveler le paysage politique. Certains nous accusent de ne pas être clairs, mais quoi de plus clair que de prôner une union nationale, avec une majorité centrale où les partis se mettent pour une fois au service de l’intérêt général.En 2007, François Bayrou a fait le bon choix. Participer au gouvernement de Sarkozy, c’était donner un coup de canif à nos valeurs, et soutenir Ségolène Royal c’était se vassaliser à un parti qui ne regarde que son nombril, et donner blanc-seing à une candidate qui n’avait pas la carrure suffisante pour être Présidente de la République.C’est pour cela qu’en 2012, François Bayrou fera une nouvelle fois, j’en suis certain, le bon choix pour les Français.

Le centre est-il toujours une force politique crédible dans un paysage politique de plus en plus bipolaire et tiraillé par la montée des extrêmes populistes ?

Aujourd’hui nous croyons qu’il existe une nouvelle majorité centrale différente des deux pôles traditionnels que sont l’UMP et le PS. Si le centre peut en être la pierre angulaire, tant mieux !Les commentateurs ont toujours voulu nous faire croire que c’était le seul choix possible, or les Français rejettent l’affrontement bloc contre bloc et ne font plus confiance à la classe politique, la montée des extrêmes n’en est que mécanique ! Ce sont ces

responsables aux postes qui ont leur part de responsabilité dans cette montée des extrêmes, entre les affaires, les insultes basses entre partis et les affrontements permanents stériles.A nous de montrer qu’une autre voie est possible !

Projetons-nous vers la conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Durban. Pensez-vous que l’UE devrait s’engager, même sans accord global, sur un objectif de réduction de 30% des émissions de gaz à effet de serre (au lieu de 20% actuellement) ? «Produire et instruire» sont le leitmotiv de votre campagne. Comment prenez-vous en compte l’impératif écologique ?

Le sommet de Durban n’a permis au fond que de gagner du temps en repoussant à 2012. Si nous voulons réellement changer de modèle de société, cela passe par un changement du comportement des citoyens, et nous devrions rendre ces sommets plus participatifs pour que chacun se sente plus concerné.Les industries ont fait des efforts en ce qui concerne le gaspillage énergétique, mais il faut aller plus loin, et ainsi promouvoir les énergies renouvelables, ce qui créera de l’emploi et protégera notre environnement. Il faut soutenir les PME innovantes dans ces domaines. Produire n’est pas antinomique avec écologie. Bien au contraire !

Propos recueillis par Mathieu Ledru

Pourquoi voter MoDem ? La France a besoin de son orange matinale pour reprendre énergie et vigueur économique. La rose qui nous promet tout et fane le lendemain, et le chêne qui cache bien la forêt par ses effets de manche nous ont assez endormis...

Photo : Julia Lefebvre

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P O L I T I Q U E : D O S S I E R S P E C I A L P R E S I D E N T I E L L E S

Retour sur les primairesNe vous réjouissez pas trop vite, amis de l’UMP, je ne vais pas faire un énième ergotage anti-primaires-du-PS en recrachant bien fort tout ce que Jean-François m’a appris. D’une part, parce que les uns ne valent pas mieux que les autres, à l’UMP comme au PS. D’autre part, parce que l’avenir de l’UMP est de toute évidence l’organisation de primaires, donc en terme d’hypocrisie, le parti majoritaire est bien placé.Il faut considérer ces fameuses primaires « démocratiques » comme un nouveau rétrécissement de l’offre politique faite aux Français, doublé d’une duperie bien organisée grâce à sa spectaculaire transformation.La classe politico-médiatique s’est réjouie de l’organisation des primaires socialistes, exemple même de démocratie. Alors que le Général de Gaulle s’opposait si fermement à la politique des partis, voilà qu’ils prennent le pas sur elle. Quelle est la différence idéologique entre deux candidats d’un même parti, du moins s’ils veulent avoir une chance de gagner ?

“Sans la petite sauterie de DSK, il n’y aurait pas eu besoin de primaires”

Pour revenir à l’aspect démocratique de la chose, on ne fait qu’imposer des candidats que les électeurs pourront « choisir ». D’ailleurs, les Français ont tellement le choix que sans la petite sauterie new-yorkaise de DSK, il n’y aurait pas eu besoin de primaires, sa victoire ne faisant aucun doute.Enfin, si, au temps pour moi ! Il y aurait eu des primaires, comme en 2007, avec une victoire au premier tour de Royal ou même pire, comme à l’UMP en janvier de la même année, une victoire à plus de 90% des voix. Ce score est le reflet d’un bon fonctionnement démocratique n’est-ce pas ? D’autres ont subi l’intervention de l’armée française pour moins que ça.La nouvelle figure dynamique de la politique française est donc François Hollande. Cela me rappelle un peu Bayrou en 2007, candidat innovant, et qui a été ministre de l’Éducation Nationale sous Balladur : hé bé, ça c’est de la rupture avec les deux grands partis ! En parlant de Balladur, je me demande pourquoi les Guignols de l’Info n’ont pas encore fait le rapprochement entre les deux hommes, à propos de leur dynamisme commun.Les deux partagent de nombreuses caractéristiques aussi bien physiques que psychologiques. Ha ! Comment ne

pas être ébahi par cette absence de charisme, cette allure, cette prestance de chef d’État d’une nation censée être un moteur de l’Europe. On peut au moins reconnaître à Obama une certaine classe, et un dynamisme à Sarkozy – qui ferait une bonne éolienne à force de secouer les bras. Je ne vais pas m’épancher sur le physique, il paraît que c’est interdit depuis quelques temps. Mais bon, vue la bedaine du bonhomme, je l’imagine plus dans sa maison corrézienne en charentaises au fond d’un fauteuil qu’en train de sauver l’économie mondiale à New York ou la planète à Durban.

“Un seul but : réduire au maximum le débat démocratique”

Bref, les médias nous font passer ce pauvre homme pour un Mitterrand 2.0.La voilà, la véritable arnaque des primaires socialistes : transformer un homme sans stature en leader incontesté. Et tout cela dans un seul but : réduire au maximum le débat démocratique.Il s’agit de réduire au maximum le nombre de candidatures afin d’éviter un nouveau 21 Avril, nom propre devenu désormais alpha et oméga de la politique française. Ainsi, plus de mauvaises surprises, plus de vilain Front (national ou de gauche) au second tour « empêchant » la victoire de son camp. C’est d’ailleurs l’intérêt de la candidature de Montebourg, faire croire à

l’électeur de gauche que le PS est encore avec lui. Le seul candidat relativement en rupture a été diabolisé : on en a fait un dangereux révolutionnaire d’extrême-gauche.Il suffisait de l’entendre parler, lui et la patate chaude qu’il a dans la bouche, pour comprendre qu’il était aussi subversif que Besancenot, c’est-à-dire que son destin était de terminer sur le canapé rouge de Michel Drucker, soit le summum de l’insolence et de l’irrévérence.Il est de toute façon difficile de croire que les mêmes qui crachèrent sur le vote populaire en signant le traité de Lisbonne alors que le peuple s’y était opposé, puis qui ont dénoncé les votations tout aussi populaires en Suisse, puissent encourager un renouveau démocratique, ou même une expression du peuple. La solution se situe peut-être dans un système de démocratie directe et locale, afin que les gens se sentent localement et personnellement concernés par la politique. Mais je ne suis pas sûr que ce soit en alternant siestes et tam-tam sur la place de la Défense que le peuple sera écouté : souvenons-nous de la Grèce !

11Antoine Baudino

Image : jdd.fr

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Je voterai blanc en 2012Trahisons, complots, coups d’éclat, alliances, négociations, séductions, ruptures, femme de ménage… Occultant les faits divers les plus pervers dont se «gave» TF1, revoici l’Evènement qui déchaîne les passions : l’élection présidentielle.

Pleines de rebondissements, les présidentielles concurrencent les meilleures -ou les pires- séries américaines. Tandis qu’une ribambelle de candidats se bat pour devenir capitaine d’un bateau (ou d’un pédalo) qui fait naufrage, je me convaincs chaque jour un peu plus de voter blanc le 22 avril 2012.Je devine votre pensée. “Houla, voilà un sacré huluberlu... Peut-être anarchiste, qui sait?”A l’extrême droite, vous me pousserez probablement à voter FN pour participer à la vague populiste bleu marine et pour revenir au franc, histoire de flinguer une bonne fois pour toute l’économie du pays (dont le triple A fait déjà partie intégrante du passé). A droite, vous agiterez le spectre d’une situation “semblable à celle d’une guerre” si l’UMP échoue - mon Dieu, que deviendrons-nous si la gauche passe ?! Au centre, vous remuerez mollement votre petit doigt pour certains. Pour d’autres, vous agiterez frénétiquement tous vos membres afin d’être bien visibles, en sanglotant que Sarkozy a creusé la tombe de la France - même si on mange très bien à sa table, et tiens, je reprendrais bien un peu de ce vin là- et qu’il faut voter MoDem pour que le pays se redresse. Au Parti Socialiste, qui n’est pas plus à gauche que mon genou droit, vous me pointerez probablement du doigt comme étant un «collabo», un sarkozyste refoulé, un de ces types qui n’auraient pas rejoint le maquis pendant la guerre, quoi. A l’extrême gauche, je serais le “camarade” qui a raison de voter blanc, car, au fond, c’est un peurévolutionnaire ; mais vous essaierez de me convaincre de voter NPA ou Front de Gauche, c’est plus utile. Et enfin, si vous êtes écolo, vous vous insurgerez devant cet acte polluant qu’est l’utilisation du papier pour rien ; autant ne pas aller voter, les arbres s’en porteront mieux.

Un brin caricatural, peut-être. Et puis, en définitive, pourquoi voter blanc?

Comme vous le savez, le vote blanc n’est pas comptabilisé au niveau national. Ainsi, lorsque je vote blanc, je suis considéré comme abstentionniste. Le site “vie-publique.fr” rappelle cette absence de prise en compte : “Lors du dépouillement, les votes blancs et nuls sont comptabilisés et sont annexés au procès-verbal dressé par les responsables du bureau de vote. Mais ils n’apparaissent pas dans le résultat officiel où ne sont mentionnés que le nombre des électeurs inscrits, le nombre de votants, les suffrages exprimés (ensemble des bulletins moins les votes blancs et nuls)”. Pourtant, la démarche n’est absolument pas la même.S’abstenir de voter n’est pas une solution. En effet, à travers le vote se fait l’expression du peuple ; c’est notre droit et, à mes yeux, notre devoir de donner notre avis.

“Je vote blanc, certes, mais je vote, je donne mon avis”

Vous devez vous demander en quoi le vote blanc est différent ? J’y arrive.La France se contente de le considérer comme “valable”, sans pour autant le

comptabiliser.En allant voter, je fais acte de ma présence et de mon soutien au fonctionnement démocratique. Je vote blanc, certes, mais je vote, je donne mon avis. Je suis sidéré que dans notre pays, pourtant fer de lance symbolique de la démocratie sur la scène internationale, le vote blanc soit autant dédaigné (remarquez, les femmes n’ont obtenu le droit de vote qu’en 1944...).En parallèle, moi, jeune électeur qui donnerai mon avis politique pour la première fois aux présidentielles d’avril 2012, je

me sens délaissé par cette caste politique éloignée des problèmes quotidiens du peuple.Voter FN ? Idéaux fascistes et folie démagogique : non.Voter UMP - ou Villepin (pas le même maillot, mais la même passion)? En reprendre pour cinq ans de politique sécuritaire aux accents xénophobes et à la sauce néo-classique : non.Voter au centre, MoDem ? Vous qui avez assisté comme moi à la conférence détestable de Bayrou à l’IEP, comprendrez pourquoi je dis : non.Voter PS ? Hypocrites sans idées, centristes refoulés : non.Voter Mémélenchon? Agressivité, arrière-goût démagogue qui entache les vraies idées : non.Voter NPA ? Parti manipulateur que j’ai pu voir en action pendant les manifestations : non.Voter les Verts? Idées floues, parti en perdition : non.

12Narock

Voter blanc, ce n’est pas voter rien. Au contraire, le vote blanc est éminemment plus complexe qu’un vote “classique” : c’est le vote du refus. Le refus de se voir contraint à voter “pour le moins pire”. Comme le soulignait Kin Hubbard, humoriste américain : « On aimerait voter pour le meilleur mais... il ne fait jamais partie des candidats ! ». Rendez-vous en avril !

Image : blog.mediapart.fr

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London is getting ready6 ans et demi après le « nouveau Waterloo » porté par Londres à Paris et à 200 jours de l’évènement incontournable de 2012, la capitale britannique n’a jamais été aussi impatiente de voir les yeux de la planète rivés sur sa splendeur.

Entre l’enthousiasme rassurant des membres du LOCOG (London Organising Committee of the Olympic Games), Lord Coe en tête, et les « infos » terrifiantes que se régale de nous livrer quotidiennement la presse anglaise, qui faut-il croire ? Ceux qui nous promettent une « trêve olympique » dans les conflits internationaux, ou celle qui nous annonce l’échec inéluctable des JO si les chauffeurs de taxis londoniens n’obtiennent pas une prime conséquente ? Tentative de réponse à travers ce très court panorama !

Des JO chers ? Pas tant que ça.Le succès de la candidature des JO de Londres, c’est sans doute avant tout la défaite de Paris ; la french touch, cette spécialité qu’a notre pays de se faire coiffer sur la ligne d’arrivée, alors que tout semblait pencher en faveur de la victoire française. De quoi développer longuement, mais concentrons-nous sur nos roastbeefs ! Avec son budget qui devrait finalement tourner autour des 10 milliards de livres (officiellement £9.3ma), on est bien loin des £26ma ($40ma) de dépenses effectuées par Pékin pour préparer 2008. Londres joue sur l’authenticité et la structure existante de la ville plutôt que sur l’aspect grandiose d’un pays qui avait tout à montrer au monde – occidental – en matière d’organisation sportive. Des dépenses tout de même colossales en ces temps grisâtres économiquement parlant (à titre de comparaison, le budget de Pyeongchang pour les JO d’hiver 2018 est d’un peu plus de… 100m€ !), et de fait une obligation de résultat dans un Royaume-Uni qui prône la rigueur depuis plusieurs mois. D’autant que je vous parle d’une somme probable, qui n’a cessé d’augmenter depuis 2005 : d’abord, il a fallu y ajouter les taxes non incluses dans le budget de candidature (plus d’£1ma, rien que ça !) ; ensuite, de nombreux frais imprévus sont venus s’ajouter. Particulièrement représentative, la sécurité : personne ne sait à quel

niveau la hausse des dépenses s’arrêtera, quand on connaît les craintes formulées par des pays comme les États-Unis, qui sont allés jusqu’à envisager d’envoyer des agents du FBI pour garantir la sûreté de leurs athlètes – et, accessoirement, faire pression sur le LOCOG qui a déjà doublé le nombre d’agents dédiés à la sécurité. Que dire également du stade olympique, dont la facture est passée d’environ £300m dans le dossier de candidature rendu en 2004, à plus de £550m finalement…

Ceci me permet de glisser vers ce qui semble pour autant être un succès du projet londonien : les infrastructures. Si les craintes de voir les installations non achevées dans les temps ont été faibles voire inexistantes (avec par exemple la construction du stade olympique terminée 3 mois en avance), c’est surtout parce que le LOCOG n’a pas lésiné sur la hausse des dépenses, toujours justifiées par le credo du maire, Boris Johnson : long term legacy for the city. Résultat, fin 2011, 95% des structures sportives étaient achevées. Concrètement, les épreuves vont

être réparties dans 3 ensembles : le parc olympique de Stratford, centre névralgique où l’on retrouvera entre autres le stade olympique (80 000 places), le centre aquatique, des gymnases, le vélodrome ou encore le village olympique ; les autres sites londoniens, comme Wimbledon, Wembley ou des grandes salles d’exposition telle qu’ExCel (sports d’intérieur comme les sports de combat ou le tennis de table) ; les sites en dehors de Londres (voile, aviron, VTT, football), dans des villes comme Manchester ou Cardiff.

Long terme, toujours long terme…

Le souvenir récent des riots étant encore plus que présent dans les esprits (pour cela je vous renvoie bien sûr à l’article du numéro 12), aborder sereinement les JO n’est pas une mince affaire. Mais la mairie de Londres n’a de cesse de mettre l’accent sur l’aspect social de l’évènement, et les retombées positives pour la ville : les JO permettent en effet la modernisation et l’équilibre de la cité, entre l’Est londonien et les quartiers plus huppés. Des plans pour le développement de quartiers comme Greenwich ou Hackney sont ainsi inscrits dans une vision à trente ans après 2012 (10 000 nouvelles habitations ou implantations d’industries de haute technologie, entre autres).

Les Jeux en Chiffres : 17+12 jours de compétition.Un budget avoisinant les 12-13 milliards d’euros.15 000 athlètes environ.Plus de 200 pays représentés.26 disciplines.300 épreuves.

Stade Olympique de Stratford par Benjamin Huet

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Le côté « vert » de ces JO peut aussi faire plus facilement avaler la pilule des hausses d’impôts ; annoncées comme les Olympiades les p lus « écologiques » (pas très compliqué si l’on se réfère à Pékin, certes), elles ouvrent la voie au Brésil, qui devra encore faire mieux en 2016. Une série d’évènements et d’initiatives est prévue à cet égard, comme la plantation de 10 000 nouveaux arbres dans la ville ou des programmes d’éducation. Économiquement parlant, les Jeux devraient rapporter énormément à la métropole. Parus récemment, les chiffres du Visa Report sont encourageants : les JO engendreraient une hausse de £750m de la consommation durant les 7 semaines olympiques, pour un apport global de plus d’£1.1ma.

D’ici 2015, ce sont 18 000 emplois qui devraient voir le jour chaque année, grâce aux JO, pour une stimulation totale de l’économie de £5ma (3.5% d’augmentation de l’économie nationale), dont £300m bénéficieraient chaque année directement aux habitants du Royaume-Uni. Le nouveau et gigantesque Westfield Stratford City est significatif des perspectives qu’offrent les JO en termes d’emplois (8500 permanents, 18 000 nécessaires à sa construction) comme de consommation. Seule inquiétude pour le moment : les transports. Les 5,3 millions de visiteurs en plus pendant la période olympique constituent un véritable casse-tête que ne cherche pas à nier le ministre des sports, Hugh Robertson : we

recognize that transport is a challenge. Outre les £7ma investis par Transport for London dans la modernisation à long terme, la société doit composer avec les aléas quotidiens et des mesures pas toujours populaires : par exemple, une voie routière spécialement dédiée aux officiels sera instaurée pour les JO ; problème, cette voie est tellement officielle qu’elle sera interdite à tous véhicules non autorisés, parmi lesquels – et c’est de là que vient le mécontentement – les taxis, y compris ceux transportant des sportifs ou membres des délégations. Cette incertitude reste pour le moment la seule appréhension majeure.

Et sur le terrain, ça donnera quoi ?

Sujet important pour les intéressés : les places. 6,6 millions de billets ont été mis en vente au public et octroyés (pour une demande de 20 millions) lors d’un tirage au sort effectué en mars-avril 2011. Deux tiers de déçus et une certaine frustration… surtout que les tarifs étaient tout à fait abordables (énormément de places à un prix de £20 par exemple). Il reste néanmoins deux possibilités pour les citoyens français : une première vague de revente des billets a lieu du 6 janvier au 3 février, et une deuxième suivra au printemps ; la société Eventeam propose encore quelques places, mais assez chères… Le temps presse donc, mais la course aux billets n’est pas finie.Côté sport (on en délaisserait presque l’essentiel), plus de 15 000 athlètes (incluant les paralympiques) venus de plus de 200 pays paraderont dans les arènes londoniennes pendant l’été. Dans le camp français, les meilleures chances de médailles sont à mettre à l’actif des handballeurs (tenants du titre , champions du Monde et d’Europe depuis Pékin) et handballeuses (finalistes du dernier mondial), des « BMXeuses » auteurs d’un doublé à Pékin, des vététistes, Julien Absalon en tête, des épéistes, champions du monde en titre, des rameurs (aviron)

qui ont toujours ramené des médailles depuis 1996, des nageurs, de quelques individualités comme Grégory Baugé en cyclisme sur piste, Tony Estanguet en canoë (champion olympique à Sydney et Athènes et porte-drapeau de la délégation en 2008) ou Christophe Lemaitre en athlétisme. Objectif : faire mieux qu’à Pékin, où la délégation avait compté 41 médailles dont 7 en or, au 10e rang mondial (bien loin derrière la Chine et ses 100 médailles décrochées dont 51 titres !).Les JO seront suivis par les Jeux Paralympiques, qui débuteront le 29 août pour se terminer le 9 septembre. Les Paralympiques avaient réuni 3900 athlètes venant de 146 pays à Pékin en 2008, chiffre en hausse puisque 166 nations seront représentées lors des plus grands Paralympiques jamais organisés, en 2012. Preuve que cette compétition présente un intérêt, pas seulement sportif, mais également économique, des grandes enseignes comme Sainsbury’s (numéro 2 de la grande distribution au Royaume-Uni), EDF ou Deloitte ont décidé de s’associer à l’évènement (sponsoring, partenariats).Pour terminer, deux citations. Une première signée Boris, prétentieuse pour certains mais en laquelle je crois profondément: The people of London will be ready to welcome the world’s finest athletes to the greatest games that have ever been held in the greatest city on Earth. Et enfin ce que beaucoup prendront pour une touche d’humour british (extrai t du dossier de candidature t radui t en f rançais ! ) : « Les Jeux s’étaleront au plus fort de l’été, durant les beaux jours, au cours desquels chaleur et soleil fréquents offriront aux athlètes les meilleures conditions sportives possibles ». Je vous l’assure : Londres sous la pluie 364 jours / 365, c’est une pure légende. Plus que jamais en cette année olympique.

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Benjamin Huet

A savoir : Londres est la première ville du monde à accueillir les Jeux Olympiques d’été modernes pour la troisième fois. La première édition a eu lieu en 1908, et la deuxième à une période charnière, en 1948, soit 12 ans après les JO de Berlin et l’interruption occasionnée par la Seconde Guerre Mondiale. Les amateurs de comparaisons pourraient reconnaître une similarité de périodes « post-crise ». A la différence près que la crise actuelle est loin d’être terminée. Au moins peut-on y voir un pessimisme ambiant que les JO se doivent de conjurer !

> Photo de gauche :Westfield Stratford City, le plus grand centre commercial intérieur d’Europe> Photo de droite :Le compteur> Par Benjamin Huet

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Cap à l’Est !L’Angleterre, l’Ukraine et la Suède seront donc les 3 premiers adversaires de l’Equipe de France pour l’Euro 2012. Si Zidane a crucifié les Danois en les plaçant dans le groupe B, LE “groupe de la mort” (après tout, ce n’est que justice, ce sont eux qui l’avaient envoyé en pré-retraite au mondial 2002), le tirage a été plutôt favorable aux bleus. Les chances de passer le premier tour de la compétition sont bien réelles. Faisons donc un petit tour d’horizon du plateau qui composera cet Euro 2012.

Alors que la zone Euro traverse une tempête sans nom, le football européen a repris des couleurs, et de nouvelles dynamiques apparaissent au sein d’une hiérarchie qui, jusqu’alors, était dominée par la Roja, championne du monde et d’Europe en titre. Et si les Espagnols font toujours figure de favoris, ils ne sont désormais plus les seuls à se montrer invincibles. En effet, une nouvelle équipe semble au plus haut niveau ces dernières années : l’Allemagne.La Nationalmannschaft semble être de retour au premier plan. Menée par une génération dorée formée dans les années 2000 (s’inspirant du modèle...français), l’équipe d’Allemagne a développé un jeu sensationnel tout au long de ces éliminatoires : ce fut une véritable promenade de santé dans son groupe. Avant Noël, pour leur dernier match amical de l’année 2011, nos voisins d’outre-Rhin ont donné une véritable leçon de football aux Oranje [sélection des Pays-Bas, ndlr] : un cinglant 3 – 0 dans la musette batave. Des Néerlandais qui ont pourtant, eux aussi, réalisé des qualifications de haute volée. Ils possèdent également dans leur équipe nombre de talents tels Van Persie, Kuyt ou Robben. C’est dire si l’équipe d’Allemagne, que la France va affronter en mars (heureusement, “pour du beurre”), est une formation redoutable. Laurent Blanc est prévenu.

“Aucune équipe ne semble en mesure de rivaliser avec les grands favoris que sont l’Espagne et l’Allemagne”

Derrière cette Europe du Nord de très haut niveau, notre voisin transalpin se reconstruit peu à peu, après une coupe du monde 2010 catastrophique. Éliminée comme l’équipe de France au premier tour du mondial sud-africain, la Squadra Azzura a mené une campagne de qualification encourageante et a su reconstruire une équipe honorable qui, surtout, progresse de match en match et fait du jeu. Les Italiens sont toujours présents dans la grande compétition européenne et auront

à cœur de montrer que leur échec sud-africain n’est plus qu’un mauvais souvenir.À l’est, le bilan est plus contrasté. Si la Bosnie a posé de nombreux problèmes aux “bleus” pendant les qualifications, aucune équipe ne semble en mesure de rivaliser avec les grands favoris que sont l’Espagne et l’Allemagne. Cependant, il faudra à nouveau se méfier des Bosniaques et de leur attaquant Edin Dzeko, ainsi que des Ukrainiens et des Polonais. Ces deux formations seront particulièrement surveillées pendant cette compétition. Il s’agira pour eux de faire honneur à leur statut d’organisateur. En effet, la Pologne et l’Ukraine semblent bien faibles pour rivaliser, tant au plan collectif qu’individuel, avec les meilleures équipes de la compétition. Toutefois, il ne faut pas sous-estimer l’Ukraine, nostalgique de ses années 2000 et menée par un Andriy Chevtchenko qui aura à cœur de terminer sa carrière sur une note positive. Les Polonais, eux, menés par le milieu de terrain du LOSC tout récemment naturalisé, Ludovic Obraniak, éviteront de finir bons derniers de leur poule (à l’instar du malheureux organisateur Autrichien lors de l’Euro 2008).

“Avec leur combativité sans égal à l’image de leurs camarades anglais, les Irlandais ont tout de l’équipe piège d’un quart de finale”

Enfin, que penser des Anglais et des Irlandais ? Nos meilleurs ennemis ont réalisé des qualifications moyennes et leur équipe semble vieillissante : les Lampard, Gerrard et autres John Terry ont passé les 30 ans et ne semblent plus aussi forts qu’il y a quelques années. Cependant, le talentueux Wayne Rooney mènera cette

équipe avec la hargne qu’on lui connaît et la nouvelle génération (avec Walcott sur l’aile droite de l’attaque) est prête à dynamiter les défenses adverses. Ils seront d’ailleurs les premiers adversaires de l’équipe de France, le 11 juin, pour des retrouvailles qui s’annoncent très tendues.Les Irlandais, eux, ont dû en passer par les barrages pour gagner leur ticket pour la Pologne et l’Ukraine. Après des qualifications correctes (terminant 2ème de leur groupe derrière l’Italie), les Irlandais ont vécu des barrages sans encombre et se positionnent comme un outsider à ne pas négliger. Avec leur combativité sans égal, à l’image de leurs camarades anglais, les Irlandais ont tout de l’”équipe piège” d’un quart de finale. Cependant, leur potentiel est trop limité et très en-deça du très haut niveau Européen.Cette courte revue d’effectif offre un plateau d’une forte densité pour cet Euro. Les bleus semblent bien loin du niveau allemand ou néerlandais, mais peuvent très bien rivaliser avec des équipes comme le Portugal ou l’Italie. On ne saurait être trop prudent vis-à-vis de notre équipe tricolore capable autant du meilleur dans l’adversité, comme à la coupe du monde 2006, que du pire, comme au dernier Euro. À eux de jouer.

Elies Berkani

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Slavek et Slavko, les mascottes de l’UEFA Euro 2012. Source : interfax.com

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S O C I E T E : L A F I N D U M O N D E

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2012, année terrible« Cette année sera formidable », ce ne sera pas la première pensée vous venant à l’esprit le 1er janvier 2012, en vous réveillant de la caisse que vous vous serez mise la veille. Et vous aurez tort.

C’est l’esprit plein de doutes encore, qu’il nous est alors offert de méditer, une boîte de citrate de bétaïne dans une main et un shot de vodka café dans l’autre sur l’année à venir, sur les résolutions à respecter ( les conneries - l’alcool - c’est fini) et surtout aux enjeux de celle-ci.En effet, quelle année que 2012 ! Entre les jeux olympiques, les présidentielles et la fin du monde (pas forcément dans cet ordre de grandeur), ces 365 jours seront assurément un grand cru.

“Nous sommes en droit de craindre une campagne présidentielle des plus tristounettes”

C’est tout d’abord un David & Goliath revisité qui nous sera offert (le religieux étant décidément à l’honneur en ce moment, après l’hagiographie La guerre sans l’aimer du très sérieux BHL) lors de l’élection au plus haut poste de l’Etat : la présidentielle.Événement qui tous les 5 ans sait passionner des foules en délire devant leur téléviseur, leur offrant lors des traditionnels repas de famille à la française, de se perdre en conjectures sur les mérites plus ou moins avérés de chaque candidat. Débats bien souvent d’une pertinence intellectuelle rare, et qui dès la troisième bouteille de vin tend à s’élever au rang des grandes interrogations de notre temps (la poule ou l’oeuf ?). Mais ici, il n’est pas question de poule (la dernière a perdu en 2007), mais bien d’un David & Goliath des temps modernes. C’est a priori un duel de cette envergure qui semble se dessiner. On a affaire à un nain frondeur face à un grand mou qui fait mentir le fameux zeugma, car lui c’est en maigrissant qu’il a pris de l’importance. Cependant, on ne va pas se le cacher, il manque à cet affrontement un brin du souffle épique de la légende. Nous sommes en droit de craindre une campagne des plus tristounettes, ce qui

affectera certainement beaucoup le moral, l’ardeur politique et la vigueur sexuelle des français (ces grands sensibles !).

“Mais tout celà ne compte pas [...] on va tous caner à la fin de l’année”

Bien que n’allant pas dans le sens de la rémission, parlons des jeux. Réhabilitant le mythe de jean-foutre national (et prouvant qu’une continuité familiale est toujours possible), le frère de notre plus grand écrivain français, Charles Beigbeider pour ne pas le nommer, a effectué un boulot formidable en tant que responsable de la candidature d’Annecy pour les jeux olympiques d’hiver. Nous aurons ainsi l’intense plaisir de voir se dérouler ceux ci sous la bruine de la

perfide Albion. Souhaitons que nos athlètes brillent plus que ce dernier. De toute manière, on nous la jouera comme d’hab’. S’ils gagnent, ce seront «les braves gamins du pays» («qu’ils sont biens ces jeunes») que chacun se plaît à féliciter. En cas de défaite, suicide collectif et réunions autour de gourous analystes qui expliqueraient bien pourquoi ils savaient, eux, que la défaite était imminente (et ils sont d’une acuité rare ! A l’instar du rédacteur de l’Equipe, qui au mondial 98 avait prédit, bon pied bon œil, la défaite inévitaaable de la France).Mais tout cela ne compte pas. Les mayas et un film américain nous l’ont promis : on va tous mourir à la fin de l’année. Ce qui n’est pas plus mal. Ca nous évitera d’avoir à subir la crise, le chômage à Bac+5, le massacre des bébés phoques, et son terrible corollaire : Brigitte Bardot.

Robin Gonalons

Dessin : Juliette davodeau

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C U L T U R E

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Mochefil El RelilPour une défense littéraire de Dominique Strauss-KahnPablo Picasso, Minotaure caressant une femme, Suite Vollard, pl. 84- 1933

Suite 2806, Hôtel Sofitel, New York City:« Dans la chambre régnait une atmosphère pleine d odeurs mêlées, exhalées par les corps des servantes, dont les vêtements pendaient à la muraille ou sur le pied du lit. Ces odeurs étaient d’abord très désagréables, mais dès qu’on s’y était habitué on les trouvait plutôt excitantes que suffocantes » Apollinaire, Les Exploits d’un jeune Don Juan, p.92.Des chambres d’hôtel, des institutions internationales, et des femmes, des femmes ! Tout ça me lénifie ! Secrets d’alcôves, officines, arcana imperii ! J’ouvre l’affaire Strauss-Kahn, c’est Stendhal, ou Saint-Simon. C’est aussi d’autres textes. Et vraiment, c’est à n’y rien comprendre cette agitation autour du personnage ! Quand on pense que toute la littérature nous y prépare, entière, depuis presque six siècles, à cet état de transe et de risque de l’homme ! Pourquoi faire de DSK un ignoble ? Il ne fait rien d’autre au fond que de suivre sa loi propre, comme le torrent. La loi propre des hommes dont on fait des romans.Hôtel Carlton de Lille, cinq heures du matin :« - Aussi en suis-je fâché, j’aurais pu vous faire connaître des filles qui en vaudraient la peine.

- Il n y en a pas une au monde qui vaille ma santé. On ne peut la sacrifier qu’à l‘amour » Casanova, Histoire de ma vie, p.448Entre le capitaine O’Neilan et Casanova ou entre Dodo la Saumure et DSK ! Ressemblances formidables !

“J’honore Dominique Strauss-Kahn!”

Les SMS ! Quelle prose ! On a beaucoup dit, beaucoup médit surtout sur les pensées réduites par la vitesse, le nombre limité de caractères, mais on oublie la loi de l’Histoire !Ainsi, quand, en 1882, Nietzsche fit l’acquisition d’une Mailing-Hansen Writing Ball, il toucha le génie, profusion d’aphorismes ! Dominique Strauss Kahn c’est aussi quelque chose. Une pensée vive, pénétrée par l’action. Citons. Tout le texte, rien que le texte. « J’emmène une petite faire les boîtes de Vienne le jeudi 14 mai. Ça te dit de venir avec une demoiselle? » Une petite! Formidable étiquette ! Le terme me rappelle Guitry, à voir aussi, le film de Louis Malle, La Petite, (Pretty Baby, 1978) édifiant contrepoint. Je réfléchis beaucoup sur ce « venir avec

une demoiselle » employé par l’auteur. Venir avec une demoiselle Demoiselle, titre de noblesse, équivalent féminin d’écuyer, la demoiselle suivait par nature, « venir avec » tel était son office. Venir avec une demoiselle, sexuellement quel éclairage ! Formidable futur de la phrase en suspens ! Même richesse textuelle pour le terme femmes de chambre, odalisques modernes (odalik, en turc, signifiant ce mot là) ! Je revois toutes les courbes de ces femmes peintes et repeintes. Fresque des frasques ! J’honore Dominique Strauss-Kahn !Henri Matisse, Grande odalisque à la culotte Bayadère, 1925.Alors, oui, voilà plus qu’un sujet de roman : voici un personnage de roman. Voici la fiction vraie. Le mentir-beau comme on l’entend.Marc-Edouard Nabe s’est empressé de publier un livre, au titre concis L’Enculé, Tristane Banon, cette chère Tristane avec son Bal des hypocrites, rédigé en trois semaines… Nabe ? Nibe ! Banon ? Béant de vide ! Thématique de l’ennui et des grands interstices ! C’est Alexandre Dumas par Maquet, mais un Maquet minable, laquais par usage, conduit par l’indigence de son état d’écrire. A bas les transfuges, mort aux passeurs ! L’heure est aux pères du temps, l’or aux grands ducs ! Il faut rendre à César toute son épilepsie, à Marc-Antoine les draps de Cléopâtre. Aujourd’hui sait-on attribuer avec précision les secousses sismiques aux failles, pourquoi refuser d’accorder la paternité des heurts à ceux qui les font ?Dominique Strauss-Kahn est, devrait être, doit être le seul hussard de la littérature française ! Exit Nimier, Déon, Blondin, Laurent, qui n’en sont guère au fond, usurpés par ce titre à leurs travaux réels – voir l’excellente analyse de Alain Cresciucci in Les Désenchantés (Fayard, 2011, 300 pages), Ecce homo erectus ! Voici venir l’homme réel ! L’écriture à grands coups dans la porte! Sabre au clair ! Femmes aux brancards, ruées, cohues !Il faut lire Dominique Strauss-Kahn. Qu’il publie ! Qu’il s’étende ! Une fois de plus, et non la moindre encore, sur papier bible ! Vamos à la Pléiade !

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J’attends Dominique S t r a u s s - K a h n écrivain. J’ai rêvé d’un Morand, ou d’un Gary, après les ministères, le fer des ambassades, mais

non, bien mieux cette vie de turpitudes qu’on découvre peu à peu, dont je ne me lasse pas. Et le train-train sordide des amours ancillaires – d’aucuns diraient « troussage de domestique » - qui m’interroge, me navre et me plaît d’un seul trait.J’ai besoin d’un accueil ! D’un fil rouge ! Que l’auteur se relate ! Je le tanne ! D’autres voix que la mienne s’élèvent, et l’une d’elles est fameuse :« Que DSK accepte donc d’écrire ses Mémoires. Qu’il raconte tout, avec détails. Je publie, on fait un tabac. Il faut élucider cette énigme de la nuit sexuelle. Titres possibles : «Les Affinités mystérieuses», ou bien (sujet très actuel) «La Virilité dans tous ses états». » Philippe Sollers, Journal, octobre 2011.

“Cette tragédie d’un combat perdu d’avance entre passion et raison d’Etat”

Cosi dicendo, intorno a la fortuna Brancolando n’andava come cieco O quante volte abbracio l’aria vana Sperando la donzella abbraciar seco Ludovico Ariosto, L’Orlando Furioso, X, str. 9.Cet homme qui, en parlant de la sorte autour de la Fortune, chancelant, marchait comme un aveugle. Embrasser l’air en espérant embrasser la belle. L’air du séducteur, de l’intrépide homme à femmes que chacun rêve d’être. Tout le mystère est là. Toute la trame s’y noue, et dévoile sans rougir cet art d’aimer mal au XXIème siècle. C’est un sujet ! Enorme, un boulevard ! Je n’ose dire une avenue pour la dernière syllabe ! Il me tarde de connaître les motivations d’un homme pressé par les contraintes, usé par cette « vie moderne atroce » (Huysmans) condamné à porter le masque du ragazzo pour pallier l’indécence des nuits d’un quart d’heure. Et cette tragédie d’un combat perdu d’avance entre passion et raison d’état ? Personne n’en parle ! Cela m’attriste.Ce que j’aime chez Dominique Strauss-Kahn, c’est qu’il est une évolution du personnage de Deume d’Albert

Cohen. Dans Belle du Seigneur, Deume est « ennobli de sociale importance » « Adrien Deume, fonctionnaire international » (p.55) en proie à l’ennui profond que lui impose sa charge, passant des heures au rêvant de mondaines et d’ongles soignés. Strauss-Kahn, Deume 2011. Quel slogan, quel programme ! Et des femmes à la file, et en fil d’Ariane, le dédale d’un homme. Dominique Strauss-Kahn Minotaure ! J’aime assez. Revenons à Deume-Strauss-Kahn. Que fait DSK à présent ? Les journaux le disent « se rongeant les ongles au sang, dévorant jusqu à la peau de ses doigts, et passant ses journées à ne rien faire, incapable » (Marie-Christine Tabet et Laurent Valdiguié - Le Journal du Dimanche, samedi 12 novembre 2011)

“Qu’on en ponde des lignes!”

Que Dominique Strauss-Kahn écrive ! Puisque l’on ne saura jamais rien du vrai de toute cette affaire, rendons à cette histoire tout son mot de fiction ! Et qu’on en fasse, du texte, qu’on en ponde des lignes ! Mais restons, revenons au roman ! Et quitte à les écrire, honorons-en le genre ! Hormis Nabe ou Banon, il y a –moins littéraire, mais la barre n’était pas haute en ce domaine- le récent ouvrage de Michel Taubmann. Penchons-nous sur cette rentrée littéraire.Où l’on apprend que Mme Anne Sinclair, aidée par Dan Franck (voilà la littérature du XXIème ?) prépare un livre sur l’affaire, telle qu’elle l’a vécue, à paraître en Janvier. Si Mademoiselle Nafissatou Diallo désire elle aussi écrire sa version, je lui suggère en guise d’incipit les lignes suivantes :« J’avais peur, car il venait de passer dans ses yeux des lueurs troubles… des nuées rouges de spasme… Et des gouttes de sueur roulaient sur son front… » Le Journal d’une femme de chambre, p. 21 Le titre du roman de Mirbeau est par ailleurs fort convenable, il faudra le garder.On objectera à DSK-écrivain qu’il n’aime

pas les femmes. C’est tant mieux. J’en ai soupé des romans d’amour, du pur éclat! Je veux la vision des vrais hommes, « les vrais hommes sont les hommes d argent » (Drieu la Rochelle). Que Strauss-Kahn écrive aussi, en guise de confession, mieux, de clameur :« -J ai peu de prise sur elles, mais ce n‘est que par elles pourtant que je peux avoir prise sur les choses. La femme, pour moi, ca a toujours été l’argent » Drieu la Rochelle, Le feu follet, p.90.Qu’il nous explique son intérêt pour la consommation immodérée de naïades interlopes. Et qu’on glose, à l’envi sur ses envies de rose et de peaux dérobées. L’on oublie les vraies questions. Elles sont mille. J’en couche trois pour la forme :A quoi pense maintenant Dominique Strauss-Kahn ? Revoit-il certaines de ces femmes encore, en pensées, dans un souvenir coupable ? Ou bien ému, altéré par la grâce de moments trop lointains ? J’ai besoin de savoir. On me taxe de voyeur ? Je réponds Genêt, Notre Dame des Fleurs, L’exorde du Démon de Selby, le viol, dès le premier acte, de Donna Anna par Don Giovanni dans l’opéra de Mozart, Victor Hugo à 70 ans qui reçoit une par une trois jeunes comédiennes pour un rôle, puis note dans son carnet le subtil « todos las tres ». Quelles ires ! Quelle décadence ! Que d’obscènes !C’est encore de la littérature.

C U L T U R E

18Marc-Antoine Moreau

Henri Matisse - Grande odalisque à la culotte bayardère 1925

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C U L T U R E

« Mourir pour des idées, mais de mort lente »Hommage à Georges Brassens

Une espèce aujourd’hui disparue, à notre plus grand regret, est celle des artistes imaginatifs, lucides, pleins d’humour et sans souci du paraître. Georges Brassens en est un excellent exemple, et probablement l’un des chanteurs les plus regrettés du XXème siècle.

Notre génération semble superbement l’ignorer. Peut-être est-ce dû à son refus catégorique de dévoiler sa vie privée, refus si bien exprimé dans Les Trompettes de la renommée. Le poète de Sète est de ce fait un homme à part, sachant conserver sa vie privée tout en étant une personnalité publique ; chose que bon nombre semblent avoir oubliée. Sa critique de cette tendance à l’exhibitionnisme est intemporelle. Sous prétexte de bruit, sous couleur de réclame, Ai-je le droit de ternir l’honneur de cette dame ; En criant sur les toits, et sur l’air des lampions: Madame la marquise m’a foutu des morpions.La poésie est l’un des deux éléments essentiels de l’œuvre de Brassens, qui lui valut le Grand prix de poésie de l’Académie française en 1967. Outre les fameux Amoureux des bancs publics, il mit aussi en chanson le poète Paul Fort et nombre de ses propres œuvres, dont les plus belles sont sans doute la Chanson pour l’Auvergnat et le Supplique pour être enterré à la plage de Sète.L’autre atout de Brassens est son humour. Son sens de la formule, mis au service de ses opinions, donne des chansons redoutables telles que Le Gorille. Car au-delà du comique de la

chanson, c’est une subtile dénonciation de la peine de mort que le poète de Sète signe. Car le juge, au moment suprême ; Criait : «Maman !», pleurait beaucoup ; Comme l’homme auquel, le jour même ; Il avait fait trancher le cou.Il se plaisait aussi à railler l’ascétisme ou l e s « b o n n e s mœurs » des croquants et des

tartuffes, des curés qui, selon lui, étaient plus souvent en train de forniquer que de prier.

“Le chanteur était véritablement le ‘pornographe du phonographe’”

Libertin et libertaire, il écrit, entre deux ou trois « non-demandes en mariage », La Prière. Dans l’une de ses quelques chansons dramatiques, le poète de Sète rappelle que l’on peut se moquer des rites sans cracher sur la morale chrétienne. Ne gênant personne (sinon les maris de ses maîtresses), « le pornographe » se demandait ce que Dieu pourrait bien lui reprocher, sans souci du politiquement correct. Et puis, s’il ne faut pas jeter la pierre à la femme adultère, c’est parce qu’il est derrière !En bon épicurien, il considérait le sexe et l’amitié comme essentiels. Pendant une chasse aux papillons ou sous un parapluie, en songeant à Fernande ou en matant Margot, le chanteur était véritablement le « pornographe du phonographe ». Cru sans être vulgaire, voilà la force de Brassens ; chose qui lui a été maintes fois reprochée. Tout à la

fois hommage à l’amitié et merveilleuse histoire, La Chanson pour l’auvergnat nous fait sentir que nous sommes bien peu de choses. Peu importe ce qu’il chante, outre un poète, Georges Brassens était également un merveilleux conteur : Brave Margot, Le Petit Cheval...

Un “refus du politiquement correct”

A l’instar de la guerre, les sujets graves sont toujours traités avec lucidité et humour. Préférant de loin La Guerre de 14-18, il énumère les plus beaux conflits et leurs douces péripéties. L’humour noir et l’ironie sont de loin plus efficaces que n’importe quel discours emphatique. Sans affirmer que « le nationalisme, c’est la guerre », Brassens se moquait des imbéciles heureux, « ceux qui sont nés quelque part ». Ces chauvins qui « vous font voir du pays jusqu’à en loucher ! ».En juin 2011, un jeune Toulousain a écopé de 100 euros d’amende et de 40 heures de travaux d’intérêt général pour « outrage ». Son outrage, sans doute hommage à Brassens, est d’avoir chanté Hécatombe au passage de policiers sous sa fenêtre. Sa condamnation paraît, à nouveau, donner raison au poète de Sète : « Le temps ne fait rien à l’affaire, qu’on ait 20 ans ou qu’on soit grand-père, quand on est con, on est con !».D’aucuns désapprouveront probablement la haute estime dans laquelle nous tenons Georges Brassens. Pourtant, au vu de ce qui a été dit plus haut, l’originalité du personnage et son refus du politiquement correct méritent au moins qu’on s’y intéresse, surtout dans un institut d’études politiques. Mais comme il l’a si bien chanté, les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux.

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Christopher Falzon et Léo Caravagna

Source : wikipedia.fr

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A C T U A L I T E

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Devenir Albert CamusUn mot pour d’aspirants journalistes

On parle beaucoup, à Sciences Po, de journalisme. Nous avions deux mensuels, Controverses, L’Aixhaustif, et depuis cette année un troisième titre, Vojagô, est venu rejoindre notre pléiade personnelle. Tout se prête donc, dans nos murs, hors ceux-là, au ferment des consciences et, pourquoi pas, à la naissance ou l’affirmation de certaines vocations.

L’envers et l’endroit

A tous les étudiants de Sciences Po Aix désireux de se lancer dans cette voie, et qui ont l’envie d’en découdre, de se frotter au métier… d’aller plus avant que cette fréquentation épisodique, envers d’un monde abscons, et, du reste, toujours un peu amatrice du système... Quelle réponse apporter ? Il s’agit de savoir où, et comment, faire ses humanités. De coller à cet endroit des routes.Pour y voir plus clair : un seul mot. Il faut souligner une entreprise –au sens large du terme- qui existe depuis maintenant 24 ans, et qui a fait ses preuves comme tremplin professionnel, et comme école de guerre. Il s’agit du Défi Grandes Ecoles organisé chaque année par l’Express. Son objectif : permettre à une quinzaine de Grandes Ecoles de s’affronter autour de la réalisation complète d’un supplément régional de l’Express. On me tolérera l’éculée formule du « on ne

nait pas journaliste, on le devient » le schéma de cette phrase est fort pâle, mais se prête au propos. Car il faut remettre cent fois son ouvrage, retravailler ses mailles. Et quelle meilleure occasion pour ce faire, que ce grand projet là ?C’est un apprentissage complet, et en temps réel (le temps journalistique) : les périodes de rush, le couperet du bouclage, les impératifs divers, tout un langage aussi qui fait ce qu’est le métier.Ce projet, enfin, est participatif : il offrira à une centaine d’étudiants de l’IEP, en mars, la possibilité d’y être pleinement associé. On y reviendra.

« C’est en écrivant qu’on devient écriveron » Raymond Quenaud

C’est dans cet esprit que s’est formée, cette année encore, une équipe de 10 étudiants de 2ème année, prêts à faire feu de tout bois. De cette équipe, soudée autour d’une passion commune, quatre métiers découlent: rédaction,

photographie, recherche publicitaire, diffusion et promotion du numéro. Notre Grande Maison s’honore –et c’est son droit- de deux termes : pluridisciplinarité et transversalité. Les voici concrétisés par ce pluralisme des charges. Car dans cette aventure, les fonctions s’interchangent, et l’échange est premier.Ce Défi mérite qu’on s’y attarde. Pour deux raisons. La première est structurelle, et concerne le formidable apport professionnel qui en découle. La seconde, non la moindre, est conjoncturelle. Il s’agit d’une loi des cycles. Chaque année en effet ce Défi revient, et il est normal que chacun s’y prépare. Etudiants de 1ère année notamment, ayez à l’esprit cette opportunité qui s’ouvrira à vous d’ici Septembre 2012.Le lyrisme est le développement d’une exclamation, notait Valéry. Le journaliste, lui, interroge parfois, relate surtout. Son œuvre est à la concision. Ces six mois –d’octobre à mars- permettent d’appréhender son style dans l’urgence du réel.Pour toutes ces raisons, et pour d’autres sûrement, il est utile de faire connaître les membres du Défi L’Express de Sciences Po Aix. Ils s’annonceront bientôt.On me pardonnera deux traîtrises : l’exagération par le titre –mais faut-il donner envie- et surtout, être à la fois dans cette affaire, juge et partie.Reste, à ma décharge, le fait de parler en connaissance de cause.

Le Défi L’Express

Dans les bureaux de L’Express, 1955