Séance 3 : La création du monde dans la Bible et le Coran

Dans cette séance, nous allons découvrir comment la création du monde est décrite et racontée dans la Bible et le Coran.

Rappel : la Bible est le livre sacré du judaïsme et du christianisme. Le Coran est le livre sacré de l’islam. Ces trois religions sont monothéistes. On les appelle parfois les « religions du Livre », car elles se construisent en partie autour d’un enseignement contenu dans un (ou des) livre(s) sacré(s), et elles sont toutes les trois influencées par les récits de l’Ancien Testament. On retrouve ainsi des personnages communs aux trois religions, comme l’archange Gabriel (Jibril), par exemple.

A. Qu’est-ce que la Bible ? Qu’est-ce que le Coran ? Lisez le manuel joint, « Les textes sacrés des religions du livre », p. 94-95.

1. Quel est le texte le plus ancien ? Et le plus récent ? La Bible hébraïque (le TaNaKh) est le texte le plus ancien : les premiers textes remontent au VIIIe siècle avant Jésus-Christ (en même temps que l’Odyssée, donc). Le Coran est le plus récent : il a été composé au VIIe siècle après J.-C. (donc presque 1500 ans après les premiers textes bibliques !)

2. Quelle partie de la Bible est commune aux trois religions ? La partie la plus ancienne, celle qu’on retrouve dans la Bible hébraïque, le TaNaKh, et que les religions chrétienne et islamique reprennent en partie.

3. Dans quelle(s) langue(s) est écrite la Bible ? Et le Coran ? La Bible est écrite en plusieurs langues : en araméen et surtout en hébreu, puis en grec pour les textes les plus récents et pour le Nouveau Testament. Elle est ensuite traduite en latin, puis dans toutes les langues parlées au monde (ou presque). Le Coran est entièrement écrit en arabe.

4. Qui sont les Hébreux ? Les Hébreux sont un peuple ancien du Proche-Orient, dont la Bible hébraïque raconte l’histoire. Ils sont considérés comme les ancêtres du peuple juif actuel.

5. Qu’est-ce qui différencie la Bible hébraïque de la Bible chrétienne ? La Bible chrétienne reprend la Bible hébraïque (même si elle déplace, ajoute ou supprime certaines parties), qu’elle appelle l’Ancien Testament (« testament » ici veut dire « témoignage »). Elle lui ajoute cependant toute une nouvelle partie, le Nouveau Testament, qui relate notamment la vie et le message de Jésus dans les Évangiles.

6. Cherchez le sens et l’origine du mot « Genèse ». Que raconte cette partie de la Bible ? Dans quelle partie du livre se trouve-t-elle ? La Genèse se trouve dans la Bible hébraïque, dans l’Ancien Testament, c’est le tout premier livre de la Bible. Le nom vient du grec genesis, qui veut dire « origine, commencement ». La Genèse, c’est donc le Livre du Commencement, de la création.

7. Cherchez qui est Moïse. Moïse (« Moshé » en hébreu, « Moussa » en arabe) est le premier prophète du judaïsme, celui à qui Dieu aurait dicté sa Loi pour la transmettre au peuple hébreu. C’est lui qui aurait guidé les Hébreux pour les faire sortir d’Égypte et de l’esclavage et les amener à la terre promise par Dieu (Israël, selon cette tradition religieuse). Moïse serait l’auteur des cinq premiers livres de la Bible, qu’on appelle la Torah, qui contient la Genèse (création du monde et de l’homme, histoire des premiers patriarches), l’Exode (la fuite des Hébreux hors d’Égypte), le Lévitique (des instructions religieuses à suivre), les Nombres (la suite de l’histoire du peuple hébreu) et le Deutéronome (derniers discours de Moïse et sa mort). Moïse est notamment connu parce que Dieu lui aurait dicté, sur le mont Sinaï, les Dix Commandements.

Dans le Coran, Moïse est présenté comme un prophète important, qui a reçu des instructions directement de Dieu, et qui précède Muhammad/Mahomet.

8. Cherchez qui est Abraham. Abraham (en arabe « Ibrahim ») est un personnage de la Genèse, et le plus important des patriarches. Le mot « patriarche » vient du grec patriarkhês, « chef de famille », de patria (race, pays) qui vient de pater (père), et arkhês (commander). Les « patriarches » désignent ceux qui sont considérés comme les « pères » du peuple juif, c’est-à-dire Abraham et ses descendants, qui forment une « alliance » avec Dieu pour fonder le peuple hébreu. Abraham est donc, selon la tradition, considéré comme le fondateur du monothéisme et des trois grandes religions monothéistes, judaïsme, christianisme et islam, puisqu’il est le premier à faire alliance avec Dieu et à ne reconnaître qu’un seul Dieu. Il apparaît donc dans la Bible et dans le Coran.

Synthèse – à retenir :

Le judaïsme, le christianisme et l’islam sont trois religions monothéistes qui sont fondées sur des textes sacrés : la Bible (dont une partie est commune aux juifs et aux chrétiens) et le Coran.

La Bible est composée de deux grandes parties ; l’Ancien Testament, commun aux juifs et aux chrétiens, et le Nouveau Testament, qui n'est reconnu que par les chrétiens. L’Ancien Testament raconte l'histoire du peuple hébreu et de ses prophètes (Noé, Moïse, Abraham...), tandis que le Nouveau Testament, composé des quatre Évangiles, raconte la vie et l'enseignement de Jésus. La Genèse, qui raconte la création du monde et de l’homme par Dieu, est le premier livre de l'Ancien Testament.

Le Coran est le plus récent de ces textes. Il rapporte les révélations faites au prophète Muhammad et se compose de 114 sourates (chapitres), elles-mêmes divisées en versets (paragraphes).

B. La Genèse

Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre. Or la terre était vide et vague, les ténèbres couvraient l’abîme, un vent de Dieu tournoyait sur les eaux.

Dieu dit : "Que la lumière soit" et la lumière fut. Dieu vit que la lumière était bonne, et Dieu sépara la lumière et les ténèbres. Dieu appela la lumière « jour » et les ténèbres « nuit. » Il y eut un soir et il y eut un matin : premier jour.

Dieu dit : « Qu’il y ait un firmament au milieu des eaux et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux » et il en fut ainsi. Dieu fit le firmament, qui sépara les eaux qui sont sous le firmament d’avec les eaux qui sont au-dessus du firmament, et Dieu appela le firmament « ciel. » Il y eut un soir et il y eut un matin : deuxième jour.

Dieu dit : « Que les eaux qui sont sous le ciel s’amassent en une seule masse et qu’apparaisse le continent » et il en fut ainsi. Dieu appela le continent « terre » et la masse des eaux « mers », et Dieu vit que cela était bon.

Dieu dit : « Que la terre verdisse de verdure : des herbes portant semence et des arbres fruitiers donnant sur la terre selon leur espèce des fruits contenant leur semence » et il en fut ainsi. La terre produisit de la verdure : des herbes portant semence selon leur espèce, des arbres donnant selon leur espèce des fruits contenant leur semence, et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : troisième jour.

Dieu dit : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit ; qu’ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années ; qu’ils soient des luminaires au firmament du ciel pour éclairer la terre » et il en fut ainsi. Dieu fit les deux luminaires majeurs : le grand luminaire comme puissance du jour et le petit luminaire comme puissance de la nuit, et les étoiles. Dieu les plaça au firmament du ciel pour éclairer la terre, pour commander au jour et à la nuit, pour séparer la lumière et les ténèbres, et Dieu vit que cela était bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : quatrième jour.

Dieu dit : « Que les eaux grouillent d’un grouillement d’êtres vivants et que des oiseaux volent au-dessus de la terre contre le firmament du ciel » et il en fut ainsi. Dieu créa les grands serpents de mer et tous les êtres vivants qui glissent et qui grouillent dans les eaux selon leur espèce, et toute la gent ailée selon son espèce, et Dieu vit que cela était bon. Dieu les bénit et dit : « Soyez féconds, multipliez, emplissez l’eau des mers, et que les oiseaux multiplient sur la terre. » Il y eut un soir et il y eut un matin : cinquième jour.

Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce : bestiaux, bestioles, bêtes sauvages selon leur espèce » et il en fut ainsi. Dieu fit les bêtes sauvages selon leur espèce, les bestiaux selon leur espèce et toutes les bestioles du sol selon leur espèce, et Dieu vit que cela était bon.

Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu’ils dominent sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre. »

Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa. Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds, multipliez, emplissez la terre et soumettez-la ;

dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre. »

Dieu dit : « Je vous donne toutes les herbes portant semence, qui sont sur toute la surface de la terre, et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre nourriture. À toutes les bêtes sauvages, à tous les oiseaux du ciel, à tout ce qui rampe sur la terre et qui est animé de vie, je donne pour nourriture toute la verdure des plantes » et il en fut ainsi. Dieu vit tout ce qu’il avait fait : cela était très bon. Il y eut un soir et il y eut un matin : sixième jour.

Ainsi furent achevés le ciel et la terre, avec toute leur armée. Dieu conclut au septième jour l’ouvrage qu’il avait fait et, au septième jour, il chôma,

après tout l’ouvrage qu’il avait fait. Bible de Jérusalem, Paris, Cerf, 1973.

Questions :

1. Pourquoi, selon vous, le texte débute-t-il par « Au commencement » ? La Genèse est le tout premier livre de la Bible, et ses tout premiers mots sont « Au commencement ». Le texte commence par le commencement de tout : la création du monde.

2. Quels sont les deux adjectifs qui décrivent la terre au début du texte ? Quels autres récits de création cela vous rappelle-t-il ? La terre est « vide » et « vague », comme dans d’autres récits de création polythéistes, où, avant la création du monde, il n’y a qu’une « atmosphère » « sans limite et sans durée » (religion phénicienne), une terre « informe » (religion polynésienne), le Vide (Hésiode, mythologie grecque) ou le Chaos. La Bible se rapproche donc des textes polythéistes qui décrivent un chaos primordial, avant la création et la mise en ordre du monde.

3. En combien de temps Dieu crée-t-il le monde ? En 6 jours ; le 7e, il se repose (« il chôma » : le verbe « chômer », ne pas travailler, est ce qui a donné notre « chômage » actuel !).

4. Résumez, jour par jour, les étapes de la création du monde.

Jour 1 : création de la lumière, séparation du jour et de la nuit Jour 2 : création du ciel en séparant les eaux en deux (en dessous et au-dessus du ciel) Jour 3 : séparation de la terre et de la mer en regroupant les eaux d'en dessous du ciel en un même lieu pour faire apparaître le sec. Création des végétaux. Jour 4 : création des deux luminaires et des étoiles Jour 5 : création des poissons et des oiseaux. Jour 6 : création des animaux terrestres (reptiles, mammifères...) et création de l'homme et de la femme.

5. Comment Dieu fait-il pour créer une nouvelle chose ? De deux manières : • Par le verbe, la parole : ce qu'il dit se réalise immédiatement, ses mots sont des

actes • Par le geste de séparer (comme dans les récits polythéistes)

6. Quelles phrases sont répétées d'un paragraphe à l'autre ? Pourquoi, à votre avis ? • « Et il en fut ainsi » • « Dieu vit que cela était bon » • « Il y eut un soir et il y eut un matin : ... jour »

Cela permet de scander le texte, de bien marquer les grandes étapes de la création, ce qui rend le texte plus facile à comprendre et à retenir. Cela crée aussi un effet poétique, avec une impression de refrain. Cet effet musical et poétique est au service du caractère religieux du texte.

7. Qu'est-ce qui différencie l'homme des autres êtres vivants ? Il est créé à la ressemblance de Dieu (contrairement aux autres êtres vivants, qui ne ressemblent pas à Dieu) et domine tous les autres êtres vivants.

8. Quand Dieu crée-t-il l’homme ? Quelle mission lui confie-t-il ? Il le crée le sixième jour : c’est donc la toute dernière étape de la création. L’homme doit remplir la terre, s’y multiplier partout, et soumettre le monde. C’est une vision de l’homme comme « maître et possesseur de la nature » qui va durer longtemps dans le monde occidental (elle n’est remise en question que très récemment).

C. Le Coran Le Coran évoque la création du monde dans plusieurs sourates. Voici des extraits de certaines d’entre elles :

a. Sourate 2 Comment pouvez-vous ne pas croire en Dieu ? Il vous a donné la vie, alors que vous

n’existiez pas. Il vous fera mourir, puis il vous ressuscitera, et vous serez ramenés à lui. C’est lui qui a créé pour vous tout ce qui est sur cette terre. Il s’est ensuite tourné vers le

ciel, qu’il a organisé en sept cieux. Il connaît toute chose. Lorsque ton Seigneur dit aux anges : « Je vais établir un lieutenant sur la terre », ils

dirent : « Vas-tu y établir quelqu’un qui fera le mal et qui répandra le sang, tandis que nous célébrons tes louanges en te glorifiant et que nous proclamons ta sainteté ? Le Seigneur dit : « Je sais ce que vous ne savez pas. »

Dieu apprit à Adam le nom de toutes les créatures, et dit aux anges, aux yeux desquels il les exposa, « Nommez-les moi, si vous êtes véritables ».

b. Sourate 7

Votre Dieu créa les cieux et la terre en six jours ; ensuite il s’assit sur son trône. Il fit succéder la nuit au jour. Elle le suit sans interruption. Il forma le soleil, la lune et les étoiles, humblement soumis à ses ordres. Les créatures et le droit de les gouverner lui appartiennent. Béni soit le Dieu souverain de l’univers !

c. Sourate 14

C’est Dieu qui a tiré du néant les cieux et la terre, et qui a fait descendre la pluie pour faire

éclore les fruits divers qui servent à votre nourriture. Le vaisseau fend les ondes à sa voix. Il a mis à votre service les fleuves. Il a mis à votre service le soleil et la lune pour qu’ils vous dispensent libéralement leur lumière. Il a mis à votre service la nuit et le jour. Il vous a donné tous les biens que vous lui avez demandés. Ses bienfaits sont innombrables. O combien l’homme est injuste dans son ingratitude !

Questions

1. Quel est, d’après ces sourates, le créateur de l’univers ? C’est Dieu, qui « a créé tout ce qui est sur cette terre » et « tiré du néant les cieux et la terre ». Comme dans la Bible, il est donc seul responsable de la création du monde.

2. Qu’est-ce qui montre qu’il est majestueux ? Comme dans la Bible, il crée le monde en six jours. La Genèse précise seulement qu’ensuite il « chôma » ; alors que le Coran dit qu’il « s’assit sur son trône », ce qui l’assimile à un roi, au « souverain de l’univers ».

3. Comment crée-t-il le monde ? On retrouve l’ensemble des gestes de création qu’on avait étudiés dans les récits polythéistes :

• « tirer du néant » (« C’est Dieu qui a tiré du néant les cieux et la terre »), • « séparer » et « organiser » (« il fit succéder la nuit au jour », « le ciel, qu’il a

organisé en sept cieux »), • « former » comme un potier ou un artisan : « il forma le soleil, la lune et les

étoiles ». Ensuite, il met l’ensemble de la création au service de l’homme. Contrairement à la Bible, donc, il ne crée pas particulièrement le monde par la parole.

4. Dans la sourate 14, quelle répétition montre que le monde a été créé pour l’homme ? Comment appelle-t-on cette figure de style ? On trouve toute une série de phrases qui commencent par « Il a mis à votre service » : la répétition d’un même mot ou groupe de mots en début de phrase ou de vers est une anaphore. L’anaphore permet ici d’insister sur le fait que le monde été crée pour l’homme, à son service : elle insiste sur le rôle spécial de l’homme dans le monde.

5. Retrouvez la même idée dans la sourate 2. « C’est lui qui a créé pour vous tout ce qui est sur cette terre »

6. Qui est le « lieutenant » de Dieu sur la terre ? Comparez avec la Bible. C’est Adam, le premier homme, qui représente l’humanité. Comme dans la Bible, il a un rôle spécial : il doit dominer le reste de la création. Dans le Coran, il est même le « lieutenant » de Dieu, celui qui le seconde sur la terre (« lieutenant » veut littéralement dire « tenir lieu de », « remplacer quelqu’un »). Dans le Coran, Dieu apprend à Adam le nom de toutes les créatures.

7. Quels sont les points communs que vous pouvez trouver avec la Genèse ? Il y a de nombreux points communs :

• Le monde est créé à chaque fois en 6 jours, et le 7e, Dieu cesse de travailler (ce qui explique qu’il y a un jour « chômé » dans la semaine, le samedi pour les juifs, le vendredi pour les musulmans et le dimanche pour les chrétiens).

• C’est Dieu seul qui crée le monde, en séparant des éléments (la terre, le ciel et les eaux, dans la Bible, le jour et la nuit dans le Coran), et en décidant de le faire.

• Dieu crée l’homme en dernier, mais lui donne un rôle spécial : il doit dominer le monde, voire le seconder sur terre.

• Les deux textes insistent sur la création des astres (soleil, lune, étoiles) et la séparation du jour et de la nuit, qui sont le moyen pour les hommes de mesurer le temps qui passe (alors que Dieu, lui, est éternel).

• Le monde est au service de l’homme : pour se nourrir, pour le connaître, pour s’y multiplier, et pour le dominer. C’est ce qu’on appelle l’anthropocentrisme (de anthropos = l’être humain, et centre) : l’homme considère qu’il est au centre du monde, qu’il est le centre du monde. Les religions monothéistes donnent à l’homme une place centrale dans le monde, le rendent supérieur au reste du monde : ce n’est pas le cas de toutes les religions.

8. Le texte est-il divisé en paragraphes courts ou en paragraphes longs ? Est-ce la même chose dans la Bible ? Le texte est divisé en paragraphes courts, qu’on appelle des versets : c’est le cas aussi dans la Bible. Le verset est le type de paragraphe en prose qu’on trouve dans des textes poétiques ou sacrés.

9. Qu’est-ce qui, dans ces textes, peut rappeler un poème ? Les répétitions (qui créent des effets musicaux, comme des refrains), les images (les « luminaires » par exemple), ou les exclamations donnent un caractère poétique à ces deux textes.

Synthèse A vous de jouer !

1) Essayez de résumer les points communs et les différences entre la Bible et le Coran pour décrire la création du monde

Il y a de nombreux points communs entre les deux textes : • Le monde est créé à chaque fois en 6 jours, et le 7e, Dieu cesse de travailler. • C’est Dieu seul qui crée le monde, en séparant des éléments (la terre, le ciel et les

eaux, dans la Bible, le jour et la nuit dans le Coran), et en décidant de le faire. • Dieu crée l’homme en dernier, mais lui donne un rôle spécial : il doit dominer le

monde, voire le seconder sur terre. • Les deux textes insistent sur la création des astres (soleil, lune, étoiles) et la séparation

du jour et de la nuit, qui sont le moyen pour les hommes de mesurer le temps qui passe (alors que Dieu, lui, est éternel).

• Le monde est au service de l’homme : pour se nourrir, pour le connaître, pour s’y multiplier, et pour le dominer. C’est ce qu’on appelle l’anthropocentrisme : l’homme considère qu’il est au centre du monde, qu’il est le centre du monde. Les religions monothéistes donnent à l’homme une place centrale dans le monde, le rendent supérieur au reste du monde : ce n’est pas le cas de toutes les religions.

Cependant, on trouve également des différences : • Le moment de la création est plus détaillé dans la Bible, alors que le Coran en parle de

manière plus courte mais dans plusieurs passages différents. • Pour le Coran, le monde est créé au service de l’homme, ce qui n’est pas le cas dans la

Bible : le monde est « bon » (« Et Dieu vit que cela était bon ») en soi ; l’homme en revanche doit soumettre la terre.

• L’homme est clairement le lieutenant de Dieu sur terre dans le Coran. Ce n’est pas exactement le cas dans la Bible, mais la proximité entre l’homme et Dieu est montrée par le fait que Dieu crée l’homme « à son image ».

• Dieu est directement comparé à un roi dans le Coran (« trône », « souverain de l’univers »).

2) Avec quels mythes polythéistes (voir séance 2) pouvez-vous rapprocher le récit de la

Genèse ? Pourquoi ? On retrouve des points communs avec d’autres récits polythéistes :

• Dieu crée le monde en parlant, comme Ta’aora, • Dieu crée le monde en séparant les éléments à partir du vide (comme dans les

mythes du vide ou du chaos primordial). • Le « vent de Dieu » qui tournoie avant la création rappelle l’atmosphère ou le

vent qui existe avant la création du monde dans les récits polythéistes • Les premiers éléments créés sont les mêmes que dans les autres récits de

création : après la lumière, le ciel, la terre et l’eau, d’abord, puis la faune et la flore (les animaux et les végétaux).

Les religions monothéistes ne sont donc pas complètement éloignées des religions polythéistes !

D. Étymologie et vocabulaire

1. Dans la Genèse, Dieu crée deux « luminaires » pour séparer le jour et la nuit. Que sont ces deux « luminaires », selon vous ? Dans le mot « luminaire », quel mot de la même famille reconnaissez-vous ? Il s’agit du soleil et de la lune, deux lumières qui brillent dans le ciel. « Luminaire » vient du latin lumen, qui veut dire « lumière ». On le trouve dans de nombreux mots français : lumière, illuminer, illumination, enluminure, lumineux, luminosité, etc.

2. Genèse vient du grec γένεσις, genesis, qui veut dire « origine, création ». Pouvez-vous trouvez des mots de la même famille en français ? Cette racine, dérivée de gignomai, on peut la retrouver dans beaucoup de mots français liés à l’idée de naissance ou d’origine : la généalogie (l’étude des origines ou des ancêtres), les gènes, la génétique… mais aussi la génération, par exemple !

E. Histoire de l’art. Autour des textes sacrés : calligraphie et enluminure

1. Autour du Coran

Voici une double page d’un Coran du XIIIe siècle irakien ou syrien, qui contient la fin de

la sourate 1 et le début de la sourate 2 (le passage que nous avons lu est situé plus loin). a. Dans quel sens lit-on ce texte ? L’arabe (comme d’ailleurs l’hébreu, qui est une autre

langue sémitique) se lit de droite à gauche. b. Qu’est-ce qui permet de comprendre qu’on passe d’une sourate à l’autre, selon vous ?

Le titre, écrit en doré et non en noir, de la sourate (page de gauche), ainsi que les cartouches (rectangles) dorés, indiquent qu’on change de sourate.

c. A votre avis, qu’est-ce indique qu’on change de verset ? Les petites rosaces (= ronds en forme de fleur) dorées marquent le passage d’un verset à l’autre.

d. Qu’est-ce qui montre que, dans ce manuscrit, on a voulu à la fois transcrire un texte religieux et faire un travail artistique ? Il n’y a que du texte, sans illustration, cependant la mise en page, l’écriture, les signes de ponctuation ou de scansion du texte (changement de sourate, de verset…) sont extrêmement soignés ; tout cela, ainsi que l’utilisation du doré, montre que l’écriture même doit être belle, esthétique. La beauté de la mise en page et de l’écriture reflète le caractère sacré du texte.

e. Comment appelle-t-on l’art de la belle écriture ? Connaissez-vous l’étymologie de ce mot ? On appelle cet art la calligraphie, du grec καλλιγραφία, kalligraphía, composé de κάλλος kállos (« beau ») et γραφία, graphía, (« l’écriture »).

Voici maintenant une autre version, égyptienne et du XIVe siècle, du même passage du Coran (début de la sourate 2) :

a. A votre avis, où se situe le titre de la sourate ? Il se situe dans les cadres bleus en haut et en bas de la page.

b. Qu’est-ce qui sépare les versets ? Comme dans l’exemple précédent, les rosaces dorées.

c. Trouve-t-on dans cette page une illustration concrète du texte ? Non, il n’y a pas d’illustration, mais des ornementations graphiques (des lignes qui rappellent des arabesques) autour du texte. En effet, la représentation imagée du monde, ou de l’homme, est parfois interdite dans la culture religieuse islamique.

d. Qu’est-ce qui fait, à la place, la valeur artistique de cette page ? C’est justement tout ce travail décoratif sur les arabesques, qui remplacent la représentation du réel par un travail d’ornementation du texte tout aussi artistique.

2. Autour de la Bible

Voici une Bible du XIIe siècle, appelée « Bible de Souvigny » (bibliothèque de Moulins) :

1. Quelle différence remarque-t-on immédiatement avec les deux Corans ? Le texte est illustré par des images qui représentent l’homme et la femme, Dieu, et le monde.

2. Sur la partie droite, qu’est-ce qui permet de comprendre qu’on passe d’un verset à l’autre ? Des lettrines, c’est-à-dire des lettres décorées, plus larges que le reste du texte, qui marquent le début d’un nouveau paragraphe ou d’un nouveau verset.

3. Que représente la première vignette ? Elle représente les personnages les plus importants de la religion chrétienne : Dieu, l’esprit saint représenté par la colombe, la Vierge Marie et Jésus.

4. A quel épisode de la création, dans la Genèse, chacune des six vignettes suivantes correspond-t-elle ? Elle correspond au passage sur la création du monde, chaque vignette représentant un jour de la création.

Vignette 2 : Jour 1 : création de la lumière, séparation du jour et de la nuit et jour 2 : création du ciel en séparant les eaux en deux (en dessous et au-dessus du ciel) Vignette 3 : Jour 3 : séparation de la terre et de la mer en regroupant les eaux d'en dessous du ciel en un même lieu pour faire apparaître le sec. Création des végétaux. Vignette 4 : Jour 4 : création des « luminaires », la lune et le soleil. Vignette 5 : Jour 5 : création des poissons et des oiseaux. Vignette 6 : Jour 6 : création des animaux terrestres (reptiles, mammifères...). Vignette 7 : Jour 6 : création de l'homme et de la femme.

5. Que représente la dernière vignette, selon vous ? Elle représente Adam et Ève, au Paradis, ayant commis le péché originel.

6. Comment la succession chronologique des événements est-elle suggérée au lecteur ? Quel autre art, contemporain, fonctionne de la même façon ? A chaque fois qu’on change de vignette, on avance dans le temps : les jours se succèdent. C’est comme cela que fonctionne, de nos jours, la bande dessinée : quand on change de case, on avance dans le temps !

7. Savez-vous comment on appelle les illustrations peintes à la main qui décorent les manuscrits ? Pouvez-vous citer des mots de la même famille ? On les appelle des enluminures : elles ont la même racine, lumen, qu’illumination, illuminer, etc.