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Correction DS Croissance et productivités

Remarques générales sur la forme :- De nombreux conseils déjà prodigués ne sont toujours pas respectés : pas de définition en

accroche, distinguer des sous-parties et des paragraphes dans chaque partie, ne pas utiliser le futur ni le futur proche, éviter à tout prix « cela » ,« il y a », « par ailleurs », « évolution », « beaucoup », « les gens », « tout d’abord » en début de partie, untel « dit », untel « parle », « l’économiste » Solow

- Ne pas écrire au stylo bille- Relire votre copie pour corriger les fautes d’orthographe et de syntaxe, vérifier que des mots

n’ont pas été omis

Introduction : Les meilleures accroches : - « La difficulté de déterminer les causes de la croissance tient avant tout à ce que la croissance se

mesure, qu’elle est une quantité, mais les phénomènes qui la déterminent sont essentiellement qualitatifs » Raymon Aron

- D’après Patrick Artus, la récente embellie de la croissance en France en 2017 ne devrait pas durer car la croissance potentielle est faible, de l’ordre de 1%/an.

- D’après Philippe Aghion, une des premières préoccupations des économistes aujourd’hui est de déchiffrer l’économe «  boite noire  » que constitue le résidu dans le modèle de croissance de Solow.

Définition des termes du sujet : dans la plupart des copies le principal défaut est de ne pas définir précisément « productivités ». Il ne suffit pas de dire que la productivité mesure l’efficacité d’un ou des facteurs. Le pluriel devait attirer votre attention et vous pousser à préciser à chaque fois quelle productivité vous analysez. Il faut donc dès l’introduction préciser : - la productivité du travail est le rapport de la production à la quantité de travail (en heures ou en

nombre de travailleurs- la productivité du capital se mesure en divisant la production par la quantité de capital utilisée

pour produire- la productivité globale des facteurs (PGF) est le résidu mesuré par la différence entre le taux de

croissance de l’économie et le taux de croissance des quantités de travail et de capital.- En outre, la productivité marginale du travail et du capital sont le plus souvent considérées

comme décroissantes (sauf dans les modèles de croissance endogène)- Il fallait en outre ne pas oublier de se référer aux 6 faits stylisés de la croissance selon Kaldor

puisque selon eux d’une part la productivité du travail augmente régulièrement et continûment et le coefficient de capital est constant à long terme ce qui implique que la productivité du capital l’est aussi.

La définition de la croissance de Perroux («   l'augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une nation, le produit global net en termes réels.  ») est un peu faible pour une copie de concours, celle de Kuznets a le plus souvent été mobilisée (« l’augmentation à long terme de la capacité d’offrir une diversité croissante de biens, cette capacité croissante étant fondée sur le progrès de la technologie et les ajustements institutionnels et idéologiques qu’elle demande »). Celle de Paul Bairoch était aussi particulièrement utile pour ce sujet : « processus cumulatif d'interactions qui se traduit par la hausse continue de la productivité à long terme ».

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Problématique : Exemples de problématique dans vos copies : - dans quelle mesure peut-on affirmer que l’augmentation de la productivité du travail a été

déterminante pour la croissance depuis la première révolution industrielle? Quelles sont les limites d’une telle approche?

- La hausse de la productivité du travail qui a permis aux pays industrialisés d’entrer dans une ère de croissance dès le XIXè siècle grâce au progrès technique a-t-elle fini de générer de la croissance ou est-elle une conséquence de celle-ci en train de s’essouffler?

- La hausse de la productivité des facteurs permet-elle d’expliquer entièrement la croissance? Si oui, le ralentissement récent des gains de productivité est-il susceptible d’entrainer un épuisement de la croissance?

Proposition de problématiques - niveau O = quelle est le rôle de la productivité du travail et de la PGF dans l’explication de la

croissance historiquement et théoriquement?- Niveau 1 : dans quelle mesure la croissance repose-t-elle sur l’augmentation de la productivité du

travail et et de la productivité globale des facteurs? En quoi la décroissance de la productivité marginale du capital contribue-t-elle à l’épuisement de la croissance?

- Niveau 2 : la théorie économique parvient-elle à expliquer les gains de productivité du travail et surtout les conditions de hausse de la PGF? La croissance de ces productivités est-elle illimitée, permettant la pérennité de la croissance? Ou le ralentissement de leur croissance met-elle en péril la croissance à long terme? Finalement les gains de productivité ne sont-ils pas autant une conséquence qu’une cause de la croissance?

Proposition de plan :

I) L’augmentation de la productivité du travail et de la PGF fait consensus : elle est un facteur déterminant de la croissance

A) En tendance longue, les gains de productivité du travail vont de pair avec la croissance- Le take off de la première révolution industrielle est repérable par une hausse de la productivité

du travail (dans l’industrie cotonnière britannique, par ex)- Le rythme de la croissance depuis deux siècles est parallèle à celui des gains de productivité du

travail comme le montrent Thélot et Marchand dans le cas de la France (3 accélération et deux cassures)

- Aujourd’hui encore, on constate que le ralentissement des gains de productivité du travail vont de pair avec une croissance amoindrie dans les années 1980 et 1990 par rapport aux Trente Glorieuses en Europe, depuis les années 2000 en Europe, depuis la crise aux Etats-Unis

B) La productivité marginale décroissante du capital est un facteur d’épuisement de la croissance…- Pour Ricardo c’est la productivité marginale décroissante de la terre qui conduit à l’état

stationnaire - Dans le modèle de Solow sans croissance démographique ni progrès technique, la croissance

s’épuise, une fois atteint le stock de capital par travailleur stationnaire : la production et la productivité du travail deviennent constantes

- Dans le modèle de Solow, la croissance se manifeste par la hausse de la productivité du travail

C) …mais qui peut être contrecarré par la hausse de la PGF- en introduisant un progrès technique exogène, Solow parvient à justifier la possibilité d’une

croissance durable. Ce PT est supposé n’affecter que le facteur travail en le rendant plus efficient- Économétriquement l’essentiel de la croissance vient du résidu associé à la hausse de PGF

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- Historiquement Denison estime que 30 à 60% de la croissance aux Etats-Unis, Carré-Dubois-Malinvaud l’estime à la moitié de la croissance française de 1951 à 1969

Transition : mais a-t-on expliqué quoi que ce soit tant qu’on attribue l’essentiel de la croissance à un facteur inexpliqué?

II) L’analyse de l’origine des gains de productivité nécessite d’endogénéiser le progrès technique et de considérer la croissance comme un processus auto-entretenu

A) La division du travail est la première source identifiée de croissance de la productivité du travail- Smith : la division du travail permet un gain de temps, l’augmentation de l’habileté des

travailleurs, et incite à innover- Application à grande échelle : organisation scientifique du travail de Taylor et travail à la chaîne

de Ford- Avec Young on comprend que la division du travail est source d’une croissance auto-entretenue

car elle augmente la taille des marchés, produit des externalités positives et rend possibles des rendements croissants

B) L’accumulation de capital humain, technologique même de capital public augmente la productivité apparente des facteurs et rend leur productivité marginale constante- Lucas : le learning by doing est une des causes de la hausse de la productivité du travail- la production de connaissances par la R&D (Romer) a des externalités positives et bénéficie à

tous- les investissements en infrastructures de l’Etat (Barro) produisent des externalités positives et

rendent l’accumulation de capital privé plus rentable

C) Dès lors, la croissance elle-même semble être source de gains de productivité- la croissance s’accompagne d’investissements matériels qui augmente l’intensité capitalistique

rendant le travail plus efficace- la croissance s’accompagne d’investissements immatériels qui augmentent le stock de

connaissance, le stock de technologies, le capital humain, rendant le travail plus efficace- Exemples historiques : accélération des innovations en phase de croissance : Schumpeter-Finalement on peine à saisir le sens de la causalité : les gains de productivité sont des causes mais aussi des conséquences de la croissance. A-t-on alors vraiment expliqué les relations unissant croissance et productivités? Que faire du 6ème fait stylisé de Kaldor?

III)Le progrès technique demeure partiellement un mystère comme en témoignent les difficultés à prévoir la hausse de la productivité

A) Théoriquement le progrès technique fait encore objet de débats- il est tantôt affecté au seul facteur travail, au seul facteur capital ou aux deux - La mesure de la PGF ne fait pas l’unanimité, le calcul d’une productivité globale des facteurs

étant rendue complexe par l’hétérogénéité des facteurs- Le ralentissement de la croissance potentielle est-il conjoncturel ou structurel?-

B) De multiples facteurs de hausse de la productivité du travail ont été identifiés par la théorie économique, mais il reste une inconnue : quand surviendront les innovations majeures?- le PT est plus facile à repérer ex post : l’électricité comme innovation majeure pour Robert

Gordon

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- Le débat entre Gordon et Brynjolfsson sur les effets des TIC sur la productivité : pour Gordon les effets ont déjà eu lieu, pour Brynjolfsson ils sont encore à venir à travers l’intelligence artificielle

- Au fond, la difficulté est de repérer les innovations majeures et d’anticiper leurs effets. Dans tous les cas le ralentissement des gains de productivité produit un ralentissement de la croissance.

C) Les gains de productivité (tant de la productivité du travail que de la PGF) sont peut-être davantage des manifestations de la croissance- Douglass North défend cet argument car la matrice institutionnelle est la véritable cause de la

croissance- Exemple de la Grande-Bretagne et de l’Espagne ou des Etats-Unis par rapport à l’Amérique

Latine- L’enjeu aujourd’hui serait dès lors l’existence d’une matrice institutionnelle qui n’incite pas à la

soutenabilité environnementale et sociale de la croissance - Pour faire face au changement climatique et à l’épuisement de certaines ressources naturelles, il

s’agirait de réorienter les règles du jeu des économies développées pour promouvoir une croissance soutenable, cette réorientation produirait des gains de productivité

Conclusion : Résumé des arguments : attention de trop nombreuses copies se contentent d’un résumé tellement imprécis qu’il ne fait qu’aligner des évidencesOuverture : si nous manquons de recul pour savoir si les innovations révolutionnaires sont en voie de disparition, comme le pense Gordon, ou sont au contraire sur le point de se révéler par leurs effets sur la productivité du travail, comme le défendent Brynjolfsson et Mac Afee, il n’en reste pas moins que l’urgence climatique semble encore trop souvent pensée comme une contrainte pour la croissance alors qu’elle pourrait être le moteur d’un changement des orientations de celle-ci.