Creuse-Citron N°17

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  • 7/31/2019 Creuse-Citron N17

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    Journal de la Creuse libertaire - N17 t 2008 - Prix libre

    Creuse-Citron

    Ceux qui ne

    bougent pas,ne sententpas leurschanes

    Tous en colreTournons la page p. 2Aux urnes etc. p. 3

    La gueule toute verteRayonnant de... sant pp. 4-5

    Capitalisme la

    poubelleFaim de tout pp. 6-7

    Passez la monnaie p. 8

    Coups de gueule

    Fermez-la ! p. 9Patrons dans la mouise

    Salauds de pauvres p. 10

    AlertesLe vent du fric p. 11

    Tous fichs p. 11

    Mauvaises

    frquentationsNoir de femmes pp. 12-13

    Mauvaises lecturesp. 14

    Revue de crisep. 15

    Rendez-vousvous tes cerns p. 16

    Beau comme uneprison qui brle

    Programmes de l't

    en encart

    S uite aux incessantes brimades, insultes, brutalits...sur ses occupants sans-papiers, une saine rvolteemporta le centre de rtention administrative de

    Vincennes dans une colonne de fume. Nous pouvonsrver que de ces cendres nasse l'espoir d'une socit plushumaine dbarrasse de ces insupportables lieuxd'enfermement.

    Mais est-ce bien l'ordre du jour : on vient de dpasserle seuil des 65 000 dtenus (un peu plus de un pour millehabitants). Et cela, en jalousant l'ami amricain qui, lui,atteint les proportions de un pour cent habitants ! Il n'y apas de petits profits pour la socit capitaliste : l'tat

    vient de confier Bouygues la construction de troisnouvelles prisons avec de nombreuses concessionspendant 27 ans.

    Tout est prt pour les remplir : de nouveaux fichiers

    (Edvige) ratissant large le citoyen, une bonne indiffrencede pantouflards, de la bavure qui mieux mieux, unecouche de dlation stimulante... et c'est parti.

    Y'en aura pour tout le monde. A qui le tour ?

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    2 - Tous en colre

    La presse rgionale se rorganise... et alors ?La fermeture de l'agence d'Aubusson du quotidien rgional La Montagne (du groupe Centre-

    France) va tre effective ds la fin de cet t, et ceci, malgr une tentative de rsistance et de soutien

    (runion publique, ptition...) de la part de la municipalit et de quelques habitants. Cette lutte bien

    peu active (plutt symbolique) et tellement peu politique, pleine d'ambiguts idologiques ne

    pouvait dboucher que sur un chec complet.

    Impratif de fermeture

    Un des responsables de La Montagneexplique qu'aucun impratif conomiquen'a dict leur dcision. court terme,

    peut-tre, mais plus long terme, a nefait gure de doute. Cette rorganisationde la presse rgionale, et mme natio-nale, n'est pas nouvelle. Elle n'est que laconsquence politique et conomiqued'un choix idologique bien affirm : capi-

    talisme et libralisme ne se sont gurefait remarquer par quelques scrupules hu-manistes que ce soient.

    Mais cette fermeture est-elle si graveque cela ? Avions-nous rellement notre

    place dans cette lutte ? Si on met de ctl'aspect humain (licenciements, dgrada-tion des conditions de travail, prcarisa-tion...), il ne nous reste pas tellement dechoses dfendre.

    Drles d'inquitudes

    La qualit et la quantit del'information concernant cette rgion deCreuse vont srement laisser dsirer.Certains s'inquitent dj des dgts que

    cette fermeture d'agence locale pourraitprovoquer sur les annonces du carnet,des manifestations sportives ou associa-tives sans oublier les annonces publici-taires (municipalit d'Aubusson). Sileur inquitude n'est suscite que par cesseuls aspects de l'information locale(mme si certaines de ces annonces res-tent tout de mme intressantes pournombre d'entre nous), alors on peut srieu-sement s'interroger sur la conscience poli-tique et l'engagement qui en dcoulent,de ces chers habitants ptris de citoyenne-

    t. Et quand ce sont des lus qui relaientces seules inquitudes, alors, il y a dequoi s'inquiter (pour les plus nafsd'entre nous) sur leur volont relle de d-velopper et d'encourager une vritable par-ticipation de tous la vie de la Cit.

    Certes, dans ce quotidien rgional,nous trouvons rgulirement diversesinformations qui ne peuvent que nous in-tresser. Elles nous permettent de mieuxconnatre les rouages de la politique et del'conomie locales

    Choix idologique

    L'apologie rgulire de l'arme et deses sbires l'occasion d'une quelconqueclbration, du dpart d'un haut grad ou

    de l'activisme forcen au camp de LaCourtine reflte bien les positions du quo-tidien. Encenser la vertu pdagogique dela prsence de jeunes l'entranement dequelques fiers--bras dans un combat derue d'un hameau, La Courtine n'est pasneutre idologiquement, loin de l ! Cetexercice qualifi de maintien de l'ordre

    peut d'avantage inquiter que rassurer lesmauvais citoyens que nous sommes. Toutcela nous est prsent comme une aide

    possible tant uniquement destinationde quelques pays africains, arabes ouautres en proie un dsordre forcment

    antidmocratique. Mais qui ne sesouvient, en ce quarantime anniversaire,que l'arme avait t mise en alerte enmai 68, prte intervenir pour mater lestudiants et les ouvriers qui luttaient pourautre chose que ce que la socit capita-liste avait prvu pour eux ? Pense-t-onrellement que dans certaines conditions,cette situation ne pourrait pas tre rit-re ?

    D'autres exemples comme celui-ci,dans toutes sortes de domaines poli-tiques, conomiques, sociaux, culturels...remplissent au fil des jours les pages duquotidien. Tout cela agrment de Pro-pos d'un montagnard et d'ditoriaux,pour le moins, assez orients la plupartdu temps, quand ils ne relvent pas, toutsimplement, d'une indigence intellec-tuelle effarante, voire, parfois, douteuse.Il est clair que la direction de La Mon-tagne (et certains de ses journalistes, parintrt ou par conviction ?) a choisi soncamp idologique, ce n'est assurment

    pas le ntre ! chacun d'assumer seschoix et les consquences qui en d-coulent.

    Notre journalQue certains s'interrogent sur la na-ture mme de cette dcision [fermeturede l'agence], injuste, alors que la fidlitdes Creusois n'a jamais fait dfaut

    "notre" organe de presse local ne peutque susciter notre tonnement devantune telle navet ; mais, peut-tre, n'est-ce encore qu'une fausse indignation (etinterrogation) bien courante dans tousces milieux politiques, citoyennementcorrects ?

    Ce qui est sr, c'est que pour nombred'entre nous, a n'a jamais t notre organe de presse local. Celui-ci reste

    construire, mais c'est une autre affaire,

    Je rclame la libertde la presse !

    Actuellement, la libert de la pressen'existe pas. Les journalistes sont descrapules, manipulateurs de l'opinionqui trompent le peuple de crainte dese retrouver sans revenu garanti .Ils ont peur d'avoir faim, de tomberdans la dche. tre ou ne pas tre su-jet cette peur est affaire de personna-lit. Tout homme n'a pas la capacit

    de rester droit, honnte et ferme dansses convictions face l'ventualit dene pas manger sa faim. Le journa-liste, en tous cas, ne l'a pas. J'exigeson indpendance conomique imm-diate l'gard de son employeur.J'exige qu'on lui donne l'occasion deprouver qu'il peut tre un brave typelorsqu'il n'est plus menac de licencie-ment, et donc de faim. La presse doittre assume par des hommes libres.

    Tant que le gouvernement n'aurapas tabli cette sparation entrepresse publicitaire et presse d'opi-

    nion , il n'y aura pas de libert de lapresse, il n'y aura pas de journalistelibre. Tant que le gouvernement n'au-ra pas cr cette libert de la presse,les travailleurs, les soldats et tous leshommes dont le bien-tre est quoti-diennement en butte aux infamies dela presse et des journalistes ont ledroit et le devoir d'empcher la pressede travailler tranquillement . Il fautextirper la peste. Supprimons lescauses, les effets disparatront.

    Un journal ou une revue qui ne peutsubsister sans revenus publicitairesn'a aucun droit l'existence.

    Ben Traven / Ret Maruttir de son journalDer Ziegelbrenner(Munich, 1919).

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    Tous en colre - 3bien plus difficile que de se laisser abreu-ver chaque jour d'informations insidieuse-ment orientes. Ce projet de journal localindpendant demande beaucoup d'ner-gie, de travail, de moyens se donner,d'imagination... mais aussi de volont poli-

    tique dnue de toute ambition de prisede pouvoir.Un non-journaliste

    Ben Traven

    B. Traven, aux multiples noms etpseudonymes (Ret Marut...), est dc-d Mexico en 1969.

    N vers 1890 en Allemagne... il d-

    bute en tant qu'acteur de thtre, et jour-naliste militant vers la fin de la guerre.En septembre 1917, il fait paratre le

    premier numro de sa revue, Der Zie-gelbrenner(Le fondeur de brique), vri-table brlot libertaire aux articles

    percutants et sans concession.L'croulement de l'empire avec la d-

    faite allemande en 1918, cra unepriode des plus propices au dveloppe-ment de mouvements rvolutionnaires(spartakistes, anarcho-syndicalistes -FAUD -...). Assez vite, des conseils ou-vriers se mirent en place, en particu-lier en Bavire. B. Traven y participatrs activement auprs d'anarchistes c-lbres. Mais la rpression organise

    par les sociaux-dmocrates va craser

    dans le sang ces ilts com-munistes . Il chappe de justesse auxmassacres en mai 1919.

    En fuite, il se cache mais continue publier Der Ziegelbrenner jusqu'endcembre 1921. Il parvient quitter

    l'Allemagne, passe en Belgique, enHollande, en Angleterre (quelquesmois en prison)... puis, finit par re-

    joindre en 1924 le Mexique qu'il nequittera plus jamais.

    L, commence une vie entirementnouvelle, en particulier, dans la jungledu Chiapas. En osmose avec lesindiens mexicains et le proltariatmexicain qu'il considre commeses amis les plus profonds , il vacrire de nombreux romans magni-fiques (Le Vaisseau des morts, La R-volte des pendus, La Charrette,Indios...) dont certains seront adaptsau cinma (Le Trsor de la sierraMadre avec H. Bogart).

    L'apolitisme de nos campagnesDans les petites communes creusoises ou non, les lections municipales intressent presque tout le

    monde, pour une raison ou pour une autre. Les anars ne sont pas en reste car ils considrent qu'une

    socit de type libertaire s'organiserait ncessairement partir de petites units de base : la

    campagne, la commune et en ville, le quartier.

    Que faire ?

    Certains ont choisi d'tre sur une listeavec enthousiasme, considrant qu'ils

    pourraient faire des choses intressantes ;pour d'autres ce fut, plutt, par got dupouvoir, par rsignation sinon parconformisme du devoir accomplir detout citoyen actif politiquement bien du-qu. Certains ont vot, d'autres non, tousavec des raisons plus ou moins bonnes . Mais, aujourd'hui, les munici-

    pales de 2008 sont passes, et nous pour-rions dire avec Lo Ferr, ils ont votet aprs ? .

    Des listes s'affichent plus ou moins clai-rement de gauche, de droite ou d'autreschoses ! D'autres listes se dclarent toutsimplement d'union : mais d'abord, unionde quoi ?

    Les choix politiques

    Il serait bien naf de croire qu'il n'y apas de positionnement politique sur la plu-part des problmes que pourront rencon-trer ces nouveaux lus. Pour donnerquelques exemples :

    - se battre pour garder un service pu-

    blic dans un village est un choix poli-tique (un point ou un relais poste n'est

    pas quivalent une poste ; quoiquel'exemple de la Poste ne soit, peut-tre,

    pas trs bien choisi compte tenu de sonvolution trs prochaine),

    - s'organiser pour que la municipalisa-tion de l'eau se mette en place ou reste,c'est un choix politique. Avoir une eauqui soit un vritable bien commun n'a

    pas grand chose voir avec le fait d'tresous les griffes prives de vautours tels laSaur, Volia...

    - refuser l'accueil minimum en casde grve dans l'cole primaire du village,

    c'est se positionner politiquement,- municipaliser des btiments pour lesmettre la disposition de tous afin d'enfaire des lieux de rflexion et de dbat ( Maison du peuple et autre Bourse dutravail ), n'est-ce pas un engagement po-litique fort ?

    - organiser des assembles gnralesafin de stimuler une relle vie dmocra-tique inexistante aujourd'hui, c'est airele choix politique demoyens tous pourexister en tant qu'individu libre et res-

    ponsable (cf. Les moissons de la r-volte , documentaire projet lors du

    festival Bobines Rebelles ).

    La liste pourrait encore tre longue.Lutter ou perdre

    ct de ces choix sur des points pra-tiques concernant de prs les habitantsde la commune, il y a aussi toutes les

    prises de position souhaites qui relventplus de la solidarit et de l'engagementpolitiques en gnral : mettre la com-mune hors AGCS (*), hors OGM, refu-ser l'utilisation des diffrents fichiers desurveillance de la population, prendresous sa protection (cacher...) quelquessans-papiers apeurs par le zle ignoble

    de certains... (cf . l'interview pp. 12et 13).Que de travail pour qu'une vritable

    vie politique base sur l'entraide, lasolidarit se dveloppe dans nos com-munes ! Il ne nous reste plus, dans lesconseils municipaux et hors de ceux-ci,qu' nous battre pour que nos rves deviennent ralit, et ne pas oublierque si tu ne veux pas participer lalutte, tu participeras obligatoirement la dfaite .

    F. Laveix(*) : Accord gnral sur le commerce

    et les services.

    Obir peu, rsister beaucoup

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    4 - La gueule toute verte

    En France, l'industrie de l'uraniumsest dveloppe au lendemain de laSeconde Guerre mondiale. Les activitsdexploration, de production, detraitement et de stockage de mineraiduranium ont dmarr la fin desannes 1940 pour se terminer en 2001.

    Elles ont concern prs de 200 sitesrpartis sur 25 dpartements,essentiellement dans le Massif central etcontreforts, surtout en Haute-Vienne etdans lHrault, ainsi quen Vende.

    Les minerais duranium exploits enFrance avaient une teneur assez faible, delordre de quelques kilogrammes demtal par tonne de minerai. Cest unmlange de deux isotopes principaux,lU238 (99,3%) et lU235 (0,7%). SeullU235 est fissible, et il est ncessairedaugmenter sa teneur en uranium pour

    fabriquer le combustible nuclaire quialimente les centrales.

    Ce minerai est enrichi par lixiviationpour donner du concentr marchand : le yellow cake , qui est converti en UF6,lui mme enrichi et transform pouraboutir au combustible nuclaire. Cestainsi que pour lensemble desexploitations, 76 000 tonnes duraniumont t produites partir de 52 millionsde tonnes de minerai, soit une teneurmoyenne de 0,15%.

    En Creuse, 20 sites ont t recenssdans le dernier rapport ralis en 2007, la demande des Ministres en charge delenvironnement et de lindustrie par

    lIRSN (*). Intitul MIMAUSA pourMmoire et Impact des MinesdurAniUm : Synthse et Archives. Ilfaut rappeler que le prcdent rapport de

    juillet 2004 navait recens que 15 sites

    pour la Creuse (au lieu de 20) avaient t omis des sites sur lesquels auraientt pratiques uniquement des activitsde recherche duranium.

    Les mines duranium en Creuse

    Le Mercredi 4 juin, les infos d'Arte(19h45) font tat d'une alerteeuropenne suite un incident survenudans une centrale nuclaire en Slovnie.Il s'agirait d'une fuite. Le Journal de 20hsur la 2 relaie la mme info assortie d'uncommentaire apaisant d'un ministreslovne disant qu'il n'y a aucun danger.20H30, je tlphone la gendarmerie

    pour avoir des prcisions : s'il s'agit d'unealerte europenne, l'affaire doit tresrieuse et il y a srement des procduresd'information vers la population. Legendarme qui me rpond n'est au courantde rien, nous convenons que je rappelleune heure plus tard. Deuxime coup defil, le gendarme n'a toujours aucune info

    manant de la Gendarmerie, il n'a rientrouv sur internet, et conclut si aserait grave, il y aurait plus derenseignements !

    On nous a bien expliqu, le lendemain,que cette affaire n'tait pas grave et qu'ily avait eu un dysfonctionnement dans lesystme d'alerte europenne. Soit. Maissi l'affaire avait t srieuse, mongendarme aurait-il t plus au courant ?Tout permet de supposer que non !

    Quel crdit accorder aux informationsqui nous ont t transmises ? La porte-

    parole de la prsidence slovne a affirm

    qu'il n'y avait pas de danger pour lapopulation et pour l'environnement, quela fuite ne concernait aucune substanceradioactive mais le l'eau . L'eau c'est

    pas de l'uranium, bandes d'ignares, maiscette eau tait celle du circuit primaire derefroidissement en contact direct avec le

    combustible du racteur, par dfinitiontrs pollue, sinon il n'y aurait pas descircuits secondaires et tertiaires pourrefroidir cette eau elle-mme et viter dela rejeter dans la nature !

    Deux incidents nuclaires viennent dese produire Tricastin et Romans, onapprend que pour Tricastin, le sous-traitant charg de la maintenance faisait

    mal son boulot et que les fameuses autorits de contrle taient aucourant mais n'ont rien fait !

    Un mois avant ces incidents, le Journall'Echo de la Creuse titrait Les ancienssites miniers sous haute surveillance ,un article la gloire du nuclaire donnant

    la parole un ingnieur de la DRIRE(Direction rgionale de l'industrie et del'environnement du Limousin) lapollution radioactive ne nous inquite

    pas. [...] On opre par contrlesinopins et on garde la totale matrisedes points de contrle. La DRIRE deRomans avait certainement la mmematrise des contrles ce qui n'a pasempch des fuites d'effluents radioactifsde se dverser dans l'environnementdepuis plusieurs annes. Dormez bien, lasituation est sous contrle. Ds qu'ils'agit de nuclaire, les informations sonttop secret.

    L'article de Jean-Pierre Minne (cf. ci-dessous), membre de l'association Oui

    l'avenir qui milite contre l'enfouissementdes dchets radioactifs, fait le point surles anciennes mines d'uranium deCreuse. Anciennes peut-tre pour paslongtemps car les difficultsd'approvisionnement de la France, en

    particulier au Niger (voir article deLaurence Biberfeld page 9), et la haussedes cours des matires premires vontrendre nouveau rentable une extractiondu minerai sur notre territoire. Noussommes la fois menacs parl'enfouissement des dchets radioactifs et

    par la reprise de l'extraction d'uranium. Ilfaut tre trs vigilants et se tenir prts ragir vite car les informations necirculent qu'au dernier moment quand ilest souvent trop tard pour s'opposerlgalement ces processus.

    Patrick Faure

    Dormez bien, la situation est sous contrle.

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    La gueule toute verte - 5

    Ce rapport, corrl celui de2004, fait apparatre labsencedinformations rglementaires surces sites par rapport aux diffrentscodes et lois : plan de prventiondes sites miniers (Code minier),

    Code de la sant, les obligationsfaites par la loi des gestion desdchets radioactifs de juin 2006, etenfin les obligations de surveillancede ces sites.

    De nombreuses erreurs etomissions figurent sur ce rapportcommand par lIRSN : confusionsentre communes et sites, dans lestitres miniers correspondant aux

    permis dexploitation, dans le typede stockage, sur la nature des coursdeau rcepteurs (parfois absents ounon signals, alors que nous lesconnaissons, ils existent).Lhistorique administratif des sitesest mal renseign ou pas du tout ren-seign.

    Il faut rappeler la lutte mene en2000 et 2001 contre le projetdimplantation de laboratoires derecherche dans des sitesgranitiques. Il sagissait de trouver une

    poubelle gologique pour enfouir lesdchets hautement radioactifs vielongue. Nos investigations ont tfructueuses : nous avons dcouvert que

    les 42 communes adjacentes de Creuseet du Puy-de-Dme vises par la missionMINGASSON en 2000 navaient pas tchoisies au hasard mais tries dans lecadre gographique dcalqu des projetsdexploitations minires duraniummens par la COGEMA. Lide taitdenfouir dans le secteur de Crocq(Creuse) et Fernol (Puy-de-Dme) lesdchets hautement radioactifs et vielongue produits par les centraleslectronuclaires franaises, voiretrangres. La lutte nergique et

    solidaire de centaines de Creusois et dePuy-de-Dmois a fait reculer puisannuler la dmarche.

    Cette aventure nest pas termine :dans le Lot et le Cantal, 183 communesont t dmarches, ces derniers jours,

    par lANDRA (Agence nationale pour lagestion des dchets radioactifs) et leministre de lEnvironnement pour yenfouir des dchets de faible

    radioactivit et vie longue. Nos rgionsdsertes par les services publics restentla poubelle idale pour les dchetsindustriels.

    Actuellement en Creuse, notre

    vigilance sapplique lenvironnementet la mise en scurit des sites miniersabandonns. La plupart des procdureslgales nont pas t respectes parlexploitant : procdure darrt destravaux en rapport avec le code minier,respect de la lgislation des installationsclasses, dispositifs de surveillancevoire, plus grave, les conditionsdutilisation actuelles de ces minesabandonnes.

    Il faut savoir que le ministre delcologie actuelle a lui-mme reconnu

    au Snat la dangerosit rsiduelle de cesinstallations. Par exemple, le site de laRibire qui a fait l'objet d'uneexploitation minire ciel ouvert

    jusqu'en 1984, par la socit des minesde Jouac (SMJ) avec une installation delixiviation statique exploite jusquen1985. Les installations prsentes sur lesite sont aujourd'hui dmanteles et il at ramnag et cltur. Mais il y resteenviron deux millions de tonnes de

    rsidus de lexploitation et dutraitement du minerai duranium.Quelle surveillance ? Quelles

    prcautions prises aujourdhui pourlenvironnement sachant que leseaux ruissellent et alimentent nos

    cours deau ?Depuis, lACRO (Association pour

    le contrle de la radioactivit danslouest qui gre un laboratoireindpendant danalyse de laradioactivit) a effectu des mesuresrigoureuses sur trois sites miniersabandonns : la Ribire, Chaumaillatet les Grands Champs ; lesconclusions sont tonnantes etalarmantes 4 5 000 becquerels

    par kg duranium 235 et 238 mmedans des secteurs o aucune activit

    denrichissement na t dclare parlexploitant.

    On trouve aujourdhui au Niger(deuxime dtenteur mondial desrserves duranium) la mmestratgie de mpris des mineurs et dedestruction de lenvironnement quecelle qui a t mene en Limousinavec, en prime, une guerre larve qui

    menace non seulement le Niger maisaussi les pays voisins.

    Larticle 4 de la loi du 28 juin 2006(gestion des dchets radioactifs) oblige

    lexploitant des anciennes installationsdextraction et de traitement de mineraiduranium remettre ladministration,avant le 31 dcembre 2008, une tuderelative limpact sur la sant etlenvironnement de ces stockages et de

    prciser, si ncessaire, les mesuresenvisages pour renforcer les dispositifsde prvention des risques dexpositionau public.

    Le Prfet de la Creuse a pris unarrt pour appliquer ce dispositif, le 21

    janvier 2008. Ce document na pas tpubli au Recueil des actesadministratifs mais il nous a tcommuniqu le 28 mars dernier. Noussouhaitons que les valuations et lesexpertises prescrites par cet arrtassocient des organismes agrsextrieurs.

    Jean-Pierre Minne

    (*) : Institut de radioprotection et desret nuclaire.

    Abonnement Creuse-CitronLes frais denvoi postaux sont de 1,25 par numro. Creuse-Citron tant prix libre, vous pouvez ajouter ce

    que vous voulez, sachant que le cot de fabrication dun numro est de 50 cts.1 an (4 n) = 5 (frais de port) + ... (prix libre) / 2 ans (8 n) = 10 (frais de port) + ... (prix libre)20 ans (80 numros) = 100 (frais de port) + ... (prix libre)

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    6 - capitalisme la poubelle

    LA FAIM DU MONDE ?Les pauvres gcheront-ils la digestion des nantis de ce monde ? Les meutes plantaires des affams,

    victimes de la hausse des produits alimentaires, branleront-elles les bases du systme mondialis ?

    Les exactions des forces du dsordre suffiront-elles protger les gagnants, les dcideurs, les

    spculateurs ? Les experts vont-ils pouvoir continuer s'approprier la politique et la science pouramnager un capitalisme que seuls les peuples, travers leurs combats, leurs solidarits, leurs

    mmoires, leurs cultures, peuvent abattre ?

    Place au jene

    Alors que l'effervescence sur les prixdes marchs des matires premires etde l'nergie s'panouit depuis cinq ans,les produits agricoles, longtemps sous-valus, flambent cette anne. Plusieurslments conjoncturels y contribuent.Ainsi les alas climatiques, scheresseen Australie, pluies en Europe, gel en

    Argentine, ont diminu l'offre. De mmele boom des agrocarburants (cf. Creuse-Citron, n 14) participe efficacement au

    rapt d'une partie des terres et de la pro-duction agricole (par exemple 10 %

    pour le mas). En regard, la demande enprovenance des pays mergents (Chine, Inde...), essentiellement celledes couches privilgies, s'accrot. La d-sertification des campagnes et l'urbanisa-tion correspondante entranent unevolution du rgime alimentaire : enChine, la consommation de viande aquintupl en vingt ans ; or sept protinesvgtales sont ncessaires pour obtenirune protine animale. De plus, la terrearable disponible par habitant y est inf-rieure de moiti la moyenne mondiale.

    Peut-on pour autant se contenter du rac-courci : C'est parce que les Chinoismangent trop de viande que les gyp-tiens manquent de bl... ? Il est vraique l'gypte, ancien grenier bl de la

    Rome antique, en est devenu le premierimportateur mondial.

    Les hausses actuelles profitent auxgros producteurs craliers, australiens,canadiens, argentins, europens pour le

    bl, tats-uniens pour le mas... En cequi concerne le riz, le Vietnam, l'Inde,l'gypte rduisent leurs exportations

    pour contenir leurs prix intrieurs ;

    l'offre mondiale est ainsi de 420 mil-lions de tonnes pour une demande de430 millions. La situation inspire cer-

    tains, tel Finance Agri : Soyez un ac-teur de la volatilit des marchsagricoles . Les spculateurs, aprsavoir aliment la bulle des start-up ,

    puis la bulle immobilire, se prcipitentsur les marchs terme agricoles : le vo-lume des capitaux y a septupl aux USAet quintupl en Europe, entranant un sur-cot estim 30 % ! Les rapaces ont flai-r le sang des pauvres...

    Les saigneurs de la Terre

    Ce qui s'amorce aujourd'hui est laconsquence de choix privilgiant la ren-tabilit financire au bnfice d'une mino-rit, au dtriment de la plante et de ses

    habitants. Ainsi, l'industrialisation del'agriculture et l'agro-bizness (cf. Creuse-Citron, n 8) ont chass les paysans etmpris leurs savoirs ; en France de 7millions en 1950, il ne devrait subsister

    que 150 000 exploitants agricoles en2015 ! Sous la pression du FMI, de laBanque Mondiale et de l'OrganisationMondiale du Commerce, beaucoup de

    pays du Sud ont sacrifi leurs culturesvivrires au profit de cultures d'exporta-tion (caf, cacao, coton...) soumises laloi du march, qui n'est que la loi du

    plus fort. L'importation de produits ali-

    mentaires occidentaux bas prix, carsubventionns, a contribu ruiner lesagriculteurs locaux, contraints de quitterleur terre et de devenir de la chair pro-fit pour les entreprises du Nord, dloca-lises ou non. Ainsi Hati, autosuffisantdans les annes 1980, importe du riz

    bon march des USA, permettant auxindustries lgres amricaines qui s'yimplantent de disposer d'un sous prolta-riat particulirement bon march. Demme, les tats ctiers africainsvendent leurs droits de pche aux ba-teaux-usines des pays riches et

    achtent des conserves de poisson da-noises ou portugaises, enrichissant au

    passage distributeurs, traiteurs, transpor-teurs... Le Mali, a contrario, a su prser-ver et renforcer son agriculture, ce quilui permet d'tre relativement pargn

    par la crise alimentaire. Comment s'ensortent certains pays mergents ? LeBrsil, bon lve du capitalismemondial, favorisant les agrocarburants,les OGM, l'levage extensif, le nu-claire, permettra-t-il au chef du Partides Travailleurs de siger au Conseilde scurit de l'ONU ? Tout cela ne pro-fite qu' une minorit, grands propri-taires, firmes multinationales,apparatchiks politiques, au dtrimentdes paysans sans terre, des habitants desrgions pauvres tel le Nordeste, desindiens d'Amazonie victimes de la dfo-restation...

    La russite globale est reconnuepar Jacques Diouf, directeur gnral del'organisation des Nations-Unies pourl'alimentation et l'agriculture (FAO) : Loin de diminuer, le nombre de per-sonnes affames dans le monde est en

    train d'augmenter au rythme de 4 mil-lions par an . Et cela risque de s'ac-clrer ; plus du quart des terressouffrent d'rosion et de dgradation dessols, sans compter la dsertification qui

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    Capitalisme la poubelle - 7gagne, notamment dans le nord et le sudde l'Afrique. Deux sicles de progrs ont massacr la plante, puis les res-sources, mis en danger les populations.Garnisson Sposito, professeur ensciences des cosystmes, avertit : La

    qualit des sols pourrait trs bien faire ladiffrence entre la survie et l'extinctionpour l'humanit . Alors, NO FUTURE...pour le genre humain ou pour le capita-lisme ?

    Debout les forats de la faim

    Le prix des importations agricoles, quireprsentent 20 % de la production mon-diale, a pratiquement doubl depuis2000 ; pour les crales, la progressionest de 56 % en un an ! Partout les consom-mateurs en sont victimes - aussi bien enAngleterre, qui a depuis longtemps sacri-fi son agriculture, avec une augmenta-tion de 15 % des produits alimentaires enun an - qu'au Bangladesh, avec un double-ment du prix du riz, alors que la nourri-ture reprsente 70 % des dpenses ! Surle march terme amricain, le blconnat une hausse de 130 %, permettantaux maisons de ngoce, aux gros exporta-teurs, d'engranger des bnfices mirobo-lants. En Afrique, la facture alimentaireaugmente de moiti ; les intrants qu'elle doit importer (engrais, se-mences...) valent de 75 % 100 % pluscher au dpart et parfois le triple l'arri-

    ve, une fois arross les divers interm-diaires... Peut-on compter sur la (bonne)conscience des organismes internatio-naux, des ONG, sur les milliers de petits Kouchner , sac de riz sur le dos, cam-ras TV admiratives ? N'oublions pas quecette manne cleste charitable avaitcontribu antrieurement ruiner les pe-

    tits paysans, concurrencs par cette aide gratuite , et rtribuer au passagenombre d'auxiliaires des pouvoirs lo-caux. De toute faon, ces dons en na-ture servaient jusque-l faire baisser lesstocks et soutenir les prix ; quand ceux-ci

    repartent la hausse, les pays du Nordprfrent vendre la demande solvable.Ainsi, en deux ans, l'aide en crales a

    baiss d'un quart !Sans attendre les rsultats des belles pa-

    roles des jsuites du G8, clatent lesmeutes de nos frres humains burkina-

    bs, camerounais, mauritaniens, mexi-cains, gyptiens, guinens, malgaches,ouzbeks, tunisiens... Des chmeurs maro-cains exigent une rpartition plus qui-table des richesses. Des manifestantshatiens dtruisent des commissariats,

    pillent des convois de riz, attaquent le

    palais prsidentiel. De jeunes grecs desquartiers populaires pntrent en groupedans les grandes surfaces, s'emparent des

    produits alimentaires, les redistribuent gra-tuitement, sous le grand sourire des cais-sires ; approuvs par la populationlocale, ces Robin des bois avancentdes revendications de taxation bas prixdes produits de base. Pour occuper quoti-diennement les rues de Soul, des di-zaines de milliers de Corenss'organisent en multiples groupes dequelques dizaines ou quelques centaines ;ils dcident eux-mmes de leurs actions,

    pratiquent la dmocratie directe, sans hi-rarchie, sans chef, sans porte-parole ; ils

    prennent d'assaut les bus de policiers,dsaronns par cette crativit et cetteintelligence collective ; leur radicalisa-tion dveloppe une conscience politiquequ'aucun parti n'arrive dtourner. Face tous ces mouvements sociaux, la peur

    des nantis se traduit dans beaucoup decas par une forte rpression (arrestations,

    blesss, morts). Les meutiers hatiens yrpondent : Mieux vaut mourir sousles balles que mourir de faim .

    Le monde doit changer de base

    Les miettes de la croissance, jetes auxpauvres, ont longtemps tent demaintenir une relative paix sociale. Lemirage des lendemains qui chantent justi-fiait les sacrifices quotidiens : Si le g-teau augmente, la part de chacunaugmentera , Les profits d'aujourd'huisont les emplois de demain ... Bien quela ralit dmontre l'inanit de telles affir-mations, le FMI persiste : Une desmanires de rsoudre les questions de fa-mine, c'est d'augmenter le commerceinternational , alors que c'est son tauqui a largement particip aux rsultats ac-tuels ! Devant les rvoltes qui se r-

    pandent et pour nous ramener dans larsignation et la peur, les experts detous poils agitent dans les m(r)dias lesdeux visages de Janus : l'optimiste qui af-firme que les dcideurs, appuys sur lascience et les innovations technologiquestrouveront les rponses tous les prob-lmes, et le pessimiste qui affiche un ca-tastrophisme charg de nous maintenirdans un fatalisme paralysant, nous inci-tant remettre notre destine la Provi-dence et dans les mains... de ces mmes

    experts. Ils s'autoproclament seuls mme de comprendre et de quantifierune situation bien trop complexe pourceux qui en sont les victimes. Ils sont ca-

    pables d'tudier, de raliser et de nousvendre un altimtre pour accompagnernotre chute dans l'abme ! L'essentiel estque les classes dangereuses restent rai-sonnables : Le consommateur devra ap-prendre optimiser son budget, sans seplaindre, en acceptant que le pouvoird'achat devienne une notion qualita-tive , nous enjoint Robert Rochefort, di-recteur du CREDOC (organisme

    observant les conditions de vie). Certainsgouvernements envisagent un impratifde consommation citoyenne , moins de

    pain, moins de couscous, moins deviande ; curieusement, ils ne prconisent

    pas moins de profits, moins de stock-op-tions, moins de spculations... Face detelles provocations, les rsistances quiilluminent aujourd'hui la plante vont-elles se transformer en offensives ? Les

    peuples vont-ils se dbarrasser des para-sites qui vivent de leurs souffrances ?

    N'attendons rien de ceux qui veulentnous contrler, nous diriger. Le capita-lisme n'est pas amendable, qu'il crve !

    lan Noir

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    8 - Capitalisme la poubelle

    Librons la monnaieUn collectif de Nantes et du Pellerin, cr autour du mot d'ordre librons la monnaie a lanc le 10

    mai dernier un appel pour une authentique Dclaration universelle des droits de l'homme. Si cer-

    taines ides semblent empreintes d'idalisme : un service public destin battre en abondance une

    monnaie sans intrts permettrait de crer une dmocratie conomique ouvrant la voie une dmocra-tie politique, d'autres, et en particulier une vigoureuse critique du salariat, mritent qu'on s'arrte sur

    ce texte. En voici quelques fragments. Pour une vision plus complte : http://liberonslamonnaie.blog-

    spot.com

    APPEL DU 10 MAI1848, l'abolition de l'esclavage n'a pas

    aboli la servitude.1948, la Dclaration universelle des

    droits de l'homme, lgitimant le salariat,perptue le commerce d'tres humains.

    Prambule pour une authentique Dcla-ration universelle des droits de lhomme.

    1-Considrant que la force de travailphysique et intellectuelle de lindividuest la composante essentielle de la naturehumaine. Considrant que cette force detravail fait partie intgrante de la person-nalit. Chacun doit en tre le seul dposi-taire et propritaire. Toute personneayant droit au libre choix de son travail,chacun disposera librement de sa forcede travail, dans le respect dautrui.

    Nul ne peut lacheter, ou sen emparerpar la ruse, par la force ou tout autremoyen contraire au libre arbitre de cha-

    cun. Nul ne peut len dpossder contreson gr pour en tirer profit.

    2-Considrant que toute avance nou-velle, scientifique ou technologique,nest quun fruit, quune partie infime, un moment donn, du patrimoine culturelaccumul par les hommes depuis laubede lhumanit.

    Considrant que le Savoir a cette parti-cularit de pouvoir appartenir unnombre illimit dtres humains, sans endpossder aucun. Nul ne peut se prva-loir dun savoir, sen accaparer, et en limi-ter laccs en subordonnant autrui.Considrant que la privatisation desgrands moyens de production, dchange

    et de communication cre les conditionsqui ne laissent pour solution, au plusgrand nombre, que le recours la servi-tude dans le salariat. Nul na le droit de

    privatiser ces moyens pour en tirer profitpar lachat de la force de travail dun trehumain.

    Considrant que les grands moyens deproduction, dchange et de communica-tion font partie intgrante de ce patri-moine. Chacun, de la naissance la mort,a le droit, en tant quhritier de ce patri-moine, un revenu dexistence. Letemps de travail relevant de lintrt gn-ral est dcid dmocratiquement.

    3-Considrant que toute personne, entant que membre de la socit, a droit la scurit sociale, chacun est fond ob-tenir la satisfaction des droits cono-miques, sociaux et culturelsindispensables sa dignit et au libre d-veloppement de sa personnalit. Consid-rant que la monnaie est constitutive dun

    pouvoir dacheter des biens et des ser-vices qui garantissent les droits fondamen-taux de la personne humaine.

    Considrant que ce pouvoir dachat estsubordonn au pouvoir de cration mon-taire. Le pouvoir de cration montairerelve de la volont des peuples, uniquefondement de lautorit des pouvoirs pu-

    blics.Ceux qui dtiennent le pouvoir de cra-

    tion montaire, expression de la volont

    commune, ne profiteront pas de leurfonction pour en tirer des intrts privs,quels quils soient. Nul na donc le droitde contraindre autrui vendre sa forcede travail au nom dintrts sur la mon-naie, intrts contraires lintrt gn-ral.

    4-Considrant que les intrts sur lamonnaie, conjugus au salariat, consti-tuent un systme qui organise lecommerce des tres humains, mis en si-tuation de vulnrabilit, en vue de tirer

    profit de leur force de travail. Consid-

    rant que le systme de cration mon-taire avec intrts, associ au salariat,constitue lobstacle majeur la satisfac-tion des besoins garantissant les droitsfondamentaux du plus grand nombre.Les intrts sur la monnaie et le salariatsont abolis.

    Aprs l'esclavage et le servage, l'aboli-tion du salariat annonce la fin de lAn-cien Rgime. Le commerce des treshumains, dfinitivement aboli, inaugurelavnement de la dmocratie cono-mique respectueuse d'un cosystmedont tous les hommes sont tributaires. La

    dmocratie conomique ainsi fondeouvre la voie la dmocratie en poli-tique.

    Extraits de Plaidoyer pour l'ap-pel du 10 mai

    La libert, cest reprendre possession delhritage de savoir et de savoir-faire lgu chacun dentre nous par le travail de nosanctres depuis trois millions dannes. [...]Cet hritage nous est confisqu sous lappel-lation de proprit prive des moyens de pro-duction. Cette confiscation nous place dans

    un tat de ncessit, de manque, de pnurieartificiellement organise. Cet hritage lgi-time pour chacun un revenu dexistence dis-soci de la production marchande. Lancessaire disparition des emplois destruc-

    teurs dhommes et denvironnement feraque le temps de travail ncessaire dans lasphre collective sera considrablement r-duit.

    La monnaie sans intrts, devenue un vri-table service public, sera cre en quantitquivalente aux richesses produites. [...]

    Lesclave est vendu par un marchand. Lesalari nest pas vendu, il se vend lui-mme. Malgr des diffrences de condi-tions dexistence, dans le salariat, commedans lesclavage, il y a toujours achat duneforce humaine de travail. Labolition delesclavage na pas aboli la servitude. [...]

    Le Code du travail dfinit le salariat

    comme un rapport de subordination. Or, lasubordination est servitude. Le salariatnous oblige produire des biens et des ser-vices qui, souvent, ne relvent pas de lin-trt gnral. [...]

    Un seul exemple, au Nord, contre unsalaire, nous fabriquons des armes utilisespour rprimer au Sud les meutiers de lafaim. meutes de la faim provoques par ladestruction planifie de stocks de nourri-ture. Destruction organise dans le seul butde maintenir les prix, de maintenir les pro-fits montaires dune minorit de privil-gis.

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    Coups de gueule - 9

    De temps en temps, des humanistesbien intentionns mettent au rangde priorit mondiale la lutte contre la pau-vret. La pauvret, disent-ils, ne devrait

    pas exister dans un monde dabondance.Il suffirait de ramasser la petite monnaiede quelques centaines de multimilliar-daires pour faire manger 2,8 milliards de

    pauvres. Pourquoi ny arrive-t-onjamais ?Ce qui pose problme nest pas la pau-

    vret, mais la richesse. Vouloir mettre fin la pauvret sans se demander dovient la richesse est aberrant. On peut aus-si penser que les moutons nauront plusde problmes avec le loup sils de-viennent carnivores (mais alors, qui man-geront-ils ?) ou quon peut mettre fin lindignat sans toucher au statut des co-lons. Car cest bien de cela quil sagit.

    La plupart des occidentaux ont uneide assez floue des pauvres, et encore

    plus des riches. Ils savent que 20 % desterriens les plus riches accaparent 80 %des richesses produites, mais leur degrde conscience ne va pas jusqu senglo-

    ber dans ce fameux 20 %. La France, parexemple, est classe au 9 rang des paysdont la population compte plus de 20 mil-lions de ces fameux 20 % de terriensriches. Ainsi pose, la question est : fait-on partie de ce Franais sur trois qui

    bouffe comme seize ? Cest quon nestpas riche seulement par statut personnel.On est riche aussi par appartenance un

    pays o lnergie, leau potable, la nourri-ture bas prix, lducation, la sant, le lo-gement, sont accessibles au plus grandnombre. On est riche de ce quon na pasforcment dans son larfeuille, mais quonna pas payer trs cher et quon peut

    trouver facilement. En France, un pauvremme trs pauvre peut se faire soigner,ses enfants vont lcole, il trouve man-ger, et la plupart du temps il est log. Il ar-rive souvent quil ait une bagnole. Delautre ct, derrire ce vritable schismequi spare le monde riche du monde

    pauvre, un pauvre na accs ni labouffe, ni leau potable, ni lduca-tion, ni la sant, ni au logement, ni une nergie quelconque. La plupart dutemps il est jeune et vit dans un bidon-ville. Il fait partie dune paysannerie dra-cine qui se mue en proltariat urbain,

    pour le plus grand profit de multinatio-nales le plus souvent amricaines, euro-

    pennes ou japonaises. Il produit desbiens auxquels il naura jamais accs. Ducaf, de lor, du ptrole, de luranium,des composants, des t-shirts, des chaus-sures, du sucre, du chocolat, du cuivre,des meraudes, des montres, pour des

    gens qui sintitulent pauvres aussi maisdont la condition est aussi lointaine de lasienne quun intouchable lest dune cais-sire de supermarch. Le partage colo-nial est si profondment enracin dansnotre comprhension du monde que nousne lidentifions mme pas.

    Nos gouvernants, en revanche, savent cequils font. partir du moment o lon adcrt que certains peuples sont l pouren servir dautres, la bonne marche deschoses rclame que lon musle lamoindre aspiration des domins rcu-

    prer ce qui leur appartient pour en faire

    un usage personnel. Cest ainsi que Chi-rac navait pas craint de lancer la fabrica-tion des fameux missiles nuclairesM-51, en labsence de toute menace, afinde pouvoir oprer des frappes de chan-

    tage ou davertissement (chacune deces ttes a une puissance dun diximede la bombe dHiroshima) au cas o

    nos intrts vitaux seraient menacs . Ilfaisait ainsi pter en mille morceaux letrait de non-prolifration.

    Nos intrts vitaux ? Il sagit, commele prsident le prcisait ensuite, de nos sources dapprovisionnement . Ce

    brave Chirac se dclarait prt, dans laplus profonde indiffrence, lancer lefeu nuclaire sur tout pays qui saviseraitde trouver le partage du monde un peu in-quitable, et aurait linsolence de vouloiry remdier.

    La roue tourne, les prsidents passent.Le ntre reste fidle la lettre de la nou-velle doctrine : Tous ceux qui menace-raient de sen prendre nos intrtsvitaux sexposeraient une riposte nu-claire svre, entranant des dommagesinacceptables pour eux, hors de leurs ob-jectifs , ou Nous ne pouvons exclurequun adversaire se mprenne sur la dli-mitation de nos intrts vitaux, ou surnotre dtermination les sauvegarder.Dans lexercice de la dissuasion, il se-rait possible de procder un avertisse-ment nuclaire, qui marquerait notredtermination , clamait-il en mars der-

    nier. Quant lesprit... tous ces discoursvirils enrobaient la dlicate annonce nos culottes de peau que la France allaitrduire dun tiers son arsenal nuclairearoport. L o Chirac avait relanc la

    prolifration, Sarko semble avoir curde la stopper de nouveau, tout en faisantde grands mouvements de menton et enessayant de fourguer la moiti de la pla-nte nos centrales cl en main. Ce nestquand mme pas parce quAreva sestfait remonter les bretelles dans uneombre chinoise au Niger, et doit dsor-mais payer luranium son prix ? Ces

    foutus Chinois nont donc pas peur dunuclaire ?Aprs quarante ans d'viscration mono-

    polistique de son uranium par Areva unprix insultant (un tiers des centrales fran-aises s'en gobergent), le Niger a dcidd'ouvrir son sous-sol aux requins chi-nois, canadiens, tats-uniens, etc. Bilandes courses : Areva a t oblig de dou-

    bler le prix pay pour le minerai afin derester sur les rangs, atteignant le prixspot (plancher) sur le march mondial.C'est bien de menacer les enfoirs quivoudraient toucher nos approvisionne-ments, mais quand ces enfoirs ont une

    puissance de feu double ou triple, on faitquoi ?

    Laurence Biberfeld

    Force dissuade

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    10 - Patrons dans la mouise !Voici un tract de la CGT du site de Peugeot Sochaux distribu en mai 2008 et publi par la revue

    contre courant n 195 de Juin. Il nous semble se passer de commentaires.

    O vont les richesses produites par

    votre travail Peugeot SA ?

    Au Pdg M. Streiff = 5 796 par

    jour ! ! !

    Vous ne le croyez pas ?

    Et pourtant ...

    Ce chiffre et ceux, tout aussi halluci-nants, que vous trouverez ci-dessous sontextraits :

    - du rapport de l'expert-comptable surles comptes 2007 de PCA (Peugeot Ci-tron Automobiles), tablissements de So-chaux, Mulhouse, Rennes, Poissy,Aulnay, etc.

    - et du document officiel de rfrence2007 du groupe PSA (qui comprend

    PCA, Faurecia, GEFCO et leurs filialesdans le monde) soumis l'Assemble desactionnaires du 28 mai.

    Ces chiffres sont donc officiels et vri-fiables sur le site psa-peugeot-ci-troen.com, rubrique actionnaire, chapitreinfo rglemente AMF.

    M. Folz se servait bien

    En 2007, M. Folz a t prsident du Di-rectoire PSA du 1er janvier au 5 fvrier.Pour ce mois d'activit, il a touch une r-munration du 94 011 (p. 37 du doc derfrence 2007). Il a donc touch 2 611

    par jour, samedis, dimanches et friscompris. Il a ensuite touch une prime dedpart en retraite de 920 901 (p. 313).PSA lui garantit vie une retraite gale la moiti de la moyenne de ses troismeilleures annes soit une garantie d'envi-ron 700 000 par an. Vous n'avez pas fi-ni de payer pour lui !

    ... M. Streiff se goinfre

    M. Streiff, PDG partir du 6 fvrier, atouch en 2007 une rmunration de1 906 861 (1,9 million d'euros) (p. 37).La bagatelle de 5 796 par jour, same-dis, dimanches et fris compris !!!. Parrapport Folz, l'augmentation est de122 %. Presque aussi fort que Sarkozy !Et c'est lui qui, en arrivant, a bloqu nossalaires, les embauches, les budgets.C'est lui qui supprime les emplois aunom des conomies faire sur la massesalariale !!! Au nom des conomies, onnous chipote une paire de gants au Fer-rage, on ne peut pas avoir de chaussuresde scurit convenables au Montage, et

    partout, les budgets sont rduits la por-tion congrue. Faites ce que je dis, pas ceque je fais ! Je m'empiffre, serrez-vous la

    ceinture !!Stock-options en primes

    En plus des 1,9 million d'euros, M.Streiff s'est attribu 140 000 stock-op-tions (p. 38)

    Les stock-options, c'est le droit accor-d quelques dirigeants de disposer d'ac-tions de l'entreprise, un prix fix une

    fois pour toutes. Si la valeur de l'actiondescend : le dirigeant ne fait pas valoirson droit et cela ne lui cote rien. Si la va-leur de l'action monte : le dirigeant prendles actions auxquelles il a droit et les re-vend immdiatement au prix fort. Il em-

    poche la diffrence. C'est donc uneloterie o l'on ne paie le billet que lors-qu'il est gagnant !

    Exemple : en 2007, M. Saint-Geours(PDG de la marque Peugeot, aujourd'hui

    prsident de UIMM a lev les 21 000stock-options qui lui avaient t attri-

    bues 21 en 1999. Le cours de l'ac-

    tion PSA tant 45 , il a encaiss, surle dos de l'entreprise, une plus-value de21000 x (45x21) = 504 000 .

    Jetons de prsence

    Les membres du Conseil de sur-veillance PSA ont une rmunration fixeet, en plus, une prime de prsence de 5 10 000 chaque fois qu'ils participent une runion du Conseil. Thierry Peugeota ainsi touch en 2007 = 457 000 . Jean-Philippe, Robert, Bertrand et Roland Peu-geot sont aussi bnficiaires de ces jetonsde prsence. Une affaire de famille ! Le

    baron Seillire n'a eu que 27 000 maisil faut dire qu'il ne peut pas assister auxrunions car il est en mme temps patronde l'UNICE (Medef europen), patron deDe Wendel, prsident de la Socit lor-raine de produits sidrurgiques, membredes conseils de surveillance de Veritas,Herms, Edifis, Gras-Savoye, Oranje Nas-sau ... Son inscription au conseil de sur-veillance PSA, c'est seulement pourl'argent de poche !

    76 millions la poubelle

    En 2007, M. Streiff a pris 75,8 millions

    d'euros dans les caisses de l'entreprisepour racheter en bourse 1 250 000 ac-tions PSA et les dtruire. Le rachat d'ac-tions est une opration financire quiconsiste, pour une entreprise, racheterses propres actions la Bourse, puis lesannuler. La diminution du nombre d'ac-tions a deux consquences : cela fait mon-ter le cours (la valeur) des actionsrestantes et cela augmente le dividende

    par action. Depuis 1999, c'est 2,7milliards deuros que MM. Folz et Streiffont ainsi dtruits pour le seul profit desgros actionnaires.

    Un silence assourdissant

    Les trafics de la Direction PSA avec lacaisse noire de l'UIMM (0,5 millioncontre la grve d'Aulnay), sont camou-fls dans l'opacit de la comptabilit.

    Bien malin qui pourrait les retrouver,d'autant que la Direction refuse obstin-ment de rpondre toutes les questions

    CGT sur ce sujet.

    D'autres chiffres choquants

    Pillage de la Scu. Peugeot-CitronAutomobiles (non compris Faurecia etGEFCO) a bnfici en 2007 de 32,9 mil-lions d'exonrations de cotisations deScurit sociale (dites exonrations bassalaires ). Moins on est pay, plus la Di-rection bnficie d'exonrations et plusla Scu boit le bouillon !

    Qui va payer le paquet fiscal ? La taxeprofessionnelle paye pour Sochaux,Mulhouse, Poissy, Rennes, Aulnay... est

    passe de 112 millions en 2006 75millions en 2007, soit une baisse de33 %. L'expert-comptable indique quecette baisse d'impt de 37 millions est lersultat de la rforme de la taxe pro-fessionnelle. votre avis, comment lescommunes concernes vont-elles com-

    penser ce manque gagner ?

    Des propositions scandaleuses

    M. Streiff propose l'assemble des

    actionnaires PSA le 28 mai- de verser 351 millions de divi-

    dendes (+ 11 % aux actionnaires),- de l'autoriser prendre en 2008 jus-

    qu' 1,1 milliard d'euros dans les caissesde l'entreprise pour effectuer le rachat de17 000 000 actions PSA, pour lesdtruire,

    - d'attribuer 2 500 000 stock-optionsaux principaux dirigeants de l'entrepriseen plus de leur rmunration habi-tuelle .

    Ces propositions sont totalement scan-daleuses. Il est temps de se faire en-tendre pour une meilleure rpartition desrichesses que nous produisons, et l'aug-mentation des salaires de 300 .

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    12 - Mauvaises frquentations

    Aprs leur participation en mai au festival du polar, Les Nuits noires d'Aubusson , les dames en

    noir sont revenues dernirement sur le lieu de leur crime. Creuse-Citron a saut sur l'occasion

    pour en savoir un peu plus.

    Donc, notre gauche, Sylvie Granotier, une dame anglaise dans la campagne creusoise et,toujours notre gauche, Laurence Biberfeld, la Gronimo rebelle en lutte sur tous les fronts .

    Creuse-Citron est un journal fortecoloration politique, donc nous allons par-ler de politique et, bien sr, de polarpuisque vous tes deux minentes dames de ce genre. D'abord, que sus-citent en vous ces deux mots, polar et poli-tique mis cte cte ?

    Sylvie : historiquement, le polar fran-ais a t connot politique la suite deManchette. Ce que l'on appelle le no-po-

    lar qui se voulait clairement engag gauche toute. Depuis on est revenu ungenre littraire o on peut trouver tousles prismes possibles. Je dirai plutt qu'ily a un regard sociologique du polar.

    Laurence : Pour moi, c'est un pan du po-lar, engag et nettement politique, peut-tre, dans la ligne de ce qu'ont pu fairedes gens comme Jack London et d'autres,un polar trs engag. Je pensais aussi Oppel avec Rveillez le prsident. C'estextrmement politique. Il y a aussi le bou-quin de Fradier, Un poison nomm Rwan-da qui se rapporte des choses hypercontemporaines, qui posent encore prob-lme maintenant.

    Sylvie : Oui, a me fait penser aussi audernier livre de Caryl Ferey sur l'Afriquedu Sud (Zulu). Mais, je continue de pen-ser que le polar est un genre littraire

    part. On peut dire qu'il est politique parcequ'il rvle ce qui est cach : toutes les pe-tites saloperies, les secrets d'une socit...C'est pour cela que je dirais qu'il est plussociologique que politique. Il y a unchamp d'opinions diverses et varies.Mais, bien sr, il est sur le contemporain

    : je crois que c'est Pouy qui en a parl lepremier en disant polar comme pola-rod . C'est l'instantan du moment.

    Laurence : C'est vrai, il y a un ct pro-dondment subversif dans le fait d'allervoir ce qui est cach, ce qui ne fonc-tionne pas, ce qui pose problme...

    Et vous, personnellement, comment ap-prhendez-vous tout cela quand vous cri-vez : en prenant un fait politique et en ledveloppant, un peu comme l'a fait Op-pel avec Rveillez le prsident oualors est-ce que c'est pour essayer defaire passer carrment des ides et alorsdans le livre-mme, il y a un discours, ouencore est-ce seulement une ambiancequi susciterait une rflexion politiquesans qu'il y ait un engagement clair ?

    Laurence : crire des choses extrme-ment engages d'une faon ou d'une autreest une de mes motivations principales.J'essaie que a soit bien crit, agrable...Il y a, quand mme, un ct pamphlet.En fait, quand on crit des choses en sug-grant tout simplement, c'est une formede manipulation ; on veut toujours ame-ner les gens penser quelque chose ou avoir telle ou telle ide.

    Sylvie : Alors l, moi pas du tout. J'ail'impression que je rflchis pour moi-mme quand j'cris. J'essaie de com-

    prendre quelque chose au monde que jene comprends pas. Je dirais que j'ai la d-marche quasiment inverse. Quand j'crisun roman, je ne vais pas dfendre une

    ide. Ce qui se passe simplement, que jedfends, par contre, mordicus et qui faitla noblesse du genre, c'est que le polar,en gnral, a un point de vue sur lemonde. Il n'est pas neutre. Mais si jedois exprimer mes opinions ou fairecomme je fais en ce moment un travailavec des sans-papiers la Sant, c'est

    part. Je le fais en tant qu'crivain me ser-vant de la langue, essayant de servir de re-lais, mais je n'en fais pas un roman. Jeme sentirais, mme, incapable d'en faireun roman parce que je ne pourrais pas ra-conter de l'intrieur ; et moi, j'aime bienraconter des choses au plus intime, de l'in-trieur.

    Laurence : Pour moi, le politique est ab-solument viscral, ce n'est pas du tout un

    truc plaqu. a part d'une indignation,d'un dsir d'expliquer des mcanismes ;cela a la mme racine que mes activitsmilitantes et je le ressens vraimentcomme a. C'est une motivation essen-tielle de mon criture. Je pense, enoutre, qu'effectivement, tu peux avoir,comme tu as la chanson engage qui est,quand mme, tout un pan de la chanson

    populaire, peut-tre restreint, mais qui asa noblesse, sa spcificit, une littra-

    ture elle aussi engage. Je pense, relle-ment, que c'est une forme littraire

    parfaitement accomplie, bienconstruite... tout fait respectable. Lachanson des Canuts, c'est une chansonmagnifique. On ne peut pas tre plus ex-

    plicite.

    Sylvie : J'ai le sentiment que, dans lemilitantisme, tu es tenu forcment, si tuveux tre actif et pratique, d'avoir desides assez arrtes en noir et blanc. Parcontre, dans le roman, on est tout letemps dans le gris. J'ai l'impression de

    toujours osciller, d'tre toujours dans unquestionnement o rien n'est simple. Jen'ai jamais pu faire le portrait d'un francsalaud qui ne soit qu'un salaud parce quece qui m'intresse, c'est sa part qui meressemble. Dans les romans, c'est mapart d'ombre (roman de James Ellroy)que je cherche. Je n'ai de lgitimit par-ler de certains problmes que si je nesuis pas l en juge. J'ai un point de vue,mais je suis seulement en tentative decomprendre cette part de l'humain quiconduit aux pires comportements.

    Laurence : Ce n'est pas un problme.Je ne fais pas des personnages tranchscomme cela. D'ailleurs je ne crois pas au

    bien et au mal. Je crois qu'il y a des m-canismes pernicieux, mais il n'y a pas degens pernicieux ; c'est simplement quecertaines choses sont voues tredestructrices, mais cela reste des m-canismes. Il y a des socits qui, vrai-ment, tendent vers la destruction, versdes choses trs mauvaises. L'humain estle mme partout. Je ne pense pas qu'un

    patron est gntiquement diffrent demoi, c'est le mme dans un rle diffrent,

    sa place je serais probablement peuprs comme lui si j'avais eu son duca-tion... Je veux juste pointer des m-canismes, des rapports humains, deschoses qui font qu' un moment tu vas te

    Femmes polardement politiques

    Sylvie par Laurence

  • 7/31/2019 Creuse-Citron N17

    13/16

    Mauvaises frquentations - 13dsolidariser de toute une partie de l'es-

    pce humaine. Tu es mis dans une posi-tion de quasi prdation. Le fait que lesgens soient malheureux, c'est important

    pour que, toi, tu puisses tre heureux. En-fin, tu ne peux pas tre riche s'ils ne sont

    pas pauvres. Ce sont des choses aussilmentaires que a. Pour que toi, tu aies

    plus, il faut qu'ils y en aient qui aientmoins. Il y a des socits qui fonc-tionnent comme cela en opposant lesgens, mais il y a aussi des socits quisont plus coopratives. Tu finis toujours

    par arriver certaines conclusions ; il ya des choses qui sont systmatiquementoppressives. L'humain est un singe, il estcapable du pire comme du meilleur. Ilest ce qu'il est en fonction de l o il est.

    Sylvie : Ce que j'essaie de dire, c'estque pour un militantisme efficace dansla vie, c'est--dire engag, tu es obligde te dire a, ce n'est pas bien, je suiscontre , violemment si ncessaire. Si

    j'crivais un roman sur les sans-papiers,je ne dis pas que je dfendrais la poli-tique gouvernementale mais je serais obli-ge de chercher, de comprendrecomment un mec comme Hortefeuxavec le parcours qu'il a, fait la politiquequ'il fait par exemple.

    Laurence : Je n'ai pas de discours poli-tique, c'est plus des trucs de dnoncia-tion. Pour moi, les ministres ce sont des

    boulons, c'est sr qu'ils ne m'intresse-ront aucun moment ; ce sont des mecsabsolument interchangeables y comprisnotre cher prsident. Le Hortefeux, onse cristallise l-dessus, mais si ce n'est

    pas lui, ce sera un autre.

    Sylvie : Je ne suis pas d'accord. Je nepense pas qu'ils soient interchangeables.Je pense que la personnalit de Sarkosyest essentielle dans tout ce qui se met enroute en ce moment. Dans sa faon defaire, dans son organisation, c'est un mo-dle qu'on n'avait jamais eu encore.

    Laurence : C'est un modle qui met leturbo, mais tout cela tait lanc depuis

    beaucoup plus longtemps que a.

    Sylvie : Mais l, ce sont tous les do-maines qui sont attaqus simultanment,un peu comme une tactique guerrire.

    Laurence : a fait longtemps qu'ilsont t mits. Que cela soit les services

    publics, les politiques nationales,l'espace Schengen... c'est quand mmedes choses qui, petit petit, ont t gri-gnotes depuis le dbut des annes Mitte-

    rrand.Sylvie : Mais je pense que l'absence

    de ractions vient de la multiplicationdes foyers attaqus. a tient sa person-nalit, sa faon d'allumer des feux un

    peu partout, en passant en force quoiqu'il arrive et a cre une forme d'annihi-

    lation de toute capacit de raction. Jetrouve cela terrifiant et a tient sa per-sonnalit.

    Laurence : En mme temps, nous ne sa-vons pas tout ce qui se passe parce qu'ily a quand mme pas mal de ractions as-sez violentes. Par exemple, en ce mo-ment, il y a pas mal de grves dans le

    priv qui ne sont absolument pas mdiati-ses. Alors on croit que personne ne r-agit alors que quand on ragit, c'estcompltement touff.

    Sylvie : Je pensais la parole poli-tique.

    Laurence : Alors l, c'est sr, elle esttrs douce, c'est le moins que l'on puissedire. Elle est trs consensuelle.

    Sylvie : Il n'y a pas de pense surtout,il n'y a pas d'analyse.

    Un autre point sur votre participationaux Nuits noires Aubusson . C'taitassez tonnant car, toi Laurence, qui faithabituellement des romans assez enga-gs, qui posent des problmes politiquessans ambigut, tu as eu des paroles le

    soir, au contraire, assez en retrait, ettoi, Sylvie, paradoxalement, qui parais-sait tre une des moins engages, tu ast celle, de l'avis de beaucoup demonde, qui a pos des problmes poli-tiques et qui a eu un discours clairementengag. En fait, tu as t la seule !

    Laurence : Entre ce que j'cris ou lesarticles que je peux faire (pourCreuse-Ci-tron entre autres) et un certain mili-tantisme, c'est vrai que pour moi, cen'tait pas le moment. D'ailleurs, laquestion s'tait dj pose l'anne der-

    nire. En plus, je suis dans une espced'overdose. En fait, je vais dans les sa-

    lons presque pour me reposer .

    Sylvie : Il n'y a pas de contradiction.Je dcide de faire une fable. J'ai une pas-sion pour La Fontaine. Je pense quec'est un des plus grands stylistes de lalangue. C'est admirable ce qu'il a fait.

    J'adore l'homme qui tait vraiment poli-tique. Dans les fables, il dnonce, c'estle principe mme ; donc si je choisis cegenre littraire, je dnonce. C'est entire-ment li comme si on me demande un

    pamphlet, il sera forcment politique etmilitant, mais on reste dans la forme lit-traire. Je ne vois l aucune contradic-tion.

    Merci encore.avec la complicit de Francis Laveix

    Dernirespublications

    Laurence Biberfeld est entre la Srie noire en 2002 avec La B.A.De Cardamone. Elle continueaujourd'hui son petit bonhommed'crivain la Suite noire avec uncourt roman qui contient tous lesingrdients pour provoquer un joyeux

    bordel.Dans un htel parisien haut de

    gamme sont rassembls : des crivains

    de polars autant en congrs qu'envire, un tueur gages en action, desrvolutionnaires en mission secrte,des sans-papiers parqus pour le grandretour, les femmes de mnage del'tablissement en instance de luttesrevendicatrices... N'en jetez plus, larvolution est pleine et surtout prte !

    Un chouette petit blot aux ditionsde la Branche, collection Suite noire2008.

    Sylvie Granotier a commenc sonaventure dans le polar avec unCourrier posthume (1990) assezremarqu. Dans la ligne des grandesdames anglaises du noir, elle poursuitaujourd'hui son travail d'crivain avecun roman psychologique enrob d'unmachiavlisme toute preuve.

    Un acteur professionnel menteur(plonasme ?) n'a pas de quoisurprendre. Qu'il s'accuse de deuxmeurtres, pas toujours avec uncadavre, et tout indique qu'il est plusfou qu'autre chose. Mais peut-on entre aussi sr que cela ?

    Tuer n'est pas jouer aux ditions

    Albin Michel, collection Spcialsuspense 2008.

    Nous n'avons d'autre choix que le noir

    Laurence par Laurence

  • 7/31/2019 Creuse-Citron N17

    14/16

    14 - Mauvaises lectures

    1968-2008. N'effacez pas nos traces !

    Chansons de Dominique Grange mises

    en images par Jacques Tardi,

    Casterman 2008.

    Les chansons ont toujours ponctu lessoulvements populaires, ces momentso l'galit dans l'action submerge l'ordretabli, bouscule ou dtruit les appareilsde la domination.

    Le mlange subtil entre sa propreinspiration et les chansons du pass faitque Dominique Grange est la fois celle

    qui a en-chant les annes rouges denotre jeunesse, et celle qui conserve ettransmet toute une histoire populaire,domine, souvent invisible, mais quirayonne dans ses mots et sa voix.

    La magnifique mise en images parTardi fait de cet album un superbe

    anniversaire de mai 1968 avec, la fois,le souvenir de cet norme soulvementpopulaire, et la rage toujours tenace decontinuer se battre pour changer lemonde.

    La disparition des lucioles. Une

    critique de la recherche scientifique par

    le Groupe Oblomoff , 2008 (60 p, 2euros ; disponible au 21ter rue Voltaire75011 Paris ou auprs de C.C.).

    Au sommaire, la rdition de laplateforme du groupe (2006), suivi d'untexte dveloppant les arguments etrpondant aux objections rencontres ;enfin des textes sur les interventions du

    groupe depuis sa constitution.En dnonant le mythe de la neutralitscientifique et en insistant sur laresponsabilit centrale de la science dansl'tat du monde et de la socit, ces textesremettent en cause l'une des croyances les

    plus vives de notre poque, l'un desciments les plus importants de notresocit. Rclamer l'arrt d'urgence de larecherche scientifique - rduiteaujourd'hui pour l'essentiel la recherche et dveloppement - c'ests'attaquer l'un des chanons dcisifs dela production industrielle contemporaine,et donc l'ensemble de l'organisationsociale que celle-ci conditionne. Cet arrtd'urgence devrait pourtant tre, au vu dela gravit de la situation, la premireconclusion du simple bon sens.

    Si l'cologisme sous toutes sesvariantes tend se rduire rclamer

    plus d'tat, et culpabiliser le consommateur-citoyen , on a pureprocher l'oppos la critique de lasocit industrielle de dboucher, causede la radicalit de ses remises en cause,sur l'impuissance ou la passivit. La

    tentative d'Oblomoff illustre qu'il estpossible partir de l de construire unecritique et de la mettre en jeu, en brisantun peu l'omerta gnralise.

    Cf Les Ecooles dans le programmede l't.

    Compile Classe... contre classe

    Ce recueil de textes et de morceaux

    de musique (CD inclus) est dit par lecollectif de soutien aux incendiaires

    engeol-e-s un peu partout en Francesuite aux manifestations tous azimutsqui eurent lieu l'annonce de l'lectionde Sarkozy aux prsidentielles de mai2007. Plusieurs personnes ont tarrtes et incarcres, certaineslourdement condamnes et d'autrestoujours en attente de leur procs.Solidarit et entraide naturelles, lesoutien financier, moral et politiques'organise.

    Le petit livret nous propose divers

    textes : un rappel des faits, des critsactuels mlant lections et mouvementssociaux rcents, d'autres texteshistoriques ou non, plus thoriques contre la dmocratie . A ce livret, est

    joint un CD de 24 titres (punk, rock,lectro, hip-hop) dans lequel on peutretrouver La Fraction, Kochise, FredAlpi, Ren Binam et bien d'autres. Ilse termine par un magnifique discoursde Durruti (figure lgendaire de la CNT-FAI espagnole) Barcelone en 1932 : ... il n'y a plus qu'un dilemme : ou

    mourir comme des esclaves modernes,ou vivre comme des hommes dignes parla voie directe de la rvolution sociale.(...) C'est de vous que dpend lechangement du cours de votre vie.

    Contact : [email protected]

    Grve gnrale de Jack London, Ed.

    Libertalia, 2008.

    Les ditions Libertalia continuent leurexcellent travail en nous proposant deuxnouvelles de Jack London (auteurlgendaire de L'Appel de la fort etdu Talon de fer ) publies en 1909. La

    premire, Le rve de Debs (*) se

    prsente sous la forme d'une fablepolitique des plus humoristiques. travers les impressions d'un minentreprsentant de la classe dominante, onsuit l'effarement et l'inquitude quimontent en lui face au dveloppementd'une grve gnrale totale : le rve pourtous les autres. La deuxime nouvelle, Au sud de la Fente fait ressortirl'ambivalence qui peut parfois existerentre deux univers aussi opposs que sontle monde des bourgeois nantis, imbusd'eux-mmes et le monde ouvrier plein defraternit et de rudesse. L encore,

    l'humour et la tendresse sont au rendez-vous !Dans une prface trs intressante,

    Nol Mauberret (Prsident del'Association des amis de Jack London)survole l'itinraire et l'engagement

    politiques de cet auteur hors norme quetoute gnration devrait lire pour seforger, au plus tt, une conscience

    politique indispensable pour vaincrel'idologie d'autorit laquelle noussommes soumis ds notre plus jeune ge.

    (*) : Eugne Victor Debs fonda en1893, l'American Railway Union , uneconfdration syndicale destine luttercontre les trusts des chemins de fer. Ilanima des grves trs dures qui leconduisirent en prison. Puis il passa de lalutte syndicale au combat politique.

  • 7/31/2019 Creuse-Citron N17

    15/16

    Revue de crise - 15

    Encore une fois, le bulletin de critiquebibliographique, contretemps (n31 juillet 2008) nous offre un excellent nu-mro avec un long interview du philo-sophe Jean-Claude Micha (dernierouvrage : L'Empire du moindre mal. Es-sai sur la civilisation librale). traverscette conversation, il revient sur son der-nier livre bien drangeant pour nombrede politiques baignant outrageusementdans un consensus idologique des plusmalfaisants. Il nous parle aussi d'Orwellqui l'a fortement influenc dans son par-cours et sa rflexion philosophique. En-fin son entretien se termine par le rappelfondamental pour tous qu'un mouve-ment radical conscient de ce qu'[il] a appe-l la dimension anarchiste de la question

    politique (ou du syndrome de Stendhal)

    devrait toujours accorder une importancedcisive aux trois principes suivants : enpremier lieu, la rotation permanente desfonctions dirigeantes ; ensuite une poli-tique de dfiance systmatique envers lesmicros et les camras du systme ; enfin[...] un souci constant de s'interroger surson propre dsir de pouvoir et sur son de-gr d'implication personnelle dans lemode de vie capitaliste . Des principes appliquer d'urgence !

    La couverture du numro de juin 2008(n 57) de CQFD est joyeusement sansambigut. Son contenu intressera tousceux qui pensent que la lutte n'est pas en-core perdue ! On lira un reportage sur lesfuturs facteurs d'avenir, fer de lance

    promotionnel de la nouvelle Poste enpleine privatisation. La question du colo-nialisme sous une forme ou une autre aaussi largement sa place avec un long ar-

    ticle sur la politique franaise en Afrique( Sarkosy ou la Franafrique dcom-plexe ) ainsi que d'autres sur la Kana-ky, dont un interview de Medhi Lallaoui propos de son dernier documentaire, Retour sur Ouva (programm lors du

    festival Bobines Rebelles en juin der-nier). Sa programmation sur RFO en maidernier, avait fait ragir des mdias cal-doches dans la plus pure tradition colo-nialiste ( film militant, d'une violenceinoue, qui ravive les blessures... ). Tou-

    jours propos d'interview, le philosopheirlandais (vivant au Mexique), John Hollo-way revient sur sa thse dveloppe dansson dernier bouquin ( Changer lemonde sans prendre le pouvoir ) : pen-ser la rvolution en terme de parti et de

    prise de pouvoir mne un chec invi-table. De quoi dsesprer notre cher Be-

    sancenot avec son nouveau... parti !

    Le fanzine de contre-culture antifas-ciste et libertaire, Barricata termine l'di-to de son dernier numro (n 16, juin2008) par une citation de Libertad au

    plus prs de l'actualit sarkosienne : La tyrannie la plus redoutable n'estpas celle qui prend forme de l'arbitraire,c'est celle qui nous vient couverte dumasque de la lgalit. Ce n'est pas cellequi svit contre la rvolte, c'est celle quifait que la rvolte ne sait plus tre. Ne

    cdant pas au pessimisme ambiant, le jour-nal propose un dossier sur les sans-papiers avec de nombreux tmoignagesd'trangers rafls qui luttent au sein deces ignobles centres de rtention ; l'incen-die, dernirement, du CRA de Vincennes(cf p. 1) n'en tant qu'un pisode drama-tique parmi d'autres ! Plus loin, diffrentsarticles sur la Colombie nous rappellentqu'ici, rsister socialement est loin d'tresans risque : depuis 1986, plus de quatremille syndicalistes ont t assassins. Etun contrat se monnaie environ 80 eu-ros. Nous sommes loin des Btancourt et

    compagnie !

    Gavroche, la revue d'histoire popu-laire, reste toujours aussi passionnanteavec une iconographie de grande qualit.Dans son numro d'avril-juin 2008(n 154), elle revient sur deux tentatives

    personnelles contre le rgime d'Hitler :l'incendie du Reichstag (1933) par Mari-nus Van der Lubbe et l'attentat de la bras-serie Brgerbrakeller (1939) par GeorgElser (Marinus et Georg : comment r-sister au nazisme ?). Calomnies et accusa-tions mensongres accablrent ces deuxrsistants pour le moins incompris et, mal-heureusement, le mouvement anarchiste,dans son ensemble, se joignit cet hallaliindfendable. Il est clair que l'incompr-hension rencontre par ces deux actes de

    rsistance et leur rcupration par le r-gime national-socialiste illustrent l'ext-rme difficult de la lutte contre unedictature totalitaire. Et jusqu' preuvedu contraire, jamais aucune dictaturetotalitaire n'a t renverse de l'intrieur.

    Une fois que le mouvement totalitaire apris le contrle de l'appareil d'tat, del'arme et de la police, le peuple dsar-m se retrouve dans l'incapacit de s'or-ganiser pour rsister efficacement.Marinus Van der Lubbe l'avait compris.Puisque les partis et les syndicats ou-

    vriers renonaient la grve gnrale, ilne restait plus qu'un espoir : dclencherl'insurrection populaire par un gestespectaculaire . Nous sommes encoreloin de cette situation dans la France sar-kosienne, mais qui peut dire ce quel'avenir nous rserve ?

    Signalons la sortie du numro 12d'Anartiste (mai 2008), sans doute laseule revue culturelle et artistiqueanarchiste publie en France. CharlesPennequin est l'honneur avec destextes, des collages, une trs belle cou-

    verture... et un CD en bonus.

    Avant de se quitter, je ne rsiste pas auplaisir de rappeler le slogan de l't duPlan B (n14, juin-septembre 2008) :

    Francis Laveix

  • 7/31/2019 Creuse-Citron N17

    16/16

    16 - Vous tes cerns

    La copie et la diffusion des textes publis dans ce journal sont libres et fortement encourages. IPNS

    O trouver Creuse-Citron ?

    Aubusson :

    BarAu Fabuleux Destin, 6 rue Roger Cerclier.

    BarVolup'th, 57 Rue vieille.

    Champagnat :

    Snack-barAux deux Pas dl.

    BarLe Relais, Montelladonne

    Champagnat / St Domet : Etang de la Naute

    Chaussidoux : Bar Restaurant La Stabu.

    Chavanat La Roussille : Le Papillon rouge

    Eymoutiers : Librairie Passe-Temps

    Guret :

    Bar-tabac Le Balto, place du March.

    Librairie Les Belles Images, rue E. France.

    Bar-tabac Le Bolly, 2 rue Maurice Rollinat.La Souterraine : Sandwicherie Le Damocless, 6

    impasse St Michel.

    Limoges :

    Local associatif Undersounds, 6 rue de Gorre.

    Woodstock boogie bar, 18 av. Montjovis.

    Royre : BarLAtelier.

    Sardent :

    BarChez Bichette.

    BarChez Josiane.St Laurent : BarL'Envole 13 rue des Cerisiers

    et bien sr dans les manifs et rassemblements.

    Numro ralis avec le logiciel libre

    SCRIBUS. (www.scribus.net)Plateformes : Linux, MacOs X, Windows

    Creuse-Citrons'adresse tous ceux et celles qui luttent contre la falsification de

    l'information et la diffusion gnralise de l'idologie librale. C'est

    un journal indpendant et libertaire qui s'interdit toute exclusive

    et tout proslytisme en faveur de telle ou telle organisation

    syndicale ou politique. Sur cette base nous publierons toutes les

    informations que vous nous ferez parvenir.

    Ce journal est ralis par le Collectif libertaire Creuse-Citron.

    Prix LibreNous vous proposons Creuse-Citron prix libre. Cest, pour notre

    collectif, une dmarche politique, non marchande, alors que par

    ailleurs, lhabitude est de payer le mme prix, que lon soit

    fortun ou pauvre. Le prix libre nest pas pour autant la gratuit#:

    cest donner la possibilit dacqurir un mme produit selon ses

    moyens et ses motivations.

    Abonnements : voir page 5

    Courrier postal : Creuse-Citron

    C/o CNT 23 BP 2 23 000 Sainte-Feyre

    Courriel : creusecitron@ free.fr

    Habitat group/partag en Creuse

    Nous sommes quelques amis qui cherchons, pouragrandir notre groupe et varier les projets, des

    personnes intresses par une dmarche collectived'habitat. Un des objectifs tant de prserverl'espace individuel tout en permettant chacun de

    participer l'enrichissement mutuel, dans un espritde solidarit.

    Les lieux et les locaux peuvent tre en achat et/oulocation, la ville o la campagne avec

    possibilit de mise en commun atelier de bricolage,buanderie, chambres d'amis, potager...Si a vous intresse, laissez vos coordonnes pourque nous puissions vous contacter et/ou donnezvotre avis ou des [email protected] 05 55 66 04 88.

    Un premierfestival

    du film documentaire

    politique et social

    s'est tenu en Creuse

    les 13 - 14 juin.

    Prs de deux cent personnes y ontparticip, dans une ambiance paisible et

    attentive.Le vendredi soir le bar l'Atelier tait

    plein et les trois salles de projection ontaffich complet toute la journe dusamedi.

    La programmation a rencontr les

    attentes du public, certains ont regrettl'absence de dbats l'issue desprojections, mais il est toujours difficilede lancer un dbat et de l'interrompre

    pour respecter l'emploi du temps desprojections. Il y a srement quelque

    chose inventer pour permettre la foisde visionner le plus grand nombre defilms dans une journe et de permettre ceux qui le veulent de prendre le tempsde l'change et de la discussion, toutesles ides sont les bienvenues.

    Le fonctionnement en prix libre a tbien compris et a bien rempli son rle enpermettant ceux qui taient dsargentsd'en profiter comme les autres.

    Le bilan est donc trs positif et lesassociations organisatrices doiventmaintenant dcider de l'opportunit d'uneseconde dition.

    Re-belle si tu voulaisParoles ouvrires, paroles rebelles.

    9-10-11 octobre 2008 Limoges

    organis par Mmoire Vif et Cin Critique

    Au cinma le Lido 20h30

    Jeudi 9 : Harlan country USA, film de Barbara Kopple (USA 1973)Vendredi 10 : Les camarades, film de Mario Monicelli (Italie 1963)

    Au thtre de l'UnionSamedi 11 partir de 14h30, projection de documentaires sur les luttes sociales d'hier etd'aujourd'hui ; dbat avec Dominique Dubosc (cinaste), Jean-Pierre Levaray (syndicaliste etcrivain) et Charles Piaget (un des principaux acteurs de la lutte des Lip en 1973).Samedi 11 20h30 Basta Ya ! Spectacle de la compagnie Jolie Mme.