Cours d'Histoire de France, 1789-1914

IEP – 1A

Révolution, Nation,

République en France

(1789-1914)

2 Révolution, Nation, République en France

Table des matières.

Historiographie de la Révolution. .................................................................................................. 5

Chronologie révolutionnaire. .......................................................................................................... 6

Séance 1 - Pourquoi l'été 1789 ? ..................................................................................................... 9

I. Anatomie du Royaume de France sous le règne de Louis XVI (ou Les origines profondes de

la Révolution). .............................................................................................................................. 9

II. La crise du système : 1786-1789 (ou Les origines immédiates). ........................................ 12

Séance 2 - Regard d'ensemble sur la Révolution Française (1789-1799). ................................. 15

I. L'enchaînement chronologique. ............................................................................................. 15

II. Qui est notre grand homme de la Révolution ? Quelques portraits. .................................. 17

III. Débats et précisions. ............................................................................................................ 18

Séance 3 - Contre et anti révolution (1789-1799). ....................................................................... 19

I. Les contre-révolutionnaires. .................................................................................................. 19

II. Les anti-révolutionnaires. .................................................................................................... 22

Séance 4 - La Terreur (1793-1794). .............................................................................................. 25

I. Les préconditions de la Terreur. ........................................................................................... 25

II. Réflexions sur la Terreur. ..................................................................................................... 27

III. La fin de la Terreur. ............................................................................................................ 28

Séance 5 - Nation, guerre et révolution en Europe. ..................................................................... 29

I. L'entrée en scène de la guerre. ............................................................................................... 30

II. L'armée de la Révolution. .................................................................................................... 31

III. De Valmy à Brumaire. ........................................................................................................ 32

Séance 6 - Le Directoire, le Consulat et l’Empire : la marque de Napoléon Bonaparte (1795 –

1815). .............................................................................................................................................. 33

I. Expliquer le bonapartisme. ................................................................................................... 34

II. Les masses de granit............................................................................................................. 35

III. La recherche de grandeur napoléonienne. ......................................................................... 36

IV. Les six légendes. ................................................................................................................... 36

Séance 7 - L'impossible retour de la monarchie (1814-1848) ..................................................... 37

I. Les années 1814-1815 : Le choc entre histoire et mémoire................................................... 37

II. Les années 1815-1829 : La tentative de retour à l'Ancien Régime. ................................... 39

III. La monarchie de juillet : Le divorce entre monarchie et pays réel. .................................. 42

Séance 8 - D'une République à l'autre (1848-1870). ................................................................... 45

I. La II° République. .................................................................................................................. 45

II. Le Second Empire : 1852-1870. ........................................................................................... 48


Séance 9 - À la recherche de la République (1870 – 1879). ......................................................... 51

I. La République des Ducs (1871 – 1875). ................................................................................ 53

II. La crise du 16 mai 1877 et ses conséquences. ..................................................................... 54

Séance 10 - La républicanisation de la République (1880 – 1914). ........................................... 57

I. Les grandes étapes de la républicanisation. ......................................................................... 57

II. Les symboles. ......................................................................................................................... 59

III. La grandeur de l’empire colonial. ...................................................................................... 60

Séance 11 - La République contestée par les crises (1879 – 1913). ............................................. 61

I. La crise boulangiste (1887 – 1891). ....................................................................................... 61

II. La crise de Panama (1890s). ................................................................................................ 63

III. La crise anarchiste (1880s – 1894). .................................................................................... 63

IV. L’affaire Dreyfus. ................................................................................................................. 64

Séance 12 - Tableau politique de la France à la « Belle Époque ». ............................................ 65

I. La famille radicale. ................................................................................................................ 65

II. La famille socialiste. ............................................................................................................. 66

III. La famille de droite ............................................................................................................. 67



Historiographie de la Révolution.

Période \ Famille Contre-Révolutionnaires Libéraux Socialo-Marxistes

Sous la Révolution

- BURKE, Réflexions sur la RF. 1790. - J. DE MAISTRE, Considéra-tions sur la France. 1796. - Abbé BARRUEL, Mémoires pour servir à l'histoire des Jacobins. 1797.

Sous la Restaura-tion (1815-1830)

- BALLANCHE, L'homme sans nom. 1819. - L. DE BONALD, Considéra-tions sur l'ouvrage de Mme de Staël. 1818.

- Mme DE STAËL, Consi-dérations sur la RF. 1818. - A. THIERS, La RF. 1828.

Monarchie de Juil-let (1830-1848)

- A. DE LAMARTINE, His-toire des Girondins, 1847.

- L. BLANC, Histoire de la RF, 1847.

Second Empire (1851-1860)

- A. DE TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et la Révolution, 1856.

III° République (1870-1940)

- H. TAINE, Les origines de la France contemporaine, 1894. - P. GAXOTTE, La RF, 1929.

- A. AULARD, Histoire politique de la RF, 1901.

- J. JAURÈS, His-toire socialiste de la RF, 1905. - A. MATHIEZ, La RF, 1927. - G. LEFEBVRE, La RF, 1930.

IV°-V° Républiques Plus vraiment de contre-ré-volutionnaires, sauf peut-être J. TULARD.

- A. COBBAN, A social in-terpretation of French Revolution, 1964. - F. FURET, La RF.

- A. SOBOUL, Les sans-culottes, 1958. - M. VOVELLE.


Chronologie révolutionnaire.

- 1789 –

5 mai : Ouverture des États Généraux à Versailles.

20 juin : Serment du Jeu de Paume.

14 juillet : Prise de la Bastille (1° JR).

17 juillet : Louis XVI reçoit la cocarde de La Fayette

et de Bailly → Monarchie constitutionnelle.

2° quinzaine de juillet : Grande Peur dans les cam-

pagnes.

4 août : Abolition des privilèges dans la nuit.

26 août : DDHC.

5-6 octobre : Le roi est ramené de force aux Tuile-

ries, Paris devient capitale, femmes (2° JR).

2 novembre : Nationalisation des biens du clergé.

2° semestre : Parution de nombreux journaux.

- 1790 –

15 janvier : Division en 83 départements.

12 juillet : Constitution Civile du Clergé (CCC)

adoptée par l’Assemblée Constituante.

14 juillet : Fête de la Fédération à Paris.

- 1791 –

2 avril : Mort de Mirabeau.

14 juin : Loi Le Chapelier contre le droit de grève.

21 juin : Le roi est arrêté dans sa fuite, à Varennes.

17 juillet : Massacre de manifestants au Champ-

de-Mars à Paris → Début de la guerre civile.

27 août : Déclaration de Pillnitz.

3 septembre : Proclamation de la 1° Constitution.

1 octobre : Première séance de l’Assemblée légi-

slative.

- 1792 –

20 avril : Déclaration de guerre de la France à l’Em-

pereur d’Autriche.

20 juin : Opposition des sans-culottes au veto du

roi.

11 juillet : On déclare la patrie en danger.

10 août : Prise des Tuileries, roi en prison (3° JR).

2-5 septembre : Massacre dans les prisons pari-

siennes (plus de 1000 morts).

20 septembre : Victoire sur les Prussiens à Valmy.

21 septembre : Première séance de la Convention,

qui décrète l’abolition de la monarchie.

22 septembre : Premier jour de l’an I de la Répu-

blique.

- 1793 –

21 janvier : Louis XVI est guillotiné.

1 février : Déclaration de guerre au roi d’Angle-

terre et au stathouder de Hollande.

23-24 février : Levée en masse.

Début mars : Début du soulèvement vendéen.

10 mars : Création d’un Tribunal révolutionnaire.

6 avril : Création du Comité de Salut Public.

31 mai – 2 juin : Arrestation des députés Girondins.

24 juin : La 2° Constitution est proclamée.

13 juillet : Charlotte Corday assassine Marat.

5 septembre : La Terreur est mise à l’ordre du jour.

11 septembre : Décret du maximum des grains.

17 septembre : Vote de la loi des suspects.

9 octobre : Lyon est reprise par la Convention.

16 octobre : Victoire sur l’Autriche à Wattignies.

10 novembre : Fête de la Raison à Notre-Dame.

Fin décembre : Les Vendéens sont battus.


- 1794 –

4 février : Suppression de l’esclavage dans les co-

lonies.

24 mars : Exécution des Hébertistes.

5 avril : Exécution de Danton et de ses amis.

8 juin : Fête de l’Être Suprême (déisme voltairien).

10 juin : Début de la Grande Terreur.

26 juin : Victoire de Fleurus, la France est libérée.

27 juillet (9 Thermidor an II) : Arrestation et exé-

cution de Robespierre et ses amis. → Convention

thermidorienne.

12 novembre : Fermeture du club des Jacobins.

- 1795 –

Février : Début de la Terreur blanche. Les Musca-

dins s’en prennent aux sans-culottes.

20 mai : Dernière Journée Révolutionnaire, sèche-

ment réprimée : on réclame du pain et la

Constitution de 1793.

8 juin : Mort de Louis XVII. Son oncle devient Louis

XVIII.

Juillet : Succès de Hoche sur les Chouans en Bre-

tagne.

22 août : Une troisième Constitution est adoptée.

5 octobre : Barras et Bonaparte sont chargés de

réprimer le soulèvement royaliste.

28 octobre : Première séance du Directoire.

- 1796 –

19 février : Fin de l’émission des assignats.

11 avril : Début de la campagne d’Italie par Bona-

parte.

10 mai : Arrestation de Babeuf et des Égaux.

- 1797 –

Mai : Élections → Les royalistes contrôlent les

Conseils.

4-5 septembre : Coup d’État du Directoire contre

les royalistes, déportés en Guyane.

17 octobre : Paix de Campo Formio entre Bona-

parte et l’Autriche.

- 1798 –

19 mai : Départ de Bonaparte pour l’Égypte.

21 mai : Victoire de Bonaparte dans la bataille des

Pyramides contre les Mameluks.

29 décembre : Naissance de la 2° coalition.

- 1799 –

16-18 juin : Une crise politique éclate. Les députés

obtiennent la démission des Directeurs.

9 octobre : Retour de Bonaparte.

9-10 novembre : Coup d’État de Bonaparte les 18

et 19 Brumaire an VIII. Fin de la Révolution.



Séance 1 - Pourquoi l'été 1789 ? vendredi 20 septembre 2013, 13:00.

Comment la France, modèle de monarchie absolue, a-t-elle pu engendrer un processus

révolutionnaire aux échos internationaux ?

I. Anatomie du Royaume de France sous le règne de Louis XVI (ou Les

origines profondes de la Révolution).

A. La monarchie absolue frappée d'immobilisme.

La monarchie française appartient à la dynastie des Bourbons1, dont le fondateur était Henri IV (fin du XVI° siècle). Le roi est sacré (oint d'une huile sacrée) à Reims (lieu du baptême de Clovis, premier roi chrétien, en 496) : il tient son pouvoir de Dieu et non pas des hommes, et n'a donc pas de comptes à leur rendre. Il prête alors serment sur les lois fondamentales du royaume. Le roi est thau-maturge : en sortant de la cathédrale de Reims, il touche les malades pour les guérir. En France, depuis 1684 (sous Louis XIV), le roi est chef de l'Église catholique : c'est le gallicanisme (les curés et évêques obéissent au Roi et non pas au Pape), l'union du trône et de l'autel. Ce qui fait que l'Église soutient le pouvoir et que le roi contrôle l'Église. On ne peut être roi que de père, par la primo-sanguinité (c'est le fils aîné, puis le cadet, ou le petit fils en dernier ressort). Du fait des mariages entre cousins, la stérilité est courante. Louis XVI étant le petit-fils de Louis XV, il n'aurait a priori jamais du régner (son règne est dû à la mort de son père).

C'est LOUIS XIV qui construit et tient la monarchie absolue. Mais celle-ci est frappée d'immo-bilisme car toutes les tentatives de réforme ont échoué. La nécessité de faire des réformes (surtout fiscales2) n'arrive pas à être mise en place. En effet, pour qu'il y ait réforme, il faut que les Parlements (des chambres judiciaires et quasi législatives) enregistrent les ordonnances royales, notamment le Parlement de Paris. LOUIS XV décide de faire fermer les parlements, mais LOUIS XVI les rouvre à son arrivée au pouvoir en 1774. . Et ces Parlement sont faits des privilégiés.

Le pays est un habit d'Arlequin, plein de barrières et de péages. TURGOT, intendant (préfet) du Limousin, qui a lu les Lumières et a pu entendre les théories d'Adam Smith, essaye de réformer cela en supprimant les barrières existantes, est renvoyé par Louis XVI car cela remet en cause les privilèges.

LOUIS XVI est né en 1754 et monte sur le trône du plus grand pays "du monde" (à l'époque) à l'âge de vingt ans. On l'a souvent présenté comme un gros garçon un peu coincé sexuellement et un peu idiot. Il n'a pas été préparé, depuis qu'il a appris à 11 ans qu'il serait roi, à assumer cette royauté absolue. Ce n'est pas un intellectuel, il aime la chasse, le bricolage … Une fois pressenti au trône, il faut le marier : on lui choisit quelqu'un dans la grande famille d'Autriche, les Habsbourg : Marie-Antoinette. Ils se marient à 15 et 16 ans, en 1770. Marie-Antoinette maîtrise le français "de base" quand elle arrive à la cour de Versailles, et ne comprend pas toujours très bien les jeux de mots des courtisans. Tout le monde attend la naissance d'un héritier, mais Louis XVI n'est pas vraiment "un chaud lapin". La rumeur de l'impuissance du roi se répand. De ce fait, des courtisans entourent la reine et lui offrent leurs ser-vices. Louis XVI est un type bien, mais inadapté à la période où il va vivre et régner. L'américain KANTOROWITZ émet une thèse dans les années 1960 où il montre "les deux corps du roi" : le corps mortel, et l'enveloppe royale symbolique ("le roi est mort, vive le roi"). Le roi absolu réunit ces deux

1 Bourbons : Henri IV, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI. Une des plus grandes familles royales d'Europe. 2 Fiscalité d'ancien régime : La noblesse ne paie rien, le clergé ne paie rien, le Tiers-État (surtout les paysans) paient.


corps ("l'État c'est moi"), donc l'attaque sur l'un attaque de fait l'autre. Ainsi, dire que le roi est impuis-sant sexuellement équivaut à attaquer la figure royale. C'est cette faiblesse du roi lui-même qui ouvre des brèches dans le pouvoir.

B. Une société d'ordres où règne la contestation.

Société pyramidale : Dieu > Roi > A sa droite, le clergé ; à sa gauche la noblesse > Tiers-État. Population de 28 M d'habitants (Royaume Uni = 7 M ; Allemagnes = 16 M ; Italie = 11 M).

Le clergé (premier ordre) représente environ 130 000 personnes (0,5 %) et possède 1/3 des richesses. Tous les 9 ans, il donne au roi le "don gratuit". Il prélève un impôt sur les paysans (la dîme : le dixième des récoltes) en tant que propriétaire terrien. Le clergé se divise en clergé régulier (monas-tères : 60000 moines/moinesses) et séculier (prêtres, curés : 70000 répartis en environ 50000 paroisses).Le clergé séculier est divisé en haut et bas clergé (évêques/curés). Les curés sont souvent peu éduqués, pas toujours respectueux de la morale catholique. La France de l'Ouest adore les curés ; en revanche, ce n'est pas vraiment le cas dans la France du Sud-Est. Il y a au sein de cette Église de France un sentiment anti-ultramontain (c'est-à-dire qu'on n'aime pas le Pape, donc on n'aime pas les Jésuites depuis 1764) (Surtout que si ça se trouve ce sont les Jésuites qui ont fait assassiner Henri IV aka meilleur roi de France). Montée du courant des Fareinistes (qui ont notamment crucifié un de leurs prêtres pour racheter la population en perdition).

La noblesse représente environ 300 000 personnes (1,2%). On est noble par sa naissance (vieille noblesse d'épée), de père, ou par anoblissement par le roi (noblesse nouvelle : on achète des charges royales, appelées savonnettes à vilains). Les nobles ont l'exclusivité du droit de chasse et du droit de s'asseoir dans le chœur de l'église. Les nobles sont propriétaires du moulin et du four des villages ; en découlent des droits seigneuriaux, au titre desquels ils perçoivent le cens (loyer de la terre payé par les paysans). Le noble, s'il est exécuté, n'est pas pendu mais décapité.

Le Tiers-État représente 98,3 % de la population. On y repère 3 groupes. Les bourgeois (environ 4% de la population) sont ceux qui n'ont pas peur du lendemain car ils ont des biens et sont bien éduqués (avocats, hommes de lettres). Ils ont pour ambition de devenir nobles ; pour cela, ils achètent des terres et deviennent ainsi seigneurs et "jouent aux nobles". Ils sont le ferment révolutionnaire, car ils sont ambitieux et intelligents mais sont face à un "plafond de verre" (plus ou moins). Les artisans, eux, représentent environ 10 % de la population. Ils sont le "petit peuple". Enfin, les paysans, qui re-présentent 85 % de la population, paient toutes les taxes (dîme du clergé, cens de la noblesse, taxes des bourgeois et taille royale). Parmi eux, les moins pauvres sont les laboureurs ; puis viennent les manouvriers ; et, enfin, au bas de l'échelle, les femmes.

D. GARRIOCH, dans La fabrique du Paris révolutionnaire, présente les éléments révolution-naires présents dans la capitale. Il note que chez les élites (bourgeoisie et une partie du clergé et de la noblesse), l'impact des Lumières est fort. En effet, première chose importante : la lecture. Les nobles et les bourgeois avaient d'importantes bibliothèques, qui comprenaient notamment l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, des livres de philosophes (Voltaire et la liberté, Rousseau et le contrat social, Montesquieu et la séparation des pouvoirs, …), des livres érotiques (Les liaisons dangereuses, Justine, Thérèse philosophe, …). Deuxième chose importante : les gravures. Certaines sont très moqueuses à l'égard du pouvoir, très osées (le roi en cochon). Troisième élément : les loges maçonniques. Nées en Angleterre (surtout en Ecosse) et arrivées en France en 1723, elles sont des clubs de discussion des idées de philosophes (Lyon, ville très maçonnique, encore aujourd'hui). Le marquis de La Fayette par exemple en faisait partie. Quatrième vecteur : les salons, tenus par des femmes. Par exemple, ceux de Mme Geoffrin, de Mme du Deffand ou de Mme Condorcet. On y discute beaucoup, pendant que Louis XVI chasse et fait de la serrurerie … Enfin, dernier lieu de discussion : les Académies. Tout cela fait naître une opinion publique. Dans le peuple, on se rencontre dans les cabarets où l'on boit tant que


l'esprit de contestation est désinhibé (trop d'impôts, privilèges, …). La contestation passe aussi par des émotions (nom donné aux manifestations, qui finissent en général par des pendaisons). Chez les pay-sans, ras-le-bol des seigneurs qui imposent leurs droits à payer.

C. Une conjoncture économique déstabilisante.

À partir de 1770, on rentre dans un cycle Kondratieff de type B (baisse des prix, difficultés économiques). Cela entraîne les seigneurs à augmenter leurs droits seigneuriaux pour compenser ce qu'ils n'ont pas gagné avec la vente de leurs produits. Cela crée une forte tension dans le monde paysan. Le commerce colonial avec les Antilles (commerce triangulaire) rapporte moins d'argent → conjonc-ture difficile.

La société connaît ces difficultés car la pauvreté augmente. En 1780, il y a autour de 5 M de vrais pauvres en France (la "Cour des miracles"). Cela entraîne des agressions, des troubles de l'ordre, et développe la prostitution.


II. La crise du système : 1786-1789 (ou Les origines immédiates).

A. La faillite financière (1786-1787).

La cause est triple : les plus riches ne paient pas d'impôts, la guerre d'indépendance aux USA a coûté très cher à la France, et la Cour dépense énormément.

En 1781 arrive au poste de contrôleur général des finances le suisse protestant Jacques NECKER (le papa de Mme de Staël). Il fait une enquête et découvre que la monarchie dépense trop ; il publie alors un petit ouvrage, Le Compte Bleu, où il détaille les dépenses de la couronne. Les chapeaux et la bergerie de Marie-Antoinette, tout y passe. On arrive à l'idée d'un déficit de 100 millions de livres3 par an et d'un endettement de la monarchie de 2000 millions de livres.

Necker est remercié en 1781. CALONNE est nommé à sa suite au mois d'Août 1786, et déclare au roi que le royaume est en faillite. Il propose alors de réunir une assemblée qui devra rediscuter de l'impôt, en 1787. Cette assemblée aurait dû faire payer les privilégiés ; ce sont ces derniers qui, en refusant, vont mettre le feu aux poudres.

B. La fronde de 1788.

En 1788, le roi décide de prendre une ordonnance qui a pour but de faire accepter l'impôt par le Parlement de Paris. Il existe alors l'idée de droit oral que le roi se rend en personne au Parlement de Paris pour faire enregistrer son ordonnance : c'est le lit de justice. Louis XVI arrive alors au Parlement avec sa perruque et son manteau d'hermine, suivi par ses courtisans. Cette fois-là, PHILIPPE D'OR-LÉANS, membre du Parlement, grand maître franc-maçon et cousin de Louis XVI, ne se lève pas, et lorsque le roi dit "Je le veux", répond "Non". C'est ce qu'on nomme la fronde : le parlement s'oppose au roi et réclame des États Généraux. Le roi ne veut pas : cela fait 174 ans qu'on n'a pas réuni les États Généraux. Mais il finit par craquer en Août 1788.

3 Système LSD (Livre Sou Denier, espèce de junkie). 1 livre = 20 sous ; 1 sou = 12 deniers. Un ouvrier gagne environ 1 livre par jour. À l'époque, l'impôt est prélevé par les fermiers généraux (comme Lavoi-sier).


C. La mauvaise récolte de 1788.

La récolte se fait en juillet. Il y a donc dès le printemps un moment difficile appelé la soudure où les prix augmentent car les réserves diminuent. Or, en 1788 la récolte est catastrophique → mécon-tentement populaire. On attaque des convois de blé. C'est à ce moment-là qu'on élit les députés aux États Généraux4.

Les acteurs\La situation

Les finances Le pouvoir La conjoncture

Le roi Louis XVI Constate la faillite de ses finances.

A un pouvoir ab-solu ("C'est légal parce que je le

veux").

N'a pas une forte per-sonnalité, est très mal

conseillé par ses 2 frères (surtout le comte d'Ar-

tois qui est un réactionnaire).

→ L'Ancien Régime

Les élites Posent la question : qui décide de l'impôt ? → Les EG. Regardent vers 1688 (Révolution

Anglaise).

Veulent partager le pouvoir (réfé-

rence à Montesquieu).

Souffle le vent d'Amé-rique ! (Marquis de la Fayette & Jefferson)

→ Le vent de la liberté

Le peuple Réclame justice de-vant l'impôt → ras-le-

bol.

Prend la parole comme pendant la Journée des

Tuiles5.

Très mauvaise récolte → Les ca-hiers de

doléances

On élit 1200 députés (300 clergé, 300 nobles, 600 T-E), dont environ 700 francs-maçons (bour-

geois et nobles). Suffrages presque universels à plusieurs degrés (représentants élisent les députés). Les députés ont la charge de cahiers de doléances (38000 réunis par les États Généraux). Le roi est plutôt bien vu ; le mal, c'est la cour. Le clergé, les impôts sont attaqués.

En Janvier 1789, l'Abbé SIEYÈS (qui siègera avec le clergé) produit un livre, Qu'est-ce que le Tiers-État. « Qu'est-ce que le Tiers-État ? Tout. Qu'a-t-il été jusqu'à présent dans l’ordre politique ? Rien. Que demande-t-il ? À y devenir quelque chose. ». En Avril 1789, on apprend que la réunion des EG sera retardée au 5 mai → une émeute à Paris dans une fabrique de papiers peints → 200 morts.

Arrive l'ouverture des États Généraux. Le roi arrive, accompagné de son fils et de la reine (qui n'est pas très aimée), habillé en bleu et la tête découverte. À sa droite, le clergé, couvert. À sa gauche, la noblesse pleine de plumes et de couleurs, couverte. Au fond, debout, le Tiers-État habillé de noir, tête nue. Dans la tradition des EG, on vote par ordre (1 voix par ordre). Il y a donc conflit sur le mode de scrutin qui sera appliqué.

4 États Généraux : n'ont lieu qu'en période de crise. On réunit les élus des 3 ordres, qui prennent des décisions. Ils ont pour but, en 1789, de régler la question de la faillite financière. 5 Journée des Tuiles, le 7 juin 1788 à Grenoble : le peuple jette des tuiles sur les soldats de la monarchie.



Séance 2 - Regard d'ensemble sur la Révolution Fran-

çaise (1789-1799). vendredi 27 septembre 2013, 13:00.

Cette leçon a pour but de faire comprendre les évènements majeurs de la Révolution, de faire connaître des personnages et une chronologie minimale ; enfin, elle permettra d'animer quelques dé-bats concernant la Révolution Française. On va montrer la complexité et le foisonnement de cette période, de ce moment fondateur qu'est la Révolution Française.

I. L'enchaînement chronologique.

A. Chronologie révolutionnaire.

L'histoire n'est pas formée que par des dates, elle est aussi thématique. Pour cela, il faut des repères. La Révolution démarre en mai 1789 et se termine en novembre 1799. Les jours ont leur im-portance, car certains marquent profondément l'histoire de la Révolution, l'histoire nationale et internationale.

1789, "l'année sans pareille".

5 mai : ouverture des États Généraux à Versailles. 20 juin : Serment du Jeu de Paume. Les députés jurent de ne pas se séparer jusqu'à ce qu'ils

aient obtenu une Constitution. 14 juillet (1° journée révolutionnaire) : Prise de la Bastille, la révolte devient Révolution. Début

de l'émigration. 17 juillet : Louis XVI vient à Paris et reçoit de LA FAYETTE, chef de la garde nationale, et de

BAILLY, maire de Paris, la cocarde tricolore. La monarchie constitutionnelle est née … Mais reste sans Constitution.

1790, année de l'harmonie.

Moment relativement calme. La CCC va encombrer le XIX° siècle, car le clergé est "fonctionnalisé". Fête de la Fédération : slogan = "Vive la loi, vive la nation, vive le roi".

1791 : année de la déchirure.

Année de la 1° Constitution Fr (3 sept).

1792, l’année de la guerre.

Une guerre personnifiée envers l'Empereur d'Autriche (20 Avril). 11 Juillet : "La patrie en dan-ger"6 → G. DANTON.

1793, l'année de la Terreur…

… qui se termine en 1794.

6 5 personnages de la patrie en danger : Jeanne d'Arc, Danton, Gambetta, Clémenceau, De Gaulle.


B. L'année 1789.

Tout commence le 5 mai 1789 lors de l'ouverture des EG. Le 4 juin, le dauphin meurt, s’ensuit donc une période de deuil. Le 10 juin, SIEYES propose aux députés des trois ordres de se réunir afin de discuter de la suite des évènements. Le 17 juin, le Tiers-État se constitue en Assemblée Nationale. Le 19 juin, les députés du clergé se réunissent au Tiers-État. La noblesse avertit le roi, qui fait fermer la salle de réunion des EG. Le 20 juin, les députés cherchent une salle autre ; il pleut, et ils se réunissent alors dans la salle du jeu de paume. Le 23 juin, le roi, en séance plénière des EG, accepte que les impôts soient décidés par l'Assemblée Nationale ; mais il ne permet pas le vote global (toujours par ordre) → MIRABEAU : "Nous sommes ici par la volonté du peuple, nous ne quitterons nos places que par la volonté des baïonnettes". Le 27 juin, le roi ordonne aux trois ordres de se réunir et le vote par tête est obtenu. Le 9 juillet, l'Assemblée Nationale devient constituante (i.e. elle a pour but de rédiger une Constitution). La rumeur court que les soldats se rassemblent autour de Paris, avec pour but de stopper le processus de discussion des EG. Le 12 juillet, Camille DESMOULINS, journaliste et ancien camarade de classe de Robespierre, monte au Palais Royal et dit à la foule qu'il faut rester unis et se reconnaître. Il saisit une feuille de tilleul et se la met sur la tête → cocarde, signe de reconnaissance.

Le 13 juillet, les esprits s'échauffent, on pille les arsenaux (environ 1000 personnes s'emparent

de fusils .. Mais sans poudre, qu'on va chercher à la Bastille). La Bastille est un symbole de la monarchie absolue : gardée par des Suisses, dirigée par DE LAUNAY, on y envoie des prisonniers sur lettres de cachet du roi, sans aucune forme de procès. Le 14 juillet, sous l'assaut des révolutionnaires, de Launay ouvre les portes de la Bastille ; le peuple le décapite et expose sa tête sur une pique. C'est le premier geste politique du peuple. Le soir, le roi est averti de la prise de la Bastille : "C'est une révolte ? -Non Sire, c'est une révolution". Sur le carnet de bord de Louis XVI, on lit, au 14 juillet, "Rien" (oui mais c'est parce que c'est son carnet de chasse) (oh l'excuse). Le lendemain, le citoyen PALLOY rachète les pierres de la Bastille et les fait travailler dans des ateliers en de petites bastilles, envoyant à travers le pays ces petits objets. Le 17 juillet, le roi apparaît à l'hôtel de ville de Paris accompagné de BAILLY, nouveau maire de Paris, et de LA FAYETTE. On remet au roi la cocarde tricolore. C'est la fin de l'Ancien Régime.

La Grande peur est un mouvement qui touche les campagnes (selon L. FEBVRE). Dans les cam-

pagnes, on ne sait pas ce qui se passe à Paris. Il y a de la poussière, les paysans s'affolent (peur des bandits), prennent fourches et faux, et puis on s'aperçoit que c'était un troupeau de moutons à la con. Sous l'excitation, on monte au château et on coup la tête du seigneur (des fois même on l'a mangé), on va chercher les titres de propriété et on les brûle. La famille de Noailles propose qu'on supprime les privilèges. Cette suppression arrive la nuit du 4 août.

Le 26 août est publié le texte fondateur qu'est la DDHC, texte inachevé (ordre). Référence à l'Ancien Testament avec les tables de Moïse → Arche d'Alliance. 2 muses, dont la justice qui rompt les chaînes. Bonnet phrygien (signe des esclaves affranchis). Serpent qui se mord la queue → symbole maçonnique de pureté. Le 17° article aurait dû avoir une autre place (notion de propriété). On passe de sujet à citoyen, avec des droits & devoirs. Mme Olympe DE GOUGE va publier un peu plus tard la Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne. Elle sera guillotinée par le Tribunal révolution-naire.

Journées du 5 et 6 octobre 1789 : le roi est toujours à Versailles. La rumeur court que la reine, dans une soirée un peu arrosée, aurait arraché la cocarde qu'elle portait et aurait mis sa jarretière à la place. Au même moment, problème de ravitaillement en pain à Paris, et la rumeur court que la reine mange de la brioche (= du pain blanc). Le peuple (les femmes surtout) quitte Paris et va à Versailles. Arrive LA FAYETTE, qui calme le jeu. Le 6 octobre, le roi est obligé d'être ramené à Paris ("le boulanger, la boulangère et le mitron"). Le roi devient roi constitutionnel, les biens du clergé sont mis à disposition de l'État.


II. Qui est notre grand homme de la Révolution ? Quelques portraits7.

A. Danton (le Bon).

Georges Danton n'est pas député, mais un avocat parisien. Il se manifeste à partir de la guerre en 1792. Il devient dès lors l'incarnation de l'aile droite des Montagnards (= de la gauche). Il participe à la Terreur, mais, venant d'être père, il décide que c'en est assez. Parce qu'il cherche à stopper la Terreur et à recentrer la Révolution, il sera guillotiné en 1794. Il meurt sauvé par l'histoire.

B. Robespierre (la Brute).

Il a le sens de la France et parle au nom de la France. Né en 1738 à Arras, avocat, il appartient à la petite noblesse et a, avant la Révolution, une existence lisse. Certains disent qu'il est homosexuel, donc "un type bizarre". Il n'a pas de voix, et quand il parle tout le monde s'arrête → Il impose l'autorité, il a une vision à faire passer … Quitte à mettre en place la Terreur. Meurt guillotiné en 1794.

C. Mirabeau (le Truand).

Né à Aix-en-Pce en 1749. Il est comte de Mirabeau. Avant la Révolution, il n'a aucun avenir. Il vole les femmes de ses amis ("DSK de l'époque"), a été déshérité par son père. Arrive la Révolution ; l'intelligence de Mirabeau va le faire remonter. Noble, il est élu du Tiers-État à Aix. Il est une des grandes voix de l'Assemblée Nationale constituante. Il devient ensuite conseiller de Louis XVI, mais il meurt en 1791. Il est d'abord inhumé au Panthéon, puis en est retiré quand on apprend qu'il a conseillé le roi.

D. L'Abbé Sieyès.

Il est l'homme-clé de l'Assemblée Nationale constituante, il est l'homme du consensus. Il re-vient sous le Directoire pour organiser le coup d'État de Brumaire, mais sera roulé par Bonaparte. Meurt en 1836.

E. Le marquis de La Fayette.

Nait en 1757 et meurt en 1834. C'est un général qui se targue d'avoir été un héros en Amérique. Il devient le chef des citoyens en armes, et se trouve dans la dialectique politique de la France. Il estime être le sauveur, l'homme providentiel. Particulièrement ambigu : il ramène le roi le 6 octobre 89, tire du balcon de l'hôtel de ville le 17 juillet, parade sur un cheval blanc sur le champ de Mars après la fête de la fédération, … La Fayette a un rêve : être régent du roi de France. Au moment où il sent qu'il ne pourra pas justifier sa défaite face à l'Autriche, il trahit la France en passant à l'ennemi.

F. Jean-Noël Babeuf.

Né en 1760 en Picardie. Il copie des textes importants chez un notaire. En écrivant les titres de propriété, il découvre l'inégalité sociale et falsifie des papiers en faveur des "petits" → prison pour faux et usage de faux. En prison, école politique, il rencontre un géant de la politique, Michelangelo Buo-narroti. Cet homme forme politiquement Babeuf, qui, en sortant de prison, change de nom pour Gracchus et se met à écrire un journal dès 1795, Le tribun du peuple. Il y reprend des idées de gauche. Le n°32 du journal contient Le manifeste des Égaux. Il sera arrêté par la police et guillotiné.

7 À cette liste, il faut rajouter BRISSOT et BARRAS (homme fort du Directoire, plus grand pourri de la Révolution, qui remet en place Bonaparte en lui refilant Joséphine de Beauharnais).


III. Débats et précisions.

A. La Révolution est-elle un bloc ?

CLEMENCEAU, député de gauche radicale en 1893, lance l'idée que "la Révolution est un bloc" : si on la veut, il faut la prendre dans sa totalité. 1793 s'explique par 1789.

Au contraire de FURET qui distingue une "bonne révolution" et une "mauvaise révolution", et

nie l'importance du Directoire, oubliant que la Révolution est un processus.

B. Les Assemblées dans la Révolution.

4 assemblées dans la Révolution : l'ANC (juil. 89 à oct. 91, 1200 représentants, monocamérale), l'Assemblée législative (oct. 91 - août 92, 750 députés divisés entre les patriotes, la plaine et les mo-narchiens ; aucun député des EG ne peut y siéger, monocamérale), la Convention (août 1792 - oct. 1795, 750 députés : montagnards/plaine/girondins8, vote la mort du roi par 361 voix contre 360) et le Directoire (oct. 95 - nov. 99 - bicaméral 500 ("les 500") et 250 ("les Anciens") renouvelable par tiers).

C. La République.

Res publica, la chose publique. Polysémique. Donne naissance à républicain, qui veut dire qu'on défend des idées de justice, d'égalité, de liberté. La République n'est pas forcément républicaine, et vice-versa. Si la république devient républicaine, on parle de républicanisation de la République et celle-ci devient alors une démocratie. La Révolution Française n'est pas une démocratie, mais une Ré-publique.

D. La Nation.

Le terme naît pendant la Révolution Française. Une nation est l'ensemble des citoyens, mais aussi un territoire. La guerre soude la nation.

E. La citoyenneté.

C'est ceux qui détiennent la souveraineté, et qui de ce fait doivent destituer le roi.

8 Montagnards : en haut des gradins de l'assemblée. Plus haut = les Crêtois (extrémistes).


Séance 3 - Contre et anti révolution (1789-1799). vendredi 4 octobre 2013, 13:00.

Jusqu'à ces dernières années, on parlait de "contre-révolutionnaires" : des gens qui, dès le début, refu-sent la Révolution et font tout pour la briser. Il y a quelques années, colloque de Rennes → des historiens font apparaître la notion d'anti-révolution. Les anti-révolutionnaires sont des gens qui auraient accepté le début de la révolution, mais ont à un moment rompu avec elle (au moment de la Terreur). On va voir la complexité des groupes qui, à un moment donné, se sont opposés à la Révolution en marche.

I. Les contre-révolutionnaires.

A. Les Émigrés.

Ils sont en général des nobles (le premier à émigrer est CALONNE, puis suivent le comte d'Ar-tois, et d'autres …) ou des membres du clergé. Des bourgeois émigrent aussi, mais ils sont alors plus antirévolutionnaires que contre-révolutionnaires. L'émigration connaît un pic de 1789 à 1793 et redé-marre en 1795. Environ 150 000 personnes émigrent durant la Révolution : environ 40 000 nobles, 25 000 clercs, 75 000 du Tiers-État (antis), 10 000 sans condition définie. Chez les nobles, les femmes restent souvent en France pour s'occuper des biens (sinon ils sont, à partir de 1792, confisqués), c'est aussi le cas pour le Tiers-État.

De 1789 à 1793, l'émigration se fait surtout vers Coblence, sur la rive droite du Rhin, mais aussi à Turin, dans le Piémont, sur les rives du lac de Constance. En 1793 démarrent des guerres révolution-naires dans ces zones → L'émigration se déplace ensuite au Royaume-Uni et en Russie. Problème pour les Émigrés : l'argent commence vite à manquer. Une partie va rentrer en France en 1794-95, d'autres avec Bonaparte en 1799 ; d'autres, enfin, ne rentreront qu'en 1815. Sentiment de revanche sociale dans les jeunes générations → naissance de "gangs" (compagnons de Jéhu ou de Jé-sus) de jeunes royalistes qui viennent tuer des républicains pour de l'argent.

B. L'Église catholique.

Les Juifs, qui représentent 70 000 personnes, sont répartis dans 3 zones principales : Avignon (Juifs du Pape, Sépharades), Bordeaux (Sépharades aussi) et Alsace (Ashkénazes). Les Sépharades sont bien intégrés. Les Juifs du Pape vivent dans un ghetto et sortent avec un chapeau jaune pour être reconnus des chrétiens. Les Ashkénazes parlent le yiddish, sont très peu intégrés, et, en Alsace (région très catholique), sont maltraités.

En France en 1789, 500 000 Protestants (qui se concentrent dans les Cévennes) adhèrent à la Révolution. Depuis 1787, l'Édit de Tolérance leur accorde une meilleure situation en France. Rappelons que la France est fille aînée de l'Église.

L'Église catholique vit donc très mal la Révolution : elle perd ses biens à l'automne 1789. En décembre de la même année, la création des départements réduit le nombre de diocèses. Enfin, le 12 juillet 1790, la Constitution Civile du Clergé fonctionnarise les membres du clergé (perte de contrôle de Rome). Le Pape, PIE VI, condamne cette CCC en mars 1791. S'opère alors un schisme entre les prêtres jureurs ou assermentés (qui ont accepté la CCC : prêtres citoyens, jeunes prêtres, urbains) et les prêtres réfractaires ou insermentés (vieux prêtres, provinciaux, montagnards). Division de l'Église, division des fidèles. Après condamnation papale, des prêtres assermentés vont se rétracter et devenir réfractaires. Cette division a eu jusqu'à Jacques Chirac un impact fort sur l'orientation politique : ré-fractaires = droite et jureurs = gauche. Les hommes supportent les assermentés, les femmes les


réfractaires (question d'un bon ou mauvais curé pour baptiser les enfants par exemple). C'est un ré-fractaire qui donnera sur l'échafaud l'extrême onction à Louis XVI.

En 1792, on ferme tous les monastères. Il y aura des églises sans prêtres, des curés qui aban-donnent l'habit pour se marier … Et puis, déchristianisation active dès 1793 → Les églises deviennent "Temples de la Raison". À Lyon, dans le Dauphiné, en Provence, se développe la fête de l'âne en mo-querie à l'Église. Dès 1795, on déporte des curés ; dès 1796, on les guillotine.

1793, première attaque de la laïcité, qui n'aura pas de suite. On va essayer ensuite de rempla-cer les fêtes religieuses en mettant en place un calendrier révolutionnaire, qui démarre le 1er Vendémiaire an I (le 22 septembre 1792, naissance de la République), ce qui fait disparaître les noms de saints. À partir de 1794 apparaissent des fêtes civiques, dont celle du 8 juin 1794, la fête de l'Être Suprême (qui n'a eu lieu qu'une fois). Dès 1795, 6-7 fêtes civiques dans l'année.

C. Les Vendéens.

La Vendée est une page noire de l'histoire française. Cette région, au sud de la Loire, est divisée en 4 départements : Loire inférieure (Machecoul), Maine-et-Loire (Chollet), Vendée (La Roche/Yon), 2 Sèvres. C'est un territoire paysan, évangélisé au XVIII° siècle par Grignon de Montfort qui les a fanatisés → on parle des Montfortains. La Vendée est un territoire de bocage : il n'y a pas de villages, que des maisons éparses reliées par des chemins creux. Un homme fait le ciment de la communauté : le curé. La Vendée est bourrée de petits nobles, pauvres. Dans cette région, il y a 3 choses qu'on ne va pas supporter : la mort du roi (21 janvier 1793), le décret de la mobilisation avec le durcissement de la guerre en février 1793 (800 000 hommes déployés !), et l'arrivée des bourgeois des villes (puisqu'ils ont racheté les terres laissées par le clergé et les nobles).

Le soulèvement vendéen commence donc le 10 mars 1793 : le 11 mars, on massacre les révo-lutionnaires à Machecoul. Dès lors, s'opère une division entre les Bleus (les Républicains) et les Blancs (les Vendéens… Première guérilla de l'humanité ?). Cette guerre de Vendée, qui dure environ un an, va très mal démarrer pour les Bleus. En effet, les Blancs connaissent bien le terrain ; et, de plus, on a envoyé les moins bons soldats républicains en Vendée (les meilleurs étant sur les fronts anglais, autri-chiens, etc.). Le moral républicain s'affaisse, leur réputation aussi. Mi-juin 1793, toute la région est contrôlée par les Vendéens. Les petits nobles, qui ont regardé la bataille se faire, vont rejoindre le mouvement vendéen et lui apporter leurs compétences. Parmi eux, on retiendra MR DE LA ROCHE-JAQUELIN, véritable idole pour les Vendéens, mais aussi d'Elbée ou Charrette.

Premier échec : le 18 juin, le siège de Nantes échoue. À partir du 1er Août, au Comité de Salut Public, BARÈRE appelle dans un discours à éliminer les ennemis de la Révolution en Vendée. Jamais il n'a dit d'éliminer les Vendéens parce qu'ils sont Vendéens ; mais parce qu'ils étaient ennemis de la République (il n'a donc pas appelé au génocide). On va alors envoyer de bons généraux, notamment le général HOCHE qui fait reculer les Vendéens. Les Vendéens vont alors faire quelque chose d'extraor-dinaire. Battus à Chollet en octobre, sous la direction de la Rochejaquelin, ils arrivent avec une colonne de 20 000 personnes, passent la Loire et se dirigent vers le Cotentin (à la recherche d'aide anglaise) : c'est la Virée de Galerne. Finalement ils se font poser un lapin par les Anglais. Affamés, ils font demi-tour en décembre et doivent alors repasser la Loire. La Rochejaquelin déclare alors à ses troupes, "Si j'avance, suivez-moi ; si je recule, tuez-moi ; si je meurs, vengez-moi".

En 1794, on nomme le général TURREAU pour éliminer le mal vendéen. Il est à la tête des colonnes infernales. C'est là que les pages noires commencent : 20 000 morts en Vendée. Les colonnes ne font pas de quartier et tuent tout le monde, commettant, pour certains historiens, un génocide. Jusqu'à 1914, qui a marqué la réconciliation des Français entre eux et a fermé la déchirure de la Révo-lution, il n'y aura pas de célébration du 14 juillet en Vendée.


D. Dans les pays occupés.

Dès 1795, la France occupe une grande partie de l'Europe ; elle reculera à partir de 1799. Dans les pays occupés (Italie, actuelle Belgique, …), il y a des mouvements contre-révolutionnaires agités par l'Église. Par exemple, les Viva maria, mouvement de paysans qui tuent des soldats français qui sont vus comme réincarnation du diable. Dans les pays autrichiens, il y a les Barbets qui font de même. En Espagne, la résistance sera essentiellement nationale, l'Église ne jouera pas de réel rôle dans l'opposi-tion aux soldats français. (N'empêche que des paysans espagnols ont empoisonné des Français au laurier rose).


II. Les anti-révolutionnaires.

Ce groupe s'est développé surtout à partir de 1793-94, quand les sans-culottes deviennent omniprésents.

A. Les Girondins.

Leur nom apparaît en 1792 ; avant, on les nommait Patriotes. Les choses changent à la chute du roi, le 10 Août 1792. Les patriotes se divisent alors entre Girondins et Montagnards (au milieu, la Plaine, qui évolue selon les circonstances). Un Girondin, c'est un libéral (au sens économique du terme), généralement un bourgeois provincial, un modéré, qui a peur du peuple et ne veut pas le voir gouver-ner lui-même, qui a peur des mots. C'est un décentralisateur (≠ jacobin). Leur leader est BRISSOT, élu député à la législative en Gironde.

La première date qui leur fait peur est celle du procès du roi (janvier 1793). Ils vont jouer la montre, retarder le procès pour éviter la mort du roi. Le jour du vote, ils se prononcent tous contre la mort du roi (= ils ne sont pas régicides). Du moment que le roi meurt, c'est l'escalade entre Girondins et Montagnards.

Les Girondins gagnent du terrain jusqu'en mai 1793, mais la victoire Montagnarde arrivera le 31 mai 1793. Entre temps, Danton a mis le Tribunal révolutionnaire en place (11 mars 1793), ce qui enclenche la marche à la Terreur - et ne plaît pas du tout aux Girondins. Le 13 avril, les Girondins, appuyés par la Plaine, font voter la mise en accusation de MARAT pour avoir demandé à ses lecteurs de s'en prendre aux députés qui n'ont pas voté la mort du roi. Marat est acquitté par le Tribunal révo-lutionnaire. Les royalistes poussent les Girondins au bras-de-fer avec les Montagnards - ce qui sert les arguments de ces derniers. Le 20 mai, les Girondins arrêtent HÉBERT (+ + Montagnard). Le 25 mai 1793, Isnard, député girondin, envoie une délégation à la Commune de Paris pour avertir d'une répression par la Convention si jamais la Commune soutient Hébert. Hébert est acquitté lors de son procès. Le 31 mai, les sans-culottes de la Commune de Paris marchent sur la Convention → Journée révolutionnaire ratée. Le peuple apprend la politique.

Le 2 juin 1793, les Girondins sont arrêtés à Paris sur ordre de Robespierre, qui a pris la tête des Montagnards (journée révolutionnaire réussie9).

B. Le fédéralisme.

Le mot n'est pas d'époque, mais colle à ce qui va se passer. Fédération = union. Fédéralisme = désunion. Rappelons que jusqu'au 2° mandat de Chirac, la République Française était une et indivisible.

La crise fédéraliste va toucher la France dans les régions où se situent les Girondins : régions de Caen, Rennes, Marseille, Bordeaux, Toulon, Lyon, Dijon. Deux villes vont véritablement connaître cette crise : Toulon (parce qu'il y a les Anglais) et Lyon (parce qu'il y a les Lyonnais).

Le cas Lyonnais est très important. L'identité politique de Lyon naît en 1793. Elle fait à l'époque 2 km², 100 000 habitants. Concentration importante de travailleurs de la Soie, avec les maîtres et les compagnons (on les appellera au XIX° les Canuts). Il y a aussi des bourgeois marchands-fabricants, mais en nombre très inférieur (300 familles seulement). On n'en veut pas aux bourgeois, qui payent les travailleurs.

9 Journée révolutionnaire = Le peuple + un mot d'ordre encadré par un leader politique.


2 personnages vont marquer la ville. Le premier est Jacques IMBERT-COLOMÈS (royaliste) ; l'autre, Joseph CHALIER (un "exagéré"). Le premier est chassé de Lyon en février 1790 ; il est le plus grand contre révolutionnaire français, malgré son vieil âge. Chalier est un bourgeois, un type ordinaire jusqu'à ce que la Révolution l'éveille politiquement. Il surveille les "mauvais révolutionnaires" lyonnais, et est chassé en janvier 1792, où il fréquente MARAT et le club des Cordeliers. Il revient à Lyon. La majorité des Lyonnais vont s'opposer à ces deux personnages : on ne veut ni les Blancs ni les Rouges, on veut juste bosser. Mars 1793, les amis de Chalier deviennent maires de Lyon. Le 29 mai 1793, les Lyonnais se soulèvent contre les Chalier. Chalier est en prison. La nouvelle arrive à Paris le 3 juin, au lendemain de l'arrestation des Girondins. Lyon est montrée comme une ville contre-révolutionnaire. Entre juin et juillet, les royalistes (dont Imbert-Colomès) reviennent à Lyon, et le 16 juillet, Chalier est guillotiné (martyr de la Révolution), 3 jours après l'assassinat de Marat. Lyon est une nouvelle Vendée. Le 8 août 1793, le siège est mis devant Lyon par l'armée de la République menée par COUTON. Les nobles réfugiés à Lyon vont encadrer l'armée lyonnaise (à sa tête, le colonel PRÉCY). L'assaut est fait début octobre, après 60 jours de siège (le plus long de la Révolution) : le 9 octobre, la ville est prise. Il faut punir le fédéralisme de Lyon → Texte du 12 octobre 1793 : Décret de la Convention : "Lyon n'est plus". "Lyon fit la guerre à la liberté ; Lyon sera détruite". On détruit les immeubles de la place Belle-cour ; le nom de la ville disparaît pour devenir "Commune Affranchie" ; on exécute 2000 personnes (ouvriers) place des Terreaux. Lyon, libérée de la tutelle parisienne, va enfin, après la Révolution, exis-ter.



Séance 4 - La Terreur (1793-1794). vendredi 11 octobre 2013, 13:00.

Moment central de la Révolution dans les mémoires de l'époque et postérieures, elle masque ce que fut la Révolution. La Terreur est une institutionnalisation de la justice politique envers les contre-révolutionnaires et antirévolutionnaires ("ennemis de la Révolution"). Elle va être déclarée comme telle et doit durer "jusqu'à la paix". Elle est un gouvernement de guerre, de crise. Sans la Terreur, la Révolu-tion aurait disparue. La Terreur est le seul gouvernement de l'Histoire qui se soit déclaré terroriste. Elle fera environ 40 000 morts en une douzaine de mois (1,4 % de la population française) dont 20 000 Vendéens et 2000 Lyonnais. C'est un moment de violence classique de l'État, une violence admise par les hommes et femmes de l'époque puisqu'elle fait partie de la société de l'époque. La Terreur est entre les mains des Terroristes, au pouvoir soit parce qu'ils ont été élus députés à la Convention, soit parce qu'ils sont exécutants.

Pourquoi une Révolution démarrée dans une relative harmonie connaît-elle un tel dérapage ? Il faut voir 89-93 comme un couple et pas comme une fracture. Problème des dates. Fin associée à l'exécution de Robespierre (le 10 Thermidor an II).

I. Les préconditions de la Terreur.

A. Un climat de crises : du printemps 92 au printemps 93.

Crise économique.

Mauvaise récolte (donc manque de pain dès le mois de février) qui fait écho à celle de 1788. L'abbé Jacques ROUX fonde le groupe des "Enragés", animant fortement l'agitation populaire (un peu comme les "Exagérés" de Chalier à Lyon) et réclamant un gel des prix du pain. On dénonce les spécu-lateurs appelés "Mangeurs d'hommes".

La guerre.

Guerre commence le 20 Avril 1792 contre le Saint Empire d'Autriche. Seul moment d'amélio-ration : le 20 Septembre 1792, victoire à Valmy. Mais ensuite les "soldats" (paysans pour la plupart) retournent chez eux → Mauvaise année militaire. En 1793 on déclare la guerre aux Anglais (guerre qui durera jusqu'à Waterloo 1815). → Encerclés. DUMOURIEZ, le héros de Valmy, est battu à Neerwinden le 18 mars 1793 → Pressions sur la France. Dumouriez avait pour lieutenant Louis-Philippe d'Orléans, futur roi de France.

La mort du roi.

Mort du Roi après sa fuite le 20 juin 1791. Il ne cherchait pas à fuir le pays mais plutôt sa fonction de roi constitutionnel. Il cherchait à rejoindre la ville de Metz où l'on trouve les Dragons du neveu de La Fayette. Ramené le 21 juin à Paris, il est malmené. Ceux qui insulteront le Roi seront punis, ceux qui l'applaudiront seront punis. Situation glaciale. Le Roi est favorable à la guerre, pensant qu'elle sera perdue et que ses cousins européens le remettront sur le trône. Le 10 Août 1792, le Roi est en prison. Se pose la question de ce qu'on va faire de lui : le bannir, l'emprisonner, lui faire un procès ? On fouille les Tuileries, où on trouve des traces de courrier où le roi souhaite la défaite française dans la guerre → Preuve de traîtrise. Pour ROBESPIERRE, le procès est inutile car la possibilité d'acquitte-ment du roi menacerait la Révolution. Mais le procès aura bel et bien lieu ; ses avocats seront De Sèze, Malheserbes et Tronchet (tous trois seront guillotinés avec lui). Louis XVI est jugé par la Convention et pas par un tribunal. Ce procès révèle la division des députés entre Girondins et Montagnards. L'Europe


des Rois voit un des leurs en accusation au tribunal, ce qui ne plaît pas beaucoup. Le 20 Janvier 1793 à 1h du matin, le roi est condamné à mort par 361 voix contre 360. Il faut ensuite exécuter la sentence ; le roi est exécuté le lendemain à 10h28 place de la Révolution (actuelle place de la Concorde). Le roi meurt très dignement : il veut parler au peuple pour lui pardonner, mais sa voix est couverte par les tambours. La tête du roi sera exhibée au peuple ; c'est un coup de tonnerre en ordre. Le culte du Roi comme nouveau Christ est travaillé par l'Église réfractaire. Louis XVII, son fils, devient roi, mais il est en prison.

Une crise à têtes multiples.

La révolte des Vendéens fait écho à la guerre et à la mort du roi + Affrontement Giron-dins/Montagnards où le Roi servait de fusible (Girondins peu soutenus par le peuple parisien) + Crise fédéraliste.

B. La question de la violence.

Les Septembrisades.

Septembre 1792. La guerre a commencé depuis quatre mois. Les Prussiens arrivent. MARAT appelle le peuple à aller tuer les prisonniers de Paris, qui sont des contre-révolutionnaires qui pour-raient aider les Prussiens. En vérité, les prisons sont plutôt constituées de voleurs. 1200 prisonniers seront tués à Paris. Affaire de la Duchesse de Lamballe (favorite de Marie-Antoinette), qui est décapi-tée, éventrée et exhibée en pièces sous la cellule de prison de Marie-Antoinette. La violence populaire ne s'arrête jamais. Il faut dire que les repères de l'État sont flous à présent que le roi est en prison, on flotte dans un état de "non-droit".

Le Tribunal Révolutionnaire.

10 mars 1793 : Date forte dans la naissance de la Terreur. Arrivée sur la scène de DANTON, qui crée un Tribunal Révolutionnaire pour suppléer à la vengeance populaire des septembrisades. Soyons terribles pour dispenser le peuple de l'être (Danton). On est dans la marche à l'institutionnalisation de la Terreur.

Les Comités de surveillance.10

Créés le 21 mars 1793 dans toutes les communes de France, sous contrôle du Comité de Sûreté Générale. On doit avoir un passeport pour voyager d'une commune à une autre. Il faut le demander au Comité de sa commune, qui s'assure que l'on est "un bon citoyen". Le Comité de Sûreté Générale est dirigé par deux hommes forts, AMAR et DAVID (oui oui, le peintre).

Le Comité de Salut Public.

Se substitue au gouvernement dès le 6 Avril 1793. Créé par les Girondins, repris par les Monta-gnards après le 2 juin. Robespierre y rentre fin juillet 1793 et y restera jusqu'à sa mort. Le CSP est dès juillet composé de 9 membres, élus et réélus chaque mois par la Convention (donc Ø dictature de Robespierre). Pas de Président du CSP, Robespierre n'exerce qu'un magistère moral. Ces hommes tra-vaillent énormément, aux Tuileries. COUTHON et ST-JUST sont eux aussi des membres Robespierristes du CSP ; mais il y a des membres plus modérés comme CARNOT ou LINDET.

10 Bien qu'on ne retienne que ces deux-là, il y a des dizaines de comités pendant la Terreur : Comité de la Constitution, d'Instruction Publique, d'Agriculture, des Impôts, de la Marine, des Colonies …


II. Réflexions sur la Terreur.

On peut estimer qu'après l'arrestation des Girondins, les Robespierristes ne représentent que 40 personnes sur les 500 députés restants à la Convention. St-Just, l'archange de la Terreur, né en 1767, dit que "la Terreur, c'est la force des choses" : elle est le fait des évènements et crises. C'est pour cela que le 5 septembre 1793, le CSP décide de mettre la Terreur à l'ordre du jour de la Convention (date officielle).

17 septembre, loi des suspects : on peut être suspecté d'être un mauvais révolutionnaire et donc arrêté. La Terreur définit les suspects.

On découvre en médecine à ce moment-là la centralité du cerveau dans les actions ; parallèle avec la Convention, qui est centrale elle aussi et a à la fois légalité et légitimité. Cette Convention sera attaquée par DANTON (aile "droite") et HÉBERT (aile "gauche"). Danton, qui pourtant soutient Robes-pierre, se fatigue du sang et de la vertu dès décembre 1793. Il se met hors-jeu en prenant une décision qui va à l'encontre du "cerveau" qu'est la Convention → Guillotiné le 5 Avril 1794. Hébert fait bouger le bras gauche alors que le cerveau a dit non → Guillotiné en mars 1794. Robespierre avance donc en se séparant de ses "amis". Cela va devenir difficile pour lui car le peuple était derrière Hébert et les modérés derrière Danton11.

ROBESPIERRE, discours du 21 Novembre 1793 en réponse aux athéistes hébertistes : Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer.

Escalade dans la Terreur (la Grande Terreur) dès le mois de juin 1794. Fin 93, on a guillotiné les Girondins, BAILLY, BARNAVE et MARIE-ANTOINETTE (etc.). Entre le 22 Prairial an II et la mort de Ro-bespierre le 9 Thermidor, il y aura environ 1500 exécutions. Bizarrement les femmes adorent ça. C'est Arlette FARGE, historienne, qui comprend pourquoi : à l'époque, on ne connaît rien sur les menstrua-tions féminines, donc les femmes sont habituées au sang. Au moment de la Grande Terreur, on n'a plus d'avocat. Le procureur du Tribunal Révolutionnaire de Paris, FOUQUIER-TINVILLE (qui vaut bien les bourreaux d'Auschwitz ou de Sibérie), est seul juge et déclare toujours l'exécution. Autre person-nage horrible, cette fois-ci à Nantes : CARRIER, un psychopathe qui adore enchaîner un homme et une femme à poil face à face sur un bateau, et couler le bateau sur la Loire. À Lyon, le guedin, c'est FOUCHÉ, ancien religieux, qui veut régénérer Lyon. On citera aussi TALLIEN, terroriste bordelais qui libère les gens contre de l'argent puis les reprend.

Dans cette période où les têtes volent comme des tuiles par grand vent, il faut retenir les lois de Ventôse (Fév. 1794) : les biens des personnes arrêtées sont donnés aux pauvres (création, donc, d'une sorte de RMI).

Vision de Robespierre : imposer la vertu dans un pays où l'on complote, où l'on cultive encore parfois des valeurs d'Ancien Régime.

Mois de juin 1794, grande victoire de Fleurus (Belgique). Ouvre la question de l'utilité de la Ter-reur ("jusqu'à la paix").

11 Robespierre a une légitimité déléguée (par le vote) ; Hébert a la légitimité directe (homme de la rue, contestataire).


III. La fin de la Terreur.

Plusieurs causes. Les Français vivent dans une peur permanente.

Première erreur de ROBESPIERRE, le 8 juin 1794 (20 Prairial an II). Fête de l'Être Suprême. On a construit une montagne éphémère sur le champ de Mars, avec un arbre de la liberté où l'on a mis un bonnet phrygien. Robespierre monte sur la Montagne, habillé de soie bleue blanche et rouge, et rend hommage à la raison sous les hospices de l'Être Suprême. Cela va lui être reproché comme étant un embryon de culte de la personnalité.

La Grande Terreur crée une grande peur. Après Fleurus, Robespierre s'en va en province pen-dant quelques jours, peut-être lui-même las de cette Terreur et de cette vertu, à la recherche d'une pause. Puis il revient à Paris le 26 Juillet 1794. Il se rend au club des Jacobins, qui lui était acquis mais n'est plus aussi réactif à son discours cette fois. Il se rend alors à la Convention, où il commet une deuxième erreur (volontaire ?). Il dit J'ai ici dans ma poche la liste des fripons (députés corrompus comme Tallien), sans sortir cette liste. Il revient le lendemain. Là, TALLIEN désigne Robespierre sous le nom de tyran, lui reproche son absence. LOUCHET, député, demande qu'on arrête Robespierre (dont le frère demandera à partager son sort). Robespierre ne parvient pas à se faire entendre, tente de demander la parole au chef de séance. FRAIRON : "Ah qu'un tyran est dur à abattre". Robespierre : "La République est perdue, car les brigands triomphent". Il est conduit à la prison du Châtelet le 27 Juillet (9 Thermidor). Certains, qui voient encore en lui un ami du peuple, le sortent de prison vers 23h et l'amènent, avec ses amis, devant l'Hôtel de Ville. La Convention va charger Robespierre de tous les crimes commis par la Terreur. BARRAS est désigné pour arrêter Robespierre. Lui et 40 Robespierristes seront guillotinés sans procès12. → Fin de la Terreur.

Comment justifie-t-on aux yeux du peuple cette exécution de l'ami du peuple ? On va chez Ro-bespierre et l'on fabrique (par la Police) des faux : un sceau marqué "Robespierre, Roi de Lyon" et une lettre selon laquelle il allait épouser la fille de Louis XVI pour devenir roi.

La Terreur est bien la force des choses. En 1993, de Villiers invite Soljenitsyne pour évo-

quer le sujet, qui dit que la Terreur est consubstantielle à la Révolution.

Il faudra par la suite sortir de la Terreur, de cette Terreur rouge. On ouvre les prisons ;

les libérés cherchent à se venger contre ceux qui ont incarné la Terreur. On les appelle les

Muscadins, qui vont mettre en place une Terreur blanche (royalistes) en 1795. Il va falloir

légiférer ; on réintègre les Girondins à la Convention en décembre 1794.

On ferme le club des Jacobins (lieu par excellence de l'expression des Révolutionnaires)

en novembre 1794 : c'est la première mort de la Révolution.

Le 16 novembre 1794, procès de CARRIER (le psychopathe de Nantes). Procès de FOU-

QUIER-TINVILLE : "J'étais la hache".

12 BILLAUD-VARENNE (Crêtois ~ Hébertiste) vote l'arrestation de Robespierre mais se fera déporter en Guyane en 1795, d'où il s'évade, rejoint St-Domingue et y ouvre une rhumerie où il raconte aux voya-geurs la mort de Robespierre.


Séance 5 - Nation, guerre et révolution en Europe. vendredi 18 octobre 2013, 13:00.

Le terme nation est plus exact pour traiter de la Révolution que "nationalité" (plutôt 1848) ou "nationalisme" (plutôt 1880s). Il faut aussi définir le terme d'État-Nation, qui vient remplacer "l'habit d'arlequin" qu'était la France avant la Révolution. La nation se construit autour d'un territoire qu'il faut défendre, autour de repères - linguistiques (quoique pas évident car patois), culturels (Lumières, chris-tianisme).

Y a-t-il une identité de la nation française ? Elle est difficile à définir. Elle est une communauté de citoyens - pas forcément des natifs, la Révolution étant plutôt ouverte aux étrangers. Elle repose sur une souveraineté de ces citoyens - déléguée ou directe, selon les approches. Il y a des citoyens actifs et des citoyens passifs, cette différenciation étant liée à l'impôt (qui correspond à environ 3 journées de travail), les femmes et les domestiques étant citoyennes sans aucun pouvoir. Enfin, elle se construit sur un territoire, sur une "patrie en danger".

Où se situe le Roi ? S'il est citoyen, s'il ne détient qu'une part de souveraineté et s'il ne fait que représenter le territoire, il est intégré à la nation ; mais la Révolution a vu le schéma contraire, entraî-nant un divorce entre le Roi et la nation.

La nation a un discours universel, qui peu à peu se diffuse en Europe et secoue les voisins impé-riaux (Italie, Allemagne). La nation française se retrouve face à l'Europe des dynasties : il ne peut qu'y avoir un choc entre la Révolution Française et le reste de l'Europe → Guerre et ses conséquences.


I. L'entrée en scène de la guerre.

L'Europe est faite de dynasties : Habsbourg en Autriche, Hohenzollern en Prusse, Romanov en Russie, Hanovre (puis renommée en 1914 en Windsor) au Royaume-Uni, Bourbons en Espagne, Cari-gnan en Piémont, …

A. Comment la Révolution est-elle perçue en Europe ?

De deux façons. D'abord positive de la part d'individus (KANT), de la part d'élites libérales (Rhé-nanie), du côté américain. Puis la nuit du 4 août 1789 et le retour du Roi à Paris après sa fuite viennent marquer une rupture dans ces soutiens. La déclaration de Pillnitz (été 1991) des souverains européens menace la France dans le cas où le Roi serait malmené.

B. La déclaration de paix au monde.

Cette déclaration est faite le 16 mai 1990 par le curé JALLET, député à l'Assemblée Nationale. Les souverains européens sont appelés des despotes ; on affirme le droit pour toute nation à une guerre défensive mais en aucun cas à une guerre offensive.

C. Pourquoi la guerre en 1792 ?

Agacement de l'Europe vis-à-vis de cette France qui bouscule les idées en place, qui a diminué la position du Roi. Un ouvrage de BURKE, qui sort en 1790 et intitulé De la Révolution Française, analyse la Révolution en montrant que l'homme a remis en cause l'ordre établi par Dieu.

Pression des sans-culottes chauffés à blanc contre les "despotes européens". Coalescence de volontés de guerre : BRISSOT (pour qui "la guerre révèle les grandes trahisons"),

LAFAYETTE (qui voit dans cette guerre l'occasion de se montrer comme homme providentiel et de devenir futur régent), LOUIS XVI (qui utilise son veto pour protéger les prêtres réfractaires, prend des décisions curieuses sur les émigrés et mène une "politique du pire" pour que ses cousins européens le remettent sur le trône). Des futurs Montagnards, tels BARÈRE encouragent à la guerre : "un ennemi de plus pour la France n'est qu'un triomphe de plus pour la liberté". Face à cela, Robespierre n'est pas encore favorable à la guerre : il pense que la France en son sein abrite trop d'ennemis de la Révolution ("les peuples n'aiment pas les missionnaires armés").

D. Le 20 Avril 1792.

La guerre est déclarée, elle va être un accélérateur de l'histoire de la Révolution. Le 20 juin, le peuple rentre aux Tuileries, face au Roi qui montre son isolement. Le 10 Août, le Roi est arrêté. Le 20 septembre, la bataille de Valmy fait naître la nation. Le 22 septembre ; la République est proclamée.


II. L'armée de la Révolution.

A. Une armée de volontaires.

Quand la guerre est déclarée, on ouvre dans toutes les mairies un registre d'inscriptions pour les volontaires. L'armée est composée de non-spécialistes ou seulement de vieux briscards, donc peu de chances de ne pas reculer face aux tirs. Un député, DUBOIS-CRANCE va mettre au point l'amalgame en mêlant les jeunes volontaires et les vieux briscards ( Briscards|Volontaires|Briscards ).

Manque cruel d'officiers. La marine est à genoux, car les officiers marins étaient essentielle-

ment les nobles. Il y a donc une émergence d'officiers venus "de la base", de gens qui n'ont pas fait d'école militaire mais qui, par leur courage, vont devenir officiers. Beaucoup meurent jeunes. Après Valmy, l'armée de volontaires s'effondre en décembre, chacun retournant à son métier d'origine après la victoire. En Février 1793, on déclare la guerre au roi d'Angleterre et au Stadhouder des Pays-Bas : se forme alors la première coalition.

B. La mobilisation générale.

Cette fois on n'est plus volontaire, on est engagé d'office dans l'armée. On monte à une armée civile de 800 000 soldats, commandés par des officiers élus par les soldats. La mobilisation générale est appelée levée en masse. Conditions difficile : refus des Vendéens, temps de mise en place de l'amal-game.

La population va elle-même servir à l'effort de guerre : les femmes cousent les uniformes, les

vieux apprennent aux enfants à se battre et à marcher au pas, chacun cultive le salpêtre sur les murs de sa cave pour fabriquer de la poudre, … Les envoyés en mission (ou commissaires de la République, comme SAINT-JUST) devront participer à l'effort de guerre.

L'armée est globalement petite. Le Français moyen mesure 1,55 m, n'a plus que la moitié de

ses dents, est bossu. On ne porte à l'époque pas de casque, mais de l'artillerie. Beaucoup de blessures par arme blanche (baïonnette). Pas d'anesthésie (juste de la gnôle et une pipe en terre entre les dents … D'où l'expression casser sa pipe quand on est mort). C'est une armée morte, constituée d'éclopés, de fantassins qui traînent des sacs de 30 kilos, suivis de pas mal de monde : prostituées, cuisinières, femmes et enfants de soldats, …

Phénomène de la marine française qui va progresser sous la Révolution après renouvellement

de son personnel d'encadrement. On finance des bateaux et des canons. Pour cela, à Lyon, on songe à fondre la statue de Louis XIV à cheval de la place Bellecour : s'ensuit une longue discussion sur la fonte ou non du cheval, "qui lui n'a rien fait" …

C. Des symboles.

Le drapeau, issu de la cocarde. La guerre va permettre de statuer définitivement les couleurs de la France (pavillons de la marine). La Marseillaise, au départ conçue par Rouget de Lisle pour l'Armée du Rhin, ne devient marseillaise que quand les Marseillais l'apprennent et la chantent pour défendre la Révolution. La figure de Marianne - au départ Marie-Anne - apparaît dans le Sud-Ouest en 1792.


III. De Valmy à Brumaire.

A. De la France envahie à la France conquérante.

Avril 92 → Septembre 92 : défaites puis chute du roi. De Septembre 92 à Février 93, c'est le temps des victoires : Valmy en septembre, Jemmapes en novembre, ... Puis, de mars 1793 à juin 1794, arrivent les défaites : Neerwinden en mars (DUMOURIEZ passe à l'ennemi pour éviter la guillotine), problème vendéen et crise fédéraliste. Retour des victoires dès l'automne 93 (JOURDAN à Wattignies, HOCHE en Alsace) jusqu'à la victoire de Fleurus en juin 1794 (première fois qu'on utilise les aérostats des frères Montgolfier) qui amorce une période de victoires jusqu'en 1799. MONCEY bat les Espagnols en 1794. PICHEGRU s'empare de la flotte hollandaise, bloquée par les glaces, à cheval en janvier 1795.

Le 5 Avril 1795, la Prusse se retire de la guerre ; le 22 juillet, l'Espagne suit. De la coalition, ne restent que l'Autriche, les Anglais et les Piémontais. C'est alors que le général BONAPARTE lance, en avril 1796, la première campagne d'Italie, véritable chef d'œuvre militaire.

La première idée de Bonaparte est celle du mouvement, du positionnement de surprise. En une journée, il peut faire faire à ses hommes 40 km à pied. Deuxièmement, il faut surprendre en variant les stratégies. Enfin, Bonaparte fait corps avec ses hommes (Ahem), formant un pacte jusqu'à la mort. Bonaparte est proche de ses soldats et il est donc fortement aimé (re-Ahem). La bataille du pont d'Ar-cole, en novembre 1796, fonde le mythe bonapartiste.

La campagne d'Italie se termine le 17 octobre 1797 par la paix de Campo Formio avec l'Autriche. L'accord est signé par le général Bonaparte lui-même. On crée en Italie les Républiques sœurs, amies de la France : République cisalpine (Savoies et Piémont), République romaine, République ligurienne (Gênes), République parthénopéenne (Naples). Cette dynamique pro-française et un sentiment de na-tion italienne seront amorcés par Michelangelo BUONARROTI. La France révolutionnaire crée la République helvétique (Suisse) et la République batave (Hollande).

1799 annonce le retour des défaites et la deuxième coalition, qui équivaut à la première + les Russes du général SOUVAROV. L'armée française s'est dispersée de la mer du Nord à la Méditerranée, Bonaparte a été envoyé en Égypte avec le général KLEBER et leur flotte a été coulée par les Anglais.

B. Les questions que la guerre pose.

Tout d'abord la question des frontières. Faut-il des frontières naturelles ? Reviennent des dé-bats de l'époque de VAUBAN ("pré carré", la seule frontière non naturelle étant l'Artois). Naissance d'un sentiment anti-français dans les territoires occupés (Barbets, Viva Maria, …).

Problème de la dangerosité potentielle des généraux pour la République, pour l'exercice nor-mal des institutions. L'armée alimente la France en finances en pillant ou en prélevant des impôts sur les peuples occupés. Le Directoire ne vit que par ces finances. Les 1 et 2 Prairial an III (printemps 95), les militaires, menés par PICHEGRU, écrasent le peuple qui marche sur Paris. Le 13 Vendémiaire an IV (soit 5 octobre 1795), un complot royaliste tente de déstabiliser la France post-terroriste par un coup d'État. BARRAS charge BONAPARTE d'écraser ce mouvement, ce qui amorce le retour en grâce de BO-NAPARTE. Le 18 Fructidor an V (4 septembre 1797), le général AUGEREAU chasse les royalistes. Le 18 Brumaire an VIII (soit 9 novembre 1799), BONAPARTE disperse les royalistes.

La guerre pose une responsabilité, diffuse les idées de la Révolution (droit des peuples, liberté,

démocratie, république, nation) et assied ainsi son côté fondateur.


Séance 6 - Le Directoire, le Consulat et l’Empire : la

marque de Napoléon Bonaparte (1795 – 1815). vendredi 25 octobre 2013, 13:00.

Le 5 avril 1795, on élimine les crétois comme BILLAUD-VARENNE. 1795, c’est aussi le retour des royalistes comme à Lyon, les Compagnons de Jéhu (besoin d’argent et sont des tueurs à gage). Fin mai 1795 (les journées de Prairial an III) c’est la dernière fois que le peuple descend dans la rue.

Le Directoire est une période qui va durer de 1795 à novembre 1799. Cette assemblée est com-posée de deux chambres : la première, de 750 députés, élit une chambre haute comportant 500 députés. 5 Directeurs dirigent le Directoire, afin d’empêcher le pouvoir personnel. BARRAS est l’homme fort parmi ces directeurs. Les 750 députés élisent parmi eux 250 « anciens ». Le Directoire se divise en deux directoires : le premier va de 1795 à 1797 et le second va de 1797 à 1799. Pour les deux, la guerre est toujours présente et cela renforce le pouvoir des généraux. En 1798, on instaure les « quatre vieilles » : les quatre impôts. À l’époque, on ne dit pas impôt mais contribution : contribution mobilière, immobi-lière, sur les commerces (la patente), sur les portes et fenêtres. Les finances publiques font mauvaise mine. Autre problème : la contestation religieuse.

Le premier Directoire a comme problème l’affaire Gracchus BABEUF : dès sa sortie de prison, il va au club du Panthéon et fait des critiques contre la ploutocratie. Il fait penser à Hébert. Il tient un journal, Le tribun du peuple, où il publie notamment le manifeste des Egaux. On peut le considérer comme la matrice du communisme. Il apparait comme dangereux car la France a encore en mémoire les sans-culottes. Il est arrêté et exécuté. C’est l’une des grandes figures de la Révolution, il entraînera plusieurs évènements historiques (Marx…). Ensuite, le coup d’Etat de Fructidor : le Directoire ordonne l’arrestation des royalistes élus. Ce premier Directoire tient bon car il est soutenu financièrement par Bonaparte et est soutenu par des généraux lorsqu’une aile politique apporte de l’instabilité.

Le second Directoire est encore plus complexe. On va essayer de décaler le Directoire davantage à gauche. Les Jacobins reprennent de l’importance. Le frère de Napoléon Bonaparte, LUCIUS BONA-PARTE, est néojacobin. Il devient un des membres du conseil des 500. En 1799, au tirage de la boule noire, un directeur part et le député désigné pour le remplacer est SIEYÈS. C’est un personnage du Tiers-Etat qui a des idées. Depuis la mort du roi, la France est en quête d’un pouvoir exécutif fort. Sieyès propose de déterminer une fonction centrale de l’exécutif, sous-entendu lui-même. Ce Directoire a des problèmes financiers : les quatre vieilles sont votées. En 1799, le bilan de la guerre est mitigé. Le tout est porteur de tension.

NAPOLÉON BONAPARTE est le deuxième enfant d’une fratrie de 6 enfants à Ajaccio. Le père meurt dès la naissance du dernier en 1785. L’oncle de Napoléon est FESCH et deviendra le Cardinal de Lyon. Bonaparte arrive en France à la fin des années 1770. Il rentre à l’école militaire de Brienne et est accompagné par son père et passe à Lyon. Napoléon n’est pas brillant à l’école militaire, on se moque de lui. Sort 42ème sur 58. Il va faire une petite carrière militaire avant la Révolution à Valence. Il lit énor-mément et est très cultivé : il a lu Rousseau, Voltaire, Guibert, Necker… Bonaparte va retourner en Corse et va jouer sa carte corse. PAOLI, un personnage corse, profite de la situation instable de la France pour chercher l’indépendance : il s’allie aux Anglais et contraint Napoléon à quitter l’île. Bonaparte arrive à Marseille. Le 10 août 1792, il est à Paris et voit l’arrestation du roi. Il est réaffecté lors du siège de Toulon et sa carrière reprend. On loue ses qualités d’artilleurs. Après la chute de Robespierre, il est mis à pied car considéré comme robespierriste. Il revient sur le devant de la scène lorsque BARRAS a besoin de lui pour écraser une révolte. Il est invité à une soirée de Barras où il rencontre Joséphine Tascher de la Pagerie, veuve du général Beauharnais. Elle a déjà 33 ans et pense à l’avenir. Se marie en 1796. Il mène sa glorieuse campagne d’Italie et commence à déranger. En 1798, Napoléon Bonaparte est prêt à débarquer en Angleterre. TALLEYRAND, un anglophile, le fait aller en Egypte. Il y va et vainc


les Mamelouks (ottomans) mais les anglais coulent sa flotte et est bloqué en Egypte. Nous sommes en octobre 1799. SIEYÈS cherche un général pour l’appuyer dans sa réforme constitutionnelle. Au début, c’est JOUBERT, qui meurt en Italie. BERNADOTTE, lui, est légaliste, donc impossible de faire un coup de force. SIEYES est conscient de la dangerosité de Bonaparte mais c’est le seul qui reste. Problème, il est coincé en Egypte ! Napoléon apprend que ça bouge à Paris par son frère Lucius. Les Anglais sont éga-lement avisés de cela et laissent passer Bonaparte, conscient que cela pourrait les avantager. Il arrive en France, et à Lyon en en octobre, accueilli en héros. Il rencontre des hommes d’affaires qui le soutien-nent. On a donc, d’un côté, SIEYÈS relativement seul, de l’autre, les BONAPARTE plus nombreux. On répand des rumeurs d’anarchie.

ROEDERER est l’instigateur du coup d’État, dont le premier jour est le 18 Brumaire an VIII (9/11/1799). On force BARRAS à démissionner. Puis on fait courir le risque d’un complot. Les deux as-semblées sont déplacées à Saint-Cloud. Le 19 Brumaire est un dimanche. On tente de chauffer les esprits pour inciter à modifier la Constitution pour éviter le complot. Napoléon parle devant les 750 députés mais catastrophe, Napoléon ne parvient pas à être persuasif. Ensuite devant les 500 députés, situation à l’arraché. Napoléon perdait le contrôle et son frère Lucius (« Brutus ») fait entrer les hussards dans l’assemblée ! Sieyès voulait un coup d’Etat en douceur, finalement cela s’est fait par la force. Napoléon prend le contrôle et Sieyès est écarté.

I. Expliquer le bonapartisme.

A. Les étapes.

On a d’abord le Consulat (1799 - 2 décembre 1804) : toujours dans la République. C’est le Con-cordat (paix religieuse) en 1801. C’est aussi une paix militaire : la paix d’Amiens (1802). On appelle cette période celle des masses de granit, c’est le fondement des principes français.

Seconde étape : période de gloire. Tout le monde recule devant Napoléon. On possède 130 départements (les français, des italiens). Selon Alfred de Musset, « des sables d’Egypte aux neiges de Russie ». Bonaparte se proclame lui-même empereur. Sa légitimité réside dans la victoire, c’est pour-quoi la guerre est un élément clé de sa politique.

Puis c’est la période des défaites. Le 18 juin 1815, battu à Waterloo car trahison.

B. Les instruments du bonapartisme.

NAPOLEON est un personnage qui ne supporte pas l’opposition. La seule assemblée élue, le Tribunat, est supprimé en 1807. La seule chose qui intéresse Napoléon, c’est le Sénat, composé de membres désignés par Napoléon lui-même. La police de Napoléon a un dossier sur de nombreux indi-vidus avec toutes leurs faiblesses. Napoléon a le culte de la personnalité. C’est le premier à l’appliquer. Lui-même informe les médias et est très populaire. Il créé la fête nationale autour de sa personne. Il s’adresse au peuple par plébiscites : il a toujours un soutien énorme. Référendum ou plébiscite, cela met en évidence la popularité du dirigeant.

C. Qu’est-ce que le bonapartisme ?

C’est entre despotisme et populisme. C’est un conquérant et un homme du droit des peuples. Par exemple, Napoléon réveille le peuple polonais. C’est un aventurier et un moderne par le culte de la personnalité, par le fait de s’adresser au peuple. Personnage qui a un aspect démocrate, mais une démocratie passive et un aspect despote du fait qu’il veut établir une nouvelle dynastie. Besoin de créer un apparat, une cour, ce qui permet le contrôle des puissants.


II. Les masses de granit.

On parle là de lois qui modernisent la France ; on parle des masses de granit car elles vont laisser une marque fondamentale dans la France du XIX° et, en partie, du XX° siècle.

A. L’aspect monétaire.

Le franc est créé dans l’indifférence générale en 1795. En revanche, le 7 Germinal an XI, Bona-parte créé le franc germinal, qui est gagé sur l’argent et parce qu’il est gagé sur l’argent est indirectement gagé sur l’or. La Banque de France est créée en l’an IX un an après le coup d’État. A l’époque, la Banque de France n’a pas le monopole de l’émission de la monnaie (des banques régio-nales peuvent le faire). On impose des taxes indirectes sur le tabac, l’alcool, sur le sel et le droit de timbre.

B. Réforme administrative.

La loi du 18 février 1800 (28 Pluviôse an VIII) créé le préfet. C’est le représentant de l’Etat dans le département. Ce sont des gens souvent révolutionnaires et doivent faire des rapports. Le 19 mai 1809, il créé la Légion d’Honneur. Au départ c’est une distinction militaire, aujourd’hui accessible à tous. Le 20 mai 1802, Napoléon rétablit l’esclavage (Joséphine de la Pagerie est une esclavagiste).

C. L’enseignement.

Les réformes sous la Révolution ont été un échec. Les lycées impériaux sont créés en 1802 : le premier à Douai puis le second à Lyon (lycée Ampère). L’enseignement est une discipline militaire, on lève les couleurs le matin, internat, châtiment corporel, langues étrangères. En revanche, Napoléon ne s’occupe pas des écoles primaires pour que chacun lise et écrive. Il veut des élites. En 1806, il créé l’université comme monopole de l’Etat, où l’Eglise n’a rien à dire. Lyon est une ville d’affaires, de reli-gion mais pas d’université (seulement depuis 100 ans). Polytechnique est créée sous la Révolution et non par Bonaparte. Chaptal développe l’enseignement technique et le Conservatoire des arts des mé-tiers. Napoléon supprime le divorce. La Révolution avait confirmé le droit du sol, Napoléon rétablit le droit du sang. Deuxièmement, sur le plan de la justice, Napoléon hiérarchise les tribunaux. CAMBACÉ-RÈS structure les différents codes. Femmes n’ont aucun droit, (signer un chèque seulement en 1970) ; le père a quasiment droit de vie et de mort sur sa famille.

D. La religion.

Avec la Révolution, coupure entre Etat et Eglise catholique. Napoléon cherche à rétablir la paix religieuse pour éviter un déchirement. Et avec Pie VII, le Concordat de 1801 est établit et durera jusqu’en 1905 pour toute la France, sauf l’Algérie où le pouvoir temporel nomme l’évêque et le pape lui confère le pouvoir spirituel. Certains évêques refusent de démissionner (obliger pour se faire ou non renommer). Certains de ces évêques établissent la petite Eglise qui se tient en dehors de la grande Eglise catholique. Ce Concordat est complété par les articles organiques de 1802 qui rappellent que l’Eglise en France est une Eglise de France. En parallèle, Napoléon organise l’Eglise juive et protestante.

Tout cela se fait dans le cadre d’une France muselée. Le tribunat qui émettait quelques critiques est supprimé en 1807. Ne reste que le corps législatif qui n’a comme seul droit que l’élection de son président. Seul le Sénat est un organe réellement puissant et au service de Napoléon. Naît une écono-mie moderne qui annoncerait peut-être la Révolution industrielle. Et les ennemis font blocus sur la France. La France ne peut plus importer du sucre des Antilles : Benjamin Delessert trouve le sucre de betteraves et la caisse d’épargne. Oberkampf est l’un des patrons d’entreprises modernes.


III. La recherche de grandeur napoléonienne.

Napoléon cherche cette fameuse grandeur dans la guerre. Sous Bonaparte, la guerre est quasi-continue. La guerre, c’est une promotion sociale : vous revenez, vous serez gradé. On évoquera des généraux comme NEY, BERTHIER, MASSÉNA, MURAT (le chef des hussards, qui épousera Caroline, la sœur de Napoléon).

À partir de 1805, la guerre reprend donc violement. Le 2 décembre 1805, c’est la victoire d’Aus-terlitz. La colonne place Vendôme est construite avec les canons de l’ennemi vaincu. En 1806, Napoléon supprime le Saint-Empire germanique et créé à la place la Confédération du Rhin. Près de 400 Allemagnes deviennent 39 Etats allemands. Le choc émotionnel est violent pour les berlinois.

Des batailles mortifères ont lieu. Bataille de Eylau par laquelle Napoléon libère la Pologne et y refonde le grand-duché.

Napoléon rencontre Alexandre 1er, l’empereur de Russie, à Tilsit : « tout ce qui est derrière moi est à moi ». Le russe voit en Napoléon le diable. Napoléon veut sa sœur.

Face à l’Espagne, Napoléon a plus de difficultés. Il capture la famille royale espagnole (ce qui causera par la suite le délitement des colonies espagnoles). Pays difficile car pas de sentiment national, régionalisme fort. Tableau de Goya.

Le blocus que subissent les Anglais les affaiblit. Les Russes, malgré la rencontre de Tilsit, conti-nuent de ravitailler les Anglais en blé. Aussi, Napoléon attaque les Russes et gagne du terrain sur eux qui appliquent la politique de la terre brûlée. Mais l’hiver arrive. Alors que l’armée française est à Moscou, Napoléon entend dire qu’on dit en France qu’il est mort et que son fils n’a pas été proclamé Napoléon II. Il doit y retourner pour se montrer. Moscou est brûlée par les Russes, l’armée française doit partir. Rivière dégelé, pont de fortune, chantent la Marseillaise. 300 000 morts. Revient épuisé à Paris. Europe lui déclare la guerre. Défaite. Contraint d’abdiquer car son armée le lâche. Pars sur l’île d’Elbe. Entend dire que le nouveau roi ne plait pas aux Français. Revient en France. Va à Lyon. Reste 3 jours sur les 100. Grande affiche : « Lyonnais je vous aime ». Il remonte sur Paris. Le roi envoie Ney, le brave pour arrêter Napoléon. Mais n’en fait rien. A Paris, il joue au démocrate mais pas terrible. Il fait voter l’acte additionnel avant de se faire battre à Waterloo le 18 juin 1815.

IV. Les six légendes.

NAPOLEON est un personnage central de l’Histoire qui connaît le rôle capital de l’image.

La légende officielle : légende du héros, du grand général, l’homme sur les pyramides (« 40 siècles nous contemplent »).

La légende noire : bâtie par les Anglais et les royalistes (joue au roi sans en avoir les attributs). Ogre qui mange ses enfants (1 million de morts français sous Napoléon). Napoléon est étranger car italien. Mais non, né en corse juste après qu’elle soit française. Gravure anglaise où des anglais défè-quent sur sa personne. Cette légende va faire du mal car elle sera reprise de nombreuses fois.

La légende populaire : tous les militaires qui ont survécu des nombreuses guerres. Des gens qui ont vécu auprès de Napoléon. Le jeune soldat a vieilli et raconte son histoire. Roman de Balzac : les paysans. Chansons de Béranger : petites hymnes à l’empereur. La légende populaire a eu une in-fluence énorme.

La légende romantique : seul sur Sainte-Hélène, malade, océan. Conquérant, trahison. La légende républicaine : en veut à Napoléon pour avoir tué la République. Ce qui fait mal à la

Révolution, c’est Louis-Napoléon Bonaparte. Les Napoléon aboutissaient à l’échec. Mais la défaite du neveu à Sedan sont assassinés par la République de Ferry et par l’école républicaine.

La légende du dictateur : plus un despote des lumières. La légende du stratège : aucun meilleur stratège.


Séance 7 - L'impossible retour de la monarchie (1814-

1848) vendredi 8 novembre 2013, 13:00.

On distinguera ici trois périodes : - 1814-1815, période de Transition excessivement rare et intéressante (+ les 100 jours). - 1815-1830, la Restauration (qui se finit par une Révolution : les 3 Glorieuses, 1830). - 1830-1848, la Monarchie de Juillet - → Révolution de Février 1848).

Début de la Révolution Industrielle en France → Apparition de nouveaux antagonismes, de nouvelles élites. La France est en mutation économique et donc sociale. Époque du romantisme : les jeunes bourgeois cultivent le regard sur un engagement dans la chose politique ou vis-à-vis des autres. Cette jeunesse n'a rien qui la fait vibrer hormis le souvenir de la Grande Révolution. → Pourquoi la monarchie échoue-t-elle alors que les voisins européens sont tous en monarchie ?

I. Les années 1814-1815 : Le choc entre histoire et mémoire.

Il n'y a pas en histoire de devoir de mémoire : il y a un devoir d'histoire, le reste est politique. La muse Mnémosyne (mémoire) est la mère de Clio (histoire) ; la fille déteste sa mère.

En 1814, TALLEYRAND (le "Diable boiteux") organise à Paris la réception des ennemis de Napo-léon. Il va former une sorte de gouvernement, qui fait appel à LOUIS XVIII, le frère de Louis XVI né en 1755. Louis XVIII avait émigré en 1791 ; ce sont les étrangers (Anglais) qui nous l'ont "renvoyé". Plus intelligent des trois frères, il a néanmoins deux handicaps : une prestance entamée par son obésité, et son homosexualité. Le 3 Avril 1814, le gouvernement de Talleyrand décrète la déchéance de Napoléon → On parle de la Première Restauration. NAPOLÉON abdique le 4 Avril à Fontainebleau et s'en va à l'île d'Elbe ; on lui donne 2 millions de livres et le titre "d'Empereur de l'Île d'Elbe".

Le COMTE D'ARTOIS, futur Charles X, deuxième frère de Louis XVI, arrive à Paris le 12 Avril 1814. Il a belle allure, mais il est un peu idiot ("couillon de réactionnaire", B.B : "il n'a rien appris, il n'a rien oublié"). Il est chef de file des "Ultras" (ultra-royalistes), parmi qui CHATEAUBRIAND. Arrivant à Paris, il aborde la cocarde blanche (alors que même Napoléon avait gardé le drapeau tricolore).

LOUIS XVIII arrive à St-Ouen le 2 Mai 1814, se faisant appeler après 23 ans hors de France Roi de France et de Navarre par la grâce de Dieu (alors que Louis XVI fut appelé Roi des Français sous la monarchie constitutionnelle).

Le BARON LOUIS, ministre des Finances, dit aux Français "Enrichissez-vous mais ne faites pas d'enfants car les enfants coûtent cher" → La France vieillit à vitesse grand V, jusqu'au baby-boom de 1945.

30 mai : Traité de Paris entre UK, Russie, Prusse et France. → On rend la Savoie au Piémont, certains cantons aux Belges, l'île Maurice aux Anglais, mais on gagne des terres autour du lac Léman et on n'a pas d'indemnités à payer. Le Traité est donc assez clément pour la France.


Charte du 4 juin 1814 → Constitution. L'entrée de règne de Louis XVIII est instaurée sur la date de mort de Louis XVII (« suppression » de l'Empire). Le Roi est détenteur de l'exécutif, nomme et ren-voie les ministres. Parlement bicaméral : chambre des Pairs (modèle anglais) + Chambre des députés. Cette charte est octroyée par le Roi au peuple (≠ plébiscitée ou votée). Louis XVIII sait qu'il ne peut aller trop loin dans la Restauration et maintient l'égalité devant la loi, la propriété des biens nationaux, la tolérance de la liberté des cultes (MAIS le catholicisme est à nouveau religion d'État → "alliance du trône et de l'autel"). Suffrage censitaire lié à l'impôt. Cette Charte a donc une position difficile de mé-lange. Les régicides ont le droit de rester en France.

Certains officiers refusent de prêter serment à la monarchie seront payés la moitié de leur salaire → Ces "demi-soldes" seront une clé du retour de Napoléon, parti désormais depuis 2 mois. Pourquoi alors la monarchie rate-t-elle ce premier RDV avec la France ?

- Rixes permanentes entre les demi-soldes et les émigrés. - Violence contre les prêtres jureurs et contre les gens qui ont acheté des biens nationaux. - Le retour au premier plan de l'Église en énerve plus d'un.

NAPOLÉON, apprenant ce non-succès de la monarchie, tente son retour en montrant qu'il a pré-

servé les acquis de la Révolution. Il se fait accepter sans problème par la population. Dans les 100 jours où il restera au pouvoir, il tentera d'exercer un rôle plus libéral mais aura contre lui l'Europe et son armée sera bien faible. Cette folie napoléonienne s'effondre à Waterloo le 18 juin 1815.

Pendant les 100 jours, LOUIS XVIII est à Gand, en actuelle Belgique. Il sera replacé sur le trône par le général anglais WELLINGTON après Waterloo. Pendant ce temps, le couple infernal TALLEYRAND-FOUCHÉ prépare la Deuxième Restauration.

1 200 000 soldats occupent la France. Il va falloir les nourrir et les héberger ; ils vont faire des réquisitions sur un pays déjà exsangue ; les filles de France sont violées par l'armée étrangère. À Lyon, on a les Autrichiens. Deuxième Traité de Paris, cette fois beaucoup plus dur pour la France : on perd le pays de Gex en majorité, et on doit payer une indemnité-or contre libération. La France sera libérée en 1818.

LOUIS XVIII revient à Paris le 8 juillet 1815.


II. Les années 1815-1829 : La tentative de retour à l'Ancien Régime.

En 1819 est peint le tableau le plus célèbre du romantisme : Le radeau de la Méduse de GERI-CAULT. En 1816, début de la photographie (NIEPCE) ; 1819, ST-SIMON écrit la parabole des Abeilles et des Bourdons.

A. Les hésitations de Louis XVIII (1815-1824).

Manière de voir les choses de Louis XVIII face au pouvoir : "Il faut essayer de républicaniser la monarchie et de royaliser le peuple de France" → Tentative d'une synergie entre mémoire du peuple et volonté du Roi. Problème : Les Ultras que le frère du roi contrôle.

1815 : Terreur Blanche où l'on s'en prend à tous ceux qui ont "trahi" la monarchie en soutenant Napoléon pendant les 100 jours. Constitution d'un tribunal exceptionnel. Le maréchal NEY est fusillé.

Dans le même temps, il y a des élections au suffrage censitaire à la Chambre des Députés. S'y illustre un décalage entre le pays réel (environ 8 M d'hommes en âge de voter), le pays légal (corps électoral de 250 000 électeurs payant 300 francs d'impôt) et les éligibles (40 000 personnes payant 1000 francs d'impôt). Ces élections de 1815 amènent une majorité écrasante d'Ultras. La Chambre de 1815 est appelée la Chambre Introuvable (majorité écrasante : comme celle qu'avait Chirac en 1997 …), plus royaliste que le Roi. Elle poussera la Roi à revenir à l'Ancien Régime ; celui-ci refuse, et, le 5 septembre 1816, dissout la chambre introuvable.

1815, entrée des Jésuites en France de façon discrète (ce qui énerve les Français car les Jésuites ont tué Henri IV). 1816, l'armée bonapartiste joue aux boules lyonnaises avec les têtes de 30 pauvres gars de St-Genis-Laval.

Elie DECAZES, libéral né en 1780, est le mignon du Roi et devient ministre. Autour de lui arri-vent des doctrinaires (des intellos qui deviennent conseillers du pouvoir), parmi lesquels François GUIZOT et Pierre-Paul ROYER-COLLART, nobles libéraux comme DE LA FAYETTE.

Efforts de politique un peu nouvelle, plus libérale : Restauration des finances : on tente d’instaurer l'idée de budget, de comptabilité nationale. Loi de 1817 : Droit de vote à tous les contribuables payant 300 francs d'impôt direct. Loi militaire de 1818 (loi GOUVION-ST CYR): Suppression de la conscription (du service militaire

obligatoire) et création du tirage au sort. Loi sur la presse de 1819 : Les délits de presse sont désormais jugés par les Assises ; Tout journal

qui sort doit payer un timbre fiscal (Le Constitutionnel tire à 17 000 exemplaires par jour). Paul-Louis COURIER, grand publiciste, + l'émergence des discussions politiques dans les cafés.

Élections partielles en 1819 → L'Abbé GREGOIRE est élu député de Paris.

Le Comte d'Artois a deux enfants : un premier fils débile et marié à la fille de Louis XVI, et un

deuxième, le duc de BERRY, coureur de jupons et espoir génétique des Bourbons … Assassiné dans la nuit du 13 au 14 février 1820 par LOUVEL sans descendance. C'est le drame des Bourbons, un nouveau régicide après Henri IV et Louis XVI.

DECAZES est renvoyé par Louis XVIII. Finie la période libérale ; c'est le retour de la Réaction. Le Duc de RICHELIEU, ancien gouverneur de Crimée, est nouveau chef du gouvernement. Il compte gouverner les Français comme il a mené les Russes à la baguette.


Miracle : la duchesse de BERRY est enceinte. Elle met au monde un fils, Henri (comte de Cham-bord, ou Duc de Bordeaux), qui va susciter des partisans (les Henriquinquistes).

On modifie en 1821 la loi électorale de 1817 : désormais, sur les 430 députés, 258 seront élus par les électeurs payant plus de 300 francs d'impôt, et les 172 autres élus par les électeurs payant plus de 1000 francs d'impôts (qui ont du coup le double vote).

Le Duc de Villèle sera chef du gouvernement jusqu'en 1828.

La loi de 1822 sur la presse est très rigoureuse : un journal ne peut paraître qu'avec l'autorisa-tion préalable du préfet. On interdit les cours d'Histoire et de Philosophie à l'université ; on prépare une sorte de reprise en main qui n'aura pas lieu du temps de Louis XVIII qui meurt en 1824. Le Comte d'Artois va alors devenir Charles X.

Réseaux clandestins de contestation à connotation républicaine : la franc-maçonnerie, la char-bonnerie, les bonapartistes.

B. La dérive de Charles X (1824-1829).

CHARLES X se fait sacrer (oint de l'huile sainte autrefois perdue) Roi à Reims le 29 Mai 1825. Il joue un personnage de l'Ancien Régime, va chercher à faire passer les "Quatre Lois Ultras", dont seules les deux premières seront votées par l’Assemblée : Loi du Sacrilège : Loi religieuse qui condamne aux travaux forcés à perpétuité ceux qui commet-

traient un sacrilège. Loi sur le Milliard des Emigrés : Les émigrés montent des dossiers pour être indemnisés des biens

qu'ils ont perdus sous la Révolution ( → Budget de 1 milliards de francs). Droit d'Ainesse. Loi sur la presse : Il faut dire 5 jours à l'avance au préfet ce qui paraîtra dans le journal pour avoir

le droit de paraître.

La France devient réac'. 1827, défilé de la Garde Nationale qui hue le roi - qui la supprime alors. Les obsèques de l'avocat MANUEL, opposant au régime, donnent lieu à des manifestations. Dans le journal Le Globe, arrive A. THIERS. 1728, les libéraux gagnent les élections → Tournant, DE VILLELE doit laisser son poste.

C. Juillet 1830.

Très grand moment de l'Histoire de France, appelé les 3 Glorieuses. Les Français ne sont pas descendus dans la rue depuis 1795.

Situation économique difficile : la pomme de terre est malade, mauvaises récoltes de blé, les pauvres attaquent les convois de nourriture. On accuse les Jésuites d'affamer le peuple.

8 Août 1829, formation d'un gouvernement de combat par le roi Charles X. Ce gouvernement comprend le Prince DE POLIGNAC + LA BOURDONNAYE à l'Intérieur + le général BOURMONT à la Guerre. Le Prince de Polignac est un fils adultérin de Charles X et de la princesse favorite de Marie-Antoinette, et en plus il a épousé une Anglaise et il est très catholique → Il ne plaît pas du tout du tout aux Français. LA BOURDONNAYE a écrasé vivement les opposants lors de la Terreur Blanche. BOUR-MONT est passé à l'ennemi à la veille de WATERLOO.

Le scénario commence le 2 mars 1830. Les chambres sont réunies par le Roi. On a le droit de faire une adresse au roi, c’est-à-dire une déclaration. ROYER-COLLART lui en a rédigée une, signée par


221 députés et lue au Roi le 18 mars. Cette adresse demande au Roi de respecter la Charte de 1814 → Début de divorce entre le Roi et une partie des élites.

Le Roi, croyant qu'il va pouvoir faire taire ce mécontentement, lance la France dans la conquête de l'Algérie pour laver un outrage du Dey d'Alger (un coup d'éventail au Consul de France).

Le Roi dissout l'Assemblée de 1828 → Elections en 1830 → L'opposition grandit (les libéraux passent de 221 à 274). Le Roi prend alors les 4 ordonnances du 25 Juillet 1830 : Le régime constitutionnel est suspendu. On suspend la liberté de presse. On dissout la Chambre. On réduit le nombre de députés à 238, et on enlève dans le calcul de l'impôt, parmi les "4 vieilles",

la patente et l'impôt sur les portes et fenêtres.

Devant ce coup de force de la monarchie, va avoir lieu l'insurrection dans les 3 Glorieuses : les 27, 28 et 29 Juillet 1830.

Le 27 juillet, les ruelles de Paris sont barricadées. Parmi les hommes qui arrivent, LA FAYETTE, PERIER, LAFITTE, GUIZOT, THIERS : les penseurs de la Révolution de 1830. Le 28, ça y est, la révolte devient Révolution. Charles X se raidit et tente de jouer la force. Le 29, l'armée favorable au Roi ne contrôle plus rien, la situation est entre les mains des insurgés qui ont recréé la Garde Nationale (à la tête de laquelle LA FAYETTE).

CHARLES X décide de changer de chef de gouvernement, mais trop tard. Dans la nuit du 30 au 31, il s'en va, toujours par le même chemin, vers l'Angleterre. Le 2 Août, il abdique non pas en faveur de son fils débile, mais de son petit-fils Henri (c'est une première dans l'Histoire de France).

Le 31 juillet arrive LOUIS-PHILIPPE, le fils de PHILIPPE EGALITE, duc d'Orléans ayant voté la mort du roi. Il ressemble beaucoup à Édouard Balladur jeune. Marié à MARIE-AMELIE, il a beaucoup voyagé, c'est un roi bourgeois. "Je m'adresse aux Parisiens, et la Charte sera désormais ma vérité". Le 7 aout, les députés destitués votent Louis-Philippe comme roi des Français ; L-P reçoit sur le balcon de l'Hôtel de Ville la cocarde. Les Républicains sont roulés dans la farine, on assiste à un replay de la Révolution Française.


III. La monarchie de juillet : Le divorce entre monarchie et pays réel.

A. Le roi des barricades et ses opposants.

LOUIS-PHILIPPE I° devient roi le 9 Août. Lui qui a profité d'une journée des dupes va avoir du mal à gérer le pays. Il rencontre 3 oppositions musclées : celle des Républicains (qui après 1834 crée-ront des sociétés secrètes souvent maçonniques ; réprimés dès lors), celle des légitimistes (partisans d'Henri, dont l'Eglise catholique, qui s'opposent en cela aux orléanistes - division de la famille royaliste - et attendent l'occasion de descendre la monarchie de Juillet), et celle du personnage-même du Roi (pas de légitimité populaire, ni divine).

Pour fonder sa légitimité, Louis Philippe abaisse le cens à 200 francs et l'éligibilité à 500 francs d'impôt. Tout de même, le pays réel reste très supérieur au pays légal. L-P va compléter la Charte du 4 juin 1814 par des lois organiques : en 1831 et 1833, les conseils généraux et municipaux sont élus au suffrage universel censitaire (→ pratique démocratique).

B. L'orléanisme de 1830-1835.

L'orléanisme est une famille politique rarissime dans notre histoire : la tentative de gouverne-ment au centre (comme le Directoire ou l'UDI). L'orléanisme a peur du peuple dans la rue, mais est contre les traditionnalistes. Deux tendances au sein de cette famille : parti du mouvement (réformistes comme THIERS → Le roi doit régner mais pas gouverner) vs. Parti de l'ordre (dirigé par GUIZOT → On essaye de traverser le temps avec le moins de vagues possibles : immobilisme).

Novembre 1831 à Lyon. Le préfet du Rhône a organisé une réunion entre les marchands-fabri-cants (patrons de l'époque) et les chefs d'ateliers (les Canuts) de la Soie afin de constituer une liste de tarifs de la soie, devant entrer en vigueur en Novembre. Mais les marchands-fabricants ne les appli-quent pas → 21 Novembre, les Canuts descendent de la Croix-Rousse vers les Terreaux ; le lendemain, ils occupent l'Hôtel de Ville, mais ils ne sont pas politiques, n'ont pas de mot d'ordre → Ils remontent chez eux. Début Décembre, arrivent à Lyon le maréchal Soulte et le Duc d'Omal. Ils laissent les choses en place, personne n'est arrêté. Longtemps les marxistes ont analysé la révolte des Canuts comme une lutte de classes, mais c'est une erreur. Dans leur descente de Croix-Rousse, ils arboraient un drapeau noir de deuil où était écrit non pas "Vivre en travaillant ou mourir en combattant" mais "Du pain ou du travail". Dès lors, on vient à Lyon pour visiter la ville. FLORA TRISTAN, écrivaine, écrit Voyage en France où elle est venue à la rencontre des Canuts. LITZ(LITST) viendra jouer dans la ville des Canuts.

Grande épidémie de choléra en 1832, 110 ans après la dernière épidémie de peste. Le chef du gouvernement, LAFITTE, en meurt. Tensions : on a peur des étrangers, des voisins … Rumeur que les Jésuites auraient empoisonné les puits.

1834 : Révolte d'Avril 1834 à Lyon (appelée par erreur "2e révolte des Canuts) // Révolte rue Transnonain à Paris en juin → Dans les deux cas, forte répression du pouvoir sur ces révoltes républi-caines. Ces Républicains s'enterrent, deviennent des sociétés secrètes (Charbonnerie, Franc-Maçonnerie). 1835 : FIESCHI tente d'assassiner Louis-Philippe.

→ La France, difficile à gouverner "au centre" dans les années 30. Heureusement, peu après, la situation économique s'améliore. La France a jusque là fait profil bas en Europe (n'aide pas la Po-logne face à la Russie). Mais dans les 30s elle vient en aide au pacha d'Egypte.

Louis-Philippe règne mais ne gouverne pas. Rouget de Lisle reçoit une pension de la monar-chie ; les cendres de Napoléon sont ramenées à Paris → Gestes républicains et bonapartistes.


C. Dès 1840 : Immobilisme et contestation : la triple crise de 46-48.

GUIZOT devient l'homme fort de la période, bien qu'il ne soit pas le n°1 du gouvernement (Maréchal SOULT). Politique de GUIZOT : immobilisme (on le surnomme d'ailleurs "la Borne"). Elections législatives de 1946 : le parti de l'ordre gagne les élections. Cependant, aveuglé par la victoire, GUIZOT n'entend pas la demande du peuple d'abaisser le cens à 100 francs, ce qui ferait entrer les "bourgeois à talents" (médecins, professeurs d'université, avocats) dans le corps électoral.

Dès 1846, la France entre dans une triple crise : Crise économique : De très mauvaises récoltes en 1946 (crise de la patate comme en Irlande) et

le prix du pain augmente (double entre 46 et 47). Il y a des gueux surs les routes qui attaquent les convois de nourriture, obligeant l'armée à conduire ces convois et à guillotiner des pauvres. Crise du monde paysan, menacé par ces mauvaises récoltes. Ils n'achètent donc plus aux artisans → Chomâge massif (autour de 700 000 chômeurs). On parle de la dernière crise frumentaire (dernière crise de mauvaise récolte type Ancien Régime). La crise est aussi monétaire et financière. Faillite des banques → Effondrement de la monnaie papier qui circule → Les Français se réfugient sur l'or et l'argent, dont la valeur est intrinsèque.

Crise morale : Alexis de TOCQUEVILLE, qui rentre d'Amérique en 1847, note "J'ai trouvé ce pays dans un bien redoutable état moral". Il y a en effet des scandales qui touchent les grands du royaume. Le duc de CHOISEUL-PRASLIN tue sa femme, qui voulait se séparer de lui car il la trom-pait avec sa gouvernante. Il est emprisonné chez lui et se suicide. Les Français sont indignés par la justice à deux vitesse : le vol est puni de prison, le meurte pour les nobles d'assignation à résidence. L'ambassadeur de France à Rome est accusé de pédophilie avec des enfants italiens… Le roman de BALZAC, Splendeur et misère des courtisanes, est moins vrai que la réalité. La route tracée par les Grands est donc hautement critiquable - et critiquée. De plus, arrivée du libéralisme et donc d'une idée d'individualisme. + 2 livres, de Louis BLANC (La Révolution Française) et d'Alphonse de LAMARTINE (Histoire des Girondins).

Crise politique : GUIZOT permet au roi de gouverner et non plus seulement de régner. Organisa-tion d'une cinquantaine de banquets à travers la France, réunissant des notables et bourgeois, à la fin desquels on porte un toast à cent francs, à la réforme … ou même à la République. On s'enhardit alors face à la monarchie impassible. Devait se tenir à Paris un banquet le 21 Février 1848 ; il est interdit par GUIZOT. Que va-t-il se passer ? Suspense, suspense, la suite au prochain chapitre.



Séance 8 - D'une République à l'autre (1848-1870). vendredi 15 novembre 2013, 13:00

La Révolution de Février 1848.

Nous sommes le 22 Février 1848. Le banquet interdit aura bel et bien lieu, bravant les autorités.

Les membres du banquet sont appuyés dans la rue par les étudiants, les bourgeois, et par des hommes comme THIERS et BARROT. On parle des "Républicains de la veille" - ceux qui se sont constitués en sociétés secrètes - et des "Républicains du lendemain" - ceux qui le deviennent par suivi des évolutions, comme THIERS, BARROT ou LAMARTINE.

Le 23 Février, on crie dans la rue à la démission de GUIZOT - non pas à celle du Roi, hein - et le Roi le limoge. GUIZOT rentre chez lui, boulevard des Capucines, et les soldats de son escorte tire sur la foule autour. 20 morts, qui sont promenés dans tout Pairs : on passe de l'émeute à la Révolution. Les Canuts envahissent la place des Terreaux et hissent le drapeau rouge sur le beffroi de l'Hôtel de Ville. La Garde Nationale ne protège pas le régime. THIERS refuse l'invitation du Roi à former le gouverne-ment.

Le 24 Février, le peuple attaque les Tuileries (résidence du Roi) ; Louis-Philippe est démoralisé. Arrivé par les barricades, il périt par les barricades. Il abdique en faveur de son petit-fils, le Comte de Paris, comme Charles X l'a fait, et s'enfuit en Angleterre. Se met en place un gouvernement provisoire qui proclame officiellement la II° République le 25 Février.

I. La II° République.

A. Février - Juin 1848 : La République sociale.

Le gouvernement provisoire, dirigé par DUPONT DE L'EURE (ex-député sous le Directoire), est représenté par trois familles politiques :

- Les libéraux (Républicains du lendemain) : LAMARTINE, ministre des Affaires Étrangères et bon orateur (si bien qu'il sauvera le drapeau tricolore face au drapeau rouge) ; GARNIER-PAGÈS ; CREMIEUX, ministre de la Justice ; ARAGO.

- Les Démocrates-sociaux (centre-gauche) : Louis BLANC ; ALBERT. - Les Radicaux (gauche) : LEDRU-ROLLIN ; MARRAST ; FLOCON.

Ce gouvernement provisoire va faire des choses exceptionnelles du 25 Février au 8 Mars 1848. Il faut dire qu'il travaille un peu sous la pression populaire, à la porte de l'Hôtel de Ville. S’ensuivent donc de nombreuses réformes :

- La liberté de réunion est tolérée ; la peine de mort pour crime politique est supprimée → On cherche à se distinguer de la Terreur.

- Louis BLANC crée les ateliers nationaux. Face au chômage énorme, on donne aux chômeurs 1 franc par jour en échange de travaux d'utilité collective.

- 2 mars : Suffrage universel masculin, stupeur en Europe. Seule condition : résider 6 mois dans la même commune. On passe à 8,5 millions d'électeurs. + Abolition du marchandage (contrats de travail léonins, favorables aux patrons).

- 4 mars : loi de Victor SCHOELCHER sur l'abolition de l'esclavage + loi sur la liberté de presse. - 8 mars : La Garde Nationale est ouverte à tous les citoyens ; l'État paye les armes aux soldats

pauvres. Dans cette époque, la France réveille une Europe des nationalités, la Révolution se commu-nique aux voisins (exceptée l'Espagne mais on s'en fout).


À la liberté et l'égalité de 1789 s'ajoute désormais la fraternité. Les femmes s'émancipent (Mar-seillaise des Cotillons par Georges SAND). On parle d'euphorie quarante-huitarde. Il y a quand même dans les villes plus de Républicains radicaux. On parle à Lyon des Voraces, des Canuts appartenant aux Compagnons du Devoir (Dévoirans → Dévorants → Voraces) : "Nous boi-rons dans la tête des aristocrates" écrit sur leurs médailles. Ils se promènent armés. Actes de luddisme : On casse les machines des congrégations religieuses qui font travailler des enfants (concurrence dé-loyale aux Canuts). Au musée Carnavalet de Paris se trouve La Procession de la Liberté. Certes la crise économique ne se résout pas. Élections à la Constituante les 23 et 24 Avril 1848. 900 sièges sont à pourvoir. Scrutin de listes départementales. On parle des Rouges, parmi qui Agricol PERDIGUIER (maçon, comme son nom l'indique), Joseph BENOIT (Canut), Martin NADAUD, Victor HUGO, Victor SCHOLECHER, LAMENAIS, CA-BET, Pierre DUPONT (auteur de J'ai deux grands bœufs dans mon étable). Face à ces rouges, les partisans de l'immobilisme, du conservatisme … Un semblant de droite/gauche. A ces élections, 85 % de participation et 1 mort dans la bousculade. Reporters américains. THIERS est battu. Auguste BLANQUI (le "Nelson Mandela français"), seul socialiste français vé-ritablement admiré par Marx, et RASPAIL, sont battus aussi. 220 monarchistes, dont 180 orléanistes ; 580 modérés (Républicains du lendemain) ; 100 radicaux (Rouges). Cette nouvelle assemblée doit rédiger la Constitution. Le gouvernement devient une commis-sion exécutive où ne restent que les libéraux. Les Lyonnais en ont marre des Savoyards qui prennent le travail des Français. Mais, au nom de la fraternité, on ne leur fait pas de mal. On les rassemble à Lyon, et on part pour une marche à pied vers Chambéry, par Ambérieu, Yenne et le col du Chat. Tout cela fait peur au clergé et à la petite bour-geoisie de Chambéry, le mouvement est fait prisonnier, mais LAMARTINE négociera leur libération. La situation se dégrade dès le 12 Mai. On interdit ce jour-là aux clubs de présenter à l'Assem-blée des pétitions. Le 15 Mai, alors que les Prussiens écrasent les Polonais, les Parisiens manifestent pour venir en aide à la Pologne (leaders : BLANQUI & BARBÈS). Cette manifestation tourne au désastre : les manifestants, qui ont envahi l'Assemblée, sont emprisonnés ou s'exilent. La rémunération des ate-liers nationaux est diminuée à 50 centimes. Le 22 juin, la commission exécutive supprime les ateliers nationaux → Manifestation. Le 26, le général CAVAIGNAC est chargé d'écraser la manifestation : 5000 morts. C'est la fin de la République sociale.

B. Constitution et présidence de la République.

La Constitution de 1848 est votée par l'Assemblée le 4 novembre. Elle est votée dans une at-mosphère de silence aux pauvres (retour à l'ordre). Cette Constitution est simple. Suffrage universel masculin pour élire le Président de la République (exécutif, mandat de 4 ans, non-rééligible directe-ment) et l'Assemblée (législatif, 750 députés pour 3 ans). Problème : Le Président ne peut dissoudre l'Assemblée. 10 décembre 1848 : Élections présidentielles. Candidats : CAVAIGNAC, LEDRU-ROLLIN, LAMAR-TINE, RASPAIL, CHANGARNIER et LOUIS-NAPOLEON BONAPARTE. CAVAIGNAC a l'appui des notables. LEDRU-ROLLIN est considéré comme dangereux. LAMARTINE, réminiscence de LA FAYETTE. CHANGAR-NIER est légitimiste.


LOUIS-NAPOLEON BONAPARTE est né en 1808, fils de la fille de Joséphine de Beauharnais et du frère de Napoléon. A vécu en Allemagne et en Italie. Il a beaucoup lu, a été parmi les Carbonari italiens. 2 tentatives de coup d'État → Il est enfermé au fort d’Ham pendant 7 ans et s'enfuit en 1847. 7,3 millions de Français vont voter ce jour-là. Louis-Napoléon BONAPARTE est seul nom connu de la France paysanne puisqu'il est le neveu de l'ancien Empereur : il est élu au premier tour avec 74 % des voix.

C. La République conservatrice : décembre 1848 - décembre 1851.

Elections pour l'Assemblée législative au mois de mai 1849. Victoire des conservateurs (500 sièges sur 750). 10 juin 1849, GARIBALDI prend Rome et chasse le Pape à l'aide de Républicains. Que va faire la RF face à cette République romaine ? La France est conservatrice, le Président fréquente l'espagnole Eugénie de Montijo … Et envoie donc, pour faire plaisir aux catholiques espagnols, des troupes pour chasser Garibaldi. 13 juin 1849 : LEDRU-ROLLIN appelle a manifester contre cette répression anti-ré-publicaine → À Lyon, les Voraces se soulèvent et sont fusillés dans ce qui est désormais la Cour des Voraces. On ferme les clubs politiques. Le 19 juin, la liberté d'association est terminée. Que va faire LNB ? Il ne peut se contenter d'un mandat de 4 ans. Il va alors tenter de se "mon-trer", de se faire connaître en faisant un tour de France. Discours de Bordeaux, printemps 1850 : Mon oncle, c'était la Guerre ; moi, je suis la Paix. Il va aussi essayer de se démarquer de l'Assemblée. Loi du 15 mars 1850 : Loi FALLOUX (ministre de l'Instruction Publique), toujours en vigueur aujourd'hui. C'est un loi favorable à l'Eglise catholique : les départements et communes ne peuvent pas participer au financement de l'investissement des établissements scolaires religieux. Les établisse-ments d'enseignement privé sont libres. Les instituteurs sont nommés et révoqués par le préfet sur proposition de l'évêque. Loi électorale du 31 mai 1850 : on ne peut être électeur que si l'on réside depuis 3 ans dans la commune → 2 millions d'électeurs sont écartés. LNP s'élève contre cette loi, mais ne peut rien faire. Loi restrictive sur la presse (création d'un droit de timbre et obligation de cautionnement).

→ Le coup d'État du 2 Décembre 1951.

L'Assemblée ne vote pas d'amendement en faveur de la re-présentation de LNP aux présiden-tielles. → Coup d'État la nuit du 1 au 2 Décembre (date bonapartiste : sacre de l'Empereur, Austerlitz). On fait une grande fête à l'Élysée pour l'anniversaire d'Austerlitz. LNP s'est entouré d'un petit groupe : FOULD (banquier), MORNY (penseur, demi-frère de LNP), ST-ARNAUD (militaire), PERSIGNY (confident & conseiller). Dans la nuit, on arrête THIERS, CAVAIGNAC, CHANGARNIER, et on placarde sur les murs de Paris la suppression de la loi du 31 mai et l'idée d'un "Prince-Président". Ce coup d'État suscite quelques réactions parmi les départements. À Lyon on arrête beaucoup de gens potentiellement dan-gereux et on les déporte en Algérie. Le 27 décembre 1851, LNP organise un plébiscite non-truqué où il demande aux Français s'ils l'approuvent. Il obtient 7,5 millions de OUI, 650 000 NON (il faut dire qu'il y avait un peu de pression, le vote n'étant pas anonyme). On entre donc dans une période curieuse. Nouvelle Constitution en janvier 1952 → 2 Décembre 1952, Empire. LNP s'appelle désormais Napoléon III.


II. Le Second Empire : 1852-1870.

A. Les années 1850 : L'Empire autoritaire.

On peut parler de second bonapartisme, de par la grandeur caractéristique du régime, sa di-mension populaire (d'où les plébiscites) et le sens d'un État fort, marqué du sceau du St-Simonisme (l'État doit œuvrer pour le bien du peuple). Il y a des élections à l'Assemblée et il y a un Sénat. Il existe un candidat officiel, soutenu par le pouvoir et seul à pouvoir organiser des réunions et coller des affiches (donc seul à pouvoir être connu de l'électorat). Aux élections de 1856, il y a 5 candidats non-officiels élus, dont Jacques HENON à Lyon. Malgré tout, ces candidats non-officiels refusant de prêter serment à l'Empereur, ils ne peuvent pas siéger. Suppression des municipalités dans les grandes villes. En 1852, LNP vient à Lyon, signe le décret d'annexion des faubourgs : La Guillotière (6°-3°-7°-8° arr.), Vaise (9°) et la Croix-Rousse (4°) font partie de Lyon. Suppression de la mairie centrale. Loi de sûreté générale durcie en 1858 à la suite d'un attentat contre Napoléon III : les autorités peuvent expulser tout étranger potentiellement dangereux. La grandeur de Napoléon III va trouver deux théâtres pour s'exprimer : la guerre de Crimée (54-55) et l'intervention en Italie en 1859 (1860 : on obtient Nice et la Savoie). Le 24 novembre 1860, un décret suivi d’un senatus-consulte permet aux députés de faire une réponse à l’empereur après qu’il ait fait le discours du trône. Dès 1861, toutes les séances su corps législatifs sont désormais publiés au journal officiel : tous les français sachant lire voient ce qui est fait. Pourquoi Napoléon fait-il cela ? Il cherche à se dégager du lobby catholique et il veut entrer en phase avec son peuple. Aux élections législatives de 1863, 32 opposants sont élus et ne sont pas obligés de faire le serment à l’empereur. Discours de Thiers sur les cinq libertés. Thiers veut que les ministres soient responsables devant le corps législatif. En 1864, Napoléon III autorise le droit de grève (qui avait été interdit par la Révolution Française) et il finance même le voyage d’ouvriers français pour la 1ère In-ternationale ouvrière de 1864 à Londres. En 1867, le droit d’adresse devient un droit d’interpellation : on monte en capacité de contes-tation. On arrive à 60 opposants dont beaucoup membres du Tiers Parti, dirigé par Emile OLLIVIER. Le senatus-consulte du 8 septembre 1869 : le corps législatif élit son bureau (donc certaine autonomie) et partage avec l’empereur le droit d’initiative des lois. On n’est pas loin d’une monarchie parlemen-taire. Napoléon demande à Emile Ollivier de former un gouvernement. Le plébiscite du mois de mai 1870 (sans trucage) : êtes-vous d’accord avec l’évolution du régime = 7 million de « oui » face à un million de « non ».


B. L’âge d’or économique.

C’est le véritable moment du décollage économique de la France. Grande époque de produc-tion sidérurgique de masse, développement du textile, du chemin de fer, du charbon. Pôles industriels de Lille, Paris, Alsace, Marseille. Dichotomie française car l’ouest du pays n’est pas industriel. Le droit de grève s’établit suite à l’évolution du monde ouvrier. La France s’urbanise également. On vit mieux, les conditions de vie s’améliorent.

Le secteur bancaire se développe également avec le Crédit Lyonnais, dirigé par Henri Germain. Une nouvelle structure capitaliste se développe. Les sociétés anonymes sont également instituées. Permet de fragmenter le risque d’investissement.

Avec le développement des transports, la ville se développe. En parallèle, la ville se ségrége. Auparavant, il y avait une ségrégation verticale (les pauvres vivaient à l’étage et les riches au rdc). Une ségrégation horizontale s’établit. Les pauvres quittent le centre-ville. La France a des vents d’Ouest. Les pauvres se mettent donc à l’Est et les riches à l’Ouest. Et les pauvres reçoivent les fumées des usines.

Le monde des campagnes reste immobile. Il n’y a pas de réforme agraire. Il y a un début d’exode rural.

Le Pape Pie IX rédige une encyclique, le Syllabus, pour montrer son désaccord avec le libéra-lisme et le socialisme, au nom des valeurs du Christ.

C. Gloire et aventure.

Bonaparte a déjà un nom célèbre.

Dans cette gloire, il y a la construction de l’empire colonial français. En 1853, nous arrivons en Nouvelle-Calédonie, on l’appelle le « petit caillou ». En 1954, au Sénégal. En 1859, nous arrivons à Sai-gon, en Cochinchine. En 1860, la France mène une expédition punitive en Chine. La Chine se fait grignoter son territoire. Pékin en désaccord, envoie de troupes britanniques et françaises qui pillent le Palais d’Été. En 1862, la France part au Mexique car il nous doit de l’argent et est en difficulté financière. Les États-Unis en guerre de Sécession ne s’en préoccupent ; pas la France place un empereur autrichien mais fiasco. En 1863, la France met son protectorat sur le Cambodge. En 1867, la France sauve Pie IX de Garibaldi. En 1864, guerre de Crimée en Russie. L’Empire Russe se renforce et le sultan ottoman demande un soutien à la France. La France intervient également sur le point de vue des chrétiens. Les ottomans ont toujours laissé passer les chrétiens pour Jérusalem. Mais les puissances chrétiennes cherchent à contrôler la ville du tombeau de Jésus et les Russes, orthodoxes, gagnent du terrain. La guerre de Crimée fait 20.000 morts français. Grande victoire à Sébastopol. Traité de Paris et France à nouveau au centre des affaires. Ensuite, la France et leur aide en Italie. Napoléon III passe les Alpes pour aider les Piémontais à vaincre les Autrichiens. Grande victoire à Magenta et de Solferino en 1859. L’Italie réussit ainsi à débuter son unité. En récompense, la France obtient la Savoie et Nice.



Séance 9 - À la recherche de la République (1870 –

1879). vendredi 22 novembre 2013, 13:00.

Le 8 mai 1870, Napoléon est approuvé par le peuple. Émile Ollivier est en train de mettre en place des réformes qui seraient des étapes successives pour aller vers le parlementarisme. L’Empire Français s’est modernisé et s’est libéralisé. On peut donc penser que l’Empire est fait pour durer.

La défaite.

L’ancienne Allemagne, c’est la confédération germanique qui rassemble 39 États dont la Prusse, l’Autriche… Le chancelier de Prusse, Bismarck va bâtir l’Allemagne par le sang. Il veut faire l’Allemagne sans l’Autriche. Il la combat et la vainc. Mais pour bâtir le pays, il faut un ennemi. Il faut donc une guerre avec la France. Dans l’affaire de l’Autriche, la France est restée neutre. Elle veut un cadeau pour sa neutralité : le Luxembourg. Bismarck fait courir que la France et son empereur ont une politique de garçon de café. Ensuite, la reine d’Espagne Isabelle meurt. Qui succèdera ? On parle d’un prince Prusse. Mais la France refuse de se voir à nouveau dans l’étau germanique, anciennement des Habsbourg. On envoie l’ambassadeur de France voir Guillaume Ier, le roi de Prusse. On lui dit qu’il n’y aurait pas de prince Prusse. Bismarck rédige la dépêche d’Ems le 13 juillet 1870 : l’ambassadeur de sa majesté l’em-pereur des Français a été reçu par un sous-chef.

Le 19 juillet, la France déclare la guerre à la Prusse. Mais nous ne sommes pas prêts, Napoléon n’est pas soldat. Pas de fusil efficace. Pas de carte d’État-major de la France. Nos officiers ne connais-sent pas le terrain. C’est le gag ! C’est la grande erreur de Napoléon III. En plus, aucun allié : les Russes non ; les Italiens non car on protège le Pape ; les Anglais attendent ; les Belges pas tops. Napoléon va se déplacer vers Metz avec le général Mac Mahon. Le 4 août 1870, 1er accrochage et 1ère défaite de Wissembourg. Le 2 septembre 1870 à Sedan, l’empereur est fait prisonnier avec 83.000 hommes.

Le 4 septembre 1870, la République est proclamée à Paris et à Lyon avant Paris (Lyon à 7h00 du matin et Paris à 9h00). Un gouvernement provisoire se met en place. Les hommes forts sont Léon Gambetta, Jules Favre, le général Trochu. Gambetta qui est né en 1838, est un fils d’italien = accepta-tion de l’étranger.

Vu que la guerre se passe très mal, les généraux ne combattent pas (Trochu se réfugie en Suisse). Seul Garibaldi aide efficacement la République. Gambetta s’envole de Paris en ballon pour porter la nouvelle en province. Bazaine se rend sans avoir tiré un seul coup de feu (sur 23 million de cartouches). Rayé de la Saint-Cyr. Gambetta appelle à continuer le combat. Mais cela est impossible et la France signe l’armistice le 28 janvier 1861. La Prusse autorise la France d’établir des élections. Cela permet de différencier deux camps lors de la campagne électorale : oui à la guerre / non à la guerre. Gambetta (les radicaux) propose de continuer la guerre ainsi qu’un programme social lors du discours de Belleville. Parmi les opposants à la guerre, on retrouve les royalistes et les opportunistes, la « bande des Jules » : Jules Favre, Ferry, Grévy, Simon. Le « non » l’emporte. Parmi les 645 députés, on trouve 400 monar-chistes dont 180 légitimistes, 220 républicains dont 80 orléanistes ralliés à la République dirigés par Thiers, 100 modérés (les opportunistes), 40 radicaux (Gambetta, Clémenceau, et Louis Blanc) et 25 bo-napartistes.


La Commune

Il y a eu la Commune de Paris, de Lyon et de Saint-Etienne.

A Paris, la commune a été assiégée par les Allemands. À Versailles, Bismarck proclame l’Alle-magne, le 2ème Reich, le 20 janvier 1871. A Paris, le peuple a mangé tout ce dont il disposait. Thiers proclame le gouvernement français à Versailles mais cela rappelle la monarchie. En échange de donner le territoire de Belfort à la France, Bismarck veut défiler à Paris. Thiers accepte. La ville s’habille de nombreux rideaux noirs, la ville est en deuil et humiliée. Il y a chez Thiers d’éviter à ce qu’on revienne à 1793, c'est-à-dire à la République sociale. Il préfère une République à la 1789, une bourgeoise. On ob-serve ainsi un schisme entre les versaillais (bourgeoise) et les communards (sociale). Nuit du 17 au 18 mars, Thiers envoie un détachement militaire pour prendre les canons de Paris. Le peuple constatant cela fraternise avec les soldats et le général est arrêté. Thiers voyant la situation dégénérée ordonne l’évacuation de la ville. Au final, on a les Allemands qui encerclent les Versaillais qui encerclent les Com-munards. Les Allemands nous observent nous entretuer.

Les Communards reflètent la diversité de la gauche : on retrouve des quarante-huitards avec Delescluze ; des blanquistes ; des internationalistes (davantage proudhoniens que marxistes) ; républi-cains de gauche. À Lyon, on aime l’idée d’une République Sociale Fédéraliste.

Le 28 mars 1791, la Commune est élue. C’est une commune de compagnons, de petits patrons. Elle est anticléricale, pas anti patrons. Il n’y a pas de pillage de la Banque de France. Petites gens res-pectueux. Thiers va être de plus en plus ferme. Le décret sur les otages : si les versaillais tuent des communards, la Commune exécutera des otages : l’évêque Darboy est exécuté. Un traître parmi les Communard qui permet aux versaillais de pénétrer dans la ville. C’est une guerre civile. On l’appelle la « semaine sanglante ». En 1871, les Communards sont exécutés et on interdit de les enterrer, jusqu’à ce que le temps ait fait blanchir les os. Des enfants jouent avec les crânes. 25.000 morts. 40.000 arrêtés. 3500 déportés en Nouvelle-Calédonie, parmi eux, la révolutionnaire Louise Michel.

La Commune de Paris, c’est un mythe, un culte pour la gauche française. Qui a fusillé les com-munards ? La République bourgeoise, la République juive… A partir des années 1880, on accuse la République des bourgeois et des juifs la responsabilité de la fin de la Commune. Albert de Mun, général versaillais, cherche à comprendre pourquoi les Français se battent entre eux. Selon lui, les ouvriers sont abandonnés par Dieu : aucune église construite pendant trois ans.

La Commune de Paris est la dernière révolte à l’ancienne. Ce n’est pas juste des ouvriers, des prolétaires. Jules Siegfried et Émile Boutmy créent Science Po. Au départ, privé. Est nationalisé en 1945.


I. La République des Ducs (1871 – 1875).

A. L’échec de Thiers.

Le 17 février 1871, à la veille de la Commune, THIERS est nommé chef du pouvoir exécutif. Sa fonction prend le nom de Président de la République. Thiers a connu l’Empire, la Restauration, la Mo-narchie de Juillet, le Second Empire : tous des échecs. Thiers convient que la République est le régime le plus adapté au peuple français. Le 27 mai 1873, Thiers perd la confiance de l’Assemblée et est rem-placé par MAC MAHON, un royaliste. Le DUC DE BROGLIE propose « l’ordre moral ». Cela remet l’Eglise au premier plan (alors que les Français n’aiment pas ça). On impose aux députés d’aller à la messe, de faire un pèlerinage à Chartres. On nomme des préfets à poigne. On fait voter la loi du 19 novembre 1873, la loi du septennat qui restera en vigueur jusqu’en 2002. Cette loi a pour but de donner le temps à une restauration. Plusieurs candidats : le Comte de Paris (marié avec des enfants) ; Henri (sans en-fants, duc de Bordeaux). Comte de Paris est d’accord pour laisser le trône à Henri. Blocage à cause du duc de Bordeaux car veut la cocarde blanche…

B. L’échec de la restauration.

Le 16 mai 1874, le Duc de Broglie est remercié.

C. Les lois constitutionnelles de 1875.

La Troisième République est sans Constitution, seulement trois lois constitutionnelles.

Des députés proposent de nommer le gouvernement « gouvernement de la République » mais cela est rejeté. Le 30 janvier 1875, le député Wallon propose les conditions dans lesquelles serait élu le Président de la République (amendement Wallon). Il y a 350 voix pour et 352 contre. Cet amende-ment Wallon va amener le débat constitutionnel.

Trois lois :

24 février 1875 : organisation de l’Assemblée 25 février 1875 sur l’organisation des pouvoirs publics 16 juillet 1875 qui organise les rapports entre les pouvoirs publics.

Suffrage universel masculin élection de la chambre des députés et le conseil municipal et le conseil général, pas le maire. Conseils municipal et général élisent le Sénat. Avec la chambre des dé-putés, ils élisent l’Assemblée nationale. La chambre des députés et l’Assemblée nationale élisent le Président de la République. Progressivement, les Républicains gagnent de l’influence et les royalistes perdent la chambre des députés.


II. La crise du 16 mai 1877 et ses conséquences.

A. Le contexte.

On a une chambre des députés républicaine, un sénat et un président de la République roya-listes. Les Catholiques ont regagné une place importante dans le fonctionnement des institutions. L'arrivée des Républicains à la Chambre écarte à nouveau l'Eglise catholique, qui se sent perdante dans cette révolution.

En tirant sur les ouvriers, la République a rassuré la bourgeoisie. Les bourgeois voyant que la République est capable d’autorité s’en rapprochent. Le 12 mars 1877, le pape Pie IX est prisonnier au Vatican. Les Italiens ont envahi Rome. Le pape encourage à ne pas voter en Italie, il se dit prisonnier des députés catholiques français. Le 4 mai 1877, Gambetta dit « le cléricalisme, voilà l’ennemi ». Jules SIMON est accusé par le pape de ne pas savoir tenir son assemblée qui tient de tels propos. Mac Mahon admoneste Simon pour les mêmes raisons. Est contraint de démissionner. MAC MAHON nomme alors à sa place le DUC DE BROGLIE, qui sera incapable de mener une politique gouvernementale ; MAC MAHON décidera alors de la dissolution de la Chambre (permis par la Constitution) le 25 juin 1877.

Élections, donc en octobre 1877. → Campagne électorale (la première campagne électorale française). La presse prend parti (La République Française de GAMBETTA vs. La France d'Emile DE GI-RARDIN). Journal le plus engagé : Le Petit Parisien, d'Hector PESSARD (conservateur). MAC MAHON s'engage d'un côté (≠ place neutre du Président de la République) ; 15 Août 1877, GAMBETTA dit "Il faudra se soumettre ou se démettre". THIERS meurt le 3 septembre 1877 : il fait "don de son corps à la République". Funérailles grandioses, même s'il était royaliste.

14 octobre 1877, résultat des élections : renforcement des Républicains à la Chambre (326, contre 207 royalistes). Grosse différence de sièges alors qu'il n'y avait que 600 000 voix d'écart (4,2 M vs. 3,6 M).

B. Conséquences.

MAC MAHON reconnaît le résultat des élections et appelle à la tête du gouvernement le Ré-publicain DUFAURE. MAC MAHON s'engage à ne plus dissoudre la Chambre, perdant le pouvoir lui étant conféré par la Constitution.

Amalgame entre gauche et républicains. La droite dure n'aura plus le pouvoir avant 1940. Elle va se sentir exclue de la République - c'est la défaite de 1940 qui lui permettra de prendre sa revanche.

L'Eglise catholique est marquée à droite comme antirépublicaine, ce qui lui coûtera cher.

Le 5 janvier 1879, les élections renouvellent 1/3 du Sénat ; dès lors, le Sénat est républicain. MAC MAHON démissionne le 30 janvier 1879, et on élit comme 3° Président de la III° République Jules GREVY.

Constitution GREVY : le Président de la République perd tout pouvoir ; il a un rôle représentatif et ne fait que choisir le Président du Conseil parmi la majorité de la Chambre. Il devient un personnage secondaire au sein des institutions républicaines ; la Chambre devient le Pouvoir de la III° République. C'est ce qu'on appelle une République parlementaire (gouvernement responsable devant la Chambre) d'Assemblée, et cela amène une instabilité ministérielle - qui sera un des grands problèmes des III° et IV° Républiques.


La III° République s'est faite contre les ouvriers, avec les paysans et les bourgeois. Il y a

deux adversaires de la III° République : les ouvriers et l'Église catholique. Le 14 juillet 1879,

on décrète la Fête Nationale, et la Marseillaise devient hymne national. Les ouvriers n'iront pas

danser le 14 juillet, mais le 1° mai.

En 1883 meurt le Comte de Chambord → Il n'y a plus de légitimistes, ne reste que le

Comte de Paris (un Orléans).

En 1879, le fils de Napoléon III est tué dans l'armée anglaise par les Zoulous d'Afrique

du Sud → Plus de descendance bonapartiste.

1880, amnistie des Communards → renaissance socialiste.

1883, une loi est prise : les descendants des familles ayant régné en France ne peuvent

plus résider en France.



Séance 10 - La républicanisation de la République

(1880 – 1914). vendredi 29 novembre 2013, 13:00.

En une génération, la République va devenir particulièrement un objet politique presque incon-tournable en France ; les opposants seront de plus en plus marginaux. La Républicanisation est un long processus, qui fait de la République une République républicaine.

I. Les grandes étapes de la républicanisation.

A. Des élections législatives régulières.

Année Républicains Opposants

1881 455 90

1885 384 200

1889 366 210

1893 49 socialistes (JAURES) ; 112 radicaux ; 317 républicains (mo-dérés) ; 35 ralliés*

58 royalistes

1898 57 socialistes ; 178 radicaux ; 254 républicains ; 32 ralliés 64 royalistes

1902 (Bloc des Gauches)

43 socialistes ; 233 radicaux ; 139 républicains ; 35 ralliés 89 royalistes

1906 54 socialistes ; 247 radicaux ; 156 républicains 72 conservateurs ; 60 nationalistes

1910 107 socialistes ; 262 radicaux ; 150 républicains 71 conservateurs

1914 103 SFIO ; 27 républicains socialistes ; 140 radicaux socia-listes ; 96 radicaux indépendants ; 57 républicains de gauche ;

96 union républicaine (droite)

73 conservateurs

*Les « ralliés » viennent du ralliement de 1892, lié au pape Léon XIII, qui fait une encyclique dans la-quelle il demande aux Catholiques de rallier la République. Dès lors on peut parler des Républicains de droite.

B. Des Présidents républicains.

Jules GREVY est élu en 1879 et réélu en 1886. Mais il démissionne en 1887 car son gendre, WILSON, trafique les décorations (Légion d'honneur).

Sadi CARNOT est élu en 1887 et est assassiné à Lyon par un anarchiste italien le 25 juin 1894. Casimir PERIER est élu en 1894 mais démissionne en 1895 parce que ça ne l'intéresse pas. Félix FAURE est élu en 1895 et meurt en 1899 dans les bras d'une gourgandine ("c’est-à-dire

d'une putain"). Emile LOUBET est élu en 1899 et finit son mandat normalement, en 1906. C'est un président

populaire (c'est lui qui met fin à l'affaire Dreyfus). Armand FALLIÈRES 1906-1913 ne se représente pas : La place n'est pas mauvaise, mais il n'y a

pas d'avancement. Raymond POINCARE, républicain de droite (mais la droite intelligente) : 1913-1920. Très bon

président, mais son mandat sera gâché par la guerre …


C. De grands gouvernements.

1° gouvernement Jules FERRY (sept. 1880 - nov. 1881) → Prend 3 lois importantes : loi du 16 juin 1881 (gratuité de l'école primaire) ; loi du 30 juin 1881 (liberté de réunion : pas de déclaration préalable auprès du préfet) ; loi du 29 juillet 1881 (liberté de presse : pas le droit de propager de fausses nouvelles, ni d'appeler à la désobéissance civile, ni d'insulter le chef de l'État).

Gouvernement Léon GAMBETTA ("le Grand ministère Gambetta") (nov. 1881 - janv. 1882) →

N'a rien le temps de faire. GAMBETTA est blessé au cours d'un duel contre un journaliste. 2° gouvernement Jules FERRY (fév. 1883 - mars 1885) → 3 lois fondamentales : loi Waldeck-

Rousseau du 21 mars 1884 (création des syndicats) ; loi municipale du 5 avril 1884 (permet au conseil municipal d'élire le maire ; rétablissement à Lyon & Marseille d'un maire) ; loi de juillet 1884 (divorce). Jules FERRY n'est pas que le père de l'école ; il est aussi le père de la colonisation française (Tunisie, Tonkin).

Gouvernement René WALDECK-ROUSSEAU (juin 1899 - mai 1902). Loi de juillet 1901 (sur les

associations) vise les congrégations religieuses, qui doivent désormais se déclarer en préfecture. Gouvernement Émile COMBES (mai 1902 - nov. 1904). Radical, franc-maçon et bouffeur de

curés. Fait appliquer de façon brutale la loi 1901 : les congrégations non déclarées sont évacuées mili-tairement en Belgique. Combes, parano, fait le scandale des fiches : il fait enquêter par des agents le nombre de militaires qui va à la messe … Il est ensuite obligé à démissionner.

Gouvernement ROUVIER (nov. 1904 - oct. 1906). Grande loi de séparation des Églises (catho-

lique, protestante et judaïsme) et de l'État du 9 décembre 1905 → La France est une république laïque. La loi de 1905 a été rapportée par Aristide BRIAND. Article 1 : L'État ne reconnaît ni ne subventionne aucun culte. Les catholiques sont visés. Dans un des décrets d'application de la loi, BRIAND écrit aux recteurs veillez qu'à la cantine le vendredi, il y ait toujours du poisson. Le Pape refuse de reconnaître cette loi et donne l'ordre à l'Eglise catholique de se mettre en-dehors de la loi. 1906, droit d'inventaire : des huissiers font l'inventaire du contenu des églises. Mais des fidèles s'y opposent en s'enchaînant autour des églises → Dizaines de morts. Aujourd'hui, les églises sont entretenues par les mairies.

Gouvernement Georges CLEMENCEAU (oct. 1906 - juil. 1909). Clémenceau à la fois Président

du conseil et ministre de l'Intérieur. "Premier flic de France" (Révoltes du Sud-Ouest). Radical détesté par ses collègues, mêlé au scandale de Panama.

1913, passage à la loi de 3 ans de service militaire (ça sent la guerre …).


II. Les symboles.

A. La mairie.

Dans les communes sont construites les mairies. La mairie (hôtel de ville ou maison commune) est sur la place de la commune ; dans la grande salle, une photographie du Président de la République et un buste de Marianne. À gauche, l'école de filles ; à droite, l'école de garçons. La mairie doit concur-rencer l'église dans le village.

B. Les marqueurs publics.

Dans toutes les communes de France, une "Rue de la République" ou "Place de la République", dès 1880. Des statues de Marianne dans les rues (Paris 1884 ; Place Carnot 1889). La statue de Lyon, place Perrache (désormais place Carnot) n'aura jamais de légitimité républicaine car Carnot assassiné avant.

C. L'école.

Grandes lois sur l'école : - 16 juin 1881 : Gratuité de l'école primaire. L'école permet d'être citoyen. - Eté 1881 : Création des écoles normales d'instituteurs. Elles formeront les hussards noirs de la

République. - 1881 : Lycées de jeunes filles créés par Camille Sée. - 28 mars 1882 : Obligation et laïcité de l'école primaire. On enlève les crucifix des classes. On

libère les enfants le jeudi si les parents veulent les envoyer au catéchisme. - 30 octobre 1886 : Loi Goblet → Dans les 5 ans, le personnel des écoles publiques devra être

laïque. Dans ces écoles, où le maître est tout-puissant, les petits français viennent avec une bûche de

bois pour chauffer le poêle. Dans la classe, une carte de France et de l'Empire français ; des règles d'hygiène. On fait de la gymnastique pour que le petit soit un bon soldat. Et puis l'on apprend à lire, dans un best-seller : le Tour de France par deux enfants de G. BRUNO.

L'école française porte en gènes plusieurs choses : la citoyenneté, le sentiment patriotique, les

démarches d'hygiène. En 1904, toute congrégation non déclarée en préfecture n'a pas le droit d'enseigner. On rompt

alors (et jusqu'en 1922) les relations avec Rome. En 1923, il y aura des associations diocésaines qui récupèreront des biens.


III. La grandeur de l’empire colonial.

On parle de fondation du 2° empire colonial français, commencé en 1830 par la conquête de l'Algérie et surtout marqué par la III° République et Jules FERRY. Il fera 10 M de km² (la Chine actuelle) et rassemblera environ 60 M d'habitants. Ce deuxième empire ne fait pas l'unanimité. Les socialistes comme Jean JAURÈS critiquent la notion de soumission. Les nationalistes comme Paul DEROULÈDE (fondateur de la Ligue des patriotes parrainée par Victor HUGO) : vous me proposez vingt servantes, moi je veux mes deux filles (l'Alsace et la Lorraine). Des économistes et industriels sont contre, du point de vue de l'investissement qui serait mieux en France, comme LEROY-BEAULIEU, personnage-clé de la pensée économique.

Quels sont les arguments pour la colonisation ? On parle du fardeau de l'homme blanc (Ru-

dyard KIPLING). Nous avons une mission civilisatrice auprès des peuples "sauvages". De plus, la marine à vapeur nécessite des ports d'arrêts pour faire du charbon. Idéologie capitaliste → Etendre son mar-ché au dépens de l'autre. Raisons religieuses : Il faut convertir ces sauvages. Guerres entre missionnaires cathos et protestants ! Les militaires profitent de la colonisation pour "s'entraîner" et prendre du grade. Les intellectuels → Sociétés de géographie. Lobbies : Amis de l'Afrique Française, … Eugène ETIENNE, député d'Alger, ne dort jamais, et, le soir, quand les députés s'en vont, ils lui donnent leur voix → Il a 250 voix à lui tout seul pour les lois sur la colonisation, vu que c'est un sujet dont tout le monde se fout.

Cet empire colonial français va entraîner la création en 1894 d'écoles coloniales pour former

des administrateurs. Ministère des colonies (1894). Tensions : Fachoda (1898). Le capitaine MARCHAND s'en va avec 200 Français, à pied, de Dakar,

pour rallier Djibouti. On envoie le général KICHENER à Khartoum car crise. 20 000 Anglais marchent sur Fachoda. S’ils tirent sur les Français, ce sera la guerre. Heureusement, le ministre des Affaires Étran-gères, DELCASSÉ dit à MARCHAND de se retirer. 5 ans plus tard on signera l'Alliance Cordiale avec les Anglais.

La colonisation est dans le sens de l'histoire du XIX° si on la regarde avec les yeux de l'époque :

l'Europe domine le monde. Il y a eu des violences, des exactions, des longs combats. Il y a donc des pages noires. Mais

parmi les conquérants français, le général LYAUTEY sort de l'ordinaire. Il est chargé d'organiser la co-lonisation marocaine. Gouverneur général du Maroc de 1912 à 1925. Il va tenter de faire cohabiter dans le respect Français et Arabes du Maroc. La principale marque de ce respect : il est interdit à un colon de mettre les pieds dans une mosquée.

L'image des colonies, les Français s'en foutent avant 1914. De plus, cet Empire nous a beau-

coup plus coûté qu'il ne nous a rapporté. La France en 1914 semble avoir installé durablement la République. C'est une France

qui, dès 1895, traverse une période de croissance : la Belle Epoque - surtout pour les bourgeois.

Grandes rues, grands magasins. La France se sécularise, la religion recule. Ne faisant pas d'en-

fants, la France voit arriver des immigrés surtout italiens, suisses et belges. Racisme latent

(plutôt xénophobie). Ce qui va poser problème, c'est l'antisémitisme.


Séance 11 - La République contestée par les crises

(1879 – 1913). vendredi 6 décembre 2013, 13:00.

Charles MAURRAS va construire une pensée en quatre étapes qu'Édouard DRUMONT va faire fructifier. Pour Maurras, les quatre ennemis de la France sont les Protestants que Henry IV avait chassé, les Francs-Maçons, les Métèques (au sens grec du terme, étrangers qui pillent la nation), et les Juifs (qui sont les pires de tous, ont trahi le Christ et trahiront la France). Maurras qui est un journaliste, a trente ans lors des 1ers JO. Pour lui, la France connaitrait un déclin. Elle n’obtient aucune médaille, face à une Allemagne pure qui en remporte plusieurs.

I. La crise boulangiste (1887 – 1891).

C’est une crise des exclus de la République, ce sont ces exclus qui contestent. Il y a ceux qui n’acceptent pas ou accepte mal l’école de Jules Ferry. Cette école sans Dieu (même s’il n’y a pas de rupture pure car un jour réservé à la croyance) est menée par Ferry qui a tous les défauts. On parle de « l’Internationale Noire ». L’idée que l’homme bâtisse quelque chose sans Dieu gêne grandement. De plus, le colonialisme de Ferry dérange, notamment Déroulède, qui souhaite davantage le retour de « ses deux filles ».

La France est d’autre part touchée par la grande dépression. Elle se manifeste par le phylloxera qui est une maladie qui touche la vigne, la production de vin s’effondre. On passe de 80 million d’hec-tolitre à 25 million. Et à l’époque, le vin était hygiéniquement plus sûr que l’eau. Ce déclin paysan s’étend vers l’industrie, du fait de la chute de la consommation intérieure. Le droit de grève étant autorisé, de grandes grèves prennent place.

C’est sur ce fond de crise que BOULANGER développe son aura. On s’attache à un modèle, à un système, quand on a confiance en lui. Et la crise de l’époque a rompu ce lien. Le krach de l’Union Générale, une banque juive, alimente les arguments antisémites de MAURRAS. Jules VALLÈS, un ancien communard, alimente également cette violence. L’antisémitisme et les valeurs de gauche ne sont pas opposés, attention. Si le Juif aime l’argent et le capitalisme, le prolétariat est le centre des théories de gauche…

Le second vecteur du boulangisme réside également dans le courant nationaliste que connait la France.

Le troisième facteur est l’antiparlementarisme. Ce concept est lié au fait que la Droite n’a plus le pouvoir en France et voit que le pouvoir appartient à la chambre des députés, qui depuis la crise Grévy, concentre le plus fort des pouvoirs. Jeu de mots : « le Parle Ment ». L’extrême gauche cherche à perturber le pouvoir pour aider Boulanger, qui en accédant au pouvoir, générerait une vague révo-lutionnaire, susceptible d’être bénéfique

BOULANGER est né à Rennes, va étudier à Nantes. Il fréquente le même lycée que CLÉMEN-CEAU. Il fait la conquête de l’Algérie après Saint-Cyr. Il devient colonel à la fin de la guerre de 1870. Il plait beaucoup aux femmes, un atout ! Grâce à ses amies, il est nommé Général. Il parle beaucoup, ce qui peut être gênant. Cependant, il a une réputation de Républicain. En 1886, il devient ministre de la guerre. Il devient très populaire : il autorise les soldats à garder leur barbe, il assouplit les permissions, il introduit le fusil moderne, le Lebel, il fait peindre les guérites (maisonnettes à l’entrée d’une caserne) avec les couleurs tricolores, ce qui plait à Paul Déroulède. Il rénove la cartographie. Il lance également l’idée d’un service militaire. En 1886, il fait interdire le territoire français aux familles ayant régné en


France, il assoit ainsi son statut de Républicain. Lors des grèves, il montre beaucoup de souplesse et joue ainsi la carte de la proximité avec le monde ouvrier. Le ministère FREYCINET tombe et BOULAN-GER devient à nouveau ministre de la guerre.

Puis éclate l’affaire SCHNAEBELE. Cet homme est un alsacien, français. Se fait capturer par les Allemands. Boulanger parle de « mobilisation », le tout dans un climat de tensions. En réalité, BIS-MARCK avait volontairement orchestré cette capture afin de taquiner les Français, dans le but de montrer aux Italiens qu’il était plus prudent de former une alliance avec les Allemands. En France, on interprète cela comme « Boulanger fait reculer Bismarck ». On parle du « Général Revanche ». En pa-rallèle, développement des sociétés de gymnastiques.

Le 17 mai 1887, le gouvernement GOBELET est renversé et le nouveau gouvernement ne re-prend pas Boulanger, qui est nommé gouverneur à Clermont-Ferrand. Le train l’emmenant en Auvergne est bloqué par les jeunes des sociétés de gymnastiques, étendus sur les rails. Il arrive tout de même à Clermont. Malgré son républicanisme, il entretient des liens avec le Comte de Paris, et d’autres royalistes. Il est donc un personnage ambivalent.

Grande erreur de la République : le président CARNOT met Boulanger à la retraite. Or, pour un militaire, la fin de la carrière signifie le début d’une carrière politique (les deux à la fois sont interdis). Boulanger est systématiquement élu partout où il s’inscrit. Élection législative du 20 janvier 1889, Bou-langer se présente face à Jacques. Jacques est soutenu par les Républicains, Boulanger est seulement porté par le courant nationaliste … et élu par une écrasante majorité. Mais Boulanger refuse de mar-cher sur l’Elysée. On oublie bien vite Boulanger. Il part en Belgique puis à Londres. Il se suicide sur la tombe de sa maîtresse et Clémenceau (qui est un grand politique mais un homme détestable) déclare « il est mort comme il a vécu, en sous-officier ».

Les historiens ont trois approches pour appréhender le boulangisme.

- Zeev STERNHELL : Boulanger, avec les sociétés gymnastiques, est le symbole du préfachisme. - René RÉMOND : dans « Les droites en France » : Boulanger est une forme de bonapartisme.

C’est la même vision du pouvoir personnel, de la grandeur. Entre bonapartisme et gaullisme. - Odile RUCHETTE : dans la « République absolue », vu qu’il y a un refus d’alternance à cette

époque, les Français usent du suffrage universel pour la provoquer et montrer leur défiance au pouvoir.

Le boulangisme va s’effacer, notamment avec l’encyclique, dans laquelle le Pape ordonne aux Catholique le ralliement à la République.


II. La crise de Panama (1890s).

C’est une crise de faible envergure comparée au boulangisme.

Cette crise se déroule autour de LESSEPS. À l’époque, le Panama n’existe pas, c’est un territoire colombien. La compagnie de Panama veut émettre des obligations que l’on appelle obligation à lots. Pour cela, il faut une autorisation, un vote de la chambre, les députés doivent voter une loi permettant à la compagnie d’émettre ces obligations. En 1888, la chambre vote cette permission.

Le problème, c’est que Ferdinand de Lesseps n’est pas seul, il y a EIFFEL et le banquier juif REINACH. Cette autorisation par la chambre a été permise par des chèques donnés aux députés. Ceux ayant touché à cet argent sont appelés les « chéquards ». Mais la compagnie du canal fait faillite et DRUMONT dans son journal, avance les liens entre juifs et corruption. En mars 1896, un procès punit Lesseps et Eiffel. DÉROULÈDE s’en mêle. CLÉMENCEAU est aussi accusé de corruption. Drumont me-nace de publier la liste des chéquards. Plusieurs démissions ont lieu dont celle de Clémenceau. La crise devient le scandale de Panama. Ce scandale salie la République. Cela dégoûte le citoyen et la Répu-blique est ternie.

III. La crise anarchiste (1880s – 1894).

L’anarchie apparaît avec la Première Internationale Ouvrière, portée davantage par les proud-honiens que par les marxistes (les deux auteurs se détestent). BAKOUNINE est issu d’un milieu aisé et défend, face à MARX, l’idée d’une anarchie (ni Dieu ni maître). Certaines régions (le Jura Suisse) sont le sanctuaire de ce courant. Le père de la géographie française, Elysée RECLUS, est un anarchiste.

Lyon est une ville qui fût soumise à ce courant. Le grand anarchiste s’appelle RAVACHOL. À Saint-Etienne, il poursuit des gens allant à l’Eglise parce qu’ils y vont. Ensuite, il repère les habitations des juges et fait sauter les devantures. Finit guillotiné. VAILLANT (de son vrai nom Auguste) et « La soupe aux clous ». Emile-Henry (fils de communard, brillant élève), balance une bombe à la gare Saint-Lazare. Les lois scélérates. CASERIO assassine Carnot à Lyon. Guillotière, ancien quartier italien, est saccagé. Les anarchistes s’aperçoivent que la violence ne permet pas de gagner une cause. Ils com-prennent qu’ils doivent trouver d’autres moyens pour exposer leurs idées et fondent la CGT.


IV. L’affaire Dreyfus.

Être antisémite, c’est un rapport racial. Le Juif est un homme sans nation, il ne peut être qu’un traître dans une Europe des nationalismes. Si Judas a vendu le Christ pour quelques deniers, le Juif vendrait sans hésiter la France… L’Allemagne, la grande rivale de la France, serait un acheteur pour les Juifs. Dans « Libre Parole », « même les chiens de France aboieront quand ils entendront un nom juif».

Mme BASTIAN, employée par les services statistiques français, trouve à l’ambassade alle-mande un bordereau sur lequel figure les noms d’informateurs au service de l’Allemagne. DREYFUS le juif, est le coupable idéal. En 1894, personne ne soutient Dreyfus. Il est condamné à vie à la déporta-tion ; il arrive à l’Ile du Diable en 1895. Texte d’Alphonse Daudet : il décrit le moment où Dreyfus est dégradé aux Invalides.

« Le Petit Bleu » est relevé par les services statistiques. L’écriture de ce télégramme est la même que celle du bordereau : c’est celle du commandant ESTERHAZY. À cette époque, l’affaire Drey-fus n’a pas commencé. Le procès d’Esterhazy a lieu en 1997. Il est relâché.

C’est dans les colonnes de l’Aurore, dirigé par CLÉMENCEAU, que l’article « J’accuse » d’Emile ZOLA est publié en 1898. C’est le premier véritable engagement des intellectuels en politique. Dès lors se divisent les dreyfusards et les antidreyfusards. Le catholicisme est antidreyfusard. Le socialisme voit dans cette crise la nécessité de protéger les minorités qui sont forcément plus faible que la majorité.

CAVAIGNAC, le ministre de la guerre, monte à la tribune pour confirmer la culpabilité de Drey-fus et c’est là que l’on voit la parole de Jean JAURÈS qui attaque les faux écrits. On découvre QU’HENRY est l’auteur des faux et ce dernier se suicide. À ce moment-là, Charles MAURRAS verse une souscription pour établir un monument à Henry, victime des Juifs. Il sera réhabilité, il fera la guerre de 1914.

On doit retenir plusieurs choses : depuis la Révolution, la France est le 1er pays donnant aux Juifs des droits et ainsi une patrie. Mais ils vont se rendre compte que la France peut aussi juger injus-tement. Ainsi, les Juifs prennent consciences de la nécessité de posséder un État propre. Le sionisme prend de l’ampleur. Théodore HERZL lance l’idée de sionisme, le retour vers l’État originel.

Il faut aussi retenir le gain de l’antisémitisme en France. La Ligue antisémite a de l’influence. Jules GUÉRIN se réfugie en 1899 à Fort Chabreuil. Déroulède et Guérin vont être bannis de France.

L’exposition universelle de 1901 permet d’oublier les crises. La loi de 1905 (séparation

des églises et de l’État) résulte en partie de l’implication de l’Église dans l’affaire Dreyfus. Elle

est allée au-delà de son rôle. Globalement, il est clair que la République a su vaincre ses adver-

saires. Grâce aux crises, il y a eu davantage d’égalité. La crise Dreyfus permet l’aboutissement

de la laïcité. Mais ces crises sont le fruit de multiples peurs. Un peuple qui a peur est dangereux.

Peur de l’Allemagne, voisin guerrier puissant. Peur des étrangers, ces métèques qui rendent

impur le pays. Peur du déclin. La République de Marianne a besoin d’adversaire pour montrer

ce qu’elle vaut (Allemands, chéquards…). C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, la République

n’est pas en très bonne santé car il n’y a pas d’adversaire à la République. Il n’y a rien qui la

mobilise suffisamment, elle n’est plus dans une phase de construction.

La République est sortie gagnante, même si elle manque parfois de justice et d’égalité.

Daniel Alevi, un juif des campagnes françaises a écrit un livre dans lequel il montre que la

société change dans les campagnes : instauration de cantines scolaires, éclairage à l’acétylène,

la bicyclette, les horizons s’élargissent.


Séance 12 - Tableau politique de la France à la « Belle

Époque ». vendredi 13 décembre 2013, 13:00.

La Belle Epoque est celle d’une politique malthusienne et de l’appel de main d’œuvre étrangère. On assiste à la Seconde révolution industrielle, qui apporte le moteur à explosion et l’électricité.

La France n’est plus seule en Europe, elle a des alliés. En 1892, elle s’allie aux Russes et en 1904, c’est l’Entente Cordiale avec l’Angleterre.

Il y a trois positionnements politiques en France. Ceux qui refusent la modernité portée par la Révolution, c’est la famille conservatrice. Elle est très peu républicaine. Même le ralliement de 1892 n’a pas été suffisant. Il y a les Républicains ralliés. Enfin, il y a ceux qui se déclarent héritier de la Révolution, une famille républicaine de la veille. Il faut se demander qui est citoyen. Pour les libéraux, il y a une vision républicaine. Pour les conservateurs, le citoyen est le peuple qui paie un impôt, qui est rationnel.

I. La famille radicale.

Le parti radical socialiste est fondé en 1901 et dès 1902, il va être le grand parti avec CLÉMEN-CEAU, CAILLAUX, COMBES, ROUVIER.

C’est un parti anticlérical. C’est un parti de notables et non de militants. C’est un parti qui défend le petit patron, l’agriculteur, l’ouvrier. C’est un parti plus rural qu’urbain, notamment dans le Sud-Ouest français. Il y a une idée de laïcité. Contre le marxisme. Mais le parti radical a un problème au niveau de son programme : celui-ci comporte l’impôt sur le revenu, l’interventionnisme de l’État, la colonisation. Mais étant radical socialiste, il défend les valeurs de l’humain tout en affichant un con-servatisme.

Léon BOURGEOIS évoque la doctrine du solidarisme. Nous avons tous un devoir envers la so-ciété, on est redevable de ses parents, de son éducation… Il a donc une sorte de dette envers la société. Il propose l’idée des assurances sociales, de protéger les travailleurs et la retraite. Au moment où il écrit, il y a également le courant du mutuellisme.

Le maire de Lyon élu en 1905, est Édouard HERRIOT. Quand il est écolier, il est très doué et reçoit une bourse pour intégrer l’école Normal-Sup. Il devient à 33 ans maire de Lyon. Il le restera jusqu’à sa mort. Personnage mort en 1957 avec des funérailles nationales.

Les Radicaux sont au cœur des différentes coalitions gouvernementales.


II. La famille socialiste.

Avant 1914, le PS a été fondé en 1905, c’est la SFIO (Section Française de l’Internationale Ou-vrière). Le terme de socialisme a un aspect utopique et un aspect plus scientifique avec le marxisme.

1879 / 1880 : Congrès

du Havre après l’amnis-

tie des communards.

Regroupe des commu-

nards, des blanquets,

des anarchistes, des ba-

boubistes, des

marxistes.

SFIO en 1905

Parti Socialiste

Révolutionnaire

(Vaillant)

1888

Parti Socialiste

de France qui

rejoint en 1905

la SFIO

POF

Rejoint le parti socialiste

Parti Ouvrier

Social Révolu-

tionnaire

Aleman

1885

CGT

Charte

d’Amiens

en 1936

1920

PCF


III. La famille de droite

Familles monarchiste, nationaliste (boulangisme ; bonapartisme).

Famille libérale qui se décompose en deux fractions : l’alliance démocratique (Poincaré notam-ment). Acceptent les lois laïques même s’ils les avaient refusé / l’action libérale populaire (1902) / la fédération républicaine

Famille de la Démocratie chrétienne (idée du jardin ouvrier). Ne parvient pas à prendre son envol en France car il y a une forme d’oxymore, on ne peut mettre en politique sa religion qui est de l’ordre du privé.

En France, la grande question est : qui détient l’exécutif ? On a eu un roi, puis un roi parlemen-taire, un président, un empereur, un président de l’Assemblée… En France, on a une culture du pouvoir fort. D’autre part, on ne se préoccupe pas des femmes. Souveraineté de la rue ou bien délégation de notre liberté à un député. Dans un contexte de population vieillissante, la France, s’interroge sur le rôle des étrangers. Enfin, ultime question, le débat autour de l’intervention de l’Etat dans la société.

Qu’est-ce qu’être républicain ? Jusqu’en 1892 (le ralliement), être républicain c’est être de gauche. Être Républicain c’est être patriote, mais pas nationaliste. C’est être respectueux de la pro-priété, anti-collectivisme. C’est respecter les Droits de l’Homme. C’est être laïque, la religion est privée et n’a pas à intervenir dans le public. C’est être démocrate, c'est-à-dire respecter les élections régu-lières. Enfin, c’est être unitaire, avoir une approche moniste de la République, elle est un bloc.

République

Droite Gauche

Marie Marianne

Radicaux SFIO

Synthèse avec

Jeanne d’Arc

Documents

Cours d'Histoire de France, 1789-1914