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CE QUE CACHE L’OFFENSIVE SUR GAZA La surenchère de Nétanyahou et du Hamas HILLARY CLINTON — CAP SUR 2016 NIKOLA TESLA — UN SAVANT MAGNÉTIQUE CATALOGNE — VERS L’INDÉPENDANCE ? STOP l’austérité ! La presse européenne contre la rigueur noir Belgique 3,90€ - Luxembourg 3,90€ N° 1151 du 22 au 28 novembre 2012 courrierinternational.com Belgique : 3,90 € (!4BD64F-eabacj!:O;R

Courrier International du 22 novembre 2012

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Stop l'austérité !

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  • CE QUE CACHE LOFFENSIVESUR GAZA La surenchre de Ntanyahou et du HamasHILLARY CLINTON CAP SUR 2016 NIKOLA TESLA UN SAVANTMAGNTIQUE CATALOGNE VERS LINDPENDANCE ?

    STOPlaustrit !

    La presseeuropenne contre la rigueur

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    N 1151 du 22 au 28 novembre 2012courrierinternational.comBelgique : 3,90

  • Les alins de la rigueur

    Laustrit serait-elle en train de disparatre du dictionnairede la pense unique? A voir la multiplication des ractionsdes peuples, mais aussi des experts,contre les politiques en place depuistrois ans, on se dit quil est urgentque les apprentis sorciers de la rigueur de Berlin, Moodys ou Bruxelles changent de mantra.Que les Prix Nobel Paul Krugman ou Joseph Stiglitz dnoncent haut et fort les eets rcessionnistes du serrage de ceinture gnralis en Europe, rien de surprenant. Ces deux esprits nokeynsiensfurent les premiers tirer le signaldalarme. Que le nancier GeorgeSoros leur embote le pas et dnoncela crise humanitaire qui svit en Grce, on ne peut sempcher de lui donner raison, tout ensinterrogeant sur les arrire-pensesdu tombeur de la livre sterling en 1992. Mais que Christine Lagarde,la directrice gnrale du Fondsmontaire international, CharlesDallara, le patron amricain delInstitut de la nance internationale,ou encore Jin Liqun, le dirigeant du fonds dinvestissement chinoisChina Investment Corporation(CIC), rclament leur tour des assouplissements dans les traitements inigs aux maladeseuropens, voil qui relve dun changement de cap. De Pkin Washington, on a enn prisconscience que, lEurope nallant pasmieux, il tait urgent de changersinon le remde, du moins la posologie. La Grce, le Portugal et lEspagne senfoncent dans le chmage et la pauvret. La spiraledationniste gagne partout du terrain, la croissance ayant mmedsert les pays de la zone euro au troisime trimestre. Mme lAllemagne est touche par le marasme. En cause: la politique daustrit, que loncroyait vertueuse, et qui savredigne de la sagesse dun asile dalins,selon lexpression utilise par lconomiste John MaynardKeynes en 1931 pour dnoncer la politique du gouvernementbritannique de lpoque.

    Face la crise, les dirigeantseuropens ont tous opt pour des politiques de rigueur, dontlecacit est de plus en plusconteste par des conomistes de renom et par le FMI lui-mme.

    P.38

    MOYEN-ORIENT Suivez au quotidien les derniers dveloppements de la bataille de Gaza.WEBDOC Trnopolje, un t oubli: vingtans aprs le dbut de la guerre en Bosnie-Herzgovine, que reste-t-il du camp de Trnopolje o transitrent25000 personnes?INSOLITES Lclosion magique du pnis oral, 60rats contre un portableLa rubrique de Claire Maupas.

    Retrouvez-nous aussi sur Facebook et Twitter.

    Soixante-dix ans aprs sa mort, ce visionnairegnial, originairedAutriche-Hongrie, est aujourdhui le hros de livres, de lms, de jeux vido Le mythe nen nit plus de grandir.

    P.28

    Gaza Ce que cache loffensive isralienne

    www.courrierinternational.com aussi se renouvelle !SUR NOTRESITE

    Sommaire

    En couverture : Bombardement Gaza le 17 novembre 2012. Photo Suhaib Salem/ReutersDessin de Niels paru dans Jyllands-Posten, Aarhus (Danemark).

    JASPER JUINEN/GETTY IMAGES/AFP

    LA UNESTOP

    DITORIALRIC CHOL

    Comme Sky Adams, dit CrossXBones, ils sont de plus en plus nombreux, quips de leurs smartphones, tmoigner des mouvements de protestation aux Etats-Unis.Ces reporters de rue sont devenus les yeux et les oreilles du mouvement Occupy.

    JACQ

    UES

    BOYE

    R/RO

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    VIOL

    LET

    laustrit !

    P.46

    Mdias. Les rebelles du streaming

    P.50

    360NIKOLA TESLA ,UN SAVANTMAGNTIQUE

    A deux mois des lgislatives en Isral, Benyamin Ntanyahou a choisi la surenchreen lanant lopration Colonne de nue. Une riposte aux attaques du Hamas tlguides par Bachar El-Assad et son alli iranien pour faire oublier la Syrie, explique le quotidien Asharq Al-Awsat.

    CRO

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    STAVRO

    JARDIN BOTANIQUE DE LUNIVERSIT DE BLE

    Courrier international n 1151 du 22 au 28 novembre 20122.

  • Les journalistes de Courrier international slectionnent et traduisent plus de 1 500 sourcesdu monde entier : journaux, sites, blogs. Ils alimentent lhebdomadaire et son site courrierinternational.com. Voici la liste exhaustive des sources que nous avons utilises cette semaine :HaAretz Tel-Aviv, quotidien. Asharq Al-Awsat Londres, quotidien. The Atlantic Boston, mensuel. Bangkok Post Thalande,quotidien. Chapati Mystery blog. Chungkuo Shihpao China Times Taipei, quotidien. Corriere della Sera Milan, quotidien.The Economist Londres, hebdomadaire. Ekho Kavkaza (ekhokavkaza.org) Prague, en ligne. Fast Company New York, mensuel.Financial Times Londres, quotidien. Le Flambeau Bamako, hebdomadaire. Foreign Policy Washington, bimestriel. The GuardianLondres, quotidien. Hankook Ilbo Soul, quotidien. Hrriyet Istanbul, quotidien. LIndpendant Bamako, quotidien. IstoSo Paulo, hebdomadaire. Jutarnji List Zagreb, quotidien. Los Angeles Times Etats-Unis, quotidien. Maariv Tel-Aviv, quotidien.Il Manifesto Rome, quotidien. Le Matin Alger, en ligne. Medved Moscou, en ligne. The Miami Herald Etats-Unis, quotidien.The New York Times Etats-Unis, quotidien. NRC Handelsblad Rotterdam, quotidien. OpenDemocracy (opendemocracy.net)Londres, en ligne. Politika Belgrade, quotidien. Pblico Madrid, quotidien. Semana Bogot, hebdomadaire. Sinembargo.mx

    Mexico, en ligne. Stern Hambourg, hebdomadaire. Sddeutsche Zeitung Munich, quotidien. Tokyo ShimbunJapon, quotidien. Utne Reader Minneapolis, bimestriel. La Vanguardia Barcelone, quotidien. Vreme Belgrade,quotidien. Your Middle East (yourmiddleeast.com) Stockholm, en ligne. The Washington Institute for NearEast Policy Etats-Unis, en ligne.

    Sommaire

    Toutes nos sources Chaque fois que vous retrouvez cette vignette, scannez-la et accdez un contenu multimdia sur notre site courrierinternational.com (ici, la rubrique Nos sources).

    7 jours dans le monde4.Etats-Unis. AairePetraeus : le FBI en fait trop 7.Portrait. Justin Welby, un drle de paroissien8. Controverse. Le TPIYdevait-il acquitter les gnrauxcroates ?

    Dun continent lautreAFRIQUE14. Mali. La guerre ou la ngociation ?

    AMRIQUES18. Etats-Unis. Hillarypare pour 201620. Colombie. Des indigns la recherche de paix22. Brsil. Lancien bras droitde Lula derrire les barreaux

    ASIE24. Inde. Bal Thackeray : la mort lui va si bien

    26. Chine-Tawan. Une seulecondition, la dmocratie27. Thalande. Des nomadesdes mers chous terre

    MOYEN-ORIENT28. Gaza. Ce que cache loensive

    EUROPE32. Espagne. Les sirnessparatistes sduisent la Catalogne33. Gorgie. Halte au laxismedu nouveau gouvernement ! 34. Allemagne. Les Piratespassent par-dessus bord

    FRANCE36. Diplomatie. Ankaraattend des signaux de ParisPolitique. Un boulevard pour Sarkozy

    A la une38.Stop laustrit !La presse europenne contre la rigueur

    Transversales44.Economie. Cancn, nouvelle citimpriale chinoise46. Mdias. Les rebelles du streaming48. Ecologie. Aux Pays-Bas, des bateauxpour remplacer les camions49. Signaux. Vous aimez lopra? Allez en Allemagne

    36050. Document. Tesla, savant magntique 54. Plein cran. Fukushima zone sensible56. Culture. Nom dun chien,

    je vais tre publi en Russie !58. Photographie.

    La Madone la kalachnikov60. Tendances. Chasser les clichs62. Histoire. Al Capone, plus tonton que ingueurMA

    RTIR

    ENA,

    CUBA

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    0 novembre 2012.

    Edit par Courrier international SA, socit anonymeavec directoire et conseil de surveillance au capital de 106 400 . Actionnaire La Socit Editrice du Monde. Directoire Antoine Laporte, prsident et directeur de la publication ; Eric Chol. Conseil de surveillance Louis Dreyfus, prsident.Dpt lgal octobre 2012. Commission paritaire n 0712c82101. ISSN n1154-516XImprim en France/Printed in France

    Rdaction 6-8, rue Jean-Antoine-de-Baf, 75212 Paris Cedex 13Accueil 33 (0)1 46 46 16 00 Fax gnral 33 (0)1 46 46 16 01 Faxrdaction 33 (0)1 46 46 16 02 Site web www.courrierinternational.com courriel [email protected] Directeur dela rdactionEric Chol Rdacteurs en chef Jean-Hbert Armengaud(16 57), Claire Carrard (dition, 16 58), Odile Conseil (web, 16 27)Rdacteurs en chef adjoints Catherine Andr (16 78), Raymond Cla-rinard (16 77), Isabelle Lauze (16 54). Assistante Dalila Bounekta(16 16) Rdactrice en chef technique Nathalie Pingaud (16 25)Direction artistique Sophie-Anne Delhomme (16 31) Direc-teur de la communication et du dveloppement AlexandreScher (16 15) Conception graphique Javier Errea Comunicacin

    Europe Catherine Andr (coordination gnrale, 16 78), DanileRenon (chef de service adjointe Europe, Allemagne, Autriche,Suisse almanique, 16 22), Gerry Feehily (Irlande, 19 70), Lucie Geroy(Italie, 16 86), Daniel Matias (Portugal, 16 34), Iwona Ostapkowicz(Pologne, 16 74), Marie Bloeil (chef de rubrique France, 17 32),Iulia Badea-Gurite (Roumanie, Moldavie, 19 76), Wineke de Boer(Pays-Bas), Solveig Gram Jensen (Danemark, Norvge), AlexiaKefalas (Grce, Chypre), Mehmet Koksal (Belgique), KristinaRnnqvist (Sude), Alexandre Lvy (Bulgarie, coordination Balkans),Agns Jarfas (Hongrie), Mandi Gueguen (Albanie, Kosovo), MiroMiceski (Macdoine), Martina Bulakova (Rpublique tchque, Slo-vaquie), Kika Curovic (Serbie, Montngro, Croatie, Bosnie-Herz-govine), Marielle Vitureau (Lituanie), Katerina Kesa (Estonie), Rus-sie, est de lEurope Laurence Habay (chef de service, 16 36), AldaEngoian (Caucase, Asie centrale), Larissa Kotelevets (Ukraine)Amriques Brangre Cagnat (chef de service, Amrique du Nord,16 14), Eric Pape (Etats-Unis, 16 95), Anne Proenza (chef de rubrique,Amrique latine, 16 76), Paul Jurgens (Brsil) Asie Agns Gaudu(chef de service, Chine, Singapour, Tawan, 16 39), Christine Chau-meau (Ase du Sud-Est, 16 24), Ingrid Therwath (Asie du Sud, 16 51),Ysana Takino (Japon, 16 38), Zhang Zhulin (Chine, 17 47), Elisa-beth D. Inandiak (Indonsie), Jeong Eun-jin (Cores), Kazuhiko Ya-tabe (Japon) Moyen-Orient Marc Saghi (chef de service, 16 69),Hamdam Mostafavi (Iran, 17 33), Hoda Saliby (16 35), Pascal Fe-naux (Isral), Philippe Mischkowsky (pays du Golfe), Pierre Vanrie (Tur-quie) Afrique Ousmane Ndiaye (chef de rubrique, 16 29), Hoda Sa-liby (Maghreb, 16 35), Chawki Amari (Algrie), Sophie Bouillon(Afrique du Sud) Economie Pascale Boyen (chef de service, 16 47)Sciences Anh Ho Truong (chef de rubrique, 16 40) Magazine Isa-belle Lauze (16 54) Insolites Claire Maupas (chef de rubrique,16 60) Ils et elles ont dit Iwona Ostapkowicz (chef de rubri-que, 16 74)

    Site Internet Hamdam Mostafavi (chef des informations, 17 33),Catherine Guichard (rdactrice, 16 04), Pierrick Van-Th (web-mestre, 16 82), Mathilde Melot, Albane Salzberg (marketing)Agence Courrier Sabine Grandadam (chef de service, 16 97)Traduction Raymond Clarinard (rdacteur en chef adjoint, 1677),Natalie Amargier (russe), Catherine Baron (anglais, espagnol),Isabelle Boudon (anglais, allemand), Franoise Escande-Boggino(japonais, anglais), Caroline Lee (anglais, allemand, coren), Fran-oise Lemoine-Minaudier (chinois), Julie Marcot (anglais, espagnol,portugais), Daniel Matias (portugais), Marie-Franoise Monthiers( japonais), Mikage Nagahama ( japonais), Ngoc-Dung Phan(anglais, italien, vietnamien), Olivier Ragasol (anglais, espagnol),Danile Renon (allemand), Mlanie Sinou (anglais, espagnol),Leslie Talaga Rvision Jean-Luc Majouret (chef de service, 16 42),Marianne Bonneau, Philippe Czerepak, Fabienne Grard, FranoisePicon, Philippe Planche, Emmanuel Tronquart (site Internet)Photo graphies, illustrations Pascal Philippe (chef de service, 1641), Lidwine Kervella (16 10), Stphanie Saindon (16 53) MaquetteBernadette Dremire (chef de service), Catherine Doutey, NathalieLe Drau, Gilles de Obaldia, Josiane Petricca, Denis Scudeller,Jonnathan Renaud-Badet, Alexandre Errichiello, Cline Merrien(colorisation) Cartographie Thierry Gauth (16 70) InfographieCatherine Doutey (16 66) Calligraphie Hlne Ho (Chine), AbdollahKiaie (Inde), Kyoko Mori (Japon) Informatique Denis Scudeller (1684) Directeur de la production Olivier Moll Fabrication NathalieCommuneau (direc trice adjointe), Sarah Trhin (responsable defabrication). Impression, brochage Maury, 45330 Malesherbes.

    Ont particip ce numro Lna Bauer, Edwige Benoit, Jean-Bap-tiste Bor, Valrie Brunissen, Adrien Chauvin, Chen Yan, Sophie Cour-tois, Mlanie Guret, Gabriel Hassan, Nathalie Kantt, Virginie Le-petit, Cleste Lordet, Carole Lyon, Valentine Morizot, Andrea Mor-let, Mlody Piu, Richard Siegert, Isabelle Taudire, Nicole Thirion,Maddalena de Vio

    Secrtaire gnral Paul Chaine (17 46). Assistantes : NatachaScheubel (16 52), Sophie Nzet (partenariats, 16 99), Sophie Jan.Gestion : Julie Delpech (responsable, 16 13). Comptabilit : 0148 88 45 02. Responsable des droits Dalila Bounekta (16 16).Ventes au numro Responsable publications : Brigitte Billiard.Direction des ventes au numro : Herv Bonnaud. Chef de produit :Jrme Pons (0 805 05 01 47, fax : 01 57 28 21 40). Diffusioninter nationale : Franck-Olivier Torro (01 57 28 32 22). PromotionChristiane Montillet Marketing Sophie Gerbaud (directrice, 16 18), VroniqueLallemand (16 91), Lucie Torres (17 39), Romassa Cherbal (16 89).

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    Courrier international n 1151 du 22 au 28 novembre 2012 3

  • The New York Times (extraits)New York

    Nous entrons dsormais dans ladeuxime phase du scandale DavidPetraeus. La premire avait com-menc le 9 novembre,quand lintress avaitrvl sa relation extra-conjugale [avec PaulaBroadwell, sa biographe]et dmissionn de son postede directeur de laCIA.Depuis, la presse se bous-cule pour suivre chaquenouveau coup de thtre.

    Dans la deuxime phase,on commence sintres-ser la signication gn-rale du scandale enadmettant, bien entendu,quil y en ait une. Le scan-dale Mado, par exemple,avait montr que les inves-tisseurs renonaient volon-tiers toute mancequand les rendements deleurs portefeuilles taienttrop beaux pour tre vrais.

    Le scandale Petraeuspourrait bien donner desconclusions fort direntes. Si le militairele plus admir de sa gnration peut sefaire pirater sa messagerie lectroniquepar leFBI, aucun de nous nest labridu dispositif de surveillance qui est appa-rue aprs le 11septembre[2001].

    Revenons sur les lieux du prtendu dlit, Tampa, en Floride: Jill Kelly, une femmesduisante en qute de mondanits, reoitdes courriels troublants dun expditeuranonyme. Si elle avait eu le moindre bonsens, elle aurait bloqu ladresse e-mail ettout se serait arrt l; mais,comme elle sait que les hommessont prts contourner les rgle-ments pour elle, elle va voir un ami duFBIqui demande ses suprieurs de lancer uneenqute. Ceux-ci acceptent.

    Mais pour quel motif? Jai regard la rgle-mentation en matire de harclement surInternet. Elle prcise quil y a dlit quandun courriel cause une dtresse motionnellesubstantielle ou provoque chez la victimeune crainte raisonnable de mort ou de bles-sure grave.

    Il est bien entendu possible que les cour-riels anonymes que Jill Kelly a reus dePaula Broadwell, lancienne matresse dePetraeus, aient rempli ces conditions. Quoi

    quil en soit, leFBI sest activement employ les rendre aussi menaants que possible.Mais, une fois quils seront connus et ilsniront par ltre, je souponne fort quonverra que tout a ntait quun prtexte.Mme chose pour les informations con-

    dentielles que Paula Broadwell est censedtenir. Compte tenu de la propension detous les gouvernements, depuis le 11sep-tembre, qualier de condentiel nim-porte quel bout de papier hormis lesserviettes en papier des toilettes, je sup-pose que les rvlations seront beaucoupplus triviales: une fois que le FBI eut apprisla vrit ce ntait quune histoire defesses, il lui fallait une noble raison pourcontinuer fouiner.

    Je comprends pourquoi David Petraeussest senti oblig de dmission-ner: cette aaire a viol son codede lhonneur. Mais je regrette

    tout de mme que Barack Obama ait acceptsa dmission.

    Jaurais voulu que le prsident dclareque, mme si le gnral Petraeus avait faitune erreur dans sa vie personnelle, uneerreur trop humaine que des millions degens commettent chaque jour, ctait lui, sa femme et son ancienne matresseden grer les consquences. Jaurais vouluquil arme que cette aaire ne lempor-tait pas sur ses annes de service et nelempchait pas de continuer servir. Jau-rais souhait quil annonce que linspec-teur gnral du ministre de la Justice

    allait mener une enqute pour savoir sileFBI avait agi correctement en traitantla plainte de Jill Kelly.

    Le 16novembre, la prsentatrice AndreaMitchell sest entretenue avec Roy Blunt,un snateur rpublicain du Missouri,

    qui revenait dune runion huis clos de la commis-sion du Renseignementdevant laquelle Petraeusavait tmoign.

    Pensez-vous quil devaitdmissionner? demanda-t-elle.

    Daprs ce que je sais, jene le pense pas, a rponduBlunt. [Petraeus] nest mani-festement pas quelquun quonpeut faire chanter.

    Roy Blunt a ainsi balayle seul argument lgi-time pour chasser DavidPetraeus de son poste enraison de sa liaison.

    Dans les semaines venir, les gens seront deplus en plus nombreux parvenir la mme conclu-sion et vont commencer sinterroger sur la faci-lit avec laquelle les auto-

    rits peuvent lire nos courriels et regarderdans notre chambre coucher. Il est plusque temps.Joe Nocera

    Courrier international no 1151 du 22 au 28 novembre 2012

    TATS-UNIS

    Aaire Petraeus : le FBI en fait tropSelon le journaliste amricain Joe Nocera, la dmission de lancien chef de la CIA remet les questions de vie prive et de surveillance au cur des dbats.

    7 jours dansle monde.

    Des droits de lhomme,mais pas assezASEAN Les dix pays membresde lAssociation des nations dAsiedu Sud-Est (Asean) ont sign unedclaration des droits de lhommele 18novembre, lors du 21e sommetdu groupe, qui se tenait PhnomPenh. Cest une premire pour cegroupe qui rassemble la Birmanie,la Thalande, le Cambodge, le Laos,le Vietnam, Singapour, la Malaisie,Brunei, lIndonsie et les Philip-pines, mais qui pche par excs detimidit: The Irrawaddy prciseque le projet a t labor huis clos,alors que des violations de droits delhomme se poursuivent dans plusieurspays de la rgion. Le site Internetbirman rappelle notamment lescondamnations rcentes de jour-nalistes et de blogueurs au Viet-nam, lusage de la force au Cambodgepour contraindre certains habitants quitter leurs maisons et lesmeurtres de journalistes, la loi delse-majest en Thalande ou lesexactions commises contre lesmusulmans dans louest de la Bir-manie.

    ANALYSE

    Dessin de Bado,paru dans Le Droit,Ottawa.

    SOURCES : THE WASHINGTON POST, BROOKINGS

    Les forces de scurit en Afghanistan Nombre de soldats et de policiers afghans en service ou en formation (en milliers)

    0

    100

    200

    300

    2004 2012201020082006

    6 000

    352 000*

    * A n octobre.

    TIME MAGAZINENew YorkHebdomadaire6 000000 ex.

    LaaireLe magazine Time consacre la une de son dition amricaine du 26novembre au scandale Petraeus,avec un long article intitul Spyfall(littralement: La chute de lespion),clin dil Skyfall, le dernier JamesBond. Selon le magazine, cest toutlappareil de scurit des Etats-Unisqui est secou par ce scandale.Lhebdomadaire sinterroge aussi sur la faon dont la Maison-Blanche a gr la dmission de lune des gures les plus emblmatiques de lappareilmilitaire amricain.

    LA UNE

    Nombreux maispeu srsAFGHANISTAN La rapide aug-mentation des forces armes et depolice en Afghanistan est consid-re comme un lment crucial de lastratgie de sortie des Etats-Unis,note le Washington Post. Maisle quotidien souligne que, si lob-jectif numrique est atteint, lesforces en question sont loin depouvoir assurer le contrle dupays. Aucun bataillon afghan nestcapable doprer sans le soutien desAmricains; de nombreux policierspassent plus de temps soutirer despots-de-vin qu patrouiller. Enoutre, de plus en plus de soldats etde policiers afghans retournent leursarmes vers leurs partenaires am-ricains ou ceux de lOtan.

    4.

  • Autonomiser la TransdniestrieMOLDAVIE-RUSSIE Pour dfendre la Transdniestrie, Moscou a dcidde passer des paroles aux actes. Cest ainsi que le quotidien russe Nezavissimaa Gazeta interprte le dplacement le 16novembre enMoldavie, de Dmitri Rogozine, ex-ambassadeur de Russie lOtanet reprsentant spcial du prsi-dent russe, pour ngocier avecChisinau louverture dun consu-lat russe Tiraspol, capitale de largion scessionniste russophone.Cela dit, en cas de dsaccord, Rogozine passera outre, estime laNG, et 3 milliards de roubles(74,3millions deuros) serontdbloqus pour dvelopper lco-nomie de la rgion, secteur de lar-mement en tte.

    Les puissants seserrent les coudesPAYS DU GOLFE La twittosphredu Golfe senamme propos de lac-cord de coopration de scurit int-rieure sign le 14novembre entre lessix ptromonarchies de la rgion,rapporte le site kowetien Al-Aan.Le texte de laccord na pas tcommuniqu, mais selon le jour-nal Al-Watan, dtenu par la famillergnante kowetienne, il prvoitlextradition obligatoire de toutepersonne accuse dans lun dessix pays signataires, y comprispour atteinte aux chefs de lEtat, leurs ascendants et leurs descen-dants, ainsi qu leurs pouses. Celatend interdire de critiquer toutmembre de lune des six famillesrgnantes, notamment les quelquevingt mille princes de la famillergnante saoudienne. A Bahrendes troupes saoudiennes station-nent toujours pour protger lergime contre la rvolte chiite, etau Kowet lmir a rcemmentlaiss entendre quil pourrait faireappel ses pairs du Golfe pour ennir avec les manifestations quirclament un gouvernement lu.

    Le secret honteuxdIkeaTRAVAIL La rme sudoise demeubles bon march a reconnuavoir bnci en connaissancede cause du travail forc de pri-sonniers politiques est-allemandsdans les annes1980. Cest unrapport command Ernst &Young par Ikea, rendu public le16novembre, qui fait la lumiresur le sujet une publicit dsas-treuse pour lentreprise dont le logobleu et jaune mondialement connutient parfois lieu dambassadeur cul-turel la Sude, note lInterna-tional Herald Tribune.

    UKRAINE

    UKRAINE

    MOLDAVIE TRANSDNIESTRIE

    ROUMANIE Chisinau

    Tiraspol

    OdessaProut

    100 km

    Moldavieroumaine

    Danube

    Dniestr

    COUR

    RIER

    INTE

    RNAT

    ION

    AL

    MERNOIRE

    RUSSIE

    De nombreux journaux ont mis la une le 20novembre une photo de Barack Obama treignantlemblmatique Aung San Suu Kyi, lissue de la confrence de presse que la chef de loppositionbirmane et le prsident amricain ont donne ensemble Rangoon. Cest la premire foisquun prsident amricain en exercice se rend en Birmanie. Trop tt ? Les rformes mises enplace par les gnraux sont fragiles et rversibles, estime le site dinformation The Irrawaddy.

    Un moment dexceptionDE LA SEMAINELA PHOTO

    PERSONNES ont immigr en Allemagne au cours du premier semestre 2012, soit une augmentation de 15% par rapport lanne prcdente. Si elles venaientmajoritairement de lUnion europenne, et notammentdEurope de lEst (Pologne, Hongrie), le nombre desmigrants en provenance de Grce, dEspagne et duPortugal, lui, a fait un bond de plus de 50%.Focus Munich

    501 000501 000

    SUIVEZ

    Arme isralienne @IDFSpokesperson Larme isralienne utilise largement ce compte comme outil dinformation et de propagande dans le cadre de loensive mene contre le Hamas depuis le 14 novembre (en anglais).

    Brigades Al-Qassam @AlqassamBrigadeLa branche arme du Hamas nest pas en reste dans la guerre des tweets avec Isral: informations et proclamations guerrires se succdent sur ce compte (en anglais).

    National Geographic @NatGeoPour se changer les ides, le compte de la clbre revuecre en 1888 propose de superbes photos, danimaux,de paysages, de phnomnes naturels, mais aussi des vidos... (en anglais)

    Journalistes, experts, citoyens clairs : ils sont sur les rseaux sociaux. A suivre !

    -LES

    Dessin de Kopelnitsky, Etats-Unis.

    Dessin deBolign, Mexique.

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    7 JOURSCourrier international n 1151 du 22 au 28 novembre 2012 5

  • Selon des sources concordantes,les rebelles, qui avaient lancquelques jours plus tt une of-fensive sur les positions de larmecongolaise, ont investi Goma le 20no-vembre en n de matine. Cette villedenviron 300000 habitants, situe lextrme est de la RDC, quasiment la frontire du Rwanda et de lOu-ganda, est un verrou stratgique.Goma abrite aussi limportante mis-sion des Nations unies pour le Congo(Monusco). Le personnel onusien at vacu.

    Le M23 est n dbut mai linitia-tive danciens rebelles qui avaient tintgrs larme congolaise en 2009 la suite dun accord de paix.

    Quand le prsident Joseph Kabila adcid de livrer la Cour pnale inter-nationale de La Haye lex-chef mili-taire de cette rbellion, ces soldats sesont mutins : pour eux, Kinshasanavait pas respect ses engagements.Depuis, la RDC accuse ses voisins

    Rwanda et Ouganda dinstrumen-taliser le M23.

    Cest ici que se joue la crdibilit de lacommunaut internationale, qui, parlentremise du Conseil de scurit, devraitprendre ses responsabilits. Le Rwanda at dsign par un rapport des experts delONU comme le principal instigateurde linscurit qui svit dans le Nord-Kivu. Cela au mme titre que lOu-ganda, crit Le Potentiel, principalquotidien congolais.

    Le Rwanda dment soutenir la r-bellion. LOuganda, en signe de m-contentement, a dcid de fermer saprincipale frontire avec la RDC.

    Le Kivu est le thtre de conitsquasi ininterrompus depuis une ving-taine dannes. Les mouvementsrebelles et les pays voisins de la rpu-blique dmocratique du Congo Ou-ganda, Rwanda et Burundi sedisputent ses importantes richessesminires (or, coltan, cassitrite) etagricoles.

    RDC

    Chaos rgional programmLes troupes du mouvement rebelle M23 sont entres dans Goma, la capitale du Nord-Kivu.

    La frontire de la RDC et de lOugandale 20 novembre : des habitants du Nord-Kivu fuient les combats. Photo James Akena/Reuters

    Un journaliste trangercommente lactualit franaise

    RUDOLF BALMER, correspondant de la Tageszeitung (Allemagne) et de la Basler Zeitung (Suisse), propos de laroport du Grand Ouest.

    Notre-Dame-des-Landes, unanachronismeLe gouvernement et en particulier sonchef a-t-il raison de sobstiner sur le projetdaroport Notre-Dame-des-Landes?Ce projet est un anachronisme. Il me semblequil date dune poque o lon croyait unemonte exponentielle du trac arien. Pasbesoin dtre conomiste pour comprendreque, dans ce domaine, lore ne sut paspour crer une telle demande. Le double rlede Vinci en tant que constructeur et futurconcessionnaire de laroport est aussi trou-blant. Mais cest surtout sur la concertationprincipe pourtant si cher Franois Hol-lande que le bt blesse: on ne peut pasimpunment passer outre au refus de ce projetpar une partie importante de la population.

    La position des cologistes dans le gou-vernement, mais contre ce projet est-elletenable?Les socialistes taient parfaitement au cou-rant du problme. Ce dsaccord, connu partous, ne peut donc a priori constituer uneraison de dmission des deux ministres verts.Mais, concrtement, il suffirait dune bavuresur place ou dune radicalisation du mou-vement dans un contexte dj bien tendu,et les verts ne pourraient plus justifier leurparticipation un gouvernement dirig parM.Ayrault. Pour le moment, les socialisteset les verts veulent jouer la montre, peut-tre en esprant que lhiver calmera lardeurdes occupants sur place. Mais, thorique-ment, il nexiste aucun compromis possible:soit on construit laroport, soit on y renonce.Certains vont forcment perdre la face!Sauf quen politique rien nest aussi clair.Imaginons que la dcision sur NDDL servede monnaie dchange: je renonce laro-port (ou je le retarde), tu fais des conces-sions sur le nuclaire ou la fiscalitcologique

    La mobilisation trs htroclite des antifait-elle cho des vnements semblablesen Allemagne?Bien sr, elle fait penser la rsistance contreles transports Castor [les trains chargs dedchets radioactifs] ou Stuttgart21, cest--dire la longue lutte contre le projet dune garedans la ville de Stuttgart.

    Dans la lutte rcente contre les dchetsnuclaires de Gorleben, dans le Wendland,on nobserve pas seulement des formes dersistance semblables (routes barres, cabanesdans les arbres), mais galement une solida-rit trs forte de la population rurale avec lesmilitants antinuclaires des villes, qui sonttrs politiss et qui intgrent leur combatdans une stratgie altermondialiste.

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    mtres cubes de bton serontncessaires la construction de lcluse de Deurganckdok, la plus grande du monde, dans le port dAnvers:500mtres de longsur 38mtres de large. Les deuximmenses portesseront mises enplace au printemps2015. Louvrage, qui aura cot382millions deuros,routes et btimentscompris, entrera en fonction en avril2016. La constructiondcluses est un secteur o la Belgiquepossde une rputationdenverguremondiale, soulignele quotidienconomiqueamand De Tijd.

    ILS PARLENTDE NOUS

    Courrier international no 1151 du 22 au 28 novembre 20127 JOURS

    DR

    6.

  • FANATIQUEToute statue qui a t adorepar le pass ou qui risquedtre adore dans lavenir doit tre dmolie. Cest notredevoir. Onze ans aprs avoiraid les talibans dtruire lesstatues de Bouddha Bamiyan, en Afghanistan, le cheikh djihadisteMourgane Salem Al-Goharyappelle, sur la chane gyptienneDream TV, faire sauter les pyramides de Gizeh.Egypt Independent, Le Caire

    DCALEAvez-vous un animaldomestique ayant une peurpanique des sirnes dalerte?Si oui, contactez-moi, sil vousplat, cest pour un article.Merci! Cest le tweet de la

    journaliste isralienne SharonUdasin envoy le 19novembre,au sixime jour de loensiveisralienne contre la bandede Gaza; 95Palestiniens et

    3Israliens avaient t tus aucours de lopration isralienne,

    baptise Pilier de dfense.LOrient-Le Jour, Beyrouth

    MOQUEURSi la chastet perptuelletait une condition pourtravailler dans la fonctionpublique, Washington seraitune ville fantme bourre de sauterelles, dherbes folleset de bureaux vides. Dixitlessayiste William Doyle proposde laaire Petraeus.CNN, Atlanta (voir larticle p.10)

    CONTRARIIl aurait d attendre pourvoir si la Birmanie tait sur le bon chemin. Selon Khun HtunOo, homme politique de la minoritshan, la visite du prsidentamricain Barack Obama, le19novembre, a eu lieu trop tt alors que les rformesdmocratiques en Birmanie sont toujours en cours.The Guardian, Londres

    EXPDITIFLes Amricains ne se sontpas contents de Hiroshima:comme les Japonais ne serendaient pas assez vite, ils ont bombard Nagasaki.Selon Gilad Sharon, ls de lancienPremier ministre isralien Ariel

    Sharon, Isral devraitemployer la mthode

    forte Gaza. Il nedevrait plus y avoirdlectricit

    ni dessence, ni de voitures en circulation,prcise-t-il.

    The JerusalemPost, Isral

    ILS/ELLESONT DIT

    Justin WelbyUn drle de paroissien

    Spcialiste de la nance, le nouvel archevque de Canterbury, numro un de lEglise anglicane, na pas vraiment le prol habituel.ILS FONTLACTUALIT

    manque de glamour: Justin Welbyest devenu trsorier dEnterpriseOil un poste sans grand intrtmais vital pour la sant de lentreprise.

    Son intrt pour la religion taitconnu de ses collgues, mais il nenfaisait pas talage. Aussi, lorsquila dcid de quitter la vie en entre-prise, en1989, et de se prparer lordination, il a suscit ltonne-ment. Nul ne sait dans quellemesure la disparition de sa lle,encore bb, dans un accident devoiture, a inuenc sa dcision.

    Justin Welby na pas tard refaire sa vie dans la peau du rec-teur vanglique de la St JamessChurch, dans la petite ville de Southam, dans le comt du War-wickshire [au centre de lAngle-terre], avec sa jeune pouse et, peu peu, ses cinq enfants.

    Il a du charisme. Lorsquildemandait une personnede faire quelque chose,elle le faisait parce que ctait lui, se souvient TerenceHill, le bedeaude lglise. AWelby aussi,on conaitsans cessedes missions.Au pril de sa

    DR

    vie, il est all travailler avec lesrebelles au Nigeria et a ctoy aumoins un auteur de massacre auBurundi. Et jaimais bien ce type,mme si je savais quil avait tu desdizaines de milliers de personnes,a-t-il rcemment rvl. Puis il estdevenu doyen de la cathdrale deLiverpool, une fonction trs envue, avant dtre promu Durham.

    Et pendant tout ce temps,lhomme se construisait la rpu-tation de meilleur spcialiste ducapitalisme de toute lEglise, ce quile mena jusqu la commission duParlement britannique sur les stan-dards bancaires, poste quil entendbien conserver. Assurment, aucundes 104prcdents archevquesdAngleterre na pass les derniressemaines avant sa prise de fonc-tion se poser des questions surle modle de Volcker [ancien direc-teur de la Rserve fdrale] et lacaptation rglementaire.

    Son texte prfr sur le capi-talisme est lencyclique

    de1891 du pape LonXIII, Rerum novarum. On y

    lit notamment: Il fautrapidement trouver un

    remde adquat pourradiquer la misre

    et la pauvret quipsent injustement sur

    la majeure partie de laclasse ouvrire, mais

    aussi: Le droit devrait favo-riser la proprit et la poli-

    tique devrait viser ce quautantde personnes que possibledeviennent propritaires. Aprsent sous les feuxblouissants des projec-

    teurs, Justin Welby parvien-

    Justin Welby.Dessin deCummings, Londres, pourCourrierinternational.

    dra-t-il encore satisfaire tout lemonde? A uvrer pour la mora-lit des entreprises tout en res-tant gentil avec son conservateurde Premier ministre? A faireque les antihomosexuels

    acharns du Nigeria coha-bitent en harmonie avec lesAmricains de gauche? Afaire croire aux Anglaisque lEglise compte rel-

    lement? Une chose estsre, il na pas moinsde chances quunautre.

    MatthewEngel

    Financial Times(extraits) Londres

    Les voies du Seigneur sontimpntrables, cest vrai,mais elles ont rarement taussi tortueuses que celles qui ontabouti au choix du nouveau chefde lEglise dAngleterre.

    Lorsque le cent quatrime ar -chevque de Canterbury, RowanWilliams, a annonc au mois demars quil allait quitter ses fonc-tions, Justin Welby ne faisait abso-lument pas partie des noms citspour prendre sa succession. Il fautdire quil ntait vque que depuisn2011.

    Mais au l des mois, on lesdles et les bookmakers sestaperu quaucun des prlats vo-qus pour succder Mgr Williamsne convenait. Les candidats taientun peu, disons, mdiocres. Ce quinest dailleurs gure surprenant:lEglise paie des clopinettes, elleest trs dmode et la moiti fmi-nine de lhumanit en est toujoursexclue.

    Puis, y regarder de plus prs,un homme lexceptionnel ven-tail de talents et au CV des plusintrigants sest distingu des autres.Un spcialiste de la Bible qui avaitpass les onze premires annesde sa carrire dans lindustrie ptro-lire est devenu archevque. Cestainsi qu 56ans Justin Welby,vque de Durham, sorti de nullepart, la emport.

    Il sera non seulement la ttede lEglise dAngleterre, une orga-nisation controverse dans un payslargement lacis, mais aussi, defacto, de la Communion anglicanemondiale, forte de 80millionsdmes (dont un quart au Nigeria)et dchire par la question de lho-mosexualit. Le bien-aim RowanWilliams avait renonc rconci-lier toutes les factions. Et seule-ment 62ans, en proie au dsespoir,il se retire dans un collge de luni-versit de Cambridge.

    Mgr Welby fera-t-il mieux? Ilest tout sauf un bigot lespritborn. Feu son pre avait failli pou-ser lactrice Vanessa Redgrave; ila fait ses tudes Eton et Cam-bridge; sa mre est aujourdhuimarie un travailliste; et puis ily a le ptrole, mme si lhistoire

    DR

    7 JOURSCourrier international n 1151 du 22 au 28 novembre 2012 7

  • 7 JOURS Courrier international no 1151 du 22 au 28 novembre 2012

    Il ddouanejustement la CroatieJutarnji List (extraits) Zagreb

    Pour la premire fois depuis bien long-temps, la Croatie montrait un visageradieux ce 16novembre, aprs lac-quittement par le Tribunal pnal interna-tional pour lex-Yougoslavie (TPIY) desgnraux Ante Gotovina et Mladen Markacpour les crimes commis pendant loprationOluja de 1995 [lopration Tempte, prsen-te par Zagreb comme une guerre de recon-qute de ses territoires sous contrle serbede 1991 1995, a provoqu lexode de dizainesde milliers de Serbes qui y vivaient].

    Ce procs ne visait ni lindpendance nila lgitimit de la rpublique de Croatie; ila t intent pour sanctionner certains agis-sements de ses forces armes, ainsi que lapolitique qui les encourageait et les tolrait.Toutefois, le verdict du tribunal de la Hayea ddouan la Croatie de la responsabilitdes crimes de guerre en cassant les ar-mations de la chambre de premire instancesur lexistence dune entreprise criminellecommune dont le but tait de chasser d-nitivement les Serbes de la Krajina.

    Comment se fait-il que le tribunal soitarriv cette conclusion bien que200000Serbes aient quitt la Croatie? Larponse cette question est aussi simplequimportante dun point de vue historique.Manifestement, en essayant de statuer nonseulement sur la responsabilit personnelle,ou celle du commandement militaire, maisgalement sur lexistence ou non dunevolont politique, le tribunal de la Haye sest

    en Bosnie-Herzgovine] pourrait-il esp-rer connatre en appel la mme issue heu-reuse de son procs? Jen doute.

    Il faut fliciter lEtat croate pour les eortsdploys en faveur de ses gnraux. Zagrebsest battu pour eux par tous les moyens: laide des mdias, moyennant des subven-tions de lEtat, en payant des avocats, en pro-curant des documents importants la dfense,jusquaux interventions politiques directeset au lobbying en faveur des dtenus deLa Haye. Les grandes aches arborant lesportraits des gnraux, les messes clbresen leur honneur dans les glises du pays, lesmanifestations, voire les blocages des routes,tmoignent aussi du soutien populaire dontbnciaient ces militaires.

    Je refuse de porter un jugement sur quiest coupable et qui ne lest pas, car toutepersonne est innocente tant que sa culpa-bilit nest pas prouve. La Croatie a russia se ddouaner de laccusation dentre-prise criminelle commune dans lexode desSerbes de la Krajina en 1995. Cest tantmieux pour elle. Les gnraux croates ontt innocents et librs; la Croatie peutdsormais tranquillement voguer verslUnion europenne.

    Mais cela ne mempchera pas de dire ceque je pense du tribunal qui les a acquit-ts: cest une institution politique qui pr-tend, en outre, faire lHistoire. Le droitinternational a t bafou, il nexiste plus.Un tribunal qui dcide des lois et proc-dures, les modie et les adapte au coursdes procs nest pas digne de ce nom. Cestune institution digne de lInquisition: unbtard et un monstre juridique, la preuvemme que la puissance militaire lemportesur la justice.

    Miroslav Lazanski

    Le TPIY devait-il acquitter les gnraux croates ?CONTROVERSE

    OUI

    NON

    Condamns en premire instance de lourdes peines de prison, les ex-gnraux croates Ante Gotovina et Mladen Markac ont tblanchis par le tribunal de La Haye des accusations de crimes de guerre commis contre la population serbe en 1995.

    Il sest comporten institutionpolitiquePolitika Belgrade

    Le dernier verdict en date du Tribu-nal pnal international pour lex-Yougoslavie (TPIY), lacquittementdes gnraux croates Ante Gotovina etMladen Markac, a dnitivement dsigntous les Serbes comme les bad boys desBalkans et lgitim tous les poncifs de lapropagande occidentale sur les guerresrcentes dans la rgion. Seuls les Serbessont les agresseurs, tous les autres sontdes victimes. Qua fait la Serbie depuis lachute de Milosevic pour changer cet tatde choses? A part sautoageller, prati-quement rien. Belgrade a extrad La Hayetoute personne souponne du moindredlit, pour gagner les bonnes grces delOccident. Notre voie sans alternative endirection de lEurope dmocratique pas-sait par La Haye, et y passe toujours. Onnous rclame prsent mme ceux quiauraient pu aider le gnral Mladic danssa fuite. Les gnraux Perisic, Pavkovic etLazarevic sont, eux, dj La Haye. Quisoccupe deux en Serbie? LEtat peut-tre? Aprs lacquittement des gnrauxcroates, le gnral Perisic [condamn enpremire instance vingt-sept ans de prisonpour des crimes de guerre en Croatie et

    PARTOUT

    AILLEURS

    ERIC VALMIR

    LE VENDREDI

    19H20

    LA VOIXESTLIBRE

    en partenariat avec

    Dessin de Kazanevsky,Ukraine.

    situ dans un contexte plus large, celui delHistoire. Il a pris en compte trois choses.

    Primo, la Croatie na pas commenc laguerre; elle a t agresse et entrane dansle conit. Secundo, la Croatie avait le droitde dfendre lintgrit de son territoire.Elle a donc agi lgitimement. Tertio, lop-ration militaire na pas seulement abouti la reconqute de la Krajina, elle a aussi sauvlenclave de Bihac (menace par un mas-sacre comparable de celui de Srebrenica);et, plus important encore, larme de la Rpu-blique serbe a, grce elle, subi sa premireet plus cuisante dfaite, qui a t le prlude la n de la guerre en Bosnie-Herzgovine.

    En termes simples et clairs, si cette op-ration navait pas eu lieu, la guerre auraitdur encore plus longtemps et SlobodanMilosevic serait rest au pouvoir plusieursannes encore. Sa chute a commenc avecla signature des accords de Dayton [sep-tembre1995], qui ont rendu impossible dunpoint de vue lgal et technique toute nou-velle opration militaire contre la Croatieou la Bosnie-Herzgovine. Bref, sans Olujail ny aurait pas eu ces accords, qui ont misn au sige de Sarajevo.

    Aujourdhui, cet acquittement renvoie laballe la justice croate, qui doit imprati-vement poursuivre les crimes de guerrecommis contre les Serbes. Malgr la liesse,il ne faut pas oublier quaprs Oluja, descrimes odieux contre des civils ont t per-ptrs et pratiquement personne na t, ce jour, poursuivi pour ces faits.

    Juger les criminels ayant commis ces atro-cits simpose comme un test de la matu-rit juridique et morale de la Croatie. Ceuxqui ont tu et ceux qui leur ont donn lordrede le faire doivent en rpondre devant lajustice. Mais cela nenlvera rien la jus-tesse et limpact de lopration Oluja, uneguerre de libration pour les Croates quirestera une page importante de notre his-toire commune malgr les crimes qui y ontt commis.

    Davor Butkovic

    8.

  • BON renvoyer Courrier International service abonnements rue des Francs 79 1040 Bruxelles ou par fax au 02/211.31.65 ou directement sur internet ladresse http://abo.lalibre.be/champci OUI, je dsire profiter de votre off re au prix de 65 pour 26 numros. Je recevrai en cadeau une bouteille de champagne Drappier (75cl).Nom.Prnom...Rue.N...Bte....CP:.....................................Localit......TVA (si facture): BE0.........Tl../..Date de naissance..../.../.E-mail* ............................................................*Pour recevoir nos avantages exclusifs destins aux abonns et consulter la version numrique.

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  • BelgiqueGwendolyn Ruttenconnatra-t-elle le sortde Caroline Gennez ?

    Les temps sont durs pour les jeunes femmespolitiques qui tentent de sortir du rang.Vous avez dit machisme ?

    De Morgen Bruxelles

    La prsidence de CarolineGennez (SP.A) a t dli-brment torpille dansun climat intellectuel dltre setraduisant par le refus daccor-

    der la moindre autorit desjeunes femmes progressistes.Qui empchera Gwendolyn Rut-ten (Open VLD) de subir lemme sort ?Gwendolyn Rutten est une

    andouille librale. Pardon :

    Gwendolyn Rutten est la Mar-lne de Wouters [figure bien con-nue de la tlvision commerciale,qui a notamment fait carrire surVTM] de chez Aldi. Mais en ruine.Ah oui, et encore celle-ci :Gwendolyn Rutten shabille avec

    des sacs poubelles bleus. Pourcouper court toute ambigut,les affirmations qui prcdentne refltent pas notre propreopinion mais sont des ractionsqui ont t mises sur Twitterpar des tlespectateurs de

    lmission Terzake (VRT) danslaquelle Gwendolyn Rutten sex-primait sur sa candidature laprsidence de lOpen VLD. Onserait presque tent de dire quecette liste dinvectives mollesest encore acceptable. Mais il y a

    D'UN CONTINENT L'AUTRE Courrier international n 1151 du 22 au 28 novembre 201210.

  • De Morgen Bruxelles

    Kristl Strubbe, lchevine li-brale des Finances de Ma-lines, na pas t vraimentravie de dcouvrir les chiffres r-cemment rvls par les jeunes deson propre parti. En 2001, les gli-ses deMalines avaient cout 22829euros la Ville. En 2011, le mon-tant de ce mme poste sest lev 896081 euros. Rien que sur lesquatre dernires annes, laug-mentation est de 94 %. Cestexact, admet-elle. Mais en tantquchevine, vous tes mise dos aumur. Vous devez payer. Et cela cotede plus en plus cher. Lentretien desbtiments cote une fortune. Les fac-tures nergtiques ont aussi forte-ment augment. Mais la bonne vo-lont y est : dsormais, toutes les d-penses font lobjet duneconcertation.Le problme cest que du ct

    des fabriques dglise, les caissessont vides. Les villes et les commu-nes sont obliges de suppler lorsqueles fabriques dglise narrivent plus payer, prcise Jan Leroy, delUnion des Villes et Communesflamandes (VVSG). Il existe 1800fabriques dglise et, selon les der-niers chiffres dont nous disposions,elles cotent 70 millions deuros auxcollectivits locales.Selon Jan Leroy, ces montants

    sont partout en augmentation,mme si celle-ci nest pas tou-jours aussi spectaculaire qu Ma-lines. Dans certaines localits, cestvraiment une lourde charge, affir-me-t-il. Certainement dans de peti-tes communes qui comptent plu-sieurs fabriques dglise.

    Nous les incitons fermement tre les plus conomes possible, ditMyriam Maes, chevine SP.A Oudenburg [prs dOstende], oles cots sont galement en aug-mentation. Lextrieur des glisesnest plus clair la nuit, nous en-courageons les achats groups. Maiscela cote quand mme beaucoupdargent. Pour linstant, nous ensommes 130000 euros par an.Les fabriques dglise sont bien

    conscientes de laugmentation deces cots. Mais je ne vois pas ce quenous pouvons y faire, estime JorisDe Jonghe, qui suit la situationdans lvch de Gand. Augmen-ter les recettes nest pas une option.Lessentiel des recettes des fabriquesdglise provient des collectes. Cer-

    taines ont des placements mais riende tout a nest plantureux de nosjours. Ce qui reste, cest la locationde btiments, mais les fabriquesdglise sont loin de toutes en poss-der.

    Les mariages et les enterrementsont dj augment il y a deux ans.Ils cotent maintenant 250 euros,poursuit Joris De Jonghe. Nousne pouvons pas nouveau changerles prix. Certaines glises deman-dent dsormais une contributionpour les concerts qui y sont organi-ss mais celle-ci se monte tout auplus quelques centaines deuros.De temps en temps, lide de fairepayer les touristes refait galementsurface mais cela suscite peu den-thousiasme. Quant faire des co-nomies... Sur quoi? Les fabriquesdglise sont dj trs peu dpensi-res.De temps autre, une com-

    mune arrive tout de mme dimi-nuer sa facture. A Heers, parexemple, dans le Limbourg, alorsquil ny a pas moins de 13 fabri-ques dglise. Au dbut de la lgis-lature nous devions chaque annemettre 140000 euros sur la table,explique Freddy Dawans (SP.A),chevin sortant. Maintenant, cestdevenu 80000 euros. Nous vrifionstout. Si les hosties ont cot 100 eurosen 2011 par exemple, il ny a pas deraison de budgter 300 euros pourlanne suivante.Le ministre de tutelle Geert

    Bourgeois (N-VA) souhaite conna-tre les objectifs de toutes les glisespour 2014 et lvque dAnvers, MgrJohan Bonny, a galement estimdernirement quil tait ncessairede rationaliser la gestion des gli-ses et des fabriques dglise. Et lasemaine dernire, la confrencepiscopale a promulgu une direc-tive pour prciser que lutilisationmultifonctionnelle des glises pouvaittre autorise pourvu que les activitsorganises soient compatibles avec laspcificit dun sanctuaire chrtien.Mais mme si lon transformait

    toutes les glises en temples de laculture, les communes ne seraientpas encore sorties daffaire. Beau-coup dglises sont des monumentsclasss, rappelle Johan Leroy. Quelon y organise des reprsentations ar-tistiques ou des offices religieux nechange rien laffaire : dans les deuxcas, il faut payer les frais dentretienet de chauffage.

    Kim Herbots

    Dessin de Galle Grisard,pour Courrier international.

    SOCIT

    Les glises cotentde plus en plus cheraux municipalitsA Malines, le budget fabriques dglise de la Ville apratiquement doubl en quatre ans et la citarchipiscopale est loin de constituer une exception.

    quand mme une sorte de syst-matique dans le sexisme cons-ternant.Bien entendu, les forums de

    discussion des sites dactualits,Twitter et, de temps autre, Fa-cebook avec ses hate-groups,servent plus souvent qu leurtour de vecteur pour la pensede caniveau. Mais il y a un typede victime qui revient particu-lirement souvent : les jeunesfemmes qui nont pas leur lan-gue dans leur poche et se situentplutt du ct progressiste duspectre politique. Et ce quifrappe, cest que ce nest prati-quement jamais leurs optionspolitiques qui sont vises. Cequi est remis en cause, cest leuraspect physique, leur corps ouleur manire de shabiller. Alinstar de Gwendolyn Rutten,jeudi dernier, qui, selon certains,tait vtue dun sac poubellebleu. Est-ce quelquun a djfait la moindre remarque sur lescostumes bleus foncs dAlexan-der De Croo ?

    Et on ne parle pas ici de luneou lautre soire au cours de la-quelle une poigne de sangliersmachos se seraient laisss aller des propos peu inspirs. Onparle dattaques systmatiquesdiriges contre des jeunes fem-mes dcides en sen prenant une partie de leur identit pro-pos de laquelle il est normalquelles soient sensibles et vul-nrables : leur fminit.La manire choisie par un

    groupe tapageur de Flamandspour sen prendre aux femmesqui osent sexprimer est assezsymptomatique dun climat po-litique au sein duquel il est demoins en moins accept quequiconque ose encore sortir dulot ou sexprimer de manirediffrente. Les dbats politiquesse rduisent de plus en plus des jeux cyniques au cours des-quels la seule chose que chacunessaie de faire est de dnigrerson adversaire. Cest devenuplus une question de faire lesgros yeux que de dvelopper desarguments.Tout cela donne une image pi-

    toyable et fausse de ce que la po-litique est en ralit : une con-frontation civilise dopinionsdiffrentes. Est-il permis dequalifier ce genre de discourscynique dagressif et de macho ?Il tait en tout cas significatif de

    constater que, lors du dernierdbat entre prsidents de parti,juste aprs les lections du 14octobre, il ny avait plus que deshommes autour de la table. Etcest tout juste sils ne se sontpas mordus la gorge. De nosjours, il est bien plus scurisantpour une femme jeune et pro-gressiste de rester femme aufoyer que dexercer un mandatpublic.Mon excellente collgue, et

    tout aussi aussi excellente dito-rialiste, An Goovaerts a pu senrendre compte quand elle estvenue tmoigner dans lmis-sion De Kruitfabriek sur le ph-nomne du downdating [cher-cher rencontrer un partenairemoins diplm ou qualifi quesoi]. Le compte Twitter delmission sest aussitt mis dborder de ractions mal-veillantes et dinsultes virulen-tes, un point tel que la rdac-tion de cette mission de lachane Vier, qui ny tait pour-tant pour rien, sest sentie obli-ge dadresser ses excuses laresponsable de notre service Po-litique intrieure.Ce qui est encore plus frap-

    pant, cest ce qui est arriv laprsidente du SP.A, CarolineGennez. On peut invoquer diff-rentes raisons pour expliquerson chec mais ce qui est sr,cest que son autorit a t gra-vement sape par les commen-taires insultants auxquels elle at systmatiquement confron-te sur les forums lors de cha-cune de ses apparitions tlvi-suelles. Sur son nez soi-disanttrop grand et sa poitrine tropavantageuse pour rsumer les-sentiel de ceux-ci. Son timbre devoix, sa bouche et sa manire deshabiller ntaient pas en restenon plus. Non pas quelle sensoit jamais plainte. Parce que lemoindre signe de faiblesse suffit prcipiter sur vous la meute dechiens enrags, cest bien ainsique cela fonctionne.Le problme nest pas tant ces

    lourds commentaires que lastratgie qui se cache derrireeux. Le fait de traiter une femmede connasse mine lautorit decette femme. Cest une manirede faire savoir aux femmes quece quelles ont vous dire nevous intresse pas parce que detoute faon, elles sont des inca-pables par dfinition.On pourrait conseiller celles

    qui ne supportent pas ce niveaude discussion de se tenir lcart de Twitter et de Face-book, mais ce nest pas si simple.Cest sur ces rseaux sociauxque les perceptions se construi-sent. Les leaders dopinion et lesjournalistes surfent sur ces r-

    seaux pour sentir do vient levent. Si de jeunes femmes pro-gressistes se voient constam-ment traiter de nullits, cela fi-nit par laisser des traces sousforme de on a limpression que,les gens disent que, la percep-tion gnrale est que et en moinsde temps quil nen faut pour ledire, une rputation est enta-che. Cest bien l le but.

    Cest ainsi que les jeunesfemmes progressistes sontpousses doucement vers leprcipice. Le mcanisme der-rire tout ceci est toutefois rela-tivement plus complexe. Parceque lultime pichenette est tou-jours donne par les partisanset les coreligionnaires quinprouvent curieusement pasle besoin de se grouper commeun seul homme derrire leurcheffe. Et quil ny a curieuse-ment jamais un seul homme quiest jet par dessus bord lorsquela femme fait naufrage. Celaaussi, cest lhistoire de CarolineGennez.Liesbeth Homans (N-VA),

    elle, ne fait pas lobjet de ces at-taques sur les rseaux sociaux.Parce quelle ne fait pas partiede cette engeance progressistequi est vise. Mais aussi parceque Bart De Wever ne laisse pasune seule seconde planer ledoute sur le fait que LiesbethHomans est sa numro deux etquelle est par consquent in-touchable.Gwendolyn Rutten jouira-t-

    elle de ce mme privilge, dtreentoure dhommes et de fem-mes loyaux ? Ne se laisseront-ilspas entraner dans la spirale deperception ngative qui, cestcrit dans les toiles, affectera un moment donn leur prsi-dente ? Tous ceux qui connais-sent un peu le pass de lOpenVLD en matire dunion sacreretiennent certainement leursouffle. Ou comme la rcem-ment comment sur TwitterCaroline Copers, la patronne dela FGTB, (et, comme telle, pasparticulirement connue pourses affinits avec lidologie li-brale), Rutten na pas la mmesensibilit politique que moi. Maisjespre quelle se rend comptedans quoi elle met les pieds. Ce neserait pas la premire femme tre sacrifie.

    Bart Eeckhout

    Lultime pichenetteest toujours donnepar les partisans etles coreligionnairesqui nprouventcurieusement

    Le fait de traiterune femme deconnasse minelautorit de cettefemme

    Courrier international n 1151 du 22 au 28 novembre 2012 11

  • El Pas Madrid

    Sil est une vertu quon nepeut pas nier la Luxem -bourgeoise Viviane Reding,cest la persvrance. Depuis quecette commissaire europenne che-vronne a pris le portefeuille de laJustice, elle a entrepris une rudebataille pour accrotre le pouvoirdes femmes europennes en lesintgrant aux conseils dadminis-tration des grandes entreprises.Elle nest pas la seule. Sur le conti-nent, de nombreuses organisationsse battent dans le mme but. Lesrsultats sont dcourageants,comme on pouvait peut-tre syattendre, car on touche directe-ment aux instances dirigeantes, lo pas un seul homme nest prt cder galamment sa place unedame. Do lchec de la premireproposition de Reding, en mars2011 :inviter les grandes entreprises pratiquer volontairement la parit.

    Les systmes de quotas, si rpan-dus par ailleurs dans nos dmo-craties, ne bncient dans cedomaine ni du soutien unanimedes Etats lAllemagne, notam-ment, prfre lautorgulation,ni de celui de la socit dansson ensemble. Et force est dereconnatre quil existe de solides arguments contre: libert de len-treprise, mritocratie contre parit,fondement juridique,etc. La dis-crimination est pourtant vidente:86,3% des membres de conseilsdadministration sont des hommes,et ce sur un continent ayant beau-coup uvr pour lgalit et o60% des nouveaux titulaires delicences sont des femmes.

    Autant dire que rester les brascroiss en attendant que dici undemi-sicle un dsquilibre siinjuste soit corrig deviendra bien-tt une option minoritaire enEurope. Sur les vingt-sept pays delUE, onze ont dj lgifr pourimposer le changement dans undlai un peu plus bref. Ces loissont trs jeunes, beaucoup ontt adoptes au cours des troisdernires annes. Cest le cas enBelgique, au Danemark, en Franceavec des rsultats spectaculaires,il est vrai, en Italie, aux Pays-Bas et en Slovnie. LEspagne apris les devants avec les pays nor-diques. Ce sont des lois trs timidesqui ont tout de mme acclr lesintgrations aux conseils dadmi-nistration, bien qu un rythmetrs modeste (elles sont passes

    DUN CONTINENT LAUTRE

    Unioneuropenne

    III. Courrier international no 1151 du 22 au 28 novembre 2012

    Parit. Bruxelles a raisonde vouloir des quotasPuisque les femmes continuent dtre sous-reprsentes au plushaut niveau des entreprises malgr les appels rguliers favoriser la parit au travail, la Commission europenne a raison dimposerdes quotas, estime une chroniqueuse espagnole, qui regrette quecette mesure ne soit que provisoire.

    Il ny a certes pas de quoi pavoiser,mais la situationnest pas non plusdsespre

    Dessin de Cost, Belgique.

    12.

  • EUROPE.Courrier international no 1151 du 22 au 28 novembre 20120 IV

    Politique, socit, dbatsRetrouvez toute lactualitde lEurope en dix langues

    www.presseurop.eu

    CONTREPOINT

    UndirigismemoralmalvenuIl revient chaque pays de dcider de la manire dont il entend garantir lgalit des droits entre hommes et femmes. Dans son propreintrt, Bruxelles ferait mieux de ne pas sen mler.

    tels quotas devraient dmissionner sur-le-champ, sils veulent quon les croie. Aprstout, nul nest irremplaable, et les tra-vailleuses qualies ne manquent pas quioserait prtendre le contraire?

    A lchelon europen, la commissaireViviane Reding [qui souhaite imposer desquotas de femmes dans les conseils dad-ministration] a raison. Depuis quelque temps,les pays de lUE seorcent chacun de leurct de satisfaire aux dispositions de leursConstitutions respectives et leurs obliga-tions en matire de respect des droits delhomme, ainsi que de faire appliquer lga-lit des sexes au quotidien. Cela va bien au-del de la simple rgle de droit: toute socitlibrale a intrt ce que chacun puisse trou-ver le bonheur sa faon. Comment fairepour concilier les nombreux intrts fami-liaux et professionnels en jeu? Cette mis-sion est minemment du ressort des Etatset Bruxelles ne doit pas se laccaparer.Linstauration de quotas dans les conseils

    Frankfurter AllgemeineZeitung Francfort

    Oui, il est toujours l, le fameux pla-fond de verre qui interdit aux femmeslaccs aux postes responsabilits.Mais ce plafond nest pas une fatalit. Cesont des tres humains qui dcident des pro-motions; ce sont des tres humains qui xentles conditions et le cadre de lvolution pro-fessionnelle. Des tres humains? La plupartdu temps, ce sont des hommes. Lesquels,de plus en plus, doivent se justier de leurprsence pour cette raison dj, nul nepeut prtendre que rien ne change.

    Cela tant, la promotion de femmes des postes de supplantes adjointes(dhommes, bien entendu) ou les profes-sions de foi gratuites de chefs dentreprisedge mr se dclarant soudain favorables lintroduction de quotas stricts de femmesrelvent plus de limposture que dautrechose. Ceux qui exigent la mise en place de

    Dessin de Cost, Belgique.

    dadministration ne rsout pas le problmedes nombreuses mres de famille placardi-ses dans le monde professionnel par lesemployeurs, mais aussi par leurs propresconjoints.

    Mais, surtout, lUE continue de scier labranche sur laquelle elle est assise. Au sou-hait de Viviane Reding de renforcer le rlepolitique de la Commission (est-ce encorefaisable?) sopposent les souhaits bien dif-frents des pays qui portent lUnion euro-penne. Si le sermon sur la ncessit de plusdEurope est accept, cest uniquement dufait de la crise de la dette. Autrement, on nelentendrait plus.

    Dans la pratique, lomnicomptence delUE, qui trouve souvent le soutien des Etatsmembres, est lune des causes de la crise deconance que traverse lEurope. Si, en plusde cela, lUnion augmente la dose de diri-gisme moral, une chose est claire: elle doitrevenir la raison.

    Reinhard Mller

    de 11,8% 13,7%). Il ny a certespas de quoi pavoiser, mais la situa-tion nest pas non plus dsesp-re. LUE ne dispose dun vraipouvoir de dcision que sur lesquestions agricoles, commercialeset de comptences. Dans les autresdomaines, les avances seec-tuent avec une grande convictionet encore plus de persvrance,avec pour objectif de faire passerdes ides lchelle nationale etaussi dans les traits internatio-naux. On pense notamment labataille contre le rchauementet lchec europen concernantlimposition dune taxe sur la pol-lution aux compagnies ariennestrangres. Sur le chapitre de lga-lit, les rsistances sont tout aussifortes et elles ont sans doute lesmmes causes. Les intrts co-nomiques, le systme de produc-tion, les habitudes

    La Commission europenneest bien place pour savoir com-bien il est dicile de recruter desfemmes. Tous les cinq ans, Bruxellesimplore les gouvernements deprsenter des candidates et nesttoujours pas parvenu composerun collge de commissaires com-prenant plus dun tiers de femmes.Zapatero a donn une impulsion la parit dans la vie politiqueespagnole, mais Rajoy na pas suivison exemple.

    Pour faire passer son initiative,Reding a mis un peu deau dansson vin. Mais prvoir que la pro-position ait un caractre tempo-raire et expire en2028 parat peuraliste. Je doute qu cette date,avec des rgles si peu contrai-gnantes lchelle europennecomme au niveau national, on enait ni avec une discriminationaussi agrante.

    Gabriela Caas

    13

  • Le Flambeau Bamako

    Sil y a une vidence aujour-dhui qui ne soure aucunecontestation au Mali, cestbel et bien limminence de la recon-qute des rgions occupes et lalibration trs prochaine du paysdes mains des groupes islamisteset terroristes.

    A la question de savoir si cela sefera par la ngociation (pile) ou laguerre (face), il faut tre dans lesecret des dieux pour avancer unerponse exhaustive. Nanmoins,force est de reconnatre que lesralits sont en train de changersur le terrain, mme si demeurentencore de nombreuses zonesdombre et beaucoup de paradoxesquil faudra clarier pour vitertoute erreur de jugement.

    En termes de zones dombre,soulignons, entre autres, les ambi-guts de la mdiation burkinab-algrienne, les manigances ettractations en vue de lacquitte-ment du MNLA [Mouvementnational de librationde lAzawad] et dAnsarDine [Les dfenseursde lislam], et bien en -tendu le silence presquedolosif du Mujao [Mou -vement pour lunicitet le djihad en Afriquede lOuest] et dAqmi[Al-Qaida au Maghrebislamique] quant au changementde camp de leurs partenaires.

    Quant aux paradoxes suscitspar la question, il serait intres-sant, dans un premier temps, de sedemander quelles sont les raisonsqui poussent daucuns dissocierle MNLA et Ansar Dine dAqmi etdu Mujao, sachant quils ont touscombattu ensemble le mme pays,commis les mmes atrocits et par-tagent les mmes ambitions quandbien mme leurs modus operandidirent quelque peu.

    Ensuite, il sagit danalyser lop-tion politique envisage par leMNLA et Ansar Dine face la pers-pective de lintervention arme quise peaune de jour en jour. Toutesces proccupations, eu gard ladiplomatie du bton (avec la France,la Communaut conomique desEtats de lAfrique de lOuest [C -dao]) et celle de la carotte (souslimpulsion de lAlgrie et duBurkina), entreprises de part etdautre, devront aboutir desrexions critiques sur les deuxoptions (politique et militaire) quise prsentent actuellement dansla rsolution de la crise du Nord.

    Les ngociations en vue de larsolution de cette crise sont pla-ces principalement sous lgidede la Cdao, travers le BurkinaFaso et, accessoirement, lAlgrie.La mdiation algrienne, au-delde laspect stratgique, remonte

    des annes, tandis que le choix duprsident du Faso [Blaise Com -paor], manant de la Cdao,dnote lide selon laquelle lhommeserait apparemment le seul diplmde lcole de mdiation de la sous-rgion, pour ne pas dire le ngo-ciateur Afrique agr par la Francesous Sarkozy. Ces deux mdiations,compte tenu de certains vne-ments suspicieux, mritent dtreanalyses en profondeur.

    LHistoire a prouv que la mdia-tion algrienne, dans la crisemalienne, a plus prot lAlgriequau Mali. Tous les accords signsen la matire ont t facilits parAlger. Qu cela ne tienne, le pro-blme a empir et les accords ontt pitins, do la ncessit deremettre en cause cette mdiationet daller vers une approche plusneutre de la crise.

    Linuence de lAlgrie dans lesdirentes crises maliennes nacontribu qu dplacer le pro-blme et protger les intrts desTouaregs au dtriment de ceux du

    peuple malien, et ceavec la complicit denos dirents rgimespolitiques.Quant au Burkina, samdiation est de plusen plus dsavoue parla majeure partie desMaliens, du fait quilaccueille et entretient

    plusieurs responsables du MNLA.Dans le souci de prserver la cr-dibilit du dialogue et de bannirtoute prise de position, il est urgentde dlguer denouveaux interlo-cuteurs plus neutres, crdibles etsusceptibles de peser sur le planinternational. Le Sngal et le Nigerpourraient jouer ce rle.

    Aussi, quelles sont les promessesfaites au MNLA et Ansar Dine enchange de leur loignement duMujao et dAqmi? Pourquoi lAlgrieet le Burkina sobstinent-ils sauverces deux mouvements et surtout les prsenter comme des solu-tions pour la reconqute du Nord?Certainement pour combattre leurspartenaires terroristes ou camou-er les anits qui les lient peut-tre. Le deal entre les mdiateursde la crise malienne et ces mouve-ments arms, passibles de poursuiteau mme titre que les ter roristes,va-t-il dans lintrt du peuplemalien?

    Autre lment danalyse: les rela-tions entre Ansar Dine et le Mujao,qui revendiquent tous deux lins-tauration de la charia. Est-il pos-sible que ces deux mouvements sedissocient? Dicile de rpondrepar la ngative. Ils nont pas hsit se dbarrasser du MNLA, fautede convergence de sa cause avec laleur. Toutes ces rexions prou-vent que loption politique, sil doity en avoir une, ncessite des

    duncontinent lautre.afrique

    Courrier international no 1151 du 22 au 28 novembre 2012DUN CONTINENT LAUTRE

    Afrique .........Amriques .......Asie ............Moyen-Orient ....Europe ..........France ..........

    FOCUS

    LAlgrie et le Burkina Faso cherchent toujours une solution politique avec les rbellions touaregslaques (MNLA) et islamiste (Ansar Dine). Pendant ce temps, la communaut internationaleprpare la guerre.

    Mali. La guerre oula ngociation ?

    Miliciens du Mujao dans la cour de la police islamique de Gao. Ils rgnent sur la ville.Issouf Sanogo/AFP

    14.

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    16

  • AFRIQUE.Courrier international no 1151 du 22 au 28 novembre 2012

    A la reconqute du Nord Les eectifs des unitsmaliennes, qui avoisinaient les7000hommes au dbut de2012,sont aujourdhui rduits en raisondes dsertions, mais aussi du dmantlement, aprs le coupdEtat militaire de mars dernier, delunit dlite des parachutistes quiassurait la garde prsidentielle. Il est peu probable quau cours des prochaines semaines le Malipuisse dployer plus de 3000soldats susammentprpars. Les principaux lmentsde lintervention devraient donc tre fournis par les armesdautres pays dAfrique de lOuestsous lgide de la Communautconomique des Etats de lAfrique de lOuest (Cdao). Une force de 3000 3500hommes pourraitainsi tre mise sur pied. Le membre le plus important de cette force serait probablementle Nigeria, suivi du Burkina Faso.Cependant, mme les autoritsnigrianes ne pourraient sans

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    Tamanrasset

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    Etatsmembres de la Cdao

    ALGRIE

    MAURITANIE

    S.

    GUINE

    MALI

    NIGER

    NIGERIA

    GHANA

    BNIN

    CTEDIVOIRE TO.

    BURKINAFASO

    500 km

    Bamako

    Arlit

    TombouctouGao

    Kidal

    Mopti

    S A H A R A

    Niger

    AZAWAD

    Villes contrles par les islamistes dAnsar Dine ou du Mujao Territoire chappant au gouvernement central (lAzawad) Pays qui pourraient envoyer des troupes pour reconqurir le nord du MaliAbrviations : S. Sngal, TO. Togo

    COUR

    RIER

    INTE

    RNAT

    ION

    AL

    A la veille dune intervention militaireLe Mouvement national de libration de lAzawad(MNLA) est lac et rclamelindpendance du nord du Mali. Ds avril 2012, le MNLA contrle lessentielde la rgion, mais il en esttrs vite chass par les autresgroupes.Ansar Dine (Les dfenseursde lislam). Ce groupeislamiste a t fond enmars2012 par Iyad Ag Ghali,ancien rebelle touareg dans les annes1990, devenu intgriste.Al-Qaida au Maghrebislamique (Aqmi). Enjanvier2007, les intgristesalgriens du Groupe salastepour la prdication ete combat (GSPC) salient Al-Qaida et deviennent Aqmi. Mouvement pour lunicit et le djihad en Afrique de lOuest (Mujao). Cest une dissidence dAqmi qui se recentre sur les payssahliens.

    doute pas envoyer plus de 600hommes tant donn leurspropres problmes de scuritinterne. Lintervention aurait plusde chances daboutir si lAlgrie lui apportait son soutien. Tout celadonne penser que la rgion serajuste capable denvoyer une forcede quelques milliers dhommesvenus dau moins six pays, forcequil faudra quiper et entranerpour quelle puisse combattre sur de longues distances et sur des terrains diciles contre des groupes paramilitaires rompus aux tactiques de la gurilla. Autant dire quelle chouera dans sa tche, mme avec les conseilset le matriel militaire fournis parlEurope, et plus particulirementla France. Il est probable quil y aura une intervention militairedirecte de forces occidentales sur le terrain. Selon une sourcediplomatique europenne, ces soldats ne joueraient quunrle ax sur lentranement, mais cette thorie ne tient pas debout.

    Paul RogersOpenDemocracy(extraits) Londres

    Glossaire

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  • Courrier international no 1151 du 22 au 28 novembre 2012

    Ahmed Adimi, ancien ocieret enseignant en sciencespolitiques: Il fut un tempso pas une mouche ne volaiten Afrique sans volontalgrienne. Aujourdhui,lAlgrie est absente du continent et nos frontires sont de vritables passoires.

    Mourad Goumiri, prsidentde lAssociation desuniversitaires algriens pourla promotion des tudes descurit nationale: LAlgriea trs mal vendu sa politiquetrangre, en Afrique dune manire gnrale et au Mali en particulier.Le romantisme politique et diplomatique, dont ellesest nourrie, na pas tenula route face au ralisme doubl de pragmatisme des autres nations.

    Abdelaziz Rahabi, porte-parole des Aairestrangres en 1989 etconseiller aux Aairesafricaines en 1990: Cest le prestige de la guerre delibration qui a port la voixde lAlgrie. Nous sommesrests attachs au discoursanticolonialiste et nousavons manqu dambition.

    EEl-Watan (extraits) Alger

    Tmoignage

    Lettre dun officiermalienLe 31octobre, le lieutenant-colonel Diallo publie un textechoc et entame une grve de la faim pour dnoncerlinertie de larme. Depuis le12novembre, il est aux arrts.

    Lacte que je poseaujourdhui devant le destin et lHistoire nest ni une incitation la rvolte, ni un appel la violence. Je suis indign et rvolt. Mon pays est agress et occup dans ses deux tiers pardes bandits arms, des barbaresapatrides et autres mcrants qui,au nom dun islam mal assimil,sment la terreur dans le septentrion du Mali. Devant cette tragdie humaineinqualiable, monsieur le Prsident, le silence mtoue.Depuis le dbut de ce conit,larme malienne est reste dansune lthargie totale, ballotteentre la peur et le ridicule. Elle est

    aujourdhui au bord de limplosion,mine par de graves dissensionsinternes, des querelles intestinesinsenses, des conits fratricidesincomprhensibles, gangrene parune profonde crise de conance etde commandement.Il est certainquaucune arme ne peut gagnerla guerre dans la division,la suspicion et lindiscipline deshommes. Il apparat aujourdhuiindispensable que larmemalienne se rconcilie avec elle-mme dans un sursaut national

    an daller la reconqute des territoires perdus, unie et solidaire. Il lui faut engager le combat avec les moyensdisponibles et attaquer lennemisans dlai et sans attendre les soldats de la force africaine.Larme malienne, aprs sa dfaite, a opr un replistratgique sur le terrain,certes, mais elle a cess le combat; elle a rang le matriel et attend aujourdhui un miraclequi ne se produit toujours pas.

    Ds la diusion de cette lettre, on menverra srement une hordede soldats pour me faire regrettermon acte. Mais les commanditaires dune telledcision se trompent, car je vispour un idal, celui de servir monpays, en tous temps, en tous lieux,en toutes circonstances, sans condition aucune, au prix de ma vie sil le faut.

    Lieutenant-colonel Seydou Moussa Diallo

    LIndpendant (extraits) Bamako

    CommentlAlgrie aperdu lAfrique

    LINDPENDANTBamako, MaliQuotidien, 10000ex.Cr en 1996 au cours de la transition dmocratique qui a suivi la chute de la dictature deMoussa Traor (1968-1991), le titreest lun des quotidiens phares dupays. Gnraliste, il ne revendiqueaucune appartenance politique ni idologique. Son fondateur etdirecteur, Saouti Labass Hadara,trs respect, anime une quipedune trentaine de journalistes.

    SOURCE

    Le 11 octobre, des milliers de manifestants rclamentlintervention militaireouest-africaine. Photo Habibou Kouyate/AFP

    AFRIQUE

    Le Matin (extraits) Alger

    Devant la pousse militaristeafricaine, tlguide par uneFrance soucieuse sans doutede garder la main sur luranium etautres matires premires dont largion regorge, lAlgrie a pch parmanque de clairvoyance. Voil quellebrandit lunique rponse: fermerses frontires.

    Aux frontires fermes avec leMaroc se sont ajouts les 900kilo-mtres avec la Libye, et maintenantce sont les quelque 1400kilomtresde la frontire avec le Mali qui seronthermtiques. A limage de son pr-sident qui senferme dans son palais,lAlgrie se bunkrise, senferme, dfaut dinuer sur ses voisins.

    Alger armait quelle avait lamme analyse que la France et lesEtats-Unis; pourtant, dans les faits,il y a loin de la coupe aux lvres.Alors que Paris et Washington pres-sent la Cdao de prsenter un planmilitaire, lAlgrie a de nouveauplaid en faveur dune solution poli-tique la crise malienne.

    Quand Alger parle dialogue, leprsident Bouteika pense Ansar

    Dine, qui est un des pendants narco-islamistes cumant le Sahel maisqui demeure dans les grces du pr-sident. LAlgrie nvoque aucune-ment le Mou vement national delibration de lAzawad (MNLA),accus de sparatisme. Pis, les pontssont coups entre ce mouvementtouareg et les autorits algriennes.Pourtant, cest bien le MNLA qui aouvert la bote de Pandore malienneen chassant de lAzawad larme deBamako [ janvier2012]. A lpoque,le pouvoir Bamako, rong par lacorruption et les aaires de drogue,est tomb comme un fruit pourri.Aujourdhui, le MNLA, anti-isla-miste et lac, ne gure pas dans lecalendrier des va-t-en-guerre.

    En attendant cette reconqutemilitaire que certains projettentpour la n du printemps 2013 (riennest prt, si ce nest limpatiencede Bamako den dcoudre), lAl -grie parat en dcalage avec laCdao, les Etats-Unis et la Francerunis. Dans sa volont de dialo-guer avec les islamistes, elle atourn le dos aux acteurs les plusinuents du Sahel.

    Hamid A.

    Bouteika ou lchecde la diplomatieEn cas dintervention militaire, Alger devrait fermerses frontires.

    impratifs, dont la transpa-rence, la crdibilit et la justice, et,par ricochet, de nouvelles bases etde nouveaux interlocuteurs (leSngal et le Niger, par exemple).Sinon, la seule alternative qui resteserait lintervention arme, dontla dynamique est dj enclenche.Des questions de fond demeu-rentquant cette hypothse. Ilsagit de ltat de prparation desmilitaires maliens, de la concor-dance de vues entre le Mali et sespartenaires (Cdao, pays voisins,pays occidentaux) entermes de stratgieset dintrts,etc. Ces direntes proccupa-tions, bien que soule-ves lors de rencontresen la matire, nont tou-jours pas fait lobjet demesures et/ou dactionsconcrtes.

    Par ailleurs, il est important demener une rexion sur les acro-baties politico-diplomatiques dontfont montre certains acteurs dela crise malienne pour dissocierle MNLA et Ansar Dine dAqmi etdu Mujao. Cette tentative de spa-ration est la fois dangereuse etaventureuse pour le Mali. Il estimportant de faire la part deschoses, au risque de les lgitimeret de jeter les bases dune colla-boration compromettante.

    Linstrumentalisation de ces deuxmouvements pour combattre lesterroristes dAqmi et du Mujao re -viendrait tout simplement pi -ger le Mali et obliger les Maliens

    accepter des personnes par le biaisdesquels les terroristes ont pris lecontrle des deux tiers du terri-toire national.

    Le MNLA et Ansar Dine ne valentpas mieux que le Mujao et Aqmi.Sils veulent prouver le contraire,cela doit se faire sans conditions.Il est du ressort de la communautinternationale, sous limpulsiondu Mali bien entendu, de com-prendre que la volont de ngo-ciation de ces deux mouvementsrelve plus dun aveu dimpuis-

    sance que dune rellevolont de solutionngocie.La guerre pour la recon-qute du Nord devratre mene contre tousles groupes arms etterroristes. Sauf si leMNLA et Ansar Dinedposent les armes sans

    conditions et en toute responsa-bilit (cest--dire rpondent deleurs actes devant la justice) et serallient avant le d clenchement desoprations militaires. Notons quela sparation fallacieuse que les unset les autres tentent doprer entreMNLA, Ansar Dine, le Mujao etAqmi ne demeure, jusque-l, quunjeu de mots et non une solutiondnitive au problme.

    Le plus important reste la lib-ration du Nord et la restaurationde lintgrit du territoire national.Mais une guerre mal prpare etmal mene conduirait une afgha-nisation du Mali.

    Fousseyni Maga

    FOCUS

    SUR NOTRE SITEcourrierinternational.com

    A lire galement: Toute la population se soulvera contrelOccident, une interview, par le quotidien algrien El-Watan,du porte-parole du commandementdu MNLA dans la ville de Mnaka.

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  • The New York Times(extraits) New York

    Quelque part dans le ciel, au-dessus de lAmrique duSud: Janimerai peut-treune mission de dcoration la tl,lance Hillary Clinton.

    Quelques semaines avant llec-tion prsidentielle du 6novembre,la secrtaire dEtat, de retour dunvoyage clair au Prou, esquivaitainsi, sans grand enthousiasme,le sujet qui agite le microcosmepolitique aux Etats-Unis: sera-t-elle candidate en 2016?

    Obama ne sera investi ociel-lement que dans deux mois, maisles spculations vont dj bontrain. Tous les jours, les gens abor-dent Hillary Clinton pour lui direquil est de son devoir de se pr-senter et de donner aux Etats-Unis leur premire prsidente.a narrte pas, souligne-t-elleen rprimant un rire. Rpondre ce genre de sollicitations estpresque devenu un second mtierpour elle.

    Elle sen tire par des variationssur le thme du cest peu probable.Mais plus elle se dle, plus on lapresse de questions. Elle prfrerorienter la conversation verstoutes les choses quelle comptefaire lorsquelle aura quitt sesfonctions de secrtaire dEtat. Cequi la conduit mentionner sesmissions tlvises prfres dumoment, qui traitent de la dco-ration. Je trouve a trs relaxant,avoue-t-elle.

    Elle donne eectivement lim -pression dtre dtendue et joyeuse,comme les personnes qui conser-vent leur bonne humeur malgrun manque cruel de sommeil.Durant son sjour clair au Prou,elle a prononc plusieurs discourset accord des entretiens tl viss,visit une usine textile, particip une confrence sur lmanci-pation des femmes et pass lasoire en compagnie du prsidentOllanta Humala et de son pouse.Mme Clinton appartient lcole

    diplomatique qui privilgie les rapports personnels dans les rela-tions internationales. Cest la lignede conduite quelle a adopte aucours de sa campagne pour leslections snatoriales de lan 2000.Elle tenait dinnombrables mee-tings lectoraux durant lesquelselle sentretenait directement avecles lecteurs.

    Si elle tente de nouveau sachance la prsidentielle, elle seraprobablement la candidate lamieux prpare de lhistoire desEtats-Unis. Voil une femme quia vcu la Maison-Blanche, occupun sige au Snat des Etats-Uniset qui connat pratiquement tousles chefs dEtat de la plante. Maisles Amricains laimeront-ils autanten chef de lEtat quils lont aimeen vaincue des primaires dmo-crates face Obama, en 2008, ou jadis prte rebondir dans ladversit?

    Choisir ses cartes. Je me suistoujours demand quel regard elleportait sur le cours de sa vie. Depremire dame controverse premire pouse bafoue, puis premire dame bien-aime. Decandidate parachute aux sna-toriales de lan 2000 favorite delEtat de New York. De candidatemalheureuse la prsidentiellede 2008 vedette de la scne internationale. Sa maxime, mesemble-t-il, a t de faire au mieuxavec les cartes quelle avait enmain. Son regard se ge quelquessecondes. Je choisis mes cartes, dit-elle. Je joue avec ce que jai, du mieuxque je peux. Puis je passe la mainsuivante.

    Quelle nouvelle carte va-t-elledonc jouer?

    Il est de notorit publique queson temps au sein du gouverne-ment est compt. Cela fait long-temps quelle a inform Obamade son dsir de quitter ses fonc-tions une fois le premier mandatdu prsident achev. Bien sr, sil veut prendre le temps de trouverquelquun daguerri, je ne me

    droberai pas. Mais cela ne durerapas trs longtemps.

    Ensuite, elle prendra du bontemps. Jattends avec tant dim-patience lan prochain, cone-t-elle.Je veux juste dormir, faire du sport,voyager pour le plaisir. Et me dtendre.Cela semble si banal, mais je ne laipas fait depuis vingt ans.

    On croirait volontiers cemoment prcis son manquedambition prsidentielle. A 65anspasss, elle semble vraiment trsfatigue. Dicile de savoir com-ment son corps va rcuprer lors-quelle cessera de le malmener.

    Si Hillary Clinton sen tenait ne rien dcider pendant un an,cela glerait temporairement lesspculations autour de la prsi-dentielle de 2016, du moins duct dmocrate. Elle rendrait enmme temps service aux lecteurs,qui ont bien besoin dune petitepause lectorale. Nous ne devrionspas avoir rchir ds mainte-nant sur lidentit des candidatsqui participeront aux dbats pr-sidentiels dans quarante-sept mois.Pourtant, nous nallons certaine-ment pas chapper aux spcula-tions sur les candidats potentielsdu camp rpublicain, savoir JebBush et Paul Ryan.

    A Lima, la secrtaire dEtat adonn une confrence sur le thmeLe pouvoir, ou les femmes commemoteurs de la croissance et de lintgration sociale, vtue duntailleur-pantalon noir et dunechemise de couleur vive. Cettetenue ma rappel des souvenirs.Lune de ses discrtes contribu-tions la cause des femmes enpolitique avait t de porter exac-tement la mme tenue tous lesjours durant sa campagne au postede snatrice de lEtat de New York.

    DUN CONTINENT LAUTRE DUN CONTINENT LAUTRE Courrier international no 1151 du 22 au 28 novembre 2012

    amriques

    Etats-Unis.Hillary,pare pour 2016 ?Obama rlu, tous les regardssont braqus sur la prochaineprsidentielle. La secrtaire dEtatamricaine nen fait pas mystre,elle quittera bientt ses fonctions.Pour briguer la Maison-Blanche ?Pour le moment, elle se contentedluder.

    ElectionsAnne recordpour les femmes Les femmes sont les grandesgagnantes du scrutin du 6novembre dernier. Le NewHampshire marque lHistoire endevenant le seul Etat o tous lespostes cls sont occups par desfemmes. Le nouveau Congrscomptera le nombre record de 20snatrices (sur 100sigesau Snat) et de 101femmesdputes (sur 435siges la Chambre des reprsentants).

    ElizabethWarren,shrif de WallStreet

    Professeur dedroit

    luniversitHarvard, Mme Warren a fait desclasses moyennes son combat,en crant notamment le Bureaude protection nancire desconsommateurs, une agencefdrale qui lutte contre les abusdes grandes banques. Elle a tlue snatrice du Massachusettsle 6novembre dernier.

    TammyDuckworth,battante Elle sengagedans larme

    et, en2004,est envoye

    en Irak, o elle perdses deux jambes lorsque sonhlicoptre est abattu par desinsurgs. Depuis, Mme Duckwortha travaill pour le ministre desAnciens Combattants et militepour la protection des vtranset laccs universel aux soins.Elle a t lue dpute delIllinois le 6novembre dernier.

    Si elle tentait denouveau sa chance,elle serait lacandidate la mieuxprpare de lHistoire

    La Maison-Blanche ? Cest du dj-vu Je pensais plutt des petits-enfants, peut-treDessin de Tayor Jones paru dans El Nuevo Da, Puerto Rico.

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  • Los Angeles Times(extraits) Los