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1 1 COURS DE MACROECONOMIE DEUXIEME ANNEE CF-MCV 2017-2018

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COURS DE

MACROECONOMIE

DEUXIEME ANNEE CF-MCV

2017-2018

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PLAN DU COURS Introduction générale Première partie : les fonctions de comportement Chapitre 1 : la fonction de consommation Chapitre 2 : la fonction d’investissement Chapitre 3 : la demande de monnaie Deuxième partie : les équilibres et déséquilibres macroéconomiques Chapitre 4 : l’équilibre classique Chapitre 5 : l’équilibre keynésien et l’équilibre IS-LM Chapitre 6 : les déséquilibres macroéconomiques chomage-l’inflation-déficit budgétaire

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INTRODUCTION GENERALE L’économie est une science sociale. Elle étudie le comportement des agents

(consommateurs, producteurs, administration...) qui poursuivent des objectifs qui leurs sont

propres et qui sont soumis à des contraintes que leurs imposent la société ou les

institutions. Selon Malinvaud:

"L’économie est une science qui étudie comment les ressources rares sont employées pour

la satisfaction des besoins des hommes vivant en société. Elle s’intéresse d’une part aux

opérations essentielles que sont la production, la distribution et la consommation des biens

et d’autre part aux institutions et aux activités ayant pour objet de faciliter les institutions."

L’étude de l’économie est divisée en deux grandes branches:

- la microéconomie

- et la macroéconomie

La microéconomie traite des comportements économiques individuels, ceux des

individus ou d’unités économiques prises individuellement.

Nous pouvons définir la macroéconomie comme l’étude des phénomènes

économiques globaux et de leur interaction. Plus précisément, la macroéconomie est la

branche de la discipline économique qui étudie principalement les questions liées à

l’économie globale, et qui considère de ce fait des agents agrégés. L’analyse

macroéconomique se situe au niveau global ou agrégé de l’économie. Elle cherche à

expliquer comment l’évolution des grandeurs économiques globales (l’emploi, le chômage,

l’inflation) peut résulter de la confrontation entre les décisions prises par les différents

groupes d’agents (les ménages dans leur ensemble, les entreprises, les banques ou bien

l’Etat). L’analyse macroéconomique a aussi pour but de concevoir des politiques

économiques susceptibles d’améliorer les performances économiques d’ensemble (c.à.d. au

niveau agrégé), d’où sa préoccupation pour les politiques monétaire, budgétaire, ou de

l’emploi ou de lutte contre l’inflation.

Il n’est pas possible d’étudier l’économie dans son ensemble sans prendre an compte à un

moment les décisions des acteurs individuels. Les grandeurs globales sont après tout la

résultante des variables qui décrivent les actions des agents individuels. C’est pour cette

raison que de plus en plus, l’analyse macroéconomique s’appuie sur le raisonnement

microéconomique, bien que ses objectifs soient différents. On parle dans ce cas de l’étude

des fondements microéconomiques de la macroéconomie.

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L’objet de la macroéconomie est la compréhension de l’activité économique

dans son ensemble. Cette tâche est très complexe et semble impossible tellement les

économies sont complexes. C’est pourquoi les économistes ont réduit l’économie

nationale à un certain nombre de catégories économiques à propos desquelles ils

posent un certain nombre d’interrogations fondamentales telles que : (i) quelles

sont les causes des fluctuations économiques ? (ii) pourquoi le chômage ou

l’inflation augmentent ? (iii) les politiques économiques sont elles efficaces pour

résoudre les problèmes ?....

Ces phénomènes peuvent être conjoncturels ou structurels. Dans ce dernier cas, ils relèvent

de la croissance économique, c'est-à-dire de la longue période. La macroéconomie traite

donc des phénomènes conjoncturels de courte période, avec un stock de capital

donné. Les questions principales abordées par cette discipline gravitent autour du niveau

de production, du chômage, de l’inflation, le déficit budgétaire ou enfin des équilibres

extérieurs.

Et pour tenter de comprendre ces phénomènes, les économistes se donnent une

représentation simplifiée de la réalité, en recourant à la modélisation. Mais cette tâche est

loin d’être aisée, la représentation pertinente de la réalité n’est pas une évidence. Et la

même réalité peut être représentée de plusieurs manières selon l’objectif visé par

l’étude et surtout selon les hypothèses émises sur le système économique et sur son

fonctionnement. Les hypothèses sont fondamentales parce qu’elles fixent le cadre

général de l’analyse, et les fondements des comportements des variables.

En sciences économiques, la multiplicité des écoles de pensée s’explique en grande partie

par la multiplicité des hypothèses émises sur le fonctionnement de la sphère

économique de la société. Et c’est pourquoi ce cours s’efforce de proposer

systématiquement deux approches différentes des phénomènes étudiés : une approche

classique (néoclassique) et une approche keynésienne. Le clivage fondamental visé par

ce cours va conduire à des analyses différentes des équilibres et déséquilibres

macroéconomiques objet de la deuxième partie de ce cours.

Des séances de TD sont prévues en parallèle du cours. Ceux-ci sont obligatoires et

ne vous seront profitables que si vous les préparez à l’avance.

-Afin de vous aider dans votre préparation et votre assimilation du cours, la lecture des

manuels de macroéconomie est recommandée.

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PREMIERE PARTIE : LES FONCTIONS

DECOMPORTEMENT

Si nous commençons ce cours de macroéconomie par l’analyse du comportement de consommation de l’investissement et de demande de monnaie, c’est parce que celle-ci revêt une importance capitale en analyse économique en général et en macroéconomie en particulier. Par ailleurs, la consommation et l’investissement sont en général les composantes principales de la demande globale et à ce titre elles sont au cœur du débat sur l’efficacité des politiques macroéconomiques de relance. Et c’est pourquoi leur étude est un préalable à toute modélisation des politiques économiques.

CHAPITRE 1 : LA FONCTION DE CONSOMMATION

La consommation est un acte fondateur de l’activité économique dans le sens où c’est

elle qui permet de satisfaire nos besoins (individuels et collectifs) et que ces derniers

sont à l’origine même de l’activité économique. Ce sont les besoins qui transforment

l’être humain passif en agent économique actif. Ceci étant dit, nous définissons la consommation comme un acte de destruction d’un bien ou d’un service. Cette consommation peut être finale ou intermédiaire. La consommation intermédiaire se rapporte à un bien ou un service qui n’a pas encore

achevé son itinéraire dans le processus productif et qui est appelé à être transformé en

un autre bien. Elle correspond donc à une destruction créatrice. Mais la consommation

finale est un acte de simple « destruction » destiné à satisfaire un besoin humain. Cette consommation peut être publique ou privée. Mais dans ce chapitre, nous nous intéressons exclusivement à la consommation privée des ménages. La consommation publique sera considérée comme exogène et intégrée dans les « dépenses publiques ». Notre objectif est de passer en revue les analyses de la consommation globale des

ménages en vue de trouver les variables explicatives de cette évolution, c'est-à-dire

de dégager ses déterminants.

Le déterminant premier qui a été avancé par les économistes est le revenu. Mais ce

concept peut recouvrir diverses réalités : le revenu courant, le revenu relatif ou le revenu

permanent.

Keynes retient la notion du revenu courant. Mais d’autres auteurs introduisent

certains décalages :

o Duesembery introduit ce décalage au niveau du revenu avec l’hypothèse du revenu relatif :

Ct = aYt + bYt-1

o Brown l’introduit au niveau de la consommation pour tenir compte des habitudes :

o Ct = aYt + bCt-1 + C0.

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Ces deux dernières propositions rejoignent celle de Keynes dans la mesure où elles se réfèrent à des facteurs psychologiques.

A l’opposé de la théorie keynésienne, nous trouvons la théorie du choix

intertemporel proposée par Fisher qui prend en compte le long terme et donc

l’évolution de la richesse. Cette théorie va donner naissance à plusieurs interprétations

dont :

o Celle du revenu permanent de Friedman et o Celle du cycle de vie de Modigliani.

Dans ce cours, nous limiterons nos investigations aux propositions de Keynes, Fisher, Modigliani et Friedman. SECTION I - L’HYPOTHESE DU REVENU COURANT : LA FONCTION DE CONSOMMATION KEYNESIENNE A) LES FONDEMENTS ET LES CARACTERISTIQUES DE L’HYPOTHESE DU REVENU COURANT

Dans l'analyse de la consommation, Keynes distingue les facteurs subjectifs et les facteurs

objectifs parmi lesquels le revenu est le plus important.

Les facteurs subjectifs comprennent les caractéristiques psychologiques de la nature

humaine ainsi que les coutumes et institutions sociales qui, sans être immuables, ont peu

de chances de subir un changement notable en un court laps de temps (p. 109). Keynes

envisage huit motifs qui concernent en fait l’épargne : Précaution, Prévoyance, Calcul,

Ambition, Indépendance, Initiative, Orgueil et Avarice (p. 125)1. Pour l'État et les

entreprises, il ajoute le motif d'entreprise qui correspond à l'autofinancement, le motif de

liquidité, le motif d'amélioration et le motif de prudence financière qui incite à constituer

des provisions financières au delà de ce qui est nécessaire. Pour Keynes, l'influence de ces

motifs varie énormément d'une société à l'autre mais n'exerce que peu d'effets à court

terme sur la consommation.

Les principaux déterminants de la consommation sont donc les facteurs objectifs.

Keynes insiste surtout sur le revenu autrement dit, selon Keynes, la consommation des

ménages s’explique essentiellement par le revenu disponible courant (Yd), c'est-à-

dire le revenu national brut net d’impôts et des charges sociales : Yd = Y – T (où Y

est le PIB ou le PNB1, et T constitue les charges fiscales et parafiscales). Le point de départ de la théorie keynésienne est une loi dite loi psychologique de Keynes qui s’énonce comme suit : « la loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous appuyer en toute sécurité, à la fois à priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et à posteriori en raison des renseignements détaillés de l’expérience, c’est qu’en moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que le revenu croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’accroissement du revenu »2. De cette proposition, nous retenons que, selon Keynes, la consommation est en relation directe, mais non proportionnelle, avec le niveau du revenu disponible :

(où C est la consommation des ménages de la période

t).

Par ailleurs, Keynes remarque que même pour un revenu disponible nul, la

consommation est positive. Il existe un seuil minimum de consommation qui

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correspond au minimum vital et qui sera appelé consommation incompressible.

Cette remarque et la loi psychologique permettent de formaliser la fonction de

consommation keynésienne comme suit : Ct = C0 + cYdt (où C0 est la consommation incompressible et « c » un paramètre positif inférieur à 1) De cette relation, nous pouvons tirer un certain nombre de caractéristiques : La consommation des ménages comporte deux composantes : une composante

autonome (C0) et une composante induite (cYd).

La propension marginale à consommer, qui mesure la variation de la consommation des ménages conséquente à la variation du revenu disponible d’une unité, est constante et comprise entre zéro et un : avec 0 < c < 1.

La propension moyenne à consommer, qui mesure la consommation des ménages par

unité de revenu disponible, est décroissante et supérieure à la propension

marginale à consommer :

La PMC décroît de ∞ a c, c'est-à-dire que pour des revenus disponibles très élevés, la PMC tend vers la PmC. A partir de cette fonction de consommation, nous pouvons déduire

celle de l’épargne. En effet, la partie du revenu disponible qui n’est pas consommée

sera épargnée, c'est-à-dire que

la fonction d’épargne est : St = Ydt – Ct = Ydt – C0 - cYdt = – C0 + (1-c)Ydt = –

C0 + sYdt (où St est l’épargne des ménages et s = 1-c). De cette relation, nous pouvons tirer un certain nombre de caractéristiques : L’épargne apparaît comme un résidu.

La propension marginale à épargner, qui mesure la variation de l’épargne des

ménages conséquente à la variation du revenu disponible d’une unité, est constante

et comprise entre zéro et un :

La propension moyenne à épargner, qui mesure l’épargne des ménages par unité

de revenu disponible, est croissante et inférieure à la propension marginale à épargner :

La PMS croît de -∞ a s, c'est-à-dire que pour des revenus disponibles très élevés, la PMS tend vers la PmS. La somme des propensions marginales à consommer et à épargner est égale à un :

PmC + PmS = c + s = c + (1 – c) = 1

La somme des propensions moyennes à consommer et à épargner est égale à un :

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L’épargne peut être négative ou positive selon le niveau du revenu disponible. Il y a donc un niveau du revenu disponible pour lequel l’épargne est nulle, c’est le seuil d’épargne. Le seuil d’épargne :

Remarquons qu’au seuil d’épargne, la propension moyenne à consommer est égale à un et la propension moyenne à épargner est nulle.

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Remarque : Les fonctions de consommation et d’épargne définies ci-dessus suggèrent que la somme des propensions marginales à consommer et à épargner est égale à un, mais ne permettent pas de savoir laquelle est supérieure à l’autre. Toutefois, dans une économie « viable », la PmC est nécessairement supérieure à la PmS. Le revenu est destiné essentiellement à la consommation et non à l’épargne. Exemple :

Yd 0 10 20 30 40 50 60 70 80

C 4 12 20 28 36 44 52 60 68

PMC ∞ 1,2 1 0 ,93 0,9 0,88 0,87 0,86 0,85

PmC - 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8 0,8

S -4 -2 0 2 4 6 8 10 12

PMS - ∞ - 0,2 0 0,07 0,1 0,12 0,13 0,14 0,15

PmS - 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2 0,2

A partir de cet exemple, nous pouvons constater que : - La PmC = 0,8 = une constante et la PmE = 0,2 = une constante.

- La PMC est décroissante de ∞ à 0,85.

- La PMS est croissante de - ∞ à 0,85.

- La PMC + PMS =1.

- Le seuil d’épargne est : YdE = 20

B) LES IMPLICATIONS ET LES LIMITES DE L’HYPOTHESE DU REVENU COURANT a) Les implications

Si nous considérons des ménages à revenus différents, nous observons une PMC de plus

en plus faible et une PMS de plus en plus élevée à mesure que le revenu disponible

augmente.

Pour un pays donné, la PMC doit diminuer au fur et à mesure que le niveau de vie de

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la population s’élève.

La comparaison entre pays doit faire ressortir une PMC plus faible et une PMS plus

élevée pour les pays les plus riches et inversement. La consommation est la composante principale de la demande, et de ce fait elle constitue le moteur de la croissance économique. Par conséquent, la baisse de la PMC ne manquerait pas, à terme, de mener les économies qui s’enrichissent vers une stagnation séculaire. b) Les limites La théorie keynésienne de la consommation va être critiquée sur plusieurs flancs.

La première critique est d’ordre empirique et théorique. Il est important de

remarquer que la loi psychologique de Keynes n’est justifiée par aucune considération

théorique ou empirique mais seulement par « l’expérience » et la « connaissance de la

nature humaine ».

Les travaux empiriques d’après-guerre ont débouché sur des résultats contradictoires. Deux

types d’analyses statistiques sur le sujet ont été développés. D’abord des séries

temporelles qui donnent l’évolution de la consommation globale et du revenu

disponible global en termes de flux trimestriels, annuels ou de plus longue durée.

Ensuite des séries de coupes instantanées qui indiquent à un moment donné le

niveau de consommation atteint par les ménages dans chaque classe de revenu. Dans ce

dernier cas, l’analyse des budgets familiaux a confirmé l’analyse de Keynes. On constate

en effet une relation non proportionnelle entre consommation et revenu dans la mesure où

le taux d’épargne est d’autant plus important que le niveau de revenu et élevé. En

d’autres termes la propension moyenne à consommer diminue lorsque le revenu

augmente.

En revanche les séries temporelles ont montré au contraire que la propension à

consommer est constante sur de longues périodes (proportionnalité entre consommation et

revenu). Aux conceptions de Keynes suivant lesquelles l’épargne s’accroît au fur et à

mesure que le revenu s’élève, on a opposé les conclusions d'études statistiques,

notamment celles de Kuznets, qui montrent qu’aux Etats-Unis le rapport de l’épargne au

Revenu National ne s’est pas modifié de 1879-1888 à 1919-1928, malgré

l’important accroissement du revenu par tête qui s’est produit au cours de cette période.

La fonction de consommation keynésienne ne tient pas compte de la répartition du

revenu. En effet, si nous considérons deux catégories de ménages ayant des

fonctions de consommation différentes : les riches avec une PmC faible, et les pauvres

avec une PmC élevée. Et étant donnée que la fonction de consommation globale est

une agrégation des fonctions de consommation des différentes catégories sociales,

alors toute variation au niveau de la répartition des revenus entre riches et pauvres se

traduit immanquablement par une modification de la fonction de consommation et donc

de la consommation elle-même.

L’hypothèse du revenu courant ne peut rendre compte du comportement de

consommation des ménages dont les revenus subissent des variations aléatoires

importantes tels que les exploitants agricoles soumis aux aléas climatiques ou

certaines activités soumises à des variations saisonnières importantes. En effet, ces

catégories de ménages procèdent souvent à un lissage de leurs revenus en épargnant durant

les années « grasses » et en désépargnant durant les années « maigres » comme dans le

graphique suivant :

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La théorie keynésienne donne une explication statique du comportement des ménages dans la mesure où elle ne rend pas compte de l’arbitrage entre la consommation présente et la consommation future et donne à l’épargne un statut de simple résidu. Par ailleurs, il n’ya aucun fondement microéconomique à la formulation macroéconomique du comportement de consommation.

L’ensemble de ces limites rend nécessaire la reformulation de la théorie de la consommation. Notamment celle des post-keynesiens et des néoclassiques

C) LES REFORMULATIONS POST-KEYNESIENNES

.a) Les apports de J.S DUESENBERRY et Thomas Brown : le rôle des

habitudes de consommation - L’effet de cliquet ou effet de crémaillère (idée d’irréversibilité)

Il propose d’abord (1948) une fonction modifiée où il fait intervenir non seulement le

revenu disponible courant mais aussi le plus haut revenu disponible obtenu dans le passé.

Le niveau de la consommation au cours d’une période (Ct) dépend du revenu courant (Yt)

et aussi du niveau le plus élevé de revenu atteint dans le passé (Yp), d’où : Ct = C (Yt, Yp).

Il s’ensuit que les individus tendent à accroître leurs dépenses lorsque le niveau

général du revenu s’élève en longue période en revanche, lorsque les revenus

déclinent en courte période, les consommateurs tendent à défendre le niveau de

vie qu’ils ont précédemment atteint, de sorte que la consommation décroît relativement

plus lentement que le revenu. Autrement dit, la propension moyenne à consommer

augmente. Duesenberry nomme ce phénomène de persistance des habitudes de

consommation « l’effet de cliquet ».

L’hypothèse d’un effet de cliquet a été considérée comme trop rigide : même si le revenu

passé influence la consommation courante, cette dernière finit toujours par s’adapter à un

revenu plus faible. T.M. Brown en 1952 a pris en compte l’influence du passé à travers un

effet de mémoire et la formation d’habitudes de consommation.

Il n’y a plus une irréversibilité, mais une inertie des comportements de consommation.

La consommation courante est alors expliquée par le revenu courant et la consommation de

la période précédente, qui illustre le rôle des habitudes : Ct = cYt + aCt-1 + b, Avec 0 < c < 1, 0 < a<1

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Plus le coefficient a est élevé, plus la consommation passée exerce un effet de

mémoire important sur la consommation présente.

À court terme, les habitudes de consommation sont données, (Ct-1 ne peut être modifiée),

et la propension marginale à consommer de courte période est ∆Ct /∆Yt = c.

À long terme, au contraire, toute augmentation du revenu va se transmettre de période en

période par le biais du terme de consommation retardé : l'augmentation de la

consommation en t entraînera une augmentation de la consommation en t + 1, puis en t +

2...

b) J.S DUESENBERRY : L’effet de démonstration ou le rôle de la répartition des

revenus

Duesenberry [1949] va aussi développer une analyse dans laquelle il remet en cause

l’indépendance de la consommation des consommateurs.

La consommation individuelle n’est pas fonction du niveau absolu du revenu, mais

de la situation relative de l’individu sur l’échelle des revenus (revenu relatif).

La théorie du revenu relatif postule que la propension à consommer d'un ménage dépend

non seulement de son revenu, mais également d'un effet de démonstration exercé par

les ménages des catégories sociales supérieures, qui pousse vers le haut la consommation

des catégories inférieures.

Duesenberry, a donc eu recours à une explication psycho-sociologique, selon

laquelle le niveau de la consommation dépend d’une part de l’émulation au sein d’un

groupe social et de l'effet d’imitation (de « démonstration ») qui en découle et, d’autre

part, de la recherche constante d’un niveau de vie plus élevé.

L’effet de démonstration traduit le comportement des classes moyennes qui, par volonté

d’imiter les classes supérieures tendent à avoir une propension à consommer

supérieure. La théorie du revenu relatif est intéressante car elle met l'accent sur le fait

que les biens ne sont pas consommés seulement pour eux-mêmes, mais ont une valeur de

symbole, phénomène particulièrement mis en avant au début du siècle par T. Veblen dans

sa Théorie de la classe de loisir [1899] (tradition institutionnaliste) et, plus

récemment, par le sociologue Pierre Bourdieu dans La Distinction [1979].

Si les individus pauvres par rapport à la moyenne ont une propension à consommer plus

forte parce qu'ils tentent d'imiter le mode de consommation des individus plus riches, la

propension moyenne à consommer diminuera avec le revenu dans les études en coupes

instantanées (moindre effet de démonstration pour les ménages situés en haut de

l'échelle des revenus), tout en demeurant constante dans les études

chronologiques. On parvient ainsi à réconcilier les résultats de l'analyse en coupe

instantanée avec les études de Kuznets sur séries temporelles longues.

SECTION II : L’APPROCHE CLASSIQUE DE LA FONCTION DE

CONSOMMATION A – LA THEORIE DU CHOIX INTERTEMPOREL DE FISHER

Cette approche a été présentée par Irving Fisher3 en 1930 dans le but de donner un

fondement microéconomique à la fonction de consommation macroéconomique.

D’inspiration néoclassique, cette théorie suppose des agents rationnels qui agissent

dans un environnement de concurrence parfaite. Ces agents raisonnent en terme réel

et adoptent un comportement calculateur de maximisation de la fonction objectif sous

contrainte.

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L’hypothèse de base de cette théorie est que la finalité de la consommation des ménages est la maximisation de l’utilité. Mais il ne s’agit pas de maximiser l’utilité pour une période donnée, mais plutôt pour toute la durée de vie. Autrement dit, un ménage serait prêt à sacrifier une certaine quantité de consommation au présent en vue d’avoir une quantité plus élevée au futur et inversement. Si l’espérance de vie d’un ménage représentatif est de n années, ses revenus disponibles réels annuels anticipés sont : Y1, Y2, Y3, …,Yn, et ses consommations réelles annuelles sont : C1, C2, C3, ……,Cn, alors son plan de consommation intertemporel est celui qui maximise son utilité sous contrainte de richesse.

1) LE PLAN DE CONSOMMATION INTERTEMPOREL

Pour simplifier notre raisonnement, nous supposons un ménage représentatif :

- dont l’espérance de vie est de deux périodes: le présent (période1) et le futur (période 2), - qui n’a pas de richesse initiale et qui ne lègue rien à ses héritiers.

Supposons que ce ménage a une préférence pour le présent () c'est-à-dire qu’entre une

unité de consommation au présent et la même unité au futur, il préfère consommer au

présent.

Le taux d’intérêt réel (r) est la récompense de la renonciation au présent, c'est-à-dire la récompense de l’abstinence. Autrement dit, ce ménage obtiendrait (1 + r) unités de consommation au futur s’il accepte de renoncer à une unité de consommation au présent. Ce ménage peut donc, à chaque période, avoir une consommation inférieure à son revenu courant et épargner le reste ou avoir une consommation supérieure à son revenu courant et emprunter la différence. Sous ces hypothèses, l’objet de cette section est d’expliquer les mécanismes d’élaboration du plan de consommation intertemporel. a) La notion de richesse

Nous désignons par richesse d’un ménage (W), r

W YY

1

2

1 la somme de ses revenus

disponibles réels actualisés.

b) La contrainte budgétaire Par contrainte budgétaire d’un ménage, nous désignons l’égalité entre ses ressources et leur emploi. Il s’agit, ici, de l’égalité entre la somme de ses revenus disponibles réels actualisés et la somme de ses consommations annuelles réelles actualisées.

Cette dernière relation est l’équation de la contrainte budgétaire ou de richesse. Nous remarquons que c’est une droite décroissante de pente – (1+r).

C2

(1+r)W

W C1

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1

c) La fonction d’utilité L’objectif du ménage représentatif est de maximiser sa fonction d’utilité inter

temporelle :

U = U( C1,C2)

Cette fonction peut être représentée, dans un espace à trois dimensions, par une colline d’utilité ou, dans un plan, par une carte d’indifférence qui représente l’ensemble des courbes d’indifférence.

Une courbe d’indifférence intemporelle est le lieu géométrique de toutes les

combinaisons de consommation (C1 , C2) qui donnent le même niveau d’utilité.

C2

U3

U2

U1

C1

d) L’optimum Maximiser la fonction d’utilité sous la contrainte de richesse revient à maximiser

l’équation de Lagrange.

Le TMSI (le taux marginal de substitution inter temporel) mesure la

quantité de consommation future que le ménage serait prêt de céder pour avoir une

unité supplémentaire de consommation présente et garder le niveau d’utilité constant.

C’est le taux d’échange subjectif entre la consommation future et la consommation

présente.

(1+r) mesure la valeur future d’une unité de consommation présente. C’est le taux

d’échange objectif entre la consommation future et la consommation présente.

Autrement dit, l’optimum est tel que le taux d’échange objectif est égal au taux

d’échange subjectif :

C TMSI = 1+ r et W C

1 2

1 r

Cet équilibre implique quelques suggestions et remarques :

Contrairement à l’hypothèse de Keynes, la consommation des ménages ne dépend

pas uniquement du revenu disponible, elle dépend également du taux d’intérêt.

Cet équilibre peut déboucher sur deux catégories de ménages :

o un ménage créditeur caractérisé par une épargne positive, c'est-à-dire par

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une consommation présente inférieure au revenu présent : C1* < Y1 S > 0.

o un ménage débiteur caractérisé par une épargne négative, c'est-à-dire par

une consommation présente supérieure au revenu présent : C1* > Y1 S < 0.

Comme le ménage considéré ne lègue rien à ses héritiers, sa richesse doit être épuisée à la fin de la deuxième période, c'est-à-dire qu’il ne doit avoir à la fin de sa vie ni une épargne, ni des dettes. Autrement dit son épargne à la deuxième période est égale à moins son épargne de la première période.

Agent créditeur

C2

Agent débiteur

C2

C2*

Y2

Y2

C2*

C1* Y1 C1

Y1 C1* C1

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16

2) DEPLACEMENT DE L’EQUILIBRE

Nous avons montré ci-dessus que la consommation dépend du revenu disponible et

du taux d’intérêt, mais nous n’avons pas précisé la nature de la relation (croissante

ou décroissante). Pour ce faire, nous devons analyser les conséquences des variations

du revenu disponible et du taux d’intérêt, lesquelles variations se traduisent par un

déplacement de l’équilibre.

a) variation des revenus disponibles et déplacement de l’équilibre

Toute variation des revenus disponibles (r restant constant) se traduit par une variation

dans le même sens de la richesse. La droite budgétaire va subir un déplacement

parallèle, puisque la pente [– (1+r)] ne varie pas, et par conséquent les

consommations présentes et futures ainsi que l’épargne vont aussi varier dans le

même sens :

ΔY1 > 0 et/ou ΔY2 > 0 ΔW > 0 ΔC1 > 0 et ΔC2 > 0 et ΔS > 0

ΔY1 < 0 et/ou ΔY2 < 0 ΔW < 0 ΔC1 < 0 et ΔC2 < 0 et ΔS < 0

C2

C2*’ C2* U’

U

C1* C1*’ C1

b) variation du taux d’intérêt et déplacement de l’équilibre Toute variation du taux d’intérêt réel (Y1 et Y2 restant constants) implique un

déplacement non parallèle de la droite budgétaire et par la même un

déplacement de l’équilibre. Ce déplacement de l’équilibre résulte d’un double effet :

un effet substitution et un effet richesse.

L’effet richesse résulte du fait que le ménage va se sentir plus riche ou plus pauvre

selon le sens de variation du taux d’intérêt et selon que l’agent soit débiteur ou

créditeur : une augmentation du taux d’intérêt enrichit l’agent créditeur et appauvrit

l’agent débiteur et inversement. Et tout enrichissement (appauvrissement) implique

une augmentation (une baisse) de C1 et de C2.

L’autre effet de la variation du taux d’intérêt est la modification de la récompense de la renonciation au présent, c’est à dire du prix de C1 en terme de C2. Ceci se traduit par un effet de substitution qui est le même quelle que soit la situation de l’agent : une augmentation du taux d’intérêt incite à l’épargne et a donc un effet négatif sur la consommation présente et positif sur la consommation future, et inversement.

Les effets conjugués (effet global) sont donc relativement complexes

sur les consommations présentes et futures et sur l’épargne. Ils dépendent du sens

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de variation du taux d’intérêt et de la situation de l’agent. Toutefois, les

tenants de ce modèle font l’hypothèse que lorsque l’effet revenu et l’effet

substitution ne vont pas dans le même sens, c’est ce dernier qui l’emporte de

sorte que, par exemple, si l’effet revenu est positif et l’effet substitution est

négatif, l’effet global sera négatif.

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18

Le tableau suivant récapitule les conséquences des variations du taux d’intérêt réel selon

la situation de l’agent.

Δr > 0 Δr < 0 Agent Créditeur Agent Débiteur Agent Créditeur Agent Débiteur ES ER EG ES ER EG ES ER EG ES ER EG

ΔC1 - + - - - - + - + + + +

ΔC2 + + + + - + - - - - + -

ΔS + - + + + + - + - - - -

Remarque : Pour représenter graphiquement l’effet substitution, il faut créer un point intermédiaire en traçant une droite parallèle à la nouvelle droite budgétaire, tangente à la courbe d’indifférence initiale. Le graphique suivant illustre le cas d’une augmentation du taux d’intérêt pour un agent créditeur.

Δr > 0 (Agent créditeur)

C2

C

C2*’

B

A

C2*

Y2

Equilibre initial : Point A

Equilibre final : Point C Point intermédiaire : Point B

Effet substitution : de A à B

Effet revenu : de B à C

Effet global : de A à C U’

U

C1*’ C1* Y1 C1

c) Conclusion

Si nous supposons que l’effet substitution l’emporte sur l’effet revenu, nous pouvons

conclure que l’approche de Fisher établit une relation croissante entre la

consommation présente et la richesse (la richesse elle-même est fonction croissante

des revenus) et décroissante entre la consommation présente et le taux d’intérêt réel.

C f Y, r

avec C 0 et Y

C 0 r

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19

B – L’HYPOTHESE DU CYCLE DE VIE DE MODIGLIANI

Dans les années 1950, Franco Modigliani va se référer aux conclusions du modèle de Fisher de la consommation pour tenter de résoudre l’énigme de la consommation et expliquer la contradiction entre la théorie keynésienne et les faits observés.

Comme nous l’avons vu, le modèle de Fisher suppose que la consommation d’une

période dépend des revenus de toutes les périodes. L’hypothèse que va poser

Modigliani est que le revenu est cyclique, qu’il est variable le long de la vie et que

les ménages vont transférer une partie de leurs revenus des années « grasses » vers la

consommation des années « maigres ». L’objectif de ces transferts de revenus est

d’avoir une structure de consommation relativement stable durant toute la vie.

La principale raison à l’origine des fluctuations des revenus est l’existence d’une

période d’activité où les revenus sont relativement élevés, et d’une période d’inactivité

(la retraite) où les revenus sont relativement faibles, voir nuls. Le rôle de

l’épargne, dans ce cas, est de répondre au désir des ménages de ne pas voir leur

consommation baisser substantiellement durant la période de retraite. Cette

incitation à épargner va avoir des implications sur la fonction de consommation.

Pour illustrer la contribution de Modigliani, nous supposons un ménage qui

dispose d’une richesse initiale égale à Wo. Ce ménage s’attend à vivre encore n

années dont e années d’activité et (n - e) années de retraite. Il perçoit, durant la

période d’activité, un revenu annuel constant égal à Y. Il ne lègue rien à ses héritiers.

Question : quel niveau de consommation doit-il avoir pour être en mesure de «

lisser » sa consommation durant toute la durée de vie ?

Pour simplifier le raisonnement, nous supposons que le taux d’intérêt est

nul6. Les ressources de ce ménages s’élèvent à : Wo + e Y

Sa consommation annuelle sera donc

Exemple : pour n = 40 et e = 20, la fonction de consommation est : C = 0,025 W0 + 0,5

Y.

Cette dernière relation indique que la consommation dépend de la richesse et du

revenu. Toute unité supplémentaire de richesse implique une augmentation de la

consommation de

0,025 unité, et toute augmentation du revenu se traduit par une augmentation

de la consommation de 0,5 unité.

Si tous les ménages adoptent un comportement similaire, la fonction de

consommation agrégée sera : C = W + Y

Où : = propension marginale à consommer une partie de la richesse

= propension marginale à consommer une partie du revenu

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20

A priori, nous pouvons supposer que la richesse est constante à court terme. Elle ne varie

qu’à long terme suite à l’accumulation de l’épargne.

Epargne

Y

W

C

Désépargne

e n t

Au niveau individuel, la richesse augmente, puis baisse. Mais pour l’ensemble des ménages, c'est-à-dire au niveau macroéconomique, la richesse suit un trend ascendant. Ainsi :

à court W = W0 (une constante) et la fonction de consommation est :

C = W0 + Y. Cette fonction de consommation est similaire à celle de Keynes où W0 est la consommation autonome et Y la consommation induite. Et la

décroissante par rapport au revenu.

Mais, à long terme, au fur et à mesure que la richesse augmente, la

fonction de consommation va se déplacer vers le haut. L’accroissement

du revenu va être compensée par l’accroissement de la richesse de sorte

que la propension moyenne à consommer va rester constante.

W En effet, PMC =

Y

Et comme W et Y vont augmenter en parallèle, rien ne prédispose la PMC à

baisser.

C

W2

W1

W0

Y

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21

Ainsi, la contribution de Modigliani a établi que la consommation des ménages

dépend en partie du revenu courant, mais elle dépend aussi de la richesse. Cette

contribution a permis de résoudre la contradiction entre la théorie de la consommation et

l’histoire concrète.

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22 t

C – L’HYPOTHESE DU REVENU PERMANENT DE M. FRIEDMAN

Comme Modigliani et d’autres auteurs, Friedman va fonder son hypothèse sur celle de Fisher et va élaborer un plan de consommation qui dépasse de loin la période courante. Il va avancer les notions de revenu permanent et de consommation permanente.

La théorie du choix inter temporel montre que la richesse et le taux d’intérêt

sont des variables explicatives de la consommation. Et comme les revenus

futurs ne sont pas observables directement mais anticipés, la richesse elle-même

est une notion qui sera, selon l’approche du revenu permanent, anticipée.

1) LA NOTION DE REVENU PERMANENT :

Le revenu permanent est défini comme « la somme qu’un consommateur peut

consommer en maintenant constante la valeur de son capital ».

Vu sous l’angle des avoirs d’un ménage, le revenu permanent sera considéré comme le

reflet des revenus annuels stables sur une longue période dont la valeur présente

actualisée est égale à la richesse de ce ménage. Quand un ménage épargne, il ajoute à sa

richesse et accroît donc son revenu permanent. C’est pourquoi, nous pouvons dire que

ce concept est intimement lié au concept de richesse (W).

Si la richesse s’écrit :

Le revenu permanent serait ce revenu constant à long terme tel que :

C’est une suite géométrique de premier terme 1 et de raison

1

1 r

Mais cette définition théorique du revenu permanent ne permet pas de l’évaluer d’une

manière empirique étant donné l’indétermination des revenus futurs et du taux

d’intérêt futur. C’est pourquoi Friedman a proposé, pour surmonter cette difficulté, une

définition empirique qui se base sur les revenus observés au présent et durant les périodes

passées.

L’hypothèse de base est que les revenus courants subissent, d’année en année,

des chocs temporaires aléatoires. Le revenu courant est donc formé par deux

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23

t t t t t

t 1

t t 1

composantes : une composante permanente et une composante transitoire :

Y Y

P Y

T (avec Y : le revenu courant, Y

P : le revenu permanent et Y T : le revenu transitoire)

Le revenu permanent est la composante du revenu que les ménages s’attendent à conserver

à l’avenir. Il représente donc la partie stable du revenu. Le revenu transitoire est la

composante du revenu dont les agents ne prévoient pas le maintien à l’avenir. Il représente

la différence à court terme entre le revenu courant et le revenu permanent à long terme.

Si le revenu permanent est le revenu moyen, le revenu transitoire apparaît comme

l’écart aléatoire par rapport à cette moyenne. Cet écart peut être positif ou négatif

selon que le revenu courant est supérieur ou inférieur au revenu permanent. Ce

dernier est une notion continuellement ajustée dans le temps en fonction de

l’évolution des revenus courants des ménages. Il peut être estimé à partir d’un

processus d’anticipations adaptatives où le revenu permanent d’une période serait égal

au revenu permanent de la période précédente qui sera ajusté à la hausse ou à la baisse

selon que le revenu transitoire est positif ou négatif.

Supposons un coefficient d’ajustement λ (0 < λ < 1). Tout écart entre le revenu courant Yt

et

le revenu permanent de la période précédente ( Y P

) sera ajouté ou retranché à l’évaluation du

revenu permanent dans une proportion égale à λ, c'est-à-dire que si nous considérons que

Y Y P

est le revenu transitoire, alors le revenu permanent sera :

Le revenu permanent est donc la moyenne pondérée des revenus courants des périodes

précédentes. Les coefficients de pondération sont de plus en plus faibles au fur et à mesure

que l’on remonte dans le passé.

2) LA FONCTION DE CONSOMMATION

L’idée de base de la théorie du revenu permanent est que les ménages

orientent leur consommation permanente en fonction de la partie permanente de leur

revenu et adoptent un autre comportement face à leur revenu transitoire. Quand les

revenus courants augmentent ou baissent temporairement, les ménages ne

bouleversent pas complètement leurs habitudes de consommation. S’il s’agit d’une

baisse temporaire, ils puisent dans leur épargne accumulée pour financer leurs

dépenses normales de consommation ; s’il s’agit d’une augmentation temporaire,

ils consacrent à l’épargne une proportion plus élevée de leur revenu que

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24

t

d’habitude.

L’idée maîtresse derrière la théorie du revenu permanent est que la consommation

courante est une proportion du revenu disponible courant, mais cette proportion est

plus importante pour la partie du revenu qui est permanente et plus faible pour celle

qui est transitoire. Les ménages épargnent une plus grande proportion de leur revenu

transitoire que celle relative à leur revenu permanent. Si leurs revenus transitoires

deviennent négatifs, ils puisent dans leurs épargnes pour maintenir leurs niveaux de

vie.

L’une des conséquences de la distinction entre le revenu permanent et le revenu

transitoire est la variation de la PMC et de la PmC à court terme par rapport à leurs

valeurs de long terme au cours du cycle économique. En effet, en période

d’expansion économique, les ménages réalisent des revenus transitoires positifs et

importants, ce qui les incite à l’épargne ; leur richesse va donc augmenter. Ils ont

un comportement inverse en cas de récession et de revenus transitoires négatifs.

Deux forces contraires agissent ainsi sur la PMC. La première tend à favoriser une baisse du ratio C

à court terme en période d’expansion et une hausse en période de ralentissement. Y

Cela est dû au fait que la consommation est relativement stable dans le temps,

mais les revenus le sont moins. Mais ces tendances sont contrecarrées par la

tendance des ménages à épargner une forte proportion des revenus transitoires. La

conséquence de ces mécanismes est que la fonction de consommation n’est stable

qu’à long terme. A court terme cette fonction est instable.

Si nous désignons C

P la consommation permanente de long terme, on peut écrire la

fonction de consommation permanente de long terme comme suit où k est la

propension marginale à consommer le revenu permanent anticipé. Et comme :

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Nous pouvons déduire la fonction de consommation à

court terme :

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t

Pour (k = 0,9) et (la propension marginale à consommer le revenu permanent estégale à 0,9 et la propension marginale à consommer le revenu transitoire est égale à 0,225.

Ceci veut dire que l’épargne normale représente 0,1 du revenu permanent et

l’épargne spéciale représente 0,775 du revenu transitoire.

La dernière équation peut être exprimée différemment de manière à établir une relation

entre la consommation permanente ( CP

) et le revenu disponible courant (Yt) :

Les conclusions de la théorie du revenu permanent de Friedman sont très semblables à

celles de la théorie de la consommation en escalier de Duesenberry qui explique la

variabilité de la PMC à court terme et sa stabilité à long terme par le fait que les

ménages deviennent habitués à un certain niveau de vie et résistent à tout changement

brusque de ce dernier.

Par ailleurs, il est également possible d’établir une relation de proximité entre les

conclusions de Friedman et celles de Brown. En effet

Cette dernière relation ressemble fortement à la relation établie par Brown :

Ct = cY + Ct-1 +

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Questions de cours : Qu’est-ce que l’épargne ? Quels sont les motifs à sa constitution ? Quelle est sa relation avec le revenu ?

LA FONCTION DE CONSOMMATION KEYNESIENNE

LES PROPENSIONS : Comment l’épargne est-elle considérée chez keynesiens ?

II – LES AUTRES THEORIES

1/ « L’EFFET DE DEMONSTRATION » ou « D’IMITATION » :

Selon JS DUESENBERRY, la consommation ne dépend pas simplement du niveau de

revenu mais de quoi ?

2/ L’INFLUENCE DES REVENUS PASSES ou « L’EFFET CLIQUET » :

Selon TM BROWN, le niveau de la consommation ne dépend pas seulement du revenu

courant mais aussi ?

3/ L’INFLUENCE DU PATRIMOINE SUR LA CONSOMMATION :

Le revenu n’est pas le seul critère qui va déterminer la consommation, de quoi faut-il aussi

tenir compte ?

4/ L’HYPOTHESE DU CYCLE DE VIE :

Pour F. MODIGLIANI, de quoi dépend la consommation d’un individu ?

Exercice1 - La fonction de consommation

La fonction de consommation des ménages d’un pays est donnée par l'équation suivante :

C = 0:75Yd + C0; avec C0 = 111000:

ou Yd avec (Yd = Y - T) est le revenu disponible net réel des ménages (en millions d'euros

exprimes a prix constants 1995) et C le volume de biens et services consommes.

1. Que signifie la valeur de 0.75. Si votre revenu augmente de 1000 euros par an, de

combien augmentera votre consommation?

2. Calculez la valeur de la propension marginale à épargner. Si votre revenu baisse de

1000 euros par an, dans quel sens variera l'épargne et de quel montant?

3. Donnez la signification de C0.

Exercice : 2

Si Yt est le revenu mesuré à la période T et (YP)T, le revenu permanent à T. on donne la

formule suivante du revenu permanent :

(YP)T = β[℮-β

YT-1 + ℮-2β

YT-2 +℮-3β

YT-3 + ……………+ ℮-nβ

YT-n ] ou 0<β<1

Montrer qu’à long terme, le revenu permanent est égal au revenu mesuré

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CHAPITRE DEUX

LE COMPORTEMENT D’INVESTISSEMENT

Introduction

Un pays ne saurait connaître de croissance forte et durable si les entreprises ne réalisent pas

d’investissements, sur son territoire ou à l’étranger.

Quelles sont les raisons qui vont déterminer l’entreprise à investir ou, à l’opposé, la freiner

et la dissuader d’investir ?

Section 1 : Généralités

A- Définitions

On entend par investissement l’acte qui consiste à acquérir des biens d’équipement

durables destinés à accroître la production de biens et services dans le futur. Autrement dit,

il s’agit des dépenses engagées par l’entreprise pour améliorer ses capacités de production.

Cette amélioration peut revêtir deux formes.

La première, appelée amortissement, a pour objet de remplacer des machines usées ou

encore obsolescentes, c’est-à-dire dépassées par le progrès technique.

La seconde appelée investissement net est destinée à acquérir de nouvelles machines afin

d’augmenter la production de l’entreprise.

On appelle investissement brut l’ensemble de ces deux formes.

Mais, pour mieux cerner l’investissement qui permettra d’augmenter la production de

l’entreprise, on parlera d’investissement net, en retranchant les amortissements de

l’investissement brut.

La formation brute de capital fixe (FBCF) désigne l’ensemble des investissements réalisés

par un pays sur une année. Cette évaluation réalisée par l’Insee reprend :

• Le total des investissements productifs des entreprises ;

• Les investissements réalisés par les administrations publiques, comme la construction de

routes ou d’écoles etc (dépenses de l’Etat consacrées aux équipements collectifs);

NB : dans ce chapitre, nous nous intéressons uniquement à l’investissement privé, et

notamment celui des entreprises. L’investissement public sera intégré dans les dépenses

publiques.

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• Les achats immobiliers des ménages (dépenses des ménages consacrées à l’achat

de biens immobiliers neufs).

L’investissement productif définit, dans la FBCF, les seuls investissements des entreprises,

puisque, à l’opposé des dépenses en bâtiment de l’Etat ou des logements des particuliers,

ils permettent seuls de produire des biens.

Le taux d’investissement mesure l’effort d’un pays en matière d’investissement. Il est

calculé suivant la formule :

On distingue plusieurs modalités d’investissement :

• L’investissement matériel désigne l’acquisition de machines par l’entreprise ;

• L’investissement immatériel définit l’ensemble des dépenses que l’entreprise consacre à

la formation du personnel, à la recherche-développement ou à la publicité. En effet ces

dépenses, en accroissant ses ventes, lui permettent d’augmenter sa production. La part de

ce type d’investissement progresse de plus en plus dans nos sociétés où les entreprises

cherchent à augmenter leur compétitivité par la réalisation de produits nouveaux ou plus

performants ;

• L’investissement de capacité a pour objet d’accroître les capacités de production de

l’entreprise par l’acquisition de nouvelles machines, souvent pour répondre à une forte

augmentation de la demande ;

• L’investissement de productivité ou de rationalisation définit la politique de l’entreprise à

maintenir un même niveau de production mais en réduisant les coûts du personnel en le

remplaçant par des machines.

On relèvera que l’investissement de capacité est en principe créateur d’emploi alors que

l’investissement de productivité ou de rationalisation a plutôt pour effet de le réduire.

Le bénéfice de l’entreprise, qui est l’un des moyens de financer ses investissements,

est défini en économie par l’excédent brut d’exploitation (EBE). Il est obtenu en

soustrayant de la valeur ajoutée les charges fiscales et les dépenses liées à la rémunération

du personnel. L’EBE va permettre à l’entreprise de rémunérer ses actionnaires (dividendes)

et de constituer une épargne brute qui financera ses investissements (autofinancement).

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La valeur ajoutée est la différence entre la valeur des biens ou services produits et la

valeur des consommations intermédiaires utilisées dans le processus de production.

Cette valeur ajoutée fait l’objet d’un partage entre tous ceux qui ont contribué à cette

production, les propriétaires et les salariés de l’entreprise. Il est rappelé que la valeur

ajoutée est à la base du calcul du Produit intérieur brut du pays.

Le taux de marge, ou rapport de l’excédent brut d’exploitation sur la valeur ajoutée, permet

de calculer la rentabilité de l’entreprise.

On peut définir le taux d’intérêt comme le loyer de l’argent. Pour l’épargnant, c’est un

revenu, mais pour l’entreprise, c’est le coût à payer pour financer ses investissements. Pour

la CEMAC, la Banque centrale (BEAC) qui en détermine le montant (taux directeurs) en

de ses objectifs de politique monétaire.

Le taux d’intérêt nominal désigne le montant du taux inscrit sur le contrat de prêt. En

revanche, on parlera de taux d’intérêt réel pour définir le taux d’intérêt diminué de

l’inflation.

L’efficacité marginale du capital définit la rentabilité de l’investissement. Le chef

d’entreprise ne se décidera à investir que si le bénéfice est supérieur au financement de

l’investissement.

Remarques :

- L’acquisition de valeurs mobilières (obligations, actions, …) est exclu. Il s’agit d’un

simple transfert d’un élément d’actif (monnaie) vers un autre élément d’actif (actions).

- Le produit de la revente de biens d’équipements ou de biens immobiliers est également

exclu. Cet acte représente un simple transfert de propriété et ne constitue en aucun cas un

accroissement de la capacité productive de l’économie considéré.

- Il faut distinguer la formation brute de capital fixe (FBCF) de l’investissement (I). En

effet :

I = FBCF + ΔSt (où ΔSt est la variation de stock)

- Il faut également distinguer l’investissement brut (Ibt) de l’investissement net (Int).

L’investissement net est égal à l’accroissement du stock de capital, alors que

l’investissement brut intègre aussi les investissements de remplacement (les

amortissements). Ces derniers servent à maintenir le stock de capital constant suite à sa

dépréciation par usure physique ou par usure technologique (obsolescence). Le montant de

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l’amortissement est difficile à estimer, mais le plus souvent, on suppose qu’il représente

une proportion constante du stock de capital de la période précédente. Si nous supposons

que le stock de capital (K) se déprécie à un taux constant (δ), nous pouvons écrire : Ibt =

Int + Αt = (Kt – Kt-1) + δKt-1

B- Financement et rôle de l’investissement

B-1- Le financement de l’investissement

L’épargne est le seul fondement du financement de l’investissement. Mais cette

épargne présente des formes diverses sur le marché économique.

Elle peut avoir été constituée par l’entreprise elle-même, à partir des profits dégagés au

cours de son activité productive. On l’appelle alors autofinancement ou financement

interne de l’entreprise. Elle présente l’avantage de financer les investissements sans les

coûts d’intérêt attachés à l’emprunt et de garder l’autonomie de gestion de l’entreprise.

L’épargne peut aussi être constituée par les dépôts des ménages auprès des banques. Dans

ce cas, l’entreprise pourra emprunter auprès des banques, les intermédiaires financiers, le

montant nécessaire pour financer ses investissements, mais en acquittant un coût financier

plus ou moins important suivant les taux d’intérêt.

L’épargne enfin peut provenir du marché financier, des investisseurs institutionnels et

ménages, sous la forme d’une augmentation du capital de l’entreprise par l’émission

d’actions en bourse (Cette formule présente l’avantage pour l’entreprise de ne pas

s’endetter, mais l’inconvénient de modifier son autonomie de direction par l’entrée de

nouveaux actionnaires) ou par un emprunt obligataire, c'est-à-dire la possibilité de proposer

directement au public un grand nombre de titres, c’est une autre solution offerte aux

entreprises de grande taille (financement direct, comme dans le cas de l’augmentation de

capital). L'inconvénient de cet emprunt est qu'il engendre des charges financières de

remboursement du capital emprunté et de paiement des intérêts.

Banques et marché financier constituent le financement externe de l’entreprise.

B-2- Le rôle de l’investissement

L’investissement entraîne une croissance forte car il agit à la fois sur la demande et sur

l’offre :

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L'investissement agit sur l'offre. Sous forme d'investissement de renouvellement, il

maintient la capacité de production. Sous forme d'investissement de productivité, il

améliore la productivité de l'entreprise. Sous forme d'investissement de capacité, il

l'augmente, permettant de production de biens ou de services nouveaux.

L'investissement agit aussi sur la demande (cf fin cours). Il est en effet un des éléments de

la demande globale, avec la consommation finale, la dépense publique et les exportations.

Toutefois les entrepreneurs investissent avant tout pour satisfaire la demande qu'ils

anticipent de leurs produits liés : la demande effective.

Le rôle moteur de l’investissement sur la demande économique a été souligné par Keynes.

L’investissement de l’entreprise est une demande de machines auprès des producteurs de

biens d’équipement. Ces derniers vont donc acheter des matières premières et des produits

semi-finis, voire embaucher et donc relancer croissance et activité économique. Mais

Keynes a surtout développé l’effet multiplicateur de l’investissement qui entraîne une

croissance plus forte que son montant initial. Ce côté exponentiel de l’investissement avait

déjà été souligné en 1917 par l’économiste J.M. Clark sous le nom d’effet accélérateur. On

peut résumer cet effet d’accélération en disant que suite à un investissement, l’entreprise va

connaître une augmentation de ses ventes. L’accroissement de son bénéfice qui va en

résulter l’incitera à nouveau à investir. On constate ainsi une progression ou une

accélération plus que proportionnelle à la première demande initiale de l’investissement.

Keynes va développer cet aspect multiplicateur de l’investissement, mais à partir du revenu

qu’il entraîne. Ainsi, l’investissement d’une entreprise conduit les salariés de l’usine

produisant les machines commandées à bénéficier de revenus supplémentaires. Ils vont

donc les dépenser en achetant d’autres biens de consommation qui vont eux-mêmes

engendrer des revenus supplémentaires pour d’autres salariés qui, à leur tour, vont

augmenter leurs achats. L’augmentation de cette demande dans différents secteurs conduit

à multiplier la croissance bien au-delà du montant initial de l’investissement.

Cet effet multiplicateur sera d’autant plus élevé que la propension marginale à consommer

sera forte, c’est-à-dire que le salarié consacrera à consommer la majeure partie du

supplément de revenu qu’il perçoit.

L’investissement joue donc un rôle déterminant sur la croissance économique en

raison de l’augmentation de la demande qu’il suscite. Mais il contribue également au

développement économique par l’augmentation de l’offre qu’il entraîne.

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33

L’investissement de remplacement, ou amortissement, permet une amélioration

de la productivité de l’entreprise par l’utilisation de machines neuves plus performantes.

L’investissement de productivité ou de rationalisation, par la réduction de coûts de

personnel qu’il entraîne, conduit l’entreprise à pouvoir baisser le prix du produit. Cette

amélioration de sa compétitivité-prix lui permet d’augmenter ses parts de marché et donc

d’accroître sa production.

Section 2 : Déterminants de l’investissement et l’analyse keynésienne et classique de

l’investissement

L’objet de cette section est de déterminer les facteurs explicatifs de

l’investissement. Pour cela nous présentons d’une part, les déterminants de

l’investissement et d’autre part l’analyse keynésienne et classique de l’investissement

A- Les déterminants de l’investissement

On distingue :

• La demande anticipée, appelée demande effective par Keynes. Lorsque l’entreprise

anticipe une augmentation durable de la consommation de ses produits et que ses propres

capacités de production sont saturées, elle sera conduite à investir ;

• La rentabilité. L’entreprise, avant d’investir, va calculer les profits futurs que va lui

procurer le capital investi. Pour cela, si elle finance son investissement par l’emprunt, elle

va comparer le taux d’intérêt de l’emprunt et le taux de rendement de l’investissement.

D’où l’importance du niveau du taux d’intérêt. Lorsque celui-ci est faible, cela entraîne ce

que l’on appelle un effet de levier. L’entreprise a en effet avantage à emprunter lorsque les

taux sont faibles, plutôt que d’utiliser ses propres capitaux, car la rentabilité de

l’investissement sera supérieure au remboursement de l’emprunt et de ses intérêts ;

• La rentabilité peut parfois laisser la place à une vision stratégique. En effet un

investissement peut-être indispensable pour ne pas être éliminé du marché, ou bien pour

éliminer ou marginaliser un concurrent.

• La situation financière de l’entreprise. Si l’entreprise est déjà fortement endettée, elle ne

recherchera pas à augmenter son passif pour financer de nouveaux investissements. Au

contraire, elle utilisera l’augmentation de ses profits pour alléger ses dettes. A l’inverse,

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une entreprise disposant de fonds propres ou cash flow importants, sera incitée à réaliser

de nouveaux investissements. Bref, du fait de l’effet de levier, la décision d'investissement

dépend également de la structure financière de l'entreprise, notamment du rapport entre ses

fonds propres et ses fonds empruntés;

• Le coût des facteurs de production. Si le coût du travail augmente, l’entreprise sera

incitée à recourir à l’investissement pour augmenter sa production. Autrement dit,

l’augmentation du coût du travail l’incite par exemple à substituer du capital au travail et à

augmenter ainsi l’intensité capitalistique de sa combinaison productive. Inversement, si le

coût du capital emprunté est élevé, l’entreprise préférera embaucher du personnel pour

faire face à l’augmentation de la demande ;

• Le taux d’utilisation des capacités productives. Une sous-utilisation des machines ne

favorisera pas l’investissement de l’entreprise. En revanche, si les machines fonctionnent à

plein régime, l’entreprise sera incitée à investir pour répondre à toute augmentation de la

demande. Cela signifie que l’entreprise n’investit que si le taux d’utilisation de son capital

est très élevé : en effet elle ne peut alors produire plus sans augmenter la quantité des

facteurs de production utilisés.

Exemple d’effet de levier :

Soit une entreprise qui dispose de 1,5 millions de fonds propres et dont l'activité productive

procure une rentabilité économique de 5%.

La rentabilité de ses fonds propres (rentabilité financière) dépend non seulement de la

rentabilité économique mais aussi du coût (frais financiers) des ressources qu'elle doit

emprunter en complément de ses fonds propres pour exercer son activité.

Supposons qu'elle doive emprunter 4,5 millions d'euros pour exercer son activité à un taux

d’intérêt de 3%. La rentabilité financière des fonds propres engagés de l’entreprise sera :

(1,5 + 4,5)*5% - 4,5*3% /15 = 11%

Ce qui peut s'écrire : rentabilité économique + (profitabilité * ratio d’endettement) =

rentabilité financière. Autrement dit : 5% + [(5% - 3%)*(4,5/1,5)] = 11%

Exemple avec 6 millions d’endettement : 5% + [(5% - 3%)*(6/1,5)] = 13%

Les propriétaires de l'entreprise (les actionnaires) s'intéressent à la rentabilité financière :

Cette rentabilité financière dépend de la rentabilité économique mais elle est aussi fonction

par l’effet de levier, de la profitabilité (différence entre la rentabilité économique et le taux

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d'intérêt réel à long terme) et du taux d'endettement (dettes / fonds propres).

Si la rentabilité économique est supérieure au coût des ressources d'emprunts, la rentabilité

financière est d'autant plus élevée que l'endettement est important par rapport aux fonds

propres (effet de levier de l’endettement). Le résultat s'inverse des lors que la profitabilité

(c'est à dire la différence entre la rentabilité économique et le taux d'intérêt réel à long

terme) est négative. Ainsi l’effet de levier provient de la différence entre le taux de profit et

le taux d’intérêt. Cependant l'effet de levier n'est pas illimité car un endettement trop

important tend à élever les taux d'intérêts et donc à annuler la profitabilité voir à la rendre

négative.

B – La théorie keynésienne de la demande d’investissement

La décision d’investissement est le fait du producteur qui décide de transformer des avoirs

monétaires en actifs physiques, c'est-à-dire en biens d’équipement. Cette décision va

dépendre, selon Keynes, du taux d’intérêt et du volume des ventes anticipé.

B-1) Le rôle du taux d’intérêt dans la décision d’investir

Tout investissement doit être financé, soit par des fonds propres, soit par des emprunts. Et

dans les deux cas, les intérêts représentent le coût rattaché à cet investissement. Et comme

les entrepreneurs cherchent toujours la rentabilité financière, ils vont comparer ce coût

avec le rendement du projet. Cette rentabilité peut être étudiée par référence au critère de la

Valeur Actuelle Nette.

a) L’approche de la VAN

La règle fondamentale en matière de décision d’investissement est celle de la valeur

actuelle nette (VAN) qui consiste à comparer le coût et les recettes d’un projet

d’investissement. Lorsqu’un entrepreneur étudie une opportunité d’investissement, il se

trouve en présence de deux groupes d’éléments.

- Une dépense d’investissement (I0) à engager immédiatement pour l’acquisition de biens

d’équipement dont la durée de vie est de (n) années.

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- Des recettes futures nettes (RN) attendues résultant de la vente des produits obtenus

grâce à l’investissement considéré sur toute sa durée de vie.

Soit donc RN1, RN2, …, RNn, les recettes nettes attendues, ou les rendements escomptés,

par un entrepreneur qui envisage d’acheter des biens d’équipement d’une valeur I0. Soit r9

le taux d’intérêt et n la durée de vie utile des équipements.

Pour décider de la faisabilité d’un projet, il faut calculer sa VAN, c'est-à-dire la différence

entre la somme des revenus actualisés et le coût d’achat des équipements :

Ce projet ne sera considéré comme rentable et ne sera réalisé que si sa VAN est positive.

b) Le Taux de rendement interne

Partant de la VAN, Keynes va proposer le concept alternatif d’Efficacité Marginale du

Capital (EMC), appelé aussi Taux de Rendement Interne de l’investissement (TRI).

Le TRI est le taux d’actualisation (ρ) qui rend la différence entre la valeur présente de

l’investissement et ses revenus futurs égale à zéro. Le TRI d’un projet ρ est tel que :

Dans ces conditions, la décision d’investissement va résulter d’une comparaison entre ρ et

le taux d’intérêt. Pour qu’un investissement soit réalisé, il faut que son TRI soit supérieur

au taux d’intérêt.

Partant de cette règle, nous supposons un entrepreneur face à plusieurs projets

d’investissement à TRI différents. La démarche à suivre dans ce cas est de (i) classer les

différents projets par TRI décroissants, (ii) comparer ces TRI au taux d’intérêt tel qu’il

apparaît sur le marché financier, (iii)décider des projets à réaliser selon la règle : ρ > r.

Ainsi, plus le taux d’intérêt est faible, plus le montant des investissements est élevé du fait

qu’il y aura de plus en plus de projets rentables. L’investissement est donc une fonction

décroissante du taux d’intérêt :

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37

Remarques :

- l’analyse keynésienne de courte période suppose que les prix sont constants, c'est-à-dire

que le taux d’inflation anticipée est nul, d’où les taux d’intérêt nominal et réel sont égaux.

- à des niveaux très faibles du taux d’intérêt, l’investissement ne dépend plus du taux

d’intérêt, c'est-à-dire que la sensibilité de l’investissement au taux d’intérêt sera nulle.

B-2-) Le rôle de la demande anticipée dans la décision d’investissement : la théorie de

l’accélérateur

Il faut également que l’entrepreneur anticipe une demande (consommation +

investissement + dépense publique + exportations) solvable suffisante et durable.

Dans une analyse de type macroéconomique, J.-M. Keynes a particulièrement

insisté sur le rôle de la demande effective, (demande anticipée par les entrepreneurs, qui

repose pour une part sur des facteurs psychologiques) sur l'investissement : Une variation

de la demande entraîne ainsi une variation de même sens mais nettement amplifiée de

l'investissement. Il s'agit d'une relation d'accélération entre la demande d'investissement.

Une augmentation de la demande entraîne donc une augmentation plus importante de

l’investissement.

a) Les hypothèses du modèle :

Pour qu’une variation de la demande se traduit par un accroissement des capacités de

production, trois conditions, au moins, doivent être vérifiées :

H1 : Les capacités de production sont pleinement utilisées. Il n’y a pas de capitaux oisifs.

H2 : On suppose que la production s’ajuste immédiatement à la demande de sorte que la

production remplace la demande dans la fonction d’investissement.

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H3 : On suppose une fonction de production à coefficients fixes et des rendements

d’échelle

b) Formulation de l’accélérateur simple :

Si nous supposons que la production s’adapte immédiatement à la demande anticipée, c'est-

à-dire que : Ya = Y, le principe de l’accélérateur suppose que l’investissement net d’une

période est proportionnel à la variation de la production de la même période, c'est-à-dire

que :

où α est le coefficient d’accélération, égal

au coefficient de capital.

Et comme Yt-1 est une constante, on peut déduire que l’investissement net est une fonction

croissante du niveau de production :

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Remarques :

- L’investissement nouveau nécessaire pour répondre à l’accroissement de la demande est

appelé investissement induit. L’investissement brut sera donc égal à l’investissement induit

plus l’investissement de remplacement.

- L’accélérateur ne fonctionne que dans le cas où la demande est croissante. Dans le cas où

la demande baisse, l’investissement net sera nul et il y aura constitution de capitaux oisifs.

En cas d’une reprise de la demande, les capitaux oisifs doivent être utilisés avant de

procéder à de nouveaux investissements.

c) Accélérateur flexible (Chenery (1952) et Koyck (1954)).

L’intérêt de cette approche réside en la nécessité de freiner les variations des anticipations

de demande. Elle diffère de l’approche standard par la prise en compte des anticipations

des agents et la prise en compte des délais de mise en œuvre des nouvelles capacités de

productions.

Pour Chenery (1952) le revenu anticipé est supposé suivre la règle d’anticipation

adaptative (les entreprises ont des anticipations adaptatives concernant la demande). Soit :

YKa

tt et YYY

a

tt

a

t 11

YYYYKa

tt

a

ttt 1111

KYK ttt 11

IYI ttt 11

L’investissement fonction croissante de la variation de la

demande et de sa valeur à la période antérieure.

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Si, λ = 1 (anticipations parfaites) on obtient le modèle standard. λ = 0 pas de

variations de demande anticipées et donc pas de fluctuations de l’investissement.

Par contre, Koyck (1954) va songer relier le stock de capital non pas au niveau du

revenu courant mais au revenu permanant.

YKP

tt Avec YY it

n

i

iP

t

0

1

Apres développements on a : KYI ttnt 111

Ainsi, l’investissement est une fonction croissante de la production et décroissante du stock

de capital de la période antérieure.

En définitive, la demande d’investissement dans la théorie keynésienne dépend

aussi bien du taux d’intérêt que du volume des ventes

anticipé.

C- Le model néoclassique de l’investissement : maximisation du profit et coût d'usage

du capital

Ce modèle montre comment le niveau d’investissement (l’accroissement de capital) est lié

à la productivité marginale du capital et au taux d’intérêt. Il ne s’agit pas là d’une théorie

de l’investissement à proprement parler, mais plutôt d’une théorie du capital optimal. Une

hypothèse importante : la possibilité d’ajuster immédiatement et sans coût le stock de

capital à son niveau optimal ; cela implique que le marché des biens d’équipement

d’occasion est efficient. (On raisonne sur une période et on revend l’investissement à la

fin) :

- la perte d’intérêt liée à l’immobilisation d’argent pour acquérir l’investissement

- la variation du prix de l’investissement entre le début et la fin de la période

- la dépréciation liée à l’obsolescence du capital

Max π(N)= PY-WN-RK

Y=F(N,K), est la production ; W : salaire ; N : quantité de travail utilisée ; R : coût d’usage

du capital.

La résolution de ce programme permet d’obtenir le stock de capital optimal

Les conditions du premier ordre :

∂π/∂N=0 , ∂π/∂K=0→P*∂F(N,K)/∂N=R

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La productivité marginale du capital (en termes nominaux) doit être égale au coût

d’usage (nominal) du capital :

- Si elle l’excède les entreprises trouvent un intérêt à accroître leur stock de capital

- Si elle est inférieure, les entreprises préfèrent laisser leur capital se déprécier.

Et comme il est admis que la production efficace suppose que la productivité

marginale est décroissante, alors nous pouvons dire que le stock de capital optimum est une

fonction décroissante du coût d’usage du capital.

En conclusion, d’après le modèle néo-classique, l’investissement est en relation

décroissante avec le taux d’intérêt nominal et le taux d’amortissement, en relation

croissante avec le taux d’inflation anticipé.

D- Le q de Tobin (1969) et la profitabilité de l'investissement

La théorie du q Tobin (prix Nobel en 1982) part de l’idée que la valeur boursière d’une

entreprise aide à mesurer l’écart entre le capital effectif et le capital désiré. Il suggère de

comparer la valeur boursière à la valeur comptable ou de marché de ce même capital.

q = valeur boursière du capital installé/coût de remplacement du capital installé = coût

d’acquérir l’entreprise sur le marché financier/coût d’acheter le capital de l’entreprise sur le

marché des biens

Tobin a montré que si q>1, les perspectives de profit sont favorables (hausse des prix des

titres reflète les profits anticipés plus importants), il est rentable d’acheter les actifs réels

Si q<1, il n’est pas judicieux d’investir : il y a pas de sens à créer une nouvelle entreprise

d’un certain coût si l’on peut acquérir une entreprise identique à moindre coût.

En définitive, Tobin suppose que I=f(q) avec dI/dq>0 (autrement dit, la hausse des cours

entraîne une hausse de l’investissement et inversement).

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42

Plus de production de biens d'équipement

Augmentation de

la productivité

Diminution des

prix

Augmentation

des profits

Augmentation

des salaires réels

Plus d'investissement Augmentation de la demande globale

Plus d'exportations ou

moins d'importations

Augmentation de la

consommation

Les relations entre l'investissement et la demande globale

Source : d'après un schéma de J.-M. Albertini, L'économie en

200 schémas, Les éditions de l'atelier, 1994

Questions de cours

Définition 1. Le Q de Tobin (résumé)

Définition 2. L’arbitrage

Définition 3. Effet de levier

Définition 4. L’accélérateur

1) Avantages et inconvénients des différentes modalités de financement

2) Investissement direct à l’étranger et échanges extérieurs :

- Rappelez la définition des IDE.

- Quels sont les buts poursuivis par les entreprises lorsqu’elles réalisent des investissements

directs à l’étranger ?

- Pourquoi les flux d’IDE sont précédés d’un signe + ou - ?

3) Les cours de la bourse : un des déterminants de l’investissement :

- Définissez les termes : action, obligation.

- Rappelez la fonction du marché financier.

- Dans quel cas les indices boursiers sont-ils à la baisse ? Qu’est-ce que cela signifie ?

Quelles en sont les conséquences ?

- Quels sont les effets des IDE sur la croissance et sur l’emploi ?

4) L’investissement immatériel :

- Définissez l’investissement immatériel.

- Enumérez les différents investissements immatériels, expliquez leur progression.

- Pourquoi doit-on prendre davantage en considération l’évaluation des investissements

immatériels ?

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5) Dans un développement structuré répondez à la question suivante : Au plan national,

quels sont les effets des IDE sur la croissance et sur l’emploi ?

Exercice 1

L’économie d’un pays est composée de seulement huit entreprises qui ont chacune un

projet d’investissement pour l’année en cours avec les caractéristiques suivantes :

Projets 1 2 3 4 5 6 7 8

Montants 100 70 120 40 50 130 20 40

TRI (%) 8 6 2 10 5 6 15 7

1) Quel sera le montant de l’investissement de cette économie si le niveau de taux

d’intérêt est de 20%, 11%, 9%, 7.5%, 5.5%, 0%

2) En déduire la forme de la fonction macroéconomique d’investissement pour ce

pays.

Exercice 2

Ces dernières années, la demande globale d’une économie a évolué de la manière

suivante :

Périodes 1 2 3 4 5

Demande (milliard d’euro) 100 120 140 155 165

Si on considère que les entreprises s’adaptent instantanément et en totalité à la

demande :

Déterminer l’évolution du stock de capital nécessaire si le coefficient du capital est de 3.

Exercice 3

On suppose que l’évolution en valeur de la demande en bien de consommation d’un certain

type est la suivante :

Périodes 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

Demand

e

100

0

100

0

110

0

160

0

160

0

150

0

100

0

70

0

70

0

90

0

100

0

100

0

A la période 0, le taux d’utilisation des capacités de production est de 100%, et les

entreprises disposent d’un capital fixe de 4000.

On suppose par ailleurs que le coefficient du capital demeure identique à toutes les

périodes et que la production s’adapte instantanément à la demande de la période.

1- Qu’est ce que le capital fixe ? Définir et calculer le cœfficient de capital de cette

branche économique.

2- Quelles sont les hypothèses nécessaires pour que ce coefficient demeure constant,

quelque soit le niveau de la demande.

3- Calculer l’investissement induit à chacune des périodes.

4- Sur un même graphique, tracer les courbes d’évolution de la demande et de

l’investissement induit. Commenter.

5- Comment les entreprises peuvent-elles désinvestir au niveau individuel, au niveau

de la branche économique, au niveau national.

Exercice 4

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L’un de vos amis veut s’installer à son compte et s’interroge sur l’opportunité d’investir

30000 euros dans un projet qui doit lui rapporter 8400 euros par an pendant quatre ans.

Sachant que vous êtes étudiants en Licence 1 en sciences économiques, il vous demande

conseil. Le taux d’intérêt en vigueur dans cette économie étant de 5.2% que lui répondez-

vous ?

Exercice 5

1- Que stipule le principe d’accélération ?

2- Si pour réaliser un niveau de production Pt= 100 000 000 FCFA, il faille utiliser un

stock de capital de 200 000 000 FCFA, que vaut dans ce cas le coefficient de

capital ?

3- On suppose que le coefficient du capital est constant : si la durée de vie des

équipements est de 20ans que vaut l’investissement de remplacement ?

4- Si la demande varie comme suit :

Années Demande (million)

1 100

2 105

3 115

4 115

5 105

a- Analyser l’évolution de la demande

b- Calculer le montant des investissements nets et bruts

5- En supposant que la durée de vie soit de 40 ans, à partir du tableau précèdent,

calculer les investissements bruts. En déduire l’effet de la durée de vie sur l’effet

accélérateur.

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Chapitre 3 : la demande de monnaie

A priori, la monnaie peut apparaître comme une question économique relativement

secondaire. Avant tout, c’est un instrument d’échange. Elle intervient dans la circulation

des marchandises. À côté du capital, de la productivité, des innovations, de la formation de

la main-d’oeuvre qui affectent directement la production, la monnaie devrait occuper une

très petite place dans la théorie de la croissance et de la richesse. On pourrait accepter cette

idée si la monnaie n’était qu’un simple instrument des échanges.

Par contre, il apparaît que, la monnaie est un élément fondamental de l’équilibre entre

l’épargne et l’investissement, et entre dans la formation des taux d’intérêt et de la dépense.

On conçoit donc bien qu’à ce titre, la monnaie occupe une place de premier rang dans la

vie économique, comme déterminant du niveau général des prix (étalon des valeurs) et du

taux d’intérêt (réserve de valeurs). Et qu’à travers l’incidence de l’équilibre du marché de

la monnaie sur les conditions de formation des prix et de taux de l’intérêt, la monnaie

exerce, ou peut exercer, une influence majeure sur l’activité économique.

Le marché de la monnaie, comme tout marché, peut être regardé comme le lieu où

s’équilibrent une offre et une demande. Mais ce n’est pas un marché tout à fait comme les

autres. D’abord parce que la monnaie est un bien public, c’est même le bien public par

excellence, puisque c’est la mesure des valeurs et l’instrument des échanges : sans

monnaie, pas de marché.

L’offre de monnaie est réalisée par le système bancaire. Par contre, la demande est

exclusivement privée et il est exclu que l’État intervienne pour réguler son cours.

Dans l’analyse classique, la monnaie, instrument d’échange, n’est pas demandée

pour elle-même, mais seulement pour ce qu’elle permet d’acquérir. La monnaie n’est qu’un

bien parmi les autres, celui qui est choisi comme étalon de référence pour fixer la valeur

des autres biens.

Dans le schéma classique, les prix, la production et la consommation des biens ne

dépendent que des demandes et des offres de ces biens. Il y a un équilibre sur les marchés

de chacun des biens, équilibre qui ne dépend en aucune façon du « marché de la monnaie »

dont le seul rôle est de fixer le niveau général des prix. Cette absence d’interaction entre ce

qui est « monétaire » et ce qui est « réel » (activité économique de production et de

consommation des biens), cette neutralité de la monnaie, illustrée par la formule : « La

monnaie n’est qu’un voile », revient à considérer que les agents, à court terme comme à

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long terme, font une évaluation précise du prix de la monnaie, c’est-à-dire du niveau

général des prix, hypothèse d’absence « d’illusion monétaire ». En d’autres termes, les

classiques privilégient uniquement la fonction moyen d’échange de la monnaie : le seul

motif de détention de la monnaie est le motif de transaction.

KEYNES prend en compte les deux fonctions d.« intermédiaire des échanges » et

de « réserve de valeur » de la monnaie, il les juxtapose en distinguant trois motifs de

détention de la monnaie : Le motif de transaction, Le motif de précaution, Le motif de

spéculation

Les monétaristes et notamment Milton FRIEDMAN ont élargi l’analyse classique

en faisant de la demande de monnaie la recherche de la part optimale de la monnaie au sein

du patrimoine

Section 1 : les explications classique et monétariste de la demande de monnaie

A- L’explication classique : la théorie quantitative de la monnaie

La théorie quantitative de la monnaie est très ancienne et bien connue. Nous la rappelons

ici car elle a constitué le cœur de la théorie macroéconomique dominante jusqu' aux années

30 et qu’elle est toujours présente dans les écrits monétaristes et dans les visions modernes

de la politique monétaire.

L’équation des échanges suivantes constitue une identité comptable : MV=PT

Ou M est la quantité de monnaie en circulation au cours d’une période donnée, P le niveau

général des prix, T le volume des transactions au cours de la même période et V la vitesse

de circulation de la monnaie, c'est-à-dire le nombre moyen de fois ou elle change de mains

dans l’économie au cours de la période (autrement dit elle mesure le nombre de fois par

unité de temps qu’une unité monétaire est utilisée dans les transactions). Cette équation ne

dit rien de plus que le fait que la valeur des transactions est égale au montant de monnaie

qui a été utilisé pour les régler.

Irving Fisher (1911) transforme cette identité en théorie. Il considère que T est

proportionnel au volume de la production, et V est fixé par les facteurs institutionnels tels

que les pratiques de crédit, la qualité des communications… et est donc indépendant des

autres variables. L’offre de monnaie est exogène. Il peut alors écrire non plus une identité

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comptable mais plutôt une relation de causalité entre les quatre variables

concernées : P= T

VM qui dit que le niveau général des prix est déterminé par l’offre de

monnaie, moyennant un facteur de proportionnalité dépendant de variables déterminées par

ailleurs : c’est la théorie quantitative de la monnaie.

On passe à une théorie de la demande de monnaie en écrivant que le marché de la

monnaie est en équilibre : Md=M, ou Md est la demande de monnaie. La demande de

monnaie en termes réels m=Md/P est alors uniquement fonction du volume des

transactions et de la vitesse de circulation. En particulier, elle est insensible aux variations

du taux d’intérêt.

Une deuxième voie empruntée par les économistes pour dire en substance la même chose,

même si le raisonnement sous jacent est différent. Il s’agit de l’approche de Cambridge,

représentée par les travaux de Marshall et Pigou.

L’approche de Cambridge est explicitement une théorie de la demande de monnaie. Celle-

ci est déterminée par le besoin des agents d’effectuer des transactions. Ils désirent détenir

de la monnaie parce qu’elle constitue le moyen le plus pratique pour ce faire, et qu’elle est

universellement acceptée en échange de biens et services. Les agents désirent effectuer des

transactions proportionnément à leur revenu nominal, soit sur le plan agrégé proportionnel

au revenu nominal de l’économie PY. Ils demandent donc : Md=kPY

Où k est le coefficient de proportionnalité et 1/k est homogène à une vitesse de circulation

de la monnaie. Cette vitesse a cependant une signification différente de celle de Fisher :

elle mesure non pas le nombre de fois ou la monnaie change physiquement de mains au

cours de la période considérée, mais la fraction du revenu nominal que les agents désirent

détenir sous forme de monnaie. On la nomme de ce fait vitesse-revenu par opposition à la

vitesse-transaction de Fisher.

Pour obtenir la théorie quantitative, il suffit alors d’écrire l’équilibre du marché de la

monnaie Md=M et de noter que Y est déterminé par l’équilibre réel de l’économie et que k

dépend des préférences des agents.

A partir des développements ci-dessus, on s’aperçoit que la demande d’encaisses réelles est

une fonction croissante du revenu. Cette dernière est détenue uniquement pour motif de

transactions.

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B- L’analyse néo-quantitative (monétariste) de la demande de monnaie

Friedman (1956) propose sa théorie de la demande de monnaie en réaction à celle de

Keynes. Elle est destinée à réhabiliter la théorie quantitative de la monnaie, c’est à dire

à fournir in fine une relation stable entre offre de monnaie et niveau général des prix, la

première déterminant le second. Pour Friedman, la monnaie (ou plutôt les encaisses

réelles M/P) est un bien de consommation comme un autre. La fonction d’utilité des

agents comporte, à coté des biens de consommations, la monnaie et les actifs

financiers. La présence de la monnaie est justifiée par ses caractéristiques particulières

et parce qu’elle est comme les autres actifs un moyen de détenir de la richesse.

La monnaie est envisagée comme un actif patrimonial dont la demande obéit aux règles

du choix entre les divers biens de patrimoine. Ce choix est réalisé selon les préférences

de chaque agent pour la structure désirée de son patrimoine. En analyse

microéconomique, on l’obtient en maximisant un index d’utilité des combinaisons des

divers biens patrimoniaux, sous la contrainte que la somme de la valeur de ces biens est

égale à la richesse de l’agent. Friedman distingue cinq types de biens patrimoniaux : la

monnaie, les titres à intérêt fixe (les obligations) les actions, le capital physique

(propriétés, immeubles) et enfin le capital humain. Le revenu correspondant à ce

dernier est évidemment le salaire.

La demande de monnaie est alors fonction de la richesse de l’agent (W), des

rendements des autres actifs patrimoniaux et d’un paramètre exprimant les

changements exogènes des goûts pour la structure de la richesse (u), des rendements

réels des obligations (rb) et des actions (re). Il convient de noter que la dépréciation du

niveau général des prix est un rendement négatif des encaisses et au contraire un

rendement nominal positif du capital physique puisque sa valeur nominale augmente.

Donc il faut intégrer le taux de variation du niveau général des prix (1/P*dP/dt) comme

variable de la fonction de demande de monnaie. D’autre part il est difficile de

concevoir, du moins dans un terme restreint, une substitution possible entre capital non

humain et capital humain. Aussi, il est empiriquement souhaitable d’introduire le

capital humain dans la demande de monnaie par le paramètre w qui est le rapport du

capital humain au capital non humain. Enfin, la dernière variable influençant la

demande de monnaie est le niveau général des prix. Les agents sont intéressés par le

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pouvoir d’achat de leurs encaisses, c'est- à-dire par la valeur réelle du stock de

monnaie. La demande réelle de monnaie est elle-même fonction de la valeur réelle du

patrimoine. Donc on peut l’écrire soit en terme nominal, soit en terme réel.

En terme nominal : Md=f(P, rb, re, 1/P*dP/dt, W, w,u)

En terme réel, Md/P=f(rb, re, 1/P*dP/dt, W/P, w,u)

D’autre part, Friedman substitue le concept de revenu à la richesse dans la fonction de

demande de monnaie. Pour cela, il part de la relation fishérienne entre le revenu et la

richesse. On appelle (Y) le flux de revenu procuré par la richesse (W) pour un taux

d’actualisation r. soit W=Y/r le revenu ainsi défini est ce que Friedman appelle le

revenu permanent. De plus, si on admet que le taux d’intérêt r est lié à rb et re, la

fonction de demande de monnaie s’écrit : Md=f(P, rb, re, 1/P*dP/dt, Y, w,u)

En terme réel, Md/P=f(rb, re, 1/P*dP/dt, Y/P, w,u)

Soit sous la forme de vitesse : V=Y/Md=),,/,/*/1,,( uwPYdtdpPrerbf

Y

Formellement on retrouve une représentation de la demande de monnaie de type

quantitativiste. Mais en réalité, la vitesse de circulation de la monnaie définie ci-dessus

dépend d’un grand nombre de variables, en particulier les taux d’intérêt, le revenu réel

et la variation du niveau des prix. Ce n’est donc pas une constante comme dans le cas

de la théorie quantitative, au contraire même, le nombre de variables qui l’influencent

est tel qu’on est plus proche de la formulation keynésienne que de l’expression

quantitative classique traditionnelle.

Il serait erroné de croire pourtant que cette expression de la monnaie n’a de

quantitativiste que le nom. Or que veulent montrer les partisans de la théorie

quantitative ? Ils veulent prouver que la variation de la quantité de monnaie a une

influence prévisible sur le niveau général des prix et le revenu. Ceci est vrai si la

vitesse de circulation de la monnaie est constante. C’est l’hypothèse la plus simple pour

que la relation causale soit vérifiée. Mais elle n’est pas nécessaire. Il suffit que

l’évolution de la vitesse de la monnaie soit prévisible c'est-à-dire qu’elle soit une

fonction stable de certaines variables.

Aussi, c’est la stabilité de la fonction de la demande de monnaie qui est l’hypothèse

quantitativiste cruciale. Cela signifie qu’on peut prévoir son évolution en fonction d’un

petit nombre de variables. Il est évident que plus le nombre de variables est important,

moins la fonction est stable. Friedman attribue la stabilité de la demande de monnaie au

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fait qu’elle dépend avant tout du revenu, les autres variables ayant un impact

négligeable. Il utilise comme revenu un concept du type du revenu permanent qui lui

permet de relier la demande de monnaie non pas au revenu mais à la richesse.

En définitive, en guise de comparaison, Keynes insiste sur l’instabilité de la relation

monnaie-revenu en raison des modifications des anticipations des agents économiques

(anticipation sur les taux, les prix, le niveau d’activité). Friedman met quant à lui l’accent

sur la stabilité de la relation monnaie-revenu permanent. Friedman fait reposer sa thèse de

la stabilité sur les caractéristiques de sa fonction de demande qui, parce qu’elle est

contrainte par le patrimoine, est une fonction de longue période. Le revenu Y est en fait le

revenu permanent Yp qui ne change que modérément au cours du temps, les fluctuations

des taux d’intérêt s’effectuent autour d’un taux moyen normal, les fluctuations de prix

s’effectuent également autour d’un taux moyen.

Ainsi la fonction de demande de monnaie s’écrit M P f (Yp) M / P f (Yp)

A long terme, la demande de monnaie est une fonction stable du revenu permanent.

C : la demande de monnaie dans l’optique du stock optimal

La théorie du stock optimal, qui explique la demande de transaction en fonction du taux

d’intérêt est due à W. Baumol (1952) et à J. Tobin (1956). Ces auteurs ont montré que les

encaisses de transactions étaient élastiques au taux d’intérêt en leur appliquant la théorie de

la gestion des stocks. Nous adopterons ici la présentation de Baumol.

Le modèle de Baumol est un modèle fondé exclusivement sur le motif de transaction et qui

développe une approche microéconomique, en ce sens, il est d’inspiration classique. Ce

modèle analyse les coûts et avantages de la détention de la monnaie et montre que sous

certaines hypothèses d’imperfection du marché du crédit, la demande de monnaie, même

limitée au motif de transaction, dépend du taux d’intérêt, ce qui est un des résultats de

l’analyse keynésienne de la demande de monnaie pour le motif de spéculation.

Supposons qu’un agent reçoive au début de la période un revenu Y ; et admettons pour

simplifier qu’il a un flux de dépenses d’un débit constant sur la période. On considère de

plus qu’il ne désire posséder des encaisses que pour payer ses achats de biens et services et

qu’à la fin de la période son revenu sera épuisé et ses encaisses seront nulles.

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Soient, Y le niveau de revenu, n le nombre de retrait, Z le montant de chaque retrait, b

le coût lié à chaque retrait (transport, communication, coût bancaire de transfert, etc.) i le

taux d’intérêt.

On suppose que l’agent détient des encaisses moyennes (M) qui sont égales à la moitié du

niveau des retraits. Il supporte de ce fait d’une part un coût d’opportunité lié à la perte

d’intérêt soit, iZ/2 ; d’autre part un coût lié aux visites en banque, soit nb. Le coût total

pour la détention d’encaisses est : CT= iZ/2 + nb or, Z=Y/n alors CT= iY/2n + nb

Pour déterminer le nombre de visite optimal (n*), il faut minimiser la fonction de coût

total. Soit Min CT↔dCT/dn=0, soit n= b

iY

2 ; Z=

i

bY2 ; M= Z/2=

i

bY

2

D’après cette relation on remarque que la demande de monnaie pour motif de transaction

est une fonction croissante du revenu (Y) et fonction décroissante du taux d’intérêt (i).

Autrement dit, plus le revenu est élevé, plus forte sont les encaisses et plus le taux d’intérêt

s’élève, plus les agents ont intérêt à minimiser le niveau de leurs encaisses ceci quelque

soit le motif de détention.

L’élasticité de la demande de monnaie au revenu est ½ : il y a une économie d’échelle dans

la gestion du stock de monnaie. Ceci provient de l’existence de coûts fixes (b indépendant

de Z) à coté de coûts variables (coût d’opportunité). Par contre dans les modèles classiques

traditionnels, cette élasticité est égale à 1.

L’élasticité de la demande de monnaie par rapport au taux d’intérêt est - ½.

revenu

Z

Z/2

Temps

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Section 2 : La demande de monnaie chez Keynes

Keynes considère que la fonction de demande de la monnaie en terme réel chez les

classiques reste incomplète. Le taux d’intérêt nominal est un autre déterminant de la

demande de monnaie en terme réel. Keynes considère que les agents économiques

détiennent la monnaie pour trois motifs :

A- le motif de transaction

Ce motif résulte du fait que les recettes et les dépenses des agents économiques ne sont

pas synchronisées. Si c’était le contraire, les agents économiques n’auront pas besoin de

détenir de la monnaie afin de financer les transactions. Plus précisément, appliqué aux

ménages, ce motif est appelé motif de revenu. Il correspond à la détention de monnaie

rendue nécessaire par l’existence d’un intervalle de temps entre le moment où les manages

perçoivent leurs revenus et celui où ils les dépensent. Appliqué aux entreprises, ce motif est

appelé motif professionnel. Les entreprises doivent en effet posséder de la monnaie afin de

combler l’intervalle de temps qui sépare les dépenses engagées dans le processus productif

et les recettes (on parle également de motif professionnel). Le volume des transactions à

effectuer dépend du revenu. Plus le revenu est élevé, plus le volume des transactions a

effectuer est élevé, plus la demande d’encaisses monétaires pour assurer ce volume de

transaction est élevé. Donc la demande de monnaie pour motif de transaction est une

fonction croissante du revenu.

B- Le motif de précaution

Outre le motif de transaction, la monnaie peut être détenue en vue de faire face à des

dépenses futures imprévisibles. Ce motif n’aurait pas existé si les flux des dépenses futures

étaient prévus de manière certaine. Il s’en suit que la demande de monnaie pour motif de

précaution sera d’autant plus importante que les dépenses futures sont incertaines.

C- Le motif de spéculation

Outre le motif de transaction et de précaution, les agents économiques détiennent de la

monnaie comme une alternative à la détention d’actifs financiers. Or la détention de la

monnaie a un coût : la renonciation aux intérêts puisque le rendement nominal de la

monnaie est nul.

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On peut définir la demande de monnaie pour motif de spéculation (lorsque les

agents économiques font un arbitrage entre la détention de la monnaie et d’actifs

financiers) comme étant les encaisses monétaires que les agents économiques choisissent

de détenir plutôt que d’acquérir des titres financiers dans l’attente de variations favorables

du taux d’intérêt ou des cours des titres. Lorsque le taux d’intérêt diminue, la rémunération

des titres diminue (le coût d’opportunité de la détention de la monnaie diminue), ceci va

inciter les agents économiques à détenir plus de monnaie et moins de titres financiers.

Ainsi la demande de monnaie pour motif de spéculation se présente comme une fonction

décroissante du taux d’intérêt. Mais de quel taux d’intérêt s’agit il, réel ou nominal ?

Soit i : le taux d’intérêt nominal, πe: le taux d’inflation anticipé et r : le taux d’intérêt réel.

r = i - πe

Lorsqu’on détient de la monnaie son rendement nominal est nul, son rendement réel est

égal à (-πe ). Lorsqu’on détient des titres financiers (obligations) leur rendement réel est

égal à i - πe qui n’est autre que le taux d’intérêt réel. Dans les deux cas de figure

l’inflation affecte négativement l’option choisie. L’élément qui permet de faire l’arbitrage

entre les deux alternatives (détenir de la monnaie ou des titres) est le taux d’intérêt

nominal. Ainsi on peut exprimer la demande de monnaie en terme réel pour motif de

spéculation comme étant une fonction décroissante du taux d’intérêt nominal.

- La relation entre le prix d’un actif et le taux d’intérêt

L’analyse du comportement de spéculation keynésien s’opère à partir du cours en Bourse

des obligations, c’est à dire du cours en Bourse de valeurs à revenu fixe. Il suppose que

l’on distingue la valeur faciale du titre (valeur d’émission) de sa valeur de négociation en

Bourse. Si le titre est émis à 100 € avec un taux d’intérêt de 5%, quelles que soient les

variations du cours en Bourse du titre, il rapportera toujours 5 €.

Si l’on suppose que le cours du titre passe de 100 à 125 € en rapportant toujours 5 €, son

rendement est de (5 x 100)/125 = 4%. La hausse des cours du titre correspond à une baisse

du rendement exprimé par un taux d’intérêt.

Dans l’analyse keynésienne, les agents sont supposés établir ce résultat et se déterminer à

l’achat ou la vente en fonction de ses résultats.

Inversement, si l’on suppose que le cours du titre passe de 100 à 83,30 €, il rapporte

toujours 5€, son rendement (taux d’intérêt) est donc de (5x100)/83,3= 6%.

A la baisse du cours des titres correspond une hausse des taux d’intérêt.

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Soit Pt le prix d’une obligation, C son revenu (coupon) annuel et i son rendement

(taux d’intérêt), nous pouvons écrire : Pt = C /i ou i = C / Pt

Ainsi lorsque le taux d’intérêt est de 5%, les agents sont prêts à payer jusqu’à 100€, et pas

plus, pour une obligation rapportant 5€ par an.

La demande de monnaie pour le motif de spéculation dépend du cours des titres, et évolue

entre deux bornes. Si le cours des titres est très élevé et donc le taux d’intérêt très faible, les

agents attendent la baisse du cours des titres et donc la hausse des taux d’intérêt.

Inversement, lorsque le taux d’intérêt est élevé, les cours des titres sont au plus bas, et la

demande d’encaisse pour le motif de spéculation est faible ou inexistante, les agents

saisissent l’opportunité de placement.

A ces trois motifs, J-M Keynes ajoute un facteur supplémentaire : le degré de préférence

pour la liquidité, fonction de l’état de confiance qu’ont les agents dans l’avenir du système.

A ce titre, la détention de monnaie est un moyen d’apaiser l’inquiétude des agents face à un

avenir incertain et non probabilisable. La préférence pour la liquidité (La préférence pour

la liquidité exprime le choix de l’agent pour la monnaie ou un substitut étroit de la

monnaie) est donc un baromètre mesurant le degré de confiance des agents dans

l’évolution de l’économie.

NB : Dans un article paraissant après la publication de la Théorie Générale de la monnaie,

de l’intérêt et de l’emploi, J-M Keynes ajoutera un quatrième motif de détention de la

monnaie, le motif de financement, selon lequel toute augmentation des commandes

d’investissement n’est pas possible sans l’apport d’encaisses monétaires supplémentaires.

Associé à l’activité anticipée (c’est à dire au revenu national anticipé Y*), ce motif permet

de comprendre les variations du taux d’intérêt indépendamment du volume courant de la

production : si les institutions financières refusent d’accorder de la monnaie nécessaire au

financement des investissements additionnels, la seule issue est une hausse des taux

d’intérêt.

J-M Keynes reconnaît qu’il n’aurait pas dû négliger cette question auparavant, puisqu’elle

est la pierre angulaire de la théorie monétaire du taux d’intérêt. De la même manière

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qu’une augmentation de l’activité réelle doit accroître le taux d’intérêt (à moins que les

banques ou le public ne soient disposés à offrir de l’argent liquide), une augmentation de

l’activité prévue doit avoir un effet similaire qui s’ajoute au premier.

Dans cette perspective, la demande d’encaisse serait une fonction décroissante du taux

d’intérêt.

Ainsi considéré, le motif de financement ne s’attacherait qu’à l’accroissement planifié de

l’investissement. Ce motif s’applique aussi bien à la production de biens de consommation

que la production de biens d’investissement, il concerne la production totale et non l’une

de ses composantes.

En cela, la demande de financement dépend du niveau de l’activité économique planifiée et

non de sa structure ; les entreprises n’ont nul besoin d’épargne préalable, elles ont besoin

de liquidités et les obtiennent auprès des banques. J-M Keynes était donc bien convaincu

du fait que la monnaie est une monnaie de crédit, elle est créée moyennant l’octroi de

crédits, et n’est donc pas recueillie préalablement à travers les dépôts.

Maintenant nous pouvons exprimer la fonction de demande de monnaie globale qui est

fonction croissante du revenu et décroissante du taux d’intérêt.

Questions de cours

Problème1

La fonction de consommation est représentée par : C=0.75Y+800 ; ou Y est le revenu

L’efficacité marginale du capital est donnée par : EMC=6000/I ou I est l’investissement

La demande de monnaie est donnée par : Md=10 000/r ou r est le taux d’intérêt. Mo=2000,

Mo est l’offre de monnaie

1- Calculer le taux d’intérêt

2- Calculer le volume d’investissement d’équilibre et représenter graphiquement cet

équilibre.

3- L’économie étant en équilibre lorsque l’épargne est égale à l’investissement,

donner le revenu d’équilibre.

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Problème 2

Monsieur Tamo reçoit chaque mois Y=60 000 F qui lui est directement versé sur un

compte d’épargne, rémunéré au taux mensuel de 0.6%. Le mois compte 30 jours. La

consommation mensuelle de M. Tamo est de 60 000 F et ses dépenses se repartissent

uniformément dans le temps. Pour financer sa consommation, M. Tamo retire de l’argent

sur son compte courant. On suppose qu’il effectue n retraits égaux d’un montant Z. chaque

retrait coûte 5 F. Déterminer le nombre optimal de retraits n* et le montant optimal Z* de

chacun de ses retraits.

Problème 3 :

1- Soit la fonction de demande de monnaie selon Friedman :

NP

Md=

NP

Yp

Md : demande nominale de monnaie ;

P : niveau général des prix

Yp : revenu permanent

N : population

, : paramètres ; = 0,0032 ; =1,81

- Commenter la fonction de demande de monnaie Friedman

- Déterminer la vitesse de circulation de la monnaie de long terme

- Si le revenu permanent varie de 1%, déterminer l’impact de cette variation sur la

demande de monnaie

- Si la population croit à un taux de 1%, déduire son impact sur la variation de la demande

de monnaie

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Deuxième partie : les équilibres et déséquilibres macroéconomiques

L’objectif de cette partie est d’une part de donner des représentations simplifiées d’une

économie nationale à travers la construction de deux modèles macroéconomiques simples

(classique et keynésien) ou seront représentés les quatre agents (ménages, entreprises, Etat,

extérieur) à travers les opérations macroéconomiques fondamentales (production,

consommation, investissement,…) qu’ils effectuent entre eux sur les différents marchés

(travail, biens et services, des capitaux). Ces modèles nous permettront de comprendre les

mécanismes d’ajustement qui mèneront l’économie vers l’équilibre et aussi d’examiner

l’efficacité des politiques économiques. De même, au sortir de cette partie nous

présenterons certains déséquilibres économiques et monétaires, notamment l’inflation et

le chômage pouvant être persistants. Ces déséquilibres constituent les principaux maux des

pays industrialisés et des pays en développement.

Chapitre 4 : Le modèle classique

L’objet de ce chapitre est de montrer que selon l’approche classique, le marché est le

meilleur régulateur de l’économie et que de ce fait, l’intervention de l’Etat à travers ses

politiques économiques est totalement inefficace. Les hypothèses de ce modèle sont les

suivantes : l’économie est en CPP, les agents sont rationnels, les prix sont parfaitement

flexibles, les marchés sont en équilibre stable, toute offre crée sa propre demande, le temps

de la production est la courte période (avec Ko constant).

Section 1 : La détermination de l’équilibre macroéconomique dans le modèle

classique

I,S W/P Lo W

S W*

(W/P)*

I Ld

r* r L* L P* P

Y Y=f(L) Y

Y* p=f(Y)

Y L* L P* P

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La détermination de l’équilibre macroéconomique dans le modèle classique se fait de

manière progressive. Il y a en tout 6 schémas.

• L’étape initiale (1) concerne le schéma central supérieur qui est celui du marché du

travail. Son équilibre aboutit à la fixation du taux de salaire. Ce taux est réel dans la mesure

où les agents sont supposés non soumis à l’illusion monétaire et ce taux est parfaitement

flexible parce que le marché du travail est comme tous les autres marchés un marché de

CPP. Le taux de salaire d’équilibre résulte de la confrontation entre l’offre de travail

qui émane des individus et la demande de travail qu’expriment les producteurs. L’offre

de travail est une fonction croissante du salaire (réel) parce qu’elle résulte de l’arbitrage

travail-loisir que font les individus ; si chômage il y a, celui-ci est nécessairement

volontaire. Autant dire que l’équilibre macroéconomique classique est forcément un

équilibre de plein emploi. En ce qui concerne la demande de travail, les producteurs

embauchent jusqu’à ce qu’il y ait égalisation entre productivité marginale du travail et le

coût marginal du travail, c’est-à-dire son prix, le taux de salaire réel (la courbe de demande

individuelle de travail se confond avec celle de la productivité marginale en valeur du

travail, laquelle courbe est décroissante puisque la courbe de productivité physique est

elle-même, dans la zone d’efficience, décroissante avec les quantités de travail utilisées).

En termes mathématiques, on peut écrire, en notant W/P le taux de salaire réel :

Pour l’offre de travail : Lo = Lo(W/P) avec Lo’(W/P) > 0

Pour la demande de travail : Ld = Ld(W/P) avec Lo’(W/P) < 0

Remarque : Si, pour une raison ou pour une autre, le taux réel de salaire effectif est à un

moment donné par exemple supérieur au taux réel de salaire d’équilibre, l’offre de travail

des individus va excéder la demande de travail des producteurs et il y a chômage certes

involontaire. Mais la concurrence entre travailleurs pousse le salaire nominal à la baisse, et,

comme on raisonne sur un seul marché (hypothèse « ceteris paribus » de l’analyse en

équilibre partiel), le niveau général des prix est constant, si bien qu’au total le taux de

salaire réel diminue aussi ; et cela jusqu’à ce que l’égalité soit retrouvée entre offre et

demande pour le niveau du taux réel de salaire d’équilibre. On est à nouveau en plein

emploi. Si chômage il y a, il est forcément « volontaire » en ce sens que les individus

disposés à travailler n’acceptent pas les emplois qu’on leur propose au taux de salaire

réel d’équilibre.

• L’étape suivante (2) concerne le schéma central inférieur c’est à dire le marché des biens

et services. Il décrit la fonction de production macroéconomique. On constate que celle-ci

ne prend en considération que le facteur travail. Cela s’explique par le fait que l’on

raisonne en courte période et que le stock de capital est supposé donné et fixe (de plus, on

suppose stables l’état des techniques et les comportements des agents). La forme

retenue pour la fonction de production montre qu’est admise l’hypothèse de rendements

marginaux décroissants.

En termes mathématiques, la fonction macroéconomique de production peut s’écrire de la

manière suivante :

Y = Y (Ko, L) où Ko représente un stock de capital donné.

• L’étape suivante (3) concerne le schéma du sud-ouest qui est a priori un graphique de

passage mais il exprime aussi l’égalité que l’on a à l’équilibre entre offre et demande

globales, entre produit et revenu national.

• L’étape suivante (4) concerne le schéma du nord-ouest qui décrit en premier lieu

l’équilibre du marché des capitaux. Sur ce marché se détermine le taux d’intérêt (réel) par

confrontation entre offre et demande de capitaux, autrement dit entre épargne et

investissement. L’offre de capitaux - l’épargne - est une fonction croissante du taux

d’intérêt : les individus font un arbitrage intertemporel entre consommation immédiate et

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consommation différée et le taux d’intérêt apparaît comme étant le prix de la

renonciation à la préférence pour le présent.

Revenu = Consommation immédiate + Épargne (forcément placée car la thésaurisation ne

peut être rationnelle)

Chez les Classiques, le taux d’intérêt est la variable d’arbitrage entre consommation et

épargne ; il est le prix de la renonciation à la préférence pour le présent ; c’est le coût

d’opportunité du temps.

La demande de capitaux - l’investissement - est une fonction décroissante du taux d’intérêt

: le producteur n’emprunte pour investir qu’après une comparaison entre le taux d’intérêt et

la productivité marginale du capital ; plus le taux d’intérêt est élevé, plus l’opportunité de

l’investissement se retreint.

Remarque : ce schéma décrit par conséquent l’équilibre d’un marché que l’on peut

appeler aussi bien marché des capitaux que marché des titres ; on peut l’appeler aussi

marché des fonds prêtables.

Ce schéma montre en second lieu comment le produit national d’équilibre (Y*) se partage

en consommation et investissement (et épargne), en se fondant sur l’une ou l’autre de ces

deux relations : Y = C + I et Y = C + S.

En termes mathématiques, on peut écrire :

I = I (r) avec I’(r) < 0

S = S (r) avec S’(r) > 0.

Ces quatre schémas de gauche correspondent à la sphère réelle de l’économie et on

constate que tous les éléments importants de l’équilibre sont déterminés, en particulier la

grille des prix relatifs des biens et services, le taux de salaire réel et le taux d’intérêt réel.

Par contre, les deux schémas de droite concernent la sphère monétaire. Cette présentation

schématique intègre par conséquent un principe très important dans la pensée classique,

celui de l’analyse dichotomique qui veut que la monnaie soit un voile. Les classiques

estiment en effet que la monnaie n’est qu’un instrument facilitant les échanges et qu’on

doit en faire en quelque sorte abstraction pour dégager les relations fondamentales de

l’équilibre (cela correspond à l’un des énoncés de la loi de J.-B. Say : « les produits

s’échangent contre les produits »). Dans la sphère monétaire ne se fixe que la valeur

nominale des différentes variables, et cela en fonction du volume de la masse monétaire

mise en circulation.

• L’étape suivante (5) concerne le schéma du sud-est qui décrit en effet la théorie

quantitative de la monnaie considérant que le niveau des prix est directement lié à la

quantité de monnaie en circulation. La théorie quantitative de la monnaie consiste à donner

un sens de causalité à l’équation des échanges en privilégiant la lecture de celle-ci de

gauche à droite : M.V = P.Y (d’où P = (M.V)/Y). Non seulement une évolution de P est

supposée ne pouvoir provenir que d’une variation de M (l’augmentation de la masse

monétaire est la cause motrice de la hausse des prix, l’inflation est forcément d’essence

monétaire), mais de surcroît la monnaie est supposée ne pas pouvoir agir sur Y, d’où le

principe dit de neutralité de la monnaie.

De ce double principe de la monnaie-voile et de la monnaie neutre on en déduit toujours

que les Classiques ont une conception très passive de la monnaie. Selon nous, il n’en est

rien : on peut même prétendre qu’il n’y a pas pour eux plus important que la monnaie et

que c’est cela qui explique qu’ils fassent tout pour qu’elle soit stable en défendant le «

principe de la circulation ». Quand la stabilité de la monnaie est assurée, il est alors

concevable de faire abstraction de la sphère monétaire...

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Pour les Classiques, la masse monétaire a deux sources : les entrées de devises et le

déficit public (autrement dit le financement monétaire de ce déficit). Comme ici nous

raisonnons en économie fermée, la quantité de monnaie en circulation, l’offre de monnaie,

ne s’explique que par le déficit public. La demande de monnaie correspond aux besoins en

liquidités des agents pour effectuer leurs transactions.

• L’étape finale (6) concerne le schéma du nord-est qui montre comment se détermine le

taux de salaire nominal W* pour que, rapporté au niveau des prix P*, on ait le taux de

salaire réel (W/P)* qui équilibre le marché du travail. On pourrait faire le même type de

schéma pour établir le taux d’intérêt nominal correspondant à r*.

Remarque : Même si le principe de base de l’équilibre macroéconomique classique est

qu’il se trouve réalisé quand on a équilibre simultanément sur tous les marchés, la lecture

de cet ensemble de schémas doit commencer par le schéma central supérieur. C’est en effet

« l’offre qui crée sa propre demande » selon l’autre énoncé de la loi de J.-B. Say, et c’est

en fonction de la quantité optimale de travail mis en œuvre que se détermine le volume de

biens et services produits (rappelons que la quantité de capital est supposée fixe).

NB : Comme il vient d’être montré, le modèle classique admet plusieurs hypothèses : les

marchés sont de CPP, et donc les prix parfaitement flexibles et les agents sont parfaitement

rationnels. Les individus effectuent un arbitrage travail-loisir et les producteurs

recherchent la combinaison optimale de leurs facteurs de production pour que leur profit

soit maximal. Alors, si déséquilibre du marché du travail il y a, le taux de salaire s’ajuste

automatiquement et sans délai pour égaliser offre et demande de travail et si chômage il y

a, il ne peut être que volontaire (un éventuel chômage involontaire ne pourrait donc

s’expliquer que par une imperfection du marché du travail en général et une rigidité du

taux de salaire en particulier).

La loi de Say et la macroéconomie "classique"

La loi de Say peut s’énoncer sous plusieurs formes qui s’enrichissant mutuellement :

1. "Les produits s’échangent contre des produits" (formulation originale de Say). C’est la

formulation première, qui signifie que l’échange monétaire est une illusion d’optique : dans

tout échange monétaire (biens contre monnaie, ou services contre monnaie) se cachent en

fait des échanges réels : biens contre services, biens contre biens, services contre services.

Ceci peut se préciser en disant :

2. Toute offre est aussi une demande. Personne n’offrirait quelque chose sur un marché, si

ce n’était pour se procurer autre chose, d’une valeur jugée équivalente : personne n’offrirait

son travail, si ce n’était pour les dépenses que le salaire permettra ; et aucune entreprise ne

cherchera à vendre ses produits, si ce n’est pas en vue d’acheter de nouvelles fournitures,

d’investir, ou de distribuer des revenus à ceux qui les ont gagnés.

3. A chaque offre individuelle correspond une demande individuelle égale. Si chaque offre

est aussi une demande, cette équivalence est inévitable, car il n’y a pas de différence entre

ces deux choses : j’offre et je demande à la fois, c’est la même chose. Pour chaque agent

économique, toute offre est aussi une demande, et une demande de même valeur, puisque

c’est la même chose.

4. La somme de toutes les offres est égale à la somme de toutes les demandes. C’est la

conséquence logique de la proposition précédente, quand on considère l’ensemble des

individus de la société. Chaque offre étant égale à une demande, la somme de toutes les

offres est égale à la somme de toutes les demandes.

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5. Les désajustements sectoriels entre offre et demande se compensent. Bien sûr, rien ne

garantit que, dans chaque secteur de l’économie, l’offre sera égale à la demande. Mais

l’égalité globale du point précédent nous garantit que les secteurs qui connaissent des excès

d’offre coexistent avec des secteurs à excès de demande, excès dont la somme algébrique

doit être zéro. Ainsi, la loi de Say est compatible avec des crises structurelles, dans

lesquelles certains secteurs produisent trop et d’autres trop peu, mais pas avec des crises

générales de surproduction dans lesquelles tous les secteurs produisent trop. Vue sous cet

angle, la loi de Say indique aussi comment les crises se résolvent : les secteurs à excès de

demande sont nécessairement des secteurs où les profits sont élevés : ils doivent donc

attirer des ressources, qui se retireront des secteurs à excès d’offre. Le mécanisme du

profit, le jeu des marchés, est un phénomène correcteur des crises structurelles. Dans ce

cadre, l’intervention de l’État n’est pas nécessaire, elle risque même d’être nuisible, car ce

sont généralement les hommes d’affaire, non ceux de l’État, qui sont informés sur les

secteurs de l’économie. La loi de Say aboutit donc au laissez-faire, mais elle ne précise pas

combien de temps il faut à l’économie pour retrouver sa santé lors d’une crise structurelle,

pour résorber le chômage.

6. "L’offre crée sa propre demande". C’est la formule utilisée par Keynes pour qualifier la

loi de Say, mais cette formule est une caricature ; contrairement aux explications

précédentes, elle introduit l’idée que les offres et les demandes des agents sont des choses

différentes, et que seule une mystérieuse alchimie pourrait les faire coïncider. La formule

de Keynes prête à la loi de Say des propriétés magiques, pour mieux la disqualifier. On ne

retiendra pas cet énoncé comme sérieux.

Le rôle de la monnaie

Une question difficile et toujours débattue concerne la place de la monnaie dans la

mécanique qui vient d’être décrite. Est-elle un bien comme les autres, avec une offre et une

demande ?

– S’il s’agit d’un bien comme les autres, alors les énoncés 4 et 5 sont vrais de tous les

marchés, marché de la monnaie inclus. Cela a des conséquences importantes, puisque dans

cette hypothèse, on peut imaginer que tous les marchés de biens et services soient en excès

d’offre, alors que le marché de la monnaie serait en excès de demande, la demande

excédentaire de monnaie étant égale à la somme des surproductions sur les autres marchés :

il pourrait donc y avoir surproduction générale de biens et services. Sous cette forme

incluant la monnaie, la loi est connue de la théorie économique moderne comme étant la

"Loi de Walras", et est considérée comme toujours vraie.

– Si au contraire la monnaie ne constitue pas un marché comme les autres, les énoncés 4 et

5 ne s’appliquent qu’aux biens et services, et il ne peut pas y avoir de surproduction

générale ; cela semble être la position de Say, et la théorie économique réserve donc à cette

interprétation le terme de Loi de Say, tout en considérant qu’elle n’est pas forcément vraie.

Le débat sur le concept keynésien de trappe à la liquidité pose la même question : la

monnaie peut-elle faire l’objet d’une demande excessive assez forte pour assécher la

demande des biens et services ? Les keynesiens pensent que oui, les classiques ne le croient

pas.

Section 2 : Les politiques économiques dans le modèle classique.

La pensée classique est réputée pour promouvoir le libéralisme économique, souvent

résumé dans la fameuse formule : « laisser faire, laisser passer ».

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Selon la loi de Say, il ne peut y avoir de déséquilibre durable sur les marchés et la loi

de l’offre et de la demande réalise une régulation spontanée et automatique de

l’activité économique : c’est la « main invisible » d’Adam Smith (et le commissaire-

priseur de Léon Walras).

Par conséquent, l’intervention de l’État, au travers ‘une politique conjoncturelle, présente

quatre défauts majeurs :

- elle est inutile, puisque l’équilibre est spontanément optimal,

- illégitime, puisqu’elle vient contrarier les décisions individuelles,

- inefficace, puisqu’elle ne peut agir que sur les valeurs nominales sans pouvoir

modifier les valeurs réelles qui sont pourtant les plus déterminantes,

- contre-productive, puisqu’elle entraîne l’éviction des dépenses privées par les

dépenses publiques et qu’elle est facteur d’inflation.

Mais Say lui-même reconnaît l’intérêt que peut avoir une action de l’État pour

assurer le bon fonctionnement des marchés (c’est l’État-gendarme) et pour rendre

favorable aux affaires l’environnement économique, ce qui annonce d’une certaine façon

l’argument des théoriciens de la croissance endogène ; également en faveur des «

fonctions régaliennes » comme en particulier la « sûreté des personnes et des propriétés

». Autrement dit, il est admis que l’État mène une politique structurelle.

L’utilisation par l’État des instruments que sont le budget, la fiscalité et la monnaie ne peut

servir à la régulation conjoncturelle. Car celle-ci est assurée automatiquement par les

marchés à partir du moment où ils montrent la flexibilité nécessaire. Les chocs éventuels

sont résorbés spontanément par les ajustements des salaires et des prix. Sur le marché du

travail, un éventuel chômage provoque à la fois une baisse du salaire réel et une

augmentation de la productivité marginale du travail, d’où une élévation de la demande de

travail par les entreprises et une réduction de l’offre de travail exprimée par les individus.

Symétriquement, une chute de l’investissement sur le marché du capital provoque une

baisse du taux d’intérêt réel et une augmentation de la productivité marginale du

capital, d’où à la fois une élévation de l’incitation à investir des entreprises et une

diminution de l’incitation à épargner pour les ménages. Sur le marché des biens et

services, une demande éventuellement insuffisante provoque une baisse des prix, d’où une

baisse de l’offre et une augmentation de la demande parce que la valeur réelle des

encaisses détenues par les agents est plus importante. Mais, l’État peut effectuer par le

budget et la fiscalité une certaine redistribution des richesses produites, et il peut agir par

la monnaie sur le niveau général des prix. Par ailleurs, comme la loi de Say peut être

considérée à sa façon comme l’énoncé de base pour l’économie de l’offre, on ne doit pas

s’étonner de la proposition que font les Classiques en matière de finances publiques en

faveur d’une faible pression fiscale. Pour ce qui concerne la monnaie, comme les

Classiques accordent la plus haute importance à la stabilité de l’étalon monétaire, ils

prescrivent un réglage rigoureux de l’émission monétaire. Les principes du « voile » et de

la « neutralité » monétaires peuvent laisser croire que les Classiques négligent la monnaie

alors que c’est tout le contraire : pour eux, la stabilité de la valeur de la monnaie est une

condition sine qua non, qui, lorsque celle-ci est remplie, permet de faire abstraction de la

monnaie.

Application simple du modèle classique :

Énoncé :

Soit une économie à un seul bien, fonctionnant avec un stock de capital donné Ko,

seul élément de patrimoine dont dispose cette économie en début d’analyse. La

production nette de ce bien Y dépend donc de la quantité de travail (L) employé avec ce

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capital, et ce selon une technologie représentée par la fonction de production Y

= 4575 + 0,625L– 0,001 L2. Les ménages de cette économie effectuent successivement

deux arbitrages : le premier, entre travail et loisir, les amène à fixer leur offre de travail en

fonction du taux de salaire W/P selon la relation suivante :

Lo = 95 (W/P) ; le second arbitrage leur fait répartir leur revenu entre

consommation immédiate et consommation différée (épargne financière) : on a S = 0,025

Y + 125 r.

Les entreprises ont pour fonction d’investissement I = 500 – 1100 r.

La demande d’encaisses réelles (MD/P) répond aux besoins de liquidités qu’ont les agents

pour régler leurs transactions : MD/P = 0,0125 Y – 125 r.

L’offre de monnaie, qui correspond au déficit budgétaire, est égale à MO = 100 dans un

premier temps et à 200 dans un second temps.

Déterminer l’équilibre macroéconomique Y* et les valeurs des différents variables :

(W/P)*, L*, I*, C*, (MD/P)*, P*.

Solution :

Notre méthode consiste à suivre la logique que décrivent nos différents schémas.

- Exploitons donc d’abord le schéma qui décrit l’équilibre du marché du travail (schéma

central supérieur) : le taux de salaire réel d’équilibre et la quantité de travail d’équilibre

sont obtenus par égalisation de l’offre et de la demande de travail. L’offre de travail par

les ménages est donnée par l’énoncé. Les entreprises expriment leur demande de travail

de façon à maximiser leur superprofit : pour ce faire, elles demandent la quantité L qui

égalise la productivité marginale du travail avec le taux de salaire affiché par le marché.

La productivité marginale du travail est donnée par la dérivée de la fonction de production

:

Productivité marginale du travail (PmL) = DY / dL = 0,625 - 0,002 L

PmL = W/P=> 0,625- 0,002 L = W/P=> 0,002L = 0,625–(W/P)=> L = [0,625 – (W/P)]/

0,002 => LD = 312,5 – 500 (W/P)

Équilibre du marché du travail => Lo = LD => 95 (W/P) = 312,5 – 500 (W/P)

=> 595 W/P = 312,5 => (W/P)* = 0,5252 => L* = 312,5 – 500 (0,5252) = 49,90.

- On peut passer au schéma du dessous qui décrit la fonction de production pour calculer

Y* (schéma central inférieur) :

Y* = 4575 + 0,625L – 0,001 L2 = 4575 + (0,625 * 49,9) – (0,001 * 49,90

2) alors Y* =

4603,70.

- On est maintenant en mesure d’exploiter le schéma du nord-ouest qui décrit l’équilibre

du marché des capitaux (ou des titres ou encore des fonds prêtables) au travers de

l’égalité I = S. L’énoncé donne directement la demande de capitaux avec la fonction I.

Par contre, pour obtenir l’offre de capitaux, il convient de retrancher de l’épargne des

ménages la demande de monnaie pour le motif de transaction. On peut alors écrire :

I = S => 500 – 1100 r = (0,025 Y + 125 r) – (0,0125 Y – 125 r)

= 0,0125 Y + 250 r

500 - 1350 r = 0,0125*4603,70 = 57,55 soit, 1350 r = 442,45

=> r* = 0,3277 = 32,77%

Donc, I* = 139,53, S* = 156,06, C* = 4603,70 – 156,06 = 4447,64 et MD / P = 16,59.

- Nous détenons à présent toutes les variables en termes réels. Nous allons maintenant

entrer dans la sphère monétaire en déterminant le niveau général des prix P* (schéma du

sud-est).

Offre de monnaie = demande de monnaie => 100 = MD = 16,59 P => P* = 100 / 16,59 =

6,03

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Le taux de salaire nominal d’équilibre W* doit donc être tel que (W* / 6,03) = (W/P)*

= 0,5252 => W* = 0,5252 * 6,03 = 3,17 (schéma du nord-est).

Si l’offre de monnaie passe à 200, on a P* = 6,03*2 = 12,06 et W* = 6,33, soit le double

des résultats précédents : il y a bien neutralité de la monnaie.

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CHAPITRE CINQ UN MODELE DE SOUS-EMPLOI :

LE MODELE KEYNESIEN

L’objet de ce chapitre est de présenter l’approche keynésienne qui considère le marché comme un régulateur imparfait de l’économie et que les imperfections du marché peuvent,

toutefois, être corrigées par l’intervention de l’Etat, qui peut, à travers ses politiques

économiques, résorber le chômage ou stimuler l’investissement.

SECTION I : L’EQUILIBRE MACROECONOMIQUE

INTRODUCTION

L’analyse keynésienne est en rupture avec l’analyse classique sur plusieurs points : Contrairement aux classiques, Keynes soutient que l’économie n’est pas concurrentielle. Au contraire,

elle est dominée par les monopoles et les oligopoles.

Il soutient que l’information n’est pas parfaite. L’état de l’économie dépend donc largement de la

vision des agents concernant le futur. La production, l’investissement et la demande de monnaie

dépendent des anticipations.

Keynes conteste la loi de Say dont les limites ont été confirmées par la crise de 1929.

Il soutient l’idée selon laquelle les entreprises produisent les quantités qui leurs sont demandées.

Le niveau de production est déterminé par la demande globale anticipée par les entreprises,

laquelle demande peut être insuffisante pour assurer le plein emploi. C’est pourquoi, le niveau

de production d’équilibre peut être un niveau de production de sous emploi.

Les mécanismes de régulation par le marché peuvent donc être relayés par l’Etat qui intervient pour corriger les insuffisances du marché.

Le NGP et le taux de salaire sont rigides. Le taux d’inflation anticipé est nul17

. L’ajustement

vers l’équilibre se fait donc par les quantités et non par les prix.

L’analyse keynésienne n’est pas dichotomique. Les deux sphères (réelle et monétaire) vont

communiquer par l’intermédiaire du taux d’intérêt. En effet, ce dernier qui est déterminé sur le

marché monétaire (sphère monétaire), est lui-même déterminant de l’investissement (sphère réelle).

A) LE MODELE KEYNESIEN SIMPLIFIE : LA NOTION DU MULTIPLICATEUR

Ce modèle simplifié a pour objet d’expliquer la relation entre la demande effective et le niveau de production. Pour ce faire, il est nécessaire d’éliminer l’effet du taux d’intérêt en

isolant la sphère réelle de la sphère monétaire. Cette séparation suppose que la sphère réelle

ne dépend pas du taux d’intérêt, c'est-à-dire que l’investissement est autonome.

Pour mieux explique la notion du multiplicateur, nous procédons par étapes, en travaillant dans un premier temps sur une économie à deux agents (fermée et sans état), puis sur une

économie à quatre agents.

17 Dans ce chapitre nous supposons que le NGP est constant et égal à l’unité.

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a) Un modèle keynésien simplifié pour une économie à deux agents Supposons une économie à deux agents en situation de sous emploi décrite par le modèle

suivant :

C = C0 + c Y18

I = I0

Les Amortissements sont nuls et le NGP est constant et égal à un.

Le niveau de production d’équilibre n’est pas déterminé à partir de l’équilibre sur le marché du travail comme c’est le cas d’une économie de plein emploi. Il est déterminé à partir de la

demande effective, c'est-à-dire :

Y = C + I = C0 + c Y + I0 (C0 + I0 = A0 : les dépenses autonomes)

Y (1 - c) = C0 + I0 = A0 Y

ΔY = (A0)

A 0

1 c

A 0

s

1

s A

0 A

0

1

s

est appelé multiplicateur keynésien des dépenses autonomes. Il se définit comme étant la

variation de la production résultant de la variation des dépenses autonomes d’une unité.

Y Y C+I

C0

Y* Y

Remarquons que, puisque la propension marginale à épargner (s) est inférieure à l’unité, la valeur du multiplicateur sera supérieure à un. Autrement dit, toute variation de la demande

autonome se traduit par une variation plus élevée du niveau de production.

Pour expliquer ce phénomène de multiplication, prenons un exemple d’une économie décrite comme suit :

C = 100 + 0,8 Y

I = 300

1

5 0,2

et A 0 C 0 I 0 400 Y 5 400 2000

Supposons ΔI = 100 ΔY = 5 *100 = 500 Cette multiplication résulte du fait que chaque accroissement de la demande donne lieu à un

accroissement de la production, mais aussi à un accroissement du revenu du même montant,

qui donnera naissance à un accroissement de la production et donc à un nouvel accroissement

de la demande, …

18 Dans ce modèle Y = Yd du fait qu’il n’y a pas d’Etat.

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Etape Δde la demande Δde la production de la consommation

1 ΔI=100 ΔY=ΔI=100 ΔC=cΔI=0,8*100=80

2 ΔC=cΔI=80 ΔY= cΔI=80 ΔC=cΔY= c2ΔI=64

3 ΔC= c2ΔI=64 ΔY= c

2ΔI=64 ΔC=cΔY= c

3ΔI=51,2

. . . .

. . . .

Total ΣΔYi=500

ΔY = ΔI + c ΔI + c2

ΔI + c3

ΔI + …+ cn-1

ΔI

= ΔI(1 + c + c2

+ c3

+ …+ cn-1

)

C’est une suite géométrique qui, lorsque n tend vers l’infini, elle tend vers :

b) Un modèle keynésien simplifié pour une économie à quatre agents

ΔY ΔI 1

1 c

Supposons une économie à quatre agents en situation de sous emploi décrite par le modèle suivant :

C = C0 + c Yd

T = T0 + t Y

G = G0

I = I0

X = X0

Mp = Mp 0 + m Y Les Amortissements et les transferts extérieurs nets sont nuls et le NGP est égal à

l’unité.

La détermination du niveau de production d’équilibre procède de la même logique que dans l’économie à deux agents, à la différence que les valeurs des dépenses autonomes et du

multiplicateur sont différentes. En effet, l’équilibre macroéconomique est tel que :

Y = C + I + G + X - Mp

Y = C0 + c Y – c T0 - ct Y + G0 + I0 + X0 - Mp 0 - m Y

Y(1 – c + ct + m) = C0 – c T0 + G0 + I0 + X0 - Mp0

C0 cT0 I 0 G 0 X 0 M p 0 A 1

Y 0

A 1 - c ct m 1 - c ct m s ct m

0

Y A 0 et ΔY (ΔA

0 )

1 1 Avec : A0 = C0 + G0 + I0 + X0 - Mp0 et

1 - c ct m s ct m

Remarquons que la valeur du multiplicateur dépend des paramètres endogènes de fuites (s, t et m). Plus les fuites endogènes sont élevées, plus la valeur du multiplicateur est faible du fait

que les fuites endogènes réduisent la demande induite par les variations du revenu qui

s’adresse aux entreprises.

Exemple : dans une économie fermée, l’accroissement de la consommation est égal à l’accroissement de la demande qui s’adresse aux entreprises. Mais, si l’économie est ouverte,

une fraction de cette demande s’adressera à l’extérieur. C’est ce genre de fuites qui réduit

l’effet multiplicateur.

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Mais l’importation n’est pas la seule fuite, les impôts endogènes et l’épargne le sont aussi.

L’importance des fuites est traduite dans la pente de la droite de demande globale (Yd).

Yd

= A0 + (c – ct – m) Y = A0 + (1 - s – ct – m) Y

Plus la valeur des paramètres de fuite (s, t et m) est élevée, plus la pente de la droite de demande globale est faible et plus l’effet multiplicateur est faible.

Les graphiques suivant montrent que, pour la même variation de A0, la variation de Y est plus élevée dans le graphique 1 (où la pente de la droite de demande globale est plus élevée) que

dans le graphique 2.

Graphique 1 Graphique 2

YC

A0’ ΔA0

Yo

Yd’

Yd

YC

A0’

A0

ΔA0

ΔY

Yo

Yd’

Yd

A0 ΔY

Y* Y*’ Y Y* Y*’ Y

B) LE MODELE KEYNESIEN COMPLET : LE MODELE IS-LM

Dans ce modèle, nous réintroduisons le taux d’intérêt dans la sphère réelle en rétablissant la relation entre l’investissement et le taux d’intérêt. Ceci aura comme conséquence

l’instauration d’une relation d’interdépendance entre la sphère réelle et la sphère monétaire.

a) Le modèle Soit une économie de sous emploi décrite par le modèle suivant :

C = C0 + c Yd

T = T0 + t Y

G = G0

I = I0 + i Y – b r (avec i : la sensibilité de l’investissement au niveau de production) X = X0

Mp = Mp 0 + m Y

Mo

= M o

M

d

d

kY r rmax

M d

kY B gr rmin

r rmax

M pour r rmin

Les Amortissements et les transferts extérieurs nets sont nuls et le NGP est constant et

égal à un.

b) L’équilibre sur le marché des biens et services : la relation IS La relation IS est établie à partir de l’équilibre sur le marché des biens et services qui

correspond à l’équilibre sur le marché financier. Cet équilibre est tel que :

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Y = C + I + G + X - Mp

= C0 + c Y – c T0 - ct Y + G0 + I0 + i Y – b r + X0 - Mp 0 - m Y

Y (1 – c – i + ct + m) = (C0 – c T0 + G0 + I0 + X0 - Mp0) – b r

En posant : 1 – c – i + ct + m = h et C0 – c T0 + G0 + I0 + X0 - Mp0 = A0

A br Nous pouvons écrire : hY A 0

br YIS

0

h

Cette dernière relation est la relation IS. Elle admet une infinité de solutions en (Y, r).

La courbe IS est donc le lieu géométrique de tous les couples (Y, r) qui assurent l’équilibre sur le marché de biens et services.

Cette courbe est une relation décroissante entre Y et r. En effet : dY

b

0 dr h

r

A 0

b

IS

A 0

h

Etant donné que nous supposons les paramètres (c, t, i, m et b) constants, la courbe IS ne se

déplace que suite aux variations de A0. Ce déplacement est évidemment parallèle vu que la

pente de la courbe IS dépend de h et de b.

Ainsi, toute variation de C0, T0, G0, I0, X0 ou Mp0 engendre un déplacement parallèle de la courbe IS.

r ' 0

b

A 0

b ΔA0>0

IS IS’

A 0

h

' 0 Y h

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c) L’équilibre sur le marché de la monnaie : la relation LM La relation LM est établie à partir de l’équilibre sur le marché de la monnaie. Cet équilibre est

o

tel que : Mo

= Md

M o = k Y + B – g r

19 Y

LM (M 0 B) gr

k

Cette dernière relation est la relation LM. Elle admet une infinité de solution en (Y, r).

La courbe LM est donc le lieu géométrique de tous les couples (Y, r) qui assurent l’équilibre

sur le marché de la monnaie.

Cette courbe est une relation croissante entre Y et r. En effet : dY

g 0

dr k

Toutefois, la relation LM déterminée ci-dessus n’est définie que pour un taux d’intérêt compris entre le taux d’intérêt minimum et le taux d’intérêt maximum.

Pour r > rmax la demande de monnaie de spéculation est nulle, et la relation LM

M o

devient : YLM 0 , c'est-à-dire une constante, et la courbe LM sera donc une droite k

verticale. Cette valeur de Y correspond à la valeur maximale compatible avec le

niveau d’offre de monnaie20

. Le niveau de production ne peut donc augmenter en deçà

de cette valeur que si l’offre de monnaie augmente. Cette branche de la courbe LM est appelée

zone classique du fait que le niveau de production devient rigide.

Pour r = rmin la demande de monnaie devient infini, et la courbe LM sera donc une droite

horizontale. branche de la courbe LM est appelée trappe à liquidité.

r rmax

LM

rmin

M o 0

Y k

Etant donné que nous supposons les paramètres (B, g et k) constants, la courbe LM ne se

déplace que suite aux variations de l’offre de monnaie (Mo). Ce déplacement est évidemment

parallèle vu que la pente de LM dépend de g et de k.

r rmax

LM ΔMo>0

LM’

rmin

o 0

k

M o ' 0 Y

k

19 Pour rmin < r < rmax

20 Nous rappelons que la vitesse de circulation monétaire (et donc k) est supposée constante.

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d) L’équilibre global

L’équilibre global est tel que : YIS = YLM

A br (M o B) gr

0

0

h k

kA 0 kbr hM

o hB hgr

(hg kb)r kA 0 hM

o hB

kA hM o hB

r* 0 0

hg kb

avec dr k

0 et dr h

0 dA 0 hg kb dM

o hg kb

Par ailleurs, les relations IS et LM peuvent s’écrire :

A hY kY M o B

rIS 0

b et rLM

0

g

L’équilibre global dans ce cas sera : rIS = rLM

A hY kY M o B

0

0

b g

gA 0 ghY bkY bM o bB

(bk gh)Y gA 0 bM o bB

gA bM o bB

Y* 0 0

bk gh

avec dY g

0 et dY b

0 dA

0 bk gh dM o

bk gh

r

r*

Y* Y

La confrontation entre les relation IS et LM a donc permis de déterminer la position d’équilibre macroéconomique (Y*, r*). Cet équilibre ne correspond pas nécessairement au

plein emploi, c'est-à-dire qu’il peut exister des chômeurs involontaires, c'est-à-dire des

personnes qui acceptent de travailler au taux de salaire du marché et qui ne trouvent pas à être

employées parce que la demande effective qui s’adresse aux entreprises ne justifie pas leur

emploi. C’est pourquoi, selon Keynes, l’intervention de l’Etat est non seulement souhaitable,

mais nécessaire. En effet, les politiques économiques de relance peuvent stimuler la demande

effective, et résorber par la même le sous emploi. La section suivante aura pour objet l’étude

de l’efficacité des politiques économiques principalement concernant l’emploi, et

accessoirement concernant l’investissement.

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SECTION II : LES POLITIQUES ECONOMIQUES

Trois politiques économiques seront étudiées : les politiques budgétaire et fiscale et la politique monétaire. Dans cette section, nous présenterons les conséquences des variations

positives, celles des variations négatives seront déduites.

Seront aussi déduites les conséquences des politiques économiques mixtes qui associent des

variations des dépenses publiques, des impôts et de l’offre de monnaie.

A) LES POLITIQUES BUDGETAIRE ET FISCALE

a) Les conséquences des politiques budgétaire et fiscale Nous supposons une politique budgétaire ou fiscale expansive c'est-à-dire une augmentation

des dépenses publiques et/ou une baisse des impôts autonomes21

. Autrement dit, nous

supposons une augmentation des dépenses autonomes : ΔG > 0 et/ou ΔT0 < 0 ΔA0.

Ces politiques se traduisent par un déplacement de la courbe IS vers la droite, et leurs conséquences sur la position d’équilibre macroéconomique (Y* , r*) va dépendre de la valeur du

taux d’intérêt par rapport à son niveau minimum et son niveau maximum.

Le cas général : rmin< r < rmax La trappe à liquidité :r = rmin Le cas classique :r > rmax

r

r r

r*

r*’

r* r*’

r*=r*’ =rmin

Y* Y*’ Y Y* Y*-‘ Y Y*=Y*’ =Ymax

ΔAo >0 ΔY > 0 et Δr > 0 ΔAo > 0 ΔY > 0 et Δr = 0 ΔAo > 0 ΔY = 0 et Δr > 0

b) Interprétation b1 : le cas général

L’augmentation des dépenses publiques augmente directement la demande effective, et la

baisse des impôts augmente indirectement cette demande effective, du fait qu’elle augmente

le revenu disponible et par la même la consommation des ménages. Et comme les entreprises

produisent les quantités qui leur sont demandées, le niveau de production va augmenter, et le

chômage involontaire va baisser. Ainsi ces politiques sont, dans ce cas, efficaces pour

stimuler la croissance économique et réduire le sous emploi.

Toutefois, pour financer le déficit budgétaire résultant de l’augmentation de ses dépenses ou

de la baisse des impôts, l’Etat va émettre de nouveaux titres sur le marché monétaire. L’offre

de titres va donc augmenter et le cours de ces titres va baisser. Et comme le cours des titres est

en relation inverse avec le taux d’intérêt, ce dernier va augmenter.

21 Rappelons que, dans ce cours, nous supposons le taux d’imposition (t) constant.

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Toutefois, malgré l’augmentation du taux d’intérêt, l’effet sur l’investissement est incertain du fait que ce denier subit un effet négatif lié à l’augmentation du taux d’intérêt (effet d’éviction)

et un effet positif lié à l’augmentation de la production (l’accélérateur).

b2 : la trappe à liquidité Dans cette zone, les conséquences de ces politiques sur le niveau de production sont les

mêmes et s’interprètent de la même manière que dans le cas général. Mais, si le taux d’intérêt

n’augmente pas, c’est que cette zone est caractérisée par l’excès de liquidités, et la production

supplémentaire peut être financée par absorption des surliquidités sans créer des tentions sur

le taux d’intérêt qui restera constant. Il n’aura donc pas d’effet d’éviction sur l’investissement.

b3 : la zone classique Dans ce cas, les conséquences de ces politiques sur le taux d’intérêt sont les mêmes et

s’interprètent de la même manière que dans le cas général.

Mais le niveau de production ne peut pas augmenter du fait qu’il est déjà à son niveau

maximum étant données les liquidités disponibles.

Ces politiques sont donc, dans ce cas totalement inefficaces, comme c’était le cas dans le

cadre du modèle classique. Elles n’auront comme conséquence que l’éviction de

l’investissement résultant de l’augmentation du taux d’intérêt.

B) LA POLITIQUE MONETAIRE

a) Les conséquences de la politique monétaire Nous supposons une politique monétaire expansive, c'est-à-dire une augmentation de l’offre

de monnaie : ΔMo

> 0.

Cette politique se traduit par un déplacement de la courbe LM vers la droite, et ses conséquences sur la position d’équilibre macroéconomique (Y* , r*) va dépendre de la valeur du

taux d’intérêt par rapport à son niveau minimum et son niveau maximum.

Le cas général : rmin< r < rmax La trappe à liquidité :r = rmin Le cas classique :r > rmax

r r

r r*

r*’

r*

r*’ r*=r*’ =rmin

Y* Y*’ Y Y*=y*’ Y Y* Y*’ Y

ΔMo

>0 ΔY > 0 et Δr < 0 ΔMo

> 0 ΔY = Δr = 0 ΔMo

>0 ΔY = > et Δr < 0

b) Interprétation

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b1 : le cas général et la zone classique L’augmentation de l’offre de monnaie se traduit par une augmentation de la demande de titres

de la part des institutions bancaires monétaires. Cette augmentation de la demande de titres

implique une augmentation du cours des titres et donc une baisse du taux d’intérêt.

La baisse du taux d’intérêt incite les entreprises à augmenter leurs investissements, ce qui correspond à une augmentation de la demande effective. Et comme les entreprises produisent

les quantités qui leur sont demandées, le niveau de production va augmenter, et le chômage

involontaire va baisser. Ainsi cette politique est, dans ces deux cas, efficace aussi bien pour

stimuler la croissance économique et réduire le sous emploi que pour stimuler

l’investissement.

b2 : la trappe à liquidité Dans cette zone, la politique monétaire est totalement inefficace, elle ne fait qu’approfondir la

situation de surliquidité qui caractérise l’économie. En effet, le taux d’intérêt est déjà à son

niveau minimum et ne peut plus baisser, et l’investissement n’est plus sensible au taux

d’intérêt. Il n’ya donc rien qui va déclencher le processus de variation de la demande

effective.

C) CONCLUSION SUR LES POLITIQUES ECONOMIQUES

Ainsi, comme nous pouvons le constater, l’approche keynésienne montre l’efficacité des politiques économiques dans la stimulation de la croissance économique et de

l’investissement et dans la résorption du chômage involontaire.

Toutefois, toutes les politiques n’ont pas la même efficacité. C’est pourquoi, il est nécessaire de choisir la bonne politique selon les objectifs suivis et la situation de l’économie.

Questions de cours : Exercice 1 : Macroécoland est un pays imaginaire. Son économie peut être partiellement (et virtuellement) représentée à l’aide des équations suivantes : (1) C = Cy Yd + C0

(2) T = ty Y + t0

(3) I = Ir r + I0

(4) G = G Questions : 1. Commentez ces équations 2. Définissez le revenu disponible. 3. Calculez les propensions à consommer 4. Calculez les propensions à épargner. Que remarquez-vous ? 5. Représentez graphiquement la fonction de consommation 6. Calculez Y. Commentez.

Exercice 2 : La cité de O’Dooland est représentée à l’aide des équations suivantes : (1) C = 0,8 Yd + 100 (2) I = 300 (3) G = 200

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(4) T = 0,15 Y + 50

une économie caractérisée par : C = 60 + 0.8 Y I = 116 - 2i L = 0.2 Y - 5i M = 120 1) Caractérisez les équations ci-dessus (quelles sont leurs spécificités ?) 2) Déterminez l’équilibre sur le marché des biens et des services 3) Déterminez l’équilibre pour la monnaie 4) Déterminez l’équilibre simultané entre le marché des biens et des services et le marché de la monnaie. Commentez. 5) Que se passe-t-il quand la dépense d’investissement autonome augmente : la courbe se déplace dans quel sens ? 6) Mettez en évidence le multiplicateur d’investissement

Exercice 3 :

Soit le pays des Hobbits définit par : C=c’Yd + Co, I=Io, T=t’Y+To, G=Go On sait que Io=25 (Investissement autonome), Co= 20 (Consommation incompressible) et To=-10 (Niveau d’imposition incompressible). Le seuil d’épargne des ménages est atteint pour Yd=100. On sait également que le multiplicateur des dépenses publiques Kg=3.125 et que le budget de l’Etat est déficitaire de 10. Calculer la propension marginale à consommer, le taux d’imposition marginal et le niveau de la dépense publique (Go). Trouver le revenu d’équilibre ainsi que le montant des recettes et des dépenses de l’Etat. Soit une fonction de production Y=L²-L+128. Trouver la population active employée (mesurée en millions de travailleurs). L’économie décrite ayant un taux de chômage record de 20%, évaluer le plein emploi. Pour atteindre le plein emploi, l’Etat hésite entre une action sur les dépenses publiques et une action sur les recettes fiscales. Chiffrer les résultats attendus de ces deux politiques et retenez celle qui a le coût le moins élevé en termes de déficit budgétaire.

Exercice 4 : Soit une économie caractérisée par les données suivantes : Y = 5 000 Co = 800 I = 0,1 (Y-T) G = T = 0,2 Y 1) Que représentent Y, Co, I, G et T ?

2) Quelle est la propension marginale à consommer ?

3) Calculer le déficit budgétaire à consentir si l’Etat se propose d’atteindre le plein emploi (Y* = 5 500) en relançant la dépense publique sans modifier la fiscalité

4) Même question en faisant cette fois-ci l’hypothèse d’une réduction de la fiscalité à dépenses publiques constantes

5) Comparer les résultats de la question 3) et 4)

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Exercice 5 : Soit une économie caractérisée par les relations suivantes : C = 0,8 Yd + 100 I = 200 G = 100 T = 0,15Y + 100 R = -0,1Y + 50 M = 0,1 Y + 150 X = 190 1) Que représentent les différentes variables ?

2) Calculer le niveau d’équilibre et le solde budgétaire ?

3) Quelle est la fonction d’épargne et son niveau ?

4) Evaluer l’effort de dépenses publiques nécessaire pour atteindre le revenu de plein emploi, égal à 1000, et de se prononcer sur l’évolution du solde budgétaire.

Exercice 6 : Soit un modèle macro-économique simplifié étudié en trois étapes : A. La proportion dans la quelle les ménages consomment (C) leur revenu (Y) de la période précédente, ainsi que leurs suppléments de revenu, est de 80%. Lié aux taux d’intérêt (i), l’investissement privé (I) peut être représenté dans un plan (I, i) par une droite de pente égale à –5000. Le volume de l’investissement privé est de 1600 tandis que le coût du capital s’élève à 10%. En outre, le revenu de plein emploi Y* est estimé à 10 000, le revenu en t=0 étant égal à 8000. On demande : 1) de définir les fonctions de consommation et d’investissement ; 2) d’évaluer le revenu d’équilibre et la consommation nationale ; 3) de décrire sur 5 périodes l’incidence d’une injection de dépenses publiques (G) égale à 500, selon que celle ci est unique ; B. La fonction étatique est désormais pleinement intégrée en sorte que les recettes fiscales (T) se trouvent être dépendantes du revenu de la période par le biais d’un taux marginal d’imposition (t)égal à 20%, étant entendu que les 2000 premières unités de revenu demeurent exonérées. Partant d’une situation d’équilibre budgétaire, il est demandé : 1) d’élaborer la fonction d’imposition et de reformuler celle de la consommation ; 2) d’évaluer les montants des variations de Y, C et T

3) d’écrire sur trois périodes l’incidence d’une injection répétitive de dépenses publiques égales à 100, de comparer cet effet à celui obtenu en A3 en prenant le soin de préciser le niveau atteint par le revenu national. C. Les relations extérieures sont à présents introduites. A partir d’une situation équilibrée de la balance commerciale, elles révèlent des exportations exogènes et des importations représentant 10% du revenu national de la période précédente. Les exportations s’élèvent à 950. Aussi convient-il : 1) de construire la fonction d’importation et de dire en quoi elle modifie les résultats extérieurs ; 2) de calculer la niveau de revenu auquel une dépense publique supplémentaire de 100 permet d’aboutir en fin de processus et de comparer ce résultat avec ceux en A3 et en B3 ; 3) de déterminer le montant de la dépense publique permettant d’accéder au revenu de plein emploi et d’en déduire les valeurs d’équilibre des grandeurs macro-économiques impliquées dans ce modèle.

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CHAPITRE 6

DESEQUILIBRES ECONOMIQUE ET MONETAIRE : CHOMAGE ET

INFLATION

La croissance économique n’est pas un processus continu et régulier, elle est en effet

soumise à des fluctuations et des cycles. Certains déséquilibres économiques et

monétaires peuvent être persistants. L’inflation et chômage et les déficits budgétaires

constituent les principaux maux des pays industrialisés et des pays en développement.

I. LE CHOMAGE

Phénomène massif depuis plus d’une vingtaine d’années, le chômage constitue un enjeu

économique et social de première importance. Envisagé du point de vue des ressources

productives, il constitue un gaspillage considérable en excluant de la production ceux

qui veulent y participer. Saisir le chômage n’est cependant pas chose facile, tant le

phénomène apparaît hétérogène. Et, même si son développement est désormais bien repéré

dans le temps, ses explications en sont toutefois très diverses. On ne saurait

cependant préciser les caractéristiques du chômage sans revenir sur le concept du

travail et effectuer une courte présentation du marché du travail.

A. Le marché du travail Replacer le travail dans le cadre du marché, c’est faire de celui une marchandise (conception

largement critiquée par l’approche marxiste) et accepter l’idée d’un ajustement des prix

(flexibilité vs rigidité) et des quantités selon la loi de l’offre et la demande. La

conception marchande du travail renvoie au courant marginaliste et à l’école

néoclassique. Si les hypothèses du modèle ont été quelque peu desserrées depuis quelques

années, on assiste à des tentatives de dépassement du modèle de base et à l’émergence de

voies alternatives.

1. Le modèle de base

Les principes de base du modèle néoclassique sont les suivants : rémunération des facteurs de

production (travail, capital) à leur productivité marginale; rationalité des agents;

décentralisation des décisions; flexibilité des salaires. Le cadre du modèle respecte la norme

de la concurrence parfaite. Le fonctionnement du marché du travail repose sur la loi de l’offre

et de la demande. Les entreprises maximisent des profits sous la contrainte d’une

fonction technique (les facteurs de production). L’entreprise embauche un salarié jusqu’à

temps que sa productivité marginale du travail est égale au coût du travail. A court terme, le

capital est fixe, seul le travail s’ajuste. La courbe de demande de travail décroissante avec le

salaire réel, se confond avec celle de la productivité marginale du travail. A plus ou

moins long terme, la variation du salaire réel induit une variation de la combinaison

productive (substitution travail – capital). Les salariés cherchent à maximiser un arbitrage

temps de travail et temps de loisir compte tenu d’une contrainte de revenu. L’offre de

travail croissante avec le salaire réel, trouve ainsi une limite, un point de retournement. En

effet, le salarié peut se satisfaire d’un certain niveau de salaire et préférer arbitrer en faveur de

plus de loisir.

2. L’assouplissement des hypothèses de base

Il est cependant possible d’assouplir le modèle de base en desserrant certaines hypothèses :

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- La remise en cause de l’hypothèse d’atomicité peut se traduite par l’apparition de monopole,

d’oligopole, de monopsone…. La théorie du monopole bilatéral (système bipartite entre

syndicats et patronat) ouvre ainsi la voie au marchandage.

- La remise en cause de l’hypothèse d’homogénéité est contenue dans la théorie du capital

humain de Becker et Schultz (1992). L’éducation est un investissement. A long terme,

l’échelle des salaires traduit le fait que les salariés les mieux payés sont ceux qui ont le plus

investi en matière de formation.

- la remise en cause de l’hypothèse d’information parfaite conduit à la la théorie du signal

de Spence (1974) qui insiste sur le fait que ne connaissant pas les capacités des offreurs de

travail, les entreprises vont chercher à identifier certains signaux, révélant le potentiel des

candidats à l’embauche (notamment le diplôme). Les individus vont donc chercher la

formation (diplôme) qui renvoie le maximum de signal.

La question du marché étant abordée, il est maintenant possible d’aborder une situation de

déséquilibre, plus connue sous le nom de chômage.

B. Définition et mesure du chômage

La mesure du chômage est purement conventionnelle, il existe cependant deux grandes

familles de mesures du chômage : l’une considère le chômage sous l’angle du stock, l’autre

comme le résultat de plusieurs flux.

1. Les mesures du stock de chômeurs

Le volume du chômage peut être mesuré à travers l’indicateur du taux de chômage (nombre

de chômeurs / population active). Ce dernier donne lieu à deux approches qui s’appuient sur

deux définitions différentes du chômage1.

Définition de l’INSEE au sens du BIT (Bureau International du travail) : L’enquête emploi

évalue la population sans emploi à la recherche d’un emploi (PSERE). Pour être qualifié de

chômeur, le BIT considère qu’une personne doit simultanément répondre aux trois

critères suivants : (1) ne pas avoir travailler ne serait-ce qu’une heure au cours de la

semaine de référence ciblée au moment où les enquêtés ont été interrogés (autrement dit, être

dépourvu d’emploi) ; (2) être disponible dans un délai de deux semaines pour occuper un

emploi ; (3) avoir entrepris des démarches spécifiques pour trouver un emploi au cours

des quatre semaines précédant la semaine de référence.

2. La mesure du chômage à travers les flux

Dans une démarche dynamique, le nombre de chômeurs apparaît comme la différence entre

les flux d’entrée et de sortie du chômage.

Flux d’entrées

Arrivées sur le marché du travail

Arbitrage temps de travail/temps de loisir

Licenciements (fin de contrats...)

Changements d’emplois

CHOMAGE

Flux de sorties

Retraite ou préretraite

Arbitrage activité/inactivité Création

d’emplois nouveaux Emplois vacants

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Deux indicateurs peuvent être calculés :

- la durée du chômage (temps écoulé entre l’entrée et la sortie du chômage pour ceux qui ont

retrouvé un emploi).

- l’ancienneté du chômage à un moment donné (temps écoulé depuis l’entrée au chômage

pour ceux qui sont toujours chômeurs).

C- Les explications du chômage

L’analyse de la situation contemporaine du chômage a donne naissance à trois grands types

d’explications : une explication classique qui impute la responsabilité du chômage

à l’insuffisante rentabilité des entreprises ; une explication keynésienne pour

laquelle le chômage résulte d’une demande solvable insuffisante ; une explication plus

structurelle qui lie le chômage à des facteurs économiques et sociaux permanents

1. Le chômage classique

Pour l’analyse classique, l’équilibre économique s’accompagne du plein emploi des facteurs

de production, travail et capital. L’offre de travail est une fonction croissante du salaire réel.

L’individu (le salarié) arbitre entre temps de travail et temps de loisir en fonction de

sa contrainte de revenu (salaire). L’entreprise maximise ses profits en fonction de sa

contrainte de production. L’équilibre sur le marché est fonction de l’offre et de la demande,

c’est à dire des mouvements du salaire réel. Le chômage durable ne trouve donc pas sa place

dans une telle approche (on parle également de chômage volontaire). Lorsqu’il existe,

cependant, il est

le signe d’un déséquilibre provisoire. Deux raisons peuvent expliquer la présence du chômage

: (1) l’insuffisante flexibilité des prix (donc du salaire, prix du travail) à la baisse ;

(2) les insuffisantes capacités de production des entreprises. Ces deux facteurs sont par

ailleurs intimement liés : le niveau trop élevé et rigide de la rémunération du facteur travail a

pour conséquences une rémunération insuffisante du capital, c’est à dire une rentabilité trop

faible des investissements. Les entreprises sont alors conduites à renoncer à

l’exploitation de certains équipements et à l’extension des capacités de production

existantes; c’est donc l’insuffisance de la rentabilité qui engendre le chômage classique.

Fig 1 : Chômage et marché du travail Offre Demande Salaire réel Chômage

Quantités de travail

Production

Production

Travail

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2. Le chômage keynésien Dans l’analyse keynésienne, une économie peut être durablement en situation de sous-emploi

si la demande globale est inférieure à l’offre globale. Dans ce cas, les entreprises sont

désireuses de produire plus, mais ne le font pas par suite d’une insuffisance de la demande.

L’équilibre ainsi réalisé est régressif et contribue à créer du chômage (on parle de chômage

involontaire).

Selon Keynes, l’existence du chômage tendrait à confirmer que le marché n’est pas un

mécanisme d’allocation optimale des ressources. Rappelons que si Keynes admet l’existence

d’une fonction de demande de travail décroissante avec le salaire, en revanche, il considère

que l’offre de travail n’est pas croissante avec le salaire (les salaires seraient même fixes à

court terme). Les conventions collectives et le pouvoir des syndicats tendent à rigidifier les

forces du marché (en d’autres termes, l’ajustement de l’offre et la demande au salaire).

Dans la mesure où le chômage keynésien est caractérisé par l’existence de capacités

de production inemployées, il peut être diagnostiqué par l’analyse des taux d’utilisation

des équipements. Plus les équipements sont utilisés, plus le chômage keynésien est faible

(toutes choses égales par ailleurs).

3. Le chômage lié aux structures économiques et sociales

La permanence, voire l’extension du chômage tend à montrer que les explications du

phénomène par l’insuffisance de l’offre productive ou de la demande solvable sont

plus complémentaires qu’opposées. A côté de celles-ci, cependant, se développent

depuis peu d’autres approches qui visent à faire du chômage une variable liée à la nature des

structures économiques et sociales. Cinq conceptions différentes du chômage sont apparues :

a. Le chômage naturel

Dans un discours présidentiel à l’AEA (1968), Milton Friedman a donné une longue

définition du chômage naturel : « “The natural rate of unemployment is the level which would

be ground out by the walrasian system of the general equilibrium equations, provided

that there is in them the actual structural characteristics of the labour and commodities market,

including market imperfections, stochastic variability in demands and supplies, the cost

of gathering information about job vacancies and labor availabilities, the costs of mobility,

and so on”(Dixon, Huw, 1995). Le taux naturel de chômage mesure la proportion d’actifs qui

ne trouvent pas d’emplois dans les conditions normales de fonctionnement du système

d’emploi.

(ce chômage naturel est d’autant plus élevé que le marché du travail est plus rigide).

Il existerait ainsi dans tout système économique, un taux de chômage plancher contre

lequel aucune politique économique n’est durablement capable d’agir. Une réduction

temporaire du taux de chômage, en deçà du taux naturel, ne peut être obtenue qu’au

prix d’un taux d’inflation croissant. L’analyse de Milton Friedman est une critique

des politiques keynésiennes de relance visant à réduire le chômage. Selon Milton Friedman,

les politiques keynésiennes de relance n’ont pas d’effet durable sur le chômage, elles

sont en revanche toujours inflationnistes. On ne peut pas en effet, selon Milton Friedman

réduire le chômage en dessous du taux de chômage naturel (à moins de modifier les structures

du système d’emploi).

Le taux de chômage naturel est donc le taux de chômage compatible avec le maintient du taux

d’inflation souhaité. On dit que c’est un taux de chômage n’accélérant pas l’inflation :

NAIRU (non accelerating inflation rate of unemployment).

b. Le chômage d’équilibre

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Si pendant longtemps les analyses du chômage se sont partagées entre les tenants de l’école

orthodoxe (qui attribue le chômage au refus des salariés, des syndicats ou de l’Etat de laisser

jouer les mécanismes du marché) et ceux de l’école keynésienne (qui attribue le chômage à

une insuffisance de la demande), une nouvelle interprétation du chômage est apparue avec ce

qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui l’analyse dite « WS/PS » (Wage Setting/Price Setting

ou Wage Schedule / Price Schedule). Selon cette nouvelle approche, le chômage serait

le résultat involontaire des comportements aussi bien des entreprises que des salariés en place,

comportements favorisés ou imposés par les structures de l’économie.

Du coté des entreprises, la concurrence peut être imparfaite, des situations d’oligopoles

(Grande Distribution) voire de quasi monopoles (Microsoft, Intel…) peuvent apparaître. Dès

lors, les entreprises bénéficient d’une liberté de fixer des prix qui ne sont plus imposés par le

marché. Dans la pratique, cela consiste à majorer les coûts d’une certaine marge (on parle de

règle de Mark-up). D’une entreprise à l’autre, cette marge évoluera en fonction de l’intensité

de la concurrence et de la conjoncture. Lorsque l’activité est soutenue, la concurrence

est moins vive pour gagner des parts de marché, les marges deviennent intéressantes et les

prix augmentent, les salaires réels diminuent d’autant. Ainsi lorsque l’activité progresse,

les embauches sont de plus en plus nombreuses, donc le chômage tend à diminuer. Au

final, baisse du salaire réel et baisse du chômage s’effectuent conjointement. A l’inverse,

lorsque l’activité stagne, la concurrence sera plus vive pour gagner des parts de marché, les

marges commenceront à se tasser et les prix également. Ce qui contribuera à améliorer

le pouvoir d’achat des ménages (ce pouvoir d’achat étant déterminé par le salaire réel).

Au final, le chômage augmentera et le salaire réel également. Il existe ainsi une

relation croissante (relation « PS ») entre le taux de chômage et le salaire réel (Clerc, 2002).

Les salariés, de leur côté, cherchent à obtenir des hausses de salaires. Quand le taux de

chômage est faible, les opportunités d’emploi sont plus nombreuses et les remplaçants

possibles moins nombreux. Ceci renforce le pouvoir de négociation des salaires et joue

dans le sens d’une hausse des salaires. On a ainsi une relation décroissante (relation « WS

») entre le salaire réel et le taux de chômage. Ainsi deux forces contraires sont à l’œuvre sur

le marché du travail. L’une résulte de la politique de fixation des prix des entreprises,

l’autre de la politique d’évolution des salaires. A l’équilibre, un certain niveau de salaire

correspondra à un certain taux de chômage. On parle ainsi de chômage d’équilibre. Si rien ne

change dans le mode de fixation des prix et des salaires, le taux de chômage sera durable.

Contrairement à la vision orthodoxe, il n’existe aucune force de rappel, le mécanisme de

marché ne peut modifier le chômage en jouant sur les prix ou les salaires. Il s’agit en outre

d’un chômage involontaire (mais non keynésien car il doit beaucoup à l’absence de

marchés concurrentiels) car il résulte des politiques des entreprises et des exigences des

salariés. Notons que plus on s’éloigne d’un marché du travail flexible et concurrentiel, plus le

taux de chômage d’équilibre est élevé.

Notons que cette approche a l’avantage de concilier les deux grandes écoles de pensée

économique (néoclassique et keynésienne).

c. Le chômage frictionnel

Lorsqu’un travailleur cherche un emploi, à sa sortie du système éducatif, à la suite

d’une démission ou d’un licenciement, il reste un certain temps au chômage avant de trouver

ou de choisir un emploi. Le chômage frictionnel est donc le fait qu’il existe un

décalage entre le moment où l’entreprise cherche à embaucher et l’embauche du travailleur.

d. Le chômage technologique

L’accélération des mutations technologiques contribue à faire évoluer les demandes de

qualification, la nature des postes de travail et le volume d’emplois nécessaire. Le chômage

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résulte parfois d’une inadéquation ou d’une inadaptation entre les emplois disponibles et les

emplois souhaités, tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Le chômage technologique

rappelle que sous l’effet des innovations, des activités seront détruites et des salariés licenciés.

e- . Le chômage de segmentation

Le chômage n’est pas un phénomène homogène, le marché du travail est donc segmenté selon

les statuts, l’âge, le sexe, la qualification...Le chômage frappe donc les individus

différemment selon leur degré de vulnérabilité dans l’emploi. En France, le chômage touche

plus précisément les jeunes de moins de 25 ans, les femmes et les chômeurs de longue durée.

D. La déréglementation du marché du travail

Depuis la fin des années 90, de nombreux organismes économiques (OCDE, FMI) insistent

sur le fait que les chiffres élevés du chômage de certains pays européens seraient dus à une

protection trop importante du marché du travail. Un indice mesurant la rigueur de la

législation sur la protection de l’emploi comportant trois rubriques (la réglementation

des formes d’emploi temporaire, les obligations spéciales applicables aux licenciements

collectifs, la protection des salariés réguliers contre les licenciements individuels), a ainsi été

établi pour l’ensemble des pays européens et industrialisés.

Ainsi selon l’OCDE, la rigidité des contrats de travail provoquerait un moindre

dynamisme économique et une segmentation des marchés. Ceci explique pourquoi les

grands pays industriels et émergents que sont la France, l’Allemagne et l’Italie le Cameroun

se sont lancés dans de puissantes vagues de déréglementation du marché du travail (flexibilité

des contrats de travail).

Le nombre de contrat et leur complexité ont amené l’Etat et les partenaires sociaux à

aborder la question du contrat unique. Si les représentants du patronat revendiquent une limite

dans le temps des possibilités de recours juridique et mettent en avant le concept de

« séparation à l’amiable », les syndicats ont insisté sur la question du cadre juridique unique

pour les contrats de travail, et notamment d’une sécurisation juridique du licenciement ainsi

que de la période d’essai. Le recours aux contrats dits précaires, pourrait également

faire l’objet d’une négociation collective au sein de l’entreprise ou de la branche.

II. L’INFLATION L’inflation est un phénomène majeur du 20ème siècle. Elle apparaît comme une rupture

brutale après un siècle de sagesse monétaire. C’est véritablement à l’occasion de la Première

Guerre mondiale que l’inflation s’installe. Ainsi aux poussées inflationnistes limitées succède

peu à peu une inflation chronique. On assiste cependant depuis la fin des années 80 à

un ralentissement de l’inflation dans le monde; de 7,4% en 1984, le taux d’inflation a diminué

pour se situer à 3.1% en 1991, près de 2% en 1995 et 1.5% en 2009.

A. Les origines de l’inflation

Les sources de l’inflation sont très diverses, cependant quatre sources apparaissent

particulièrement importantes : le rôle de la monnaie, la demande ainsi que la nature des

structures économiques et sociales.

1. Le rôle de la monnaie et l’explication monétariste

Pour les auteurs néoclassiques et monétaristes (dont le chef de file est Milton Friedman, Prix

Nobel d’Economie), l’inflation résulte d’une émission de monnaie trop importante. La

justification de cette idée repose sur l’existence d’une relation économique, appelée « Théorie

Quantitative de la Monnaie » ou équation d’Irving Fisher. Cette dernière s’exprime ainsi :

M.v = P.Y ou M.v = P.T

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Où M représente la masse monétaire en circulation (demande de monnaie)

v la vitesse de circulation de la monnaie

P le niveau général des prix, Y le volume de production ou de transactions (T)

Cette équation souligne qu’une augmentation de la quantité de monnaie provoque de façon

mécanique une hausse du niveau général des prix. Elle justifie l’idée d’une dichotomie

(sphère réelle - sphère monétaire) dans la théorie néoclassique. En d’autres termes,

l’évolution de la masse monétaire doit être corrélée à l’évolution du volume de la

production (et pas l’inverse).

2. L’inflation par la demande ou la théorie keynésienne de l’inflation

Dans la théorie des marchés, le prix est déterminé par une égalisation de l’offre et la demande.

Cependant dans certaines situations, la demande peut excéder l’offre : le prix tend

alors automatiquement à monter. Lorsqu’un tel désajustement apparaît sur un grand

nombre de marchés, un « écart inflationniste » naît, conduisant à une hausse du niveau

général des prix. Dans la théorie keynésienne, l’inflation est due à un déséquilibre entre la

demande globale et l’offre globale. Plus précisément, l’excès de demande n’est porteur

d’inflation que lorsqu’il s’appuie sur une création monétaire supplémentaire.

3. L’inflation par les coûts

Le processus de production, en amont du marché, peut également jouer un rôle essentiel dans

la formation des prix. Ainsi des niveaux élevés de prix des différents facteurs contribuent à

accroître les coûts de production et par là même à augmenter le niveau de prix des produits.

La hausse des coûts peut avoir plusieurs origines :

Les années récentes ont été caractérisées par une hausse du prix de l’énergie, qui s’est traduite

par une inflation importée. L’année 2008 a notamment enregistrée une envolée du prix

du pétrole ( plus de 140 USD).

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Les cycles de hausse des prix du baril de pétrole renvoient au 1er choc pétrolier de 1973-

1974 (guerre du Kippour), au 2ème choc pétrolier de 1979 (révolution iranienne), à

l’embargo sur le pétrole irakien après l’invasion du Koweit en août 1990, à la 1ère guerre du

golfe en 1991 ; aux attaques terroristes du 11 septembre 2001 ; à la 2ème guerre

du golf en 2003 ; aux conséquences des ouragans Katrina et Rita en 2005 ; à la

croissance des économies en développement (Chine, Brésil…) en 2007 - 2008.

Nombreuses et variées, les sources d’inflation par les coûts se combinent et s’entretiennent

pour donner naissance à ce que l’on appelle «des spirales inflationnistes ». La plus connue est

la boucle salaires-prix

4. L’inflation : phénomène structurel

Les déséquilibres inflationnistes puisent également leurs sources dans les

structures économiques des pays capitalistes. La hausse du niveau général des prix trouve

ainsi sa source à la fois dans le dysfonctionnement structurel des marchés et dans les

comportements des différentes parties prenantes de l’activité économique.

B. Les conséquences de l’inflation

L’inflation a sur l’économie des effets aussi bien bénéfiques que néfastes.

1. Les effets bénéfiques de l’inflation

Caractérisée par une augmentation des revenus nominaux distribués, l’inflation favorise

la croissance pour deux raisons principales. Elle contribue à alléger les dettes des

agents économiques (l’inflation diminue le coût réel de l’endettement en fonction de la

différence entre le niveau des taux d’intérêt nominaux et le niveau général des prix). Ainsi les

ménages et les entreprises ont longtemps bénéficié de taux d’intérêt réels faibles, voire

négatifs. Elle améliore la rentabilité financière des entreprises. En période d’inflation, les

entreprises sont d’autant plus incitées à recourir au financement externe que leurs taux de

profit internes sont supérieurs au taux d’intérêt des capitaux empruntés. Une telle situation

élève la rentabilité de leurs fonds propres (effet de levier).

Les entreprises se trouvent stimulées par les perspectives de gains et incitées à

investir. L’inflation, moteur de l’investissement, induit ici une croissance de la

production et de l’emploi. Un haut niveau d’emploi apparaît compatible avec un taux

d’inflation élevé (ceci est décrit par la courbe de Phillips : relation inverse entre l’inflation et

le chômage).

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2. Les effets néfastes de l’inflation

Une inflation peut conduire lorsqu’elle est forte, à un ralentissement de la croissance

économique, du produit global, et à une détérioration de l’emploi. L’inflation

chronique entraîne de nombreux effets néfastes :

- elle perturbe la répartition macroéconomique des revenus. Tous les agents économiques ne

peuvent pas faire évoluer leurs revenus à la même vitesse que l’inflation. Celle-ci est

favorable aux emprunteurs et aux titulaires de revenus flexibles, mais elle pénalise les

épargnants, les créanciers et les titulaires de revenus indexables.

- elle contribue à rendre l’avenir plus incertain. En rendant incertaine l’évolution des valeurs

nominales des revenus et des prix, l’inflation complique les prévisions économiques et rend la

croissance économique plus chaotique.

- une inflation nationale plus forte qu’à l’étranger, réduit la compétitivité de

l’économie et conduit à procéder à procéder à des réajustements monétaires.

- l’inflation rend la croissance économique déséquilibrée et provoque la stagflation, situation

où coexistent à la fois l’inflation et le chômage.

C. Calcul de l’inflation

L'indice des prix à la consommation (IPC) est l'instrument de mesure de l'inflation. Il

permet d'estimer, entre deux périodes données, la variation du niveau général des prix

des biens et des services consommés par les ménages sur le territoire national. C'est une

mesure synthétique des évolutions de prix à qualité constante. Le champ géographique est le

territoire national. L’IPC couvre tous les biens et services consommés sur l’ensemble du

territoire, par les ménages résidents et non-résidents (comme les touristes).

Le rôle de l’IPC

L'IPC joue un triple rôle : (i) économique, il permet de suivre, mois par mois,

l'inflation. L'IPC est également utilisé comme déflateur de nombreux agrégats économiques

(consommation, revenus...) pour calculer des évolutions en volume, ou en termes réels ("en

euros constants"). (ii) socio-économique, l'IPC sert à indexer de nombreux contrats privés,

des pensions alimentaires, des rentes et aussi à indexer le SMIC. L'indice retenu pour le SMIC

est celui des ménages urbains dont le chef est employé ou ouvrier, hors tabac. (iii)

monétaire et financier, à des fins de comparaison internationale.

D. Evolution des prix au Cameroun (à chercher : TPE)

III. LA RELATION INFLATION - CHOMAGE

Depuis la seconde moitié du XX siècle, l’inflation et le chômage constituent les maux les plus

importants de nos sociétés, au point d’être présentés par Kaldor comme les pierres

angulaires de son Carré magique. Dans les années 50, la courbe de Phillips va tenter d’établir

une relation entre le chômage et l’inflation. Cette courbe a donné lieu à un certain nombre

d’interprétations – keynésienne, monétariste, nouveaux classiques, institutionnalistes –

plus ou moins pertinentes. Dans le prolongement de ces débats théoriques, deux

concepts, le NAIRU et le NAWRU vont chercher à donner un caractère structurel à la

relation chômage – inflation. L’hypothèse d’hystérésis précise que lorsque le chômage

augmente, il a très peu tendance à revenir à son niveau inférieur.

A. Les différentes interprétations de la relation chômage – inflation

C’est en 1958 que l’économiste néo-zélandais William Phillips (1914 – 1975) établit

une relation entre le taux de chômage et le taux de croissance du salaire nominal.

Cette étude statistique repose sur une observation de l’économie de la Grande-Bretagne sur

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les périodes 1861 – 1913 ; puis 1867 – 1957. La relation observée est forte et négative.

L’interprétation la plus simple de la Courbe de Phillips repose sur la loi de l’offre et la

demande : le taux de variation du salaire dépend de la différence entre la demande et l’offre

de travail, différence qui est mesurée par le niveau de chômage. Ainsi, plus celui-ci est élevé,

plus la pression à la baisse du salaire est importante. Toutefois, cette interprétation pose un

problème puisqu’elle revient à considérer que les valeurs observées en temps réel

correspondent à un processus du type « tâtonnent walrassien » mais avec des échanges –

forcément en déséquilibre – tout au long du processus (Guerrien, 2000). C’est pour éviter

d’avoir à envisager ce type de situation que le tâtonnement est supposé se dérouler dans

un temps fictif, sans échange, tant que l’équilibre concurrentiel n’est pas atteint. Robert

Lipsey (1960) proposera une réinterprétation de la courbe de Phillips à partir d’une relation

entre l’inflation et le chômage, en assimilant la hausse des salaires à la hausse des prix.

La même année, deux des principaux représentants de la « synthèse néoclassique

» (interprétation de Keynes par le schéma IS – LM), Paul Samuelson et Robert Solow,

réinterprètent la courbe de Phillips comme une « contrainte » d’inflation/chômage à partir de

laquelle les pouvoirs publics doivent arbitrer entre maîtriser l’évolution des prix ou le plein

emploi.

1. L’interprétation keynésienne

Durant les années 60-70, la courbe de Phillips fût au cœur des débats économiques. Elle

transformait en effet deux des principaux objectifs de la politique économique, en

deux objectifs antagonistes. Ainsi un fort taux d’inflation s’accompagnait d’un faible

taux de chômage (et inversement). Cette étroite relation semblait si évidente que l’on a déduit

de cette courbe deux principes : (i) à court terme, le choix en matière de politique

économique se réduisait à l’alternative laissée par la courbe de Phillips ; (ii) à moyen

et long terme, la composante structurelle du chômage qui n’est pas liée à l’inflation

pouvait être réduite par une politique appropriée de l’emploi (amélioration de la formation).

Ajoutons que le niveau des prix étant supposé fixe dans le modèle keynésien, la courbe de

Phillips introduisait une équation supplémentaire qui permettait d’expliquer le niveau des prix

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ou plus exactement son taux d’accroissement représenté par le taux d’inflation. Si cette

relation se révélait exacte, elle signifiait qu’il n’y avait qu’un seul taux de chômage

compatible avec une inflation nulle.

Les années 70 se caractérisent par un changement de décors, on assiste à une situation

de choc pétrolier de 1973-1974 (quadruplement du prix du pétrole) et une hausse de

l’inflation. Ainsi au choix difficile d’un couple inflation – chômage le long de la courbe de

Phillips, a succédé alors un dilemme plus grand : la stagflation (une hausse de l’inflation

associée à une hausse du chômage). L’analyse de la courbe de Phillips va ainsi donner

lieu à deux types d’interprétations : (1) la relation vérifiée par la courbe de Phillips est

toujours vraie, on assiste simplement à un déplacement de la courbe vers le haut ; (2) la

courbe de Phillips est instable, il n’existe aucune possibilité d’arbitrage inflation – chômage le

long de la courbe. Dans le 1er

cas, la relation de Phillips reste une référence pour la politique

économique. Dans le second, il en va autrement, comme va le démontrer Milton Friedman

(1968)

2. L’interprétation monétariste

Selon Milton Friedman (1968), la courbe de Phillips semblerait fournir un moyen d’action sur

une variable réelle (le taux de chômage) à partir d’une variable monétaire (le niveau

des salaires nominaux ou le niveau des prix). Or la théorie monétariste (dont Friedman est le

chef de file) rappelle qu’il existe une dichotomie entre la sphère réelle et la sphère

monétaire.

Friedman précise que la courbe de Phillips ne ferait que traduire le lien qui existe entre emploi

et productivité marginale du travail. Le taux de croissance du salaire réel serait ainsi

une fonction croissante du taux de chômage. Lorsque le chômage augmente, le taux de

croissance du salaire réel en fait autant. En effet, une hausse du chômage implique que

l’emploi baisse et donc que la productivité marginale du travail augmente, et avec elle

le salaire réel (règle d’équilibre de la concurrence pure et parfaite). Compte tenu de cette

dernière hypothèse, le chômage serait forcément volontaire.

Friedman va alors chercher à montrer que la relation de Phillips est instable en

prenant pour exemple une politique monétaire expansionniste destinée à résorber le

chômage. Une hausse de l’offre de monnaie tend à diminuer le taux d’intérêt, et donc à

stimuler la demande

de biens de consommation et de la demande de biens d’investissement. Pour

augmenter l’offre de biens, les entrepreneurs vont devoir augmenter l’emploi cependant pour

attirer cette nouvelle main d’œuvre, ils vont devoir augmenter les salaires nominaux.

Friedman fait deux hypothèses : (1) les coûts de production sont croissants ; (2) les prix

augmentent plus vite que les salaires nominaux. Les salariés vont se rendre compte que

leur rémunération augmente moins vite que les prix et que leur pouvoir d’achat a

diminué. Ils vont donc exiger un rattrapage des salaires sous la forme d’une hausse des

salaires nominaux. Ceux-ci se situeront ainsi à un niveau plus élevé qu’au départ. Une

spirale (boucle) salaires – prix est ainsi amorcée. Les implications de l’analyse de

Friedman pour la politique économique sont alors évidentes. Toute tentative

d’accroissement du niveau d’emploi au moyen d’une politique monétaire expansionniste

est à terme vouée à l’échec et comporte un risque grave, le passage à un taux d’inflation

beaucoup plus élevé. Certes à court terme, le chômage diminue, mais aussi longtemps qu’il

se situera au dessous de son niveau initial, l’inflation sera durablement stimulée.

Si la nouvelle relation établie par Friedman entre taux de croissance du salaire réel et

chômage lui semble pertinente, il reste à expliquer les fluctuations conjoncturelles telles que

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les décrit la courbe de Phillips. Friedman va chercher une explication du côté des

chocs monétaires provoqués par les autorités monétaires, chocs qui viendraient perturber

le bon fonctionnement de l’économie, notamment au niveau des anticipations faites par les

agents. Pour rendre compte des mouvements conjoncturels, Friedman et les monétaristes

vont modifier la relation de Phillips en supposant qu’il existe un décalage dans le temps entre

le moment où les salaires sont fixés et celui où les prix sont connus. Autrement dit, le taux de

variation des salaires serait établi sur la base d’une anticipation de l’évolution des prix. Ceci

conduit Friedman à concevoir une courbe de Phillips avec anticipation des prix. Dès lors deux

cas de figure sont possibles. Dans le premier cas, les agents économiques peuvent être

victimes d’une illusion monétaire (les travailleurs font leurs choix en ne prenant en compte

que l’évolution du seul salaire nominal). Dans le second cas, la décision est prise en fonction

du salaire réel anticipé. Friedman et ses disciples considérant que l’illusion monétaire est un

comportement irrationnel, privilégieront le second cas. On est ainsi ramené à la

première relation (salaire réel – chômage) à une erreur près. Celle-ci est à l’origine

des variations conjoncturelles. Il convient maintenant de préciser l’origine de cette erreur.

Les monétaristes supposent que les agents sont persuadés de la validité de la théorie

quantitative de la monnaie, et que ce sont les actions intempestives des autorités monétaires

qui sont la principale cause des perturbations qui affectent l’économie. Dans ces conditions,

les agents pensent que tout choc monétaire se répercutera irrémédiablement sur le niveau

des prix. Le terme d’erreur porte ainsi sur l’évolution de la masse monétaire que les agents

considèrent comme exogène et contrôlée par les autorités monétaires. L’effet d’un choc

monétaire dépendra donc de la forme des anticipations des agents. Friedman suppose

qu’ils adoptent la règle dite des anticipations adaptatives. Ainsi toute variation de la

masse monétaire va induire une erreur qui se propage sur plusieurs périodes, en

s’amortissant progressivement.

3. L’interprétation des nouveaux classiques

L’idée selon laquelle des agents pourraient être trompés de façon durable par les

autorités monétaires a été largement critiquée à la fin des années 70 par les nouveaux

classiques. Pour eux, cette hypothèse serait incompatible avec le principe de rationalité (qui

veut que chacun se décide en fonction de toute l’information dont il dispose au moment où il

prend sa décision, et non selon une règle pré-établie). Les nouveaux classiques (Lucas),

proposent de remplacer l’hypothèse des anticipations adaptatives par celle des anticipations

rationnelles. Ainsi toute augmentation annoncée de la masse monétaire se répercuterait

dans les prix, sans que les variables réelles de l’économie ne soient affectées. La

théorie quantitative de la monnaie serait ainsi confirmée (il y a auto réalisation des

croyances des agents). Dès lors, les nouveaux classiques expliquent la relation décrite par la

courbe de Phillips en faisant appel à l’idée de « choc intempestif ou imprévisible ». Les

autorités augmentent « par surprise » la masse monétaire, de sorte que les agents, croyant

que le prix des biens a augmenté, augmentent leur production (ce qui suppose un emploi

accru). Il y a donc hausse des prix et baisse du chômage (courbe de Phillips). Cependant, les

agents constatent rapidement qu’ils se sont trompés (ou qu’ils ont été bernés) et reviennent

à la situation qui prévalait avant le choc, mais avec un niveau des prix plus élevé. Dans

ces conditions, la politique monétaire ne peut modifier que passagèrement, et seulement pas

surprise, le niveau de l’emploi et de la production.

4. L’interprétation des institutionnalistes

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Une autre interprétation de la courbe de Phillips renvoie aux thèses des institutionnalistes (et

d’une certaine manière à l’école de la Régulation). La courbe de Phillips pourrait être

l’expression du rapport de force entre les travailleurs et les chefs d’entreprise. Ainsi lorsque le

chômage est faible, les premiers ont un pouvoir de revendication plus élevé que

lorsque le chômage est fort, ce qui se ressent au niveau des salaires.

B. Les prolongements de la relation inflation - chômage

A partir des estimations de la courbe de Phillips, les économistes ont été amenés à calculer le

niveau de chômage compatible avec un taux d’inflation stable. Deux concepts ont vu

le jour. Le NAIRU (pour non accelerating inflation rate of unemployment) ou littéralement

taux de chômage qui n’accélère pas l’inflation – est apparu dans les années 70 pour justifier

l’idée qu’il était impossible de faire baisser le chômage en dessous d’un certain niveau sans

relancer l’inflation. Le NAWRU (pour non accelerating wage rate on unemployment) ou

littéralement taux de chômage qui n’accélère pas les salaires.

1. Le NAIRU

Fortifiant les politiques monétaires neutres ou restrictives, le NAIRU fait son apparition à la

suite des thèses de Milton Friedman. Comme le chômage traduit un mauvais fonctionnement

du marché du travail, il existerait pour chaque pays, un niveau de chômage « naturel »

reflétant la qualité du marché du travail. Certains pays caractérisés par une grande flexibilité

du marché du travail, aurait donc un taux de chômage naturel faible. La courbe de Phillips

pourrait ainsi être interprétée de la manière suivante : les pays efficaces seraient ceux chez qui

la baisse du chômage ne génère que peu d’inflation, parce que le marché du travail

est efficace et arrive à fournir rapidement les entreprises en travailleurs. La courbe est alors

peu pentue. Les pays inefficaces ont des goulots d’étranglement, et leur courbe de

Phillips est assez pentue.

2. Le NAWRU

Le NAWRU représente le taux de chômage en dessous duquel la hausse des salaires devient

de plus en plus importante. Le NAWRU est un concept proche du NAIRU (logique

d’équilibre), cependant l’accent est ici mis sur le lien entre chômage et salaires plutôt qu’entre

chômage et prix. L’hypothèse d’équilibre implique que le NAWRU est le taux de chômage

auquel la progression des salaires réels correspond à l’évolution de la productivité du travail.

3. L’hypothèse d’hystérésis

L’hypothèse d’hystérésis renvoie à l’idée selon laquelle le chômage, une fois qu’il a

augmenté, n’a que très peu tendance à revenir à son niveau inférieur (Blanchard,

Summers, 1988 parlent « d’équilibre fragile »), aurait trois explications. Tout d’abord, la

notion de capital humain précise que les personnes qui seraient au chômage depuis

longtemps, perdent leur qualification et ont donc tendance à se retirer effectivement du

marché du travail. Ensuite, la théorie des insiders / outsiders rappelle que les personnes

qui ont un emploi régulier ou travaillent à temps complet (les salariés de l’entreprise) ont

une influence prépondérante sur l’évolution des salaires tandis que les nombreux chômeurs

(les exclus) n’en ont aucune. Enfin, les employeurs potentiels considèrent les chômeurs

comme inemployables. Si les employeurs utilisent la durée du chômage comme critère de

sélection, le taux de chômage naturel augmentera parallèlement au taux de chômage

effectif.

- Il est difficile de chiffrer les caractéristiques structurelles du marché du travail

(celles-ci risquent de changer lentement). Il est donc malaisé de dire quelles réformes

structurelles permettraient de réduire le taux de chômage naturel.

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IV- LES POLITIQUES DE LUTTE CONTRE L’INFLATION ET CHOMAGE

A- LES POLITIQUES DE LUTTE CONTRE L’INFLATION

Face aux risques inflationnistes, les pouvoirs publics et les autorités monétaires peuvent agir

de différentes manières en cherchant à lutter contre les causes réelles et monétaires de

l'inflation.

1) L'action des pouvoirs publics

Les pouvoirs publics peuvent d'une part, mener un politique budgétaire restrictive, et

d'autre part agir directement sur le mode de régulation du système économique.

- Par la politique budgétaire : par le biais des prélèvements fiscaux, l'Etat peut ponctionner

une partie du pouvoir d'achat des agents économiques qu'il ne réinjecte pas dans l'économie

par le biais des dépenses publiques. En conséquence, le solde du budget de l'Etat sera

excédentaire

- Une action sur les prix : l'Etat peut décider de contrôler directement l'évolution des prix en

mettant en place une politique de contrôle administratif des prix. Ce contrôle peut soit

encadrer la variation des prix, soit fixer de manière autoritaire le prix de certains biens ou

services.

- Une action directe ou indirecte sur les salaires : l'Etat, l’un des grands employeurs joue un

rôle important dans l'évolution des salaires. Pour lutter contre l'inflation, l'Etat peut donc

prendre un certain nombre de décisions propres à orienter l'évolution des salaires (gel du

salaire des fonctionnaires, augmentation faible des minima sociaux et du SMIC...). Dans ce

cas on parle d’une politique de rigueur salariale.

- Une réforme des règles de fonctionnement des marchés : l'inflation étant en partie due aux

rigidités de la fonction d'offre, l'Etat a cherché à accroître la flexibilité de certains marchés

pour favoriser les ajustements entre l'offre et la demande : l'introduction d'une plus grande

flexibilité sur le marché du travail permet aux entreprises d'adapter plus rapidement leurs

capacités de production aux évolutions de la demande (suppression de l'autorisation

administrative de licenciement...).

2) L'action des autorités monétaires :

La Banque Centrale ayant parmi ses priorités, le maintien de la valeur interne et externe

de la monnaie dans le but de garantir la stabilité des prix. Pour ce faire, les autorités

monétaires cherchent à contrôler la croissance de la masse monétaire.

Ce contrôle passe par diverses actions :

- Mise en place d'une politique de monnaie forte : les autorités monétaires cherchent à

maintenir le taux de change de la monnaie nationale afin de limiter les risques d'inflation par

les importations. Il s’agit de la volonté des autorités monétaires de s'inscrire dans cette

logique de taux de change stable et fort. Cette politique pousse de plus les entreprises à

accroître leurs efforts pour maintenir ou restaurer leur compétitivité ce qui indirectement peut

se traduire par une baisse des prix de vente des biens et services nationaux.

- Maintien d'une politique monétaire restrictive : le contrôle du crédit ayant été

progressivement abandonné par l'Etat, les autorités monétaires mettent en place une politique

de taux d'intérêts élevés (en particulier le taux d’intérêt directeur) afin de freiner la croissance

de la masse monétaire en renchérissant le coût du crédit.

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- Une action via les réserves obligatoires : les réserves obligatoires sont des réserves d'argent

que les banques de second rang doivent confier aux autorités monétaires et qui sont

proportionnelles aux montants des crédits accordés. Ces réserves n'étant pas rémunérées, elles

coûtent aux banques alors que celles-ci se financent sur les marchés financiers à un coût

déterminé par le niveau des taux d'intérêt à court terme. Une hausse du montant de ces

réserves obligatoires incite donc les institutions de crédit à limiter leurs encours de crédits.

NB La déréglementation des marchés financiers et l'indépendance acquise de la plupart des

Banques Centrales par rapport aux pouvoirs publics s'est traduit par une évolution des modes

d'action des autorités monétaires qui, d'une intervention directe (réserves obligatoires,

encadrement du crédit par l'Etat...), s'oriente maintenant vers des actions indirectes centrées

sur l'utilisation des taux d'intérêt comme arme privilégiée d'intervention pour tenter de

contrôler la variation de la masse monétaire.

B- POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LE CHOMAGE

Le chômage étant la conséquence d'un déséquilibre sur le marché du travail, les politiques de

lutte contre le chômage agissent à la fois sur la demande globale de travail, l'offre globale de

travail et sur le fonctionnement même du marché du travail.

1 / la réduction de l'offre de travail :

La quantité de travail offerte dans une économie dépend de deux facteurs :

- d'une part le nombre de personnes cherchant un travail à un moment donné.

- d'autre part la quantité de travail que peut effectuer un salarié à un moment donné.

Soit une quantité d'offre de travail mesurée en nombre d'heures/semaines égale à :

Offre de travail = population active*durée hebdomadaire légale du travail.

La réduction de l'offre de travail passe donc par :

* La réduction de la population active :

Cette réduction de la population active peut se faire en abaissant l'âge de la retraite à 60 ans,

ce qui a exclu du marché du travail les classes d'âge comprises entre 65 et 60 ans. Des formes

plus ciblées d'incitation de départ en retraite anticipée pour les classes d'âge comprises entre

55 et 60 ans permettent par ailleurs d'étendre cette mesure à une nouvelle génération

d'individus. De plus, on assiste aussi à une entrée retardée sur le marché du travail de la part

des jeunes générations suite à un allongement de la période de formation (poursuites

d'études). Le problème posé par ce type de mesure concerne les organismes de

prestations sociales qui ne disposent pas de moyens financiers suffisant pour financer

dans le futur les pensions retraites versées à un nombre croissant de bénéficiaires et ce

sur de plus longues périodes.

* La réduction du temps de travail :

Si un individu travaille moins longtemps qu'avant, alors il "libère" des heures de travail qui

devront être réalisées par un autre salarié. La réduction du temps de travail, en réduisant le

volume horaire par travailleur entraîne donc une diminution de l'offre globale de travail.

(En France par exemple le passage aux 35 heures au lieu de 39 se traduit ainsi par une

diminution de près de 10 % de l'offre de travaille sur le marché du travail national). Cette

réduction peut aussi être obtenue en augmentant le nombre de semaines de congés payés.

2 / L'accroissement de la demande de travail :

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Cette approche recouvre en fait deux types de mesures d'inspirations différentes :

- Des mesures de relance de l'activité de type keynésien :

La demande globale de travail dépend en partie de l'activité économique présente mais aussi

des anticipations des agents économiques concernant l'activité future. Les entreprises

n'offriront plus d'emplois que si elles anticipent une augmentation de leur activité. L'Etat peut

donc dans ce cas être amené à mener une politique de relance de type keynésienne afin de

soutenir l'activité et donc d'augmenter les offres d'emplois.

L'Etat peut aussi de lui-même accroître la demande de travail en pratiquant une politique

active d'embauche de fonctionnaires, ou en mettant en place des mécanismes d'incitation à

l'embauche. La mise en place du dispositif emploi-jeunes par exemple a pour but de

développer l'embauche en direction des jeunes actifs qui sont en moyenne plus touchés par le

phénomène du chômage que les autres groupes d'âge au Cameroun.

- Des mesures structurelles de type classique :

De plus, l'Etat cherche à enrichir la croissance économique en emploi et réduire le chômage

en réduisant le coût du travail et en modifiant les modes de régulation du marché du travail.

Cette démarche est liée au fait que le marché du travail apparaît comme moins réactif aux

évolutions de l'activité économique que certains marchés du travail étrangers. Les raisons d'un

tel phénomène semblent liées aux diverses rigidités qui ont été introduites afin de réguler le

fonctionnement du marché du travail (création d'un SMIC, autorisations administratives de

licenciement...).

La recherche d'une plus grande flexibilité suit les idées du courant libéral qui se sont

imposées notamment dans les pays anglo-saxons et qui prônent une plus grande fluidité du

marché du travail. L'Etat a donc progressivement supprimé certaines barrières administratives

qui allaient à l'encontre d'un fonctionnement "normal" du marché. La conséquence d'une telle

démarche est la précarisation croissante du marché du travail qui se matérialise entre autre par

un accroissement important des formes d'emploi précaires (CDD, temps partiel...).

Bibliographie indicative

- Analyse macroéconomique, d’André Grimaud, Montchrestien.

- Macroéconomie, d’Hubert Kempf, collection Hypercours, Dunod.

- Macroéconomie, d’Olivier Blanchard et Daniel Cohen, Pearson Education.

- Analyse macroéconomique, Tome 1, de Jean-Olivier Hairault, La découverte.

- Macroéconomie, de Gregory Mankiw, De Boeck.

- Macroéconomie, une perspective européenne, de M. Burda et C. Wyplosz, De Boeck.

- Cours de Macroéconomie, de Khemakhem Jamel, Institut Superieur de Gestion de Tunis