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Coopération ou néo-colonialisme La coopération: aide ou néocolonialisme by Yves Fuchs; La coopération économique eurafricaine by Jacques Bourrinet Review by: Jacques Marseille Canadian Journal of African Studies / Revue Canadienne des Études Africaines, Vol. 11, No. 1 (1977), pp. 111-113 Published by: Taylor & Francis, Ltd. on behalf of the Canadian Association of African Studies Stable URL: http://www.jstor.org/stable/483674 . Accessed: 18/06/2014 06:21 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Taylor & Francis, Ltd. and Canadian Association of African Studies are collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Canadian Journal of African Studies / Revue Canadienne des Études Africaines. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.216 on Wed, 18 Jun 2014 06:21:46 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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Coopération ou néo-colonialismeLa coopération: aide ou néocolonialisme by Yves Fuchs; La coopération économique eurafricaineby Jacques BourrinetReview by: Jacques MarseilleCanadian Journal of African Studies / Revue Canadienne des Études Africaines, Vol. 11, No. 1(1977), pp. 111-113Published by: Taylor & Francis, Ltd. on behalf of the Canadian Association of African StudiesStable URL: http://www.jstor.org/stable/483674 .

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Revue canadienne des 6tudes africaines/Canadian Journal of African Studies Volume IX, no 1, 1977, 111-113

Cooperation ou neo-colonialisme*

Jacques MARSEILLE**

Dans le discours qu'il pronongait ai la suite de la signature des accords de Lome, le 28 fevrier 1975, M. Ortoli, president de la Commission des Communautes europeennes, declarait :

Au-dela de l'optimisme de rigueur et des satisfecit d'usage en de semblables circonstances, nous avons, en effet, toute conscience que I'evenement auquel nous participons aujourd'hui constitue un tournant important dans I'histoire des relations economiques internationales de la seconde moitie du XX' siecle, c'est-a-dire dans I'histoire tout court... La Convention de Lome represente a ce jour dans le domaine de la cooperation internationale 1'< attaque > la plus complete, la plus accomplie face au drame de la pauvrete et du sous-developpement.

L'Europe aurait-elle donc elabore une politique de cooperation << revolutionnaire >> ou ne ferait elle que poursuivre, sous des formes deguisees, sa vieille politique de domination et d'exploitation ? Cooperation ou neo-colonialisme ? C'est ia cette interrogation que ten- tent de repondre les ouvrages d'Yves Fuchs. La (ooperation: aide olt nu;o-n•'olonialisnme

et de Jacques Bourrinet, La coopeiration ?conomique eurafricaiine.

L'ouvrage de Bourrinet se presente, en fait, comme l'ecriture universitaire d'un satis- fecit officiel, une bonne synthtese des documents publies par les Commissions europeennes. La bibliographie indique bien, d'ailleurs, que l'essentiel des references se trouve dans les Communications presentees par la Commission des communautes europeennes au Conseil des ministres. Dans ces conditions, on ne peut s'etonner de la conclusion de l'ouvrage:

La collaboration entre la CEE et les Etats africains, pour limitee qu'elle soit, represente une des rares experiences positives qui aient ete tent6es dans la recherche de nouveaux rapports entre pays industrialises et pays en voie de developpement. (p. 181)

Cette affirmation de principe repose en fait sur trois types d'arguments. Les pays en voie de developpement qui entretiendraient une cooperation etroite avec l'Europe auraient ete promus, << dans l'economie mondiale et dans l'espace regional africain ia un nouveau rang >>. On cherchera en vain les elements chiffres qui permettraient d'etayer une telle affirmation.

Le second argument est qu

au sein des institutions paritaires de la cooperation regionale, ces pays d'Afrique, des Caraibes et du Pacifique ont constitu6 un bloc uni, s'exprimant d'une seule voix dans les negociations et la gestion de la cooperation. (p. 183)

C'est oublier que la << cooperation > designe toujours l'ensemble des relations economiques entre des pays capitalistes evolues et des pays sous-developpes et que les moyens economiques de l'aide sont toujours aux mains des premiers. Quand il a fallu, par exemple, debloquer un versement de $150 millions en septembre 1974 sur les $500 millions

* Yves FUCHS, La coopdration: aide ou ndocolonialisme, Paris, Editions Sociales, 1973, 190p. * Jacques BOURRINET, La cooperation economnique eurafricaine, Presses Universitaires de

France, 1976, 189p. S* Dpartenment d'histoire, Universith de Paris VIII, France.

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que les Neuf avaient decide de verser au Fonds cree au profit des pays sous-developpes les plus touches par la hausse des prix des matieres premieres, la France et l'Allemagne, faisant preuve d'un legalisme pointilleux ont retarde le versement.

Le dernier argument de Bourrinet est qu'%< au total, sans qu'il soit possible de quantifier les resultats obtenus par la cooperation eurafricaine depuis 1958, ces resultats ont paru suffisamment probants pour engager cette cooperation dans une phase de large extension et de sensible approfondissement >> (p. 184). Cette absence de quantification, dans un domaine odu, elle nous parait si necessaire, est dramatique. Dans une etude datde d'octobre 1973, I'Association C.E.E.-Afi'iqle noire, Torrelli et Valaskas avaient pourtant dresse un bilan quantifie tres revelateur. Mesurant l'evolution des termes de l'echange des pays de l'Afrique frangaise de 1963 a 1969, ils etaient parvenus aux resultats suivants ( 1963 : base 100) :

1963 1964 1965 1966 1967 1968 1969

Monde 100 73 68 70 61 72 73 CEE 100 73 60 55 56 65 55

Ainsi, malgre les accords de cooperation, les termes de l'echange des pays "'promus 'a un nouveau rang dans l'economie mondiale" s'6taient davantage degrades avec leurs par- tenaires privilegies de la CEE qu'avec l'ensemble du monde. Le fait que, dans ces condi- tions, les resultats paraissent probants aux dirigeants de ces pays, ressort plus de l'analyse politique que del'analyse economique.

Peut-on estimer que la stabilisation des recettes d'exportation (STABEX) mise en place pour la Convention de Lome et pr6sentee par Claude Cheysson comme << revolutionnaire >> et << comparable au droit aux allocations de chomage dans nos pays >> soit de nature a apporter une reponse a cette degradation des termes de l'echange ? Le systeme mis en place prevoit des transferts compensateurs pour les pays dont les recettes d'exportations tomberaient au dessous d'un niveau de reference calcule pour chaque Etat-ACP et pour chaque produit. Le niveau de reference << est la moyenne mobile des recettes d'exportation procurees 'a chaque Etat-ACP en cause par ses exportations a desti- nation de la Communaute au cours des quatre annees qui precedent chaque annee d'application >>. (p. 95)

Outre les reserves mises 'a l'octroi de ces transferts, I'accord ne dit rien du prix des marchandises importees par les Etats-ACP. C'est dire que la stabilisation des recettes d'exportation peut tres bien s'accompagner d'une degradation des termes de I'echange pour les pays fournisseurs de matieres premieres puisque, comme le souligne Bourrinet, entre 1969 et 1974; des produits jouant un role strategique dans le developpement ont connu des hausses considerables: prix de I'acier multiplie par 3, prix du ciment multiplie par 4, prix des tracteurs multiplie par 2, etc.

Plus interessante est la proposition de Bourrinet selon laquelle la cooperation suppose << une nouvelle division internationale du travail entrainant un certain reddploiement des activites a l'interieur de l'economie europeenne >> (p. 185). Cette proposition n'est pas nouvelle; elle s'insere dans les tentatives reitdrdes depuis la crise de 1929 de liquider dans les metropoles les couches de la bourgeoisie premonopoliste (agriculteurs, secteurs textiles et alimentaires) au profit d'une internationnalisation de la production controle par la bourgeoisie financiere. Car la veritable question n'est pas l'industrialisation des pays sous-developpds mais le fait de savoir quelles seront les forces sociales qui la prendront en main.

C'est pour cette raison que l'affirmation de Fuchs selon laquelle la politique d'aide et de cooperation ne serait pas seulement une politique d'oppression et d'exploitation mais aussi << un succes obtenu par les pays sous-developpes apres 1'effondrement du systeme colonial et ceci, en grande partie, du fait du nouveau rapport de forces existant ai l'echelle

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mondiale >> (p. 55) ne peut que laisser sceptique. En fait, le livre d'Y. Fuchs nous semble dater, et, a la fois, presenter de nombreuses lacunes.

Dater par le style ouI l'affirmation se substitue sans cesse a la demonstration. Affirmer que

la politique d'aide au developpement, de cooperation culturelle et technique, correspond a la forme souhaitee par les monopoles pour poursuivre i'exploitation des pays sous-developpes dans le cadre de la phase du capitalisme monopoliste d'Etat (p. 56)

est probablement juste mais pas veritablement demontre auparavant. Dater par les references constantes au modele de cooperation que constitueraient les relations de I'URSS avec les pays socialistes et les pays sous-developpes. Dater par les citations in- utiles de Lenine ou de Congres telle celle du VIIe Congres du parti communiste indien qui declare :

s'il n'y avait pas eu i'aide desinteressee de l'Union sovietique et des autres pays socialistes 'a l'Inde, ii n'aurait pas ete possible de mettre sur pied un developpement independant de notre economie nationale en accord avec notre plan du fait des pressions exerc6es par les impeiialistes (p. 122, cit6 sans date)

Mais, d'un autre co6t, l'ouvrage de Y. Fuchs semble inachev6. La aussi, la biblio- graphie est 'a sens unique. Lorsqu'on veut critiquer scientifiquement les auteurs o bourgeois >>, il faut au moins developper et citer leurs analyses. Les theses de Samir Amin sont rejetees en une page alors qu'elles meritaient un meilleur sort. Le plan ne permet pas vraiment au lecteur de suivre la demonstration de I'auteur. La strategie elaborde par la CEE, dans laquelle s'insere maintenant, et de plus en plus, la France est a peine mentionnee. Presenter comme caracteristique de la phase du capitalisme monopoliste d' Etat le fait que << de plus en plus les fonds publics franqais sont mis au service du capital prive >> (p. 182) n'est pas juste. Des les premieres annees de la colonisation les capitaux publics ont assure la rentabilite des capitaux prives, en realisant les travaux d'infrastructure non directement rentables.

Ce qui manque en fait ces deux ouvrages, c'est la dimension historique qui, seule permet de comprendre comment les strategies presentees comme nouvelles ou << neo-coloniales >> s'inserent en fait dans un mouvement de fond dont les origines peuvent etre datees de I'apres-Premiere Guerre mondiale et qui a mis aux prises deux strat6gies imperialistes, I'une heritde du pacte colonial et du capitalisme marchand, I'autre elaboree par la bourgeoisie financiere et certains < technocrates >>, et qui n'a pu triompher que par la decolonisation. Le < neo-colonialisme >> est, en fait, I'imperialisme, au sens leniniste du terme.

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