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D épêchez-vous de penser librement, ça ne va pas durer longtemps, l'oppression capitaliste s'amplifie dans une indifférence trop générale. Oppression économique. Nouveaux contrats de travail, CNE et CPE, autorisation des licenciements économiques avant même l'apparition de difficultés, ces avancées de la "modernisation" économique annoncent la fin prochaine du code du travail sous l'œil attentif du Médef qui fait de la surenchère. La généralisation de la précarité à vie nous est vendue comme un offrande au dieu de la croissance, alors même que la Terre va dans le mur. Oppression sociale. La banalisation et la généralisation des nanotechnologies, de la vidéosurveillance et de la b iométrie pour le contrôle des individus dépassent toutes les projections futuristes de la science fiction. Ajoutons à cela le recours abusif au traitement chimique des troubles psychologiques et des "déviances", et nous sommes aux portes du  Meilleur des mondes avec chacun une camisole sur mesures. Oppression morale. Retour en force de toutes les religions pour se partager le marché des consciences, culpabilisation et sanctions des parents démunis, développement des communautarismes et des discours xénophobes : l'ordre moral s'affirme sans vergogne. Et cerise sur le gâteux : si nous l'écoutons il faudrait expu lser tous ces terroristes potentiels que sont les étrangers "indésirables", et puis pourquoi pas leur balancer une bombinette atomique pour les calmer! Doit-on balancer la télé, avaler son portable, ignorer internet, déchirer ses cartes de crédit, de fidélité, vitale et compagnie pour échapper à cette oppression, respirer un bon coup et définir ensemble le monde dans lequel on veut vivre ? Creuse-Citron  Journal de la Creuse libertaire - N°7 - 1 er trimestre 2006 , prix libre...  Au secours! On étouffe Tous en colère Un psilote : p 2, Expulsions : p 2 De Gauche? : p 3 La gueule toute verte Souveraineté alimentaire, décroissance et capitalisme: p 4-5 Désordre d'Etat Vichy pétille encore : p 6-7 Mauvaises fréquentations René Bourdet, poète des mots : p 8-9 Mémoire aux poings Nouvelles des superstitions : p 10 Mémoire Vivante Armand Gatti en Limousin : p 11 Capitalisme à la poubelle J'ai fait un cauchemar : p 12 Des emplois à la pelle : p 13 Mauvaises lectures Bombes anticléricales et désertion directe : p 14 Revue de crise : p 15 Débats, offensives, impasse de l'école  V ous êtes cernés p 16 La sarcaille est un rapace nuisible L'oeil de Fennec Encart central à plier soi-même  

Creuse-Citron N°07

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7/31/2019 Creuse-Citron N°07

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D épêchez-vous de penser librement, ça ne va pas durerlongtemps, l'oppression capitaliste s'amplifie dans une

indifférence trop générale.

Oppression économique. Nouveaux contrats de travail, CNEet CPE, autorisation des licenciements économiques avant mêmel'apparition de difficultés, ces avancées de la "modernisation"économique annoncent la fin prochaine du code du travail sousl'œil attentif du Médef qui fait de la surenchère. La généralisationde la précarité à vie nous est vendue comme un offrande au dieude la croissance, alors même que la Terre va dans le mur.

Oppression sociale. La banalisation et la généralisation desnanotechnologies, de la vidéosurveillance et de la biométriepour le contrôle des individus dépassent toutes les projectionsfuturistes de la science fiction. Ajoutons à cela le recours abusif 

au traitement chimique des troubles psychologiques et des"déviances", et nous sommes aux portes du  Meilleur des mondes 

avec chacun une camisole sur mesures.Oppression morale. Retour en force de toutes les religions

pour se partager le marché des consciences, culpabilisation etsanctions des parents démunis, développement descommunautarismes et des discours xénophobes : l'ordre morals'affirme sans vergogne.

Et cerise sur le gâteux : si nous l'écoutons il faudrait expulsertous ces terroristes potentiels que sont les étrangers"indésirables", et puis pourquoi pas leur balancer unebombinette atomique pour les calmer!

Doit-on balancer la télé, avaler son portable, ignorer internet,déchirer ses cartes de crédit, de fidélité, vitale et compagniepour échapper à cette oppression, respirer un bon coup etdéfinir ensemble le monde dans lequel on veut vivre ?

Creuse-Citron Journal de la Creuse libertaire - N°7 - 1 

er 

trimestre 2006 , prix libre... 

 Au secours! On étouffe 

Tous en colèreUn psilote : p 2, Expulsions : p 2

De Gauche? : p 3

La gueule toute verteSouveraineté alimentaire, décroissance

et capitalisme: p 4-5

Désordre d'EtatVichy pétille encore : p 6-7

Mauvaises

fréquentationsRené Bourdet, poète des mots : p 8-9

Mémoire aux poingsNouvelles des superstitions : p 10

Mémoire VivanteArmand Gatti en Limousin : p 11

Capitalismeà la poubelleJ'ai fait un cauchemar : p 12

Des emplois à la pelle : p 13

Mauvaises lecturesBombes anticléricales

et désertion directe : p 14

Revue de crise : p 15

Débats, offensives, impasse de l'école

 Vous êtes cernés p 16

La sarcaille est un

rapace nuisible

L'oeil de FennecEncart central à plier soi-même 

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2  – Tous en colère 

Ayant "récemment" eu l'occasion deporter quelques cartons, j'en ai

retiré une petite filosofi à l'usage des

producteurs-trices que nous sommestous.

Le monde des travailleurs, si divers etvarié en apparence, se résumerait seloncette filosofi à deux grandes catégoriesgénériques : le manutentionnaireintérimaire et le technicien d'analyse.

Le manutentionnaire intérimaire prendson carton au point A et le porte au pointB en passant par le point C. Ce pourraitêtre l'occasion d'un syllogisme sur lanullité des process de production siMarx et Bakounine n'étaient passés par

là. En effet, le travailleur marxistemettra, au point C, dans le carton unautre carton, dans lequel il mettra unautre carton, à l'infini puisque le carton ala taille de l'Univers - et l'on s'extasierasur la supériorité de l'économie de Planet les méthodes de gestion de la SNCM.Le travailleur bakouninien laissera aupoint C le carton vide (l'on saitaujourd'hui que l'énergie du vide estprépondérante dans l'Univers, surtoutquand elle explose), à moins qu'il n'yplace une grue, un tigre ou un autre

animal en papier plié à la Japonaiseselon l'antique art de l'origami, et ce enfonction du récipiendaire du carton.Quant au travailleur non politisé, ladécence nous oblige à taire ici ce qu'ilfera dans son carton au point C (on peutlire Deleuze-Gattari, Capitalisme et Schizophrénie pour en avoir une idée).Le technicien d'analyse porte lui aussison carton du point A au point B, quevoulez-vous qu'il fasse d'autre en cetriste monde ? Par contre , comme il estinstructionné, il va s'efforcer de trouver

le point G. Du carton. Raison pourlaquelle il peut espérer émarger chezbo-bo, alors que le manutentionnaireintérimaire mène une vie de serf. Lepoint G du carton plus ou moins bientrouvé produira chez la ménagère demoins de 50 ans -ou ne produira pas- lafameuse pulsion d'achat, puisque lasociété marchande, comme toute société,fonctionne sur la captation de la libidocollective.

le PsiloteLcr : nous ne parlons pas des classes

dirigeantes, ce ne sont pas destravailleurs mais des parasites, bienqu'ils se donnent un mal de chien pourétayer le mur de l'argent qui se fissure,qui se lézarde, qui menace ruine...

Un psilote

Collectif creusoisO ctobre 2005 : la préfecture doit faire

son quota d'expulsion de clandestins :à quelques jours d'intervalle, une jeunefemme enceinte et une grand-mère ont étéarrêtées par les gendarmes, envoyées encentre de rétention en banlieue parisienne,et, en l'espace de quarante huit heures, unedes deux était déjà renvoyée dans son paysd'origine.

A la suite de ces rafles inacceptables, uncollectif s'est créé, le collectif creusois"Halte aux expulsions".

Son but est d'essayer de prévenir etd'empêcher que ne se reproduisent desexpulsions comme celles du mois d'octobre2005, et d'essayer de se donner une structurequi permette de réagir et d'aider de manièreefficace une personne menacée d'expulsion.

Le collectif est composé de diversesassociations et institutions : Attac 23,MRAP, Cimade, Ligue des droits del 'homme, Ras ' l ' f ront , Lumiered'Afrique.... soutenu par PC, PS, Verts,LCR, CGT, AC!, SNES, SNUIPP,

FCPE, Solidaires... Il est pour le momentassez informel, et essaie de mettre sur piedune permanence mensuelle d'information

 juridique, d'établir des contacts avec desavocats spécialisés, de récolter quelquesfonds pour pouvoir répondre à des situationsd'urgence. 

Halte aux expulsions

 Face à la répression organisée, ici comme ailleurs, on s'organise,

 pour, qui sait, partager les richesses, pas la misère!

Collectif des SansPapiers de Limoges 

L e jeudi 22 décembre place de laRépublique à Limoges, s'est déroulée

une manifestation du Collectif des Sans-papiers avec de nombreux soutiens, contrecette répression qui s'aggrave de jour en

 jour, pour que les sans papiers accèdent audroit de vivre dignement et pourune régularisation collective des sans-papiers.

Depuis plusieurs mois le collectif des sanspapiers de Limoges a déposé auprès de lapréfecture 216 dossiers de demande derégularisations ce qui représente 500personnes. Depuis, seules 35 réponsespositives ont été signifiées contre 160lettres "d'invitation" à quitter le territoire quiont été envoyées.

La situation des sans papiers s'aggrave de jour en jour, les menaces de reconduite à lafrontière pèsent de plus en plus sur lesépaules des déboutés y compris à Limoges :la chasse aux étrangers en situationirrégulière est ouverte portant gravementatteinte à la dignité des personnes.

Les organisations soutenant le Collectif des Sans Papiers à Limoges: ADS, ATTAC87, CCFD, CGT CNASEA, FSU, GISTI,Inter 87 FSU, Jeunes CGT 87, USD SantéSocial CGT, LCR, MDH, MRAP, PCF, Ras

L'Front, Sud Etudiants, Sud Santé Sociaux,Les Verts.Début juillet 2005, la ville de Limoges et

le Conseil Régional du Limousin ont votédes motions de soutien aux sans papiers.Contact : Maison des Droits de l'Homme 37,rue Frédéric Mistral 87100 LIMOGES T :05 55 35 81 24Émail : [email protected]

Tiré de No passaran

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I l est vrai que quand on parle de la"gauche", les libertaires ont tendance

à tendre l’oreille car ils appartiennent unpeu à cette grande "famille"même s’il ya beaucoup à dire sur ce type declassification ! Ce qui est insupportable,ce sont les doubles discours : d’un côtéde grandes déclarations de principe etpuis, de l’autre, des positions concrètesbien "réalistes"à l’opposé de ce que l’onvient de défendre ardemment la mainsur son cœur philosophique !Un exemple de service public : l’eauSur le sujet sensible des services

publics (et il y en aurait bien d’autres !),certains semblent commencer à serendre compte du double jeu que desélus de "gauche" n’hésitent pas à utiliserplus que régulièrement. Lors de ladernière réunion du "Comité de défenseet de développement du service public"qui a eu lieu à Guéret, on a puainsi entendre des phrases de ce genre :" Il est facile de faire le consensus devocabulaire mais dès qu’il s’agit d’action… ."C’est un début dans laréflexion et, peut-être, celle-ci évoluera-t-elle jusqu’à ouvrir un peu plus lesyeux des militants de bonne volontéobnubilés par la mythique puissance desdifférents suffrages électoraux et par-làde leurs élus ? Un exemple trèsintéressant, c’est celui du "service del’eau": par définition, il n’y a pas "bien"plus "commun"que celui-ci puisqueétant à la base de toute vie sur Terre ! Etpuis, l’histoire et une certaine rationalitéfont qu’il n’y a pas plus décentralisé etdonc gérable au plus prés de l’usager.Voilà donc un "service public"aux petitsoignons. Et que croyez-vous qu’il

arriva : la privatisation à gogo ! Entreautres, la SAUR, en embuscade, n’enratant pas une, mais c’est tellementfacile pour elle ! Nos bons élus de"gauche", toujours sur la brèche pourdéfendre ces chers "services publics",qu’ont-ils fait et que font-ils encore ? Ilest intéressant de voir où nous ensommes au niveau de nos communes :toujours public ou privatisé ? A vous devoir. Demandez à vos chers élus de"gauche", qu’est-ce qu’ils en pensent etqu’est-ce qu’ils font réellement ? Tout

dernièrement, à Sainte-Feyre, lors de lamise en place d’un nouveau contratd’affermage pour le service public (!) del’eau potable, la SAUR se vit reconduitepour 12 ans. Les élus ont certainement

tranché pour le "bien"des citoyens-usagers de la Commune. Ne vousinquiétez pas, vous trouverez toujoursun bon élu de "gauche"pour vousexpliquer que ce n’est pas grave, quel’on peut déléguer sans aucun problèmeà une société privée la gestion d’un bienpublic : vive la "mission de servicepublic"! Grattez un peu derrière toutcela, vous verrez que l’on peut trouverdes choses très intéressantes … etperdre aussi pas mal d’illusionsélectoralistes. Nous pourrions aussiévoquer le cas de tel élu de"gauche"cherchant à contourner la "loilittoral"pour pouvoir fourguer quelquesterrains en bordure du lac de Vassivièreà un privé, la bave financière aux coinsdes lèvres, les discours répétitifs sur lesbienfaits de telle ou telle privatisation,…

Pour parfaire notre "éducationcivique", nous pourrons reprendre leproblème dans un prochain numéro

avec, par exemple , le problème desordures ménagères. Et à quelleconclusion, croyez-vous que l’onarrivera ?

"service au public": escroqueriesémantique 

C’est vrai que nous n’avons guèreparlé des élus de "droite ». Mais qu’endire ? Ils font tout simplement leur saleboulot mais ils ont l’ "excuse"de le fairesalement ! En Creuse, travaillés par leuréminence grise de plus en plusdécomposée, les trois pitoyables

marionnettes du "Comité de défensedes usagers du  service  au public"n’enfinissent pas d’essayer de manipuler lesusagers en jouant la carte sémantique :"service public"= "service au public".

Toute personne qui a un minimum deconnaissances dans la langue française,comprend que ce n’est pas du tout lamême chose. Tout changementsémantique est justifié par des arrières-pensées idéologiques. Et là, on voit toutde suite ce qu’elles sont : ce n’est pasun accès égal pour tous à des services(sens du "service public") mais desservices proposés, bien sûr, à ceux quiauront les moyens de se les payer.SALAUDS de PAUVRES ! Ilsvoudraient pouvoir avoir accès à desservices (publics) sans en payer le"véritable" prix. Et puis quoi encore,une petite pièce, peut-être ? Pas besoinde discuter longtemps de la droite, sonprogramme est simple, clair et assezprécis. Francis Laveix

Tous en colère –  3 

DE GAUCHE AVEZ-VOUS DIT ? COMME C’ EST BIZARRE ! 

Cacahuètes à volonté !

Qui a dit que le progrès social étaitinexorable  ? Un imbécile ou un naïf,

sans doute  ! Deux contre-exemples parmid’autres illustrent bien cette fameuse "luttedes classes" que certains essayent de nousfaire passer pour un vieux mythe ne

présentant plus aucun intérêt. B’en voyons !Vous ne voulez pas être délocalisés alors il

faut faire un effort  : par exemple pour lessalariés de Fenwick (Vienne) travailler 37,5heures au lieu de 35 avec le même salaire, çava sans dire. La CGT n’ayant rien d’autre àdire que ce fut "sous la contrainte" que lespatrons purent leur arracher une signature enbonne et dûe forme. On croit rêver  ! Mais ilest manifestement toujours possible de fairemieux  : chez Bosch France, la direction"envisage de négocier un retour aux 40heures", autrement c’est la délocalisation enTchéquie. Un magnifique progrès qui nous

ramène un quart de siècle en arrière !Parfois ce n’est plus la menace mais ladélocalisation bien réelle. Mais "bon prince",les directions proposent des reclassementsqui ne se refusent pas. En avril, desouvrières licenciées en Alsace se voientoffrir des postes en Roumanie à prés de 110euros mensuels  : inespéré  ! Dernièrement,c’est encore mieux. Début décembre, dessalariés de l’Allier (entreprise Radiatex)reçoivent en même temps que leur lettre delicenciement une proposition dereclassement …en Malaisie avec un peumoins de 100 euros mensuels et ceci pour 48heures par semaine avec 10 jours de congés.Les paris restent ouverts, qui dit mieux ?

SALAUDS DE SALARIÉS,TOUJOURS À SE PLAINDRE

ET À VOULOIR PLUS !

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Q uel est le point de rencontre entre les peuples

 autochtones, les pays du sud et les pays du nord ?Quelle est la revendication qui se fait jour et qui va

 globaliser les luttes au niveau mondial ?C'est la souveraineté alimentaire : le fait que chacun

 puisse satisfaire ses besoins alimentaires par la production

 de la région où il réside.  Notre alimentation ne peut plus

 continuer à être tributaire du jeu de monopoly de l'OMC. L'alimentation est un bien commun de l'humanité qui ne

 doit plus dépendre des intérêts privés. Lutter contre

l'agriculture productiviste basée sur des échanges d'exportations c'est lutter contre l'énorme gaspillage

 d'énergie qu'elle entraîne et contre la pollution qu'elle génère. Lutter pour la souveraineté alimentaire c'est

 promouvoir une décroissance intelligente, c'est vouloir une

 société autogérée où la définition et la gestion des besoins

 humains soient le fait des citoyens eux-mêmes et pas des fonds de pension. 

4  – La gueule toute verte… et noire 

E n Limousin, 10% seulement de ce quenous consommons est produit dans la région,de nombreuses productions locales sont envoie d'abandon : la production de légumes

frais ne couvre que 8% des besoins de larégion (surface légumière divisée par 20 en30 ans), celle des pommes de terre 23%, demême pour les volailles et les céréales.

Le poids des paysans dans la populationactive est plus important que dans d’autresrégions, mais les revenus sont plus faibles.L’évolution est identique à celle des autresrégions mais plus lentement. On assiste àl’abandon de la diversité et à une perte dessavoir-faire.

Parmi les causes expliquant cette fragilitéagricole et alimentaire, il y a la mise enplace de la politique agricole commune

(PAC). En s'éloignant de sa vocation initiale(souveraineté alimentaire de l'Europe), laPAC a privilégié un modèle d'agricultureproductiviste pour renforcer une logiqued'exportation.

Pour arrêter cette évolution, il apparaîtnécessaire de relocaliser la production et lacommercialisation (vente directe, magasinde producteurs...) et de développer d’autrestypes de productions.

Produisons ce que nous mangeonsUne étude récente, Vers une démarche

écorégionale d'E. Bailly, se demande quelserait le visage de l'agriculture limousine si

elle devait garantir à la région une auto-suffisance alimentaire.Les conclusions sont parlantes : la surface

nécessaire pour faire face aux besoinsalimentaires de base de la populationlimousine serait de 370 000 hectares, soitenviron 40% de la surface agricole utileactuelle (885 000 hectares). Il y a 717 000

habitants en Limousin et grosso modo ilsuffit d'un demi hectare par habitant pourproduire ce qu'il mange en un an, y comprisles surfaces nécessaires à l'élevage. Cetteculture étant définie selon un modèleagrobiologique soucieux de la pérennité desressources naturelles. Cette démarchepermettrait de créer 10000 emploisdirectement et 24000 indirectement !

Une telle hypothèse remet bien sûr encause la  spécialisation dans l'élevage aubénéfice d'une polyculture redonnant touteleur place aux cultures maraîchères etcéréalières. Et si 40% de la surfacecultivable suffit pour alimenter la populationlocale, les 60% qui restent permettraient deproduire pour les grands centres urbains quine pourront jamais par définition êtreautosuffisants, et aussi d'échanger pour

compléter la production locale par desproduits non cultivables ici : riz, sel, sucrede canne, etc.

Autogérons la terre

Pour la mise en place de cette productionagricole autosuffisante, l'étude citée plushaut fait confiance à l'humanisme de nosdirigeants et pose qu'il suffit d'arrondir lesangles de l'Organisation Mondiale duCommerce, pour que dans un cadreeuropéen, ce projet devienne réalisable.Pourtant cette hypothèse ne remet passeulement en cause un modèle demonoculture productiviste, elle remetfondamentalement en cause la propriétéprivée du sol.

Comment accomplir un tel bouleversementsans une réappropriation collective dufoncier ? Si ce sont quelques bureaucrates

européens relayés par d'autres bureaucratesrégionaux qui définissent ce que doiventproduire et consommer les habitants d'unerégion nous nous retrouvons face à uneéconomie planifiée d'en haut dont le modèlede type soviétique a fait les preuves de soninefficacité.

Par contre si la terre est considérée commeun bien commun, propriété indivisible detous, et dont l'exploitation est déléguée àcer tains selon des or ientat ionscollectivement débattues on peut espérerarriver à quelque chose de nouveau. Maiscette proposition sent le souffre, on pourrait

penser qu'elle remet en cause le systèmecapitaliste !

Autosuffisance, décroissance et capitalismeC'est les pieds bien ancrés dans la terre que nous changerons le monde

Hors de l'élevage, point de salut

L’agriculture limousine est spécialisée à 80% en élevage bovin etovin. La spécialisation a tendance à s’accroître. Les surfaces

exploitées sont en herbe et en polyculture pour l’alimentationanimale ; la tendance est à l’abandon de cette polyculture.

L'élevage limousin est dépendant des exportations (60% de laproduction bovine), des importations (céréales, soja pour nourrir lebétail) et des primes octroyées par l’Europe.

Ce sont les veaux qui, vers 8-9 mois, sont exportés pourl’engraissement en Italie. On retrouve ici la même structured'exploitation que celle subie par les pays du sud : une exportationde matière première à un coût minimum qui est ensuite valoriséeailleurs. C'est l'engraissement qui donne son prix au veau commec'est la transformation du minerai de fer mauritanien en France quidonne son prix à l'acier.

De plus cet élevage est fragile dans le cadre de la mondialisation.Depuis 2003, la production bovine insuffisante en Europe nécessitedes importations du Brésil et de l’Argentine. Ceci entraîne unebaisse des prix malgré les coûts dus aux transports qui ne sont paspris en considération. Le nombre d’agriculteurs diminue et lapression sur le foncier augmente (il est plus facile de trouver 80hapour s’agrandir que 20 pour s’installer). On assiste de plus en plus àun "surpâturage", les éleveurs sont poussés à augmenter la taille deleurs exploitations et se retrouvent avec plus de bêtes que ne

peuvent en nourrir les surfaces dont ils disposent avec commecorollaire une surexploitation des terres, des besoins accrus enimportation d'aliments de complément et un glissement de l'élevageextensif vers le semi extensif.C’est une véritable dérive de la filière bovine.

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La gueule toute verte… et noire - 5 

Effaçons l'empreinte capitalisteSi la terre est un bien commun, encore

faut-il qu'elle puisse continuer à nousnourrir !

Le modèle d'agriculture productiviste quinous est imposé est un facteur important dedestruction de l'environnement (engrais,pesticides, OGM, et pollution liée auxtransports).

Nous sommes aujourd'hui 6,5 milliards surterre. Nous serons 12 milliards à la fin dusiècle. 20% des terriens consomment 80%des ressources. Si nous vivions tous selonl'american way of life , il nous faudrait cinqplanètes comme la nôtre. Si nous vivionstous à la française, il nous en faudrait trois.Chaque enfant né dans un pays industrialiséconsomme et pollue durant sa vie, trente àcinquante fois plus qu'un enfant d'un paysrural. Depuis 1980, nous consommons plusde ressources que la terre n'en peutreproduire.

L’empreinte écologique mesure la surfacerequise pour produire notre énergie, nosinfrastructures (logements, routes, etc.), nosbiens et nos services. L’empreinteécologique globale de l’humanité a quasidoublé au cours des trente-cinq dernièresannées et dépasse de 20% les capacitésbiologiques de la Terre.

Et pourtant la croissance est le nouveaudieu auquel tous les régimes, de droitecomme de gauche sacrifient, pour desbénéfices à court terme, les emplois, lesretraites et le reste, sans avoir la lucidité dese demander si à force d'appauvrir lesconsommateurs il restera quelqu'un pour

acquérir ce qui est produit, et si la terrepourra continuer à produire !Militer pour l'autosuffisance alimentaire,

c'est militer pour la décroissance. C'est neplus vouloir consommer des tomates enhiver, c'est accepter les saisons, c'estaccepter de vivre dans le monde concret etpas dans le monde virtuel des faux besoinsque nous vend l'idéologie capitaliste.Puisque le capitalisme ne peut exister sansune croissance continue, alors, qu'ildisparaisse ! Patrick Faure

De s a n c i e n s m i n i s t r e s d el'environnement (Corinne Lepage et

Yves Cochet), des intellectuels guétés par lasenescence (Albert Jacquard , EdgarMorin), des présidents de ceci ou cela, desdéputés européens, un philosophe (qui"travaille" à la Cour des Comptes) et mêmedes fonctionnaires ministériels en postedans le gouvernement de la vile pinte !Ce n'est pas un inventaire à la Prévert, c'estune liste d'experts qui vont faire escale enLimousin.

En effet les 9 et 10 février ont lieu àLimoges les "1eres Assises du Limousin"sur le thème "Agriculture écorégionale etsouveraineté alimentaire". Sous la houlettede l'association "Intelligence (?) verte" unekyrielle hétéroclite de 27 experts autoproclamés viennent donner aux ploucs une

leçon d'écologie, d'agriculture durable etd'écorégionalisation. Avec autant debavards professionnels et des tables rondesqui ne dureront pas plus d'une heure etdemie, on peut être sûr que les problèmesseront traités à fond. Il est vrai que le publicn'aura pas la parole, sauf une demie heureen fin de deuxième journée. Il y a aussi unedemie heure prévue pour l'expression des"représentants du Limousin". Peut-êtrequelques élus du Conseil Régional quifinance cette manifestation, maiscertainement pas le Forum Social Limousinou la Confédération Paysanne, qui bien que

menant une réflexion alternative surl'agriculture et la ruralité, se sontdésolidarisés de cette mascarade : un viceprésident d'Attac et un secrétaire national dela Conf' font partie des intervenants, enfinseulement sur le papier et peut-être pour

donner des gages de réflexions alternatives,malheureusement ils n'ont jamais étécontactés (voir en encadré la mise au pointde la Conf).

Vous commencez à penser que ces"assises" sentent l'arnaque. Vous n'avez pastort. Tous ces beaux experts ne se déplacentpas gratuitement. Leur impresario"Intelligence verte" est une associationécolobobobidon qui, surfant sur la vagueécolo bon chic bon genre, vend beaucoup dechoses et particulièrement des rencontres dece type. "Vendre" est le bon terme. Cesassises ne sont pas ouvertes à tout lemonde : le droit d'inscription est de 95€ parpersonne, et de 75€ pour les chômeurs etétudiants (un tarif réduit comme ça, c'est duvrai social). A ce tarif les débats risquentd'être de "haute tenue" et bien

dépassionnés : vous connaissez quelqu'und'accord pour payer une telle somme pouravoir le droit d'ouvrir sa gueule pendantquelques secondes ! Il faut reconnaître ques'ils s'inscrivaient, les chômeurs pourraientmanger à leur faim : comble du ridiculedeux repas gastronomiques sont inclus dansle programme. Réalisés avec la maind'oeuvre gratuite des lycées hôteliers deLimoges et Tulle (ça s'appelle unpartenariat), ces repas doivent générer unbénéfice net pour Intelligence verte deplusieurs milliers d'euros d'après noscalculs. Bref avec 450 participants prévus,

soit une recette d'environ 30 000€, on voitque l'écologie ne rime pas toujours avecdécroissance. Il est vrai qu'un des sponsorsd'Intelligence verte est Carrefour ! Oncomprend bien quelle écologie au service dequelle société elle peut défendre. P.F.

Faisant suite à la diffusion d'unprogramme des "assises du Limousin" je

tiens à démentir la participation de laConfédération Paysanne à cette initiative.Le logo de la Confédération Paysanne a été

utilisé sans son autorisation. De même,comme ils me l'ont confirmé par téléphone,ni Guy BESSIN (Secrétaire National de laCP) ni François DUFOUR ne participeront àce colloque organisé par "Intelligence (?)Verte", ils n'ont jamais donné leur accord !Ces pratiques de la part des organisateurs (E.BAILLY, Ph. DESBROSSES) desserventfinalement les causes qu'ils prétendentdéfendre.

Issue d'une réflexion menée par différentesassociations et militants dans le cadre del'atelier Agriculture et Ruralité du ForumSocial Limousin, l'idée d'Assises del'Agriculture Limousine avait comme

objectif de bâtir avec les acteurs locaux(organisations agricoles, associations,entreprises, Conseil Régional, etc.) uneréflexion sur des alternatives crédibles etopérationnelles pour l'agriculture limousine

face aux enjeux environnementaux, à laglobalisation de l'économie agricole et à lafuite en avant des politiques agricoles.

La recherche d'une plus grandeindépendance alimentaire grâce à une

agriculture plus diversifiée, de circuitscourts limitant les transports, de systèmes deproduction plus économes, moinsénergivores sont parmi les pistes qu'il étaitsouhaitable d'aborder ensemble sanscontrainte de temps mais avec un soucid'ouverture et de dialogue. […]

La Confédération Paysanne du Limousinavait précisé sa position puis […] elle s'étaitretirée de l'organisation de cettemanifestation dont l'objectif se réduisait àcréer un événement médiatique coûteux,contre-productif, au service d'une initiativepolitique et sans doute électorale : "Objectif Bio 2007" sans lien avec les acteurs locaux.

Pour la Confédération Paysanne duLimousin, le Porte Parole, PhilippeBABAUDOU

Les assises de la récupération

Mise au point de la Confédération Paysanne (extraits) 

"La dépendance qui nous lie àla nature est aussi fondamentale que le "contrat 

 social". La consciencerévolutionnaire est donc nécessairement à laconvergence de la conscience

 politique et de la conscienceécologique. Il s'agit d'accomplir ici une double révolution." Jean-Pierre Tertrais

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6 - Désordre d'état 

Le régime de Vichy frappe encore...

E

n ces temps sécuritaires denational-sarkozysme, ce Pétaind ' E t a t n o u s a g r e s s e

quotidiennement. Une société sedévoile en particulier à la façon dontelle traite les plus vulnérables,chômeurs, SDF, migrants... mais aussienfants isolés. A ce sujet, Creuse-Citrona évoqué le cas des enfants réunionnaisvictimes des aspects « positifs » ducolonialisme. Le cas de Jean-Claude,Creusois d'adoption, révèle l'oppressionde l'Etat et de ses administrations sur lesorphelins de guerre.

Police, Justice, AssistancePublique collaborent...

Les parents de Jean-Claude se sontmariés à la Courneuve en juillet 1937.Deux enfants vont naître, André en ju il let 19 38 et Jean -Clau de enoctobre1939 . A cette date, le père estau front. Il sera tué et enterré dans laMarne le 12 juin 1940.

Le 27 février 1941, la police ducommissariat d'Aubervilliers débarquechez la mère de Jean-Claude à laCourneuve pour lui arracher ses deuxenfants et les déposer à l'AssistancePublique (A.P.) de Paris. A cetteoccasion, chaque enfant fait l'objet d'un

bulletin de renseignements, monumentde manipulation : le gardien de la paixqui dépose les enfants est dit

« inspecteur », Jean-Claude est déclaré« enfant naturel, de père inconnu », samère est accusée de « se livrer à laprostitution clandestine, négliger sesenfants, lesquels vivent dans un grandétat de saleté, mal nourris ». On peutpenser que l'accusation de prostitution aété utilisée pour suggérer que Jean-Claude n'est pas de son mari. D'autrepart dans le carnet médical qui va suivreJean-Claude jusqu'à 14 ans, le médecinqui l'examine le 6 mars 1941 le déclareen bonne santé !

Sa mère, alors âgée de vingt ans, vas u b i r d i v e r s e s p r e s s i o n s a ucommissariat. Après une proposition de« travail » dans un « BMC » (BordelMilitaire de Campagne) au « service »des troupes d'occupation, on la persuadede partir 6 mois en Allemagne en luifaisant croire qu'elle pourrait yretrouver son mari prisonnier deguerre ! A noter que si le Service duTravail Obligatoire (STO) ne seraorganisé légalement qu'à partir de 1942,dès 1941 la propagande allemande s'est

efforcée d'attirer de la main d'œuvre.Pour « légaliser » ce vol d'enfants, leTribunal de Grande Instance de laSeine, dans un jugement du 11 juin1941, déclare sa mère « déchue de lapuissance paternelle ensemble de tousles droits qui s'y rattachent » et confieses enfants à l'Assistance Publique. Elleétait absente à l'audience, car arrêtée parles Allemands le 21 mars, enferméeplusieurs semaines à la prison de SaintLazare . A sa sortie, elle se réfugie dansun restaurant arabe où elle travaille dans

les cuisines ; elle y restera quatre ans, lapolice n'y faisant pas de contrôles.TRAVAIL signifie BMC ou STO.FAMILLE signifie mari tué etenfants volés.PATRIE signifie Allemagne.

Matricule 1884Le bulletin de l'A.P. de février 1941

comporte un numéro de dépôt : 1884(1883 pour André). Sur le collier qu'ildoit porter jusqu'à six ans il sertd'« identité » de pupille de la Seine.Deux lettres sont reçues par l'A.P., unedu 20 mars 1941, de sa mère, déclarants'être « engagée pour 6 mois enAllemagne » et demandant de « placerses chers petits » chez leur grand-mèreou une nourrice « car ils n'ont été, nimaltraités, ni abandonnés ». Une de sagrand-mère maternelle du 18 avril 1941se disant « capable d'élever mon petit-fils, ou les deux, si c'est possible, car ilsn'ont pas été abandonnés ».

En vain, puisque sans attendre le jugement du 11 juin, les enfants ont étéenvoyés dès le 6 mars à Toucy dans

Etre GOUVERNE, c'est être : gardé à vue, inspecté, espionné,dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché,

contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres quin'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu... Etre GOUVERNE, c'estêtre, à chaque opération, à chaque transaction, à chaquemouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté,cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché,réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, etau nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé,rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié,volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte,

réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé,désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné,déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé,déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale !Et dire qu'il y a parmi nous des démocrates qui prétendent que legouvernement a du bon ; des socialistes qui soutiennent, au nom dela Liberté, de l'Egalité et de la Fraternité, cette ignominie ; desprolétaires qui posent leur candidature à la présidence de laRépublique ! Hypocrisie !...Pierre Joseph Proudhon, Idée générale de la révolution, 1851

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Désordre d'état –  7 

l'Yonne sous la responsabilité dudirecteur de l'agence locale dépendantde l'A.P. de la Seine...

« Il était à la botte des Allemands, ilavait droit de vie et de mort sur nous cesalopard... Les placements étaient

calculés par les services secretsallemands ; les parents nourriciersétaient pétainistes et rendaient compte àl'inspecteur tous les mois s'il y avaientdes résistants ou des parachutés aperçuspar les enfants ; une fois, j'ai vu unetente en lisière de bois et j’en ai parlé :quelques jours après les camionsallemands les ont ramassés... Nousétions mal nourris, il fallait compléteravec ce qu'on trouvait dans les champs,les bois … A la Libération rien n'achangé pour nous, on était maltraités,

en mauvais état … En octobre 1947, ilsont décidé de m'envoyer dans unInstitut médico-pédagogique prèsd'Angoulême ; j'y suis resté six ans,enfermé entre des murs et des grilles de4 mètres de haut … On était trois centsenfants, on n'avait pas de livres, onapprenait par cœur sans comprendre, onfaisait plus de travail manuel qued'éducation : faire les lits, les parquets àla paille de fer, nettoyer les salles decours, le préau... En 1953 je quittel'IMP pratiquement illettré et je suisrenvoyé dans l'Yonne … A partir de1954, ayant plus de quatorze ans, j'ai étéplacé au service de propriétaires quiprofitaient de moi 24 heures sur 24 ».

Le père de Jean-Claude ayant enfinété déclaré « Mort pour la France » sesenfants sont reconnus Pupilles de laNation en octobre 1955 et remis, jusqu'àleur majorité, entre les mains duministère des Anciens Combattants etVictimes de Guerre. Leur matricule vachanger : 260721 et 26072 ; euxresteront domestiques de ferme dansl'Yonne...

Construire une identitéVoulant échapper à l'exploitation, à 18

ans Jean-Claude suit une formationprofessionnelle accélérée puis s'installeà Poissy et trouve un emploi chezSIMCA : « Sur les chaînes de montagetu travailles, tu subis, tu peux pas direnon, mais t'es pas SDF ». Il suit descours du soir pour apprendre à lire et àécrire.

Par hasard, il découvre l'adresse de samère dans son livret militaire reçu en1963 : « Voulant renouer des liensfamiliaux, je pris contact avec ma mère,mais je ne compris pas ce qu’elle meracontait puisque l’Etat me paraissaitquelque chose d'irréprochable et de juste : je croyais l'Assistance Publique.qui nous avait dit que nos parents nousavaient abandonnés». Cependant, ildécide de rechercher des documentspour reconstituer la réalité : « J'aienvoyé plus de trois cent cinquantelettres recommandées, j'en collais dansla rue, le métro, les cabinestéléphoniques ; j'ai porté plainte contrel’administration à Versailles ». Faut-ilvraiment éclairer une période glauquede notre Histoire ? Auprès deministères, mairies, administrations, ilrencontre souvent mauvaise foi etinertie (il existe des prescriptions decent vingt ans, où les documents ne sontconsultables que par l’intéressé lui-même… après cent vingt ans ? !) :« Vous vous trouviez en danger auprèsde votre mère qui vivait séparée devotre père depuis plusieurs années »( D A S S , 1 9 8 3 ) . P è r e d é c l a r é« célibataire » (succession de sa grand-mère paternelle 1960) etc.… ! Endemandant un acte de naissance de samère, il apprend qu’elle est décédée le12 avril 1984… Suite à ce désordreadministratif, la plupart des biensfamiliaux sont passés sous silence etl’Etat a déshérité les enfants.

Après des années d'interventions, il aréussi à faire corriger les erreursfigurant dans les registres d'état civil età faire inscrire son père sur unmonument aux morts. Il est devenuspécialiste des [dits] fonctionnements

de l'appareil de l'Etat.

Etat d'hier, Etat de toujoursLe combat de Jean-Claude lui permet

de comprendre des réalités quebeaucoup préfèrent ignorer : « Laguerre, c'est pas le peuple qui laréclame, c'est l'Etat, la politique... En1941, on ne fait plus la guerre àl ' e n n e m i , m a i s c o n t r e l apopulation … Ils peuvent jugerquelqu'un en trois semaines, il leur fautdes années pour réparer... quand on seratous morts ? Les collaborateurs ont étémoins sanctionnés que les orphelins deguerre. … Ces messieurs de l'A.P. ontbien œuvré car plus le peuple estillettré, plus il est facile à gouverner…Je me suis dit : je n'irai pas voter. Est-ceque les politiques savent ce qu'est unorphelin de guerre de la DASS ? ... »

Récemment, une association nationales'est créée pour regrouper les Pupillesde la Nation et défendre leurs intérêts ;elle a une représentation en Creuse. Ilest encore temps de combattre lesséquelles des maléfices vichyssois, maisaussi urgent de s'opposer activementaux tentatives actuelles d'en fairerevivre divers aspects.

Elan Noir

 Les citations sont issues dediscussions avec Jean-Claude ou dedocuments de l'épais dossier qu'il aconstitué. Au delà de cet article, il y amatière à travail pour un historien decette période.Si certains se trouvent dans unesituation analogue, ils peuvent prendrecontact avec [email protected].

Enfances brisées« Il n'est pas rare que les pupilles soientplacés dans la famille ou l'institution quidemande le moins de pension à l'Etat, dansla plus pure tradition de la mise auxenchères des enfants. En compensation,l'enfant doit travailler très dur. Ces« vauriens » sont alors soumis au travailexcessif, parfois au détriment d'une

scolarisation normale, et à une disciplineextrême. Les maltraitances sont fréquentes

et régulières, d'autant qu'une sorte d'omertarègne dans le voisinage. Et si l'enfantdénonce, on ne le croit pas car aux yeux detous, ces enfants sont porteurs d'une faute.

Lors de leur majorité, après des années dedénigrement, de maltraitances, quedeviennent ces enfants à qui l'on a volél'identité ? La logique économique lespousse rapidement vers le travail : il fautqu'ils soient productifs, pour soulager cet

Etat qui les a soutenus durant des années. Ilsdeviennent boniche ou valet de ferme et très

peu d'entre eux ont accès aux étudessupérieures. La vie les a marqués au ferrouge et ne leur laisse que peu deperspectives d'avenir. »

Extraits du résumé d'un film documentaire passé à la télévision le 6 janvier 2005. Cemédia dédié au décervelage se déciderait-ilà nous informer réellement ? Hélas il s'agit de l'émission « Temps Présent » de laTélévision Suisse Romande sur les

orphelinats en Suisse 

Si les singes avaient le talent des perroquets, on en ferait volontiers des ministres. Chamfort 

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8  – Mauvaises fréquentations  

Creuse-Citron : Qui êtes-vous René

 Bourdet ?

René Bourdet : Un homme comme lesautres, mon truc c’est la poésie… on encrève, mais … j’aime regarder les arbres,tailler quelques ronces, observer, écrire.

On pourrait parler des poètes de la révolte,

les poètes contre.Ils sont tous contre ! (rire) les bons sontcontre … à part Paul Claudel et son éloge dela baïonnette qui allait transpercer le "boche"d’en face ! Trois siècles avant J-C - tu saisqui c'est J-C ? (rire) - le poète grecAristophane dénonçait la guerre avec« Lysistrata » : il avait imaginé les femmesdans la grève de l’amour ! Ce fut une despremières grèves : les femmes en avaientmarre de voir leur mari se faire « trucider »et « trucider » les autres.

 Il y a eu, en Occident, au Moyen Age, les

 troubadours qui ont prôné l’émancipation

 de la femme, comme Peire Cardénal.

On le voit dans le très beau film de Carnéavec Arletty et Alain Cuny « les Visiteurs dusoir ». La contestation venait surtout du faitd'une très grande misère, de souffrancesinouïes. Mais il n’y avait guère que ceux quisavaient lire et écrire la poésie et quiécoutaient le peuple : c’étaient des curés,des lettrés, des clercs. A l’époque, il n’yavait pas d’autre moyen d’accès à la culture.

Crois-tu que les poètes ont été

 contestataires dans toutes les époques ? au

17 et 18ème siècle, il y a eu un silence…Ce n'est pas un silence ! Au 17ème siècle, il

y en a eu qui ont été écartelés, conduits aubûcher pour avoir simplement dénoncé lesexcès de la religion. Ces poètes sont souventtombés dans l’oubli. Il y a eu Théophile deViau, très grand poète, qui a été condamné àmort pour athéisme, sauvé in extremis...mais brûlé en effigie !

Oui, mais il n’est pas connu pour être

 contestataire.Qu’est-ce que c’est que d’être contestataire ?

Il fallait un courage extraordinaire pourmettre en cause les dogmes de la religion,pour tenir tête à un certain Cardinal deRichelieu ! Par contre, sous Napoléon, lalittérature n’a rien donné tellement la sociétéétait verrouillée. Il y a eu Madame de Staël,qui critiquait Bonaparte, mais avec unevision réactionnaire.

Qu’est-ce qui s’est passé au moment du

 Romantisme ?C’était un mouvement bourgeois. Le seulintérêt c’est que Victor Hugo, qui étaitroyaliste, Pair de France, termine enveloppé

dans le drapeau de la République ! En période de « poigne de fer » d’un

 gouvernement, il y a des gens qui se

 soulèvent, c’est là qu’ils sont les plus

 nombreux. Au début du 20ème siècle, lors

 de la révolution industrielle, les écrits de

 certains poètes ont été très forts et pourtant

il y avait un muselage des faits et gestes qui

était énorme. Gaston Couté a dénoncé, le

 premier, l’essor du capitalisme. En 1914,

 Jacques Vaché a écrit des textes

 antimilitaristes. Et après le dadaïsme, le

 surréalisme ensuite…

Est-ce que ce n’est pas l’intérêt du pouvoirde laisser se diffuser ces écrits là, comme onlaisse une soupape de sécurité ? Comme illaissait G.Couté se produire dans lescabarets de Montmartre où il n’étaitd’ailleurs pas le seul : il y avait Bruant à sesdébuts, Rodolphe Salis, des gens quipouvaient s’exprimer contre le pouvoir enplace que cela ne gênait pas tellement. Tantqu’on ne touche pas à la propriété, ce n’estpas très grave de s’en prendre, en paroles, àla Banque, à la « bonne société ».Quant au dadaïsme, c’était une révoltecontre l’immense boucherie qu’a été laguerre de 14/18. Ces millions de jeunes qui

sont revenus blessés, esquintés pourtoujours, gazés, brisés… aussi bien chez lesalliés, que dans l’empire allemand. On adécrété, du jour au lendemain, que des gensqui avaient des amitiés, étudiaient dans les

mêmes lycées, les mêmes collèges,pouvaient s’entretuer ! Malheureusementl’Internationale socialiste a été incapabled’arrêter la guerre. C’est de là qu’est né cemouvement de révolte qui s’est traduit par ledadaïsme et le surréalisme dans toutel’Europe puisque Dada est né à Zurich,Tristan Tzara était roumain, Max Ernstallemand, Breton, Aragon, Eluard, PhilippeSoupault français…La presse de l’époque nedonnait pas cher de ces trublions, c’était de

tout petits groupes représentant une minoritéagissante sans intérêt, qu’il était de bon tonde laisser s’exprimer, voire même de luilaisser faire des procès, comme celui deBarrès !

 Revenons à Gaston Couté. Il n’est pas en

 contradiction avec les poètes du peuple

 parce qu’il a le langage accessible

immédiatement.Je chante les chansons de Couté, que j’aidécouvert très tard, il a le langage mais aussile contact. Il faisait le chemin de Paris àOrléans à pied, car il était très pauvre. Il a pu

écrire, durant ses longs trajets, les« Mangeux d’terre » : il constatait, devisu, qu’on volait les chemins, comme enCreuse aujourd’hui où des propriétairesveulent acheter à une commune des cheminsqui appartiennent à tout le monde. Onraconte que, n’ayant pas de quoi se payerl’hôtel, Couté allait directement à lagendarmerie où il chantait ses chansonsdevant les gendarmes du village qui yprenaient, eux aussi, un certain plaisir…gourmand (rire).

 Le comportement poète de Couté, est très

 différent de celui de Bertolt Brecht que tu

 affectionnes. Chez ce dernier, on sent une cassure, une coupure avec le reste du

 monde : il sait, il dénonce, mais il n’est pas

 accessible.

On s’est évertué à ne pas le rendreaccessible ! Brecht s’est fait connaître dumonde entier par le théâtre, mais c’est unthéâtre qui est fait pour être joué, pour êtremis en scène, pas pour être lu. J’ai vu àNanterre, dans les années 70, la pièce « laMère » adaptée de Gorki, jouée par la troupedu « Berliner Ensemble » dont il avait été ledirecteur. Depuis, il était mort, c’étaitHélène Weigel, sa veuve, qui interprétait la

mère. C’était accessible à tout le monde. Jen’ai pas compris un mot puisque c’était enallemand, mais en regardant la mise enscène, les costumes, le jeu des acteurs, tuavais la même émotion que si tu avais

Entretien avec un musicien des mots : René Bourdet

 Derrière son orgue de Barbarie, échevelé, écorché vif, révolté, René Bourdet a la voix claire et

 passionnée, car il vit dans la poésie, le théâtre, l'art. Initiateur du Centre Culturel de la Spouze sous

Gouzon, où il habite et prépare, depuis 2000 , ses « Jardins-Jeudis », ses spectacles et différentes

expositions , René édite également son « Oeil de Fennec », (à découvrir encarté dans les pages centrales) périodique de poésie à tout petit tirage et d'une grande humanité.

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Mauvaises fréquentations – 9

Comment penser librement à l'ombre d'une

chapelle ?

compris le texte. C’est ça le théâtre ! Lamise en scène éclaire le spectacle : l’acteurest à la fois acteur et personnage, c’estl’effet de distanciation. Selon les acteurs, il ya une lecture différente, avec des voix, desvisages, des corps différents… tout en

respectant le texte. Mais Brecht a eu un passé sombre, une

 période trouble, c’était un stalinien ?A mon avis, il n’a pas été stalinien. Il a été

chassé de l’Allemagne par Hitler, tous sesbiens ont été saisis, ses livres brûlés par leIIIème Reich. Il était plus proche dessociaux-démocrates que des communistes. Ilest allé en Suède, berceau de la Social-démocratie, mais les Suédois, voulant resterneutres, l’ont expédié au Danemark. De là, ilest allé en Finlande puis aux Etats-Unis. LesAméricains savaient très bien qu’il n’étaitpas membre du Parti Communiste ni

d’aucun parti. Il a travaillé sur des scénariosà Hollywood. Ses premières pièces ont étémontées à New York. Il s’est associé avecdes musiciens anti-fascistes comme KurtWeill, avec le metteur en scène allemandHans Eisler qui l’ont rejoint aux Etats-Unis.A la fin de la guerre, il a refusé de retourneren Allemagne, écœuré par ce qui s’étaitpassé dans son pays (il avait compris que lesanciens nazis passeraient entre les mailles dufilet), il s’installa en Suisse. Après, il revienten Allemagne de l'Est où il devient ledirecteur de la plus grande scène de théâtre,le « Berliner Ensemble », qui se trouve en

zone soviétique, associé au metteur en scènesuisse Beno Besson, passé lui aussi en R.D.A. Pendant une dizaine d’années c’est la« lune de miel » dans la mesure où il avaitune renommée internationale : ses piècesétaient jouées dans le monde entier. Ce quiest certain c’est que, dans les dernièresannées de sa vie, il a été extrêmementcritique vis-à-vis du régime soviétique.

Tu as offert, aux lecteurs de Creuse-Citron,

une revisitation de l’œuvre de Brecht.Peut-être que ceux qui l’ont traduit sont debonne foi, mais selon la traduction, ça peutperdre de sa nature poétique, de son impactpolitique. Brecht, c’est comme chacun denous, c’est un cheminement. Il est issu d’unmilieu petit-bourgeois, fait des études demédecine, à 18 ans on l’envoie sur le frontramasser les morts allemands. A cet âge, onne revient pas indemne de ces expériences.A la fin de la guerre, il se retrouve aux côtésde tous les opposants qui contestent lerégime en place. A ce moment là, il estvraiment libertaire. Dans une de ses pièces« Tambours dans la nuit », il démonte lasociété telle qu’elle est. A-t-il étécommuniste, au sens « brejnévien » duterme ? Ça m’étonnerait ! Il pose des

questions simples comme : « Que demandeun ouvrier qui lit ? Qui a construit Thèbesaux sept portes ? Et Babylone, plusieurs foisdétruite… Dans les livres, on donne le nomdes rois, mais les rois ont-ils traîné les blocsde pierre ? Rome est pleine d’arcs de

triomphe. Qui les érigea ? Quand la muraillede Chine fut terminée, où s’en allèrent lesmaçons ?' » Peut-être faudrait-il unapprentissage de la lecture de Brecht !

 Mais Brecht n’est pas un auteur

 prolétarien !Victor Hugo non plus! Dans un autre livre,Brecht parle de la théâtralité des hommespolitiques : il explique que toute la politiquedes grands de ce monde est un immensethéâtre. Il raconte les rencontres d’Hitler etde Mussolini – que Charlie Chaplin a trèsbien su illustrer dans « le Dictateur ». Alorsque Mussolini s’exhibe volontiers en maçon,

cultivateur, chauffeur ou escrimeur, Hitleraffectionne l’attitude du petit bourgeois quiinspecte. Tandis que Mussolini, affairé etempressé, lui montre ses grands travaux, sesbelles réalisations, le « peintre en bâtiment »[comme le baptise Brecht dans son théâtre]

 joue l’homme d’affaires en voyage qui seraitaussi un fin connaisseur de l’architecture, del’art antique, de la vraie musique allemande.

 Pe ut -ê tre est - i l pré curseur des

 situationnistes s’il fait l’analyse de la

 politique comme un spectacle ?Déjà Molière avait compris que Louis XIV

était un immense comédien puisqu’il lefaisait jouer dans ses propres ballets.Richelieu qui s’habillait de pourpre pourécraser le Roi qui était en gris. N’était-ce pasdu théâtre ? Un autre texte sur un condamnéà mort, en Allemagne, pour raisonspolitiques : « Quand il se rendit àl’échafaud… qu’avait bâti des gens commelui, et la hache aussi qui maintenantl’attendait, avait été faite par des genscomme lui… ils n’avaient fait que partir…ou bien ils avaient été chassés et pourtant ilsétaient là, présents dans l’œuvre de leursmains. Il n’est pas jusqu’à la lumière, dansles couloirs qu’il emprunta pour aller à lamort, qui ne soit leur œuvre… Pourquoi luifallait-il donc être seul alors qu’il a parlé aunom de tant de gens ? Pour la raisonsuivante : les oppresseurs se groupent tandisque les opprimés sont désunis ». N’est-cepas d’une simplicité, d’une clarté absolue ?Il faut avoir la volonté de le lire. Brecht estinépuisable ! J’ai adapté et lu des textesdevant des jeunes. Sa leçon estextraordinaire, c’est celui qui a le plus usédu bistouri pour savoir comment était faite lasociété.

On a l’impression que c’est en période de

 conflits que le poète commence a être

 apprécié…La poésie tourne sur elle-même, c’est le« moi je », en ce moment c’est le « nov-langue », c’est-à-dire qu’on écrit des chosesque personne ne comprend. Je reçois des

revues comme « La Cigogne » – deBelgique – très engagée dans le combatalter-mondialiste, très critique par ce qui sepasse dans le giron de Bruxelles, qui tire àtrois cents exemplaires, dans laquelle mespoèmes sont repris, comme dans la revuesuisse « Axo-lotl » mot mexicain aztèqueLes poètes se sentent frustrés, d’accord, maisla plupart ne font pas beaucoup d’effortspour sortir d’un petit noyau. Il y a cependantquelques confréries de la poésie qui fontdans des cafés-théâtres ou bistrots à Vierzon,à Bourges, mais je ne vois pas la mêmechose en Limousin. Le problème c'est queles gens ne s’acceptent pas les uns les autres,

il y a beaucoup de chapelles. L'état de poésieest donné à tout le monde mais chacunl’exprime différemment, par le cinéma, lapeinture, la photo, la musique,l’architecture - il y a de très belles maisonsqui sont le fait de poètes.Concluons en laissant la parole à Bertolt

 Brecht :

"Vu l'incertitude de la conjoncture,beaucoup préfèrent dire la vérité, ignorant quel en est le danger ".

Graffiti romain des premiers temps duchristianisme. On représente déjà Jésussur la croix affublé d'une tête d'âne avecce commentaire : "Alémanos (le croyant)adore dieu"…Image et commentaire tirés de  A bas lacalotte ! de G Doizy et J-B Lalaux auxéditions Alternatives.

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10 - Mémoire au poing  

L a loi de 1905, dite de séparation del'Eglise et de l'Etat, n'est pas pour les

anarchistes, une avancée dans la destructiondu fait religieux ainsi que l'ont rabâché tous

les laïcs à l'occasion du centenaire de sapromulgation. C'est au mieux une loi deconciliation.

A l'origine, les partisans de la laïcité, doncde la séparation des affaires religieuses etpolitiques, se divisaient en deux camps quis'affrontaient en argumentant à qui mieux-mieux sur les bancs de la Chambre. Les unsrêvaient d'éradiquer la religion chrétienne,omniprésente ; les autres, tels Jean Jaurès etAristide Briant, qui ont fini par l'emporter,désiraient simplement affirmer la neutralitéreligieuse de l'Etat et garantir la liberté deconscience conformément à la Déclaration

des droits de l'homme et du citoyen.Une loi de conciliation donc, qui noushérisse. En effet, si les évêques, prêtres etpasteurs ne sont plus, enfin, rémunérés parl'Etat, celui ci prend en charge, avec l'argentpublic, l'entretien des centaines de lieuxcultuels, de la petite chapelle à la cathédrale,qui sont désormais sa propriété. Signalonsqu'en Alsace et en Moselle, oùl'enseignement religieux est obligatoire, lesreprésentants des cultes ont toujours un

traitement et un statut de fonctionnaire, carles évêques sont nommés par le ministre del'intérieur, lui même ministre des cultes !

Une loi de conciliation, qui, en autorisant

la sonnerie des cloches, permet à l'Eglise derappeler de force son existence jusque dansles oreilles des athées, voire celles desmusulmans, non pris en compte par cette loi,mais qui voient d'un bon oeil la propositionde certains politiques de financer laconstruction de mosquées à la place d'

organisations islamistes très actives.Une loi de conciliation, qui autorise

l'absence, à l'école ou sur le lieu de travail,en raison de fête religieuse, pour les

orthodoxes, les musulmans, les juifs et lesbouddhistes. L'Eglise catholique et romainen'est pas en reste. Rappelons quel'Ascension, les lundis de Pâques et dePentecôte, l'Assomption au 15 Août, fêteschrétiennes inscrites sur les calendriers, sontdes jours chômés officiellement. Il estconsternant, à ce propos, que les « laîcsrépublicains », «radicaux » compris , surtoutdans la fonction publique , ne soient pasincommodés outre mesure par ces effluvesreligieuses.

Une loi de conciliation enfin, puisquel'Etat reçoit sans vergogne des représentants

notoirement reconnus sectaires (CF articleci-dessous) et que des ministres dansl'exercice de leur fonction s'affichent auxbasques de religieux ou déclarentpubliquement être catholique.

Regrettons donc que cette loi de séparationn'ait pas été celle de la destruction del'Eglise et de l'Etat, étant bien entendu quetoute loi elle même est à détruire.

Alain Pie .

Après les commémorations du centenaire de la loi de 1905 surla séparation de l'Eglise et de l'Etat, n'est-il pas urgent

d'inclure le mot secte dans ce texte ? En effet, on connaissait déjàles amitiés particulières de l'agité du Karcher envers lascientologie, puisqu'il a reçu en grande pompe Tom Cruise, lereprésentant officiel de cette secte, au sujet d'un redressementfiscal. Le lobbying pseudo-religieux continue à sévir.

Depuis plusieurs années la secte des Témoins de Jéhovah doit del'argent à l'Etat mais refuse de payer sa dette. Lors du vote dubudget 2006, le 19 septembre 2005, à l'Assemblée Nationale, lesdéputés ont adopté un amendement mettant en demeure les

"Témoins de Jéhovah" de régler leur dette s'élevant à... 45 339 000Euros. Pour récupérer à cette somme, les services fiscaux n'ont pasfait preuve de leur habituelle réactivité pour saisir maison, terrain,voiture et compte bancaire, comme ils le font avec lescontribuables et certains syndicats alternatifs, tels que laConfédération Paysanne.

D'où vient cette différence de traitement ? Cette secte aurait-elleaussi, au sein du gouvernement, des amitiés qui lui permettraientde se mettre hors la loi ? Nous devons interroger les élus sur lesuivi de cette affaire ! Pour mémoire, l'Etat n'a pas d'argent pourles minimas sociaux. Patrick L.

La dette des témoins de Jéhovah 

La loi de 1905 

S uite à l’article sur le livre de RenéRougerie (« Henri Nanot, un amour fou

de liberté  ») publié dans le numéroprécédent de CREUSE-CITRON, nousavons eu l’extrême plaisir de recevoir uncourrier …du fils d’Henri Nanot avec unexemplaire de la revue Peuple, publiée parson père!

Au-delà de la surprise, c’est une grandeémotion qui envahît les gens du journal.Connaissant et ressentant profondément lesinjustices mortelles qui touchèrent son père,nous ne pouvions qu’être atteints par cette"piqûre de rappel historique".

Les libertaires souvent victimes de cegenre d’ « aléas politiques » sont, sansdoute, plus sensibles que d’autres à de telsévénements.

Ne comptons pas sur l’Histoire pourrétablir une vérité, somme toute,insignifiante aux yeux des dominants.

L’Histoire est faite par les vainqueurspour glorifier quelques « chefs » sansimportance et pour apprendre aux vaincus lasoumission que l’on attend d’eux ! Mais la"mémoire des vaincus" est difficile à effacer,les luttes de ces femmes et de ces hommesrestent liées à un réflexe de résistance et derévolte qui ne peut être éteint comme onsouffle sur une flamme vacillante.

Les tortures physiques et morales infligéesà Henri Nanot resteront dans la mémoiredes « insoumis » comme un crimeinqualifiable qui continuera d’alimenter leurrévolte et leur lutte. Couverture de la revue PEUPLE 

animée par Henri Nanot  

Henri Nanot (suite à l'article de Creuse-Citron 6) 

7/31/2019 Creuse-Citron N°07

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Mémoire vivante –  11 

Depuis quelques temps déjà, ArmandGatti revient à la Montagne

limousine, sur le plateau deMillevaches. Cet été 2005 encore, en début juillet, Gatti est venu, d’un saut, quelquesheures à Tarnac rencontrer et sentir vibreren lui la vie et la verticalité de « ses morts »,de ses arbres…. […]

Automne 2005 […] l’idée vint alors deproposer à Gatti une lecture publique sur leplateau de Millevaches. […]Nous sommes le 29 octobre, Guingouin estmort depuis quelques heures. Gattil’apprends sur le quai de la gare desBénédictins ; une émotion intense et discrètel’étreint. Mais nous prenons la route pour

Gentioux, et voici la salle des fêtes où la"lecture"-repas auberge espagnole-veilléeavec Gatti a été soigneusement arrangée parnos camarades du Plateau.

Nous étions près de cent ce soir là pour unmoment extraordinaire. Il fut question, pêle-mêle, de la Résistance, de GeorgesGuingouin/Raoul, de la Chine de la LongueMarche, de physique quantique... Gatti nousconta des malheurs que nous nesoupçonnions pas en nous : la violence et laséparation qui nous habite à cause de nosreprésentations du monde fondées sur une« connerie grecque », la géométrie

d’Euclide. Celle qui a inventé parcommodité la droite (et la gauche !), cettefiguration qui lacère comme un coup decouteau mais ne correspond à rien de vrai,de vivant : où est la courbure, alors !Il est donc des représentations – desidéologies- qui mutilent en voulant à ellesseules capturer le monde en totalité, à enréduire les dimensions, à en inscrire deslimites au moyen d'axiomes. Elless’appellent la géométrie, l’économie, latechnoscience, la religion, les sigles … etcoupent les humains de la (leur) nature, del’Univers. Alors, attention !  Au

commencement était le verbe et dans lessociétés humaines les paroles fontrévolution ou enfermement, selon leurcaractère.

Car il est d’autres conceptions et cultures -avec leurs langages - issues de pratiques,

plus concrètes (la récolte, les saisons..), plusimaginatives, plus relatives et faisant

passerelle avec la nature, l’univers, qui nouspermettent d’entretenir d’autres relationsavec le temps, l’énergie, l’espace, soi-même, les autres... Gatti nous invite à leschercher, à les découvrir, à les apprendre, àles croiser, à traverser leurs langages. Ilnous en envoie, à la volée, quelques bellesillustrations. Ce sont : les groupes –mathématiques- d’Evariste Gallois, l'art des

 jardins zen ; les idéogrammes ; le cinquièmepoint cardinal chinois – le milieu ; « larencontre à un moment donné d’élémentsonores et rythmés, donc la notion demusicalité telle que l’entendait Mallarmé » ;

la physique quantique (« les incertitudesd’Heisenberg, ce qui me parait capital ausort du monde »)…

Puis d’un coup, après de longuesdigressions dont le secret est d'enrichir sondiscours sans jamais en perdre le fil, le poètenous invite à une ré(in)surrection passionnéede Roger Rouxel : Roger, son double, jeunerésistant lyonnais du groupe Manouchian,fusillé, lui, à dix-neuf ans, dont la dernièrelettre, à Mathilde, est une lettre d'amouradmirée par Thomas Mann. […]

Enfin Gatti va nous lire/ré-citer unegrappe de poèmes, fruit d’une créationcollective populaire réalisée avec desgroupes de gens à Bourgoin-Jallieu près de

Lyon.A Bourgoin, Gatti a colporté l’idée du retourde Roger Rouxel, entraînant avec lui danscette envie créatrice un groupe d’ouvriersoccupant leur usine, des écoliers, despaysans, des lycéens, des professeurs..

Il reprenait la « technique du porte à porte »expérimentée auparavant, dans trois

quartiers périphériques de Berlin, auprèsd’habitants avec lesquelles il redonna vie, àtravers une création théâtrale « Rosacollective », à un de ses personnagesemblématiques : Rosa Luxembourg. […]

Hélène Châtelain intervient à son tour.Elle nous dit que (pour elle et Gatti) l’idéede revenir ici, en Limousin, sur le plateau deMillevaches, datait d’environ 10 ans, alorsqu’ils étaient venus monter dans la région lapièce de Gatti « L’Enfant Rat » et avaientfait déjà à Tulle et à Limoges de bellesrencontres.« Il fallait revenir ici, [nous confie-elle], au

‘trou de la Berbeyrolle’, pour retrouver ‘laconjugaison des mots de la Résistance’ quela pra t ique à r épé t i t ion descommémorations a pétrifiée.Pour cela nous avons le très profond désir de fonder ici un lieu de rencontres,d’échanges, de pensée, de création, de partage : un espace naturellement en lienavec les thèmes et questions qui fécondent l’écriture de Gatti, en particulier aujourd’hui. Bien entendu, ce projet ne peut exister ques’il s’appuie sur les désirs et la volonté desgens qui travaillent ici depuis des années,

dans cet ‘espèce d’humus historique’ si particulier que nous cherchons àcomprendre ». 

Avant d’aborder un repas commun émailléde mille discussions, dont les élémentsapportés par chacun avaient été disposés surune grande table, Gatti nous racontel’histoire des Femmes en noir de Tarnac. Ils’agit pour lui d’un des plus grandsmoments de la Résistance. […]

Pour découvrir le parcours inouï de la vie d’Armand Gatti, lire notamment : Armand Gatti Poète de Marc Kravetz,éditions Jean Michel Place 2003. Ce 

livre peut être emprunté gratuitement au Cercle Gramsci ; en faire la demande au 31 rue du Clos Ste Marie 87000 Limoges.

D eux rendez-vous pour toutes les personnes intéressées àprolonger la venue de Gatti cet automne par divers projets

artistiques (ou autres) à définir.Une rencontre en Limousin à Eymoutiers (87) le samedi 4

février 2006 à partir de 15 heures à la librairie du PASSE-TEMPS.Nous pourrons faire le point sur les suites de "l’aventure Gatti"après la lecture du mois d’octobre à Gentioux. Nous pourrons aussiconfronter nos envies, nos idées, nos désirs et, peut-être, poser lespremiers jalons pour un projet (ou plusieurs) bien concret.

Une première "auto-école" à Ligoure (prés de Limoges) leweek-end des 11 et 12 mars intitulée "Itinéraire, combats etécritures d’Armand Gatti" qui nous permettra d’entrer dans

l’œuvre de Gatti par la porte "Rosa collective" (Il donne uneimportance particulière à Rosa Luxembourg dans son travail) ainsique par "l’Opéra au titre long".Par la suite, une deuxième "auto-école" pourra avoir lieu, plusspécialement axée sur le travail actuel de Gatti avec la physiquequantique et ses incertitudes.

A lire absolument : le livre-entretien de Claude Faber : "ArmandGatti, la poésie de l’étoile" aux éditions Descartes et compagnie.

Contacts :Francis JUCHEREAU 05 55 31 23 07 [email protected] LAVEIX 05 55 64 73 17 [email protected]

29 octobre 2005 : VEILLEE à GENTIOUX avec ARMAND GATTI« Retour aux mille sources » extraits d'un article à paraître dans la lettre du Cercle Gramsci

7/31/2019 Creuse-Citron N°07

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12  – Capitalisme à la poubelle  

J’ ai fait un rêve. Des murs couronnés debarbelés couraient sur des centaines,

des milliers de kilomètres, semés demiradors, fermant un espace prospère. À

l’extérieur de ces murs, on entendait desbruits de coups, de grattements, des cris derage, des plaintes. En tendant l’oreille onpouvait déceler une phrase répétitivechuchotée, hurlée ou pleurée par des voixinnombrables :-Laissez-moi entrer, j’ai faim. Laissez-moientrer, j’ai faim…

Et de ce côté-ci du mur, à l’intérieur, onn’était pas nombreux, quelques-unsseulement, très dispersés, à murmurer entrenos dents :-Laissez-moi sortir, j’ai honte.

Evidemment je ne me suis pas réveillée.J’ai les yeux ouverts et ce putain de rêven’en finit pas de perdre ses couleurs pourfinir dans un camaïeu où on peut discernertoutes les nuances de la merde.

Les rêves sont trompeurs : l’espaceShengen n’est pas fermé, seulement pourvude filtres qui ont tout du laminoir. Le but n’a

 jamais été d’empêcher les non-Européensd’entrer, ni de les faire sortir jusqu’audernier. Le but est de les fragiliser au pointde leur faire accepter sans moufter desconditions de vie et de boulot dont nos aïeuxont mis un siècle à se débarrasser, au prix deluttes acharnées et de nombreuses morts.

La guerre des classes n’est pas une

théorie mais un fait Dans ce monde, on meurt plus au boulotque de maladie, de guerre, d’accidents debagnole. Selon la dernière enquête du BIT,le travail fait 2,2 millions de morts par an ence début de siècle. Suivant les évaluations dumême organisme, il en faisait 1,1 millionsentre 1994 et 1998. Grâce à lamondialisation et ses zones spéciales deproduction, où bossent 42 millions detravailleurs, principalement des femmes etun nombre non évalué d’enfants, placés parles impératifs de la compétition dans deszones de non-droit absolu, grâce au recours

effréné à la sous-traitance, le nombre demorts au travail a doublé en sept ans. Quidira que la guerre des classes n’existe pas ?C’est celle qui fait le plus de morts.

La croissance a besoinde chair à canon 

Elle ne peut l’obtenir qu’à deuxconditions : exercer une pression telle sur laviande à boulot qu’elle se plie sans regimberaux pires traitements, et désolidariser d’ellele reste de la population. Pour la pression, ilsuffit de rendre les conditions de vieimpossibles dans certains pays, par exempleen imposant une privatisation tous azimutsqui détruit en quelques années le peu de

services dont profitaient les populations : unaccès limité à la santé, à l’éducation, auxtransports, à la flotte, à l’énergie, auxtélécoms. Rajoutez une petite guerre par-cipar-là pour écouler les productions

excédentaires de nos chers marchands decanons et s’approprier quelques ressourcesminérales, et le flux humain des payspauvres commence à s’écouler vers les pays

riches. Là où se trouvent comme par hasardles sièges sociaux des entreprises qui se sontpartagées leurs ressources, et où, de surcroîton manque cruellement de bras quasigratuits. En arrivant par exemple au pays deBolloré, Bouygues, Vivendi, Carrefour, Elf Totalfina, France Telecom, Lagardère,Matra, Dassault, etc... l’Ivoirien naïf s’imagine être en terre familière : cesenseignes lui sont connues, elles ont achevéde saturer son paysage et de réduire à néanttoute possibilité de survie décente pour descentaines de milliers de ses potes. Mais iciça va se passer mieux sans doute, il faut bienque le pognon de l’Afrique se retrouvequelque part. En fait, l’Ivoirien naïf ne tardepas à déchanter : sans papiers, il est en

infraction et soumis à un harcèlementpolicier qui n’a fait que s’intensifier ces

dernières années. Il ne lui reste plus qu’à seplanquer et à accepter n’importe quel boulot.Et du boulot il en aura. Qu’il bosse à ACOR,sur les Chantiers de l’Atlantique, dans lesBTP, l’agriculture ou la restauration, il auradu boulot par dessus les oreilles. Pas dutemps, ni du fric, ni la moindre sécurité, niun appart, ni la tranquillité, juste du boulot.

Terrorisé par les flics, surexploité par despatrons bien Français, saigné à blanc par lesmarchands de sommeil, considéré comme undangereux furoncle par la majorité des bonsFrançais, il en aura une tartine à raconter surle pays des droits de l’homme qui ne l’aaffamé là-bas que pour l’enterrer vivant ici.

Et qu’il n’aille pas s’imaginer qu’il lui suffitde s’installer en France, choper des papiersen règle à force d’obstination, devenir de faitcitoyen Français pour sortir de la panade.Chassé de la taule du sous-développement

délibérément construite par les pays riches,il est claquemuré pour des générations dansdes quartiers de relègue où il sera prié de setenir tranquille, de ne pas roter après avoir

grignoté les miettes qu’on lui octroie, et dedire merci maître quand on saupoudrera sescages à lapins de menue monnaie pour faireretomber la vapeur de temps en temps.

Pour la désolidarisation, on a pu mesurerdernièrement où on en était, s’il nous restaitle moindre doute. Avec la création des BACil y a quelques années, la répressionpolicière a changé à la fois de nature et dedegré. On est passé de l’îlotage aux rafles,de l’encadrement brutal au harcèlementsystématique. Les flics bouclent certainsquartiers et ramassent tout ceux qui traînentdans la rue, dans les bistrots, voire dans lesentrées d’immeubles.

La pêche aux sans-papiers n’est jamais mauvaise

Elle s’entasse dans les centres de rétention(on n’ose pas dire camps de concentration,bien que ce soit la terminologie exacte), oufait l’objet d’une expulsion immédiate. Ilfaut faire du chiffre, du chiffre, du chiffre,martèle Palmito avec la gueule de JoeDalton quand il trépigne en postillonnant :laissez-moi le descendre. Ces scènes serépètent partout sur le territoire. À Limoges,où les flics faisaient des descentes au défuntSquathédrale chaque fois qu’un Solex étaitpiqué ou qu’un pétard éclatait dans le coin,

un sans-papier s’est pété les jambes ensautant par la fenêtre dans un moment depanique. À Clichy-sous-Bois, Bouna, Zyadet Metin, qui jouaient au foot avec des potes,ont été pris de la même panique en entendantles talkies-walkies des condés, et ils ontdétalé comme des lapins pour éviter uncontrôle d’identité et une probable mise enrétention. Qui s’en étonnerait ? On vientrafler les sans-papiers jusque dans les classesdes collèges et des lycées, voire des écolesprimaires. Bouna, quinze ans, n’aura plus

 jamais besoin de papiers Français. Son poteZyad, dix-sept ans, a grillé avec lui. Metin,

sans papiers âgé de 22 ans, est gravementbrûlé mais vivant. Interrogé par les flics ausortir du coma, il a dit ce qu’on a voulu, puiss’est rétracté et a raconté ce qui s’était passéaprès que le juge d’instruction ulcéré desprocédés des flics ait exigé d’être le seul àl’interroger dans le cadre de l’enquête. Bon,la gerbe médiatique sur la racaille, on l’atous entendue, c’est l’état d’urgence, il fautprotéger la démocratie contre tous ces petitsbronzés qui font régner la terreur. Une choseest vraie dans ce discours : les banlieues sontdes zones de non-droit. Pour ceux qui nesont pas nés du bon côté du manche, toute laFrance est une zone de non-droit. Et

d’ailleurs, autant le dire, le monde entier estune zone de non-droit pour la majorité deshumains. C’est ça, la mondialisation : unpénitentier planétaire.

Laurence Biberfeld

I had a nightmare.... J'ai fait un cauchemar...

7/31/2019 Creuse-Citron N°07

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Capitalisme à la poubelle - 13 

L a biométrie (identification despersonnes à partir, entre autres,

de caractères morphologiques

numérisables : iris, contour de lamain, traits du visage,…) envahitinsensiblement nos lieux de vie sansque beaucoup de personnes s’enémeuvent et pourtant il y a de quoi.Un fichier informatique centralisé detoute la population, consultable24h/24h : çà ne vous rappelle rien,çà ne vous fait pas des sueurs dans ledos ? Non, alors c’est que vous êtesun bon citoyen, fait dans un boisrecherché, le « bois d’esclave » !

Le Gixel (groupement desindustriels de l’électronique quidéveloppent les techniques les plusmodernes de contrôle comme labiométrie) s’inquiète, quand même,un peu des réticences qui voient le jour par ci par là.

Dans leur livre bleu (2004), nouspouvons avoir une idée de leur« philosophie » : «  La sécurité est très 

 souvent vécue dans notre société

démocratique comme une atteinteaux libertés individuelles. Il faut 

donc faire accepter par la populationces technologies (…). Plusieurs 

 méthodes devront être développées 

 pour faire accepter la biométrie :

elles devraient être accompagnées 

d’un effort de convivialité (…) et par  l’ ap pa rit io n de fo nc tio nn al it és 

attrayantes  (… ) dès l’école

 maternelle. »

En novembre une vingtained’étudiants, « mauvais » citoyensavec des masques blancs de clowns

pénétrèrent dans la cantine d’unlycée de Gif-sur-Yvette (91) et, aprèsdistribution d’un tract appelant à larésistance, cassèrent deux bornesbiométriques avec la reconnaissancedu contour de la main (illégalespuisque ayant été installées sansavoir eu encore l’accord de laCNIL !).

Que croyez-vous qu’il arriva ? Unsurveillant avec l’aide d’élèvesintervinrent de façon musclée (coupsavec côtes cassées,…) puis sesaisirent de 3 des clowns qu’ilss’empressèrent de remettre à lagendarmerie.

Là encore, on croit rêver !Défendre les objets de sa propreoppression ! La «  se rv itud e

volontaire » cher à Etienne de LaBoëtie a de beaux jours devant elle.

 À CROIRE QUE LE BOIS D’ESCLAVE SE REPLANTERÉGULIÈREMENT !

Illustration tirée de CQFD n°29 du 16/12/05.

Comment l'A.N.P.E. de la Creusemultiplie les petits painsSur sa page internet, la divine engeance publie une offre d'emploi rédigée comme suit :

ANIMATEUR COMMERCIAL / ANIMATRICE COMMERCIALE H/F23 - LA SAUNIERE 853723C 03/01/2006Type de contrat CONTRAT À DURÉE DÉTERMINÉE DE 2 JOURSNature d'offre CONTRAT DE TRAVAILExpérience DÉBUTANT ACCEPTÉFormation et connaissancesAutres connaissancesQualification Employé qualifiéSalaire indicatif HORAIRE DE 8.03 A 8.04 EUROS

VÉHICULE+CHÈQUE REPASDurée hebdomadaire de travail 35H HEBDO TRAVAIL LE SAMEDIDéplacements QUOTIDIENS DÉPARTEMENTALTaille de l'entreprise 50 À 99 SALARIÉSSecteur d'activité AGENCES / CONSEILS EN PUBLICITESi cette offre vous intéresse, veuillez adresser par mail votre CV et une lettre de motivation,en précisant le numéro de l'offre à l'ANPE .

et de continuer ainsi pour les communes autour de Guéret : en tout, treize offres d'emploisous treize numéros d'offres différents pour un seul emploi réel de deux jours !!  

De quoi embellir tout bon rapport sur le nombre d’emplois «offerts» aux chômeurscreusois ! Et puis, il n’y a plus qu’un pas pour en déduire que le travail ne manque pas enCreuse, que le problème, c’est avant tout le « manque de motivation » (pour ne pas dire pire)du sans emploi.

Les statistiques nationales, publiées le 18 janvier, confirment notre hypothèse : l'ANPE arecueilli 3,4 millions d'offres d'emploi en 2005, soit 8% de plus qu'en 2004. Le ministre del'incohérence sociale a qualifié "d'historique" l'année 2005.Dans un élan de civisme le collectif Creuse-Citron met ses petits moyens éditoriaux à ladisposition de l'agence pour inventer et éditer quelques milliers d'offres d'emploi.

Ni Dieu ni biomaîtres ! (titre emprunté au Canard enchaîné du 14/12/05)

Communiqué de la CNT (18/01/06) La rentrée scolaire 2005 voyait s'établir leCNE. A peine quatre mois plus tard , le premier ministre instaure le Contrat Première Embauche qui concerne les jeunesde moins de 26 ans quelle que soit la taille del'entreprise. La mesure phare du CPE,comme du CNE, c'est l'instauration de la période d'essai de deux ans aprèsl'embauche. En « contrepartie »,le premier ministre concède une allocation chômage de460 euros par mois pendant deux mois aux jeunes qui se feront licencier entre 4 mois et 6 mois d'ancienneté. Allocation-aumône qu'ilose appeler « avancée sociale majeure ».

 Les employeurs, eux, bénéficieront d'unabattement de charges sociales pendant trois ans.

C'est donc toute une classe d'âge, les jeunes de moins de 26 ans, qui entreradésormais sur le marché du travail avec des protections sociales quasi-nulles. […] Avec ce "Plan Emploi", le premier ministreannonce aujourd'hui le cumul du travail-retraite ou de plusieurs emplois pour lessalariés les plus modestes. Il y a fort à parier que ces derniers vont bientôt perdre tout simplement le droit à la retraite. Et monsieur  De Villepin prévient ; les attaques contre lecode du travail ne font que commencer.C'est le Contrat à Durée Indéterminée qui est visé. Le travail jetable dès le plus jeune âge jusqu'à la tombe, c'est ce que le capitalismenous promet.

7/31/2019 Creuse-Citron N°07

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14 - Mauvaises lectures 

Le temps des bombes

V oici une BD (aux éditions Delcourt )qui évoque 2 temps forts de l’histoire

mouvementée du mouvement anarchistefrançais : la "propagande par le fait" et les

"colonies anarchistes" (ce que l’on appelaitaussi les "milieux libres").

E.Moynot nous ramène à la fin du XIXé

siècle, à un moment où les discussionsconcernant les moyens d’action occupaientune grande place dans la mouvance

anarchiste : s’investir dans les syndicats, se lancer dans l’illégalismetout azimut,… tout cela sans oublier l’éternel idée fixe de nombre delibertaires : créer un journal ! Mais rapidement la question numéroun se pose : "Comment réunir l’argent dont on a besoin ?" Alors là,les confrontations deviennent vives et tranchées : " Le vol, c’est la propriété privée. La reprise, c’est la restitution de ce que le richevole au pauvre". "La reprise individuelle ! (…) Ça consiste tout bonnement à se servir dans l’assiette du voisin. Tout au plus à en

 faire profiter les copains… Casser des portes et forcer des coffres,ce sont des manières de voyou. Il n’y a pas de différence."Rapidement un engrenage infernal se met en marche : lesarrestations, la répression,… Alors la vengeance trouve sa place, soitdirectement, soit comme fait propagandiste. Là encore lesdiscussions se font véhémentes et le plus souvent, au bout de cettetrajectoire, c’est le bagne quand ce n’est pas la guillotine !

A l'opposé de ce "temps des bombes", d’autres envisagèrent demettre en application leurs principes libertaires. Ce fut le temps descolonies anarchistes en milieu rural. Souvent beaucoup de naïvetébaigne ces compagnons peu au fait des réalités paysannes, maisl’enthousiasme, l’énergie, la créativité permettent de surmonter enpartie certaines difficultés. Mais les différences de rythme de travail,les relations amoureuses, les comportements individualistes posent

problème et les rapports entre les personnes deviennent plus âpres.Parfois la tragédie s’invite au grand bal de l’ "utopie" mais rien n’est

définitif. Tout recommence au bout de quelques décennies : l’idéallibertaire fait feu de tout bois. Et cet enthousiasme toujoursrenouvelé ne peut jamais être endigué. C’est ainsi que perdure cettefibre révolutionnaire pas comme les autres.Le dessin clair, les décors très réalistes ainsi qu’une mise en scènegraphique parfaitement adaptée font du travail d’E.Moynot une

agréable BD pleine de réflexions, de débats,…de quoi vivifierl’esprit de tout libertaire !

En complément du débat sur l’illégalisme amorcé dans ce "tempsdes bombes", on ne peut que conseiller vivement la lecture de "Mamorale anarchiste" de Lucio Urtubia (récemment publié auxéditions libertaires). Nous aurons sûrement l’occasion d’en reparler dans CREUSE-CITRON et même, peut-être, de rencontrer Lucio enterre limousine.

Paroles anticléricales

L es copains des éditions libertaires (île d’Oléron) viennentd’inaugurer leur nouvelle collection "Paroles" avec un petit

ouvrage magnifiquement illustré par le "pinceau vitriolé" de MarcosCarrasquer. Cette publication ne peut mieux tomber en ce centenaire(1905-2005) qui reste, assez symbolique.

Pour présenter ces "Paroles anticléricales", B.Groslier n’y va paspar quatre chemins dans sa préface joyeusement libertaire :« L’opium du peuple est cultivé par des escrocs pour être consommé  par des victimes. L’une des plus vieilles drogues dures du mondeméritait bien d’inaugurer (…) cette collection. De Voltaire à Desproges, en passant par Bakounine (…), il nous parut évident queces cinglantes vérités se doivent d’être accompagnées des bâtons dedynamite artistique (…) de ce joyeux lubrique qu’est M.Carrasquer."Pas de quartier pour les ratichons !" proclame chaque geste del’artiste, aussi sûrement que l’hostie ingérée donne des gaz.

A bas la calotte 

T oujours dans la même veine, nous serions coupables de ne pasciter l’ouvrage d’excellente qualité des éditions alternatives :

A bas la calotte. La caricature anticléricale et la séparation desÉglises et de l’État. Publication irremplaçable par la diversité et larichesse de son iconographie.

Les déserteurs

V oici un groupe de cette scènealternative qui n’en finit pas

d’occuper les différents lieux délaissés parles « artistes » repus d’une allégeanceinfantile de fans lobotomisés. De squats enbars, cette formation d’Uzès creuse son troupour avoir enfin une place au soleil noir etrouge du punk-rock français. Derrièreguitare et batterie déchaînées, percent desparoles qui tranchent dans la mielleuseconsensualité de nos chers « politiques » :« Contrôle mental contrôle social / Y’a quedans la merde qu’on pédale / Fichagebavure contrôle au faciès / Pardonnez moid’exister »Avant de terminer avec une reprise del’inusable « Les anarchistes » de Léo Ferré,ils nous servent un « Le travail rend libre »(expression de bien sinistre mémoire quicontinue, dans sa version « soft », à hanterun monde politique après avoir été remis augoût du jour par un piteux duo Medef-Raffarin !) avec quelques phrases claires etnettes comme « Aujourd’hui on ne perd 

 plus notre liberté, mais on gagne notreservitude ! ».« L’ordre moins le pouvoir » des Déserteurs.Contact : http://lesdeserteurs.propagande.org

Compilation de solidarité avec

ACTION DIRECTE

T out le monde sait que la peine de mortn’existe plus en France… enfin, la

peine de mort officielle parce que dans larue ce n’est pas tout à fait pareil  : entre lesballes « perdues » et les transformateurs EDFen embuscade, il y a une place pour la peinede mort officieuse. Et puis il y a les peinesde prison à plus en finir  : 10 ans, 20 ans, 30ans,… en quelque sorte une peine de mort« douce », discrète mais efficace.Une compilation de 21 morceaux ensolidarité avec les prisonniers d’ACTIONDIRECTE (sans beaucoup d’espoir de sortirun jour si ce n’est les pieds devant, sinon labave mortelle au coin des lèvres) circuledepuis quelques mois. Comme dans toute

compilation, on y trouve de tout, il y a àboire et à manger  : une hétérogénéitémusicale allant d’un rap de base à desmélodies plus recherchées. On pourra ycroiser Kochise, Dominique Grange(éternellement solidaire),…jusqu’à un SergeUtgé-Royo qui nous rappelle encore que« dessous la cendre, le feu va tout brûler… ».Ceux qui ont entrepris cette démarchesolidaire nous expliquent leurs motivations« politiques » : «  La musique adoucit les

mœurs affirme la sagesse populaire…çadépend laquelle  ! Les rythmes multiples decette compilation ne visent pas à modérer les passions ni à faire concurrence à lamusique militaire exhortant des héros enherbe à mourir pour la patrie, c’est unemultitude de cris solidaires, de flashs sur lesvisions diversifiées d’une lutte contre lecapitalisme et l’impérialisme pour une vielibre et fraternelle à laquelle nous aspironstous. Les prisonniers sont nos frères demisère  ! Les prisonniers révolutionnairesdes compagnons de lutte  ! Ceux d’Action Directe veulent construire un monde sans

 prisons ni classes. NOUS AUSSI  !»

 L’acte de solidarité (en achetant le CD) est àadresser à  : Défense Active / Jargon Libre,80, rue Ménilmontant 75020 PARIS.

7/31/2019 Creuse-Citron N°07

http://slidepdf.com/reader/full/creuse-citron-n07 15/16

Tout dernièrement (Automne 2005),une très innovante initiative a vu le

 jour : deux revues ont décidé de fusionnerle temps d’un numéro commun ( d’unepart, N’AUTRE école – revue de lafédération CNT des travailleurs ettravailleuses de l’éducation, d’autre part,UN AUTRE FUTUR – revue du syndicatCNT de la communication et de la culture).Celui-ci est entièrement consacré aux« impasses et pistes culturelles.» Lecontexte du débat est exposé sansambages : « d’une certaine façon, lemonde est devenu une gigantesque et unique « ferme des animaux », danslaquel le toute pensée cr i t iques’interrogeant sur le sens et le but de son fonctionnement délirant est immédiatement étouffé par le bêlement assourdissant desbrebis démocratiques (…). Dans cette ferme, la communication et la cultureutilisent désormais une novlangue sanscesse actualisée pour sous-titrer desimages toutes autant vides de sens. Internet, après l’échec de ses start-upvoudrait (…) nous faire communiquer dansune grande messe du bien commun cher (…) aux nouveaux Papes de l’IntelligenceCollective, prêts au formatage de notre

histoire et des connaissances, pourvu quecela serve une pensée acculturéeapplicable à tout « homme nouveau » quiaurait un œil fixé sur l’écran tandis quel’autre pointerait soit sur les cours de labourse soit sur ceux de sa propre précarité. » 

Revue de crise  –  15 

S'ils font

semblant de

nous payer…Faisons semblant

de travailler 

REVUE DE LA PRESSE ANARCHISTE EN FRANCE

Il y a déjà quelques temps, dans Creuse-Citron

( Panorama de la presse...), nous avions fait un peu letour des publications anarchistes (ou libertaires) qu’ilest possible de trouver en France. Nous avions vu

l’extrême diversité et richesse de cette presse pastoujours bien connue.

 A partir de ce numéro, nous voudrions, dans une sortede « revue de presse », attirer l’attention de nos lecteurssur des textes ou dossiers présentant un intérêt certainpour toutes celles (et ceux) pour qui la grille de lecture

libertaire à un côté indispensable en ces temps depensée unique infantilisante et déstructurante.

D ans le dernier numéro de Débattre (n°19 Automne 2005) d’Alternative

Libertaire, on peut trouver un dossier assezconséquent (plus de 20 pages) sur« Fédéralisme contre nationalisme ». Enpleine discussion sur la « modernisation » dela construction européenne, il peut êtreintéressant d’avoir un point de vuetotalement absent des débats dans les médiasdominants. Voici la présentation qui est faitede ce dossier : «  Alors qu’il n’a jamais été autant remis en cause par le capitalisme

transnationalisé, dépassé par lesregroupements supranationaux et par l ‘émergence des régionalismes, l’État-

nation n’en finit pas de resurgir. A droite et dans la gauche traditionnelle, sa fonctionsécuritaire, de garant de l’ordre économiqueet sa fonction identitaire, ethnique voireraciale, ont le vent en poupe. Dans lagauche « radicale », les luttes pour lesservices publics et la préservation desconquêtes sociales restent attachées aumodèle de l’ « État providence », l’État « national-social ». Cette fixation sur l’appareil d’État (…) imprègne une grande

 part de ce qu’il reste du mouvement ouvrier et de ses derniers avatars altermondialistes. Du côté des libertaires (…), le projet  fédéraliste a pourtant constitué unealternative sans cesse réaffirmée. De la République sociale à la Fédération desCommunards, la fédération universelle destravailleurs, détruisant l’ État et ses frontières, luttant sans relâche contre lenationalisme guerrier, instituant ladémocratie directe et la liberté commecondition de l’émancipation, a constitué le projet et l’utopie.»Ce dossier pourra être complété par la

lecture d’un autre dossier («  Autogestion et  fédéralisme libertaire ») paru dans lenuméro 43 (Octobre 2005) de No Pasaran. 

I

l nous serait bien difficile de quitter cette « revue de presse » sans citerles deux derniers numéros de Réfractions (recherches et expressions

anarchistes) : celui du printemps 2005 (n°15) consacré à «  Ni Dieu nimaître » (Religions, valeurs, identités) et celui de l’automne 2005 (n°16) quipose la question « Privés, publics, communs, quels services ? » Comme onpeut le constater, des sujets d’actualité sources de lutte et de résistancetoujours aussi virulentes. 

Nos compagnons d’ OffensiveLibertaire et Sociale dans leur,

toujours, excellente revue Offensive (n°7Septembre 2005) nous proposent un dossiersur les « guerres contre-révolutionnaires ».A la lecture des différents articles (desescadrons de la morts – l’école française auGladio – l’OTAN contre le peuple enpassant par le GAL, les  Barbouzes ou bienencore le système Condor ), notre mémoire seravive et des frissons remontent le long de

notre dos. Il est clair que « l’État disposed’énormes moyens légaux pour maîtriser,affaiblir ou éliminer les « subversifs ».Pourtant lorsqu’elles se sentent en danger,des franges de la bourgeoisie recourent àdes stratégies contre-révolutionnaires horsde tout cadre légal, souvent au nom de ladéfense de la démocratie. Cette « contre-insurrection » s’oppose à un mouvement  populaire de libération réel [social ounational], son intensité étant proportionnelleà la menace. Parfois le danger est fantasmé et construit par un appareil de propagandequi qualifie ses attaques de « préventives ».En Europe et en Amérique du sud [principales zones traitées par ce dossier],l’anticommunisme est le moteur principal del’antisubversion.» Et tout cela est bien loind’être terminé aujourd’hui : au communismeplus qu’affaibli, s’est substitué un nouvel« ennemi », le terrorisme qui plus est,islamiste ! 

7/31/2019 Creuse-Citron N°07

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16 – Vous êtes cernés ! 

Nous vous proposons Creuse-Citron à prix libre. C’est, pour notre collectif, une démarche politique, non marchande, alors que par 

ailleurs, l’habitude est de payer le même prix, que l’on soit fortuné ou pauvre. Le prix libre n’est pas pour autant la gratuité : c’est donner 

la possibilité d’acquérir un même produit selon ses moyens et ses motivations. Sachant que tout a un coût, sachez que celui de

fabrication de Creuse-Citron est de 50cts.

La copie et la diffusion des textes publiés dans ce journal est libre et fortement encouragée.    ©

Creuse-Citron  s'adresse à tous ceux et celles qui luttent contre la falsification de l'information et la diffusion généralisée de l'idéologie libérale. C'est un journal indépendant et libertaire qui s'interdit toute exclusive et tout prosély- tisme en faveur de telle ou telle organi- sation syndicale ou politique. Sur cette base nous publierons toutes les informa- tions que vous nous ferez parvenir.

Creuse-Citron  est réalisé par le Collec- tif libertaire Creuse-Citron 

Courrier  : 7, Les Chambons 

23150 St-Martial Le Mont 

Courriel : creusecitron@ free.fr  

 Abonnements  Les frais d’envoi postaux sont de 1 € par numéro. Creuse-Citron étant à prix libre, vous pouvez ajouter ce que vous voulez, sachant que le coût de fabrication d’un numéro est de 50 cts.Indiquez le nombre de numéros que vous désirez recevoir et envoyez-nous le montant correspondant en timbres.Ou bien adressez-nous un courriel pour recevoir la version PDF .Vous pouvez vous procurer les anciens numéros sur demande.

Dépots Aubusson : Bar Au Fabuleux Destin, 6 rueRoger Cerclier.Champagnat : Snack-bar Aux deux Pas d’là Chaussidoux : Bar Restaurant La Stabu 23200 St MaixantGuéret :Bar-tabac Le Balto, place du Marché.Librairie Les Belles Images, rue EugèneFrance.Bar-tabac Le Bolly, 2 rue Maurice Rollinat 

Royère : Bar L’atelier.Sardent : Bar Chez Bichette

St Laurent : Bar L'Envolée 13 rue desCerisiersEymoutiers : Librairie Le Passe-Temps

Lupersat : Bar L’heure creuseChampagnat / St Domet : à  La Naute 

   I   P   N   S

JOURNEE

Peter WATKINS /

Edvard MUNCH

Samedi 4 mars

de 16h à minuit à L’ATELIER

Royère de Vassivière en Creuse

Autour de la projection (pour la première fois en Limousin dans sa version

intégrale)du film «Edvard Munch» [Ladanse de la vie].

Coorganisée par l'association "Emile a unevache" et Creuse-Citron. 

Présentation du travail de Peter Watkins ;Projection de la première partie du film.Débat « L’influence du contexte politique

et social sur l’artiste » animé par PatrickWatkins.

Apéro-tapas et discussions informelles.

Projection de la deuxième partie du filmDébat (« La psychologie de la créationartistique ») avec des artistes plasticiens de larégion.

Performance artistique et projection detableaux de Munch (sous réserves).

Des livres de Munch et Watkins serontdisponibles.

4ème Forum Social Limousin

2ème Fête des possibles

25 mars au 1er AVRIL

Neuvic d'Ussel en Corrèze

Après trois années au Villard, le ForumSocial du Limousin change de lieu. Il se

déroulera cette année à Neuvic-d’Ussel, oùen 2004 associations et municipalité ontréalisé la " Fête des Possibles " qui était larecherche d’alternatives à la société libérale.Les bases de la Fête des Possibles étaient trèssimilaires aux nôtres. Pourquoi ne pas ré-itérer ça en jumelant les deuxmanifestations?

Pour cela nous avons besoin de la richesseet de la participation de tous. Sortir de lapensée unique c’est d’abord l’affaire d’untravail collectif et aussi de la réflexion de

chacun sur le rôle de consommateur passif que l’on veut lui faire jouer.Tout commence à s’organiser, voici ce quise dessine :

Toute la semaine : semaine du filmengagé avec les réalisateurs…, conférences,débats dans des lieux divers : bistrots, salles,lycées, expositions, librairies alternatives,…soirée internationale de solidarité (Amériquedu Sud, Afrique)…

Et le 1er avril : débats et présentation destravaux des ateliers du FSL : Droitshumains, Biens communs (terre, eau,ressources), Décroissance, Démocratie, ... Cedevrait être également l’occasion de lancer lethème «dans quel Limousin voulons nousvivre ?». Contact :[email protected] 

Des rendez-vous "Là-bas, si j'y suis",où se retrouvent des auditeurs de

l'émission de Daniel Mermet sur FranceInter, se lancent dans nos cafés :à Aubusson au Fabuleux destin les

2éme samedi du mois à 15h ;à Limoges au Woodstock Boogie-bar les1er mercredis du mois. 

Premier Salon

des médias libres

12 et 13 mai

à Chanteix en Corrèze

Rencontres, débats et échanges sur lethème des médias et de l'information.

Co-organisé par le syndicat CNT, lesassociations Peuple et culture, Twedledee,ATTAC, Rasl'front, Tuberculture, IPNS,Creuse-Citron .

Vendredi 12 mai : Journée de formationavec Benasayag/Goldstein, organisée parTwedledee et prévue au Centre Culturel deBrive.En soirée, conférence-débat à Chanteix avecles deux intervenants , approchepsychanalitique de la question desmécanismes de l'information.

Samedi 13 mai à Chanteix : 9h30-10h30 : accueil, espace librairie : tabledes éditeurs, presse...10h30-12h : projection de  Désentubages

 cathodiques, film collectif produit par ZaleaTV - 1h30’.12h-13h : discussion autour du film enprésence d'Emmanuelle de Zaléa TV.13h-14h : pause déjeuner (aubergeespagnole).14h-17h : intervention de Patrick Watkins,réalisateur, analyse critique des médias.17h-18h : pause, espace librairie...18h-20h : rencontre avec les acteurs locaux

de la presse libre et autres initiateurs deprojets libertaires...21h-22h15 : projection de  L'Horlogeuniverselle de Peter Watkins - 70 min.,suivie d'un débat en présence de PatrickWatkins (fils de Peter Watkins).Fin de soirée : la fanfare. 

15 mars 14h Maison des associations de Braconne Guéret

Réunion publique sur les "chèques emploi-service"

Animée par des syndicalistes de la CNT