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Cours de Mr TEGUIA JULES AURELIEN : ECONOMIE MANAGERIALE L’ANALYSE DES COMPORTEMENTS STRATEGIQUES I -INTRODUCTION DES PRINCIPAUX CONCEPTS La théorie économique nous enseigne qu’en situation de concurrence pure et parfaite, les firmes sont trop petites par rapport au marché pour que leurs décisions individuelles puissent avoir un impact significatif sur le prix de marché. Une firme concurrentielle ne peut pas observer un changement de stratégie (décision de production) mis en place par une autre firme et, même si elle l’observe, elle ne peut pas tirer avantage de cette information. En revanche lorsque le marché se compose d’un petit nombre de firmes de taille relativement importante (on parle de structure oligopolistique),il devient probable qu’une entreprise participante puisse évaluer les conséquences des actions menées pars ses concurrents sur l’équilibre du marché et sur sa propre situation. Dans un tel contexte, chaque firme adopte un comportement stratégique, i.e. Prend ses décisions en tenant compte des réactions des autres firmes. Dans la mesure où les objectifs des autres firmes sont divergents, i.e.l’accroissement du profit de l’une ne peut se faire qu’au dépens du profit des autres, le comportement stratégique est probablement non-coopératif. Les interactions stratégiques en sciences sociales (dont les sciences de gestion), constituent l’objet de la théorie des jeux. La règle de jeu précise l’ordre d’intervention des joueurs et les choix possibles. Une stratégie représente une succession d’actions dépendantes des actions des autres. La stratégie s’appelle aussi règle de décision. Lorsque les gains sont connus de tous, on dit que l’information est complète. La méthodologie mise en place par la Théorie des jeux demande de préciser rigoureusement les éléments suivants : Les joueurs ; La règle du jeu : actions possibles, ordre d’intervention, information disponible à chaque moment du jeu ; Les gains et les pertes de chaque joueur pour chaque ensemble d’actions possibles

Cours d'economie manageriale

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Page 1: Cours d'economie manageriale

Cours de Mr TEGUIA JULES AURELIEN :

ECONOMIE MANAGERIALE

L’ANALYSE DES COMPORTEMENTS STRATEGIQUES

I -INTRODUCTION DES PRINCIPAUX CONCEPTS

• La théorie économique nous enseigne qu’en situation de concurrence pure et

parfaite, les firmes sont trop petites par rapport au marché pour que leurs

décisions individuelles puissent avoir un impact significatif sur le prix de

marché.

• Une firme concurrentielle ne peut pas observer un changement de stratégie

(décision de production) mis en place par une autre firme et, même si elle

l’observe, elle ne peut pas tirer avantage de cette information.

• En revanche lorsque le marché se compose d’un petit nombre de firmes de

taille relativement importante (on parle de structure oligopolistique),il

devient probable qu’une entreprise participante puisse évaluer les

conséquences des actions menées pars ses concurrents sur l’équilibre du

marché et sur sa propre situation.

• Dans un tel contexte, chaque firme adopte un comportement stratégique, i.e.

Prend ses décisions en tenant compte des réactions des autres firmes.

• Dans la mesure où les objectifs des autres firmes sont divergents,

i.e.l’accroissement du profit de l’une ne peut se faire qu’au dépens du profit

des autres, le comportement stratégique est probablement non-coopératif.

• Les interactions stratégiques en sciences sociales (dont les sciences de

gestion), constituent l’objet de la théorie des jeux.

• La règle de jeu précise l’ordre d’intervention des joueurs et les choix

possibles.

• Une stratégie représente une succession d’actions dépendantes des actions

des autres. La stratégie s’appelle aussi règle de décision.

• Lorsque les gains sont connus de tous, on dit que l’information est complète.

La méthodologie mise en place par la Théorie des jeux demande de préciser

rigoureusement les éléments suivants :

� Les joueurs ;

� La règle du jeu : actions possibles, ordre d’intervention, information disponible à

chaque moment du jeu ;

� Les gains et les pertes de chaque joueur pour chaque ensemble d’actions

possibles

Page 2: Cours d'economie manageriale

� La hiérarchie des gains (la fonction d’utilité) de chaque joueur.

Exemple du dilemme du prisonnier

• La police arrête 2 suspects d’un cambriolage et dispose de suffisamment

de preuves pour les faire condamner

• Un doute subsiste sur la culpabilité

• Un juge procède à l’interrogatoire

• Si aucun des 2 suspects ne reconnait le délit, ils seront condamnés à 2

ans d’emprisonnement

• Si un seul avoue, il bénéficiera d’une remise de peine d’un an et l’autre

sera condamné à 4ans

• Si les deux avouent, ils seront condamnés à une peine de 3 ans

• Les deux actions possibles sont donc : avouer et nier

II-STRATEGIE DOMINANTE ET STRATEGIE DOMINEE

• Considérons un jeu dans lequel 2 entreprises s’interrogent sur

l’opportunité de mener une campagne de publicité sachant que

leur décision est simultanée

• 2stratégies sont sont envisageables : « dépenser en publicité » et

« ne pas dépenser en publicité »

• Une campagne de publicité à un cout, mais elle permet à

l’entreprise de gagner des parts de marché grâce à l’amélioration

de son image de marque

• Comme elle s’adresse aux mêmes acheteurs potentiels, les gains

qu’une firme peut réaliser dépendent non seulement de l’action

qu’elle entreprend mais aussi de l’action menée par son

concurrent

• Une stratégie est dite dominante lorsqu’elle est la meilleure

stratégie quelle que soit la stratégie suivie par le concurrent

• Si les deux joueurs ont une stratégie dominante, chacun d’eux va

l’adopter

• L’issue du jeu ou chaque joueur adopte sa stratégie dominante,

correspond à un équilibre en stratégies dominantes

• Dans le jeu décrit, chacune des firmes réaliseraient un profit

supérieur si les 2 adoptaient la stratégie « pas de publicité ». L’équilibre implique des dépenses « excessives », et n’est donc

pas efficace au sens de Pareto

Page 3: Cours d'economie manageriale

• Si un joueur rationnel suit sa stratégie dominante, une telle

Stratégie n’existe pas toujours

III-EQUILIBRE DE NASH

A .Equilibre de Nash en stratégies pures

• L’équilibre de Nash est défini comme une situation dans laquelle

chaque joueur adopte la meilleure stratégie compte tenu du fait

que les autres joueurs adoptent, eux aussi, leur meilleur

stratégie. Dans une telle configuration d’équilibre, les joueurs ne

manifestent aucun regret

• Une stratégie est dite pure lorsque le joueur la choisit avec une

probabilité unitaire (choix avec certitude)

• Certains jeux peuvent présenter plusieurs équilibres de Nash en

stratégies pures, ou bien n’en présenter aucun. Cependant Nash

a démontré que tout jeu à nombre fini de joueurs et de

stratégies, présente au moins un équilibre dit « stratégies

mixtes »

B.Equilibre de Nash en stratégies mixtes

• Si les équilibres en stratégies mixtes font partie de notre vie de

tous les jours, le concept même de stratégie mixte n’est pas très

intuitif

• L’exemple d’un match de football est illustratif à cet égard

• Quelque soit le couple de stratégies pures, il existe au moins un

joueur qui qui a intérêt à modifier son choix

• Un joueur adopte une stratégie mixte lorsqu’il décide de tirer au

sort parmi les actions possibles

• Un équilibre de Nash en stratégies mixtes est défini lorsque la

meilleur stratégie d’au moins un des joueurs consiste à adopter

une stratégie mixte, ceci lorsque l’autre joueur adopte sa meilleur

stratégie

C .Conclusions sur la théorie des jeux

• La théorie des jeux a apporté une contribution majeure à

l’analyse économique

• Elle a permis de traiter de façon plus rationnelle des problèmes

abordés jusque la de manière intuitive

Page 4: Cours d'economie manageriale

• Sa contribution est remarquable dans le domaine des sciences

sociales. L’équilibre de Nash est défini par certains auteurs

comme un équilibre non regret

Page 5: Cours d'economie manageriale

LA RELATION D’AGENCE

L’hypothèse de maximisation du profit (sous contrainte) est de mise en économie .Les firmes

mettent sur pied des stratégies à partir de cette hypothèse majeur

• Cette hypothèse est compréhensible et indépassable si la firme appartient à son

manager (cas de l’actionnaire majoritaire gérant)

• L’actionnariat des grandes entreprises est diffus et la gestion est très souvent confiée

à des managers professionnels

• Il est dès lors possible de voir les managers poursuivre des objectifs autres que la

maximisation du profit de la firme (ils privilégient la stabilité de leur poste et de leurs

revenus, adoptent des comportements de spéculateurs, privilégient la notoriété qui

découle de la grande taille de la firme, leur traitement etc. …..)

• Sur la base de ce constat, nous concluons que la capacité de la firme à dégager du

profit dépend du comportement du manager

Nous pouvons nous interroger sur la compatibilité entre l’objectif de maximisation de profit

et le principe de délégation de pouvoir des propriétaires vers les managers.

I-le théorème de séparation de FISHER

• Avant d’aborder la problématique du conflit d’intérêt entre propriétaires et

managers, il convient de se demander si l’organisation d’ensemble d’une

économie de marché est compatible avec une décentralisation des décisions de

production

• L’économiste Irving Fisher a démontré dans les années 30, que dans uns économie

décentralisée où il existe un marché financier, où les agents économiques peuvent

prêter et emprunter des ressources ; il devient possible de confier la gestion de

son capital à un manager

L’information nécessaire au manager pour prendre la meilleure décision du point de vue

des actionnaires est contenue dans le taux d’intérêt

A. Hypothèses : L’économie inter temporelle

Dans les économies avancées, tout individu dispose de deux possibilités pour

accroitre sa richesse : l’investissement financier et l’investissement productif (voir

cours de micro économie sur les préférences des consommateurs et les courbes

d’indifférence).La démarche de Fisher peut être simplifiée en supposant que les

décisions comportent 2 périodes : le présent et le futur indicées 0 et 1

Page 6: Cours d'economie manageriale

Les préférences sur la consommation respectant les axiomes néoclassiques peuvent

être décrits par une fonction d’utilité de la forme :

U=u (Co, C1)

Avec du (Co, C1) /dCo supérieur à O et dU(Co, C1) /supérieur à 1 :toutes choses

égales par ailleurs, la satisfaction de l’individu augmente si sa consommation

courante (respectivement future) augmente

Cette fonction est censée engendrer dans l’espace (OCo, OC1) des courbes

d’indifférence décroissantes et convexes.

B .l’allocation optimale des ressources

• Tout épargnant dispose de 2 moyens alternatifs pour faire fructifier sa

richesse : investir dans les actifs financiers purs ou investir dans des

activités productives

• Le marché financier propose une rémunération uniforme donnée par

le taux d’intérêt r

• La production permet de transformer les ressources présentes en

ressources futures selon la technologie disponible

• Quelque soit la manière dont les individus décident de transformer

des ressources dans le temps, leur objectif général est de maximiser

l’utilité qu’ils retirent de la consommation sur les deux périodes

• Le choix de production : Considérons un agent économique disposant

de ressources initiales Yo, mais ne disposant pas de connaissances

techniques lui permettant de produire lui-même et un producteur qui

dispose d’une technologie représentée par la fonction de production

f(x), mais qui se trouve sans ressources

• L’individu maximise sa richesse en choisissant le montant optimal de

ressource K* qu’il investit dans la production

• Le programme de maximisation ayant pour solution (Yo*, Y1*)

apparait sur le graphique de décision de production

• Le choix de consommation : une fois que l’agent a déterminé K* et

connait Yo* et Y1*, il lui reste à sélectionner les quantités de biens Co

et C1 qui lui permettent d’atteindre le niveau d’utilité le plus élevé

• Le programme de maximisation ayant pour solution (Co*, C1*)

apparait sur le graphique de décision de consommation

• Le principe de séparation des décisions de production et de

consommation : L’analyse faite montre que pour un état donné de

technologie, le choix du montant optimal d’investissement productif

est indépendant des préférences inter temporelles des propriétaires

Page 7: Cours d'economie manageriale

des ressources ; il ne dépend que du taux d’intérêt qui est connu de

tous

• Dans ces conditions, la société peut décentraliser la décision de

production, dans la mesure où les managers disposent de

l’information nécessaire pour satisfaire les exigences des propriétaires

• Le manager connaissant l’état du marché financier et la technologie

(fonction de production), celui-ci peut prendre des décisions optimales

en d’investissement sans avoir à consulter les propriétaires sur leurs

préférences temporelles

Le fait que dans une économie de marché les managers puissent agir dans

l’intérêt des actionnaires ne signifient pas que cela soit vrai dans la

réalité ; la théorie de Fisher ne donne pas de solution en ce qui concerne

les conflits d’intérêt managers actionnaires

III-la théorie de l’agence

Lorsque le manager délègue la gestion de la firme à un manager, il

apparait ce que l’on dénomme une relation d’agence

La relation d’agence est un contrat qui lie les actionnaires (le principal

ou mandant) et le manager (l’agent ou le mandataire à qui le mandant

délègue la gestion) en stipulant les droits et obligations de chaque partie

Ces relations posent des problèmes nouveaux, en particulier lorsque

l’agent ne dispose pas de moyens pour savoir si l’agent remplit son con

trat

La nature et la réalité des intérêts contradictoires entre mandant et

mandataire ont été abordées par Jensen et William Meckling dans un

article de référence (Theory of the firm : managerial behavior, ageny

costs and ownership structure)

A. Le cas du manager-propriétaire unique

Dans une perspective financière, la valeur de la firme notée V dépend

des flux actualisés des profits futurs qu’elle va générer pendant son

activité

Les couts qui diminuent la valeur de la firme sont constitués du

traitement du manager, ces couts ont une valeur monétaire et seront

notés F

Une augmentation du traitement du manager d’une unité diminue la

valeur de la firme d’une unité aussi

Page 8: Cours d'economie manageriale

Soit V’ la valeur de la firme sans avantage en nature, la valeur effective

de la firme est donnée par la relation :

V=V’-F

Les préférences du manager peuvent être représentées par la fonction

d’utilité U (V, F) respectant les axiomes néoclassiques

Représenter la fonction d’utilité du manager actionnaire unique en

déterminant le niveau optimal des avantages en nature F* et V*

B.Cas du manager-actionnaire minoritaire

Supposons que la firme connaisse du succès et nécessite de nouveaux

investissements ; plusieurs alternatives s’offrent à lui : se constituer en

société anonyme et lever des fonds sur le marché boursier

L’actionnaire va gérer pour le compte de tous les actionnaires y

compris les nouveaux arrivants

Supposons qu’il vende une partie (1-a) de sa firme sur le marché

financier pour une valeur de marché de V*

Cette vente modifie la contrainte par rapport à laquelle le manager

maximise son bien être

III-le gouvernement d’entreprise

Ce terme d’origine anglo-saxon (corporate governance) désigne

l’ensemble des mesures visant à limiter le comportement opportuniste

des managers. Il existe une panoplie de deux types de mesures :

1. Les mesures visant à surveiller l’activité du manager et à le

sanctionner en cas de non atteinte des objectifs assignés

2. Les mesures incitatives visant à stimuler le manager pour qu’il

adopte de son plein gré des comportements compatibles avec les objectifs

des actionnaires

A. Le contrôle du manager par les actionnaires

Nous distinguerons le contrôle interne directement mis en place au

sein de l’entreprise par les actionnaires et le contrôle externe dans les

signaux ou sanctions proviennent de l’environnement de marché de la

firme

Page 9: Cours d'economie manageriale

a-le contrôle externe : dans une économie de marché, les

comportements abusifs des managers sont corrigés par ce même marché ;

c’est le cas pour dans un environnement concurrentiel dans lequel une

firme a des couts supérieurs à ceux de la concurrence entrainant des

pertes systématiques. Cette firme fera des pertes de marché et l’absence

de restructuration pourra sortir du marché.

b-le contrôle interne : il est exercé à travers les organes dirigeants

dont l’assemblée des actionnaires (A G) ou le conseil d’administration

(C A)

B .Asymétrie d’information et contrat incitatif

Le problème ici est d’élaborer un contrat de management permettant

d’orienter au mieux l’action du manager vers les objectifs des actionnaires

lorsqu’il n’est pas possible d’observer directement l’effort du manager

Les actionnaires sont préoccupés par la maximisation de leur profit

Ils sont persuadés qu’un effort de la part des managers augmentera

leur profit

Ils opteront pour un système d’incitation qui pousse le manager à

l’effort

Tout système de rémunération à un cout pour l’actionnaire. Ce dernier

choisira la rémunération la moins cher et de nature à empêcher le départ

du manager

C.La rémunération par les stocks-options

Les primes payées par les actionnaires au manager sont fonction du

niveau d’effort fourni

Cependant cette approche à des limites : le manager privilégiera le

court terme, évitera le risque, etc.…

Pour remédier à cela les actionnaires proposeront aux managers des

stocks options

Page 10: Cours d'economie manageriale

Chapitre 1 : Introduction à l’économie managériale

Présentation des cas pratiques empruntés à l’actualité récente :

• Boeing et AIC (Airbus Integrated Company), un duel au sommet

• Les hauts et les bas de la Company Walt Disney

• La distribution du Ketchup Heinz

Liens entre économie managériale et les autres sciences de décision

• Les cas présentés montrent comment l’économie managériale permet de trouver des

solutions à des problèmes de gestion

• Il existe des liens de parenté entre cette branche de l’économie et les autres disciplines.

L’économie managériale établit le lien entre la théorie économique et les autres sciences de

décision

• L’économie managériale emprunte à la micro-économie et à d’autres disciplines de l’analyse

économique

Relation entre économie managériale et disciplines connexes

Problèmes rencontrés par les décideurs

Science de décision Théorie économique

Economie managériale : application des

outils des sciences économiques et de la

théorie de la décision aux problèmes de

management

Solution aux problèmes de

décision auxquels les décideurs

sont confrontés

Page 11: Cours d'economie manageriale

Schéma du processus fondamental de prise de décision

Etapes de la prise de décision

Identification des objectifs

Définition du problème

Identification des solutions possibles

Sélection de la meilleure solution

Application de la décision

Prise en compte des contraintes

légales

Prise en compte des contraintes de

facteurs de production

Page 12: Cours d'economie manageriale

La théorie de la firme

• La gestion des entreprises est le principal d’application de

l’économie managériale, il s’intéresse également à

d’autres champs de gestion

• L’application à d’autres problèmes de gestion fait recours

à la théorie de la firme. Dans sa version simplifiée, cette

théorie suppose que la firme maximise son profit

• Lorsque la firme est confrontée à des éléments

dynamiques et en présence de risques, l’alternative de

maximisation du profit s’avère insuffisante

• Une version plus élaborée préconise que la firme

maximise sa richesse ou valeur

Approche de définition de la valeur de la firme et rôle des contraintes

• La valeur peut être définie du point de vue comptable, financier ou même économique

(voir Michael Porter)

• La valeur est l’ensemble des flux de revenus futurs actualisés (caf ou cash flows), les

cash flows sont identiques au profit

• Plusieurs contraintes limitent la maximisation de la valeur de la firme :

1-les contraintes légales, réglementaires et les contrats

2-les contraintes de facteurs de production

Le comportement de l’entreprise étant limité, les techniques d’optimisation sous

contrainte et les techniques de programmation linéaires sont utiles pour déterminer le

programme optimal

Page 13: Cours d'economie manageriale

jj

Les origines du profit

Les trois facteurs qui déterminent l’apparition du profit sont :

L’innovation, le risque et le pouvoir de monopole

L’innovation est liée à la vision et à l’audace ; le goût du risque conduit les

entrepreneurs à s’engager dans des chemins encore inexplorés

Le risque est un aléa, un évènement probable dont on ne peut imaginer avec certitude

son issue ; le profit est la récompense de ceux qui prennent des risques

Le pouvoir de monopole découle du caractère imparfait des marchés

Les facteurs organisationnels et le comportement de satisfaction

Bien que la théorie postule la maximisation du profit, ou l’accroissement de la valeur de

la firme ; l’on a du mal, surtout lorsque la firme est de grande taille de savoir par qui les

décisions sont prises, dans ce cas la firme adopte plutôt un comportement de

« satisfaction » plutôt qu’un comportement de « maximisation ».La firme visera un

niveau de satisfaction de profit plutôt qu’un niveau de maximisation de profit

Page 14: Cours d'economie manageriale

Origine, nature et frontière de la firme contemporaine

INTRODUCTION

La théorie économique explique les choix des agents économiques

ainsi que les comportements qui en découlent quant à la quantité d’inputs

utilisés et d’outputs générés ainsi que la fixation des prix des produits sur

les marchés

La théorie économique se penche également sur la manière dont les

choix se modifient compte tenu de la structure des marchés dans laquelle

évolue la firme

La théorie économique s’intéresse également aux différentes

options stratégiques que peut adopter la firme en situation de concurrence

ou lorsque l’on prend en compte différents horizons temporels

La théorie économique traditionnelle appréhende la firme comme une

boîte noire dans laquelle entrent des inputs et d’où ressortent des outputs sans se

préoccuper ni de son organisation ni de sa structure

Cette approche va évoluer pour coller à la réalité économique. Ainsi l’on

verra l’émergence des concepts de coût de transaction. Cette notion est liée à

l’évolution et à l’organisation de la boîte noire qui a aboutit à l’arrivée des

entreprises dans une économie décentralisée

Page 15: Cours d'economie manageriale

Origine de la firme

Pour un bien qu’il désire, un agent économique a deux choix :

Soit le produire lui-même (maîtrise de la technologie et accès aux

facteurs de production), soit le faire produire

La décision dépendra de la comparaison de chacune des deux

alternatives ou possibilités car l’agent économique est supposé rationnel

La théorie des coûts de transaction permet d’expliquer l’émergence

des firmes :

« Une firme sera créée si, à un moment donné, elle a la possibilité de

produire des biens de façon plus efficace que ne le fait le marché «

La décision de produire impose à l’agent deux coûts : le coût d’accès aux

facteurs de production et le coût lié à la mise en œuvre du processus de

production

Cependant, si l’agent décide d’acheter le produit sur le marché, il devra

s’acquitter outre du prix d’achat mais du coût lié à la transaction encore appelé

coût de transaction

La présentation exhaustive des coûts permet de mettre en relief la

complexité du binôme entreprise /marché

A. Couts liés au recours au marché

Ces coûts sont de deux ordres :

1. Le coût direct de l’achat du bien dont devra s’acquitter l’agent

2. Les coûts de transaction qui proviennent de l’imperfection des

marchés et de la rationalité limité des agents économiques

Imperfection liée au prix et à la qualité

L’une des hypothèses de base du modèle néoclassique consiste à postuler

que les agents économiques effectuent des choix lorsqu’ils sont en possession de

toute l’information nécessaire à cette fin. En réalité l’acquisition de l’information

à un coût : on parle de coût d’opportunité

Les mercuriales ont été élaborées pour réduire les coûts d’information.

L’avènement du commerce électronique est venu conforter la baisse du coût de la

recherche de l’information

Page 16: Cours d'economie manageriale

Information incomplète sur le prix et la qualité

Lorsque le besoin d’information provient d’un grand nombre d’agent

économique on constate conformément à la théorie néoclassique l’émergence de

marchés de l’information, comme les marchés de certification, du rating, et du label

Les coûts liés à la recherche de l’information sont repartis sur tous les agents

demandeurs de ladite information

L’incertitude sur l’avenir

Certains coûts sont liés à l’incertitude sur les évènements futurs. Certains

évènements sont difficilement prévisibles et peuvent perturber l’acquisition d’un bien

dans le futur

La volatilité des prix peut être réduite à travers des clauses contenues dans les

contrats ou la souscription de contrat d’assurance auprès d’organisme spécialisée

La rédaction des contrats ou la souscription de police d’assurance induisent des

coûts de transaction liées à l’incertitude

La rationalité limitée

Les coûts de transaction peuvent être liés aux limites intellectuelles dues à la

grande quantité d’information à traiter

Le recours au marché s’avère efficace pour comparer les prix des produits, leurs

caractéristiques et la qualité des services offerts

Il convient de prendre en compte ces coûts de transaction pour mieux apprécier

l’alternative de recours au marché ou le choix de produire soit même

B.Les coûts spécifiques de la firme

A priori, le moyen le plus simple pour économiser sur les coûts de transaction est

d’intégrer toutes les phases du processus de production

Le choix d’une telle alternative implique un investissement additionnel relatif à la

mise sur pied du processus organisationnel, de l’acquisition des actifs immobilisés et de

l’implantation sur des sites de production

C.Conclusion partielle

Le choix de combler un besoin induit deux alternatives : produire soi même le

bien ou l’acquérir sur un marché. Pour produire soi même, il faut acheter les intrants et

les transformer ; ce choix entraîne un prix d’achat à supporter et des coûts

organisationnels. Acheter directement le produit fini implique non seulement un coût

d’achat à supporter mais aussi des coûts de transaction liés à la recherche de

l’information. La comparaison de ces deux types de coût est vitale pour toute firme

évoluant dans un environnement concurrentiel.

Page 17: Cours d'economie manageriale

Il existe des alternatives à ces deux situations intermédiaires ; l’on peut citer les

alliances, la franchise et les relations contractuelles à long terme

1. Relations contractuelles à long terme : il s’agit du renouvellement par

tacite reconduction du contrat par les partenaires ; ces derniers respectent

les termes de leurs engagement et investissent en actifs spécifiques

2. La franchise : C’est un cas particulier des relations contractuelles. La firme

ayant développé le produit en confie la distribution dans une aire

géographique précise à son partenaire, ce dernier délivre le même produit

avec les services y attachés

3. Alliances : la firme peut décider d’opérer conjointement avec une ou

plusieurs firmes dans le cadre d’une alliance. Il existe plusieurs types

d’alliances, nous en expliciterons principalement trois :

a) Le lien peut être lâche et se limiter à un projet d’étude en commun

présentant un intérêt commun, un accord de licence, de

distribution ou de marketing

b) Le lien peut prendre une forme plus forte à travers la création

d’une filiale détenue en commun par les parties prenantes à

l’alliance

c) Le troisième type de lien peut se résumer en l’échange de titres

entre firmes ; on parle de participations croisées

III-Les frontières verticales de la firme

L’évolution des frontières verticales de la firme correspond à une intégration ou un

arrêt d’activité en amont ou aval de son activité principale

La décision d’intégrer une nouvelle activité est guidée par l’arbitrage en termes de

coûts de transaction et coûts d’organisation auxquels il faut ajouter d’autres coûts

spécifiques

A. Raisons du recours au marché

La structure du marché et les économies d’échelle et de champ sont deux

principales raisons qui peuvent expliquer le recours au marché

Une firme a besoin de faire mieux en interne pour rivaliser avec le leader du marché

lorsqu’elle décide de produire elle-même ; pour cela elle réalisera des économies d’échelle

(tâches répétitives conduisant à la spécialisation).Lorsqu’une firme produit plusieurs biens,

celle-ci peut aménager sa production et mettre à profit des effets de synergies pour induire

des coûts faibles ; on parle d’économie de champ

Lorsque l’environnement d’un produit est fortement concurrentiel, le prix est

proche du coût minimum

La structure fortement concurrentielle d’un marché fait diminuer le risque d’une

hausse subite des prix ou d’être à la merci d’un fournisseur (il est très aisé de changer de

fournisseur)

Page 18: Cours d'economie manageriale

En présence d’innovations technologiques continues et une structure de marché

oligopolistique, les prix ont tendances à baisser et à se rapprocher du coût minimum (cas

du marché des ordinateurs et spécifiquement des microprocesseurs)

B.La décision de produire en interne

La décision de produire en interne dépend du comportement des marchés amont (celui des

fournisseurs) et de la structure du marché en lui-même

Comportements opportunistes : dans une structure oligopolistique, la non-

connaissance des objectifs du fournisseur (modification des termes du contrat à son

avantage) entraîne une production en interne risquée et coûteuse

Actifs spécifiques : il existe des activités qui exigent un investissement dans les

actifs spécifiques (un actif est spécifique lorsqu’il a peu d’usage alternatif : la construction

aéronautique militaire).Un investissement dans un actif spécifique constitue un coût

irrécupérable et à l’émergence des marchés concentrés sur lesquels il existe peu de

fournisseurs et de clients alternatifs

Incertitude sur les engagements des fournisseurs : Un fournisseur peut faillir sur les

termes d’exécution de son contrat, cette insuffisance peut porter sur les caractéristiques

des produits (quantité, défaut de qualité ou délais de livraison.) Le risque peut être

d’autant plus élevé qu’il y a peu de fournisseur alternatif (cas d’un fournisseur unique) La

suppression de tels risques passe très souvent par la rédaction des contrats qui prend en

compte toutes les situations ; cependant l’élaboration de tels contrat est onéreux et

complexe. Produire en interne semble être la solution

IV. Les frontières horizontales de la firme

Une firme développe des compétences (savoirs faire technologiques, habiletés

managériales) et une bonne connaissance des marchés sur lesquels elle évolue ;il est dès

lors possible qu’exploitant ces compétences distinctives dans des domaines d’activités

proches elle étende ses part de marché. A contrario la même logique voudrait qu’une firme

s’éloigne des domaines d’activité (couple produit /marché) pour lesquels elle ne possède

pas de compétences distinctives (domaines éloignés de ses métiers principaux).

Le degré de proximité entre les activités actuelles et potentielles de la firme indique

dans quel domaine elle peut développe des compétences ;ce degré indique les frontières

optimales de la firme

Ce raisonnement s’applique aux technologies maîtrisées par la firme. On appelle

grappe technologique les différentes activités de la firme partageant la même essence

technologique. La grappe est constituée d’un ensemble d’axes de valorisation

technologique qui aboutit à de nouveaux produits sur le marché.

Page 19: Cours d'economie manageriale

V. Les modalités d’évolution des frontières de la firme

Il y a deux principales manières de faire évoluer les frontières de la firme :

Le développement de la firme peut se faire par croissance interne ; on distingue

-La fusion, l’acquisition et les alliances pontuelles.Il y a aussi les investissements de

croissance et d’expansion (acquisition d’actifs nouveaux).

-Lorsque la firme désinvestit (scission et cession des pans entiers de l’activité passée)

elle réduit considérablement son périmètre d’activité

A. Fusions et acquisitions

On distingue principalement trois types d’opération de fusion : la fusion conglomérale,

la fusion verticale et la fusion horizontale.

1. La fusion horizontale : l’on l’observe lorsque la firme fusionne avec une autre

firme du même domaine d’activité. Cette fusion entraîne une consolidation des

avantages communs qui en découlent

2. La fusion verticale : L’on l’observe lorsque la firme fusionne avec d’autres

firmes en amont (fournisseurs) ou d’autres firmes en aval (distributeurs)

3. La fusion conglomérale :une firme absorbe une autre firme opérant dans un

domaine d’activité complètement différent

B.Alliances

Il y a alliance lorsque deux ou plusieurs entreprises décident de coopérer

Les coûts de mise en œuvre d’un tel projet sont moindres car supportés par les parties

à l’alliance ; le projet est limité dans le temps et dans l’espace

En revanche les coûts de transaction peuvent être élevés car la négociation s’effectue

avec un partenaire qui peut être de mauvaise foi et dont les intérêts peuvent être divergents

L’on peut identifier plusieurs raisons qui justifient les alliances :

1. Le partage des coûts

2. La diminution des coûts

3. Le partage des risques

4. Le partage des savoir-faire

5. Les gains de réactivité

C.Diminution du porte feuille de la firme

En fonction de l’évolution de la structure l’environnement concurrentiel, la firme peut être

amenée à réduire son périmètre d’activité. Plusieurs moyens peuvent être utilisés pour

atteindre ce but :

Page 20: Cours d'economie manageriale

1. La cession d’actifs

2. La cotation séparée

3. La cession aux salariés.

Les motivations qui expliquent ces changements sont nombreuses et on peut en

déterminer les suivantes

a) Une absence de synergies

b) Une capitalisation boursière trop faible

c) Le besoin de trésorerie

d) Le manque de compétitivité

Conclusion générale

Les concepts explicités dans ce cours ne sont pas exhaustifs ; cependant ils aident à

avoir une parfaite maîtrise du champ de déroulement de l’économie managériale. Lors de la

délimitation du cours de managérial économique, l’on a fait appelle à plusieurs disciplines

voisines pour mieux saisir l’esprit et les objectifs empiriques de ce cours. Ces emprunts sont

des outils théoriques et analytiques liés au vaste champ de l’économie (microéconomie,

statiques et théorie de la décision etc.) aux concepts, approches et résultats d’autres disciplines

(marketing stratégique, économie industrielle etc.)

Il appert que l’économie managériale développe des outils empiriques aptes à éclairer

les choix du décideur (voir cas donnés en travaux dirigés) et à modeler son univers quelque soit

l’incertitude temporelle qui s’impose à lui.

Page 21: Cours d'economie manageriale

Syllabus du cours de Managerial Economics

TEGUIA JULES AURELIEN

I-Renseignement sur le cours

1-Cours de Managérial Economics

2-Niveau : Bachelor II

3-Code du cours et titre : EM1-205 Managerial Economics

4-Nombre d’heures : 60heures : CM 15heures ; TD 15heures ; SI 15heures ; TI 15

heures

5-Crédit d’ECTS : 5

6-jour de cours et heure : lundi : 8h-13h et 14h-18h

Mardi : 8h-13h et 14h-15h

7-numéro de salle à déterminer

9-contact e-mail [email protected]

10-assistant ; henry axel tchonang

II-DESCRIPTION DU COURS

Ce cours s’adresse aux étudiants de Bachelor II en Management, il leur permettra de :

-Comprendre la théorie de la firme (Origine, nature et frontière de la firme

contemporaine)

-Pouvoir analyser les comportements de la firme en situation de concurrence

(analyse du portefeuille stratégique et position concurrentielle selon le BCG et Michael

Porter)

-Assimiler la théorie des jeux et son implication décisionnelle pour la firme

-Comprendre la relation d’agence

III-OBJECTIF DU COURS DE MANAGERIAL ECONOMICS

-Donner à l’étudiant des outils pour la compréhension des mutations économiques

et des comportements stratégiques adoptés par la firme en situation de concurrence

-Utiliser les concepts de la théorie microéconomique, de la théorie de la décision

et d’autres outils opérationnels du marketing stratégique pour résoudre des problèmes

concrets de Management (voir TD Cas BOEING, AIRBUS, DISTRIBUTION KETCHUP)

Page 22: Cours d'economie manageriale

VI-CONTENU DU COURS

-Théorie microéconomique : la courbe de préférence du consommateur

-Actifs spécifiques, actifs humains et actifs physiques

-Alliance horizontale, verticale, fusion acquisition et fusion absorption ; marché

amont ; marché aval et pouvoir de négociation

-Le marché de concurrence pure et parfaite

-L’imperfection de l’information et ses implications stratégiques :la notion de

coût de transaction et l’émergence des marchés liés à ce concept

V-METHODE DE TRAVAIL

-Bref exposé du syllabus

-Echange sur les concepts de base

-Interrogations

VI-TRAVAIL ACADEMIQUE

-Participation active en cours 20%

-Présence 20%

-Etude cas 60%

VII-PLAN DU COURS

Chapitre 0-le modèle néoclassique et les hypothèses d’un marché de

concurrence pure et parfaite

Chapitre 1-Introduction à l’économie managériale

Chapitre 2-Théorie de la firme : origine, nature et frontière de la firme contemporaine

Chapitre 3-La firme et ses transactions

Chapitre 4-Stratégie concurrentielle et firme

Chapitre5-L’analyse des comportements stratégiques : la théorie des jeux

Chapitre 6-Concept de solution dans les jeux non coopératifs statiques à information

complète

Chapitre 7-Les jeux dynamiques en information complète : la notion d’équilibre de NASH

Chapitre 9-La relation d’agence

Page 23: Cours d'economie manageriale

VIII-ELEMENTS DE BIBLIOGRAPHIE