48
BELGIQUE—FOURONS ET LE SUPERMARCHÉ DU CANNABIS ÉTATS-UNIS—RIEN NE VA PLUS POUR LES INDIENS HISTOIRE—À LA POURSUITE DES PIRATES N° 1190 du 22 au 28 août 2013 courrierinternational.com Belgique : 3,90 € La Chine achète le Pacifique Egypte : la démocratie attendra Pékin cherche à étendre son influence stratégique et économique sur une zone jusque-là contrôlée par les Etats-Unis. Face aux islamistes, les libéraux ont choisi de soutenir l’armée. Un pari très risqué, souligne la presse arabe (!4BD64F-eabacj!:N;o noir Belgique 3,90€ - Luxembourg 3,90€

Courrier 20130822 courrier full 20130826 145534

  • Upload
    sa-ipm

  • View
    254

  • Download
    7

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Courrier International du 22 août 2013 : La Chine achète le Pacifique

Citation preview

  • BELGIQUEFOURONS ET LE SUPERMARCH DU CANNABIS TATS-UNISRIEN NE VA PLUS POUR LES INDIENS HISTOIRE LA POURSUITE DES PIRATES

    N 1190 du 22 au 28 aot 2013courrierinternational.comBelgique : 3,90

    La Chine achte

    le Pacique

    Egypte : la dmocratieattendra

    Pkin cherche tendre son inuence stratgique et conomique sur une zonejusque-l contrle par les Etats-Unis.

    Face aux islamistes,les libraux ont choisi

    de soutenir larme. Un pari trs risqu, souligne

    la presse arabe

    noir

    Belg

    ique

    3,90

    - L

    uxem

    bour

    g3,

    90

  • Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013

    DITORIALRIC CHOL

    www.courrierinternational.comGYPTE. Les suites de la rpression contreles islamistes.MDIAS. Les pressions du gouvernementbritannique sur The Guardian dans laaireSnowden.MEXIQUE. Un safari dans les quartierschauds de la capitale.

    Retrouvez-nous aussi sur Facebook, Twitter, Google+et Pinterest.

    SUR NOTRESITE

    Le Kremlin etles pyramides

    L es vnements de ces derniersjours prouvent une fois de plusque les fondements de la dmocratie restent fragiles au Moyen-Orient, et que les hommesforts y ont encore de beaux jours devant eux. Voil ce qucrivait The New York Times au lendemain du coup dEtat en Egypte en juillet1952. Le roi Farouk venaitdtre dpos, et le jeune colonelGamal Abdel Nasser sapprtait prendre les rnes du pays. Six dcennies plus tard, lditorial du quotidien amricain na pas prisune ride. Car le pronunciamiento du 3juillet, soutenu par les libraux, a dbouch sur une rpressionsanglante, loignant encore un peuplus lEgypte de la voie dmocratique.Il sagit dun chemin dangereux,a bien prvenu Barack Obama aprsles violences du 14 aot, mais les tropfrquentes oscillations diplomatiquesde la Maison-Blanche depuis la chutedu rgime Moubarak ont ni pardisqualier lalli amricain. Au pointque, lorsque lOncle Sam fait les grosyeux, le gnral Sissi et sa clique sen contrechent. Dautant que lesparrains de substitution ne manquentpas. Il y a ceux aux pochesgnreuses, comme lArabie Saoudite,les Emirats arabes unis ou le Kowet.Mais il y a aussi le parrain russe, prt tirer les marrons du feu de la crisegyptienne. Mme si VladimirPoutine se dit convaincu que le paysfrle la guerre civile, il ne laissera paspasser loccasion dtendrelinuence de Moscou sur les bordsdu Nil. Comme dans les annes1950,du temps du soutien sovitique lEgypte de Nasser.

    En couverture : Photo Polaris/StarfaceDessin de Sondron, Belgique.

    Retrouvez Eric Chol chaque matin 6 h 55,

    dans la chronique O va le monde

    sur 101.1 FM

    dossierp.8

    Au nom de la stabilitpolitique, les librauxont choisi de soutenirlarme et la rpressioncontre les islamistes. Au risque dune drivescuritaire, salarme la presse arabe, qui redoute dsormaisune guerre civile.

    PHOT

    O K

    HAL

    ED E

    LFIQ

    I/EPA

    /MAX

    -PPP

    GREE

    NW

    ALD.

    BER

    TRAM

    S, P

    AYS-

    BAS

    Sommaire

    GYPTE LA DMOCRATIE ATTENDRA

    LA UNEp.28

    Huit dix htels, un casino et la promesse de dix mille emplois crsLe complexe touristiqueque les Chinois projettent de construiredans larchipel de Yap, en Micronsie, atteste des nouvelles ambitions de Pkin dans la rgion.

    p.20

    Pologne. Le chienet le prisonnierDepuis trois ans, les dtenus de la prison de Hajnowka,dans lest du pays, ont la possibilit de soccuperdanimaux dans un refuge local. Une faon pour euxde rapprendre vivre, explique Politika. Tmoignages.

    p.37

    Equateur. Pluttnoir que vertAprs stre engag protger le parcnational Yasun, le prsident Rafael Correaa nalement annonc quil lanaitlexploitation du ptrole dans la rgion.

    LA CHINE ACHTE LE PACIFIQUE

    Signaux. La population mondiale depuis 1900

    p.38SUR LES SMARTPHONESTlchargez notre nouvelle application et retrouvez toute lactualit internationale!Accdez toutes nos rubriques ainsi qu des contenusmultimdias,cartoons,noticationspersonnalisablesDisponible suriPhone et Android.

    2

  • ABC (www.abc.net.au/) Sydney, en ligne. The Arabist (arabist.net) Le Caire, en ligne. HaAretz Tel-Aviv, quotidien. Asahi Shimbun Tokyo, quotidien. The GuardianLondres, quotidien. Al-Hayat Arabie Saoudite (sige Londres), quotidien. Huanqiu Shibao (Global Times) Pkin, quotidien. Infograka Saint-Ptersbourg, mensuel.infoLibre (infolibre.es) Madrid, en ligne. The Irish Times Dublin, quotidien. Islands Business Suva (Fidji), mensuel. Jadaliyya ( jadaliyya.com) Washington, en ligne.Katadata (www.katadata.co.id) Jakarta, en ligne. Madagascar-Tribune.com (madagascar-tribune.com) Madagascar, en ligne. Nanfang Renwu Zhoukan Canton,hebdomadaire. New Statesman Londres, hebdomadaire. The New Republic Washington, bimensuel. The New York Times Etats-Unis, quotidien. OpenDemocracy(opendemocracy.net) Londres, en ligne. Oukransky Tyjden Kiev, hebdomadaire. Polityka Varsovie, hebdomadaire. Shaaf Paris, en ligne. Al-Shourouk Le Caire,quotidien. Tempo Jakarta, hebdomadaire. Think Africa Press Londres, en ligne. Tribune de Genve Suisse, quotidien. The Wall Street Journal New York, quotidien

    SommaireLes journalistes de Courrier international slectionnent et traduisent plus de 1 500 sources du monde entier :journaux, sites, blogs. Ils alimentent lhebdomadaire et son site courrierinternational.com. Les titres et lessurtitres accompagnant les articles sont de la rdaction. Voici la liste exhaustive des sources que nous avonsutilises cette semaine :

    Edit par Courrier international SA, socit anonymeavec directoire et conseil de surveillance au capital de 106 400 . Actionnaire La Socit ditrice du Monde.Prsident du directoire, directeur de la publication :Antoine Laporte. Directeur de la rdaction, membre du directoire :Eric Chol. Conseil de surveillance : Louis Dreyfus, prsident. Dpt lgal Aot 2013. Commission paritaire n 0712c82101.ISSN n1154-516X Imprim en France/Printed in France

    Rdaction 6-8, rue Jean-Antoine-de-Baf, 75212 Paris Cedex 13Accueil 33 (0)1 46 46 16 00 Fax gnral 33 (0)1 46 46 16 01 Faxrdaction 33 (0)1 46 46 16 02 Site web www.courrierinternational.com courriel [email protected] Directeur de lardaction Eric Chol Rdacteurs en chef Jean-Hbert Armengaud(16 57), Claire Carrard (dition, 16 58), Odile Conseil (dlgue 16 27),Rdacteurs en chef adjoints Catherine Andr (16 78), RaymondClarinard, Isabelle Lauze (hors-sries, 16 54). Assistante DalilaBounekta (16 16) Rdactrice en chef technique Nathalie Pingaud(16 25) Direction artistique Sophie-Anne Delhomme (16 31) Direc-teur de la communication et du dveloppement Alexandre Scher(16 15) Conception graphique Javier Errea Comunicacin

    Europe Catherine Andr (coordination gnrale, 16 78), Danile Re-non (chef de service adjointe Europe, Allemagne, Autriche, Suisse al-manique, 16 22), Gerry Feehily (Royaume-Uni, Irlande, 16 95), Lucie Geroy(Italie, 16 86), Nathalie Kantt (Espagne, Argentine, 16 68), Daniel Ma-tias (Portugal, Brsil, 16 34), Iwona Ostapkowicz (Pologne, 16 74), Ca-roline Marcelin (chef de rubrique, France,17 30), Iulia Badea-Gurite (Roumanie, Moldavie, 19 76), Wineke de Boer (Pays-Bas),Solveig Gram Jensen (Danemark, Norvge), Alexia Kefalas (Grce, Chypre),Mehmet Koksal (Belgique), Kristina Rnnqvist (Sude), Agns Jar-fas (Hongrie), Mandi Gueguen (Albanie, Kosovo), Miro Miceski(Macdoine), Martina Bulakova (Rpublique tchque, Slovaquie), KikaCurovic (Serbie, Montngro, Croatie, Bosnie-Herzgovine), MarielleVitureau (Lituanie), Katerina Kesa (Estonie), Russie, est de lEuro-pe Laurence Habay (chef de service, 16 36), Alda Engoian (Cauca-se, Asie centrale), Larissa Kotelevets (Ukraine) Amriques Bran-gre Cagnat (chef de service, Amrique du Nord, 16 14), GabrielHassan (Etats-Unis, 16 95), Anne Proenza (chef de rubrique, Amri-que latine, 16 76), Paul Jurgens (Brsil) Asie Agns Gaudu (chef de service, Chine, Singapour, Tawan, 16 39), Christine Chaumeau (Asiedu Sud-Est, 16 24), Ingrid Therwath (Asie du Sud, 16 51), Ysana Takino(Japon, 16 38), Kazuhiko Yatabe (Japon), Zhang Zhulin (Chine, 17 47),Elisabeth D. Inandiak(Indonsie), Jeong Eun-jin (Cores) Moyen-OrientMarc Saghi (chef de service, 16 69), Ghazal Golshiri (Iran), PascalFenaux (Isral), Philippe Mischkowsky (pays du Golfe), Pierre Vanrie (Tur-quie) AfriqueOusmane Ndiaye (chef de rubrique, 16 29), Hoda Saliby(chef de rubrique Maghreb, 16 35), Chawki Amari (Algrie), SophieBouillon (Afrique du Sud). Transversales Pascale Boyen (chef desinformations, Economie, 16 47), Catherine Guichard (Economie, 16 04),Anh Ho Truong (chef de rubrique Sciences et Innovation, 16 40), GerryFeehily (Mdias, 16 95), Virginie Lepetit (Signaux)Magazine 360MarieBloeil (chef des informations, 17 32), Virginie Lepetit (chef de rubriqueTendances, 16 12), Claire Maupas (chef de rubrique Insolites 16 60),Raymond Clarinard (Histoire), Catherine Guichard. Ils et elles ontdit Iwona Ostapkowicz (chef de rubrique, 16 74)

    Site Internet Hamdam Mostafavi (chef des informations, responsabledu web, 17 33), Carolin Lohrenz (chef ddition, 19 77), Carole Lyon(rdactrice multimdia, 17 36), Paul Grisot (rdacteur multimdia,17 48), Pierrick Van-Th (webmestre, 16 82), Patricia Fernndez Perez(marketing), Agence Cour rier Sabine Grandadam (chef de service,16 97) Traduction Raymond Clarinard (rdacteur en chef adjoint),Natalie Amargier (russe), Isabelle Boudon (anglais, allemand),Franoise Escande-Boggino (japonais, anglais), Caroline Lee (anglais, allemand, coren), Franoise Lemoine-Minaudier (chinois),Julie Marcot (anglais, espagnol, portugais), Daniel Matias (portugais),Marie-Franoise Monthiers (japonais), Mikage Nagahama (japonais),Ngoc-Dung Phan (anglais, italien, vietnamien), Olivier Ragasol(anglais,espagnol), Danile Renon (allemand), Mlanie Sinou (anglais, espagnol),Leslie Talaga (anglais, espagnol) RvisionJean-Luc Majouret (chef deservice, 16 42), Marianne Bonneau, Philippe Czerepak, Fabienne Grard, Franoise Picon, Philippe Planche, Emmanuel Tronquart (siteInternet) Photo graphies, illustrations Pascal Philippe (chef deservice, 16 41), Lidwine Kervella (16 10), Stphanie Saindon (16 53) Maquette Bernadette Dremire (chef de service), Catherine Doutey,Nathalie Le Drau, Gilles de Obaldia, Josiane Petricca, Denis Scudeller,Jonnathan Renaud-Badet, Alexandre Errichiello, Cline Merrien(colorisation) Cartographie Thierry Gauth (16 70) InfographieCatherine Doutey (16 66) Calligraphie Hlne Ho (Chine), AbdollahKiaie (Inde), Kyoko Mori (Japon) Informatique Denis Scudeller (16 84)Directeur de la production Olivier Moll Fabrication NathalieCommuneau (direc trice adjointe), Sarah Trhin (responsable defabrication). Impression, brochage Maury, 45330 Malesherbes.

    Ont particip ce numro Julia Baruchel, Gilles Berton, Jean-BaptisteBor, Valrie Brunissen, Isabelle Bryskier, Sophie Courtois, LaCuisinier, Marielle Defrance, Chlo Emmanouilidis, Violette Giang,Antonin Lambert, Jean-Baptiste Luciani, Nidhal Mahmoud, AurliaMiles, Camilo Moreno, Valentine Morizot, Yvan Pandel, CorentinPennarguear, Mlody Piu, Hlne Rousselot, Pieranglique Schouler,Leslie Talaga, Isabelle Taudire

    Secrtaire gnral Paul Chaine (17 46). Assistantes Natacha Scheu-bel (16 52), Sophie Nzet (partenariats, 16 99), Sophie Jan. GestionBndicte Menault-Lenne (responsable, 16 13). Comptabilit01 48 88 45 02. Responsable des droits Dalila Bounekta (16 16).Ventes au numroResponsable publications :Brigitte Billiard. Directiondes ventes au numro : Herv Bonnaud. Chef de produit : Jrme Pons(0 805 05 01 47, fax : 01 57 28 21 40). Diusion inter nationale : Franck-Olivier Torro (01 57 28 32 22). PromotionChristiane Montillet. MarketingSophie Gerbaud (directrice, 16 18), Vronique Lallemand (16 91), Lu-cie Torres (17 39), Romassa Cherbal (16 89).

    GEIE COURRIER INTERNATIONAL EBLCOURRIER INTERNATIONAL pour la Belgique et le Grand Duch de Luxembourg est commercialis par le GEIE COURRIER INTERNATIONAL EBLqui est une association entre la socit anonyme de droitfranais COURRIER INTERNATIONALet la socit anonyme de droit belge IPM qui est lditeur de La Libre Belgique et de La Dernire Heure Les Sports. Co-grant Antoine LaporteCo-grant et diteur responsable Franois le HodeyDirecteur gnral IPM Denis PierrardDirection logistique IPM Christian De CosterCoordination rdactionnelle Pierre Gilissen

    + 32 2 744 44 33Ouvert les jours ouvrables de 8h 14h.Rue des Francs, 79 1040 BruxellesPublicit RGP Luc Dumoulin [email protected] + 32 2 211 29 54Services [email protected] + 32 2 744 44 33 / Fax + 32 2 744 45 55Libraires + 32 2 744 44 77Impression Sodimco SADirecteur Eric Bouko + 32 2 793 36 70

    Toutes nos sources Chaque fois que vous rencontrez cette vignette, scannez-la et accdez un contenu multimdiasur notre site courrierinternational.com (ici, la rubrique Nos sources).

    Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013 3

    7 jours dans le monde4. Madagascar. Cherche candidats la prsidence6. Portrait. Gunter Vlker : un restaurateur allemand en Irak7. Controverse. Sao Paulo est-elledevenue une mgapole invivable ?

    Dossier8. Egypte : la dmocratie attendra

    Dun continent lautreAMRIQUES 14. Etats-Unis. Les Indiens de mal en pis15. Etats-Unis. La n du tout-rpressif ?

    AFRIQUE17. Afrique de lOuest.Salons pour hommes

    EUROPE18. Espagne. Brouillard sur Gibraltar20. Des animaux et des hommes 7/8.Pologne. Le chien et le prisonnier

    FRANCE22. Politique. Cest donc a, un socialiste franais ?23. conomie Hollande et le mirage de la croissance

    BELGIQUE24. Frontires. Fourons etle supermarch du cannabis.

    A la une28. La Chine achte le Pacique

    Transversales34. Mdias. Kurdistan irakien : des infos au compte-gouttes

    36. Economie. Lavenir appartient aux villageois

    37. Ecologie. Equateur : lor noir plus fort que la fort

    38. Signaux. Le poids des peuples

    36040. Grandeur et dcadence 7/8.Wu Ying, la milliardaire et les malfrats44. Histoire. Les vagabonds des mers46. Tendances. Halal beaut48. Culture. Saveurs dAfrique Tel-Aviv

    Retrouvez La Chine dans lombre de Mao du lundi 26 au vendredi 30 aot de 9 h 12 h.

    Abonnez-vous Le meilleur de la presse mondiale chaque jeudi chez vous !

    TARIF ABONNEMENT + laccs au site et ses archives depuis 1997

    Option 16 mois au lieu de 101,40

    Option 312 mois + 4 hors-srie

    au lieu de 223,10 *Option 2

    12 mois au lieu de 191,10

    Je dsire mabonner : adresse mail: [email protected] ou par courrier Courrier Internationnal - Service Abonnements - Rue des Francs 79 -1040 Bruxelles ou par fax au 02/744.45.55. Je ne paie rien maintenant et jattends votre bulletin de virement.Nom .................................................................................................... Prnom ........................................................................................................Adresse........................................................................................................................................... N ........................ Bte .......................................CP ................................ Localit ........................................................ Tl .................................................................................................................Gsm ..................................................................................................... E-mail ..........................................................................................................*prix de vente au numro. Offre valable en Belgique jusquau 3 Les donnes fournies sont reprises dans la base de donnes du Courrier International dans le but de vous informer sur les produits et services. Elles peuvent tre transmises nos partenaires des fins de prospection.

    85 145 165

    1 dcembre 2013.

  • Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013

    MADAGASCAR

    Cherche candidats la prsidenceSous la pression internationale, la Grande Ile a nalement dcid dinvalider les candidatures de trois postulants la prsidence contests. Un pas de plus vers la sortie de crise et lorganisation dune lection attendue depuis quatre ans ? Pas si sr.

    7 jours dansle monde.

    Magagascar-Tribune.comAntananarivo

    Dans un sursaut dorgueil, la Courlectorale spciale (CES) malgachea nalement rendu, samedi 17aot,une dcision conforme la loi lectorale.Elle a dcid dinvalider huit candidatures llection prsidentielle, dont celles deLalao Ravalomanana [pouse de lancienprsident dchu, Marc Ravalomanana],Andry Rajoelina [prsident autoproclamaprs le coup dEtat de janvier2009] etDidier Ratsiraka [ex-prsident du pays,chass du pouvoir en 2002]. Le retrait deces trois candidatures tait une exigencede la communaut internationale, aprsla premire liste publie par la mme CES.Cette juridiction tente donc dteindre lefeu quelle a elle-mme allum avec la pre-mire liste: la CES joue donc au pompierpyromane. Si elle avait eu le bon sensdagir aussi honorablement depuis le 3mai,on nen serait pas l.

    Aprs la communaut internationale,linstitution judiciaire malgache a doncremis en selle le ni-ni: ni Ravaloma-nana ni Rajoelina. Solution acceptablepar dfaut, dans la mesure o la solutionidale, le et-et, qui aurait permis auxlecteurs de sexprimer et de choisir entreles deux candidats, a ni par sombrer cause des manuvres de Rajoelina et deses allis nationaux et internationaux [ilrefuse que son ennemi politique reviennesur le sol malgache].

    Mais aujourdhui la principale ques-tion qui se pose est la suivante: la dci-sion de la CES va-t-elle apaiser la situationou au contraire lembraser? Du point devue du juriste, la CES a regagn sa cr-dibilit en osant prendre des dcisionsconformes la loi en vigueur Mada-gascar. Mais lexprience montre que lerespect du droit et de la loi nest pas unevaleur fondamentale dans la vie politiquemalgache. Marc Ravalomanana et AndryRajoelina se sont tous deux singularisspar des coups dEtat, respectivementen2002 et2009. Et durant lexercice deleurs fonctions la tte de lEtat, on nepeut pas dire quils aient t des modlesde bonne gouvernance conomique etdmocratique. En outre, quatre ans et

    demi de crise [sous la prsidence de Rajoe-lina] montrent que la clique maeuse quisest gree autour de lui na pas enviede tourner la page dun contexte actuelaussi ou, et donc juteux.

    Tout cela pour dire que la dcision dela CES na pas forcment apais les ten-sions politiques. Le contexte regorge dunfort potentiel de violence, ne serait-cequ cause du recours traditionnel auxgros bras et de lentretien de milices pardes politiciens peu scrupuleux. Pour unesortie de crise, il faudra au moins la conjonc-tion de trois facteurs: primo, la volontsincre des acteurs politiques concerns.Secundo, des institutions nationales(arme, socit civile, justice, mdias, par-lement) susamment fortes pour assu-rer une mdiation qui simpose tous lespoliticiens. Et, tertio, la capacit de lasocit civile au sens large faire pres-sion pour exprimer la vraie voix du peuple.

    Ce triangle vertueux est pour le momentdu domaine dugisa mainty [oie noireen malgache, comprendre du domainede limpossible]. Andry Rajoelina a djdmontr maintes reprises son inca-pacit considrer lintrt suprieur dela nation. Il nest donc pas impossiblequil rejette le nouveau verdict de la CESsous divers prtextes, comme le refus,au nom du nationalisme, dun diktat de lacommunaut internationale. Cela lui per-mettra alors denvoyer valser le proces-sus lectoral actuel. La dcision de la CESest du pain bnit pour ceux qui envisa-

    gent cette option, car si une priodetrouble se met en place, ce sera le pr-texte rv pour carter dun revers defusil le fragile processus en cours, au nomde ltat durgence, de ltat de ncessitnationale ou autre nerie martiale censeremettre de lordre.

    Malheureusement, la plupart des clsde sortie de crise se trouvent entre lesmains de Rajoelina. Reste savoir si lesautres acteurs auront assez de poids pourlui faire entendre raison. Mais pourentendre raison, il faudrait commencerpar lavoir pleine et entire.

    Ndimby A.Publi le 19aot

    MADAGASCAR-TRIBUNE.COMAntananarivo, Madagascarwww.madagascar-tribune.comA sa cration, ce site tait laplateforme web de son grand frre,le quotidien local MadagascarTribune. Il vole dsormais de ses propres ailes, comme lesouhaitait son fondateur et directeur,Rahaga Ramaholimihaso. Le site propose de nombreux ditos et analyses politiques de bonnequalit, ainsi que des enqutessur la corruption et lconomiesouterraine de la Grande Ile.

    SOURCE

    La Vrit, quotidien malgache proche du prsident de transition Andry Rajoelina, dnoncele rle de la communaut internationale dans cette dcision de suspendre les 3 candidats la prsidence. La semaine dernire, l'Union europenne menaait de sanctions toute personnefaisant obstruction llection. Dessin de Ndriana paru dans La Vrit, Madagascar.

    Don de salaire

    PARAGUAY Cartes prend lepouvoir et dclare la guerre lapauvret, titre le quotidien para-guayen Ultima Hora. Voulant enfaire preuve, Horacio Cartes (quiest aussi lun des hommes les plusriches du pays) a annonc quil re-verserait son salaire de prsident[environ 6000euros par mois] la Fondation catholique San Rafael.Le parti Colorado (droite), aupouvoir de 1947 2008, est doncde retour aux manettes du pays.Mais, stonne le quotidien uru-guayen La Diaria, la crmoniedinvestiture du nouveau prsi-dent, jeudi 15aot, na gure sus-cit denthousiasme. A peine 4000 personnes prsentes, peu dap-plaudissements. Le gouvernement,compos majoritairement de tech-niciens et de proches de Cartes,suscite beaucoup dinquitudes,souligne le quotidien.

    On coute avec les yeuxSCIENCE Et si la musique seregardait plutt quelle ne scoute?Chia-Jung Tsay, chercheuse am-ricaine en psychologie au Univer-sity College de Londres, a demand des sujets de prdire lissue dunconcours de musique classique.Contre toute attente, les gens ayantvisionn les vidos muettes ont tbien plus nombreux dceler levainqueur que ceux nayant eu accsquau son de la prestation. Que lonsoit novice ou musicien profes-sionnel, il semble ainsi que la moda-lit visuelle joue un rle fondamentaldans le jugement musical, suggreltude publie le 19aot sur le site

    Le respect du droit nest pas une valeurfondamentale dans lavie politique malgache

    FALC

    O

    4.

  • de la revue PNAS. Pourquoi ? Parcequ travers les mouvements desmusiciens transparat lessentiel:la passion.

    Fraude lectoraleCAMBODGELopposition menacedorganiser des manifestations sile Conseil constitutionnel cam-bodgien ne reconnat pas les soup-ons de fraudes massives qui psentsur le Parti du peuple cambodgien(PPC), rapporte le Phnom PenhPost. Le PPC du Premier ministre,Hun Sen, qui domine la scne poli-tique depuis prs de trente ans, aremport 68siges aux dernireslections lgislatives, le 28juilletdernier. Le Parti du sauvetage natio-nal du Cambodge, qui a obtenu55siges, a port plainte pour tri-cherie gnralise. En attendantle verdict du Conseil constitu-tionnel, la police militaire est prte intervenir en cas de manifestationviolente, a indiqu le porte-paroledu conseil des ministres dans lePhnom Penh Post.

    Main tendue aux talibansPAKISTAN Nawaz Sharif, le Pre-mier ministre pakistanais lu le11mai dernier, navait pas fait dal-locution publique depuis sa prisede fonctions. Il a choisi le lundi19aot, quatre jours aprs les cl-brations de lindpendance du pays,pour se plier lexercice. Il a notam-ment propos de dialoguer avec lesterroristes, rapporte le quotidienDawn. Il sagit des talibans locaux,qui bombardent les coles de lles,tuent des touristes, attaquent descitoyens en pleine rue et ont rcem-ment fait svader des centaines deleurs condisciples emprisonns.

    ArrestationarbitraireROYAUME-UNI David Miranda,le compagnon du journaliste duGuardian Glenn Greenwald, a tdtenu pendant neuf heures la-roport de Londres dimanche 18aot.Cette arrestation, opre dans lecadre de larticle7 de la loi anti-terroriste de 2000, a suscit unepluie de critiques dans la presse etchez les dfenseurs des droits delhomme. Depuis juin, Glenn Green-wald publie des analyses des don-nes transmises par EdwardSnowden sur la surveillance descommunications eectue parlAgence nationale de scurit am-ricaine (NSA) dans le monde entier.The Guardian dnonce le dtour-nement dune mesure antiterro-riste pour faire pression sur desjournalistes. Ds lundi, Greenwalda quant lui dnonc une tenta-tive dintimidation son gard etsest mu des dangers auxquelssexposent les journalistes.

    7 JOURS.7 JOURS.Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013

    Un journaliste tranger commentelactualit franaise

    SCOTT SAYARE est lun des correspondants du New York Times Paris.

    Valls-Taubira,une polmiquestrileQue pensez-vous la polmiqueentre Manuel Valls et ChristianeTaubira au sujet du projet derforme pnale ?Les mdias franais sont obsdspar la politique. Mais lt, dans cedomaine, il ne se passe pas grand-

    chose. Du coup, le moindrevnement prend des

    proportions exces-sives. Ce genre depolmique me paratstrile et trs pari-

    sienne. Et je trouvedommage que les jour-

    naux abordent si peu le fond duproblme: le contenu de la rforme,le rle que lon attribue la prisondans la socit franaise, leca-cit (ou non) du systme de jus-tice actuel, limpact sur les citoyens.

    Quel regard portez-vous sur la proposition de la ministre dela Justice dabroger les peinesplancher (ou peines minimalesen cas de rcidive)?L encore, on politise trop le sujet.On en fait une question de prin-cipe. La droite est farouchementcontre labrogation, au nom du prin-cipe selon lequel il faut tre fermeavec les dlinquants. La gauchesoutient quil faut que la justicesadapte aux cas particuliers. Entant que journaliste amricain, cesont les faits qui mintressent:combien de peines plancher ontt appliques depuis leur intro-duction? Dans quelles circons-tances? Sont-elles ecaces ?

    Pensez-vous que les Franais aient raison de sintresser aux questions de justice?Oui, cest un sujet central pourtoute socit. Par contre, je constateque les Franais et les Amricainsnont pas le mme rapport la jus-tice. Les Amricains ont tendance examiner ces questions en justi-ciables potentiels. Aux Etats-Unis,presque tout le monde est suscep-tible, un jour ou lautre, dtre jurlors dun procs. Les Franais r-chissent peut-tre davantage entermes de principes, ce qui donnelimpression quils se sentent moinsdirectement concerns. Cest peuttre caricatural, mais je trouve quenFrance la justice est une adminis-tration un peu plus part.

    (Voir aussi page 22)

    DE NOUS

    DR

    ILS PARLENT

    Les journalistes occidentaux se creusent la cervelle: sagit-il dun message adress Elena Issinbaeva ou dune vieilletradition russe? ironise le quotidien moscovite Moskovski Komsomolets propos du baiser sur la bouche que se sontdonn Ksenia Ryjova et Tatiana Firova, deux des relayeuses russes, victorieuses du 4 x 400m aux Mondiaux de Moscou.Quelques jours avant, Elena Issinbaeva, mdaille dor du saut la perche, avait dclar que les athltes [navaient] pas prendre part la lutte pour les droits des minorits sexuelles, et que se peindre les ongles aux couleurs de larc-en-ciel (comme lont fait deux athltes sudoises) constituait un manque de respect vis--vis de la Russie. (voir aussi la raction de Boy George, page ). Dbut 2013, ladoption par la Douma dune loi contre le proslytisme homosexuelauprs des mineurs a indign les milieux libraux russes et surtout lOccident. Photographe Paul Gilham/Getty images/AFP

    Bon baiser de MoscouDE LA SEMAINELA PHOTO

    3 MILLIONS detlspectateurs pourle premier lmdocumentaire de la rentre politique enAllemagne. Une audiencemisrable, commenteCicero. Le portrait de la chancelire qui brigueun troisime mandat auxlections lgislatives du 22 septembre a t boudpar le public parce que lesmdias sont soporiques,analyse le magazineberlinois. Angela Merkel(CDU) dpasse nanmoinslargement son adversairedans les sondages (41 % contre 25 % ).

    3

    HAJ

    I MUS

    LIM

    /AFP

    6

    5

  • 7 JOURS

    DSAPPOINTNous avons sous-estim lasouplesse des conservateurs,regrette Benjamin Mikfeld, social-dmocrate allemand (SPD), dont le parti ne parvient pas simposerdans la campagne face lachrtienne-dmocrate AngelaMerkel lapproche des lectionslgislatives du 22septembre. La chancelire a repris des thmesporteurs pour la gauche comme lasortie du nuclaire ou linstaurationdu salaire minimum.(Die Tageszeitung, Berlin)

    SCEPTIQUESi ctait refaire, je nechangerais rien. Mais je ne me

    reconnais pas dans cebouon prtentieux,dclare Lech Walesa,ancien syndicaliste et ex-prsident polonais, aprs

    la projection prive du lmquAndrzej Wajda lui a

    consacr. Walesa. Lhommedespoir sera projet en premiremondiale au Festival de Venise, le 28aot.(Radio Gdansk, Pologne)

    CARITATIFCette aide doit cesser. Lesnateur rpublicain Rand Paul voitdun mauvais il laide militaireaccorde par son pays lEgypte(1,3milliard de dollars par an).Selon lui, cela permettra juste ungnral gyptien de sacheter unchteau Paris, au lieu de donnerdu pain aux pauvres du Caire.(Fox News, New York) (voir le dossier 12)

    VILAINE FILLEDsole, pre, mais cestnotre argent qui a caus ce bain de sang [en Egypte].Sur Facebook, Sheikha Mahra bintMohammed Al-Maktoum critiqueson pre, Mohammed bin Rashid Al-Maktoum, vice-Premier ministredes Emirats arabes unis et mir de Duba. Le compte Facebook en question serait un faux, selon le gouvernement mirati.(Hurriyet, Istanbul)

    MAUVAIS GARONQuelle pute! Le chanteurbritannique Boy George,ouvertement gay, propos de lastar russe de la perche ElenaIssinbaeva, qui, lors du championnatdu monde Moscou, le 16aot,

    a dfendu la lgislationde son pays qui punitle proslytismehomosexuel auprsdes mineurs de

    peines damendeet de prison.(Interfax,Moscou)

    ILS/ELLESONT DIT

    Gunter VlkerUn restaurateur allemand en Irak

    Implant Erbil, au cur du Kurdistanirakien, ce cuisinier est-allemand rgale diplomates et militaires de bire et de choucroute.

    ILS FONTLACTUALIT

    Der Spiegel Hambourg

    Le mur badigeonn aux cou-leurs de lAllemagne noirrouge jaune est surmontde l de fer barbel. Gunter Vlker,49ans, est assis devant, dans lejardin de son restaurant, leDeutscher Hof. Cest un aprs-midicalme Erbil [capitale du Kurdistanautonome], dans le nord de lIrak.Les clients arriveront un peu avantle coucher du soleil, ils comman-deront de la bire, des Sptzle [sp-cialit souabe de ptes] et dessaucisses grilles.

    Quand on parle de lAllemagne GunterVlker, il a tendance snerver: Quest-ce que jirais yfaire? LAllemagne, pour lui, cestun pays o le mrite ne paie pas.Cest aussi lavis de sa mre quiest juste de passage: elle lui rendvisite deux fois par an. Les17employs lappellent tout sim-plement Mama. A Tabarz, dansson village natal, en Thuringe [ex-RDA], son aventurier de ls et elle-mme sont le sujet de conversationprfr des habitants. Mais ils senchent. Ici, largent coule ots,il sut de se baisser pour en ramas-ser, assure Vlker.

    Il a fond ses aaires sur le dca-lage entre la convivialit allemandeet le chaos de rgions peine sor-ties de la guerre. Gunter Vlker aouvert son premier restaurant Kaboul, la capitale afghane, en2003; celui dIrak a suivi en 2005;il projette den ouvrir un troisimeau Sri Lanka dans le nord dupays, dvast par la guerre civile.

    Vlker nest pas fou, et ce nestpas non plus un type qui marche ladrnaline. Il a salogique: il cherche desendroits o il y a peude restaurants et beau-coup dexpatris prts dpenser de largent.Des endroits diciles,mais pas dangereux.

    Erbil est une villecalme, le dernier atten-tat remonte plusieurs annes.La province fait partie de la rgionautonome du Kurdistan, dont lau-torit nest pas conteste. Lactivitest en plein boom grce au ptrole.

    Gunter Vlker aime quand il ya du renouveau dans lair. Il connat

    cela depuis quil a 26 ans. Alpoque [en 1989], il allait [se]balader au milieu des manifes-tations contre le rgime est-alle-mand, et il avait dpos unedemande de sortie de RDA. A laplace, il a reu une convocationpour faire son service militaire. Ila pass six jours sous les drapeaux,puis le Mur est tomb. Et soudain,il sest retrouv dans larme dunEtat en pleine dsintgration.Quand il en parle aujourdhui, ildit que ctait une belle poque,surexcite.

    Cuisinier de formation, il estrest dans larme. Il a fait la popotepour la Bundeswehr Sarajevo etau Kosovo, et sa cantine na pastard devenir un point de ren-contre pour les civils comme pourles militaires, pour les locauxcomme pour les trangers. Cestl quil a compris quil ny avaitpas que des boulots mourir den-nui dans la restauration.

    Et puis, un jour, avec uneONG, il a dcid dou-vrir un restaurant enAfghanistan.

    NEI

    LSON

    BAR

    NAR

    D/GE

    TTY

    IMAG

    ES/A

    FP ;

    MAR

    TIN

    SCH

    UTT/

    AP/S

    IPA

    A lpoque, Kaboul tait uneville en pleine expansion, dit-il.Pendant quatre ans, les aairesont bien march. Puis cest devenutrop dangereux: il a lev le camp.Il se peut que le restaurant existeencore, mais il nen sait rien, eta ne lintresse pas. Il a perdu samise et fait une croix sur les30000euros investis.

    Aujourdhui, ce qui lui importeavant tout, cest que son serveursri-lankais prpare correctementle cocktail Sex on the Beach.

    A Erbil, le Deutscher Hof estouvert douze heures par jour, demidi minuit, sept jours sur sept.Il ne ferme que le soir du rveillonde Nol. Les tonneaux de biresont imports dAllemagne; lessaucisses, ils les font eux-mmesselon une recette allemande,naturellement. Pour lquivalentde 9,50euros, on a la choucrouteet la pure de pomme de terreavec. Les locaux aussi en sont

    friands. Le restaurant, qui compte260couverts, est souvent

    plein. Les serveurs peu-vent compter sur 250 300dollars de pour-boire par mois.

    Gunter Vlker a17employs, quil

    rmunre entre800 et 1800dol-

    lars par mois. Encuisine, le chef est

    un chrtien irakienqui a fui Mossoul et les

    violences contre ses core-ligionnaires. Son cousinest chef dquipe. Il tra-vaille avec des employsmusulmans, hindous,bouddhistes, catholiques,yzidis et protestants. Cedont il nest pas peu er.Nous sommes une petiteONU, lche-t-il.Certes,il y a quelques frictions,comme partout, maissinon tout se passe trs

    bien. Il ny a quecette histoire de

    Sex on the Beach qui nemarche pas. Au deuxime essai,

    le chef nest toujours pas satis-fait. Il commande un troisimecocktail.

    Rico GrimmPubli le 3juillet

    Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013

    Gunter Vlker.Dessin de Hachfeld,Allemagne,pour Courrierinternational.

    6.

    p.8

  • 7 JOURS.

    Cest une ville de fousTrip (extraits) So Paulo

    Quand je traverse lIpiranga [le coursdeau, trs pollu, qui traverse laville], mon cur ragit. Et pas agra-blement. Sans doute est-ce le rsultat dustress combin au taux lev de la pollu-tion atmosphrique. Jai le sentiment devivre dans un environnement de folie gn-ralise, une folie dont personne ne semblese rendre compte, linstar des Napolondes asiles dalins, qui se sentent parfai-tement normaux, aussi normaux que leNapolon original. Voil ce que je pensede la ville de So Paulo: cest une usine defous folle et incontrlable. La ville est tropgrande, trop peuple, trop invivable, tropchaotique. Caetano Veloso a chant un SoPaulo qui construit et dtruit de belleschoses. Cest une demi-vrit: il sut devoir danciennes photos de la ville pourcomprendre que la part de la destructionexcde largement celle de la construction.

    Je ne suis pas en train de dfendre nididaliser les communauts ruralesmodestes. Il est incontestable que lhu-manit a toujours produit ses meilleuresides, ses meilleures uvres dart et sesdcouvertes scientiques dans lenviron-nement agit des grandes villes. Mais touta une limite. Une grande ville, cest unechose; une mgapole comme So Pauloen est une autre, bien dirente, qui doitchercher toujours plus loin pour sappro-visionner en eau an que le Paulistano[habitant de la ville] puisse laver sa voi-ture et son trottoir; qui a enterr et enterrerivires et ruisseaux; qui a dbois et conti-nue dboiser, gagnant sur ses frontires une vitesse hallucinante; qui produit quo-tidiennement un ocan de dchets impos-sible traiter; qui alimente les gouts defaon apocalyptique; qui met en circula-tion tous les jours plus de 1000nouvellesvoitures; qui non seulement est ingali-taire, mais considre cette ingalit commelune de ses caractristiques les plus mar-quantes, chose dont senorgueillissentnombre de Paulistanos; qui produit desgens stresss prts commettre les crimesles plus absurdes. Une ville, enn, o lathorie de la foule solitaire est parfaite-ment mise en pratique. So Paulo nest vi-demment pas la seule mgapole au monde.Mais si les optimistes aiment la comparer New York, Londres ou Berlin, je diraisplutt quelle ressemble Dacca, Bombayou Kinshasa.

    So Paulo possde, bien entendu, desaspects positifs. Ceux qui sont sans cesse

    clbrs par ses fans les plus absolus: cin-mas, spectacles, thtres, muses, librai-ries, bars, gastronomie varie etinternationale. Mais mme moi (ainsi sansdoute quune bonne partie de mes conci-toyens), je prote de moins en moins detout cela. Prix levs, les interminables,risque dagression, circulation bouche

    Internet est la librairie que je frquentele plus ces derniers temps. La tl par abon-nement est mon cinma. Mon bar prfrest 300mtres de chez moi et nest guredirent de nimporte quel bar dans nim-porte quelle ville du pays.

    Platon et Aristote recommandaient djle contrle de la natalit, car ils nimagi-naient pas quune ville raisonnable puisseexcder quelques milliers dhabitants. Endnitive, dans la mgapole, mme la dmo-cratie est mise en chec: comment unmaire et 55conseillers municipaux peu-vent-ils raisonnablement reprsenter unepopulation de plus de 11millions de per-sonnes?

    So Paulo est invivable. Nous sommestous fous et nous ne nous en rendons pascompte.

    Andr Caramuru Aubert*Publi en juillet

    * Historien.

    qui dshumanise encore plus. Mais ici la faimest rassasie et les opportunits existent pourqui court aprs. Le conit et la synergie sontles moteurs de So Paulo. Chaque quartierest quasiment une nouvelle ville. Rien nemanque. Nous cohabitons avec linconnu, ladiversit et mme ltrange. Nous avonsdesONG, des associations, des bnvoles etdes glises qui seorcent de prendre encharge ce que le gouvernement dlaisse.

    Jai protest longtemps contre ma ville.Le logement et la mobilit sont nos checs;les ingalits socio-conomiques sont nosplus grands obstacles. Mais, lorsque jai com-menc dcouvrir la ralit des autres villes,jai cess de protester. Nelson Mandela ar-mait que, pour connatre un pays, il fallaitvoir ses prisons. A So Paulo, la situationdes prisons est trs mauvaise surtout entermes de surpopulation, dabus de pouvoir,et de mortalit des prisonniers. Si nous allonsvisiter les prisons dautres villes du Brsil,nous reviendrons conscients quici la situa-tion nest pas bonne, mais quelle est centfois meilleure que dans nimporte laquellede ces villes. Aucune autre ville du pays etmme dAmrique latine ne possde unetelle diversit culturelle. Il ny a jamais euautant dtrangers. Et les spectacles y sontnombreux, de quoi satisfaire les gots detout le monde.

    Le pouvoir dachat de la population a aug-ment, ce qui a automatiquement fait explo-ser le nombre de voitures sur les avenuesdj bouches de la mtropole. Sortir en voi-ture est une folie: So Paulo est la ville desvoitures. Mais nous sommes le seul endroitdu pays o se construit un priphrique reli toutes les routes de lEtat [il sagit du plusgrand chantier routier du continent]. Lemtro, bien quil paraisse modeste auPaulistano, na pas dquivalent au Brsil.Des monorails sont en cours de construc-tion, de nouvelles stations vont surgir au-del mme des limites de la commune etdes lignes de train sont ractives.

    Et tout devrait changer considrablementdans les annes venir, pour tre en ad-quation avec les exigences des habitants. Lesnancements seront possibles car on ne peutoublier que nous sommes la ville la plus richedu pays. Prenons lexemple des crues dontSo Paulo est victime. Des infrastructuresexistent et dautres vont tre mises en uvrepour protger la ville des pires temptes quisabattent sur elle. So Paulo nest plus laterre du crachin, mais la ville des tem-ptes. Imaginez dautres villes brsiliennesrecevant la mme quantit de pluie. Certainesdeviendraient de vritables ocans.

    Les motifs pour maudire So Paulo sontnombreux. Mais jai choisi de parler avecoptimisme et espoir de cette ville qui donneune chance tous ceux qui arrivent et veu-lent russir leur vie.

    Luiz Alberto Mendes*Publi en juillet

    * Ecrivain.

    So Paulo est-elle devenue une mgapole invivable ?CONTROVERSE

    OUI

    NON

    Avec 11 millions dhabitants et une croissance dmographique galopante, la capitale conomique du pays concentretous les problmes, et cest ce qui a fait descendre en masse les Brsiliens dans la rue en juin dernier.

    Ici, tout lemonde a unechanceTrip (extraits) So Paulo

    Je me refuse accepter que la villeo je suis n et o jai grandi puissetre au bord du chaos. So Paulonest certes plus agrable vivre depuislongtemps: pollution, inondations, bou-chons, chert de la vie, violence en sont lapreuve. Tout est si complexe que celadpasse notre capacit de comprhension.Malgr tout, la vie y est possible de faonprcaire, je lavoue, mais nous parvenons peu prs vivre ensemble, non?

    Des individus toujours plus nombreux yarrivent, venus des quatre coins du pays etdu monde. Ici, nous sommes multiraciaux,multiculturels et mme multinationaux, touten nous sentant brsiliens. Bien sr, cest unemtropole globale. On y trouve la pauvret,qui dshumanise, tout comme la richesse,

    Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013

    Dessin dAres, Cuba.

    7

  • The Arabist (extraits) Le Caire

    l y aurait mille questions se poser sur les violences qui secouent lEgypte: pourquoila police a-t-elle dcid de rprimer les sit-in des islamistes et avec une telle brutalit,aprs avoir clam haut et fort au cours dela semaine prcdente stre parfaitement

    prpare procder une vacuation dans le cadrede la loi? On pourrait aussi se demander si lesattaques contre les glises, et plus gnralementcontre les chrtiens [les Coptes], relvent duneraction planie ou dun emballement des ten-sions politiques propre aux moments de crise. Maisla question la plus troublante est la suivante: cetteescalade a-t-elle t sciemment organise an decrer une situation qui dclenchera invitable-ment encore plus de violences?

    La faille fondamentale du coup dEtat [militaire]du 3juillet tient ce quil tait fond sur une illu-sion et cest pourquoi les anti-Morsi [le camp

    libral oppos au prsident islamiste Morsi] quisont descendus dans la rue le 30juin ont eu tortde le cautionner. Cette illusion croyait quun retour lancien ordre militaire, mme partiel, pouvaitorir une occasion de relancer le processus detransition, qui avait si mal tourn aprs la chutedHosni Moubarak, le 11fvrier 2011. Les librauxpensaient quune rforme progressive, ft-ellebeaucoup moins ambitieuse quils ne lespraienten 2011, aurait plus de chances daboutir en saccommodant de lordre ancien quen laissantse perptuer ce quils considraient comme unaccord entre larme et les islamistes. Il valait mieuxsattacher remettre le pays sur les rails com-mencer par son conomie et empcher Morside le saborder, quitte prendre le risque de voirlarme rapparatre sur le devant de la scne.

    Ils imaginaient ainsi engager une transformationprogressive du pays tout en maintenant la stabilitpolitique grce lappui des forces armes. Lordreancien se serait appuy sur le talent et les comptences dune nouvelle classe technocratiqueinvestie dun rle politique pour assurer la gou-vernance et lamliorer. Ils espraient que les isla-mistes comprendraient quils avaient perdu labataille et que lon parviendrait dune manire oudune autre les contenir tandis que se dessine-

    rait un nouvel ordre social. Ctait, dans les grandeslignes, la solution que dfendaient en touteconscience [lhomme politique gyptien et PrixNobel de la paix] Mohamed El-Baradei et dautreslibraux le 3juillet et que tant dautres lmentsde la socit civile appelaient de leurs vux: nonpas la rvolution souhaite par les radicaux, maislinstauration dans le pays dun ordre plus raison-nable, plus tolrant.

    Malheureusement, dans le reste de lEgypte,seule une minorit de libraux gyptiens souscrit cette vision. La majorit des opposants aux isla-mistes sest rjouie de cette occasion dcraser lesFrres musulmans et nombre dentre eux paraissaientcroire que dautres factions islamistes pourraienttout bonnement choisir de jouer les martyrs auxcts des Frres musulmans, se soumettraient lordre nouveau, ou seraient rduites au silence.Une grande partie des lites traditionnelles et dumonde des aaires entre manifestement dans cettecatgorie, tout comme les membres de lesta-blishment scuritaire.

    Dbut aot, on a beaucoup parl des dsaccordssurvenus dans le camp libral, o lon se deman-dait sil fallait ngocier avec les Frres musulmansou disperser leurs sit-in. Le camp qui a ni parlemporter non seulement estime quil est inutile

    Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013

    Un an aprs larrive des Frres musulmans aupouvoir, lEgypte sest souleve contre lauto -ritarisme du nouveau rgime. Les libraux pou-vaient-ils chasser les islamistes sans le concoursde larme? En applaudissant le coup dEtatmilitaire du 3juillet et en cautionnant la rpres-sion sanglante du 14 aot, les forces libralesont renvoy aux calendes grecques la construc-tion dun Etat dmocratique et moderne, commele souligne Al-Hayat. Le ton populiste anti -occidental et vocifrant des quotidiens du Cairemontre la ccit des libraux, qui ne voientpas les risques de guerre civile. Une guerrequi embraserait tout le Moyen-Orient, craintOpenDemocracy. Service Moyen-Orient

    I

    dossier

    Larmegyptienne occupela place Rabia Al-Adawiyya, le 15 aot 2013. Photo KhaledElqi/EPA/MAX-PPP

    GYPTE LA DMOC

    La grandeillusion des librauxEn soutenant le coup dEtat militaire, les librauxgyptiens croyaient pouvoir stabiliser le pays. Mais ils nont pas vu dans la rpression des islamistes le danger de la guerre civile.

    8.

  • de ngocier avec la confrrie, mais cherche gale-ment lencourager dans son discours sectaireprovocateur, attiser le dsir de violence de sespartisans et pousser ainsi autant dislamistes quepossible se mettre hors la loi. Les tenants de cettestratgie dradication ne veulent pas tant limi-ner physiquement tous les islamistes que les amener compromettre leur existence politique en choi-sissant la violence. Ils sont prts tolrer cetteviolence, voire un retour la contre-insurrectiondes annes 1990, et mme une rsurgence spora-dique des attentats terroristes et des attaques inter-confessionnelles, car ils sont persuads que celarenforcera leur camp et leur permettra dvincerdurablement la grande majorit des islamistes delchiquier politique.

    Leur raisonnement, cynique lextrme, nestpas sans rappeler la dcision de Bachar El-Assadde militariser le conit politique auquel il a tconfront en 2011. Ils sont prts vivre avec la vio-lence, malgr son impact sur lconomie et autreseets pervers, si cela peut asseoir leur pouvoir etleur lgitimit. Lopinion nationale et internatio-nale peut plus facilement diaboliser un camp isla-miste qui incendie des glises et sen prend auxcommissariats comme commencent apparem-ment le faire certains de ses lments. Mais ce

    Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013

    Interdire les partis islamistes ouempcher les millions dillettrsgyptiens de voter ne donneraaucune lgitimit au pouvoir.

    Lors de son dernier discours la nation, le 2juillet dernier,Mohamed Morsi, le prsidentdestitu par larme, a invoqupas moins de cinquante-six foissa lgitimit lectorale. Car si des lections libres ne sontpas ncessairement synonymesde dmocratie, elles constituentun lment essentiel permettantdinstaurer un rgimedmocratique stable.Aujourdhui, les intellectuelssont daccord sur la ncessitdorganiser des lectionslgislatives et prsidentielle dansles mois venir. Or tout indiqueque cette question risque desusciter une polmique avec leslibraux et les lacs, qui cherchentune manire dutiliser lesmcanismes lectoraux pour sedonner une lgitimitdmocratique, tout en ayant lagarantie que les islamistes nepourront pas les remporter nouveau. Le 3juillet, un dcretmilitaire a annul les rsultatsdes seuls scrutins libres quaconnus lEgypte. Ce sont despartis islamistes qui les avaientremports. La revue amricaineForeign Policy a fait remarquerque les perdants, cest--dire les libraux et autres adversairesdes Frres musulmans, font lloge demthodes nondmocratiques.Certainesgrandes gures

    de lopposition avaient appel inscrire dans la Constitutionlinterdiction de partis religieux,ce qui revient carter les partisislamistes, y compris les Frres.Lors dun entretien avec la chane amricaine PBS,Mohamed El-Baradei, le vice-prsident gyptien [qui admissionn aprs linterventionsanglante de larme contre le campement des pro-Morsi], a dit: Nous avons dun ct une classe moyenne duque, delautre une majorit quon peutqualier dislamiste et dillettre.De son ct, lcrivain Alaa Al-Aswani [lauteur du roman succs LImmeuble Yacoubian]a estim que les illettrs taientde braves gens et devaient trerespects, mais que le problmetait quils votent propos de questions auxquelles ils ne comprennent rien. Aussi certains lacs esprent-ilsempcher une victoire islamisteen privant les illettrs du droitde vote. Qui plus est, il seraittrop facile dexcuser ainsilincapacit des partis lacs et libraux sduire llectoratpopulaire. Si les libraux veulentremporter des victoireslgitimes, ils doivent adopter de nouvelles stratgieslectorales, crer des partisecaces et faire campagneplutt que de chercher excluredu vote des millions de citoyens.Tant quon aura recours des subterfuges an dinverserles rsultats, les Egyptiensnauront pas conance dans la dmocratie, les eorts pourchanger le rgime choueront et le chaos perdurera.

    Lamis FarhatElaph(extraits)Londres

    Publi le 14aot

    camp est aussi beaucoup plus imprvisible que neltaient les clans islamistes gyptiens des annes1980et1990: dabord parce que le mouvement djiha-diste mondial nexistait pas lpoque, ensuiteparce que tout le Moyen-Orient est aujourdhuien bullition, et enn parce que les frontires delEgypte sont loin dtre aussi hermtiques quellesne ltaient alors et que la Libye actuelle est unvoisin encore moins recommandable quau tempsdu colonel Kadha.

    Dans leur stratgie de contestation du coupdEtat du 3juillet, les Frres musulmans et leursallis ont tent de mobiliser leur camp en pr-sentant ce coup de force comme une guerre contrelislam, se ddouanant du mme coup de leurs res-ponsabilits dans la gestion dsastreuse de lan-ne passe, et ils ont soulign leur lgitimitdmocratique, rappelant quils avaient t lus etque, mme si le coup dEtat avait recueilli las-sentiment dune grande part de lopinion, ce nentait pas moins un coup dEtat. Au l des semaines,ils ont fait fausse route: leurs opposants se rjouis-sent de les voir cder la violence rhtorique etphysique, et sauront sen servir pour faire oublierleurs propres exactions.

    Issandr El-AmraniPubli le 14aot

    Confusion en Egypte.

    Dmocratie !!Larme !!

    Dessin de Tomparu dans Trouw,

    Amsterdam.

    Illettrscontre nondmocrates

    Duel

    CRATIE ATTENDRA9

  • dossier Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013

    Les radicateurs dela presselibrale Le journal Al-Masri Al-Youm a t lundes premiers grands titres de la presseindpendante se distinguer par sespositions librales. Aujourdhui, il nhsitedevant aucun excs: Les cellulescancreuses tournent mal un jour et semettent crier dtranges mots dordre pour attirer un maximum dautres cellulesdans leur drive. Il y a le cancer de la peau,qui gche laspect extrieur, le cancer du cerveau, qui pollue la pense, ou encore le cancer du sang, qui sinsinue partout. Le meilleur moyen de le combattre estlintervention chirurgicale, qui liminelorgane atteint. Il faut donc lextirper. A dfaut, il faut recourir des moyens plusmuscls, cest--dire des armes chimiquesou radioactives.Le mme journal abreuve dinsultes la chane qatarie Al-Jazira : Elle assigenotre pays depuis des annes et reste plantel comme un ne qui refuse de bouger. Il faudrait lancer encore un assaut pour en nir. Parlons aussi des Egyptiens qui ytravaillent. Ce sont des tratres et des agentsde ltranger. Ils ne valent pas mieux quecette chane mprisable qui les a embrigads.Ce sont des ls de p Pour le Qatar, je dis:dehors! Lambassade du Qatar: dehors!Lambassadeur du Qatar: dehors! Autre grand titre de la presse, pluttclass au centre gauche, Al-Shouroukattaque limbcillit occidentale: Les forces de lordre ont agi avecprofessionnalisme. Compte tenu du nombrede manifestants, le nombre de victimes a traisonnable. LOccident brandit de noblestendards et parle de victimes parmi desmanifestants paciques. Mais quest-ce quecest que ces manifestants paciques quioccupent les routes, qui organisent desprires sur des ponts autoroutiers et quiaccueillent en leur sein des hommes arms?Un des dirigeants de ce mme Occident a bien dit un jour : Au diable les droits de lhomme quand il sagit de la scuritnationale britannique!Pour Al-Tahrir, le journal des jeunesmilitants qui a t cr dans la foule de la rvolution de 2011, lradication desterroristes est une ncessit. Tout terroristeest un tratre la patrie, et tous ceux quisympathisent avec eux ou qui plient devanteux en sont complices. Il ny a pas de dmocratie qui permette aux tratres, aux espions ou aux agents dorganisationsinternationales de former des partis et departiciper aux lections. Alors que lEgypteentame une guerre contre le terrorisme,nous voyons des hommes emins, des sous-hommes, des lches et des tratres. Maisnous voyons galement des hros quicombattent avec tout leur tre les pseudo-musulmans, les occidentaliss, les fauxEgyptiens et les apatrides. Il ny a quuneidentit, celle de la patrie gyptienne qui dfend lindpendance nationale face lAmrique et lOccident.

    SUR NOTRE SITEcourrierinternational.com

    A lire galement:

    LEgypte au pays desgnraux la retraite La mainmise de larmegyptienne sur la vieconomique et politique du pays, un article de Foreign Policy paru dans CI n 1124.

    La crise gyptienne vue par la presse des pays du Maghreb.

    Revue de presse

    AL-SHOUROUKLe Caire, EgypteQuotidien (en arabe)www.shorouknews.comCr en 2009, Le Lever du soleilest le journal de rfrence delintelligentsia de la gauchegyptienne. Il est surtout un desrares quotidiens gyptiens publier,aprs le coup dEtat militaire du3juillet dernier, des ditorialistescritiquant les nouvelles autorits.Cest le cas de Fahmi Al-Howedi oude BassemYoussef, le prsentateurde tlvision qui sest fait connatrepar son opposition aux islamistes,mais qui refuse de soutenir le coupdEtat. Toutefois, un article de Wal Qandil, un des premiersintellectuels prorvolutionnaires avoir critiqu larme, a rcemmentt retir du site du quotidien.

    SOURCE

    Dessin de Ct paru dans Le Soleil,

    Qubec.

    NOUS SOMMES AU BORD DE LABMELusage de la force signie lchec de la politique, souligne Fahmi Al-Howedi, un des raresjournalistes gyptiens condamner les agissements sanglants de larme.

    Al-Shourouk Le Caire

    impensable est arriv. Ltincelle de la guerrecivile a jailli. Des Egyptiens ont tu dautresEgyptiens et ont noy le pays dans une merde sang. Nous avons tous vu les images dedizaines de cadavres gisant sur le sol, cer-tains calcins. Le 14aot restera une date de

    sinistre mmoire dans lhistoire de lEgypte. Quandles ls dun pays font couler le sang des leurs, celane signie pas seulement quils ont perdu la raison,mais galement que ce pays est au bord de labme.

    Ceux qui voulaient la diabolisation [des Frresmusulmans] sont arrivs leurs ns. La disper-sion de leur campement a t mene lamitrailleuse et avec des tireurs embusqus. Il fautparticulirement blmer ceux qui avaient dcrtque la vie des Egyptiens tait sacre, mais quidisent galement et ouvertement que le sang decertains dentre eux est impur et peut donc trevers impunment.

    Dans leur campagne de diabolisation, ils ont pr-tendu que les terroristes avaient stock des armes:mitraillettes, roquettes et armes chimiques. On acompris que ctait un mensonge quand ces ter-roristes ont rpliqu aux balles de la police et delarme par des jets de pierres et des prires.

    Lusage de la force signie lchec de la poli-tique. Les instances politiques peuvent ne pastre daccord sur ce quil convient de faire, maiselles doivent au moins tre daccord pour direquil y a certaines choses quon ne peut faire. Adfaut, on ouvre les vannes toutes sortes de pul-sions, des pulsions qui risquent de mettre le pays feu et sang.

    Sil savre ncessaire de tirer balles relles surdes manifestants, il faut au moins ne viser que lesjambes. A contrario, en visant la tte ou le torse,on ne cherche pas disperser la foule, mais tuer.Il est galement incomprhensible quon ait prispour cibles les hpitaux de campagne installs [parles manifestants pro-Frres musulmans] sur laplace Al-Nahda [un de leurs campements], quonles ait brls et quon ait bloqu laccs des ambu-lances aux blesss.

    Jaurais aim que ce soit la police qui soit char-ge de la dispersion, et non pas larme. Car lar-me a un lourd pass dans ce domaine. Il sutdvoquer le nom de Maspero [sige de la radio-tlvision publique gyptienne, o larme avaitrprim, en octobre2011, une manifestation copte,faisant des dizaines de morts et de blesss].

    Bien que je sois conscient que des tensions sontapparues entre musulmans et chrtiens depuis le30juin, je ne comprends pas pourquoi des glisescoptes ont t prises dassaut, ce qui a provoqu

    dautres attaques, ailleurs, en Haute-Egypte. [Desglises ont en eet t saccages, au Caire et ailleurs,depuis le durcissement de la rpression contre lesFrres musulmans. Certains Frres accusent lar-me dorganiser ces attaques en utilisant des agentsprovocateurs, pour ensuite en rejeter la respon-sabilit sur eux.] Ces attaques contre des glisesont libr des pulsions auxquelles personne, quilsoit islamiste ou non, naurait d cder.

    Le Conseil des ministres, en flicitant le minis-tre de lIntrieur pour son action et en accusantles Frres musulmans dtre responsables desmorts, sest fait complice du crime. Dsormais,tous les ministres ont du sang sur les mains. Et leministre de lIntrieur, en comptabilisant les bles-ss parmi les seules forces de lordre et en igno-rant les dizaines de simples citoyens blesss parles balles des forces de lordre, na pas seulementmanqu son devoir dinformer, mais galementaux droits de lhomme.

    Fahmi Al-HowediParu le 15aot

    L

    10.

  • Al-Hayat (extraits) Londres

    a haine qui sache dans les mdias gyp-tiens et sur les rseaux sociaux lgard desFrres musulmans est ahurissante. Quandlarme a charg le campement des Frresmusulmans sur la place Rabia Al-Adawiyya[le 14aot], les chanes de tlvision ont qua-

    li les manifestants dassassins et de terroristesne devant tre considrs que sous langle de laforce. Les discours taient empreints dune faussejoie de voir le nombre de morts parmi les mani-festants atteindre des centaines en lespace dequelques heures. Les Frres musulmans nontmme pas eu la possibilit de rpondre cettecampagne mdiatique, puisque leurs chanes detlvision ont t fermes.

    On objectera que les Frres ont eu le tort din-citer la violence et que, pris de folie, certainsdentre eux ont mme revendiqu les attentatscontre les forces de lordre dans le Sina. On objec-tera galement que le peuple a donn mandat larme de combattre le terrorisme lors de la grandemanifestation [de soutien larme, le 26juillet] laquelle avait appel le ministre de la Dfense etchef de larme Abdelfattah Al-Sissi.

    Il ne sagit nullement dexprimer de la sympa-thie pour les islamistes au pouvoir ni dexcuserlchec retentissant de leur politique. Il sagit enrevanche de rappeler les interrogations sur le typedEtat quon veut dsormais tablir, aprs deuxrvolutions successives contre deux rgimes dic-tatoriaux, le premier non religieux et le secondreligieux sectaire. Alors que les combats se pour-suivent dans la rue, il semble que lEtat dont rvaientles rvolutionnaires du 25janvier 2011 ne soit pasen train dadvenir.

    En coutant le ministre de lIntrieur, MohamedIbrahim, dbiter des insanits lors de sa conf-rence de presse, ainsi que les questions des jour-nalistes qui excellent dans lart de servir la soupe,

    on comprenait que les ressorts du vieil Etat [auto-ritaire] hrit des [prsidents] Nasser [1954-1970]et Moubarak [1981-2011] taient toujours puissants.

    La navet des membres du mouvement Tamarod[rbellion, le mouvement qui a lanc la campagnecontre les islamistes] est tragi-comique. Commentont-ils pu croire un seul instant que larme gyp-tienne allait se comporter comme larme portugaise,faire une rvolution des illets [1974] et rendrele pouvoir aux civils. Ceux qui pensaient quAl-Sissiavait la volont de suivre lexemple des Portugaisont vite dchant et ont d se rendre lvidencequil veut plutt reproduire lexprience de Nasser.

    Lintervention de larme a empch les forcesciviles daller jusquau bout de leur seconde rvo-lution [contre les islamistes] et dassumer la res-ponsabilit de gouverner et de mener les rformesncessaires au pays. Il serait trop facile de dire quecest le retour au statu quo ante et quon est entrain dassister au rtablissement du vieil Etat auto-ritaire. A y regarder de plus prs, il semble pluttque, force de vouloir revenir au rgime davantla rvolution alors quil est bel et bien mort, lEtatau sens large sengage sur la voie de la dcompo-sition. Lide quAl-Sissi serait capable de prpa-rer une nouvelle re de prosprit, fonde sur unquelconque renouveau nassrien, se heurte lanature des armes du tiers-monde y compris larme gyptienne, embourbes dans les enjeuxpolitico-aairistes.

    Il faut sattendre ce que larme et ses allisconsolident leur pouvoir, protant du rejet pro-voqu par les islamistes et jouant fond la cartedes campagnes mdiatiques destines convaincreles citoyens des vertus de la stabilit et de la scu-rit, ft-ce par la force des armes. Or tout celasignie que le projet dun Etat au sens modernedu terme est ajourn, en attendant quun jour loin-tain une nouvelle rvolution ait lieu.

    Hussam ItaniParu le 16aot

    OpenDemocracy (extraits) Londres

    n faisant revenir larme au pouvoir, les forceslibrales gyptiennes ont tou dans lufla dmocratie balbutiante et prcaire du pays.Ce coup dEtat de facto a ramen lEgypte la case dpart: une alliance entre larme etles libraux (de moins en moins dignes de

    cette appellation) autoproclams.Quatre dangers guettent le monde arabe.1. Lalliance conclue entre les libraux et larme

    est une invitation la guerre civile, comme dautrespays arabes en ont fait lexprience par le pass.La prise de position des libraux branle en eetla conance certes hsitante, mais nanmoinsgrandissante dans la dmocratiedes islamistesdu courant majoritaire, expose les modrs auxoensives des extrmistes, et fait les aaires desdjihadistes et des fanatiques en leur fournissantun prtexte en or pour lancer une guerre gratuitede plus (une consquence dont tmoignent lesdclarations exaltes dAl-Qaida).

    2. Ces alliances avec larme discrditent le lib-ralisme et la lacit dans le monde arabe.

    3. Coner larme la mission de veiller au bondroulement dun processus politique et de super-viser la dmocratisation du pays est un risque noncalcul. Si la politique nest jamais du ressort delarme, cest encore plus vrai dans le cas de lar-me gyptienne, qui est le produit de plusieursdcennies de rgimes autoritaires. Les missionsde larme relatives lordre et la stabilitdeuxtermes dont elle sarroge linterprtation exclu-sive servent ralentir ou bloquer tout proces-sus dmocratique jug en inadquation avec lesintrts des gnraux.

    4. Le discours des deux camps de lalliance arme-libraux menace de torpiller ne serait-ce que lapossibilit dune dmocratie stable en Egypte. Pourles libraux, larme est intervenue pour transposerdans les faits la volont du peuple, telle quelle at exprime par les millions de gens descendusdans la rue. Le prsident lu nest plus lgitime,arguent-ils, car la lgitimit de la rue sest montreplus forte que la lgitimit des urnes. Cest contraireaux principes fondamentaux de la dmocratie, enplus dtre un saut dans linconnu.

    Quelle soit vaste ou restreinte, toute lgitimitde la rue doit ncessairement transiter par la lgi-timit des urnes. Dans le cas contraire, lEgyptesom-brera dans une course lchalote chaotique etsans n entre des lgitimits de la rue concur-rentes, les Frres musulmans et leurs adversairessemployant chacun rallier plus de soutiens quelautre camp en battant le rappel auprs dun peupledivis. Cela signie galement que les futurs pr-sidents lus seront dornavant la merci de mou-vements populistes de la rue. Les libraux gyptiensse sont associs une violation militaire de ladmocratie qui ne manquera pas davoir des rper-cussions prjudiciables dans la pratique.

    Khaled HroubPubli le 2aot

    Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013 GYPTE LA DMOCRATIE ATTENDRA. 11

    RETOUR LACASE DPARTLalliance de larme et des librauxaura des consquences catastrophiquespour le pays et tout le monde arabe.

    LEtat moderne nestpas pour demainLEgypte dont rvaient les rvolutionnaires du printemps 2011 ne peut treconstruite avec des militaires aairistes au pouvoir.

    MOUBARAK :NOSTALGIEPresque tous les dirigeants desFrres musulmans ont t emprisonnsdepuis larrestation, le 19aot, du chef de la confrrie, MohamedBadie. Ils seront jugs partir du 25aot,notamment pourincitation laviolence. Dans lemme temps, le sortjudiciaire de lancienprsident dchu HosniMoubarak semblesclaircir, son avocatannonant sa librationprochaine. Mme Al-Masri Al-Youm, titrede la presse prive qui avait t ds avantla rvolution la voix desopposants Moubarak,verse prsent dans la hosnalgie.Avons-nous tinjustes avec lancienprsident, notre peuple mrite-t-il la dmocratie?sinterroge un ditorialiste. Et de suggrer quencomparaison avec les crimes des Frresmusulmans les tortsde Moubarak selimitaient au fait davoirvoulu introniser son lscomme successeur et davoir vers dans la corruption.

    La dmocratie, a se mrite. Dessin de Tjeerd,

    Pays-Bas.

    L

    E

    KHAL

    ED D

    ESO

    UKI/A

    FP

  • Shaaf Paris

    es gens-l ne nous ressemblent pas. Une ideviolente et pleine dagressivit, laquelleil est toutefois dicile dchapper. Lepublic des Frres musulmans est largementcompos de ruraux. Il ny a pas de mal cela. Ce sont des citoyens dots des mmes

    droits que les autres et qui peuvent avoir des opi-nions politiques comme tout le monde. Pourtantles lucubrations politiques de leurs meneurs sontdangereuses pour la nation et lEtat gyptiens.

    De mme, il faut admettre quil existe une dif-frence entre eux et les manifestants [lacs et lib-raux] de la place Tahrir, ceux qui ont fait la rvolutionune premire fois contre Hosni Moubarak [2011],puis une deuxime fois contre Mohamed Morsi[ juin 2013]. A Tahrir, le caractre citadin est fran-chement prsent, ainsi que lgalit des sexes. Laclasse moyenne est bien reprsente et limmensemajorit des gens du monde de la culture et desmilieux politiques sy rendent. Rien de tel RabiaAl-Adawiyya [le campement des islamistes rprimpar larme]. A Tahrir, les manifestants parlent depain, de libert et de justice sociale. A Rabia, ilsparlent de la charia.

    Au moment de la chute de Moubarak, le tradi-tionnel humour gyptien a rapidement repris ledessus, avec les mots desprit qui fusaient dans une

    dossier Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013

    LEtat policierrtabliAujourdhui larme combat les islamistes violents; demain elle sen prendra aux dissidents, toutes tendances confondues.

    Tandis que les violences se poursuiventen Egypte, accroissant le climat de confusionet de radicalisation, une chose est sre: la plus grande menace qui pse sur le paysreste le retour de lEtat policier. Plusprcisment, cette menace concerne nonseulement le rtablissement dun Etatpolicier qui navait de toute faon jamaisvraiment disparu depuis le renversementde Hosni Moubarak [2011], mais aussi leretour de lacceptation implicite, pour nepas dire ache, des pratiques rpressivesde lappareil de coercition. A cet gard, lebras de fer qui oppose actuellement lEtatet les Frres musulmans risque davoir de terribles consquences. Les Frresmusulmans suscitent une hostilitgnralise, qui permet aujourdhui lEtat davoir recours la force contreeux en toute lgitimit. A lavenir, celapourrait lautoriser user de tactiquescomparables contre dautres dissidents.Daucuns diront que la sphredintervention des forces de scurit selimitera la lutte contre le terrorisme et les groupes islamistes extrmistes qui prnent la violence. Certains signesmontrent clairement que ce ne sera pas le cas. Ainsi, juste avant la rpression des manifestations des Frres musulmans,des gnraux en retraite ont pris lecontrle des postes de gouverneur dansune majorit crasante de provinces. Pour beaucoup, cest un indice qui netrompe pas: lEtat a choisi de scuriserle pouvoir et les questions politiques.Par ailleurs, ceux qui simaginent que lesforces de scurit ne vont pas outrepasserleurs limites ont manifestement oubli la longue tradition de lEtat gyptien de se mler des aaires politiques et prives au nom de la lutte contre le terrorisme et de la scurit nationale.Compte tenu de cette histoireabondamment documente, nous pouvonsconclure, sans trop risquer de noustromper, que les services derenseignement intrieur actuels sont entrain de sassurer un chque en blanc pourse mler de nos aaires sous prtexte de prserver la scurit nationale. Bientt,les Egyptiens seront appels soutenirleur gouvernement quelles que soient sesdcisions, puisquil se trouvera enpremire ligne dans le combat contre lesislamistes violents. Il sera alors faciledaccuser les dissidents politiques, toutestendances confondues, de faire preuve demollesse face au terrorisme ou encorede soutenir les islamistes radicaux.

    Wael Eskandar Jadaliyya (extraits)Washington

    Publi le 17aot

    DEUX VISIONSDU MONDELEgypte citadine cultive et joyeusea men deux rvolutions, alors que celle des islamistes ne jureque par la haine et la violence.

    LA SOLITUDE DE MOHAMED EL-BARADEIOpposant lancienrgime de HosniMoubarak, le Prix Nobelde la paix avait dj tvis par une puissantecampagne de pressedestine dtruire sa rputation avant la rvolution, rappelle le site panarabe Elaph.Eminent opposant aurgime islamiste, El-Baradei a t nommvice-prsident dans lenouveau gouvernementqui a suivi le coupdEtat. Mais il a vitedmissionn endnonant la violenterpression de larmecontre les Frresmusulmans. Depuis, il se fait nouveauinsulter et traiter de tratre, decollaborateur dIsral,de franc-maon.Un prsentateur de tlvision la invit [s]installer enEurope, un autre lui a reproch dedfendre les intrtsamricains sans sesoucier de lEgypte.Une campagne dans les mdias rclamequon lui retire sonpasseport gyptien.Mme son ami lcrivaingyptien GamalGhitany, qui jadissoutenait son lection la tte de lEtat,souhaite dsormaisquil soit traduit en justice.

    Risques

    ambiance de tolrance. Tout cela est absent deRabia. Chez les islamistes rsonnent des discoursincendiaires, des appels lexcommunication et la guerre sainte, on ache un esprit sourcilleux eton expose des cercueils [comme des gens prts mourir en martyrs]. On pourrait piloguer lon-guement sur le contenu du mot populaire Tahrirdun ct, Rabia de lautre, mais ce serait sex-poser laccusation dappartenir une lite auto-proclame, de ne dfendre la dmocratie que sielle prote cette lite et de la rejeter ds quellefavorise larrive au pouvoir dautres forces.

    Tout a, cest des balivernes. Il en va de mmedu discours qui parle dun libralisme des lites :il na pas pass lpreuve des seules lections dmo-cratiques en Egypte. Tous ces dires ignorent largement la ralit politique gyptienne.

    Certes, nous nous trouvons face un problmepolitique, moral et sociologique: certains citoyensveulent accaparer lEtat, par la violence sil le faut.De mme, certains nacceptent pas les choix poli-tiques des autres. Ce problme a t aggrav pardes dcennies de blocage du champ politique, parlabsence doutils politiques et dune culture decompromis entre les direntes classes socialeset catgories de population.

    Il faudra encore des dcennies pour faire mer-ger ces moyens de mdiation politique. Cest undes aspects de la transition dmocratique.

    Comment les Frres musulmans peuvent-ilsprtendre avoir fait la rvolution du 25janvier 2011et en tre les hritiers [alors quils ny ont pas prispart]? Pourquoi les prdicateurs de la place Rabiautilisent-ils le mot djihad? Pourquoi RachedGhannouchi [le leader des islamistes dEnnahdaen Tunisie] dit-il quune bataille pour lislam sedroule en Egypte? Tous ces discours sont anti-dmocratiques. On peut dire beaucoup de choses propos des Frres, mais pas quils sont des dmo-crates. Au sens politique, idologique et sociolo-gique, ils nont jamais t, aucun moment, uneforce dmocratique.

    Hassan KhaderPubli le 13aot

    Dessin de Bado paru dans Le Droit,

    Ottawa.

    C

    DR

    12.

  • RSERVEZ DS AUJOURDHUI ET SOYEZ LES QUELQUES PRIVILGIS QUI PARTICIPERONT CE VOYAGE INDIT.

    Cambodge Beauts de pierre et pagodes tincelantes...

    du 3 au 14 dcembre 2013

    Thalande

    POUR TOUTE INFORMATIONOpportunity Art et CultureTl. 02 533 93 03 [email protected]/artetculture

    En dcembre, La Libre Essentielle vous emmne sur la route des anciennes capitales du Siam et de lEmpire Khmer.

    De Bangkok Siem Reap, vous plongerez dans le monde des somptueuses civilisationsqui ont fix leur empreinte dans lme et la vie quotidienne de leurs peuples.Au programme de votre circuit : la cit vibrante de Bangkok et ses multiples facettes,marchs flottants et temples dors. Ensuite, Sukhothai, berceau de la civilisation thae,capitale du royaume de Siam au 13e sicle et Ayutthaya, seconde capitale qui fut le lieude rencontre privilgi des intellectuels et des artistes, clbre pour la splendeur de ses monuments. Enfin, vous rejoindrez le Cambodge et le fascinant site dAngkor,class patrimoine mondial de lUnesco.

    Un circuit fascinant de 12 jours mlant culture et tradition, rencontres attachantes et dcouvertes indites !

    Vols directs Bruxelles/Bangkok assurs par la compagnie arienne rgulire Thai Airways, htels 4 et 5* (normes locales), guide local francophone et accompagnement de Bruxelles Bruxelles.

    PROGRAMME > Jour 1_Bruxelles / Bangkok / Jour 2_Bangkok Amphawa BangkokJour 3_Bangkok / Jour 4_Bangkok / Sukhothai / Jour 5_Sukhothai / Bangkok /Jour 6_Bangkok Ayutthaya Bangkok / Jour 7_Bangkok / Siem Reap / Jour 8 &jour 9_Siem Reap (Angkor) / Jour 10_Siem Reap Beng Meala Siem Reap / Jour 11_Siem Reap / Bangkok / Jour 12 14_Bangkok / Bruxelles

    LES PRIX > 3250 euros/pp en double / 3795 euros/pp en single

  • Il y a davantage de gens malades,moins de gens qui reoivent une du-cation, moins de bnciaires de las-sistance, plus de violences domestiques,plus dalcoolisme, rsume RichardL. Zephier, directeur excutif de latribu sioux des Oglalas. Tout celaest la consquence des coupes auto-matiques.

    Dans la rserve de Pine Ridge,o vivent plus de 40000membresde la tribu, le taux de chmageatteindrait 85%. Dans le comt deShannon, o se trouve la villede Pine Ridge, le revenu par habi-tant est infrieur 8000dollars[6000euros]. Lconomie localerepose trs largement sur les trans-ferts fdraux: le budget annuelde la tribu slve environ 80mil-lions de dollars [60millions deu-ros], dont 70millions [52millionsdeuros] proviennent de ressourcesfdrales, explique Mason Big Crow,le trsorier des Sioux Oglalas. Latribu attend davoir des nouvellesde Washington pour connatreexactement le montant de sonmanque gagner, poursuit-il, maiscela se chirera en millions.

    A los. Les Oglalas ont donc tcontraints de limiter la fourniturede repas aux personnes ges, dontbeaucoup sont immobilises chezelles, et de revoir la baisse leurbudget scolaire, les fonds allousau programme Head Start [qui sou-tient lducation prscolaire pourles enfants de familles pauvres]ainsi quaux services de sant. Ilsnont dautre choix que de rognersur tous les postes, dplore M.BigCrow. En dpit des immenses pro-blmes de criminalit quelle doitgrer la consommation dalcoolet de drogues dures est endmiqueet beaucoup de jeunes de la tribufont partie de gangs, la police dela rserve a vu son budget amputde plus de 1million de dollars.

    Nous sommes arrivs los,dplore le commissaire de policeRon Duke. En ce moment, nous nepouvons que subir. Il est trs dicilede faire de la prvention quand onmanque de personnel. Nous passonsnos journes rpondre des appelstlphoniques.

    La police locale a dj supportune coupe budgtaire de 6%, laquelle viendra sajouter une autrebaisse de 8% lautomne, explique-t-il. Il a dj d se sparer de qua-torze de ses hommes et ses servicesne disposent plus que de neuf voi-tures de patrouille pour couvrirune zone de la taille du Connecticut.

    Selon les responsables et les rsi-dents de la rserve, avec ces coupesbudgtaires la spirale de misredans laquelle sont pris les habi-tants de la rserve depuis des gn-rations ne fera que saggraver, faisanttomber de plus en plus de famillesdans lindigence extrme.

    14. Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013

    duncontinent lautre.amriques

    Dj trs pauvres,les communautsindiennes sont touches de plein fouet par les coupesbudgtairesautomatiques. De nombreusesfamilles pourraienttre rduites lindigence.

    Etats-Unis.LesIndiens, de mal en pis

    Dessin dArcadioparu dans La Prensa Libre ,San Jos (Costa Rica).

    The New York Times New York

    De Pine Ridge (Dakota du Sud)

    La fami l le Red Cloud-Bissonette a besoin dunnouveau mobile home.Frank, handicap, et sa femme,Norma, appartiennent la tribusioux des Oglalas, tablie sur lesvastes prairies de la rserve indiennede Pine Ridge. Ils ont tout essaypour rastoler un de leurs mobilehomes install ici en 1988, maislhumidit et la moisissure conti-nuent denvahir les murs.

    La famille a d mnager un troudans le toit pour la chemine dupole bois, un accessoire indis-pensable dans les rigueurs de lhi-ver, mais qui prsente un risquedincendie sous ce climat sec.

    A quelques mtres de l, un autremobile home, o vivent dautresmembres de leur famille dont unde leurs petits-enfants, na ni ins-tallations sanitaires ni eau courante.

    Les Red Cloud-Bissonette sontlune des 1500familles inscritessur la liste dattente pour un pro-gramme damlioration de lhabi-tat dont la suppression vient dtrecommunique. Ce sont des gens quiont vraiment de trs faibles revenus,

    sinsurge Andre Janis, directeurdu programme de loge-

    ment. Si nous les lais-sons tomber, beaucoupnauront plus du toutaccs ces services.

    Ce nest l quunedes dizaines de res-trictions qui aectentla tribu, dont la plupartproviennent du fameuxsequester, le plan decoupes budgtairesautomatiques entren vigueur le 1er mars.

    Lorsquils avaient vot lalgislation sur les coupesbudgtaires [la loi de 1985sur lquilibre budgtaire

    fdral et celle daot2011sur le contrle budgtaire],les reprsentants avaienttoutefois spciquementexclu de nombreux pro-

    grammes sociaux destinsaux Amricains les plus dmu-

    nis tels Medicaid [programmefdral dassistance mdicale],

    les rductions dimpts pour lesfamilles dactifs et les bons dali-

    mentation, mais ils nont exclupratiquement aucun des pro-grammes daide aux Indiens-Amricains nancs sur les budgetsdes ministres de lIntrieur, delEducation, de la Sant et de laSolidarit et de lAgriculture.

    Du coup, des centaines de com-munauts parmi les plus pauvresdes Etats-Unis commencent res-sentir les eets de cette saignebudgtaire.

    Afrique.........1Europe..........France..........2

    7182

  • Imaginez ce que ressentent les gensqui ne parviennent plus subvenir leurs besoins, interpelle RobertBrave Heart Sr., vice-prsident ex-cutif de lcole indienne Red Cloudde la rserve. Beaucoup pensentque cest le gouvernement qui les amis dans cette situation, et beaucoupsont condamns lchec. Ils nontplus aucun espoir ni aucune possibi-lit dinchir le cours de leur vie. Sion leur prend les ressources quils ont,si on les leur retire, cela ne fera quajou-ter la misre.

    Secteur priv inexistant.Si leseets des coupes budgtaires auto-matiques ont t relativement diussur lconomie nationale, aectantsurtout larme et les entreprisestravaillant pour le Pentagone, lecontrecoup na nulle part t res-senti plus vivement que dans lesrserves indiennes amricaines.

    A une certaine poque, le Bureaudes aaires indiennes (BAI) [uneagence dpendant du ministre delIntrieur qui gre divers pro-grammes destins aux Indiens-Amricains] tait un groupe defonctionnaires fdraux qui fournis-saient directement des services auxtribus, explique Kevin Washburn,secrtaire adjoint du ministre delIntrieur charg du Bureau.

    Aujourdhui, pour assurer unegrande partie des services aux tribusindiennes, nous passons par les gou-vernements tribaux, qui fournissenteux-mmes les prestations aux citoyens.Selon lui, le BAI a t contraint derpercuter directement les coupesdu sequester sur les tribus. Et celaa eu des consquences tragiques,conclut M.Washburn.

    Les territoires indiens, o les tauxde pauvret et de chmage sont gn-ralement trs levs, comptent unnombre dmesur demploys du gou-vernement, la prsence du secteurpriv tant pratiquement inexistante,renchrit Amber Ebarb, du Congrsnational des Indiens-Amricains,association sans but lucratif base Washington.

    Certaines tribus, dont celles quigrent avec prot les casinos,proches des grands centres de popu-lation, peuvent compenser unepartie des coupes en puisant dansleurs fonds durgence ou en renon-ant certaines dpenses nonessentielles.

    Mais des dizaines dautres tribuset nations plus petites ou moinsriches nont pas cette chance. AaronPayment, prsident des Chippewas

    The New York Times(extraits) New York

    Deux dcisions prises le12aot, la premire par unejuge New York et la se -conde par le ministre de la Justice,Eric Holder, tmoignent avec forcedune prise de distance lgarddes politiques de rpression intran-sigeante adoptes voil une gn-ration. Le caractre discriminatoirede ces politiques a t dnonc,ainsi que lexplosion de la popula-tion carcrale dont elles sont res-ponsables. Depuis longtemps, lesopposants font valoir que les loisimposant des peines de prison dansle cas dinfractions mineures lies la drogue, ainsi que la mthodepolicire du stop-and-frisk, quiconsiste arrter et fouiller lesgens de faon alatoire dans lesquartiers o le taux de criminalitest lev, ont un impact dmesursur les minorits.

    Le 12aot, Eric Holder a annoncque les juges fdraux napplique-raient plus les lois relatives auxpeines obligatoires [dans le cas din-fractions mineures, sans usage dunearme et en labsence dantcdentsjudiciaires]. Le mme jour, une jugea rendu un verdict selon lequel lespratiques darrestations et fouillesalatoires New York [o ellestaient trs utilises sous lauto-rit du maire MichaelBloomberg]constituaient une forme de pro- filage racial et taient inconsti -tutionnelles.

    Si la concomitance de ces deuxdcisions tait fortuite, BarbaraArnwine, prsidente de lorganisa-tion Lawyers Committee for CivilRights (Comit des juristes pourles droits civiques), assure que leureet est historique, indit et sus-ceptible de changer la donne.

    Alors que lusage du crack serpandait, les lgislateurs au niveautatique et fdral ont adopt unesrie de mesures pour durcir la luttecontre la criminalit [en 1986, uneloi fdrale antidrogue a imposdes peines minimales obligatoires,notamment cinqans de prisonferme pour la possession de 5gram -mes de crack]. Il en a rsult unehausse de 800% du nombre dedtenus aux Etats-Unis, alors quela population na augment quedun tiers [les Etats-Unis ont letaux dincarcration le plus levdu monde].

    La ambe du nombre de pri-sonniers est essentiellement due la dtention dAfricains-Amricainsou de Latino-Amricains condam-ns pour des infractions lies ladrogue; les Noirs courent environsixfois plus de risques dtre incar-crs que les Blancs. La consom-mation de crack a toutefois chutdepuis longtemps et le taux de

    criminalit violente sest eondrau point datteindre son plus basniveau depuis quaranteans. De cefait, la criminalit nest plus unequestion politique prioritaire. Cesont les Etats traditionnellementconservateurs qui, motivs par lancessit de raliser des conomiessur la construction et la mainte-nance des prisons, ont commenc abandonner progressivement lespolitiques dincarcration en masse.

    Dans ce contexte, la n des peinesobligatoires et larrt rendu par lajuge Shira A.Scheindlin montrentquun changement de cap a enneu lieu sur deux grandes questionsde justice pnale qui, selon les mili-tants qui ont lutt pour la mise enplace de ces changements, tou-chent de faon disproportionneles minorits.

    Contre-productif. Selon DavidRudovsky, avocat spcialiste desdroits civiques Philadelphie quia particip un procs sur les fouillesalatoires dans cette ville, lannoncedEricHolder et larrt de la jugeShira A.Scheindlin sinscrivent dansle cadre dun rexamen national dela politique en matire de justice pnalefavorise pendant quaranteans parla crainte de la criminalit. A mesureque ces craintes se sont estompes,ajoute-t-il, les dtracteurs de cesmesures ont pu mieux se faireentendre. Ils expliquent que lescontrles spontans permettentrarement de trouver des armes. Parailleurs, faire lexprience de cesfouilles et des consquences quisensuivent si des stupants sontdcouverts engendre la mancedes habitants des communautscibles, ce qui les rend moins dis-poss fournir des informations la police en cas dactes criminelsgraves et violents.

    Les critiques font valoir que lesmthodes agressives de maintiende lordre dans les quartiers o lesminorits ethniques sont majori-taires peuvent fausser les statistiquesglobales en termes de cri minalit.Selon des chires nationaux, lesNoirs avaient par exemple presquequatre fois plus de risques que lesBlancs dtre arrts pour posses-sion de cannabis en 2010, alors quela consommation tait quivalentedans les deux groupes.

    Il y a autant de drogue en circu-lation dans les quartiers chics deManhattan et de Washington D.C.,arme Jamie Fellner, spcialistedes questions raciales et du droitpnal en matire de stupantspour Human Rights Watch, qui citeen majorit des zones o la popu-lation est riche et blanche. Pourtant,ce nest pas l que la police cherchedes substances illicites.

    Charlie Savage et Erica GoodePubli le 13aot

    AMRIQUES.Courrier international no 1190 du 22 au 28 aot 2013

    de Sault Ste. Marie, dans le Mi -chigan, explique quavec le plan decoupes sa tribu a accus une pertede 1,7million de dollars [1,3mil-lion deuros] et seorce dviterles licenciements et larrt de pro-grammes sociaux. Mais, si la situa-tion devait empirer, elle serapeut-tre oblige de ne plus assu-rer que les services durgencesmdicales, voire de renoncer desprogrammes entiers.

    Nous nanons notre budget hauteur denviron 50%, et le gou-vernement fdral met les 50% res-tants, poursuit-il. Mais cela ne couvredj que 60% de nos besoins.

    Dans la nation navajo, DeborahJackson-Dennison, administratricedes coles Window Rock, travaillequant elle sur un budget scolaireramen de 24 17millions de dol-lars [17 13millions deuros] ande prendre en compte les coupesautomatiques fdrales et cellesdu gouvernement local. On a lim-pression de se retrouver avec les deuxyeux au beurre noir dun seul coup,soupire-t-elle. Elle sest dj spa-re de quatorze employs.

    Rsignation. Pour protger leurstribus des eets de ces rductionsbudgtaires, de nombreux chefsfont pression sur le gouvernementfdral, invoquant des argumentsaussi bien thiques que juridiques.Nous devrions tre exempts dusequester, martle Richard L.Zephier, directeur des Sioux Oglalas.Toutes les tribus devraient en treexemptes. Largent que Washingtonleur reverse travers les pro-grammes fdraux nest pas unesimple manne, arment les tribus,mais correspond aux obligationsprvues par les traits de nation nation, en vertu desquels lEtatfdral doit fournir un certainnombre de services aux Indiens-Amricains [de 1778 1871, lesEtats-Unis ont conclu avec lesnations indiennes quelque 400 trai-ts instituant des droits et des avan-tages pour les tribus qui cdaientdes terres et acceptaient la pro-tection amricaine]. Vue sous cetangle, une coupe budgtaire est,bien plus quun manque gagner,une promesse lgale non tenueune de plus parmi tant dautres.

    Dans les rserves, un sentimentde rsignation sest install. Celavient nouveau nous rappeler quenotre relation avec le gouvernementfdral est une srie de promesses nontenues, conclut le rvrend GeorgeWinzenburg, prtre catholique etprsident de lcole indienne deRed Cloud. Une srie de projets etdinitiatives sous-dots que lon nousavait