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Poesie, sonnets, vers libres et slams
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Corps et âme
Du même auteur
• Carcasses...fragments de l'itinéraired'un honnête homme.
Récits autobiographiques (2005)
• La Terre en danger, le devoir dechanger !
Essai (2006)
• Les Le MenechPolars (2007)
1 - Coffiots : la fin des casses...?2 - Coffiots dans la Ville Close
• Le tumulusRoman sentimental (2006)
• Corps et âme – premier recueilPoésie (2007)
Bruno Leclerc du Sablon
Corps et âme
poèmes - slams
- second recueil -
Les éditions Keraban
© Bruno Leclerc du Sablon, [email protected]://blog.bebook.fr/jardinier
© Les éditions Keraban, 2008ISBN : [email protected]://www.keraban.fr
***Les éditions Keraban sont une maison fondée en
avril 2008 sous forme d'une association déclarée Loide 1901. Elles éditent des romans, des polars, desouvrages de fiction ou de fantaisie, des nouvelles, des« récits de vie », des œuvres poétiques ou théâtrales etdes livres pour enfants.
Le comité de lecture et la direction éditorialeprêtent une attention particulière aux ouvragesprésentés par des auteurs écartés de la vie ordinairepar la maladie, le handicap physique ou mental etl'exclusion sous toutes ses formes.
***La loi du 11mars 1957 n’autorisant, aux termes des
alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une part, que les copies oureproductions strictement réservées à l’usage privé ducopiste et non destinées à une utilisation collective et,d’autre part, que les analyses et les courtes citations dansun but d’exemple et d’illustration, toute représentation oureproduction intégrale, ou partielle, faite sans leconsentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayantscause, est illicite (alinéa 1er de l’article 40). Cettereprésentation ou reproduction, par quelque procédé que cesoit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par lesarticles 425 et suivants du Code pénal.
À ma femme,à nos enfants
et à tous les amis de Séverin
Ce recueil ne contient que des morceaux poétiques
écrits après la mort de Séverin, mon fils, votre frère, votre ami.
Il était doux et c'était un gagneur, il espérait...
jusqu'au 15 mars 2008.
Table des matières1 - Silences.....................................13Le mystère est là.................................................15J'aimais le retrouver............................................16La voix qu'on entendait......................................17Le veilleur de nuit..............................................18Au delà de la nuit...............................................19Tu es là...............................................................20Un zeste d'amitié................................................21Retrouver le silence............................................22Partir...................................................................23Silence, que dis-tu ?...........................................24Les larmes salutaires..........................................25Ne le rejette pas ! ...............................................26N'attendons pas...................................................27Tu n'avais que vingt ans.....................................28Te dire un petit mot............................................29N'avoir point d'amis ?.........................................30Le pardon et la paix............................................31Toi, mon fils, le têtu...........................................32Chemins de solitude...........................................33Le besoin de pleurer...........................................34Aide-moi............................................................35Amis qui sont partis...........................................36Promeneur solitaire............................................37Lorsque tu partiras..............................................38Des jours heureux...............................................39
Espérance...........................................................40Écrire avec plaisir ..............................................41Quel chemin prendre..........................................42Âge tendre..........................................................432 - Évasions....................................45Combat...............................................................47Les troubadours..................................................48Ma petite maison................................................49Un gamin d'Paris................................................50Rêve d'Islande....................................................51La magie d'un bouquet.......................................52L'argent roi.........................................................53Si la terre était douce..........................................54Créer...................................................................55Il était mon grand père.......................................56Triste richesse.....................................................57Montrer des chemins..........................................58Le dictionnaire....................................................59La mer pour quelques rimes...............................60Écrire encore......................................................613 - Les mots passent...*.................65Mine de perles....................................................67Récré..................................................................68Les mots s'entassent...........................................70Rime en ron rimant rond....................................71Le poète et l'humour...........................................73Par mer pour l'Amérique....................................75
4 - Slams.........................................77Une vie...............................................................78Pas autre chose qu'aimer....................................79Arc-en-ciel..........................................................83Le poète en sursis...............................................86Un phare à l'horizon...........................................89J'aurais voulu faire camionneur..........................91Laissons de côté le reste.....................................96Franchir les barrières..........................................99J'ai rien compris................................................102Au Luxembourg, années 50 ............................106
1
Silences
La mort,cette lourdeur du corps
dont l'âme se délesteJEAN COCTEAU
Corps et âme
Le mystère est là
L'appel mystérieux de ton chemin de croixEst source d'une vie dont brille désormaisL'exigence féconde où nul homme jamais
Ne saurait rester seul sans secours et sans voix.
Sur ce chemin ton geste est un sursaut d'amourSans préparation, sans un mot symbolique,Gratuit, tel un cadeau à l'ami authentique,
Celui dont tu connais la présence et l'humour.
Mais ce présent est lourd et pour le recevoirChercher et mesurer son infinie richesse,
Il faut, pour un moment, oublier la tristesse,
Revivre le passé, partager l'espérance,Laisser parler son cœur, se taire et s'émouvoirCar le mystère est là, caché dans ton silence.
21 mars 2008
15
Corps et âme
J'aimais le retrouver
J'aimais le retrouver chaque jour chez Lili,L'écouter calmement, l'écouter et me taire,
Sachant confusément être dépositaireDe ces tourments que seul le silence embellit.
J'aimais le regarder parler, et puis sourireAvec cet air que prend un enfant suppliant
Son père de lui offrir un cadeau de géantCe rêve qu'il se sait incapable d'écrire.
Je crus voir émerger de ce désir immenseLe début d'un vouloir se prendre par la main
Et renaître à ce monde. Un possible demain ?
Mais demain pèse peu où l'angoisse domine.Ce mal insaisissable, cette douleur intense
L'emporta sur le rêve. Las ! La vie se termine.
23 mars 2008
16
Corps et âme
La voix qu'on entendait
Qui peut croire un instant que la mort d'un enfantEst un soulagement, voire une délivrance ?
Mais de qui parle-t-on ? Qui connut sa souffrance ?Qui vécut telle angoisse en ce monde étouffant ?
Peut-on croire à la vie comme un trésor offertSi le prix est payé par celui qu'on aimait ?
Ne comprenait-on pas les mots qu'il exprimaitMots très doux mais hurlant tant il avait souffert ?
La mort ne peut donner plus de facilitéPour ouvrir son chemin, pour adoucir l'effort.
Elle ne saura jamais porter de réconfort.
Sa voix, qu'on entendait s'écrier chaque jour,Est appel à la paix, à la tranquillité,
Sa mort nous encourage à nous aimer. Toujours.
24 mars 2008
17
Corps et âme
Le veilleur de nuit
Je pouvais tout attendre, être surpris ou prêt.Saisi par un appel, une question étrange,Disposé à subir l'imprévu d'un échangeEt me préoccuper de mes affaires après,
Faire face tous les jours, écouter sans comprendre,Oublier les tracas du dernier accident,
Savoir que je restais son dernier confident,Et choisir par sa vie de me laisser surprendre,
Telle était la routine, l'infini, l'absolu,Le devoir de l'amour, de l'écoute et du pèreQui, de la maladie, connaissait les repères.
Mais le jour arriva où la luciditéEffaça les effets de ces temps révolus
Et du néant fatal força l'extrémité.
26 mars 2008
18
Corps et âme
Au delà de la nuit
Au-delà de la nuit, plus loin que les nuagesEt l'odieuse peur d'un futur ténébreux
La confiance est là et des signes nombreuxFont oser l'espérance et montrer ses images.
Vois, nos yeux et nos cœurs ne sont pas les otagesDe doutes fluctuants, d'avis non rigoureux.Regardons l'horizon et restant vigoureux,Traversons l'océan tel un bon équipage
L'autre rive ? Un éden où l'amour et la foiSont garants de la vie. Nous en serons les roisEt les maux du passé auront le goût du miel.
Allez, monte à mon bord, je te tiens par la main,Écoute sur la mer les bruissements du Ciel,Présages augurant de merveilleux demains..
27 mars 2008
19
Corps et âme
Tu es là
Vide. Ta place est vide et pourtant tu es làPrésent dans la grisaille infinie de ma peine
Car je t'entends déjà, d'une voix incertaineM'appeler et me dire : papa, me revoilà !
Nous t'avons dit adieu et pourtant ton sourireDe mes yeux et mon cœur ne pourra s'effacer.
Jamais le souvenir ne pourra remplacerLa douceur des propos que tu savais me dire.
C'est vrai, tu as choisi le chemin le plus courtSans me dire au revoir, sans appel au secours,
Demandant seulement de faire une prière.
Alors, dans le royaume où tu vis maintenant,Heureux et tout entier inondé de lumière,
Garde-moi près de toi un endroit avenant.
29 mars 2008
20
Corps et âme
Tu n'avais que vingt ans
Tu n'avais que vingt ans. Pourquoi as-tu connuSi peu d'années de joies pour tant d'années de peine
Humiliantes, subies et bien trop inhumaines,Alors que le bonheur t'aurait appartenu ?
Tu n'avais que vingt ans. Tu étais parvenuA trouver chez beaucoup une amitié certaine
Tes qualités aussi se comptaient par centainesQuand ce mal arriva dont nul n'est prévenu.
Tu savais que chacun redevenait poussière.Tu en as choisi l'heure, qu'importe la manière
Car toi seul étais maître du jeu, ce jour là.
Je voudrais tant pour toi la paix et la lumièreCelles que Dieu réserve au silence, au-delàDes secrets de la vie,,et j'en fais la prière.
11 avril 2008
21
Corps et âme
Te dire un petit mot
Le temps devenant triste et ton silence épais,J'aime venir le soir, même si la nuit tombe,
Te dire un petit mot, debout, devant la tombeOù depuis quelques jours tu retrouves la paix.
De mot, je n'en ai pas, et si je me trompaisEn te disant adieu, j'ai peur que ne succombe
Sous ce silence lourd, bruyant comme une bombe,Ton père qu'un adieu ton geste anticipait.
Alors sans dire mot je regarde ces fleursEt j'attends de ta voix dire, tel un souffleur
Les couleurs que tu aimes, comment tu vois la vie,
Car je ne garderai ni la date ni l'heureOù tu me racontais à quel point ton envie
Etait de voir l'amour te donner du bonheur.
12 avril 2008
22
Corps et âme
Des jours heureux
Il est des jours heureux et remplis de merveillesDes jours où un jardin, un arbre ou une fleur
Font, comme l'amoureux, le serment du bonheur,Celui que l'on croyait perdu et qui s'éveille.
L'amour est au printemps l'amorce d'un soleilEffaçant doucement des ombres la torpeur
Et portant dans ses bras de velours la douceurDes rosiers de Chine et du miel des abeilles.
Ces jours là sont comptés et versés au trésorQui embellit la vie, la sème de blés d'or
Et fait chanter les cœurs obscurcis et meurtris
Aimez, chantez, rêvez, quand le ciel se coloreQuittez les chemins tristes, les périodes flétries
Quand la nuit le silence les rend indolores.
19 avril 2008
23
Corps et âme
Âge tendre
Il est déjà bien loin, l'âge que l'on dit tendre,Les blessures du temps ont souvent effacéCelles de la fraîcheur et les a remplacées
Par les mots et les airs si doux à réentendre.
On écrit des poèmes ; on veut encore attendreQue reviennent aussi, dans cette gynécée,
Les mémoires des fleurs, celles des fiancéesEt les odeurs des prés où l'on venait s'étendre.
Il faut croire à nouveau à ces douceurs passées.La vie est un retour ou rien n'est annoncé
Qui présage l'épreuve et ses sombres méandres.
Croire de ses efforts être récompensé,Revivre son bonheur, ne jamais s'en défendre
Et les jours s'ouvriront comme ils ont commencé.
23 avril 2008
24
2
Évasions
Les poèmes se fontà peu près comme les canons :
on prend un trouet on met quelque chose autour.
PAUL CLAUDEL
Corps et âme
Combat
Oh temps, toi, l'ennemi des moments de bonheur,Passant comme un torrent, voudrais-tu désunir Ces instants de la vie, ces frêles souvenirs,Les laisser à l'oubli comme fanent les fleurs ?
Ton combat, tu le sais, est vil et sans noblesse,Ta seule arme est risible, on l'estime en secondes,Tes coups ? on les entend à cent lieues à la ronde,Tes victimes ? les faibles, ou ceux que l'âge blesse.
Mais déjà, contre toi, la lutte s'organise :Des alliances se nouent, protégeant de tes heurtsLes humbles, les vieillards et les souffre-douleur.
Et si il arrivait que cela ne suffise,Crois bien que de l'amour la patience et l'espoirSauront aux jours heureux redonner la victoire.
15 mars 2008
28
Corps et âme
Les troubadours
On voyait autrefois passer des troubadoursÉgayant les châteaux, récitant des poèmesA chaque damoiselle affirmant « je vous aime » Des côtes d'Esterel jusqu'à Rocamadour.
Un jour, l'un d'entre eux, cherchant la PompadourAvoua son échec expliquant, le teint blême,Qu'en chemin il avait connu quelque problèmeEt s'était fourvoyé du côté de l'Adour/
Ces erreurs aujourd'hui, hélas, arrivent mêmeAu poète pourvu du meilleur géessèmeEt d'un luth imitant les antiques pandours.
Pour donner du bonheur par les vers que l'on sème,Nul besoin de compas ni de cavalcadour,Dire le mot amour, lui qui jamais n'essaime.
22 avril 2008
29
Corps et âme
Un gamin d'Paris
Il n'avait pas seize ans quand ses parents le mirentApprenti menuisier chez un maître de chaixEspérant, de ce fait, pouvoir revivre en paixEt l'éduquer en homme en évitant le pire.
Le gosse ne chercha pas à les démentir.Il s'appliqua si bien qu'il se fit un palaisPrompt à goûter le corps des meilleurs beaujolaisUn art qu'aucun ne lâche, même pour un empire.
Mais ne supportant plus de vivre en salopetteIl apprit à jouer, tout seul, de la trompetteEt quitta les bourbiers puants des caniveaux.
Sitôt la nuit tombée il partait en cachetteRetrouver ses copains au rond-point des CanauxPour aller badiner porte de la Villette.
23 avril 2008
30
Corps et âme
Rêve d'Islande
Couverte de glaciers arrondis en coupolesOu s'enfonçant, serrés, en d'étroites vallées,Cette immense chaudière, de volcans constellée,Est le Musée Grévin de la Terre, un symbole.
Jaillissements des sources, geysers jonchant le sol,Lacs, cascades de vertige en hiver gelées, Jardins aux mille fleurs, nature immaculée,L'Islande est un éden où le rêve s'envole.
Un rêve où les canards civilisés caquettent,Mais où les chants des cygnes, leurs appels en trompette,Sont les bruits que l'espace infini nous renvoie
Tandis que les morues des chaluts qui débordentVont pendiller au vent sur des tréteaux de boisComme chez nous le linge étendu sur la corde.
27 avril 2008
31
Corps et âme
La magie d'un bouquet
Des chaînes de télé aux fleurs des mariagesPlus rien ne se vend seul, tout se prend en bouquet.Déjà François 1er, le roi au bilboquet,De femmes et de châteaux s'en donnait à tout âge.
Ceci démontre bien, on le voit au passage,Que même non garnis - en boîtes Saupiquet -,Ces beaux assortiments de plaisirs par paquetsS'exposent ad nutum, comme indique l'adage.
C'est en les admirant de près qu'on aperçoitL'unicité des arts. Ainsi le bon FrançoisChoisissait des canons aimantes et bien-vivantes.
Alors faisons de même : la magie d'un bouquet,Ne l'offrons ni aux rois, ni aux femmes savantes,Mais à l'être chéri, sans témoin ni banquet.
29 avril 2008
32
Écrire encore
Écrire encore le soir sans jamais m'arrêter de raconter l'espoir.Écrire pour dire la vie qui sortira toujours de blessures mortelles.Écrire seul sans savoir où commençait ni où finira mon histoire.Écrire pour me donner la chance de me trouver vivant dans l'immortel.Tels sont les vrais moments, mouvements de l'esprit,apaisements de l'âme, recherches des génieslaissant les frayeurs à l'oubli.
33
Corps et âme
Écrire pour dire les noms de ceux que je voudrais davantage revoir.Écrire ma prière sans connaître le jour où viendra l'éternel.Écrire pour un adieu en évitant les mots dont la couleur est noire.Écrire pour renaître à moi-même comme au printemps une hirondelle.C'est le déni du doute, la fin de l'infini,le couvercle posé sur sur ma table à midi,invitant encore mes amis.
Écrire ce qui dépasse du carnet de voyage, le trop-plein d'un tiroir.Écrire avec des fleurs allongé dans un pré, reposé, auprès d'elle.Écrire ce que je vois en regardant mes yeux derrière le miroir.Écrire la fin avant que l'oiseau ne commence à déployer ses ailes.Pour connaître l'amour, me coucher dans son nid,appeler une étoile, le berger des brebiset déclarer forfait à minuit.
34
Corps et âme
Écrire pour me connaître et apprendre à m'aimer sans m'en apercevoir.Écrire avec des lettres aux dessins provenant d'une vieille aquarelleÉcrire des véritésà faire se déchirer en lambeaux mon mouchoir.Écrire à l'ombre d'un platane en espérant mieux saisir l'étincelle.Et ne jamais conclure, m'avouer dégarnien prenant sur moi-même au temps de l'insomnie la mesure de l'indéfini.
Écrire des poèmes où les rimes et les vers inversent la mémoire.Écrire pour m'amuser quand les rires incessants des enfants m'interpellent.Écrire et laisser l'autre libre de lire mon livre, le fermer et s'asseoir.Écrire les moissons de blés d'or et des feuilles ramassées à la pelle.C'est se fondre à l'étrange, émerger de l'ennui,embellir par les songes les murs gris de la vieavant que tout soit fini.
3
Les mots passent...*
....et les verbes jouentJOËL MARTIN*
* in « Le contrepet témoin de son temps » - éd. First
Par mer pour l'Amérique
Partir par mer pour l'Amérique Par un amer à l'air mythiqueEst méritant mais moins pratique Que par Palerme au néolithique.Elle aime l'harmonie des mâts, La mère du maire d'Aumelas :Elle emmena de son mas Dumas Et les rames ramassées là. Des vieux décharnés par l'âge Elle était déchargée par l'âne ;Les occire eut été plus sage Mais l'été il plut à l'occitaneDe lancer ses rats dans les prés En laissant les prélats s'enlacerPuis paraissant pâle et lassée Elle serra de près ses lacets,S'élança sur la passerelle, Hélant les passants autour d'elle.Mais dans son élan dans l'eau sale elle glissa telle une hirondelle.Dans les salons sur l'océan, Ça sentait très fort l'eau salée.Sur son séant elle s'enfonça Pour les leçons sur « dessaler » Du pacha maître de céans,
39
Corps et âme
Et les séances sur « chavirer »Où tous les chats seraient virés Mais où les échansons serviraient.Arrimée mercredi près d'Omar, Elle arma un méhari à crédit :Quand un marin lui dit « démarre ! », Elle répondit « j'en ai marre, dis ! »Maintenant maître en maïeutique, Mais ne mettant le tréma qu'après,Elle se mit à l'arithmétiqueEt à la rythmique aux arrêts.À l'escale à la Martinique, Elle sauta dans une chaloupePour ramer jusqu'en Guadeloupe Et faire du saut à l'élastique.Et voici enfin l'Amérique ! Qu'en fin de compte on ne loupePas la fin de ce conte homérique, Oh ! mais rien, pas même la réplique Qu'elle fit à un américain, En lui disant « ça sent bon, quoi ! »À quoi bon de dire son savoir Sans savoir dire en iroquois :– Dis-moi Mamie, l'Amérique et l'Iran ne sont-ils pas amis ?– Non, les Iroquois n'iront ni en Iran ni à La Mecque mais à Miami !
4
Slams
Une vie
Envie de père pépère mais la vipère au poingsur la mer se terre et vitupère au point
de taire le mystère, l'enfer. Le fer en coinde son frère, sans s'en faire, le préfère de loin.De bohème, de chien, de roi, de patachon,
cachée, sans nuit tranquille, c'est une vie de conqui se donne, se mène et se prend en torchonsi durent les signes durs. Passé pas folichon,
espérance de train, le grand train en bouchon,chats, ballons sur le toit, délires et reblochon,
assurance pourrie. On rit du riz, au moinsça nourrit. Vacherie, la boîte qui rit au loin,
couleur de gris, couleur de noir. On s'en fout. Pas besoin.Des railleries de près, cochonneries de loin,
c'est l'aventure humaine, la connais-tu au moins,la vie sans nuit tranquille, l'autre, la vie de conqui se donne, se sauve et se pend au torchon ?
42
43
Arc-en-ciel
Le chemin des demains suspendus continueau delà de la nuit et s'enfuit, je suis nu
et me perds, les repères méconnus inhumainsoù me guident la vie vident ses lendemains,en vannent l'énergie et, manant chemineau,
la force de mes mains n'est qu'animer ces mots,couleur jardin d'un cœur cisaillé à la vouge,violet indigo bleu vert jaune orange et rouge
Assez de jours qui passent où les pas traînent lourds,les souvenirs pourchassent, les appels restent sourds,
chaque repas tracasse, la vue cache le vrai.Panache hallucinant de bon grain et d'ivraie,
la carcasse gémit, gemme comme cassé.Mouillés dès le matin, mine matelassée,
les yeux restent fermés, seul un nuage bougeviolet indigo bleu vert jaune orange ou rouge.
44
Corps et âme
Mains sur l'ordinateur sans subir l'ordinaire,sondant sous mille mots des sons imaginaires,chercher où crèche l'ange, le gardien du nuage
capable de changer les couleurs de l'imageet le trouvant rangeant 'danger de l'âge' aux sagesdans un trou de mémoire, cette armoire à tiroirs
à clé à double tour fermée mais laissant voir, violet indigo bleu vert jaune orange et rouge,
toutes couleurs du ciel, que jamais rien ne bouge
Qui m'approche et me parle et m'indique une route ?Mystère de la muse, amusement, mais doute
subsistant violent jusqu'au décharnementou merveilleux réveil né opportunément
au moment du sommeil de l'âme dépourvuede console à boussole autorisant la vue,
violet indigo bleu vert jaune orange et rouge,sept couleurs d'arc-en-ciel, en marquant ce qui bouge.
45
Corps et âme
A force de mourir à la mort on dépassela surface des traits dessinant la carcasseet plongeant en géant au néant du savoir
on défonce les fonds des profonds désespoirspour arriver vivant à l'éternel séjour
dont les jours et l'amour se confondent toujours.Violet indigo bleu, ce soir le ciel est rouge,demain il fera beau, là-haut les anges bougent.
Le poète en sursis
Écrasant les assauts de rancœurs, l'écriture assidue te rend le cœur moins dur.
Laisse courir les mots écourtant les moments dépassant la mesure.
mais prolongeant le temps et plongeant en toi-même,
referme tes blessures.Ta vie n'est pas un songeet pas plus un mensonge
dont les tristes imagesne sont qu'égratignures gratuites et sans injures ;
Elle n'est pas un nuageque le vent poussera, enlevant la poussière
quand passera l'orage,Ni un boulier du temps
pour un compte à rebours ôtant le jour en cours,
47
Corps et âme
Mais un mélange étrange où s'engrangent,
incertains et lointains, les contours de possibles demains
et d'éternels retours.Si tu crois à l'amour,
recherche ton bonheur : choisis ce qui demeure,
refais-en la lecture,invente ton futur en écrivant souvent ;
devant ta signatureprécise que le vent du poète en sursis
se lève par nature.
Semer les mots au vent en laissant se mêler
les sons purs et cassantsc'est s'offrir d'écouter les chansons cumulées
de son cœur et du sang s'écoulant par ses veines
où les rimes résonnent, sonnets retentissants.
48
Corps et âme
Oser poser les vers de poèmes perçant
doutes et meurtrissureslorsque les perce-neige
annonçant le printemps tempèrent les morsures,
c'est désirer goûter les saveurs de la muse qui soulage et rassure.
Alors sans plus attendre, sans déverser tes larmes,
fouille dans un tiroir,prends un crayon et vite
écris le nom que tu lis en premier ce soir,Ce nom, n'importe quoi,
« porte » ou bien « Québécois », amorce ton histoire et la suite vient seule,
évidente poursuite d'un rêve inachevé,l'invention d'un futur
empruntant les leçons du passé retrouvéconservé dans le vent d'un poète en sursis
survivant... relevé.
Un phare à l'horizon
T'endures blessures et tendre, la vie devient duremais dure encore assez. Assez pour que les murs
tour à tour s'affaissent et te laissent passercassé mais assuré de pouvoir avancer
tant que le temps restant pour toi n'est pas compté,tant que ta tête et toi persistent à l'unité. Si tu crois à l'amour, alors ne cherche rien,un phare à l'horizon te montre le chemin.
Passe les barrières, les fossés, les frontières.chasse ronces roussies enfonce les portières.
couvre les chausse-trappes, traquenards. Pénard,pénètre l'être en toi et tais-toi : le retard
de vie vaut vingt sous la seconde et la sondeenfoncée dans un cœur qui bat se fout du monde.
Alors crois à l'amour et ne recherche rienqu'un phare à l'horizon qui montre le chemin.
50
Corps et âme
Les chemins de demain sont dans des mains qui tremblent.Si ton séjour au jour d'aujourd'hui ressemble
au jeu du mikado, le cadeau de parentsse séparant enfin, stupéfaits. Effarant.La leçon, si facile, effaçant la raison,
te surprend et t'apprend la raison des maisonsoù l'on croit à l'amour en ne recherchant rien
qu'un phare à l'horizon pour montrer le chemin.
Alors survient la vie qui suit la vie qui part.Un départ sans adieu vers Dieu est quelque part
le signe d'un vouloir t'asseoir en insoumisen misant sur la paix plus que sur tes amis,restant seul, allongé, sur le lit du bonheur,et glissant ce message : la sagesse du cœur
est de croire à l'amour qui ne recherche rienqu'un phare à l'horizon de la vie, un chemin.
ISBN n° 978-2-917899-04-5
Achevé d'imprimer en août 2008par TheBookEdition.com
à Lille (Nord-Pas-de-Calais)Imprimé en France
Dépôt légal août 2008