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Coqueluche et varicelle : nouvelles strategies vaccinales La perte d'immunit6 acquise est un ph~nom~ne biologique bien dtudi~, qui a justifi~ I'inscripUon au calendrier vaccinal de rappels non pr~vus ~ I'origine. C'est le cas tout r~cent de la coqueluche. L a perte de I'immunit6 acquise semble precoce, & tel point qu'on a institue un rappel pour les adolescents, contaminateurs sains des nourrissons non encore vaccines. Le vaccin adulte pourrait clore un paradoxe : la France, avec un bon taux de couverture pediatrique, subit depuis quelques annees une recrudescence de coqueluche des nourrissons, due aussi & des adultes conta- minateurs, Par ailleurs, la presentation d'un vaccin contre la varicelle met fin & un long statu quo fran~ais sur une question en panne : vaccine or not vaccine ? Repevax ®, vaccin tetravalent coquelucheux acellulaire de I'adulte, reactive I'immunit6 contre quatre maladies. Outre la coqueluche : diphterie, tetanos, poliomyelite. La valence coqueluche est acellulaire, c'est-&-dire non & germe tue mais & antigenes purifies, moins reactogenes, du fait du risque de d'hyper-reac- ticn immunitaire chez I'adulte (egalement meilleure tolerance chez I'enfant). Ce rappel se justJfie autant pour relancer la protection de radulte et eviter qu'il contamine les petits enfants que pour stopper la recru- descence de la maladie en France chez ce m~me adulte (~), le plus souvent asymptoma- tique ou peu symptomatique (toux persistante, nocturne, pneumopathie rare), mais fort conta- minante pour I'enfant non protege : dans un cas sur deux, le nourrisson non vaccine a ete contamine par ses parents. Le Conseil supe- rieur d'hygiene publique de France (CSHPF) recommande la vaccination (2)des jeunes adultes ,, susceptibles de devenir parents dans les mois ou les ann#es ~ venir ,,, 6ga- lement celle de tousles membres d'une famille og se deroule une grossesse. Enfin, les pediatres insistent sur la necessite pour les professionnels de sante, en contact regulier ou episodique avec des enfants, ce peut #tre le biologiste de ville ou hospitalier, de se faire revacciner. On peut certes faire verifier son titre d'anticorps avant de decider du rappel, mais ce test n'est pas disponible en routine. La coqueluche n'est pas une petite maladie benigne de I'enfance : c'est la premiere cause de mortalite par infection bactefienne en ville des moins de 2 mois (mortalite qu'on peut observer en milieu pediatrique). Varicelle La varicelle est une maladie eruptive d'origine vi- rale (VZV) qui affecte de 600 000 & 700 000 su- jets en France chaque annee. On ne signale pas d'hecatombe. Pour autant, est-ce une maladie benigne ,, obligatoire ~ de la petite enfance ? Le taux de complications serait de 3 o/0 (digestives, Infection desconjonctives st (ou) de la muqueuse des voies respiratoires sup~eures R~plication virale dans les ganglions Iymphatiques r~ionaux Vir~mie primaire R~plication:virale clans Is foie, la rate et (?) d'autresorganes Vir~mie secondaire Infection dela peau st apparition de I'~ruption v~iculeuse Jour0 rrl Jours4-6 O C Z Jour14 ,J Pathog~nie de la varicelle, in : Vaccines (extrait), 4 e ed. 2004 (Elsevier, d'apres C. Grose, 1981). ©D.R. neurologiques, sudnfections cutanees), mais par ailleurs,elle entmfne pros de 3 300 hospitalisations annuelles : plus des deux tiers des patients (2 500) ont moins de 15 ans. La varicelle res- te une maladie mortelle (rarement) pour I'enfant. Par ailleurs,contrairement & une id6e tenace, la plu- part des enfants victimes des complications etaient anterieurement sains, meme si le risque est plus elev6en cas d'immunodepression(enfants,adultes). Un pays etudiant une politique de vaccination contre la varicelle peut se referer & I'exemple des Etats-Unis, qui depuis 1995 vaccinent route leur population infantile de 12 & 18 mois et rattrapent les 19 mois & 12 ans. Actuellement, la couvertu- re vaccinale y est estimee & 70 o/0 : trop tSt pour dire si reradication est en vue. En tous cas, on note une baisse spectaculaire des decks et de I'incidence de la maladie chez les 12 mois & 4 ans par rapport & I'ere pr6-vacci- nale, egalement chez radulte. Le CSHPF re- commande le vaccin Varivax ® aux sujets sero- negatifs exposes & la varicelle (2). II est pris en charge pour les populations suivantes : adultes sans antecedent de varicelle dans les 3 jours d'une exposition & un sujet avec eruption ; pro- fessionnels de sante sans antecedent de varicelle et seronegatifs ; professionnels de la petite en- fance sans antecedent de varicelle et seronega- tifs ; personnes sans antecedent de varicelle, se- ronegatives et en contact etroit avec des immunodeprimes ; enfants candidats & une gref- fe d'organe. I.-M. M. Source : Aventis Pasteur MSD : presentation des donnees medicales sur ces deux vaccinations (~)Serge Gilberg et coll., J. Infect. Dis. 186 (2002) 415-418. (2)BEH 28-29 (2004) calendrier vaccina12004. 10 Revue Fran¢aise des Laboratoires, novembre 2004, N ° 367

Coqueluche et varicelle: nouvelles stratégies vaccinales

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Coqueluche et varicelle : nouvelles strategies vaccinales La perte d'immunit6 acquise est un ph~nom~ne biologique bien dtudi~, qui a justifi~ I'inscripUon au calendrier vaccinal de rappels non pr~vus ~ I'origine. C'est le cas tout r~cent de la coqueluche.

L a perte de I'immunit6 acquise semble precoce, & tel point qu'on a institue un

rappel pour les adolescents, contaminateurs sains des nourrissons non encore vaccines. Le vaccin adulte pourrait clore un paradoxe : la France, avec un bon taux de couverture pediatrique, subit depuis quelques annees une recrudescence de coqueluche des nourrissons, due aussi & des adultes conta- minateurs, Par ailleurs, la presentation d'un vaccin contre la varicelle met fin & un long statu quo fran~ais sur une question en panne : vaccine

or no t vaccine ?

Repevax ®, vaccin tetravalent coquelucheux acellulaire de I'adulte, reactive I'immunit6 contre quatre maladies. Outre la coqueluche : diphterie, tetanos, poliomyelite. La valence coqueluche est acellulaire, c'est-&-dire non & germe tue mais & antigenes purifies, moins reactogenes, du fait du risque de d'hyper-reac- ticn immunitaire chez I'adulte (egalement meilleure tolerance chez I'enfant). Ce rappel se justJfie autant pour relancer la protection de radulte et eviter qu'il contamine les petits enfants que pour stopper la recru- descence de la maladie en France chez ce m~me adulte (~), le plus souvent asymptoma- tique ou peu symptomatique (toux persistante, nocturne, pneumopathie rare), mais fort conta-

minante pour I'enfant non protege : dans un cas sur deux, le nourrisson non vaccine a ete contamine par ses parents. Le Conseil supe- rieur d'hygiene publique de France (CSHPF) recommande la vaccination (2)des jeunes adultes ,, suscept ib les de deveni r parents

dans les mois ou les ann#es ~ venir ,,, 6ga- lement celle de tous les membres d'une famille og se deroule une grossesse. Enfin, les pediatres insistent sur la necessite pour les professionnels de sante, en contact regulier ou episodique avec des enfants, ce peut #tre le biologiste de ville ou hospitalier, de se faire revacciner. On peut certes faire verifier son titre d'anticorps avant de decider du rappel, mais ce test n'est pas disponible en routine. La coqueluche n'est pas une petite maladie benigne de I'enfance : c'est la premiere cause de mortalite par infection bactefienne en ville des moins de 2 mois (mortalite qu'on peut observer en milieu pediatrique).

Varicelle

La varicelle est une maladie eruptive d'origine vi- rale (VZV) qui affecte de 600 000 & 700 000 su- jets en France chaque annee. On ne signale pas d'hecatombe. Pour autant, est-ce une maladie benigne ,, obligatoire ~ de la petite enfance ? Le taux de complications serait de 3 o/0 (digestives,

Infection des conjonctives st (ou) de la muqueuse des voies respiratoires sup~eures

R~plication virale dans les ganglions Iymphatiques r~ionaux

Vir~mie primaire

R~plication:virale clans Is foie, la rate et (?) d'autres organes

Vir~mie secondaire

Infection de la peau st apparition de I'~ruption v~iculeuse

Jour 0 •

r r l

Jours 4-6 O C

Z

Jour 14 ,J

Pathog~nie de la varicelle, in : Vaccines (extrait), 4 e ed. 2004 (Elsevier, d'apres C. Grose, 1981).

©D.R.

neurologiques, sudnfections cutanees), mais par ailleurs, elle entmfne pros de 3 300 hospitalisations annuelles : plus des deux tiers des patients (2 500) ont moins de 15 ans. La varicelle res- te une maladie mortelle (rarement) pour I'enfant. Par ailleurs, contrairement & une id6e tenace, la plu- part des enfants victimes des complications etaient anterieurement sains, meme si le risque est plus elev6 en cas d'immunodepression (enfants, adultes). Un pays etudiant une politique de vaccination contre la varicelle peut se referer & I'exemple des Etats-Unis, qui depuis 1995 vaccinent route leur population infantile de 12 & 18 mois et rattrapent les 19 mois & 12 ans. Actuellement, la couvertu- re vaccinale y est estimee & 70 o/0 : trop tSt pour dire si reradication est en vue. En tous cas, on note une baisse spectaculaire des decks et de I'incidence de la maladie chez les 12 mois & 4 ans par rapport & I'ere pr6-vacci- nale, egalement chez radulte. Le CSHPF re- commande le vaccin Varivax ® aux sujets sero- negatifs exposes & la varicelle (2). II est pris en charge pour les populations suivantes : adultes sans antecedent de varicelle dans les 3 jours d'une exposition & un sujet avec eruption ; pro- fessionnels de sante sans antecedent de varicelle et seronegatifs ; professionnels de la petite en- fance sans antecedent de varicelle et seronega- tifs ; personnes sans antecedent de varicelle, se- ronegatives et en contact etroit avec des immunodeprimes ; enfants candidats & une gref- fe d'organe.

I . -M. M.

Source : Aventis Pasteur MSD : presentation des donnees medicales sur ces deux vaccinations (~) Serge Gilberg et coll., J. Infect. Dis. 186 (2002)

415-418. (2) BEH 28-29 (2004) calendrier vaccina12004.

10 Revue Fran¢aise des Laboratoires, novembre 2004, N ° 367