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CONTROVERSES 16

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Controverses' issue 16

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U N M O I S D ’ O P I N I O N S

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Ultima verba Quand même les évènements les plus sordides nous tomberaient dessus. Déchirant notre société. Désenchantant notre quotidien.Que ce soit le « diktat bruxellois », les aquis de la République ou la laïcité. Osons questionner ce qu’on nous impose comme la norme. Osons changer de référentiel.Quand même la politique de notre pays se résumerait à une course effrénée vers le trône.Approprions-nous cette politique. Avant d’être les *ites de la France, assumons d’en être la jeunesse et posons les questions qui nous concernent.Quand les médias se font les nouveaux chiens de garde de cette politique, Controverses devient indépendant. Et pour son dernier numéro, il s’autorise à rêver et voit naître une nouvelle rubrique UTOPIE dans ses pages. Non, ce n’était pas mieux, avant. Mais la jeunesse, notre voix, peut faire en sorte que ce soit mieux après. Projetons-nous vers le futur et osons. C’est le dernier numéro de l’année, la dernière couverture de Cédric Capliez, la dernière mise en page de Pauline Febvey, mon dernier édito. Mais dès la rentrée prochaine, la nouvelle rédaction de Controverses vous retrouvera pour vous conter ses exploits au festival Expresso, le festival de presse JEUNE auquel nous nous rendons début juin.

Controverses est toujours là. Il restera le journal qui dit : malheur ! L’encre qui dit : non !

Lydia BelmekkiRédactrice en chef et directrice de publication (yeaaah !)

Le comité rédactionnel tient à remercier tout particulièrement Melle Patricia Rigaud, M. Antoine Carmona, Marylou Hamm pour le nougat et le hachis parmentier du mercredi soir.

Directeur de publication : Lydia Belmekki

COMITÉ RÉDACTIONNEL:

Lydia Belmekki, Marylise Mahé, Cédric Capliez, Nicolas Corniou, Jean-Baptiste Viallet, Pauline Febvey, Marie Roulhac de Rochebrune, Manon Courbière, Charlotte Méritan, François Champavère, Elise Koutnouyan, Marine Purson, Mathieu Ledru, Léo Caravagna, Christopher Falzon, Marianne Daval.

RÉDACTEURS :

Marine Purson, Elise Koutnouyan, Lydia Belmekki, Marc-Antoine Moreau, Remy Durrieu de Madron, Jacques-Henri de la Quenouillère, Rodéric Palamède d’Ostrevant, Audric Roustan, John May, François Dumont, Anna Mohrmann, Robin Genestier, Eliès Berkani, Antoine Bruneton.

ILLUSTRATEURS :

Manon Courbière, Juliette Davodeau, Lydia Belmekki, Cédric Capliez.

Merci à tous nos rédac-teurs ! N’hésitez pas à nous envoyer vos articles sur vos sujets favoris, et/ou à réagir à ceux que vous allez lire !

[email protected]

Pour aller plus au fond des choses…

Le marathon de science politique se renouvelle cette année !

Rebaptisé « Rencontres de Science Politique », il portera sur un thème cher à Controverses puisqu’il a déjà été le sujet de deux articles : le SEXE, représentations, pratiques sexuelles et tabous sociaux.

Quand ? Jeudi 5 mai, de 9h à 18h.Où ? Amphi Cassin.Pour qui ? Les étudiants.Par qui ? Encore des étudiants.C’est pour ça qu’on aime. Et aussi parce que Marine Morello y chante.

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La liste des 10 sites conseillés par la rédaction :

Laboiteverte.fr

Rue89.com

Atlantico.fr

Vice.com/fr

Grooveshark.com

Stereomood.com

8tracks.com

Cracked.com

Tastespotting.com

Pejpaca.eu

- « En route vers le progrès : enjeux et perspectives de la nouvelle LGV Rhin-Rhône. »

Le témoignage exclusif de M*rylou H*mm qui nous assure avoir « gagné du temps » et qui souligne l’importance de Strasbourg « au cœur de la dorsale européenne, quand même. Capitale du Marché de Noël ! Capitale Européenne ! ».

- L’article que personne n’a compris et qui a énervé nos relecteurs. Celui avec des tableaux et des références littéraires partout. Celui qui nous expliquait que DSK était une figure littéraire de premier plan. Celui avec un titre incompréhensible… Signé Marc-Antoine Moreau. Voilà, vous y êtes. Mochefi El Relil, mais en version originelle c’est-à-dire en 15 pages.

- « (Sex) Toys R’us »

Une légitime défonce féministe en réponse à ces deux goujats que sont messieurs Gonalons et Moreau (« Le sexe, quel malheur ! » et « Pour la simulation sexuelle ») Historique et intérêt du sex-toy.

Mais aussi :

- « Le massacre de Kadhafi ou le triomphe des droits de l’homme : le paradoxe »- « Un Sénat gauche est-il un Sénat maladroit ? »- « La création monétaire dans le monde parallèle du MoDem »

Controverses continue ici :www.controverses-journal.fr

Les articles auxquels avez échappé cette année :

Un mois d’opinions p.2

> UN MOIS D’OPINIONS SPECIAL PRESIDENTIELLESQuand la politique s’empare de la jeunesse p.4

> LEGITIMES DEFONCESLe diktat bruxellois est une négation des peuples p.6Phelgmon Papou achoppant un sloughi flapi cosmographique p.8Contre une critique primaire p.9

> POLITIQUEEbauche de la VIème République p.10Séparer la Société et l’Etat p.12

« Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » p.14

> SPORTLa renaissance du Basket-ball français p.15Sport et progrès sont-ils conciliables ? p.16

> CULTUREBraquage à la française p.18

> UTOPIELes robots pour une démocratie participative p.19Journal intime de Nicolas Sarkozy p.20

SOMMAIRE

Après avoir donné rapidement leurs impressions respectives sur le drame survenu à Toulouse, les candidats se voient présenter le conditionnement du débat : temps de parole limité à deux minutes, droit de réponse d’une minute. Malgré ces précautions de départ, le débat subira par la suite les déborde-ments des représentants trop bavards. Mais voyons plutôt le débat :

L’Université et la réforme de l’Uni-versité. Faut-il revenir sur cette loi ?

La loi LRU a assassiné l’autonomie qui était pourtant une bonne idée. François Hollande réformera cette loi et œuvrera pour une réintroduction d’un cadrage national des diplômes.

Les jeunes d’EELV sont descendus dans la rue pour manifester leur mécontente-ment et ont été méprisés par le gouver-nement. Cette loi est pour nous le miroir du libéralisme et ce système ne nous convient pas. L’éducation devrait être accessible à tous et partout. Aujourd’hui, on privatise les savoirs. C’est à l’opposé de notre idéal.

Notre objectif est de créer des pôles d’excellence et des lieux d’études adaptés à la création de ces pôles. Aujourd’hui, c’est inadapté. Je suis favorable à cette réforme mais le gouvernement n’a pas été jusqu’au bout : l’argent doit servir à mener à bien ce projet.

Cette réforme est le résultat d’une at-tente gauche/droite depuis une trentaine d’années. Elle est juste et justifiée. Il n’y a pas d’injure académique à se poser les questions d’insertion professionnelle.

Comment revaloriser les formations post-bac ?

Il n’y a pas que les universités dans le post-bac. Il y a aussi la filière profes-sionnelle qu’on a tendance à dévalori-ser alors qu’on y apprend un métier. Il faut revoir le système d’orientation et favoriser le contact avec le monde du travail. Préparer les étudiants grâce à des modules tout simples : comment faire un CV, que mettre dans une lettre de motivation, etc. Aujourd’hui, le pro-blème des jeunes, c’est qu’ils n’ont pas d’expérience professionnelle. La solution, c’est de valoriser l’apprentissage.

Oui, mais il faut aller plus loin : créer une agence nationale qui généralisera les formations dans les universités. Les entreprises ne sont pas des méchants lobbies mais doivent travailler en lien avec l’université.

Nous étions les premiers en décembre 2008 à porter un discours sur l’alternance et l’apprentissage en alternance. Nicolas Sarkozy a proposé que la terminale en Bac Pro soit une terminale en alternance.

Il n’y a pas de problème d’offre, en termes de formation. Il y a un problème d’emplois. Et c’est indispensable de réindustriali-ser le pays pour pallier ce problème. L’apprentissage, c’est bien, mais nous pensons qu’il faut améliorer la qualité de ces formations. Plus la formation dispen-sée est élevée, plus les jeunes ont de réelles capacités à rebondir par la suite.

Quand le politique s’empare de la jeunesse, la jeunesse s’empare de la politique.

U N M O I S D ’ O P I N I O N S - S P E C I A L P R E S I D E N T I E L L E S

A travers des questions de société, politiques ou économiques, les étudiants d’Info-Com ont organisé le débat entre les représentants jeunes de l’UMP (Benjamin Lancar), du PS (Thierry Marchal-Beck), d’EELV (Fanny Dubot) et du MoDem (Dorian Hispa). L’absence, à ce débat, du Front de gauche et du Front National est à déplorer mais résultait de l’absence de réponses de la part des représentants contactés.

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Photos Manon Courbière

U N M O I S D ’ O P I N I O N S - S P E C I A L P R E S I D E N T I E L L E S

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Que pensez-vous de la sélection à l’entrée des formations ?

Personnellement, je suis pour la dis-solution des grandes écoles. François Hollande n’est pas d’accord, mais je ne désespère pas de le faire changer d’avis. Les grandes écoles participent à la constitution d’une oligarchie qui ne se renouvelle pas. Ce n’est pas de la méritocratie.

Je ne suis absolument pas d’accord. C’est toujours pareil. Dès que quelque chose marche bien, la gauche veut le détruire. Nous ne sommes pas favo-rables à une égalité stricte de tous les diplômes. Nous voulons préserver la qualité de notre enseignement supérieur. Notre position dans le classement de Shanghai progresse !

Il faut rapprocher les universités des grandes écoles. Créer des licences renforcées par exemple. Mais il ne faut plus qu’il y ait cette scission entre les étudiants glorifiés des grandes écoles et les autres des facultés. De plus, le concours n’est pas représentatif du niveau de l’étudiant. A terme, nous voulons privilégier l’entrée sur dossier.

Il faut effectivement un rapprochement des universités et grandes écoles, à l’exemple d’Aix. Mais c’est ridicule de vouloir supprimer les sélections à l’entrée. Il faut simplement manier cor-rectement le concours et l’entrée sur dossier, comme c’est le cas aujourd’hui.

Le stage de fin d’étude fragilise-t-il l’emploi des jeunes ?

L’accès à l’emploi est bouché, mais à cause de la conjoncture. La réindustria-lisation doit créer des emplois. Il faut conserver les stages, qui favorisent l’expérience professionnelle mais il faut imposer des limites. On pourrait notamment limiter le nombre de stages à trois.

Il est bon de rappeler les mesures prises par le gouvernement pendant ce quinquennat. Le gouvernement a mis en place l’obligation d’être payé à partir de 2 mois de stage. La nouvelle loi Wauquiez permet au stage d’être obligatoirement en lien avec les études. Mais il est important de laisser place à la liberté : tant que le stage corres-

pond à moins de 50% du temps, il est bénéfique.

François Hollande reviendra sur le décret des stages hors cursus. Ces derniers cristallisent les inégalités financières entre les étudiants qui peuvent se per-mettre d’aller à l’étranger et de faire un stage non rémunéré et ceux qui ne peuvent pas. Les étudiants salariés, qui sont pourtant les étudiants les plus méritants, sont pénalisés.

Nous voulons interdire les stages hors cursus, qui pénalisent les étudiants les plus défavorisés, et revaloriser les re-venus à 50% du SMIC. Nous voulons également créer un revenu d’autonomie pour les jeunes. Ces mesures sont finan-çables. L’argent existe. Il faut juste le diriger vers les secteurs d’avenir. Nous misons sur la jeunesse.

Si votre candidat est élu, quelle mesure immédiate prendrait-il pour le logement des jeunes ?

Aujourd’hui paraît au Journal Officiel la proposition d’augmenter de 30% les droits de construire. En 2010, 50 000 logements en plus ont été construits, mais il ne faut pas faire d’assistanat. Je ne sais pas comment M. Hollande compte financer son programme... Le gouvernement fera en sorte que les étudiants touchent leurs bourses dès septembre. Nous veillerons à un encadrement des loyers pour que les propriétaires ne gagnent pas de l’argent sur le dos des étudiants.Réponse : Les logements n’ont pas été construits ! La réforme a été refusée par la droite : la taxe des logements récents a augmenté.

Ce problème est très important, d’au-tant plus que les jeunes et les classes moyennes sont les plus touchés. Il faut passer de 20 à 25% de logements sociaux et créer une aide unique qui regroupe allocations et bourses. Nous proposons la construction de logements coopératifs, rénovation des Cités U et du bâtiment ancien.

Il existe des ménages dont plus d’un tiers du budget est consacré au loyer. Il y a 100 000 SDF recensés aujourd’hui en France. C’est inadmissible. On attend toujours les mesures de Benoist Apparu.

Quels sont les secteurs porteurs que vous, en tant que représentant jeune de votre par-ti, conseillerez aux jeunes ?

La transition écologique va créer énor-mément d’emplois : parmi les secteurs porteurs, l’énergie et le bâtiment.

Le numérique, l’industrie et les énergies renouvelables.

Industrie, artisanat et petits commer-çants, et la transition écologique.

La technologie, le numérique et le déve-loppement durable.

Que faire de la loi Hadopi ? Qu’en pensez-vous ?

Nous réclamons l’abrogation de cette loi à cause de laquelle L’UMP criminalise les utilisateurs de la culture. Nous voulons favoriser la culture non majoritaire, la culture de rue, les artistes de quartier.

C’est un gouffre financier et nous y sommes donc défavorables. Il faut favo-riser le téléchargement légal à bas coût. D’où l’idée de la carte à 10 euros. Si le numérique est un support essentiel à la culture, il faut également inciter les jeunes à faire des sorties culturelles.

Hadopi est la moins mauvaise des solu-tions. C’est un outil qui se veut péda-gogique avant d’être répressif.

Nous voulons l’abrogation de cette loi. Il faut recréer un modèle qui n’oppo-sera plus les artistes et les auditeurs. Nous mettrons en place de nouvelles sources de financement pour rémuné-rer les artistes et pas nécessairement Universal.

Propos recueillis par Marine Purson,

Elise Koutnouyan, Lydia Belmekki et

Marc Antoine Moreau

Il semblerait que cet appareil technocra-tique soit révulsé par l’idée même qu’un peuple puisse prendre une décision. En effet, il a suffi que le gouvernement grec, élu démocratiquement, propose de faire un référendum sur l’austérité pour que les instances européennes et les “euro-béats” crient à l’apocalypse et empêchent ce peuple de prendre une décision sur son destin. Il semblerait que l’initiative nationale n’ait plus sa place au sein des pays membres de l’Union. Pascalis, tu dis que le fédéralisme européen est la solution la plus démocratique. Tu dis que c’est en réalisant l’Europe fédérale que tous nos problèmes seront résolus. Mais ce que tu refuses de voir, c’est que l’Union européenne n’en a rien à faire des questions sociales. Elle n’en a que pour l’économie et elle nie le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes en bloquant toute initiative populaire!

“Le désir de l’Union eu-ropéenne est de détruire les peuples afin de créer un homme européen”.

Les exemples ne manquent pas pour montrer que cette Europe technocra-tique n’est pas démocratique. Pour commencer, sa constitution me semble très proche de celle de l’URSS : cette dernière était dirigée par un Politburo de douze personnes non élues démo-cratiquement et qui prenaient seules les décisions. Un Parlement, le Soviet suprême, se contentait, lui, de valider ces décisions. La Commission européenne est composée de plusieurs douzaines de personnes, non élues, qui prennent les décisions à la place des peuples, et d’un Parlement, élu certes démocrati-quement (mais pour lequel l’abstention

atteint des records), qui se contente, avec seulement une minute de temps de parole par député, de valider les décisions de la Commission. La volonté de l’URSS était de détruire les peuples afin de créer un homme soviétique. Il semblerait que le désir de l’Union eu-ropéenne soit de détruire les peuples afin de créer un homme européen. En novembre dernier, Nigel Farage, député européen du groupe Libertés et démo-cratie, a déclaré devant la Commission européenne que celle-ci avait coulé la Grèce, coulé l’Europe du Sud, car elle n’avait pas de plan de secours à part l’austérité. C’est l’austérité qui tue la consommation et asphyxie les peuples. Barroso, le président de la Commission, lui a alors répliqué que le plan prévu par l’Union européenne était infaillible et qu’il n’y avait pas d’autre solution. Cette séance de la commission ressemble beaucoup à un Soviet suprême dirigé par Brejnev : l’immobilisme y régnait en maître !

“La Commission, sans aucune légitimité popu-laire, prend toutes les décisions importantes”.

Tu vas certes me dire que toutes ces élucubrations ne sont pas des argu-ments. Pourtant, il y a des preuves que l’Union n’est pas démocratique. Le MES (mécanisme européen de stabilité, ndlr) par exemple, cet organisme qui peut réclamer aux États autant d’argent qu’il le désire, sans que ceux-ci puissent s’y opposer. Ce qui est véritablement cho-quant, c’est que tous les membres de cet organisme disposent d’une immunité pénale totale. Ils sont donc au-dessus des lois et de la justice. Cela me rappelle

l’aristocratie du XVIIIe siècle. Et la tech-nocratie européenne va beaucoup plus loin. En effet, alors que la quasi-totalité des peuples européens sont opposés aux OGM, la commission les a autorisés et il a fallu que les peuples bloquent l’arrivée des OGM par des moratoires pour éviter que ce poison écologique n’envahisse nos sols. De plus, pendant que la Commission, sans aucune légiti-mité populaire, prend toutes les décisions importantes, le Parlement se contente de légiférer sur la durée de l’hymne européen, les risques pour la santé de la consommation de camembert, sur la quantité de cacao nécessaire pour faire du chocolat ou sur le fait de savoir si le vin rosé peut être du blanc coupé par du rouge... Non content d’avoir des qualités culinaires fort déplorables, ce Parlement brille par l’abstention aux séances. Il suffit de regarder les ses-sions parlementaires européennes, dis-ponibles sur le net, pour s’apercevoir qu’il manque systématiquement 80 % de l’hémicycle : voilà des députés qu’on paye à ne rien faire. Enfin, pour parler de démocratie, il sem-blerait que la banque Goldman Sachs soit devenue une instance très démo-cratique. Dorénavant, les chefs d’État doivent venir de cette institution. Que ce soit Mario Draghi, le président de la banque centrale européenne, Lucas Papadémos, le Premier ministre grec, ou Mario Monti, le Président du Conseil italien, ils viennent tous de la banque américaine. Les deux derniers ont été placés à la tête de la Grèce et de l’Ita-lie sans élection. On a maintenant des financiers à la tête des États : je pense que le capitalisme a définitivement vaincu la démocratie.

Le diktat bruxellois est une négation des peuples

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Il semblerait que la démocratie n’ait, de nos jours, plus son mot à dire. Que les peuples, fondement même de toute société, n’aient plus le droit d’exis-ter. On remarque qu’ exprimer une opinion sur la manière de gouverner son pays est devenu un crime contre l’Europe. Et oui, l’Union européenne s’impose à nous, s’arroge tous les droits, et bafoue le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

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“Je ne considère pas mon voisin comme un barbare, mais comme un allié et un ami”

Par ailleurs, on peut remarquer que la fusion de plusieurs États afin d’en créer un seul, qu’il soit fédéral ou unitaire, est vouée à l’échec. Comment créer un État fédéral avec 27 pays différents, dont chacun a sa propre culture, sa propre langue et sa propre Histoire. La République tchèque et la Slovaquie n’ont même pas réussi à subsister en un seul État, et on voudrait maintenant les refaire fusionner au sein d’un grand État fédéral, l’Union européenne. L’unité allemande ou italienne n’ont rien à voir avec l’Union européenne : elles avaient une unité de culture, une unité de langue. Quant à la création des États-Unis d’Amérique, comme je le répète à chaque fois, George Washington avait déclaré lors de son discours d’investiture : « nous sommes un seul État car nous avons la même culture, la même langue et la même Histoire. » Il est donc difficile de comparer cet État à l’Union européenne. En effet, à part la guerre de Sécession, les États des États-Unis ne se sont que rarement battus entre eux. Alors qu’entre les Etats européens, ce sont des luttes perpétuelles, des guerres historiques qui ont eu lieu. Nous avons réussi à nous débarrasser des guerres, mais nos peuples sont devenus trop différents pour pouvoir s’unir en un seul. Oh, à la différence de ce que tu prétends, je ne suis pas raciste. Je ne considère pas mon voisin comme un barbare, je le vois comme un allié, un ami. Quelqu’un avec qui j’ai des choses à échanger. Et c’est pour cela que je souhaite qu’il demeure indépendant, comme je sou-haite demeurer indépendant.L’Union européenne, c’est l’uniformisa-tion des cultures et disparition de cette différence. Tu te prétends européiste et socialiste”. Mais, soit tu es socialiste et ne peux tolérer l’Union européenne telle qu’elle est maintenant, soit tu es européiste et, dans ce cas-là, le socia-lisme est véritablement mort. En effet, l’Europe que tu vois est absolument antisociale : c’est elle, et non pas Nicolas Sarkozy, qui a forcé la priva-tisation de la Poste. C’est elle qui nous impose des plans de rigueur drastiques empéchant de relancer l’économie. Il suffirait pourtant de monétiser la dette pour limiter l’effet de la crise. Mais moné-tiser la dette, c’est créer de l’inflation. Or,

cela ne peut être toléré par les action-naires, ni les rentiers. Ce sont donc les travailleurs qui trinquent au profit d’une classe élitiste, d’une oligarchie ploutocrate.

“L’Union européenne fait renaître des rivali-tés entre les nations et menace l’amitié entre les peuples”.

En ce sens, l’euro est la plus bête de toutes les créations européennes ! Cette monnaie unique sert les intérêts de l’Eu-rope du Nord, mais étrangle l’Europe du Sud. En effet, elle empêche cette dernière de dévaluer sa monnaie afin de relancer ses exportations et sa consom-mation. Tout de suite, j’entends déjà la plupart des personnes crier que je suis un monstre, que mon souverainisme est dépassé : c’est dire l’influence de la propagande européenne sur les esprits. Car la monnaie unique, au lieu de faire converger entre elles les économies, a tendance à les faire diverger en créant un centre industriel en Europe rhénane et des déserts industriels aux périphéries de l’Union. Peux-tu m’expliquer com-ment tu veux créer une Europe fédérale, alors que les peuples et les économies sont fondamentalement différentes, et que toute tentative d’unification les fait diverger plutôt que les rassembler ? Si tu vas en Grèce, tu verras lors des manifestations populaires des drapeaux allemands avec des croix gammées des-sinées dessus. Si tu vas en Allemagne,

tu pourras lire dans les journaux que les Grecs sont un peuple de fainéants, qu’ils tuent le reste de l’Europe et qu’ils sont néfastes. Per-sonnellement, cela me fait peur : j’ai peur parce que je vois de nouveaux les rivalités entre les peuples émerger, rivalités que je croyais éteintes. L’Union européenne fait renaître des rivalités entre les nations et menace l’amitié entre les peuples.La solution est une Europe des nations. Une Europe qui respecte les peuples et leurs différences, qui les incitent à travailler entre eux sans pour autant abandonner leur souveraineté. Le sou-verainisme n’est pas une idée du passé, il n’est pas la réminiscence de quelque racisme d’exclusion ! Le souverainisme, c’est l’amour de la véritable démocra-tie. C’est l’amour de son peuple et des peuples dans leur différence, particula-rités qui font la richesse de ce monde et sa beauté. Être souverainiste, c’est ne pas être résigné mais continuer à se battre pour un idéal que l’on croit possible !

Rémy Durrieu de Madron

Source : keynes.scuole.bo.it

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Phelgmon Papou achoppant un sloughi flapi cosmographique

DSK scribe ?L’on ose calligraphier cela sur parchemin altier ? Je me gausse ! Quelle gabegie ! Foutredieu de Jésus-Marie, serait-ce là l’apoastre de la jactance superfétatoire, que dis-je, surnuméraire ? Un grille-boudin pindarique et gourmé saurait jaspiner davantage !DSK copiste, ce serait le Ragnarok de la vénusté ! L’élucubrer plumitif, c’est une vilenie biscornue ! Palsambleu de Jarnicoton, il n’a rien d’un hobereau du syntagme, ganache en agnelage de morphèmes qu’il est. Ses parturitions d’apophtegmes ne seraient que du jobe-lin d’argousin ! Or donc, vous gesticu-lâtes naguère, tel un cuistre patenté dès l’incipit abscons, depuis le potron-minet de votre homélie, mais on serait bien en peine, bigre de bigre, de vous découvrir la grandeur d’Hypérion. Cela est trop cul-cul la praline, c’est de la poudre de perlimpinpin. Du babélisme de caracul. Vous vous gonflez d’infatuation tel un diodontidae faussement orbiculaire, vous le bachi-bouzouk ! Mais comme le dirait Peder Laale : « Jorden er altid frosset dorne sin », la terre est toujours gelée pour le porc paresseux. Tout ce tambuis, mazette, pour une mouscaille pareille, une pouillerie de lignes aussi anguleuses à la rumination qu’un djebel de corps oléagineux ? N’avez-vous pas compris que DSK vit dans un monde vain ? Un barouf, un pataquès, en bref une pétau-dière ! Une géhenne de fils le maintient, branchés à ce capharnaüm, pareils aux cent bras de l’Hécatonchires… Ah c’est beau l’autonomie ! Et c’est cet hexapode littéraire que vous vous hasardez à nous bazarder comme une bidoche coruscante ? Quel aria, mon coroce-ment atteint les pinacles de l’Olympe, peuchère ! Oui, je roumègue contre ce principicule des salonnards qui voudrait

nous morigéner que ses flatuosités sont des pets-de-nonne et nous arguer que son DSK est l’adonide de ces prélats des éphémérides quand il n’est que le deutéragoniste du carême-prenant boulevardier à l’hystérésis spécieuse. Un arsouille de l’argutie que ce sco-liaste-là qui stipendie DSK dans son tripotage digne des pis stellionats. Et qui en plus nous dégobille une locu-tion prudhommesque, turgide et plus vultueuse que la croupe d’un probos-cidien, nous faisant subir un pensum cracra que je conchie sans juvénilité. Ma longanimité a des bornages. Assez de gloriole, de rodomontades, châtelain du bagout infructueux !

DSK gendelettre ? Pour voir ressortir en lui un chibais-kweda né du palustre Georges Bataille dans son Histoire de l’œil ? Foutre Saint Gris ! Et pourquoi ne pas l’ima-giner en chef de meute d’une étable à pourceaux ? Ces lignes mucres et emphatiques, pécufiantes au possible, ne font que trouilloter l’apologie vernacu-laire de l’avilissement autrefois flagorné. Vous vous cadastrez à fendi l ler DSK des moutons de Panurge, mais, chalongeor, apostasiez cette chimère et laissez-le donc gagner ses pénates ! Fichtre, épar-gnez mêmement cette muliebre Anne Sinclair qui aspirerait dûment à mirer le combat du mont Pagnote. Ce n’est pas être l’ostolain de la bienséance que de zieuter en ces allégations outrecuidantes une simple objurgation de la littérature, l’irréfragable, foutredieu ! Nepourquant, qu’importent les rombières qui le luisernent et lui amarrent la heuse, pour mieux le bouteculer subséquem-ment ; elles le hardoient au berlanc, l’hacepignent de palabres molues, et

finissent par le clofire, mais tout ça est aussi flagada qu’une limande ! Vos paroles bêcheuses ne font que l’effet d’un gille tétrodotoxisme sur les mortels regimbant de gamberger l’homme poli-tique en N-dam-keno-wet, provoquant les femmes se baignant dans la piscine probatique, telles des proies destinées au sacrifice. Juste ciel ! Jésus Marie ! Croupon Grenon ! Cuir Moustache ! Qu’est-ce donc que ces crapuleries ? Nul n’ignore les antécédents de l’olibrius, nul n’oserait porter au pinacle de telles mignardises, et voilà qu’il mérite une ronde-bosse sous l e déco rum d’ « écrivain » ? Diantre ! Même un Mnémosyne pontifiant répudierait la marotte de lui départir ! Sa vertu selon vous : podir badiner son psaltérion mieux que quelconque papegaut de la philologie. Treslue ! Nul ne saurait moldre ce chnouf digne des pires talemeleries des grandgousiers, qui n’engendrerait assurément qu’une porpresure, à en pasmer, et dont l’oiance ne coudoierait nului. Car comme le disait le romancier Jan Jacob Slauerhoff, « si l’on ouvre toute grande la gueule à un âne, et qu’on lui dise : «Maintenant, toi aussi tu as droit à la parole», que peut faire le pauvre animal, sinon braire ? ». Une incartade à la fibre, un brocard au politicailleur ! J’endêve ! Vous guignez ériger un bas-bleu, quel impudent linéament est-ce là !En bref, nous blackboulons tous les préceptes du clephte que voilà, qui ne pourrait que contrister un hémione. Et plus singulièrement son afféterie valétu-dinaire qui lui fait apparier l’égoutture de lexèmes avec la probité du saillant et le paluche abstrus avec le velouté du triolet. Fi de votre inanité qui nous estampa tel une expectoration ! Il n’y avait là que superfluité, mésestime, esbroufe et rien d’un bel idiolecte. Non, le bimane n’est pas destiné qu’à chanfraindre et volgrener la venison pour mériter sa monjoie de logographe.

Jacques-Henri de la Quenouillère et Rodéric Palamède d’Ostrevant

Source : pachamama.ca - Dominique Strauss-Kahn, abénaquis, errant tel un postiz à déverrouiller...

L E G I T I M E D E F O N C E

Contre une critique primaireDans son article intitulé “Retour sur les primaires”, M. Baudino s’en prenait avec véhémence aux primaires citoyennes organi-sées par le Parti Radical de Gauche et le Parti socialiste.

L’auteur accusait ainsi ces primaires d’être, je cite, « un rétrécissement de l’offre politique faite aux Français dou-blé d’une duperie bien organisée grâce à sa spectaculaire transformation ». Il relevait le fait que cette primaire n’était due qu’à l’affaire du Sofitel, et n’était donc qu’une grande mascarade politique, dans laquelle chaque candidat partageait les mêmes positions. Enfin, il partage le principe gaulliste, selon lequel les partis sont néfastes à la démocratie. Je me propose donc de répondre à ces quatre ou cinq propositions totalement aberrantes.

“C’est un pouvoir donné aux citoyens français (...) de décider qui les représentera”. Il dénonce donc un rétrécissement de l’offre politique. Pourtant, la primaire est une innovation incroyable sur la scène politique française. Là où avant les ap-paratchiks désignaient entre eux dans l’ombre du parti, celui qui pourrait avoir à appuyer sur le petit bouton nucléaire ou dissoudre à discrétion l’Assemblée nationale, les Français peuvent désor-mais choisir le candidat qu’ils trouvent le plus convaincant pour faire gagner leur camp lors de l’élection reine. Est-ce là un rétrécissement de l’offre politique ? Non, c’est un pouvoir qui est donné aux citoyens français, ces derniers se retrouvant ainsi dans les valeurs prônées par les partis organi-sateurs de décider qui les représentera à l’élection présidentielle. En outre, la primaire n’a pas empêché le Front de gauche, le NPA ou Lutte Ouvrière de présenter un candidat (ces partis ayant refusé de participer aux primaires).

“Comment concevoir que Martine Aubry soit en total accord avec Manuel Valls ?”

De plus, le temps où les médias ont parlé de la primaire a été décompté par le CSA. En ce sens, soit Monsieur Baudino est de mauvaise foi, soit nous n’avons pas la même définition du mot “démocratie”. Il faut cependant pour

l’instant privilégier la première hypo-thèse puisqu’on nous dit que tous les candidats ont la même idéologie. Or, Antoine Baudino n’a sans doute pas regardé les différents débats puisque, bien sûr, même s’ils étaient en accord sur de nombreuses propositions, il y avait néanmoins des différences idéo-logiques notables. Comment concevoir en effet que Martine Aubry, la dame des 35 heures alliée à Benoît Hamon, soit en total accord avec Manuel Valls, celui qui prône un nouveau parti socialiste comme il y eut un New Labour outre-Manche ? Bien sûr, les ex-candidats aux primaires avaient dans l’ensemble des points de vue convergents, mais avec leurs nuances et leurs sujets de prédilection. Ainsi, c’est François Hol-lande et son projet sur la jeunesse qui ont remporté face à la démondialisa-tion montebourgeoise (le score élevé d’Arnaud Montebourg au premier tour révèle d’ailleurs que même sans la petite sauterie de DSK à New York, la primaire et le débat d’idées auraient bien eu lieu).

“Les attaques ad homi-nem et nauséabondes qu’émet Antoine Bau-dino sur le candidat Hollande”.

Enfin, l’article s’attaque au crime de lèse-gaullisme commis par le PRG et le PS ainsi qu’à la supposée absence de charisme de François Hollande. C’est d’ailleurs là encore de la mauvaise foi de la part de Monsieur Baudino. Le Parti socialiste ne se réclame pas du gaullisme (vous savez, ce mouvement politique qui censurait, via l’ORTF, l’opposition par exemple) ni du Président De Gaulle (l’homme, à distinguer de celui du 18 juin, qui critiquait la dictature des par-tis quand lui-même en créait trois). Et puis, si jamais l’on considère De Gaulle comme un modèle, ne voit-on pas que celui qui est le plus à même de rassembler les Français est François Hollande ? Lui n’oppose pas les chômeurs aux autres actifs, il n’oppose pas non plus les jeunes aux personnes plus mûres, les immigrés

et les citoyens français. Mais ce n’est pas ça le plus important. Non, ce qui pour moi a le plus d’intérêt, ce sont les attaques ad hominem et nauséa-bondes qu’émet Antoine Baudino sur le candidat Hollande. Aveuglé par sa haine (ce n’est pas moi qui l’invente, il dit lui-même qu’il « les déteste tous, à l’UMP comme au PS »), il s’emporte contre un François Hollande « couille molle ». J’en conclus donc que l’auteur ne suit l’actualité que sur Canal + le soir, devant les Guignols de l’info et ne lit que Minute ou, au mieux, Le Figaro. François Hollande est justement le grand chef d’orchestre des élections gagnées par la gauche depuis 2002 (les seules perdues n’étant pas de sa responsabilité puisqu’il s’agit des présidentielles et des législatives). Que dire de son discours du Bourget ? Y avait-il une absence de charisme ? Non, c’est là seulement la preuve de l’impuissance à s’attaquer au programme du candidat socialiste. Ainsi, l’auteur s’inscrit-il dans la tradition de la droite, qu’elle soit républicaine ou non, et préfère jouer bas, petit, plutôt que d’apporter des arguments concrets pour un réel débat d’idées. Il n’appartient donc qu’à vous, Messieurs de droite, que ce débat républicain ait enfin lieu.

9Audric Roustan

La question de la légiti-mité du Premier ministre et de son gouvernement.

Partons de la Vème République. Son premier problème est le Premier mi-nistre. À l’origine simple sous-fifre, homme de main d’un Président tout puissant, il a progressivement gagné en importance puis en indépendance pendant les cohabitations. À tel point que le Premier ministre a effectivement assumé le rôle qui était prévu pour lui, celui de chef de l’exécutif. Or, le Premier ministre n’était pas élu. Son nom n’était pas officiellement connu avant l’élection du président, et il pouvait changer au cours du mandat présidentiel. Admettons que les candidats à la présidentielle de la VIème République annoncent leur futur premier ministre à l’avance. Cela pourrait changer les intentions de vote. Le problème est que l’élection du pré-sident et la nomination sont, du point de vue démocratique, totalement indépen-dants. Partant de là, le premier ministre n’avait aucune légitimité démocratique. Comment le chef de l’État pouvait-il être élu au suffrage universel, alors que le premier ministre était nommé ? C’est pourquoi je propose un rapprochement avec le système américain : l’élection ne porte plus sur une personne, mais deux : un ticket composé du président et du Premier ministre. La question de la légitimité ne serait plus posée. Une autre idée serait celle d’un exécutif mono-céphale, mais j’y reviendrai plus loin.Partant du principe que le Premier ministre était illégitime, car non élu, le gouvernement ne l’était pas non plus. Il existe donc deux alternatives. Dans le premier cas, le vote ne porterait plus sur un Président ou un ticket, mais sur un collège ministériel. À la différence du Di-rectoire, la direction du gouvernement ne serait pas tournante. Tous les membres de la liste auront une fonction définie à l’avance : ministre de l’économie, de l’emploi etc. Ceci évitera la nomination

d’un ministre par obligation partisane. C’est également une meilleure garantie d’une action ministérielle, et donc de tout l’exécutif, en adéquation avec le souhait de la majorité des électeurs. Dans un second cas, le Président ou le ticket présidentiel élu disposera d’un délai donné pour proposer un collège ministériel soumis à l’approbation réfé-rendaire. Sachant qu’un vote au suffrage universel direct pour plus de dix per-sonnes peut être difficile à imaginer, le collège ministériel pourrait être soumis à l’approbation de l’Assemblée nationale poste par poste ou en bloc.

“Ce ou ces diplomates” auront “plus de crédi-bilité qu’un Président et un Premier ministre se tirant la tronche à un sommet européen”.

Dans ces deux cas, le chef de l’exécutif serait également le chef de l’État. Ce système risquant de surcharger de travail le Président, je propose d’appliquer la distribution des pouvoirs proposée par John Locke : le pouvoir exécutif serait pris en charge par le gouvernement avec le président à sa tête, et le pouvoir fédé-ratif serait confié à une instance externe au gouvernement. Cela permettrait à l’exécutif de se concentrer sur la France, et d’éviter au chef de l’État de recevoir à l’Élysée des dictateurs dont la France aide à renverser les régimes quelques années plus tard.Quel poids, quelle légitimité, quelle crédibilité auront ce ou ces diplomates face aux chefs d’État ou de gouverne-ments étrangers ? Déjà plus de cré-dibilité qu’un Président et un Premier ministre se tirant la tronche à un sommet européen. Une fois encore, un système collégial est envisageable. Cependant, l’élection au suffrage universel direct du chef du pouvoir fédératif me paraît la meilleure solution pour garantir l’unité

et la cohésion de l’action diplomatique française. Celui-ci sera bien sûr élu sur la base d’un programme minimal. Il sera en charge de la nomination du corps diplomatique à l’étranger, dans les instances extra-étatiques et pourrait se charger lui-même de représenter la France. En somme, il remplira les fonc-tions actuelles du ministre des Affaires étrangères et du Président en matière diplomatique. Ce système a pour intérêt d’éviter le choix d’un ministre peu légi-time comme expliqué précédemment.Que faire si un ministre doit quitter le gouvernement pour une raison quel-conque ? C’est au Président de la Répu-blique, inamovible comme pendant la Cinquième République, de nommer un nouveau ministre, car c’est son rôle de chef de l’exécutif. Le choix de ce ministre devra être soumis à l’approbation du peuple par référendum.Le Président sera élu pour un man-dat d’environ 8 ans ; la durée précise du mandat est à débattre car j’avoue ne pas y avoir réfléchi profondément. Ceci dit, il sera de longue durée et non renouvelable immédiatement afin d’évi-ter d’avoir à subir un système à l’amé-ricaine avec deux ans de présidence effective et deux ans de campagne en vue de la réélection. Cependant, il n’y a pas, à priori, de raison d’interdire au Président de se représenter après le mandat d’un autre candidat. Le cumul des fonctions sera bien sûr interdit, et étendu aux fonctions étatiques et aux autorités administratives indépendantes.

Un système décentralisé qui impliquera “davan-tage les citoyens dans la politique de leur pays”.

Concernant la loi, l’initiative législative demeure partagée entre pouvoir exécutif et pouvoir législatif, le pouvoir fédératif ne pouvant légiférer directement mais pouvant transmettre une suggestion de loi au pouvoir législatif.

Ebauche de la VIème République

P O L I T I Q U E

Nous sommes en 2030. Une crise politique mondiale a balayé le système politique français, et vos présupposés avec. Vous de-vez construire une VIème république, plus démocratique. Que feriez-vous ?

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P O L I T I Q U E

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Il me semble important d’introduire deux nouveautés en France, concernant direc-tement le peuple. Tout d’abord, les citoyens auront la pos-sibilité de s’opposer à une loi nouvelle ou modifiée par le biais de l’équivalent du référendum facultatif suisse. Si dans les cent jours suivant la publication de la loi au Journal officiel un citoyen par-vient à rassembler 100 000 signatures de citoyens (le nombre de signatures étant à calculer), la loi doit être soumise à un référendum national. Sans cette « pétition » de citoyens ou l’approbation de la loi par le référendum, elle entre en vigueur comme prévu. Ensuite, le référendum obligatoire sera instauré pour un certain nombre de lois, notamment les lois des finances, modifications de la Constitution et lois sur le fonc-tionnement de l’État. La possibilité de modifier la Constitution par le Congrès est à discuter. Le Président conserve la possibilité de dissoudre l’Assemblée nationale s’il a le soutien de la majorité des ministres. Ce système aura pour effet d’impliquer davantage les citoyens dans la politique de leur pays, grâce au recours au référendum et à l’augmenta-tion du nombre d’élections nationales.Le Parlement demeure bicaméral. Toutefois, le Sénat voit ses pouvoirs réduits. La loi est votée par l’Assemblée nationale, le Sénat devant être consulté seulement sur certains sujets : lois de finances, budgets, lois répartissant les

compétences entre État et collectivi-tés territoriales, entrée ou sortie d’une instance extra-étatique... La ratification des traités doit passer par les deux chambres, puis être approuvée par référendum. L’Assemblée nationale est élue au suffrage universel direct, pour 5 ans.Il est nécessaire de décentraliser davan-tage la France. Dans chaque région, un gouvernement sera élu sous forme de liste comme pour la présidentielle (ou plutôt « ministérielle »). Ce gouverne-ment sera complété par une assemblée régionale élue au suffrage universel direct disposant de compétences limi-tées : écoles, universités, culture, droit local, commercial et du travail dans un cadre limité… Les compétences des régions sont strictement limitées par la Constitution et sont encadrées par une loi nationale afin d’éviter de trop grandes différences entre régions. Le gouvernement régional fait appliquer les lois régionales. La régionalisation permettra une meilleure action locale, une plus grande implication citoyenne et facilitera l’innovation politique. Les lois régionales devront être soumises au référendum obligatoire régional. Gouver-nements et parlementaires seront élus pour 5 ans. Le gouvernement régional est politiquement responsable devant le parlement régional et peut être contraint à démissionner en cas de motion de censure ou de refus de confiance. Il ne

peut pas dissoudre le parlement régional.Un Conseil Constitu-tionnel réformé. Les parlements ré-gionaux élisent, en fonction de la popu-lation de la région, un certain nombre de sénateurs pour 6 ans. Le Sénat est également une instance de surveillance du gouvernement national. Il veille à ce que celui-ci respecte la législation, qu’il n’y ait pas de conflits d’intérêts en son sein et de cumul des mandats. En cas de constat de non-respect de la loi au sein du gouvernement, le Sénat doit saisir la Justice. Une fois l’infraction consta-tée, le ministre concerné sera destitué par le Président de la République, puis traduit en justice. De la même façon, le Conseil constitutionnel veille à ce que les gouvernements et parlements régionaux agissent conformément à la Constitution.Le Conseil constitutionnel est également réformé. Les anciens Présidents de la République ne sont plus membres de droits. Son nombre de membres est monté à 12 : trois élus au suffrage universel direct, sous forme de liste ; trois nommés par le Président de la République, mais soumis à l’approba-tion référendaire ou à l’approbation de l’Assemblée nationale ; trois élus par le Sénat et trois par l’Assemblée nationale, sous forme de liste choisie en dehors des membres du Parlement. Le Conseil constitutionnel pourra supprimer une loi régionale ou nationale, ou exiger qu’elle soit modifiée. Ce projet n’est certainement pas parfait, et encore moins complet. Il est suscep-tible de fortement évoluer dans l’avenir. Le but de cet exercice n’est pas de vous convaincre de voter pour moi, mais de vous faire réfléchir sur la légitimité de nos gouvernants. Je crois en la démo-cratie, mais je ne crois pas qu’elle soit suffisamment bien appliquée.

John MaySource : madame.lefigaro.com

Avec un siècle d’écart, la loi de 1905 est à la République française ce qu’a été Austerlitz pour les nostalgiques de l’Empire. Voilà leur gloire, voilà leur bataille : une victoire juridique et légis-lative. Tendez l’oreille : lorsque le vent électoral souffle, les cris d’allégresse du bon peuple jacobin emplissent la scène politique française de leurs échos. Dans les média comme dans les milieux enseignants, il est de bon ton d’afficher une répulsion honnête et bourgeoise pour le christianisme, et tout particu-lièrement pour sa variante catholique. Séparer l’Eglise de l’Etat fut une grande avancée, pour la Liberté, pour l’Eglise et pour l’Etat. Mais n’est-il pas temps d’aller encore plus loin ? Chiche ! Camarades, séparons la Société de l’Etat ! En effet, quoi de commun entre tous les génocidaires? Quoi de commun entre tous les criminels de masses : nazis, communistes, islamistes, Jeunes Turcs ou républicains ? Cette même passion : utiliser l’Etat pour transformer la société et la façonner à leur souhait. A grands coups de lois ou de Zyklon B, à grands coups de cimeterre ou de baïonnettes, il s’agit de forger un monde nouveau, une

société nouvelle, un humain nouveau. Hop ! Un monde ou un pays sans : Juifs/infidèles/Arméniens/contre-révolu-tionnaires/ennemis du peuple, qui verra une société meilleure! Rayez à la fois les mentions inutiles et les ennemis du genre humain, du Peuple, de l’islam ou de la Nation !La politique en tant qu’engagement de l’Etat à transformer et façonner la société doit cesser. Parce que c’est une entreprise monstrueuse, qui mène aux génocides, et qui n’a jamais abouti aux résultats espérés. L’Etat n’a pas à pen-ser la société telle qu’elle devrait être, elle doit laisser cette tâche à l’individu et aux clans. Camarades, le temps est venu de séparer opinions politiques et sphère étatique, reléguant les croyances politiques à la sphère privée ! L’Etat est l’espace des compromis Quand bien même vous crussiez en la société sans Etat ou en l’Etat social, en l’Homme nouveau, au Califat planétaire, au Reich de mille ans, en la renaissance de la race blanche, noire ou jaune, ou en l’égalité ; vous n’êtes pas totalement parvenus à vos fins. Parce que l’Etat est l’espace des compromis, pas celui des idées, des grandes utopies et des

grands projets de société. Il salit tout ce qu’il touche, il avilit tous les projets et toutes les idéologies.Quand une idéologie - ou une religion - rencontre l’étatisme, et fornique avec lui dans la voie de l’utopie universaliste et prosélyte, il donne naissance au crime de masse, cet enfant de la laideur. Et cela indépendamment de la religion ou de l’idéologie dont il est question.Alors oui, pour certains d’entre nous, la peur est là. Nous pressentons ces temps obscurs qui viennent à nous. L’Hiver arrive. Et nous n’avons aucune confiance en l’Etat, fût-il social ou policier pour nous protéger et nous réchauffer. Parce que comme le disait Nietzsche : « l’Etat est le plus froid des monstres froids, il ment froidement et voilà le mensonge qui rampe de sa bouche : moi l’Etat, je suis le peuple » ; L’Etat n’est pas le peuple, et il ne défendra que les conditions de sa propre existence. L’Etat moderne et républicain a chassé l’Eglise pour prendre toute sa place. C’est désormais lui qui inculque aux enfants ce qu’est le Bien et le Mal, lui qui inculque aux adultes ce qu’ils doivent penser, sentir, agir. Mais le pire est qu’il décide à notre place quelle société est légitime.

Le tort de l’universa-lisme républicain.

Quand une certaine gauche - qui milite pour l’Etat social, la mixité, le métissage et l’universel - dit aimer la diversité, elle ment hypocritement. Elle la hait et la craint bien plus encore que le militant lambda du Front National. Les républi-cains de droite comme de gauche ont imposé la République et le français aux corses, aux bretons, aux alsaciens, et aux basques. Et la République a “eth-nocidé” les plus récalcitrants. Au nom de l’universalisme républicain, elle a franchi les mers, conquis les peuples. Elle a imposé sa langue, ses valeurs et ses conceptions, à grands coups de massacres et d’assimilation.

Séparer la Société et l’EtatS O C I E T E

C’est entendu, avoir séparé l’Eglise de l’Etat fut un progrès sans commune mesure, mettant fin à 1500 ans de domination de l’Eglise catholique sur notre pays. Mais toi, ami républicain,

ami jacobin, ami de gauche, ami du passé. Toi qui te dis amoureux de la liberté, pourquoi t’es-tu arrêté en chemin?

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Source : Les7duquebec.wordpress.com

S O C I E T E

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Elle a nié les différences, elle a nié les identités, elle a nié les réalités, et elle continue de le faire aujourd’hui. Et si nous « fêtions » récemment les 50 ans de l’indépendance de l’Algérie, il semble que l’Histoire ne lui ait rien appris. On cherche toujours à faire lire La princesse de Clèves aux petits Maliens, et en faire des petits Français comme les autres…La République jacobine ne s’est pas contentée de coloniser la planète. Elle a arraché des millions d’enfants à leur famille, à leur tradition, à leur liberté. A travers ses écoles gratuites laïques et obligatoires, elle a rééduqué des millions d’enfants, brisant les liens inter-géné-rationnels préexistant. Qui parmi nous sait travailler la terre ? Nous avons tout perdu : notre autonomie, notre jeunesse, notre temps et notre héritage. Pas besoin de 12 années pour apprendre à lire et à compter. Toutes les actions de l’Etat depuis la Révolution n’ont visé qu’à deux choses : homogénéiser les humains et les rendre dépendants de l’Etat. Le répu-blicain universaliste a ceci de commun avec l’islamiste et le communiste : ils ne conçoivent pas que des gens, dans le monde comme dans leur pays, pensent et vivent autrement qu’eux.Nous avons besoin d’un État profon-dément libéral, fidèle à ses principes. Lui seul pourra préserver et concilier toutes nos libertés, dans un monde et une société de plus en plus diversifiée et multiculturelle. Avec lui, nous remettrons la politique à sa place: fixer les horaires de passage du camion-poubelle, et non

de déterminer nos choix de vie. Car seul le libéralisme donne la possibilité aux individus et aux clans d’évoluer et de vivre suivant leurs traditions ou leurs souhaits. Lui seul laisse les individus sortir du lot, de la masse, être libre, choisir leur voie. Construire soi-même sa maison, posséder les moyens et le droit inalié-nable de défendre ses biens et les siens. S’exprimer librement, devenir autonome en eau, en énergie, en nourriture, voilà à mon sens une existence qui mérite d’être vécue. Le vrai modèle libéral donne un cadre viable dans lequel la liberté, l’amour, l’intelligence, l’indépendance sont encore possibles. L’Etat social ne prescrit qu’un cadre dans lequel il s’impose comme seul intermé-diaire entre les humains. Il impose et ordonne la solidarité entre les groupes et les individu et exige la mixité là où elle n’est pas et ne devrait parfois jamais être. L’artificiel gangrène le naturel. La cohésion matérielle imposée à l’échelon national ou européen est une béquille atrophiant la solidarité et la cohésion naturelle du corps social et de ses enti-tés intermédiaires (familles, clans...). Les bons sentiments, imposés sous la forme de propagande scolaire et sur fond de slogans sur la fraternité, annihilent notre capacité réelle à s’émouvoir, à partager, à compatir. Il écrase les plus forts, au détriment non seulement de la liberté mais aussi des plus faibles. Au fil du temps, si nous laissons cet Etat social diriger la société et façonner nos enfants, il formera une Humanité informe, misé-rable, inculte, et égoïste.

Vers la désa-liénation

Bien sûr qu’un Etat libéral laisse le champ libre à la soif de profits du monde entrepre-neurial.Bien sûr que les publicitaires et les grandes firmes recherchent cette même place d’intermédiaire, veulent être ce seul lien entre les humains, et sans doute aspirent-ils à façonner cette même humanité morne, sans grandeur et amorphe. Mais eux, contrairement à l’Etat, ne pourront jamais le faire par la force des baïonnettes et des goulags. S’ils peuvent nous faire oublier que nous sommes libres, ils ne pourront jamais nous enlever notre liberté.Bien sûr que le modèle libéral offre la possibilité de vivre misérablement comme un esclave, en se vautrant dans de petits plaisirs; il offre la possibilité d’être égoïste et ultra-matérialiste, de se vautrer dans la pensée prêt-à-porter, de se cultiver à grand coup de Gossip girl, et de conce-voir tous les rapports humains sous l’œil marchand. Certes, c’est un système qui n’empêche pas les moutons d’être fidèles à leur nature. Mais il n’oblige pas non plus les bergers à penser, agir, se sentir comme des moutons.Car un des effets du modèle libéral est qu’il permet à l’humain libre et digne de demeurer et de se perpétuer. Il montre la différence entre l’aristocratie humaine qui tient debout, et l’esclave déstructuré, sans passé ni avenir, sans valeurs et sans compassion. Il est l’épreuve du feu, il est la pilule bleue de Matrix, offrant entre autres, un regard désillusionné sur l’égale et inaliénable dignité des indivi-dus, dogme mensonger, base de notre structure idéologique depuis ces quatre derniers siècles. Le système libéral, en offrant à chacun le choix de son mode de vie, permettra paradoxalement à l’Occident de sortir de son relativisme, à considérer qu’il y a encore du beau, du juste et du bon quelque part. Le libéralisme permettra la désaliénation. Il nous rendra notre autonomie, notre liberté, et un jour notre indépendance ; ce qui fait de nous des êtres libres et dignes. Et c’est pourquoi les utopistes, les idéologues de gauche comme de droite, et tous les génocidaires du monde entier haïssent le libéralisme. Mais ce qu’ils haïssent, ce n’est pas le capitalisme. Non, c’est la liberté.

François Dumont

Source : John Locke

S O C I E T E

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« Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ».

« République indivisible, laïque, démocratique et sociale » qui assurerait « l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction […] de reli-gion » – malgré ces phrases tirées de l’article premier de la Constitution française, la laïcité semble toujours poser problème. Financement de la construction d’églises, port de la burqa… Force est de constater que, de-puis la loi de 1905, les querelles religieuses n’ont pas disparu.

De « fille aînée de l’Église catho-lique », la France est devenue fille aînée de l’athéisme, dans un contexte culturel pourtant particulier. Bien sûr, beaucoup tenteront de renier leur héri-tage judéo-chrétien. Ridicule! Il n’y a qu’à regarder le calendrier des fêtes ou, dans le domaine de la morale, constater la tendance occidentale à tout peindre en noir et blanc, à distinguer le bien et le mal, bref, à jouer à Dieu et au diable. Les autoproclamés néo-chamanes reprennent certes d’anciennes notions chamaniques, mais à leur sauce bien occidentale qu’ils assaisonnent d’esprits bons et mauvais (héritage judéo-chrétien, en veux-tu, en voilà!). Pour comprendre cet héritage, il n’y a qu’à ouvrir la Bible. Étudiants d’IEP, ayant lu tous les livres possibles et imaginables à l’exception du livre peut être le plus vendu dans l’histoire de l’humanité ? Sacrilège, je dis! Ce texte est intéressant à tous points de vue : amateurs de contes de fées ou d’histoires érotiques y trouveront tout autant leur compte que les aficiona-dos de généalogie ou de créatures qui

pourraient sortir tout droit d’un film de science-fiction. En dépit de cette culture commune, beaucoup semblent, hélas, occulter le fait que les religions existent bel et bien encore aujourd’hui, et que “croyant” ne signifie pas systématiquement “fana-tique”. « L’enfer, c’est les autres », disait Sartre. Certes, mais pire encore est l’enfer que l’on imagine en l’autre. Car si l’autre effraie, c’est précisément en ce qu’il est complètement inconnu, autre. Celui qu’on ne connaît pas, qui nous fait peur. Fille immonde de l’in-compréhension et de la peur, apparaît alors la haine – quelle garantie après tout que l’autre ne soit pas fou ? Ainsi, la croyance entre en jeu comme une qualité potentiellement dangereuse.

“Dictature de l’athéisme oblige, les croyants deviennent des sortes d’extra-terrestres”.

Comment comprendre cette croyance dans un monde qui pousse à renier toute forme de métaphysique, toute pensée passagère à une transcen-dance quelconque ? Pas facile, je vous le concède. Dictature de l’athéisme oblige, les croyants deviennent des sortes d’extra-terrestres, des espèces rares qu’on croirait presque disparues. La peur trouve son point culminant dès qu’il ne s’agit plus d’une croyance pri-vée mais d’une croyance partagée avec d’autres en une communauté, croyance qui devient alors publique, perceptible.Regardons les débats récents qui touchent au domaine religieux. Mécon-naissance, obstination, fanatisme. Pire encore, instrumentalisation. Trop simple dans un pays où, au nom de la laïcité tant chérie, (presque) personne n’ose défendre des intérêts religieux. Ici se mêlent recherche de boucs émissaires, opportunisme politique et stigmatisa-tion. Le plus flagrant des exemples est l’islam : le débat actuel sur la viande halal

ne prend en compte ni les conditions d’abattage habituellement pratiquées en France, ni le fait que le halal proprement dit ne se résume pas à l’abattage d’un animal. Des choses à évoquer dans un pays souffrant de sa propre ignorance. Passons. Pourtant, la France est un pays qui aurait beaucoup à gagner d’une connaissance plus profonde des multiples cultures qui existent en son sein. Question de culture générale, matière adorée des iepiens. Question de tolérance et d’ouverture d’esprit permettant un mieux-vivre dans une communauté respectueuse.

“La laïcité à la française n’est qu’un joli mythe parmi tant d’autres que façonnent politique et société”.

Pardonnez-moi de citer encore l’exemple allemand. Un pays qui, n’étant pas laïc, enseigne obligatoirement la religion à l’école. Matière bien étrange me direz-vous (d’aucuns soupçonneront les pro-fesseurs de démagogie et d’endoctrine-ment). En revanche, les élèves parlent de toutes les religions et de différentes notions d’éthique, quelle que soit la fi-lière choisie – catholique, protestante, « valeurs et normes ». Discrimination là aussi : Bien entendu, le système alle-mand n’est pas parfait, mais il peut être le point de départ d’une réflexion. Aujourd’hui, ne nous voilons plus la face: la laïcité à la française n’est qu’un joli mythe parmi tant d’autres que façonnent politique et société. Si nous n’y voyons aucun inconvénient, que nous le disions haut et fort et le revendiquions enfin. En bons occidentaux, avec nos belles valeurs judéo-chrétiennes, cessons de mentir. Cela aurait le mérite d’être clair.

Anna Mohrmann

Portrait d’après le Pape Innocent X; Francis Bacon..

S P O R T

La renaissance du Basket-ball français

Au contraire d’une équipe de France de handball - analysée par mon confrère Romain Canalis lors du précédent numéro - décevante à l’Eu-ro 2012, ou du XV de France en pleine reconstruction lors du Tournoi des 6 Nations, l’équipe de France de basket-ball est, elle, en pleine ascension. Une dynamique donnant à de nombreux fans (à commencer par moi) de grands espoirs de médaille aux prochains Jeux Olympiques de Londres cet été.

Des Bleus en forme et motivés plus que jamais.

En septembre 2011, c’est une belle et séduisante équipe de France de basket-ball que nous avons pu observer lors du dernier EuroBasket en Lituanie. Le bilan est très encourageant : 9 victoires en 11 matches, 2 défaites seulement contre l’”ogre espagnol”, la troisième meilleure attaque du tournoi (79.6 pts), une médaille d’argent, et, en prime, une qualification directe pour les Jeux Olympiques de 2012, que le basket-ball français va retrouver après 12 ans de disette et nos derniers Jeux à Sydney en 2000. C’est également notre meilleur parcours depuis 2000 et notre finale per-due contre les États-Unis. Cependant, le résultat de cette équipe n’est pas surprenant, au regard des années de galère que la « génération Parker » a vécues. C’est plutôt l’aboutis-sement d’un important travail d’équipe, d’un changement de philosophie de jeu (incarnée par l’arrivée de Vincent Collet à la tête de la sélection en 2009), et surtout d’une immense motivation pour redorer le blason du basket français. Et comme Tony Parker l’avait compris, cela passait d’abord par une qualification aux Jeux Olympiques. Avant cet Euro en Lituanie, on n’avait jamais vu le meneur aussi concentré et impliqué auprès de ses coéquipiers, que ce soit sur ou en dehors du terrain, leur demandant sans cesse de rester fixés sur leur objectif : les Jeux de Londres. Même une fois que les Bleus l’avaient atteint, la faim était encore présente. Pour l’anecdote, les joueurs n’ont même pas fêté la qua-lification pour les J.O. le samedi soir, restant concentrés sur la finale contre l’Espagne le dimanche. Et les Bleus n’ont pas été ridicules face à l’Espagne, tenant de longues minutes au score la meilleure équipe d’Europe. Ils sont finalement restés à 13 points derrière (98-85). Mais ce jour-là, ils ont affronté une équipe imprenable, la seule à pouvoir rivaliser aujourd’hui avec la sélection américaine. En bref, les Français

se rapprochent doucement des Espa-gnols et de l’or européen, avec de jeunes joueurs pouvant exploser dans les années à venir. En attendant, une médaille aux Jeux est plus que possible, au regard de la progression de cette équipe qui n’en a pas fini de nous surprendre.

Une “renaissance” du basket français qui n’em-pêche toujours pas la faible médiatisation de ce sport pourtant de plus en plus populaire.

Mais alors pourquoi ce titre si je ne vous parle que de l’équipe de France masculine ? Tout simplement car cette « renaissance » concerne tout le bas-ket français. A commencer par l’équipe de France féminine. Après leur titre à l’Euro 2009, elles sont allées chercher la médaille de Bronze à l’Euro 2011 et la qualification pour le tournoi pré-olym-pique qu’elles disputeront en juin afin de rejoindre les Bleus à Londres. Les équipes de France jeunes, elles aussi, progressent et continuent leurs bons résultats chaque été. Par ailleurs, le lock out (grève patronale qui a suspendu la saison NBA jusqu’au 25 décembre) a permis à nos « stars NBA » de jouer en pro A (Parker et Tu-riaf à l’ASVEL, Batum à Nancy) et, par conséquent, d’augmenter l’attractivité du championnat français pendant 3 mois. Mais les salles ont continué à se rem-plir après le “lock out”, comme on a pu le voir pendant la Semaine des As en février. En outre, le nombre de licenciés a fait un bond lors de l’année 2011-2012 selon la FFBB grâce notamment aux bons résultats des Bleus. D’ailleurs, trois d’entre eux (Tony Parker, Joakim Noah et Nicolas Batum) brillent actuellement en NBA par leurs statistiques et jouent un rôle majeur dans leur équipe.J’ai bien conscience que tout n’est pas rose dans le basket-ball français et qu’il y a des progrès à faire (comme en témoigne le manque de responsabilités données

aux jeunes dans les championnats de France ou l’absence d’un club français au Top 16 de l’Euroligue). Néanmoins, com-ment expliquer qu’aussi peu d’importance soit accordée à ce sport, pourtant de plus en plus populaire, dans les émissions sportives telles que Stade 2 (30 secondes en moyenne sur 1h15 de programme) par rapport au football ou au rugby ? Cela est tout simplement aberrant et montre l’incompétence des journalistes sportifs. Mais terminons en beauté en vous rappelant qu’à l’IEP d’Aix, les deux équipes de basket-ball sont plus que motivées pour remporter le Crit ! Avec leurs résultats encourageants, j’ai envie d’y croire et de leur dire : pourvu que la force du Basketball français soit entre vos mains !

15Robin Genestier

Nicolas Batum.Source : LeMonde.fr

Coup de tonnerre dans le monde du cyclisme : le 6 février dernier, Alberto Contador a été reconnu coupable de dopage dans le cadre du Tour de France 2010 et de la fameuse affaire du « steak contaminé » au Clembutérol. Une ter-rible publicité pour tous les Buffalo Grill de France, vous en conviendrez... Un autre monument du vélo tombe sous les coups de seringues d’une industrie pharmaceutique qui semble plus polluer le sport (car oui, il n’y a pas que dans le vélo que l’on se dope) que l’aider. Pourtant, la science n’a pas toujours été le poison du sportif. Au contraire, elle l’a souvent aidé dans ses exploits.

Science et sport, deux alliés.

La science a pour vertu d’aider le sportif en deux domaines majeurs : elle connaît le corps humain comme personne et peut donc l’équiper au mieux pour pouvoir aller toujours plus loin, toujours plus haut et être toujours plus fort. Ainsi, le sport a profité des progrès de la médecine comme aucun autre domaine. En effet, l’amélioration générale et spectaculaire de notre hygiène de vie depuis la fin du XIXème siècle a permis au corps humain d’être mieux traité, mieux préparé et donc plus performant. Le suivi médical actuel des sportifs, de haut niveau comme des amateurs, permet d’améliorer grande-ment le potentiel initial des athlètes. La médecine a permis aux entraîneurs et aux préparateurs physiques de mieux comprendre le fonctionnement du corps et de sans cesse adapter l’entraîne-ment en poussant la machine dans ses ultimes retranchements tout en restant le plus possible à son écoute. Le car-dio-fréquencemètre [appareil permet-tant de mesurer la fréquence cardiaque

en temps réel, ndlr], outil aujourd’hui utilisé par tous les sportifs sérieux, en est l’illustration parfaite ! Aussi le sport l’a-t-il bien rendu à la médecine : les athlètes permettent au corps médical de comprendre comment le corps réagit aux sollicitations les plus extrêmes, ce qui a un intérêt non négligeable pour comprendre notamment les maladies les plus dévastatrices. Le sport le rend aussi bien à la médecine par l’image qu’il véhicule : des Dieux du Stade aux nageurs tels que Camille Lacourt, quelle plus belle l’image de l’homme que ces champions jeunes et fringants qui font le bonheur de ces dames ? Car le sport rend en vitalité et en élégance le temps qu’il nécessite pour sa pratique. La médecine ne pourrait avoir de meilleurs ambassadeurs que les athlètes de haut niveau pour montrer les bienfaits du sport pour notre corps. La médecine (et plus globalement le corps médical) ayant préparé au mieux le corps, ce sont les physiciens et les chimistes qui prennent le relais : qui n’a jamais apprécié le confort de bas-kets à l’amorti doux et protecteur ? Les sportifs ont vite fait appel à leurs camarades scientifiques afin de trou-ver des solutions qui leur permettront d’améliorer encore leurs performances. Prenons l’exemple du football. Dans ce sport plus technique que physique, le matériel a, a priori, peu d’influence. Et pourtant, nombreux sont les accessoires utilisés par le footballeur pour améliorer ses performances. Et cela commence par les pieds : un simple coup d’œil sur les chaussures des footballeurs actuels comparés aux chaussons de leurs aînés permet de comprendre que ces deux objets nommés “chaussures” n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Cuir d’un côté, matériaux synthétiques et tissu de l’autre ; plusieurs centaines

de grammes d’un côté, à peine une centaine la paire aujourd’hui ! Le ballon a aussi subi de fantastiques évolutions : autrefois en cuir et nécessairement composé de 32 panneaux hexagonaux (les « morceaux » nécessaires à la for-mation du ballon), pesant près de 500 grammes, il est aujourd’hui un fruit de la technologie. La forme de ses pan-neaux étant totalement libre, le ballon permet plus de rapidité, de technique, et donc un jeu plus flamboyant. Pour le plus grand bonheur des joueurs et des spectateurs. Si l’on s’en tient à ce seul tableau, quelque peu idyllique, science et sport coulent des jours heureux. Mais l’histoire n’est pas aussi belle que l’on ne veut le dire...

Une idylle inquiétante

En effet, avec l’approche médicale du sport, des dérives sont possibles. En aidant le sportif à mieux appréhender son corps, le médecin peut tout aussi bien lui fournir les produits permettant de le pousser au-delà de ses limites. C’est le cas du plus célèbre des produits dopants : l’EPO. Abréviation d’érythropoïétine (ou d’ ”eau – pastis – olive” en pays Provençal, c’est selon), le fléau majeur des sports d’endurance est en fait une hormone naturellement sécrétée par le corps humain dont l’utilisation médicale est destinée par exemple au traitement de l’insuffisance rénale. Mais les sportifs de haut niveau, désormais profession-nels et soumis à l’obligation du résultat, ont souvent eu recours à ce produit « miracle » pour booster leurs per-formances. En résumé, cette protéine stimule indirectement l’augmentation du taux d’hématies dans le sang, permettant une meilleure oxygénation des tissus musculaires.

Sport et progrès sont-ils in-conciliables ?

S P O R T

Le sport et la science ont toujours entretenu des liens passionnels, le sportif et le scientifique éprouvant l’un pour l’autre une fascination sans borne, comme deux amants qui ont besoin l’un de l’autre pour vivre. Et comme dans toute relation passionnelle qui se respecte, les deux amants sont souvent amenés à s’adorer, puis à se détester dans l’instant qui suit. De la basket sur coussin d’air aux plus perfectionnés des produits dopants, le sport et la science sont-ils réellement inconciliables ?

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S P O R T

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Mais dès lors, si l’utilisation d’une pro-téine naturellement sécrétée par l’orga-nisme est interdite par l’AMA (Agence mondiale antidopage), pourquoi la vita-mine C serait autorisée ?

C’est là tout l’enjeu éthique de l’épi-neuse question formulée par le dopage. En effet, si certains sont favorables à la légalisation totale du dopage, leurs détracteurs avancent la mort certaine du sport s’il était autorisé, destinant les Jeux Olympiques et autres Tour de France à devenir des guignoleries du même genre que le catch américain.

Si les médecins peuvent tomber dans ce travers, les physiciens y sont encore plus soumis. En effet, la technologie matérielle a fait des progrès immenses au point de pouvoir pratiquement ré-soudre tous les problèmes posés par la nature. Le corps humain ne flotte pas parfaitement ? Ce n’est plus un problème, équipons les nageurs et triathlètes de combinaisons leur per-mettant une flottabilité parfaite ! Les pavés de Roubaix font vraiment trop mal ? Intégrons un moteur dans les

bicyclettes torturées des coureurs, et ainsi la rudesse de “l’enfer du Nord” en serait presque transformée en une balade dans les corons ! On pourrait multiplier les exemples à l’infini tant ils sont nombreux.

Reprenons notre nageur : après avoir avalé des kilomètres dans une piscine chlorée, avoir bravé Kronos avec brio, la victoire finale au 100m nage libre ne serait plus qu’une histoire de combi-naisons ? La guerre des marques fut telle qu’une médaille mondiale ne se jouait plus sur les hommes mais sur les combinaisons, réduisant les athlètes au rôle de mannequins. Les combinaisons étaient tellement influentes que près de 100 records du monde ont été battus durant la période 2008 – 2009 ! La plaisanterie fut tellement drôle qu’on ne regardait plus le palmarès d’un nageur sur le plot de départ, mais la combinai-son qu’il portait... Seulement, un bassin n’est pas un podium et les Jeux Olym-piques ne sont pas la fashion week.

Quant aux cyclistes, l’affaire du « moteur » que Fabian Cancellara, spécialiste du Paris

– Roubaix, aurait utilisé pour remporter l’une des éditions de cette fameuse course avait fait grand bruit au printemps 2010, jetant le soupçon sur un sport qui n’en a vraiment pas besoin...

Ces deux exemples nous ont mon-tré que l’utilisation de la technologie à mauvais escient pouvait mener à la destruction pure et simple de l’esprit du sport. Cependant, un autre cas vient remettre en cause la technologie, mais sous un angle bien différent : celui d’Os-car Pistorius. Privé de l’usage de ses deux jambes, cet athlète sud-africain né sans péroné et amputé à l’âge de 11 ans, est spécialiste du 400m et multiple champion paralympique. Seulement, ces temps sont très proches de ceux des valides (14ème performance mondiale aux mondiaux de Deagu sur 400m). Pistorius est équipé de prothèses, les « cheetah », composées de lamelles de carbone flexibles, lui permettant de restituer l’énergie de ses cuisses et fessiers. Des analyses scientifiques très poussées (voir l’article du Monde.fr Athlétisme: le cas Pistorius, question scientifique ou question éthique ? paru le 27 août 2011) ont permis de montrer que ces prothèses lui confé-raient un avantage par rapport... aux valides, puisqu’il est le seul athlète au monde à courir plus vite son second 200 mètres que le premier ! Une véritable bataille d’experts a commencé afin de déterminer s’il pouvait ou non courir avec les valides.

À travers ce court article, nous avons vu que la science et le sport étaient étroitement liés, et ce depuis les ori-gines. Entre progrès et dopage, la limite semble bien floue. L’explosion technologique qui a débuté après la Seconde Guerre Mondiale semble être mal maîtrisée par un monde du sport tiraillé entre volonté de sans repousser constamment les records et la pression d’une professionnalisation qui n’a pas que des bons aspects.

Cependant, on observe qu’au-delà des querelles techniques, c’est bien l’aspect éthique qui est au centre du problème. C’est alors aux philosophes d’entrer sur le terrain pour jouer le match de l’éthique...

Eliès Berkani

Source : Mark Ralston pour l’AFP - Oscar Pistorius et ses «cheetah»

C U L T U R E

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Braquage à la françaiseAlors que la plupart des Français dormaient, un événement sans précédent pour notre cinéma s’est produit la nuit du 26 février au Kodak Theatre de Los Angeles. On l’attendait, on l’espérait

secrètement, et c’est finalement arrivé : The Artist a remporté cinq Oscars, cinq Graals qui consacrent un pays, un film et un acteur.Impossible d’être déçu des récompenses dont a été glorifié le film : meilleur film, meilleur réalisateur pour Michel Hazana-vicius, meilleur acteur pour Jean Dujar-din, meilleure musique originale pour Ludovic Bource et meilleurs costumes. Une véritable razzia, toutes les récom-penses majeures raflées ! Le meilleur second rôle féminin n’a pas été remporté par Bérénice Béjo, mais il n’était plus vraiment nécessaire.

“La concurrence n’était pas rude cette année au regard des nominations”.

The Artist était déjà donné favori sur les sites de paris en ligne à la veille de la cérémonie, mais la victoire n’était cependant pas totalement acquise. En effet, les Oscars ont souvent été boudés par les cinéphiles à cause du manque d’audace de l’Academy qui se contentait de récompenser la plupart du temps des films consensuels ayant joui d’un succès commercial. Il faut le dire, la concurrence n’était pas rude cette année au regard des nomi-nations : The Descendants d’Alexander Payne, qui rassemblait de nombreux cri-tères de sélection habituels (une histoire de vie distillée dans une comédie dra-matique menée par un acteur en vogue, George Clooney) mais qui restait fade et sans intensité. Hugo Cabret de Martin Scorsese méritait sa nomination, mais le film de jeunesse n’a jamais eu la part belle dans ce genre de cérémonie. Minuit à Paris de Woody Allen était certes très appréciable, mais n’avait cependant pas l’envergure pour un Oscar. On peut en-core citer The Tree of Life de Terrence Malick qui avait remporté la Palme d’Or à Cannes l’année dernière. Mais il n’avait vraisemblablement aucune chance, ce type de film ne correspondant pas du tout à la ligne conventionnelle des Oscars.On pourrait rétorquer que The Artist, qui, répétons-le, est un film muet en noir et blanc, n’a rien de “convention-nel”. N’oublions tout de même pas que Michel Hazanavicius reprend les codes du cinéma hollywoodien des années vingts, sans tomber bien sûr dans la parodie ou le pastiche, mais ne crée pas un OVNI qui

aurait totalement dépaysé les électeurs des Academy Awards, le casting étant de plus constitué de nombreux Américains (John Goodman, James Cromwell...).

“Jean Dujardin a dû travailler dur pour convaincre l’Amérique”.

Autres fierté et évènement à part entière, la récompense du meilleur acteur décerné à Jean Dujardin. Il est le premier Français à obtenir cet oscar (les Françaises en ont, elles, déjà obtenu deux). Comment imaginer l’acteur, que notre génération a vu débuter dans Un gars et Une fille et Brice de Nice, arriver au même niveau qu’un Nicholson ou De Niro ?Mérite-t-il cette statuette ? Sans aucun doute, mais tout cela n’était pas prévisible il y a un an et même après la sortie du film : Jean Dujardin a encore dû travailler dur pour convaincre l’Amérique. L’histoire débute à Cannes en 2011. Le Festival a donné une première visibilité au film, et à l’acteur en particulier, qui s’est vu remettre le prix d’interprétation par Robert De Niro, alors président du jury. On a aussi pu suivre ces dernières semaines la tournée triomphale aux quatre coins des États-Unis de notre Jean national qui, en plus de s’emparer de toutes les récompenses possibles et imaginables, s’est véritablement starifié en participant notamment à des émissions télévisées

populaires outre-Atlantique (Saturday Night Live, Tonight Show, ou encore la vidéo du site Funny or Die). Il a peu à peu acquis la carrure d’un « oscarisable », un peu comme un candidat devenant « présidentiable » somme toute. Les mauvaises langues avaient prédit une perte massive des voix conservatrices et puritaines du cinéma américain suite à la mini-polémique autour des affiches parisiennes des Infidèles, prochain film que Jean Dujardin co-réalise avec Gilles Lellouche. Mais heureusement, le résultat leur a donné tort.Peu importe les aigris, les jaloux, les rabats-joie, on est heureux pour le cinéma français, l’audace récompensée de Michel Hazanavicius et Thomas Langmann (le producteur, sosie de Peter Lorre). On attend la suite des évènements avec hâte. Comment reprendre une carrière de réalisateur et d’acteur après un film-charnière ? La porte a-t-elle été ouverte à une vague de films rétros ? Les pro-ducteurs vont-ils se risquer à financer des projets plus originaux ? Des tonnes de questions que tous les cinéphiles se posent. Un braquage de statuette a clôt l’aventure The Artist cette nuit-là, à la française, avec classe, en costard-nœud pap’, avec de grands sourires et des tonnerres d’applaudissements.

Antoine Bruneton

Source : deb’actualité.blogspot.com

U T O P I E

Les robots pour une démocratie participative.

La pléthore de propositions que nous offrent les candidats à la présiden-tielle me donne à penser qu’ils pour-raient tous faire d’excellents pata-physiciens. (En vous renvoyant à la définition d’Alfred Jarry : « La Pata-physique est la science des solutions imaginaires »).Puisqu’il est permis d’aller vers toutes les affabulations possibles, d’inventer des solutions grotesques à des problèmes mal posés, je veux en être, de cette cam-pagne ; j’ai des idées ! Et voici mon programme : renonçons à la démocratie représentative !Mais à peine ai-je prononcé cette pro-position que je sens sur moi les regards inquisiteurs. « Oser proférer de telles insanités ! Renoncer à la démocratie quand de l’autre coté de la Méditerranée, des peuples meurent sous le joug de cruels dictateurs ? C’est infâme. Cela ne se dit pas. » Ce discours est pour moi la preuve de la plus grande traî-trise de la démocratie. En démocratie, nous dit-on, on n’assassine pas comme c’est le cas dans les dictatures. Je ne m’attarderai pas sur les têtes coupées et les rigoles de sang frais à Paris en 1793, pour en venir directement à nos jours. Dans nos démocraties actuelles, aux États-Unis par exemple, sévissent encore la torture et la peine de mort. La peine de mort propre, cela dit. Hop, un coup de jus et n’en parlons plus. Ce n’est pas comme ces barbares en Iran. La démocratie est pour Thomas Mann « Le gouvernement amusant ». C’est un théâtre, un spectacle plaisant. On y ment au peuple.

“Les peuples opprimés (...) sont en quête de bonheur et de liberté, simplement.”

La démocratie est une chimère derrière laquelle courent les peuples opprimés. Nous voulons voir dans leur lutte le plé-biscite de notre modèle politique au nom de « l’universalité de la démocratie ». Mais nous ne voyons que ce que nous voulons voir, aveuglés par le sempiter-nel discours sur les bienfaits de notre régime. Les peuples opprimés récla-ment-ils vraiment la démocratie ?

Ces peuples sont en quête de bon-heur et de liberté, simplement. « C’est la quête du bonheur qui est universelle » nous dit Guy Hermet. « Et le bonheur se manifeste par la paix, la tranquillité et un minimum de prospérité. » Les classes moyennes chinoises, dont le gouvernement hybride se charge de remplir les assiettes chaque jour, n’en ont cure de cette démocratie ! C’est nous, avec notre référentiel chargé de notre culture et de notre histoire, qui voulons que la Chine soit démocratique. C’est nous qui voulons imposer notre modèle démocratique à ces peuples, qu’il n’y a pas si longtemps nous voulions évangéliser (ce que nous avons fait avec les conséquences que chacun connaît).

“Les élections ne sont que l’illusion du pouvoir que l’on prête au peuple”

Et pourtant, notre démocratie n’a rien de reluisante. Nous sommes loin de la démo-cratie de Périclès que nous invoquons à tout bout de champ. La démocratie à Athènes au Vème siècle n’a rien à voir avec la démocratie représentative dans laquelle nous vivons aujourd’hui et qui se réduit à la confiscation du pouvoir par une caste de professionnels. Les élections ne sont que l’illusion du pouvoir que l’on prête au peuple, qui en réalité n’a pas de prise sur les décisions poli-tiques. Dans la démocratie d’Athènes, si un citoyen avait une idée pour la Cité, il pouvait se lever, parler au centre de l’hémicycle et défendre son point de vue. Si aujourd’hui, un citoyen se lève avec une bonne idée pour son pays et qu’il veut se battre pour faire entendre son point de vue, il doit d’abord adhérer à

un parti politique, pour être crédible et entendu. De cette adhésion naît une obli-gation de s’effacer derrière les idées du parti et finalement intégrer un système de pensée qui n’est pas le sien. Je ne crie pas au complot, je dis que la démo-cratie telle qu’Athènes l’a vécue n’a plus jamais existé par la suite. Ou alors par endroits et par moment (dans certaines municipalités au nord de l’Italie ou de la Suisse par exemple). Mais partout ailleurs, et ensuite, la démocratie représentative l’a emporté. Il y avait à Athènes un contexte qui favorisait la démocratie participative. Tout d’abord, la démocratie participa-tive se faisait à l’échelle de la Cité et non d’un pays. Ensuite, il y avait peu de citoyens. Et enfin, ces citoyens avaient des esclaves. L’esclave est indispensable à la démocratie participative. Il permet au citoyen de se décharger du travail (la Poiésis) pour se consacrer à son activité citoyenne (la Praxis). Comme le système capitaliste et l’avènement des Droits de l’Homme nous ont bien fait comprendre que les esclaves étaient bien moins souhaitables que l’exploitation des prolétaires ou que le monde des Bisounours, hâtons-nous de créer des robots (dépourvus de conscience, bien sûr, sinon on devine la révolution des robots poindre avant même la création de ces derniers) pour nous permettre enfin d’avoir une démocratie réelle et efficace !

19Lydia Belmekki

U T O P I E

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Journal intime de Nicolas Sarkozy

Recopié par Marc-Antoine Moreau

Mardi 8 Mai 2012

Me voici réélu ! Doux chant de l’Elysée que j’entends à nouveau. Avec mon air de ne pas y toucher. Enfin, victoire ! Ce fut une bataille difficile. Mais quel finish !A qui devoir mon succès ? Aux Français, d’abord. Ce sont bien eux qui m’ont réélu, démocratiquement, conformé-ment aux institutions de notre Vème République. Je les en remercie, louant leur anxiété. Car les Français sont tous inquiets. Leurs propres soucis ne les comblant pas, ils adoptent ceux des autres. J’ai toujours su que c’allait être une occasion. Prenons le Printemps arabe, qu’on a plus soutenu que mon projet d’Union pour la Méditerranée. Du Processus de Barcelone, on ne retiendra donc que Kadhafi... Mais enfin, tout est toujours possible, et surtout les bas prismes… Comme mon propos sur La Prin-cesse de Clèves, qu’on aura compris à tort… Grâce à moi, la France relit La Fayette : j’ai plus fait pour la culture et l‘éducation nationale que dix ans de réformes. Pourquoi les Français m’ont-ils ac-cordé, à nouveau, leur confiance ? Cette question m’a été posée. Je me la suis posée aussi. Une réponse ? Guaino a eu ce mot très juste ; c’est qu’ils ché-rissent les causes dont ils ne cessent de maudire les effets. Je ne sais pas si c’est de lui, mais c’est habile. On a beaucoup parlé quand je parlais beaucoup. On a ensuite trouvé que je cachais trop de choses. Mon enfant à venir. Ma candidature à un second man-dat. Patience et agacement, lenteurs et vitesse : la France, c’est Virilio lundi, et dimanche Peter Handke. On me disait fatigué, usé par l’exercice du pouvoir, la mesure de la gravité de ma charge. L’Eteint c’est moi ? Bêtises ! Il s’agissait d’habiter la fonction. La gouvernance, c’est l’appétence aussi. Ils jasaient sur ma taille, mais c’est que j’ai l’estomac dans les talons. Les idiots. Je les revois aussi me faire passer pour sot, et ces média en boucle qui bouclaient leur tirage sur mes méfaits de bouche. Une insulte, par excès, et c’était la cohue ! “Casse-toi pauvre con” : on m’a tant répété l’invective qu’elle n’est presque plus de moi. Et mon discours après cette entrevue avec Poutine ! Ivre, moi ?! L’alcool. La vodka.

Enivrante aventure, disait Gombrowicz. Mais j’en ai tiré mon parti, si j’ose dire. Le Président de la République française doit toujours être vulgaire. On n’aime pas l’élitisme. Est-ce que Chirac le savait aussi, quand il s’encombrait d’un tra-ducteur de russe, lui qui avait traduit, dans sa vingtaine Eugène Onéguine ? L’exception, bien sûr, c’est Mitterrand. Mais lui est l’exception de tout, alors… Enfin… Ces diatribes ! Et ces gloses ! Jungle d’exemples. Ils pen-saient tous, commentateurs d’un jour, fins analystes, que c’allait être un 21 Avril renouvelé. La fille Le Pen. Ou la gauche qui allait l’emporter. J’aurais eu plus de mal avec Aubry. Mais c’était Hollande. Les plateaux télés : des plateaux repas, n’en faisaient qu’une bouchée. En parlant de manger, justement, c’est amusant comme personne n’a réagi lorsque je suis retourné dîner au Fouquet’s, le soir de ma nouvelle victoire. Les Français oublient vite. Surtout, ils s’habituent à tout. J’avais convié De Villepin, qui avait refusé poliment. Je le revois encore, avec cette histoire des 500 parrainages… Une posture seule ne suffit pas, l’histoire le sait bien. Elle est gorgée de fosses pour les aspects sans fond. Au vrai, la politique est affaire philosophale : il faut changer l’aplomb en or, capitaliser son image. L’image capitalisée, justement : Mélenchon. Mélenchon était là, à table,

avec un St Figeac 1973, dont la robe rappelait curieusement la couleur de sa cravate... Merkel aussi, mais c’était moins surprenant. Elle avait assisté à mon dernier meeting, elle venait célé-brer ma victoire, qui était aussi un peu la sienne. Et quel poussoir pour notre couple ! Le Monde avait titré « Un nou-veau pas pour l’Europe », l’Humanité « La Grande Bouffe ». L’histoire repasse toujours les plats ; j’ai repris du dessert. Demain doit être publiée la com-position du gouvernement. Que diront-ils en voyant NKM Premier ministre ? Avec elle, je frappe grand large ! Les Français veulent du changement. Ecce Femina ! Avec moi, à moi, l’écologie ! Mon mandat se précise : réindustria-lisation de la France, développement durable, construction de centrales pho-tovoltaïques en mer, Hadopi pardonné, tout nimbé nouveau charme… Je dois cesser d’écrire pour au-jourd’hui. Il est 7 heures du matin. Le soleil est royal et les fenêtres à guillo-tine n’en ternissent pas le faste. Carla dort encore, paisible presque dans son pantalon de satin bleu, à poings fermés. C’est drôle, ces poings fermés que je remarque maintenant, ce côté combatif qu’elle reproduit jusque dans le sommeil. Et pour cinq ans encore.