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France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite page 1/7
RAPPEL DU SUJET
EXERCICE D'ECRITURE : LE COMMENTAIRE DE TEXTE
Vous traiterez au choix le sujet suivant, le commentaire, la dissertation ou le sujet d'invention (Cf. liste des sujets de 1ère L
2012). NDLR
Vous ferez le commentaire du premier texte de Jean de Léry ci après.
TEXTE A - Jean de Léry, Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, chapitre XIII, 1578 (orthographe
modernisée)
Artisan d’origine modeste et de religion protestante, Jean de Léry participa à une
expédition française au Brésil. A cette occasion, il partagea pendant quelques temps
la vie des indiens Tupinambas. Vingt ans après son retour en France, il fit paraître un
récit de son voyage.
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1 Quérir : aller chercher.
2 Ni même : ni surtout.
3 Ains : mais.
4 Voire : soit.
5 En lui faisant trouver bon : pour le persuader.
6 Frises : étoffes de laine.
7 M’accommodant : essayant.
8 Par deçà : chez les Tupinambas, au Brésil
___________________________________________
9 A défaut d’iceux : s’il n’a pas d’enfants.
10 Connais-je : je me rends compte.
LE CORRIGÉ
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Le sujet ne propose pas de piste de lecture générale qui guiderait le lecteur. Il s’agit d’un texte de la Renaissance, récit de
voyage qui traite de la découverte du Nouveau monde et donc pose la question de l’altérité.
I. L'ANALYSE ET LES DIFFICULTES DU SUJET
II. PROPOSITION DE PLAN
Le plan linéaire est déconseillé. Il ne permet pas d’interpréter l’ensemble du texte et pourrait être redondant. Il faut mieux
choisir un plan thématique, tel celui que nous proposons :
1. Le récit de voyage ou la possibilité d’une rencontre étonnante
2. La réflexion d’un "pauvre sauvage américain"
3. Entre éloge et blâme : un texte qui joue sur le déplacement du regard
III. LES PISTES DE REPONSES
Le plan choisi, et qui nous a semblé le plus simple, est de type thématique. Il consiste à :
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1.étudier ce texte comme appartenant au genre du récit de voyage ;
2. étudier la réflexion développée par le "vieillard" sans oublier la dimension argumentative du texte ;
3. montrer que le texte concilie éloge et blâme grâce au déplacement du regard, qu’il permet à Léry de formuler une critique
de la société européenne.
I. Le récit de voyage ou la possibilité d’une rencontre étonnante
A. Un narrateur impliqué mais discret
Le narrateur se présente comme un témoin privilégié, ce que nous confirme le paratexte ("partagea pendant quelque temps
la vie des Indiens"). Il utilise la première personne du singulier ("me fit telle demande" ; " lui dis-je") et se présente comme
l’interlocuteur du dialogue. On note aussi certains de ses commentaires placés entre parenthèses (" (en lui faisant trouver bon
)"). Cependant, il reste relativement discret et cherche à mettre au premier plan le vieil Indien.
B. Un dialogue né d’une rencontre étonnante mais véridique
Le texte présente d’emblée le caractère exceptionnel de cette rencontre par-delà les mers et les civilisations comme le montre
le lexique "ébahis", "merveilles"…
Léry cherche à présenter la relation de voyage qu’il livre au lecteur comme véridique. Ainsi, la clôture du texte affirme qu’il a
reproduit "au vrai" le discours du vieillard et que cela s’est fait sans intermédiaire puisque c’est lui qui l’a "ouï de la propre
bouche" de l’Indien.
C. Un texte adressé
Si le destinateur est impliqué, son destinataire également est convoqué dans le texte. Il s’agit de susciter l’attention du
lecteur en créant une certaine vivacité et l’illusion d’un échange entre lui et l’auteur. Ainsi, on note la présence du
possessif "nos" (l.1), des "nôtres" (l.10) ou de la deuxième personne du pluriel "vous jugerez" (l. 29). Léry cherche ainsi à
créer une complicité avec son lecteur . Il adopte aussi une posture didactique pour expliquer au lecteur certains termes
étrangers : " leur Arabotan, c’est-à-dire bois de Brésil" l.2 ou "Mairs ou Peros, c’est-à-dire Français et Portugais" . Il devient
alors une sorte de "truchement", redoublant la fonction de celui qu’il évoque dans le second extrait du corpus.
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II. La réflexion d’un « pauvre sauvage américain »
A. Une parole directe
Contrairement au second texte dans lequel intervient un interprète, dans cet extrait, la parole de l’Indien est donnée à lire
dans l’illusion de sa simultanéité . Lors de ses interventions, il utilise souvent la modalité interrogative et les questions
peuvent ainsi tout aussi bien être adressées au narrateur qu’au lecteur.
B. Un texte argumentatif très structuré
Que cela soit le narrateur ou le "sauvage", tous deux produisent un discours argumentatif très structuré. Ils ont recours à
de nombreux connecteurs logiques : " car" , " mais ", " parce que" … Ainsi, différents thèmes sont abordés et s’enchaînent
comme le montrent également les connecteurs temporels qui structurent le texte : "puis", "derechef"...
C. L’émergence de la figure d’un sage
Le narrateur rappelle à divers endroits la vieillesse de son interlocuteur . Cette caractéristique est importante car la
vieillesse est valorisée comme l’âge de l’expérience et du recul. Le vieillard est celui qui peut porter sur le monde un regard
distancié et lucide.
Les différentes désignations de l’interlocuteur du narrateur sont parlantes puisqu’il utilise "un vieillard" puis "mon sauvage"
ou encore "mon vieillard" (l.29) et "un pauvre sauvage américain" (l.39). On observe un glissement entre l’article indéfini et le
déterminant possessif ce qui montre la proximité qui s’établit entre les deux interlocuteurs. La figure du "sauvage"
est dépossédée de sa sauvagerie et de son côté primitif pour rentrer dans le discours et la civilisation. On peut penser
au mythe du "bon sauvage" véhiculé par la littérature du XVIIIè mais ici, le sauvage n’est pas simplement bon, c’est aussi
un fin discoureur.
III. Entre éloge et blâme : un texte qui joue du déplacement du regard
A. La peinture d’une société équilibrée proche de la nature
La question abordée au début du dialogue concerne le "bois de Brésil" et l’utilisation intensive qu’en font les Européens. Cette
ressource naturelle est respectée par les Tupinambas qui y ont recours selon leur besoin. Cette société est naturelle sans
être primitive. Elle aussi connaît les vertus colorantes de ce bois comme l’indique la l.10. Cependant, elle ne consomme pas
dans l’excès. A travers cet extrait, Léry peint une nature proche de l’Age d’or où tout est disponible pour chaque génération
afin de lui permettre de vivre ; la terre est "suffisante" pour "nourrir " chacun.
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A ce respect de la nature dans laquelle les indiens semblent évoluer en harmonie, s’ajoute celui de la nature humaine, des
cycles humains. C’est ainsi que la réflexion du "sauvage" sur la mort semble participer du bon sens. Si cette société tient
compte des bienfaits du présent, elle n’est pas pour autant privée de réflexion ni de sentiments : ce n’est pas parce que les
indiens n’accumulent pas les richesses qu’ils n’aiment pas leurs enfants comme l’explique le vieillard l.35. Léry semble ici
faire l’éloge d’une société équilibrée où l’on jouit du présent sans hypothéquer l’avenir.
B. Une critique de la société européenne
A rebours, c’est bien une image de la société européenne qui apparaît, une société fondée sur l’excès comme le montre
l’accumulation des l.15-16 (" couteaux, ciseaux, miroirs"). La société civilisée est obsédée par la possession matérielle et
oublieuse de l’homme et du présent.
De plus, la société européenne, celle que l’on prétend civilisée semble même confiner à l’absurde comme le laisse
comprendre l’antithèse entre "un seul " et " tout" dans "un tel seul achètera tout le bois de Brésil" (l.16). Le vieillard pointe
l’absurdité de l’entreprise, le déséquilibre entre le voyage, le temps investi, les "maux" et le but de ce commerce.
Par ce regard décentré et les réflexions du vieillard, Léry écrit un blâme indirect de la société européenne.
C. De l’autre au même : une réflexion sur l’altérité
Les us et coutumes apparaissent tout relatifs mais c’est la notion même d’altérité qui est questionnée puisque le "sauvage"
, l’Autre par excellence, ne semble pas bien différent de nous dans son maniement du discours . Comme nous l’avons
montré, il est habile et le narrateur le souligne en montrant leur point commun : " ils sont aussi grands discoureurs" et en
prêtant à son interlocuteur un niveau de langue soutenu. C’est un sauvage bien civilisé qui paraît devant le lecteur et qui lui
parle même. La notion de sauvagerie et de barbarie est remise en question par ce texte.
Le récit de voyage a, semble-t-il, permis d’annuler la distinction entre sauvage et civilisé. On pourrait même aller jusqu’à
poser que dans ce texte, c’est le sauvage qui possède la sagesse, c’est lui qui peut peut-être devenir le meilleur garant de la
civilisation en tant que porteuse de valeurs humaines et spirituelles.
IV - LES FAUSSES PISTES
Il ne fallait pas :
● opérer de confusions avec le second texte de Jean de Léry présent dans le corpus ;● oublier de prendre en compte la situation d’énonciation ;● répéter les commentaires formulés sur ce texte dans la réponse à la question sur le corpus ;● omettre d'étudier le texte comme appartenant au genre du récit de voyage.
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